L`intégration intra-régionale des marchés boursiers de l`Europe du sud
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L`intégration intra-régionale des marchés boursiers de l`Europe du sud
Business School WORKING PAPER SERIES Working Paper 2014-219 L’intégration intra-régionale des marchés boursiers de l’Europe du sudest : une analyse multivariée Khaled Guesmi Duc Khuong Nguyen http://www.ipag.fr/fr/accueil/la-recherche/publications-WP.html IPAG Business School 184, Boulevard Saint-Germain 75006 Paris France IPAG working papers are circulated for discussion and comments only. They have not been peer-reviewed and may not be reproduced without permission of the authors. L’intégration intra-régionale des marchés boursiers de l’Europe du sud-est : une analyse multivariée Khaled Guesmii; Duc Khuong Nguyenii Résumé Cet article cherche à étudier les déterminants de l’intégration régionale ainsi que la dynamique des primes de risque des actions dans un cadre international. Nous utilisons un modèle DCC-GARCH multivarié et testons une version conditionnelle du MEDAF international (MEDAFI) avec déviations de la parité des pouvoirs d’achat. Nos résultats sont en faveur de la validité du MEDAFI et indiquent que le risque de change est rémunéré internationalement. De plus, nous avons montré que le degré d’intégration financière intra-régionale peut être expliqué par le degré d’ouverture commerciale régionale, le niveau de développement du marché boursier régional et la performance boursière du marché régional. De même, le degré d’intégration des marchés boursiers varie considérablement dans le temps et d’un marché à l’autre. Alors que la République Tchèque est devenue plus intégrée dans le marché régional au cours des dernières années, la Grèce enregistre une baisse du degré d’intégration intra-régionale. Aucune tendance particulière des degrés d’intégration des marchés n’est observée pour la Roumanie et la Pologne. Comme l’intégration poussée n’a pas que d’avantages, nos constats ont des implications considérables envers les politiques économiques et de régulation des pays émergents et préémergents, et en particulier des pays de la même région. Mots clefs : MEDAFI, intégration financière, risque de change JEL Classification: G12, F31, C32 Abstract This article investigates the dynamics of regional financial integration and its determinants in an international setting. We test a conditional version of the international capital asset pricing model (ICAPM) accounting for the deviations from purchasing power parity (PPP) as well as temporal variations in both regional and local sources of risk. Using data from four major countries of the Southeast Europe (Czech Republic, Greece, Poland, and Romania), our results support the validity of ICAPM and indicate that the risk is internationally priced. Furthermore, we show that changes in the degree of regional stock market integration are explained principally by trade openness and the level of stock market development whatever the measure of currency risk. Finally, as expected, the degree of stock market integration varies considerably over time and from one market to another. As intense market integration induces both benefits and risks, our findings should have significant implications for economic policies and market regulations in emerging, frontier-emerging and transition countries, particularly for countries from the same region. Keywords: ICAPM, market integration, exchange rate risk JEL Classification: G12, F31, C32 i IPAG Lab, IPAG Business School, France; Email: [email protected]; 184 bd St Germain – 75006 Paris, Tél. 01 55 79 11 43 – Fax. 01 45 44 40 46. ii IPAG Lab, IPAG Business School, France; Email: [email protected]. 1 1. Introduction Face à l’accroissement de l’intégration des marchés financiers occidentaux, réduisant a priori les gains potentiels de diversification des portefeuilles internationaux, le développement des marchés financiers dans les pays émergents est généralement considéré comme une voie vers de nouvelles opportunités. Cette tendance incite, depuis le début des années 80, la recherche active d’opportunités et des investissements dans les pays émergents (Bekaert, 1995 ; 1977). Bien que de nombreuses études aient montré le fort potentiel des bénéfices de diversification à l’échelle internationale, les investisseurs globaux se heurtent souvent à des barrières à la fois directes et indirectes (Bekaert, 1995). La distance géographique, étant une des barrières importantes, limite, dans bien des cas, l’ensemble des opportunités d’investissement transfrontalières à un cadre régional compte tenu des caractéristiques plutôt hétérogènes entre différentes régions du monde (ex., potentiel de croissance, niveau de développement du marché financier, politiques économiques suivies, degré d’ouverture commerciale, etc.). Ce mouvement fait naître alors de grands pôles géographiques offrant des profils de risquerendement très variés. Au sein de l’univers émergent, nous pouvons citer les zones d’Amérique Latine, d’Europe de l’Est, du Moyen-Orient et d’Asie. Le regroupement par grands pôles géographique devrait mener à l’intégration financière ainsi qu’à la vérification de la loi du prix international unique du risque sous l’impulsion des échanges commerciaux et financiers entre les pays du même pôle. Un ajustement du marché des changes serait attendu pour que cette loi s’applique. Cependant, lorsque la diversification internationale des portefeuilles vers les actifs financiers de pays émergents est concernée, on peut a priori se douter de la réalisation de la loi du prix unique du risque dans la mesure où les régimes de change sont souvent soumis à des régulations plus ou moins strictes de la part des autorités locales. Un bon nombre d’études a déjà examiné la dynamique de l’intégration régionale des marchés émergents, mais leur attention porte essentiellement sur l’analyse des 2 flux commerciaux de biens et de services (Markusen ; 1995 ; Freudenberg et al., 1998) et sur les flux des investissements directs intra-régionaux (Manzocchi et Ottaviano, 2000 ; Petri, 2006). De plus, les méthodologies empiriques demeurent insuffisantes puisqu’elles ne tiennent pas compte des interactions entre les différents facteurs locaux et internationaux d’intégration. Ceci étant, l’étude de l’intégration financière régionale doit s’effectuer dans le cadre des modèles d’évaluation des actifs financiers, susceptibles d’identifier les facteurs communs de risque affectant les rentabilités boursières attendues, de mesurer les primes de risque associées à ces facteurs, ainsi que de capturer la dynamique de l’intégration financière. Dans ce papier, nous choisissions le modèle d’évaluation des actifs financier à l’international (ICAPM) afin d’étudier l’intégration régionale des marchés émergents. Ces derniers se caractérisent en effet par les nombreuses barrières qu’ils imposent à l’investissement international (Bekaert, 1995). La question de recherche que nous nous posons est alors de savoir si l’ICAPM, conditionné aux variables globales et locales, a la capacité d’expliquer la dynamique des rentabilités des actifs financiers négociés sur les marchés émergents. Se poser cette question est d’une importance capitale. D’un côté, mesurer le risque d’un marché boursier émergent uniquement par sa covariance avec le portefeuille de marché mondial comme l’indique l’ICAPM avec parité du pouvoir d’achat (PPA) serait erroné. De l’autre côté, la juste spécification de la relation entre le risque et le rendement d’un actif émergent exige la prise en compte du risque de change auquel s’exposent les investisseurs globaux et du degré d’intégration du marché en question. Si les travaux de la littérature passée s’accordent sur le fait que le degré d’intégration financière des marchés émergents varie dans le temps (Bekaert and Harvey, 1995 ; Carrieri et al., 2007, Guesmi and Nguyen, 2011), ils sont relativement divergents quant à l’identification des facteurs déterminants de l’intégration. Si Bekaert et Harvey (1995, 1997), Adler et Qi 3 (2003), et Hardouvelis et al. (2006) ont procédé à un choix arbitraire de deux ou trois variables financières et macroéconomiques pour modéliser la dynamique de l’intégration, Carrieri et al. (2007) déterminent ex-post des facteurs d’intégration financière. La méthode proposée par Carrieri et al. (2007) peut faire l’objet des critiques parce qu’elle introduit, de manière arbitraire, quelques variables d’informations afin d’évaluer l’intégration financière avant que cette dernière soit rapportée aux variables candidates susceptibles d’expliquer l’intégration financière. Notre étude contribue à la littérature existante en examinant l’intégration régionale de quatre marchés émergents de l’Europe du Sud-est (Grèce, Pologne, Roumanie et République Tchèque) ainsi que leurs déterminants dans le cadre de l’ICAPM. Différent des travaux précédents, nous tentons, dans un premier temps, de d’identifier ex-ante les facteurs de l’intégration financière des marchés nationaux à partir d’un ensemble de variables nationales, régionales et globales susceptibles d’agir sur l’intégration financière. Dans un second temps, Outre les risques systématiques liés au marché mondial et marché national, nous considérons également les variations du taux de change qui constituent, selon les études précédentes, une source de risque pertinente dans l’évaluation des actifs financiers des marchés émergents (Adler et Dumas, 1983 ; Carrieri et al., 2007 ; Tai, 2007). Nos résultats empiriques montrent que le degré d’intégration financière intra-régionale est notamment déterminé par le degré d’ouverture commerciale et le niveau de développement du marché boursier local. Ils sont également en faveur de la validité du MEDAFI et indiquent que le risque de change est rémunéré internationalement. De même, le degré d’intégration régionale des marchés boursiers varie fortement dans le temps et d’un marché à l’autre. Le reste de l’article est structuré comme suit. La section 2 présente l’approche empirique que nous utilisons pour déterminer les déterminants de l’intégration financière et examiner le degré d’intégration financière intra-régionale des marchés émergents considérés. La section 3 4 décrit les données et leurs propriétés statistiques. La section 4 reporte et discute des résultats obtenus. La section 5 conclut le papier. 2. Méthode empirique 2.1 Intégration partielle, risque de change et évaluation des actifs financiers Les marchés boursiers nationaux ne sont pas complètement intégrés ni complètement segmentés. Bien qu’elles relèvent des degrés d’intégration différents à travers les marchés, les études précédentes s’accordent généralement sur leur intégration partielle au marché mondial ou entre eux (Errunza and Losq, 1985 ; Bekaert et Harvey, 1995 ; Carrieri et al., 2007). Dans cette étude, nous adoptons également un modèle ICAPM à intégration partielle tenant compte de trois sources de risques systématiques : les fluctuations du marché régional, celles du marché national et celles du taux de change dans l’évaluation des actifs financiers des marchés émergents de l’Europe du Sud-est. l E ( Ri ,t t 1 ) it 1 tr1Cov( Ri ,t , Rr ,t t 1 ) tk1Cov( Ri ,t , Rk ,t t 1 ) k 1 i d (1 t 1 )i ,t 1Var ( Ri ,t t 1 ) (1) où Ri ,t R r ,t , et Rk ,t représentent respectivement les rentabilités en excès du taux sans risque du marché i, du portefeuille de marché régional et du taux de change de la monnaie k contre la monnaie de référence. tr1 , id,t 1 et tk1 sont les prix unitaires du risque relatifs au marché régional, au marché local et au taux de change, respectivement. it 1 se réfère à une mesure conditionnelle du degré d’intégration financière du marché i vis-à-vis du marché régional. k indique les monnaies de quatre pays que nous considérons : Grèce, Pologne, Roumanie, et République Tchèque. Laissons Z t 1 , Yi ,t 1 et X i ,t 1 désigner respectivement le vecteur de variables d’information régionales, le vecteur de variables d’information locales et le vecteur de variables d’information sur l’intégration du marché i à la date (t-1), la dynamique 5 temporelle des prix unitaires du risque ainsi que celle de l’intégration du marché i au marché régional sont modélisées comme suit : tr1 Exp ( m Z t 1 ) d i ,t 1 Exp ( iYi ,t 1 ) k t 1 ( k Z t 1 ) i Exp ( ' X i i ,t 1 ) t 1 (2) Le marché i est parfaitement intégré au marché régional lorsque it 1 1 , et dans ce cas, les rentabilités attendues des actifs émis par ce marché sont évaluées en fonction du risque de marché régional et du risque de change. De même, le modèle (1) devient le CAPM mondial étendu à deux facteurs. A l’inverse, le marché i est complètement segmenté du marché i régional lorsque t 1 0 . Dès lors, les rentabilités attendues ne dépendent que du risque de i marché national et le modèle (1) se réduit au CAPM domestique. Quand t 1 est compris entre 0 et 1, le marché i se situe dans une situation d’intégration partielle avec le marché régional et l’évaluation des actifs financiers repose ainsi sur une combinaison des facteurs de risque régionaux et nationaux. Sous l’hypothèse d’anticipations rationnelles, la spécification économétrique de notre modèle (1) est caractérisée par le système d’équations ci-dessous : ~ rr ,ct tr1hrr ,t r ,t ~ rk c,t tk1hkk ,t k ,t k 1,2,3,4 l ~ ri ,ct it 1 tr1hir ,t tk1hik ,t (1 ii 1 )id,t 1hii ,t i ,t with i G, P, R, C k 1 t ( r ,t , 1,t , 2,t , 3,t , 4,t , G ,t , P ,t , R ,t , C ,t ) t 1 ~ N (0, H t ) (3) H t Dt Rt Dt Rt (diag (Qt )) 1 / 2 Qt (diag (Qt )) 1 / 2 Dt diag ( h11,t , h22,t ,..., hnn,t ) it 1 Exp ( 0 1 * Fi ,t 1 ) 6 rr ,ct , ~rk c,t et ~ri ,ct sont les taux de rentabilité en excès du taux sans risque du marché régional, où ~ du taux de change k, et du marché i, respectivement. Ces taux sont exprimés dans la monnaie du pays de référence afin de pouvoir comparer les résultats à travers les marchés. hir ,t , hik ,t , et hii ,t se réfèrent respectivement la covariance conditionnelle entre les rentabilités du marché i et celles du marché régional, la covariance conditionnelle entre les rentabilités du marché i et celles du taux de change k, et la variance conditionnelle du marché i, toutes issues de la matrice des variances-covariances H t de taille (9 9) . Cette dernière est en effet modélisée par un modèle DCC-GARCH multivarié d’Engle (2002). Rt est la matrice symétrique des corrélations dynamiques de dimension (9×9). Dt est une matrice diagonale des écarts-types conditionnels de chacune des séries de rentabilités provenant de l’estimation d’un processus GARCH univarié. Au total, le système (3) est composé de neuf équations individuelles. La première équation décrit la dynamique des rentabilités du marché régional qui ne dépend que du risque de marché régional. Les quatre équations suivantes décrivent la dynamique de quatre taux de change mesurant la valeur d’échange de chaque monnaie locale contre une unité de la monnaie de référence. Les quatre dernières équations décrivent la dynamique des rentabilités de quatre marchés individuels considérés, qui dépend à la fois du risque de marché régional, du risque de change et du risque de marché local. Lors de l’étape empirique, nous considérerons trois spécifications pour des taux de change. D’abord, nous utilisons des taux de change bilatéraux réels mesurant la valeur d’échange d’une monnaie locale par rapport au dollar américain. De ce fait, nous considérons les EtatsUnis comme étant le pays de référence. Ensuite nous utilisons les taux de change bilatéraux réels exprimés dans une monnaie locale de référence qui n’est autre que la monnaie du pays ayant la plus importante part du PIB dans la région. Enfin, des indices des taux de change 7 effectifs réels sont utilisés à la place des taux de change bilatéraux réels. Ces différentes spécifications des taux de change nous permettrons ainsi de vérifier la pertinence des résultats trouvés et de justifier le choix de notre monnaie de référence. 2.2 Stratégies d’estimation Nous estimons le système (3) en deux étapes. Dans un premier temps, nous estimons, par la méthode du quasi-maximum de vraisemblance (QML), le système composé de 5 équations comprenant les rentabilités en excès du taux sans risque de l’indice de marché régional et celles de quatre indices de change réels. Cette étape nous permet d’obtenir les primes de risque associées au risque de marché régional et aux risques de change ainsi que les variances conditionnelles du marché régional et des taux de change. Dans un second temps, nous estimons le système complet à neuf équations pour identifier les déterminants de l’intégration financière en imposant les résultats de l’estimation issus de la première étape. Cette restriction permet de garantir les mêmes prix du risque du marché régional et des taux de change pour tous les pays individuels.iii Ici, les primes de risque associées avec les facteurs de risque communs (risque de marché régional et risques de change) sont pondérées par le degré d’intégration i ,t 1 , alors que la récompense relative au risque de marché national est proportionnelle au degré de segmentation ( 1 i ,t 1 ). Il est à noter que notre spécification pour la mesure de l’intégration tient compte d’un bon nombre de facteurs, économiques et financiers, susceptibles d’agir sur le degré d’intégration financière. Errunza et Losq (1992), Cooper et Kaplanis (2000), et Bhattacharya et Daouk (2002) ont également adopté cette spécification lors de l’estimation de leurs modèles à segmentation partielle. Une fois que les facteurs pertinents à l’intégration sont identifiés, nous les utilisons pour réestimer le système complet à neuf équations et examinons la dynamique de l’intégration iii L’estimation simultanée est techniquement difficile à faire, tous les travaux antérieurs se fondant ainsi sur cette même méthode d’estimation (ex., Bekaert et Harvey, 1995 ; De Santis et Gérard, 1998 ; De Santis et al., 2003). 8 régionale de chaque marché considéré ainsi que celle des prix du risque relatifs au marché régional, aux taux de change et au marché national. D’un point de vue empirique, cette procédure peut être considérée comme une backtesting pour garantir la spécification correcte du modèle d’évaluation. 3. Données utilisées 3.1 Rentabilités boursières et taux de change Nous employons les rentabilités boursières mensuelles en excès du taux des eurodollars à 1 mois. Le taux des eurodollars à 1 mois est considéré comme le taux sans risque dans notre étude. Les rentabilités boursières mensuelles sont calculées à partir des indices de marché avec dividendes réinvestis selon la formule Rit ln Pt / Pt 1 . Les données boursières sont obtenues de Thomson Datastream. Les taux de change réels sont exprimés en dollar américain et proviennent de la base « International Financial Statistics » (IFS) du Fonds Monétaire International (IMF) ainsi que de la Réserve Fédérale des Etats-Unis (US Fed). Lors de l’estimation de notre modèle empirique, nous considérons leurs changements logarithmiques. La période d’étude s’étend de janvier 1996 à décembre 2007. Elle exclut les épisodes de la crise financière internationale récente qui pourraient générer des estimations biaisées. 3.2 Les variables régionales et locales Nous retenons dans notre modèle empirique les variables suivantes afin de conditionner le prix du risque du marché régional: une constante (ZCON), les rendements en dividende du marché régional en excès du taux sans risque à 30 jours (ZDY), les rentabilités du portefeuille de marché régional en excès du taux sans risque (ZRETURN) et le spread de taux d’intérêt (ZSPR). Le spread de taux est la différence de rendement entre un bon de trésor du marché 9 local à 10 ans et un taux d’intérêt de 30 jours.iv Les données mensuelles sont obtenues de Datastream et MSCI. Les variables instrumentales qui conditionnent l’estimation du prix du risque local incluent le rendement en dividende du portefeuille de marché local (LDIV), la rentabilité du marché local en excès du taux sans risque (LRETURN), et la variation mensuelle du taux d’inflation (LINF). Ces données mensuelles sont extraites de Datastream International et MSCI. 3.3 Les facteurs potentiels susceptibles d’agir sur le niveau d’intégration financière Un ensemble de facteurs candidats de l’intégration financière est choisi sur la base des études antérieures (Bekaert et Harvey, 1997, 2000 ; Bhattacharya et Daouk, 2002). Il inclut ainsi le degré d’ouverture commerciale mesuré par le rapport entre le total des imports et exports et le PIB), le niveau de développement du marché boursier local mesuré par le rapport entre la capitalisation boursière du marché et le PIB, la production industrielle, le taux d’inflation, le taux d’intérêt à court terme, le spread de taux, le taux d’intérêt à long terme, la volatilité des taux de changev, le taux de croissance économique, le déficit courant, la rentabilité du marché local, la rentabilité du marché régional, le rendement en dividende du marché local, le rendement en dividende du marché régional, le taux d’intérêt mondial, la rentabilité du marché mondial et le rendement en dividende du marché mondial. 3.4 Propriétés statistiques des données Le Tableau 1 présente les statistiques descriptives des séries de rendements boursiers et de taux de change réels. Le rendement boursier moyen pour les pays de l’Europe de l’Est est négatif et se situe entre -0,2% (Pologne) et -1,4% (Grèce). La Pologne est le marché le plus iv Nous utilisons les taux d’intérêt du pays ayant le plus grand PIB. La volatilité est déterminée par le processus GARCH (1,1) univarié appliqué aux taux de change réels bilatéraux des monnaies locales contre le dollar américain. Par ailleurs, les praticiens considèrent que lorsque la volatilité des taux de change est très importante, les marchés deviennent moins intégrés. Les taux de change sont issus de la Federal Reserve Bank of St Louis’ FRED DataBase et de IFS. v 10 volatil avec un écart-type de 0,103, suivi de près par la République Tchèque (0,099) et la Grèce (0,084). Le coefficient de skewness est négatif dans deux cas (Pologne et République Tchèque), ce qui signifie que les distributions de ces séries de rendement sont étalées vers la gauche et que la probabilité d’observer des rendements négatifs extrêmes est plus élevée que celle d’une distribution normale. Les coefficients de kurtosis sont significatifs et supérieurs à trois pour tous les cas de figure. Ces constats indiquent en effet la non-normalité des séries de rendement, clairement confirmée par le test de Jarque-Bera. Le test d’Engle (1982) met en exergue l’existence des effets ARCH dans toutes les séries de rendement boursier, ce qui supporte notre décision de modéliser la volatilité conditionnelle des rendements par un processus GARCH. Tableau 1, Statistiques de base et propriétés stochastiques des séries de rendement Moyenne (%) Ecart-type (%) Skewnes Kurtosis J.B Q(12) ARCH(6) Panel A : Série des rentabilités boursières Grèce -1,400 8,400 1,106 7,226 16,641 61,5+++ 132,1+++ +++ Pologne -0,200 1,030 -0,127 8,257 165,078 150,1 125,4+++ +++ Roumanie -0,400 7,600 0,496 4,951 165,079 99,9 132,4+++ +++ République Tchèque -0,390 9,990 -0,430 5,657 46,488 127,6 124,5+++ Panel B : Taux de change réels Grèce 0,609 13,500 0,862 3,334 18,525 62,8+++ 131,7+++ +++ Pologne 0,531 33,700 1,315 3,360 42,312 61,6 129,1+++ Roumanie 0,257 2,300 2,135 4,951 8,553 16,8+++ 111,1+++ +++ République Tchèque 0,333 32,600 6,633 67,278 258,26 35,8 115,7+++ Notes : Ce tableau reporte des statistiques de base ainsi que les propriétés stochastiques pour les rentabilités boursières en excès du taux des eurodollars à 1 mois et taux de change exprimés en différent logarithmiques. +, ++, et +++ indiquent que l’hypothèse nulle de normalité et d’absence d’effet ARCH est rejetée au seuil de 10%, 5% et 1% respectivement. Quant aux rendements des taux de change réels, nous montrons qu’ils sont tous positifs en moyenne et varient entre 0,257% (Roumanie) et 0,609% (Grèce). Leurs distributions probabilistes dévient fortement de la normalité en vue des résultats du test de Jarque-Bera. Nous trouvons également qu’il existe des effets ARCH pour ces séries. Comme les séries de rendement boursier, les rendements des taux de change sont autocorrélés en vue des statistiques du test de Ljung-Box. 11 4. Résultats empiriques 4.1 Estimation du prix de risque de marché et de change Les fluctuations du marché régional constituent une source de risque systématique dans le cadre de notre modèle d’évaluation des actifs financiers à intégration partielle. La théorie de la finance moderne suggère que ce risque est pertinent et évalué. Plus ce risque est important, plus il est rémunéré. La Figure 1 montre la rémunération du risque de marché régional dans le temps sur la période d’estimation ainsi que sa tendance, représentée par la série filtrée que nous obtenons en utilisant le filtre Hodrick-Prescott. Le prix du risque en question exhibe des mouvements amples et varie entre 0,21% (06/1998) et 0,53% (07/2001). Deux pics sont observés et semblent être liés à la crise asiatique en 1997-1998 et à celle des années 20002002 à la suite de l’éclatement de la bulle d’internet aux Etats-Unis. Figure 1. Rémunération mensuelle du risque de marché régional .6% .5% .4% .3% .2% 96 97 98 99 00 01 Estimated 02 03 04 05 06 07 HP-Filtered Figure 2. Prix du risque de change République Tchèque Grèce .6% .3% .2% .5% .1% .4% .0% .3% -.1% -.2% .2% 96 97 98 99 00 01 02 Estimated 03 04 05 06 07 96 97 98 99 00 01 02 Estimated HP-Filtered Pologne 03 04 05 06 07 HP-Filtered Roumanie 1.2% .4% 1.0% .2% .0% 0.8% -.2% 0.6% -.4% 0.4% 96 97 98 99 00 01 Estimated 02 03 04 HP-Filtered 05 06 07 96 97 98 99 00 01 Estimated 02 03 04 05 06 07 HP-Filtered 12 La Figure 2 présente les évolutions des prix des risques de change des différents pays de l’échantillon. Pour tous les pays étudiés, le prix du risque de change réagit sensiblement à des événements économico-politiques internationaux majeurs comme par exemple les différentes crises monétaires et financières des pays asiatiques et sud-américains en 1997, 1998 et 2001. On remarque aussi que les variations et les amplitudes des prix des risques ont enregistré une baisse à partir des années 2003 s’expliquant généralement par une diminution de l’aversion au risque des opérateurs de marché. Tableau 2. Estimation du prix de risque de marché et de change ZCON ZDIV (×10) ZRETURN ZSPR Panel A – Prix du risque de change République Tchèque 0,496*** 0,009*** -0,006*** -0,030*** (0,146) (0,000) (0,001) (0,007) Grèce 0,367** 0,007*** -0,004** -0,008 (0,168) (0,000) (0,001) (0,009) Pologne 0,244 0,009*** -0,003** -0,005 (0,164) (0,000) (0,001) (0,008) Roumanie 0,209 0,004*** -0,003** 0,001 (0,144) (0,001) (0,001) (0,006) Panel B – Prix du risque régional -0,032 0,006*** 0,010*** -0,001 (0,031) (0,000) (0,000) (0,001) Panel C – Test de spécification des prix de risque de change et prix de risque régional Hypothèse nulle 2 p-value Le prix de risque de marché de la zone Europe Sud-est est-il 2,967* 0,0849 égal à zéro ? H 0 : i 0 Le prix de risque de marché de la zone Europe Sud-est est-il constant ? H 0 : i 1 1,829* 0,0762 Le prix de risque de change de la Grèce est –il constant ? H 0 : i 1 75,971*** 0,0000 Le prix de risque de change de la Pologne est-il égal à zéro ? H 0 : i 0 37,112*** 0,0000 Le prix de risque de marché de Pologne est-il constant ? H 0 : i 1 56,187*** 0,0000 Le prix de risque de change de la Roumanie est-il égal à zéro ? H 0 : i 0 32,567*** 0,0000 Le prix de risque de change de la Roumanie constant ? H 0 : i 1 56,111*** 0,0000 Le prix de risque de change de la République Tchèque est-il égal à zéro ? H 0 : i 0 57,258*** 0,005 Le prix de risque de change de la République Tchèque constant ? H 0 : i 1 66,033*** 0,0000 118,122*** 0,0000 89,183*** 0,0000 est-il Les prix de risque de change sont-ils conjointement nuls ? H 0 : i 1 Les prix de risque de change sont-ils conjointement constants? H 0 : i 1 13 Notes: ce tableau présente les déterminants des prix du risque de change et du risque régional. ZCON, ZDY, ZRETURN et ZSPR se réfèrent au terme constant, au rendement en dividende, aux rentabilités du marché régional, et au spread de taux d’intérêt. Les écart-types sont donnés entre parenthèses. 2 est la statistique empirique du test de Wald. *, **, and *** indiquent la significativité aux seuils de 10%, 5% et 1% respectivement. + ++ , , and +++ indiquent le rejet des hypothèses nulles aux seuils de 10%, 5% et 1% respectivement. Le Tableau 2 montre que les prix du risque de change pour les quatre marchés sont principalement déterminés par le rendement du dividende (ZDIV) et les rendements boursiers (ZRETURN) des marchés régionaux. Ils sont reliés positivement avec le rendement du dividende, mais négativement associée à la rentabilité des actions. Lorsque les marchés locaux offrent des rendements plus élevés, l'augmentation de l'activité commerciale dans les marchés boursiers peut potentiellement impliquer une plus grande volatilité des marchés des changes en raison de l'augmentation des investissements étrangers. L'écart de taux d'intérêt (ZSPR) n'est significatif que pour le cas de la République tchèque, ce qui suggère que les changements dans les prix des risques de change sont moins dépendants des mouvements de taux d'intérêt à long et à court terme. De même, le prix du risque de marché régional est également significativement expliqué par les variables régionales (ZDIV) et (ZRETURN). Toutefois, l'impact de ces facteurs est positif. Le test robuste de Wald, reporté dans le Panel C du Tableau 2, rejette l’hypothèse selon laquelle le prix du risque de marché spécifique à chaque région est constant. De plus, l’hypothèse selon laquelle les prix des risques de change sont conjointement nuls est également rejetée tout comme l’hypothèse selon laquelle les prix des risques de change sont conjointement constants. Ces résultats confirment ceux d’Adler et Dumas (1983) ; Carrieri et al. (2007) et Hardouvelis et al. (2006). De même, les résultats de test de Wald reportés dans le Tableau 3 montrent que les prix des risques locaux sont significativement différents de zéro et variables dans le temps pour tous les marchés étudiés, ce qui confirme l’hypothèse selon laquelle le risque local est rémunéré pour ces pays. 14 Tableau 3. Test de spécification des prix de risque locale Hypothèse nulle 2 d Le prix de risque local de la Grèce est-il égal à zéro ? H 0 : G 0 44,312*** Le prix de risque local de la Grèce est –il constant ? H 0 : Gd 1 Le prix de risque local de la Pologne est-il égal à zéro ? H 0 : dP 0 p-value 0,0000 851,97*** 0,0000 0,0000 25,152 *** Le prix de risque de marché de Pologne est-il constant ? H 0 : dP 1 Le prix de risque local de la Roumanie est-il égal à zéro ? H 0 : dR 0 633,87 *** 0,0000 18,975 *** 0,0008 Le prix de risque local de la Roumanie constant ? H 0 : dR 1 Le prix de risque local de la République Tchèque est-il égal à zéro ? 19,893*** 0,0005 *** 0,0258 d H 0 : CR 0 44,312 *** Le prix de risque local de la République Tchèque est-il constant ? H 0 : 1 34,078 0,0000 *** Notes : Ce tableau reporte les résultats du test de Wald. indique la significativité aux seuils de 1%. d CR Le Tableau 4 reporte le résultat des tests sur les résidus. Le test Ljung-Box ne permet pas de rejeter l’hypothèse nulle d’absence d’autocorrélation pour toutes les séries de résidus. En même temps, les effets ARCH ont disparus dans les séries de résidus. Bien que le degré de déviation diminue nettement, les séries de résidus ne suivent toujours pas une distribution normale. Dans l’ensemble, notre modèle s’avère approprié pour modéliser la dynamique des séries de rendements boursiers. Tableau 4. Diagnostic des résidus Skewness Kurtosis J.B Q(12) ARCH(6) Tchèque -0,255 4,393 13,013 14,493 0,124 Grèce 0,599 2,865 8,613 14,640 0,013 9,836 0,122 7,664 0,145 Pologne 1,270 8,555 Roumanie 0,740 3,217 220,708 +++ 13,236 0,278 2,292 4,797 5,680 0,002 Marché régional Notes : J.B, Q(12) et ARCH(1) dénotent les statistiques empiriques des tests de Jarque-Bera pour la normalité des erreurs, de Ljung-Box pour l’absence d’autocorrélation, et d’Engle pour l’hétéroscédasticité conditionnelle. + ++ , , et +++ indiquent que l’hypothèse nulle de normalité, d’absence d’autocorrélation et d’absence d’effets ARCH est rejetée aux seuils de 10%, 5% and 1% respectivement. 4.2 Les facteurs d’intégration financière Afin d’identifier les facteurs déterminants de l’intégration financière, nous estimons le modèle (3) conjointement pour tous les pays et pour chaque facteur. Les facteurs potentiels que nous considérons représentent les variables locales, régionales et globales susceptibles d’agir sur le degré d’intégration financière intra-régionale. Les résultats de l’estimation sont reportés dans le Tableau 5. Nous observons que le degré d’ouverture commerciale, le degré de développement du marché boursier, l’inflation, la croissance économique, les rendements en 15 dividende du marché local et régional, le spread de taux, le déficit courant et la rentabilité du marché régional ont des impacts significatifs sur l’intégration financière. Ces résultats sont en accord avec ceux des études précédentes (Bekaert et Harvey, 1995, 1997 ; Bhattacharya et Daouk, 2002, Adler et Qi ,2003 et Hardouvelis et al., 2006). La majorité des travaux empiriques antérieurs dont notamment Bekaert et Harvey (1997), Griffin (2001), Dumas et al. (2003), Karolyi et Stulz (2002), Barr et Priestley (2004) et Carrieri et al. (2006), le dollar américain est utilisé comme monnaie de référence. Par ailleurs, si on traite de l’intégration intra-régionale, on doit prendre comme portefeuille de référence le marché régional. Ainsi, on réduit la dimension du marché mondial à celle d’un marché régional. De plus, si les pays membres ont des monnaies différentes, on prendra comme référence la monnaie du pays membre qui a la part du PIB la plus importante dans la région. Les résultats présentés dans la partie (B) du Tableau 5 sont quasi similaires à ceux obtenus avec le dollar américain comme monnaie de référence. Lorsque l’euro est utilisé comme monnaie de référence, l’intégration régionale des marchés étudiés est expliquée plus spécifiquement par la production industrielle locale et le taux d’intérêt à long terme. Table 5. Les facteurs potentiels de l’intégration financière intra-régionale Taux de change bilatéral exprimé en dollar (A) Degré d'ouverture commerciale Développement du marché boursier Production Industrielle du marché local Production industrielle Mondiale Ecart des taux de croissance industrielle Inflation Volatilité des taux de change Croissance économique Rendement en dividende du marché local Rendement en dividende du marché régional Rendement en dividende du 0 1 40,850*** (4,110) 19,060*** (3,028) 0,161 (0,295) 0,399 (1,058) -0,081 (-0,089) 21,410*** (5,227) 0,208 (0,267) 3,033*** (0,228) -0,092 (-0,228) -40,000*** (-4,51) 0,499 56,500*** (12,020) 12,990*** (3,038) -5,462 (-0,257) 1,258 (1,125) 0,064 (-0,072) -56,700*** (-5,010) -6,940 (-4,532) 7,585* (2,072) 0,483*** (-0,272) -56,500*** (0,002) 0,155 Taux de change bilatéral exprimé en Euro (B) 0 1 1,221*** (0,224) 29,270*** (5,150) -0,149 (0,290) 0,222 (1,456) -0,072 (-0,088) 2,000*** (0,294) 19,863 (23,940) 21,290*** (0,824) 0,559 (-0,659) 5,434*** (-0,659) -0,001 0,271*** (0,040) 3,457*** (0,111) -0,860*** (-0,150) 1,876 (1,761) 0,054 (-0,091) -50,330*** (-4,116) 2,688 (-24,098) 16,753*** (-0,820) 1,213*** (-0,429) -5,400*** (0,506) 0,0356 Indice de taux de change effectif réel (C) 0 1 5,370*** (2,114) 19,119*** (3,124) -0,270 (-0,739) 1,080 (0,114) -0,283 (-0,425) 1,961 (1,543) -4,149 (-3,98) 0,288 (0,474) 0,080 (0,18) 0,043 (0,213) -0,200 3,160*** (1,647) 2,164*** (0,345) 0,012 (0,373) -5,589 (-4,761) 0,255 0,5491 -24,112 (19,231) -1,860 (-1,630) 0,001 (0,030) -0,140 (-0,76) 0,075 (0,078) 0,822* 16 marché mondial Ecart de rendements en dividende Taux d'intérêt à court terme Taux d'intérêt à long terme Le spread de taux Déficit courant Rentabilité du marché local Rentabilité du marché régional Rentabilité du marché mondial Taux d'intérêt mondial (0,518) -0,0393 (0,0856) -3,530 (-2,270) 0,599 (1,150) 0,050*** (0,010) 1,260*** (1,065) 1,460*** (0,465) -12,800*** (-4,500) 0,920 (0,598) 0,064 (0,056) (0,557) 0,007 (0,006) -2,820 (-2,219) 0,600 (0,650) 0,050* (0,030) 0,050*** (0,001) 0,483 (1,771) -8,680*** (-2,328) 0,247 (0,689) 0,247 (0,689) (0,000) -0,021 (0,075) -0,070*** (-0,029) 0,349 (1,130) -0,019 (0,026) 10,130*** (0,315) 1,760*** (0,655) 5,434*** (-0,659) 0,920 (0,592) -0,067 (-0,027) (0,084) 0,0035 (0,0032) 0,034 (-0,075) 0,504*** (0,001) 0,004 (0,002) 0,090*** (0,033) 2,236 (1,691) -5,400*** (-0,660) 0,247 (0,680) 0,033 (0,689) (-0,540) -0,290 (-0,771) 0,498 (0,475) 0,112 (1,133) -0,0216 (-0,0541) -0,383 (-0,524) 0,292 (-0,264) 0,240 (0,440) -0,207 (-0,163) -0,003 (0,004) (0,423) -0,023 (-0,364) -4,596 (5,147) 0,760 (0,678) -0,0401 (-0,543) 0,155 (0,748) -5,800*** (-0,305) 0,019 (0,575) 0,559 (0,300) 0,605 (0,426) Notes: Nous estimons le système (3) pour tous les pays en imposant les mêmes prix de taux de change et les risques de marché régional ainsi que les variances et covariances conditionnelles obtenues lors de l'étape de la première estimation. Nous considérons un facteur candidat à l’explication de l’intégration financière pour chaque estimation. Les chiffres entre parenthèses sont les écarts types. *, ** et *** indiquent la significativité aux seuils de 10%, 5% et 1% respectivement. L’ouverture commerciale est mesurée par la capitalisation du marché divisée par le Produit Intérieur Brut (PIB). Le développement du marché boursier est mesuré par le ratio de la capitalisation boursière sur PIB nominal. La production industrielle se réfère au niveau de la production industrielle en logarithme. Les différences dans les taux de croissance de la production industrielle se référer à la différence entre les taux de croissance du pays i et la production industrielle et la production industrielle des pays du G7. Taux d'intérêt à court terme peut être le taux des bons du Trésor ou du taux interbancaire. Le différentiel de taux d'intérêt est mesuré par la différence entre les taux d'intérêt à long terme et à court terme. Les différences de rendement des dividendes correspondent à la différence entre le pays i et le rendement en dividendes mondiaux. La volatilité des taux de change est la volatilité conditionnelle qui est estimée en appliquant un processus AR(1)-GARCH (1,1) modèle à taux de change en logarithme. Le taux de croissance économique est mesuré par le logarithme de l'évolution du PIB. Le déficit du compte courant se réfère au logarithme de la différence entre les exportations et les importations. Nous testons aussi la sensibilité de nos résultats lorsque les taux de change bilatéraux sont remplacés par un indice de taux de change effectif réel. A l’instar d’Adler et Qi (2003), on considère alors deux primes de risque qui expliquent les excès de rentabilité ; une prime de risque de marché régional et une prime de risque de change. Les résultats, présentés dans la partie C du Tableau 5, montrent que, en plus du degré d'ouverture commerciale et le niveau de développement du marché local, le rendement du dividende et le rendement du marché local expliquent significativement l’évolution de l'intégration financière. En résumé, les principaux facteurs qui déterminent l'intégration financière restent relativement identiques par rapport à la variation de la devise de référence, mais change de façon significative lorsque l'indice de change effectif réel est pris en compte. Ces résultats aident à expliquer la divergence entre les résultats des études antérieures en ce qui concerne le nombre 17 et la nature des facteurs d'intégration. 4.3 Intégration financière régionale Nos analyses précédentes montrent que, quelle que soit la spécification du risque de change, le degré d'ouverture commerciale et le développement du marché boursier local sont souvent choisis comme les facteurs pertinents qui influent sur le processus d'intégration régionale des marchés considérés. Nous décidons donc d'utiliser ces facteurs pour estimer le degré d'intégration régionale. Le Tableau 6 rapporte les résultats obtenus ainsi que les statistiques de base de mesure d'intégration estimés pour les quatre pays. Dans l'ensemble, les résultats confirment que la dynamique d’intégration financière est expliquée de façon significative par les variables sélectionnées quel que soit le marché. La Figure 3 montre que le degré d’intégration varie légèrement d’un pays à un autre. Il est ainsi de 69,9% pour la Grèce, 87,3% pour la République Tchèque, 52.2% pour la Pologne et 52,8% pour la Roumanie. L’analyse des graphiques montre que le marché financier tchèque est le seul à connaître ces dernières années une hausse significative de son degré d’intégration. La République Tchèque a enregistré des niveaux d’intégration supérieurs à 90% pendant la sous-période 2000-2007. Cependant la Grèce enregistre une baisse du degré d’intégration qui atteint des niveaux inférieurs à 40%. Ce résultat est attendu puisque la montée des déficits publics grecs depuis les années 1980 a pesé sur son système financier. Hibou (1997) explique que la mise en place de la TVA qui était destinée à stopper l'évasion fiscale a en fait eu les effets inverses, soit l’intensification des fuites fiscales et la détérioration du système financier. Il en va de même pour la baisse accrue dans les années 1990 des taux d'imposition qui, contrairement aux espérances, n’a pas permis d’augmenter les recettes. Ces contre-performances sont expliquées par la défaillance du système de contrôle fiscal et la hausse considérable des importations européennes qui passent désormais sans contrôle les frontières en vertu du marché unique. Par conséquent, la pression exercée par le remboursement de la dette restreint, dans 18 une certaine mesure, les ressources destinées à la distribution de biens et de richesses dans l'économie grecque. De plus, l'accroissement accru de la taille du secteur public grec ces dernières années a causé l'augmentation des dépenses gouvernementales au moment même où les pays membres entamaient leur reconversion libérale. Tableau 6. Dynamique de l’intégration boursière intra-régionale Panel A : Résultats d’estimation du degré d’intégration en fonction des variables instrumentales Constante DOC DVB 1,067*** (0,009) 0,218*** (0,005) 0,0774*** (0,0084) -1,600*** (0,076) R. Tchèque Grèce Pologne Roumanie 0,463*** (0,029) 0,055*** (0,008) 0,037*** (0,002) 0,946*** (0,082) 0,699*** (0,079) -0,138*** (0,004) 0,046*** (0,002) 0,361*** (0,029) Panel B : Estimation de degré d’intégration Ω moyenne Ω max Ω min (Ecart-type) *** 0,873 0,988 0,616 R. Tchèque (0,006) 0,699*** 0,988 0,337 Grèce (0,167) 0,522*** 0,999 0,042 Pologne (0,157) 0,528*** Roumanie 0,844 0,361 (0,088) Notes: Ce tableau reporte les résultats d’estimation des paramètres de la mesure de l’intégration financière. DOC et DVB présentent le degré d’ouverture commerciale et le développement du marché boursier respectivement. Ω max., Ω min. et Ω moyenne présentent le degré d’intégration maximal, minimal et moyen respectivement. Les écarts-types robustes sont reportés entre parenthèses. *, ** et *** indiquent la significativité des coefficients au seuil de 10%, 5% et 1% respectivement. Figure 3. Degré d’intégration Roumanie Pologne .9 1.0 .8 0.8 .7 0.6 .6 0.4 .5 96 97 98 99 00 01 Intergation 02 03 04 HP-Filtered 05 06 07 .4 0.2 .3 0.0 96 97 98 99 00 01 Integration 02 03 04 05 06 07 HP-Filtered 19 République Tchèque Grèce 1.0 1.0 0.9 0.8 0.6 0.8 0.4 0.7 0.2 0.6 96 97 98 99 00 01 Integration 02 03 04 HP-Filtered 05 06 07 96 97 98 99 00 01 Integration 02 03 04 05 06 07 HP-Filtered Au-delà des avantages que procurent aux marchés émergents la globalisation et l’intégration financière (une meilleure diversification des risques, une meilleure allocation de capitaux et un meilleur potentiel de croissance économique), celles-ci peuvent également entraîner des effets indésirables. Citons, entre autres effets, l’augmentation de l’instabilité financière due aux chocs extérieurs et les disparités dans les échanges avec les pays développés (Levine et Zervos, 1996; Stiglitz, 2002 ; Bekaert et al., 2002b). L’appréciation du niveau d’intégration de ces marchés s’avère alors cruciale. En outre, elle est à la base de toutes les problématiques ayant trait à l’évaluation internationale des actifs financiers et aux politiques de coopération économique régionale. Les études en la matière permettent aussi de connaître la tendance haussière actuelle de l’intégration financière, ses facteurs déterminants, ses effets sur la prime de risque et le coût du capital dans un contexte international. 5. Conclusion Nous avons retenu le cadre théorique du MEDAFI conditionnel pour analyser le degré d’intégration intra-régionale des marchés boursiers de l’Europe du Sud-est. Ensuite, après avoir déterminé a priori les facteurs prépondérants de l’intégration financière intra-régionale, nous avons mesuré l’importance du risque de change dans les choix internationaux des portefeuilles d’actions. Nos résultats montrent que les degrés d’ouverture commerciale et de développement du marché boursier sont les facteurs les plus déterminants de l’intégration financière intra-régionale. De plus, le degré d’intégration des marchés boursiers varie 20 considérablement dans le temps et d’un marché à l’autre. La République Tchèque est le pays le plus intégré financièrement dans le marché régional au cours des dernières années. Quant à la Grèce, elle enregistre une baisse du degré d’intégration intra-régionale. Les tests concernant la Roumanie et la Pologne n’ont montré aucune tendance particulière des degrés d’intégration des marchés. Références Adler M. et Dumas B. 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