Entretien de Najat Belkacem avec El Pais [ es ]

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Entretien de Najat Belkacem avec El Pais [ es ]
Entretien de Najat Belkacem avec El Pais [ es ]
El Pais publie, dans son édition de dimanche 24 juin 2012, une interview de Najat Belkacem, ministre des Droits
des femmes et porte-parole du gouvernement :
“Ce qui compte, ce sont les mérites, pas l’héritage”
Javier Valenzuela Madrid
Née dans un village du Rif, Beni Chiker, il y a 34 ans, émigrée depuis l’enfance en France, où son père avait
trouvé un travail de maçon, élevée dans une banlieue, éduquée à l’école publique et licenciée en Sciences
politiques, Najat Belkacem est fille de la méritocratie républicaine. Mariée et mère de deux jumelles, cette jeune
Franco-marocaine est aujourd’hui la ministre porte-parole du premier gouvernement de François Hollande.
Question : Dans ses candidatures pour les législatives de dimanche dernier, le Parti socialiste avait misé sur la
parité entre hommes et femmes et sur la diversité des origines. Il semble que cela ait marché. Cette Assemblée
nationale
est
la
plus
variée
de
l’histoire,
non ?
Réponse : Oui, nous allons dans la bonne direction. Mais il reste encore un long chemin à parcourir jusqu’à ce
que la représentation de la souveraineté nationale soit l’image fidèle de la France actuelle, avec toutes les
composantes de sa diversité. C’est pourquoi nous allons poursuivre nos efforts et inciter la droite française à
montrer un peu plus de bonne volonté. Nous nous sommes engagés à supprimer le financement public des partis
politiques qui ne contribuent pas à la parité. La parité entre hommes et femmes, aussi bien que la relève
générationnelle, la multiplicité des parcours sociaux et la diversité des origines dans la classe politique sont des
objectifs républicains. En ce qui concerne les élections, ce qui me satisfait le plus, c’est que l’exigence de parité,
qui a été perçue pendant longtemps comme un fardeau, a fini par s’imposer comme un atout pour convaincre.
Q. : Vous défendez ce que vous appelez « la pluralité visible ». Comment expliquez-vous que le pas que la
France vient de faire dans cette direction soit accompagné d’une nouvelle montée du Front National ?
R. : Une Assemblée ayant le véritable visage de la France s’inscrit dans ce besoin de visibilité auquel j’accorde
une grande importance. La peur de l’autre s’alimente de l’ignorance, de la méconnaissance. Les raisons du vote
pour le Front National sont complexes mais je suis sûre qu’une société ouverte, diversifiée, fière d’elle-même, où
les valeurs de la République sont transmises et respectées et où l’égalité des chances est une réalité, sera une
société qui rejettera le populisme. Le combat contre le Front National se gagnera en maintenant la promesse
républicaine : Respect pour tout le monde et droit de tous au succès.
Q. : Je comprends que vous êtes de ceux qui pensent que quiconque adhère aux valeurs de la République peut
être
Français,
quelle
que
soit
son
origine.
R. : Evidemment, et plus que jamais dans un monde ouvert comme le nôtre. Les frontières, les nations et le
contrôle des flux migratoires existent, bien sûr, mais la République est un idéal universaliste, humaniste, tolérant
et laïc qui n’exclut personne a priori. La méritocratie républicaine doit être une réalité pour tous les Français,
quelle que soit la manière par laquelle ils sont devenus Français. Je suis convaincue de cela, et c’est un des
engagements les plus forts du président Hollande envers les nouvelles générations. Chacun doit pouvoir trouver
sa place dans la société de demain en fonction de ses mérites, pas de son héritage.
Lire l’interview sur El Pais.com
Javier Valenzuela publie également un article sur l’Assemblée Nationale : "La France inaugure un Parlement
multicolore". "Une douzaine de députés, enfants d’immigrants, siègent à la nouvelle Assemblée Nationale. Tous
se présentaient pour le Parti socialiste. (...) L’hémicycle français actuel est plus proche que jamais de la réalité du
pays : plus de femmes et de députés issus de la diversité."