2015-09 - Fédération Romande du Carrelage

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2015-09 - Fédération Romande du Carrelage
JOURNAL DE LA CONSTRUCTION DE LA SUISSE ROMANDE
MARCHÉS PUBLICS
Un forum pour
une charte éthique
DOSSIER LOGEMENT
89e ANNÉE – SEPTEMBRE 2015 – FR. 7.50 – www.batir-jcsr.ch
Entre locatif et
densification
urbaine
ÎLOT RUE DU RHÔNE À GENÈVE
Deuxième jeunesse
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MÉTIER: JESSICA FOLLY, 23 ANS, CORMINBOEUF (FR)
Jeune carreleuse
Des finitions élégantes
et robustes: Jessica Folly,
première apprentie
de son canton aux examens,
connaît son métier sur le bout
des doigts. Et pour cause…
«P
endant ma scolarité, j’ai fait un stage
d’orientation dans le
domaine de la petite
enfance, mais ça ne m’a pas plu. Pour
plaisanter, j’ai passé une journée dans
l’entreprise de carrelage qui employait
mon grand-père, mon père et mon
frère, et finalement je n’ai plus voulu
en repartir», raconte Jessica Folly.
«J’apprécie de me déplacer de chantier
en chantier, de rencontrer de nouvelles
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bâtir septembre 2015
personnes, de travailler de mes mains
et de voir le résultat concret de mes
efforts.» Timide au départ, la jeune
femme a dû apprendre à se faire sa
place parmi ses camarades de l’école
professionnelle et ses collègues, tous
masculins. Elle s’en est si bien tirée
qu’elle a fini première apprentie de son
canton, a été engagée par son entreprise formatrice et gère aujourd’hui
des équipes sur des chantiers!
Superviser les travaux
A Chevilly, une petite commune vaudoise, deux immeubles locatifs de
trois étages et six appartements sont
en construction. Les fonds principaux
(corridors, salons et cuisines), les
salles de bains et les entre-meubles des
cuisines doivent être carrelés. Jessica
Folly est responsable de l’avancée des
travaux: elle répartit les tâches entre
ses deux collègues, le manœuvre et ellemême, vérifie que tout soit réalisé dans
les règles et contacte l’architecte en cas
de problème. «Il y a chaque semaine
une séance de suivi avec mon patron
ou le contremaître, mais je m’occupe
de toutes les difficultés qui peuvent
survenir au quotidien: par exemple si
nous ne savons pas quels fers de finition souhaite le client ou si les murs ne
sont pas vraiment d’aplomb...»
L’équipe se réunit tous les matins au
dépôt, charge le fourgon et se rend sur
le chantier. Là, après s’être changés et
avoir déchargé le matériel, les ouvriers
se mettent au travail, chacun dans la
pièce qui lui a été attribuée. «Nous
devons toujours nous arranger pour ne
pas nous marcher sur les pieds, avec
les autres corps de métier: peintres,
plâtriers, installateurs sanitaires, etc.»,
précise la carreleuse.
L’importance de la préparation
Avant de poser un carrelage, Jessica
Folly commence par vérifier l’état du
support: le sol est-il bien plat, les murs
bien droits? Il suffit d’une irrégularité
pour que les carreaux n’adhèrent pas
correctement. La carreleuse nettoie
et prépare ensuite la surface: elle
gratte les angles où la chape a tendance à remonter, passe l’aspirateur
pour retirer toute la poussière, ponce
et applique une couche d’accrochage
si le béton est trop lisse, appose un
enduit étanche aux endroits devant
être protégés contre l’eau.
Le mode de pose choisi par le client
constitue une contrainte importante:
les carreaux doivent-ils être alignés,
décalés, droits, en diagonale? Sur
cette base, la jeune femme procède à
des mesures: à l’aide d’un crayon, d’un
mètre, d’un niveau à bulle et parfois
même d’un laser, elle définit la disposition la plus adéquate. «Je ne peux pas
simplement commencer dans un coin
et ne pas me soucier de l’aspect que
ça aura à l’autre bout», explique-t-elle.
«Il faut par exemple éviter des découpes
trop étroites dans les bords. S’il y a des
éléments comme une arrivée d’eau ou
une fenêtre, nous essayons toujours de
les aligner soit sur le milieu d’un carreau, soit sur un joint.»
Un travail physique
Les carreaux, livrés par palettes sur
le chantier, doivent être montés dans
les étages: «Lorsque c’est possible,
nous installons un treuil, une sorte de
petite grue – sinon, il faut tout porter
nous-mêmes», précise la carreleuse.
Le travail de pose se fait quant à lui
principalement à genoux: les genouillères sont donc indispensables pour
éviter les inflammations.
A l’aide d’un malaxeur, Jessica Folly
prépare le mélange de colle qui
maintiendra le carrelage en place.
Elle en applique ensuite une couche
généreuse sur le sol avec un peigne
dentelé, puis dispose les carreaux à
espaces réguliers. Pour procéder à des
découpes droites, elle utilise une carrelette, sorte de grand coupe-papier
à pointe de diamant; pour réaliser des
angles ou des trous, elle recourt à la
meuleuse. Une fois les carreaux posés
et la colle séchée, il faut remplir les
joints en appliquant du ciment à l’aide
d’une truelle spécifique. Le surplus
est retiré avec une éponge.
Le chantier de Chevilly touche à son
terme. Jessica Folly ne sait pas encore
quelle sera sa prochaine mission.
«Mon patron sait que je suis autonome
et qu’il peut me faire confiance. Souvent, il me confie de petits chantiers
où j’effectue seule le travail. Mais il
m’est aussi arrivé de devoir encadrer
une équipe de onze personnes pour
deux immeubles regroupant 54 appartements à Echallens – là, je n’avais pas
de temps pour la pose! C’est ce que
j’apprécie dans mon métier: je ne fais
jamais la même chose.»
«Mon travail
me fait découvrir
de nombreux
bâtiments dans
toute la Suisse
romande.»
U
SOURCE: CAHIER DU CHOIX PROFESSIONNEL
CONSTRUCTION ET BÂTIMENT © CSFO 2015, BERNE
Parcours
15 ans: stages en entreprise.
15-19 ans: apprentissage de carreleuse.
Dès 19 ans: ouvrière qualifiée.
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bâtir septembre 2013
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