Quels sont les enjeux d`une éducation aux technologies

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Quels sont les enjeux d`une éducation aux technologies
Fédération des Associations de Parents
de l’Enseignement Officiel
Quels sont les enjeux d’une éducation aux technologies de
l’information et de la communication ?
Avec la participation de :
Eve Hanson
Équipe de rédaction :
Christophe Desagher et Johanna de Villers
Coordination : Hira Laci.
Fédération des Associations de Parents de l’Enseignement Officiel
Avenue du Onze novembre, 571040 Bruxelles
02/527.25.75 – 02/525.25.70
www.fapeo.be – [email protected]
Avec le soutien de la Communauté française de Belgique
Sommaire
Introduction.............................................................................................................................. 4
Le développement d’Internet ................................................................................................ 5
La recherche d’information sur Internet .............................................................................. 7
Google ................................................................................................................................... 8
Google search ...................................................................................................................... 9
Google livres ..................................................................................................................... 10
Google news...................................................................................................................... 11
Wikipedia ........................................................................................................................... 12
Bibliographie .......................................................................................................................... 14
2
Résumé
À l’heure où les technologies de l’information et de la communication envahissent de
plus en plus de domaines de la vie publique et privée, l’école doit, elle aussi,
s’adapter en proposant à ses enseignants des formations, qui peuvent leur permettre
de sensibiliser les élèves à la critique de ces nouvelles sources d’information. En effet,
toutes les informations présentes sur la toile sont déjà classées selon un ordre
déterminé. Aussi, cet ordre se fait-il selon certains critères dont – pour certaines
recherches – l’aspect financier. La compétition est donc rude et la pertinence des
classements d’informations n’est pas neutre. De plus, les informations issues
d’Internet sont souvent plagiées, l’existence d’auteurs étant moins flagrante que pour
des articles ou des livres. Dans la présente analyse, il n’importe donc pas de savoir si,
oui ou non, le recours à Internet dans le cadre scolaire est légitime mais de
comprendre comment utiliser correctement ces outils informatiques qui mettent à la
disposition des différents acteurs une quantité colossale d’informations.
Mots-clefs
Pertinence de l’information, désinformation, moteur de recherche, Google,
Wikipedia, Internet, algorithme, classement.
3
Introduction
"On pourrait dire que ma vie elle-même a été une musique de film. La musique était
ma vie, la musique m'a donné la vie, et la musique est ce pourquoi je vais rester dans
les mémoires longtemps après que je quitterai cette vie." "Quand je mourrai, il y aura
une dernière valse jouant dans ma tête, que je pourrai seul entendre.1"
Cette belle citation a été en couverture de bons nombres de journaux lors du décès de
Maurice Jarre. C’est toujours bien de mettre une belle citation mais si quelqu’un en a
déjà fait une adéquate « si on ne peut pas faire mieux, autant la lui emprunter
carrément2 ». Et a priori, si c’est une citation de la personne dont on veut parler,
comment pourrait-on mieux faire pour parler de son œuvre lors de son décès ? Voilà,
ce qu’ont dû se dire les journalistes (et les rédactions) lorsqu’ils ont voulu informer le
grand public de la mort de ce grand compositeur.
Un problème toutefois : de son vivant, Maurice Jarre n’a jamais tenu ces propos. Cet
extrait est issu d’une biographie en ligne.
A la décharge des journalistes, il y avait qu’une citation erronée dans ce qui était une
biographie de plusieurs pages bien documentées de Maurice Jarre sur Wikipedia.
Cet exemple illustre toute la difficulté qu’on peut avoir à trouver des sources fiables
lorsque l’on emploie Internet. De manière plus générale, c’est la question de la
correcte utilisation de ce genre d’outil qui est posée.
Aussi, connaitre la façon dont sont référencés les différents sites et qui écrit sur ces
pages sont des éléments constitutifs du monde de l’information sur Internet. Deux
questions guideront cette analyse : « qu’est ce qui nous est offert à lire ? » et
« comment ce fait-il qu’on « tombe » sur ces informations-là ? ».
L’utilisateur doit pouvoir connaître ces éléments pour exploiter intelligemment les
ressources numériques. Plus spécifiquement, les élèves devraient être formés et
informés du « comment » pour repérer les informations pertinentes, et celles qui le
sont moins, dans le cadre de leurs recherches scolaires :
« […] à condition de réaliser des formations adaptées pour les professeurs, tous les
élèves doivent pouvoir bénéficier de la chance d’acquérir une culture numérique dans
un espace éducatif européen virtuel.3 »
1Article
« Fausse citation sur Wikipedia, journaux piégés », en ligne sur
http://www.lemonde.fr/cgibin/ACHATS/acheter.cgi?offre=ARCHIVES&type_item=ART_ARCH_30J&objet_id=1081689
2 Du film réalisé par Tony Kaye « American history X », 1998
3 Marotzki W., Education et Internet, Beillerot J. / Wulf C., L’éducation en France et en Allemagne –
Diagnostics de notre temps, L’Harmattan, Paris, 2003, p. 169
4
Le développement d’Internet
Pour bien saisir ce qu’Internet représente dans le monde de l’information, il faut en
faire une succincte présentation. Internet cela représentait 18.000 sites en 19954.
Quatorze ans plus tard, en octobre 2009, le nombre de sites recensés était de
230.443.4495.
Nombre total de sites Internet entre août 1995 et octobre 20096
Comme nous le montre le graphique ci-dessus, l’explosion du nombre de sites s’est
surtout opérée durant les années 2000. Aussi, les variations observées sur un mois
peuvent représenter un accroissement ou une diminution d’un nombre de sites bien
plus important que le nombre de sites présents début 1996.
Cet ensemble représente une quantité colossale d’informations qui est en
mouvement7. Il faut noter que les domaines les plus représentés sur Internet sont : la
pornographie, le jeu et tout ce qui touche au médicament et à la santé8.
La surabondance d’informations rend difficile le tri et on peut se demander si tous
les résultats que l’on aura lors d’une recherche seront réellement pertinents et si, à
OCDE, Les grandes mutations qui transforment l’éducation – Edition 2008, Centre pour la recherche et
l’innovation dans l’enseignement, Paris, 2008, p. 58
5 Article « October 2009 Web Server Survey », en ligne sur
http://news.netcraft.com/
6 Article « Total Sites Across All Domains August 1995 - October 2009 », graphique en ligne sur
http://news.netcraft.com/
7 Plus de 72.000.000 de sites actifs en octobre 2009.
8 Les 3 « P » : pornography, poker, pill
4
5
l’instar des journalistes ayant attribué une fausse citation à Maurice Jarre, on n‘est
pas face à de la désinformation.
La population qui surfe sur Internet est de plus en plus dense :
Population d'internautes en Europe en avril 2009
Selon Comscore (étude publiée en mai 2009)9
De plus, le nombre de consultations, de recherches sur Internet est à la mesure du
nombre gigantesque de sites présents sur Internet, soit près d’un milliard par jour
dans le monde10.
Quand on songe à l’importance du phénomène Internet dans le monde, le critère de
pertinence des recherches recouvre un aspect primordial. Avoir accès le plus
rapidement et le plus facilement possible à l’information sont deux critères essentiels
à l’utilisation de l’outil Internet.
Plus spécifiquement, les moteurs de recherches11 offrent un classement des résultats
aux élèves. Lorsqu’ils se servent d’Internet à des fins scolaires, ceux-ci devraient
s’attarder sur la manière dont sont établis ces classements. Car ici, ce n’est plus
l’élève qui ordonne les références selon ce qu’il considère comme pertinent mais bien
le moteur de recherche.
Tableau en ligne sur http://www.journaldunet.com/cc/01_internautes/inter_nbr_eu.shtml
Documentaire réalisé par Tomoharu Okada « Google : un ordre imposé ? », diffusé en 2007 sur
Planète
11 Ce sont des outils de recherche spécifique à Internet. Parmi les plus connus : google, Yahoo,
Altavista, etc.
9
10
6
La recherche d’information sur Internet
Certes, la technologie – et plus spécifiquement Internet – n’est pas un gage de qualité
de l’information et de la connaissance et ne garantit pas nécessairement la qualité de
l’enseignement12. Mais ne pas inclure la possibilité qu’offre l’apprentissage par
Internet, c’est freiner l’accès des élèves à toute connaissance qui soit.
Car, comme l’indique le rapport Pisa 2006, « l’impact du milieu socioéconomique sur la
performance des élèves13 » tant à diminuer dans les écoles où il y a un haut taux de
pénétration de l’outil informatique.
Il est avant toute chose intéressant de constater qu’Internet est déjà bien présent dans
les écoles. A vrai dire, les médias ont toujours été présents dans les écoles et le
monde scolaire a toujours su s’accommoder de telles sources.
« […] on remarque que de nombreux changements augmentant la qualité de
l’enseignement ont déjà été accomplis. On constate que des projets Internet ou basés
sur l’Internet trouvent de plus en plus leur place dans le quotidien scolaire et
viennent transformer l’apprentissage dans le cours.14 »
Suivant une interrogation trouvée dans le livre sur « Les grandes mutations qui
transforment l’éducation – Edition 2008 », on peut se demander « comment les écoles
peuvent-elles apprendre aux enfants à aborder sainement ces information, à faire la différence
entre l’essentiel et l’accessoire, à distinguer le vrai du faux ?15 ».
Car, c’est un fait, les élèves n’ont pas attendu de recevoir des cours qui auraient « la
recherche d’informations sur Internet » pour objet. Un enfant peut aller sur Internet
pour ses loisirs mais il y va aussi pour faire ses devoirs. Beaucoup de professeurs
auront remarqué ce fait. Il est même notable, qu’aujourd’hui un professeur vérifie
que les élèves n’aient pas copié mot à mot (sans les référencer) du matériel provenant
d’Internet, ce qui constitue un plagiat. Mais notons d’emblée qu’il n’est peut être pas
évident pour tous les élèves que copier-coller un site Internet soit un plagiat, d’où
sans doute la nécessité de former les élèves à une bonne utilisation de l’outil Internet
et à son référencement.
A cette fin, il est utile de savoir comment, aujourd’hui, les élèves utilisent Internet
pour rechercher de l’information pour leurs devoirs. Un moteur de recherche et un
site sont préférentiellement utilisés : Google et Wikipedia.
Marotzki W., op.cit, p. 166
OCDE, Les compétences en sciences, un atout pour réussir – Volume 1 : analyse des résultats, OCDE, Paris,
2007, p. 2085
14 Marotzki W., op.cit., p. 170
15 OCDE, op.cit., p. 59
12
13
7
Google
« Seulement 9 ans après sa création, Google pèse plus de 150.000.000.000 $. Il
monopolise 50% du marché des moteurs de recherche.16 »
Google est le moteur de recherche le plus utilisé à travers le monde. Il est devenu
tellement célèbre que dans le vocabulaire commun, on emploie de plus en plus le
terme « googler » quelqu’un ou quelque chose pour désigner le fait de rechercher des
informations sur une personne ou sur un thème.
Google a été élaboré (et continue d’évoluer) à partir de la volonté de donner accès le
plus facilement possible aux informations les plus pertinentes :
« Il n’était pas satisfait de la qualité de la recherche sur Internet. Au milieu des années
quatre-vingt-dix, le meilleur moteur de recherche disponible était Altavista. Il était
efficace en matière de recherche mais n’était pas très bon en ce qui concerne le
classement des résultats en fonction de leur pertinence. Donc un jour, Larry Page a dit
à ses professeurs à Standford « je vais télécharger toutes les données qu’il y a sur
Internet et améliorer la méthode de recherche ». Ils se sont moqués de lui parce qu’ils
ne croyaient pas un instant qu’un étudiant pourrait télécharger Internet … et
pourtant, il l’a fait.17 »
Pour rappel, à l’époque, il y avait à peu près 20.000 sites sur Internet. Sur base de ces
données, toutes les pages ont été parcourues (par des programmes informatiques) et
tous les mots ont été référencés et indexés. Aujourd’hui, c’est plusieurs milliers
d’ordinateurs qui parcourent Internet en suivant des algorithmes composés de
plusieurs millions d’équations mathématiques. Toutes les pages sont ainsi scannées
et comparées les unes aux autres afin de les classer par pertinence.
« On trouve en haut de la liste, les pages les plus populaires, celles qui ont été le plus
visitées donc considérées par les gens comme les plus intéressantes. C’est le cœur de
leur système. C’est ce qu’on appelle l’algorithme page rank.18 »
« Ce principe [page rank] utilise le concept du lien qui permet d’un simple clic de
passer d’une page à une autre. En vertu de ce principe, plus une page est pointée, plus
elle a de valeur. […] A l’heure actuelle, l’entreprise dispose de plus d’une centaine de
règles pour établir son classement en vertu de ce principe. Cependant, elle n’en a pas
dévoilé les détails pour éviter tout comportement malhonnête susceptible de fausser le
classement. Par conséquent, il est impossible de savoir précisément comment les
classements sont déterminés.19 »
Documentaire « Google : un ordre imposé ? », 2007
David Vise, journaliste et auteur de « Google Story » interviewé dans le cadre du reportage
Stéphane Osmont et Sylvain Bergère « Faut-il avoir peur de Google ? » diffusé en 2007 sur Arte
18 John Markoff, journaliste The New York Times dans « Faut-il avoir peur de Google ?»
19 Documentaire « Google : un ordre imposé ? »
16
17
8
Google search
La fonction page rank impose un ordre qui servira de base au classement des données.
L’élève parcourant ce classement n’aurait donc plus à se soucier de la pertinence des
informations proposées puisque celles-ci sont classées par pertinence.
David Cheriton, professeur d’informatique à Stanford, interviewé dans le reportage
diffusé sur Arte souligne ce fait et stipule que c’était « comme si un bibliothécaire allait
dans toutes les bibliothèques, lisait tous les livres pour trouver tous les articles
potentiellement reliés à la question que vous lui avez posée. C’est évidemment impossible pour
une personne mais quand on a, comme Google, des dizaines de milliers d’ordinateurs qui
passent leur temps à se balader sur le web, à analyser les ordinateurs en Russie, en Islande, en
Turquie, en Argentine, dans le monde entier … soudain, une chose qui était inconcevable
avant Internet devient tout un coup possible. Il faut simplement beaucoup d’ordinateurs pour
le faire correctement ».
En résumé, l’information la plus pertinente pour Google, est donc issue d’un calcul
entre la pertinence mathématique telle qu’elle a pu être conçue dans l’algorithme et
le nombre de clics déjà effectué sur le lien. C’est pour cette raison par exemple, qu’un
site très populaire d’information comme Wikipedia se retrouve généralement en tête
de liste sur Google. Bien que l’information puisse être inexacte ou insuffisante sur le
thème recherché.
Les entreprises ont des intérêts financiers20 à figurer en tête de classement
(idéalement dans les dix premiers) sur Google ; cette position offre en effet aux sites
une visibilité toute particulière.
« Une étude à démontré que la probabilité pour que l’utilisateur regarde au-delà du
cinquième rang est de moins de 50%.21 »
Pour paraphraser Bruce Clay22, un site qui se trouve au-delà de la quinzième place,
est invisible et donc est un site mort. Quand bien même il s’agirait d’un site qui
répond aux attentes de l’élève, il ne le consulterait pas. Informer l’élève qu’il pourrait
trouver les informations utiles sur des sites qui ont un classement plus lointain
pourrait être bénéfique.
Aussi, consulter plusieurs sites (mêmes ceux qui se trouve en page 2, 3, 10 …) et
comparer les résultats provenant de différents médias peuvent être des moyens de
vérifier de la pertinence de l’information.
Enfin, pour cibler plus précisément l’information qui sera pertinente pour un travail
donné, apprendre à l’élève à chercher selon plusieurs mots-clefs, ceux qui définissent
Nous ne développerons pas le sujet. Pour plus d’informations, les documentaires « Google : un
ordre imposé ? » et « Faut-il avoir peur de Google » traitent du sujet.
21 Documentaire « Google : un ordre imposé ? », 2007
22 Spécialiste de la question du référencement dans les moteurs de recherche.
20
9
le mieux le travail, est un apprentissage intéressant. Effectivement, cela s’apparente à
des travaux de synthèse comme le font si souvent les élèves lors d’une lecture.
Google livres
Avec cet outil de Google, l’élève se trouve au carrefour de deux mondes de
l’information : il est sur Internet pour consulter des livres. Une très large entreprise
de numérisation des ouvrages est aujourd’hui entamée. Elle concerne bien sûr les
livres libres de droits mais pas uniquement … De nombreux procès opposent
actuellement les dirigeants de Google et des maisons d’édition puisque Google a pris
le parti de numériser aussi des livres qui appartiennent toujours aux éditeurs. Pour
l’heure, un livre qui n’est pas libre de droits n’est pas consultable dans son intégralité
mais une recherche de mots-clefs est possible sur la partie accessible. Mais puisque
ces livres ne sont pas disponibles en entier, l’information ne l’est donc pas non plus.
En ce qui concerne les livres « orphelins », il est à noter que la Commission
européenne compte harmoniser les législations en la matière pour permettre la
numérisation de ces œuvres23. Quelle que soit leur nature, toutes les publications
numérisées, sont téléchargeables et peuvent être consultées en dehors d’Internet par
l’élève.
Pour les recherches par mos-clefs, les principes appliqués dans google livres sont les
mêmes que dans google search. Pour les livres qui pourraient servir à la
documentation d’une élocution (par exemple), les mêmes principes de précaution
sont d’application que pour les versions papiers. Les « bonnes » sources resteront de
« bonnes » sources numériques et inversement.
Pour reprendre la comparaison de David Cheriton, avec cet outil, en plus d’avoir à
disposition le bibliothécaire, l’élève à accès aussi à tous les volumes de la
bibliothèque en quelques clics.
« La France n’a qu’une seule grande bibliothèque [la bibliothèque nationale] où on
rentre avec des autorisations. Les Etats-Unis ont peut être une centaine de grandes
bibliothèques et même ça, c’est limité. Ceci donne la possibilité à tous ceux qui savent
lire et écrire d’avoir accès à une vaste quantité de ressources et connaissances, ce qui
était impensable avant. Ça a changé l’accès à la connaissance de façon qualitative et ça
menace les vieilles institutions. Ça les rend perméables au profit et au capitalisme mais
je pense que ce serait un tord de dire qu’il n’y a pas de côtés positifs et bénéfiques
aussi.24 »
Outre cette accessibilité de la connaissance, un des aspects positifs applicable dans le
cadre de l’école, est qu’un professeur peut recommander n’importe quel livre à ses
Plus d’information sur
http://www.google.com/hostednews/canadianpress/article/ALeqM5hoZFlSDuHgy5WES7KG6jCd
MyiiVA
24 Paul Rabinow, professeur d’anthropologie à l’Université de Berkeley dans « Faut-il avoir peur de
Google ? »
23
10
élèves, pour peu qu’il sache qu’il ait été numérisé dans son intégralité. Il n’est plus
question de savoir s’il est ou non disponible en magasin ou en bibliothèque, ou
abordable au niveau financier (c’est aussi un aspect qui tend à diminuer l’impact du
statut socioéconomique sur les performances des élèves). Les élèves qui n’auraient
pas de connexion Internet à leur domicile pourraient profiter des dispositifs installés
dans les écoles ou solliciter l’aide d’amis ou de membres de leur famille. En dernier
ressort, il y a toujours les « Internet cafés » dont les prix sont de manière générale,
très démocratiques.
Le professeur peut aussi initier ses élèves, s’il a à sa disposition des ordinateurs. C’est
une manière de leur montrer quels sont les différents outils qu’offre Internet tout en
leur faisant découvrir les chefs-d’œuvre de la littérature.
Google news
« Pensez qu’au Etats-Unis, dans la classe d’âge 15-30 ans à peu près, entre 44 et 45%
vont tous les jours s’informer sur Internet et moins de 20% lisent un journal. Donc, là
tout d’un coup, dans cette génération – qui va continuer à grandir et à vieillir –
l’habitude est bien clairement prise d’aller préférentiellement sur Internet plutôt que
d’avoir un rapport au papier ou un rapport aux médias dits classiques.25 »
Dans leur travail de référencement de tout Internet, des programmes créés par
Google parcourent les sites d’information (comme celui du Le Soir, La Libre, Le
Monde, RTBF, RTL, Arte, etc.). L’actualité y est mise à jour toutes les quinze minutes
et éventuellement corrigée. Mais, pour peu qu’un quotidien (par exemple) ait rendu
l’accès payant à ses articles, il ne pourra être référencé sur Google news. S’il ne peut
être référencé, il n’a pas d’existence en ligne. Ceci a des conséquences non seulement
sur la visibilité du média en question mais aussi, à terme, sur sa popularité. Aussi, les
élèves, qui dans le cadre d’un devoir doivent faire une revue de presse, ce paramètre
doit être pris en compte. Des exercices croisant la presse numérique et la presse
papier peuvent être une manière de montrer les biais du monde de l’information sur
Internet.
Ici, comme pour les livres, les précautions d’usages sont celles que l’on peut
appliquer aux médias d’information classiques. Les informations seront classées
selon leur pertinence et leur popularité, de la même manière que le sont les sites dans
google search.
Enfin, on peut tout de même se poser la question de la popularité de ce type de
média. Pourquoi, une bonne part de la population des jeunes préfère-t-elle s’informer
de l’actualité sur Internet plutôt que via la presse, la télévision ou la radio ? Une piste
est évoquée par Bruno Patino26 :
25
26
Pierre Louette, PDG de l’Agence France Presse (AFP) dans « Faut-il avoir peur de Google ?»
Président de LeMonde.fr/Télérama interviewé dans « Faut-il avoir peur de Google ? »
11
« Il y a des gens, parmi les plus jeunes qui considèrent qu’il est plus facile de faire
confiance à une formule mathématique qu’à des êtres humains. Google news est, entre
guillemets – une idée que je ne défends évidemment pas – plus objectif parce que callé
sur un mécanisme de « plus c’est demandé, plus c’est important » et donc « plus c’est
important, plus je mets en haut ». Donc, ils font plus confiance à cette formule
mathématique là, qu’à une collectivité humaine qui se réunit autour d’une table et
avec des gobelets de café en disant « aujourd’hui, quelle est l’information ? » ou « cette
semaine, quelle est l’information la plus importante que l’on ait à traiter et
pourquoi ? » »
Ici, c’est toute la question (qui ne sera pas traitée) de la place des médias et de leurs
rôles dans l’information qui se trouve en filigrane. Car bien que les élèves se rendent
comptent des risques de mauvaise information qu’ils encourent en consultant
Internet, une frange d’entre eux ne semble guère plus rassurée par les médias
classiques.
Wikipedia
Wikipedia fait partie de ce qui s’appelle le web 2.0. Le web 2.0 permet à l’internaute
d’interagir avec le contenu. Initialement, le web (1.0) était constitué de pages
d’informations (de toutes sortes) que l’internaute ne pouvait que consulter. Ainsi, les
blogs, les forums, Wikipedia, youtube, etc. sont autant d’éléments constitutifs du
web 2.0. Par analogie, on parle aujourd’hui aussi de plus en plus de management 2.0
pour désigner le fait que dans certaines entreprises, les employés autogèrent leurs
tâches, leur planning, leurs objectifs, etc.27
Depuis son apparition sur Internet, Wikipedia a connu une croissance du nombre
d’entrées très impressionnante.
Toutes langues confondues
6.000.000
Anglais
5.000.000
4.000.000
3.000.000
2.000.000
1.000.000
0
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
Nombres d'entrées sur Wikipédia28
Pour plus d’information, article en ligne
http://www.duperrin.com/2007/05/24/il-ny-a-pas-que-la-pensee-unique-qui-permet-de-reussir/
28 OCDE, op.cit., p. 60. Graphique téléchargeable sur http://dx.doi.org/10.1787/405546320308
27
12
La force principale qui fait le succès de Wikipedia est justement le fait que
l’internaute puisse construire l’information, et que d’autres puissent éventuellement
la corriger. Mais c’est aussi sa faiblesse principale : rien n’assure que l’information
soit correcte.
L’information peut être fausse pour plusieurs raison :
-
Dans un but pédagogique29 ;
par incompétence ;
par malhonnêteté.
Rien n’est mis en place pour assurer la validité des propos tenus. Toutefois, une note
peut être mise en en-tête d’un article pour stipuler que « cet article ou cette section
est sujet à caution car il ne cite pas suffisamment ses sources ». Mais cette stipulation
ne voit le jour que si un certain nombre d’utilisateurs ont signalé les lacunes en
termes de références auprès des gestionnaires du site. Notons toutefois, que ceux-là
mêmes recommandent certaines pages, dont une sur la façon de citer ses sources30.
Montrer ce genre d’outil peut aider l’élève à pouvoir distinguer ce qu’est une
« bonne » page et une « mauvaise » page. Mais, sachant que le savoir issu de
Wikipedia est plus largement écrit par des individus qui ne sont pas des
professionnels de l’information ou du sujet qu’ils traitent, il est toujours intéressant
que l’élève vérifie toute l’information dont il a besoin, sur d’autres sites (mais avec en
plus, les précautions propres au type d’outil qu’il emploie), dans des livres ou des
journaux. L’élève peut aussi s’assurer de la fiabilité des sources qui ont été
employées en allant consulter les sites qui ont été référencés dans l’article sur
Wikipedia.
On l’aura compris, Wikipedia peut être une bonne source d’information à partir du
moment où tout un processus de vérification de l’information est entreprise. Du
reste, cela a toujours été le cas, comme pour les bouquins, par exemple.
Enfin, sans pour autant sacraliser les livres, aller dans des bibliothèques, demander
des conseils auprès des bibliothécaires (et aux professeurs) ont toujours été et
resteront des moyens fiables de s’informer. Réinvestir ces espaces, reprendre le
réflexe de consulter des dictionnaires et des livres scientifiques sont autant de
méthodes qui ont déjà fait leurs preuves et qu’il serait bon de remettre au goût du
jour.
Qu’il s’agisse d’humains ou d’équations mathématiques, l’erreur est toujours
possible. C’est en jumelant ces deux savoir-faire, que la probabilité de se tromper
sera la moindre.
Comme par exemple dans le cas de la citation de Maurice Jarre. L’auteur de la page sur Wikipedia
voulait démontrer que l’information était facilement manipulable et que cela pouvait avoir des
répercussions.
30 Article disponible en ligne sur
http://fr.Wikipedia.org/wiki/Wikip%C3%A9dia:Citez_vos_sources
29
13
Bibliographie
OCDE, Les compétences en sciences, un atout pour réussir – Volume 1 : analyse des
résultats, OCDE, Paris, 2007
OCDE, Les grandes mutations qui transforment l’éducation – Edition 2008, Centre pour la
recherche et l’innovation dans l’enseignement, Paris, 2008
Beillerot Jacky / Wulf Christoph (sous la direction de), L’éducation en France et en
Allemagne – Diagnostics de notre temps, L’Harmattan, Paris, 2003
Sitographie
Le Journal du Net, Europe population d’internautes,
http://www.journaldunet.com/cc/01_internautes/inter_nbr_eu.shtml
Le Monde, Fausse citation sur Wikipedia, journaux piégés,
http://www.lemonde.fr/cgibin/ACHATS/acheter.cgi?offre=ARCHIVES&type_item=ART_ARCH_30J&objet_id
=1081689
Netcraft, October 2009 Web Server Survey,
http://news.netcraft.com/
Netcraft, Sites Across All Domains August 1995 - October 2009,
http://news.netcraft.com/
Wikipedia, Citez vos sources
http://fr.Wikipedia.org/wiki/Wikip%C3%A9dia:Citez_vos_sources
Documentaires
Bergère Sylvain / Osmont Stéphane, Faut-il avoir peur de Google, 2007
Okada Tomoharu, Google : un ordre imposé ?, 2007
Film
Tony Kaye, American history X, 1998
Pour plus d’informations …
Sur la mise en ligne des œuvres orphelines
http://www.google.com/hostednews/canadianpress/article/ALeqM5hoZFlSDuHg
y5WES7KG6jCdMyiiVA
14
Sur le « management 2.0 »
http://www.duperrin.com/2007/05/24/il-ny-a-pas-que-la-pensee-unique-quipermet-de-reussir/
15