Discours d`Au Revoir à la Vallée du père Nicolas Tarralle
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Discours d`Au Revoir à la Vallée du père Nicolas Tarralle
Discours d'Au Revoir à la Vallée du père Nicolas Tarralle Merci et pardon... Je veux vous remercier chacun, chacune et vous demander pardon : merci aux enfants que j'ai essayé d'accompagner et pardon de ne pas être passé assez souvent vous rencontrer pendant vos séances merci aux parents et en particulier à ceux qui ont pris des responsabilités pour accompagner les enfants dans la fois, et pardon pour les fois où je n'ai pas été présent quand vous attendiez du soutien merci aux nombreux paroissiens qui rendent de multiples services d'animation pastorale, de préparation liturgique, d'organisation matérielle, de solidarité en notre nom, votre merci aux chrétiens qui ont bravé leurs réticences pour venir sur la pointe des pieds, demander un sacrement, inscrire leurs enfants au KT, brûler un cierge en passant, alors qu'ils se sentent loin de l'Eglise, ou pas très à l'aise, et pardon pour la difficulté à me rendre disponible Merci au Seigneur de m'avoir envoyé ici vers vous... et merci à lui pour son pardon qui me donne la joie d'être là, tourné avec vous vers lui Mon trésor : aimer L'Eglise une, diverse et fraternelle J'aimerai ne vous avoir finalement partagé qu'un trésor : mon amour de l'Eglise de Jésus‐Christ. C'est cette même mission que je vais prolonger au Burkina‐ Faso. La mission, ce n'est pas un déplacement lointain. C'est une manière de vivre le mouvement de Jésus‐Christ qui se révèle au monde. Au Carmel avec le Père Joseph et le Père Jean‐Brice, en train de discuter avec une sœur des changements de la rentrée, nous avons trouvé cette définition de la vie monastique : c'est le changement sur place. Par leur vœu ce stabilité, les moines et les moniales choisissent de ne pas changer de lieu. Mais toute leur vie est un chemin de conversion, de transformation. Ils sont des spécialistes de la conversion ordinaire, vécue au jour le jour. Pas besoin d'aller en Afrique, ou en Bretagne, pour chercher le changement : il est là, dans le renouvellement inépuisable de notre relation avec le Christ. Et cette conversion, ce changement, c'est toujours en communauté, en Eglise qu'on le vit. Alors quelle va être la conversion de l'ensemble paroissial de la vallée de chevreuse ? Comment allez‐vous changer sur place ? C'est le mystère de votre mission, de l'appel que Dieu vous fait, ici et maintenant, de vivre de sa Révélation en Jésus‐Christ. Je crois fortement à cet appel qui n'est jamais simplement personnel. Dieu appelle aussi des communautés, petites et grandes, à témoigner en actes et en paroles de son amour qui libère le monde. Et il ne suffit de croire être personnellement habité par l'Esprit du Seigneur pour construire son Règne... C'est aux fruits collectifs que nous portons qu'on voit si l'arbre est bon. Je vous renvoie à l'appropriation des décrets du synode, c'est‐à‐dire à son mouvement, à sa capacité à orienter vers le Christ. Le Synode diocésain ne fait rien d'autres que de nous donner un cadre pour habiter de manière plus profonde ces trois dimensions de l'Eglise : annoncer, célébrer et servir.. C'est vraiment une chance à saisir. C'est la continuité concrète, pour notre Église locale du concile Vatican II. Alors je sais que beaucoup trouvent tout ça un peut loin de leurs préoccupations. Et pourtant, c'est peut‐être précisément là que repose notre conversion : changer notre regard sur l'Église. Arrêter de la penser comme extérieure à soi pour découvrir que nous sommes intérieurs à elle. L'Eglise, c'est le nous des chrétiens dit Congar. Ce que j'ai à partager de plus simple et de plus rigoureux, je le dois à Bruno Chenu, un frère assomptionniste décédé il y a10 ans, qui a été rédacteur en chef à La Croix. Sur la mission et sur les Églises des différents continents, il a laissé un petit livre posthume remarquable : « l'Église sera‐t‐elle catholique ? » Sur la conversion et notre identité en changement, j'ai rassemblé récemment quelques textes dans un autre livre : « Au service de la vérité » le sous titre, « Dialogue, conversion, communion » est de moi et dit bien l'enracinement de la conversion ainsi que sa finalité : le dialogue est le moyen que nous avons de nous laisser déplacer, d'ouvrir des brèches pour notre conversion ; et cette dernière n'est pas une fin en soi, mais un chemin vers la communion entre tous les hommes. Passer de l'esprit de clocher à l'esprit de famille Il y a donc au cœur de l'Église une double dimension d'unité et de diversité. En théorie tout le monde est d'accord... Mais il s'agit de le vivre, pas de le dire. Bienheureux ceux qui se réjouissent de ce qu'ils ne font pas. Le Père d'Alzon, notre fondateur nous invitait à nous réjouir de ce que les autres font mieux que nous pour le service de l'Église ! Je le dis avec force parce que la tentation dans une aussi jolie vallée, c'est que l'esprit de clocher vienne focaliser l'attention sur ce qui nous est le plus proche, ou le plus visible. Comment nos différences font‐elles sens ? Quelle et la vocation spécifique de chaque village, de chaque communauté, au service de l'ensemble ? Et réciproquement, comment l'EPVC vient aider les enracinement locaux à persévérer dans leur mission locale. Vivre la respiration de l'unité dans la diversité, c'est une vraie conversion en même temps qu'une grâce. Cela demande un certain effort pour faire de la place à chacun en même temps que c'est l'occasion de recevoir beaucoup. Je suis témoin de la grande générosité qui vous habite. De votre hospitalité et de vos dons culinaires... continuez à aimer et à entretenir la diversité que Dieu a déposé ici. En même temps, en ajustant vos différentes sensibilités, soyez sensible à la souffrance de ce corps que nous formons. Le Christ souffre de la place laissée vide par ceux qu'il aimerait rejoindre. Souvent nous pensons trop à nos petits groupes personnels sans être saisis par les blessures de notre unité... Toute unité et imparfaite, mais laissons le Christ nous travailler le cœur pour la construire dans une communion qui permette à chacun de trouver sa place. L'unité de l'EPVC dans la diversité de ses neufs clochers est toujours à parfaire : qui peut les nommes tous les 9, qui les a visité tous les 9... même moi, je dois déclarer forfait pour Maincourt. C'est donc important de reconnaître à la fois que nous souhaitons vivre cette uni‐ diversité dirait St François de Sales, et que nous peinons à le faire. Nous n'y sommes pas encore arrivé. Il y a dans toutes nos vies le mystère du refus et de l'absence de Dieu. C'est important de ne pas trop vite l'éloigner, de pouvoir le nommer, le traverser et le vaincre. Je veux parler des souffrances invisibles qui vous habitent, qui traversent les jours ordinaires en apparence paisibles. Des événements qui sont invisibles à hauteur de la vie de tous les jours, mais qui lui donnent une profondeur de chaos. Des enfants d'âge scolaire qui perdent leur deux parents, des grands‐parents qui perdent leur petite‐fille, des parents qui divorcent, des grands‐parents qui perdent la tête. Ddes trous béants dans nos histoires : cicatrisées plus ou moins vite, avec des plaies plus ou moins bien refermées. Parfois, dans le détour d'une conversation, on s'approche de l'abîme. Par un mot, une phrase, une avalanche... Il faut pouvoir nommer ces moments pour les relier à la croix, c'est ce que je veux faire aujourd'hui. En même temps que la fête, il y a nos vies ordinaires qui sont toujours un peu blessées. Le plus précieux n'est pas d'être arrivé, mais en chemin. D'être tourné dans la bonne direction, la mains sur la charrue. C'est donc d'être habité par cet amour de l'Eglise qui construit le Royaume de Dieu. Je ne l'ai pas dit assez souvent, mais j'espère que vous en avez perçu le mouvement : J'aime l'Église ! Non pas l'Église regretté d'hier ou celle fantasmée de demain, mais l'Église d'aujourd'hui, ici et maintenant, que le monde méconnaît si fort, et les chrétiens souvent avec. Une Église faite d'hommes et de femmes imparfaits mais en marche, habités par le mystère d'un appel que Dieu leur fait. Une Église avec une histoire et des lieux, des institutions et des saints. Une Église qui accepte de se convertir à la présence du Christ et de son Esprit parce que c'est sa vocation. Une Église forte d'une épaisseur culturelle qui la rend humaine, et vive du don de l'Esprit qui la rend divine. Cette Église a une feuille de route, une règle de vie, c'est l'Evangile. Prenez l'évangile au sérieux : ensemble, dans le dialogue, la conversion, la communion. L'Eglise du Bukina‐Faso nous montre ce chemin en parlant de l'Eglise comme famille de Dieu. Cette dimension familiale de l'Église est présente depuis les premières communautés. Je vous encourage à vivre vraiment en famille de Dieu : avec des repas, avec une attention aux plus petits, en supportant les plus grincheux, en célébrant, enseignant, servant la grande famille des enfants bien‐aimés du Père. C'est une vision toute simple : puisse‐t‐elle vous aider à vous convertir non pas individuellement, mais communautairement. A convertir l'esprit de clocher qui est top humain à l'esprit de famille selon le cœur de Dieu. Une vision pour la vallée : dimanche partagés à 1000 Un défi : faire un dimanche partagé à plus de 1000 participants. Le Père Emmanuel avait entrainé plus de 400 personnes au Mt St Michel, pourquoi ne pas vivre le changement sur place en invitant le plus largement possible ici aussi ! Avec l'art et la manière de le vivre en paroisse, mais pour toutes les générations en invitant les personnes isolées : objectif mille. Ce défi méritera alors d'être vécu sous le mode de l'éco‐responsabilité. En privilégiant les produits locaux, et limitant les déchets. Certains en sourient, mais l'enjeu est au minimum pédagogique. Pour moi, il est surtout un pas concret pour dire que l'avenir a de la valeur. Notre mode de vie, nous le savons tous, n'a aucun avenir, il s'agit de prendre cela sans angoisser, mais avec une ferme volonté de le transformer. Nous avons beaucoup de réticences personnelles, de freins collectifs, et il n'y a pas de quoi s'en étonner : le contraire serait plus inquiétant. Mais notre trésor c'est d'être capable d'entendre des appels que le monde l'entend pas, d'écouter Dieu qui nous parle pour nous tourner vers lui. Une paroisse comme celle de la vallée a tous les atouts pour être prophétique dans le domaine de l'attention à la création : nous en accueillons les bienfaits d'une manière privilégiée. Comment rendons‐nous grâce à Dieu de ce qu'il nous donne ? Quelle responsabilité avons‐ nous de le partager ? Comment avancer ensemble concrètement dans des gestes qui construisent un avenir durable pour tous les hommes ? Ce chantier est spirituel et matériel, il peut aussi être théologique, liturgique, scientifique, pédagogique... Je crois surtout que l'enjeu est bien d'abord la fraternité en Christ : les pauvres ont beaucoup à nous apprendre. Prendre soin ensemble de ce que Dieu nous donne est l'occasion de rencontrer Dieu ensemble. Je crois qu'il attend que des communautés se lèvent pour relever de défi. En gardant ces défis accroché à mon horizon à moi aussi, voilà que je pars pour d'autres cieux... Mon amour du Christ et de l'Eglise passe par l'Assomption. J'aime l'Assomption avec ses défauts et ses promesses, avec ses frères, ses sœurs, ses projets, avec son esprit de famille. C'est elle qui m'envoie au Burkina‐Faso, c'est pour elle que je vais dans une communauté de formation à Ouagadougou pour vivre avec de jeunes frères, les accompagner dans leur découverte de la vie religieuse, de leurs études de théologie. Cette perspective me passionne. Qu'est‐ce que le Seigneur attend de nous ? Quelle forme va prendre la vie assomptionniste en Afrique de l'Ouest ? Je prie pour que le Seigneur me prépare à cette mission. Père Nicolas, a.a