Eparchie Maronite Notre-Dame du Liban de Paris

Transcription

Eparchie Maronite Notre-Dame du Liban de Paris
Eparchie Maronite
Notre-Dame du Liban de Paris
Texte du Synode
2013
Première lettre
de Mgr Maroun-Nasser GEMAYEL
aux fidèles de l’Éparchie
Notre-Dame du Liban en France
et aux Maronites d’Europe
relevant de la visite apostolique
au sujet du synode diocésain
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INTRODUCTION Lorsque l’Eglise, corps mystique du Christ, convoque ses fidèles à
un synode, elle exprime la prise de conscience de sa propre identité. Cette
prise de conscience est fondamentale pour accomplir sa mission. C’est
pour cette raison que les synodes eurent lieu dès les premiers temps de
l’Eglise, avec le synode des Apôtres à Jérusalem. Les Apôtres du Seigneur,
en présence de Paul, se sont retrouvés, des confins de l’Empire Romain,
pour prier ensemble, et partager leurs expériences au sujet de la Bonne
Nouvelle. Ils trouvèrent des moyens de la faire diffuser dans les mondes
juif et païen, voire à toutes les civilisations.
En fait, la logique ecclésiale diffère de celle des entreprises et des
partis politiques. En effet, les fidèles n’obéissent pas aux ordres du chef,
comme les maîtres avec ses esclaves. Autrement dit, leur obéissance n’est
pas une obéissance aveugle. La synodalité, caractéristique propre de
l’Eglise, est fondamentale pour vivre la communion entre les fidèles de
l’Eglise ; elle prend en considération les talents et le charisme de chaque
membre de la communauté. En revanche, elle doit écouter l’œuvre de l’Esprit Saint et rendre témoignage à l’Evangile du Christ.
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PREMIÈREMENT
LUMIÈRES SUR LA SYNODALITÉ
DANS L’ÉGLISE MARONITE
I - Un survol historique :
L’Eglise maronite fait partie de l’Eglise Apostolique syriaque d’Antioche. Elle tire son nom d’un saint ermite, Maroun (+ 410), dont Théodoret de Cyr a écrit sa biographie. C’est avec cette dimension érémitique
qu’elle fut appelée à vivre sa communion de foi avec les Eglises apostoliques pour le grand bien de la spiritualité et de la culture. Les relations
avec l’Eglise de Rome se développèrent surtout à partir du XVème siècle ;
elles vont atteindre un point tel, que les coutumes religieuses et culturelles se rapprochèrent entre les deux Eglises. Et c’est durant la période
ottomane, que l’Eglise maronite a vécu son âge d’or, sur le plan culturel, politique, économique et social, essayant de réconcilier deux pôles :
le premier consistait à sauvegarder leur identité propre et leur liberté, se
fortifiant dans les monts et les vallées. Le second, les poussait à sortir de
leur isolement et de communiquer avec les non-chrétiens en adoptant
la culture du dialogue et la diversité, à tel point que l’Eglise maronite est
devenue experte dans la convivialité.
2 – Comment, à travers les siècles, l’expérience synodale s’est-elle
manifestée dans l’Eglise maronite?
Sur deux mille ans de christianisme, l’Eglise Catholique a tenu 21
conciles œcuméniques dont quatre d’entre eux avec une présence maronite. Le quatrième Concile du Latran, s’est tenu à Rome, en 1215, durant
la période franque. Il fut le premier à accueillir une présence maronite.
Jérémie de AMCHIT, fut le premier patriarche à s’y rendre. Si l’histoire ne
mentionne rien quant à sa participation aux discussions théologiques, elle
garde de son passage à Rome un souvenir inoubliable. Le second concile,
à avoir vu une délégation maronite, est celui de Florence, dit « Concile
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de l’Unité », en 1439. Le pays des Maronites était, alors, gouverné par les
Mamelouks (1291-1516). Le troisième concile, auquel l’Eglise maronite a
participé, est le concile Vatican I (1869-1870), tenu à Rome, pendant la
période ottomane. Mais la plus large participation maronite aux conciles
œcuméniques s’est surtout manifestée au Concile Vatican II (1962-1965)
qui, lors de sa clôture, a vu un de ses fils, le moine libanais Charbel
MAKHLOUF, proclamé bienheureux.
Par ailleurs, l’Eglise maronite, elle-même, n’a pas connu l’expérience
des conciles et des synodes avant le XVIème siècle. Tout ce que l’on connait
de ce sujet remonte à la deuxième moitié du même siècle, quand la petite
Eglise maronite a entrepris des contacts très serrés et très fructueux avec
la grande Eglise romaine. Vers l’an 1580, le patriarche convoqua deux synodes fondateurs afin d’organiser la vie liturgique maronite, à la lumière
du Concile de Trente (1545-1563), effectué à la suite de la Réforme protestante. Après cette date, l’Eglise maronite a tenu, 21 synodes patriarcaux ; le tout dernier est celui de Notre-Dame du Mont (2003-2006).
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DEUXIÈMEMENT
LES DEUX PRINCIPAUX SYNODES
1) – Le synode Libanais (1736) et celui de Notre-Dame du Mont
passent pour être les deux principaux synodes maronites. Le premier a
fait entrer l’Eglise maronite dans la modernité, exigeant l’enseignement
gratuit et obligatoire pour tous les enfants. Autrement dit, c’est à lui que
revient le mérite de mettre fin à l’analphabétisme de la jeunesse maronite
de la montagne libanaise, d’Alep et de Chypre.
2) – Le second a permis à l’Eglise maronite de découvrir qu’elle n’est
plus uniquement limitée au Moyen-Orient ; au contraire, c’est la prise de
conscience qu’elle est devenue une Eglise Universelle vivant l’inculturation avec les différentes civilisations et les langues du monde, sans jamais
oublier son attachement à la spiritualité de Saint Maroun et son appartenance irrévocable à l’autorité du patriarche. Il revient donc au dernier
synode patriarcal de présenter une vision œcuménique et internationale
capable de porter un témoignage évangélique au Liban, dans tout le patriarcat d’Antioche et de tout l’Orient et dans les pays de l’expansion maronite, niveau jamais atteint jusqu’à maintenant. Au terme de ses travaux, en
juin 2006, l’Eglise antiochienne syriaque maronite en Orient aura réalisé
un projet ambitieux jamais connu tout le long de son histoire.
3) – Quatre dossiers du Synode, comportant 24 textes, ont vu le jour.
Le premier traite de la vie de l’Eglise maronite, son identité et sa vocation,
sa présence sur l’étendue du territoire patriarcal d’Antioche et de l’expansion maronite mondiale. Il y a des documents qui traitent de la structure de l’Eglise maronite, du patriarcat, de l’éparchie, et de la paroisse ;
d’autres se chargent des personnes, à savoir le patriarche, les évêques, les
prêtres, les religieux et les laïcs, ainsi que la famille et les jeunes. Certaines
recherches vont jusqu’à traiter de la liturgie de l’Eglise maronite, de son
action pastorale, de la catéchèse, et de la formation chrétienne continue
des adultes. D’autres documents synodaux traitent de l’aggiornamento de
l’Eglise maronite concernant l’éducation, l’enseignement, le politique, le
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social, l’économique, les moyens de communication et d’information, et
son rapport avec la terre, ainsi que du droit canonique.
4) – Il y a un point sur lequel il faut attirer l’attention, c’est que les synodes précédents étaient réfléchis et préparés par des non-maronites, en
dehors du Liban, à Rome. Seul le clergé et quelques notables étaient habilités, à y participer ; alors que le dernier synode de l’Eglise maronite se
caractérise par le fait que ce sont les maronites eux-mêmes qui ont rédigé
les documents, laïcs et clercs à la fois ; d’autant plus que bon nombre de
maronites, hommes ou femmes, ont pu participé aux sessions. Ce qui fait
que cette Eglise maronite syriaque d’Antioche vécut, au début de ce troisième millénaire, une expérience unique, pionnière ; toutes les catégories
sociales de l’étendue du territoire patriarcal d’Antioche et de l’expansion
maronite mondiale, se sont sentis directement concernés.
Celui qui a accompagné les préparatifs de ce synode, fruit des efforts
du clergé et des laïcs à la fois, et participé à ses trois sessions plénières,
reconnait que ce synode a fait entrer l’Eglise maronite dans une dynamique de renouveau spirituel et moral, et dans un changement radical
de mentalité de discernement ; car des principes communs de réflexion
et de « cheminer ensemble » (=syn odos) ont été posés. Par ailleurs, il doit
se rendre compte de la lourde responsabilité que doit assumer tout fidèle
maronite sur l’étendue du territoire patriarcal d’Antioche et de l’expansion maronite mondiale, là où s’étend notre éparchie maronite, en France,
et, par extension, dans toute l’Europe, afin de répondre dignement à la
volonté du Seigneur.
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TROISIÈMEMENT QUE FAUT-IL FAIRE ?
Qu’est-ce qui nous est recommandé à présent, après la parution
des textes synodaux, des décisions et des suggestions, de 2006 ?
1) - en tant que croyants engagés, il s’agit d’être informé du contenu
des textes, et, par la suite, œuvrer pour sa pleine acceptation dans notre
nouvelle éparchie. Il y a certainement des sujets communs qui touchent
à la vie de l’ensemble de l’Eglise : paroisses, communautés religieuses,
jeunes, mouvements apostoliques, individus, familles, confréries et associations… D’autres sujets relèvent de chaque diocèse à part, selon ses charismes et ses spécificités. Tous les maronites, là où ils ont élu résidence,
sont concernés par ce synode ; nul n’est tenu à s’isoler ou à s’écarter. Le
chantier synodal a commencé et il n’est pas permis que quelqu’un décide
dorénavant à notre place, surtout en matière de foi et d’ouverture à l’espérance.
2) - il est vivement recommandé de passer à l’application des décisions synodales, de passer de la théorie à la mise en pratique. Pour que
les décisions ne restent pas seulement au niveau théorique et rationnel,
et pour que l’œuvre cesse de relever uniquement de la pure organisation.
Notre éparchie aspire à une renaissance spirituelle véhiculée par son riche
patrimoine syriaque et antiochien, au début du troisième millénaire.
a - En ce qui concerne notre nouvelle éparchie, ces quelques lignes
sont capables de transmettre ma propre vision synodale, inspirée de
ma devise épiscopale : « Authenticité et mission ». Cette vision s’inscrit
non seulement dans notre engagement évangélique mais surtout dans
l’héritage culturel et ecclésiastique qui nous est propre. Elle met devant les
yeux un objectif apostolique universel qui ne se limite pas aux frontières
géographiques de l’éparchie, mais qui va jusqu’à atteindre le continent
européen occidental et septentrional. Certes, ma conviction première, est
que notre nouvelle éparchie a besoin d’âmes non seulement de textes ;
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elle a besoin de témoins, aussi bien que de doctrines. Je suis conscient
que l’Esprit Saint est capable de transformer les cœurs durs. Lui seul a le
pouvoir de revivifier ceux qui sont victimes de la routine, de l’usure et du
déchirement. Il est prêt à empêcher la dissolution, la dispersion et l’indifférence. C’est lui qui ramènera les fils de Dieu à la logique du martyre, de
la mission, de la prise de conscience et de l’identité. Et « là où le péché
s’était multiplié, la grâce a surabondé » (Rm 5, 20). En effet, le temps du
synode est un temps de grâce accordé par le Seigneur.
Très chers amis, j’espère que cette lettre trouvera auprès de vous,
prêtres, religieux, religieuses, et laïcs fideles, un accueil favorable et une
attention bien spéciale. Elle ambitionne d’aider, de compléter ou de transformer le cours de la vie du « petit troupeau » et sa manière de penser et
d’agir chrétien, à l’approche de la première session du synode diocésain,
qui se déroulera le vendredi 13 et le samedi 14 décembre 2013.
Chers diocésains et diocésaines bien-aimés,
Je vous annonce, en tout premier lieu, que notre synode diocésain
a l’ambition d’être une nouvelle Pentecôte. Qu’il soit un temps de grâce
indispensable pour vivre notre foi, notre espérance et notre communion
ecclésiale, tous autour de Jésus Christ qui poursuit, avec la participation
de chacun de nous, l’édification sa propre Eglise.
Ce qui caractérise notre présent synode des autres synodes diocésains maronites, c’est qu’il se tiendra sept ans après le synode patriarcal de
l’Eglise maronite (2003-2006). Ce n’est autre qu’une application du Code
des canons des Églises orientales (CCEO) promulgué officiellement par le
pape Jean Paul II, le 18 octobre 1990. Huit canons (235-242) traitent du
synode diocésain. Son identité est définie ainsi que les rouages de sa tenue
et de son rôle. Cela est loin de correspondre aux besoins de notre éparchie
qui vient à peine d’être créée. Mais le défi à relever est de taille. Voici ces
canons concernant l’assemblée éparchiale (235-242) :
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235 - L’assemblée éparchiale apporte son aide à l’Evêque éparchial dans les
affaires qui concernent les besoins spéciaux ou l’utilité de l’éparchie.
236 - L’assemblée éparchiale sera convoquée toutes les fois qu’au jugement
de l’Evêque éparchial et après avoir consulté le conseil presbytéral, les
circonstances le suggèrent.
237 – 1- Il appartient à l’Evêque éparchial de convoquer l’assemblée
éparchiale, de la présider par lui-même ou par un autre, de la transférer, la
proroger, la suspendre et la dissoudre.
2- Durant la vacance du siège éparchial, l’assemblée éparchiale est suspendue
de plein droit, jusqu’à ce que le nouvel Evêque éparchial ait décidé de l’affaire.
238 – 1- Doivent être convoqués à l’assemblée éparchiale et doivent s’y
rendre :
1) L’Evêque coadjuteur et les Evêques auxiliaires ;
2) Le Protosyncelle, les Syncelles, le Vicaire judiciaire et l’économe éparchial ;
3) Les consulteurs éparchiaux ;
4) Le recteur du grand séminaire éparchial ;
5) Les protopresbytres ;
6) Un curé au moins de chaque district à élire, sous la présidence du
protopresbytre, par tous ceux qui ont là actuellement charge d’âmes; de
même doit être élu un autre prêtre, qui le remplacera en cas d’empêchement ;
7) Les membres du conseil presbytéral et quelques délégués du conseil
pastoral, s’il y en a un, à élire par le même conseil de la manière et en nombre
fixés par le droit particulier.
8) Quelques diacres élus selon le droit particulier ;
9) Les Supérieurs des monastères de droit propre et quelques Supérieurs des
autres instituts de vie consacrée, qui ont une maison dans l’éparchie, à élire
de la manière et en nombre fixés par le droit particulier ;
10) Des laïcs élus par le conseil pastoral, s’il y en a un, sinon de la manière
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déterminée par l’Evêque éparchial, de sorte que le nombre des laïcs ne
dépasse pas le tiers des membres de l’assemblée éparchiale.
2- L’Evêque éparchial, s’il le juge opportun, peut inviter à l’assemblée
éparchiale aussi d’autres, sans exclure des personnes appartenant à d’autres
Eglises de droit propre, et à tous il peut même concéder le droit de suffrage.
3- A l’assemblée éparchiale peuvent aussi être invités quelques observateurs
des Eglises ou Communautés ecclésiales non catholiques.
239 - Ceux qui doivent se rendre à l’assemblée éparchiale, même s’ils sont
retenus par un empêchement légitime, ne peuvent pas envoyer un procureur,
qui assisterait en leur nom à l’assemblée éparchiale, mais ils informeront de
l’empêchement l’Evêque éparchial.
240 - Restant sauf le droit de tout fidèle chrétien d’indiquer des questions à
traiter dans l’assemblée éparchiale, il appartient au seul Evêque éparchial de
fixer les matières à traiter dans cette assemblée.
2- L’Evêque éparchial constituera, en temps opportun, une ou plusieurs
commissions auxquelles il appartient de préparer les matières à traiter dans
l’assemblée éparchiale.
3- L’Evêque éparchial veillera à ce que le schéma des matières à traiter soit
remis en temps opportun à tous ceux qui ont été convoqués.
4- Toutes les questions proposées seront soumises à la libre discussion
dans les sessions de l’assemblée éparchiale.
241- Dans l’assemblée éparchiale, l’Evêque éparchial est seul législateur,
tous les autres n’ayant que suffrage consultatif ; lui seul souscrit toutes
les décisions, qui ont été prises dans l’assemblée éparchiale ; si elles
sont promulguées au cours de cette même assemblée, elles commencent
aussitôt à obliger, sauf autre disposition expresse.
242 - L’Evêque éparchial communiquera à l’autorité indiquée par le droit
particulier de son Eglise de droit propre le texte des lois, des déclarations et
des décrets qui ont été donnés dans l’assemblée éparchiale.
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b – D’après ce que l’on vient d’exposer, il s’avère que le synode en soi
n’est pas propre au seul clergé ; mais un rôle capital est attendu des laïcs
qui représentent les différents secteurs et services de l’éparchie. Il va sans
dire, également, que c’est l’évêque qui doit convoquer les synodes diocésains, et c’est à lui seul que revient le droit d’en fixer l’objectif, proposer les
sujets, présider les sessions et proclamer les décisions finales en exigeant
leur application. Ces nouvelles lois disposent, donc, d’un éventail assez
large qui engloberait tous les fidèles baptisés ; et si elles ne séparent pas
entre clergé et laïcs, elles tiennent à prendre en considération les charismes et les responsabilités de chaque partie. Elles font revenir à l’Eglise
l’agir théologique ecclésial qui ne fait que réclamer l’union du Corps
mystique du Christ, l’action de tous les membres dans un seul corps, à la
lumière de la coresponsabilité-partenariat, de la communion entre eux,
et de la synodalité.
Si les premiers conciles de l’Eglise étaient le propre du clergé, le
Concile Vatican II, lui, a ajusté le tir, en reconnaissant la place des laïcs
dans l’Eglise à côté des prêtres et des évêques. Depuis, l’institution synodale a retrouvé un dynamisme pour que tous les fidèles baptisés soient
engagés dans un processus de préparation, de participation, de célébration et de mise en pratique. Une responsabilité commune devrait réunir
tous les baptisés ; ensemble ils sont partenaires dans la vie de foi et dans
la mission de l’Eglise. Il suffit à la Communion de mettre en valeur des
points essentiels de la vie de l’Eglise, à savoir les liens de solidarité entre
baptisés, la présence de l’Esprit Saint par Jésus Christ, le dialogue œcuménique, et la diversité des dons au service de la mission. L’Etat synodal
n’est donc pas une expression nouvelle, elle est, par contre, une voie naturelle, déjà présente au Concile des Apôtres à Jérusalem. La synodalité des
Apôtres fut pour les différentes cultures du monde antique une ouverture,
une adaptation, et une acculturation.
Dans l’Eglise, le principe d’égalité n’est autre que celui de la synodalité, signe composante de sa vie, et principe remplaçant « la loi divine »
qui fut royale par rapport au Pape, et pyramidal par rapport aux évêques.
Depuis Vatican II, les évêques participent davantage à l’autorité du Pape
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à travers les conseils épiscopaux. Alors que l’autorité dans l’Eglise suivant
l’ancien code canonique était entre les mains du Souverain Pontife de
Rome, dorénavant, suivant le nouveau, il la partage avec le Synode des
évêques, tel un parlement autour du Pape. En conséquence, un Conseil
sacerdotal doit se mettre en place autour de l’Evêque, et un Conseil pastoral autour du curé de la paroisse.
3) – Prenant appui sur le nouveau code canonique, j’expose ce qui
me vient à l’esprit comme principes, réflexions, défis et visions relevant de
la vie de notre nouvelle éparchie, en s’inspirant de la devise de mon épiscopat, à savoir : « Authenticité et Mission ». J’envisage de pouvoir engager
un chantier spirituel et organisationnel assez étendu. Ce projet de synode
vous parait-il ambitieux ? Peut-être, mais il n’est pas du tout impossible !
Le temps du synode est toujours un temps d’éveil des dons et des talents
par excellence, c’est le temps des conseils, le temps de la vigilance de la foi
telle tant souhaitée par notre éparchie. Tout cela prépare à la création de
mentalité synodale voulue.
Le synode a pour rôle d’engager les fidèles à donner leurs suggestions et leurs recommandations, quoique leur participation reste à un niveau consultatif. Ils ont leur mot à dire et leur point de vue à faire valoir,
dans la construction de l’Eglise.
Notre synode diocésain est non seulement un travail institutionnel, mais un acte spirituel par excellence. Il tient à diriger les efforts de
l’éparchie vers une organisation moderne efficace capable de la conduire
à témoigner de Jésus-Christ, car il s’agit de la responsabilité de tous les
membres du corps du Christ dans l’agir missionnaire, suivant la diversité
des dons et des fonctions.
Le synode diocésain « un état d’urgence » spirituel. Je souhaite que
notre souci primordial et imminent soit de mettre en valeur l’identité de
notre Eglise syriaque d’Antioche dont nous sommes les membres, chacun
suivant son charisme et ses talents. Et n’oublions pas que vous, les fidèles
laïcs, vous participez, pour votre part, à la triple fonction de Jésus-Christ :
sacerdotale, prophétique et royale. A savoir qu’aucune autorité dans
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l’Eglise n’est reconnue si elle n’était pas pour le service du peuple de Dieu.
Elle ne doit pas éclipser, en aucune manière, la vraie image du Christ.
En tout cas, le synode n’est autre qu’un examen général de
conscience, et un acte de pénitence, et un cheminement d’espérance
pour le présent et l’avenir. L’Eglise apostolique d’Antioche, où les premiers chrétiens ont porté le nom de chrétien pour la première fois (Ac
11, 26) fut un monument parfait ; nous savons bien que son patrimoine
araméen oriental a vécu l’acculturation avec le grec d’Athènes et le latin de
Rome, devenu nourriture de l’esprit et du cœur recherchée par les peuples
de la terre. Mais, à présent, la grande Antioche est réduite en ruine. Toutefois, ses héritiers s’accrochent, chacun à son rite, à sa langue, alors que
l’origine est commune, le témoignage est commun, la mission est commune, le patrimoine est commun, la destiné est commune, et les défis le
sont aussi. Ajoutez à cela que le dogme est le même, quoique les expressions liées aux diverses cultures donnent l’apparence d’être différentes.
Toutes sont conventionnelles et relatives, et elles dénotent une mentalité
culturelle et un dynamisme bien évolués. Mais, le dogme est une chose, la
manière de l’exprimer en est une autre. Tout cela est connu théoriquement
et annoncé publiquement.
Que dire encore de l’avenir de la foi maronite dans notre éparchie ?
Comment transmettre aux nouvelles générations l’héritage de foi profonde
de nos ancêtres ? Comment le développer et l’actualiser tenant compte
de l’évolution technologique qui aura sans doute des conséquences sur
les structures familiales, les relations de travail, les modes d’habitat, les
structures de pouvoir économique et politique, les comportements et les
systèmes de valeurs.
Que dire ensuite des échanges avec les fidèles de l’Eglise latine de
France : au niveau religieux, culturel et social…. ? Notre appartenance
religieuse consiste-t-elle uniquement à baptiser nos enfants et à leur assurer la première communion ? Notre pratique religieuse devrait-elle seulement se limiter à un Dimanche des Rameaux, à un Vendredi Saint, ou à la
participation aux funérailles et aux noces pour mériter de porter le nom
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du Christ dans ce pays si accueillant ?
Les réponses à ces questions radicales et notre engagement dans la
foi sont susceptibles de décider de l’avenir de notre éparchie, notre Eglise
locale. Une lecture positive de l’état actuel des choses peut nous aider à
mieux discerner la volonté du Seigneur vis-à-vis de notre Eglise maronite.
Ensemble, dans le Synode, nous établirons les choix qu’il faut, nous prendrons les décisions, et nous fixons les objectifs.
Pour mettre en pratique toutes ces données, veuillez retenir les
dates des trois sessions successives suivantes : La 1ère session aura lieu
le 13-14 décembre 2013, la 2ème après Pâques 2014, et la toute dernière,
le vendredi et samedi 26 et 27 septembre 2014.
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QUATRIEMEMENT
LES THÈMES DU SYNODE ?
Les thèmes proposés à l’étude de notre prochain synode diocésain
sont inspirés de ceux du dernier Synode patriarcal maronite (2003-2005).
Un choix délibéré a été fait suivant les besoins de la nouvelle éparchie
naissante. L’imminent c’est le thème de la foi et l’engagement chrétien, la
formation chrétienne continue, l’inculturation, l’intégration, la mission et
le témoignage. La grande question qui se pose est la suivante : comment
être maronite, aujourd’hui, en France et en Europe, et comment équilibrer entre notre appartenance à la famille maronite et notre intégration
dans la société européenne ?
A – FEUILLE DE ROUTE :
Sur ce, Je vous propose ce qui suit : Chaque paroisse est appelée à
former son propre comité synodal central, qui se charge :
* De veiller, en premier lieu, à bien lire cette lettre, avant de la diffuser à toutes les familles maronites, notamment à toutes les jeunes générations.
* De répondre aux questions suivantes, dans vos cercles de réunion.
* De proposer, en dernier lieu, un mécanisme de mise en pratique.
B – LES QUESTIONS PROPOSÉES :
1) – Comment vivez-vous aujourd’hui votre foi chrétienne maronite syriaque antiochienne, en famille, à la paroisse maronite (si elle
existe) ? (FOI).
2) – Comment vivez-vous votre communion familiale, à la maison ? (FAMILLE).
3) – Quelle place occupent nos enfants et nos jeunes gens par rapport à cette foi et valeurs familiales orientales ? Comment se fait leur éducation à la vie chrétienne (à la maison, à la paroisse ? (ÉDUCATION).
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4) - Quelle place donnons-nous aux célibataires, les marginalisés
(es), les malades, les chômeurs… ? (SOUCIS SOCIAUX).
5) – Comment faire pour que les adultes de notre Eglise d’Orient
s’enrichissent de l’Evangile du Christ et des données théologiques?
(FORMATION CONTINUE).
6) – Avons-nous évolué dans la logique de travail en équipe entre
clergé et laïcs ? (PÉDAGOGIE INSTITUTIONNELLE).
7) – Comment célébrer les offices et les messes suivant la liturgie
maronite syriaque d’Antioche? (LITURGIE).
8) – Comment inculquer à nos enfants le patrimoine de notre Eglise
et notre identité orientale, surtout la langue arabe ? (PÉDAGOOGIE).
9) – Comment mettre les moyens de communication et la nouvelle
technique au service de l’Evangile ? (MODERNISME).
10) – Comment préparer les vocations sacerdotales et religieuses
dans nos familles et notre environnement ? (VOCATION).
11) – Comment nous entraider pour vivre la joie, l’ingéniosité et la
paix ? (SOLIDARITÉ).
12) – Que proposez-vous pour que notre peuple ne soit pas
dissous dans la société européenne, mais qu’il sauvegarde son identité ?
(AUTHENTICITÉ ET MISSION).
13) – Qu’attendez-vous du présent Synode ? (ATTENTES).
14) – Quels sont vos besoins sur cette terre accueillante et
hospitalière ? (SUGGESTIONS).
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C – COMITÉS PROPOSÉS :
Après avoir lu et assimilé ces questions, je vous propose de former
quatorze comités, selon la possibilité de chaque paroisse ; ou, dans le cas
contraire, se suffire à un seul, ayant pour mission de participer, le moment
venu, aux réunions du Comité Synodal Central :
1 – Comite de l’Identité de l’Eglise Maronite Syriaque d’Antioche.
2 – Comité de la Vocation et la Mission de l’Eglise maronite en
France et en Europe.
3 – Comité de la Famille.
4 – Comité des Jeunes.
5) – Comité Pastoral et Liturgique.
6) – Comité de la Catéchèse et de la Formation Chrétienne Continue
des Adultes.
7) – Comité de l’Enseignement primaire et secondaire.
8) – Comité de l’Enseignement Supérieur.
9) – Comité de la relation avec les Eglises Orientales en Europe.
10) – Comité de la relation avec l’Eglise latine de France.
11) – Comité de la vie maronite consacrée en France : prêtres,
Religieux, Religieuses.
12) – Comité de l’Information et de l’Informatique.
13) – Comité économique.
14) – Comité du Pèlerinage religieux et culturel.
Je souhaite que ce chantier synodal ait des conséquences bénéfiques
sur la vie et le dynamisme de nos paroissiens. Qu’ils trouvent un
meilleur écho, au niveau individuel ou communautaire. Ce synode aura
pour mission d’étudier la situation de notre Eparchie, d’activer l’action
pastorale, d’étudier ses besoins et la manière de les affronter. Je m’attends,
en tout cas, à un vif élan spirituel qui réaliserait la qualité de l’action
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missionnaire. Les fideles laïcs sont le « levain dans la pâte, le sel de la terre
et la lumière du monde » (Mt 13, 33). Ils sont au service du monde. Ils
sont des missionnaires. Leur mission apparait dans leur insertion dans les
activités de la paroisse, dans le témoignage de la parole, du comportement,
et leur occupation de l’Eglise, et dans leurs activités liturgiques, dans la
préparation des sacrements, dans leur engagement dans les questions de
la famille, dans la sincérité de leur travail, dans l’engagement noble des
questions politiques, sociales et bienfaitrices, dans l’action pour la justice
et les droits de l’Homme, et dans la présence auprès des nécessiteux, des
malades, des étrangers, des malheureux et des désespérés.
Je voudrais que ce synode augmente les relations entre le pasteur
et la paroisse. Il faut qu’elle se rende compte qu’elle est bien entretenue et
qu’elle a une référence solide qui la protège et qui est protégée par elle, en
parfaite communion suivant les charismes et les talents de chaque partie.
Je voudrais également que ce synode puisse poursuivre la communication et la communion entre l’Eglise maronite et les Eglises d’Orient ;
un même cheminement de foi et une même destinée les relient ensemble.
Bien plus, je voudrais que ce synode puisse consacrer, pour de bon,
la communion entre la petite Eglise maronite d’Antioche et la grande
Eglise latine de France. Cette communion avait pris un bon départ, déjà
depuis le XIX siècle, quand nos diocèses étaient bel et bien jumelés, et
nous ne comptons pas nous arrêter, ni même retourner en arrière. Nombreux sont les bienfaits que l’on a pu tirer, mais nombreuses aussi sont les
expériences que l’on s’est pu partager se rapportant au domaine spirituel et
culturel, à la fois, pour le grand intérêt des Eglises d’Orient et du monde
Islamique. Nous prenons à notre compte de poursuivre, donc, dans cette
tradition, pour le grand bien des deux parties et de l’Evangile du Seigneur.
N’oublions pas que le Moyen-Orient en général, et le Liban en particulier, vivent un dialogue quotidien entre Chrétiens, Musulmans et Druzes,
expérience devenue un modèle nécessaire et unique pour tout échange
entre des civilisations et des religions.
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J’aspire au jour où les fidèles de l’Eglise maronite s’organisent en
paroisses propres dans lesquelles ils professent leur foi et pratiquent leur
liturgie, sauvegardant ainsi leur identité maronite syriaque d’Antioche, et
les valeurs familiales, suivant leur vocation et leur mission en France et
Europe.
J’aspire au jour où l’école sera placée près de l’église paroissiale ;
nos enfants auront la possibilité d’apprendre la foi de leurs ancêtres et
la langue arabe et syriaque, en plus des autres sciences et connaissances.
Cela dit, nous tenons compte de révolution technique et informatique et
leurs répercussions sur le domaine pédagogique et vital.
J’aspire au jour ou la jeunesse maronite de France et d’Europe se
réunissent tous les ans, avec leurs amis et leurs élites pour se faire connaissance, se partager les expériences, et planifier pour un meilleur avenir
familial, ecclésial, national et mondial, ferme, digne et sûr.
RÉFÉRENCES UTILES
1 – Évangile de Saint Jean, chapitre 15
2 – Première Épître de saint Paul aux Corinthiens, chapitre 12
3 – Actes des Apôtres, chapitre 15 :1-35
4 – Vatican II (http://www.vatican.va/phome_fr.htm)
5 - Les textes du Synode Patriarcal Maronite 2003-2005
(http://www.maronitesynod.com/)
6- Père Nasser GEMAYEL, l’Eglise ne vit et ne se développe que
synodalement, les Conciles œcuméniques et généraux, les synodes
patriarcaux, et les synodes diocésains maronites, Beyrouth, 2005
(En arabe)
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CONCLUSION
Le prochain Synode Diocésain n’est, donc, pas seulement un acte
organisateur, mais c’est une vocation franche pour un retour, une méditation et une plongée en profondeur dans la vie chrétienne. Si l’on vit
ensemble en Eglise, nous recevons la force de l’Esprit du Seigneur dans
une ambiance de communion et de responsabilité, nous-mêmes et tous
les autres membres des Eglises d’Orient, héritiers de la foi chrétienne et de
ses reliques, en France et dans le monde entier.
Nous attendons beaucoup du Synode en question, et il s’attend à
beaucoup de notre part. Portons-le dans notre prière et notre pénitence.
Que le Seigneur produise en nous une nouvelle Pentecôte aussi bénéfique
la première, et nous écarte des illusions. « La Table est déjà mise », il
ne reste qu’à passer à l’action. « Venez et manger ». Ne mettons pas en
colère notre Dieu, le Christ et l’Eglise, en courant derrière les paganismes
modernes mais stériles. Le Synode a pour unique objectif c’est d’élever
nos âmes jusqu’au Ciel, pour lequel nous sommes nés ; seule les ailes de
l’Amour nous y conduira.
Le premier Synode de notre Éparchie demeurera, par excellence,
un temps de grâce, de bénédiction, de tendresse, et de miséricorde divine.
Paris, 7 février 2013
†Mgr Maroun Nasser GEMAYEL
Evêque de l’éparchie maronite Notre-Dame du Liban à Paris
Visiteur Apostolique des Maronites en Europe
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Eparchie Maronite Notre-Dame du Liban de Paris
15 rue d’Ulm
75005 Paris
01.45.45.45.45
06.25.62.48.53
[email protected]
http://www.maronites.fr