Dans l`objectif d`Albert Perronne - Musée de l`Hôtel-Dieu

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Dans l`objectif d`Albert Perronne - Musée de l`Hôtel-Dieu
Dans l’objectif d’Albert Perronne
du 14 décembre 2013 au 1er juin 2014
Pistes pédagogiques
Introduction destinée aux enseignants
Albert Perronne (1891-1982)
Repères biographiques
23.04.1891
naissance de Jules Hermann Albert Perronne à Blamont (Doubs, F), fils unique
d'Albert Adolphe Eugène Perronne, négociant en vins, et de Maria Grimaître de
Damvant
1893
installation à Porrentruy à la rue du Marché (actuelle rue Pierre-Péquignat)
1904
pensionnat à Zoug où il apprend l'allemand, l'italien, la sténographie, l'espéranto
et le piano
1907-1908
études à Londres pour s'initier au commerce et à la fabrication de chaussures
1911
maturité «réale» à l'Ecole cantonale de Porrentruy
1913
licence en chimie-minéralogie à la Sorbonne à Paris
1914
mobilisation de Perronne, citoyen français, qui rentre en Suisse après un mois ;
obtient la nationalité suisse de sa mère et la bourgeoisie de Damvant
1915
doctorat en chimie-physique à l'Université de Lausanne ; mobilisé à Saignelégier
1916-1917
dépôt de plusieurs brevets liés au processus d'obtention du formol
1919
reprise du magasin de ses parents ; mariage avec Ernestine Ecabert, issue d'une
bonne famille de Porrentruy ; installation rue Pierre-Péquignat 17 ; trois enfants :
Denise (1920-1978), actrice de cinéma, Jean (1925, décédé à 3 mois) et Odette,
esthéticienne (1927-2012)
1922
acquisition d’un appareil à plaques autochromes stéréoscopiques
07.10.1923
repérage au trou de Calabri à Bressaucourt avec son ami Fernand Theubet
10.12.1923
Perronne fait la connaissance de Frédéric-Edouard Koby, qui devient son fidèle ami
25.12.1923
exploration de la caverne de Courtemaîche
1924-1927
exploration archéologique du Camp de Jules César au Mont Terri (Cornol)
1932
F.-E. Koby et A. Perronne descendent à 165 mètres dans le gouffre de FornetDessus, une profondeur jamais atteinte jusque-là dans une cavité naturelle
Juin 1932
acquisition d'un appareil photographique de marque Leica
1935-1936
avec Lucien Lièvre et Edmond Guéniat, participation à l'exploration du trou du
Creugenat et à la découverte de la rivière l'Ajoulote au Creux-des-Prés à Chevenez
1939-1945
mobilisé à Porrentruy dans la Défense aérienne passive (DAP)
1946
acquisition d'un avion Piper pour Fr. 6000.-
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1947
obtention de son brevet de pilote à 56 ans
1954
vente du magasin de chaussures à M. Perrey
1955
membre d'honneur du comité de Grand prix international de l'invention à Paris
1965
décès de sa femme
1969
décès de son ami F.-E. Koby
1978
décès de sa fille Denise
07.01.1982
décès d’Albert Perronne à l'âge de 91 ans
2
Le fonds légué personnellement par Albert Perronne au Musée de l’Hôtel-Dieu en 1981 est riche
de près de 30'000 clichés couvrant les années 1920 à 1974, avec une production plus intense
entre 1930 et 1955. Chaque photo est dûment numérotée, datée et légendée dans des carnets
manuscrits.
L’exposition (tout comme le livre qui l’accompagne) est structurée en huit chapitres distincts que
nous reprenons ici pour plus de clarté (textes de Laurence Marti, publiés dans le livre « Dans
l’objectif d’Albert Perronne » aux éditions Alphil, au besoin légèrement modifiés ou augmentés).
1. Albert Perronne et sa famille
Albert Perronne consacre de nombreuses photos à sa famille. Toutes ne sont pas de la même
qualité. Certaines se rapprochent de la photo-souvenir (sorties en famille, mariages, baptêmes,
etc.) et leur intérêt reste anecdotique. D'autres présentent un intérêt biographique, notamment
les photos de Blamont qu'il visite après la guerre et où il retrouve les maisons de ses parents et
grands-parents, celles aussi de sa maison, de sa vitrine, de son atelier, de son avion. Les clichés
les plus intéressants sont toutefois les séries de portraits (de ses filles notamment), ainsi que
quelques prises de vue de rencontres familiales, des images beaucoup plus travaillées, dont
certaines prises en studio, et qui donnent une bonne illustration de la manière dont il procédait.
Par exemple, il réalise les portraits de ses filles avec une systématique toute scientifique, en
répétant les prises de vue régulièrement, au moins tous les cinq ans. Il les fait poser soit dans son
studio devant un fond blanc ou dans un lieu représentatif (le balcon, le salon, devant l'arbre de
Noël, etc.) avec un objet familier (peluche, téléphone, etc.) et dans des tenues ou des attitudes
différentes (sourire, mélancolie, dureté). Mises bout à bout, on a l'impression de voir grandir et
évoluer le physique et la personnalité. Même lorsqu’elles sont devenues adultes, il continue à les
photographier, notamment Denise à Paris dont il réalise de très beaux portraits. Par contre, il
laisse très peu de portraits de ses parents ou de sa femme.
Perronne lui-même ne boudait pas l’objectif et se laissait régulièrement photographier.
2. Ses amis et sa passion
Tout au long de sa vie, Albert Perronne fréquente un cercle d'amis avec qui il passe l'essentiel de
son temps libre. Parmi eux se trouvent des scientifiques, comme Frédéric-Edouard Koby, Lucien
Lièvre, Edmond Guéniat, mais aussi un artiste comme Maurice Lapaire ou des personnes moins
largement connues comme Fernand Theubet ou Henri Juillerat.
Le groupe se retrouve à Saint-Brais dans le chalet qu'y possède F.-E. Koby, ou lors de sorties à ski,
en voiture, à vélo, autant de moments dont Perronne tire de fort belles images. Il immortalise ses
amis en les faisant poser tantôt dans son studio, tantôt dans leur environnement ou avec un
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objet qui leur est cher. Il en résulte une suite de portraits particulièrement travaillés aux cadrages
très précis.
Leur amitié se renforce au travers des nombreuses expéditions scientifiques auxquelles ils
participent, tantôt tous ensemble, tantôt à deux ou trois. A chaque fois, Perronne immortalise
ses amis à l'entrée ou au fond des gouffres et il n'hésite pas à se laisser photographier lui aussi.
Contrairement aux portraits, ces images prises sur le vif revêtent une valeur documentaire : elles
constituent les rares traces des débuts de la spéléologie et de l'archéologie jurassiennes. Dans
l'image du trou de Montrusselin, on peut par exemple observer l'équipement de base : la
fameuse échelle construite par Perronne, dont on mesure le poids, les lanternes et les cordes.
L'exploration du gouffre de Fornet-Dessus a supposé une équipe et une infrastructure plus
importantes, mais celle du Creugenat reste la plus impressionnante avec la mise en place d'une
installation de pompage et la venue de scaphandriers français. Les photographies de l'intérieur
des grottes sont assez peu nombreuses ou de moindre qualité, et cela pour une raison évidente :
le manque de lumière. Perronne se concentre plus volontiers sur un point précis, par exemple
une entrée où il peut utiliser une source de lumière existante ou une personne, un détail sur
lesquels il fait converger des faisceaux de lumière artificielle.
Ces photographies de grottes ou de gouffres représentent l'essentiel de ce que l'on pourrait
appeler ses «représentations de la nature»: marquées davantage par l'esprit scientifique
cherchant à en comprendre les mystères que par le souci d'en montrer la beauté.
3. Porrentruy : ses rues et ses bâtiments
Les photographies consacrées à Porrentruy représentent près de la moitié de la production
d'Albert Perronne, autant dire l'importance qu'il accorde à sa ville. Parmi les différents thèmes
qu'il traite, l'urbanisme occupe le premier rang. En prenant en photo très systématiquement
chaque changement qui affecte l'espace urbain de l'entre-deux-guerres jusqu'aux années 1960, il
nous permet de suivre très précisément les étapes d'adaptation de la ville aux transformations
qui la touchent et qui modifient peu à peu son apparence. Porrentruy doit faire face en effet aux
défis de ce que l'on appelle alors la «modernisation» : extension démographique, développement
industriel, besoin de nouvelles infrastructures sociales et sanitaires, arrivée de nouveaux moyens
de transports et de communication, mais aussi émergence d'une société de loisirs. Ainsi, le
Porrentruy que Perronne immortalise, c'est d'abord la vieille ville dont l'aspect se modifie peu à
peu avec la réfection ou démolition de certains bâtiments (Hôtel des Halles ou Maison Braichet
par exemple), l'élargissement, le pavage et le goudronnage des rues et des ponts, l'aménagement
du réseau d'égout, la pose du téléphone, etc.
C'est ensuite une ville qui sort de ses murs. Bien au-delà du quartier de la gare qui avait été la
première extension de la ville à la fin du XIXe siècle, on voit surgir de nouvelles maisons et de
nouveaux quartiers (Lorette, Banné), avec de nouvelles institutions (le sanatorium des Minoux) et
l'extension des fabriques (Minerva, Spira, Bourquard, etc.). Les entrées de la ville perdent leur
aspect campagnard, les routes et les places s'adaptent au trafic automobile, les pompes à
essence apparaissent devant les garages, la ligne de train s'électrifie et les installations de loisirs
(piscine, terrain de football, etc.) prennent de l'extension. La ville acquiert alors les dimensions
qu'on lui connaît aujourd'hui, même si la densité des constructions reste encore moindre.
Perronne s'efforce également de fixer sur la pellicule le détail de tous les éléments du patrimoine
bâti (bâtiments, fontaines, portes, églises, grilles, etc.) dont la protection n'est alors pas encore
garantie, constituant une documentation extrêmement riche sur l'état du patrimoine durant ces
années.
Pour mener à bien son travail sur la ville, il n'hésite pas à varier les points de vue, prenant des
photos depuis son appartement, son balcon, son grenier, sa vitrine. Aimant aussi prendre de la
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hauteur, il utilise les collines environnantes (La Perche) et les tours (notamment La Réfous), ce
qui nous vaut de très belles photographies d'ensemble de la ville à toutes les saisons. En ce sens,
les prises de vue d'avion ne représentent qu'une étape supplémentaire qui lui permet d'élargir
encore ses angles de vue.
4. Porrentruy : la vie, les gens
Moins nombreuses, les prises de vue des événements et des gens sont en revanche d'une grande
valeur historique et sociologique. Albert Perronne, bien que n'aimant guère la foule, n'en
couvrait pas moins les grands moments de la vie locale avec son objectif. Ainsi, le passage du
Zeppelin en 1935, les courses de chevaux du Banné en 1923 et 1935, la première Braderie en
1936, les funérailles du maire Merguin en 1939 ou encore le jubilé de l'Ecole secondaire en 1933,
où il regrette par ailleurs la présence trop importante de fumée de tabac qui lui voile ses photos.
Perronne nous offre aussi un portrait des réseaux de sociabilité, immortalisant la vie et les
activités des sociétés (fanfare, gymnastique, football, pompiers, etc.). Il est sensible à l'arrivée de
nouvelles attractions qui drainent les foules (l'autodrome électrique, le cirque, les courses
automobiles, l'aviation, l'hippisme, la braderie, etc.), sans pour autant oublier des activités plus
traditionnelles, dont certaines complètement disparues aujourd'hui (le carnaval, le jeu de boules,
la fête des enfants, etc.). Il immortalise plusieurs personnalités bruntrutaines, simples habitants
ou représentants des autorités à qui, une fois encore, il fait prendre la pose. Perronne nous livre
ainsi un très bel instantané de la ville et des personnes qui la font vivre.
5. Porrentruy : ses artisans, ses commerces et ses entreprises
Est-ce parce que cela constituait un changement important dans la vie et le paysage urbains, ou
parce qu'il s'était intéressé dans son jeune âge à une carrière d'ingénieur qu'Albert Perronne
semble vouer un intérêt tout particulier à l'industrie ? Les deux sans doute. Cela nous vaut en
tout cas des clichés de presque toutes les fabriques et ateliers de la ville (Minerva, Spira, SIAP,
Nobilia, etc.), des documents souvent très beaux, notamment les prises de vue aériennes et les
photographies d'intérieur. Celle des ouvriers de l'atelier de perçage de pierres fines Henri
Theuvenat ne manque pas d'impressionner avec la courbe des corps penchés sur les machines.
On retrouvera ce même intérêt dans toute l'Ajoie.
Bien que commerçant lui-même, il est plus rare en revanche de trouver de bonnes images des
commerces, cafés ou restaurants de la ville, un secteur pourtant florissant et spécifique à
Porrentruy, qui représente tout de même près d'un tiers des emplois en 1955. Ces activités
n'apparaissent la plupart du temps que dans les prises de vue générales des rues et les photos
d'intérieur sont pratiquement inexistantes. Une fois encore il faut l'annonce d'un changement
(réfection d'une façade, démolition, etc.) pour que le photographe s'intéresse à ces sujets. Dès
lors, le faible nombre de photographies serait-il le signe du peu de changements intervenus dans
ce genre d'activités ? Ou dénoterait-il le peu d'attrait que représentaient ces activités pour Albert
Perronne, commerçant malgré lui et peu à l'aise dans la fréquentation des lieux publics ?
Il faut noter en revanche l'intérêt des quelques prises de vue d'activités traditionnelles, le scieur
itinérant pris depuis son balcon, le sabotier ou la foire et ses derniers bancs de boucherie, dans
lesquelles réapparaît l'environnement campagnard et qui constituent des témoignages
historiques uniques.
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6. Autour de Porrentruy
S'il est d'abord le photographe de Porrentruy, Albert Perronne ne reste pas pour autant confiné à
sa ville. Il parcourt régulièrement l'ensemble du district et le Clos-du-Doubs, ne s'aventurant en
revanche que peu au-delà des Rangiers ou dans les Franches-Montagnes, au mieux à Saint-Brais
avec ses amis. Il faut préciser que, sur terre, il se déplace de préférence à vélo, ce qui limite bien
évidemment les distances accessibles. C’est d’ailleurs en y faisant figurer discrètement sa
bicyclette qu'il «signait» très souvent ses photographies.
Alors que Perronne observe finement la vie bruntrutaine, il aborde les villages avec une
systématique relativement simple, photographiant en priorité deux sujets : les édifices religieux
et les enseignes des cafés, un peu comme s'il s'agissait des deux types de «monuments» dignes
d'intérêt de l'espace villageois ou des deux lieux de sociabilité les plus importants. Lorsqu'il va
plus loin, son objectif se fixe une fois encore sur les constructions en voie de désaffectation
(lavoirs, moulins ou fontaines) ou sur le changement en cours dans l'habitat rural et les
bâtiments. Son intérêt se tourne également vers les usines (Burrus, la filature d'Alle, les fours à
chaux de Saint-Ursanne, etc.), les signes de la modernité, surtout les changements liés au train
(les viaducs, les passages à niveaux, etc.) et certains phénomènes naturels extraordinaires
(inondation, invasion de doryphore, etc.) qui modifient momentanément le paysage.
En revanche, la vie agricole apparaît peu. Comme déjà mentionné, les photos de paysans sont
très rares, tout comme celles d'animaux ou de cultures, son intérêt pour la nature passe d'abord
chez lui par l'œil du géologue ou du botaniste. Il réalise en revanche de très belles images de
quelques événements de la vie villageoise (fête des narcisses à Damvant, carnaval à Cornol ou à
Saint-Ursanne) qui constituent souvent les seules traces conservées de ces événements.
Enfin, il est le premier à offrir une vue aérienne de la plupart des villages, procurant du même
coup un point de vue tout à fait nouveau pour son époque.
7. La vie religieuse
Albert Perronne photographie assez systématiquement les églises des villages ajoulots ainsi que
les principaux édifices religieux de Porrentruy avec des points de vue et des cadrages parfois
inattendus. Même s’il n'est pas un grand pratiquant - il peut même être sarcastique à l'égard de
l'église - il attribue néanmoins au fait religieux une importance évidente.
Une fois encore, très souvent, le choix des bâtiments est dicté par l'annonce de transformations
ou d'aménagements imminents. Il travaille alors selon sa méthode habituelle, multipliant les
points de vue, saisissant aussi bien le détail architectural ou mobilier que les vues d'ensemble.
Nous disposons ainsi d'une documentation très importante sur les églises de Rocourt,
Beurnevésin, Montignez, Miécourt, Fontenais (avant démolition), toutes transformées avant la
guerre, et par là-même d'un témoignage visuel des changements qui commencent à intervenir
durant ces années dans l'architecture religieuse. Dans certains cas (Alle par exemple), les photos
de Perronne représentent les seules images qui subsistent de l'ancienne décoration intérieure et
des anciens objets sacrés (statues, maître-autel, calvaire, etc.) que les rénovations vont faire
disparaître définitivement.
Outre les bâtiments religieux, il s’intéresse également aux croix de chemins ou de carrefours, aux
chapelles et aux cimetières. Il immortalise aussi différents événements de la vie religieuse, à
l’exemple du Congrès catholique jurassien de 1936 à Porrentruy ou de la première «Première
Communion» célébrée dans l'église rénovée de Rocourt en 1938, mais aussi de l'appartement de
l'abbé Helbling à Miécourt, réputé pour la richesse de son ameublement. Quelques portraits de
religieux complètent l’ensemble.
Dossier pédagogique – Dans l’objectif d’Albert Perronne
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Albert Perronne se fait ainsi le témoin de l'un des ciments qui réunit l'ensemble de la population
ajoulote par-delà ses différences et dans lequel il sent peut-être, ici encore, l'annonce de
changements plus profonds.
8. Porrentruy en guerre
Comme ce sera le cas pour toutes les personnes qui ont vécu ces événements, Albert Perronne
est passablement marqué par la Seconde Guerre mondiale. A Porrentruy, il suit avec une
attention extrême toutes les étapes de son développement à l'échelle locale. Plus largement, il
retranscrit avec précision dans des carnets de guerre l'évolution jour après jour de la situation
internationale et les événements marquants, collectant tout un ensemble de photographies et
documents des grands moments de la guerre en Allemagne et ailleurs. Il réunit notamment
plusieurs photographies d'affiches sur la capitulation allemande et des images des camps de
concentration à leur libération. Durant toute la durée de la guerre, y compris lorsqu'il est luimême mobilisé, il n'abandonne pas son appareil et passe outre toutes les interdictions de
photographier qui frappent alors ce qui a trait à la vie militaire. Il profite de son magasin pour
photographier en cachette les défilés de réfugiés qui traversent la ville. Il se fait vertement
réprimander en prenant en photo à la sauvette le rassemblement de la couverture frontière aux
Malettes en 1937, ce qui ne l'empêchera pas ensuite de photographier l'intérieur des postes de
garde dans la ville et aux alentours ou les activités de la Défense aérienne passive (DAP). Il
explique la mauvaise qualité de certaines photos, notamment des réfugiés, par les conditions très
précaires dans lesquelles elles ont été prises. Il sollicite toutefois et obtient une permission
spéciale pour photographier la venue du Général Guisan en 1939, ce qui nous vaut des dizaines
de films de l'événement.
Tout le travail photographique d'Albert Perronne durant cette période représente un témoignage
extrêmement intéressant de la manière dont la guerre s'impose peu à peu dans la ville et la vie
des habitants, avec l'enjeu de la frontière toute proche, la peur de l'invasion après la débâcle
française et les moyens mis en œuvre pour s'en prémunir.
Dossier pédagogique – Dans l’objectif d’Albert Perronne
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Informations pratiques
Localisation :
Musée de l'Hôtel-Dieu
5, Grand-Rue
2900 Porrentruy
032 466 72 72
[email protected]
Dates : du 14 décembre 2013 au 1er juin 2014
Horaire
Tout public : du mardi au dimanche, de 14 à 17 heures.
Pour les groupes et les écoles : du lundi au dimanche, à toute heure de la journée, sur rendezvous.
Réservation obligatoire au moins 24h à l'avance au téléphone 032 466 72 72 ou à l'adresse
[email protected].
La visite est gratuite pour les écoles jurassiennes. La visite est gratuite pour les enseignants qui
préparent leur visite. Veuillez vous annoncer à l’accueil du Musée.
Prix d'une visite guidée scolaire par les soins du Musée : CHF 50.00.
L'exposition "Dans l’objectif d’Albert Perronne" est recommandée pour les enfants à partir de 6
ans. Chaque tranche d’âge y trouvera matière à réflexion et étonnement. Dans le présent dossier,
nous nous efforçons de donner des pistes pour tous les degrés d'enseignement. Nous vous
invitons à adapter la visite à l'âge et à l'intérêt de vos élèves.
Les enseignants qui viennent au Musée avec leur classe ont l’opportunité d’acheter le livre
« Dans l’objectif d’Albert Perronne » (Editions Alphil, 300 pages) au prix préférentiel de CHF 39.00
(au lieu de CHF 49.00).
Pour assurer la pertinence et l'intérêt de la visite, il vous est recommandé de la préparer en
classe avant votre venue dans l’exposition. Nous nous tenons volontiers à votre disposition.
Nous nous réjouissons de vous accueillir prochainement au Musée !
Dossier réalisé par :
Anne Schild, conservatrice et Ursule Babey, chargée d’inventaire.
14.01.2014
Dossier pédagogique – Dans l’objectif d’Albert Perronne
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Dans l’objectif d’Albert Perronne
du 14 décembre 2013 au 1er juin 2014
Pistes pédagogiques
Questions aux élèves dans l’exposition
Albert Perronne
1.
Quand et où a vécu Albert Perronne ?
2.
De quelle formation a-t-il bénéficié ?
3.
Comment gagnait-il sa vie ?
4.
Albert Perronne était marié et père de deux filles. L’une d’elles s’est fait connaître de
manière spéciale hors de son pays natal : comment s’appelait-elle et qu’a–t-elle mené
comme carrière ?
La photographie
5.
Quel est le titre de l’exposition ? Dans ce titre, de quel genre d’objectif parle-t-on ?
Connais-tu d’autres significations pour ce mot ?
6.
Pour toi, à quoi sert la photographie ?
7.
Et pour Albert Perronne ? Quelle était sa motivation pour faire des photos à ton avis ?
8.
Quels sont les grands thèmes abordés par Albert Perronne ?
9.
Des appareils photos anciens, du genre de ceux utilisés par Perronne au début de sa
carrière, sont exposés dans les vitrines de la salle 2 (salle parquetée). Certains sont à
plaque de verre : quels inconvénients avaient-ils ?
10.
Quels sont les avantages de la photographie numérique ?
11.
Actuellement, la mode est aux films en 3D : dans quelle vitrine de la deuxième salle voiton l’ancêtre du film en 3D ?
12.
Au niveau de la technologie de la photo, Perronne a pu bénéficier d’une avancée décisive :
laquelle ? Pourquoi est-ce intéressant ?
13.
A l’âge de 56 ans, Albert Perronne fait une démarche audacieuse : laquelle ? Quelle est la
conséquence principale de cet apprentissage ?
14.
Photographier, c’est fixer l’état des choses à un moment donné. Quand on regarde
d’anciennes photos, on prend conscience de tout ce qui a changé : trouve l’exemple d’un
endroit qui a changé et d’un endroit qui n’a pas beaucoup changé en ville de Porrentruy.
Dossier pédagogique – Dans l’objectif d’Albert Perronne
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15.
Albert Perronne avait conscience de la valeur de la documentation photographique qu’il a
amassée durant toute sa vie. Qu’a-t-il fait pour préserver ce travail et le laisser en
héritage aux générations futures ?
16.
La légende « oriente » notre lecture de la photographie. Il arrive même que nous lisions
d’abord la légende avant de regarder la photo… Le texte se comprend et s’assimile
souvent plus facilement que l’image. Voici quelques éléments de base pour l’analyse
d’une photographie :
Le sujet de l’image
Le cadrage (centré, décentré ; plan large, plan rapproché)
Les plans (nombre de plans, contrastes entre premier et deuxième plans)
L’angle de prise de vue (frontal, oblique ; plongée, contre-plongée, vue d’avion, etc)
La composition (lignes de force : diagonales-verticales-horizontales ; construction
pyramidale ; ligne d’horizon, etc)
La lumière (jour-nuit ; intérieur-extérieur ; naturelle-artificielle ; d’où vient-elle : haut-bas
ou de manière latérale, etc)
a)
b)
c)
d)
e)
f)
Choisis une photographie et répond aux six éléments de base ci-dessus pour la décrire.
Les photographies d’Albert Perronne
17.
Les photos de l’exposition ont été prises par Albert Perronne. Cependant, on en trouve 5
qui n’ont apparemment pas été prises par lui puisqu’il figure sur la photo… Retrouve ces
photos et note leur numéro et leur légende.
18.
Trouve une photographie d’un endroit que tu connais. Qu’est-ce qui a changé depuis
l’époque où Albert Perronne a fait la photo ?
19.
En photographie, l’endroit où se tient le photographe par rapport à ce qu’il veut montrer
est très important. Dans la grande salle, repère une photographie d’Albert Perronne en
« piéton », d’Albert Perronne en aviateur et d’Albert Perronne « perché ».
20.
Aujourd’hui, grâce à l’informatique, il est facile de signer une photo. A l’époque, cela était
impossible. Mais Albert Perronne avait trouvé un moyen malicieux de « signer » ses
photos, en laissant voir le vélo avec lequel il se déplaçait le plus souvent. Trouve une
photo ainsi signée et note son numéro ci-dessous.
21.
Une photographie sans date et sans commentaire est vite oubliée : après quelques
années, on ne sait plus qui est sur la photo et à quelle occasion elle a été prise. Qu’a fait
Albert Perronne pour documenter ses 30'000 photos ? Indice : regarde dans la vitrine
plate de la salle 1 (grande salle) !
22.
La curiosité d’Albert Perronne l’a poussé à regarder le monde non seulement à sa surface,
mais aussi en sous-sol (spéléologie) : avec ses amis, c’était un pionnier de ce genre
d’exploration. Dans la salle 1 (grande salle), repère 3 images d’exploration souterraine et
note leurs numéros.
Dossier pédagogique – Dans l’objectif d’Albert Perronne
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23.
Qu’est-ce qu’un scaphandrier ? Quel est l’équivalent de nos jours ? Trouve deux photos
représentant des scaphandriers.
24.
Les photos de Perronne représentent un temps très différent du nôtre : en 80 ans, que de
choses ont changé ! Qu’est-ce qui te frappe dans la photo de l’affiche ?
25.
Photographier, c’est d’abord regarder autour de soi et décider que quelque chose est
digne d’être immortalisé. Suivant le contexte, cela peut représenter un danger. Pendant la
guerre de 1939-1945, Albert Perronne a pris des risques pour montrer comment ont vécu
les populations en Ajoie. Cela était défendu, mais il l’a fait quand même. Maintenant,
nous sommes très contents de retrouver ces témoignages de cette période difficile. A
quoi servaient les grandes croix suisses sur les toits des maisons de Porrentruy à cette
époque (photo 36 dans la salle 3, corridor) ?
26.
Si ces images permettent de nous rendre compte de tout ce qui s’est transformé, elles
nous montrent aussi des choses qui ont carrément disparu. Trouve le jeu de quilles, le feu
des Feyes et la foire aux choux dans la salle 2 (salle parquetée).
27.
A part la guerre, d’autres thèmes peuvent paraître négatifs : trouve deux images illustrant
la pauvreté de certaines personnes à l’époque de Perronne.
28.
L’image 7 de la salle 2 (salle parquetée) montre une exposition d’œuvres d’art dans
laquelle se trouve la sculpture d’un sanglier. Où trouve-t-on cette dernière à présent ?
29.
Cherche dans l’exposition la photo correspondant à l’ancêtre du bâtiment ci-dessous :
30.
Qu’y a-t-il actuellement dans la zone décrite sur la photo 67 (salle 1) ?
31.
Qu’est-ce- qui a changé aux abords de la source de la Beuchire (photo 44, salle 1) ?
32.
Sur la photo 45 (salle 1), qu’est-ce qui a remplacé la petite station électrique ?
33.
Sur la photo 56 (salle 1), à quoi sert actuellement l’endroit où s’élevait un kiosque à
musique jusqu’en 1955 ?
Dossier pédagogique – Dans l’objectif d’Albert Perronne
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34.
Les photos 65 et 66 de la salle 1 montrent ce qu’on appelait alors les bains : qu’est-ce qui
a changé aujourd’hui par rapport à ces photos ?
35.
Dans la salle 2 (salle parquetée), la photo no 4 montre une personnalité, le Ministre
Choffat, sur son lit de mort. Cela peut te paraître étrange, mais il était relativement
courant de photographier les défunts à cette époque. Sais-tu où les corps étaient gardés
jusqu’à leur enterrement autrefois ?
36.
Quelle est ta photo préférée ? Explique pourquoi elle te touche particulièrement.
37.
Hier – aujourd’hui. Voici des cartes avec des photographies actuelles de rues et de
bâtiments de Porrentruy. Prends-en une et retrouve dans l’exposition une photo réalisée
depuis le même point de vue. Attention, il se peut que beaucoup d’éléments aient changé
au cours du temps !
38.
Prends une carte avec un détail et retrouve la photographie dans laquelle se trouve ce
détail.
Pour aller plus loin
Dans le cadre de cette exposition plusieurs événements ont lieu : réservez d’ores et déjà ces
dates pour une visite ultérieure !
Mercredi 29 janvier 2014 à 20h00 : conférence de Mme Laurence Marti, auteure de la
monographie consacrée à Albert Perronne ;
Dimanche 23 février 2014 à 15h : visionnement interactif de photographies d’Albert Perronne,
appel à la mémoire collective !
Mercredi 26 mars 2014 à 20h : en collaboration avec le Cinéma Colisée, projection de Un drôle de
paroissien (1963), un film du réalisateur Jean-Pierre Mocky avec Bourvil, Jean Poiret, Francis
Blanche et l’actrice Denise Péronne, fille d’Albert Perronne.
è Dès le 28 juin 2014, une grande rétrospective sur la Première Guerre mondiale intitulée
« 1914 – La Grande Guerre aux frontières » révélera les implications locales d’un événement
mondial.
Dossier pédagogique – Dans l’objectif d’Albert Perronne
12
Questions aux élèves dans l’exposition - réponses possibles
Albert Perronne
1.
Quand et où a vécu Albert Perronne ?
Né en 1891 à Blamont (Doubs, F), Albert Perronne s’établit peu après avec ses parents à
Porrentruy. Mis à part quelques séjours (Zoug, Londres, Paris) dans le cadre de sa formation,
c’est à Porrentruy qu’il restera fidèle jusqu’à son décès survenu en 1982.
2.
De quelle formation a-t-il bénéficié ?
1907-1908
études à Londres pour s'initier au commerce et à la fabrication de chaussures
1911
maturité «réale» à l'Ecole cantonale de Porrentruy (1911)
1913
licence en chimie-minéralogie à la Sorbonne à Paris
1915
doctorat en chimie-physique à l'Université de Lausanne
3.
Comment gagnait-il sa vie ?
Ses désirs le menaient clairement vers le monde scientifique, mais c’est avec la vente de
chaussures, un commerce hérité de ses parents, qu’il gagne sa vie.
4.
Albert Perronne était marié et père de deux filles. L’une d’elles s’est fait connaître de
manière spéciale hors de son pays natal : comment s’appelait-elle et qu’a–t-elle mené
comme carrière ?
Denise, la fille aînée d’Albert Perronne, a fait une carrière d’actrice de cinéma à Paris. Elle a
notamment joué dans les films de Pierre Etaix, de Jean-Pierre Mocky et de Jacques Tati. Odette,
sa sœur cadette, était esthéticienne à Porrentruy.
La photographie
5.
Quel est le titre de l’exposition ? Dans ce titre, de quel genre d’objectif parle-t-on ?
Connais-tu d’autres significations pour ce mot ?
Le titre de la présente exposition est : « Dans l’objectif d’Albert Perronne ». L’objectif dont il est
question est celui qui équipe un appareil photo, qui détermine le champ photographié et la
netteté des images. Mais ce mot a d’autres significations, parmi lesquelles celui de but à
atteindre.
6.
Pour toi, à quoi sert la photographie ?
Plusieurs réponses sont possibles : immortaliser un moment entre amis, se souvenir de quelque
chose qui nous semble important sur le moment, s’amuser, regarder le monde autrement, avec
distance, documenter quelque chose, créer une base de travail pour réaliser une œuvre d’art,
etc… La photographie est également un medium artistique.
7.
Et pour Albert Perronne ? Quelle était sa motivation pour faire des photos à ton avis ?
Sensible aux changements de son époque, il a sans doute voulu documenter ces
bouleversements (avant/après), surtout au niveau du patrimoine bâti (démolitions,
Dossier pédagogique – Dans l’objectif d’Albert Perronne
13
reconstructions, transformations) et des nouveautés matérielles (apparition des pompes à
essences devant les garages, asphaltage des routes, etc…). Les gens aussi se transforment au
cours du temps, c’est peut-être ce qui l’a poussé à photographier ses proches (famille, amis, luimême) régulièrement.
8.
Quels sont les grands thèmes abordés par Albert Perronne ?
Sa famille, ses amis, ses expéditions scientifiques, Porrentruy avec ses bâtiments et ses
habitants, la vie économique (commerces, artisans et fabriques), les évènements particuliers
(guerre, fêtes religieuses et profanes, etc…) et les villages ajoulots.
9.
Des appareils photos anciens, du genre de ceux utilisés par Perronne au début de sa
carrière, sont exposés dans les vitrines de la salle 2 (salle parquetée). Certains sont à plaque de
verre : quels inconvénients avaient-ils ?
L’appareil photo ne devait pas du tout bouger pendant le temps d’exposition qui était
considérable, les plaques étaient fragiles, le matériel était lourd et volumineux. Quand on
sortait pour photographier, on n’emportait pas plus de 5 plaques avec soi, car cette pratique
était longue et difficile.
10.
Quels sont les avantages de la photographie numérique ?
Par rapport aux plaques de verre ou aux films argentiques, la photographie numérique a
l’avantage d’être facilement éliminée si elle n’est pas réussie, de pouvoir être retouchée et
améliorée facilement et de prendre peu de place. De plus, l’image capturée est immédiatement
visible, contrairement aux négatifs qu’il fallait d’abord développer, ce qui pouvait prendre
beaucoup de temps.
11.
Actuellement, la mode est aux films en 3D : dans quelle vitrine de la salle 2 (salle
parquetée) voit-on l’ancêtre du film en 3D ?
Vitrine 1, numéros 1 et 3 : visionneurs stéréoscopiques. Evidemment, ces appareils permettent
de voir des photos et non des films en 3D.
12.
Au niveau de la technologie de la photo, Albert Perronne a pu bénéficier d’une avancée
décisive : laquelle ? Pourquoi est-ce intéressant ?
En 1932, Perronne acquiert un appareil photo de marque Leica tel que celui que tu peux voir à
l’entrée de l’exposition à gauche : cette nouvelle technologie permet d’imprimer les négatifs sur
une bande argentique défilant à l’abri du boîtier, ce qui permet une mobilité et une autonomie
beaucoup plus grandes. Grâce à cela, Perronne peut multiplier les prises de vues. De plus, c’est
un appareil au format réduit et beaucoup plus maniable, ce qui augmente le confort
d’utilisation.
13.
A l’âge de 56 ans, Albert Perronne fait une démarche audacieuse : laquelle ? Quelle est la
conséquence principale de cet apprentissage ?
Perronne obtient son brevet de pilote d’avion et achète un « Piper » (voir photo no 12 dans la
salle 1), un acte qui témoigne de sa curiosité, de son envie d’apprendre et de son intérêt pour la
nouveauté, des caractéristiques qui l’accompagnent tout au long de sa vie. Cette nouvelle
compétence lui permet de prendre son appareil photo dans son avion pour réaliser les
premières vues aériennes du Jura.
Dossier pédagogique – Dans l’objectif d’Albert Perronne
14
14.
Photographier, c’est fixer l’état des choses à un moment donné. Quand on regarde
d’anciennes photos, on prend conscience de tout ce qui a changé : trouve l’exemple d’un endroit
qui a changé et d’un endroit qui n’a pas beaucoup changé en ville de Porrentruy.
Changements : la gare CFF, l’hôpital, les rives du Rinçoir, etc…
Peu de changement : le château, les Jésuites, etc…
15.
Albert Perronne avait conscience de la valeur de la documentation photographique qu’il a
amassée durant toute sa vie. Qu’a-t-il fait pour préserver ce travail et le laisser en héritage aux
générations futures?
De son vivant, il a légué la totalité de son fonds photographique au Musée de l’Hôtel-Dieu, une
institution publique dans laquelle ses photos sont conservées dans de bonnes conditions,
dupliquées au sein d’une base de données et valorisées auprès du public.
16. La légende « oriente » notre lecture de la photographie. Il arrive même que nous lisions
d’abord la légende avant de regarder la photo… Le texte se comprend et s’assimile souvent plus
facilement que l’image. Voici quelques éléments de base pour l’analyse d’une photographie :
a) Le sujet de l’image
b) Le cadrage (centré, décentré ; plan large, plan rapproché)
c) Les plans (nombre de plans, contrastes entre premier et deuxième plans)
d) L’angle de prise de vue (frontal, oblique ; plongée, contre-plongée, vue d’avion, etc)
e) La composition (lignes de force : diagonales-verticales-horizontales ; construction
pyramidale ; ligne d’horizon, etc)
f) La lumière (jour-nuit ; intérieur-extérieur ; naturelle-artificielle ; d’où vient-elle : hautbas ou de manière latérale, etc)
Choisis une photographie et répond aux six éléments de base ci-dessus pour la décrire.
Réponse selon la photo choisie.
Les photographies d’Albert Perronne
17. Les photos de l’exposition ont été prises par Albert Perronne. Cependant, on en trouve 5 qui
n’ont apparemment pas été prises par lui puisqu’il figure sur la photo… Retrouve ces photos
et note leur numéro et leur légende.
Salle 1, no 2. Portrait d'Albert Perronne dans sa bibliothèque le 11.10.1932.
Salle 1, no 3. Albert Perronne se fait prendre en photo devant la pharmacie Cuttat pour
sa carte d'identité. Porrentruy, 15.10.1944.
Salle 1, no 10. Albert Perronne dans le chalet de Frédéric-Edouard Koby à Saint-Brais.
Saint-Brais, 5.8.1934.
Salle 1, no 29. Creux-des-Prés. Edmond Guéniat et Albert Perronne sortent du trou après
leur exploration de l'Ajoulote. Chevenez, 19.5.1936.
Salle 3, no 3. Chevenez : au restaurant St-Maurice (café Paumier). 29.3.1936.
18. Trouve une photographie d’un endroit que tu connais. Qu’est-ce qui a changé depuis
l’époque où Albert Perronne a fait la photo ?
Réponse selon la photo choisie.
Dossier pédagogique – Dans l’objectif d’Albert Perronne
15
19. En photographie, l’endroit où se tient le photographe par rapport à ce qu’il veut montrer est
très important. Dans la grande salle, repère une photographie d’Albert Perronne en
« piéton », d’Albert Perronne en aviateur et d’Albert Perronne « perché ».
« Piéton » : p. ex. en salle 1 (grande salle) : 4, 5, 12, 16, 18, 22, 46, 47, etc
Aviateur : p. ex. 51, 58 etc
« Perché » : 26, 30, 36, etc.
20.
Aujourd’hui, grâce à l’informatique, il est facile de signer une photo. A l’époque, cela était
impossible. Mais Albert Perronne avait trouvé un moyen malicieux de « signer » ses photos, en
laissant voir le vélo avec lequel il se déplaçait le plus souvent. Trouve une photo ainsi signée et
note son numéro ci-dessous.
La photo no 5 de la salle 1 (grande salle).
21.
Une photographie sans date et sans commentaire est vite oubliée : après quelques
années, on ne sait plus qui est sur la photo et à quelle occasion elle a été prise. Qu’a fait Albert
Perronne pour documenter ses 30'000 photos ?
Il a tenu des cahiers, conservés avec les négatifs au Musée de l’Hôtel-Dieu, dans lesquels il a
précisé la date, le sujet, le numéro du film et de la photo, et parfois même le temps d’exposition
et d’autres paramètres techniques. On peut voir une partie de ces cahiers dans la vitrine plate
de la salle 1 (grande salle).
22.
La curiosité d’Albert Perronne l’a poussé à regarder le monde non seulement à sa surface,
mais aussi en sous-sol (spéléologie) : avec ses amis, c’était un pionnier de ce genre d’exploration.
Dans la salle 1 (grande salle), repère 3 images d’exploration souterraine et note leurs numéros.
Photos 22-30 de la salle 1 (grande salle).
23.
Qu’est-ce qu’un scaphandrier ? Quel est l’équivalent de nos jours ? Trouve deux photos
représentant des scaphandriers.
Scaphandrier = plongeur ou homme-grenouille.
Par exemple, les photos 23, 24 et 29 de la salle 1 (grande salle).
24.
Les photos de Perronne représentent un temps très différent du nôtre : en 80 ans, que de
choses ont changé ! Qu’est-ce qui te frappe dans la photo de l’affiche ?
Beaucoup d’enfants jouent sur la rue et sur la fontaine. A l’heure actuelle, ce n’est pas
recommandé, car cela peut être dangereux à cause du nombre de voitures.
25.
Photographier, c’est d’abord regarder autour de soi et décider que quelque chose est
digne d’être immortalisé. Suivant le contexte, cela peut représenter un danger. Pendant la guerre
de 1939-1945, Albert Perronne a pris des risques pour montrer comment ont vécu les
populations en Ajoie. Cela était défendu, mais il l’a fait quand même. Maintenant, nous sommes
très contents de retrouver ces témoignages de cette période difficile. A quoi servaient les
grandes croix suisses sur les toits des maisons de Porrentruy à cette époque (photo 36 dans la
salle 3, corridor) ?
Pendant la première Guerre mondiale, la ville de Porrentruy a été bombardée à plusieurs
reprises, parce qu’elle se trouvait près de la frontière française, heureusement sans faire de
victime. Afin de tirer les conséquences de cette expérience, de grandes croix suisses ont été
Dossier pédagogique – Dans l’objectif d’Albert Perronne
16
peintes sur les toits de la ville de Porrentruy lors de la deuxième Guerre mondiale, pour
marquer la frontière dans le but d’éviter toute confusion lors d’attaques aérienne sur les
localités voisines françaises.
26.
Si ces images permettent de nous rendre compte de tout ce qui s’est transformé, elles
nous montrent aussi des choses qui ont carrément disparu. Trouve le jeu de quilles, le feu des
Feyes et la foire aux choux dans la salle 2 (salle parquetée).
Jeu de quilles : photo 18, salle 2
Feu des Feyes : photo 19, salle 2
Foire aux choux : photo 36, salle 2
27.
A part la guerre, d’autres thèmes peuvent paraître négatifs : trouve deux images illustrant
la pauvreté de certaines personnes à l’époque de Perronne.
Kimmeschäfer de la Bâme de Courtemaîche, qui vivait dans une grotte : photo 28, salle 1
Prudat, dit Morijon le Gueux, de Villars-sur-Fontenais s'en retourne chez lui après être venu
vendre quelques produits en ville en 1939 : photo 8, salle 2.
28.
L’image 7 de la salle 2 (salle parquetée) montre une exposition d’œuvres d’art dans
laquelle se trouve la sculpture d’un sanglier. Où trouve-t-on cette dernière à présent ?
Il s’agit de l’emblème de la ville de Porrentruy, coulé dans le bronze, qui est posé devant
l’Hôtel-de-ville, œuvre du sculpteur Robert Dietlin (Porrentruy, 1881-1959).
29.
Cherche dans l’exposition la photo correspondant à l’ancêtre du bâtiment ci-dessous :
Il s’agit de l’Hôtel-restaurant « Le Gambrinus ». Perronne le photographie une fois en 1934, au
fond de l’image du Rinçoir avant sa canalisation (no. 31, Grande salle, puis encore en) 1943,
lors du passage de la locomotive venue de Delémont par la route qui se rendait à la gare de
Porrentruy (photo 22, salle 2). Entre-temps, cet établissement qui fut détruit par un incendie a
été reconstruit.
30.
Qu’y a-t-il actuellement dans la zone décrite sur la photo 67 (salle 1) ?
La patinoire et le giratoire Courgenay-Porrentruy-autoroute (sortie Porrentruy-Est).
31.
Qu’est-ce- qui a changé aux abords de la source de la Beuchire (photo 44, salle 1) ?
Les deux petites maisons et le mur ont été démolis, le pourtour de la source bétonné.
32.
Sur la photo 45 (salle 1), qu’est-ce qui a remplacé la petite station électrique ?
Le kiosque en face de la Migros.
Dossier pédagogique – Dans l’objectif d’Albert Perronne
33.
17
Sur la photo 56 (salle 1), à quoi sert actuellement l’endroit où s’élevait un kiosque à
musique jusqu’en 1955 ?
L’esplanade des Tilleuls sert de parking pour les voitures.
34.
Les photos 65 et 66 de la salle 1 montrent ce qu’on appelait alors les bains : qu’est-ce qui
a changé aujourd’hui par rapport à ces photos ?
Il y a un bassin pour les plus petits, le mur d’enceinte n’existe plus, à la place il y a un parc
bordé des vestiaires et du restaurant à l’est, suivi du camping. Le bassin principal semble plus
grand actuellement.
35.
Dans la salle 2 (salle parquetée), la photo no 4 montre une personnalité, le Ministre
Choffat, sur son lit de mort. Cela peut te paraître étrange, mais il était relativement
courant de photographier les défunts à cette époque. Sais-tu où les corps étaient gardés
jusqu’à leur enterrement autrefois ?
On gardait les défunts à la maison, dans le cadre où ils avaient vécu, pour pouvoir les veiller et
recevoir les condoléances des gens venus leur rendre un dernier hommage. Le défunt était
placé soit dans son lit, soit mis en bière (dans son cercueil). La proximité des morts parmi les
vivants était normale et était utile pour apprivoiser la mort.
36.
Quelle est ta photo préférée ? Explique pourquoi elle te touche particulièrement.
Réponse libre.
37.
Hier – aujourd’hui. Voici des cartes avec des photographies actuelles de rues et de
bâtiments de Porrentruy. Prends-en une et retrouve dans l’exposition une photo réalisée
depuis le même point de vue. Attention, il se peut que beaucoup d’éléments aient changé
au cours du temps !
Une dizaine de cartes est à la disposition des élèves. Le personnel du Musée vous
transmettra ces cartes ainsi que la liste des solutions lors de votre visite.
38.
Prends une carte avec un détail et retrouve la photographie dans laquelle se trouve ce
détail.
Une vingtaine de cartes est à la disposition des élèves. Le personnel du Musée vous
transmettra ces cartes ainsi que la liste des solutions lors de votre visite.