Pardon et liberation
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Pardon et liberation
PARDON ET LIBÉRATION « L’Esprit du seigneur Yahvé est sur moi, car Yahvé m’a donné l’onction, il m’a envoyé porter la nouvelle aux pauvres, panser les cœurs meurtris, annoncer aux captifs la libération et aux prisonniers la délivrance » Isaie, 61. 1- les conditions pour recevoir l’Esprit Saint Pourquoi avons-nous choisi d’aborder ce soir la question de la libération et du pardon dans ce parcours de préparation à l’effusion de l’Esprit ? Parce qu’il y a un lien direct entre l’Esprit Saint et la liberté : ce lien est explicité dans l’épître aux Corinthiens « Car le Seigneur, c’est l’Esprit, et où est l’Esprit du Seigneur, là est la liberté » (2 Co 3, 17) C’est l’Esprit Saint qui nous délivre de l’esclavage du péché, nous ne ferons rien par nos propres forces, mais il faut aujourd’hui se mettre en condition pour vivre cette libération. Si nous sommes ici, c’est que nous souhaitons, plus ou moins consciemment, accueillir l’Esprit Saint, le laisser prendre possession de notre être. Oui, mais, l’Esprit Saint est dans la brise légère, Il ne s’impose pas, il est un hôte discret. Et il ne viendra pas pleinement si nous ne lui faisons pas un peu de place. Un ménage intérieur s’impose pour que les dons de l’Esprit puissent se déployer dans nos vies. Le père Joël Guibert, dans son livre Renaître d’en haut, propose aussi l’image de la fontaine pour comprendre cela : chacun de nous est crée comme une fontaine qui reçoit l’amour d’au-delà de lui-même et qui est invité à redonner cet amour plus loin que lui. Si le vase est déjà plein, aucune source ne peut alors le remplir. Les eaux stagnent. Les tuyaux s’encrassent. Les conditions pour accueillir l’Esprit Saint sont au nombre de deux. La semaine passée, nous avons entendu que Jésus est notre Sauveur. (voir Mat 1,21 et Ac 4, 12) C’est ici la première condition pour recevoir l’Esprit Saint : reconnaître que j’ai besoin d’être sauvé ET avoir conscience que c’est Jésus qui est mon Sauveur PERSONNEL. Jésus signifie « Dieu sauve », et notre paroisse est dédiée à Jésus Sauveur, il est bon de l’invoquer comme tel. Je vous invite à le prier en l’appelant « Jésus, mon sauveur». La deuxième condition pour recevoir l’Esprit Saint, est de reconnaître Jésus comme mon Seigneur, mon Roi. (voir psaume 95) C’est-à-dire qu’Il règne sur le monde, qu’Il tient le monde dans sa main. Mais aussi qu’Il règne dans ma vie. Et comment faire venir son règne dans ma vie ? Concrètement, nous sommes invités, au cours de cette retraite à poser des actes de foi au quotidien (pour une place de parking par exemple, confier notre conversation avant de passer un coup de fil…) non dans une attitude de défi, mais dans une attitude d’obéissance et de confiance. Il s’agit de faire toute la place au Seigneur dans notre vie, ne laisser aucun pan de notre vie dans l’ombre. Transition : oui, mais, il n’y pas de place pour plusieurs rois dans nos cœurs. « L’âme n’a qu’une volonté ; si elle l’engage ou l’applique à quelque chose de créé, elle perd sa liberté, sa force, son détachement et sa pureté, toutes choses qui sont requises pour arriver à la transformation en Dieu » (saint Jean de la Croix) 2- Ces idoles qui nous maintiennent en esclavage Pour aider chacun à laisser entrer la lumière de Dieu dans sa vie, j’ai choisi trois attachements qui m’ont semblé caractéristiques de notre monde moderne, trois idoles dont nous devons apprendre à nous détacher pour accueillir l’Esprit Saint. C’est l’Esprit Saint qui peut montrer à chacun quels sont les attachements qui le lient au monde. C’est Lui qui aiguise notre sens du péché, c’est à son jugement et pas au nôtre qu’il faut s’en remettre. a) Couper les liens avec l’occultisme : choisir l’obéissance Si je commence par ces liens mauvais, c’est qu’il est absolument indispensable, pour accueillir le règne de Dieu dans nos vies de n’avoir aucun lien avec l’occultisme. Le Christ est la lumière, il libère l’homme de toute forme d’oppressions. En lui point de ténèbres. La parole de Dieu est très claire : « On ne trouvera chez toi personne qui fasse passer au feu son fils ou sa fille, qui pratique divination, incantation, mantique ou magie, personne qui use de charmes, qui interroge les spectres et devins, qui invoque les morts. » (Deutéronome 18, 10) Voir aussi Lévitique 19, 31 et Actes des Apôtres 9,1. De quoi s’agit-il ? Occultisme : recherche de connaissance portant sur l’avenir, l’inconnu, ou l’au-delà, par des moyens non scientifiques, et souvent magiques, en vue d’une mainmise sur le destin. C’est aussi une recherche de puissance magique pour agir contre la maladie ou un mal, ou bien même parfois pour faire le mal. Pourquoi ces pratiques sont-elles incompatibles avec l’accueil de l’Esprit Saint ? Parce qu’elles font appel à des énergies, à des forces qui ne sont pas Dieu et parce qu’elles font obstacle à l’abandon confiant à l’amour de Dieu. Lecture d’un extrait du livre de Jean Pliya (catholique, marié, père de famille, responsable du renouveau charismatique dans son pays, le Bénin. Il prêche des retraites en Afrique et en Europe). Prier comme un enfant de roi. (page 46) « Si on a cru ou étudié ces doctrines (…), si on a été voir des devins, des voyants, des mediums qui consultent les esprits, prédisent l’avenir, établissent des diagnostics, l’horoscope par l’Astrologie ou tout autre moyen (cartomancie, chiromancie, boule de cristal, géomancie…) ; si on a demandé l’aide des gens qui agissent par la sorcellerie, la magie, l’hypnose, l’envoûtement, enfin des gens qui guérissent par le magnétisme, le pendule ; si pour se protéger ou trouver la guérison, le succès, l’amour, on porte sur soi des gris-gris, des talismans, des amulettes, des statuettes, des bagues, des charmes, des signes du zodiaque ou bien si on s’adresse ou se consacre à des divinités païennes, des génies, des fétiches (…) on doit prier pour que les liens occultes contractés soient brisés par Jésus-Christ ». A propos de l’astrologie : l’astrologie est une pratique superstitieuse qui conduit à d’autres formes de superstition. Elle mène à la perte de la foi et entraîne souvent vers d’autres pratiques occultes plus graves. La superstition entraîne toujours une dépendance. A propos des guérisseurs : Il y a bien sûr de véritables charlatans. Cependant, il peut arriver qu’une visite chez un guérisseur agisse, en apparence, avec succès dans un domaine précis : Conjurer les brûlures, couper le feu des zonas, arrêter une hémorragie, faire disparaître une verrue, supprimer chez un nourrisson une douleur de poussée dentaire… L’apparent succès incite à y retourner. Mais il faut savoir qu’il ne s’agit que d’un déplacement de symptôme. La douleur physique se déplace ou se transforme en douleur morale, spirituelle… Il faut ajouter à cela, l’appartenance à la Franc-maçonnerie, la Rose-Croix, tout ce qui demande une initiation et qui se fait dans le secret, sans lumière. A ce sujet, il faut dire que tout « don surnaturel » doit être remis devant le Saint Sacrement. Remettre tout don à Dieu en demandant à ne garder que ceux qui viennent de Dieu. Ne jamais hésiter à demander un discernement si on a un doute sur la nature ou sur la gravité d’actes commis. b) Contre la dépendance affective : choisir la chasteté Dans une société dominée par l’affectivité, nous sommes comme « englués » affectivement. Nous avons du mal à atteindre la maturité affective. Comment l’atteindre ? Cette maturité se nourrit de la SÉCURITÉ d’être aimé, inconditionnellement. Ce que nous offre l’Esprit Saint, c’est l’amour inconditionnel du Christ. Mat 3, 17 « Celui-ci est mon fils bien aimé qui a toute ma faveur » Tant que je passe mon temps à courir à droite et à gauche pour demander « m’aimes-tu ? », je donne tout pouvoir aux voix du monde et je me réduis à l’état d’esclave car le monde est rempli de « si ». Le monde me dit : « oui, je t’aime, si tu es beau, si tu es intelligent, si tu es riche, si tu es productif, si tu consommes beaucoup… » L’amour du monde est conditionnel. Cette quête futile aliène notre être profond. C’est la définition du péché : une vie d’esclave. Pour se détacher de nos liens affectifs désordonnés et aliénants, voilà trois voies à emprunter avec humilité tout au long de cette retraite : - Se détacher du regard des autres : Dans un monde de l’apparence, nous sommes facilement obsédés par notre réputation. L’obsession du regard des autres est un véritable frein à la vie dans l’Esprit. Celui qui vit sous le regard de Dieu est libéré, fortifié, élevé car l’amour de Dieu est miséricordieux. « Qui s’appuie sur Yahvé ressemble au mont Sion : rien ne l’ébranle, il est stable pour toujours » (psaume125) ; « Pour moi, il m’importe fort peu d’être jugé par vous ou par un tribunal humain. Bien plus, je ne me juge pas moi-même. Ma conscience ne me reproche rien (…) Mon juge c’est le Seigneur » (1 Co 4, 3-4). Et Thérèse de Lisieux, dans sa grande liberté disait : « Je ne suis que ce que le Bon Dieu pense de moi ». Le détachement du regard des autres pour garder notre regard planté dans le regard du Christ est un pas nécessaire. Peut-être est-ce l’une des grâces à demander au cours de ce parcours. - Se détacher des créatures et s’attacher au créateur Il s’agit ici, de comprendre que notre soif d’amour absolu ne peut pas être comblée par une créature, même si cette créature est mon mari, mon meilleur ami, ma fille, mon curé… « Qui a Dieu ne manque de rien, Dieu seul suffit » dit Thérèse d’Avila. C’est là une exigence qui peut sembler effrayante ou inhumaine. Et pourtant il faut réaffirmer, pour le bonheur et la liberté de l’âme humaine, que le cœur de l’homme est fait aux dimensions du cœur de Dieu. « Qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi. Qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi » (Matthieu 10, 37) Cette parole de Matthieu nous montre qu’il ne s’agit pas de ne pas s’attacher aux créatures, bien au contraire, mais de leur préférer le Christ. C’est là notamment une des causes de blessure dans la vie de couple : lorsqu’on attend du conjoint un amour absolu que seul Dieu peut donner. Là aussi, l’Esprit Saint éclaire notre conscience pour faire la lumière sur nos relations familiales, amicales, conjugales. Peut-être qu’il va nous falloir accepter de ne pas contenter tout de suite notre nature blessée par des consolations affectives pour que l’Esprit Saint devienne enfin notre seul consolateur ? Nous sommes tous maintenus au sol par des attachements affectifs qui, sans être mauvais ou impurs, nous empêchent de nous envoler, de basculer complètement dans l’Esprit. - L’inquiétude pour ceux qu’on aime : Derrière cette attitude louable peut se cacher un besoin de contrôle, de captation qui, encore une fois, fait obstacle à l’abandon dans l’Esprit. S’inquiéter pour ceux qu’on aime est normal. Mais le lien avilissant existe quand je deviens incapable de confier à Dieu mes proches, quand je cherche à solutionner moi-même l’ensemble de leurs problèmes, à aplanir moi-même l’ensemble des obstacles qu’ils rencontrent. Croyons-nous fermement en la Providence de Dieu qui veille sur ses enfants ? Sommes-nous capables de lui confier nos proches avec foi : « Seigneur je te confie mon fils qui doit trouver un stage…….mais je vais quand même passer un ou deux coups de fil au cas où tu n’aurais pas le temps de t’en occuper. » Remettre à Dieu, dans la foi et cesser, une fois pour toutes de s’en inquiéter. Beaucoup d’inquiétudes encombrent nos vies qui nous entraînent à décrocher notre portable pour un rien et tenter de contrôler les situations. Pour grandir en confiance, deux marches à franchir : premièrement consentir à notre impuissance : renoncer à vouloir tout contrôler. Et deuxièmement poser un acte de foi « Seigneur je crois que Tu exauces ma prière quand je te confie tel ou tel ». L’enjeu est de taille : permettre à Dieu d’être Dieu dans nos vies. Voulez-vous que le Seigneur règne dans vos vies ? Qu’Il agisse comme bon lui semblera, au moment qui lui semblera opportun ? c) Se détacher des richesses, des sécurités, des anesthésiants : choisir la pauvreté L’argent bien sûr « Car la racine de tous les maux, c’est l’amour de l’argent » (1 Timothée 6, 10) mais au-delà se cache le cortège de toutes les richesses (matérielles, physiques, intellectuelles, affectives) qui nous rendent incapables de tout quitter pour suivre le Christ. « Car où est ton trésor, là aussi sera ton cœur » nous dit Matthieu au chapitre 6, verset 21. Le danger des richesses c’est qu’elles agissent comme des leurres qui nous disent que nous n’avons pas besoin de Dieu. Concrètement, qui n’est pas capable de se déposséder de ce qui l’enrichit ne peut pas recevoir pleinement les dons de l’Esprit. Il est bon ici d’invoquer l’Esprit Saint pour qu’il éclaire chacun de nous sur les richesses qui le maintiennent à l’état d’esclave. Dans ce chapitre, il faut aussi citer toute la panoplie des anesthésiants modernes qui consolent et rassurent comme des béquilles pour le boiteux : la nourriture pour l’un, les médicaments anti-stress pour l’autre, la consommation et nos besoins d’acheter pour se faire du bien, la fuite derrière un écran sur Internet, l’addiction à nos messageries vocales et électroniques … Autant de calmants pour fuir l’instant présent et nos pauvretés. Un mot sur le besoin d’être connecté avec tout le monde tout le temps : l’Esprit Saint ne peut pas prendre pleinement possession d’un cœur qui vit dans l’instantané et l’hyperactivité. Il faut se retirer du monde, se sevrer de tweeter, de l’immédiateté. Il s’agit, pendant cette retraite d’accepter l’invitation du Christ à venir au désert « Eh bien, c’est moi qui vais la séduire, je la conduirai au désert, et je parlerai à son cœur » (Osée 2, 16) Aller au désert, c’est opter pour la sobriété, la pauvreté, peut-être même le manque : tout l’inverse d’une zone commerciale un samedi après-midi ! L’Esprit Saint nous propose la thérapie de l’instant présent qui libère de toute inquiétude, de tout besoin d’amasser des richesses ou de fuir des pauvretés. Transition : alors pour conclure, comment « couper » tous ces liens qui nous attachent et nous empêchent de recevoir l’Esprit Saint ? 3- Par la douce acceptation d’être un pécheur pardonné. a) Choisir la vie « je te propose la vie ou la mort, la bénédiction ou la malédiction. Choisis donc la vie, pour que toi et ta postérité vous viviez, aimant Yahvé ton Dieu, écoutant sa voix, t’attachant à lui… » Deutéronome 30, 19-20. En effet, c’est une question de vie ou de mort. Acceptons-nous la domination du monde qui nous emprisonne, ou est-ce que nous revendiquons la liberté des enfants de Dieu ? Nous devons choisir. b) Rompre tout de suite et définitivement avec le péché Une anecdote tirée d’un livre du père Raniero Cantalamessa pour illustrer cela. A quelqu’un la parole de Dieu a révélé que son péché est la passion du jeu. C’est cela que Dieu lui demande de lui sacrifier. Cet homme, convaincu de péché, décide d’arrêter et déclare : « je fais le vœu solennel et sacré de ne plus jamais jouer, plus jamais ! Ce soir sera ma dernière fois ! » Il n’a rien résolu. Il continuera à jouer tout comme avant. Il doit plutôt se dire à lui-même : « d’accord, tout le reste de ta vie, et tous les jours tu pourras jouer, mais ce soir, non ! » S’il tient bon dans son propos et ne joue pas ce soir-là, il est sauvé. La première résolution est comme un mauvais tour que la passion joue au pécheur ; tandis que la seconde, au contraire, est un mauvais tour que le pécheur joue à la passion. Epître de saint Jacques « Mettez la parole en pratique. Ne soyez pas simplement des auditeurs qui s’abusent eux-mêmes ». (Jc 1, 22) ATTENTION : l’écueil qui guette le pécheur qui cherche la libération, c’est la désespérance. Soyons avertis. Ne nous laissons pas prendre au piège du dégoût de nous même, de la honte, de la tristesse. Tournons nos yeux vers le Christ qui nous aime. c) le sacrement de réconciliation Après avoir entendu que le Seigneur désire profondément nous rendre notre liberté et dans la foi qu’Il est vainqueur sur les ténèbres et la mort, nous allons pouvoir l’adorer dans le saint Sacrement. Si vous sentez en vous qu’il y a des liens qui vous attachent et vous maintiennent captifs, vous pouvez en parler à un prêtre et demander, si vous le souhaitez, à recevoir le sacrement de réconciliation. La confession est le premier lieu de libération de nos péchés, ce sacrement coupe tout lien, efface tout péché. Il nous rétablit, comme au jour de notre baptême, dans notre dignité d’enfant de Dieu. « Je répandrai sur vous une eau pure et vous serez purifiés ; de toutes vos souillures, et de toutes vos ordures je vous purifierai » dit Dieu en Ezéchiel (Ez 36, 25) Profitons-en ! CONCLUSION Une seule parole à retenir ce soir pour nous qui désirons recevoir l’Esprit Saint très bientôt : c’est saint Pierre le jour de la Pentecôte qui dit à la foule une parole et fait une promesse qui est aussi valable pour nous aujourd’hui : « Repentez-vous (…) et vous recevrez alors le don du Saint Esprit » (Actes des apôtres 2, 35).