L`Arbre au coeur de la campagne et de l`aménagement durable

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L`Arbre au coeur de la campagne et de l`aménagement durable
Diagnostic Environnemental et Paysager
Pays Portes de Gascogne – JUIN 2008
4 - L’ARBRE AU CŒUR DE LA CAMPAGNE ET DE
L’AMENAGEMENT RURAL
Introduction
Axes stratégiques opérationnels
Axes stratégiques transversaux
6 - Agriculture et aménagement rural
1 - Gouvernance et citoyenneté
7 - Commune et gestion durable des espaces collectifs
2 - Le Paysage au service de l’action territoriale
8 - Routes chemins et itinéraires
3 - Planification territoriale, urbanisme et maîtrise foncière
9 - Rivière, cours d’eau et ripisylves
4 - L’arbre au cœur de la campagne et de l’aménagement durable
10 - Patrimoine rural et architecture de Pays
5 - La ressource en eau
11 - Patrimoine naturel, milieux remarquables et espaces sensibles
12 La maison, aménagements, espaces et économie domestiques
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CONTEXTE
Depuis une cinquantaine d’années, la modernisation de l’agriculture et le développement urbain ont
largement transformé la perception et la présence de l’arbre dans nos territoires.
Autrefois intégrés dans le système de production agricole, l’entretien et la gestion des cours d’eau,
des voiries, dans l’économie communale et domestique, l’arbre était reconnu comme un élément
plurifonctionnel (Paysager, Protéger, Produire, les "3P") :
- un équipement (haies de clôture, ancrage des talus, etc.)
- une ressource (bois d’œuvre, de travail, de chauffe, et de fertilité, biomasse, fruits et autres
produits…)
- un prestataire de service environnemental et paysager : protection climatique, biologique et
mécanique des cultures, de la faune, de l’eau, du sol, des constructions.
Tous ces services pouvant être temporairement assurés par l’artificialisation des pratiques et la
substitution d’autres ressources – notamment le pétrole – l’arbre qui est fondamentalement
nécessaire à la viabilité de nos territoires, la pérennité de l’agriculture, et à l’équilibre biologique du
milieu – dont dépend entièrement l’existence même de notre espèce – est devenu le parent pauvre de
notre économie et de nos actions territoriales.
Ses contributions multiples et transversales, sa polyvalence et sa criante utilité font que l’arbre est
passé paradoxalement au second plan de nos préoccupations et de nos pratiques d’aménagement.
Utile partout, l’arbre n’est revendiqué par personne si ce n’est dans le cadre de l’exploitation
forestière. L’utilisation et la gestion des arbres, qui étaient la pratique banale et quotidienne des
agriculteurs, mais aussi de tout un chacun, se sont progressivement étiolées et ont laissé l’inculture et
la méconnaissance s’installer.
Les arbres domestiques, choyés et cultivés sont aujourd’hui ignorés, considérés comme une gène, ils
sont trop souvent maltraités, détruits, pourchassés. C’est ainsi que la trame arborée du Pays s’est
sensiblement desserrée, que de nombreux arbres, bosquets, haies et alignements ont disparu au fil
de l’agrandissement des parcelles et des remembrements qui prennent localement des proportions
inquiétantes. Le Miradouzin, le Pays de Gaure et certaines zones du Savès notamment ont été
fortement « désarbrées » et connaissent des problèmes environnementaux et donc économiques dont
on ne peut plus ignorer l’ampleur : stress hydriques, désertification des sols, érosion et coulées
de boue, appauvrissement du paysage, de la faune et de la biodiversité.
C’est ainsi que malgré une prise de conscience réelle, beaucoup de travail reste à accomplir en
termes de diffusion de la connaissance et de réalisations concrètes, de reconquête de l’arbre dans
l’espace et dans les esprits.
Bien que différents programmes de plantations de haies, d’agroforesterie, de reboisements
soient développés depuis une quinzaine d’années, bien que la Région et le Département
soutiennent fortement ces actions, un travail de longue haleine doit être initié, dans la durée, à
l’échelle temporelle que l’arbre et nos territoires nécessitent.
Axe de développement et de l’aménagement durables de nos territoires par l’excellence, l’arbre
souffre de sa transversalité : s’il n’est exclus d’aucune des directives politiques et démarches de
productivité et de qualité environnementale, il est ignoré en tant que véritable priorité ou
programmation dédiée. L’arbre forestier et sylvicole, qui jusque là bénéficiaient d’un certain
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développement, manque de moyen et « l’arbre hors forêt » qui n’a jamais été administré - puisque
directement géré par les agriculteurs et les propriétaires fonciers - ne bénéficie pas d’une réelle
légitimité et d’une dynamique suffisante, nécessaire à relever les enjeux du développement durable.
Dans le cadre de ce diagnostic, l’arbre sera évoqué dans chaque axe stratégique (agriculture, rivière,
collectivités, etc.) où des actions sectorielles pourraient être menées. Pour autant, il reste
indispensable et urgent de soutenir une politique de l’arbre localement, au niveau du Pays,
démontrant qu’avec des principes simples et des moyens limités, on peut s’en réapproprier la
connaissance et les techniques et mener dans la durée une reconquête de l‘arbre dans toute sa
diversité.
Aux niveaux départementaux et locaux certaines actions novatrices mises en place ou en cours
d’élaboration s’avèrent d’une grande utilité et font la preuve de leur intérêt économique ; elles méritent
de se reproduire ou de se généraliser :
- préverdissement de lotissements
- diagnostics arbres de routes et d’itinéraires
- diagnostic communal et diagnostic "embellissement durable" ; plan de gestion, de renouvellement
- diagnostic d’exploitation "agriculture durable"
- diagnostic et valorisation de chemins de randonnées
- programme expérimental et recherche-développement en agroforesterie dont deux placettes
pilotes à Mauvezin et à Noilhan
- mise en place du programme route-arbre-biodiversité sur les routes départementales
- programme de conseil aux communes, agriculteurs, particuliers.
ENJEUX
"une juste mesure entre forêt et désert, à toutes le échelles de territoire"
La problématique « arbre » repose sur quelques principes essentiels :
-
L’évolution et la présence d’arbres, l’arbrement d’un territoire, n’est pas une fatalité et doit être
décidé au niveau des politiques d’urbanisme et de planification foncière. Les élus et les
collectivités ont à ce titre une grande responsabilité, et peuvent par ailleurs montrer l’exemple
dans le cadre de l’aménagement et de la gestion de leur territoire.
-
Une bonne gestion de l’arbre repose sur une veille et des interventions qui doivent intégrer des
objectifs à la fois spatiaux et temporels de continuité :
Une répartition équilibrée dans l’ensemble des territoires, constituant une trame
homogène par laquelle la présence de l’arbre est la plus diffuse et la mieux
connectée possible.
Un étalement des actions de plantation, de préservation de la végétation spontanée, de
régénération ou d’entretien, visant à assurer un renouvellement continu de la trame
arborée, et la coexistence de plusieurs générations ou classes d’âge de manière
synchrone et permanente. La ressource « arbre » peut être inépuisable, si on veille à
son renouvellement.
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-
La diversité des compositions (formations végétales variées), des formes, des espèces
végétales (essences en association) de manière mesurée et adaptée à la diversité, la
complexité, les potentialités des situations écologiques, des terroirs et des différents usages de
l’arbre présents sur territoire. Absolument nécessaire, cette diversité révèle qu’il n’y a pas de
hiérarchie de valeur entre les espèces, pas d’ordinaire ou d’exceptionnel.
-
Le recours à l’arbre « de pays », c’est-à-dire aux essences naturellement présentes ou
adaptées aux conditions des terroirs, et de souche locale, donc reproduit à partir de géniteurs
locaux, ce qui est un gage d’acclimatation et d’épanouissement.
-
La connaissance de l’arbre doit être réappropriée par tout un chacun, et la sensibilisation et
l’éducation doivent être orientés vers tous : les jeunes, les agriculteurs, les élus, les
particuliers. L’arbre ne peut être qu’un objet réservé aux seuls spécialistes et chacun doit être
capable d’agir à son échelle.
L’arbre : une assurance pour la pérennité des territoires
Un agent général d’équilibre
Outre la production de bois et de produits sylvicoles, l’arbre est un enjeu planétaire dans la mesure
ou il influe et contribue grandement aux grands cycles biologiques et climatiques mondiaux :
-
Régulation et épuration de l’eau
-
Amortisseur climatique et accumulateur d’énergie
-
Modérateur des phénomènes de crise : sécheresse, inondation, tempête, excès thermiques,…
-
Gisement de biodiversité,
-
Améliorateur du sol et facteur de la santé et de la vitalité des terres et plantes cultivées
-
production de biomasse , de bois, et de bio-ressources diverses
Instrument d’harmonisation esthétique et qualité du cadre de vie
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Ces enjeux mondiaux ne peuvent que se répercuter à l’échelon local, car on ne peut consigner la
présence de l’arbre que dans des zones réservées qui ne sauraient compenser et équilibrer des
espaces totalement desarbrés et déforestés. D’où l’importance de se préoccuper localement des
arbres, chacun devant sa porte, sous peine de participer à un vaste phénomène de désertification
qu’attise, outre Pyrénées et en France méditerranéenne, le changement climatique. Car sur le plan
climatique et hydrique, la couverture arborée joue un rôle d’amortisseur considérable et plus
généralement, celui d’agent stabilisateur de nos territoires, fixant et modérant leur évolution
naturelle.
Dans toutes ces contributions, l’arbre dispose d’un double statut : il est à la fois une composante, un
élément constituant, mais aussi un générateur, un acteur pourvoyeur. La présence d’un arbre va
générer l’installation d’une flore et d’une faune considérable, mais lui-même fait partie de cette
diversité…
Autre exemple d’interdépendance et d’interférence dû à l’existence d’un arbre :
En un an, un arbre moyen produit de l’oxygène pour 4 personnes, mais en échange est capable de
fixer le carbone émis par une automobile pour faire 18 000 km.
DIAGNOSTIC
ARBRE ET TERRITOIRES
Comme toutes les trames représentées dans nos espaces, la trame arborée se décompose en trois
types de morphologie constituant des masses plus ou moins fournies :
- les points : arbre isolé ou bouquet individualisé
- les lignes : haies, bandes boisées, ripisylves
- les surfaces : boisements ou parcelles arborées de toutes dimensions
La présence de l’arbre dans la mosaïque (agraire) du territoire doit être représentée sous ces 3
aspects, de manière diffuse, équilibrée et connectée pour une bonne complémentarité dans
l’intégration des flux biophysique et dans l’organisation paysagère du territoire. La trame arborée
(homogène) contribue ainsi à enrichir une nécessaire hétérogénéité de l’espace et une
complexité souhaitable des milieux. Ici encore l’arbre peut revêtir un double statut :
- celui de « tâche » ou de morceau de la mosaïque à part entière
- celui de « liant » et de jonction entre les différentes parcelles lorsqu’il est agencé en linéaire. Il
joue alors un rôle de ciment entre les pièces de la mosaïque et de connexion entre les différents
milieux par les couloirs naturels (corridors) qu’il peut former : haies, ripisylves, etc.
Boisements et peuplement forestiers
La forêt gersoise est extrêmement morcelée, tant sur le plan de sa répartition spatiale qu’en termes du
nombre de propriétaires : 45 000 propriétaires pour environ 70000 ha. A l’origine forêt paysanne ou
s’intégrant à une gestion polycole de l’espace rural, la forêt qui était à 75 % détenue par des
agriculteurs il y a trente ans est aujourd’hui dans la main de non agriculteurs à 80 %. Cet éclatement
de la propriété, l’éloignement des propriétaires de leur patrimoine ne permet pas une valorisation
véritable du patrimoine forestier et l’organisation d’une filière performante. L’exploitation du bois est
essentiellement développée en Armagnac et au sud du département, mais en Lomagne et en Savès,
où le potentiel de production est moindre du fait d’une pluviométrie limitée, la valorisation du bois est
plus anecdotique. Ceci pose différents problèmes : la Lomagne qui a été localement très remembrée,
comme le Savès qui dispose d’un taux de boisement extrêmement faible (5 %), ne sont pas des
contrées d’un grand intérêt forestier. Pourtant les potentialités existent, notamment dans les plaines
alluviales où finalement les peupleraies se sont développées avec une certaine mesure.
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En Pays Portes de Gascogne, les boisements sont sans doute plus fragilisés que dans le reste du
département par :
- la pression urbaine
- la pression agricole, qui menace quelques bosquets
- la crise énergétique, qui participe indirectement à une gestion au coup par coup : coupes
intempestives pour la vente de bois de chauffage
- l’absence de gestion et de délaissement de boisements, certains propriétaires n’ayant pas
dans certains cas connaissance de leur patrimoine.
- la présence de peu de massifs d’envergure, représentatifs des potentialités offertes.
Depuis une trentaine d’années le CRPF tente de développer dans le Gers une politique de plantation
et de gestion du patrimoine forestier, en se heurtant au problème du morcellement foncier.
Jusqu’en 2005, la forêt privée bénéficiait d’aide à la plantation, aujourd’hui supprimée, et orientée en
partie vers les taillis à courte rotation, dont l’eucalyptus. Le développement de l’eucalyptus ne semble
pas menacer le département, car il s’agit bien d’une menace sur le plan environnemental en termes
d’épuisement des sols, de la biodiversité, du risque d’incendie.
Ainsi en deux années le volume de plantation est passé de 300 ha à 5 ha au niveau du département.
En termes de gestion durable des forêts, beaucoup de choses devraient être mises en place mais
les moyens disponibles sont nettement insuffisants pour sensibiliser et améliorer la situation :
- Certains massifs mériteraient d’être gérés de manière concertée entre propriétaire, par le biais
de Plan de Développement de massif ou de Plan de gestion concertée, ce qui demande un
travail amont d’animation considérable.
- Quelques propriétaires se sont engagés dans une demande de gestion durable par la mise en
œuvre d’un PSG (Plan Simple de Gestion) ou par la signature d’un CBPS : Code de Bonne
Pratique Sylvicole, mais ici encore, beaucoup reste à faire.
La forêt publique, domaniale ou communale, gérées par l’ONF, stagne : pas d’augmentation de
surfaces boisées, pas d’acquisition car pas de moyens. Le Développement s’oriente vers l’extension
de la gestion publique auprès des communes qui le demandent et sur des objectifs qualitatifs de
production.
Essentiellement tournée vers la production de bois, la forêt joue d’autres rôles environnementaux et
paysagers qui ne peuvent être remplis que par une gestion utilitaire du milieu. Certains boisements
identifiés comme ZNIEFF ou contenant des milieux remarquables méritent d’être gérées avec
précaution au regard des prestations improductives immatérielles qu’elles offrent. En règle générale,
les forêts restent relativement bien valorisées par d’autres activités : chasse, randonnée, découverte
(cf. Voiries et itinéraires, Patrimoines et milieux naturels,…)
Pour autant certaines améliorations peuvent être apportées : gestion des lisières, des clairières et
gestion des emprises sous les lignes de transport électrique qui peuvent être des espaces de
valorisation faunistique et cynégétique.
L’Arbre hors forêt
Par définition la dénomination « Arbre hors-forêt » désigne tous les arbres qui ne sont pas rassemblés
en massif et qui ne sont pas directement destinés à l’exploitation sylvicole. Ce qui représente une
grande diversité de situations spatiales, esthétiques et fonctionnelles : arbres des villes et arbres
des champs, arbre utilitaire ou arbre pauvre, arbre ordinaire ou arbre remarquable, arbre sauvage ou
arbre cultivé. Quelle que soit leur situation ou leur destination, ces arbres présentent les mêmes
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enjeux et les mêmes intérêts :
- ils sont à proximité de nous et participent à notre quotidien, ce qui devrait permettre
théoriquement de les gérer de manière rapprochée et optimale mais du fait de leur « banalité »
sont perdus de vue ;
- ils sont de fait une composante incontournable de nos espaces aménagés ou cultivés, et
devraient faire l’objet d’une valorisation intégrée
- ils sont directement accessibles, ce qui est un argument économique non négligeable, lorsqu’on
souhaite choisir et exploiter un arbre.
En terme de valorisation en bois, le marché de l’énergie et des matériaux a conduit à négliger voire à
abandonner l’exploitation de l’arbre hors forêt, alors qu’il est pour ces différentes raisons, un gisement
d’intérêt d’autant qu’il regroupe de nombreuses essences précieuses reconnues (fruitiers sauvages,
cèdre,…) ou temporairement délaissés (frêne, tilleul,…)
L’arbre hors forêt ne peut se résoudre à une simple politique de paysagement ou de décoration du
territoire, mais peut combiner, comme cela a toujours été : aménités environnementales,
contributions techniques, productions de bois et de biomasse, paysage diversifié et de qualité,
auquel il apporte une durabilité.
A ce titre, si l’arbre hors forêt est un matériau d’aménagement polyvalent et multiservices, que
nous retrouvons dans toutes les thématiques-actions du diagnostic, on doit agir auprès de quatre
catégories essentielles d’aménageurs gestionnaires :
- les agriculteurs
- les communes et intercommunalités
- les propriétaires particuliers
- les acteurs économiques
Ensembles, ils peuvent valoriser un patrimoine diversifié, à la fois traditionnel mais aussi moderne que
l’on retrouve dans différents types de configuration :
- les arbres isolés
- les alignements, près des routes, chemins, champs…
- les arbres fruitiers et les vergers domestiques ou communaux
- les arbres urbains : entrées de ville, places, mail, foirail, etc.
- les bouquets et bosquets
- les haies champêtres, à la ville comme à la campagne
- les ripisylves près des cours d’eau : alignements, haies, boisements
- les formations agroforestières : parcours semi-boisés d’élevage ou agro-sylviculture moderne
- les arbres cultivés : têtards, trognes, émondes qui ont une grande productivité et une forte
présence paysagère
- les arbres morts ou dépérissants, et arbre à cavités jouant un grand rôle dans l’équilibre des
chaines trophiques et la biodiversité en général.
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Gestion et Aménagement durables du territoire par l’arbre
Intervenir de manière durable et raisonnée sur l’arbre demande un certain nombre de connaissances
et d’expérience techniques. Si certaines réalisations demandent une maîtrise véritable du génie
végétal, voire une compétence en bio-ingéniérie, beaucoup de principes sont simples et
directement assimilables par les propriétaires.
Autrement dit un travail de sensibilisation et de formation suffit à rendre autonome la plupart, ce qui
est souhaitable, vue la nécessaire dispersion de l’arbre dans le territoire, et sachant que certains
travaux délicats doivent rester de la compétence de professionnels. Il est nécessaire de diffuser la
connaissance pour contrecarrer les phénomènes de mode et de marché qui sont généralement
préjudiciables sur le plan technique et esthétique :
- Généralisation des sapinettes ou des laurières en tour de maison
- Développement forestier basé sur la plantation monoculturale privilégiant certaines essences
(enrésinement, peupliers de culture,… jusqu’en 2000, et l’après tempête principalement)
- Matériel végétal mal conformé ou nécessitant des soins considérables et inutiles parce que les
plants sont trop développés.
- Choix des essences sur des critères esthétiques (plants horticoles) et non pas techniques
(inadaptation)
- Pratiques culturales et mise en œuvre des plantations sur-artificialisées : arrosage, engrais
- Mauvaises interventions dans la taille, l’entretien et la valorisation du patrimoine arboré.
Domaines d’intervention
Intervenant sur le domaine de l’arbre consiste à observer différentes opérations techniques :
- Renouveler l’existant, soit par régénérations des individus ou des formations végétales en
place soit par l’anticipation de leur remplacement.
- Valoriser la végétation spontanée, pionnière dans le cas de l’installation naturelle de
nouveaux végétaux, ou déjà établie, lorsqu’on laisse se développer les végétaux en place
(recrutement)
- Faciliter le développement de la végétation par des aménagements mixtes « semi spontanés »,
qui combinent la faculté d’autogénération naturelle et l’aménagement d’équipements qui la
favorise ou la complète ;
- Entretien des arbres et des haies
- Réhabilitation des arbres ou des haies délaissées
- Restauration des arbres ou des haies dégradées
- Plantation neuves d’arbres ou de haies
- Plantation neuves d’arbres développés
- Création d’arbres d’émondes ou de têtards (trognes)
- Entretien ou restauration de trognes
- Valorisation intégrée des produits de l’arbre : bois d’œuvre pour les billes, bois de chauffe
ou de travail pour les ramures, bois déchiqueté en plaquette-énergie ou en BRF pour les
perches et les rameaux.
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En termes d’ingénierie et d’organisation, différentes actions sont nécessaires à développer une
politique de l’arbre qui puisse à la fois gérer un patrimoine, créer de nouveaux aménagements et
anticiper sur l’avenir :
- Diagnostic « arbres et aménagements » pour les exploitations, communes, particuliers, etc.
- Diagnostic thématique : haies, arbres, ripisylves, voieries, chemins de randonnées, patrimoine
trognes, cimetières, bourgades, parcs arborés, allées plantées, etc.
- Plan de gestion ou de renouvellement
- Plan de préverdissement d’aménagements neufs
- Plan d’abattage, d’éclaircie ou de dépressage
- Accompagnement de chantiers de plantation, d’entretien, de réhabilitation et de restauration.
ARBRE EN PORTES DE GASCOGNE : "Une pression double, urbaine et agricole"
Bien que peu densément boisé, le territoire de Pays Portes de Gascogne détient un arbrement
considérable. Si statistiquement les surfaces en arbres de plus de 4 ha sont rares, l’arbre champêtre
reste omniprésent en Lomagne comme en Savès, à l’exception de quelques zones, localement très
prélevées. Ce constat est un encouragement à multiplier les actions de sensibilisation et à
accompagner les volontés de réalisation. Pour autant on ne peut que déplorer le désinvestissement
de la plupart des propriétaires et des gestionnaires pour le maintien et le renouvellement de ce
patrimoine.
L’arbre est directement confronté à la double pression urbaine et agricole exercée sur le territoire.
Si le Pays ne dispose pas d'un fort potentiel forestier, celui-ci est loin d'être négligeable, notamment
en matière d'arbre champêtre. Déjà parce qu’il dispose de sols corrects, mais aussi parce qu’il doit se
préoccuper, à son échelle des futurs besoins en arbres et en bois qu’il devra mobiliser. Dans le
domaine des arbres, cette réflexion s’opère en dizaines d’années, et c’est justement en quelques
dizaines d’années que notre contexte économique va fortement évoluer, sur des logiques de proximité
et d’approvisionnement en bois, notamment en bois « précieux » qui ne sont pas produits de
manière industrielle dans les grands pays exportateurs. Il est certain que les conditions économiques
actuelles soient bouleversées à moyen terme par le changement climatique, le coût de l’énergie et par
les pressions et urgences environnementales.
Un potentiel mésestimé
La valorisation de l’espace agricole par la production de céréales et d’oléoprotéagineux a éloigné
le monde agricole de l’arbre, et globalement le patrimoine arboré résiste mieux dans les
secteurs d’élevage et de fortes contraintes topographiques, ou perdurent des bocages, des
formations et des arbres remarquables. En zone céréalière, la situation n’est pas catastrophique mais
beaucoup d’ensembles dépérissent ou sont véritablement maltraités : haies dégradées, détériorées
par un entretien agressif, arbres mutilés ; quelques arbres « remarqués » sont conservés dans les
champs ou en bordure, parce qu’ils « forcent le respect » ou décourage la dent du broyeur ou de la
tronçonneuse. De nombreuses haies sont réduites à leur plus simple expression, de rangées d’arbres
à peine épargnées et beaucoup ne sont pas assez étoffées pour être considérées comme telles.
En ce qui concerne les collectivités, la gestion des espaces collectifs pèche par l’inconsidération
des contributions que l’arbre amène sur le plan technique : l’arbre joue de nombreux rôles sur les
abords routiers, maintient les talus, ombrage les circulations et les stationnements, agit sur les
mouvement d’eau, la biodiversité… Les personnels en charge des services techniques sont rarement
formés ou sensibilisés à ces aspects, et l’arbrement communal par exemple s’inscrit essentiellement
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dans une approche de fleurissement et non pas d’aménagement ou d’embellissement durables. Le
soin à porter aux entrées de ville et de villages est une thématique extrêmement sensible. Dans le
domaine de l’urbanisme opérationnel et des prescriptions paysagères, l’arbre est généralement
cantonné à un rôle de cache misère, d’élément de décor, ou de prétexte paysager, dans le meilleur
des cas, à l’effacement d’un aménagement trop intensif. Aucune recommandation pour la
conservation et l’utilisation de la végétation existante n’est généralement anticipée dans le cadre de
travaux neufs où la table rase reste de mise.
Les propriétaires particuliers ignorent bien souvent les enjeux liés à l’arbrement de leur
propriété et sont victimes d’un manque d’information et d’alerte flagrants : dépérissement des
parcs et des allées plantées des grandes demeures, pas de conseil avisés pour l’aménagement des
bords de maison, du jardin, des haies de clôtures ou se généralisent murets et « béton vert ».
Enfin, de manière générale, la préservation et le renouvellement d’arbres identitaires semble un
enjeu paysager prioritaire : arbres de pays, mais aussi pin parasols, chênes verts, cèdres, et cyprès
qui ont fait de la Gascogne et de sa partie orientale essentiellement, une « Toscane égarée ».
PROPOSITION D’UNE STRATEGIE D’ACTION
Comme cela a été évoqué, la place que l’on réservera à l’arbre dépend en premier lieu de la prise en
compte de formations arborées dans les documents d’urbanisme et dans chaque domaine
1
opérationnel .
Il s’agit de replacer l’arbre au centre des actions d’aménagement (outil et matériau d’équipement) et
de lui réattribuer les différentes fonctions qui lui reviennent sur nos territoires :
- reconsidérer la relation eau-sol-climat et arbre
- repositionner la relation biodiversité-agriculture-paysage
- recréer un réseau d’espaces non directement productifs, et en réserver une partie protégée et
« naturelle » à des fins d’observation des dynamiques végétales.
S’il est nécessaire que les collectivités puissent réglementer, protéger et agir dans la gestion de leur
patrimoine, elles ont la responsabilité de montrer l’exemple. A cet effet plusieurs actions sont
envisageables. Mais à enjeu collectif, réponse collective : il s’agit de mener une action transversale
auprès de l’ensemble de la population pour que l’arbre soit reconsidéré et géré de manière intégrée,
et qu’il ne soit pas relégué comme une affaire de lointains spécialistes. A cet effet des opérations de
foresterie urbaine ou communale sont à envisager avec urgence.
Il est souhaitable que le Pays puisse participer à initier diverses actions autour de l’arbre en fonction
du diagnostic réalisé précédemment :
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cf. Axes stratégiques
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Arbre en général et arbre hors forêt
-
Sensibiliser et éduquer tous les publics sur l’arbre de pays et donc de proximité : « Arbres à
nos Portes » :
Informer et former les élus.
Retisser les liens agriculture-arbre et forêt.
Eveiller et éduquer le public jeune interventions et chantiers pédagogiques.
Former les gestionnaires et opérateurs : agriculteurs, Cuma, agents…
-
Diagnostiquer finement le potentiel du territoire.
Développer le conseil rapproché et individualisé auprès des collectivités, particuliers,
agriculteurs, qui est un service existant et proposé par Arbre & Paysage 32 et le CRPF mais qui
n’est pas directement rémunéré.
Soutenir le diagnostic ou l’audit territorial (commune, exploitation, gestionnaires).
Informer et agir sur le patrimoine remarquable ou paysager.
Impulser ou prolonger des opérations pilotes : aménagements urbains, arbres têtards et
arbres à cavités, agroforesterie, valorisations BRF et bois.
-
Forêt en particulier
-
Baser la sylviculture et la foresterie sur le fonctionnement naturel des écosystèmes forestiers et
se départir des logiques du productivisme agricole actuel basé sur la monoculture.
-
Développer des actions exemplaires et significatives, sur l’ensemble du territoire pour
redynamiser l’exploitation forestière.
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VOLET : L’ARBRE AU CŒUR DE LA CAMPAGNE ET DE L’AMENAGEMENT RURAL
Diagnostic Environnemental et Paysager en Pays Portes de Gascogne - ARBRE & PAYSAGE 32 – CAUE 32 – JUIN 2008
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VOLET : L’ARBRE AU CŒUR DE LA CAMPAGNE ET DE L’AMENAGEMENT RURAL
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