Synthèse

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Proposition de corrigé
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En quoi les représentations liées à l’orthographe influent-elles sur son apprentissage et
son enseignement ? Telle est la problématique soulevée à la lecture des textes du corpus. Le
premier, un extrait du roman de Marcel Pagnol, Le Château de ma mère, collection poche,
1988 retrace l’épisode lié à la lecture difficile de la lettre envoyée par Lili des Bellons à son
ami Marcel du fait de l’orthographe défaillante. Le second document qui émane de JeanPierre Sautot, provient de l’ouvrage, Raisonner sur l’orthographe au cycle 3, pp 61-62,
CRDP de l’académie de Grenoble, 2002. L’auteur y présente les difficultés liées à
l’apprentissage de l’orthographe tout en émettant des propositions pédagogiques. Le troisième document, un extrait du roman de Daniel Picouly, Le champ de personne, Flammarion, 1995, retrace un moment lié à sa vie d’écolier : la dictée en classe. Dans le dernier
texte, Ne perdre personne en route, Les Cahiers pédagogiques N°489, mai 2011, Danièle
Manesse propose des pistes didactiques concernant les contenus et les modalités
d’enseignement de l’orthographe.
Ces textes permettent de mettre en exergue, d’une part, les représentations d’élèves,
celles de s parents ainsi que celles d’enseignants sur l’orthographe et d’autre part d’envisager
des modalités pratiques quant à son enseignement en classe.
Tous les auteurs considèrent l’orthographe comme un objet linguistique complexe qui
suppose l’intégration d’un système de connaissances au service d’écrits normés telle qu’une
rédaction de lettre dans le premier texte ou une dictée dans le troisième texte. En outre, tous
mettent en exergue que pour les élèves, l’apprentissage de l’orthographe se révèle long, difficile et coûteux. Le texte de Daniel Picouly, en atteste par le récit d’épisodes en classe liés à la
dictée. L’orthographe, objet de peur ou de fascination provoque des blocages en lien avec la
dimension évaluative de la dictée et révèle les différences de niveaux entre les élèves dans
une dimension de fatalisme. Le texte de Marcel Pagnol, prend également en compte cette dimension évaluative en lien avec la lecture de lettre de Lili constellée d’erreurs d’orthographe à
la fois lexicales et grammaticales en contraste avec la norme usuelle de la langue. Quant aux
parents, en l’occurrence ceux de Marcel Pagnol, en reléguant au second plan l’intention amicale et en soulignant le caractère d’illisibilité de la lettre, ils rappellent l’importance de
l’orthographe au regard des attentes scolaires et sociales en vue de l’accès à l’examen. Le
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degré d’expertise du père, jugé comme spécialiste et de fait, le seul apte à déchiffrer le message, s’oppose alors aux difficultés orthographiques du jeune Lili mises en avant.
Si pour les professeurs, tous les auteurs en témoignent, l’orthographe est une affaire
de spécialistes, son enseignement s’en avère néanmoins complexe et les conventions qui régissent l’usage de l’écriture sont premières. Ils demeurent garants du respect de la norme imposée à tous comme le souligne Jean-Pierre Sautot. Marcel Pagnol quant à lui, réaffirme le
rôle premier de l’école face à cette discipline. En outre, Daniel Picouly souligne en lien avec
les textes dictés par le maître dans une dimension sacramentelle, la volonté d’entrer dans
l’espace codifié de la langue par des extraits d’œuvres reconnus pour leur valeur littéraire.
Face aux difficultés orthographiques des élèves, Jean-Pierre Sautot exprime l’impuissance de
l’enseignant empreinte de désarroi et de culpabilité masquée par des évaluations négatives
sur les attitudes des élèves, sources d’incompréhension à la base de l’échec dans les apprentissages. Une incompréhension d’un autre type apparaît chez l’enseignant de Daniel Picouly :
le décalage entre son niveau en orthographe et sa capacité à produire des rédactions de qualité. Quant à Danièle Manesse, elle souligne les tensions présentes chez les jeunes professeurs pour enseigner l’orthographe du fait de leur propre rapport à la norme au risque même
de faillir à leur mission.
C’est pourquoi tous les auteurs s’accordent pour affirmer que l’appropriation de
l’orthographe ne va pas de soi à l’école primaire ainsi qu’à l’université pour Danièle Manesse.
Jean-Pierre Sautot relève les décalages entre élèves dans son appropriation, entre enseignants et élèves, entre les représentations des enseignants et le savoir savant, entre la
norme prescrite dans les grammaires et le savoir théorique. Comment alors s’inscrire dans la
construction progressive du savoir orthographier pour pallier les difficultés ? Il est d’abord, nécessaire pour Jean-Pierre Sautot de faire évoluer les représentations des enseignants sur
l’orthographe ainsi que, pour Danièle Manesse, leur rapport à la norme par le biais de la formation didactique. Le père de Marcel Pagnol inscrit l’apprentissage de l’orthographe dans un
rapport au temps, dans une logique de progression. Jean-Pierre Sautot le rejoint sur cet aspect et souhaite voir pris en compte les rythmes personnels des élèves en lien avec leur hétérogénéité. Pour lui, l’apprentissage de l’orthographe s’effectue par paliers dans le cadre d’une
complexification croissante. Danièle Manesse adhère à cette dimension inscrite dans la différenciation pédagogique et préconise une redéfinition des objectifs, une hiérarchisation des
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savoirs fondamentaux à enseigner basée sur l’analyse d’évaluations effectuées tout au long
de la scolarité obligatoire dans une collaboration entre enseignants, conscients de leur importance et de leur responsabilité en ce domaine.
En revanche, si le récit de Daniel Picouly soulève une dimension traditionnelle de
l’enseignement de l’orthographe inscrite dans la dictée, Danièle Manesse et Jean-Pierre
Sautot effectuent d’autres choix pour les élèves. Pour celui-ci, si l’acquisition de l’orthographe,
en rapport avec la maturation des représentations du système, suppose la mémorisation des
formes graphiques en lien avec la capacité à traiter les relations analogiques, il insiste également sur l'importance de la prise de conscience de leurs relations avec les unités linguistiques. Danièle Manesse s’accorde avec lui concernant la mémorisation des fréquences lexicales et propose, dans une alternance de procédures, un enseignement fondé sur la réflexion
pour donner sens aux savoirs mais également fondé sur la mémorisation des formes orthographiques, bien que décriée et dévalorisée, en vue de la stabilisation et de l’automatisation
dans l’utilisation des connaissances. En outre, elle redonne une place dans les apprentissages aux grammaires et dictionnaires.
Ainsi, pour surmonter les difficultés liées à la complexité du système orthographique du
français, les auteurs réaffirment le rôle fondamental des enseignants au service du développement des compétences de leurs élèves.
Etude de la langue
Grammaire :
Dans le paragraphe reproduit ci-dessous relevez et nommez les formes verbales conjuguées,
puis explicitez leur usage dans le système d’énonciation.
« Il ne fut pas facile de déchiffrer cette écriture que l’orthographe n’éclairait guère. Mais mon
père, grand spécialiste, y parvint, après quelques tâtonnements. Il dit ensuite :
" Il est heureux qu’il lui reste trois ans pour préparer le certificat d’études ! "
Puis il ajouta en regardant ma mère :
" Cet enfant a du cœur, et une vraie délicatesse. " »
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Deux plans de l’énonciation sont présents dans ce passage : le récit au passé et les paroles
rapportées en discours direct.
1- L’énonciation historique (ou de récit) se caractérise par l’utilisation du passé simple et
de l’imparfait pour des actions situées dans un passé donné comme lointain. L’énoncé
est coupé de la situation d’énonciation.
Passé simple de l’indicatif
[il] ne fut pas (Verbe être, Le passé simple, d’aspect
3ème personne du singulier)
non accompli et d’aspect
borné, réservé à la langue
parvint (verbe parvenir 3ème écrite, exprime ici des acpersonne du singulier)
tions achevées. Elles sont
considérées d’un point de
[il] dit (verbe dire 3ème per- vue externe dans une sucsonne du singulier)
cession d’événements.
Chacune d’entre elles est
ème
[il] ajouta (verbe ajouter3
décrite dans sa globalité et
personne du singulier)
ne se prolonge pas.
Le passé simple fait surgir
dans le récit un événement
sur une toile de fond dans
une situation décrite à
l’imparfait.
Imparfait de l’indicatif
N’éclairait
guère
(verbe Cet imparfait, d’aspect non
éclairer, « 3ème personne accompli, et d’aspect non
du singulier »
borné, exprime un fait
d’arrière plan, le cadre de
l’action. C’est ici le temps de
la description.
2- L’énonciation de discours où les formes verbales sont employées dans des paroles
rapportées au discours direct se caractérise ici, par l’utilisation du présent. L’énoncé
est ancré dans la situation d’énonciation.
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[il] est (Verbe être, 3ème per- Il
s’agit
d’un
sonne du singulier)
d’énonciation : un
Présent de l’indicatif
présent
[il lui ] reste (Verbe rester, énonciateur s’adresse à un
destinataire dans une situa3ème personne du singulier)
tion d’interlocution.
[cet enfant ] a (Verbe avoir,
Les formes verbales dési3ème personne du singulier)
gnent des états qui coïncident avec le moment de
l‘énonciation.
Orthographe
Relevez les mots contenant le phonème [s] dans cet extrait du texte 4 :
« A ce propos : le discrédit sur l’entraînement par la mémoire me semble relever du conformisme dans notre profession, d’une obscure injonction issue des sphères académiques, qui
trop souvent confondent la pratique du linguiste - décrire - et celle de l’école – transmettre. »
Classez-les en fonction de la transcription graphique du phonème en justifiant votre réponse.
s
ss
c
sur
discrédit
profession
ce
semble
conformisme
issue
celle
sphères
obscure
souvent
linguiste
t(i)
injonction
transmettre
graphème « s » graphème « s »
à l'initiale devant à l'intérieur d'un
une voyelle
mot devant une
consonne
graphème
Graphème « c »
« ss »
[di- devant e
gramme] entre
deux voyelles
Graphème t suivi d'un i
Dans l’extrait suivant du texte 3, relevez les mots contenant la lettre « s ». Quelles fonctions
remplit-elle ?
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« Je regarde les copains autour de moi. On dirait le départ du cross de l'Humanité. On
s'assouplit le poignet, la nuque, on respire profondément, le dos bien plat, certains ferment les
yeux, desserrent leur ceinture de blouse. »
Fonctions
respire
La lettre « s » qui est un phonogramme a ici une valeur de base,
une valeur phonique : le phonème [S] correspond à la lettre « s ».
s[‘assouplit]
cross
assouplit
Le digramme « ss » a aussi une valeur phonique, c'est un phonogramme. Il permet d'obtenir le son [S] dans une position intervocalique (consonne placée entre deux voyelles).
desserrent
blouse
La lettre « s » prend ici une valeur positionnelle. Sa valeur phonique évolue du fait de son environnement : placé entre deux
voyelles, la lettre « s » se prononce [Z].
dos
La lettre « s » a ici une valeur zéro, c’est une lettre muette qui ne
joue aucun rôle au point de vue phonographique. C’est un morphogramme lexical.
Certains
La lettre « s » qui possède une valeur zéro, a également une
fonction grammaticale dans ces exemples :
Copains
les
C’est un morphogramme grammatical qui marque le pluriel pour
« certains » et « copains ».
Pour « les » , la lettre « s » est également une marque du pluriel.
Dans ce cas, le « s » a aussi une valeur auxiliaire en modifiant la
prononciation de la lettre e en [e]
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Vocabulaire :
« Les qualifications de « fainéant », d'élève « doué »... fleurissent alors. »
-Expliquez le sens du mot « fleurir » dans cette phrase.
- Indiquez trois sens différents pour ce même mot.
Fleurir à ici le sens de « se développer, prospérer ».
La métaphore ironique souligne le décalage entre le style recherché par l’expression et la
médiocrité de la qualification.
Autres sens :
-­‐
-­‐
-­‐
-­‐
-­‐
-­‐
orner de fleurs ;
couvrir de fleurs ;
éclore ;
s’épanouir ;
naître ;
…
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