Le Desmodium - Hippocratus
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Le Desmodium - Hippocratus
Le Desmodium Desmodium ascendens Dossier réalisé par Frédéric FERRACIN Préparateur en pharmacie Août 2006 Sommaire I)-Botanique et géographie: 1)-Répartition géographique. 2)-Habitat. 3)-Description botanique. II)-Constituants et propriétés: 1)-La drogue: parties utilisées. 2)-Les principes actifs. 3)-Les propriétés. III)-Utilisations: 1)-Utilisations traditionnelles. 2)-Recherches et résultats. 3)-Utilisations modernes. IV)-Bibliographie : I)-Botanique et géographie : 1)-Répartition géographique : Le desmodium est une plante herbacée de la zone équatoriale, présent à l’état sauvage en Amérique du sud : au Brésil, en Amazonie et au Pérou ; mais aussi sur la cote occidentale de l’Afrique : au Ghana, au Libéria, en Guinée et en Côte d’ivoire. 2)-Habitat : Le desmodium peuple les forêts ouvertes, les pâturages et même les bords de route.C’est une plante rampante ou grimpante sur les troncs d’arbres. En Afrique, elle grimpe sur les cacaoyers. 3)-Description botanique : Le desmodium, scientifiquement appelé desmodium ascendens, est une plante vivace de 50 cm de haut, de la famille des Fabacées. Ses feuilles sont lisses trifoliées alternes, possédant des folioles obovales longues de 15 à 50 mm et largues de 10 à 30 mm. Les fleurs mauve pâle se présentent sur un racème axillaire long de 10 à 15 cm. Le fruit est une gousse articulée longue de 10 à 25 mm pour 3 mm de large, renfermant les graines. Feuille de desmodium ascendens. Fleurs et fruits de desmodium ascendens. II)-Propriétés et principes actifs : 1)-La drogue : Les parties utilisées de la plante sont les feuilles et la tige, récoltées après la floraison. On utilise généralement la drogue en décoction : 8 à 10 grammes bouillie 15 minutes dans 1,5 litre d’eau, à boire dans la journée. 2)-Les principes actifs : Le desmodium possède de nombreux principes actifs, mais le mode d’action de la plante sur l’organisme malade est encore mal connu. La plante contient : - des alcaloïdes d’isoquinoline (4mg/kilogramme de plante, exprimé en tryptamine), - des acides gras présents dans une concentration allant jusqu’à 3%, - des flavonoïdes et de nombreux autres constituants : tetrahydroisoquinoline, astragaline, beta-phényléthylamines, hordénine, tyramine et des triterpènes connus sous le nom de soyasaponines : soyasaponine I , soyasaponines II, soyasaponines III , dihydrosoyasaponines I, saponines de triterpinoide. 3)-Les propriétés : Les médecines traditionnelles et modernes reconnaissent de nombreuses propriétés au desmodium ascendens. En Amérique latine (au Pérou et au Brésil), on l’emploie comme détoxifiant, anti-inflammatoire et anti-convulsivant. En Afrique, selon le pays, on lui attribue différentes propriétés : au Ghana, on l’utilise pour son action anti-histaminique, anti-asthmatique et bronchodilatatrice, ou encore au Libéria pour les convulsions, les maladies vénériennes et l’asthme. La médecine moderne reconnaît ses propriétés détoxifiantes et dépuratives, son action protectrice et régénératrice des cellules du foie, mais aussi son action sur les poumons : anti-asthmatique, anti-histaminique et bronchodilatateur. Le desmodium possède également des propriétés antiinflammatoires, anti-spasmodiques, béchiques, diurétiques, laxatives et vulnéraires. III)-Utilisation : 1)-Utilisation traditionnelle : En Amérique latine comme en Afrique, le desmodium ascendens est traditionnellement utilisé depuis des centaines d’années par les peuples indigènes. Il est employé en décoction ou en cataplasme. Pays : Amazonie Brésil Pérou Ghana Guinée Libéria Ailleurs Utilisations traditionnelles : Convulsions, maladies vénériennes, énervement, contraceptif, infections vaginales, blessures Diarrhées, malaria Détoxifier, dépuratoire, inflammations, affections génitourinaires Asthme, coliques, constipations, dysenterie, blessures Convulsions, jaunisse, antihelmintique Convulsions, maladies vénériennes, blessures Hépatites, convulsions, laxatifs, maladies vénériennes, toux, inflammations, blessures Ces utilisations font apparaître les propriétés citées précédemment. 2)-Recherches et résultats : Le desmodium a fait l’objet d’étude en France, en Angleterre, au Canada, et au Ghana. Sa capacité à normaliser les niveaux d’enzymes élevés du foie, son action relaxante sur les fibres musculaires lisses, son action bronchodilatatrice et anti-histaminique ont été prouvées. Effets sur les poumons : Des études ont montré une inhibition de la contraction produite l’histamine sur les muscles lisses des cobayes. Les essais visant les muscles par bronchiques ont montré que l’effet de relaxation sur les bronches est très rapide (1 à 2 minutes). Ces études confirment l’utilisation traditionnelle pour l’asthme, si bien connue qu’au Ghana, la première phase du traitement pour des patients souffrant de crises d’asthme est l’utilisation du desmodium ascendens. Cependant, il n’est utilisé qu’en prévention de ces crises d’asthme car il semble inefficace dans le traitement du patient en phase aigue. En fait, il a été découvert que le desmodium inhibe les spasmes de la trachée et du parenchyme pulmonaire. Il est donc généralement donné avant que la crise d’asthme ne se déclenche. Effets sur le foie : Les premières études ont été réalisées chez des patients souffrant de jaunisses (ictères), puis la plante fut essayée pour traiter les hépatites virales. Dans 9 cas d’hépatite virale B et C chroniques ou aigues, les transaminases (enzymes qui jouent un rôle important dans le métabolisme des protéines) ont baissé au bout de 2 à 4 mois, mais la normalisation totale n’a été obtenue que dans 4 cas. Les 5 autres n’ont pas été normalisées, ce qui signifiait le passage à l’hépatite chronique auto-immune. Depuis des centaines d’hépatites virales traitées en phase de début ont confirmé l’effet à peu près permanent du desmodium à ce stade de la maladie. Des recherches se sont ensuite portées sur les hépatites causées par les drogues chez les toxicomanes et le desmodium c’est révélé être une plante indispensable en cancérologie, surtout dans la prévention des effets hépatotoxiques de la chimiothérapie. Des études ont également été faites dans le traitement des cirrhoses avec un succès indéniable. Suite à ces nombreuses études, il a été démontré que le desmodium ascendens possèdent des effets protecteur et régénérateur sur les cellules hépatiques. Il constitue une plante d’attaque de première importance préventive de la cirrhose accélérant la normalisation des transaminases et agissant sur les effets secondaires tel que la fatigue, les nausées, la perte d’appétit et l’amaigrissement. Le desmodium ne possède pas des propriétés antivirales : son action est due aux alcaloïdes indoliques et aux flavonoïdes qu’il contient. Il est donc à utiliser dans les suites d’hépatites virales ou toxiques (intoxications, chimiothérapies…), ainsi que dans les dysfonctionnements ou insuffisances hépatiques (ictères). De plus la pratique démontre que, étant donné qu’il protège et répare les cellules du foie, c’est une plante qui aide a maintenir un système immunitaire en bon état.C’est pourquoi il est souvent utilisé en cure au début du printemps et au début de l’automne afin d’aider l’organisme à se débarrasser des toxines accumulées dans le foie et de mieux préparer le corps aux rigueurs de l’hiver et aux périodes de chaleur. 3)-Utilisation moderne : De nos jours, le desmodium est principalement utilisé comme hépatoprotecteur et régénérateur des cellules hépatiques. Il est surtout utilisé comme complément : -dans les chimiothérapies, - dans le traitement des hépatites virales et des cirrhoses, Où on le trouve souvent associé à d’autres plantes ayant une action détoxifiante, protectrice, ou régénératrice sur le foie. Le traitement phytothérapique ne peut pas remplacer le traitement chimiothérapique ou allopathique de l’affection en cours, il ne doit pas conduire à un abandon de la médication classique. La phytothérapie apporte un plus, qui a pour but de diminuer, voire d’annuler les effets secondaires du traitement chimiothérapique. En effet, la chimiothérapie implique de nombreux effets secondaires, c’est pourquoi il est utile de stimuler les organes émonctoires tel que le foie et les reins afin d’éliminer les déchets et les principes chimiothérapiques qui s’accumulent dans l’organisme. Cependant le foie se trouve très abîmé par le traitement chimiothérapique, alors que l’organisme à plus besoin, de son action détoxifiante, que d’habitude : il faut donc le protéger, l’aider à se régénérer et à assurer sa fonction d’élimination des déchets : le desmodium ascendens est la plante idéale. On l’utilisera surtout sous forme de tisanes, de gélules d’extrait sec ou de poudre de plante. Poudre de Desmodium. La tisane, constituée par les feuilles et tiges sèches, s’utilise en décoction : 8 à 10 grammes de drogue dans 1,5 litre d’eau, que l’on porte à ébullition, et que l’on laisse bouillir 15 minutes. La préparation doit être bue dans la journée. Pour avoir une réelle action, il est impératif de consommer 8 à 10 grammes de plante sèche (ou son équivalent) par jour pendant la durée du traitement chimiothérapique ou allopathique, sous peine d’échec dû à un sous dosage. Les extraits secs se présentent sous forme de gélules, dosées à 300 milligrammes (extrait sec titré à 6/1 : ce qui signifie qu’un gramme d’extrait sec équivaut à six grammes de poudre de plante ou de plante sèche): dans ce cas, la posologie est de 2 gélules, 3 fois par jour en début de chaque repas. Le choix de la forme galénique doit se limiter à la tisane et aux gélules d’extrait sec (ou de poudre de plante éventuellement, mais peut pratique car le nombre de gélules à avaler à chaque prise est trop important). Il est préférable d’éviter les extraits hydroalcooliques, ampoules, ou solutions liquides, ou l’excipient pourrait être de l’alcool. Pour une hépatite virale en phase aigue : la posologie précédemment citées est idéale et doit être suivie tout au long du mois, jusqu’à normalisation des transaminases (généralement au bout de 2 à 6 semaines). Pour prévenir les effets secondaires hépato-digestifs de la chimiothérapie, il est conseillé de consommer la décoction ou les gélules d’extrait sec pendant les 2 jours précédent et les 10 jours suivant la chimiothérapie (ceci étant, la prise journalière durant tout le mois, pendant la durée totale du traitement ne peut être que bénéfique). L’association du desmodium avec d’autres plantes peut encore apporter un plus, mais il ne faut pas vouloir tout donner : le traitement doit être, pour le patient, le moins compliquer possible. L’association avec le chrysantellum américanum semble être très efficace : les effets sont amplifiés car les deux plantes agissent en synergie (le malade guérit plus vite et les effets sont plus permanents). La posologie en infusion est de 40 grammes de plante sèche par litre d’eau, 1 tasse trois fois par jour, ou en gélules à 400 mg : 1 gélule 3 fois par jour. On peut aussi associé au desmodium : -du chardon marie (riche en silymarine et en flavonoïdes : action protectrice, régénératrice des cellules hépatiques) en infusion de 15 à 20 grammes de plante sèche par litre d’eau, à boire dans la journée. -de l’artichaut (riche en acide phénol et en flavonoïdes : amphocholérétique, cholérétique, cholaguogue, diurétique, stimulant de l’appétit…) en infusion de 50 grammes de feuilles fraîches par litre d’eau, à boire dans la journée. -d’autre plantes aux propriétés diurétiques, pour aider les reins : la piloselle, les styles de maïs par exemple. Le desmodium ascendens est connu et utilisé en Afrique, depuis des générations, pour soigner le foie et les poumons. Après de nombreuses études dans le monde entier, ces utilisations traditionnelles se révèlent être justifiées. Malgré cette reconnaissance scientifique, le desmodium n’est encore que très peut connu et employé dans la médecine européenne moderne. Cependant il se révèle être une plante de première importance dans le traitements des affections du foie, et en particulier chez les patients souffrant des effets secondaires hépatotoxiques de la chimiothérapie. Petit à petit, le desmodium fait son entrée sur le marché de la santé, mais quand sera-t-il réellement reconnu et connu comme une plante médicinale, au même titre que le chardon marie, par exemple ? IV)-Bibliographie : -Connaissances personnelles en botanique et phytothérapie. -Cours de pharmacognosie et pharmacologie brevet de préparateur en pharmacie année 2003 à 2005. -Encyclopédie botanique : Le bon jardinier, encyclopédie horticole et botanique en 3 volumes de M. Yves DELANGE. -Article de presse publié par le docteur Pierre TUBERY sur le desmodium ; écrit par M. PHAM Van Huyên, diététicien diplômé d’état, médecine traditionnelle chinoise. -Travaux d’ADDY, M.E., et Al. De 1984 à 1995 : -"Effects of the Extract of Desmodium adscendens on Anaphylaxis." Journal of Ethnopharmacology, Vol 11 3:282-292 (1984). -Dose-response Effects of Desmodium adscendens Aqueous Extract on Histamine Response." Content and Anaphylactic Reactions in the Guinea Pig." J Ethnopharmacol 18 1: 13-20 (1986). -"Effect of Desmodium adscendens Fractions on Antigen- and Arachidonic Acid-induced Contractions of Guinea Pig Airways." Can J Physiol Pharmacol 66 6: 820-825 (1987) -Travaux de Boye, G & Ampopo, O, 1990. "Plants and Traditional Medicine in Ghana" Economic and Medicinal Plant Research Vol 4, pp 33-34 Academic Press Ltd., Devon, England . -Sites internet : -www.raintree-health.co.uk -www.wholeworldbotannicals.com -www.hippocratus.com -www.parabolic.be -forum.doctissimo.fr