Les outils d`aide à l`écriture
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Les outils d`aide à l`écriture
Les outils d’aide à l’écriture Florence Naturel (PEMF), David Tournier (CPAIEN) 1. Place de la production d’écrits dans la classe Dans la société, l’écrit a pris une place essentielle. Chacun est amené à écrire dans sa vie personnelle, professionnelle et sociale. Il est essentiel de faire écrire les enfants souvent, régulièrement. Les activités d’écrits doivent être porteuses de sens afin que les enfants soient motivés et s’engagent dans les activités rédactionnelles. On écrit pour être lu. C’est une tautologie en apparence, mais cela a des implications pédagogiques majeures : c’est la perspective d’une communication ou d’une médiation des textes (mise en valeur, publication, mise à disposition en fond de classe, …) qui confère aux activités d’écriture toute leur signification pour les élèves. Dans la classe, on distinguera : - les écrits dits ‘scolaires’. Il est important qu’ils soient porteurs de sens pour les enfants. Il peut s’agir de rédiger une phrase pour répondre à une question, d’écrire un poème pour constituer un recueil… - les écrits qui visent une médiation ou une communication extérieure à la classe : on écrit les règles de la cour de récréation, on écrit aux correspondants, pour le journal scolaire, pour inviter les maternelles/une autre classe/les parents, on écrit au maire, à un partenaire extérieur de l’école… - les écrits pour le plaisir, car on a envie d’écrire, avec ou sans inducteurs (le texte libre par exemple) De la même manière, il faut distinguer plusieurs types de projets d’écriture longue : - les projets au long cours (au-delà de 5 séances) - les projets d’écriture moins ambitieux (1 à 3 séances) mais tout aussi importants, et moins lourds en termes d’organisation pédagogique. Les écrits doivent être valorisés, l’enfant doit lire aux autres ce qu’il a écrit. Il n’écrit pas seulement pour le maître/la maîtresse. Comme l’élève s’adresse à un lecteur, il n’écrit pas n’importe quoi, n’importe comment ; cet écrit va servir à quelque chose. L’écrit doit être compréhensible pour pouvoir être lu. S’il contient trop d’incohérences par exemple, l’écrit est incompréhensible et il perd sa finalité et son intérêt. L’élève doit petit à petit développer une conscience de la langue. Les mots ne s’écrivent pas n’importe comment. On ne met pas des -s, des -ent n’importe où, les mots ont un costume, qui change de temps en temps (le pluriel). Les mots doivent vivre dans la classe pour que les enfants développent une conscience de la langue. D’où l’importance de lire des albums qui évoquent l’univers des mots et du livre (cf. bibliographie sélective commentée en littérature de jeunesse) 2. Que faire écrire ? On visera d’une part des situations d’écriture à contraintes visant l’emploi de structures syntaxiques ou de phénomènes de langue ciblés (cf. intervention de Mme Camenisch), et d’autre part des situations moins guidées. Au CP, les élèves sont capables de « concevoir et écrire collectivement avec l’aide du maître une phrase simple cohérente, puis plusieurs » et au CE1, de « concevoir et écrire de manière autonome une phrase simple cohérente, puis plusieurs, puis un texte narratif ou explicatif de 5 à 10 lignes ». a) Quelques exemples d’activités ritualisées a. Les boîtes à mots En appui sur un album de littérature de jeunesse et/ou sur un projet de classe, les élèves écrivent des mots destinés à être placés dans l’une des boîtes à mots. Il peut y avoir par exemple la boîte des personnages d’une histoire, celle des lieux, celle des noms d’animaux, celle des couleurs, ou encore celle des mots ou groupes de mots qu’on utilise souvent pour écrire. Inspection d’Illfurth (68) – Dossier de stage « Ecrire au cycle 2 » – mai 2013 1 Boîtes à mots, classe de Mme Naturel (PEMF, EE Soultzeren) – Photo D.T. La démarche est la suivante : on observe le mot et on va s’entraîner à l’écrire. On va ensuite l’écrire à l’ordinateur, l’imprimer sur une étiquette et le ranger dans une boîte. b. La phrase du jour (cf. travaux de Mireille Brigaudiot) Plusieurs possibilités s’offrent à l’enseignant, et il est important de varier les dispositifs. C’est une activité que l’on peut faire sur une période par exemple. Un enfant propose une phrase. La classe propose une phrase : Les enfants se mettent d’accord sur la phrase du jour. Par exemple un enfant propose une phrase qui peut être enrichie ou modifiée par d’autres enfants. La maîtresse propose une phrase. On prélève une phrase dans un livre de la classe. Il s’agit d’être très explicite au sujet des objectifs assignés à cette activité. Pourquoi fait-on cela ? A quoi cela va-t-il nous servir ? (On va apprendre à écrire des mots et il y a déjà des mots qu’on sait écrire.) Exemple. Le maître/la maîtresse dit la phrase : « Nous allons faire du sport. » Suivant le niveau de la classe : - Combien de mots vais-je écrire ? (Etape importante pour travailler au besoin la segmentation du discours oral en mots transcriptibles). - Est-ce qu’il y a des mots que nous savons déjà écrire ? (Nous, allons, du) Quels sont les problèmes qui se présentent ? (Comment écrire le mot faire, de quel [ai] s’agit-il ? Il s’agit du [ai] de maison. Dans le mot sport, la lettre muette finale n’est pas évidente. Soit certains enfants le savent, soit l’enseignant le précise. (L’orthographe lexicale ne s’invente pas et ne se négocie pas. S’il y a un mot trop difficile à écrire, l’enseignant le donne au tableau.) - Chacun écrit sa phrase sur l’ardoise. Puis l’enseignant l’écrit au tableau et on compare. On peut aussi proposer, au CP et au début du CE1, une phrase du jour à trous, déjà transcrite au tableau, et les élèves la recopient et la complètent en puisant dans les mots outils de la classe. - Si des problèmes d’orthographe grammaticale se posent, alors les élèves sont amenés à les justifier (ex : les marques d’accord au féminin et au pluriel. Comme le dit André Ouzoulias, l’orthographe grammaticale est le lieu de la négociation, le lieu d’une situation problème d’ordre orthographique.) c. La boîte aux lettres (cf. Mireille Brigaudiot, 2006) L’idée est de construire une organisation de classe propice à des activités d’écriture spontanée de petits courriers entre élèves. Démarche pour les élèves : je réfléchis à ce que je veux écrire. Je l’écris. Je le relis et je me demande si la personne à qui j’écris va bien comprendre ce que j’ai écrit. Je le mets dans une petite enveloppe Inspection d’Illfurth (68) – Dossier de stage « Ecrire au cycle 2 » – mai 2013 2 et je la donne à corriger à l’enseignant. Celui-ci corrige avec l’élève quand cela est possible (sur un moment d’activités autonomes, de copie…), sinon souligne ce que l’enfant peut corriger. Celui-ci procède ensuite à la correction de sa lettre. Le maître peut écrire aux enfants qui n’ont pas reçu de courrier. De temps à autre, on peut imposer un dispositif (aujourd’hui, on va écrire une lettre à son camarade assis à côté ; au voisin de devant…) Au bout de quelques temps, le maître intervient pour faire de la variation : il peut proposer aux enfants, pour la première fois, d’écrire en vrai à quelqu’un d’extérieur à l’école. En général, les enfants choisissent leurs parents. On poste la lettre en vrai, on timbre, on prévoit le délai de réception. b) Des activités courtes ou des projets à court terme a. Les récits de vie Les récits de vie sont indispensables. Ils seront pour l’enfant des textes références car il les aura luimême écrits, imprimés, illustrés, mais aussi redits et relus souvent. Plus j’écris de textes et plus je mobilise des ressources qui me permettront d’en écrire de nouveaux. Cependant, les contraintes sont importantes pour les enseignants car il faut négocier le texte avec chaque enfant. b. Les situations génératives Les situations-génératives permettent d’augmenter la quantité d’écrit à faire produire aux élèves, car le référent textuel fournit une trame dans laquelle les élèves peuvent s’inscrire, ce qui allège leur mémoire de travail qu’ils peuvent alors mobiliser autrement. Exemple de situation générative à partir d’une comptine : Consigne : remplacer les mots barrés. Productions d’élèves : Source : http://www2.ac-lyon.fr/etab/ien/rhone/meyzieu/ Exemple de situation générative en appui sur un texte poétique Tu dis Tu dis sable et déjà la mer est à tes pieds Tu dis forêt et déjà les arbres te tendent leur bras Tu dis colline Inspection d’Illfurth (68) – Dossier de stage « Ecrire au cycle 2 » – mai 2013 3 et déjà le sentier court avec toi vers le sommet Tu dis nuages et déjà les mots volent et dansent comme des étincelles dans la cheminée. Jean-Paul SCHNEIDER Consigne : remplacer les noms en bleu par d’autres noms au choix, et inventer une proposition en rapport avec chacun. Autre exemple de situation générative (en appui sur « Texte libre », dans : Bernard FRIOT, Histoires pressées, Milan, 1991) Texte libre Dimanche, je suis allé chez mon tonton et ma tata. On a mangé du poulet avec des frites. Après, on est allé au zoo et on a vu le tigre dans sa cage. Quelle belle journée! Lundi, je suis allé chez le tigre. On a mangé mon tonton et ma tata avec des frites. Après, on est allé au zoo et on a vu le poulet dans sa cage. Quelle belle journée! Mardi, je suis allé chez le poulet avec des frites. On a mangé le tigre. Après, on est allé au zoo et on a vu mon tonton et ma tata dans leur cage. Quelle belle journée! Mercredi, … c) Des activités ou des projets d’écriture longs On privilégiera deux types de textes : les textes narratifs et les textes explicatifs trois genres : le compte-rendu, le récit littéraire, le documentaire 3. Le rôle de l’enseignant Le rôle de l’enseignant est de mettre à disposition des élèves tous les moyens nécessaires pour écrire sans erreur. Pour les situations d’écriture à contraintes, le cadre contribue en lui-même (pour partie) à l’étayage de l’activité. Dans les situations d’écriture où le degré d’autonomie des élèves et la diversité des choix possibles sont plus larges, l’enseignant doit fournir des aides précises. Il y a des mots ou des structures que les élèves savent déjà écrire : les mots outils (c’est, …) des mots simples (jour, école…). Il est important qu’ils prennent conscience qu’ils savent déjà écrire des mots. On va les aider : - en construisant des outils et des textes de référence (textes bien connus, affichages, glossaire des noms de lieux, d’animaux, des adjectifs de couleur, des verbes…). - en les aidant à retrouver rapidement et sans trop d’effort les mots posant problème. - en faisant pratiquer l’entraide ou jouer si nécessaire le rôle de secrétaire. a) Les aides à l’écriture Il faut être très explicite par rapport à ces aides. Certains enfants (beaucoup plus nombreux qu’on peut le penser) ne font pas de lien entre l’affiche et l’aide qu’elle peut représenter pour leur travail d’écriture. Il faut prendre le temps d’expliquer, de laisser les enfants tâtonner, expérimenter avant de les utiliser correctement. Nous fonctionnons aussi de la même manière : lorsque l’on applique dans sa classe un nouveau dispositif pédagogique, il se peut que cela ne fonctionne pas à la première tentative. On est beaucoup et très (trop) souvent dans l’implicite avec les élèves. a. La lecture, la fréquentation de la littérature de jeunesse Inspection d’Illfurth (68) – Dossier de stage « Ecrire au cycle 2 » – mai 2013 4 Lire, lire et encore lire ! Pour le plaisir, pour partager, pour se construire une culture littéraire, pour développer l’imaginaire, pour enrichir le vocabulaire, pour enrichir l’expression, pour mieux écrire, pour développer une mémoire photographique des mots simples. L’album sera régulièrement utilisé comme support d’écriture (cf. bibliographie sélective commentée en littérature de jeunesse). Un objectif en tant que tel peut être de développer des compétences de scripteur à travers un dispositif structuré et précis, explicite et répétitif, qui aide les élèves à mieux comprendre le but à atteindre. Les supports : on privilégiera des textes courts à structure forte : formules magiques, proverbes, haïkus, charades, devinettes, comptines, albums de littérature de jeunesse… L’album est lu (en séance de lecture) puis utilisé comme support d’écriture. On y aura préalablement repéré des structures qui reviennent souvent, et que l’on aura prélevé et recopié. b. Les affichages On privilégiera des affichages qui ont été construits avec les élèves, et auxquels on se réfère souvent. Attention aux enfants qui ne font pas le lien entre les affichages et ce qui est étudié en classe. Il est important de bien réfléchir à l’affichage si on veut qu’il serve à quelque chose. L’enseignant et les élèves doivent s’y référer très souvent. Les affiches, sur support A3 ou plus grandes, sont ensuite réduites au format A5 ou inférieur pour intégrer le cahier de règles des élèves. Exemples d’affiches utiles en situation de production d’écrits : - Des phonèmes avec des exemples de mots, des listes que l’on peut compléter au fur et à mesure des besoins. Ce sont les mots fournis par les élèves qui y figurent, ce qui contribue à les motiver davantage quand ils ont besoin de s’y référer. (« Faire, ça s’écrit avec le [ai] de maison ».) - L’alphabet en cursive (minuscules et majuscules) - Des synthèses de ce qui a été observé en étude de la langue ; des listes de mots au pluriel par exemple, avec le « s » en évidence - Des phrases mettant en évidence les chaînes des accords (sujet/verbe, accords dans le GN) - Des listes d’homophones … Recommandations pour permettre aux élèves de se servir des affichages en situation : - Modérer leur nombre, pour ne pas noyer les élèves sous le flot d’informations - Les construire avec les élèves - S’y référer régulièrement pour les rendre vivants c. Le recours aux boîtes à mots Inspection d’Illfurth (68) – Dossier de stage « Ecrire au cycle 2 » – mai 2013 5 Ces boîtes, déjà évoquées plus haut, contiennent des mots rencontrés par les enfants au fil des lectures, des projets, des situations d’écriture. Les étiquettes sont réalisées par les enfants sur ordinateur, ils écrivent le mot dans des grilles qui sont ensuite imprimées et plastifiées. Ces boîtes sont évolutives : on les complète au fur et à mesure des mots rencontrés. Un mot nouveau susceptible d’intégrer une boîte peut soit être suggéré par les élèves, soit proposé par l’enseignant. Les mots qui y sont rangés sont connus des enfants, ces derniers ont une vue d’ensemble du contenu des boîtes, ils savent souvent si le mot que l’on cherche à écrire s’y trouve ou non. Ces boîtes à mots peuvent aussi servir de supports à des activités d’étude de la langue : tri de mots pour chercher le masculin ou le féminin, la nature des mots … Il est important de faire comprendre aux élèves qu’un même mot peut trouver sa place dans différentes boîtes (en particulier la double catégorisation sémantique et grammaticale d’un même mot peut être travaillée. Les étiquettes de la boîte des couleurs rejoindront en temps utiles la boîte des adjectifs qualificatifs par exemple.) Pour que les boîtes à mots servent de référents pour des situations d’écriture, il faut : s’en servir régulièrement ; les placer en évidence et en accès libre dans la classe ; laisser les élèves les découvrir et s’en servir pendant des temps libres. d. Les répertoires orthographiques Ils sont bien plus efficaces, en situation de production d’écrit, que les dictionnaires classiques. L’entrée dans ces ouvrages et la recherche se font par phonèmes, les mots sont classés selon le critère d’une analogie phonémique du début du mot. (ex : on trouvera « un œuf » à côté de « neuf »). e. Le cahier de règles f. Des textes déjà écrits Surtout des textes qui ont un lien avec la classe, avec ce que vivent les élèves. Ce sont leurs textes, ils les connaissent bien d’où l’intérêt du texte libre. g. Les autres élèves et le maître : le marché aux mots Principes du dispositif : les élèves demandent à leurs camarades s’ils connaissent l’orthographe d’un mot (s’ils en sont « sûrs »). Le double niveau est alors un avantage certain. Ils peuvent aussi demander au maître s’il est disponible. Il est important de faire épeler les mots afin de les mémoriser. 4. Un exemple de déroulement de séance en production d’écrit Une fois la consigne expliquée, les enfants se mettent au travail. Soit ils ont déjà des aides, par exemple une liste de mots spécifiques qui aura été constituée avec les élèves avant la production d’écrit et qui va leur servir de réservoir de mots, soit ils n’ont pas d’aide spécifique mais ils peuvent alors se servir des ressources qui sont dans la classe et qu’ils ont appris à exploiter au cours de l’année. Il est important de montrer aux élèves comment se servir de ces ressources, pour certains enfants il va falloir y revenir, réexpliquer si l’on veut que cela devienne un réflexe. Accepter que les enfants tâtonnent avec le matériel proposé. S’ils ne savent pas du tout comment écrire un mot, ils tracent un trait et pourront demander le mot aux copains ou au maître à la fin de la production d’écrit. Si des enfants n’arrivent pas à commencer l’écriture, proposer une pause méthodologique, au cours de laquelle quelques élèves peuvent lire ce qu’ils ont déjà écrit. Cela peut aider les autres à commencer. Quand l’enseignant est disponible, il écrit au tableau les mots qui ont posé difficulté. Les enfants relisent leur écrit mais une correction orthographique n’est pas demandée à ce stade. Le travail d’écriture les a déjà beaucoup sollicités. Inspection d’Illfurth (68) – Dossier de stage « Ecrire au cycle 2 » – mai 2013 6 Les productions sont redistribuées lors d’une séance suivante, et les enfants effectuent des corrections. Ils peuvent pour cela prendre éventuellement appui sur une grille de relecture (qui fixe par exemple l’attention des élèves sur : les majuscules et les points, les accords sujet-verbe en appui sur le soulignement du GNS et du V. Les enfants relisent activement. En soulignant ils sont obligés de faire attention.) Les productions sont ensuite ramassées. L’enseignant corrige ce que les enfants ne peuvent pas traiter par eux-mêmes, et souligne le reste en mettant des annotations de temps en temps. S’ensuit un nouveau ramassage des productions, et une seconde correction par l’enseignant. Certains points de correction (cohérence du texte, reformulation, fin de texte...) seront discutés avec l’ensemble de la classe. Les idées sont partagées. La classe éprouve le travail coopératif. L’erreur acquiert ainsi une place positive. Chacun pourra réinvestir ces échanges dans ses propres écrits. Un second jet est alors réécrit. De temps en temps, une correction collective sur un texte individuel d’élève (ou sur un passage de texte) est effectuée au tableau avec l’ensemble de la classe. On peut aussi greffer des apprentissages en étude de la langue sur un projet d’écriture (exemple : le travail des adjectifs en appui sur l’album Une histoire sombre, très sombre). On veillera dans ce cas à ce que le projet d’écriture ne perde pas son sens. Zoom : Une démarche d’articulation entre activités d’écriture et activités décrochées en maîtrise de la langue, suggérée par André Ouzoulias1 En situation de rédaction, les élèves écrivent en autonomie. Quand ils ne savent pas écrire un mot, ils retournent au coin de leur table un carton du côté vert vers le côté rouge, tracent une ligne de quatre carreaux et continuent leur rédaction. L’enseignant circule de table en table. Il s’arrête auprès des élèves qui signalent leur besoin d’une aide, co-construit le mot avec l’élève, l’écrit sur un post-it. L’élève le recopie. L’enseignant écrit au tableau le mot qui a posé problème et le prénom de l’élève entre parenthèses. La connaissance de la règle (exemple : a/à) survient un jour comme un besoin. Quand le savoir-faire est installé, on peut commencer à le théoriser en appui sur des exemples soigneusement prélevés parmi les situations rencontrées, et qui constituent des listes de références : Quels sont les mots qui prennent un s et quels sont ceux qui prennent –nt quand « il y en a plusieurs » ? 5. Le texte libre Le principe, impulsé par Célestin Freinet, peut être décliné selon les choix pédagogiques de chacun. Le principe : les enfants peuvent écrire quand ils le veulent un texte libre. Soit ils écrivent librement ce qu’ils ont envie d’écrire (ce peut être une ou deux phrases ou plus), soit ils peuvent prendre des inducteurs dans la boîte à mots ou dans la boîte à images. Ils peuvent aussi demander à l’enseignant de les guider. Quelques exemples d’inducteurs pour les élèves qui sont à cours d’idées: - Ecrire à partir de quelque chose qui a été vécu par les élèves, qui s’est passé dans la classe, dans l’école, pendant la récréation - Donner des mots inducteurs, les choisir avec la classe : on choisit trois mots à partir desquels on va écrire une ou deux phrases ou une petite histoire. Ce peut être des mots qu’on aime bien ou qu’on n’aime pas du tout, des mots choisis par l’enseignant, par un élève, choisis au hasard dans les boîtes à mots … - Choisir des images, écrire à partir des images - Ecrire à la manière de … Les enfants apportent leurs textes, au fur et à mesure qu’ils les écrivent, à l’enseignant qui corrige ce que les enfants ne peuvent pas corriger seuls et souligne les erreurs qu’ils peuvent traiter par eux-mêmes. 1 André OUZOULIAS, « Prévenir les difficultés dans l’apprentissage de la lecture : repenser les approches de la graphophonologie alphabétique et de l’orthographe » (Conférence), Colmar, 23 mars 2012 Inspection d’Illfurth (68) – Dossier de stage « Ecrire au cycle 2 » – mai 2013 7 6. Médiation et mise en valeur des textes écrits par les élèves Tous les dispositifs qui contribueront à mettre en valeur les finalisations écrites des élèves sont à encourager. Une première étape est sans doute de dégager un temps pour la lecture individuelle ou collective des textes écrits par chacun. La publication des textes est une étape importante pour les mettre en valeur, formellement et symboliquement. On utilisera par exemple la technique de fabrication de petits livres par découpage et pliage, après la saisie du texte sur le site de l’écriveron (cf. sitographie). Le journal de l’école constitue également une finalisation très intéressante. 7. Bilan Inspection d’Illfurth (68) – Dossier de stage « Ecrire au cycle 2 » – mai 2013 8