Commission baleinière - Fondation Brigitte Bardot

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Commission baleinière - Fondation Brigitte Bardot
LA COMMISSION BALEINIERE INTERNATIONALE
ORGANISME DE PROTECTION DES BALEINES ?
L'ordre des cétacés comprend des espèces de taille très importante, notamment chez les
mysticètes (cétacés à fanons) comme la baleine bleue (20 à 30 mètres de long pour un poids
de 150 tonnes). Les nombreux produits dérivés obtenus à partir de ces mammifères marins
et le perfectionnement des méthodes de chasse ont abouti à une diminution importante de
leurs effectifs (près de 90 % pour certains cétacés voire l'extinction complète de quelques
populations locales). Devant cette hécatombe, certains pays se sont inquiétés et ont décidé
d'étudier le problème au niveau international afin d'établir une réglementation de la chasse.
Mais la chasse n'est pas le seul facteur influençant la mortalité des baleines. L'homme, de
par son activité de plus en plus importante, provoque indirectement la mort des cétacés
notamment par la pollution chimique, la pollution sonore, les bateaux ou les filets de pêche.
Historique de la chasse à la baleine
Depuis le 17e siècle, l'exploitation commerciale des baleines pour la production de produits
divers, pour leur huile et pour leur chair a fait que la plupart des espèces sont aujourd'hui
menacées. En fait, la chasse à la baleine est une pratique très ancienne. Les plus vieilles
représentations qu'on en possède remonteraient aux environs de 1500 avant Jésus-Christ.
En occident, ce sont les Basques qui commencèrent la chasse en traquant les baleines
franches. Cette espèce, lourde et lente, à la particularité de ne pas couler quand elle est tuée
du fait de son énorme couche de lard. Une fois la population anéantie, les baleiniers ont été
obligés d'exploiter de nouveaux sites (Terre-Neuve) et de nouvelles espèces (la baleine
franche boréale). Mais hélas là aussi les ressources s'épuisent. En Asie la chasse est tout
aussi active. Aux 18e et 19e siècles, la puissante flotte japonaise pourchasse plusieurs
espèces de baleines.
Amélioration des méthodes de chasse
Grâce à l'amélioration des navires, les baleiniers se sont attaqués au cachalot pour sa
graisse, le blanc de baleine (huile présente dans la tête et servant de combustible dans les
lampes) ainsi que le fameux ambre gris (concrétion intestinale) utilisé dans la parfumerie.
Notre pauvre cachalot n'a été sauvé de l'extinction que par la découverte du pétrole et de
l'électricité, qui remplacent avantageusement les lampes à huile. Malheureusement sa
chasse ne s'est pas arrêtée pour autant. En 1870 une révolution arrive avec l’invention du
canon lance-harpon à tête explosive. Depuis cette macabre invention la chasse baleinière est
passée à l’ère industrielle. Les navires baleiniers se sont considérablement développés et
modernisés permettant ainsi de traquer des espèces qui étaient jusque-là trop rapides pour
être commercialement rentables. Désormais la flotte de chasse va être composée de navires
chasseurs et de navires-usines qui permettent ainsi l'essor de l'industrie baleinière moderne.
Mise en place d'une réglementation de la chasse
Ainsi, l'intérêt commercial grandissant a conduit à une baisse considérable des effectifs de
ces grands mammifères. Conscients du danger d'extinction de ces espèces, les 19 pays
baleiniers se regroupent pour tenter de gérer une ressource devenue rare. Ils créent alors la
Convention Baleinière Internationale (CBI), pour établir et se répartir des quotas de chasse
selon des règles précises qui ne tiennent malheureusement compte ni de l'espèce ni du sexe
ni de l'âge. En 1982, avec l'appui de pays comme la France, le moratoire sur la chasse
commerciale est enfin adopté. Il signifie l'arrêt total de toute prise commerciale mais n'est
appliqué qu'en 1986 pour permettre aux flottes japonaises de se reconvertir. Le moratoire a
été adopté pour une durée indéterminée, le temps d'élaborer une procédure de gestion
capable de préserver les baleines tout en satisfaisant les besoins d'une industrie baleinière
modérée. La seule exception au moratoire est faite en faveur de certaines populations dont
la culture et la subsistance dépendent de cette chasse dite aborigène de subsistance. Leurs
quotas sont revus tous les trois ans afin de ne pas menacer les espèces concernées.
Malheureusement, tout pays a le droit d'objecter à une décision prise par la CBI et donc
s'affranchir de respecter le moratoire. Voilà pourquoi la Norvège a objecté au moratoire dès
1982 et a repris en 1993 une chasse commerciale au petit rorqual. L'ex-URSS a également
objecté au moratoire. Quant au Japon, il a retiré son objection après que la CBI ait décidé de
repousser l'application du moratoire jusqu'en 1986. Ce délai lui a permis de mettre au point
sa chasse scientifique actuellement pratiquée dans les Mers Australes et en Pacifique Nord.
Cette chasse cible les petits rorquals et depuis 2000 les cachalots et les rorquals de Bryde.
Nous ne sommes pas dupes, en fait, le but de ces massacres est d'alimenter les restaurants
de luxe japonais en viande de baleine, toujours très chère et très sollicitée, mais qui s'obtient
de plus en plus difficilement. En 1982, le sanctuaire baleinier de l'Océan Indien était adopté
pour dix ans (il a été reconduit en 1992 puis en 2002)... et le cachalot est déclaré espèce
protégée. Enfin plus récemment, c'est le sanctuaire des Mers Australes, proposé par la
France, qui a été adopté en 1994 (reconduit en 2004). La CBI se réunit une fois par an pour
sa séance plénière. Elle convoque ses pays-membres (près de quatre-vingt-dix aujourd'hui)
pour traiter de nombreux sujets : sanctuaires, Revised Management Scheme (RMS ou
Schéma révisé d'exploitation), méthodes de mise à mort des baleines, trafic de viande de
cétacés, écotourisme baleinier... Chaque pays est représenté par une délégation menée par
un commissaire. Pour la France, celui-ci est nommé par le ministère des Affaires Étrangères.
Pour siéger à la CBI, le gouvernement concerné doit s'acquitter d'une adhésion dont le
montant est proportionnel à l'effectif de sa délégation. Tout pays dispose d'une voix lors des
votes. Les ONGs ne peuvent pas prendre la parole durant la réunion. Il faut savoir que la CBI
ne peut prendre aucune sanction contre ses membres, même s'ils enfreignent le règlement
mais chaque pays-membre peut prendre des sanctions diplomatiques ou économiques à
l'encontre de pays ne respectant pas les décisions adoptées par la commission.
Le Japon s'achète des alliés
Depuis plusieurs années, le Japon opère une stratégie d'achat de votes. C'est ainsi
qu'aujourd'hui, les pro-chasseurs sont aussi nombreux que les anti-chasse au sein de
l'hémicycle. On a pu remarquer que les pays des Caraïbes et d'Afrique votent
systématiquement comme le Japon. En 2001, dans une interview publiée par plusieurs
médias, le commissaire nippon a avoué acheter les votes des pays alliés. Bien que le
gouvernement japonais nie la véracité de ces propos une cassette vidéo enregistrée par le
journaliste auteur de l'entretien ne laisse planer aucun doute sur ce qui a été dit. Depuis, le
nombre de pays alliés ne cesse d'augmenter les rangs des chasseurs. Monsieur Komatsu
déclarait qu'une partie des fonds d'aide au développement distribués par son pays étaient
consacrés à l'adhésion de nouveaux membres au sein de la CBI. Ces derniers se sont ainsi
laissés convaincre d'adhérer à cette Convention afin d'aider le Japon dans sa course vers la
levée du moratoire adopté en 1982. Déjà des victoires des pays baleiniers ont pu être
constatées alors que seuls trois pays membres chassent encore la baleine. Les pays
protecteurs n'ont de ce fait pas pu éviter au Japon et à ses amis de mettre en échec et ceci
depuis plusieurs années les propositions de sanctuaires dans le Pacifique Sud et en
Atlantique Sud.
Les autres menaces pesant sur les cétacés
On a pu remarquer que même si certaines espèces comme la baleine bleue ou la baleine
franche Nord Atlantique sont protégées depuis plusieurs décennies, elles n'arrivent pas à
renouveler leur effectif initial. Afin de déterminer les facteurs entravant la croissance des
populations, des recherches doivent être entreprises sur l'écosystème dans son intégralité.
D'autres causes de mortalité pourraient expliquer la disparition de ces espèces : les
pollutions, la capture involontaire dans les filets, les dégradations ou pertes d'habitat et les
collisions avec les bateaux. Pour ce qui est des pollutions, les pesticides et autres produits
chimiques synthétiques sont essentiellement introduits dans l'environnement du fait de la
culture intensive. Les cétacés, par leur position au bout de la chaîne alimentaire marine, sont
particulièrement sujets à accumuler des toxines chimiques, telles que pesticides, insecticides
et les métaux lourds dont le mercure. Des analyses sur les nombreux cétacés retrouvés
morts ont révélé, pour la plupart de ces animaux, de hauts niveaux de produits chimiques
industriels dans leurs tissus… Ces produits augmentent la probabilité de maladie et
diminuent la fertilité en interférant avec les systèmes hormonaux des animaux ; ils
représentent donc de graves menaces pour leur survie. Comme chez la plupart des grands
mammifères, le taux de reproduction est faible. Les baleines atteignent leur maturité
sexuelle tardivement et leur temps de gestation est relativement important. Mais ce n'est
pas tout, l'accumulation de ces produits rend la viande impropre à la consommation voire
nuisible à la santé des consommateurs. Ainsi, la chasse, qui était jusqu'à présent la principale
menace pour les populations de cétacés, est aujourd'hui rejointe par des facteurs liés à
l'expansion anthropique : diminution des ressources trophiques due à la surexploitation des
mers, pollutions, captures involontaires dans les filets et collisions avec les bateaux sans
parler des répercussions liées aux changements climatiques. Depuis une dizaine d'années
maintenant, un certain nombre de résolutions (portant notamment sur les captures
accidentelles de cétacés, sur les chasses japonaises et norvégiennes, ainsi que sur les
menaces environnementales) ont été adoptées. Un budget a d'ailleurs été alloué au comité
scientifique pour financer la recherche sur l'environnement.