Comportements de santé des étudiants de première
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Comportements de santé des étudiants de première
SANTE ETUDIANTS Comportements de santé des étudiants de première année inscrits dans les universités de la région Provence-AlpesCôte d’Azur Le bulletin sur la santé de la population régionale Provence-Alpes-Côte d’Azur RepèreSanté est le bulletin sur la santé de la population N°14 2007 régionale qui présente les données acquises dans le cadre du réseau partenarial de l’Observatoire régional de la santé Provence-Alpes-Côte d’Azur. L ’ E S S E N T I E L La santé des étudiants préoccupe les instances décisionnelL’Observatoire régional de la santé Provence-AlpesCôte d’Azur a réalisé, à l’initiative du Conseil Régional, un Baromètre sur les conditions de vie et la santé des étudiants de notre région. En Provence-Alpes-Côte d’Azur, 25 % des étudiants en première année d’université fument quotidiennement. Les consommations régulières d’alcool et de cannabis sont moins fréquentes, mais 31 % des garçons et 17 % des filles déclarent une ivresse au moins une fois dans le mois précédant l’enquête. Les habitudes alimentaires des étudiants s’écartent des recommandations du programme national nutrition santé : moins d’un étudiant sur 6 déclare consommer quotidiennement au moins 5 fruits ou légumes. La maigreur est plus fréquente chez les étudiantes (16 %) que chez les étudiants (6 %). Elle constitue une alerte sur la possibilité de troubles de l’alimentation. Enfin, 14 % des garçons sont en surpoids ou obèses (9 % chez les filles). Actuellement, les pratiques sexuelles à risque persistent, voire reprennent : chez les étudiants ayant des partenaires sexuels occasionnels, 19 % des garçons et 31 % des filles n’utilisent pas le préservatif systématiquement ; 3 % des étudiantes ont eu recours à une interruption volontaire de grossesse au cours de leur vie. Enfin, 26 % des étudiants exprime une souffrance psychologique : ceux-ci consomment des médicaments psychotropes huit fois plus souvent que les autres ; 3 % déclarent avoir fait une tentative de suicide au cours de leur vie. La répétition de cette enquête permettra de suivre ces comportements dans les années à venir. Le bulletin sur la santé de la population régionale les du monde de l’éducation. La vie étudiante constitue une période de changement, essentielle du point de vue du rapport à la santé : c’est à la fin de l’adolescence que se prennent certaines habitudes, tant en ce qui concerne les comportements à risques que les pratiques positives vis-à-vis de la santé et du recours aux soins. Cependant les décideurs publics et les professionnels manquent de données pour guider et suivre, aux niveaux régional et local, les politiques de santé adaptées aux étudiants. Ainsi le Conseil Régional Provence-Alpes-Côte d’Azur, qui se mobilise autour de l’accompagnement des étudiants dans leur vie quotidienne, a pris l’initiative, en mai 2005, des premières assises régionales de la vie étudiante qui ont fait émerger la nécessité de disposer d’un véritable « Baromètre sur les conditions de vie et la santé des étudiants en région Provence-AlpesCôte d’Azur ». Ce document présente les premiers résultats de cette enquête réalisée par l’Observatoire Régional de la Santé parmi les étudiants primo-inscrits en première année dans les universités de la région en 2005-2006 . Provence-Alpes-Côte d’Azur D’une recherche-action vers une démarche scientifique Pour mettre en œuvre le baromètre étudiants, un comité scientifique a été mis en place pour la réalisation et le suivi du protocole, des questionnaires et des analyses. Ouvert aux acteurs de la région, notamment aux mutuelles, aux services de la médecine préventive universitaire, aux représentants des étudiants, des Conseils des Etudes et de la Vie Universitaire, il rassemblait aussi des spécialistes réputés pour leur expertise scientifique dans différents domaines : santé des étudiants, nutrition, comportements à risque, méthodologie des baromètres, épidémiologie psychiatrique, sociologie… Cette double représentation a permis une interaction riche entre les questions de terrain et les approches et connaissances scientifiques. Un étudiant sur quatre, filles et garçons, fume quotidiennement La prévention de l’usage de tabac, d’alcool et de cannabis, surtout chez les jeunes, est au cœur de la politique de santé publique française. Parmi les étudiants de première année de la région, 24 % des garçons et 25 % des filles fument quotidiennement. En 2005, l’usage d’alcool est plus fréquent chez les étudiants que chez les étudiantes : 11 % des gar- çons et 5 % des filles déclarent boire de l’alcool au moins 10 fois par mois. S’agissant des ivresses, qui constituent un déterminant de problèmes comportementaux et sociaux sévères, 31 % de nos étudiants et 17 % des étudiantes en rapportent au moins une dans le mois précédant l’enquête. Enfin, 10 % des étudiants et 4 % des étudiantes déclarent consommer du cannabis au moins 10 fois au cours des 30 derniers jours [Tableau 1]. Les consommations de tabac, d’alcool et de cannabis de nos étudiants sont inférieures à celles observées dans la région lors des enquêtes ESCAPAD 2003 et 2005 réalisées auprès d’adolescents de 17 ans [1] [Tableau 2]. Cette différence s’explique partiellement par le fait que parmi les adolescents de l’enquête ESCAPAD se trouvent des lycéens mais aussi des actifs, lesquels ont souvent des consommations de drogues plus fréquentes que les jeunes du même âge poursuivant des études. La moindre consommation de tabac, d’alcool et de cannabis des étudiants primo-inscrits pourrait être liée au fait que la transition du lycée à l’université engendre de nouvelles contraintes et exigences, pas ou peu compatibles avec les usages de drogues. Les étudiants universitaires consommant ces substances sont donc probablement particulièrement fragilisés. Usages de tabac, alcool et cannabis chez les étudiants de première année inscrits dans les universités de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (%) Garçons Filles Ensemble Usage de tabac Usage occasionnel ou quotidien Usage quotidienb 32,7 23,5 31,3 24,6 31,9 24,1 Usage d’alcool ≥ 5 fois / mois ≥ 10 fois / mois 30,0 11,0 13,5 4,6 20,4 7,3 Ivresse ≥ 1 fois / mois 31,3 16,6 22,8 Usage de cannabis ≥ 1 fois / 12 derniers mois ≥ 1 fois / mois ≥ 10 fois / mois 36,8 24,6 10,4 26,5 14,9 3,6 30,9 19,0 6,4 a a Fumer, au moment de l’enquête, au moins 1 cigarette de temps en temps ou fumer la pipe ou le cigare Fumer, au moment de l’enquête, au moins 1 cigarette par jour Tableau 1 b Usages de tabac, alcool et cannabis chez les adolescents âgés de 17 ans en région Provence-Alpes-Côte d’Azur en 2003 et 2005 (%) Garçons Filles 2003 2005 2003 2005 Usage occasionnel ou quotidien Usage de tabac Usage quotidien 48,1 39,8 42,0 34,3 47,3 37,0 43,0 35,0 Usage d’alcool ≥ 10 fois / mois 19,2 16,7 6,9 7,6 52,1 41,9 49,0 36,2 43,7 29,0 41,2 26,5 ≥ 1 fois / 12 derniers mois Usage de cannabis ≥ 1 fois / mois Tableau 2 Source : OFDT, enquêtes ESCAPAD 2003 et 2005 - exploitation ORS PACA Le bulletin sur la santé de la population régionale Provence-Alpes-Côte d’Azur Les habitudes alimentaires s’écartent nettement des recommandations nationales Le surpoids est plus fréquent chez les étudiants et la maigreur chez les étudiantes Le programme national nutrition santé a défini 9 objectifs nutritionnels [3] dont l’augmentation de la consommation de fruits et légumes (au moins 5 par jour) et de fibres, et la réduction de la contribution moyenne d’apports lipidiques. Les comportements alimentaires de nos étudiants sont eux aussi sexuellement différenciés : 58 % des garçons déclarent consommer de la viande ou du poisson au moins une fois par jour contre 47 % des filles. Seuls 12 % des garçons et 17 % des filles déclarent manger au moins 5 fruits ou légumes par jour. Les filles consomment moins de sel et elles sont plus vigilantes vis-à-vis de la consommation d’aliments riches en graisse et en cholestérol que les garçons. Seulement 16 % des étudiants et 28 % des étudiantes déclarent faire attention à la consommation des aliments riches en fibres [Tableau 3]. Ces différences entre filles et garçons ont aussi été observées en 2000 chez des étudiants âgés de 18 à 30 ans interrogés dans 21 pays européens [4]. Par rapport à ces derniers, nos étudiant(e)s de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur sont plus souvent vigilant(e)s vis-à-vis des graisses mais moins vis-à-vis des fibres et du sel. Les résultats observés ici indiquent des habitudes alimentaires assez éloignées des recommandations du programme national nutrition santé et amènent à s’interroger sur l’efficacité des campagnes nationales de prévention dans le domaine nutritionnel depuis 2001, ainsi que des interventions conduites spécifiquement en milieu étudiant. La lutte contre l’obésité constitue un autre enjeu majeur de santé publique. Là encore, des différences apparaissent entre étudiants et étudiantes [Tableau 3] de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur : 12 % des garçons et 6 % des filles sont en surpoids, 2 % des garçons et 3 % des filles sont obèses. Dans une enquête nationale réalisée récemment auprès d’un échantillon de 20 000 foyers [5], les fréquences du surpoids chez les 15-24 ans étaient de 9 % chez les garçons et 8 % chez les filles, et celles de l’obésité étaient de 2 % chez les garçons et 4 % chez les filles. La fréquence élevée de la maigreur chez les étudiantes de notre région (16 %) par rapport aux étudiants (6 %) nous interpelle sur les troubles de l’alimentation, plus fréquents chez les filles. Dans notre étude, la proportion d’étudiants ayant des comportements alimentaires perturbés au cours des 12 derniers mois (manger énormément avec de la peine à s’arrêter, se faire vomir volontairement, redouter de commencer à manger de peur de ne pas pouvoir s’arrêter ou enfin manger en cachette) est de 24 % chez les filles et 14 % chez les garçons. Ces comportements n’impliquent pas la présence d’une pathologie, mais ils constituent des signaux pouvant alerter sur un risque d’anorexie mentale ou de boulimie. Les études épidémiologiques indiquent que ces maladies touchent chacune environ 1 % des jeunes femmes âgées de 16 à 35 ans. Comportements alimentaires et corpulence déclarée des étudiants de première année inscrits dans les universités de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (%) Garçons Filles Ensemble Au moins 1 fois / jour Tous les 2 à 3 jours ≤ 1 fois / semaine Jamais 58,0 33,6 7,8 0,6 46,6 38,8 13,8 0,8 51,4 36,6 11,3 0,7 Tous les jours Environ 2 à 3 fois / semaine ≤ 1 fois / semaine Jamais 11,9 28,6 33,0 26,5 16,8 36,4 24,4 22,4 14,7 33,1 28,0 24,2 24,6 50,3 39,5 16,4 39,2 27,5 33,2 22,8 35,7 5,5 80,5 12,4 1,6 15,5 75,6 6,3 2,6 11,3 77,6 8,9 2,2 13,7 24,1 19,7 Consommation quotidienne - Viande ou poisson - Au moins 5 fruits ou légumes / jour Comportements alimentaires - Fait attention pour éviter les aliments qui contiennent de la graisse et du cholestérol - Fait attention pour consommer des aliments riches en fibres - Rajoute du sel aux repas la plupart du temps Corpulence déclaréea Maigreur (IMC < 18,5) Normal (18,5 < IMC < 24,9) Surpoids (25 < IMC < 29,9) Obésité (IMC ≥ 30) Problème de comportements alimentairesb a 2 Corpulence déterminée d’après l’indice de masse corporelle (IMC) calculé en divisant le poids (kg) par le carré de la taille (m ) Survenue assez souvent ou très souvent, au cours des 12 derniers mois, d’au moins un des comportements suivants : manger énormément avec de la peine à s’arrêter, se faire vomir volontairement, redouter de commencer à manger de peur de ne pas pouvoir s’arrêter, manger en cachette Tableau 3 b Un relâchement est observé dans l’utilisation du préservatif Plus de deux tiers des étudiants déclarent avoir eu des rapports sexuels au cours des 12 derniers mois [Tableau 4]. Environ la moitié des filles et un tiers des garçons avaient un partenaire stable au moment de l’enquête. Chez les étudiants ayant eu des rapports sexuels avec des partenaires occasionnels, 19 % des garçons et 31 % des filles ont déclaré ne pas avoir toujours utilisé un préservatif. Cela atteste d’une persistance ou d’une reprise de pratiques sexuelles à risque. Ce comportement, plus souvent féminin, a été souligné dans l’enquête nationale « Contexte de la Sexualité en France » réalisée en 2005-2006 [6]. L’écart entre les déclarations des garçons et des filles suggèrent que celles-ci sont confrontées à des difficultés lorsqu’il s’agit de négocier l’utilisation du préservatif avec le partenaire. Enfin, 3 % des étudiantes de l’échantillon ont déjà eu recours à une interruption volontaire de grossesse (IVG) au cours de leur vie. Ce résultat est identique à celui observé dans notre région à partir de l’analyse régionale des données recueillies dans les établissements hospitaliers en 2005 chez des filles âgées de 18 à 24 ans (3 %)1. Si l’on ne considère que les étudiantes sexuellement actives et âgées de 20-24 ans, pour permettre une comparaison avec le Baromètre santé national, la proportion de celles déclarant avoir eu recours à l’IVG au cours de leur vie atteint 8 % (9 % dans le Baromètre santé 2005 chez les 20-25 ans). Les femmes sont souvent confrontées à des difficultés dans la gestion quotidienne ou à long terme d’une contraception (oubli de la pilule, mauvaise utilisation ou rupture du préservatif, échec des méthodes naturelles). Elles Vie sexuelle et comportements à risque des étudiants de première année inscrits dans les universités de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (%) Garçons Filles Ensemble A déjà eu des rapports sexuels au cours de la vie 77,4 69,4 72,5 A déjà eu des rapports sexuels au cours des 12 derniers mois 68,9 67,5 68,1 A un partenaire stable actuellement 33,9 49,3 43,4 A eu un ou plusieurs partenaires occasionnels au cours des 12 derniers mois 33,6 18,3 24,2 Utilisation non systématique du préservatif avec un ou plusieurs partenaires occasionnels au cours des 12 derniers moisa 18,9 31,3 24,7 A déjà eu (ou une de ses partenaires) une interruption volontaire de grossesse (IVG) 1,8 3,0 2,5 manquent aussi d’information et de connaissances sur le risque de grossesse et les diverses méthodes de contraception (y compris la contraception d’urgence). Le manque de communication intra-familial, ou un sentiment de culpabilité lié à un questionnement sur la légitimité de sa sexualité, peuvent faire obstacle à une démarche informative sur la contraception, particulièrement chez les adolescentes et les jeunes adultes. Un étudiant sur quatre se déclare en situation de mal être L’entrée à l’université implique souvent une coupure vis-àvis du milieu familial, pas toujours choisie, la rencontre d’un nouvel environnement, et parfois un isolement affectif. Il peut donc s’agir d’une période de vulnérabilité psychologique. Plusieurs indicateurs attestent d’un mal être chez nos étudiants : 16 % des filles et 10 % des garçons déclarent avoir des difficultés d’endormissement ou de maintien du sommeil ou un sommeil non réparateur depuis au moins un mois, entraînant une perturbation des activités quotidiennes [Tableau 5]. Cette proportion ne varie pas selon l’âge mais elle est plus importante parmi les étudiants inscrits dans les filières médicales (santé ou pharmacie) que dans les autres disciplines (18 % contre 13 %). Le mal être se traduit également par l’expression d’une souffrance psychologique. Sa fréquence est estimée à 16 % et 33 % respectivement chez les garçons et les filles. Cette différence n’implique pas nécessairement que les garçons soient en meilleure santé psychologique que les filles. En effet, les filles et les garçons perçoivent et expriment leur état psychologique différemment, les garçons étant moins enclins à verbaliser des difficultés de cet ordre. La consommation de médicaments psychotropes est plus élevée chez les étudiants qui expriment une souffrance psychologique que chez les autres (respectivement 8 % et 1 %). a Pourcentages calculés parmi les étudiants qui ont déclaré avoir un ou plusieurs partenaires occasionnels Tableau 4 1 Source : PMSI/MCO DHOS – exploitation ORS PACA pour les données de 2005 Le bulletin sur la santé de la population régionale Provence-Alpes-Côte d’Azur Près d’un étudiant sur dix a un risque accru de crise suicidaire Une des manifestations extrêmes de la souffrance psychologique est la crise suicidaire. Un programme national de prévention et de prise en charge de la crise suicidaire a été engagé en 1998 en France. Il s’agit de mieux repérer la souffrance psychique et la crise suicidaire, d’éviter les tentatives de suicide et leur récidive. Pour ce faire, ce programme vise à mieux orienter les personnes en crise suicidaire vers les professionnels ressource et à éviter les discontinuités de prise en charge en favorisant les approches de réseau. Le risque de suicide peut être évalué, en particulier, par la déclaration de projets de suicide – échafaudage d’un plan pour se suicider – et celle d’antécédents de tentative de suicide. Parmi nos étudiants, 8 % déclarent avoir fait un projet de suicide au cours de leur vie et 3 % une tentative de suicide [Tableau 5]. Les antécédents de tentative de suicide sont moins fréquemment déclarés par les garçons Santé mentale et consommation de médicaments psychotropes chez les étudiants de première année inscrits dans les universités de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (%) Garçons Filles Ensemble Sommeil perturbé a 10,1 16,1 13,6 Souffrance psychologique b 16,3 33,0 25,7 Consommation de psychotropes c 1,0 3,7 2,6 Idées suicidaires au cours de la vie 16,7 24,3 21,1 Idées suicidaires après la rentrée universitaire 4,0 4,1 4,1 Projet de suicide au cours de la vie 6,2 8,7 7,6 Tentative de suicide au cours de la vie 1,3 4,6 3,2 a A des difficultés d’endormissement ou de maintien du sommeil ou un sommeil non réparateur depuis au moins un mois avec une fatigue qui a perturbé les activités (travail, loisirs…) assez souvent ou fréquemment, tout le temps b Evaluée à l’aide de 5 items présents dans l’échelle de qualité de vie du SF-36 (Voir la partie « Repères méthodologiques ») c Avoir consommé des somnifères ou des anxiolytiques ou des anti-dépresseurs ou des médicaments thymorégulateurs pendant au moins 1 mois au cours des 12 derniers mois avec une fréquence de prise d’au moins plusieurs fois par semaine Tableau 5 (1 %) que par les filles (5 %), comme cela est observé dans les enquêtes auprès des adolescents et des jeunes adultes. Par contre, ces chiffres sont moins élevés que ceux obtenus en 2000 dans le Baromètre santé national auprès de jeunes adultes âgés de 20-25 ans : 4 % chez les garçons et 8 % chez les filles. Une explication de cette différence peut venir de ce que dans le Baromètre santé national, toutes les catégories de jeunes sont représentées y compris celles ne faisant pas d’étude et inactives, plus à risque de comportements suicidaires. En dépit de cette différence, les résultats de notre enquête indiquent que près d’un étudiant en première année sur dix a un risque accru de crise suicidaire. Ceci devrait être pris en compte pour améliorer les services d’aide et de soutien aux étudiants. Conclusion Cette première tentative pour mieux connaître la santé et ses déterminants en population étudiante permettra de mieux définir les actions de prévention. Nos résultats confirment que l’entrée à l’université peut constituer une période de forte vulnérabilité. Ils mettent aussi en évidence de fortes disparités de genre, hormis pour le tabagisme, disparités qui prolongent celles observées à l’adolescence. Des analyses plus approfondies sur les comportements de santé, le mal être et les troubles de santé mentale sont actuellement en cours. L’influence du mode de vie des étudiants, leurs croyances vis-à-vis de différents risques, leurs ressources personnelles (estime de soi) et sociales ainsi que le contexte universitaire seront pris en compte. La mise en place du Baromètre avec la réalisation d’enquêtes répétées dans le temps permettra d’appréhender les effets d’âge et de génération. Le bulletin sur la santé de la population régionale Provence-Alpes-Côte d’Azur SANTE ETUDIANTS Le bulletin sur la santé de la population régionale Provence-Alpes-Côte d’Azur Repères méthodologiques L’enquête a été réalisée auprès d’un échantillon représentatif d’étudiants âgés de 18 à 24 ans, primo inscrits en première année, en 2005-2006, dans l’une des six universités de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Les étudiants ont été sélectionnés par un tirage au sort stratifié sur le service de médecine préventive universitaire (SMPU) et sur le secteur de formation. Les données ont été recueillies à l’aide d’un auto-questionnaire N°14 2007 RepèreSanté est le bulletin sur la santé de la population anonyme complété pendant la visite médicale dans le SMPU. Pour les étudiants absents régionale qui présente les données acquises dans le cadre lors de cette visite, l’auto-questionnaire leur a été adressé par voie postale. Enfin, les du réseau partenarial de l’Observatoire régional de la santé étudiants n’ayant pas répondu lors des deux étapes précédentes ont été contactés par Provence-Alpes-Côte d’Azur. téléphone. Parmi les 2 557 étudiants tirés au sort, 81 (3 %) étaient inéligibles, 87 (3 %) ont refusé de participer à l’étude. Au total, 1 764 étudiants ont complété le questionnaire (71 %). Vingt questionnaires ont été exclus des analyses car ils étaient incomplets et, pour avoir un échantillon homogène en terme d’âge, les questionnaires des étudiants âgés de plus de 24 ans (n=21) n’ont pas été retenus. L’analyse porte finalement sur Remerciements 1 723 étudiants. Cette étude a été mise en œuvre à l’initiative du Conseil ventory - 5 (MHI-5), un module du questionnaire de qualité de vie SF-36 qui comprend L’instrument utilisé pour mesurer la souffrance psychologique est le Mental Health In5 questions permettant d’établir un score de fréquence et de gravité de symptômes Régional Provence-Alpes-Côte d’Azur, avec son soutien anxio-dépressifs variant de 0 (symptômes fréquents) à 100 (pas de symptômes). Un financier ainsi que ceux de l’Institut National de Prévention score inférieur ou égal au seuil international de 52, définit la présence d’une souffrance et d’Education pour la Santé et de la Ville de Marseille. psychologique [7]. Nous remercions, pour leur collaboration, les présidents Pour en savoir plus des six universités de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, les vices-présidents des Conseils des Etudes et de la Vie psychoactifs des jeunes Français. OFDT. 222 p. [2] Beck F., Legleye S., Guilbert P., Peretti-Watel P. (2005). Les usages de produits psy- Universitaire, les différents services des universités avec choactifs des étudiants. Psychotropes, 11, p.31-51. lesquels nous avons préparé l’enquête, les directeurs et [3] Ministère de la santé et des solidarités (2006). Deuxième Programme national nutri- le personnel médical des sept services de médecine tion santé – 2006-2010 – Actions et mesures. http://www.sante.gouv.fr/ [4] Steptoe A., Wardle J., Cui W., Bellisle F., Zotti A.M., Baranyai R., et al. (2002). Trends préventive universitaire de la région et les étudiants in smoking, diet, physical exercise, and attitudes toward health in European univer- pour leur large participation à l’enquête. sity students from 13 countries, 1990-2000. Prev Med, 35, p.97-104. Enfin, nous remercions les membres du conseil scientifique, son président Frédéric Rouillon et sa vice-présidente [1] Beck F., Legleye S., Spilka S. (2005). Atlas régional des consommations de produits [5] Roche (2006). Obépi 2006. Enquête épidémiologique nationale sur le surpoids et l’obésité. Une enquête INSERM / TNS HEALTHCARE SOFRES / ROCHE. 52 p. [6] ANRS, INSERM, INED (2007). Premiers résultats de l’enquête CSF « Contexte de la Viviane Kovess. Sexualité en France ». http://www.inserm.fr [7] Korkeila J., Lehtinen V., Bijl R., Dalgard O., Kovess V., Morgan A., Salize H.J. (2000). RepèreSanté est le bulletin qui présente régulièrement les travaux statistiques menés en commun Establishing a set of mental health indicators for Europe. Scandinavian Journal of Public Health, 31, p.1-8. dans le cadre du partenariat entre l’Unité INSERM [8] Verger P., Brabis P.A., Kovess V., Lovell A., Sebbah R., Villani P., Paraponaris A., 379 (Epidémiologie & Sciences Sociales Appliquées Rouillon F. (2007). Determinants of early identification of suicidal ideation in patients à l’Innovation Médicale) dirigée par le Pr JP. Moatti treated with antidepressants or anxiolytics in general practice: a multilevel analysis. et l’Observatoire régional de la santé Provence-Alpes-Côte d’Azur dirigé par le Dr Y. Obadia. RepèreSanté N°14 - Novembre 2007 Editeur : ORSPACA - INSERM U 379 23 rue Stanislas Torrents 13006 Marseille Directeur de la publication : Dr Y. OBADIA Maquette : C. JUIN - N° d’ISSN : 1957-6749 Tirage : 2000 exemplaires Imprimeur : Espace Imprimerie - Marseille Le bulletin sur la santé de la population régionale Journal of Affective Disorders, 99, p.253-7. [9] Observatoire de la santé des étudiants de Grenoble. (2007). La santé des étudiants à l’entrée à l’université. http://www.grenoble-universites.fr/sante Observatoire Régional de la Santé Provence-Alpes-Côte d’Azur 23, rue Stanislas Torrents.13006 Marseille.France Tél.:(+33)04 91 59 89 00 / Fax :(+33)04 91 59 89 24 Courriel : [email protected] / Site Internet : www.orspaca.org Provence-Alpes-Côte d’Azur