Richard Mille dans la course à l`excellence

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Richard Mille dans la course à l`excellence
LE JOURNAL DU DIMANCHE - 21/02/2016 - N° 3606
Il ose
Le PDG d’Icelandair joue
les accompagnateurs
La compagnie aérienne
régulière d’Islande proposait
déjà l’escale sans supplément
à Reykjavik, entre l’Europe et
l’Amérique du Nord. Malin.
Encore plus futé : avec le tout
nouveau service Stopover
Buddy, les passagers
pourront visiter le pays
avec les employés
d’Icelandair ! Le PDG,
Birkir Holm
Le chiffre
Guonason, montre l’exemple
avec une sortie de ski hors
piste et une tournée des bars
de la capitale… Pilotes,
hôtesses, personnel au sol,
une cinquantaine
de collaborateurs de
la compagnie sont déjà
volontaires pour
une expérience unique
d’une journée, dès la
sortie de l’avion. Le
programme est disponible
à la réservation jusqu’au
30 avril. G.R.
1
Un milliard d’euros environ,
c’est le montant que réclame
l’électricien finlandais TVO au
français Areva pour solder
l’ensemble de leurs litiges.
Les deux groupes tentent
d’enterrer la hache de guerre
sur le chantier de l’EPR à
Olkiluoto qui doit se terminer
en 2018. TVO demande
| 21
février 2016
Coulisses
2,6 milliards d’euros à Areva
qui en retour exige
3,4 milliards. « Areva ne paiera
pas 1 milliard, explique une
source proche, mais nous
trouverons un accord d’ici deux
à trois semaines. » Les deux
groupes partageraient les coûts
liés à la fin du chantier, qui
touche au but. Areva devrait
encore provisionner entre
300 et 400 millions de pertes
sur l’EPR lors de ses résultats
2015, présentés jeudi
prochain. M.P.
Macron enterre les ambitions
minières de Montebourg
Emmanuel Macron a mis un
terme aux rêves d’Arnaud
Montebourg de développer
une nouvelle économie des
mines. Son prédécesseur à
Bercy avait lancé en 2013 une
réforme du Code minier pour
relancer l’exploitation du
sous-sol français. Le texte est
prêt après avoir été réécrit
pendant plus d’un an.
Matignon doit décider de son
examen depuis l’automne… Le
calendrier législatif est déjà
serré et une loi sera impossible
à voter d’ici à mai 2017.
D’autant plus avec le retour
des Verts au gouvernement.
Macron a aussi décidé de ne
pas créer la « compagnie des
mines » que Montebourg avait
souhaitée. « Cela n’a
pas d’intérêt alors
que la BPI, Areva
et Eramet couvrent
déjà le marché »,
explique-t-on
au ministère. M.P.
Solent News/Shutterstoc/SIPA Bernard Bisson pour le JDD
20 | businessJDD
Les diamants ne
Richard Mille dans
la course à l’excellence sont plus éternels
HORLOGERIE Après Airbus, McLaren devient le nouveau partenaire
du plus exigeant des fabricants de montres au monde
BRUNA BASINI @
Sylvie Andreau
Chez McLaren, au siège de Woking,
Richard Mille est un peu chez lui.
Il doit s’aider des doigts de la main
pour compter le nombre de véhicules de la marque britannique dont
il est propriétaire. Cinq ou six, il ne
sait plus. Pour Ron Dennis, le patron
de l’écurie McLaren-Honda, l’horloger fait même partie de la famille.
Ces montres concentrent tout ce
qu’il entend mettre dans ses Formule 1 : une obsession du détail, un
goût extrême de la sophistication, le
tout au service de la performance.
La signature, vendredi, d’un
partenariat de dix ans n’a donc surpris personne. Richard Mille sera
sponsor de la voiture engagée pour
le championnat de F1, qui débute le
20 mars à Melbourne, et dévoilée
aujourd’hui. Surtout, la première
montre née de ce mariage est déjà
en préparation. Elle devrait être
finalisée d’ici à… deux ou trois ans.
L’entrepreneur né dans le Var est
toujours prêt à suspendre le temps
pour repousser les limites du développement. Un luxe qui se traduit
par moins de 4.000 montres vendues
par an, à un prix moyen de 120.000 €.
Certaines pièces grimpent au-delà
du million.
« Je ne cherche pas à faire dans
le gadget mais à tirer le maximum
de la technologie, précise Richard
Mille. Cela passe par de nouveaux
matériaux, comme ceux qu’utilisent
les ingénieurs de McLaren : titane,
carbone, céramique. C’est un niveau
d’exigence qui passera par du sang et
des larmes », insiste-t-il dans un élan
Richard Mille au côté du pilote Jenson Button et de Ron Dennis, patron de l’écurie
McLaren-Honda. Patrick Gosling/Beadyeye
churchillien. Sa dernière collaboration, avec la division jet d’affaires
d’Airbus, relève de l’entente cordiale.
Elle a débouché sur la présentation,
en janvier, d’une montre proposée
à 30 exemplaires et à un million de
dollars. Un tourbillon, dessiné par
les équipes de l’avionneur, dont le
mouvement a fait l’objet du même
traitement anticorrosion que les
aubes du réacteur des jets d’Airbus.
Une manufacture en Suisse
Depuis qu’il a entièrement
désossé la montre de sa première
communion, Richard Mille ne vit
que pour l’horlogerie. Chez Matra
tout d’abord avec la marque Yema,
puis chez Mauboussin avant de se
lancer à son compte, en 1991. Son
usine est basée en Suisse, lui vit en
Bretagne. « Je dois être le seul contribuable qui travaille en Suisse et paie
ses impôts en France », s’amuse ce
père de sept enfants. Moulins, son
village breton, voit défiler le gratin
du sport. Nadal, Loeb, Pinturault,
Blake sont devenus des inconditionnels de la marque. Au poignet
de Richard Mille, 18 grammes de
technologie pure : « C’est le bracelet
qui pèse le plus », assure-t-il.
L’horloger compte par dizaines
les fonctionnalités différentes
concentrées dans ses petits boîtiers. Il laisse à d’autres les records
de résistance au fond des océans et
préfère les développements intelligents pour ses amis pilotes. Pour
Sébastien Loeb, il a mis au point un
système de capteurs enregistreurs
de tous les mouvements du véhicule
aux différentes phases de pilotage.
Chez McLaren, les pilotes maison,
comme Jenson Button, ont déjà
commencé à lister leurs exigences. g
WineSitting, le gardien du vin
service La société propose
un service de stockage aux
particuliers et aux restaurants
Les caves des appartements se
révèlent souvent surchauffées,
exposées aux vibrations et mal
sécurisées. Celles des restaurants
sont à peine mieux loties. Inaptes
donc à assurer à des vins précieux,
ou même à des propriétaires scrupuleux, une garde correcte des bouteilles. Jean-Philippe Haut, fondateur de WineSitting, a eu l’idée de
proposer un service de stockage aux
particuliers et aux professionnels.
JOAILLERIE Les pierres
de laboratoire commencent
à peser sur le marché. Une mine
d’ennuis pour le secteur
En 2013, sous un aqueduc du
quartier parisien de Bercy, il a
transformé en cave géante un entrepôt quasi troglodyte. Des milliers de caisses reposent à bonne
température pour quelques centaines de clients dont des domaines
et des négociants qui se font un
stock tampon dans la capitale. « Un
service de livraison assure l’acheminement du vin de l’entrepôt au
domicile du client, en express, ou
sous 48 heures » , explique l’entrepreneur. Aujourd’hui, c’est un Château d’Yquem 1904 et un margaux
2001 qui s’apprêtent à rejoindre un
dîner de fête. Il y a quelques jours,
un restaurant s’est fait livrer quatre
Petrus réclamés par des Russes.
Parmi les 180.000 bouteilles
qui attendent chez WineSitting,
des vins plus « ordinaires », dont
ceux sélectionnés par Jean-Philippe Haut. S’il a dû fermer les
quatre boutiques de vin qu’il avait
ouvertes sur Paris, le trentenaire
n’a pu résister à proposer un service de constitution de caves. Un
abonnement de 30 à 180 € par mois
propose une sélection qu’il rembourse à ses clients si son choix
ne leur plaît pas. S.A.
 @BrunaBasini
Faudra-t-il bientôt vérifier chaque
pierre pour écarter les diamants
de culture ? Pire encore, redouter
un rappel de bijoux sertis après un
contrôle de routine ? « L’arrivée par
effraction des diamants synthétiques
inquiète beaucoup le milieu. Diamantaires et joailliers redoutent une perte
de confiance du public et un rejet de la
reine des gemmes du fait de cet amalgame entre les pierres naturelles et
des pierres produites en laboratoire »,
résume Olivier Segura, directeur du
Laboratoire français de gemmologie.
Entré dans le débat sur la traçabilité responsable, le sujet sera inscrit
à l’ordre du jour du Jewelry Industry
Summit, qui se déroule à New York
du 10 au 13 mars. Après la chasse
aux diamants du sang dont le trafic a
servi à financer des guerres civiles en
Afrique, racontée par le film Blood
Diamond avec Leonardo DiCaprio,
les professionnels cherchent à se
prémunir contre ces diamants qui
infiltrent leurs circuits à leur insu.
Des pierres naturelles
aux gemmes éthiques
Ces pierres ne sont pas de fausses
gemmes ou de vulgaires imitations.
Elles ont les mêmes propriétés que
des pierres naturelles sauf qu’elles
ne sortent pas des entrailles de la
terre. Destinées à l’industrie, elles
sont de 10 à 50 % meilleur marché que les diamants extraits des
mines. Or depuis dix ans, elles
alimentent aussi le marché de la
joaillerie. Dans quelle proportion ?
Selon l’association Gem & Jewellery Export Promotion Council, les
laboratoires produiraient chaque
année quelque 350.000 carats de
synthèse. Une goutte d’eau à côté des
150 millions de carats issus de pierre
brutes naturelles. D’autres sources
officieuses avancent des chiffres
moins anecdotiques. Surtout, tous
Un diamant synthétique. LFG
les experts tablent sur une hausse
inéluctable de leur volume du fait de
l’épuisement des gisements naturels
à l’horizon 2030.
Les principaux acteurs du secteur ont pris des mesures « en recourant à des dispositifs qui permettent
la détection rapide et automatique
des diamants synthétiques », pointe
Grégoire Baudry, associé de Bain
& Company qui publie depuis cinq
ans un rapport mondial sur l’industrie du diamant. « Mais la filière doit
systématiser les certificats d’origine
sinon comment prétendre vendre de la
rareté et justifier de prix plus élevés »,
poursuit Jocelyn Achard, chercheur
à l’université de Villetaneuse.
À terme, l’arrivée des synthétiques pourrait faire baisser le prix
des diamants de joaillerie. C’est la
grande peur des diamantaires et
des pays producteurs du continent
africain. À moins que n’émerge un
second marché. Une poignée de
fabricants, américains pour la plupart, en font le pari. En affichant
clairement la couleur, ils justifient
un prix presque aussi élevé que ceux
de leurs concurrents traditionnels.
Parce que leurs pierres réduisent
le coût humain et environnemental de l’industrie diamantaire et
n’ont jamais été salies par le sang
des conflits. Un argument mis en
avant par Diamond Foundry, une
jeune pousse californienne où l’on
retrouve dans le rôle de l’investisseur emblématique… Leonardo
DiCaprio. g
Une carte d’identité pour l’or de Guyane
Sur les 12 tonnes d’or produites
chaque année en Guyane,
10 proviennent de l’orpaillage illégal
et sont extraites sans égard pour
l’environnement (pollution de cours
d’eau, émissions de mercure…). Pour
lutter contre ces pratiques et garantir
la traçabilité de l’or guyanais,
le WWF France a fait appel au BRGM
(Bureau de recherches géologiques
et minières). Ils dévoileront mardi
le résultat d’une étude qui analyse
la chimie d’un grain d’or et permet
d’en tracer l’origine, même après
une première refonte – 80 % des
bijoutiers avouent ne pas connaître
les conditions d’extraction de l’or
qu’ils manipulent au quotidien. B.B.