Formation femmes agro-alimentaire - Ministère de l`Education National

Transcription

Formation femmes agro-alimentaire - Ministère de l`Education National
n RAPPORT DEFINITIF
Groupe de recherche et
d’échanges technologiques
Education qualifiante des jeunes
et des adultes (EQJA)
Etude sur les formations des
femmes dans le domaine de
l’agroalimentaire
Contrat Unesco – N° 803.065.4.
467 G10 1000.24
FR 3240048977
Cécile Broutin
Julien Rouyat
Gret Sénégal
Bureau : IRD – Hann Maristes
BP 10 422 – Dakar Liberté
Tel : 849 35 38 – Cel : 633 40 70
[email protected]
Novembre 2004
GRET SENEGAL
SOMMAIRE
GLOSSAIRE ..............................................................................................................................1
RESUME ................................................................................................................................3
INTRODUCTION ........................................................................................................................8
I.
LA TRANSFORMATION ALIMENTAIRE : UN SECTEUR STRATEGIQUE POUR L’EDUCATION
QUALIFIANTE.................................................................................................................10
1.
2.
3.
II.
LES MICRO ET PETITES ENTREPRISES AGROALIM ENTAIRES : UN SECTEUR DYNAMIQUE EN
COURS DE STRUCTURATION ............................................................................................17
1.
2.
3.
4.
5.
III.
Contexte et enjeux du secteur de la transformation de produits alimentaires................10
Les activités de transformation alimentaire comme outil de lutte contre la pauvreté.....11
La transformation alimentaire comme moyen d’insertion sociale pour les femmes......13
Des filières et des systèmes diversifiés .....................................................................17
Un début de structuration des MPE agroalimentaires.................................................19
Des contraintes internes aux micro et petites entreprises............................................22
Les contraintes de l’environnement légal et réglementaire .........................................23
L’apprentissage et la formation professionnelle ........................................................25
ETUDES DE CAS ET COMPTES-RENDUS D’ENTRETIENS.......................................................30
1.
2.
3.
4.
5.
6.
7.
8.
9.
10.
Choix des études de cas et entretiens ........................................................................30
Tableau synthétique ................................................................................................31
Etude de cas Cretef .................................................................................................33
Etude de cas : PROMER.........................................................................................36
Etude de cas : PAPES .............................................................................................41
Etude cas – Programmes et actions Gret – Enda graf.................................................44
Compte rendu d’entretien avec ITA .........................................................................62
Compte rendu d’entretien avec Sanoussi Diakhité .....................................................64
Compte rendu d’entretien avec ONFP ......................................................................67
Compte rendu d’entretien avec Mm Diokh, restauratrice et responsable d’OP.............69
IV. CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS ...........................................................................72
1.
2.
Principaux enseignements de l’étude ........................................................................72
Premières conclusions/recommandations ..................................................................76
BIBLIOGRAPHIE .................................................................................................................79
CONTACTS..........................................................................................................................80
ANNEXE 1 – P LAN DE TRAVAIL................................................................................................81
ANNEXE 2 – TYPOLOGIE DES ACTIVITES INDIVIDUELLES AGROALIMENTAIRES A PETITE
ECHELLE .......................................................................................................................82
ANNEXE 3 - P RESENTATION DE QUELQUES ORGANISATIONS SOCIO-PROFESSIONNELLES DANS
LES FILIERES AGROALIMENTAIRES ..................................................................................84
ANNEXE 4 - ELEMENTS DE NOMENCLATURE DES METIERS.........................................................91
GLOSSAIRE
ACA : Association, conseil pour action
ADEPME : Agence de développement et d’encadrement des petites moyennes entreprises
ADM : Agence de développement municipal
ADPES : association pour une dynamique de progrès économique et social
AFD : Agence française de développement
AFRES : Association des femmes restauratrices du Sénégal
AGR : Activités génératrices de revenus
ALISA : Alimentation, savoir-faire et innovations agroalimentaires en Afrique de l’Ouest
ALPA : Artisanat alimentaire et lutte contre la Pauvreté en Afrique sub-saharienne
ANCAR : Agence national de conseil agricole et rual
ANMFR Association Nationale des Maisons Familiales Rurales de Thiès
APIX : Agence de la promotion de l’investissement des grands travaux
APROFES : Association de promotion de la femme sénégalaise
APROSI : Agence d’aménagement et de promotion des sites industriels
APROVAL : Association des professionnels de l’alimentation pour la valorisation des produits
locaux
ASACASE : Association Sénégalaise pour l’Appui à la Création d’Activités Socio-Economiques)
AVAL : Action de valorisation des savoir-faire locaux
BE : Bureaux d’études
BIT : Bureau international du travail
BT : Brevet de technicien
BTS : Brevet de technicien supérieur
CAEF : Centre africain pour l’entreprenariat féminin
CAP : Certificat d’aptitudes professionnelles
CCIA : Chambre de commerce, d’industrie et d’artisanat
CDE : Centre de développement des entreprises – Union européenne
CEPE : Certificat d'Étude Primaire Élémentaire
CETEF : Centre d’enseignement technique féminin
CMS : Crédit mutuel du Sénégal
CNCR : Conseil national de concertation des ruraux
CRETEF : Centre régional d’enseignement technique féminin
DAE : Direction alphabétisation et éducation de base
DINFEL : Directoire national des femmes en élevage
DIRFEL : Directoire régional des femmes en élevage
DPRE : Direction de la Planification et de la Réforme de l’Education
ECB : Ecoles communautaires de base
Enda graf : ENDA Sahel et Afrique de l'Ouest - Groupes Recherches Actions Formations
ENEA : Ecole nationale d’économie appliquée
ENFEFS : Ecole Nationa le de Formation en Economie familiale et sociale
EPA : Ecole pratique Aval
EQJA : Education qualifiante des jeunes et les adultes
FENAGIE PECHE : Fédération Nationale des GIE de pêche du Sénégal
1
FENAPROMER : Fédération nationale des transformateurs des produits de la mer
FENATRAMS : Fédération Nationale des Transformatrices Micro Mareyeuses du Sénégal
FEPRODES : Fédération des Productrices de Delta du Sénégal
FIDA : Fonds international de développement agricole
FONDEF : Fonds de développement de l’enseignement technique et de la formation professionnelle
FSP : Fonds de solidarité prioritaire
GERME : Gérer mieux votre entreprise
GIE : Groupement d’initiatives économiques
GPF : groupement de promotion féminine
Gret : Groupe de recherche et d’échanges technologiques
ISRA : Institut sénégalais de recherches agricoles
ITA : Institut de technologie alimentaire
MAE : Ministère français des affaires étrangères
MPE : micro et petites entreprises
MPEA : Micro et petites entreprises agroalimentaires
NBA : Nouvelles Boissons Africaines (Industrie)
ONFP : Office national de formation professionnelle
ONG : Organisation non gouvernementale
ONUDI : Organisation des Nations Unies pour le développement industriel
OP : organisations professionnelles
PAFNA : Projet d’appui à la formation professionnelle des néo-alphabétisés
PAOA : Projet d'appui aux Opérateurs/trices de l'Agroalimentaire
PAPA : Projet d’appui au plan d’action en matière d’alphabétisation et d’éducation on formelle
PAPES : Programme d’appui aux petites entreprises du Sénégal
PAPF : Projet d’alphabétisation priorité femmes
PME : Petites et moyennes entreprises
PMI : Petites et moyennes industries
PPCL : Programme de promotion des céréales locales
PROMER : Projet de promotion des micro entreprises rurales
SAPROLAIT : Société africaine de produits laitiers.
SNTI : Société nationale de transformation industrielle (industrie)
SOBOA : Société des brasseries de l’ouest africain
SOCAS : Société de conserverie alimentaires au Sénégal
SONACOS : Société nationale de commercia lisation des oléagineux du Sénégal
TCL : Transformateurs de céréales locales
TRANSFULEG : Association des Transformatrices de fruits et légumes
TVA : Taxes sur la valeur ajoutée
UEMOA : Union économique et monétaire ouest africaine
UNESCO : Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la sciences et la culture
USAID : Agence des Etats-Unis pour le développement international
VSF : Vétérinaires sans frontière
YMCA : Young Men Christian Association
2
RESUME
n
Objet de l’étude et méthodologie
L’étude commanditée par l’UNESCO et la DPRE avait pour objectif de faire un point méthodologique sur les actions de formation dans le domaine agroalimentaire, menées notamment
par le Groupe de Recherches et d’Echanges Technologiques (GRET) et ses partenaires - et les
projets et institutions du même secteur dont le GRET peut avoir connaissance, en étudiant les
liens existants entre renforcement des compétences techniques et éducation de base (alphabétisation, citoyenneté etc.).
Après une phase d’analyse documentaire et de collecte de données secondaires, une typologie
sommaire des différents types de formations mises en œuvre pour les acteurs du secteur agroalimentaire a été élaborée. Un échantillon des différents types de formation a été sélectionné
pour une étude plus approfondie en privilégiant les expériences qui nous semblaient les plus
intéressantes dans le cadre de la réflexion menée sur l’élaboration d’une stratégie nationale en
EQJA. L’objectif de ces études de cas est d’en tirer des enseignements et de formuler des recommandations pour prendre en compte des objectifs d’EQJA dans ces formations, souvent à
finalité fortement technique (renforcement ou acquisition de compétences professionnelles).
n
Un secteur stratégique pour l’éducation qualifiante.
La transformation alimentaire occupe un rôle central en terme d’emplois, de revenus et de
sécurité alimentaire. Quatre vingt dix pour cent (90 %) des produits transformés vendus sur les
marchés urbains proviendraient de ce secteur (Enda graf, 2004). Les facilités d’entrée, la modicité du capital nécessaire, la petite taille des unités sont reconnues comme les principaux
facteurs de dynamisme des activités alimentaires. Le mode d’acquisition de la qualification
technique, essentiellement par transmission de savoir -faire mère-fille, est également une caractéristique importante de ce secteur. Cet apprentissage « sur le tas » apparaît peu coûteux et
ouvert à de nombreuses catégories de population, en particulier celles qui n’ont pas accès au
système de formation formel et aux emplois du secteur « moderne ». Le développement des
activités de transformation alimentaire, contribue à l’amélioration de la sécurité alimentaire
des urbains, et à la lutte contre la pauvreté de manière significative. Ce secteur est en pleine
croissance et propose des perspectives intéressantes en terme d’emplois (et « d’auto emplois ») et de revenus.
Mais les modes d’acquisition des compétences sont longs et comportent un risque de se cantonner aux métiers traditionnels et à des niveaux de qualifications modestes. Ils ne favoriseraient ni l’innovation, ni la maîtrise des compétences d’organisation et de gestion. Les études
de cas ont en effet montré le peu d’apprentissage formalisé proposé pour ces métiers, qui
s’explique au moins en partie par le manque de définition et de reconnaissance officielle des
métiers du secteur. L’éducation qualifiante pour les jeunes et les adultes est donc un levier
stratégique des appuis à mettre en œuvre pour les activités de transformation agroalimentaire à
destination des personnes en activité ou cherchant à s’insérer sur le marché du travail.
n
Un secteur d’activités diversifié en cours de structuration
L’étude des principales filières agroalimentaires met en évidence la diversité de l’artisanat
alimentaire et son caractère diffus (micro et petites entreprises disséminées sur tout le territoire national avec une concentration de certaines activités dans les centres urbains). Elle
montre également le dynamisme des filières dont la structuration est souvent récente et encore
dans l’ensemble peu « efficace ». Ces organisations commencent cependant à se soucier da3
vantage de leur représentativité, de leur rôle et de leurs missions et reçoivent depuis peu des
appuis de quelques projets et institutions. Elles constituent sans aucun doute une porte
d’entrée pour développer un système de formation en direction de ce secteur d’activités.
n
D’importants besoins de renforcement des compétences, la nécessité d’associer
formations techniques et alphabétisation fonctionnelle
Le secteur de la transformation des produits alimentaires se caractérise par le nombre important d’analphabètes travaillant à titre individuel ou dans les unités de transformation. Ce constat est en partie lié au nombre élevé de femmes exerçant dans l’activité.
Si l’accès aux savoirs de base (lire, écrire, compter) n’apparaît pas indispensable pour l’accès
aux savoirs-faire techniques permettant d’exercer les métiers de la transformation alimentaire,
pour autant l’accès à ces savoirs de base est déterminant pour le développement et la diversif ication des activités et compétences. Des effets de seuil sont constatés dans la progression de la
compétence.
L’efficience d’une offre de formation technique peut nécessiter en préalable une étape
d’alphabétisation (ex PAPES- Formation GERME). Les études de cas ont également montré
que même les formations techniques réalisées en langues nationales n’avaient généralement
que des supports de formation rédigés en français, ce qui limite fortement l’efficience des
formations. La maîtrise des savoirs « scolaires » est jugée indispensable pour la maîtrise des
savoirs transversaux (gestion, commercialisation…) et au développement des savoir-faire
techniques. L’alphabétisation est donc à ce titre une clé de l’apprentissage et « un facteur de
son développement et de son efficience » (MAE ,1999).
Le choix des langues d’alphabétisation est apparu lors des études de cas comme un enjeu du
développement de l’EQJA. L’alphabétisation en français semble généralement préférée par les
programmes d’appuis et les femmes transformatrices, qui peuvent également souhaiter être
alphabétisées dans leur « langue maternelle ». Le vocabulaire français est souvent déterminant
non seulement pour la dénomination courante des produits mais aussi pour la lecture des supports de formation, des manuels techniques, des recettes etc… Il convient donc d’étudier, selon les publics, les langues à choisir pour l’alphabétisation. On peut cepe ndant citer
l’expérience des Ecoles communautaires de base (ECB) qui proposent une alphabétisation
préalable en langue nationale avant la maîtrise du français. L’apprentissage du français se
trouve grandement facilité par l’alphabétisation préalable dans une langue nationale.
Les formations en alphabétisation fonctionnelle semblent de même à privilégier. Elles permettent d’être en prise directe avec la réalité quotidienne et professionnelle des apprenants.
n
Une offre de formation peu diversifiée et parfois inadaptée
Il existe quelques formations diplômantes mais plutôt de haut niveau, destinées davantage à
des emplois dans l’industrie (BTS) ou axées uniquement sur le secteur de la restaurationhôtellerie (CAP restauration – niveau entrée 4ème au Cretef, BT à l’école hôtelière pour des
emplois salariés). L’essentiel de l’offre publique de formation initiale est fournie par les
CRETEF et CETF dont les contenus de formation ont très peu évolué et dont les moyens sont
limités. L’ITA propose également des sessions de formations, surtout technologiques.
On note que de nombreuses formations courtes sont organisées ou réalisées par des projets et
organismes d’appui (rarement intégrées dans un plan de formation et jamais considérées
comme une étape d’un cursus de formation). Ces formations visent pour l’essentiel à renforcer
les compétences techniques. Quelques actions de formations ont également concerné la commercialisation, l’hygiène et la qualité. Un dispositif de démultiplication de ces formations au
sein des groupements a été expérimenté par Enda graf et le Gret et semble se poursuivre de
façon autonome par des réunions de formation / sensibilisation effectuées par les organisations
professionnelles (et réalisées par d’anciennes formées – ex AAPAS)
4
Ces formations mobilisent le plus souvent des compétences «académiques » ou théor iques
(ITA, consultants indépendants, BE) , les Cretef (enda, Gret, ONFP) et plus rarement des artisanes/formatrices (Gret/enda).
On notera que la plupart de ces formations ne donnent lieu qu’à une attestation de formation
remise en général à tous les participants s’ils ont suivi au moins 75 % de la formation. Il n’y a
pas ou rarement d’objectifs précis d’acquisition de compétences et pas de contrôle en fin de
formation (taux de réussite de 90 % des inscrits en année 1 pour CRETEF, attestions données
en général à tous les participants pour les formations courtes).
Ces formations courtes sont rarement articulées à l’alphabétisation ni à l’éducation à la vie
courante. La spécialisation de l’offre de formation mais également des organismes d’appui
explique sans doute cette situation. La jeunesse des organisations professionnelles et un certain isolement des acteurs du secteur explique sans doute la faible implication des OP dans les
actions de formations et leur contenu souvent défini par les organismes d’appui ou de financement.
n
Un public surtout d’adultes en activité
Hormis les CRETEF qui visent à former des jeunes filles, la plupart des formations
s’adressent à un public d’adultes déjà en activité. Peu de formations visent à faciliter
l’insertion professionnelle des jeunes. Les modalités de transmission de savoir-faire mère-fille
avec l’absence de statut d’apprentis dans la plupart des filières peuvent en partie expliquer
l’absence d’offre de formation en direction du public jeune.
n
Des modalités de financement très variables
Les études de cas montrent donc qu’une participation financière aux coûts de formations peut
être demandée aux bénéficiaires. Ces cofinancements sont généralement de l’ordre de 10 à 20
% du coût de la formation. Mais certains des projets étudiés ne dema ndent aucune participation aux bénéficiaires. En effet, certaines formations techniques, qui nécessitent des compétences « pointues » de la part des formateurs, sont proposées à des coûts élevés (cas du PPCL
qui a fréquemment fait appel à des consultants ou bureaux d’études privés, ITA), pouvant difficilement être supportés par les bénéficiaires. Les publics cibles (transformatrices individue lles ou micro entreprises) peuvent ne pas être en capacité de cofinancer 10 à 20 % du coût de la
formation.
Les actions de formations organisées par Enda graf et le Gret sont en général prise en charge à
100 %. Cependant les apprenants ont ensuite « l’obligation » de démultiplier la formation au
sein de leurs groupements et de réaliser des activités de sensibilisation avec parfois un petit
appui (démarrage) et ensuite sur leurs fonds propres (ou en mobilisant la participation des
femmes). Cette démarche se rapproche d’une formation de formateurs mais sans certification
des capacités. Elle permet la diffusion de nouveaux savoirs et savoir-faire à moindre coût.
Si la participation des bénéficiaires aux coûts de la formation est souvent encouragée, la création de fonds de formation destinés à financer le reste des coûts semble une nécessaire contrepartie publique de l’effort des bénéficiaires, au même titre que dans l’enseignement technique
classique. Hormis les écoles et centres de formation publiques, seul l’ONFP finance sur fonds
publics certaines formations en transformation alimentaire (surtout depuis deux ans). Les autres formations courtes sont financées par des bailleurs à travers des projets et des ONG.
5
n
Quelques timides évolutions
Bien que l’alphabétisation n’avait pas été prévue dans le document de projet initial, le
PROMER a engagé d’importantes actions dans ce domaine (plus de 2200 alphabétisés en 5
ans). Le PAPES, a retenu également de prévoir des moyens financiers spécifiques pour
l’alphabétisation dans la deuxième phase qui va démarrer.
Les CRETEF cherchent à faire évoluer leur offre de formation avec une collaboration avec des
ECB (écoles communautaires de base) articulées à la formation professionnelle (expériences
avec Cretef Dakar), la création de CAP restauration (1ère promo en 2005, Luxembourg-cretef
Saint Louis), des projets de développement d’autres formations diplômantes au sein des
CRETEF et CETF, notamment avec un projet de création d’un CAP en agroalimentaire (réflexion sur la définition des compétences en cours avec coopération luxembourgeoise).
La plupart des projets et organismes d’appui ont formulé le souhait de combiner des acquis itions de compétences professionnelles et le renforcement de l’éducation de base par
l’alphabétisation. Le plus souvent, les personnes interrogées se prononcent pour
l’alphabétisation fonctionnelle en la ngues nationales puis éventuellement en français. Mais
selon nous l’éducation à la vie courante est également importante à ce stage. Cela permet
d’envisager plus facilement le développement de l’activité et une plus grande ouverture vers
des opportunités d’emplois, de revenus (possibilités d’évolution) et de poursuite de formation
Ainsi une approche d’EQJA qui vise à associer dans des cursus de formation
l’alphabétisation, l’éducation à la vie courante et les compétences professionnelles paraît
à priori tout à fait pe rtine nte pour autant qu’elle se base sur la définition de métiers et
de compétences qu’ils restent à reconnaître dans le cadre d’une concertation entre l’Etat
et les organisations professionnelles.
n
Premières conclusions/recommandations
> Définition et reconnaissance des métiers de l’artisanat alimentaire
L’artisanat alimentaire reste encore mal connu et peu reconnu comme secteur d'activités productives. Il est soit intégré dans les activités agricoles secondaires, soit dans le simple commerce et services. Il apparaît nécessaire de définir les différents métiers de l’artisanat alimentaire pour pouvoir définir des plans de formation mais aussi pour légitimer ce secteur dans les
politiques d’éducation, de formation et de développement.
> Définition d’un référentiel de qualification et de formation par métiers
A partir de la définition des métiers, il est nécessaire d’engager un travail d’élaboration d’un
référentiel de compétences et de formation. Ce travail mené avec les organisations professionnelles doit permettre de définir les compétences nécessaires à partir d’une analyse des activités. Ces compétences ne sont pas uniquement techniques. Elles renvoient également à
l’éducation de base (lire, écrire, compter mais également formation/information sur les conditions de travail, l’hygiène, la législation).
> Expérimenter un système d’apprentissage et de formation professionnelle reconnu
Dans le secteur agroalimentaire, il n’existe pas de véritable système d’apprentissage. Pour
permettre aux jeunes d’acquérir plus vite le s compétences nécessaires (tant professionnelles
qu’éducation de base) et faciliter l’accès à ces métiers, il est nécessaire de mettre en place un
système d’apprentissage qui combine formation pratique, formation théorique et éducation de
base.
6
En conclus ion du rapport, nous proposons quelques pistes pour l’élaboration de cette phase
pilote qui devra associer quelques organisations professionnelles intéressées, les collectivités
locales (compétences transférées aux régions), les organisations d’appui (structures de formation publiques, privées et ONG).
La proposition d’écoles pratiques (terme proposé dans le cadre du pr ogramme AVAL :
Cnearc, Cirad, Enda graf, gret) a été en partie reprise et complétée car elle n’incluait pas
l’éducation de base mais évoqua it déjà quelques pistes pour un système de formation alternatif.
Elle repose sur la formation de formateurs au sein du secteur d’activités (femmes artisanes
motivées pour améliorer leurs savoir-faire, intéressées à former des jeunes et des adultes à
faible coût), en mobilisant l’offre de formation publique (écoles, services de l’état, centre de
formation) et privées (ONG, prestataires, bureaux d’études) et la construction d’une offre
d’éducation de base (peut être au sein des OP).
Le principe retenu serait de privilégier les formations dans les quartiers (« école sans mur »),
construites à la demande, respectant donc les temps d'occupation des femmes, n'imposant pas
d'horaires mais modulant les temps de formation en fonction des contraintes des uns et des
autres.
7
INTRODUCTION
n
Objet de l’étude
La transformation agroalimentaire constitue un secteur privilégié d’activités des femmes, je unes et adultes, en milieu rural comme en milieu urbain. Bien que la plupart de ces activités
soient théor iquement rattachées au secteur artisanal, elles sont souvent peu prises en compte
dans les dispositifs de formation, en raison notamment des modalités d’apprentissage différentes des autres filières artisanales (transmission des savoirs au sein du cercle familial), parfois
d’un rattachement de ces activités au commerce (milieu urbain) ou à l’agriculture (milieu rural) et de la faible organisation du secteur (ces activités ne sont pas ou peu représentées dans
les chambres consulaires). Pour autant, des centres de formation mais surtout des ONG, des
projets organisent des sessions de formation pour les acteurs de ce secteur mais souvent sans
que celles-ci ne soient très formalisées et associées à des objectifs de qualification précis.
L’éducation qualifiante des jeunes et des adultes est un apprentissage qui repose sur deux
principes : l’acquisition de compétences techniques et l’amélioration de l’éducation de base.
Plus précisément, l’EQJA est définit comme « les processus d’acquisition de connaissances
(langue, mathématique et vie courante) et de compétences productives par les adolescents, les
jeunes et les adultes non scolarisés, précocement déscolarisés, et les finissants de l’éducation
de base particulièrement ceux défavorisés, en vue de favoriser l’insertion socio-économique » 1
L’étude commanditée par l’UNESCO et la DPRE avait pour objectif de faire un point méthodologique sur les actions de formation dans le domaine agroalimentaire, menées notamment
par le Groupe de Recherches et d’Echanges Technologiques (GRET) et ses partenaires - et les
projets et institutions du même secteur dont le GRET peut avoir connaissance, en étudiant les
liens existants entre renforcement des compétences techniques et éducation de base (alphabétisation, citoyenneté etc.).
n
Méthodologie adoptée
Il ne s'agissait pas d'évaluer les projets et dispositifs de formation, mais de repérer et
d’analyser différents types de formations menées dans ce domaine (objectifs, démarches,
atouts, limites) et les stratégies recommandables d'EQJA dans ces projets à finalité fortement
technique (renforcement ou acquisition de compétences professionnelles), en vue de préciser
des modalités pratiques utilisables pour d'autres projets dans le même secteur ou pour améliorer, en les complétant, ceux en cours.
Il avait été demandé de faire une distinction suivant l'âge des formés. En effet, si le volet qualifiant des formations peut être commun aux jeunes et aux adultes, le complément d'éducation
de base ne rencontre peut-être pas la même disponibilité suivant l'âge, et pour les adultes une
alphabétisation fonctionnelle peut être une solution mieux adaptée.
Après une phase d’analyse documentaire et de collecte de données secondaires, une typologie
sommaire des différents types de formations mises en œuvre pour les acteurs du secteur agroalimentaire a été élaborée en utilisant notamment comme critères la nature ou les objectifs de la
formation, le public visé, les types de formateurs, les dispositifs organisationnels (acteurs qui
ont appuyé la mise en œuvre et/ou financé le s formations).
1
Rapport de séminaire international, UNESCO-DPRE, Paris -janvier 2004 « L’EQJA au Sénégal : une urgente
nécessité dans le cadre de l’éducation pour tous »
8
Un échantillon des différents types de formation a été sélectionné pour une étude plus approfondie en privilégiant les expériences qui nous semblaient les plus intéressantes dans le cadre
de la réflexion menée sur l’élaboration d’une stratégie nationale en EQJA. L’analyse des études de cas repose sur un descriptif des projets et actions de formation, les objectifs et contenu
des formations, les formateurs mobilisés, l’organisation des formations, les moyens financiers
et la prise en charge des coûts, les résultats et impacts et enfin les atouts et limites.
L’objectif de ces études de cas est d’en tirer des enseignements et de formuler des recommandations pour prendre en compte des objectifs d’EQJA dans ces formations, souvent à finalité
fortement technique (renforcement ou acquisition de compétences professionnelles).
On trouvera en annexe 1. le plan de travail retenu pour la conduite de l’étude.
Pour la préparation l’étude, des personnes ressources suivantes ont été rencontrées :
n
-
M. Sanoussi DIAKHITE, Conseiller enseignement technique et formation professio nnelle auprès du cabinet du Ministre délégué chargé de l’enseignement technique et de
la formation professionnelle (rattaché au Ministère de l’éducation)
-
Mme Khanata SOKONA, responsable de programme à Enda graf
-
Mme DIOKH, gérante du restaurant le point d’interrogation N°2 (Dakar – Plateau) et
présidente de l’association professionnelle AAPAS
Plan du rapport provisoire
Le rapport comprend les parties suivantes :
> Une première partie qui souligne les enjeux du secteur agroalimentaire pour l’EQJA
> Une deuxième partie qui présente les caractéristiques du secteur, le niveau de structuration, les contraintes internes et externes et modalités d’apprentissage et actions de formation professionnelles qui nous ont amené à sélectionner les études de cas et entretiens
> Une troisième partie consacrée à l’analyse des études de cas et aux comptes-rendus
d’entretiens
> Les conclusions et recommandations
> Des annexes dont une présentation des principales organisations professionnelles
9
I.
LA TRANSFORMATION ALIMENTAIRE : UN SECTEUR STRATEGIQUE
POUR L’EDUCATION QUALIFIANTE
1.
Contexte et enjeux du secteur de la transformation de produits
alimentaires
1.1 Qu’entend-t-on par transformation alimentaire ?
Sont considérées ici comme activités de transformation alimentaire, les activités de transformation physique (séparation, séchage, fragmentation, extraction, fermentation, mélanges, traitements thermiques, conditionnement, etc.) des produits agricoles, de l'élevage et de la pêche.
Y sont intégrées les activités de préparation commerciales de repas (restauration). Les activités de simple commerce ou de transport pour lesquelles il n'y a pas de transformation du produit sont donc exclues. Elles intègrent donc à la fois les activités post-récolte de première
transformation, généralement rurales, et les activités permettant l'obtention de produits finis
directement utilisables dans la cuisine ou directement consommables. Ces activités concernent
pratiquement tous les produits alime ntaires : céréales, racines et tubercules (farines, semoules,
pâtes et boissons fermentées, produits roulés, etc.) ; viandes et poissons (salé, séché, fermentés, etc.) ; oléagineux (huiles) ; fruits (séchés, en jus, etc.) ; produits laitiers, produits condimentaires de cueillette, etc.
Les activités transformation alimentaire sont parfois qualifiées « d’artisanat agroalime ntaire ».
Le terme artisanat renvoie d'une façon générale aux activités marchandes individuelles et collectives (groupements) menées à petite échelle en milieu rural comme en milieu urbain. La
diversité des situations rencontrées conduit à établir une typologie de ces activités qui distingue "activités de survie ou d'occupation", micro, petites et moyennes entreprises (voir typologie en annexe 2). Les trois premiers types d’activités relèvent essentiellement du secteur dit
"informel".
Quelques exemples d'artisanat agroalimentaire
Le décorticage du riz, l'extraction d'huile de palme rouge au sud du Sénégal, du beurre de karité, le séchage ou le fumage du poisson, la transformation de produits forestiers non ligneux en
zones de forêt (pain de singe, romarin, nététou) sont d'autres exemples d'activités artisanales
fournissant des milliers d'emplois aux femmes rurales.
En ville, la transformation alimentaire concerne plus souvent la préparation marchande d'aliments prêts à consommer : farine, semoules, couscous, beignets, à base de mil, sorgho, maïs
ou légumineuses, jus de fruits, lait caillé ou yaourt, condiments, etc. Il concerne bien sûr la
restauration, fixe et ambulante.
L'une des particularités des activités de transformation alimentaire en Afrique sub-saharienne
est l'importance des activités de prestation de service, souvent associées à l'utilisation d'un
équipement mécanisé pour réaliser une opération pénible manuellement. Les ménagères
comme les artisanes préparatrices-vendeuses recourent aux services de petits ateliers de décorticage et mouture des céréales, de concassage et pressage des graines oléagineuses.
10
1.2 Enjeux et contexte : un secteur à développer pour contribuer à la sécurité
alimentaire des citadins
Le développement des activités de transformation alimentaire des pays africains en général, et
du Sénégal en particulier, est fortement lié à la croissance de la demande alime ntaire urbaine,
fruit d’une urbanisation rapide. Malgré un pouvoir d'achat limité, les consommateurs urbains
ont des attentes de qualité qui orientent le marché. Ils recherchent notamment des produits
diversifiés, présentant des garanties de qualité notamment sanitaire, et constituant les supports
d'une identité culinaire en pleine évolution. Cette demande ne se traduit pas par une préférence
pour les produits importés. Mais elle rend nécessaire de sérieux efforts pour maintenir la compétitivité des produits locaux.
Pour assurer la sécurité alimentaire des citadins, pour qu'ils accèdent à l'alimentation et pour
que les marchés urbains constituent des débouchés solvables pour les productions nationales,
les villes devront créer, à un rythme rapide, des emplois et des revenus.
La majorité des interventions dans le secteur agroalimentaire ont privilégié le développement
d'industries de transformation, d'abord de type industriel puis de taille plus modeste. Les
micro-activités artisanales de transformation alimentaire, d'avantage considérées comme activités de survie ou secondaires et peu porteuses de croissance économique, sont restées relativement à l'écart des interventions, tant de l’état que des projets et ONG. Ce sont pourtant ces
activités qui assurent une grande partie de l'offre en aliments sur les marchés urbains pour la
grande masse de la population.
Les enjeux du développement du secteur agroalimentaire doivent donc tenir compte :
> De l’intérêt de s'appuyer sur le développement de systèmes agroalimentaires na tionaux
pour faire face à la demande alimentaire urbaine ;
> De l’intérêt de s'appuyer sur un tissu de petites ou micro-entreprises artisanales pour adapter l'offre à la demande, créer emplois et revenus.
2.
Les activités de transformation alimentaire comme outil de lutte
contre la pauvreté
2.1 En terme d’emplois et de revenus
Le secteur de la transformation alimentaire concerne une majorité d'auto-emplois et de formes
traditionnelles d'assurance sociale. Ce secteur est accessible aux plus démunis, contrairement
au secteur industriel.
L'artisanat alimentaire est souvent mal comptabilisé dans les recensements d'emplois. En milieu rural, il est souvent considéré que comme une activité secondaire des femmes ou intégré
dans l'activité de production agricole. En milieu urbain ces activités ne sont pas distinguées du
simple commerce ou des services alors qu'il y a pourtant transformation physique des produits.
Quelques cas où ces activités ont été distinguées révèlent l'importance de ce secteur.
Non seulement l'artisanat alimentaire génère des emplois et revenus directs, mais son développement induit la création d'activités indirectes : fabricants d'équipements, fournisseurs de
produits et services intermédiaires (emballages, énergie, maintenance), comme par exemple,
les constructeurs de moulins et décortiqueurs au Sénégal.
Parce que mal identifié dans les recensements d'emplois, l'artisanat alimentaire est mal comptabilisé du point de vue des revenus qu'il génère. Les enquêtes menées sur ce secteur révèlent
une forte hétérogénéité des niveaux de revenus. Un grand nombre d'activités permettent d'as11
surer seulement des revenus d'appoint aux ménages. Elles correspondent aux activités de survie ou d'occupation de la typologie présentée en annexe. Mais on constate cependant de nombreuses activités, souvent plus permanentes, qui assurent des revenus équivalents et supérieurs
aux salaires minimums du secteur privé.
En plus des revenus directement générés par les activités de transformation, il faut tenir
compte des revenus suppléme ntaires des agriculteurs générés par le meilleur accès au marché
qu'induisent ces activités comme on l'a indiqué précédemment.
2.2 En terme d’insertion sociale et de capital humain
Au niveau de l’insertion sociale et du capital humain, les activités de transformation alimentaire valorisent et font évoluer des connaissances et des savoir-faire. Les revenus générés par
les femmes, plus présentes dans ce secteur, sont, plus souvent que ceux des hommes, investis
dans l'éducation et la santé des enfants (coûts souvent à la charge des femmes, notamment
dans les familles les plus pauvres).
Pour les femmes, en particulier en milieu urbain, entreprendre une activité de transformation
pour la vente ne représente pas qu'un moyen d'obtenir un revenu. Cela permet également de
s'insérer dans des réseaux sociaux. Ainsi, la plupart des commerçantes de marché appartiennent à des associations de vendeuses ou à des tontines. Il est intéressant de noter que l'argent
épargné dans ces dernières, est rarement réinvesti dans l'activité pour la développer. Il est plus
souvent utilisé pour des besoins de consommation mais surtout pour faire face à des obligations sociales et de solidarité. L'activité économique, notamment lorsqu'il s'agit d'un emploi
secondaire, vise plus à permettre de s'insérer socialement que d'accumuler.
On observe cependant, dans certains cas (transformation des céréales au Sénégal) que lorsque
la croissance des revenus générés est relativement importante, les transformatrices commencent à réinvestir une partie des bénéfices dans l’activité.
2.3 En terme de sécurisation des ressources
La transformation alimentaire œuvre pour la sécurisation des ressources en stabilisant les
produits agricoles. Elle réduit ainsi les risques de pertes après-récolte liés aux aléas du marché.
La croissance par la multiplication et la diversification des activités, observée dans ce secteur ,
constitue une stratégie anti-risque pour les opérateurs.
2.4 En terme d’ « empowerment »
Les organisations socio-professionnelles qui peuvent émerger dans ce secteur se constituent
progressivement en interlocuteurs des politiques pour défendre leurs intérêts. D'autre part, au
niveau des ménages, la génération de revenus et la constitution de réseaux relationnels par les
femmes artisanes augmentent leur pouvoir au sein de leur famille.
Les artisanes du secteur agroalimentaire sont généralement, plus encore que les commerçants
du secteur vivrier, marginalisées des négociations publiques encore largement aux mains des
hommes. L'émergence progressive d'organisations professionnelles dans le secteur artisanal
constitue l'amorce d'un renforcement du pouvoir de revendication et de négociation d'une multitude d'acteurs qui méritent la plus grande attention. Un appui au petit artisanat permettra
alors aux acteurs de comprendre l’importance de leurs activités et ainsi de défendre par la suite
leurs intérêts. On note également une plus forte présence des femmes dans les associations
professionnelles de transformateurs et dans les instances de direction (groupement des transformateurs de céréales ou des transformateurs de fruits et légumes au Sénégal).
12
L'une des grandes difficultés des actions d'appui à l'artisanat alimentaire réside dans la difficulté de dépasser des interventions ponctuelles compte tenu du caractère très décentralisé des
activités. Comment mener une action avec ce secteur quand il est composé de centaines de
femmes non organisées collectivement ?
A l'échelle des ménages, le fait pour les femmes d'entreprendre des activités rémunératrices,
modifie leurs rela tions par rapports aux autres membres de la famille. Contribuant ainsi
d'avantage à la gestion financière du ménage, elles acquièrent un statut qui leur donne plus de
poids au sein du ménage.
2.5 En terme de réduction des inégalités
La vente de produits transformés par les producteurs améliore leur position vis-à-vis des
commerçants. Ils sont moins dépendants de ces derniers pour fixer les prix s'ils peuvent
stocker même quelques jours leurs produits par rapport à des situations de négociation sur des
produits périssables. De plus, en considérant toujours le fait que la transformation alimentaire
concerne essentiellement les femmes, elle permet, en la développant, de réduire les inégalités
homme-femme.
Les femmes dominent largement le secteur de l’artisanat et ont peu d'opportunités d'autres
emplois. Elles sont moins nombreuses à aller à l'école, ont moins accès aux emplois salariés
dans le secteur public et dans le secteur privé. La transformation valorise leur savoir-faire et
les investissements initiaux peuvent se limiter aux ustensiles ménagers.
Le développement des marchés et la mécanisation peuvent cependant se traduire par des pertes
d’emplois pour les femmes au profit des hommes qui ont des capacités financières plus élevées et un accès plus facile au crédit (cas de la transformation du poisson ou de l’introduction
de décortiqueurs au Sénégal). Les femmes, détentrices d’un savoir-faire spécifique, deviennent parfois des « sous-traitants » ou des salariés de petites entreprises créées par des hommes
(transformation des céréales au Sénégal).
3.
La transformation alimentaire comme moyen d’insertion sociale
pour les femmes
3.1 Les modes d’insertion dans les activités de transformation alimentaire
n
Activités individuelles
Les études réalisées par Enda graf (ALPA 2004) auprès des femmes transformatrices et des
unités de transformation de produits alimentaires, montrent que l’insertion dans ce secteur au
niveau individuel est souvent liée à des facteurs économiques (perte d’emploi du mari, ou
raréfaction des ressources familiales, et plus généralement incapacité du mari à assumer les
dépenses de la famille). Mais malgré cela, le mari soutient symboliquement l’initiative de la
femme en participant à la constitution du capital de départ (qui est généralement peu élevé).
L’insertion de ces femmes dans un secteur spécifique de la transformation alimentaire (jus,
beignet, bouillie) est en étroite relation avec la possession d’un savoir-faire, qui auparavant
n’était pas valorisé, mais qu’elles mettent aussitôt à profit comme réponse à la situation.
13
n
Activités collectives
Dans la micro entreprise de type collectif, les femmes se regroupent soit par affinité pour
mieux se connaître, soit sur une base territoriale (appartenance à un même quartier ou ressortissantes d’un même village d’origine qui se retrouvent pour le maintien de leurs liens sociaux). On peut distinguer ainsi :
n
-
Les liens par affinité : l’urbanisation a entraîné une rupture au niveau du mode de vie
des femmes. Avant les femmes se regroupaient en classe d’âge et entretenaient de très
fortes relations entre elles. Par ailleurs l’urbanisation a également conduit à
l’installation de familles nucléaires et à la disparition de grandes concessions qui
constituaient des espaces de rencontres pour les femmes de différentes catégories.
Malgré ce changement de mode de vie, les femmes sont toujours à la recherche
d’espace d’échange. Le mode d’entreprise de type collectif constitue une réplique à
cette forme d’organisation . Cependant la survie en milieu urbain nécessite obligatoirement l’intégration d’autres facteurs (d’ordre économique notamment) au-delà du
symbolique et du culturel.
-
Les liens de retrouvailles : les femmes d’un même espace d’origine, se retrouvent en
ville pour maintenir le lien avec leurs terroirs. Cela se traduit par des rencontres régulières pour échanger des nouvelles du village, pour les préparatifs des fêtes annuelles,
etc… Dans ce cas, on constate une évolution vers des activités économiques.
AFBARD, un groupement d’une vingtaine de femmes provenant d’un même village
de la Casamance, vivant dans différents quartiers de la région de Dakar, se sont associées pour se retrouver régulièrement en vue de la fête annuelle du village. Elles ont
par la suite créé un GIE (groupement d’intérêt économique) de transformation de
fruits et des céréales (entretien avec Mme DIOR ).
Le rôle des jeunes filles dans l’activité
La transformation alimentaire est un secteur très majoritairement féminin, pratiqué par des
femmes d’un faible niveau d’instruction qui restreint leurs activités en général aux limites de
leur foyer (Enda graf, 2004).
Dans la très grande majorité des cas, les femmes transformatrices bénéficient de l’appui de
leur fille en priorité et ensuite d’autres membres de la famille (nièces, belles sœurs, cousines,
bonnes…). Ces transformatrices ne sont généralement pas dans une logique de développement de l’entreprise même si l’activité est rentable. Dans leur mode de gestion, il y a peu de
distinction entre les ressources de l’activité et celle du foyer. Cependant, on constate que les
jeunes filles sont de plus en plus attentives aux questions de gestion. Elles se préoccupent de
ces aspects et font souvent pression sur la promotrice pour leur prise en compte, même si
dans la plupart des cas il est difficile de faire évoluer ces pratiques. Ce comportement des
jeunes filles peut s’expliquer par leur niveau scolaire (niveau primaire), qui leur permet
d’avoir des notions élémentaires en gestion.
3.2 La transformation alimentaire comme créneau pour l’apprentissage et la
formation professionnelle
n
L’apprentissage
Dans une très large majorité des cas, les femmes transformatrices détiennent leurs savoir-faire
de leur mère ou tante. Elles tentent de les valoriser en développant une activité surtout quand
14
elles sont confrontées à une contrainte familiale (chômage de l’époux, décès etc…). Pour
autant ces savoir-faire ne sont pas figés mais s’adaptent à la demande .
Ce processus d’adaptation n’est pas spécifique à l’entreprise formelle, mais existe aussi apparent dans le secteur de la transformation alimentaire.
n
La formation professionnelle
Dans ce secteur, l’espace de production constitue généralement un lieu de formation et
d’apprentissage mutuels. Ainsi à Pikine, seules quelques femmes détenaient la technique du
roulage de couscous et araw, un savoir-faire traditionnel généralement limité. La création
d’une micro entreprise de transformation des céréales a permis aux jeunes femmes d’acquérir
cette compétence autour de laquelle l’entreprise a été créée (Enda graf). Cette acquisition leur
confère un nouveau statut et des taches définies au sein de l’unité. La répartition des tâches
même si elle n’est pas formelle s’opère en fonction d’une certaine compétence :
-
Au niveau de l’approvisionnement, c’est la capacité de distinguer la qualité de la matière première,
-
Au niveau la production, la maîtrise de la source d’énergie : le cas du beignet pour
une cuisson à point avec une couleur attrayante. Dans le cas du couscous,
l’homogénéité et finesse de la granulation.
Au-delà de cette professionnalisation liée au produit, l’espace «entreprise » (ou unité de
transformation) constitue un lieu de formation d’éducation et d’ouverture à la vie sociale. On
se rend compte qu’elles développent des activités de sensibilisation, d’éducation et
d’animation liées aux problèmes spécifiques qu’elles rencontrent dans la vie quotidienne :
nutrition, sida, éducation de jeune fille…...
A Pikine, les transformatrices des céréales ont pris l’initiative de mettre à la disposition des
femmes du quartier, des plats à base de niébé, arachide, pain de singe… en organisant des
séances de démonstrations culinaires suivies de discussion et d’échanges sur les questions de
nutrition. Ces actions contribuent à l’amélioration de la situation nutritionnelle des enfants du
quartier (Enda graf).
3.3 Un secteur non transitoire et pourvoyeur d’emplois
n
Un secteur non transitoire
D’après l’expérience d’appui aux transformatrices du Gret et d’Enda graf, nombre d’unités de
transformation sont anciennes. Elles existent depuis plus de 10 ans et les femmes comptent
poursuivre cette même activité. Celles qui ont souvent commencé avec des sommes presque
insignifiantes, ont dorénavant des fonds de roulement allant de 100 à 200 000 francs CFA.
n
Un secteur pourvoyeur d’emplois
Les unités de transformation emploient une main-d’œuvre allant d’une à 5, voir 20 personnes
(pour les petites entreprises semi-industriel). Dans la micro entreprise individuelle, cette
main-d’œuvre est composée des membres de la famille (filles, nièces, les enfants du vois inage etc…). Cette main-d’œuvre est non salariée mais elle contribue au fonctionnement des
micro entreprises et est généralement rétribuée selon les besoins circonstanciels.
Dans la micro entreprise de type collectif, nous distinguons 2 types d’emploi :
-
Des emplois à la tâche généralement réservés aux activités qui nécessitent une force
phys ique , c’est le cas des employés utilisés pour transport de la matière première
(mil, poisson etc.), le transport ou le stockage des produits finis etc…. Ces personnes
tournent souvent autour de l’entreprise à la recherche d’opportunités ;
15
-
Les emplois fixes sont par contre constitués par les membres du GIE qui se rémunèrent selon différentes modalités (par mois, par cycle de production, par système de
pointage etc. )
La transformation alimentaire occupe ainsi un rôle central, particulièrement en milieu urbain. Quatre vingt dix (90 %) des produits transformés vendus sur les marchés urbains
proviendraient de ce secteur (estimation : Enda graf, 1994). Il est essentiellement composé de femmes (facilité d’entrée), qui ont des difficultés à accéder à une activité salariée
dans l’industrie ou la fonction publique. Dans ce secteur, les systèmes d’apprentissage
sont souvent de type mère-fille. Les modes d’apprentissage « sur le tas », la présence majoritaire de femmes peu alphabétisées, les opportunités d’emplois et de développement du
secteur, ainsi que sa contribution indéniable à la lutte contre la pauvreté, font de la transformation alimentaire un secteur straté gique pour l’éducation qualifiante.
Avant de s’intéresser à l’offre et à la demande actuelle de formation dans le secteur, il est
nécessaire au préalable de préciser à la fois les filières de la transformation alimentaire,
l’environnement (institutionnel, projets d’appui etc) mais également d’étudier le degré de
structuration professionnelle.
16
II.
LES MICRO ET PETITES ENTREPRISES AGROALIMENTAIRES : UN
SECTEUR DYNAMIQUE EN COURS DE STRUCTURATION
1.
Des filières et des systèmes diversifiés
1.1 Des industries et quelques PME
Certaines entreprises industrielles sont encore sous tutelle de l’Etat (SONACOS). Les grosses
et moyennes industries de ce secteur ont des activités exportatrices (huileries, conserve de
poisson) ou des activités d’import-substitution (concentré de tomates, sucre, farine de blé).
Avant la dévaluation, beaucoup d’industries d’exportation étaient confrontées à des difficultés
financières très préoccupantes. C’était le cas notamment de la SONACOS (Société Nationale
de Commercialisation des Oléagineux du Sénégal) qui possède plusieurs unités de production
(Dakar, Kaolack, Diourbel, Ziguinchor). Ces activités concernent essentiellement la transformation de l’arachide dont le cours mondial a fortement chuté ces dernières années. C’est également le cas des nombreuses usines de transformation des produits halieutiques (congélation,
conserves). La dévaluation du franc CFA a rétabli une certaine compétitivité des produits,
permettant d’améliorer la situation de ces industries.
Dans le domaine de l’import-substitution, on peut citer les complexes agro-sucriers (Compagnie Sucrière du Sénégal) et de traitement de la tomate (SOCAS, SNTI repris par la SOCAS
récemment) et les rizeries dans la région du fleuve. Les minoteries (Grand Moulins et Moulins
Sentenac à Dakar), les brasseries et les fabriques de boisons gazeuses (SOBOA, NBA), les
fabriques de produits laitiers (SAPROLAIT, Nestlé, SAFLAIT et SOCA actuellement fermées) et les boula ngeries et biscuiteries (Biscuiterie Wehbe, Biscuiterie de la Médina, Usine
Niary Tally). La plupart de ces entreprises sont privées. Les plus grosses entreprises ont été
appuyées par l’Etat qui a notamment protégé leur marché (monopole ou quasi-monopole).
Malgré des efforts de modernisation et de réduction des charges, un nombre important de ces
entreprises, notamment les industries d’exportation, ont fait preuve d’un manque de dynamisme (peu d’innovation). Les coûts de production restent importants, notamment en raison
du coût excessif des facteurs de production (électric ité, eau, transport) et d’une forte pression
fiscale et les prix souvent très élevés par rapport au pouvoir d'achat de la population, en baisse.
On trouve quelques PME/PMI qui sont apparues dans les années 85/90, voir parfois plus tard
pour certaines (lait). La plupart de ces industries ont ciblé le marché national, en diversifiant
parfois les produits : produits laitiers, pâte d’arachide, biscuits, jus de fruit, poudre chocolatée,
glaces. Détenues ou gérées le plus souvent par des jeunes entrepreneurs, ces entreprises peu
nombreuses, de création récente ont souvent bénéficié de la politique d’appui aux PME/PMI
que l’Etat a mis en place pour essayer de re dynamiser le secteur industriel (insertion des ma îtrisards, régime fiscal particulier, prêts avantageux,…). Beaucoup d’entre elles ont actuellement arrêté leurs activités. De nouvelles sont cependant apparues depuis 2-3 ans notamment
dans la filière lait (lait caillé à partir de poudre de lait).
1.2 Les petites entreprises semi-industrielles souvent récentes
Il s’agit d’entreprises situées entre le secteur industriel et le secteur artisanal. De taille
moyenne, ces entreprises sont en général de création récente et se sont multipliées après la
dévaluation. Ce secteur était presque inexistant dans l'agroalimentaire, il y a quelques années.
Les difficultés rencontrées par les industries et PME/PMI (Petites et Moyennes Industries), la
17
demande croissante des consommateurs en produits moins chers liée à la baisse du pouvoir
d’achat, le commerce des produits importés devenu moins lucratif et enfin le départ volontaire
de fonctionnaires avec un petit capital ont sans doute favorisé l’émergence de ces entreprises
de transformation des produits locaux. Ce secteur concerne essentiellement les entreprises de
transformation des céréales locales, mais aussi du lait, des fruits et des oléagineux.
Le niveau de formation de certains promoteurs et salariés, la mécanisation de certaines opérations et la présentation des produits (produits emballés) les rapprochent du secteur industriel.
Les investissements en équipements sont cependant très variables, notamment dans la phase
de création (entre 2 et 10 millions de francs CFA). Certaines entreprises utilisent au démarrage
le système artisanal de prestation de service, notamment les entreprises de transformation des
céréales locales. L’existence de ces prestataires de services, pour le décorticage et la mouture
des céréales, est sans doute un paramètre important qui explique l’apparition des premières
unités dans cette filière. Ces unités emploient une main d’œuvre peu nombreuse (salariés permanents) et peu qualifiée souvent familiale ou appartenant au réseau social de l’entrepreneur
(de 2 à 20 employés dont des journaliers et très rarement des « apprentis » pour les machines).
Le chiffre d’affaires est très variable, le plus souvent entre de 2 et 6 millions de francs
CFA/mois. La valeur ajoutée/chiffre d’affaires est souvent supérieur à 30 %.
Ces entreprises se distinguent du secteur industriel par la part importante de certaines opérations manuelles, les niveaux d’investissement et les capacités de production parfois assez faibles et enfin leur appartenance, pour la plupart au secteur « informel » (entreprises non enregistrées et revenus non déclarés, employés sans contrat, …). Elles ne peuvent cependant pas
être incluses dans le secteur artisanal agroalimentaire qui, au Sénégal, est représenté par des
entreprises de prestations de service et par les micro-entreprises de production (auto-emploi,
ou moins de 5 salariés), souvent individue lles (alimentation de rue et restauration) dont les
produits se conservent peu (produits humides) et ne sont pas conditionnés.
1.3 De nombreuses micro entreprises artisanales
L’étude des circuits d’approvisionnement de Dakar (et des villes secondaires) met en évidence
l’existe nce d’un ensemble d’activités artisanales liées à la transformation, la préparation et la
distribution des produits alimentaires. Cet artisanat, qui s’est développé spontanément joue un
rôle important dans l’alimentation des centres urbains. Au-delà de sa fonction nourricière, ce
secteur apparaît comme une source d’activités et de revenus pour une frange importante de la
population urbaine paupérisée (particulièrement les femmes).
Le système artisanal de prestations de service est représenté par des petites unités privées
princ ipalement installées en milieu urbain et semi-urbain (ateliers de mouture avec parfois des
prestations de broyage d’arachide en pâte) et par des activités en milieu rural de mouture
(moulins communautaires), d’extraction d’huile (presses), de décorticage du riz. Ces activités
sont le plus souvent exercées par des hommes.
Le système artisanal marchand (production et vente de produits transformés) constitué de
micro-entreprises, le plus souvent féminines, est représenté par des activités traditionnelles en
milieu rural et l’artisanat de rue et la petite restauration en milieu urbain. On dispose de que lques informations sur ce secteur grâce à des études récentes mais qui fournissent peu de données quantitatives. On perçoit cependant son importance, notamment à Dakar, comme source
de revenus pour des familles défavorisées et comme réponse à une demande essentiellement
urbaine de produits frais finis et semi-finis.
En milieu rural ces activités concernent notamment la production d’huile de pa lme et de pa lmiste, de noix de cajou, la transformation du poisson au niveau des centres de pêche artisanal
(parfois semi-urbains), du mil en couscous et en sankhal, souvent à proximité des centres urbains.
18
L’artisanat marchand en ville est représenté principalement par des vendeuses 2 de mil décortiqué, de farine, de semoule, de couscous, de beignets de mil, d’arachides grillées, de lait caillé,
de boissons traditionnelles,….et des vendeuses de plats dans la rue ou dans des gargotes et
petits restaurants. Cette activité est souvent individuelle. En effet, même si certaines opérations lo ngues peuvent être réalisées à plusieurs et si parfois, la production est commercialisée
en commun, les revenus sont individuels. Les femmes dominent largement ce secteur. Elles
assurent les fonctions de production et de vente avec l’aide d’un ou plusieurs membres de la
famille. Une part importante de la production est destinée au milieu urbain, parfois au milieu
rural (huile de palme) et un peu à l’exportation dans la sous-région (poisson séché). Le capital,
le niveau d’équipement (utilisation des ustensiles domestiques), le volume de production sont
faibles. On observe l’émergence dans ce secteur de structures professionnelles dans les différentes filières et secteurs d’activités : Transfuleg (transformatrices de fruits et légumes), Fenapromer (Fédération nationale des transformateurs des produits de la mer), Fédération des
transformateurs des produits de l’élevage, associations de restauratrices, Aproval (association
des professionnels de l’alimentation pour la valorisation des pr oduits locaux),…
Le secteur agroalimentaire au Sénégal offre des possibilités de développement. Les micro
et petites entreprises (MPE) déjà nombreuses et ont des atouts pour s’implanter davantage sur le marché local. Elles représenteraient près de 90% des emplois du secteur. En
effet ce secteur est d’une grande variété et joue déjà un rôle prépondérant dans
l’économie nationale. Ceci n’est pas seulement lié au nombre et à la variété des MPE,
mais aussi à leur présence dans tous les domaines de l’économie, à la création de valeur
ajoutée en valorisant le plus souvent des ressources locales, à la création de revenus et
d’emplois pour de nombreuses familles et à la complémentarité avec le secteur des grandes entreprises ou au rôle de terrain d’essai aux innovations et adaptations.
2.
Un début de structuration des MPE agroalimentaires
2.1 Les céréales locales (mil, maïs, sorgho, fonio)
Une vingtaine de petites entreprises regroupées au sein du Groupement TCL (transformateurs
de céréales locales), ainsi que des groupements féminins proposent des produits en sachets, de
longue durée de conservation (semoule, couscous, arraw, farines infantiles, ..). Certaines envisagent de se positionner sur les marchés d’exportation sous-régionaux et européens (marchés
conventionnels, marchés ethniques et équitables). A côté de ce secteur, le secteur artisanal
constitué de micro entreprises individuelles et de groupements propose surtout des produits
prêts à l’emploi mais de faible durée de conservation (produits humides tels que le couscous
de mil). Ce secteur joue un rôle important dans l’alimentation des villes. L’APROVAL (association des professionnelles de l’alimentation pour la valorisation des produits locaux) regroupe des micro entreprises et des restauratrices essentiellement implantées en milieu urbain
(et plus particulièrement à Dakar). Il existe également des associations plus sectorielles telles
que l’AFRES (association des femmes restauratrices du Sénégal) et l’AAPAS.
2
Ce sont principalement des femmes qui exercent ces activités mais certaines activités sont plutôt « masculines »
comme le lait caillé à partir de lait en poudre, la vente ambulante de boissons,…
19
2.2 Les fruits et légumes
Il existe de très nombreuses micro-entreprises artisanales de fabrication des boissons traditionne lles (jus de bissap, et plus rarement gingembre et tamarin – vendus dans des sachets
noués et parfois par bassine pour les cérémonies), essentiellement à Dakar et dans les villes
secondaires. L'activité menée par des femmes, dont les revenus sont faibles (1 000 à 1 500 F/j)
constitue un complément aux ressources familiales ou un moyen pour les jeunes filles d'acquérir une certaine autonomie fina ncière.
Les fruits font partie des secteurs dans lesquels les femmes rurales et urbaines s’investissent
beaucoup par des actions de commercialisation et de transformation. Les pertes post récolte
constatées en fruits ont en effet poussé certaines ONG ou institutions internationales à appuyer
des groupements féminins pour mener des activités dans la transformation de ces produits en
boissons, confitures, et sirops. Les techniques de transformation utilisées au sein de ces groupements féminins sont artisanales (fortement utilisatrices de main d’œuvre) mais permettent
de fabriquer des produits, de bonne qualité, stables et compétitifs. Cette catégorie
d’entreprises contrôle la part de loin la plus importante du marché des boissons traditionnelles
stabilisées (emballées, pasteurisées ou non), sirops et confitures locaux. Elles rencontrent cependant des problèmes de commercialisation en raison du faible appui dans ce domaine, d’une
forte concurrence des boissons gazeuses (soutenues par une importante publicité) et des produits importés mais également d’une faible consommation de certains produits (sirops, conf itures) par les Sénégalais qui limite le marché aux couches aisées, aux étrangers et aux réceptifs touristiques.
Une quarantaine de ces unités se sont regroupées au sein de l’association Transfuleg. Elles
fabriquent essentiellement des sirops et jus de gingembre, tamarin, bissap, des confitures de
bissap, mangues, papayes, des fruits séchés. De véritables petites entreprises émergent dans
cette filière avec une meilleure maîtrise de la production et de la qualité, une plus grande professionnalisation (meilleure organisation de la production, renforcement des compétences) des
volumes de pr oduction plus importants. Elles adoptent une démarche commerciale avec une
marque, une force de vente. Certaines de ces entreprises peuvent envisager d’exporter leurs
produits dans la sous-région ou sur certains marchés spécifiques européens (équitables et ethniques).
2.3 Les produits laitiers
Cette filière est beaucoup plus récente. Pourtant la transformation du lait est une activité traditionnelle des femmes d’éleveurs. Sur la base de ce savoir-faire traditionnel, une trentaine de
MPE individuelles ou communautaires (groupements féminins, groupements d’éleveurs) se
sont insta llées dans des villes secondaires des bassins de production laitiers. Elles proposent
du lait pasteurisé et caillé, du fromage. La croissance de la production laitière, appuyée par le
gouvernement, des projets et des ONG, entraîne un fort potentiel de développement de leurs
activités.
On note cependant que ces petites entreprises sont souvent gérées par des hommes en relation
avec des groupements d’éleveurs appuyés par la recherche (ISRA - Institut sénégalais de Recherches Agricoles) et des ONG et sociétés de développement (Sodefitex, AFD -Agence
Française de Développement, VSF). Les unités peuvent ainsi bénéficier d’un approvisionnement plus régulier, notamment pe ndant la saison sèche. Les surplus de production liée à
l’intensification et la vente aux minilaiteries à des prix plus rémunérateurs profitent surtout
aux hommes (éleveurs comme transformateurs). Le développement de ces filières courtes,
plus intensives, ont peu d’impact sur les femmes, traditionnellement très actives dans le secteur de la trans formation du lait. Ce constant est valable pour d’autres filières (ex. produits
halieutiques) où le gain de productivité et l’introduction d’équipements ont tendance à faire
perdre aux femmes la maîtrise d’un secteur d’activités traditionnel. Cependant à côté des deux
grandes fédérations de transformateurs de lait (dont une a moins d’un an), des organisations
20
féminines se développent (notamment le Directoire national des femmes en élevage qui fédère
des directoires régionaux - DIRFEL) pour défendre leurs intérêts.
2.4 Les produits de la pêche
La transformation des produits halieutiques est très ancienne et localisée dans les centres de
pêche artisanale le long de la côte sénégalaise. Les produits sont diversifiés : poisson fumé et
séché, crevettes séchées, produits fermentés.
Les sites de transformation se trouvent à proximité des sites de débarquement. Les principaux
sont ceux de Joal et Mbour sur la Petite Côte, Kayar sur la Grande Côte, St Louis et Dakar
(Thiaroye/mer, Bargny Domine). Il existe par région une dominance de certains produits par
rapport aux autres. Ainsi, le Guedj serait la principale production de Casamance et des Iles
Saloum, le Ketiakh de la Petite Côte et le Sali de la Grande Côte.
Le secteur de la transformation artisanale est dynamique. Il montre des capacités d’adaptation
par l’adoption d’innovations tant sur le plan technique (nouveaux équipements et procédés,
diversif ication et spécialisation par zones), qu’organisationnel (regroupement, organisation de
la commercialisation) et social (insertion d’hommes dans le secteur qui pose cependant des
problèmes 3 et de personnes originaires des pays voisins). Les activités de transformation sont
assurées par de nombreuses femmes qui ont souvent créé des groupements au niveau des aires
de transformation pour la commercialisation (centralisation des produits pour les commerçants) et l’accès au crédit.
On note cependant une qualité insuffisante des produits, liée en partie à l’adoption de pratiques de transformation (séchage incomplet) pour répondre à tous prix à la demande croissante
des consommateurs. Se posent également des problèmes de financement (nécessité d’un fonds
de roulement important pour l'achat de la matière première) et de revenus liés à l’irrégularité
des prix et des bénéfices.
Utilisé en quantité, le poisson reste la principale source de protéines du Sénégal. Les produits
transformés représentent une part importante dans cet apport. Les produits de fabrication artisanale sont une alternative à la consommation de poissons frais lorsque ces derniers ne sont
pas disponibles ou que les prix sont trop élevés. Compte tenu de l'accroissement de la population, de l'amélioration du pouvoir d'achat et de la concurrence des exportations, la consommation locale de produits transformés devrait augmenter d’après les études réalisées à un taux
légèrement supérieur à la croissance démographique (environ 4% par an).
Il existe des flux à l'exportation, orientés vers les pays voisins du Sénégal (Ketiakh et le Métorah et le Sali, pratiquement pas consommés au Sénégal). Certains produits transformés traditionnels sont exportés par les circuits informels vers les marchés ethniques des grandes villes
européennes et des Etats Unis. Ces flux concernent essentiellement les poissons fumés ou séchés expédiés en petites quantités. Généralement, ce sont des particuliers qui voyagent avec
quelques paniers de produits.
Il existe dans cette filière plusieurs organisations professionnelles, notamment :
> la FENAGIE PECHE (Fédération Nationale des GIE4 de pêche du Sénégal), membre du
CNCR (Conseil National de Concertation des Ruraux) , créée en 1990 par des pêcheurs,
micro mareyeuses et transformatrices des produits de la pêche ;
3
L’introduction de fours améliorés pour le kétiakh s’est traduit par un intérêt des hommes pour cette production.
Leur capacité d’investissement plus élevés à favoriser leur insertion.
4
Groupement d’Intérêt Economique
21
> la FENATRAPROMER (Fédération Nationale des Transformateurs de Produits de la Mer)
créée en 1999, est composée d’hommes et de femmes, pêcheurs et mareyeurs à travers 10
fédérations nationales, 30 fédérations départementales, 90 fédérations d’arrondissement
dans le secteur de la pêche maritime, la transformation et la distribution ;
> la FENATRAMS (Fédération Nationale des Transformatrices Micro Mareyeuses du Sénégal), créée en 2001
2.5 Les autres produits alimentaires
Les autres produits alimentaires proposés par les MPE sont la pâte d’arachide, les arachides
grillées, les noix de cajou, les plantes médicinales séchées, les épices et condiments (piment,
sel et sel iodé, vinaigre). Ces produits sont vendus par des femmes dans la rue ou par des petites entrepr ises des différentes filières qui diversifient ainsi leur gamme de produits. Il existe
cependant quelques petites entreprises spécialisées (vinaigre, sel iodé emballé, arachides grillées).
L’huile de palme, le beurre de karité, l’huile d’arachide, le nététou sont produits dans les villages, par des groupements très isolés sur le plan de l’accès au conseil et à l’information. Ces
filières sont le plus souvent contrôlées par des commerçants qui collectent les produits dans
les villages et les marchés ruraux et parfois achètent même la matière première et confient la
transformation aux femmes sous forme de prestations de service (cas de la transformation du
néré en nététou).
On trouvera en annexe 3 une présentation des différentes organisations professionnelles.
3.
Des contraintes internes aux micro et petites entreprises 5
3.1 Expression de la demande de services d’appui
Les MPE font parfois peu d’efforts pour obtenir les informations dont elles ont besoin et
n’expriment pas facilement une demande de conseil vis à vis d’éventuels prestataires. Leur
demande de formation est souvent mal formulée, déguisée derrière l’expression d’un problème
de financement, réel dans certains cas mais qui occulte les autres besoins. Cette « réserve »
s’explique par une certaine méfiance vis à vis des organismes de soutien para publics suite à
de mauvaises expériences, l’inadaptation ou la faible qualité des prestations proposées, leur
coût jugé à priori trop élevé, et surtout la trop grande «distance » psychosociologique qui
existe entre les petits patrons et de nombreux prestataires enfermés dans un savoir inte llectuel
trop théorique.
3.2 Compétences des entrepreneurs
La comptabilité est souvent réduite au minimum, sans calcul de coûts ni connaissance des
marges. L’attitude marketing est rarement offensive, peu ciblée vers la substitution
d’importations ou vers l’exportation, sans politique systématique de promotion des produits.
5
Une partie des informations et analyses présentées dans cette partie ainsi que dans le point 4. sont issues du
Rapport d’identification du projet d’appui aux petites entreprises réalisé par le GRET en 2000 pour le compte
de l’Onudi (mission composée de Pierre PARIS – GRET, Silly Diop et Hamet N’dour - REMIX, Tijane Sylla
– SYNAPSE)
22
La petite entreprise a souvent des difficultés à se doter des équipements adaptés et fiables et à
optimiser la productivité de son processus de production.
L’entrepreneur est rarement formé au management, et peu enclin à déléguer ses responsabilités de direction. Son profil personnel (niveau d’éducation, age, volonté de se développer) détermine fortement le degré de structuration de ses pratiques de gestion. Il manque en fait, à ses
côtés, des prestataires de confiance à qui il pourrait déléguer la gestion des « tracasseries ».
Les pratiques de commercialisation sont souvent plus déterminées par le réseau de relations
personnelles que par une approche rationnelle du marché. Ces MPE sont peu sensibles aux
exigences modernes de qualité, peu disposées à entrer dans un système de normalisation et les
organisations professionnelles ne jouent pas leur rôle pour les sensibiliser dans ce sens. La
bonne connaissance d’un « métier » technique, indispensable à la bonne conduite d’une MPE
n’est pas assez valorisé, dans un contexte où domine la culture du négoce.
3.3 Esprit d’entreprise
On constate dans le milieu des petits entrepreneurs de nombreuses attitudes pouvant à terme
entrer en contradiction avec la bonne conduite d’une entreprise : excès d’individualisme, méfiance et incapacité à partager son pouvoir sur les affaires, manque de sens des responsabilités,
utilisation de son réseau relationnel surtout pour obtenir dérogations et passe-droits, etc...
Le modèle d’organisation de l’entreprise européenne a crée un conflit culturel entre tradition
et modernité pour l’entrepreneur africain qui devrait assumer la pérennité de son unité, basée
sur les impératifs d’accumulation et de compétitivité, dans un contexte de pressions sociales
qui se référent aux valeurs de solidarité, de partage et d’appartenance religieuse, ou qui à
l’inverse privilégient le profit et la consommation immédiats. Une nouvelle génération
d’entrepreneurs est en train d’opérer une synthèse dynamique qui doit être soutenue en matière de formation et d’adaptation du cadre juridique des affaires.
4.
Les contraintes de l’environnement légal et réglementaire
4.1 Fiscalité
Les MPME (Micro Petites et Moyennes Entreprises) sont confrontées aux contraintes suivantes, qui tendent à dissuader les unités informelles à se formaliser :
> la complexité du système déclaratif, qui reste excessive même après l’introduction du régime du minimum de trésorerie (basé sur la tenue d’une simple comptabilité « dépenses
recettes ») ;
> les « tracasseries » qui résultent de l’application rigide ou corrompue de ce système ;
> la pression fiscale jugée trop lourde et qu’aucune exonération significative ne vient alléger
pour les MPME ou les entreprises en création (contrairement aux grandes entreprises qui
en bénéficient) ;
> l’insuffisante transparence d’un système où abondent les régimes d’exception et la fraude
fiscale, et qui ne se modernise pas assez vite, suite aux résistances des groupes
d’opérateurs tenant à conserver les privilèges acquis.
La mise en place de Centres de Gestion Agréés visait précisément à résoudre ces blocages.
Seul le CGA de Dakar est opérationnel et son efficacité est encore réduite : l’abattement fiscal
de 300 000 CFA est jugé insuffisamment incitatif et les craintes d’exigibilité du passif fiscal
freinent fortement l’adhésion des opérateurs informels. Deux mesures importantes sont en
projet : la mise en place d’un impôt synthétique dans le cadre de la charte des PME et des
concertations au sein de l’UEMOA (Union Economique et Monétaire Ouest Africaine )et
23
l’élaboration d’un statut de la micro entreprise qui entraînerait leur non-assujettissementt à la
TVA (Taxe Valeur Ajoutée) en dessous d’un certain seuil de chiffre d’affaires.
4.2 Formalités d’enregistrement, licences, permis
Dans ce domaine, les mêmes facteurs de complexité et de « tracasseries » freinent la création
d’entreprises et découragent la formalisation des unités existantes. A cela s’ajoute un manque
général d’information pertinente des petits entrepreneurs sur leur contexte adminis tratif, qui
les maintient à distance des procédures formelles.
Pourtant la mise en place d’un Guichet Unique, récemment transféré à l’APIX (Agence Nationale Chargée de la Promotion de l'investissement et des Grands Travaux), a sensiblement simplifié les pr océdures d’enregistrement des PME, avec une fiche d’immatriculation unique et
une réduction des délais de traitement qui sont passé de 4 à 1 mois. Cette amélioration devrait
se poursuivre avec le projet de mise en place d’un Centre de Formalité à la Chambre de
Commerce de Dakar disposant d’un accès télématique dans les Régions. La reconnaissance du
statut de micro entreprise devrait également constituer une forme de simplification appréciable
pour les Petites Entreprises.
4.3 Code du travail
Les charges sociale s et autres obligations vis à vis des travailleurs représentent un poids jugé
trop lourd par les entreprises. Cette législation n’a pas su s’étendre pour englober les conditions de travail qui prévalent dans le secteur informel, lequel répugne à perdre la flexibilité de
gestion des ressources humaines qui le caractérise. Cette situation résulte de la vétusté du code
de la Sécurité Sociale et de certaines conventions collectives, et de l’insuffisante prise en
compte de toutes les formes de travail pratiquées dans l’économie réelle.
4.4 Cadre juridique
Le cadre actuel d’application du droit des affaires et de règlement des litiges ne fournit pas
suffisamment de sécurité aux transactions du secteur privé dans son ensemble. Les petits opérateurs, ayant peu de moyens extrajudiciaires de défendre leurs intérêts, en souffrent plus particulièrement. L’absence de sécurité sur la propriété (baux emphytéotiques) limite les possibilités de garantie hypothécaire.
Cet état de fait résulte à la fois du manque de ressources de l’appareil judiciaire, de la lenteur
des procédures et décisions de justice, de son manque de transparence et des trop grandes libertés d’interprétation des lois en matière de droit des affaires.
Le Comité de Réforme Juridique mis en place avec l’appui de la Banque Mondiale mène un
vaste programme d’évaluation, d’études et de propositions, notamment sur le code des douanes, la caution douanière, le droit de transit, le fonctionnement du Tribunal du Travail et la
législation du travail, la continuité de l’entreprise en succession, le statut de la micro entreprise, la réalisation des garanties. L’APIX doit travailler sur la réforme du droit foncier et
l’allègement des procédures correspondantes. Cependant la modernisation du cadre juridique,
attendue impatiemment par les opérateurs, semble se présenter comme un travail de longue
haleine qui ne portera pas de fruits dans des délais courts.
4.5 Décentralisation
L’activité économique du pays reste fortement centralisée à Dakar et globalement dépendante
de cette capitale économique et administrative, principal marché, seul port maritime et aéroport et unique lieu de délivrance des autorisations et certifications. Les efforts de décentralisation ont eut un faible impact sur les MPME locales.
24
En effet la politique volontariste de décentralisation se heurte aux limites des services techniques locaux, aux manques de ressources financières des collectivités en l’absence
d’aménagement de la fiscalité locale, à la faible capacité stratégique des élus locaux et à la
faible participation des populations. Par ailleurs le secteur privé n’a pas été suffisamment impliqué dans ce processus. La mission clé de l’Artisanat est déclarée « non transférable » et
reste dépendante de l’autorité centrale, ce qui peut générer des tensions avec les autorités locales.
L’ADM (Agence de Développement Municipal) a été créée pour aider les communes à améliorer leur gestion financière, la mobilisation des ressources fiscales, la programmation des
investissements urbains prioritaires. Malgré la réalisation de quelques aménagements de sites
industriels ou artisanaux par certaines communes, l’ADM n’encourage pas assez les mesures
visant à la délocalisation des industries concentrées à Dakar.
5.
L’apprentissage et la formation professionnelle
5.1 Principales caractéristiques
La formation professionnelle de la main d’œuvre et du dirigeant est couramment mentionnée
par les petits entrepreneurs comme un de leurs principaux besoins. Elle est également mentionnée comme un besoin des micro-entrepreneurs. Malgré cela on constate généralement au
niveau des MPE une productivité insuffisante due au manque de qualification technique du
personnel, trop souvent à caractère familial, et au manque de formation managériale du dir igeant pour les petites entreprises. De fait elles investissent peu dans une politique systématique de formation continue.
D’une part elles ont des difficultés à financer le coût complet de la formation professionnelle,
et sont dès lors dépendante des formations qui leurs sont offertes. D’autre part l’offre de formation professionnelle n’est pas suffisamment adaptée à leurs besoins. En amont,
l’enseignement technique public est relativement désorganisé, dévalorisé et insuffisamment
relié aux attentes du secteur privé (notamment pour les femmes). En aval, l’offre privée de
formation continue se développe mais est encore insuffisante, non coordonnée et s’adresse
plutôt aux grandes entreprises qui ont les moyens d’en assumer les coûts.
Le système de l’apprentissage qui prévaut dans le secteur informel constitue un dispositif de
formation professionnelle, qui assure la qualification du plus grand nombre d’opérateurs. Mais
la pédagogie qu’il met en œuvre manque d’enseignement théorique, se fondant trop sur la
répétition des gestes de métier, et ce système non structuré offre peu de garanties quant à la
qualification des maîtres et à la qualité de leur enseignement.
Il convient de noter la particularité du secteur agroalimentaire où l’apprentissage est beaucoup
moins développé et formalisé. En effet les savoir-faire sont transmis de mère en fille (sauf
dans la restauration où on observe quelques apprentis et dans les entreprises pour les jeunes
garçons manipulant les machines).
5.2 Aperçu des dispositifs d’apprentissage et de formations
L’environnement institutionnel comprend environ 25 centres publics de formation professionnelle intéressant les artisans et PME, auxquels s’ajoutent les ateliers artisanaux et les actions
menées par les chambres consulaires et autres organisations professionnelles qui reste cependant très limitées dans le domaine agroalimentaire.
25
n
Quelques centres publics
> CRETEF ET CETEF
La principale offre de formation technique dans le domaine agroalimentaire est constituée des
10 CRETEF (Centre régional d’enseignement technique d’enseignement féminin) et les 24
CETEF (Centre d’enseignement technique féminin).
Ces centres assurent la formation des jeunes filles, et parfois de jeunes femmes, pour l'insertion à la vie active et productive. Ils sont chargés d'enseigner l'économie domestique (la couture et confection), la restauration et l'éducation sanitaire. Les centres recrutent des élèves du
niveau du CEPE (Certificat d'Étude Primaire Élémentaire) âgées de 15 à 18 ans pour une durée de 3 ans à partir d'un tronc commun. Il existe également dans ces centres des sections pour
des élèves analphabètes. Des collaborations avec des « ECB (école communa utaire de base)
articulées » ont également été développées. Les agents sont en général des diplômées de
l'École Nationale de Formation en Économie Familiale et Sociale (ENFEFS).
Les centres organisent ensuite les filles qui terminent leurs études en GIE pour faciliter leur
insertion à la vie active. Ces organisations n'arrivent pas à évoluer à cause d'un manque de
suivi et d'accompagnement.
Les centres développent à peu près tous le même programme de formation qui n'a pas varié
depuis 1988. Certains centres ont innové avec la préparation de plats à base de céréales et de
boissons à base de fruits et calices locaux (CRETEF Grand Yoff). Les formations dans le domaine agroalimentaire ne concernent pratiquement que la restauration. D’une manière générale, les programmes sont très anciens et peu adaptés au contexte actuel et aux perspectives
d’emplois ou d’activités. On notera cependant que ces centres sont sollicités par l’ONFP et par
des ONG et projets pour des actions de formations ponctuelles.
Les centres sont également confrontés à une insuffisance et inadaptation des locaux ; un souséquipement, une obsolescence des installations (document de politique ETFP, février 2002).
Si la rénovation de ces centres a été retenue par l’Etat, elle n’est pas encore effective.
Les CRETEF ne donnent que des attestations de formation. Cependant un programme d’appui
de la coopération luxembourgeoise notamment à Saint Louis a engagé un travail de définition
d’un nouveau CAP dans la restauration dont la première promotion sortira en 2005.
> ENFEFS
Les diplômées de l'École Nationale de Formation en Économie Familiale et Sociale (ENFEFS)
travaillent notamment au niveau des CRETEF et CETEF et au ministère du développement
social. L’ENFEFS forme donc des formateurs et est sollicitée par l’ONFP et quelques ONG.
> L'Institut de Technologie Alimentaire de Dakar (ITA)
L'ITA est un organisme public sénégalais de recherche dont le siège est à Dakar. Sa vocation
première est la recherche agroalimentaire orientée vers le développement. Les grands axes de
travail sont :
– La transformation, la conservation, le conditionnement et la distribution des produits
alimentaires locaux
– la préservation des qualités nutritives de ces produits
– la formation aux métiers de l'agroalimentaire
– le contrôle de la qualité des produits
L'ITA met ses capacités d'expertise et ses laboratoires au service des entreprises et des organismes d'appui au développement afin de faciliter la transmission et la valorisation des acquis
de l'Institut. L'ITA réalise des tests et des analyses qualité pour les entreprises. Il organise également des cours de formation sur la transformation des produits agroalimentaires:
– la conservation et le conditionnement des produits horticoles
26
–
–
–
–
–
les techniques de boulangerie -pâtisserie à base de farine composées
la technologie et le contrôle de qualité du poisson
les techniques modernes de boucherie -charcuterie
l'initiation à la nutrition et à la technologie des aliments
la préparation et le conditionnement des boissons
Les formations d’un coût élevé sont financées par des projets (PROMER) et ONG.
Il faut signaler également quelques centres qui proposent soient des formations supérieures
(BTS agroalimentaires à l’école Sainte Jeanne d’ARC), soit des formations courtes annexes
pour ces centres (transformation du lait à l’école d’élevage de Saint Louis,
n
Les fonds de formation
Il y a deux fonds de financement de la formation professionnelle : ONFP (Office national de
formation professionnelle) et le FONDEF (Fonds de développement de l’enseignement technique et de la formation professionnelle) qui a bénéficié d’un FSP (fonds de solidarité prior itaire- coopération française), dont le fonctionnement est jugé très contraignant au regard des
besoins des MPE. L’ONFP ne parvient à financer que 55% des demandes de formation reçues,
soit 20% de la demande globale. Son mode de financement à 100% du coût (dans le cas de
formations individuelles) n’encourage pas le développement autonome d’un marché de la
formation professionnelle.
Ce fonds finance beaucoup depuis deux ans des formations courtes techniques en agroalimentaire.
n
Des projets d’appui aux petites entreprises
Dyna Entreprises est un projet USAID (Agency for International Development ) qui vient de
se terminer. Il a joué un rôle d’intermédiation entre PME et prestataires de formation et de
conseil mais a surtout concentré ces activités sur le secteur de la micro finance (appui aux
institutions financières décentralisées et aux ONG sous forme d’équipements et de formations).
Le programme de mise a niveau des entreprises sénégalaises (phase test d’une durée de
cinq ans) est soutenu par l’Agence française de développement (Afd) avec un montant
d’environ 7,8 milliards de Fcfa ( 11,9 millions d’Euro). Il est mis en œuvre par l’ADEPME et
comporte trois composantes : 1) renforcement de la compétitivité des entreprises et la mise à
niveau des entreprises (PME) pour affronter la compétitivité mondiale, 2) la formation professionnelle et 3) l’amélioration des produits financiers avec l’implication du système bancaire.
Ce projet touche peu les petites entreprises.
Le Programme GERME (Gérer mieux son entreprise) du BIT est une action régionale Afrique de l’Ouest qui vise à transférer aux formateurs des organismes d’appui aux PME une méthodologie et des modules de formation à la création et à la gestion d’entreprise, testés et rodés
dans de nombreux pays. Plusieurs projets (PROMER, PAPES) font appel à ces formateurs.
Le projet PAOA (projet d’appui aux organisations agroalimentaires) financé par coopération canadienne a démarré en avril 2002 pour 5 ans mais est réellement opérationnel depuis un
an (budget : 3 milliards de FCFA). La cible prioritaire est composée des groupements de
femmes (micro et petites entreprises) d’environ 10 membres dans les filières fruits et légumes,
produits halieutiques, lait et céréales et les organisations professionnelles.
Le PAPES (Projet d’appui aux petites entreprises du Sénégal) est mis en œuvre par
l’ONUDI (Organisation des Nations Unies pour le développement industriel) et financé par la
coopération autrichienne. Le projet a pour objectif de renforcer les capacités d’autoorganisation et la restructuration professionnelle du milieu des petites entreprises sénégalaises
en priorité dans trois zones :Dakar, Thiès et Saint Louis. Son intervention repose sur un appui
27
à la création de groupement d’affaires (quelques entreprises qui se regroupent pour mener des
activités en commun), l’appui à des projets collectifs de ces groupements 6, l’appui institutionnel aux organisations professionnelles, la défense des intérêts des PE dans le cadre des
réformes en cours sur l’environnement des entreprises. Il est basé à l’Aprosi (Agence pour
l’aménagement et la promotion des sites industriels - ex-Sodida), au niveau du centre de ressources. Il a surtout financé pour l’instant des formations GERME.
Le projet Infoconseil MPEA (accès à l’information et au conseil pour les micro et petites
entreprises agroalimentaires au Sénégal) est cofinancé par la coopération française (Ministère
des affaires étrangères – MAE) et le CDE (Centre de Développement des Entreprises – Union
Européenne). La mise en œuvre de ce projet a été confiée au groupement Gret-Enda graf. Il a
démarré en janvier 2003 pour une première phase tests de 2 ans. Les objectifs généraux de ce
projet sont d’une part le renforcement des petites entreprises agroalimentaires au Sénégal, et
d’autre part le renforcement des compétences des consultants d’entreprise (en particulier dans
le secteur commercial) pour qu’ils soient en mesure d’apporter un conseil de qualité aux MPE
agroalimentaires en développement. Il est basé à l’Aprosi (ex-Sodida), où il va notamment
contribuer à créer un service d’informations techniques et commerciales.
Le PROMER (programme de promotion des petites entreprises rurales) est financé par le
FIDA. La première phase de 5 ans s’achève et une deuxième phase est en cours de définition.
Le Promer a financé de nombreuses formations techniques de transformation des produits
agricoles, forestiers et produits d’élevage. Il a également organisé des formations en gestion,
esprit d’entreprise. Enfin il a financé des programmes d’alphabétisation en relation avec la
Sodefitex (Bamtaare) et des ONG.
n
Des actions sectorielles et/ou ponctuelles menées par des ONG
Les ONG jouent également un rôle d’intermédiation entre des MPE et des prestataires avec
des actions d’accompagnement (promotion, études et suivi du marché). C’est le cas nota mment d’Enda graf (notamment projet d’appui à l’entreprenariat féminin responsable – PER et
InfoConseil avec le Gret), du Gret, de l’Aprofes (association de promotion de la femme sénégalaise) à Kaolack, l’Asacase (Association Sénégalaise pour l’Appui à la Création d’Activités
Socio-Economiques) à Ziguinchor, le CAEF (Centre africain pour l’entreprenariat féminin),
Ewa (ONG autrichienne), ADPES (association pour une dynamique de progrès économique et
social), Terre des hommes et La Kora (appui artisanat), l'Association Nationale des Maisons
Familiales Rurales de Thiès (ANMFR).
Ces ONG organisent essentiellement des formations courtes, souvent techniques qu’elles financent, le plus souvent à 100 % sur des ressources extérieures. Elles s’adressent le plus souvent à des adultes en activité. Certa ines expérimentent des dispositifs de démultiplication des
formations au sein des groupements socioprofessionnels où les apprenants prennent en charge
les coûts réduits au minimum.
n
Chambres consulaires : chambres de commerce, d’industrie et d’agriculture (CCIA)
et chambres des métiers
L’artisanat alimentaire est très faiblement pris en compte dans les chambres des métiers.
Les Chambres de commerce, d’industrie et d’Agriculture dominée par l’Industrie et les organisations de commerçants prennent peu en compte les petites entreprises.
Conclusion sur le contexte
6
projets économiques tels que les équipements, les centrales d’achat, activités en commun telles que des voyages
d’études, prospection commerciale et label, expertise collective pour la formation, les études de marchés
28
Cet aperçu rapide met en évidence la diversité de l’artisanat alimentaire et son caractère
diffus (micro et petites entreprises disséminées sur tout le territoire national avec une
concentration de certaines activités dans les centres urbains). Il montre également le dynamisme des filières dont la structuration est souvent récente et encore dans l’ensemble
peu « efficace ». Une des grandes difficultés est l’hétérogénéité des entreprises (micro et
petites entrepr ises – artisanales et semi-industrielles - urbaines et rurales) qui évoluent
dans un environnement très différent avec des contraintes, des moyens de production, des
besoins d’information hétérogènes. Ceci constitue un frein à la fédération par filière qui a
été souvent impulsée de l’extérieur, sans une réelle motivation à la base.
Ces organisations commencent parfois à se soucier davantage de leur représentativité, de
leur rôle et de leurs missions et reçoivent depuis peu des appuis de quelques projets et
institutions. Elles constituent sans aucun doute une porte d’entrée pour développer un
système de formation en direction de ce secteur d’activités.
Les besoins de formation sont importants tant sur le plan des techniques et technologies,
de la gestion des activités que de l’éducation de base. En effet ce secteur est largement
dominée par les femmes, en très grande partie analphabètes alors que les offres de formation s’adressent le plus souvent à des apprenants sachant lire et écrire en français. Ainsi le
fort taux d’analphabétisme s’il n’a pas empêché ce secteur de se développer et aux artisanes de transmettre leur savoir-faire, limite les possibilités d’acquisition de nouvelles
compétences techniques et plus largement le développement du secteur.
Ainsi une approche d’EQJA qui vise à associer dans des cursus de formation
l’alphabétisation, l’éducation à la vie courante et les compétences professionnelles paraît
à priori tout à fait pertinente pour autant qu’elle se base sur des métiers et de compétences qu’ils restent à définir et reconnaître dans le cadre d’une concertation entre l’Etat et
les organisations professionnelles.
Les études de cas et les entretiens réalisés dans le cadre de cette étude permettent
d’approfondir les offres de formation actuelles, les expériences de dispositifs alternatifs
et de préciser les enseignements et recommandations à prendre en compte dans la définition d’une stratégie d’EQJA pour ce secteur.
29
III.
ETUDES DE CAS ET COMPTES-RENDUS D’ENTRETIENS
1.
Choix des études de cas et entretiens
Offre publique de formation
Exemples
Etude de cas et EntretienS
CRETEF et CETF
Cretef de Grand Yoff (Dakar)
ITA
ITA
Dispositif de financement par ONFP
des fonds de formation
FONDEF
ONFP
Formations financées par des PAPES, PROMER, DYNA PAPES, PROMER
projets
entreprises, PAOA, ..
Formations organisées par des Enda graf, Gret, Aprofes, Enda graf/gret
ONG
Asacase, CAEF, ANMFR,…
Formations initiées par des APPAS
OP
AAPAS
Personnes ressources
Sanoussi Diakhité
30
2.
Tableau synthétique
Types de
formation
Publics formés
Conditions
d'accès
Articulation avec
éduc de base
Partenaires
Diplômes,
attestations
Supports de
formation
Lieux et durée
des formations
Financement
Organismes publics ou para-publics
Financement de
formations en
alphabétisation
mais sans liens
avec formations
techniques
ONFP
Pas de formation 2 000 ces 2
financement de dernières années :
formations
promotteurs (1
techniques courtes 600) et formateurs
+ gestion en AA
(400)
ITA
Le plus souvent,
les projets qui
Promer, ANCAR, Aucune. Parfois
Attestation Modules de
150 personnes / financent (ou font
Dyna Entreprises
grande
réflexion sur
formations
an (depuis 10 ans)
financer par
(fin du projet), hétérogénéité entre certification des
techniques courtes dont formateurs
l'ONFP)
CRETEF
formés
formateurs formés
sélectionnent les
participants
Formations en 3
CRETEF (centre
ans - concernent
seulement en
régio d'enseignement
partie AA (via
tech féminin)
restauration)
Dépend des
critères des
formations
financées
BIT/ PAPES,
CRETEF, ITA
Modules d'alpha
(français et
Niveau nécessaire
ONFP, Enda, langues nationales)
= classe de 4ème ENFEFS, YMCA, - 4H / semaine et
Plutôt jeunes filles
avec tests à
copération
avec ECB
l'entrée
luxembourgeoise
articulées (6h /
semaine en
langues nationales)
31
Attestations
remises par les
formateurs - sans
évaluation
Attestations (90%
inscrits
l'obtiennent sur 3
ans). CAP
restauration et
projet CAP en AA
(coop
luxembourgeoise)
Dépend des
critères des
formations
financées
100 % du coût de
la formation pris
Dépend des
en charge par
critères des
l'ONFP quand
formations
individuels financées. 260
cofinancement
heures prévues
quand
pour formations en
entreprise.Formati
alpha (sur 3-4
on en alpha
mois)
environ 50 000
FCFA / personne
En français
uniquement
Entre 75 et 85 000
F/ personne (10 j
en moyenne).
Souvent à l'ITA.
Financements pris
6H / jour, en
en charge par
moyenne durant
projets ou ONFP.
10 jours
Coût plus élevés si
les agents de l'ITA
se déplacent
En français
uniquement
Dans les CRETEF
et CETEF formations en 3
ans avec 30 H/
semaine (+stages)
- soit plus de 400
heures
Etat et
participations des
formés (20 000 F
année 1 puis 17
500F + 1 500 F/
mois)
Types de
formation
Publics formés
Financements de
formations courtes,
notamment en AA.
Formation
également en
gestion, esprit
d'entreprise etc
Plutôt femmes
(jeunes filles peu
intéressées)
membres de GPF
dans les régions.
4400 formés en 5
ans (alpha,
technique et
gestion etc)
Conditions
d'accès
Partenaires
Articulation avec
éduc de base
Diplômes,
attestations
Supports de
formation
Lieux et durée
des formations
Financement
Projets
Promer
Les GPF
choisissent les
membres qui
participeront
PAPES (projet
d'appui aux petites
entreprises du
sénégal
Financement, via
Membres des
Doivent savoir lire
l'ONFP, de
groupements
et écrire (niveau 1)
formations courtes d'affaire avec qui en français d'où 50
en gestion GERME
travaillent le
% des demandes
et CREE du BIT
PAPES
rejetées
Gret - Enda
Plus de 1000
personnes
formées dans le
Formations courtes
cadre des
: techniques,
programmes
hygiène, qualité,
PPCL et AVAL
gestion,
(1998-2001), sans
commercialisation tenir compte des
démultiplications
(par OP
notamment)
Prestataires
après appels Formation en alpha
d'offre (ITA
fonctionnelle (plus
notamment).
de 2 200) et
Attestation en fin
Bamtaare
technique mais à
de formation
(branche
des moments
Sodefitex) pour
séparés
alpha
BIT, ONFP
Rien jusqu'à
présent. Formation Attestation en fin
préalable en alpha
de formation
prévue
Choix de faire
Les formations
Pas de liens
intervenir des
s'adressent surtout
explicites avec
prestataires
aux membres des
l'alphabétisation
locaux : bureaux
micro et petites
(réalisée
d'études,
entreprises de
séparément par
consultants,
transformation
Enda graf) mais
projets, instituts
(généralement par
renforcement des
de recherche,
des femmes), Pas
compétences
ONG, CRETEF,
de pré-requis sur
"généralistes" des
ENFEFS, ITA,
l'alphabétisation
entrepreneurs
CAEF
Public largement
non alphabétisé formations plutôt
en langues
nationales (tous
ne parlent pas le
wolof)
Dans les régions, Prise en charge
parfois à Dakar
PROMER.
(ITA). Pour les
Demande de
formations en
cofinancement
alpha 300H sont des formés quand
prévues sur 6
déplacement
mois puis alpha (généralement 10
fonctionnelle
000 F)
Français
Financement
ONFP pour
Plusieurs
formations BIT.
formations BIT
Cofinancement
(gestion) sur 12
prévu PAPES et
mois. Alpha : 6H /
formés (10 à 25%)
semaine pdt 6 à 9
pour alpha : 25
mois - environ 180
000 F par formés
heures
(pour 6 mois)
prévus
Supports de
formation
généralement en
français (parois en
Attestation en fin Wolof). Hypothèse
de formation
que les formés
peuvent trouver un
traducteur si
analphabètes en
français
Prise en charge
Les formations se
par les projets
sont déroulées
(PPCL, AVAL).
dans les caisses
Coût d'une
de crédit d'Enda
formation courte
graf, au CRETEF,
(moins de 10
à l'ENFEFS etc.
jours) de l'ordre de
Généralement,
800 000 F. Pas de
formations courtes
cofinancement
de 10 jours
des entreprises
Organisation professionnelle
AAPAS
Femmes
Formations /
transformatrices et
sensibilisations
Ouvert à tous
mères de famille.
sous forme de
(aussi
Femmes
réunions. Bcp dans
consommateurs)
travaillant dans les
restauration
gargotes
Gret-Enda
32
Aucune formation
complémentaire en
éducation de base Pas d'attestation
malgré fortes
demandes
Recettes en
français
Réunions dans les
quartiers de Dakar
(écoles, maisons,
cours)
Cotisations de 500
à 1000 F par
réunion /
personne. Pas
d'autres
subventions
jusqu'à présent
3.
Etude de cas Cretef
Rencontre à Dakar le 14 octobre 2004 avec Mmde FALL, directrice du CRETEF de Grand
Yoff - Dakar
Tel : 827 65 59
Trente et une (31) personnes, administratifs et professeurs travaillent au CRETEF de Grand
Yoff.
Cinq (5) CETEF dépendent du CRETEF de la région de Dakar situés à Ouakam, Médina, Pikine , Rufisque et Thiaroye.
Les CRETEF réalisent des formations en 3 ans (celle qui concerne la transformation agroalimentaire est la formation restauration-hôtellerie) mais également des formations courtes quand
ils sont sollicités par des projets ou par l’ONFP.
3.1 Descriptif rapide des projets et actions de formation
Actuellement, la formation assurée par le CRETEF qui concerne la transformation de produits
alimentaires est la formation en alternance (théorique et pratique) « restauration et hôtellerie ».
Les formations CRETEF se déroulent en 3 ans. La première année est consacrée à un tronc
commun où toutes les filières de l’école sont enseignées. A la fin de la première année
l’aptitude technique de la formée est étudiée par le CRETEF qui propose à l’individu de
s’orienter vers telle ou telle spécialisation.
Pour la formation restauration et hôtellerie, les enseignements débutent par un enseignement
de base sur l’alimentation. Puis la conservation des aliments est abordée (effets de la chaleur
sur les aliments etc) – apprentissage du séchage, les apports nutritionnels des différents aliments, l’objectif de l’enseignement étant « de pouvoir bien se nourrir sans trop dépenser ».
Des études pratiques concernent également l’étude des plats (locaux et étrangers), la transformation des produits alimentaires (farine de mil, confection de jus etc) et les aspects liés à la
consommation de ces produits. Enfin, les aspects liés à l’hôtellerie sont abordés : gestion des
denrées alimentaires, comportement en cuisine, gestion d’un restaurant, économie d’un restaurant et savoir être (accueil, présentation…).
La finalité de cette formation est que les formées soient en capacité de travailler dans un restaurant ou de se mettre à leur compte. Après les formations, les formées sont incitées à se regrouper en GIE, notamment pour trouver des financements leur permettant de démarrer une
activité. De 15 à 20 personnes (correspond à l’effectif d’une promotion) pe uvent se regrouper
et monter un GIE.
3.2 Publics formés
Le CRETEF de Grand Yoff réalise ces formations depuis 1981, avec en moyenne 300 élèves
par an. Les formés peuvent avoir de 19 à 45-50 ans, l’âge minimum requis étant de 15 ans.
L’année dernière, la promotion restauration – hôtellerie comprenait un quart d’hommes. Les
promotions des CRETEF peuvent donc être très hétérogènes.
Le CRETEF est confronté à un problème d’exiguïté de ses locaux. Un projet de construction
de nouveaux locaux a été accepté par l’Etat sénégalais, depuis deux ans, mais le nouveau centre n’est toujours pas opérationnel.
33
Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA
3.3 Partenaires des formations
L’Etat sénégalais est le principal partenaire de ces formations. L’ONFP leur confit également
des formations, principalement en transformation de fruits et légumes, ainsi qu’ENDA pour
une formation en restauration qui a eu lieu dans les locaux du CRETEF.
L’ENFEFS est également un partenaire qui réalise des formations de formateurs. Des formateurs du CRETEF se forment ainsi via l’ENFEFS.
3.4 Objectifs des formations
Les formations s’adressent à la fois à des femmes exerçant déjà une activité liée à la transformation mais également à des débutantes. Par exemple, les groupes amenés par l’ONFP sont
fréquemment composés de femmes qui travaillent, certaines gèrent un restaurant (gargotes),
d’autres ravitaillent les bateaux (pécheurs) etc.
Les niveaux de recrutement sont variables selon les formations. Pour la section restauration, le
niveau nécessaire est celui de la classe de 4ème. Des tests de niveau sont effectués (dictées,
rédactions, mathématiques etc). Pour Mme Fall, le fait d’être alphabétisé ne constitue pourtant
pas une condition indispensable pour suivre une formation au CRETEF.
Pour les formations courtes, une des premières questions posées aux participants est de savoir
en quelle langue ils souhaitent suivre la formation. Si la formation se fait en langue nationale,
il n’y aura que des informations orales et pas de traces écrites puisque les supports sont disponibles uniquement en français. Le CRETEF s’arrange pour faire des regroupements entre ceux
qui choisissent l’enseignement en langue national et ceux qui souhaitent suivre la formation
en langue française.
Des compléments en alphabétisation sont prévus par le CRETEF. Un spécialiste en alphabétisation est chargé de l’enseignement des langues nationales et dans une moindre mesure du
français. L’alphabétisation en français est essentiellement assurée par YMCA (Young Men
Christian Association). Les formations en alphabétisation sont intégrées à l’emploi du temps à
raison de 4H par semaine avec d’éventuelles séances supplémentaires le samedi. A l’issu des 3
ans de formation, les formés savent en général lire et écrire et réaliser les opérations de calcul
élémentaire. L’alphabétisation en langue nationale et en français est effectué en parallèle, sans
articulation formalisée.
Un autre partenaire des CRETEF pour l’alphabétisation est la DAE (Direction alphabétisation
et éducation de base). Le CRETEF travaille ainsi avec deux classes ECB (Ecoles communautaires de base) depuis deux ans. Il s’agit « d’ECB articulées », les ECB se chargeant de
l’alphabétisation en langues nationales (à raison de 6H par semaine), et les CRETEF de la
formation technique.
Pour Mme FALL, une alphabétisation en français est nécessaire mais doit s’accompagner
d’une formation en langues nationales. Une fille de 16-17 ans qui n’a jamais suivi
d’enseignement en français et qui réalise la formation CRETEF de 3 ans, n’aura qu’un faible
niveau en français à l’issu des 3 ans. C’est pourquoi il est nécessaire de compléter par un apprentissage en langues nationales. Une formation de base en anglais est de plus assurée au sein
des CRETEF pour la filière restauration-hôtellerie.
34
Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA
3.5 L'offre de formation
Des entretiens sont réalisés avec les postulantes aux formations de 3 ans pour vérifier qu’elles
ne s’engagent pas dans la formation uniquement suite à un échec scolaire. Les entretiens servent donc à vérifier les motivations des postulantes pour les filières concernées.
Les contenus de formation sont définis par l’Etat depuis 1965, mais les besoins actuels ont
évolué. Les programmes sont donc en cours de modification, notamment sous l’impulsion de
la coopération luxembourgeoise qui a réalisé une étude sur les besoins de formation au Nord
du pays (cf ci- dessous).
La certification des formations apparaît comme un besoin crucial des CRETEF. Les attestations sont apparemment peu valorisées sur le marché du travail. La filière restaurationhôtellerie est présentée comme la plus prisée et semble être un créneau très porteur. Mais les
formés se trouvent en concurrence avec des diplômés des CAP ou BEP d’Etat, qui sont privilégiés par les employeurs et notamment les hôtels. Le diplôme rassure les employeurs et facilite également les recherches de financement pour monter une activité. Les certifications ont
encore moins de valeur lorsque les formés cherchent du travail à l’étranger (notamment dans
la sous région).
Les CRETEF souhaitent donc s’orienter vers des formations diplomantes. Depuis l’année dernière, les CRETEF (et CETEF) proposent un CAP d’Etat en restauration. Ces premières
promotions seront donc diplômées à la fin de l’année en cours (2004/2005). La coopération
luxembourgeoise appuie ce projet et intervient auprès des CRETEF et CETEF du Nord du
Sénégal à Matam, Podor, St-Louis et Dagana. Les centres ont été reconstruits et un travail
d’élaboration de programmes est également mené.
Il est prévu que par la suite les CAP couvrent 7 filières, dont l’agroalimentaire (transformation
et conservation des produits), l’hôtellerie, la couture et confection, la céramique, l’agriculture
et l’élevage, la santé.
3.6 L’organisation et la gestion des formations
Les participants aux formations CRETEF ont 30 H de cours par semaine complétées par des
stages en dehors de l’établissement. Un contrôle quotidien des présences est effectué.
De l’ordre de 90 % des individus commençant la formation obtiennent l’attestation à l’issu des
3 ans.
3.7 Les moyens financiers (la prise en charge des coûts)
Les CRETEF sont financés par l’Etat sénégalais. Ils sont à la fois composés d’un personnel
enseignant fonctionnaire et de professeurs payés par les centres.
Des droits d’inscription de 20 000 F sont demandés pour la première année, puis de 17 500 F
pour chacune des deux années suivantes. Une participation mensuelle de 1 500 F mois doit
également être versée aux CRETEF par les formés.
35
Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA
4.
Etude de cas : PROMER
Rencontre à Dakar et à Tambacounda (octobre 2004) direction du Promer : El Hadj Diallo,
directeur et Hyacinthe Mbengue, directeur technique – Tel : 981 11 01 – [email protected]
Rencontre à Dakar le 24 septembre 2004 avec SEGA DIALLO – agent de l’antenne PROMER
à KIDIRA (région de Tambacounda) - Tel : 657 37 78 - [email protected] 7
Les éléments ci-après ont été rédigés à partir de la mission de formulation de la phase II du
Promer à laquelle le Gret a participé et à partir des éléments fournis par Sega Diallo (sur la
base de ses connaissances des activités du PROMER dans la région de Tambacounda)
Le Projet de Promotion des Micro-Entreprises Rurales (PROMER) a démarré ses activités en
juin 1997. Son coût total s’élève à 10,94 millions de Dollars US dont 67% sont couverts par
les prêts du FIDA (n° 402-SN et SRS-47-SN). Sa durée initiale, de six ans, a été prolongée de
deux années, courant 2002, sans apport budgétaire complémentaire.
Le PROMER s’inscrit dans un contexte de désengagement de l’État et d’encouragement du
secteur privé formel ou informel à prendre en main les activités productives et commerciales.
La micro entreprise s’est alors révélée être un moyen pour réduire la pauvreté en milieu rural.
Les activités non agricoles de transformation et de services représentent une alternative à
l’exode rural pour les jeunes et offrent aux femmes la possibilité de mener des activités rémunératrices, notamment des activités productives pouvant valoriser leur savoir-faire.
Le PROMER vise donc le développement de micro-entreprises non agricoles en milieu rural
dans quatre régions du Sénégal : Tambacounda et Kolda, dans un premier temps, avec une
extension à Kaolack et Fatick à mi-parcours. Ces quatre régions, touchées par la crise arachidière et le déplacement de la zone cotonniè re, représentent environ 51% du territoire national
et une population de l’ordre de deux millions d’habitants. Tout en disposant de ressources
agro-pastorales, elles présentent un isolement et un sous développement chronique, particulièrement pour Tambacounda et Kolda.
Les objectifs du PROMER sont ainsi définis :
> Créer de nouveaux emplois saisonniers ou permanents rémunérateurs et, par voie de
conséquence, améliorer les revenus des familles rurales pauvres;
> Augmenter la production de biens et services de qualité à travers la valorisation des productions agricoles locales ;
> Allonger la période du travail productif annuel au-delà de la période des travaux agric oles ;
> Réduire l’exode rural grâce aux opportunités de travail pour les jeunes.
Les groupes cibles du projet devaient être constitués par des individus ou des groupements
porteurs d’initiatives économiques. Les femmes et les jeunes devaient être des groupes prior itaires et les couches les plus pauvres de la société étaient particulièrement visées par l’appui à
la création de micro-entreprises devant représenter 70% des MER 8 appuyées. En terme quantitatif, le groupe cible était estimé à 4 000 personnes dont 30% bénéficieraient des appuis du
projet, soit 1 200 micro-entreprises à 50% détenues par les femmes. Environ 1 000 d’entre
7
Et contact du responsable régional de Tambacounda
Massamba DIOP : 981 11 01 – 981 20 36
8
MER : Micro-Entreprise Rurale.
36
Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA
elles devaient bénéficier d’un financement pour un montant total de l’ordre de 800 millions de
FCFA et 200 de formations uniquement. Les emplois attendus étaient estimés à environ 3 000.
La mise en œuvre devait adopter une démarche progressive et développer un mode
d’intervention faisant largement appel à la sous-traitance (le faire-faire). L’intervention était
prévue sur deux régions dans un premier temps : Tambacounda et Kolda, avec une extension,
à mi-parcours.
Pour atteindre ses objectifs, la mise en œuvre du PROMER repose sur les effets conjugués de
deux composantes principales : i) appui au développement des Micro-Entreprises Rurales
(MER) et ii) financement des MER dont la mise en œuvre est confiée à une institution de microfinance, le CMS (Crédit Mutuel du Sénégal), co-bailleur du projet9. Une troisième composante permet d’assurer le suivi et la gestion du projet.
Placé sous la tutelle du Ministère de l’Agriculture et de l’Hydraulique, le PROMER est supervisé par un Comité de pilotage. L’Unité de Gestion du Projet (UGP) relativement légère, est
complétée, dans chacune des quatre régions d’intervention, par une cellule régionale 10.
4.1 Descriptif rapide des actions de formation
Les formations proposées par le Promer font partie des services non financiers proposés aux
micro entreprises rurales dans les régions d’implantation du projet : Tambacounda, Kolda,
Kaolack, Fatick. Le Promer a réalisé de nombreuses formations techniques, sur des doma ines
très variés correspondant aux activités exercées par les micro entreprises rurales soutenues
(MER), dont aviculture, bijouterie, boulangerie, coiffure, électricité, informatique, mécanique
etc. Les activités de transformation alimentaire sont elles aussi concernées par les formations
techniques : transformation de fruits et légumes, d’huile d’arachide, de noix de cajou, des produits halieutiques et du lait. Les formations ont démarré en 1998 pour les régions de Tamba et
Kolda et en 2001 pour les régions de Kaolack et Fatick.
Répartition des MER par groupes de filières et secteurs d’activités / par région
Sect act/ région
Tamba
(19982003)
Transfo pts agri et 199
forestiers 11
Hors
savonnerie
artisanale
Métal mécanique
39
Production
ani- 78
male 12
Services et autres
161
TOTAL GLOBAL 477
Kolda
(982003)
195
Kaolack
(2001-03)
90
Fatick
(200103)
94
Total
% total
578
43 %
426
31 %
26
50
54
17
20
39
139
184
10 %
13 %
142
413
92
253
63
216
458
1 359
34 %
100 %
9
Le Crédit Mutuel du Sénégal (CMS) devait co-financer à hauteur de 50% la ligne de crédit destinée au financement des MER.
10
Les cellules régionales interviennent sur des unités géographiques d’interventions appelées ZAEP ( zone
d’animation économique polyvalente) couvrant de cinq à six communautés rurales. Chaque ZAEP est encadrée
par un agent d’animation économique polyvalent (AEP) en contact direct avec les micro-entrepreneurs.
11
Dont boulangerie (169 MER) et savonnerie (152 MER)
12
La transformation de produits halieutiques et laitiers sont intégrés dans ces secteurs d’activité mais ne représentent que 22 MER sur toutes les régions de la phase I
37
Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA
En plus des formations techniques, des «formations transversales » ont également été réalisées : GERME, entreprenariat féminin, esprit d’entreprise, législation du commerce et comptabilité gestion. Enfin des formations en alphabétisation ont également été proposées mais ont
été réalisées sans liens directs avec les autres formations.
Participants aux formations selon les thèmes, par région
Tamba
(19982003)
Formations techni- 581
ques :
Dont transformation 26
alimentaire
Dont
savonnerie 192
artisanale
Formations trans- 77
versales
Alphabétisation
1 062
TOTAL GLOBAL
1 720
Kolda
(982003)
357
Kaolack
(2001-03)
Total
% total
216
Fatick
(200103)
263
1 417
32 %
57
26
53
162
11 %
123
30
89
434
31 %
239
277
203
796
18 %
898
1 494
160
653
106
572
2 22613
4 439
50 %
100 %
Au total (depuis 1998 pour Tamba, Kolda et 2001 pour Kaolack et Fatick) plus de 4 400 personnes ont participé à des formations dont plus de 1 400 pour les formations techniques ; environ 800 « formations transversales » et plus de 2 200 pour l’alphabétisation. Sur les 1 400
participants aux formations techniques, il s’agissait pour plus de 160, de formations en transformation alimentaire (de l’ordre de 11 %).
Les formations transversales ont essentie llement porté sur l’esprit d’entreprise (de l’ordre de
68 %). L’évaluation de la première phase du Promer a fait apparaître une substitution de
l’apprentissage prévu par des sessions courtes de formations techniques 14. Le constat a également été fait que les besoins d’apprentissage « flagrants » exprimés par les micro entreprises
rurales vis à vis des technologies appropriées de transformation n’avaient été que peu pris en
compte.
Ces formations s’adressent principalement à des groupements féminins, qui sont chargés de
sélectionner en leur sein les participantes à la formation.
Les formations durent en général 11 jours.
Les obje ctifs de ces formations sont de permettre aux formés de pouvoir démarrer une activité
génératrice de revenus, ou de la renforcer, par exemple avec une formation comprenant des
appuis pour la recherche de nouveaux marchés (en lien avec les boutiques des MER).
Il ne semble pas que les objectifs de compétences à atteindre à l’issu de la formation soient
clairement explicités par le PROMER. Le PROMER réalise apparemment un suivi post- for13
14
Dont 1829 femmes
La distinction entre l’apprentissage et la formation se base sur le nombre de jours que le bénéficiaire y consacre,
soit plus de 24 jours pour l’apprentissage
38
Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA
mation (par exemple en étudiant l’incidence d’un module de gestion sur la comptabilité en
analysant après formation la tenue des comptes des MPE). Pour Sega Diallo, il semble difficile de définir des critères précis d’acquisition de compétences, particulièrement en milieu
rural.
4.2 Public cible
Les formations agroalimentaires s’adressent essentiellement à des femmes adultes. Les jeunes
filles ne sont pas exclues volontairement par le PROMER mais ne semblent pas intéressées,
préférant la restauration, la coiffure ou la couture etc
Le PROMER s’adresse à des groupements qui représente nt une « porte d’entrée » pour mieux
cerner les demandes individuelles de formation.
4.3 Objectifs des formations
Le PROMER dispense à la fois des formations en alphabétisation et des formations « qualifiantes », mais à des moments séparés. Pour certaines for mations portant sur la transformation
agroalimentaire, les formés doivent savoir lire et écrire pour pouvoir participer 15.
Les formations peuvent avoir lieu en français comme en langues nationales (ce point est précisé dans les termes de référence de la formation auxquels doivent répondre les prestataires de
service).
Les formations en alphabétisation fonctionnelle ont démarré en 2000 et se sont véritablement
développées en 2002. Le Promer a sous-traité cette activité à la Sodefitex, via Bamtaare16 ainsi
qu’aux inspections académiques pour le contrôle externe. La majorité des formations semblent
avoir eu lieu en Pullar, Mandingue et Wolof. La première année, une formation en alphabétisation est prévue sur 6 mois (environ 300 H). La deuxième année, une deuxiè me série de formation est dispensée au titre de l’aspect fonctionnel de l’alphabétisation. L’application des
connaissances s’est déroulée au niveau des micro entreprises par la mise en place de documents comptables d’enregistrement (livre de caisse, fiche de stock, carnets de reçu etc).
L’entretien des acquis est qualifié de fondamental pour lutter contre l’érosion des connaissances des « néo-alphabétisés ». On peut de même noter que l’évaluation a fait apparaître que des
tests de vision à l’entrée auraient été intéressants vu que ce problème est récurrent dans la sous
région.
Les formations en alphabétisation ont majoritairement concerné les femmes (80 % des formés).
Les durées d’alphabétisation ont été jugées importantes lors de l’évaluation de la phase I du
Promer, plus longues en tout cas que dans la sous région (Mali par exemple). Les tests en
cours et en fin de formation en alphabétisation présentent en revanche des taux très satisfaisants, compris entre 80 et 90 % des formés. Les tests sont à la fois réalisés par les formateurs
de Bamtaare et le Promer (contrôle interne) mais également par l’inspection académique
(contrôle externe).
15
Les taux d’alphabétisation sont souvent très faibles dans les zones du Promer. Dans la région de Fatick (en zone
rurale) les taux peuvent être de moins de 30 % d’alphabétisés pour les hommes et de 15 % pour les femmes
16
Bamtaare signifie Base d’appui aux méthodes et techniques pour l’agriculture, autres activités rurales et environnement. Cet organisme est le prestataire de développement rural de la Sodefitex (branche autonome)
39
Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA
4.4 L'offre de formation
Comme mentionné plus haut, les formations en alphabétisation ont été sous traitées à la Sodefitex, via Bamtaare mais également à certaines ONG.
Pour les autres formations, les personnes intéressées doivent remplir un dossier où on leur
demande d’exprimer leurs attentes et leurs besoins en matière de formation. Une fois que le
PROMER dispose d’un nombre suffisant de demandes sur des thèmes similaires, les TDR
pour une formation correspondante sont rédigés et un appel d’offre est lancé. Les formations
ont donc été dispensées par des prestataires de services : l’ITA notamment pour
l’agroalimentaire et que lques ONG et bureaux d’études basés à Dakar ou dans les régions pour
les autres formations.
Le Promer a fait appel pour certaines formations à des artisans-formateurs (fabrication
d’équipements, menuiserie). Il a également appuyé l’apprentissage (35 personnes). Ce volet
était beaucoup plus important dans le document de projet mais le Promer a préféré appuyer
des sessions courtes de formation (des personnes pouvant assister à plusieurs formations, par
ex technique+ transversale : gestion,…) plutôt que l’apprentissage (beaucoup plus long).
Il n’est pas encore arrivé que des formés deviennent à leur tour formateur (il faudrait pour cela
qu’ils répondent à l’appel d’offre), même si pour Sega Diallo, quelques-uns uns en auraient les
capacités.
4.5 L'organisation et la gestion des formations
Les formations en alphabétisation se déroulent sur 300H, étalées sur une période de 6 mois (3
à 4 après-midi par semaine). Elles sont réalisées par des formateurs de Bamtaare, auprès de
groupes de 20 à 25 personnes, réunies dans des centres villageois.
Selon l’expérience de S DIALLO dans la région de Tambacounda, les formations techniques
et transversales sont généralement dispensées dans la commune de Tambacounda (le plus souvent au « centre de départ pour l’éducation populaire ») et une a eu lieu à Dakar (formation
assurée par l’ITA dans ses locaux). Il semble que pour les formations par l’ITA, le Promer
préfère les faire à Dakar en raison des coûts de déplacement des agents de l’ITA et des équipements disponibles.
Si l’offre de formation est locale, les formations se déroulent soit dans les locaux du prestataire soit dans une salle disponible en général dans la capitale de région.
Une attestation, co-signée par le prestataire et le PROMER, est remise aux participants en fin
de formation.
4.6 Les moyens financiers (la prise en charge des coûts)
Le Promer prend en charge le coût des différentes formations.
Une participation financière est demandée aux participants pour les cas où la formation implique un déplacement (par exemple formation à Dakar par l’ITA), qui peut-être de l’ordre de 10
000 F pour une dizaine de jours, le reste étant pris par le budget formation du PROMER.
La formation esprit d’entreprise par Bureau d’étude Camad consulting group : 76 000
F/personne pour 4 jours
Les formations CREE et GERME du BIT coûtent environ 150 000 F par personne pour 10 à
12 jours. Les participants cofinancent en moyenne à hauteur de 25 % (ensemble des formations réalisées au Sénégal).
40
Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA
Les formations ITA sont généralement d’une durée de 5 jours et coûtent de l’ordre de 80 000 à
100 000 FCFA par personne.
4.7 Les résultats
(cf chiffres indiqués au début de l’étude de cas)
Selon Sega Diallo, l’offre du PROMER reste très insuffisante par rapport aux besoins de formation de la zone de Tambacounda.
5.
Etude de cas : PAPES
Compte rendu d’entretien avec Malick Sy – directeur du projet PAPES (projet d’appui aux
petites entreprises du Sénégal) – ONUDI/coopération autrichienne
Rencontre à la SODIDA – le 11 octobre 2004
Direction Générale APROSI (ex-SODIDA), Rue 14 plongée HLM x avenue Bourguiba
BP 4112/ 17551 – 864 09 07 – [email protected]
Le PAPES (Projet d’appui aux petites entreprises du Sénégal) est mis en œuvre par
l’ONUDI. Il s’inscrit dans le cadre de la coopération bilatérale entre le gouvernement du Sénégal et celui de l’Autriche. Le projet est placé sous la tutelle du ministère de l’industrie et
l’artisanat. Il a pour objectif de renforcer les capacités d’auto-organisation et la restructuration
professionnelle du milieu des petites entrepr ises sénégalaises en priorité dans trois zones :
Dakar, Thiès et Saint Louis. Son intervention repose sur un appui à la création de groupement
d’affaires (quelques entreprises qui se regroupent pour mener des activités en commun),
l’appui à des projets collectifs de ces groupements 17, l’appui institutionnel aux organisations
professionne lles, la défense des intérêts des PE dans le cadre des réformes en cours sur
l’environnement des entreprises.
La première phase du PAPES (2001-2004) se terminera fin décembre 2004 et le démarrage de
la deuxième phase est espérée dès janvier 2005. Dans la deuxième phase du projet, des formations en alphabétisation seront proposées (en préalable aux autres formations).
5.1 Descriptif rapide des projets - objectifs et actions de formation
Les formations dispensées lors de la première phase du projet ont exclusivement concerné le
renforcement de la capacité managériale (esprit d’entreprendre, gestion, marketing etc) des
entrepreneurs suivis par le PAPES (groupements d’affaires et membres du bureau des fédérations). Les formations soutenues par le PAPES n’ont donc concerné que des entrepreneurs en
activité. Le PAPES travaille avec des groupements, qui regroupent de 6 à 10 personnes et des
organisations professionnelles.
Concernant la transformation agroalimentaire, les principales filières sont prises en compte par
le projet : halieutiques, fruits et légumes, lait, céréales et aviculture.
17
projets économiques tels que les équipements, les centrales d’achat, activités en commun telles que des voyages
d’études, prospection commerciale et label, expertise collective pour la formation, les études de marchés
41
Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA
Les formations dispensées sont les modules GERME et CREE du BIT.
5.2 Public cible PAPES I
Les pré requis de ces formations sont de savoir lire et écrire. Le PAPES a repris la classific ation BIT qui mesure le degré d’alphabétisation.
– Niveau 0 : analphabète
– Niveau 1 : savent globalement lire et écrire
– Niveau 2 et 3 : connaissances plus élevées
Pour suivre les formations GERME et CREE, les postulants doivent au minimum avoir le niveau 1. Des fiches d’identification sont à remplir par les postulants aux formations et la question du degré d’alphabétisation est posée ouvertement. La sélection des participants ce fait sur
la base de ces fiches.
La démarche du PAPES auprès des groupements d’affaire se déroule sur 18 mois : les 6 premiers mois sont réservés à de l’animation (techniques d’animation participatives pour que les
groupements identifient les problèmes rencontrés par le groupement d’affaires) ; les 12 mois
restants sont utilisés pour des appuis à la réalisation du projet du groupement d’affaires et pour
des renforcements de capacités, notamment avec les formations BIT (GERME et CREE).
L’objectif final est que les groupements d’affaires soient plus structurés et aient défini des
programmes stratégiques de développement. Cette démarche du PAPES sur 18 mois est structurée dans un module dit « d’animation économique », spécifique à l’ONUDI (mis en place
dans 18 pays). Une trentaine d’animateurs ont déjà été formés au Sénégal à cette méthode
pour pérenniser les actions entreprises par le programme. Cette méthode pourrait également
être enseignée à l’ENEA (Ecole Nationale d’Economie Appliquée).
5.3 Public cible PAPES II
Lors de sa première phase, le PAPES a pu constater que de très nombreux postulants ne pouvaient suivre les formations du fait de ce pré – requis sur le niveau d’alphabétisation. Il a estimé qu’environ 50 % des demandes étaient rejetées car les postulants étaient analphabètes (ce
qui représente de l’ordre de 500 personnes sur les 3 années de la phase I du PAPES). Dans la
deuxième phase du projet, le PAPES a retenu de proposer des formations en alphabétisation
qui seront un préalable aux formations GERME et CREE.
L’ensemble des entrepreneurs évalués au niveau 0 d’alphabétisation bénéficieront de ces formations jusqu’à ce qu’ils atteignent le niveau 1 requis. Les entrepreneurs ont insisté pour que
le français soit la langue utilisée pour l’alphabétisation 18. L’age des formés varie généralement
entre 30 et 50 ans (représentatifs des entrepreneurs avec lesquels le PAPES travaille).
Pour le PAPES une formation complémentaire en alphabétisation est apparue indispensable.
Sans ce complément, les formations techniques risquent d’être « gâchées ». Il est nécessaire
que tous les membres des groupements avec lesquels le PAPES travaille puissent avoir un
niveau équivalent d’éducation de base (important pour la dynamique de groupe).
Le PAPES travaille également avec des grands réseaux (d’envergure nationale et regroupant
des milliers de membres) structurés en organisations professionnelles. Une formation en al-
18
Pour Malick Sy, directeur du PAPES, et d’après ses échanges avec le Ministère de l’éducation nationale,
l’alphabétisation en français se nomme « instruction », le terme « alphabétisation » désignant le fait
d’apprendre à lire et à écrire en langue nationale avec l’alphabet français…
42
Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA
phabétisation est également prévue pour les « leaders » de ces organisations (membres du bureau). D’importantes pertes de temps lors des réunions ont en effet été constatées en raison de
la traduction nécessaire en langue nationale (problème également pour la prise de connaissance des documents rédigés en français). Pour le PAPES, à partir d’un certain niveau de responsabilité, il est dommageable de ne pas être alphabétisé en français. L’objectif du PAPES
est également de faire porter par les organisations professionnelles les programmes
d’alphabétisation pour qu’ils en assurent la diffusion auprès de leurs membres (inclure
l’alphabétisation dans les services des fédérations à leurs membres). Pour ce faire, le PAPES
formera des formateurs et leur transmettra des modules de formation en alphabétisation. Le
PAPES essaie de convaincre les organisations professionnelles qu’elles doivent s’assurer que
tous leurs membres soient alphabétisés.
5.4 L'offre de formation
Les formateurs pour les modules GERME et CREE sont des prestataires externes, souscontractants du projet. Il s'agit des agents de l’APROSI, agréés par le BIT, qui dispensent ces
formations (dans le cadre de la convention PAPES – APROSI).
Pour l’alphabétisation, de 6 à 9 mois seraient nécessaires pour que les formés de niveau 0 atteignent le niveau 1, à raison de 6 H de cours par semaine (2 H par jour / 3 jours par semaine).
Les formations seront dispensées par des « opérateurs en alphabétisation », dont ACA (Association, conseil pour action) qui a été conseillée au PAPES par le PAPF (Projet
d’alphabétisation priorité femmes – projet de la Banque mondiale et de l’Etat sénégalais –
Ministère de l’éducation).
5.5 L'organisation et la gestion des formations
Dans le cas des formations BIT (GERME et CREE) un diplôme BIT – PAPES est remis aux
formés. Les formations GERME et CREE sont cependant jugées insuffisantes pour une véritable appropriation des concepts par les formés. Le suivi de ces formations est également jugé
déficient. Pour les formations en alphabétisation, il est également prévu qu’un diplôme soit
remis à l’issu de la formation. Il était envisagé que se soit le PAPF qui remette ce diplôme, qui
pourrait être reconnu par le Ministère de l’éducation.
Les lieux où se déroulent les formations sont choisis en fonction des zones de concentration
des cibles du PAPES (les zones se situent dans la région de Dakar et de Thiès). Le formations
peuvent se dérouler dans des salles de classes (après négociation avec l’école la plus proche),
dans des ma isons ou dans des cours.
5.6 Les moyens financiers (la prise en charge des coûts)
L’ONFP a participé au financement des formations GERME et CREE dispensées lors de la
première phase du projet19.Le PAPES est en contact depuis quelques temps avec le PAPF
(Projet d’alphabétisation priorité femmes – projet de la Banque mondiale et de l’Etat sénégalais) qui devait participer au financement des formations en alphabétisation. Ces contacts
n’ont finalement pu aboutir (PAPF ayant apparemment eu des problèmes, projet en fin de cycle ?). Le volet formation en alphabétisation de la deuxième phase du PAPES sera donc financé intégralement sur le budget du projet.
Un co-financement sera demandé aux formés, de l’ordre de 10 à 25 % du coût de la formation.
19
Contact ONFP M SEN ou M FAYE
43
Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA
Le PAPES doit prochainement rencontrer l’ACDI (Agence de coopération canadienne) pour
étudier d’éventuelles modalités de collaboration avec le projet PAPA (Projet d’appui au plan
d’action en matière d’alphabétisation et d’éducation non formelle) dont l’exécution a été
confiée au Ministère de l’éducation nationale du Sénégal. Le projet vise l’alphabétisation et
l’amélioration de la qualité de l’éducation de base dans quatre régions rurales (Diourbel, Ta mba, Louga et Kolda) 20.
Le PAPES a tenté d’évaluer le coût à prévoir pour les formations en alphabétisation. Le coût
par formé en langue nationale pour un durée de 6 mois serait compris entre 15 000 et 20 000
FCFA par formé, tout compris (location de classes, matériel éventuel etc). Le PAPES comptant alphabétisé en langue française, le chiffre de 25 000 F par formé a été retenu pour les prévisions financières effectuées par le projet.
Pour le PAPES, le plus efficace est de partir de l’entrée métier et d’y adjoindre des compléments en alphabétisation. Le PAPF de son coté, cherche à monter des programmes de mise en
place d’activités génératrices de revenus qui pourront bénéficier aux alphabétisés qu’ils auront
formés. Le PAPES estime qu’il est extrêmement préjudiciable que les entrepreneurs ne soient
pas alphabétisés pour les formations en management.
Quelle pourrait être une formation qualifiante en transformation agroalimentaire ?
Pour Malick Sy, directeur du PAPES, 4 types de formations pourraient être distinguées :
- Un CAP ou un BEP pour un public ayant un niveau en éducation de base mais ne ma îtrisant pas le métier (des programmes complémentaires en éducation de base pourraient être mis en place en parallèle pour former ceux qui n’ont pas le niveau requis)
- Une formation à destination de ceux qui ne maîtrisent ni le métier et qui sont analphabètes
- Une formation pour ceux qui sont déjà dans le métiers mais qui cherchent à se perfectionner
- Et éventuellement une formation pour les gens de niveaux élevés (Au moins Bac + 2)
qui seraient incités à aller vers les métiers de l’agroalimentaire (technique et direction).
Dans la phase II du PAPES il est prévu d’inciter les groupements d’affaire à recruter
des « consultants de proximité ». Il s’agira de consultant junior (par exemple sorti de
l’ENEA) pour participer à la mise en œuvre des plans stratégiques du groupements
d’affaire. Ces consultants seraient au minimum de niveau Bac + 2 et pourraient être
payés de 50 000 à 100 000 F/ jour par les entreprises.
6.
Etude cas – Programmes et actions Gret – Enda graf
6.1 Des actions de renforcement des compétences des acteurs de l’artisanat, des
micro et petites entreprises
Le Gret a participé au programme de promotion des artisans métal (PPAM) qui est devenu par
la suite le PAMEC. Ce programme a mis en œuvre des actions de formations, nota mment dans
20
Projet démarré en 1996 avec un financement de 15 millions de $ - rapport d’évaluation http://www.acdicida.gc.ca/INET/IMAGES.NSF/vLUImages/Performance%20Review%20Branch/$file/PapaFr.pdf
44
Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA
les ateliers. Il privilégiait le renforcement des compétences techniques des patrons et employés
d’entreprises « leaders » avec un objectif d’entraînement du secteur.
Le Gret a surtout mené depuis une dizaine d’années en collaboration avec Enda graf des programmes d’appui au secteur agroalimentaire. Dans ce cadre de ces programmes, des actions
qui pourraient se rapprocher de l’EQJA ont été menées en direction de petites et microentreprises.
A titre d’exemple :
> Formation et appui aux entrepreneurs (et employés) des petites entreprises dans le domaine de la gestion, des procédés techniques, de la gestion des équipements, de la qualité ;
> Formation et appui à des microentreprises en matière de procédés techniques (diversific ation des produits), hygiène et qualité.
Ces actions ont notamment été menées dans le cadre du programme de promotion des céréales
locales (PPCL) dont la gestion a été confiée au groupement Gret/enda graf. (2 000 000 Ecus
sur 4 ans , Financement : Unité de sécurité alimentaire de la commission européenne).
L’objectif général du programme est d’améliorer la sécurité alimentaire (revenus et emplois
milieux rural et urbain au Sénégal) en augmentant la consommation des céréales locales par
les populations urbaines (notamment Dakar) à travers le développement d’entreprises pr ivées,
semi-industrielles ou artisanales de transformation de ces céréales, et la promotion auprès des
consommateurs de ces produits.
L’une des principales caractéristiques des interventions du PPCL réside dans la diversité des
activités d’appui aux opérateurs. Les interventions concernent ainsi les différentes composantes de l’environnement et du fonctionnement des entreprises. Elles impliquent de mobiliser
des compétences spécialisées en communication, en comptabilité et gestion, en commercialisation et marketing, en technologie alime ntaire, en enquêtes et sondages, et en animation auprès des femmes artisanes. Plutôt que de mettre en place une équipe « projet » lourde, la démarche du programme a consisté à travailler en partenariat avec un réseau d’organismes spécialisés : bureaux d’études nationaux, consultants locaux, projets, instituts de recherche et
ONG.
Le renforcement des compétences des entrepreneurs a permis au secteur de la petite entreprise
de s’organiser et de se consolider. En effet, le programme a aidé les entreprises à résoudre
leurs problèmes techniques, d’organisation et de gestion, tout en tenant compte de leurs stratégies propres. Le secteur s’est ainsi avéré rentable et créateur d’emplois. De nouvelles organisations socioprofessionnelles ont vu le jour tant au niveau des petites entreprises que des
microentreprises et groupements de production.
En outre, le programme a eu un effet sur le secteur de l’appui-conseil aux petites entreprises,
puisque le réseau de compétences créé a permis de développer progressivement une offre de
conseils adaptée à la micro et petite entreprise, offre qui n’existait pas auparavant. De même,
il a permis une professionnalisation dans le rapport consultant / entrepreneur.
6.2 Formation pour les Petites entreprises (filière céréales)
Les diverses formations réalisées dans le cadre du PPCL
n
Gestion, comptabilité, législation
> Une formation pour les comptables dans le domaine de la tenue des comptes. Cette formation a permis d’obtenir des améliorations quant à la clarté et à l’exploitation des données.
(cabinet comptable)
45
Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA
> Une formation sur le plan organisationnel, juridique et fiscal notamment, avec la mise à
disposition des promoteurs d’un conseiller juridique et fiscal.
Bénéficiaires : 20 entreprises
Formateur : cabinets
Coût : 80 000 F/J pour le consultant – durée moyenne 40 heures (5 jours), coût par personne
d’environ 50 000 FCFA
> Contenu pour les aspects juridiques :
– Immatriculation au Registre de Commerce qui est l’une des premières formalités à
remplir en matière de création
– Recherche d’un nouveau registre de commerce avec changement de nom commercial
– Processus de changement de statut (Informations sur les avantages et inconvénients )
– Elaboration d’un contrat Bail
– Processus de création d’une organisation socioprofessionnelle
– Elaboration d’un plan de trésorerie prévisionnel pour faciliter le respect des engagements de remboursement pris.
> Contenu pour les aspects fiscaux
–
–
–
–
n
Versement des retenues à la source
Contributions aux patentes
Droits d’enregistrements
Les taxes sur la valeur ajoutée
Gestion de la qualité
La formation et l’appui conseil ont porté sur :
– La sensibilisation des opérateurs et la mise en place de procédures au sein des unités en
hygiène et qualité.
– La vérification ou la démonstration aux opérateurs de la validité des plans de nettoyage
par utilisation de boîtes de culture
– Le contrôle des conditions générales de production au sein des unités.
L’adaptation du plan de formation aux besoins réels des opérateurs respectifs.
Bénéficiaires : 20 entreprises
Formateur : LAE (ESP) à 80 000 F/j d’honoraires – coût par personne : 50 000 F
n
Commercial et marketing
2 types de formations au début (1998)
> 1er niveau - Nouvelles unités : séminaire pour leur permettre d'acquérir les principes de
base de l'action commerciale.
Lieu : locaux d’Enda -Graf.
Formateur : BE IRIS
Nombre : 8 personnes
Objet : démarche commerciale, concepts marketing.
46
Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA
Ainsi, les quatre composantes du mix (prix, produits, distribution, promotion) ont été tour
à tour « visités » à partir d’une démarche pédagogique s’appuyant sur l’expérience des
participants en matière de production et de commercialisation des céréales locales.
> 2ème - niveau était réalisé au sein même des entreprises. La formation d’environ 3 jours
coûte de l’ordre de 30 000 F par personne (en raison du nombre limité de participants)
Dans ce cadre, il s'est agi d'augmenter la capacité d'intervention des agents chargés de la
commercialisation.
Les coûts de formation correspondent aux journées passées par le consultant au sein de
l’entreprise à raison de 80 000 F par jour, entièrement pris en charge par le programme.
Formations plus ciblées dans les entreprises ensuite (2000)
5 unités ont bénéficié d’une formation dans différents domaines
– Management d’une équipe commerciale
– Mise à niveau de nouveaux agents commerciaux
– Tâches de suivi de l’agent commercial
– Organisation des équipes commerciales par zone
– Collecte de l’information commerciale dans les marches et boutiques
– Techniques de négociations commerciales avec les commerçants grossistes
– Renforcement de la capacité du chef du service commercial
– Constitution d’un réseau de distribution adapté aux activités
– Conception d’argumentaires commerciaux
Les coûts de formation correspondent aux journées passées par le consultant au sein de
l’entreprise à raison de 80 000 F par jour, entièrement pris en charge par le programme.
n
gestion technique des équipements
Un diagnostic de la situation des équipements de toutes les entreprises (état des équipements,
maîtrise et niveau de formation) a été réalisé.
Une formation des opérateurs des machines en entretien des équipements d’une durée de 20
heures soit 5 demi-journées a ensuite été réalisée. Elle a porté sur les aspects suivants :
– Le principe de fonctionnement de chaque machine
– Les différents types d’équipements
– Les principaux organes de la machine
– Les consignes d’installation
– La manipulation
– Les pannes récurrentes
– Les démarches à suivre en cas de dysfonctionnement
– Les principaux fournisseurs de pièces de rechange de la place
– Les mesures de sécurité élémentaires
– Les dossiers machines : importance et organisation
Formateur : consultant
Coût de 80 000 F/j soit 200 000 F par entreprise. Le coût est relativement élevé car la formation est réalisée individuellement dans les petites entreprises.
47
Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA
n
Quelques remarques générales sur ces formations
Les actions de formations étaient incluses dans un contrat de prestation de services annuels
avec des consultants, bureaux d’étude, laboratoire ( selon les thèmes) qui comprenaient des
actions de formations et des actions d’appui/conseil (accompagnement après la formation).
Chaque année (1998 à 2001), un diagnostic d’entreprise était réalisé par le programme et les
différents intervenants pour préciser les besoins de formation et d’appui/conseil.
Au départ, elles ciblaient surtout les chefs d’entreprises et se passaient sous forme de sémina ires regroupant en un lieu tous les apprenants. Ensuite la formation dans les entreprises associant les différents employés a été privilégiée (souvent en wolof pour les ouvrières) qui a donné de meilleurs résultats en terme d’impact sur la qualité, la gestion etc.
Le faible niveau de formation de base des employés a parfois posé des problèmes pour la
compréhension de certains thèmes de formation, et pour le suivi (impossible de faire des supports de formation et des supports de suivi renseignée par ces employés).
Le recours à des prestataires spécialisées privées se traduit par un coût élevé (60 à 80 000 F/j
de prestations) et les entreprises ne participaient pas aux coûts.
6.3 Formation pour les Micro entreprises artisanales (filière céréales)
Les diverses formations réalisées dans le cadre du PPCL
n
Formation en hygiène (ENFEFS) 1998
Au mois de mai, 142 femmes de Dakar et Thiès ont suivi des sessions de formation en hygiène et en gestion. Elles ont été réalisées par l’Ecole Nationale de Formation en Economie
Familiale et Sociale (ENFEFS).
Lieu : différentes caisses d'épargne et de crédit des quartiers pour ce qui concerne la ré-
gion de Dakar. Par contre à Thiès, le siège d'Enda Graf a été emprunté
La démarche participative a permis de partir de l'expérience des femmes pour dégager
les thèmes, concevoir les outils de formation et de suivi. Les formateurs ont tenu compte
du niveau des femmes dont la grande majorité sont des analphabètes. Ils ont surtout utilisé
des dessins leur facilitant la compréhension.
La formation a été assurée par l’ENFEFS (Ecole Nationale de Formation en Economie
Familiale et Sociale). L’objectif de cette formation est de permettre aux femmes de mieux
prendre en compte les questions d’hygiène et d’améliorer leur qualité de vie et de travail.
Pour cela, trois grands thèmes ont été abordés : l’hygiène environnementale, l’hygiène
corporelle et vestimentaire et enfin l’hygiène alimentaire.
n
Formation en gestion (RAP/ enda graf), 1998
formateur : Réseau d’Apprentissage Populaire (RAP), spécialisé dans les techniques
d’alphabétisation fonctionnelle (créé par Enda graf)
142 femmes de Dakar et Thiès (82 femmes à Dakar et 60 à Thiès).
Lieu : différentes caisses d'épargne et de crédit des quartiers pour ce qui concerne la ré-
gion de Dakar. Par contre à Thiès, le siège d'Enda Graf a été emprunté
Cette formation est réalisée dans le cadre de l’alphabétisation fonctionnelle. Elle a pour
but de renforcer les capacités des femmes dans le domaine de la gestion. La démarche
48
Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA
participative utilisée lors de cette formation a permis aux femmes de dégager elles mêmes
les thèmes et leurs propres outils de suivi. Plusieurs thèmes ont été abordés : la gestion de
la production (dépenses, charges, bénéfices…), la gestion de leur emploi du temps, la planificatio n des activités …. Chaque concept utilisé a été matérialisé par des dessins (Prix
de revient, prix de vente, épargne, bénéfices, cha rges…).
n
Formation marketing - 1998
formateur : bureau d’études BPC
142 femmes de Dakar et Thiès (82 femmes à Dakar et 60 à Thiès).
Lieu : différentes caisses d'épargne et de crédit des quartiers pour ce qui concerne la ré-
gion de Dakar. Par contre à Thiès, le siège d'Enda Graf a été emprunté
Le responsable de ce module a surtout insisté sur les stratégies de commercialisation.
Des sessions de formation plus poussées ont été ensuite menées avec les moniteurs d'alphabétisation afin qu'ils puissent mieux assurer le suivi dans les quartiers.
n
formation « service traiteur » 1998
Après une première formation courte d’une semaine, réalisée à l’école hôtelière, le CRETEF
(Centre d’Enseignement Technique Féminin) de Grand Yoff a assuré une formation à deux
groupements de Yeumbeul et Bargny qui souhaitaient créer des « services traiteurs popula ires
». Une vingtaine de jeunes filles ont été formées au CRETEF de Grand Yoff .
n
diversification - restauration
Dans la première phase du programme, des tentatives ont été menées avec l'Association des
Femmes Restauratrices (AFRES) dans le but de promouvoir les céréales locales. Cependant
cette association regroupait uniquement des gargotières dont la capacité de diversification est
très limitée. En effet la plupart des gargotes ne proposent que des plats à base de riz pour des
raisons liées à la faiblesse du pouvoir d'achat de leur clientèle (les plats sont vendus à 200 ou
300 f maximum), au manque de personnel et de fonds de roulement. Pour cette première tentative, seul un restaurant se situant à Dakar Plateau propose encore des plats à base de céréales
locales (maïs, mil, fonio).
Dans la seconde phase du programme, l'action a été orientée vers les restaurants se situant
dans ce secteur de Dakar Plateau. L'enquête s'est déroulée dans 40 restaurants. L'objectif était
de déterminer les besoins de diversification des consommateurs. Ensuite une restitution aux
22 restaurants ayant répondu à l’enquête a été réalisée.
L’étape suivante consistait à mener des dégustations à partir des résultats obtenus. Un planning a été dressé avec les restaurants qui devaient choisir le jour qui leur convenait et tous les
frais étaient pris en charge par le programme. Une formatrice a été mise à leur disposition
pour certains plats dont ils ne maîtrisent pas la préparation. Cette première dégustation
concernait une quinzaine de restaurants (15 au total). Trois pla ts ont été testés. A l'issu de ces
tests, tous les restaurants ont intégré les différents plats dans leur menu
Les tests se sont poursuivis. Après l'adoption du premier plat pour certains, un second test a
été mené dans les restaurants. Ces deux premières dégustations avaient pour objectif entre
autres de gagner la confiance des restaurateurs dans les initiatives qu'ils entreprennent.
Compte tenu des résultats probants, puisqu’une grande majorité des restaurants ont adopté les
49
Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA
nouveaux plats dans leur menu, le troisième test a été totalement pris en charge par le restaurant.
Malgré l'intérêt qu'ils portent à la diversification par des produits à base de céréales locales,
les restaurants sont confrontés à un problème disponibilité de la matière première aussi bien en
quantité et en qualité. Des tentatives d'approvisionnement ont été menées avec certaines unités de transformation mais ils ne peuvent pas leur assurer de grandes quantités, ce qui limite
parfois leur ambition. D'autre part les fonds de rouleme nt qui au départ étaient prévus pour la
restauration sont aujourd'hui insignifiants pour les restaurants avec qui nous travaillons actue llement. Les besoins dépassent de loin 100 000 f par restaurant.
n
Formations en hygiène et qualité nutritionnelle – ENFEFS - 1999
Des séances de formations ont été organisées en collaboration avec l'Ecole Nationale de Formation en Économie Familiale et Sociale (ENFEFS) et l'Institut de Technologie Alime ntaire (ITA). Ces formations ont porté sur l'Hygiène et la qualité nutritionnelle des aliments.
Elles se sont déroulées dans les quartiers de Rufisque, Grand Dakar, Ngor, Yeumbeul et
Grand Yoff .
A Thiès, une journée de sensibilisation a été organisée en collaboration avec le service d'hygiène de Thiès et l'ITA de Dakar à laquelle 73 femmes ont participé .
Les séances de formation à Dakar et à Thiès ont permis à 223 participantes d'être sensibilisés
sur les étapes à risques dans le processus de transformation des céréales. Les points abordés
sont les étapes à risques dans le processus de transformation des céréales et l’analyse des pratiques en insistant sur celles que les vendeuses doivent abandonner en raison du risque sur la
santé du consommateur. A l'issue de ces formations, un grand nombre de recommandations
commencent à être appliquées. Le papier de récupération (le papier à ciment, journal, sac de
lait vide) est aujourd'hui remplacé par le sachet en plastique en attendant de trouver une meilleure solution. Cet emballage protège mieux les produits et limite les contaminations mais ne
donne pas toute satisfaction. Des blouses ont été cofinancées avec les femmes (50 %). Des
tables adaptées protégeant mieux les produits des mouches et de la poussière ont été conçues
et cofinancées par le programme (fonds d’appui à la qualité) et les ve ndeuses (25 %).
n
Formation , appui à la diversification des produits
Dans le cadre de la diversification, des formations sur la transformation du niébé ont été organisées en partenariat avec le programme AVAL (Action de Valorisation des savoir -faire Locaux) coordonné par Enda-graf. Au cours de ces séances, une dizaine de recettes étaient présentée (athiéké de niébé, gâteaux, beignets, couscous…). Les restauratrices et quelques femmes vendeuses de rue des quartiers de Pikine, Ouakam, Rufisque en ont bénéficié. Pour mieux
les impliquer dans le processus, les femmes ont pris en charge à hauteur de 50% la formation. Elles ont ensuite pris l'initiative de faire des démultiplications auprès d'autres personnes. Cette formation a déclenché de nouvelles dynamiques dans les quartiers. Certaines
femmes ont pu obtenir des emplacements dans les écoles en convainquant les responsables de
ces structures des qualités nutritionnelles de leurs produits qui connaissent aujourd'hui un réel
engouement.
Les restauratrices de Dakar Plateau ont, à l'issue des séances de démultiplication, instauré des séances d'échange de savoir-faire . Ainsi, tous les 15 jours, elles se regroupent pour
échanger des recettes, ce qui permet à l'ensemble des membres du groupement d'avoir une
diversité de recettes à proposer aux clients.
50
Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA
n
Formation en hygiène (Service d’hygiène) et suivi régulier en 2000
Des formations se sont déroulées au Service d'Hygiène de Dakar et Thiès et avaient pour
objectif de sensibiliser les nouvelles restauratric es appuyées par le programme et d'autres artisanes sur les notions d'hygiène. Une première formation réalisée à Dakar a réuni près de 35
participantes dont la majorité des restauratrices et quelques transformatrices évoluant dans le
secteur semi-industriel. Des formations en hygiène au bénéfice des vendeuses de rue ont ensuite été réalisées au courant du mois de juin en collaboration avec le service d'hygiène dans
l'ensemble des quartiers concernés à Dakar et à Thiès. C'est ainsi qu'à Dakar, six (6) sessions
ont été organisées au bénéfice de 207 femmes vendeuses et à Thiès, une (1) session a été réalisée pour près de 50 femmes.
Un guide illustré rappelant les différents principes à respecter dans la chaîne de la production
à la commercialisation des aliments a été réalisé en 1000 exemplaires et constitue un outil de
capitalisation des formations en hygiène
n
Renforcer les capacités des femmes en matière de gestion en 2000
Un atelier de formation a été organisé dans ce domaine en partenariat avec le CAEF, (Centre
Africain de l'Entreprenariat Féminin). Préalablement à la réalisation de cette formation,
durant le mois de ja nvier, plusieurs rencontres ont été organisées avec les femmes dans le but
de déterminer les besoins de formation. C'est à la suite de ces rencontres que des termes de
références ont été élaborés et proposés au CAEF. La formation avait pour objectif d'améliorer
les connaissances en gestion des femmes transformatrices de céréales et des restauratrices;
cette formation devrait prendre en compte les problématiques de la gestion au niveau des approvisionnements, de la production, de la commercialisation et de la gestion de la trésorerie.
L'atelier visait également à mettre à la disposition des animatrices des outils de suivi pour leur
permettre de mieux assurer leur rôle d'accompagnement.
n
Quelques remarques sur ces formations pour les micro entreprises
> Un public spécifique : femmes, souvent analphabètes sans pour autant que ces formations
cherchent à intervenir dans ce domaine (autres programmes d’enda graf s’intéressant à
l’alphabétisation – lien faible avec ces programmes) ;
> Des difficultés à trouver des offres de formation adaptée (notamment en terme de pédagogie, de contenu des formations, des modes de formation,…) en essayant de mobiliser,
« tester », les différents acteurs pour les formations (écoles, service de l’état, ONG, bureau
d’études), d’où de nombreux changements d’une année sur l’autre ;
> Coût souvent plus faible que pour les petites entreprises et dispositif de démultiplication au
sein des groupements ou des caisses d’épargne et de crédit (« porte d’entrée » choisie
pour les appuis dans ce secteur) ;
> Les objectifs clairs d’acquisition de compétences ne sont généralement pas formulés. Aucune évaluation des acquis est formellement réalisée. Des attestations sont remises à tous
les participants.
51
Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA
6.4 Formation et échanges de savoir –faire- Programme AVAL
Le projet Action de VALorisation des savoir-faire locaux (AVAL) a démarré en 1994 par des
actions d’échanges et de valorisation des savoir-faire agroalimentaires locaux entre 3 pays
(Sénégal, Burkina Faso et Bénin) avec l’appui du Cirad en France. Les actions au Sénégal ont
été mises en œuvre par différents partenaires avec une forte implication des groupements et
artisanes. La coordination au Sénégal a été assurée par Enda graf avec la collaboration du
Gret. Certaines actions ont été menées en commun avec le programme PPCL.
n
Méthodologie de transfert de savoir-faire
La démarche consiste à faciliter les opérations d’échanges de savoir-faire et de produits entre
groupes (généralement de femmes) travaillant dans le secteur de la transformation agroalimentaire dans les différents pays.
> Sélection des produits
Cette première étape a pour objectif de sélectionner des produits issus du pays «transmetteur » qui semblent adaptés aux habitudes de consommation du pays « receveur ». Pour cela
une séance de dégustation est organisée avec une quarantaine de femmes. Des fiches de tests
simples sont remplies afin de permettre de retenir quelques produits qui feront l’objet du transfert de savoir-faire.
Si les consommateurs du pays « receveur » ne connaissent pas ou très peu les produits proposés, le coordinateur du pays « transmetteur » envoie des fiches techniques ou des échantillons
pour faciliter l’organisation des dégustations. La confection des produits peut être également
confiée à une femme or iginaire du pays « transmetteur » (cas par exemple du Sénégal où une
femme béninoise installée à Dakar à préparer des plats pour la dégustation).
> 1ère phase du transfert, transmission du savoir-faire et apprentissage dans le pays transmetteur
Deux personnes ressources (des femmes) dans le pays accueillant le transfert de savoir-faire
vont suivre une formation dans le pays transmetteur. Cette formation, comportant des séances
théoriques et pratiques, est assurée par 2 femmes qui ont une parfaite maîtrise du savoir-faire
et des compétences pédagogiques. Celles-ci sont sélectionnées par le pays « transmetteur » qui
en parallèle réalise des fiches produits-activités qui serviront de support lors de la formation
des femmes dans le pays « receveur ».
> 2ème phase du transfert = diffusion du savoir –faire – apprentissage dans le pays « receveur ».
Les 2 femmes ayant suivi la formation effectuent une restitution/formation dans leur pays auprès d’un large public. Elles sont accompagnées par une des deux formatrices du pays transmetteur et parfois par un technicien d’une institution.
> Suivi et valorisation des acquis
Les différentes institutions impliquées dans le transfert de savoir -faire et/ou
l’accompagnement de groupes de femmes fournissent un appui aux femmes qui souhaitent
développer une activité économique liée au transfert de savoir -faire. Cet appui diffère selon
les pays et les institutions (mise à disposition de fonds de crédit, suivi économique et technique, appui à la réalisation de dégustations, de support de promotion…).
52
Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA
n
Les actions réalisées entre 94 et 96
Action
Pays
Date
Partenaires
Produits
Résultats
1- Produits à base de maïs
Bénin  Sénégal
août 94 à avril 95 (6 mois)
Bénin : CERNA /UNB
Sénégal : ENDA - GRAF, Caisse d’Epargne et de
Crédit des femmes de Dakar (CEC)
10 : mawé, fataya, andou, yéké-yéké, goumgoumbé,
amiwo, aklui, kléklé, talégalle, aboda
•
•
•
Problèmes
•
•
•
•
2- Jus, sirop et pâtes de fruits
Sénégal  Bénin
dec 94 à janv. 96 (14 mois)
Sénégal : ENDA-GRAF, Saf Na, TA
Bénin : CERNA/UNB, projet
PNUD/BIT
Jus, sirops de gingembre, tamarin, bissap, confiture et pâte de mangue,
goyave, papaye, banane et concentré de
tomate, purée de piment.
20 femmes formées puis démultiplication dans les • 30 opérateurs béninois formés :
caisses de quartiers : 160 femmes formées
production de nouveaux produits et
simplification de la fabrication des
diversification gammes de produits (notamment
produits déjà connus
dans la restauration)
adaptation des produits aux habitudes sénégala i- • création Union des Transformateurs
artisanaux des fruits
ses, innovation : de nouveaux produits ont été
créés et sont notamment valorisés par le service
• début de la professionnalisation du
traiteur créé par la suite
secteur
les produits sous forme de pâte ne sont pas tellement adaptés aux goûts sénégalais
Des difficultés de formation liées aux formatrices
béninoises qui n’avaient pas une bonne pédagogie
Difficultés d’organisation des formation : horaires
non adaptés aux activités des restauratrices
Les difficultés d’approvisionnement en maïs (prix
élevé), le prix élevé des et donc l’impossibilité de
proposer les nouveaux produits à des prix compétitifs expliquent que peu de femmes ont continué
à produire
•
•
•
•
la formation a été trop courte par
rapport au nombre de produits
la production de pâtes de fruits pas
très bien maîtrisée
l’offre en emballages au Bénin n’est
pas adapté e aux petites activités
le suivi n’est pas bien assuré, notamment concernant la sensibilisation au niveau de la qualité, la promotion des produits, le financement
des activités (peu de moyens au niveau d’aval pour ces actions postformation)
Une publication a été réalisée « Fabrication artisanale de boissons, sirops et confitures –
Fiches pédagogiques illustrées » en collaboration avec le Gret, Enda graf, Ita et le programme AVAL.
n
1997-98 : poursuite des transfert au niveau national
Suite à une suspension du financement du projet Aval par la Coopération Française, les actions ont été poursuivies dans le cadre du Programme Promotion des Céréales Locales (PPCL)
de l’Union Européenne mise en œuvre par le groupement Gret/enda graf et du programme Valorisation des Ressources Naturelles (VRN) d’enda graf et de Solidarité Socialiste
Belgique).
Il s’agissait de poursuivre les échanges de savoir-faire artisanaux au niveau national en valor isant les acquis, notamment méthodologiques, du projet AVAL. Pour mettre en oeuvre les actions, des synergies et collaborations ont été recherchées avec des institutions nationales en
53
Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA
vue de répondre aux besoins de formation identifiés par les femmes et d’élargir le cadre des
échanges (ENFEFS, CRETEF, ITA, Ecole Hôtelière, Bureaux d’études, …).
N° de
l’opération
Diversification des produits à base de céréales locales dans
la restauration(PPCL)
Fabrication des jus, sirop et confitures
pays
Sénégal (Dakar et Thiès)
Sénégal (échange entre régions)
Partenaires
ENFEFS, CRETEF, Ecole Hôtelière, monitrices de Thiès,
PROCELOS, BPC, IRIS enda-graf, gret
ITA, Safna Dakar, Enda-graf, gret,
BPC
produits
Nouveaux plats et produits et formation en gestion , hygiène
alimentaire, marketing
Jus, sirops de gingembre, tamarin,
bissap, bouye, ditax et confiture
de mangue, goyave, papaye, banane
Résultats
•
Formation de 10 jeunes filles à l’Ecole hôtelière et créa tion du Service traiteur SAFSEL (subvention
d’équipements),
•
6 groupements formés et mise
en place Safna Kaolack ,
•
•
Test de 4 nouveaux plats et appui acquisition matériels
dans 17 « restaurants » de l’AFRES en 1997,
•
Echanges de savoir-faire entre des groupements de Pikine et Guédiawaye qui ont débouché sur la création de
petits restaurants de rue et des « services traiteurs populaires ».
formation d’une monitrice du
CRETEF de Kaolack pour favoriser un début d’insertion
des élèves dans la vie professionnelle
•
facilité l’accès crédit
•
Regroupement des 6 entreprises pour résoudre des problèmes communs (emballage,
promotion des produits...), défendre leurs intérêts communs
auprès des institutions
•
•
besoin d’appui organisationnel
problème de commercialis ation des produits (positionnement des produits, distribution, ….
Problèmes
•
30 restaurants du Plateau ont bénéficié de formation en
1998 (nouveaux plats),
•
80 femmes ont suivi des formation en gestion, hygiène
alimentaire et marketing,
•
accès au crédit par la mise en place d’une ligne de crédit
de 12,5 millions dans les différents guichets du réseau
CEC des femmes.
•
Formation de 60 femmes sur l’élaboration des produits.
•
Formation hygiène alimentaire des productrices des
femmes de la CEC
•
Démonstration et diffusion des recettes.
•
manque d’initiative pour la recherche de marché par
SAFSELL
Difficultés de compréhension des objectifs de
l’intervention au niveau des restauratrices de l’AFRES
insuffisance de la ligne de crédit pour l’artisanat de production
résultats des formations insuffisamment valorisés
insuffisance de l’impact des démonstrations culinaires
dans les quartiers.
•
•
•
•
n
Consolidation et capitalisation en 1999
Un nouveau financement, d’un montant limité, a été accordé par la Coopération française. Il
avait pour objectif de capitaliser et d’initier de nouveaux partenariats pour renforcer et élargir
les échanges entre organismes d’appui et entre productrices et de cofinancer les actions.
54
Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA
Les principales activités sont groupées en 7 volets sur lesquels ont collaboré plusieurs institutions.
> Manuel de Synthèse sur la transmission des Savoir-faire
Objectifs : Réaliser une synthèse exhaustive des méthodes d’échange et de diffusion des savoir-faire expérimentées dans le cadre d'AVAL en faisant ressortir les points forts et les limites. Proposer un guide méthodologique sur l’échange et la diffusion des savoir-faire aux plans
régional (national) et international (entre pays d’Afrique). Assurer une large diffusion du document.
Produit attendu : Manuel à diffuser largement aux ONG, Organismes d’appui, organisation
Socioprofessionnelles.
Budget Aval : 500 000 FCFA (hors édition)
> Répertoires des organisations socioprofessionnelles
Objectifs : Identifier et répertorier les organismes socioprofessionnels, les entreprises agro
alimentaires, les équipementiers, les dispositifs d’appui.
Produit attendu : répertoires à diffuser au niveau national et dans la sous-région
Budget AVAL: 700 000 FCFA
Une partie de ce travail a été réalisée par le relais du réseau TPA (annuaire agroalimentaire,
recensement des équipementiers et projet de publication d’un annuaire), par le Gret et enda
graf au Sénégal dans le cadre des dossiers d’informations sur les filières céréales, fruits et produits halieutiques financés par le CTA et d’une étude préalable sur le conseil aux entreprises
agroalimentaires financée par la coopération française. D’autres initiatives et documents recoupent également les travaux prévus dans ce volet. Une synergie ou/et une complémentarité
devront ont été recherchés. Il a été retenu de s’intéresser plus particulièrement aux organismes
socioprofessionnels (répertoire réalisé) et de contribuer à diffuser les autres travaux.
> Formation en Hygiène Alimentaire
Objectifs : Fournir une formation pratique aux artisans en vue d’une meilleure maîtrise de la
qualité
Produit attendu : Amélioration de la qualité bactériologique des produits transformés et meilleure maîtrise de la qualité des produits par les transformatrices artisanales (céréales et fruits)
et les restauratrices.
Budget Aval : 1 400 000 FCFA
> Stratégie commerciale
Objectifs : Aider les femmes du secteur artisanal à résoudre les difficultés de commercialisation des produits en leur permettant d’acquérir des compétences dans le domaine et en leur
fournissant un appui adaptées (formation, conseil, supports de promotion,…)
Produit attendu : amélioration du positionnement commercial des produits (accroissement des
ventes, amélioration de la notoriété et de la distribution des produits)
Budget Aval : 1 000 000 FCFA
55
Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA
> Suivi de la post – formation (organisation et accompagnement des activités économiques)
Objectifs : assurer un accompagnement après la formation et en évaluer ses impacts.
Produit attendu : appui à la résolution des problèmes rencontrés par les opérateurs, identific ation des problèmes de maîtrise résolus ou non dans chaque secteur (dosage des produits), évaluation de poursuite de la diffusion de la formation dans les organismes socioprofessionnels,
valeur ajoutée obtenue dans chaque secteur…..
Budget : 800 000 FCFA.
Les actions du programme ont été capitalisés et on fait l’objet d’une publication ainsi que de
fiches sur le site Interdev (www.interdev-net.org). Cette capitalisation a abouti à la formulation du concept d’Ecole pratiques (cf point 6.5)
6.5 Une réflexion sur un concept d’ « Ecoles pratiques » (suite AVAL)
Cette réflexion a été menée à la suite du programme AVAL (Enda graf, CNEARC, CIRAD,
Gret) et du programme de recherche ALISA (Alimentation, savoir-faire et innovations agroalimentaires en Afrique de l'Ouest), mais n’a pas été concrétisée par la mise en œuvre de ces
école pratiques.
n
Les enjeux : des questions à résoudre
Il existe différents types de formation dites alternatives et de multiples institutions engagées dans ce secteur au Sénégal. Un certain nombre de questions restent à résoudre :
> liens entre formation et activités économiques : les expériences AVAL montrent que ces
liens ne sont pas évidents, qu'il est nécessaire de bien évaluer le contexte économique notamment des ménages et des individus et de bien identifier les attentes locales des différents acteurs économiques, pour entraîner des applications réelles de nouveaux savoir -faire
(acquis par formations spécifiques) et favoriser la diffusion de produits commercialisables;
> liens entre activités économiques et développement local : les expériences AVAl et les
recherches dans le cadre du programme ALISA montrent que le développement local
s'inscrit dans différents types d'espaces caractérisés par des conditions économiques particulières, des groupes professionnels, des styles alimentaires et des attentes spécifiques. Il
est donc utile de distinguer des activités économiques dans leurs espaces spécifiques (urbain, péri-urbain, rural, par exemple) ;
> combinaisons de formes de savoir et combinaisons des formes de transmission : les études
et réflexions menées dans le cadre d'ALISA ont montré que selon les groupes, les métiers,
ou les techniques, les savoir -faire et les modes de transmission s'exprimaient différemment
: le savoir-faire nouveau d'une transformatrice de fruits en sirops ne s'énonce ni ne se
transmet de la même manière, selon les mêmes modalités, que le savoir-faire ancien d'une
transformatrice de poisson. Mais par ailleurs, il existe des savoir-faire communs à différents métiers qui peuvent être échangés, enrichis par l'échange dans la mesure où celui-ci
est organisé de manière concertée entre les acteurs concernés ;
> liens entre activités rurales et activités urbaines à travers les formations : cette question
doit être soumise à réflexions collectives (dans le cadre du bilan sur les expériences de
formations alternatives au Sénégal) ; elle est en effet essentielle pour créer des écoles pratiques qui, à la suite du programme AVAL, s'inscrivent dans l'optique de favoriser les interactions "villes - campagnes" et de promouvoir des activités, des produits ou des formes
56
Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA
d'organisations professionnelles qui stimulent ces interactions et répondent aux besoins
alimentaires et économiques des populations urbaines et rurales.
n
Réflexions autour de ces points
Les autres systèmes de formation ont aussi des objectifs de développement des activités économiques et dans tous les secteurs. AVAL proposait pour sa part un système de formation
s'appuyant sur des activités économiques existantes dans le domaine agroalime ntaire. Les
E.P.A. (Ecoles pratiques AVAL) peuvent s'appuyer elles aussi sur des activités existantes dans
l'agroalimentaire, pour sensibiliser les gens à des questions d'améliorations techniques ou
d'hygiène par exemple.
Mais une EPA peut tout aussi bien proposer des formations pour de nouvelles activités économiques (toujours dans le domaine de la transformation agroalimentaire) sachant que d'autres
structures font ce type de formation mais qu'elles proposent des activités souvent sans développement possible, trop éloignées des réalités et de contraintes locales.
Par ailleurs, l'EPA aurait tout intérêt à s'adresser à des gens ayant déjà des compétences de
base, pour :
> soit améliorer un savoir-faire, une technique de fabrication ou de transformation agroalimentaire ;
> soit pour se reconvertir vers des activités proches, présentant des caractéristiques techniques communes (ex. : les potiers et les boulangers dans certains pays ont en commun la
maîtrise technique des fours, de ce fait les potiers reconvertis à la boulangerie proposent
les meilleurs pains...).
Mais qui va se charger de former les individus dans une EPA ? Si l'on prend l'exemple des
formations en hygiène alimentaire, il existe au Sénégal une structure de formation formelle,
l'ENFEFS, qui forme les femmes à l'hygiène. Mais ce type de formation n'est accessible qu'à
un coût élevé.
Par ailleurs, beaucoup de restauratrices ont dans ce domaine des connaissances, des notions,
acquises par expérience ou dans le cadre d'apprentissages familiaux. Peuvent-elles transmettre
ces connaissances ? Pour répondre à cette question il serait utile de prendre contact avec des
partenaires qui ont fait ce type d'expériences (cf. Nago Mathurin – Bénin). L'idée première
c'est de s'appuyer sur des personnes ayant des compétences minimales, motivées pour améliorer leurs savoir-faire, et qui à leur tour deviendraient des formatrices. Cela suppose qu'elles
acceptent de diffuser leur savoir-faire, autrement dit que cette activité soit pour elle accompagnée d'une reconnaissance.
n
L'expérience à Pikine
Les femmes ont reçu une formation à l'hygiène, fournie par l'ENFEFS. Actuellement elles
transmettent à leur tour ce qu'elles ont retenu, à l'échelle du quartier de Pikine, au cours de
réunions. Elles vont ainsi de groupement en groupement pour former les autres femmes sur
des thèmes qu'elles choisissent elles-mêmes.
Pour une EPA, il semble pertinent de bien "cibler" les populations susceptibles d'être formées
sur un thème donné. En effet et si l'on reste sur ce thème de l'hygiène alimentaire, chaque
femme (ménagère, restauratrice) réagit différemment face aux problèmes d'hygiène. Par ailleurs, l'acquisition de notions nouvelles ou relativement abstraites est d'autant plus efficace
que les formatrices utilisent des outils pédagogiques vivants, illustratifs.
Le démarrage d'une EPA pourrait donc s'appuyer dans un premier temps sur :
57
Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA
> des chercheurs compétents en communication forment des femmes qui seront ensuite des
formatrices ;
> ou une femme ayant des compétences fortes et reconnues localement (à l'échelle d'un quartier par exemple) sur un thème technique (le roulage du fonio ou le thiere par exemple) qui
diffuserait son savoir-faire spécifique.
Ceci suppose que l'on sollicite ce type de spécialistes pour transmettre leur savoir- faire et
qu'on leur donne un statut, une reconnaissance économique, pour qu'elles acceptent de
jouer ce rôle nouveau de formatrice dans un cadre non familial, pour qu'elles acceptent
aussi de transmettre un savoir- faire qu'elles refusent à priori de diffuser par crainte des
concurrences à venir.
n
Objectifs de l’expérimentation envisagée
> définir un dispositif institutionnel (niveau des quartiers) aux EPA,
> former des formatrices (ou médiatrices socio-techniques si l'on reprend une terminologie
sociologique),
> créer des emplois, promouvoir des activités économiques au travers de ces formations et
permettre aux « apprenties » de commercialiser leurs produits le plus rapidement possible,
pendant ou juste après leur apprentissage,
> susciter et appuyer des formes d'action collective (organisations socio-professionnelles,
syndicats professionnels, centrales d'achat ou de vente,...),
> identifier et répondre à des demandes de formation énoncées dans les quartiers.
L'un des objectifs originaux est le fait de produire en même temps que l'on apprend : apprentissage -------- essais dans le ménage --------- commercialisation.
Il est aussi très important et c'est ce qui fera la spécificité des EPA, de s'appuyer sur des demandes locales en formations. Ainsi par exemple, à Rufisque, les transformatrices de poissons
ont sollicité le programme AVAL pour des formations permettant d'améliorer leurs techniques
et d'avoir des connaissances en gestion.
Ces objectifs supposent qu'on ne prévoit pas de programme de formation, celui-ci serait construit avant tout à partir des demandes locales. On évite ainsi le système bien connu des "formations verticales" et on favorise au maximum les échanges, dans une organisation à compétences plurielles, mobilisées quand les besoins en sont exprimés.
n
Cadre et outils conceptuels
Ils pourraient être centrés sur deux axes :
> Interactions entre formes de connaissance et formes de reconnaissance ;
> Interactions entre connaissances et actio ns.
Ces outils conceptuels vont se traduire en pratique. Par exemple, pour le premier point, on
s'interroge forcément sur les modes d'évaluation des connaissances acquises et des formations données. Va-t-on constituer des jury ? Et si l'on constitue des ju ry, qui en fera partie ?
Qui va évaluer les capacités des formatrices ? Va-t-on promouvoir des formes d'auto - évaluation par comparaison des différents produits obtenus par les femmes ? Doit-on constituer des
commissions d'évaluation ?
58
Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA
Par ailleurs, qui dit évaluation, dit aussi forcément critères d'évaluation. Doit-on construire
des critères ad hoc ou doit-on laisser aux femmes le soin de les identifier et surtout de les formuler ?
On sait aussi que les critères des consommateurs pour juger de la qualité d'un produit ne sont
pas toujours les mêmes que ceux des restauratrices. Doit-on alors imaginer des jury comprenant des représentants de différents groupes stratégiques ?
Enfin, toute évaluation débouche forcément sur un classement et donc sur une reconnaissance. Quelle forme de reconnaissance mettre en place ? Le diplôme ou certificat a fait ses
preuves et montré ses limites en plusieurs occasions. La reconnaissance économique ou symbolique semble devoir être privilégiée. Etre membre d'un jury d'évaluation constitue déjà une
première forme (symbolique) de reconnaissance pour une femme restauratrice et formatrice.
Mais le choix de critères pertinents d'évaluation est important. On ne peut, à la réflexion, laisser les individus imposer leurs propres critères, le risque étant de ne plus en avoir du tout...Il
vaut mieux s'orienter vers un choix limité et négocié de critères formels, permettant pour les
uns d'évaluer les compétences acquises par les "apprenties", pour les autres de juger de l'efficacité de ces formations au sein d'EPA.
Si les EPA sont localisées par quartier, il sera déjà plus facile de trouver un consensus local
autour d'un certain nombre de critères d'évaluation acceptés par tous.
Le terme « d'école pratique » a été retenu car derrière ce mot "pratique" on pense forcément à
"savoir-faire pratique", cela renvoie donc à l'éducation informelle. Il est clair que l'une des
spécificités des EPA doit être de construire des formations à la demande, respectant donc les
temps d'occupation des femmes, n'imposant pas d'horaires mais modulant les temps de formation en fonction des contraintes des uns et des autres. En ce sens, les EPA doivent se différencier des centres d'alphabétisation fonctionnelles par exemple, qui imposent des programmes de
formation et des horaires. Le terme "pratique" renvoie justement à cette notion d'informel,
recoupant les préoccupations de la population. La notion renvoie aussi à un espace précis, le
quartier par exemple. Une école pratique est un lieu d'échange de proximité, le produit de
concertations locales (sur l'organigramme, sur l'emploi du temps, sur les contenus, les besoins,...).
n
Démarches
> Identification
Cette phase s'étendrait sur six mois :
• discuter avec les femmes sur ces formules de pédagogies alternatives, sur les objectifs
des EPA, sur leurs propres motivations, sur leurs possibilités de s'y impliquer et de
quelle manière,....
• choisir un ou des quartiers pour lancer et tester une EPA. Les quartiers de Rufisque,
Pikine, Guinaw Rail ont été déjà évoqués au cours de cette première réunion ;
• identifier des thèmes de formation répondant à des demandes ou à des besoins moins
explicites (mais que les études dans le cadre d'AVAL et d'ALISA ont permis parfois de
mettre en évidence),
• identifier des compétences locales pouvant répondre aux demandes formulées (femmes
qui font déjà de la transformation agroalimentaire organisées en groupements par
exemple, femmes qui ont bénéficié d'appuis, de formations antérieures, ...),
59
Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA
• identifier des institutions locales susceptibles d'être partenaires (direction de la Pêche à
Rufisque sur des thèmes de formation liés à la transformation du poisson par exemple,
programmes de développement locaux, de quartier,...). Les liens institutionnels doivent
être construits car les EPA ne doivent pas apparaître comme des structures concurrentes
ou opposées aux structures de développement ou de formation locales déjà sur place,
elles doivent au contraire se présenter comme structures complémentaires offrant un
service : la formation pratique et ponctuelle.
> Mise en place :
Il s'agira ici de démarrer une ou deux EPA dans des quartiers différents, avec formations puis
évaluations des formations. Ce test pourra s'étaler sur deux ans.
> Pérennisation :
Il s'agira ensuite de diffuser l'expérience si elle s'avère positive, avec les corrections nécessaires suscitées par les évaluations locales. La diffusion concernera alors d'autres quartiers urbains de Dakar et pourra aussi être envisagée en milieu rural.
n
Outils et méthodes
Propositions diverses :
Les expériences AVAL avaient des aspects positifs sur le thème "échange et transmission de
savoir -faire". On peut donc s'appuyer ici sur les synthèses de réflexion du programme AVAL.
Concernant le secteur du marketing et de la commercialisation, il existe aussi des méthodes,
des notions pertinentes qui trouvent des échos dans des processus appliqués : cf. notion de
marché de proximité.
Les outils audio -visuels seront bienvenus pour : sensibiliser, transmettre, communiquer,... Ils
font partie de ce que l'on a longtemps nommé "pé dagogie active".
Les outils de pérennisation des EPA quant à eux seront essentiellement des outils d'organisation, des formes de coordination formelles entre divers partenaires (mairies, ONG, ...), et des
outils de financement des formatrices et des formations qu'il reste à concevoir....
6.6 Compte rendu d’entretien avec Enda graf
Rencontre à Enda Graf – le 12 octobre 2004 avec Khanata Sokona
n
Liens avec le CRETEF
Lors d’une formation des femmes transformatrices à l’ITA, Enda graf a proposé au CRETEF
de faire venir une de leur formatrice pour qu’elle participe à la formation (objectif de formation de formateurs).
Pour Kanata Sokona , les femmes formées au CRETEF ont d’importantes difficultés pour développer une activité professionnelle. Elles maîtrisent générale ment la technique mais sont sur
des filières qui n’offrent que peu de débouchés, principalement car les produits proposés ne
correspondent pas aux attentes des consommateurs (exemple de la broderie). Les formations
CRETEF qui sont pourtant d’une durée de deux ans dans la broderie sont insuffisantes pour
que les femmes soient opérationnelles à la sortie de formation, elles sont fréquemment amenées à faire un stage supplémentaire chez des couturières. D’une manière plus générale, les
formations assurées par le CRETEF semblent déconnectées des réalités du marché de l’emploi
et des attentes des consommateurs.
60
Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA
Les CRETEF devraient réaliser un important travail d’identification des demandes et modifier
leurs formations en fonction des résultats obtenus. De plus il semble qu’ils ne réalisent aucune
évaluation de leur formation.
La seule formation proposée par le CRETEF dans l’artisanat alimentaire concerne « la restauration ». Les enseignements portent sur la préparation de gâteaux, d’entrées mais également
comme nt bien ranger une cuisine (mais aussi sur la transformation de produits alimentaires)…
avec des cours pratiqués en langue nationale. La formation semble peu adaptée aux réalités
« du contexte réel ». Cette formation gagnerait à être plus réaliste et à s’intéresser d’avantage
aux attentes des consommateurs, en insistant sur la préparation de mets locaux et en essayant
d’améliorer les pratiques de préparation (améliorer la qualité des produits). Au final, les filles
formées par les CRETEF sont nombreuses ma is ne sont pas mises en situation de valoriser
leur apprentissage, ayant peu de flexibilité et de capacité d’adaptation.
n
Enjeux des certifications
Les savoir -faire sont très importants dans les activités de transformation agro alimentaire.
Pour éventuellement pouvoir définir des contenus de compétences à acquérir, il faudrait au
préalable être capable de dégager des outils pour mesurer les savoir-faire des transformatrices
(par exemple pour arriver à une classification de type, niveau 1, 2 etc). Une équivalence de ses
compétences au niveau formation conventionnelle pourrait par la suite être envisagée.
n
Enjeux de l’alphabétisation
Le problème des formations en alphabétisation est qu’il faut prévoir un mode d’utilisation
concret des compétences acquises à l’issu de la formation. Il est alors important de faire de
l’alphabétisation à partir de ce que la femme maîtrise (son métier). La pédagogie à mobiliser
est de partir de leur savoir-faire. Les formations sont souvent trop loin des réalités des femmes
et perdent en efficacité. Par exemple, les formations dispensées par l’ITA se font en français.
Enda graf a donc sélectionné des femmes qui parlaient français pour qu’elles participent à une
formation à l’ITA mais ces femmes maîtrisaient peu le métier de transformatrice. Finalement,
Enda graf a insisté pour que la formation se fasse en wolof et des femmes maîtrisant le métier
ont pu y assister. Pour Khanata Sokona, l’alphabétisation en wolof est suffisante pour ce type
de métier et il est très difficile d’envisager une alphabétisation en français.
S’il est nécessaire que les femmes transformatrices soient alphabétisées, il faut que cela se
fasse dans la langue qu’elle maîtrise et avec une pédagogie d’approche autour de leur métier.
Il est ainsi beaucoup plus facile d’alphabétiser en wolof, et finalement le français ne sera que
peu utilisé. De l’ordre de 70 % des hommes que l’on considère comme analphabètes doivent
en fait savoir lire et écrire en arabe (du fait de leur apprentissage dans les écoles coraniques).
Pour quoi ne pas poursuivre leur alphabétisation en langue arabe ?
En résumé, les enjeux de l’EQJA / artisanat alimentaire sont :
- D’être en mesure de mesurer les compétences des femmes transformatrices.
- De travailler sur l’inadéquation entre l’offre des formations et les besoins des femmes.
- Réfléchir à la langue d’alphabétisation. On considère les gens comme analphabètes
lorsqu’ils ne savent ni lire ni écrire le français alors qu’ils possèdent d’autres.
61
Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA
7.
Compte rendu d’entretien avec ITA
Rencontre à Dakar le 14 octobre 2004 avec M. Amadou POUYE, Responsable des formations
ITA, Tel : 859 07 07 – www.ita.sn
L’ITA (Institut de technologie alimentaire) est un centre de recherche sur les technologies
alimentaires financé par l’Etat sénégalais, qui réalise également des prestations de service,
dont des formations techniques de courte durée en transformation alimentaire.
7.1 Descriptif rapide des projets et actions de formation
Les formations assurées par l’ITA (Institut de technologie alimentaire) concernent l’ensemble
des filières de la transformation alimentaire.
Il s’agit de formations courtes (de une à trois semaines), organisées à partir des modules suivants :
-
Transformation et conservation des céréales et légumineuses – transformation primaire
-
Transformation et conservation des céréales et légumineuses – transformation secondaire (biscuits, gâteaux …)
-
Recettes de cuisine à partie des céréales locales
-
Transformation des fruits et légumes (boissons, fruits séchés…)
-
Module sur les produits halieutiques
-
Module sur le lait
-
Module sur la viande
Ces modules peuvent à la fois s’adresser à un public cherchant un perfectionnement, comme
une initiation. L’ITA réalise également des formations de formateurs, pour les groupements
(les membres for més à l’ITA pouvant démultiplier la formation au sein du groupement), mais
également pour l’ENFEFS avec des formations des maîtres et maîtresses. Les objectifs
d’acquisition de compétences sont que les formés soient en capacité de mettre en œuvre les
techniques de transformation enseignées lors des formations.
Ces formations sont également susceptibles de s’adresser à des individus de tous niveaux
d’éducation de base, et de tous les âges. Les formations peuvent ainsi se dérouler en langues
nationales, mais les supports de formation ne sont disponibles qu’en français (pas de traduction en langues nationales).
L’ITA propose ces formations depuis une dizaine d’années, et de l’ordre de 15 à 16 formations sont réalisées tous les ans (10 à 12 personnes par formation). Environ 150 personnes sont
ainsi formées chaque année depuis 10 ans.
7.2 Partenaires des formations
Les principaux partenaires actuels de ces formations sont le PROMER, l’ANCAR et ancie nnement Dyna entreprises. Les formations à l’ITA peuvent être financées par des projets mais
également par l’ONFP.
Le PROMER encadre des « opérateurs villageois » (micro entreprises rurales) et généralement
les formations se déroulent à Dakar (locaux de l’ITA). Le PROMER réalise un appel d’offre
pour la réalisation de chaque formation, qui est diffusé dans les journaux et en parallèle
62
Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA
l’information est transmise en direct à l’ITA. L’ITA a réalisé de 5 à 10 formations pour le
PROMER, sur la transformation des fruits et légumes et sur les produits halieutiques.
7.3 Objectifs des formations
Dans ses formations, l’ITA ne tient pas compte d’éventuels compléments en éducation de
base. Il est cependant beaucoup plus difficile de réaliser ces formations auprès d’analphabètes
en français, notamment car les supports de formation ne sont disponibles que dans cette la ngue. Si les formés ne sont pas non plus alphabétisés en langues nationales, ils ne seront pas en
mesure de prendre des notes. La qualité de l’apprentissage s’en trouve largement diminuée.
Les formations réalisées pour le compte du PROMER, auprès des entrepreneurs ruraux, sont
jugées beaucoup plus difficiles par l’ITA. Si ces formés sont compétents en terme de métiers,
ils sont très majoritairement analphabètes et ne parlent pas tous le Wolof (les formés doivent
donc se traduire entre eux les enseignements).
Le fait de ne pas réaliser de sélection à l’entrée peut être pénalisant, car il est jugé très difficile
de travailler avec des groupes hétérogènes comprenant à la fois des alphabétisés (eux-mêmes
de niveau très différents) et analphabètes. Au final, la formation est souvent nivelée par le bas.
L’ITA cherche à travailler avec des groupes de niveau, en discutant avec les financeurs des
formations de l’utilité de faire participer des individus de niveaux semblables pour plus
d’efficacité dans les apprentissages.
7.4 L’offre de formation
Les besoins e formation ont été évalués à partir d’une étude réalisée sur le secteur de la transformation alimentaire entre 1995 et 1997. Les modules de formation ont été construits à partir
de cette étude. Les modules sont cependant régulièrement réévalués, en fonction de retours
des formés (à la fin des formations, les formés doivent évaluer la qualité de la formation proposée par l’ITA) mais aussi des résultats des recherches sur la transformation menées par ailleurs par l’ITA.
A l’issu des formations, des attestations sont remises aux formés qui, pour certains d’entre
eux, ont exprimé le souhait d’obtenir un diplôme. Tous les formés obtiennent l’attestation
(sans évaluation des compétences acquises en fin de formation). De même pour les formations
de formateurs réalisées par l’ITA, les formés souhaiteraient pouvoir être certifiés comme formateur à l’issu de la formation. L’ITA mène une réflexion dans ce sens et compte se renseigner sur les modalités qui lui permettraient de délivrer une telle certification.
7.5 L’organisation et la gestion des formations
Les formations se déroulent généralement dans les locaux de l’ITA qui dispose à la fois de
grandes salles de réunion et d’ateliers pour l’apprentissage pratique.
Les journées de formation comprennent de 6 à 7H00 par journée, avec 2H00 de formation
théorique le matin et 4H00 de formation pratique (dans les ateliers) l’après-midi.
Mais les formations peuvent également se réaliser en dehors de l’ITA (notamment dans les
unités de transformation), ce qui permet aux formés de travailler sur leur matériel. Si un projet
sollicite l’ITA pour réaliser une formation, l’ITA joint à sa proposition financière une liste du
matériel à acquérir pour que l’unité de transformation puisse fonctionner correctement.
Dans tous les cas, un contrôle des présences est réalisé quotidiennement. L’ITA ne semble
rencontrer aucun problème d’assiduité aux formations proposées.
63
Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA
7.6 Les moyens financiers (coûts et prise en charge)
Dans le cas des formations réalisées pour le compte de Dyna entreprises, les formés cofinançaient les formations à hauteur de 10 %. Mais généralement les projets ou l’ONFP prennent en charge l’intégralité des frais de formation.
L’ITA a réalisé une formation financée par la coopération allemande (en lien avec la commune de Guediawaye) et une autre par la coopération française. Prochainement (fin novembre
2004), l’ITA doit réaliser des formations auprès des CRETEF et CETEF du Nord du pays. La
coopération luxembourgeoise, engagée dans un important soutient aux CRETEF (réhabilitation des centres, formation des formateurs), finance ces formations.
Si les formations se déroulent à Dakar, le coût de la formation est compris entre 75 000 et 85
000 F par personne et par module (de une à 3 semaines ouvrables par module 21). Les coûts
sont plus élevés quand les experts de l’ITA sont amenés à se déplacer dans les régions pour
assurer les formations. Dans ce cas, l’ITA facture au projet : les honoraires des experts ITA
concernés, les per diem et les transports 22.
Il semble manquer de bailleurs pour financer les formations de l’ITA, qui ne peuvent être pr ises en charge par la grande majorité des transformateurs. Cependant, les capacités de l’ITA à
réaliser plus de formations sont également limitées par les activités de recherche de l’institut.
L’ITA pourrait tout de même aller vers plus d’autonomie pour ses activités de formation (un
projet de construction d’un centre de formation est actuellement à l’étude qui
s’accompagnerait d’une gestion séparée des activités de formation).
Les financements de l’ITA proviennent de subventions de l’Etat, complétées par des projets de
recherche et des activités de prestations de services : formation, analyses en laboratoire,
conseil etc. Les recettes des activités de formation représentent environ un tiers des recettes
des prestations de service. Les formations rapportent à l’ITA entre 20 et 23 millions par an.
Sans les subventions de l’Etat, qui prend notamment en charge les salaires des formateurs, le
coût des formations proposées par l’ITA serait beaucoup plus élevé.
8.
Compte rendu d’entretien avec Sanoussi Diakhité
Rencontre le 13 octobre 2004 avec Sanoussi DIAKITE, Conseiller enseignement technique et
formation professionnelle auprès du Cabinet du Ministre délégué chargé de l’enseignement
technique et de la formation professionnelle (cabinet rattaché au Ministère de l’éducation)
8.1 Les formations formelles en agroalimentaire
Pour Sanoussi Diakité, l’ensemble des secteurs de l’agroalimentaire peuvent être représentés
dans les formations formelles ou non formelles.
En ce qui concerne les enseignements structurés dans des structures formelles, à sa connaissance les formations disponibles sont les suivantes :
21
22
Ecole d’hôtellerie – BEP où il y a un des éléments sur la restauration
D’autres sources d’information donnent ce chiffre pour des formations de l’ITA d’une semaine (5 jours)
Dernièrement, le PROMER a lancé un appel d’offre pour des formations en boulangerie et a sollicité l’ITA pour
3 formations de 10 jours dans les régions. La proposition financière de l’ITA était de l’ordre de 4 millions (honoraires des experts : un spécialiste sénior, deux techniciens et un chauffeur, PD et transport), alors que le budget PROMER disponible était de l’ordre de 2,5 millions.
64
Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA
-
BTS Diététique
-
BTS transformation agroalimentaire à l’institut St-Jeanne D’Arc (3ème promotion cette
année)
-
Formations ENFEFS
-
Formations CRETEF
Mais l’ensemble de ces formations ne délivrent pas des certifications formelle s. En effet, les
CRETEF ne délivrent pas de diplômes mais des attestations. Les CRETEF proposent également des formations pour les analphabètes ou les gens de faible niveau. Des discussions sont
en cours avec les CRETEF pour en faire des certifications for melles.
De même l’ITA propose des formations qualifiantes mais non diplomantes.
Il n’y a pas de brevet des techniciens dédié à la transformation de produits alimentaires.
Les niveaux de qualification ont été normés sur la base des références françaises :
-
Niveau CAP / BEP – niveau de base = niveau 5
-
Niveau brevet des techniciens – niveau intermédiaire (niveau BAC) = niveau 4
-
Niveau BTS – niveau supérieur = niveau 3
En dehors du BEP hôtellerie, il n’y a pas de BEP spécifiquement dédié à l’agroalimentaire. Un
projet de centre, en partenariat avec l’AFD (Agence française de développement), est actue llement en gestation mais qui concernerait l’industrie agroalimentaire (ciblera tout de même les
opérations de base, mais dans l’optique notamment de former des responsables de lignes de
production). La restitution de l’étude d’opportunité sur la création du centre aura lieu procha inement.
8.2 Un projet de CAP
Un projet de CAP en agroalimentaire est en cours de montage. Les CAP seraient spécialisés
sur certaines filières (par exemple restauration – hôtellerie etc). La réflexion est déjà bien
avancée selon Sanoussi Diakhité.
Pour les CAP proposés, des compétences précises à acquérir en fin de formation auront été
définies. Un premier travail a déjà eu lieu sur certaines filières pour formaliser ces compétences à acquérir. Un projet d’appui à un CETEF 23 de St-Louis, financé par la coopération
Luxembourgeoise, est en train de travailler sur ces questions. Le cabinet attend actuellement
les rapports du projet pour poursuivre ce travail. La démarche pour définir le contenu des formations sera une approche par les compétences à acquérir.
Le préalable pour participer à ces formations sera de savoir lire et écrire en français. Pour ceux
qui sont analphabètes en français, une étape préalable sera accessible avec des formations
d’alphabétisation en français en alternance, notamment auprès des CRETEF.
23
CRETEF : centre régional d’enseignement technique féminin
CETEF : centre d’enseignement technique féminin
Par exemple à Dakar, il y a un CRETEF (à Grand Yoff) dont dépendent 5 CETEF (Ouakam, Pikine, Thiaroye,
Médina et Rufisque)
65
Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA
8.3 Projet d’EQJA en cours
Une expérience est déjà en cours avec des « ECB articulées » (Ecole communautaire de base).
Les ECB proposent des formations en alphabétisation en français, mais également pour une
large palette de langues nationales, essentiellement à des jeunes. Le concept des OCB est de
proposer une formation équivalente au niveau élémentaire en 4 ans au-lieu des 6 ans nécessaires dans l’école formelle. Le principe est d’abord d’alphabétiser les formés dans leur langue
puis en français (être alphabétisé dans une langue nationale facilite grandement
l’apprentissage du français). A la fin de ces 4 ans, les formés peuvent passer le CEFE (Certif icat de fin d’études élémentaires), et soit s’orienter vers une 6ème, soit vers la formation professionnelle.
Le principe des OCB articulées est de relier ces formations en alphabétisation avec la formation professionnelle (« principe de la sor tie professionnelle »). Certaines OCB sont ainsi reliées avec des CRETEF, avec pour objectif de proposer une formation professionnelle pour
ceux qui ont suivi une formation en alphabétisation (pas seulement en français).
Selon Sanoussi Diakhité, la durée nécessaire pour être alphabétisé en français est difficile à
évaluer. Le temps prévu par le PAPES (6 mois, à raison de 2H par jour et de 3 jours par semaine) lui semble envisageable. Mais les formés auront un simple niveau de base en écriture,
lecture et calculs élémentaires…
Un autre projet est actuellement en cours : PAFNA (Projet d’appui à la formation professionnelle des néo-alphabétisés) à St-Louis. L’objectif de ce projet est de permettre aux néoalphabétisés d’aller vers des CAP dans les métiers de l’artisanat (dont l’agroalimentaire). Les
formations se déroulent en alternance avec un double objectif d’apprentissage : alphabétisation et métier. Les formés pourraient par la suite prétendre à l’entrée dans les CAP. Généralement les apprentis sont limités à leur apprentissage et ne peuvent pas évoluer. Augmenter la
formation qualifiante leur donnera des possibilités d’évolution professionnelle.
La participation des formés à ces projets est à priori gratuite (à l’exception parfois de droits
d’inscription, cas des CRETEF).
8.4 Vision plus large du secteur
Pour Sanoussi Diakhité, les certifications formelles devraient au maximum venir sanctionner
les formations informelles. Pour le cabinet (enseignement technique et formation professionnelle), l’EQJA est un moyen d’aller vers l’implantation de formations plus structurées dans
l’informel. L’éducation qualifiante est vue comme un apprentissage. Il est nécessaire qu’il n’y
ait pas que de la formation sur le tas dans l’agroalimentaire, mais aussi des compléments en
éducation qualifiante avec des compétences de vie courante. Il est ainsi indispensable que les
formations techniques s’accompagnent de programmes d’alphabétisation.
Selon lui, l’EQJA a pour objectif d’introduire de l’éducation pour tous dans la formation sur le
tas. « L’EQJA est une étape qui participe à créer les conditions pour que l’individu puisse
aspirer à des formations diplomantes ». L’EQJA n’est donc qu’un moyen (une étape nécessaire), le but étant les processus de qualification.
Son cabinet poursuit un objectif supplémentaire : que la formation sur le tas soit une étape ou
un processus de la formation formalisée (commencer par un CAP, puis on a la possibilité
d’aller vers un BEP, puis un BTS etc).
Ainsi ses attentes par rapport à l’étude en cours (UNESCO/ DPRE) est qu’elle participe à caractériser les pratiques de formation dans l’éducation informelle – comment fait-on pour donner de la qualification aux gens dans les projets ?
66
Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA
En fait, le cabinet a pour objectif de structurer la formation (normer les qualifications), notamment en artisanat alimentaire, tout en restant dans le non formel (qui permet plus de
proximité par rapport aux bénéficiaires…).
8.5 Transfert de compétences aux régions
La formation professionnelle est effectivement une compétence transférée aux régions mais
cela ne s’est pas encore traduit dans les faits. Il est encore difficile d’évaluer quelles en seront
les conséquences pratiques.
9.
Compte rendu d’entretien avec ONFP
Rencontre à Dakar le 14 octobre 2004 avec M Dominique Faye , Directe ur des études et projets de l’ONFP, Tel : 822 88 60
L’ONFP (Office national de formation professionnelle) est un établissement public à caractère
industriel et commercial (EPIC) et est opérationnel depuis 1988. Ses principales activités sont
la recherche et le financement de formation, parmi lesquelles les activités de transformation
alimentaire occupent une place importante depuis 2 ans.
9.1 Descriptif rapide des projets et actions de formation
L’ONFP reçoit des demandes de formation venant de tous les secteurs économiques. Les formations financées sont essentiellement fonction des demandes. L’ONFP finance à la fois des
formations techniques et des formations de formateurs.
Les formations financées dans les activités de transformation alimentaire existent surtout depuis deux ans. Le choix des structures pouvant assurer les formations se fait selon l’offre existante dans les régions. Les CRETEF sont régulièrement mobilisés, des ONG ou associations
(FEPRODES à St-Louis – Femmes productrices de la vallée du fleuve Sénégal) mais également des formatrices individuelles. Des organisations professionnelles pourraient également
assurer ses formations mais cela est peu le cas dans la pratique.
Le contenu des formations est adaptée à la demande de formation à financer qui arrive à
l’ONFP. Sur la base de cette demande, l’ONFP contacte une structure susceptible d’assurer la
formation et leur demande de proposer un contenu de formation. L’ONFP vérifie par la suite
que cette proposition est bien conforme aux besoins exprimés par les demandeurs de la formation. La définition des programmes de compétence à acquérir est donc de la responsabilité des
formateurs, sous le contrôle de l’ONFP.
Les formations sont réalisées depuis 2002 dans le secteur de la transformation alimentaire. Sur
ces deux années, environ 2 000 personnes ont suivi une formation financée par l’ONFP, dont
environ 1 600 sont des « promoteurs » et 400 des formateurs. Si les formations de « promoteurs » sont pour une large part assurées par les CRETEF, les formations de formateurs (surtout pour des perfectionnements) sont essentiellement assurées par l’ITA (Institut de technologie alimentaire).
9.2 Objectifs des formations
Le public des formations est très variable. Il peut être composé de personnes exerçant déjà des
métiers de la transformation comme des débutants. Les formations concernent également tous
les âges.
67
Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA
L’ONFP reçoit également de nombreuses demandes et réalise de nombreuses formations en
alphabétisation. Mais ces formations sont totalement séparées des formations techniques. En
revanche, l’alphabétisation fonctionnelle est privilégiée (la formation en alphabétisation
s’appuie sur le métier des formés pour l’apprentissage des langues). Ces formations concernent fréquemment des individus en activité. Les demandes portent le plus souvent sur
l’alphabétisation en langues nationales. Le plus souvent les demandes d’alphabétisation en
français émanent d’entreprises.
Si les compléments en alphabétisation apportent un plus indéniable aux personnes en activité,
elle ne semblent pas indispensables.
L’ONFP finance également les formations GERME et CREE du BIT (notamment celles que le
PAPES propose aux groupements d’affaire qu’il accompagne). Or il est nécessaire d’être alphabétisé pour suivre ces formations. Le problè me de l’alphabétisation se pose effectivement
dans ce cadre.
9.3 L'offre de formation
Dans sa phase de lancement et d’implantation, l’ONFP a réalisé ou commandité plusieurs études portant sur les besoins en formation pour évaluer les plans de formation à proposer. Les
programmes de formation sont cependant réalisés par les formateurs choisis par l’ONFP, en
réponse à la demande de formation parvenue à l’ONFP.
Les formations financées par l’ONFP ne donnent pas lieu à des diplômes mais des attestations.
Généralement pour obtenir l’attestation, les formés doivent avoir suivi 75 à 80 % du temps de
formation. L’ONFP peut apparaître sur l’attestation remise aux formés, mais pas nécessairement.
Les diplômes relèvent d’une logique différente. Ils sont « le résultat d’ un cursus, d’un processus », contrairement à une attestation qui sanctionne « une période » donnée. Si on ne peut
nier qu’un diplôme aura une valeur supérieure auprès d’un employeur potentiel, au final les
chances des formés sur le marché de l’emploi « dépendent surtout de leur savoir-faire ».
9.4 L’organisation et la gestion des formations
Les formations d’alphabétisation en français financées par l’ONFP comprennent généralement
260 heures, réparties sur 3 à 4 mois 24. Les durées sont globalement équivalentes pour des formations d’alphabétisation en langues nationales.
9.5 Les moyens financiers (la prise en charge des coûts)
Dans le cadre des formations financées par l’ONFP s’adressant à des particuliers, il ne leur ai
généralement pas demandé de contribution (prise en charge à 100 % par l’ONFP). La structure
sollicitée par l’ONFP pour réaliser la formation propose, en même temps que le contenu de
formation, un budget prévisionnel. Pour les formations aux entrepr ises, l’ONFP ne finance
qu’un pourcentage du coût total de la formation (% très variable), le reste étant co-financé par
l’entreprise.
24
Selon l’ONFP, cette durée de 260 heures nécessaire pour l’alphabétisation est également celle donnée par
l’UNESCO
68
Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA
Les formations de formateurs assurées par l’ITA coûtent un maximum de 80 000 F par personne, en général pour une dizaine de jours. Les formations regroupent en général une dizaine
de personne et reviennent à environ 700 000 F plus le transport à l’ONFP.
Les formations en alphabétisation (français ou langues nationales), généralement de 260 heures sur 3-4 mois, coûtent à l’ONFP de l’ordre d’un million pour une vingtaine de personnes.
Un autre fonds d’Etat est également présent sur le créneau du financement de formations professionnelles : le FONDEF (Fonds de développement de l’enseignement technique et de la
formation professionnelle) 25. Le FONDEF est présenté comme un outil de régulation du marché de la formation professionnelle continue. Ses objectifs sont de financer des formations en
adéquation avec la demande du secteur privé ; de participer à la réforme du secteur de l’ETFP.
Les formateurs désirant réaliser des formations financées par le FONDEF doivent renseigner
un dossier visant à obtenir un agrément du FONDEF (15 000 F de frais pour retirer le dossier).
Ce fonds ne semble pas encore en activité.
Les coopérations française (qui a déjà financé des formations) et luxembourgeoise (pour son
travail actuel d’appui auprès des CRETEF) sont également des bailleurs potentiels.
L’étude de la pérennité des formations n’est pas pour l’ONFP un critère de choix des formations à financer. Cependant l’ONFP évite de financer le même pr ogrammes sur plusieurs années de suite…
Le montant total par année des fonds mobilisables par l’ONFP pour le financement des formations est présenté comme très variable et ne pouvant être estimé. Les fonds proviennent des
contrib utions forfaitaires payées par les entreprises à l’Etat. Une fraction de ces sommes est
reversée à l’ONFP par l’Etat.
Mais les montants disponibles sont estimés comme très insuffisants par rapport aux demandes
de formation présentées à l’ONFP. Les besoins restent donc largement insatisfaits, notamment
dans le secteur de la transformation alimentaire où de nombreuses demandes n’ont pu être
prises en compte. L’ONFP compte en tout cas continuer à financer des formations dans ce
secteur dans les années à venir.
10. Compte rendu d’entretien avec Mm Diokh, restauratrice et
responsable d’OP
Rencontre à Dakar le 14 octobre 2004 avec M DIOR
Gérante du restaurant le point d’interrogation n°2 et organisation professionnelle AAPAS
Mme DIOR (DIALLO) est gérante du restaurant le point d’interrogation numéro 2 (Dakar –
Plateau). Elle est impliquée dans l’association APROVAL (association des professio nnels de
l’alimentation pour la valorisation des produits locaux) qui travaille exclusivement avec Enda
graf et également dans AAPAS, une organisation pr ofessionnelle similaire mise en place à la
suite du programme PPCL pour travailler avec d’autres partenaires. AAPAS réalise des réunions de formation / sensibilisation auprès des femmes transformatrices (surtout pour les
activités de petite restauration).
25
La personne ressource de ce fonds est apparemment Sanoussi Diakhite
69
Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA
10.1 Descriptif rapide des projets et actions de formation
Mme DIOR a participé au programme PPCL (Programme de promotion des céréales locales) Gret-Enda, et a notamment suivi des formations dans ce cadre. Un des objectifs d’AAPAS est
de dupliquer ses formations auprès des femmes transformatrices.
AAPAS regroupe 165 membres et travaille uniquement sur Dakar. L’association a été reconnue officiellement il y a deux ans.
Des formations sont réalisées par des membres d’AAPAS qui ont été elles-mêmes formées et
qui ont pour objectif de transmettre leur expertise. Mme DIOR a par exemple suivi une formation en hygiène à l’ENFEFS. Il ne s’agit cependant pas de formations formalisées mais de
réunions mensuelles de sensibilisation dans les quartiers de Dakar. Des ateliers de savoir faire
sont organisés, surtout autour du maïs. Les formations concernent les arts culinaires, l’hygiène
et la nutrition mais également l’entrepreunariat. Un des objectifs est d’améliorer la gestion et
la qualité des produits proposés dans les gargotes. Au minimum, une réunion mensuelle est
organisée dans les banlieues de Dakar (Pikine, Guediawaye, Ouakam etc – un quartier à tour
de rôle par mois). Généralement 25 femmes sont présentes à chaque réunion. Des préparations
de recettes à base de céréales locales et des dégustations sont réalisées. Des fiches supports ont
été réalisées (notamment des recettes de cuisine) mais existent uniquement en français.
Il n’y a pas d’attestation de formation remise aux personnes présentes (il s’agit plutôt de réunions de sensibilisation).
Par ailleurs, un apprenti est employé au restaurant le point d’interrogation. Malgré les nombreuses demandes, un seul apprenti peut travailler compte tenu de la taille du restaurant. Les
apprentis travaillent généralement durant deux années au restaurant. Une attestation leur est
remise à l’issu de l’apprentissage.
10.2 Publics formés
Les formations / sensibilisation proposées par l’AAPAS s’adressent à des jeune filles et aux
restauratrices, le plus souvent âgées de 25 à 35 ans, bien que les réunions soient ouvertes à
tous. Les cibles des formations / sensibilisations sont le plus souvent des groupements de
promotion féminine qui permettent de démultiplier les enseignements. Les besoins sont importants pour les activités de petite restauration dans les gargotes.
10.3 Objectifs des formations
Les objectifs des formations sont d’apprendre de nouveaux plats aux femmes présentes et de
les sensibiliser à la nutrition et à l’hygiène (les femmes transformatrices sont également des
consommatrices). Peu d’innovations sur les plats sont constatées dans les ménages, et un travail de sensibilisation à la base apparaît donc nécessaire.
AAPAS ne fait actuellement aucun lien entre ces formations / sensibilisation et des formations
en éducation de base / alphabétisation pour les femmes transformatrices. Les femmes formées
sont pourtant largement analphabètes et expriment fréquemment des demandes pour des formations en alphabétisation. Pour l’AAPAS, une alphabétisation en français est préférable,
notamment car toutes les recettes sont écrites dans cette langue. Il est jugé beaucoup plus difficile d’enseigner des recettes à des femmes analphabètes (notamment pour faire respecter le
mesures nécessaires). Les femmes travaillant dans les gargotes sont généralement organisées
en groupement familial (les gargotes sont souvent héritées au sein des familles) et il est nécessaire qu’au moins une d’entre elles soit alphabétisée pour tenir les comptes. Lors des réunions
de formation / sensibilisation, AAPAS demande à ce que la responsable de la gargote soit ac-
70
Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA
compagnée, de préférence d’une autre personne travaillant dans la gargote et alphabétisée. Il
est signalé qu’il est fréquent qu’une femme formée soit amenée à quitter la gargote (suite notamment à un mariage), il est donc souhaitable de faire assister deux personnes aux formations
pour éviter les pertes d’expériences. Même en cas de départ des gargotes, la formation est
jugée utile car elle permettra à la femme formée de réaliser des activités génératrices de revenus à partir de son ménage.
10.4 L'offre de formation
Le contenu des formations dispensées a été élaboré à partir des expériences de formation des
formatrices (Ecole hôtelière, ONG, programme PPCL etc).
10.5 L’organisation et la gestion des formations
Les formations sont organisées par les relais de l’AAPAS qui ont la charge d’emprunter des
locaux pour les réunions mensuelles. Les réunions peuvent se tenir dans des salles de classes,
des salles de réunion, des maisons et dans des cours.
10.6 Les moyens financiers (la prise en charge des coûts)
L’AAPAS cherche actuellement des financements pour développer ses activités de formation.
Le Ministère de l’entrepreunariat féminin a été contacté. L’offre de financement de l’ONFP
est apparemment peu connue des responsables d’AAPAS.
Des cotisations sont demandées aux participantes aux réunions de sensibilisation, comprises
entre 500 et 1 000 F par personne et par réunion. Les besoins pour ces types de formation sont
considérés comme importants (surtout à la rentrée des classes) mais l’offre d’AAPAS est limitée par un manque de moyens et un déficit d’organisation.
71
Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA
IV. CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS
1.
Principaux enseignements de l’étude
1.1 L’EQJA : un enjeu majeur pour le développement des activités de
transformation alimentaire
Les facilités d’entrée, la modicité du capital, la petite taille des unités sont reconnues comme
les principaux facteurs de dynamisme des activités de transformation alimentaire ; auquel il
faut ajouter le mode d’acquisition de la qualification technique, essentie llement par transmission de savoir -faire mère-fille. Cet apprentissage « sur le tas » apparaît peu coûteux et ouvert à
de nombreuses catégories de population, en particulier celles qui n’ont pas accès au système
de formation formel et aux emplois du secteur « moderne ». Ces constats expliquent nota mment qu’une grande majorité de femmes exercent dans le secteur et que ces activités soient
également accessibles aux jeunes (majoritairement les jeunes filles). Le développement des
activités de transformation alimentaire, en plus de contribuer à la sécurité alimentaire des urbains, contribue également à lutter contre la pauvreté de manière significative. Ce secteur est
en pleine croissance et pr opose des perspectives intéressantes en terme d’emplois.
Mais ces modes d’acquisition de compétences sont longs et comportent un risque de se cantonner aux métiers traditionnels et à des niveaux de qualifications modestes. Ils ne favoriseraient ni l’innovation, ni la maîtrise des compétences d’organisation et de gestion. Les études
de cas ont en effet montré le peu d’apprentissage formalisé proposé pour ces métiers, qui
s’explique au moins en partie par le manque de définition officielle des métiers du secteur.
L’éducation qualifiante pour les jeunes et les adultes est donc un levier stratégique des appuis
à mettre en œuvre pour les activités de transformation agroalimentaire à destination des populations insérées ou cherchant à s’insérer sur le marché du travail.
1.2 L’importance de lier formations techniques et alphabétisation fonctionnelle
Le secteur de la transformation des produits alimentaires se caractérise par le nombre important d’analphabètes travaillant à titre individuel ou dans les unités de transformation. Ce constat est à rapprocher du nombre élevé de femmes exerçant dans l’activité.
Si l’accès aux savoirs de base (lire, écrire, compter) n’apparaît pas indispensable pour l’accès
aux savoir-faire techniques permettant d’exercer les métiers de la transformation alimentaire,
pour autant l’accès à ces savoirs de base est déterminant pour le développement et la diversif ication des savoir -faire. Des effets de seuil sont constatés dans la progression de la compétence. L’efficience d’une offre de formation technique peut nécessiter en préalable une étape
d’alphabétisation (ex PAPES- Formation GERME). Les études de cas ont également montré
que même les formations techniques réalisées en langues nationales n’avaient généralement
que des supports de formation rédigés en français, ce qui limite fortement l’efficience des
formations.
La maîtrise des savoirs «scolaires » sont jugés indispensables pour la maîtrise des savoirs
transversaux (gestion, commercialisation…) et au développement des savoir-faire techniques.
L’alphabétisation est donc à ce titre une clé de l’apprentissage et « un facteur de son dévelop-
72
Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA
pement et de son efficience » (Rapport sur les apprentissages en milieu urbain – MAE France
1999).
Le choix des langues d’alphabétisation est apparu lors des études de cas comme un enjeu du
développement de l’EQJA. L’alphabétisation en français semble généralement préférée par les
programmes d’appuis et les femmes transformatrices, qui peuvent également souhaiter être
alphabétisées dans leur « langue maternelle ». Le vocabulaire français est souvent déterminant
non seulement pour la dénomination courante des produits mais aussi pour la lecture des supports de formation, des manuels techniques, des recettes etc… Il convient donc d’étudier, selon les publics, les langues à choisir pour l’alphabétisation. On peut cepe ndant citer
l’expérience des Ecoles communautaires de base (ECB) qui proposent une alphabétisation
préalable en langue nationale avant d’alphabétiser en français. L’apprentissage du français se
trouve grandement facilité par l’alphabétisation préalable dans une langue nationale.
Les formations en alphabétisation fonctionnelle semblent de même à privilégier. Elles permettent d’être en prise directe avec la réalité quotidienne et professionnelle des formés.
1.3 Une offre de formation peu diversifiée et pas toujours adaptée
Il existe quelques formations diplômantes mais plutôt de haut niveau (BTS Sainte Jeanne
d’arc destiné davantage à des emplois dans l’industrie) ou axées uniquement sur le secteur de
la restauration-hôtellerie (CAP restauration – niveau entrée 4ème au Cretef). L’essentiel de
l’offre publique de formation (longue durée) est fournie par les CRETEF et CETF dont les
contenus de formation ont très peu évolué et dont les moyens sont limités. Si l’alphabétisation
est prise en compte dans la formation, le niveau au bout de 3 ans demeure faible (cf entretien
Cretef). L’ITA propose également des sessions de formations, surtout technologique (vocation
ITA = recherche technologique) qui n’abordent pas les questions de commercialisation des
produits, de gestion etc. Ces formations, parfois académiques ne sont pas toujours adaptées
aux petites entreprises et au contexte et moyens de production. Les acquis ne peuvent pas toujours être mis en œuvre.
On note l’existence de nombreuses formations courtes organisées ou réalisées par des pr ojets
et organismes d’appui (rarement intégrées dans un plan de formation et rarement considérées
comme une étape d’un cursus de formation). Ces formations visent pour l’essentiel à renforcer
les compétences techniques (formations financées par ONFP, via ITA et les CRETEF nota mment). Certains projets ont plutôt orienté leurs actions de formation sur la gestion (germe BIT
– Promer 26, Papes27) mais le faible niveau d’alphabétisation constitue un obstacle important
pour nombre d’artisans et petits entrepreneurs du secteur.
Les actions de formations menées par Enda graf et le Gret (plus de 1000 personnes formées)
ont également concerné la commercialisation et l’hygiène qualité, qui restent des thèmes de
formation peu courants. Un dispositif de dé multiplication des formations au sein des groupements a été expérimenté qui semble se poursuivre de façon autonome par des réunions de
formation / sensibilisation effectuées par les organisations professionnelles (et réalisées par
d’anciennes formées – ex AAPAS).
Les formations courtes, techniques, mobilisent le plus souvent des compétences « académiques » et parfois trop théoriques (ITA, consultants indépendants, BE) mais égale ment les Cretef (enda, Gret, ONFP) et plus rarement des artisanes/formatrices (Gret/enda).
26
27
Projet de promotion des microentreprises rurales/FIDA
projet d’appui aux petites entreprises du Sénégal – ONUDI – Coop. Autrichienne
73
Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA
On notera que la plupart de ces formations ne donnent lieu qu’à une attestation de formation
remise en général à tous les participants s’ils ont suivi au moins 75 % de la formation. Il n’y a
pas ou rarement d’objectifs précis d’acquisition de compétences et pas de contrôle en fin de
formation (taux de réussite de 90 % des inscrits en année 1 pour CRETEF).
1.4 Des contenus des formations rarement formulés avec les demandeurs
L’ONFP a constaté une demande croissante de financement de formations en agroalimentaire.
Il a financé en 2 ans la formation de 2 000 personnes (dont 400 formateurs). Cependant le
contenu de ces formations est surtout technique (procédés de transformation) et rarement en
lien direct avec les activités et les possibilités techniques, financières et humaines des petites
entreprises. Ainsi des groupements féminins demandent des formations mais n’ont pas ensuite
les moyens de démarrer effectivement l’activité ou n’ont pas acquis les compétences pour
orienter leur production vers le marchés et pour développer leurs ventes.
Ce constat est en partie lié à la demande des entrepreneurs et groupements qui formulent des
besoins de renforcement des compétences techniques sur les procédés, les produits. On peut se
poser la question si ces demandes ne sont pas orientées (inconsciemment) en fonction de
l’offre de formation connue par ces artisanes. Il faut également reconnaître que certains besoins identifiés par les organismes d’appui, comme la qualité, ne sont que rarement formulés
par les acteurs économiques.
Les organismes d’appui soulignent la nécessité de renforcer les capacités techniques mais
insistent également sur les compétences en gestion, commercialisation/marketing, avec des
difficultés à acquérir les compétences si les apprenants n’ont pas au moins le niveau
d’alphabétisation 1 (lire et écrire), difficultés confirmées par les organisations professionnelles
(APROVAL/ AAPAS, TRANSFULEG) d’autant que la plupart des supports sont en français.
Malgré ce constat, les formations courtes sont rarement articulées à l’alphabétisation ni à
l’éducation à la vie courante. La spécialisation de l’offre de formation mais également des
organismes d’appui est sans doute à l’origine de cette situation.
La jeunesse de ces organisations professionnelles et un certain isolement des acteurs du secteur expliquent la faible implication des OP dans les actions de formations et leur contenu
souvent défini par les organismes d’appui ou de financement.
1.5 Un public surtout d’adultes en activités
Hormis les CRETEF qui visent à former des jeunes filles, la plupart des formations
s’adressent à un public d’adultes déjà en activité. Peu de formations visent à faciliter
l’insertion professionnelle des jeunes.
Les modalités de transmission de savoir-faire mère-fille avec l’absence de statut d’apprentis
dans la plupart des filières peuvent expliquer l’absence d’offre de formation en direction du
public jeune.
1.6 Des modalités de financement très variables
Les coûts de formation au Cretef sur 3 ans comprennent 20 000 f d’inscription en première
années, 17 500 F en années 2 et 3, et des frais mensuels de 1500 F (soit un total d’environ 100
000 F).
Le coût de formations techniques est en général élevé (ITA, consultants, bureaux d’études). A
titre d’exemple une formation technique de l’ITA coûte de 80 000 à 100 000 F par personne.
Pour l’alphabétisation, le Papes a estimé le coût total à 25 000 F pour environ 180 H (ONFP
50 000 F pour 260 H).
74
Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA
Le PROMER ne demande aucune participation aux apprenants alors que le Papes demande
une contribution de 10 000 F/pers pour les formations techniques (type ITA). La prise en
charge du Papes varie selon les formations entre 90 et 75 %.
Les études de cas montrent donc que des cofinancements des formations pouvaient être demandés aux bénéficiaires. Ces cofinancements sont généralement de l’ordre de 10 à 20 % du
coût de la formation. Mais certains des projets étudiés ne demandent aucune participation aux
bénéficiaires. Il semble en effet que certaines formations techniques, nécessitant des compétences « pointues » de la part des formateurs, sont proposées à des coûts élevés (cas du PPCL
qui a fréquemment fait appels à des consultas ou bureaux d’études privés) pouvant difficilement être supportés par les bénéficiaires. Les publics cibles (transformatrices individuelles ou
micro entreprises) peuvent ne pas être en capacité de cofinancer 10 à 20 % du coût de la formation.
Les actions de formations organisées par Enda graf et le Gret sont en général prises en charge
à 100 %. Cependant les apprenants ont ensuite « l’obligation » de démultiplier la formation au
sein de leurs groupements et de réaliser des activités de sensibilisation avec un petit appui au
début et ensuite sur leurs fonds propres (ou en mobilisant la participation des femmes). Cette
démarche se rapproche d’une formation de formateurs mais sans certification des capacités.
Si la participation des bénéficiaires aux coûts de la formation est souvent encouragée, des
fonds de formation destinés à financer la partie des coûts que les bénéficiaires ne peuvent pas
prendre en charge, semble une nécessaire contrepartie publique de l’effort des bénéficiaires.
subvention de l’état, au même titre que l’enseignement technique classique. Seul l’ONFP, qui
finance certaines formations en transformation alimentaire (surtout depuis deux ans), semble
actuellement contribuer au financement de ces formations. Les offres de formations professionnelles et en complément de base émanant du secteur public et privé ne pourront pas être
accessibles aux transformatrices alime ntaires sans une part de subvention de l’état, au même
titre que l’enseignement technique classique (largement subventionné).
1.7 Quelques timides évolutions
Bien que l’alphabétisation n’avait pas été prévue dans le document de projet initial, le PROMEr a engagé d’importantes actions d’alphabétisation. Le PAPES, a retenu également de
consacrer une partie de ses moyens à l’alphabétisation dans la deuxième phase qui va démarrer.
Les CRETEF cherchent à faire évoluer leur offres de formation avec une collaboration avec
des ECB (écoles communautaires de base) articulées à la formation professionnelle (expérie nces avec Cretef Dakar), la création de CAP restauration (1ère promo en 2005, Luxembourgcretef Saint Louis) avec le souhait de développer d’autres formations diplômantes au sein des
CRETEF et CETF, notamment avec un projet de création d’un CAP en agroalimentaire (réflexion sur définition des compétences en cours avec coopération luxembourgeoise).
La plupart des projets et organismes d’appui ont formulé le souhait de combiner des acquis itions de compétences professionnelles et le renforcement éducation de base par
l’alphabétisation. Le plus souvent, les personnes interrogées se prononcent pour
l’alphabétisation fonctionnelle en la ngues nationales puis éventuellement en français. Selon
nous, l’alphabétisation et éducation vie courante sont importants. Cela permet d’envisager
plus facilement le développement de l’activité et offre une plus grande ouverture des opportunités d’emplois, de revenus (possibilités d’évolution) et de poursuite de formation
75
Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA
2.
Premières conclusions/recommandations
L’étude met en évidence la nécessité de préalables dans ce secteur de l’artisanat alimentaire.
2.1 Définition et reconnaissance des métiers de l’artisanat alimentaire
L’artisanat alimentaire reste encore mal connu et peu reconnu comme secteur d'activités productives. Le fait de le distinguer dans la comptabilité nationale plutôt que de l'intégrer dans les
activités agricoles secondaires ou dans le simple commerce et services, contribuerait à reconnaître son importance économique. Une telle distinction suppose de mieux identifier les activités et les métiers, de pouvoir les recenser, et de pouvoir estimer leurs contributions en terme
de revenus et de valeur ajoutée. L'enjeu d'une telle comptabilisation est à la fois de mieux faire
correspondre les comptes nationaux avec la réalité des activités économiques du pays et de
reconnaître l'importance et la légitimité de ce secteur dans les politiques d’éducation, de formation et de développement.
Dans le cadre d’une étude en cours pour le Ministère français des affaires étrangères28,une
esquisse de nomenclature a été élaborée. Elle pourrait servir de base pour préciser avec
l’administration et les OP les métiers de l’artisanat alimentaire (cf annexe 4).
2.2 Définition d’un référentiel de qualification et de formation par métier
A partir de la définition des métiers, il est nécessaire d’engager un travail d’élaboration d’un
référentiel de compétences et de formation. Ce travail mené avec les organisations professionnelles doit permettre de définir les compétences nécessaires à partir d’une analyse des activités. Ces compétences ne sont pas uniquement techniques mais renvoient également à
l’éducation de base (lire, écrire, compte mais également conditions de travail, hygiène, législation).
2.3 Réfléchir et expérimenter un système d’apprentissage reconnu
Dans le secteur agroalimentaire, il n’existe pas de véritable système d’apprentissage. Ainsi les
savoir -faire sont transmis de mère en fille. Les jeunes qui voudraient apprendre un de ces métiers auront des difficultés à le faire sans relation familiale dans le secteur d’activités. Pour
permettre aux jeunes d’acquérir plus vite les compétences nécessaires (tant professionnelles
qu’éducation de base) et faciliter l’accès à ces métiers, il est nécessaire de mettre en place un
système d’apprentissage qui combine formation pratique, formation théorique et éducation de
base. Les Cretef et Cetef pourraient être associées dans cette démarche en nouant des collaborations avec des organisation professionnelles.
Le système d’apprentissage doit être reconnu (certification) et prendre en compte la notion de
parcours professionnel (progression, passage dans éducation formelle – technique et professionnelle – développement de nouvelles offres – notamment CAP).
Les études de cas montrent que la participation des organisations professionnelles comme
interlocuteurs des actions de formation favorisent une prise en compte de la nécessité pour
l’organisation d’inclure cet aspect dans ses missions. En l’absence de moyens extérieurs, les
Op ont mobilisé leurs ressources propres pour réaliser des sessions de formations.
28
Artisanat alimentaire et lutte contre la Pauvreté en Afrique sub-saharienne (ALPA), Cécile Broutin/Gret, Nicolas Bircas/Cirad
76
Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA
2.4 Impliquer les collectivités locales et favoriser une concertation avec les
structures de formation et les organisations professionnelles
La formation est une compétence transférée aux régions même si dans les faits, cela reste peu
visible. La mise en place d’un cadre de concertation régional incluant les structures de formation ( centre, ONG, privés) et les organisations professionnelles permettrait d’identifier les
filières agroalimentaire à développer dans chaque région (notion de filières porteuses où il
existe des potentialités de développement) et de recenser les besoins de formations auxquels il
faut répondre par une offre de formation adaptée.
2.5 Définir et mettre en œuvre une phase pilote
La restitution de l’étude aux organisations professionnelles, aux services de l’état et aux acteurs de la formation dans le secteur permettrait d’identifier une ou deux organisations professionnelles intéressées à mettre en oeuvre un projet pilote dans une ou deux régions où les filières de ces organisations professionnelles semblent intéressantes à développer.
Celle-ci pourrait reprendre les éléments présentés ci-dessus :
n
Définition du référentiel de métier
n
Définition d’un référentiel de formation
n
Test d’un système d’apprentissage et de formation
Celui-ci rejoint en partie la proposition d’écoles pratiques (terme proposé dans le cadre du
programme AVAL : Cnearc, Cirad, Enda graf, gret) qui cependant n’incluait pas l’éducation
de base mais déjà proposait quelques pistes pour un système de formation alternatif.
Quelques points à approfondir :
> Mobilisation des centres de formation (enfefs, cretef) ou des opérateurs de formation spécialisés (ONG, BE,…) pour former des formateurs qui pourraient être des femmes artisanes motivées pour améliorer leurs savoir-faire, intéressées à former des jeunes et des adultes à faible coût.
Ces formations doivent toucher à la fois les aspects techniques (améliorations techniques,
nouveaux produits) et les autres qualifications nécessaires pour le métier (hygiène, gestion,
…) à partir du référentiel défini avec les OP.
Ceci suppose que cette qualification de formateur soit reconnue pour que ces femmes acceptent de jouer ce rôle nouveau de formatrice dans un cadre non familial, pour qu'elles acceptent
aussi de transmettre un savoir-faire qu'elles refusent a priori de diffuser par crainte des concurrences à venir. Il faudra donc préciser quelle type de reconnaissance et quels critères pour cela
(rôle des OP dans un premier temps ?).
Cette question de reconnaissance concerne aussi les jeunes et adultes qui seront formés par ces
formatrices. On a vu qu’actuellement il n’y a aucun système d’évaluation et de critères dans
les formations courtes. Tous les participants reçoivent une attestation, qui n’est en fait qu’une
attestation de participation à une formation et non une attestation d’acquisition de compétences.
> Réfléchir à la combinaison compétences professionnelles et éducation de base
L’idée est bien d’essayer de favoriser le renforcement des compétences de manière conjointes
et non successivement (comme le fait le PAFNA) pour d’une part réduire la durée de
l’apprentissage et d’autre part motiver les apprenants et répondre à leurs attentes. Les évaluations de programmes d’alphabétisation ont souvent mis en évidence une certaine frustration
77
Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA
des formés qui ne voyaient pas directement à quoi ces nouvelles compétences leur servaient et
réclamaient de pouvoir à l’issu de la formation avoir un métier ou des perspectives d’emplois.
Ceci suppose de discuter avec les OP et les acteurs dans le domaine pour étudier quelle offre
et quelle pédagogie de formation mettre en œuvre pour l’éducation de base. Les expériences
dans d’autres filières artisanales (Promécabile ou la FENAS, par exemple) pourraient aider à
préciser ces questions. Le Papes préconise de son côté le développement de compétences de
formation au sein des OP.
> Identification des demandes de formations (jeunes et adultes) et modalités de mise en œuvre
Il s’agit de préciser comment seront identifiées les demandes. Les OP sont-elles en mesure de
le faire ? comment identifier des demandes de jeunes non encore engagés dans l’activité ?
Le principe retenu serait de privilégier les formations dans les quartiers (« école sans mur »),
construites à la demande, respectant donc les temps d'occupation des femmes, n'imposant pas
d'horaires mais modulant les temps de formation en fonction des contraintes des uns et des
autres.
Une école pratique est un lieu d'échange de proximité, le pr oduit de concertations locales (sur
l'organigramme, sur l'emploi du temps, sur les contenus, les besoins,...). mais toutes les formations pourront-elles se faire sans un minimum d’infrastructures ?
78
Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA
BIBLIOGRAPHIE
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TDC,1196, -Etude sur la filière fruits et légumes, programme cadre II, composante III, sous
composante I "appui à la maîtrise des filières industrielles" 116p
UNESCO-DPRE, 2004, « L’EQJA au Sénégal : une urgente nécessité dans le cadre de
l’éducation pour tous », Rapport de séminaire international, Paris
79
Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA
CONT ACTS
n
Personnes ressources
> M. Sanoussi DIAKITE, Conseiller enseignement technique et formation professionnelle
auprès du cabinet du Ministre délégué chargé de l’enseignement technique et de la formation professionnelle (rattaché au Ministère de l’éducation) – 633 42 39
> Mme Khanata SOKONA, responsable de programme à Enda graf – 827 20 25 [email protected]
> Mme Diokh, gérante du restaurant le point d’interrogation N°2 (Dakar – Plateau) et présidente de l’association professionnelle AAPAS – 822 50 72
n
Contacts études de cas :
> CRETEF Grand Yoff – Dakar : Mme FALL – tel : 827 65 59
> PROMER : El Hadj Diallo, directeur et Hyacinthe Mbengue, directeur technique – Tel :
981 11 01 – [email protected] - SEGA DIALLO – agent de l’antenne PROMER à
KIDIRA (région de Tambacounda) - Tel : 657 37 78 - [email protected]
> PAPES : Malick Sy, directeur - Direction Générale APROSI (ex-SODIDA), Rue 14 plongée HLM x avenue Bourguiba - BP 4112/ 17551 – 864 09 07 – [email protected]
> ITA : M Amadou POUYE, responsable des formations – tel : 859 07 07 – www.ita.sn
> ONFP : M Dominique FAYE, directeur des études et projets – 822 88 60
> AAPAS : M Diokh, présidente – 822 50 72
80
Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA
Annexe 1 – Plan de travail
Organisation retenue pour la conduite de l’étude
Rubrique
Activités
Résultats attendus
durée
Période
Collecte et revue documentaire
Descriptif rapide du secteur :
Caractéristiques, filières,
organis ation
5 jours
20/09
24/09
Etape préparatoire
Collecte et exploitation
de données secondaires
Rencontre avec personnes –ressources 29
au
Typologie des types de formation
Etudes de cas
Etude de cas : Gret/enda
graf
Analyses des formations
et résultats
Description de l’expérience
2,5 jours 27 au 30/09 et
13/10
Etude de cas : ITA
Analyses des formations
et résultats
Description de l’expérience
2 jours
1 et 4 /10
Etude de cas : Cretef
Analyses des formations
et résultats
Description de l’expérience
2 jours
5-6/10
Etude de cas PAPES
Analyses des formations
et résultats
Description de l’expérience
2 jours
7-8/10
Etude de cas : Promer
Analyses des formations
et résultats
Description de l’expérience
2 jours
11au 13/10
Etude de cas : ONFP
Analyse des formations
financées et résultats
Description de l’expérience
1,5 jours 14 et 15/10
Etude de cas : AAPAS
Analyses des formations
et résultats
Description de l’expérience
1 jour
11/10
Rapport provisoire
4 jours
18/10
22/10
3 jours
Au plus tard
30 octobre
Analyse et rédaction des rapports
Rapport provisoire
Analyse des données et
recommandations
Rapport final
Analyse des remarques et Document final
rédaction du rapport final
81
au
Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA
Annexe 2 – Typologie des activités individuelles agroalimentaires à petite échelle
Nadia Bentaleb, Nicolas Bricas, Cécile Broutin, Fatou Ndoye, Khanata Sokona, Babacar Touré (étude ALPA)
Termes utilisés dans l'étude
Termes équivalents
Activités de subsistance
Micro entreprise
Activité Génératrice de ReveTrès Petite Entreprise (TPE)
nus (AGR)
Occupation
CONDITIONS D'ENTREE DANS L'ACTIVITE
Savoir-faire
Pas de savoir-faire technique
spécifique
Type d'équipement
Utilisable pour la cuisine fami- Utilisable pour la cuisine de
liale
grandes familles
Capital financier de démar- Mobilisable sur épargne personnelle et réseau de proximité
rage
CARACTERISTIQUES DE FONCTIONNEMENT
Local
Souvent à domicile, pas de local Souvent local spécialisé à doindépendant, ou sur lieu fixe micile ou sur un lieu fixe (mi(milieu rural)
lieu rural)
Employés
Pas d'employés
Auto-emploi + MO familiale ou
Auto-emploi
apprentis
Organisation des activités
Type de marché
Importance du revenu
Petite entreprise
Moyenne entreprise
Savoir-faire technique spécifique
Spécifique pour les activités de l'entreprise
Recours nécessaire à du crédit informel ou formel
Local indépendant
Patron + MO familiale + quel- Patron + personnel spécialisé +
ques employés permanents employés + MO temporaire
rémunérés + MO temporaire
Le responsable assure toutes les fonctions
Distinction des fonctions entre employés
Marché de proximité, vente
Marchés distants, niches de
directe aux clients
marchés, vente via distributeurs
Revenu d'appoint, de subsis- Revenus pouvant assurer les Revenus permettant des investissements dans l'entreprise.
tance
besoins d'une famille entière
82
Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA
Termes utilisés dans l'étude
STRATEGIE DE L'ACTIF
Métier
Activités de subsistance
Micro entreprise
Petite entreprise
Moyenne entreprise
Activité non reconnue par l'actif Activité reconnue par l'actif comme un métier
comme un métier
Stabilité
Activité temporaire
Activité stable, permanente mais qui peut n'être que saisonnière quand inféodée à disponibilité en
matière première périssable (ex. igname, fruits, régime de palme)
Statut social de l'activité
Pas de nom
Pas de nom d'entreprise affiché Nom de l'entreprise affiché sur le local et/ou sur les produits
Engagement du responsable Activité d'appoint, pas de sou- Volonté de s'investir dans l'en- Investissements matériels dans l'entreprise (local, équipement) et
dans l'activité
hait d'investir dans l'activité
treprise au moins en temps
immatériels (réseau)
Stratégie d'évolution
Peu de stratégie d'évolution
Stratégie de reproduction
Stratégie de crois sance par multiplication ou grossissement
Financement
Accès au micro-crédit décentralisé
Compte bancaire
Accès au crédit bancaire
Recherche de crédits
Appui-conseil
Rarement connecté
Souvent réactif
Recherche d'appuis et conseils
Capacité à payer l'appui et le
conseil
Organisations collectives
Associations de commune acti- Associations de commune acti- Parfois associations profession- Souvent associations profesvité à but le plus souvent social vités à but social et parfois nelles
sionnelles ou syndicats
(tontines)
économique
Statut juridique
Pas de statut juridique
Parfois enregistré au registre du Souvent enregistré au registre Enregistré
commerce
du commerce
Impôts et taxes
Taxes et patentes municipales si Taxes et patentes municipales si vente fixe + Impôt Sect. Informel Taxes et impôts
vente fixe (urbains)
s'il existe (ex. Burkina)
Déclarat° salariés et cotis°
Non
Rare
sociales
EXEMPLES
Productrice-vendeuse de bei- Fabricante-vendeuse de cous- Meunier ou décortiqueur en
gnets (< 10 kg/j) dans la rue
cous, Fabricante de poisson prestation de service
Productrice-vendeuse de glaces séché, Productrice-vendeuse de Atelier mécanisé et produits
en sachets à domicile
lait caillé à base de lait frais céréaliers secs en sachets
(savoir-faire important)
MPEA
ENTREPRISE
PME (Petite et Moyenne E.)
SECTEUR INFORMEL
SECTEUR
FORMEL
83
Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA
Annexe 3 - Présentation de quelques organisations socioprofessionnelles dans les filières agroalimentaires
Source : étude ALPA (Enda graf, Gret, Cirad), études PAPES, divers travaux Enda graf et du
Gret et sources documentaires
1.
n
TRANSFRULEG : Association Nationale des transformateurs de
fruits et légumes.
Création
24 janvier 1998 (AG constitutive - sous l’impulsion du PROCELOS/CILSS), association reconnue en 2001
n
Membres
40 structures membres (dont 30 sont des GIE) et plus de 1800 personnes. Tous les membres doivent déjà être formés en technique de transformation et de conservation des produits. Ils doivent en outre s’acquitter d’un droit d’adhésion de 2500 F CFA et une cotisation mensuelle de 1 000 F CFA.
n
Localisation des membres
Dakar, Kaolack, Pout, Keur Moussa, Ziguinchor.
n
Buts
> regrouper les opérateurs dans un cadre de concertation en vue du développement de la
filière ;
> Intercéder auprès des décideurs et des bailleurs (lobbying et défenses des intérêts des
membres) ;
> Améliorer les méthodes de travail.
n
Appui et Financement :
cela leur a permis de participer à des salons spécialisés, des foires, de faire des formations en
technique de transformations et de conservation, des voyages d’étude, des prospections, des
formations à l’ITA. Tout cela avec des partenaires comme :
– PAPES (appui à l’élaboration d'un Plan de Développement Stratégique )
– ENDA GRAF, GRET
– PROINVEST
– PAOA
– RELAIS PROCELOS
84
Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA
2.
n
FENAGIE PECHE : Fédération Nationale des GIE de pêche du
Sénégal.
Création
06 août 1990 à Joal par les pêcheurs, micro mareyeuses et transformatrices des produits
de la pêche.
n
Structuration
Les pêcheurs, micro mareyeuses des transformatrices s’organisent en GIE, appelé Unions de
base, qui se regroupent ensuite en Union locale. Les Unions locales se regroupent en Fédération Départementale puis Régionale et finalement en Fédération Nationale d’où FENAGIE
PECHE. 53 GIE composent à ce jour la fédération avec près de 25.000 me mbres.
La FENAGIE PECHE est membre du CNCR.
n
Localisation
Elle est présente dans plusieurs régions du Sénégal : Dakar, Thiès, Saint Louis, Kaolack, Fatick, Ziguinchor, Kolda, Louga.
n
Partenaires
Deux principaux partenaires ADPES et NOVIB
> ADPES (Association pour une Dynamique de Progrès Economique et Social) qui dès le
début leur à offert un siège et a financé certaines sessions de formation et de réflexion sur
les stratégies de développement. De même, elle leur a accordé une ligne de crédit.
> NOVIB -Hollande a financé à deux reprises des programmes qui lui sont soumis notamment en matières d’équipement formation et de mises en place de mutuelle d’épargne et de
crédit.
> Par ailleurs les Fonds Suisse et Belge ont accordé 100 millions pour un programme de
mutualisation.
Sept (7) mutuelles ont déjà été crées à Joal, Mbour , Saint Louis, Foundioune, Ndangane
Sambou, Missira, Rosso Sénégal,Ndionbotou. La Fédération se propose d’installer chaque
année 3 mutue lles grâce au fonds alloués par NOVIB. Les membres peuvent bénéficier de
crédit par l’intermédiaire de l’Union Locale. Depuis 1999 la mutuelle de Mbour a distribué
près de 133 millions.
n
Acquis –Réalisation
Son adhésion au CNCR (Conseil National de Concertation et de Coopération des Ruraux)
a favorisé le développement de la fédération qui a bénéficié d’appui institutionnel
– Mise en place d’un système alternatif d’épargne –crédit
– Séminaire de formation sur le renforcement des capacités de gestion des organisations
(1997).
– Séminaire sur l’exploitation et la gestion durable des ressources halieutiques.
– Session de formation sur les techniques de transformation des produits halieutiques.
– Session de mise à niveau d’animateurs et animatrices relais
– Acquisition du centre de mareyage de Rufisque.
– Quelques équipements et infrastructures : fours, claies, bacs, caisses isothermes, moteurs et pièces détachées pour les pirogues.
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Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA
3.
n
FENATRAPROMER : Fédération Nationale des Transformateurs de
Produits de la Mer
Création
Elle a été créée le 13 mars 1999 (sous l’impulsion du PROCELOS/CILSS)
n
Composition
Elle est composée d’hommes et de femmes pêcheurs et mareyeurs à travers 10 fédérations
nationales, 30 fédérations départementales, 90 fédérations d’arrondissement. La Fédération
compterait ainsi plus de 3 500 GIE de mareyeurs, transformateurs et pêcheurs.
n
Objectifs
> fournir des produits de meilleure qualité, notamment pour l’exportation
> augmenter la production de la filière et faciliter l’introduction d’innovations
> aménager les sites de débarquement,
> améliorer l’approvisionnement du marché intérie ur
> aider les femmes à se doter de moyens de production (équipements), de commercialisation, de stockage
> appuyer la formation des groupements en gestion
4.
FENATRAMS : Fédération Nationale des Transformatrices Micro
Mareyeuses du Sénégal.
n
Création : 2001
n
Membres et organisation
Le nombre est estimé à 10.000. La structure est entièrement composée de femmes. Les réunions se déroulent tous les deux mois, alternativement dans toutes les régions. Il y a un bureau dans toutes les régions concernées. Chaque bureau est composé d’une présidente, d’une
vice président, d’une trésorière, d’une secrétaire, d’une commissaire au comptes, et d’une
chargée de l’organisation. Bien que le siège de la fédération se trouve à Dakar, la présidente
nationale réside à Mbour.
n
Localisation des membres
Dakar, Thiès, St Louis, Louga, Fatick, Kaolack, Ziguinchor, Tamba.
n
Partenaires
> Ministère de la pêche ( financement d’une formation axée sur l’hygiène et la qualité dans
les différents site
> Papes : formation en leadership des femmes transformatrices des produits de la pêche.
86
Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA
5.
Groupement des transformateurs de céréales
n
Création : 1993
n
Membres
Vingt cinq (25) petites unités de transformation des céréales locales des régions de Dakar,
Thiès, Diourbel ; Kaolack qui proposent des produits transformés en sachet (sankal et soungouf de mil, brisures de maïs, de niébé, arraw, thiacry et céré de mil et de maïs, farine infantile, …).
n
Objectifs
Le groupement affiche notamment sa volonté de contribuer à la revalorisation des produits
locaux, à appuyer la mise en œuvre d’actions collectives (approvisionnement).
n
6.
n
Partenaires
– PPCL
– PAPES
– PPEA
– IMS (Initiative Mil Sorgho)
– ROCAFREMI
APROVAL :Association des Professionnelles de l’Alimentation pour
la Valorisation des Produits Locaux.
Création
16 octobre 2000 par les femmes transformatrices des locaux, comme les céréales et fruits,
les restauratrices de rue, les vendeuses d’aliments à base de céréales.
n
Membres
L’association compte environ 1 000 femmes. Elles sont localisées dans le régions de Dakar et Thiès. A Dakar, les différentes localités concernées sont : Pikine , Yeumbeul,
Grand Yoff, Grand Dakar, Malika, Parcelles assainies, Grand Médine, Yoff, Ngor et Rufisque.
n
Activités
> réunions d’échange mensuelle.
> animations dans les quartiers
> visites d’échange d’expérie nces entre groupe.
> Collaboration entre les membres : si un membre a une grosse commande, elle reçoit le
soutien d’autres membres pour satisfaire la demande.
> formations, comme celle axée sur la qualité et l’hygiène, assurée par des animatrices de
l’association.
n
Partenaires
– PPCL (Enda graf, Gret) /UE
– Enda graf, Gret :appui technique et financier.
– CDL (Comité Local de Développement.)
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Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA
7.
Directoire national des femmes de l ’élevage (DINFEL)
n
Création : 1999
n
Membres
Structure faîtière regroupant 11 directoires régionaux des femmes en élevage (DIRFEL)
Le nombre de membres (productrices et transformatrices de lait) est estimé à 15 000.
n
Objectifs
> Permettre l’intégration des femmes éleveurs dans les processus de décision
> Améliorer les connaissances des artisans en matiè re de production de ressources animales
> Promouvoir les activités génératrices de revenu en zone rurale et développer l'emploi des
femmes dans le secteur de la transformation et de conservation et de la conservation des
produits d’origine animale
> Améliorer les conditions de conservation et de transformation du lait local ainsi que la
rentabilité des petites unités de production, de conservation des produits laitiers.
n
Activités
Très variable selon les régions (la plus dynamique est DIRFEL Dakar, dont la présidente est
également présidente de DINFEL).
n
Partenaires
Ministère de l’élevage
Dans les régions : Sodefitex, Fonds de l’emploi
8.
Fédération des éleveurs indépendants et transformateurs laitiers du
Sénégal (FEITLS)
n
Création : 1997
n
Membres
Personnes physiques et personnes morales (GIE, Coopératives, Associations informelles
d’éleveurs, de transformateurs de lait, de commerçants de lait ou de bétail).
Le nombre de membres a été estimé en 2001 à trois mille trois cent (3 300), avec 40% de
femmes, de vendeurs de lait reconstitué et de lait local des éleveurs et commerçants de bétail
(bovins, ovins, caprins), des importateurs de poudre de lait fournissant des services aux me mbres transformateurs.
n
Objectifs
> constituer une force de proposition et de représentation vis à vis des partenaires stratégiques (Etat, Bailleurs) dans le cadre des intérêts des membres ;
> fournir toute la gamme de service sur une base individuelle et collective et liés au développement de leurs activités ;
> promouvoir l’auto prise en charge des acteurs de la profession.
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Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA
n
Activités
Dans le cadre des activités majeures réalisées par la FEITLS, ont peut noter :
> la négociation entre l’Etat et la FEITLS sur la hausse du prix du lait en poudre (inspection
régionale de l’élevage) ;
> l’assistance des membres auprès des services d’hygiène ;
> la sensibilisation des acteurs sur l’hygiène des lieux de transformation et de vente ;
> la formation des formateurs de 31 opérateurs (trices) sur les techniques de caillage du lait
et la gestion des lieux de vente à l’ITA ;
> la participation aux foires ;
> l’organisation des journées d’orientation du 09 et 10 juillet 2003 ;
> l’élaboration d’un plan de développement stratégique ;
> la mise en place du GTT (Groupe Technique de Travail )et signature de conventions et
accords cadres avec les partenaires au développement membres du GTT.
> Définition d’un plan d’actions stratégique comprenant
–
–
–
–
–
La Société de Cautionnement Mutuel (SCM)
Les Centres de Groupage et d’Achat (CGA)
Les fermes pilotes
Les micro unités de transformation laitière
Le renforcement des capacités des membres
Le Groupe de Réflexion, d’Action, d’Information pour la Nutrition et les Echanges « Réseau
GRAINE » qui est constitué d’organisations socioprofessionnelles évoluant dans les domaines
de l’élevage, de l’agriculture, de la pêche et de l’artisanat a mis en place un Groupe Technique
de Travail (GTT) pour chaque filière avec l’appui technique du BIT/PACTE (partenariat pour
un Artisanat Compétitif par le Transfert et les Echanges) et du PAPES/ONUDI (Projet
d’Appui aux Petites Entreprises du Sénégal) de l’Organisation des Nations Unies pour le Développement Industriel.
Le GTT se préoccupe de toutes les questions relatives à la formation technique et technologique, à l’information, au financement et à l’élaboration de programmes conjoints et aux études
de projet. Il est composé du Comité d’Appui Technique du Réseau Graine, du bureau central
de la filière, des ministères techniques et des partenaires au développement impliqués dans la
réalisation des programmes. Le GTT est subdivisé en plusieurs commissions techniques à
savoir :
> la Commission Technique et Finance composée du CAT/ Graine, du PAPEL, de
l’AQUADEV, de l’AGERPOST, de la SONAC Assurance, du PACE, du Fonds National
d’Action à l’Emploi, du PROMER ;
> la Commission Technique et Production composée du CAT / Graine, de l’Institut de Technologie Alimentaire (ITA), de l’Institut Sénégalais de Recherche Agricole (ISRA), du Projet d’Appui aux Petites Entreprises du Sénégal (PAPES/ONUDI), de l’UNACOIS, de
l’UNCS, de l’ANCAR, du PROMER, du BIT/PACTE, du Projet Qualité de l’UEMOA ;
> la Commission Technique, Formation et Encadrement composée du CAT/Graine, du
PAPES/ONUDI, de l’ITA, de l’ISRA, du projet PAPA, du BIT/PACTE.
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Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA
9.
Fédération nationale des acteurs de la filière lait du Sénégal
(FENAFILS)
n
Création : décembre 2003
n
Membres
La FENAFILS est ouverte à toute personne physique ou morale agréée en qualité de producteur, de transformateur, de distributeur et de fournisseur d’intrants, d’acteurs dans la filière lait
et se compose de membres actifs et de membres d’honneur.
L’assemblée constitutive qui a eu lieu en décembre 2003 à Dahra a mis en place un bureau
directeur de 37 membres et un bureau de 9 membres.
Les membres actuels sont notamment les miniliaiteries des différentes régions du Sénégal
(Saint Louis, Tambacounda, Louga, Kolda) ainsi que des représentants des groupements
d’éleveurs issu de l’ union qui constituait le rayon laitier de Nestlé dans la zone du Ferlo
n
Objectifs
Elle s’est fixée comme objectifs :
> De promouvoir le développement durable de la filière lait en créant un cadre de concertation réunissant l’ensemble des acteurs de la filière et en organisant de façon rationnelle la
production, la transformation, le conditionnement, la commercialisation et la distribution ;
> d’unir ses membres et défendre leurs intérêts matériels et moraux ;
> de représenter les acteurs de la filière auprès de l’Etat, des partenaires au développement et
des institution financières ;
> de constituer un creuset dynamique de réflexions, de propositions et d’actions de sauvegarde de l’environnement et de l’hydraulique pastorale par l’effet de :
– développer des réflexes d’hygiène élémentaires chez les éleveurs fournisseurs et transformateurs
– garantir la santé des consommateurs des produits laitiers et dérivés
– développer et valoriser les opportunités d’affaires croissantes par la gestion de la fumure organique à usage multiple produite par le biais de la stabulation.
n
Partenaires
> Dyna-Entreprise
> PAOA
> Sodefitex
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Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA
Annexe 4 - Eléments de nomenclature des métiers
1.
ARTISANAT
1.1 Transformateur(trice)-vendeur(se) d'aliments à base d'amylacés ou
légumineuses
Définition : Activités de transformation commerciale d'aliments (sauf boissons) à base de riz,
mil, sorgho, maïs, fonio, teff, niébé, soja, pois divers, manioc, igna me, patate douce, taro, macabo, banane plantain, ensete, pomme de terre.
Exemples pour les céréales et légumineuses : transformation et vente de grains décortiqués
nettoyés (riz, mil, sorgho, fonio), de grains étuvés (riz, fonio), de farines et semoules ta misées,
de mélanges de farines, de couscous et autres produits roulés, précuits ou non, de beignets, de
pâtes fermentées plus ou moins liquides (mawé, akassa, ablo, akpan, gowé de maïs du Bénin,
etc.)
Exemples pour les racines et tubercules : transformation et vente du manioc ou de l'igname en
cossettes séchées, en farine de cossette (type foufou de manioc), en semoule (type gari de manioc), en granules (type attiéké de manioc), en pâte fermentée façonnée en "bâton" (type bibolo ou miondo au Cameroun, chikwangue ou kwanga au Congo et en RD Congo), de beignets,
de pâte pilée séchée, de chips frites.
1.2 Boulanger, biscuitier, pâtissier
1.3 Préparateur(trice)-vendeur(se) de boissons à base d'amylacés
Définition : Activités de préparation commerciale de boissons fermentées ou non, alcoolisées
ou non à base de riz, mil, sorgho, maïs, légumineuses (souchet), manioc, patate douce, taro,
macabo, banane plantain.
Exemples : productrice vendeuse de dolo de sorgho au Burkina, de chapalo de maïs au Bénin,
de bil bil au Tchad, de "bières" de manioc, banane au Rwanda, de orchata au Burkina.
1.4 Producteur(trice)-vendeur(se) de boissons et glaces à base de fruits, miel,
sève
Définition : Activités de préparation commerciale de boissons fermentées ou non, alcoolisées
ou non et de glaces et sorbets, à base de fruits, miel, sève.
Exemples : producteur(trice)-vendeur(se) de jus de fruits, d'hydromel ou de tejj, de vin de
palme, producteur(trice)-vendeur(se) de sorbets et glaces.
1.5 Apiculteur
1.6 Extracteur(trice) d'huiles et graisses végétales
Définition : Activités à but commercial d'extraction de matières grasses, raffinées ou non, à
partir de graines végétales ou de fruits
Exemple : Production d'huile de palme, de palmiste, de coco, d'arachide, de karité, de sésame,
de balanites, de safou, d'avocat.
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Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA
1.7 Producteur(trice)-vendeur(se) de légumes et condiments préparés
Définition : Activités à but commercial de transformation de tout produit végétal, agricole et
de cueillette, conduisant à la préparation de condiments alimentaires.
Exemples : Producteur(trice) de pâte de néré fermenté et salé (type soumbala ou nététou), de
pâte d'arachide, de pâte de djansang, de poudres condimentaires à base de graines, de feuilles,
d'achards et de pickle, de lamelles ou de poudre d'oignons ou de tomate séchées,
1.8 Transformateur(trice) de lait
Exemple : Production de lait caillé, de fromage, de yaourts, extraction de beurre.
1.9 Boucher
1.10 Transformateur(trice) de viandes et poissons
Exemple : producteur de lamelles de viande séchée, de viande boucanée, séchée, fumée, charcutie r, de poissons et mollusques salés et/ou fermentés et/ou pressés et/ou séchés et/ou fumés.
1.11 Restaurateur(trice)
Exemple : producteur(trice)-vendeur(se) fixe ou ambulant d'aliments préparés, généralement
cuit ou chaud, en quantité ou diversité suffisante pour constituer un repas et destinés à une
consommation en l'état, sur place ou non.
Exemple : tablier proposant un repas complet de petit déjeuner (tangana du Sénégal), gargote,
maquis, restaurant, rôtisserie, préparateur(trice)-vendeur(se) de brochettes.
2.
SERVICES
2.1 Meuniers et équivalents
Définition : Prestataires de service assurant la fragmentation de matières alimentaires contre
rémunération monétaire ou en gardant une partie de la matière transformée.
Exemples : prestataires fixes ou ambulants de services de décorticage du riz, du mil ou autres
céréales, de concassage, broyage ou mouture de grains et de cossettes, de râpage de manioc ou
autres racines et tubercules.
2.2 Presseurs et équivalents
Définition : Prestataires de service assurant l'extraction de matiè res alimentaires contre rémunération monétaire ou en gardant une partie de la matière extraite.
Exemples : prestataires fixes ou ambulants de services de pressage des huiles et des jus de
canne ou de fruits.
3.
COMMERCE
Ne doivent être ici comprises que les activités de simple vente n'incluant aucun opération de
transformation physique des produits : vente de produits entiers (exemple : fruits, poissons
frais) ou transformés par d'autres opérateurs.
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