CHAPITRE I : LES GRANDES FONCTIONS ECONOMIQUES
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CHAPITRE I : LES GRANDES FONCTIONS ECONOMIQUES
2009-2010 CHAPITRE I : LES GRANDES FONCTIONS ECONOMIQUES Christelle ZENG ANALYSE ECONOMIQUE ET HISTORIQUE DES SOCIETES CONTEMPORAINES CPGE ECE 1 INTRODUCTION : ELEMENTS DE COMPTABILITE NATIONALE Les secteurs institutionnels (sont composées d’unités institutionnelles) Les sociétés non financières : produisent des biens et services marchands non financiers. Ce sont les entreprises (sauf banques). Les unités ont leurs opérations financières séparées de celle des propriétaires des unités institutionnelles en question. Les ménages : individu ou groupe d’individus considérés par leur fonction de consommateur et éventuellement au travers de leur fonction d’entrepreneur produisant des biens et services marchants financiers ou non financiers. Les administrations publiques : produisent des biens et services non marchands ou effectuent des opérations de redistribution du revenu et des richesses nationales. Elles comprennent l’Etat centrale et les collectivités locales, ainsi que les organismes de sécurité sociale. Les institutions sans but lucratif au service des ménages : ensemble des unités privées doté de la personnalité juridique qui produisent des biens et services non marchands au profit des ménages (ex : les associations) Les sociétés financières : fournissent des services d’intermédiation financières et/ou exercent des activités financières auxiliaires. Les opérations et l’équilibre emplois-ressources Les opérations sur les biens et services : ensemble des opérations entre deux unités institutionnelles portant sur des biens et services Les opérations de répartition : opération par lesquelles la VA engendrée par la production est distribuée entre la main d’œuvre, le capital et l’administration publique auquel on ajoute les opérations de redistribution du revenu et de la richesse (répartition primaire + redistribution) Les opérations financières : portent sur les actifs ou passifs financiers. Il y a deux types d’opérations financières Les opérations qui sont les contreparties financières sur les opérations de biens et services ou de répartition Logique purement financière, achat de titre. Les opérations fictives : ventes de titres sur marché d’occasion, spéculations L’équilibre emploi-ressources : présentation synthétique des opérations de biens et services qui respecte l’équilibre comptable qui existe entre les différentes catégories d’opération sur les biens et services que sont la consommation, l’investissement, l’import-export, la production. Les consommations intermédiaires : biens et services transformés ou entièrement consommés au cours du processus de production La consommation finale : achats de biens et services dont le but est la satisfaction directe des besoins humains. Elle concerne les ménages et les administrations publiques. La consommation du capital fixe : mesure la dépréciation subie par le capital fixe au cours de la période considérée (1 an) par suite d’usure normale et d’obsolescence prévisible (similaire à l’amortissement). La consommation finale des ménages : CHAPITRE I : LES GRANDES FONCTIONS ECONOMIQUES Page 2 La dépense de consommation des ménages se limite aux dépenses que les ménages supportent directement (santé, éducation, logement) La consommation effective = la dépense + consommation individualisable incluse dans la dépense de consommation finale des administrations et ISBLM. La FBCF : acquisition – cession d’actifs fixes (c’est l’investissement). Actifs fixe : corporels ou incorporels issus du processus de production et utilisés de façon répétée ou continue dans d’autres processus de production produit au moins 1 an. Avec OU Avec Les comptes des secteurs institutionnels Revenu primaire : issu de la participation directe à des processus de production auquel on ajoute les revenus de la propriété. Revenu de la propriété : issu de la propriété d’un actif financier ou actif corporel non produit en échange de sa mise à disposition d’une autre unité institutionnelle. Revenu disponible : résulte de la répartition de la VA, de la distribution des revenus de la propriété et des opérations de redistribution. Ne prend pas en compte les services non marchands des administrations publiques. Ajusté : augmentation des transferts sociaux en nature, contrepartie des consommations individualisables incluses dans les dépenses des administrations publiques et des ISBLSM. L’épargne (brute) : Revenu disponible – dépense de consommation OU Revenu disponible brut ajusté – consommation effective. Exemple de sujet : Intérêts et limites de la comptabilité nationale comme représentation de l’économie (ESCP – EAP 2006) Plan : permet les politiques économiques, donne des outils empiriques, comparaison empirique, mais c’est une représentation macroéconomique. CHAPITRE I : LES GRANDES FONCTIONS ECONOMIQUES Page 3 I) LA PRODUCTION 1) La mesure de la production a) Le PIB : définition, calcul, limites PIB : Agrégat représentant le résultat final de l’activité de production des unités résidentes. OU OU Aujourd’hui, il est de 2000 milliards d’euros en France. Limites du PIB : Mesure-t-il bien la richesse crée ? (tempête de 1998, épuisement des ressources, embouteillages…) Externalités négatives Appréhende-t-il correctement la croissance à long terme ? Le PIB est-il un bon indicateur de bien-être ? o Il ne mesure pas l’économie informelle (légale ou non) : familiale, bénévolat, économie souterraine o Il peut être surévalué : gaspillage de ressources (ex : embouteillages) o Le développement durable : un PIB élevé aujourd’hui entrave la capacité d’avoir un PIB élevé demain. Malgré ses limites, le PIB demeure néanmoins le meilleur indicateur du niveau de la production. Kennedy : « Le PIB mesure à peu près tout sauf ce qui rend la vie digne d’être vécue. » b) Evolution du PIB depuis 1945 : l’exemple de la France CHAPITRE I : LES GRANDES FONCTIONS ECONOMIQUES Page 4 10 8 6 4 Taux de croissance du PIB (annuel, en volume) 2 2008 2006 2004 2002 2000 1998 1996 1994 1992 1990 1988 1986 1984 1982 1980 1978 1976 1974 1972 1970 1968 1966 1964 1962 1960 1958 1956 1954 1952 1950 0 -2 2) Facteurs de production, productivité, fonctions de production Expliquer la production, c’est expliquer la croissance, qui est un phénomène quantifiable sur le long terme. Facteur de production = Capital + Travail (+ P.T) Analyse qualitative, contexte sans contraintes de débouchés Soit : Fonction de production qui relie les facteurs de production et qui détermine le nombre maximum de biens et services que l’on peut produire à partir de ces facteurs. Production potentielle : économie sans contraintes de débouchés, conduite par l’offre. Le taux d’utilisation des capacités de production est à 100%. On peut déterminer f(K ;L) empiriquement : quand le stock de travail augmente de 10%, alors le stock de production augmente de 0,3 points ; ou théoriquement avec des hypothèses. Fonction Cobb-Douglas : a>0 α>0 β>0 Productivité moyenne du travail et du capital : CHAPITRE I : LES GRANDES FONCTIONS ECONOMIQUES Page 5 Ceteris Paribus ( K = 0…) : toute chose est bonne par ailleurs Y L PmL 1000 10 1100 12 = +50 1200 13 = +100 Rendement d’échelle : mesure l’effet sur la production de l’augmentation dans les mêmes proportions de tous les facteurs de production. Ces rendements peuvent être croissants, décroissants ou constants. x2 Ceteris Paribus x2 Si Si Si alors ↗ alors → alors ↘ Pour une Cobb Douglas, les rendements d’échelle sont : Croissants ssi Constants ssi Décroissants ssi Intensité capitalistique : Coefficient de capital : Substituabilité des facteurs ou complémentarité des facteurs : Problèmes techniques Chômage a = nombre d’unités de capital nécessaire pour produire une unité de bien b = nombre d’unités de travail nécessaire pour produire une unité de bien CHAPITRE I : LES GRANDES FONCTIONS ECONOMIQUES Page 6 Exemple : Si II) K=10 et L=4 CONSOMMATION ET EPARGNE 1) Le niveau de la consommation et de l’épargne a) Le revenu courant : la fonction de consommation keynésienne C = consommation, c = propension marginale à consommer, Y = production ou revenu, Co = consommation incompressible. On peut représenter le niveau de la consommation comme étant le revenu courant. Selon Keynes, on peut s’en contenter comme facteur explicatif pour une représentation simplifiée de l’économie. A chaque variation du revenu, il y a une variation de la consommation. C 0<c<1 Co > 0 Y Supplément de consommation occasionné par un supplément de revenu Pour Keynes, la PmC est constante. Exemple : : en moyenne, les ménages consacrent 90% de leur revenu à la consommation, le reste à l’épargne (1-PMC) soit 10%. Chez Keynes, la PMC est décroissante en fonction du revenu. Chez Keynes, b) Contradictions empiriques CHAPITRE I : LES GRANDES FONCTIONS ECONOMIQUES Page 7 Kuznets a observé empiriquement que la fonction de consommation serait plutôt linéaire et non affine comme l’affirme Keynes. Pour Kuznets L’analyse de Keynes s’effectue dans les années 30 et c’est une analyse de CT, tandis que l’analyse de Kuznets s’effectue dans les années 40 et c’est une analyse de LT, d’où la différence. Mais peut-être que l’agrégation des fonctions de consommation donnerait sur le long terme la fonction de Kuznets. Duesenberry et Brown introduisent une nouvelle variable qui est celle de l’influence du revenu passé, d’habitude de consommation i.e. que la fonction de consommation à une année t va dépendre du revenu de l’année en t-1 et t A long terme, le revenu coïncide avec le revenu le plus élevé dans le passé. On vit mieux aujourd’hui que les plus riches des années 60. (Effet de cliquet élaboré dans les années 60). En revanche, à CT, on a de fortes chances de se retrouver dans le cas supposé de Keynes. c) La prise en compte du futur : du revenu courant à la richesse L’arbitrage présent/futur et taux d’intérêt Fisher, au début du XXème siècle, introduit la prise en compte du futur : c’est le futur qui entre en jeu, l’épargne n’apparaît plus comme un reliquat comme chez Keynes. L’individu fait un arbitrage présent/futur : consommer aujourd’hui ou épargner pour consommer plus demain. Expliquer le niveau de consommation, c’est expliquer l’arbitrage que va effectuer un individu Contrainte budgétaire inter temporelle Consommation Epargner puis consommer Avec le taux d’intérêt : Ou contrainte budgétaire inter temporelle CHAPITRE I : LES GRANDES FONCTIONS ECONOMIQUES Page 8 épargnant/emprunteur Emprunteur Capitalisation : ici i = 0,1 Années Capital t 1000 t+1 1100 t+n 1000(1+i)n t+1 t+n Actualisation : ici i = 0,1 Années t Capital 1000 Capital 1000 Contrainte budgétaire inter temporelle : Valeur actuelle de la consommation = valeur actuelle du revenu, soit : ↘ Et ↗ Effet de Substitution ↗ Effet total : ↗ , ↗ Et ↗ Effet de Revenu L’hypothèse du cycle de vie Arbitrage inter temporel par Brumberg, Modigliani (1954) et Ando (1963). CHAPITRE I : LES GRANDES FONCTIONS ECONOMIQUES Page 9 Les ménages déterminent leur plan de consommation sur l’ensemble du cycle de vie. Ils ont une idée relativement précise de l’évolution de leur revenu tout au long de leur vie. Ils ont un profil stable de consommation i.e. qu’ils consomment ± la même chose. Y C Temps S Emprunt contracté jeune Remboursement puis capitalisation On puise dans le capital crée dans l’âge adulte Limites : l’horizon est fini mais on va jusqu’à la date de la mort Ce modèle sous entend une relation entre le taux d’épargne et l’âge de la population, jeune ou vieillissante. L’analyse de Friedman : le revenu permanent (1957) Elle repose sur les mêmes idées qu’Ando et Modigliani, mais ce n’est pas seulement sur un cycle de vie, mais sur un horizon infini. Les ménages déterminent leur consommation sur les revenus qu’ils anticipent sur un horizon infini. Conséquence : la consommation ne dépend pas du revenu courant mais du revenu permanant. ↗taux d’épargne ↘taux d’épargne CHAPITRE I : LES GRANDES FONCTIONS ECONOMIQUES Page 10 Dans les périodes d’extensions, le taux d’épargne Dans les périodes de récession, le taux d’épargne diminue. est censé augmenter. Friedman veut détruire la théorie keynésienne : la relation consommation – revenu courant est instable. Limites : L’idée qu’on puisse anticiper à si long terme. L’horizon est infini. D’autres facteurs qui peuvent influencer la richesse Ils complètent les analyses de Friedman et Modigliani. L’inflation explique souvent l’arbitrage épargne/consommation : L’inflation favorise l’épargne par effet d’encaisses réelles (Pigou). Les ménages consacrent toujours une certaine partie de leur revenu à la consommation mais cette partie doit toujours avoir la même valeur réelle. Avec M = encaisse nominale et P = niveau général des prix. Les individus épargnent pour garder leur pouvoir d’achat. Une augmentation des prix entraine une augmentation du taux d’épargne. L’inflation favorise la consommation par effet de fuite devant la monnaie. Les ménages anticipent les dépenses de consommation pour éviter l’inflation, c'est-àdire qu’on va acheter aujourd’hui ce qui sera plus cher demain. Le rôle de la sphère financière peut influencer la consommation par effet de richesse. On suppose que les ménages désirent conserver constante la valeur réelle de leur patrimoine (= richesse). Tout événement qui va influer la valeur réelle de leur patrimoine va influencer l’épargne de cette façon : ↘ Patrimoine ↗épargne pour le conserver ↗ Patrimoine ↘épargne Les enjeux de ce mécanisme sont importants : krach boursier↗ épargne donc ↘ consommation ralentissement de l’activité économique ↗Chômage possible ↘consommation etc. Le rôle de la politique fiscale : la thèse de l’équivalence ricardienne n’a pas pour objectif premier d’expliquer l’épargne et la consommation. Elle remet en cause l’efficacité des politiques de relance. Cette thèse est due à Barro (1974) : une politique fiscale de relance (telle que la baisse des impôts) sera inefficace car la hausse de la consommation attendue n’aura pas lieu : toute baisse d’impôts crée un déficit budgétaire, que l’Etat va devoir financer en empruntant, donc il y a une hausse de la dette publique, or cette hausse va être considérée par les ménages comme amenant des impôts futurs (car il faudra rembourser la dette), ils vont dès aujourd'hui épargner dans le but de pouvoir faire face dans le futur à CHAPITRE I : LES GRANDES FONCTIONS ECONOMIQUES Page 11 l’augmentation des impôts anticipés, donc la relance n’a pas d’effet sur le PIB. La date supposée d’augmentation des impôts est indifférente pour les ménages. d) Faut-il épargner ou consommer pour favoriser la croissance économique ? La consommation soutient la demande donc l’activité économique. Cela est vrai à CT, lorsque l’économie est contrainte par la demande. L’épargne est une offre de capital qui favorise l’investissement, c’est une capacité de production supplémentaire. A LT, la croissance dépend des évolutions de l’offre. 2) La structure de la consommation a) L’analyse microéconomique du choix du consommateur Homo oeconomicus : agent économique rationnel qui a des objectifs bien déterminés et qui met en œuvre les outils pour y parvenir. Préférences, préordre complet, fonctions d’utilité L’individu est capable d’associer le niveau de bien-être qu’il va tirer de chaque panier de consommation (approche psychologique). On essaye de mesurer son « taux de satisfaction ». Pour cela, il faut classer ses préférences par le biais de classement de paniers de consommation puis passage au nombre (approche préférentielle). Quantité de bien i contenue dans le panier x X= ensemble des paniers de biens possible (1, 5) (2, 3) Le panier (1, 5) est préféré au sens large au panier (2, 3) Préordre complet Hypothèse 1 : la relation de préférence est un préordre complet i.e. elle est transitive elle est complète May en 1954 a montré que les choix peuvent être intransitifs. Préférences Définition : Soient x et y deux paniers quelconques. une relation de préférence stricte est notée > et est définie par une relation d’indifférence est notée et est définie par CHAPITRE I : LES GRANDES FONCTIONS ECONOMIQUES Page 12 Fonctions d’utilité Définition : une fonction d’utilité notée u est définie sur X à valeurs réelles, telle que : . représente la relation de préférence notée , elle ne sert qu’à classer les paniers de biens en fonction des préférences du consommateur. Résultat 1 : Soit une relation de préférence notée . Si cette relation constitue un préordre complet alors il existe une fonction d’utilité qui représente cette relation. Cette fonction d’utilité est définie à une transformation affine croissante près. Transformation monotone croissance : dans . , f : une fonction monotone croissance définie sur Fonction d’utilité ordinale : Une fonction qui représente les préférences à une transformation monotone croissante près. Soit f une fonction de dans monotone croissante. Soit u une fonction d’utilité ordinale représentant les préférences du consommateur. Toute fonction représente les préférences du consommateur. Fonction d’utilité cardinale : Une fonction qui représente les préférences à une transformation affine croissante près. Les préférences révélées Samuelson (1938) et Houthakker (1950) ont cherché à savoir si ces choix étaient faits comme si le consommateur avait fait des préférences rationnelles. U Préférences Choix Choix R, P ? Préférences Théorie des préférences révélées Monotonie, convexité des préférences et taux marginal de substitution Définition : Soient deux paniers et pour au moins un i. Les préférences sont monotones ssi et tels que (hypothèse de non satiété) Hypothèse 2 : Les préférences du consommateur sont monotones. Définition : Soient deux paniers quelconque. Soit Les préférences sont convexes si : Exemple : Hypothèse 3 : Les préférences du consommateur sont convexes. CHAPITRE I : LES GRANDES FONCTIONS ECONOMIQUES Page 13 Les courbes d’indifférences Définition : Les courbes d’indifférences relient dans le plan où , l’ensemble des paniers indifférents entre-eux. Résultat 2 : Si les préférences sont monotones, alors La fonction d’utilité représentant ces préférences est croissante. Les courbes d’indifférences sont décroissantes. Résultat 3 : Si les préférences sont convexes, alors La fonction d’utilité représentant ces préférences est concave Les courbes d’indifférences sont convexes. U(xi) U(2) U(1) 1 2 15 16 CHAPITRE I : LES GRANDES FONCTIONS ECONOMIQUES Page 14 x’’’ x’’ x’ x Définition : Le taux marginal de substitution du bien 1 au 2 mesure le supplément de bien 2 nécessaire pour compenser une diminution d’une unité de la quantité détenue du bien 1. Elle est notée : Remarque : U Courbe d’indifference Choix préodre complet Monotonie croissante decroissante Convexes concaves convexes L’équilibre du consommateur revenu du consommateur, en réalité la part du budget consacrée à la consommation prix La contrainte budgétaire : le consommateur va dépenser ce qui est égal à son budget Programme du consommateur : recherche du panier x qui maximise l’utilité sous la contrainte budgétaire CHAPITRE I : LES GRANDES FONCTIONS ECONOMIQUES Page 15 avec n=2 Remarque : A l’optimum Pour obtenir on résout le système des deux équations (1) et (2) On sait que Cas particulier : optima en coin CHAPITRE I : LES GRANDES FONCTIONS ECONOMIQUES Page 16 Lorsque la résolution du programme conduit à ); , l’optimum de consommation est ) Les fonctions de demande 1) représente les préférences 2) L’équation de la courbe d’indifférence correspond au niveau d’utilité est donné par : 3) 4) Déterminer la fonction de demande pour et pour et pour un revenu R quelconque (1) On sait qu’à l’optimum ou (2) dans (1) donne : De meme, (3) dans (1) donne : Les effets des variations de revenu CHAPITRE I : LES GRANDES FONCTIONS ECONOMIQUES Page 17 0 RR’ avec R’>R Courbe de consommation-revenu ou chemin d’expansion du revenu ↗ Bien de 1ère nécessité (bien normal) Bien de luxe, ↗ plus que proportionnelle Si ↗R Bien dit inferieur R Courbe d’Engel qui relie un produit particulier à l’ensemble des optima. Les effets des variations du prix d’un bien CHAPITRE I : LES GRANDES FONCTIONS ECONOMIQUES Page 18 ↘ ,↗ effet de substitution ↗ Effet total ↘ ,↘ effet de revenu ↘ (Cas où les deux biens sont normaux) ↘ ,↗ ↗ ↗ (Si le bien 1 est dit inférieur, pain par ex) Cas particulier : Bien inferieur + effet revenu > effet de substitution ↗ Effet Giffen 5) Supposons que le revenu du consommateur soit R=20 et que le prix du bien 1 passe de 2 à 3 i.e. a) Calculer les optima du consommateur avant et après augmentation du prix. b) Déterminer l’effet de substitution et de revenu. Avec et CHAPITRE I : LES GRANDES FONCTIONS ECONOMIQUES Page 19 a) et et b) (6) dans (7) donne : d’où Effet de substitution : Effet de revenu : Les élasticités Elasticité : mesure de la sensibilité de la demande du consommateur aux évolutions des prix ou du revenu Elasticité-revenu : ↗R de 1% ↗ de 0,25% Bien normaux Bien inferieur Bien de 1ere nécessite 0 ↗R= i Bien dit de Luxe 1 ↘R=↗ i CHAPITRE I : LES GRANDES FONCTIONS ECONOMIQUES Page 20 Elasticité-prix directe : Ex: Elasticité-prix croisée : Indépendance Complémentarité Substituabilité (brut i.e. sans les effets de revenus) 0 b) Les lois d’Engel Ce sont des lois empiriques qui semblent dire que tous les consommateurs se comportent de la même façon. Engel mène une enquête en 1857 des ménages, et refait la même en 1895 (40 ans plus tard). Il suit une génération. Il repère 4 lois : Plus le revenu est élevé, plus la part des dépenses de la consommation de biens alimentaires est faible. Le coefficient budgétaire du poste vêtement est stable La même stabilité est observée pour le poste logement, combustibles et éclairages Hausse de la part des dépenses diverses constituées de l’hygiène, santé, distraction, transports. 3) Phénomènes institutionnels et sociaux CHAPITRE I : LES GRANDES FONCTIONS ECONOMIQUES Page 21 a) La thèse de la filière inversée de J.K. Galbraith On retrouve cette thèse dans « Le nouvel Etat industriel » de Galbraith (1967) Il décrit le comportement de consommation durant les Trente Glorieuses. Le choix offert aux consommateurs est relativement faible car : Il y a un faible nombre d’offreurs : développement des grandes entreprises, structure de marchés oligopolistiques. L’influence du marketing pousse le consommateur vers un type unique de consommation à grand renfort de publicité et marketing, les quelques offreurs vont n’offrir qu’un nombre restreint de biens. C’est pourquoi Galbraith parle de filière inversée : pas de situation néo-classique où c’est le consommateur qui va orienter la structure du marché. Ce sont les entreprises qui décident et imposent leurs produits au consommateur. L’essentiel de la consommation concerne des biens qui ne correspondent pas aux besoins primaires. Les grandes entreprises décident de quels types de biens les consommateurs vont consommer et les poussent à consommer Dans la théorie néo-classique, le consommateur a des préférences qui vont se traduire par des choix (selon la contrainte budgétaire). Thèse du consommateur roi : c’est le consommateur qui décide de ce qui va être produit, déterminé par les goûts du consommateur. Lorsque l’offre augmente, la demande suit. Consommateur roi = théorie néoclassique Loi de Say = théorie néo-classique vs vs Filière inversée (Galbraith) Contrainte de débouchés (Keynes) Consumérisme : les consommateurs essayent de réagir face à cette toute puissance des entreprises, ils forment un groupe de pression : le mouvement consumériste. Les consommateurs s’organisent pour exiger des entreprises leur fournissent toutes les informations nécessaires pour qu’ils puissent faire leurs choix. Cela s’est traduit par l’étiquetage des produits et l’affichage des prix, la composition des produits… (Ex : Ralph Nader) b) Revenu relatif, effet de démonstration, effet d’imitation Théorie du revenu relatif de Duesenberry. Il constate empiriquement que le niveau d’une classe de revenu est influencé par l’étendu des revenus de l’ensemble de la population. Pour lui, l’effet cliquet a également un effet d’imitation, on consomme comme ceux qui appartienne à notre classe consomme (« Vous imitez votre passé ») Veblen (1899) « Théorie de la classe de loisirs » est très critique par rapport à la théorie néoclassique. Il critique la théorie du choix du consommateur, il met en avant le côté ostentatoire de la consommation. « Pour s’attirer et conserver l’estime des hommes il ne suffit pas de posséder richesses ou pouvoirs, il faut encore les mettre en évidence », d’où cette aphorisme « Ce qui n’est pas cher ne vaut rien ». La consommation ne serait donc pas rationnelle mais ostentatoire et ne remplirait qu’une fonction sociale de prestige. CHAPITRE I : LES GRANDES FONCTIONS ECONOMIQUES Page 22 c) Culture de classe et habitus Les individus ne font plus de choix, on parle de déterminisme total (Bourdieu et Halbwachs) Halbwachs « La classe ouvrière et les niveaux de vie » (1913) : c’est une sociologie durkheimienne. Il observe que les ouvriers dépensent plus pour l’alimentation et moins pour le logement que les employés. Cela montre les limites des interprétations des lois d’Engel. La structure de consommation dépend des habitudes et des représentations sociales, qui dans tel ou tel groupe social, s’attachent aux consommations. C’est un phénomène purement social voire culturel : c’est dans les habitudes du groupe social ouvrier de consacrer une partie de leur revenu à l’alimentaire. Chombard de Lauwe « Recherche sur les comportements sociaux de consommation » (1956) : il mène une enquête entre 1948 et 1953 qui porte sur les travailleurs manuels de la région parisienne. C’est une des premières enquêtes à avoir fait évoluer la méthode sociologique car on s’appuie sur une méthode qualitative. Il met en évidence que la consommation d’alcool chez les ouvriers a une place plus importante que chez les autres catégories sociales. Cette consommation a une fonction sociale, car elle a lieu après le travail, et elle renforce la cohésion au sein du groupe. Bourdieu s’intéresse à la signification de la consommation. Habitus : ensemble des dispositions à agir, penser, percevoir, sentir, d’une manière déterminée Socialisation : ensemble des mécanismes par lesquels les individus font l’apprentissage des rapports sociaux entre les hommes et assimilent les normes, valeurs, croyances d’une société ou d’une collectivité. d) Moyennisation ou différenciation des comportements de consommation ? Cette question concerne les pays émergeants et les pays développés après la 2nde GM, mais la question se pose déjà à la fin du XVIIIème siècle. Arguments en faveur de la moyennisation : Hausse du niveau de vie (lois d’Engel) Baisse des prix, grâce aux progrès technique Etat-Providence (réduction des inégalités et ↗consommation collective) Production de masse d’un même produit possible grâce aux oligopoles Néanmoins, les clivages en termes de consommation persistent. Arguments contre la moyennisation : Les consommations restent spécifiques aux groupes sociaux Les inégalités, en particulier de revenus, existent encore, voire ressurgissent dans quelques pays développées Les classes sociales n’ont pas tout à fait disparues CHAPITRE I : LES GRANDES FONCTIONS ECONOMIQUES Page 23 4) Niveau et structure : l’exemple de la France depuis 1945 On peut opposer 2 périodes : celle des Trente Glorieuses (5% pour la consommation), puis l’après Trente Glorieuses (2% pour la consommation). Pendant les Trente Glorieuses : développement de consommation des produits standardisés. Augmentation du taux d’épargne, le revenu disponible augmente donc la consommation augmente. Après Trente Glorieuses : baisse du revenu car inflation et baisse de la consommation. En 1985 : reprise conjoncturelle, moins d’épargne En 1990 : Paradoxe de l’épargne : contrairement à ce qu’on observe, sens inverse entre revenu et épargne. Le revenu baisse alors que l’épargne continue à augmenter. L’inflation continue à ralentir. Certes, les taux d’intérêts restent élevés, mais ce n’est pas nouveau et il y a une décrue des taux d’intérêts. Explication : il y a une chute de la confiance des ménages et des entreprises. Le chômage est particulièrement élevé (12%). L’alimentation représentait 1/3 en 1960, elle représente 12% aujourd'hui. Equipement du logement : baisse du aux évolutions des prix relatifs (PT, mondialisation) Les prix relatifs ont baissé ce qui explique la baisse du coefficient. Est-ce que le revenu et prix relatifs suffisent pour expliquer la structure de la consommation ? - - Les lois d’Engel ne suffisent pas pour expliquer la structure de la consommation Il y a des facteurs sociaux-culturels : mutations dans la société de la consommation on constate l’épuisement de la société de consommation de produits standardisés des Trente Glorieuses. Affaiblissement des classes sociales : baisse de la part des ouvriers dans la population active, sentiment d’appartenance à une classe sociale particulière On voit se développer d’autres références qui vont constituer des points de repère. Ex : mouvement qui constituent des sous-cultures, musique notamment. Thème alimentaire : « vache folle », « grippe aviaire » on consomme moins ou plus du tout de ces produits. Comportement de focalisation en matière de consommation. CHAPITRE I : LES GRANDES FONCTIONS ECONOMIQUES Page 24 - III) Phénomène de plus en plus important (Ex : commerce équitable + commerce vert on se soucie de plus en plus de l’environnement) Au niveau social, cela permet de différencier les groupes. La consommation permet de créer une différenciation des groupes La question des différenciations nationales voire régionales : types de consommation spécifiques. L’INVESTISSEMENT 1) Formes de l’investissement et sources de financement a) Les formes de l’investissement Investissement matériel immatériel (la FBCF mesure très mal l’investissement immatériel) On n’inclut pas dans la FBCF la R&D et la formation du personnel. L’objectif de l’investissement est de relancer l’économie. L’investissement net = investissement brut – investissement de remplacement Formation nette de capital fixe = FBCF – consommation de capital fixe L’investissement de capacité productivité Accroître les capacités de production productivité (économise le travail, incorpore du PT) b) Les sources de financement des investissements des entreprises Financement interne Financement externe Autofinancement Direct (marché financier i.e. par le biais d’action ou d’obligation) Indirect (crédit via la création monétaire des banques de 2nd rang) 2) Les déterminants de l’investissement des entreprises a) Le rôle de la demande Il y a deux types de déterminants : La demande constatée La demande constatée est le fait que si la demande augmente à l’instant t, les entreprises vont investir à t+1 dans le but de répondre à cette demande, et cela : Si le taux d’utilisation de capacité de production est à 100% Si les entrepreneurs cherchent toujours à répondre à la demande Si le coefficient de capital est fixe CHAPITRE I : LES GRANDES FONCTIONS ECONOMIQUES Page 25 Pas d’ajustement par les prix mais par les quantités S’il y a absence de stock Question du coût On suppose que les marchés ne soient pas en situation de monopole ou oligopole sinon l’ajustement se fera par les prix. Le principe de l’accélérateur : Dans une économie guidée par la demande é Ce principe d’accélérateur par Aftalion (1912) est repris et popularisé par Keynes. La demande anticipée L’investissement engage l’entreprise sur plusieurs périodes, elles anticipent une demande forte. Chez Keynes, l’investissement augmente lorsque l’efficacité marginale du capital est supérieure au taux d’intérêt i.e. lorsque l’investissement va engendrer un bénéfice supplémentaire et non le diminuer compte tenu de la demande anticipée attendue par les entreprises. Efficacité marginale du capital : rendement escompté de l’investissement compte tenu de la demande anticipée par les entrepreneurs. Recettes futures incertaines. La demande anticipée est un phénomène social collectif. L’investissement peut être relancé si on baisse les taux d’intérêts. b) Les coûts de production La contrainte de débouché n’est pas considère comme déterminante dans le choix des entrepreneurs. Pour maximiser son profit, il faut faire baisser les coûts totaux. Ainsi une entreprise va chercher à baisser les coûts du capital et du travail. Les coûts du capital et son niveau dépendent des taux d’intérêts et celui du travail de la masse salariale. Les effets de variation des salaires sur l’investissement sont difficiles à appréhender. Plus la masse salariale est importante, plus l’augmentation des salaires va engendrer des effets coûts importants. Rentre en compte la fiscalité, les consommations intermédiaires (énergie, matières premières…). c) La profitabilité et les contraintes de financement Marchés de capitaux = marché d’actions et d’obligations Ratio q et profitabilité (financement externe direct) Quand une entreprise lève des capitaux sur le marché, elle transfère une partie du pouvoir aux acquéreurs des actions. Le risque est de perdre la propriété de l’entreprise mais c’est le mode de financement le moins coûteux possible. CHAPITRE I : LES GRANDES FONCTIONS ECONOMIQUES Page 26 Quelle est l’influence que peut avoir l’évolution des marchés d’actions sur l’investissement des entreprises ? Lorsque les cours des actions augmentent, cela facilite les émissions d’action nouvelles, donc leur financement. Mais pour les entreprises, elles peuvent elles-mêmes acheter des actions (arbitrage) : le lieu entre le marché financier et investissement va être un peu différent, les conséquences moins optimistes. Keynes « Il serait absurde en effet de créer une entreprise nouvelle à un certain coût si on peut acquérir une entreprise identique à un prix moindre. » Pour Tobin Si ↗q ↗I Sinon ↘q ↘I La demande anticipée continue de jouer un rôle primordial ici car c’est une composante de l’efficacité marginale du capital. Selon Tobin et Keynes, quand les marchés financiers sont prédominants dans une économie, la fluctuation de ces derniers va être plus importante pour déterminer le niveau de l’investissement que le niveau de la demande anticipée. Malinvaud (1983) va mettre l’accent sur la rentabilité de l’offre. Pour un entrepreneur qui souhaite maximiser son profit, ce n’est pas le taux de marge mais le taux de profit qui doit être le critère de décision d’investir. Une entreprise ne prendra la décision d’investir seulement si cela lui est plus profitable que de faire un placement financier. Ainsi, avant d’investir, elle doit faire attention à la profitabilité de l’investissement qu’elle envisage, , avec r le rendement moyen d'un placement financier. Si la profitabilité est négative alors il est plus sage de placer son capital car il croîtra plus. Les déterminants de l’investissement sont donc : Le taux d’intérêt Le rendement sur le marché d’actions Le profit La demande anticipée Financement externe indirect Les entreprises sont incités à s’endetter si la rentabilité économique > taux d’intérêt réel : la rentabilité financière est d’autant plus élevée que le taux d’endettement fort. Effet de levier. Les entreprises sont incités à se désendetter si la rentabilité économique < taux d’intérêt réel : la rentabilité financière est d’autant plus faible que le taux d’endettement est fort. Effet de massue/ de boomrang. L’acquisition de capital non financier est financée par les fonds propres et les dettes financières. Ainsi . On définit la rentabilité économique comme étant la rentabilité de tout le capital investi quelque soit sa provenance CHAPITRE I : LES GRANDES FONCTIONS ECONOMIQUES Page 27 ; La rentabilité financière intéresse plus les actionnaires, il se calcule ainsi : Financement interne On s’intéresse au rôle du profit qui permet l’investissement, via l’autofinancement. En effet, plus le taux de profit est élevé, plus il permet de dégager de l’autofinancement (contexte sans contraintes de débouchés). La part de la richesse crée qui revient à l’entreprise (taux de marge ) est-elle importante ? Les différentes contraintes de financement jouent un rôle sur l’investissement, forcément lié à une situation où il n’y a pas de concurrence pure et parfaite. Théorème de Modigliani-Miller: (1958) la structure financière d’une entreprise est sans effet sur l’investissement dans un contexte de CPP. Quelque soit la manière dont elle finance l’investissement, cela n’a aucune influence sur le niveau de l’investissement. 3) Epargne, investissement, activité économique et croissance économique. Est-ce l’épargne ou l’investissement qui est favorable à l’activité économique ? Epargne = production – consommation A l’échelle macroéconomique : L’épargne est favorable au PIB car c’est une offre de capital, donc le capital augmente ce qui permet l’investissement. Mais c’est une thésaurisation car elle n’alimente rien. ↗S avec 4) L’exemple de la France depuis 1945 Trois périodes sont à distinguer : -Les Trente Glorieuses (1945-1970) : taux d’investissement > 20% CHAPITRE I : LES GRANDES FONCTIONS ECONOMIQUES Page 28 - 1970-1985 : climat défavorable pour l’investissement du aux chocs pétroliers - 1985 - ???? : reprise cyclique de l’investissement - L’investissement croît à un rythme élevé pour atteindre un taux d’investissement > à 20% à la fin des Trente Glorieuses du à une forte demande tout au long de la période, mais également aux forts investissements de l’Etat, effet accélérateur, volonté d’oublier la guerre et ses privations : consommation de masse, le financement est facile car le taux d’intérêt (réel) est bas dû au politique monétaire d’inspiration keynésienne rentabilité économique élevée (taux de marge 30% à la fin des Trente Glorieuses). En France, le financement va passer exclusivement par le crédit bancaire, car l’autofinancement est faible et le marché des capitaux peu développé. L’augmentation des salaires explique l’augmentation forte de la demande, ce qui renforce l’effet d’accélérateur et le climat optimiste. Grâce à l’accélérateur qui favorise l’offre (effet d’offre et de demande), il y a une hausse du revenu des ménages cercle vertueux. - Chute du taux d’investissement (il passe de 20% à 15%) qui s’entame après le choc pétrolier. En tendance, le taux d’investissement est en forte diminution. C’est une période de crise, donc l’effet d’accélérateur se produit à l’envers, il y a un ralentissement de l’activité économique qui se traduit par une baisse de l’investissement. Néanmoins jusqu'à un certain temps, le climat des affaires reste optimiste, reste l’illusion des Trente Glorieuses. Les effets demande jouent un rôle secondaire sur l’offre durant cette illusion. La chute du taux d’investissement est très en phase avec la chute du taux de marge. Le partage de la VA devient défavorable aux entreprises vers les années 70 car le salaire des employés est revalorisé de 14% (obligatoire), il y a une forte inflation (10%), ajustement des salaires indépendamment de la VA. C’est une volonté politique économique (domine encore les idées keynésiennes, où en période de crise, il ne faut pas arrêter d’augmenter les salaires.) Les syndicats ont aussi un poids important. Enfin, l’augmentation des prix de consommations intermédiaires et le choc pétrolier jouent un rôle sur la chute de la rentabilité des entreprises. Facteurs financiers : financement bancaire majoritairement. Or, les taux d’intérêts (réels) sont très faibles jusqu’à la fin des années 70 car les taux nominaux restent faibles. La politique monétaire reste souple (politique keynésienne). Cela aurait du favoriser l’investissement, donc c’est un facteur explicatif qui n’intervient pas, mais les entreprises vont massivement s’endetter (taux d’intérêt réel = nominal – inflation, a cette époque le taux d’intérêt réel est négatif) pour financer les dépenses courantes donc il y a un effet de levier très fort. L’endettement aura une influence sur les investissements vers les années 80, mais au début des années 80, le taux nominaux s’envolent, les taux réels atteignent un niveau relativement élevé (effet boomerang qui s’annonce). La chute du taux d’intérêt s’accélère. - C’est une succession de périodes : 1er cycle entre 1984 et 1990 : chute brutale, fin vers 1998. Phase ascendante : reprise conjoncturelle. Au niveau de la politique économique, rigueur + crise du syndicalisme (désindexation des salaires sur les prix), favorable à la rentabilité CHAPITRE I : LES GRANDES FONCTIONS ECONOMIQUES Page 29 économique des entreprises (1986 : contre choc pétrolier, la rentabilité économique des entreprises se redresse car le prix des matières premières diminue). Développement des marchés capitaux qui permet des nouvelles possibilités de financement mutations financière, taux d’intérêt réel de 6% (fort) et amorce de la désinflation qui augmente le taux d’intérêt. Cette reprise est vive mais relativement modeste et courte (le taux d’investissement ne dépasse pas les 20%) Autre facteur : la demande anticipée n’est pas spécialement favorable comparée à la demande constatée. Début des 90’ : le taux d’investissement chute brutalement et profondément. (FBCF -10%), il atteint des niveaux records à la baisse. Le facteur est la demande anticipée, le climat des affaires est déprimé. La rentabilité économique reste forte et les taux d’intérêts restent élevés. Les entreprises continuent à chercher à se désendetter, il y a un effort d’épargne de la part des entreprises. Le taux d’autofinancement est alors supérieur à 100% dans les années 90. La France dégage des excédents en termes de balance commercial atonie d’investissements. Fin des 90’ – 2002 : ce cycle coïncide avec la bulle internet : les entreprises qui sont crées et vers lesquelles les capitaux affluent. Incitations fortes à l’investissement puisque tout et n’importe quoi se finance. Le développement des marchés de capitaux permet de stimuler directement l’investissement. Orientation favorable de la demande. Les taux d’intérêts réels ne dépassent pas 4% (phénomène de décrue lente). Le taux d’autofinancement amorce son retournement, on passe en dessous des 100%, décrue qui se poursuit jusqu'à aujourd'hui. Le taux de marge est très élevé. La baisse du taux d’autofinancement est un signe d’endettement des entreprises pour investir. Depuis 1998, le taux d’épargne des entreprises décroît car le pouvoir de négociation des actionnaires s’est renforcé, donc n’alimente pas l’épargne. Cela peut, à terme, avoir des conséquences négatives sur l’investissement. IV) REPARTITION ET INEGALITES 1) Répartition primaire et redistribution a) Définitions La redistribution est-elle légitime ou non ? Quels sont les mécanismes qui aboutissent à la répartition lorsque l’Etat n’intervient pas ? Répartition primaire : est issue de la participation à l’activité productive. Redistribution de revenu : est liée à la décision de l’Etat visant à corriger la répartition primaire. Il y a autant de type de distribution que de façon de découper la société. Il y a aussi la redistribution verticale et horizontale. b) Comment expliquer la formation des revenus primaires ? CHAPITRE I : LES GRANDES FONCTIONS ECONOMIQUES Page 30 La rémunération à la productivité marginale : certains sont plus productifs que d’autres, cela explique les écarts de revenus (théorie néo-classique). Ils sont rémunérés à un niveau de production. Cela suppose une situation de CPP. C’est le marché qui pousse à une telle rémunération Le rôle des négociations dans la formation des salaires Fixé à partir de négociations collectives (rapport de force entre syndicats de salariés et patronaux)+ rôle de la politique économique (ex : SMIC). C’est une façon de représenter la formation du salaire. L’Etat a un moyen direct d’intervenir dans la répartition primaire. Il est lui-même un employeur Chez les nouveaux keynésiens, la formation des salaires repose sur des négociations individuelles, ressemble à la théorie néo-classique, mais pas de CPP, car l’asymétrie d’information est présente. Les relations offreurs-demandeurs n’impliquent pas une rémunération à la productivité marginale. Le statut ambigu du profit : ne correspond pas au bénéfice dans la comptabilité, et on ne sait pas ce qu’il rémunère. Aujourd'hui, Le problème est qu’on incorpore le coût du capital lui-même. On a du mal d’emblée à reconnaître la légitimité du profit. c) Doit-il y avoir redistribution ? La redistribution cherche à diminuer certaines inégalités (Capital-travail, salaires, actifs-inactifs) La répartition primaire est-elle juste ? Pour les auteurs libéraux, la justice de la répartition est assez largement garantie par le laisser faire. Passe par le respect de la propriété privée, de la concurrence. Si les principes de base du marché sont respectés, alors on considère que la répartition des revenus est juste. On parle donc de justice contributive (théorie néo-classique). Dans un tel cadre (CPP), le profit est nul car les facteurs de production étant rémunérés à leur production marginale et prix du marché, il ne peut pas y avoir d’activités dans lesquelles la rémunération dégagée par cette activité excède la rémunération des facteurs de production. Tendance à l’égalité des prix. Ce modèle est cohérent, néanmoins la répartition est assez disputée. Le problème posé par le chômage involontaire et les imperfections de marché (point de vue Keynésien) : si on s’inscrit dans un cadre néo-classique, la répartition n’est juste que s’il y a CPP. Si on sort de ce cadre, la rémunération est illégitime. Les nouveaux keynésiens vont aller plus loin : le salarié est seul à connaître sa productivité, cela pousse le patron à le payer plus. Chez Keynes, le problème posé est la question du chômage, c’est l’injustice qui découle du chômage : il y a des individus qui souhaiteraient contribuer à l’activité économique mais c’est la défaillance du marché qui les en empêche. Liberté de choix ou rapports de domination (Marx) : le fait qu’on puisse accéder à une répartition juste est lié à l’activité économique. Les individus sont libre de contribuer à la production ou non, mais possible que si l’économie fonctionne CHAPITRE I : LES GRANDES FONCTIONS ECONOMIQUES Page 31 parfaitement. Dans l’analyse marxiste, la liberté des individus à la production est une illusion car l’économie capitaliste repose sur des inégalités. Le fondement est qu’on ne peut accumuler des richesses que si on a du capital au départ. Ils peuvent l’accumuler grâce à l’exploitation des prolétaires, qui sont rémunérés au minimum. La redistribution peut-elle alors résoudre ces injustices ? Non, pour les marxistes, il faudrait supprimer le système capitaliste. Quelle redistribution ? Le dilemme équité-efficacité : pour les libéraux, la redistribution se paiera par une inefficacité économique. La seule intervention admissible concerne les règles. De plus, la redistribution n’est pas qu’inutile mais également néfaste (effet désincitatif). Pour certains, aborder la question de la justice sociale est un problème qui implique des valeurs et des choix. Question du choix qui doit être bénéfique de cette redistribution. La question de l’efficacité est toujours mêlée à la redistribution. L’aversion aux inégalités est supérieure en Europe occidentale. Dans certains cas, il n’y a pas d’opposition entre équité-efficacité car les inégalités peuvent être sources d’inefficacité. Les inégalités provoquent des phénomènes d’exclusion. 2) L’exemple de la France depuis 1945 Les grandes tendances qu’on observe sont différentes des autres pays développés. Les inégalités K-L augmentent durant les Trente Glorieuses. Le taux de marge reste élevé, ce qui dénote un partage de la VA plus favorable au K plutôt qu’au L. Malgré l’intervention forte de l’Etat en matière de redistribution, il ne parvient pas à corriger les inégalités issues de la répartition primaire. Alors que dans la plupart des pays développés, les inégalités se réduisent, ce n’est pas le cas en France. Elles se réduisent plus tard de manière continue, alors qu’aux Etats-Unis, les inégalités augmentent depuis les 80’. On explique cela par le fait que malgré la crise de l’Etat-Providence, on voit son effet réducteur d’inégalités se développer. CHAPITRE I : LES GRANDES FONCTIONS ECONOMIQUES Page 32