Faire cohabiter plusieurs mondes

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Faire cohabiter plusieurs mondes
CHAPITRE 2
Faire cohabiter plusieurs
mondes
Pourquoi installer plusieurs systèmes
d’exploitation sur un seul ordinateur
Il existe de nombreux systèmes d’exploitation (Operating System ou OS,
en anglais) certainement très différents de celui que vous utilisez tous les jours
sur votre ordinateur personnel. Vous aimeriez peut-être en tester plusieurs et,
qui sait, changerez-vous de système après plusieurs essais pour utiliser celui qui
vous convient le mieux.
Avant l’avènement de la virtualisation, vous auriez été obligé de créer une partition sur votre disque dur sur laquelle vous auriez installé un système d’exploitation différent. À chaque démarrage de l’ordinateur, vous auriez dû choisir le
système sur lequel votre ordinateur démarrerait. La somme de ces manipulations
pour simplement évaluer un autre système n’était pas évidente et repoussait
bien des aventuriers. Parmi les opérations à effectuer, il y avait le partitionnement
du disque dur qui était certainement l’opération la plus délicate. Partitionner un
disque dur impose un espace libre et contigu, car il fallait diviser le disque dur
en plusieurs segments un pour chaque système d’exploitation que vous souhaitiez tester.
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Au fil du temps, les opérations d’écritures et de suppressions des fichiers ont
laissé des espaces entre chaque fichier et les données présentes sur le disque dur
ne sont plus accolées les unes aux autres. Lorsque cet espace libre et accolé
n’existe pas, il devient nécessaire d’utiliser un utilitaire qui organise tous les
emplacements utilisés de votre disque dur afin qu’ils soient regroupés dans le
même secteur. Ceci permet de dégager un espace libre et donc de créer une partition. C’était là l’un des problèmes auxquels vous étiez confronté.
Grâce à la virtualisation, la complexité inhérente à l’utilisation de plusieurs
systèmes d’exploitation a disparu et vous avez gagné la faculté d’exécuter
plusieurs OS en même temps. En effet rien n’interdit de faire fonctionner
plusieurs machines virtuelles en parallèle et ainsi s’accorder la possibilité de
comparer les fonctions de chacun des systèmes qu’elles hébergent. Seule la limite
des ressources disponibles dans l’ordinateur hôte peut réduire le nombre de
machines exécutées simultanément.
Les systèmes d’exploitation sont très variés, mais ils ont un nombre de fonctions
en commun. Ils prennent en charge les opérations d’écriture et de lecture des
médias, ils communiquent avec le monde extérieur en pilotant les cartes réseau
et assurent l’affichage des informations sur écran en s’appuyant sur la carte vidéo
tout en émettant du son.
Ces systèmes sont prévus pour fonctionner sur un type de matériel bien précis :
les composants physiques existants au moment de leur création. Les ordinateurs
d’aujourd’hui refuseront de faire fonctionner un système trop ancien. Il aurait
été en effet difficile pour les concepteurs de MS-DOS (le système d’exploitation
de Microsoft sorti en 1981) d’envisager que les cartes vidéo actuelles embarqueraient jusqu’à 512 Mo de mémoire vidéo, soit 711 fois la taille de la disquette
d’installation de ce premier système d’exploitation de Microsoft. Inversement,
les PC d’il y a dix ans ne supportent pas les besoins de puissance nécessaires
aux systèmes d’exploitation modernes. Grâce à la virtualisation, il est possible
d’augmenter la longévité d’un OS avec la création d’une machine virtuelle
qui contiendra les éléments physiques peut-être disparus de nos ordinateurs
contemporains.
Si cet exemple de MS-DOS semble paradoxal, il est toujours d’actualité. Les
systèmes modernes embarquent des pilotes de périphériques (drivers en anglais)
en grand nombre et ceux-ci augmentent à chaque nouvelle sortie d’un système
d’exploitation. Windows 7 contient plus de 20 000 pilotes sur son DVD d’installation.
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La guerre commerciale que se livrent les fabricants de composants informatiques
les pousse à rivaliser d’ingéniosité pour nous proposer de nouveaux produits,
toujours plus, toujours mieux. Mais les éditeurs de système ne peuvent prédire
l’avenir. C’est ainsi que des mises à jour de pilotes de périphériques seront
toujours nécessaires si les composants de votre ordinateur sont plus récents que
le système d’exploitation installé.
REMARQUE
Pour exploiter les nouvelles fonctionnalités qui sont livrées avec les composants ou périphériques informatiques, les fabricants proposent des pilotes de
périphériques qui sont indispensables pour tirer pleinement partie de ces améliorations. Cela est vrai sous Windows, beaucoup moins sous Linux et encore
moins sous Mac OS.
Linux est un système libre, il offre très peu de pilotes de périphériques dit “propriétaire”, en premier lieu parce que les fabricants ont longtemps ignoré cette
plate-forme. En second lieu, cela n’est pas en accord avec la philosophie Linux
qui est le refus d’utiliser des programmes sous licence. Cela change et l’emploi
de pilotes développés par des fabricants commence à apparaître dans certaines
distributions, comme par exemple Ubuntu.
Mac OS a ceci de particulier que c’est un système fermé, et qu’il ne fonctionne
que sur du matériel sélectionné par Apple et assemblé pour Apple. Non contente
de fournir le matériel, la firme à la pomme développe aussi les drivers ou
pilotes qui vont de pair. Il est théoriquement “impossible” de modifier une
configuration d’un Mac en remplaçant par exemple la carte vidéo par un autre
modèle inconnu du fabricant d’ordinateur à la pomme, car Apple n’aura ni
développé ni fourni les pilotes adéquats.
Dans le monde de la virtualisation, cela est quelque peu différent. Cette course
au “toujours plus” n’existe pas. Les éléments qui constituent votre machine
virtuelle sont dits “génériques”, c’est-à-dire qu’ils s’appuient sur des composants
de base et universellement connus. C’est ainsi que vous ne pourrez pas changer
la carte graphique Nvidia par une Ati ou inversement, cela n’est pas possible.
Par contre certaines options vous permettront d’influer sur plusieurs composants comme la taille de la mémoire vive ou la taille des disques durs et le nombre
de processeurs. Si les composants de base de la machine virtuelle sont dits
“basiques”, il n’en demeure pas moins que leurs performances dépendent des
éléments qui constituent le PC. Par exemple, plus le processeur de votre PC sera
rapide et plus les possibilités de votre machine virtuelle seront élevées.
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Quand le système d’exploitation s’auto-censure
Les puissances ou composants d’une machine physique ou virtuelle ne sont pas
les seuls éléments à prendre en compte si vous souhaitez créer une machine
virtuelle. Le système d’exploitation possède ces propres limites, parfois volontaires, mais le plus souvent pour des raisons techniques. Avant de vous lancer
dans la virtualisation d’un système d’exploitation, il faut donc vous poser deux
questions :
• Quelles sont les ressources minimum pour ce système (prérequis) ?
• Quelles sont les ressources maximum prises en compte par ce système ?
Les minimas
Certains systèmes d’exploitation ont besoin d’un minimum de ressources pour
fonctionner correctement. Il s’agit des prérequis généralement annoncés à la
sortie d’un nouvel OS. À titre d’exemple, il est vivement recommandé de disposer
d’1 Go de Mémoire pour exécuter Windows Vista. Pourtant ce système d’exploitation fonctionne avec seulement 512 Mo, certes dans des conditions dégradées
et avec une certaine lenteur. Les éditeurs de systèmes, en particulier Microsoft,
proposent différentes versions d’un même système qui correspondent à des
configurations matérielles bien précises.
Les prérequis d’un système sont établis suivant quatre critères :
• la puissance du processeur exprimée en MHz ;
• la quantité de mémoire vive ;
• l’espace disque nécessaire pour l’installation et l’utilisation du système ;
• la mémoire de la carte vidéo (pour les systèmes récents).
Vous devrez sélectionner le système d’exploitation adéquat sachant que les
déterminants seront les ressources qui constituent votre machine physique.
À titre d’exemple, la dernière mouture de Microsoft Windows 7 requiert 1 Go de
mémoire vive pour la version 32 bits et 2 Go pour son équivalent 64 bits. Il vous
faudra donc déterminer quelle version retenir en fonction de la RAM disponible
dans votre ordinateur.
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Si vous ne disposez que de deux Go de mémoire, vous serez limités dans l’attribution de mémoire de votre machine virtuelle. Au mieux le système hôte s’octroie
1 Go pour fonctionner, il vous reste donc un seul Go pour votre machine
virtuelle, de fait vous ne pourrez pas utiliser la version 64 bits de Windows 7 qui
requiert 2 Go de mémoire vive. Il est donc impératif d’identifier les prérequis de
chaque OS, en particulier avec les systèmes modernes.
Les maximas
À l’inverse, certains systèmes d’exploitation limitent le nombre de ressources
qu’ils peuvent prendre en compte. C’est en général le cas pour les systèmes de la
société Microsoft. Suivant l’édition du système d’exploitation retenue vous serez
contraint sur le nombre maximum de processeurs physiques utilisables. En effet
Microsoft licencie ces systèmes d’exploitation en fonction d’un nombre de
processeurs physiques. D’autres limitations apparaîtront en fonction de l’édition. Par exemple, l’édition Windows 7 Starter est limitée par la taille maximale
de l’écran 10.2 pouces et ne supporte qu’un seul gigaoctet de mémoire vive.
Cette édition est réservée aux fabricants de NetBook. Cette situation est très rare
sur Linux et tout aussi inconnue sur Mac.
Avant de vous lancer dans la virtualisation d’un système fraîchement sorti,
considérez les besoins en termes de ressources et comparez les différentes éditions
d’un système d’exploitation. Il en va de même pour Linux, il existe des distributions
spécialisées pour les ordinateurs à faible puissance. Ces distributions conviennent
parfaitement pour un environnement virtualisé. D’un point de vue général, les
systèmes Linux sont moins gourmands que leurs cousins Windows et sont donc
de meilleurs candidats à la virtualisation.
Identifier les composants de l’ordinateur hôte
Parmi les inconvénients de la virtualisation, nous trouvons la nécessité d’avoir une
machine puissante. En effet, la virtualisation consiste à diviser les ressources d’un
ordinateur afin de les partager entre le système hôte et les systèmes hébergés.
Au-delà des restrictions imposées par certains éditeurs, il convient d’identifier
les composants de votre ordinateur. C’est un préalable nécessaire à la création de
machines virtuelles. Il convient donc de faire l’inventaire des ressources disponibles afin de déterminer comment les partager.
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Voici la liste des ressources à identifier qui sont indispensables :
• la quantité de mémoire vive de l’ordinateur ;
• la capacité totale du disque dur et l’espace libre ;
• le nombre de processeurs ou de cœurs ;
• la présence d’une carte son (ce composant est devenu standard sur les ordinateurs modernes PC ou Mac, mais peut ne pas être activé sous linux).
REMARQUE
Pour réaliser un inventaire précis de l’ordinateur hôte, veillez à toujours utiliser
les dernières versions des pilotes des composants qu’il intègre.
Identifier les ressources matérielles sous Mac OS X
Avec Mac OS X, le chemin le plus simple pour identifier les composants d’un
Mac consiste à sélectionner À propos de ce Mac dans le menu Pomme (en haut
à gauche de votre écran), voir Figure 2.1.
FIGURE 2.1 Sélection du menu À propos de ce Mac.
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La petite fenêtre qui apparaît vous donne deux informations, la première sur le
type de processeur, mais elle ne nous donne pas leur nombre et la capacité de
mémoire, par exemple ce Mac intègre 4 Go de mémoire vive (voir Figure 2.2).
Pour explorer plus en détail la composition d’un Mac, il faut cliquer sur le
bouton Plus d’infos... Celui-ci lance un programme du nom de Information
Système.
FIGURE 2.2 La fenêtre À propos de ce Mac.
Ce programme est directement accessible depuis le dossier Utilitaires (Applications > Utilitaires), il regroupe toutes les informations matérielles et logicielles
de votre Mac. Nous connaissons déjà la capacité en mémoire vive de notre
ordinateur, cette information peut être confirmée en cliquant dans la colonne de
gauche sur la section Matériel, puis sur la rubrique Mémoire. Nous recherchons
maintenant le nombre de cœurs ou de processeurs. Cette information est disponible en cliquant simplement sur la section Matériel, dans la section de droite,
les propriétés de la machine sont listées. Recherchez les rubriques Nombre de
processeurs et Nombre de cœurs (voir Figure 2.3).
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FIGURE 2.3 Fenêtre de l’application Information Système détaillant la section Matériel.
Identifier les disques durs dans Mac OS X
Après la mémoire, puis le processeur, notre intérêt se porte sur le disque dur qui
équipe votre Mac. Vous n’êtes pas obligé d’utiliser cet espace pour stocker vos
machines virtuelles, un disque dur externe USB ou FireWire sera une très bonne
solution. Toutefois, il faut que le disque dur externe soit rapide, n’oubliez pas
que certains périphériques USB peuvent être lents. Pour obtenir l’espace disque
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disponible sur un disque dur connecté au Mac, sélectionnez dans le Finder le
disque dur, puis appuyez sur la combinaison de touches x+i, ou dans le
Finder, ouvrez le menu Fichier > Lire les informations. La fenêtre qui s’ouvre fait
apparaître les caractéristiques du disque dur. Dans notre exemple (voir
Figure 2.4) la taille de l’espace libre ou disponible est de 416,12 Go ; ce qui est
largement suffisant, sachant qu’en moyenne une machine virtuelle fait 10 Go.
FIGURE 2.4 Fenêtre d’information du disque dur
détaillant les informations sur le volume.
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Identifier les ressources matérielles sous Windows
La collecte des informations sous Windows est tout aussi simple que sous Mac.
Elle est identique quelle que soit la version utilisée : Windows XP, Windows Vista
et Windows 7. Ouvrez le menu Démarrer ou celui qui est en forme de rond avec
le logo Windows pour les versions Vista et Windows 7. Dans la colonne de droite,
vous trouverez le terme Ordinateur. Faites un clic droit de souris dessus et sélectionnez dans le menu contextuel Propriétés. Une fenêtre semblable à la Figure 2.5
apparaît sous Windows Vista et Windows 7.Cette fenêtre est aussi accessible par
le menu Panneaux de configuration > Système.
FIGURE 2.5 Fenêtre du panneau de configuration Système détaillant une partie de la configuration
de l’ordinateur.
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Vous obtenez directement quelques informations, le type de processeur par
exemple “Intel Core Quad”, “Quad” signifie quatre, c’est donc un processeur à
quatre cœurs. Ceci indique et la taille de la mémoire installée (RAM) qui, dans
notre exemple, est à 4 Go. Si la dénomination commerciale ne vous permet pas
d’identifier le nombre de cœurs, la fenêtre suivante sera plus explicite. Afin d’avoir
un aperçu plus complet de notre configuration, cliquez sur le lien “Gestionnaire de
périphériques”, cela aura pour effet d’ouvrir une nouvelle fenêtre plus complète.
Le gestionnaire de périphériques est en quelque sorte la tour de contrôle des
composants et périphériques connectés au PC. Pour obtenir le détail d’une section,
cliquez simplement dessus. Par exemple (ainsi que le montre la Figure 2.6),
en cliquant sur Processeurs, ce sont quatre éléments qui sont listés, notre PC
contient donc quatre cœurs. En explorant cet outil, vous obtiendrez un nombre
important d’informations sur votre ordinateur.
FIGURE 2.6 Fenêtre de l’utilitaire Gestionnaire de périphérique détaillant
les éléments de la configuration matérielle.
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