Invitation au château de Maisons par la classe de 4e7 Demeure d
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Invitation au château de Maisons par la classe de 4e7 Demeure d
1 Invitation au château de Maisons par la classe de 4e7 Demeure d’un grand noble et chef d’œuvre d’un architecte. Dans le cadre du projet Lettres/Histoire, les élèves de 4e7 se sont rendus au château de Maisons à Maisons-Laffitte), construit dans les années 1640, en pierre blonde de Chantilly. C’est Louis XIV qui inaugura ce château alors qu’il n’avait que douze ans, en 1651, lors d’une grande fête organisée par René de Longueil, en l’honneur de la Régente Anne d’Autriche. « Maisons domine la Seine et, dans son port gracieux avec sa blanche enveloppe, semble un cygne sortie de l’eau qui se repose au soleil sur la verte pelouse » déclare le Comte de la Borde. Le marquis René de Longueil (1596-1677), Seigneur de Maisons, Grisolles, Poncy, Béthemont et autres lieux : C’est un conseiller du roi en ses conseils d’État et privé, appartenant à l’une des plus anciennes familles de magistrats du Parlement de Paris, originaire de Normandie. Il devient premier président de la Cour des Aides. En 1642, il obtient la charge de Président à Mortier au Parlement de Paris. Il demeure à Paris, rue de Béthisi, paroisse Saint Germain l’Auxerrois. René de Longueil épouse, en 1622, Madeleine Boulenc de Crèvecoeur, mariage qui lui donne accès à deux héritages importants, celui d’un trésorier de la Ligue, Benoît Milon, et celui d’un Président de la Cour des Aides, Jacques Chevalier. Homme riche, il possède la Seigneurie de Maisons (présente . dans sa famille depuis près de deux siècles). En 1650, il est à l’apogée de sa carrière et devient Surintendant des Finances, grâce au soutien de Mazarin. Longueil est aussi gouverneur des châteaux de Saint-Germain en Laye et de Versailles : il reçoit le roi lorsque celui-ci se rendait à la chasse dans la forêt de Saint Germain en Laye. Il fut élevé au rang de Marquis par Louis XIV en 1658. René de Longueil Le Philosophe Voltaire est un ami intime de Jean-René de Longueil, marquis de Maison. Celui-ci meurt le 13 septembre 1731 dans les bars de son ami. On prétend que Voltaire, décrivant le Temple du Goût, aurait fait allusion au château de Maisons dans les vers suivants : « Simple en était la noble architecture Chaque ornement à sa place arrêté ; Y semblait mis par la nécessité ; L’art s’y cachait sous l’air de la nature ; L’œil satisfait embrassait sa structure, 2 Jamais surpris et toujours enchanté ». Voltaire rapporte dans le Siècle de Louis XIV, que René de Longueil, en faisant fouiller dans un ancien petit caveau de son hôtel parisien de la rue des Prouvaires, il trouva quarante mille pièces d’or au coin de Charles IX. C’est avec cet argent que le château de Maisons fut bâti. René de Longueil donne carte blanche à l’architecte François Mansart. L’œuvre de François Mansart (1598-1666) : Mansart vient d’une famille d’artisans du bâtiment. C’est le petit fils de Jules Hardouin Mansart. En 1623, il élabore un projet de façade pour l'Église des Feuillants au faubourg Saint Honoré ce qui lui permet de révéler son talent. Il fait plusieurs réalisations à Paris. La chronologie des travaux de Maison est incertaine. François Mansart demande 26 000 livres (estimation minimale) d’honoraires. Cet architecte n’aime pas la couleur et préfère jouer sur le relief, la lumière et les formes architecturales. Aussi, perce-t-il de grandes fenêtres afin que la lumière pénètre dans les pièces et fasse des creux et des déliés sur les murs. Il emploie également les dorures. Le château est entouré de fosse vide. Mansart construit un château ouvert, classique et symétrique. Il imagine un « fantôme de château-fort ». La splendeur du château est soulignée par Jean Jacques Blondel professeur de l'Académie Royale d'Architecture : « Nous osons le dire ici : personne avant lui ni depuis lui n'a poussé si loin cette magie de l'architecture. De quelle admiration, de quel charme, ne sommes nous pas épris à l'aspect de ce chef d'œuvre ». Le château : Dans un acte déposé devant notaire, daté du 8 mai 1643, le château est décrit comme : « un grand corps d’hôtel de 34 toises de longs ou environ et deux pavillons chacun de sept toises et demie de long ou environ ». Les toits sont recouverts d’ardoise renforcée appelée « carrée moyenne ». Situé à proximité de la forêt de Saint Germain en Laye, le château est bâti sur une plateforme rectangulaire surélevée entourée de fossés vides mais suffisamment larges pour rendre tout franchissement par un animal sauvage impossible. Le château présente une façade classique. Il est situé entre cour et jardin. Le vestibule d’honneur, au centre du château, dallé de pierre noire et blanche, rythmé de huit colonnes doriques, fait la liaison entre la cour et le jardin. La cour est dite « minérale » : elle est entièrement pavée. L’avant corps est d’inspiration antique avce ses colonnes ioniques. Le casque ouvert de chevalier symbolise la paix. Autour du casque, figurent des trophées d’arme. Le plan du château est symétrique, en forme de « L », de même que les jardins. Il comprend quatre appartements : deux au rez-de-chaussée (réservés aux propriétaires et à son épouse) et deux à l’étage (destinés au roi et à la reine). La demeure présente deux entrées donnant sur le vestibule : une côté jardin et une deuxième du côté de la grand avenus menant à Saint Germain en Laye. Un décor codé : Dans le vestibule d’honneur, trônent deux statues de Zeus (symbolise le feu avec son éclair) et Poséidon. Le dieu de la mer est accoudé sur un vase d’où s’écoule un liquide, allégorie d’un fleuve. Ceci rappelle au visiteur la présence de la Seine non loin du château. La déesse Cybèle est coiffée d’une ville encerclée de remparts, constituant une « couronne de ville ». Elle est entourée d’enfants lui montrant des fruits et du blé. On peut aussi remarquer la présence d’une corne d’abondance. Ces éléments renvoient à l’idée d’un âge d’or. La dernière statue est celle d’Héra symbole de l’air. René de Longueil, propriétaire du château, se donne l’image d’un homme de paix. 3 René de Longueil joue sur la sonorité de son nom. Longueil peut être entendue comme « long œil » autrement dit celui qui a une vue perçante. Aussi, les quatre aigles sculptés aux ailes déployés, postés dans les angles, qui surplombent le vestibule ne sont qu’une représentation allégorique du propriétaire des lieux, les armes « parlantes » des Longueil. Placé à proximité des dieux de l’Olympe, il répond à l’envie de Longueil de se faire représenter comme proche des dieux, donc du pouvoir. L’aigle est prêt à décoller pour attaquer. Leurs griffes ne sont pas posées sur la corniche et sortent de leur cadre. Très expressifs, on peut les rattacher à l’art baroque. Le visiteur à l’impression que les aigles vont arriver sur lui. Le chef d’œuvre de Mansart : l’escalier de style baroque « Escalier de type à jour », il tient tout seul. Mansart supprime les arcs boutants. La taille de la pierre permet à la poussée d’être rejeté sur les murs. L’escalier comporte quatre volées droites de marches suspendues (non tenues par des piliers). La cage d’escalier est décoré par une corniche saillante sur laquelle repose quatre groupes d’enfants, appelés « putti ». Ils représentent le chant et l’amour, les sciences et les arts plastiques, la paix et l'art militaire, l'amour et l'hymen. Ils sont réalisés, par Philippe de Buyster (1595-1688), inspiré de Pierre Sarazin, à partir de moulages avec abattis (pièces rapportées). Les abattis sont des éléments trop écartés de la forme générale pour faire partie du moule de base (pour les bustes, ce sont souvent des éléments de coiffure). Les figures sont réalisées à l’aide d’un outil spécifique, la gradine. C’est un ciseau à dents pointues ou plates qui sert à enlever des morceaux plus ou moins importants de matière. La coupole est éclairée par un lanternon, bâtie sans charpente à l’aide de moellons maçonnés au plâtre. Au dessus du grand escalier, le corridor, orné d’une balustrade, n’est accessible que par un second escalier caché. Seuls les domestiques et les musiciens y accédaient. La Grande Galerie : C’est une pièce longue et étroite, surmontée de la tribune des musiciens, destinée aux fêtes, bals et concerts. Ces salles existent en France depuis longtemps comme la Grande salle de bal du Louvre avec sa tribune pour les musiciens de 1551, ou celle du château de Fontainebleau peinte à fresque par Nicolas dell’Abate sur les dessins du Primatice en 1552. Des tapisseries de la manufacture des Gobelins représentant de scènes de chasse et des boiseries servent de décor. Le parquet sert à préserver la chaleur. La galerie est à la fois baroque (présence de trompe l’œil, jeux de miroirs qui donnent l’illusion que la pièce est coupée en deux) et classique (l’axe de symétrie du château passe à travers cette pièce et est matérialisé par les trois lustres). Le plafond à calotte est enfoncé en son centre pour des raisons acoustiques. Une barrière amovible dorée délimite la galerie de l’antichambre du roi, baptisée « salon d’Hercule », en raison de son décor. Ce système permet d’agrandir la pièce en fonction du nombre d’invités. L’antichambre est occupée par une vaste cheminée, décorée par deux sculptures de femmes grandeur nature, portant des corbeilles de fleurs sur la tête. Elles s’apparentent à des caryatides, des statues de femme souvent vêtues d'une longue tunique, soutenant un entablement sur sa tête. Au-dessus de la corniche, deux aigles soutiennent les armes de Longueil. À l’époque, le grand cadre ovale était occupé par un tableau intitulé Hercule et l’hydre de Lerne, réalisé par Guido Reni. 4 La chambre du roi dite « chambre à alcôve » comprend un lit de parade de deux mètres par deux mètres. Le parquet (encore d’origine) est réalisé en trompe l’œil. Mansart s’inspire d’une scène de théâtre. Le lit s’inscrit dans une grande arcade encadré de deux pilastres composites. L’appartement de René de Longueil : Cette pièce est aussi appelée « chambre des captifs » en raison du sujet de la grande cheminée à l’antique, sculptée par Guérin vers 1646. Un médaillon où l’on peut reconnaitre le portrait de Louis XIII, est ceint de feuille de chêne dorées. De part et d’autre de ce médaillon, deux captifs sont agenouillés devant un faisceau d’arme. Il est possible d’y lire une allusion aux conquêtes de l’Artois, l’Alsace, du Roussillon et de Cerdagne, acquises en 1659. Le médaillon repose sur un bas-relief (faisant office de socle), situé au niveau de la hotte de la cheminée. Il représente Louis XIII revenant vainqueur de la Guerre de Trente ans, sous les traits d’un général romain dans son char. Il est suivi par des prisonniers portant le trésor (un des prisonniers tient une jarre remplie d’or) et les armes du roi. Dans sa main gauche, Louis XIII tient la main de justice. ******************* En guise de conclusion : Le château demeure la propriété de la famille de Longueil jusqu’en 1777, date à laquelle le comte d’Artois, frère de Louis XVI en fit l’achat. Vendu comme bien national sous la Révolution, le château est racheté par le maréchal Lannes, dont la veuve en reste propriétaire jusqu’en 1818, date à laquelle il passe entre les mains du banquier Jacques Laffitte (1767-1844). Ruiné après 1830, Laffitte aliène le grand parc. En 1882, Maisons sur Seine devient Maisons-Laffitte. Le 12 janvier 1905, l’État achète le château, pour 200 000 francs : « Nous avons voulu que Maisons-Laffitte soit le complément du Louvre, comme l’est Versailles avec ses Trianons […] ». ***** Bibliographie/ Sitographie : ** Sur le château : • Diaporama de Madame Bouillère : « Visite du château d'un château du 17ème s. le château de Maisons » http://www.weblettres.net/blogs/?w=Jenperdsmonf • Site du Château et René de Longueil : http://www.maisonslaffitte.net/chateau.htm • Voyage pittoresque des environs de Prais ou description des maisons royales, châteaux et autres lieux de Plaisance situés à 15 lieues aux environs de cette Ville, Paris, Debure, 4e édition, 1789. • Dulaure Antoine Jacques, Belin Jules Léonard, Histoire physique, civile et morale des environs de Paris, depuis les temps historiques jusqu’à nos jours, Tome II, Paris, Furne et Cie éditeurs, 1838. • Comte de Soyencourt, Notions claires et précises sur l’ancienne noblesse de France ou Réfutation des prétendus mémoires de la marquise de Créquy, Paris, J. Bréauté, 1855. • Le château de Maisons, Collection Itinéraire, Éditions du Patrimoine, Centre des Monuments nationaux, s.d. **Sur François Mansart : • Direction des Archives de France, Centre historique des Archives Nationales, François Mansart. Les bâtiments. Marchés de travaux (1623-1665), Documents inédits des Archives Nationales, CHAN-Champion, Paris, 1998 **Sur Philippe de Buyster : http://www.latribunedelart.com/philippe-de-buyster-1595-1688---sommaire-article001564.html ********************************************************************