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Luxure
et gourmandise
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ISBN : 979-10-236-0092-6
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Kristeen Small
Luxure
et gourmandise
Table des matières
I - Ce gendre idéal, mon « colocataire » . . . . . . . . . . . 9
II - Mes grands-parents, ces quatre piliers . . . . . . . . . 15
III - LA rencontre : découverte de la passion et des plaisirs
charnels. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
IV - Les chiens ne font pas des chats : Maman et Papa . . 27
V - « Je t’aime, moi non plus » . . . . . . . . . . . . . . . 33
VI - Donner et Recevoir . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
VII - Lettre à Doriann : Loin des yeux mais tellement près de
son cœur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
VIII - L’ascenseur émotionnel : grand bonheur, grosse déception. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
IX - Bonjour Boulimie, comment vas-tu ? . . . . . . . . . 53
X - L’impatience : le grand amour, il arrive quand ? Car à ma
pendule, il est déjà en retard ! . . . . . . . . . . . . . . . . 55
XI - Ces petits bonheurs, ces joyeux souvenirs . . . . . . 57
XII - L’envie : Pourquoi les autres et pas moi ? . . . . . . . 59
XIII - Compenser. Quand ce n’est pas la bouffe, c’est le sexe. . . . 61
XIV - Les conflits : ils sont comme les fruits de mer, ou l’équivalent des épinards chez les enfants ; je déteste ça ! . . . . . . . 65
XV - Opter pour le changement : on change d’apparence, et on
se fait de nouveaux amis . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
XVI - Lettre déprimante que j’aurais pu lire à mon entourage
le jour de mon anniversaire si… . . . . . . . . . . . . . . 69
XVII - Confidences. Je les compare tous à Doriann ! . . . 71
XVIII - Comment faire pour les compter quand on a plus assez
de doigts ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77
XIX - Je suis désolée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
XX - Mon Enfance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
XXI - L’école . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89
XXII - Au revoir HLM, bonjour pavillon ! . . . . . . . . . 95
XXIII - L’adolescence : les relations sociales, les choix. . 101
XXIV - De Propriétaire à Locataire. . . . . . . . . . . . 107
XXV - SEXY – SEXE : Des mots à utiliser au scrabble . 111
XXVI - Et la religion dans tout ça ? . . . . . . . . . . . . 115
XXVII - La famille, mon socle. Ma cousine, mon alter-égo. . . . . . 119
XXVIII - Bilan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123
I - Ce gendre idéal, mon « colocataire »
Je n’ai pas eu beaucoup d’hommes dans ma vie, mais à
chaque fois que je tombais sur l’un d’entre eux, je me disais que
c’était le bon. Il collait parfaitement à mon idéal masculin, mais
surtout et sûrement inconsciemment, à celui de mes parents.
J’ai eu la chance d’avoir été élevée par mon père et ma mère,
toujours unis depuis leur tendre enfance, occupés à s’épauler,
et à ne former qu’un. On ne parle pas de l’un sans parler de
l’autre. C’est comme ça. Ils forment un tout. Mon père, pilier
dans ma vie mais également repère masculin, a toujours été là.
On peut dire qu’il m’a surprotégée. À ses yeux, sa femme et
ses enfants sont Tout. D’ailleurs, la vie entière de mes parents
est orchestrée par celles de mon frère, ma sœur et moi. Ils n’ont
pas de hobbies, ne sortent que pour faire les courses et aller
travailler, et ne prennent pas de temps pour se retrouver tous les
deux hors de leur foyer. Mais ça leur convient, ils l’ont choisi.
Tout ce qui leur importe, c’est le bonheur de leurs enfants. Ils
demeurent unis, et sont un modèle d’amour pour moi.
J’ai donc inconsciemment cherché au sein de la gent masculine
quelqu’un qui serait comme mon père, qui me verrait comme son
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unique centre d’intérêt, qui donnerait tout pour sa famille, qui
serait de nature calme, qui ne serait pas grossier, qui ne boirait pas
et ne fumerait pas non plus. Cela me paraissait normal, moi petit
papillon qui osait à peine sortir de son cocon. Ce que je ne savais
pas encore, c’est que ce type d’homme ne me conviendrait pas.
Après en avoir fait l’expérience, et avoir vécu au quotidien
avec l’homme qui n’en demeurait pas moins le reflet de mon
idéal, je me suis vite ennuyée. Ne sachant pas comment
l’exprimer, et me sentant comme face à un mur, je me suis
aperçue que le seul moyen de communiquer était de crier. Je
perdais vite patience, le ton montait et je devais forcément
avoir le fin mot face à ce jeune homme, Mathéo, qui ne me
témoignait plus aucun signe affectif. Je voulais le faire réagir,
ou peut-être lui faire payer… mais en vain. Moi qui avais été
tellement chouchoutée, et protégée depuis toute petite, cela m’a
évidemment plongée dans une grande solitude de voir que la
personne avec qui je partageais ma vie, ne « m’entourait » pas
assez. Il était pourtant là chaque jour à quelques pas de moi dans
ce grand appartement, mais j’avais l’impression qu’il ne me
portait aucune attention. Notre relation était devenue platonique.
Mes nombreuses tentatives de rapprochement ne suffisaient pas,
et ne lui faisaient aucun effet. Je crois bien avoir pourtant tout
essayé. Mathéo m’a finalement confié qu’il ne ressentait pas le
besoin ni l’envie que l’on se rapproche physiquement. J’en ai
beaucoup souffert, cela me paraissait en total décalage avec la
plupart des hommes d’une vingtaine d’années. Je ne me sentais
pas femme et je n’étais pas épanouie. Par la suite, je me suis
rendu compte que je l’avais beaucoup trop materné. La sexualité
dans un couple pour moi étant importante, il ne pouvait donc
pas être mon grand amour. Il était devenu un compagnon de
vie, un membre de ma famille ou encore mon colocataire à qui
je souhaitais qu’il n’arrive rien de désagréable.
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Les monologues étaient tellement récurrents voire quotidiens,
que je n’avais plus l’impression d’être humaine mais un simple
perroquet, ou une cassette que l’on repassait en boucle. Il se
prononçait de manière à éviter les tensions pourtant cela en
créait davantage. J’avais pourtant ce que je voulais : cloîtrée
dans notre grand F4 confortable, je ne manquais de rien (si
ce n’est de Vie !), et j’avais quelqu’un de confiance sur qui
compter en cas de problème. Comme mes parents. Mais je ne
me sentais pas femme, et me sentais abandonnée lâchement par
cette personne qui ne daignait pas me toucher. Pourquoi ? La
douleur était plus profonde…
Pourquoi un inconnu d’une trentaine d’années dont je vois
encore le putain de visage avait eu l’envie de me toucher quand
je n’avais que 6 ans, dans les escaliers de mon immeuble, et pas
la personne avec qui je vivais ? Ce type, ce véritable connard,
descendait gentiment les escaliers en même temps que moi. Je
m’en allais rejoindre une copine au bac à sable et mes parents
surveillaient mon arrivée en regardant par le balcon. Je me suis
aperçue que j’avais oublié mon pull alors je suis remontée, et me
suis aperçue que le monsieur remontait lui aussi les escaliers. Je
redescends à nouveau, cette fois avec mon pull, et il était encore
là. Il m’attendait. Il m’a dit que j’avais un très beau tee-shirt
et qu’il aimerait acheter le même pour sa fille. Il m’a demandé
de le lui montrer en le sortant de mon pantalon. C’est là qu’il
enleva sa ceinture, et vous me croirez ou non mais c’est un son
que je ne supporte pas aujourd’hui car pour moi il me projette
dans cet escalier où le bruit résonne. Mes parents m’ayant
bien éduquée, j’ai senti que c’était dangereux, j’ai couru et ai
retrouvé ma copine au bac à sable. J’en ai parlé à mes parents.
D’ailleurs mes grands-parents étaient là, serait-ce la présence
de ma grand-mère qui a fait que le pire a pu être évité ? Mon
père, policier, a eu envie de le buter, je le sais. Pendant des
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années j’ai sûrement voulu inconsciemment enlever cet instant
de ma tête car je n’en avais pas le souvenir jusqu’au jour où
j’ai vu un homme sur le quai de la gare qui me ramena à cette
scène. Comme si son visage était rangé dans une case de mon
cerveau et que quelqu’un venait de l’ouvrir. J’étais perturbée,
j’ai demandé à ma sœur s’il ne s’était pas passé quelque chose
quand j’étais petite, ou si je l’avais en quelque sorte rêvé. Elle
me répondit que c’était bien arrivé, et tout m’est revenu. La
force de l’esprit est incroyable. Je me demandais alors si cet
épisode n’aurait pas joué sur l’état de ma vie sexuelle : le fait
de ne pas réussir à m’abandonner dans les bras d’un homme,
le fait d’avoir mal lors d’une pénétration. La gynécologue m’a
confirmé effectivement que ça pouvait venir de là. Je n’arrive
même pas à imaginer alors l’enfer pour ceux ou celles à qui le
pire arrive. Comment peut-on réussir à abuser de quelqu’un, et
encore plus d’un enfant ? Est-ce que celui que j’ai croisé dans
l’escalier va mourir tranquillement dans son sommeil quand il
sera très vieux ayant tout caché à sa femme et ses gosses ou estce que lui aussi va crever dans d’atroces souffrances ? Vingt ans
après vous remarquerez que la haine est toujours présente, et que
si un jour qui que ce soit ose penser une seule seconde toucher
l’un de mes enfants, je n’hésiterai pas à lui casser la gueule.
Pour revenir à nos moutons, ou plutôt à celui qui ne me
désirait pas : cela ne devait pas non plus lui donner envie en
me voyant mal à l’aise et ne pas apprécier le moment. Pourtant
j’étais demandeuse de câlins. Mais il se justifia simplement par
le fait qu’il n’en avait pas besoin.
Au début je trouvais que c’était tout à son honneur et qu’avec
lui au moins, je savais qu’il n’était pas là que pour mon corps
mais pour Moi. L’homme parfait ! Puis, petit à petit, l’idée
m’est venue que je n’étais pas désirable, que je ne servais
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à rien, et que notre relation ne servait à rien non plus. Nous
n’avions pas de complicité, la tendresse était remplacée par de
la simple affection ou de l’attachement mais l’Amour n’y était
pas. Au bout de six ans de relation platonique, dont deux passés
ensemble dans cet appartement, j’ai décidé de rendre les armes
et de penser à moi. Nous nous sommes séparés, complètement
« vidés » et « usés ». Nous n’avons pas eu le temps ni l’envie
de pleurer, les émotions n’avaient pas leur place dans ce foyer.
Ce qui faisait mal, c’est qu’on s’était plantés et qu’il fallait tout
recommencer depuis le début. D’ailleurs, je ne me voyais pas
recommencer quoi que ce soit, étant donné que toute l’estime de
moi-même était tombée aux oubliettes et que pour moi plaire à
un homme était hors de propos. Je n’avais plus aucune confiance
en moi, mais par contre je sentais qu’il était temps de quitter
cette vie qui n’était pas la mienne et cette fille en moi que je ne
reconnaissais pas.
Quelques semaines plus tard, pendant notre cohabitation
jusqu’à la vente de l’appartement, il se mit à pleurer, non pas
pour moi mais parce qu’il avait eu un coup de foudre pour une
autre femme et que cette dernière ne prétendait pas lui porter
le même amour.
Il ne s’était jamais mis dans un état pareil pour moi… petit
coup dur pour l’égo à ce moment-là, mais au moins j’ai eu la
certitude que l’on n’avait vraiment rien à foutre ensemble sous
ce même toit. Et l’idée de sexe entre lui et moi me paraissait
dorénavant presque incestueuse.
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Couverture : Quentin Lathière et Nicolas Vacher
Mise en page : Quentin Lathière
Dépôt légal : février 2016
Photo de la couverture : Kristeen Small
Achevé d’imprimer par Pulsio pour Publishroom