Les dangers de Weight Watchers
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Les dangers de Weight Watchers
enquête Vendredi 12 juillet 2013 15 Le Messager RÉGIME MÉZIÈRES (VD) Les dangers de Weight Watchers Avec le retour des beaux jours vient la saison des régimes. Le Messager s’est penché sur Weight Watchers, qui a fait ses preuves à Mézières notamment. Ce programme comporte pourtant un risque de tomber dans l’obsessionnel. Enquête. «D epuis que je suis petite, je lutte avec mon poids. Ma mère me traitait déjà de grosse. C’est la troisième fois que je fais Weight Watchers, et cette fois, j’ai réussi: j’ai perdu 30 kilos en 30 semaines!» Sylvia Tanner pesait 100 kilos, il y a quelques mois. Son poids se monte aujourd’hui à moins de 70 kilos. Un petit miracle atteint grâce au régime Weight Watchers et à ses réunions à Mézières. «J’ai vraiment eu un électrochoc en passant la barre des cent, et j’ai vraiment eu peur pour ma santé, et finir comme mon papa à multiplier les accidents vasculaires cérébraux.» Risque de dépendance Le système est connu pour ses avantages. Il n’interdit aucun aliment et s’adapte aux personnes. «Quelqu’un qui décide de perdre du poids avec Weight Watchers bénéficie du soutien du groupe, ce qui est une bonne chose, dévoile Christine Romanens, diététicienne à Villars-sur-Glâne. Reste à vérifier si l'équilibre alimentaire y est vraiment enseigné.» Le procédé établit un nombre de points que la personne ne peut dépasser durant la semaine (voir encadré). Sylvia Tanner a pu atteindre son objectif grâce au programme, mais non sans peine. «Je m’y suis tenue strictement! souligne Sylvia Tanner. J’ai même noté les trois pâtes qu’on goûte pour savoir si elles sont cuites.» «Pour moi, il n’y a que des avantages! confie Martine Grandchamp, coach du groupe de Mézières. On prend de bonnes habitudes alimentaires!» A condition de suivre les conseils livrés lors des réunions, donc de s’y rendre. Car il est en effet également possible de commander le matériel pour calculer les points, et de pratiquer ce régime depuis chez soi, la perte de poids n’est alors plus surveillée par les coaches. Le risque de tomber dans l’une des dérives en est que plus grand. Et il est bien réel. «Le problème, ce sont vraiment les points, enchaîne la diététicienne Christine Romanens. Avec ce système, on reste dans un contexte de comptage, et il y a un risque de développer une dépendance.» La professionnelle de la nutrition préfère travailler à rendre le patient autonome. «Mon but est de lui faire comprendre d’où viennent ses kilos, qu’il puisse ensuite adapter lui-même son alimentation en toutes circonstances.» Elle n’a pas connu de dérive extrême, comme de l’anorexie ou de la boulimie. «On est néanmoins censé surveiller et cerner la personne, afin d’anticiper ce risque.» Tout le contraire de la méthode Weight Watchers, qui «vire» des réunions quelqu’un qui descendrait en dessous de son BMI (indice de masse corporelle en français). Agressivité marketing Sylvia Tanner a reçu les félicitations de l’entreprise Weight Watchers, via l’une de ses resVB ponsables, Françoise Schneuwly La méthode des points Le programme Weight Watchers attribue un «budget» de points par semaine selon l’âge, le sexe, le poids, la taille et le taux d’activité de la personne dans la journée. Ensuite, chaque portion d’aliment correspond à un certain nombre de points. Il faut alors choisir les repas pour ne pas dépasser son budget. Depuis 2010, la méthode a évolué. On parle désormais de ProPoints, qui tiennent compte de la teneur des aliments en glucides, protéines, lipides et fibres. Le régime met également l’accent sur les aliments rassasiants, à haute valeur nutritionnelle, mais pauvres en «Le danger, c’est de tomber dans l’obsessionnel avec ce système de points, décrie Dorothéa Wehrli, médecin généraliste FMH à Ceptade, cabinet privé de traitement des troubles alimentaires. Les gens ne comptent plus que ça, l’accent est moins donné sur l’équilibre alimentaire. Actuellement, je ne le conseille plus.» Par la nature de son cabinet, elle ne voit que les essais infructueux des régimes, ayant basculé dans l’anorexie ou la boulimie. Néanmoins, parmi ces personnes, certaines avaient suivi Weight Watchers. Sylvia Tanner a perdu 30 kilos en 30 semaines grâce à Weight Watchers Weight Watchers n’est pas seulement une méthode de perte de poids, mais aussi, et surtout, une entreprise. Forte de son succès, elle a lancé en 2006 ses produits en collaboration avec les magasins Coop. «Weight Watchers doit aussi vivre! lance Françoise Schneuwly, responsable des opérations régionales. Notre gamme correspond aux livres et aux points, ce sont des outils faciles d’utilisation.» Le marketing de la marque est aussi très ciblé sur les femmes. «Peu de publicité est axée sur les hommes en effet», reconnaît-elle. En outre, la plupart des employés de l’entreprise connaissent le régime Weight Watchers pour l’avoir pratiqué, mais ce n’est pas une condition rédhibitoire. «Je vais justement engager une fille qui ne l’a jamais fait, je vais juste lui demander de suivre la méthode de stabilisation», conclut Françoise Schneuwly. «On est tout de même l’image de la marque!» Valérie Blom Minimum 100 francs par mois ProPoints, ainsi que sur les atouts de la forme. Il s’agit des aliments sains à consommer chaque jour: fruits, légumes, laitages, matière grasse végétale, et eau. A quoi s’ajoutent trente minutes d’exercices quotidiens. Les adeptes disposent aussi d’une Reserve Hebdo de points, qui leur permet de dépasser parfois leur budget journalier. Enfin, ceux qui perdent le poids qu’ils se sont fixé et qui suivent les six semaines de stabilisation deviennent des membres «Gold Card» et accèdent gratuitement aux réunions. VB Suivre le programme Weight Watchers n’est pas gratuit. Sylvia Tanner a déboursé environ 1000 francs pour ses 32 semaines de régime et 6 semaines de stabilisation du poids, également payantes. Néanmoins, en tant que membre Gold Card (voir encadré ci-contre), elle bénéficie désormais d’un accès gratuit aux rencontres. A la suite de ses trois essais, elle ne peut pas dire exactement combien lui a coûté son régime. Pour une première tentative, une estimation est toutefois possible. L’option des réunions coûte 27 francs par séance, ou cent francs pour un mois, plus les frais d’ins- cription de 45 francs. A cela s’ajoutent les achats presque indispensables, comme les guides, à environ 20 francs chacun, et la fameuse calculette, sans quoi il n’est pas possible de connaître le bon nombre de points, à 35 francs. Pour le premier mois, il faut donc débourser 220 francs, en ne comptant que deux guides. Par correspondance, il est possible de choisir entre trois formules pour un, deux ou trois mois (bronze, argent et or) de 155 à 300 francs, fournies sans la calculette! Et tout cela sans même prendre en compte l’achat de produits de consommation. VB COMMENTAIRE Le bon filon Les réunions Weight Watchers révèlent certaines singularités, notamment quant au discours de l’animatrice. Par exemple, lorsque l’une des dames présentes affirme que, malgré un week-end passé à marcher, la balance affiche deux kilos de plus que la semaine précédente. Personne ne répond vraiment à son problème. «Cet écart pourrait venir d’une rétention d’eau ou d’une formation de muscles» sera la seule réponse qu’elle recevra. Mais puisque aucun médecin n’est présent dans l’auditoire, on la laisse sur un doute. Cette pauvre femme, pourtant maigre et tonique, risque de se priver lors de son prochain souper post-sport de peur que son corps n’emmagasine directement le repas sur ses fesses. Pire encore, lorsqu’une adhérente Gold Card (qui a terminé le programme) affirme compter toujours dans sa tête les points de ce qu’elle mange, la coach appelle cela une «bonne habitude.» N’est-ce pas plutôt une obsession? Un trouble alimentaire ne se caractérise pas par une maigreur à faire peur, mais par une mauvaise relation à la nourriture. Et il s’agit bien de cela. A aucun instant on leur explique qu’elles sont belles. Comme pour mieux profiter de leur mésestime d’elles-mêmes. Objectif non révélé de l’entreprise Weight Watchers? VB Publicité e 10 slowUp la Gruyère <wm>10CAsNsjYFAkNdcwNLE2NTABGxGSAPAAAA</wm> <wm>10CFWMMQ6AMAwDX5Qqbtq0ISNiQwyIvQti5v8TgQ1Lt9gnr6vXxB_zsh3L7jUCamxFqndoktZdWBNKdlZYZsgEZCu5dfv5hBZj5fE6xEqwAURLUgY0kPchOnRGus_rASbfcryAAAAA</wm> Dimanche 14 juillet 2013 10 h - 17 h Partenaires régionaux DR Des distractions nombreuses et originales vous attendent dans chaque village. Village des partenaires au centre de Bulle. 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