La sédentarisation des gens du voyage
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La sédentarisation des gens du voyage
La sédentarisationdes gens du voyage : un problèmeà traiter dans le contextede crise du logement La problématique de l’achat de parcelles par les gens du voyage n’a pas de réelles réponses dans le contexte actuel de pénurie de logements. Le prix du foncier francilien étant plus important que celui des départements limitrophes, on peut supposer que le phénomène d’achat de parcelles par les gens du voyage dans le département de l’Oise ne cesse d'’augmenter. Il existe d’ailleurs une réglementation spécifique pour les autorisations d’occuper le sol. En effet, sur des terrains privés ou sur des parcelles individuelles, le stationnement des caravanes constituant l'habitat permanent de leur utilisateur peut être autorisé selon deux conditions : une autorisation, valable trois ans, délivrée pour la caravane nécessaire lorsque le stationnement présente une durée continue de plus de trois mois dans l'année (code de l'urbanisme, art. R. 443-4) ou une autorisation permanente délivrée pour le terrain afin de permettre, en zone constructible l'installation de caravanes, (C. Urba, art. L. 4431). Ces autorisations sont délivrées par le maire ou le préfet. L'une de ces autorisations est nécessaire pour l'habitat " sédentarisé " des gens du voyage comme l'a confirmé la loi du 5 juillet 2000. Le stationnement des caravanes, quelle qu'en soit la durée, peut être interdit dans certaines zones de la commune à la demande ou après avis du Conseil municipal (C. Urba, art. R. 4433). Elle ne s'applique aux caravanes qui constituent l'habitat permanent de leurs utilisateurs, et notamment aux gens du voyage, qu'à condition que la commune soit dotée d'un terrain aménagé pour l'accueil de ces caravanes (C. Urba, art. R. 443-3, 3e alinéa). Le refus d'accueillir des caravanes doit être motivé par des motifs d'intérêt général tels que la salubrité, la sécurité ou la tranquillité publique, la protection des paysages, de l'agriculture ou des milieux naturels ou par les dispositions du PLU ou de la carte communale (C. Urba, art. R. 443-10). Par ailleurs, leur installation n'est pas possible en l'absence de dérogations, dans les sites classés ou inscrits ou à proximité des monuments historiques (C. Urba, art. R. 443-9). En cas d'infraction, les contrevenants s'exposent aux sanctions prévues par les articles L. 480-4 et suivants du code de l'urbanisme, notamment : amende, remise en l'état des lieux. Bibliographie : « Schéma départemental d’accueil des gens du voyage, juillet 2003 « L’habitat saisi par le droit : les virtualités de la loi Besson du 5 juillet 2000 - Le droit au logement des gens du voyage : un droit en trompe l’œil ? », Jacqueline CHARLEMAGNE, Revue Etudes Tsiganes, volume 15 « L’urbanité réconciliée : habitat adapté, terrains familiaux – L’accueil : quels critères de choix ? », Luc MONNIN, Revue Etudes Tsiganes, volume 11 « Le guide du camping-caravaning sur parcelles privées », France POULAIN, Editions Cheminement, mai 2005 « Question/réponse publiée dans le JO Sénat du 09/09/2004 page 2066 » Sites Internet : http:/www.amif.asso.fr http://www.coe.int/T/DG3/RomaTravellers/Default_fr.asp « conseil Directeur de la publication : Alain DE MEYERE Réalisation – impression : DDE de l’Oise Bld Amyot d'Inville BP 317 - 60021 Beauvais Cx ml : dde-oise @equipement.gouv.fr Direction Départementale de l'Equipement de l'Oise de l’Europe – Roms et Gens du voyage » Réalisation Groupe Geovision Service de l’Aménagement, de l’Urbanisme et de l’Environnement France Poulain Cellule Prospective Fabienne Clairville (03 44 06 50 81) ml : [email protected] n°26 - mars 2006 L’achat des parcelles par les gens du voyage Le dispositif d’accueil prévu par la loi Besson du 5 juillet 2000 concerne les gens du voyage itinérants. Cependant, l’évaluation des besoins au titre des schémas départementaux d’accueil des gens du voyage a fait apparaître l'existence de nombreuses familles ayant amorcé un processus de sédentarisation. Des solutions adaptées doivent donc être développées parallèlement à la création des aires d’accueil. Pour répondre aux besoins des gens du voyage qui souhaitent disposer d’un «ancrage territorial» sans pour autant renoncer au voyage une partie de l’année, la circulaire du 17 décembre 2003 sur les terrains familiaux a donc ouvert la possibilité de cofinancer la réalisation de terrains familiaux locatifs par les collectivités locales et par l’Etat. D’ores et déjà, seize départements ont demandé des financements pour créer des terrains familiaux. Malgré le contexte juridique actuel, les acteurs de l’aménagement du territoire s’accordent sur le fait qu’il n’existe pas de solution simple pour répondre aux besoins et aux attentes des gens du voyage. Mais cette quasi absence de réponses ne conduit pas à la non-sédentarisation des gens du voyage. Mais cette quasi-absence de réponses ne conduit pas à la non-sédentarisation des gens du voyage. En effet ces derniers n’attendent bien souvent pas les solutions officielles et achètent par eux-mêmes des terrains peu ou non aménagés et/ou légalement autorisés pour une telle occupation. Cette problématique de la sédentarisation des gens du voyage concerne également le département de l’Oise, puisqu'entre 1300 à 1500 personnes pratique la résidence permanente en caravanes et assimilés (source : l’habitat en caravane et assimilés dans l’Oise – novembre 1999 – DDE de l’Oise – Acadie Reflex). Et face à l’absence de structures officielles de plus en plus de gens du voyage du département achètent effectivement des parcelles dans l’Oise. Répondre aux besoins en habitatdes gens du voyage Qui sont les gens du voyage ? L’Europe compte 8 à 10 millions gens du voyage (selon : « conseil de l’Europe – Roms et Gens du voyage ») et. la France environ 350 000 dont un tiers est sédentarisé. Il existe plusieurs origines : les Tsiganes, d'origine indienne, présents en France depuis le XVème siècle, constituent des communautés ayant des modes de vie et des cultures diverses (Roms, Manouches,Sintès ou Gitans). Les Yéniches sont d'origine européenne. Citoyens français pour la grande majorité, les gens du voyage ont un droit d’accès au logement, au travail, à l'éducation et aux soins de santé. Les itinérants possèdent un carnet ou un livret de circulation mais pas de carte d’identité. De plus, ils sont inscrits dans une commune de rattachement et peuvent exercer leur droit de vote, après trois années de rattachement à cette commune. Ils sont de plus en plus nombreux à avoir un statut d'artisan ou de commerçant. Le voyage est essentiellement conditionné par leur activité économique, et pour les rassemblements familiaux ou religieux. Certaines familles aspirent à plus de stabilité, souvent pour faciliter la scolarisation des enfants et pour accéder aux soins. Entre gens du voyage et sédentaires, la méconnaissance, la méfiance et souvent l'intolérance, engendrent des situations de rejet et de conflit. Des associations proposent des solutions à l'accueil des gens du voyage dans le respect des différences, des droits et devoirs de chacun. Avec la mise en application de la loi du 5 juillet 2000, elles visent à l'amélioration des conditions de vie des gens du voyage par l'accès à des aires de stationnement dignes, respectant leurs modes de vie et celui des sédentaires. Par exemple, l’ASET est une association pour l'Aide à la Scolarisation des Enfants Tsiganes. Le regard des élus Des aires de passage existent et sont utilisées par les non sédentaires. La sédentarisation d’un grand nombre de gens du voyage qui se fixent dans le département n’obéit cependant pas à la même logique juridique. Sur le département de l’Oise, 58 communes sont concernées par la sédentarisation des gens du voyage. 323 familles, soit près de 1 300 personnes sédentarisées ou en voie de sédentarisation, sont recensées sur 85 sites. Ce sont les zones situées le long de la Vallée de l’Oise et de la Vallée du Thérain qui abritent le plus grand nombre de personnes en voie de sédentarisation. Ce sont plus particulièrement les espaces proches de Beauvais et Compiègne qui sont concernés par ce processus de sédentarisation. Le « Schéma départemental d’accueil des gens du voyage » de l’Oise, approuvé le 11 juillet 2003, détermine un nombre de places dans les aires d’accueil et les aires de grand passage à atteindre. Les nombres de places d’accueil les plus importants sont situés à proximité des « grandes villes » de l’Oise. Ainsi, dans les aires d’accueil, on devrait trouver 90 places dans la Communauté d’Agglomération Creilloise, 75 dans l’Agglomération de la Région de Compiègne et enfin 65 dans l’agglomération du Beauvaisis. Ceci s’explique par l’importance de l’offre en services et équipements disponibles sur ces agglomérations. En Ile-de-France, des élus constatent « une explosion exponentielle du nombre de caravanes, qui provoque une saturation des zones de stationnement»[1]. En effet, les caravanes qui stationnent, parfois de façon très prolongée, sur les aires d’accueil, posent un problème dans la mesure où les nouvelles caravanes, qui elles sont réellement de passage, ne trouvent plus de place. Actuellement, la sédentarisation des gens du voyage soulève plusieurs questions, comme la mise en place de terrains d’accueil supplémentaires. D’autres élus constatent également que « l’intégration des gens du voyage au niveau de l’école, du travail et du mariage est difficile». Certains élus pensent que « l’achat de parcelles de terrains par les gens du voyage complique la situation, de même que la sédentarisation. La gestion des ordures pose de gros problèmes, surtout sur les terrains où sont installées plus de 200 caravanes». En effet, l’installation de nombreuses caravanes soulève des problèmes d’hygiène et de gestion des déchets. Les autorités compétentes en respect de Code de l’Urbanisme ne savent pas toujours comment réagir avec les gens du voyage, même si le droit est le même pour tous. De plus, rappelons-le, seule une partie des gens du voyage, souhaite être sédentarisée, souvent pour des raisons éducatives ou médicales pour les enfants. Pour répondre à cette demande, l'article L. 443-3 du code de l'urbanisme assouplit les règles d'autorisation d'affectation de terrain en vue de l'installation de caravanes constituant un habitat permanent pour leurs utilisateurs. L’objectif est que l'aménagement de « terrains familiaux » augmente la volonté de sédentarisation des gens du voyage. [1] Compte-rendu de la réunion des commissions « Gens du voyage » de l’AMIF Les modes de vie et aspirations des populations dites « des gens du voyage » sont variés. Certaines familles sont itinérantes tout au long de l'année, d'autres ne pratiquent le voyage que quelques mois par an, d'autres, encore, sont sédentaires ou quasiment sédentaires mais ne souhaitent pas, pour autant, accéder à un logement « ordinaire ». Les modes de vie sédentaires ou semi-sédentaires nécessitent des modes d'habitat que l'on qualifie généralement « d'habitat adapté ». Il s’agit pour la majorité des gens du voyage concernés par un ancrage territorial sans qu'ils veuillent pour autant renoncer totalement à la pratique du voyage et à l’habitat en caravane. Ce type d’ancrage territorial nécessite de permettre aux familles d’accéder à un statut stable pour qu’elles puissent retrouver leur lieu de résidence après quelques semaines d’absence. L’« habitat adapté » se situe donc à mi-chemin entre l’aire d’accueil et le logement ordinaire et peut prendre différentes formes. En effet, il recouvre aussi bien l'habitat permettant de conserver la caravane en complément du logement que le terrain familial aménagé sans construction d'habitation. Ces modes d'habitat ont des fondements culturels, professionnels ou familiaux. Ils répondent parfois également à des contraintes de diverses natures : ressources insuffisantes pour continuer à pratiquer le voyage, souhait de scolariser les enfants... Les schémas départementaux antérieurs à la loi et les débats au parlement et divers témoignages ont révélé une nette augmentation des difficultés de ces populations à accéder à un habitat adapté à leur mode de vie dans des conditions satisfaisantes, depuis une dizaine d'année. Ces difficultés sont d'autant plus grandes que les revenus des familles sont modestes. Aussi, les besoins en habitat des gens du voyage étant étroitement liés aux besoins en accueil des gens du voyage, une réflexion interpartenariale sur les solutions à mettre en oeuvre est nécessaire. Elle permet de sensibiliser les acteurs concernés et d'engager la recherche de solutions adaptées comme l’offre d'habitat à créer, un accompagnement social si nécessaire à prévoir et des moyens et des acteurs à solliciter (organismes HLM, associations...). Le Prêt Locatif Aidé (PLA)Intégration peut constituer un outil privilégié permettant de proposer des solutions de logements durables, adaptées aux aspirations des populations sédentaires, qui demeurent bien souvent et au moins durant une phase d'adaptation, différentes de celles de la majorité de la population.