L`atelier que nous animons ne peut, me semble-t

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L`atelier que nous animons ne peut, me semble-t
Rencontre régionale autour des pratiques théâtrales en collège et lycée
Mercredi 2 mai 2007 — Lycée Jean Rostand
Compte rendu de l’atelier n°1 :
LES ATELIERS DE PRATIQUE
(OBJECTIFS, CONTENUS, FORMES NOUVELLES À INVENTER)
Présents :
Dominique BOIVIN, Lycée N.-D. de la Providence, Avranches
Gilbert DECOSSE, Collège M. Pagnol, Caen & H. Sellier, Colombelles
Emmanuel DESCHAMPS, Lycée Allende, Hérouville-Saint-Clair
Daniel GRISEL, Lycée Jean Rostand, Caen
Marc FRÉMONT, Pébroc Théâtre
Caroline GOVINO, ANRAT
Gisèle GUISTETTO, Collège Curie, Potigny
Dominique LAUVERGNIER, Université de Caen
Françoise MAGNEN, Lycée N.-D. de la Providence, Avranches
Dominique MORAND, Collège Senghor, Ifs
Raphaëlle MOUNIER, Lycée Jean Rostand, Caen
Bruno NOËL, Action Théâtre
Céline VALLÉE, Lycée R. de Mortain, Mortain
Les bases de l’éducation artistique et culturelle : la pratique d'une expression artistique et
la fréquentation éclairée des œuvres
Un état des lieux permet de distinguer :
- l'éducation artistique à l'école (les enseignements obligatoires, facultatifs, les
enseignements disciplinaires, les classes à PAC, les Ateliers artistiques, les opérations
académiques [Collèges au cinéma / Lycéens au cinéma, Des coulisses au spectacle, le
Réseau des galeries d'art, le Prix littéraire de la ville de Caen, les concerts lecture, Entrez
dans le tableau...], les dispositifs départementaux [Collèges aux Théâtre...], les projets
spécifiques à chaque établissement...
- l’éducation artistique hors l'école (le travail des communautés d'agglomération, des
municipalités, dans les maisons de quartier, les MJC, au Conservatoire, à l'école des
Beaux-arts, dans les compagnies [danse, Théâtre...], dans les cours privés, dans les
familles...).
Un tel paysage de l'éducation artistique peut sembler prometteur... pourtant :
- aujourd'hui, beaucoup d'élèves passent à travers ces offres, se trouvant
surexposés au formatage audiovisuel ;
- si la culture littéraire et artistique permet d'extraire les élèves de leur déterminisme
social, elle offre pour l'instant moins de chances de promotion sociale que la culture
scientifique et technique.
Problématique : Comment transformer l'offre de manière qu'elle soit plus variée et
mieux partagée ?
Réponse sous forme de pétition de principe : l'ATELIER est une forme privilégiée
de promotion et de diffusion de l'éducation artistique.
Qu'entend-on par ATELIER ?
À l’école
De l’école vers la Cité
- l'Atelier Artistique (accompagné par le Rectorat, la DRAC et les
Collectivités) ;
- l'Atelier inscrit dans un dispositif local transdisciplinaire (palette
d’activités pratiquées sur des créneaux spécifiques placés en
barrette) ;
- l'Atelier intégré à une séance d'enseignement (le praticien d'un
art est invité dans la classe) ;
- Un dispositif de rencontre avec les œuvres et de pratique d’une
expression artistique, organisé par les établissements, et ouvert à
tous les publics. Il est hébergé soit dans les établissements, soit
dans les lieux collectifs (MJC, maison de quartier, salle de
spectacle…).
QUELS CONTENUS POUR CES ATELIERS ? POUR QUELS PUBLICS ?
QUELS OBJECTIFS DE RÉALISATION ? PRÉSENTATION OU REPRÉSENTATION ?
QUELLE FORMATION POUR LES ANIMATEURS ?
*
L’école peut s’ouvrir à la Cité, oui, c’est possible. Gilbert DECOSSE raconte son expérience
de 1988 à 2004, période durant laquelle il a travaillé au lycée Marcel Pagnol de la Grâce
de Dieu, seul établissement de l’académie à proposer une éducation au théâtre à tous les
élèves. De nombreux projets ont été menés avec la MJC et autour d’actions telles que « À
Caen la paix ».
L’expérience d’une classe transplantée « Théâtre » menée par Marc FRÉMONT avec des
élèves de CE2 montre l’intérêt de travailler sur plusieurs jours. La restitution finale se fait
sous forme de séance d’atelier devant les familles : on a plaisir à montrer comment on
travaille, sans chercher à s’exhiber.
La question de la durée est récurrente : il faut du temps. Le théâtre a besoin de lenteur,
même s’il joue aussi avec les vertus de l’urgence. Il lui faudrait aussi sans cesse assurer
sa visibilité dans l’établissement par des actions ponctuelles qui rompent avec la
confidentialité du travail effectué dans l’atelier.
Un atelier n’est pas un cours : la pratique est déterminante. Elle se fait en partenariat, à
partir des désirs des enseignants, de la diversité des demandes, qui nourrit cette pratique.
Le théâtre, comme beaucoup d’autres formes d’expression artistique, est fragile et doit
être accepté par toute la communauté éducative. Il y a encore trop de concurrence entre
les disciplines. L’éducation artistique et culturelle, en général, « ça dérange ». C’est
pourquoi il faut en faire l’un des axes prioritaires des Projets d’établissement pour la
mettre en cohérence avec les autres pratiques, jusqu’au cœur même des enseignements
disciplinaires (mais certains pensent au contraire que l’atelier doit être « à part »).
La question de la place du professeur dans l’atelier est posée au moment de la pratique.
Une participation active au même titre que les élèves ne peut se faire que si l’enseignant
s’en sent désireux et capable. Mais elle est souhaitable. Faut-il pour autant « faire jouer
les profs » avec les élèves ?
Pourquoi ne pas prévoir des moments forts dans l’année pour permettre une offre
généralisée (par exemple, une demi-journée consacrée de temps en temps aux autres
formes d’expression artistique : cinéma, théâtre, danse, écriture, etc.) ? Une semaine
spécifique où tous les projets seraient concentrés ?
Pourquoi réduire l’offre en collège aux arts plastiques et à la musique ? Les élèves de
collège de pourraient-ils pas, deux heures par semaine, choisir parmi ces autres
disciplines appelées parfois « disciplines de la sensibilité » ?
Il faut beaucoup de courage et de ténacité pour mettre en œuvre et faire vivre un atelier. Il
faut espérer que la jeune génération ne se laissera pas trop rapidement rebuter par les
embûches qui jalonnent le parcours.
On réaffirme le caractère précieux du partenariat, la rencontre entre un enseignant et un
saltimbanque. Éric de DADELSEN, en session plénière, redit sa conviction que le partenaire
doit bouleverser le fonctionnement de l’institution. S’il vient avec son savoir-faire, il vient
aussi avec sa qualité d’artiste. Il explique enfin que son travail se nourrit du partenariat
avec les élèves de l’option Théâtre. Ce sont ces élèves-là, à Vire, qui lui permettent de
justifier son travail de recherche, qui, sans cela, serait mis en péril par les pressions liées
aux représentations classiques du théâtre. D’une certaine manière, ce sont les enfants qui
viennent ici au secours des adultes.
Michel AZAMA revient sur la nature du partenariat pour confirmer que l’enseignant doit être
dérangé par l’artiste, lequel doit être aussi dérangé par l’enseignant. C’est la raison pour
laquelle il ne serait pas concevable de créer des postes de professeur de théâtre, car cela
signerait la mort du partenariat.
Notes rédigées par Emmanuel Deschamps et Daniel Grisel