Maison des Canuts : interventions de la Ville et de la

Transcription

Maison des Canuts : interventions de la Ville et de la
2004/3665 - Maison des Canuts : interventions de la Ville et de la SACVL (Direction des Affaires Culturelles Service Patrimoine)
Rapporteur : M. BEGHAIN Patrice
M. BEGHAIN Patrice, rapporteur : Avis favorable de la Commission.
Je tiens d’ailleurs à remercier nos collègues qui se sont rendus à cette réunion
extraordinaire de la Commission le jour du vendredi saint.
M. LE MAIRE : Monsieur Caillet, vous étiez là le vendredi saint ?
M. BEGHAIN Patrice, Adjoint : Non.
M. CAILLET Gabriel : Je n’étais pas convié Monsieur le Maire !
M. BEGHAIN Patrice : M. Caillet n’est pas membre de la
Commission des Affaires culturelles, donc il est tout excusé.
M. CAILLET Gabriel : Je me félicite qu’une solution soit envisagée
pour la réouverture de la Maison des Canuts. Je vous signale que jamais
l’Association concernée n’avait touché de subvention des différentes collectivités,
ce qui prouve à l’évidence que jusqu’en 2002, avec son support la SCOP
(COPTISS), l’affaire était viable.
Une bonne gestion était nécessaire, je sais que ces dernières années ce
n’était plus le cas. Ce qui doit nous inquiéter pour l’avenir, c’est la pérennisation
de la Maison des Canuts. La semaine dernière décédait l’un des derniers tisseurs,
figure Croix-Roussienne, M. Matelon, 91 ans, propriétaire d’un atelier rue Richan.
Au cours de la cérémonie, une personne de l’Association Soierie
Vivante a pris la parole pour faire comprendre aux élus présents (et j’en faisais
partie) qu’elle comptait bien sur la municipalité pour prendre en charge l’Atelier
Matelon. On n’est pas sorti de l’auberge…
Monsieur le Maire, je crois qu’il faudrait une bonne fois pour toutes,
dans un même lieu, réunir l’ensemble des métiers et accessoires canuts, dans un
même lieu réunir les associations concernées pour qu’ensemble nous puissions
réaliser un vrai musée à la mémoire des tisseurs qui ont fait la renommée de la
Croix-Rousse, de Lyon et de sa région.
M. ROUX de BEZIEUX Erick : Effectivement, nous étions peu
nombreux à cette Commission mais elle était extraordinaire. C’est peut-être la
raison pour laquelle nous n’étions que quatre Conseillers municipaux, mais elle
était extrêmement intéressante puisque M. Béghain nous a présenté la volonté de
la Ville de se porter acquéreur du fond patrimonial de la SCOP Maison des
Canuts. Il nous a été dit que ce fond avait une complémentarité évidente avec les
collections de la Ville de Lyon et que c’était même un enrichissement notamment
avec des outils, des objets déposés par différents tisseurs au fil malheureusement
des cessations d’activités ou des départs en retraite et qu’effectivement nous
allions constituer un enrichissement non négligeable de notre fond
muséographique.
C’est donc pour Lyon une acquisition d’importance, si le juge
l’autorise, qui pérennisera le fond. Nous vous donnons donc acte de cette volonté
et je partage mon temps de parole avec mon estimé collègue Amaury Nardone.
M. NARDONE Amaury : Mon non moins estimé Collègue, Erick
Roux de Bézieux, vous a donné notre avis sur l’aspect patrimonial de ce dossier.
Monsieur le Maire, Chers collègues, je voudrais pour ma part, en temps
qu’administrateur de la SACVL, et très brièvement, mettre en garde notre Conseil
et par-là, l’ensemble des Lyonnais, de ce que je crois être une dérive de cette
institution.
En effet, il est inutile de rappeler l’objet social de la SACVL qui est
de construire des logements sociaux. Or, l’on s’aperçoit au fil du temps, c’est-àdire depuis maintenant deux, trois ans, que la SACVL à de nombreuses reprises
sort de son objet social pour acquérir d’autres murs, d’autres locaux qui n’ont rien
à voir avec le logement social. On a vu l’acquisition de murs de commissariats par
exemple, aujourd’hui c’est la Maison des canuts, c’est-à-dire exclusivement des
locaux commerciaux. Je crois qu’elle sort totalement de son objet et je tenais à
marquer, peut-être pour la première fois au sein de notre Conseil, ce que je crois
être une dérive. Je vous remercie.
Mme PESSON Alexandrine, Maire du 5e arrondissement : Monsieur
le Maire, mes chers Collègues, effectivement M. Amaury Nardone est
administrateur de la SACVL. Je suis étonnée parce qu’à notre arrivée en 2001,
nous avons modifié les statuts et l’objet social de la SACVL, après vote du
Conseil d’administration ; ces statuts ont été approuvés au Conseil municipal.
Vous étiez présent puisque vous êtes Conseiller municipal. Relisez les statuts de
la SACVL et vous verrez que la SACVL a élargi son champ d’action. Voilà,
c’était une petite précision que je voulais apporter.
M. BEGHAIN Patrice : La délibération qui nous est soumise concerne
l’engagement de la Ville. Mais comme je l’ai expliqué en Commission, c’est une
action conjointe et concertée de la Ville et de la SACVL. Cette action a mobilisé
la mairie du 4e arrondissement, le Maire Dominique Bolliet, le Premier Adjoint
David Kimelfeld, mes collaborateurs de la Direction des Affaires culturelles, un
certain nombre de responsables éminents de l’Hôtel de Ville pour une action que
nous considérions comme d’importance. Il fallait malheureusement prendre acte
de la mauvaise gestion de la SCOP qui gérait la Maison des Canuts (cela a été
rappelé à l’instant) et trouver dans un contexte juridique extrêmement difficile
pour nous, les moyens de préserver non seulement un patrimoine, mais un élément
essentiel de l’identité de notre ville.
Nous avions là un devoir me semble-t-il impératif. C’est en fonction
de ce devoir impératif que nous avons essayé de trouver les solutions qui nous
permettaient d’intervenir dans un contexte qui, je le rappelle, était un contexte
purement privé, la mise en liquidation judiciaire d’une SCOP.
Nous avons donc élaboré ce dispositif qui est, à notre sens, une
première étape. Si l’opération aboutit comme nous le souhaitons, c’est-à-dire, si le
Commissaire chargé de la liquidation, puis le juge liquidateur dans un contexte où
les propositions sont ouvertes (nous sommes un intervenant parmi d’autres), si
cette proposition, donc, de la SACVL, pour ce qui concerne l’immobilier
appartenant à la SCOP et la proposition de la Ville sont acceptées, nous pourrons
alors passer à une seconde étape. Ce sera la rédaction d’un cahier des charges qui
fixera les conditions dans lesquelles la SACVL pour son compte, mais je n’ai pas
à me prononcer ici au nom de sa Présidente ou de son Directeur général, ou de son
Conseil d’Administration, et la Ville pour sa part, décideront de concéder l’usage
des bâtiments et celui de la collection. Ce sera à ce moment-là un grand pas qui
aura été franchi et les critères que nous retiendrons pour l’élaboration de ce cahier
des charges sont clairs. Ce sera d’abord la question de l’équilibre économique de
l’entreprise. Il n’est pas question que nous engagions dans un subventionnement
régulier de cette activité. Ce sera ensuite le maintien d’une démarche culturelle et
patrimoniale forte et la capacité à travailler en synergie avec les autres lieux et les
autres associations qui, sur la Croix-Rousse, dans le 4e arrondissement
notamment, concourent à maintenir vivante la mémoire de la soie.
Je suis peut-être un peu moins dirigiste et centralisateur que vous,
Monsieur Caillet, je pense qu’il faut plutôt que la Ville joue un rôle de fédérateur
plutôt qu’un rôle de centralisateur et de rassembleur, en un seul lieu, en un seul
temps, de l’ensemble du patrimoine de la Croix-Rousse. Il y a des associations
différentes, il y a des projets différents, nous souhaitons que ce qui n’existait pas
jusqu’à présent qui était le travail en commun de tous les acteurs se réalise, et ce
sera aussi l’un des éléments du choix de l’éventuel repreneur. Aujourd’hui, en tout
cas, c’est une première étape, et la délibération qui vous est soumise vous
demande d’autoriser M. le Maire à faire une offre de reprise du patrimoine
mobilier de la Maison des Canuts, mais je crois que mon collègue Pierre-Alain
Muet souhaitait ajouter un mot à ce que je viens de dire.
M. MUET Pierre-Alain, Adjoint : Monsieur le Maire, chers Collègues,
je voudrais juste ajouter quelques mots à ce que vient de dire Patrice Béghain pour
exprimer notre volonté collective de préserver un patrimoine qui est intimement
mêlé à notre histoire et qui appartient à tous les Lyonnais. Ce patrimoine,
aujourd’hui, il est privé mais fondamentalement, c’est un patrimoine public,
même si en droit il n’est pas public. C’est un patrimoine public parce que, pour les
Lyonnais, les métiers à tisser, notamment qui ont pu être vus en fonctionnement
au sein de la Maison des Canuts, c’est leur patrimoine historique. En faisant entrer
ce patrimoine dans le domaine public, si la procédure nous le permet, nous
assurons sa conservation et nous éviterons notamment que se reproduisent des
situations comme celles que nous connaissons où la liquidation judiciaire d’une
entreprise privée peut conduire à l’éparpillement du patrimoine.
On peut tout à fait avoir une gestion privée. Toute la logique du
dispositif qu’a rappelé Patrice Béghain, c’est de faire en sorte que ce patrimoine,
parce qu’il est en fait public, entre dans le domaine public, mais sa gestion peut
être privée. Cette gestion privée doit être établie sur la base d’un cahier des
charges qui rappelle un certain nombre de missions de service public parce que
c’est un peu comparable aux biens qu’on trouve dans nos musées, et qu’il y a une
mission de service public à conserver cette histoire de la Croix-Rousse mais aussi
de la Ville de Lyon. Je pense que pour donner toute la dimension à la valeur de ce
patrimoine, il faut que nous inscrivions ce nouveau musée des Canuts dans le
projet d’itinéraire de la soie.
Gaby Caillet a parlé d’un musée qui rassemblerait l’ensemble, je
pense que l’idée d’itinéraire de la soie est plus décentralisée, mais c’est la même
idée, c’est-à-dire une idée fédératrice où tous les acteurs de la soierie, les acteurs
qui gardent l’héritage du passé, mais aussi ceux qui interviennent aujourd’hui
dans le domaine de la soie puissent s’exprimer, puissent trouver leur place. Je
crois que c’est un projet fédérateur important et que nous jouons ici notre rôle de
service public, notre rôle de collectivité locale qui est de préserver le patrimoine.
C’est vrai que les métiers se sont tus, mais ce passé continue à fortement marquer
la Croix-Rousse et l’ensemble de notre Ville. Nous sommes très nombreux ici à
vouloir agir pour préserver ce patrimoine. Merci Monsieur le Maire.
M. DACLIN Jean-Michel, Adjoint : Je souhaiterais apporter un
élément d’information et confirmer ce que vient de dire M. Pierre-Alain Muet
puisque nous sommes actuellement avec Nadine Gelas en train de travailler avec
les industriels de la soie pour monter un parcours touristique qui, en gros,
commencerait par le Musée des Tissus, continuerait par un parcours de la soie et
se terminerait par des visites industrielles parce que, déjà, il semble qu’il y ait une
demande très forte en la matière. Nous espérons que ce produit touristique pourra
être monté d’ici la fin de l’année.
M. LE MAIRE : Merci, Monsieur Daclin. On voit bien là votre
dynamisme habituel qui, quelquefois, en désespère certains.
Je mets aux voix les conclusions de mon rapport. Il n’y a pas
d’opposition ? Elles sont adoptées.
(Adopté)