L`INITIATION

L’INITIATION
Un rite important qui marque la vie est celui de l’initiation. C’est normalement le passage de
l’enfance à l’âge adulte (pour ceux qui le pratiquent précocement, il est plus juste de parler de
passage « à l’âge de raison »). Il est précédé d’un temps de retraite et d’apprentissage à l’écart du
village et des autres villageois, d’une durée variable suivant les ethnies (de quelques semaines à
plusieurs années chez les Senoufo et certains Mossé par exemple). L’enseignement porte sur les
règles de vie, la religion, la tradition, certains rites du clan (tel le langage du Tam Tam), il constitue
une phase d’initiation des jeunes gens aux valeurs sociales du groupe ethnique.
Ce passage s’accompagne souvent de la circoncision. Chez certains, il existe une
initiation des filles. Les « candidats » à l’initiation font partie d’une même classe
d’âge, à partir de 7 ou 8 ans ou beaucoup plus, selon les populations.
La formation s’achève par une cérémonie initiatique qui peut être grandiose (par
exemple, à la fin du « poro », du nom de la société secrète sénoufo qui organise
l’initiation).
Mais il y a une ambigüité : ceux qui ont suivi une telle formation sont quelquefois
et naturellement appelés des « initiés ». En fait, ils ont appris ce qu’il est
nécessaire de connaître – y compris dans le domaine des traditions – pour être
considéré comme un homme (ou une femme, là où il existe une initiation des
femmes).
L’apprentissage est souvent pénible et douloureux quelquefois très long ; mais on
forme des hommes, pas des individus détenteurs de secrets ou de pouvoirs.
Il conviendrait de réserver le terme d’ " initiés " aux personnes qui, elles, ont
« reçu » des talents ne relevant pas de qualités humaines. Elles « voient » ce que
les hommes ordinaires ne voient pas. Elles « savent » mystérieusement, spontanément, ce que les
autres ne peuvent savoir. Elles sont les intermédiaires entre les génies, les fétiches ou les ancêtres et
les hommes. Même si elles ont longtemps étudié, leur puissance leur a été concédée – elle ne
dépend pas d’elles.
Tiré de
" Traditions et modernité au Burkina Faso"
Auteur : Les Amitiés Franco-Burkinabè
ed. L'Harmattan 2007
page 25
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