Compte rendu de stage autour de " Présents " (pdf
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SAISON 2013-2014 LES ACTES DU STAGE T AU THÉÂTRE ! SEPTEMBRE 2013 PÔLE PUBLIC ET MÉDIATION Le Grand T est subventionné par le département de Loire-Atlantique avec le soutien de l'État – Préfet de la région Pays de la Loire – direction régionale des affaires culturelles, de la Ville de Nantes et du Conseil régional des Pays de la Loire. SIREN 526 978 | CODE APE 9004 Z | LICENCES SPECTACLES 1-142915 2-142916 3-142917 SOMMAIRE « T au Théâtre ! » - Accueil ...................................................................................... 3 Les nouvelles de la DAAC ....................................................................................... 4 L’esthétique du collage au service d’une petite forme ......................................... 7 La fabrique du désordre......................................................................................... 12 Autres pistes de travail pour approcher le spectacle Présents ......................... 16 L’après-spectacle : de l’émotion à l’analyse ........................................................ 18 Compte-rendu réalisé par le pôle public et médiation du Grand T, avec la collaboration de Lucie Lemarchand. 2 « T AU THÉÂTRE ! » ACCUEIL Avec Catherine Blondeau, directrice du Grand T Le Grand T, en tant que théâtre public, est engagé dans une démarche de promotion des Arts et de la Culture. Grâce au soutien de l’Éducation Nationale, de la Direction diocésaine de l’enseignement catholique, mais aussi du Conseil général, du Conseil régional, de la Ville de Nantes et de la DRAC, Le Grand T développe des missions de service public qui ont notamment pour objectif d’éduquer le jeune public, spectateur de demain. Si Le Grand T soutient fortement cet axe d’Éducation artistique et culturelle, c’est que Catherine Blondeau et son équipe sont convaincus de l’importance que les Arts, et notamment le théâtre, jouent dans la société et pour l’individu. Ils facilitent le contact, permettent aux enfants (et aux adultes) de grandir, de se confronter à toutes sortes d’émotions et donc au monde, et surtout de leur permettre de s’émerveiller. 3 LES NOUVELLES DE LA DAAC (DÉLÉGATION ACADÉMIQUE À L’ACTION CULTURELLE) Avec Catherine Le Moullec, coordonnatrice théâtre académique et du jumelage entre l’Éducation Nationale et Le Grand T Avec l’élargissement du programme « T au Théâtre ! » (anciennement « Collèges au Théâtre en Loire-Atlantique »), de nouveaux établissements ont désormais intégré le dispositif. Ainsi, de nombreux nouveaux enseignants sont associés aux formations du Grand T. Les journées de stage ont donc été multipliées : de trois jours elles passent à quatre, pour chaque session, pour préparer au mieux les professeurs aux expériences théâtrales. À l’échelle nationale, l’année 2013-14 est pleine de nouveautés. En plus des changements apportés par la réforme des rythmes scolaires, le parcours d’éducation artistique et culturelle a été impulsé par le ministère de l’Éducation Nationale (cf. circulaire de mai 2013 « Parcours d’Éducation artistique et culturelle de l’élève » - annexe 10). Ce dernier s’applique à tous les établissements, de la maternelle au lycée, et à tous les domaines artistiques. Il vise à mettre en cohérence enseignements et actions éducatives, tout en les reliant aux expériences personnelles. Il a pour ambition de permettre à tous les jeunes d’accéder à l’art et à la culture dans leur diversité. Jusqu’à aujourd’hui, de nombreux projets de ce type ont été mis en œuvre, notamment par les collectivités locales dans certains départements comme en Loire-Atlantique ou certaines municipalités ou Communautés de communes, mais pas toujours de manière coordonnée. L’idée de cette circulaire est donc de proposer ce parcours à tous les enfants afin qu’ils aient accès à des expériences d’éducation artistique et culturelle de façon cohérente et organisée, quelque soit leur secteur géographique. Les fonds publics ont en effet vocation à être distribués de manière équitable. Le 11 octobre prochain, un comité de pilotage territorial réunissant des représentants des différents services de l’état (éducation et culture), des représentants des collectivités (région, département, grandes villes) va se réunir afin de s’interroger sur la manière de mettre en place de façon concertée ce parcours. Quelle articulation effectuer entre le parcours artistique et les pratiques artistiques et culturelles de chaque enfant (complémentarité entre temps scolaire, périscolaire et extra-scolaire) ? Quelle cohérence ? Quelle progression ? Quelle évaluation ? Tout cela reste encore à travailler avec une réelle volonté d’équité entre les différents territoires. Une déclinaison de ce comité de pilotage au niveau départemental (voire à l’échelle des communautés de communes) est à venir. Ce parcours, ancré dans la démarche de projet, les enseignements et les actions éducatives, en lien avec le socle de compétences et l’enseignement d’Histoire des Arts, est articulé sur trois piliers : - les connaissances (sur le domaine artistique rencontré) : ici, métiers du théâtre, histoire du théâtre, histoire des lieux… - les rencontres : ici, avec le spectacle vivant, avec l’œuvre d’art, avec les artistes (en amont et en aval de la représentation), avec des techniciens, avec un lieu (les différents espaces théâtraux de représentation, intimes ou non, ne procurent pas le même type d’émotions). - la pratique (elle permet de donner le goût de l’art) : donner un aperçu en classe entière avec possibilité d’élargir la pratique en atelier ou en-dehors de l’établissement scolaire (atelier de théâtre de la Ville, Conservatoire, groupe théâtre de l’Amicale laïque, option théâtre au lycée…). Le dispositif « T au Théâtre ! » s’inscrit tout à fait dans l’idée de ce parcours artistique et culturel car il réunit les trois portes d’entrées autour du théâtre : parcours articulé autour d’une sélection de spectacles, comprenant des rencontres avec les équipes artistiques (dans les classes ou en bord de scène) et un travail en amont sur le spectacle par le biais de la pratique théâtrale notamment. e e « T au Théâtre ! » s’adresse aux classes de 4 et de 3 . Il est bien sûr possible d’imaginer étendre la découverte et la pratique du théâtre aux niveaux inférieurs, en mettant en place des projets autour de 4 spectacles. On peut garantir une continuité aux projets menés autour du théâtre, notamment par le partenariat avec les salles partenaires sur le département. En effet, les théâtres du RIPLA se sont tous engagés dans la même dynamique d’Éducation artistique et culturelle que Le Grand T (qui, lui, est en saturation de demandes au niveau scolaire). Il est donc possible de mettre en place des parcours avec ces structures de proximité (des projets sont nés à Nort-sur-Erdre, à Machecoul, à Ancenis…). Les ateliers de pratique artistique, qui ont lieu dans certains établissements, sont quant à eux intégrés dans l’idée de parcours hors temps scolaire (volontaires qui souhaitent développer la pratique). Ils s’inscrivent donc dans cette volonté de continuité (pratique en classe, en atelier, puis voire en école ou en Conservatoire). Cf. article de la revue de la SACD : « L’Éducation artistique, un enjeu national » (annexe 9). L’ANNÉE DU JEUNE PUBLIC 2014-2015 Extrait de la lettre d’Aurélie Filipetti à « Scènes d’enfance et d’ailleurs » : « Le temps est donc bien venu, comme vous le proposez, de mettre en lumière tout ce que cinq décennies de politiques culturelles menées par l’État et les collectivités territoriales ont généré en matière d’offre artistique destinée à la jeunesse et d’en révéler l’importance quantitative et qualitative comme la diversité. Il importe à mes yeux que ce coup de projecteur : - permettre de mettre en valeur de la manière la plus large possible ce qui est d’ores et déjà accompli à destination de l’enfance et de la jeunesse par les acteurs de terrain et notamment les réseaux labellisés, - valorise les actions et engagements les plus remarquables qu’ils soient le fait d’artistes, d’entreprises culturelles ou de collectivités territoriales, - fasse progresser la réflexion collective et les usages professionnels de tous les acteurs de l’art vivant sur le sujet, - favorise l’émergence d’une organisation plus solidaire et volontaire encore sur chaque territoire en faveur de l’accès de toute la jeunesse à la vie artistique. » Le Ministère de la Culture et de la Communication a décidé de mettre en avant le spectacle Jeune public durant l’année 2014-2015. Elle sera donc « l’année du Jeune public ». Il faut ainsi espérer et attendre davantage de moyens alloués aux activités artistiques et donc de productions autour du Jeune public. Si les compagnies obtiennent plus de moyens financiers, les propositions dans les établissements pourront être plus riches et présentes. DOCUMENTS RESSOURCES Il est par ailleurs nécessaire en tant qu’enseignant de consacrer du temps à l’après-spectacle. L’avant-spectacle est généralement régulièrement abordé : il rassure les élèves et leurs professeurs et donne les outils nécessaires à une meilleure compréhension de la représentation. Cependant, les retours et échanges suite à la venue au spectacle sont également primordiaux. Catherine Le Moullec a donc créé un nouveau document ressource réunissant des idées et des outils de travail sur l’aprèsspectacle, consultable sur le site du Grand T : http://www.leGrandT.fr/Aller-au-theatre-avec-leseleves.html Un autre document sur l’avant-spectacle y est également consultable : « On ne naît pas spectateur, on le devient ». + cf. annexe 12 – L’approche des textes de théâtre. Des ressources pédagogiques à l’attention des professeurs sont également disponibles sur le site de l’Académie de Nantes (suivre ce chemin : espace pédagogique → action culturelle → théâtre). Les 5 enseignants peuvent également y communiquer leurs ressources propres (exercices, méthode de travail, dossiers sur un spectacle, etc.) afin d’enrichir la base de données. AUTRES FORMATIONS THÉÂTRE Pour les enseignants désireux de se former à la pratique du théâtre en milieu scolaire, il existe différents stages : pour débutants, stages thématiques formation COMETE et formation PAF (stage DAAC) (cf. annexe 11, fiche d’information COMETE). Le Conseil général permet également aux enseignants de collèges de monter des projets artistiques et culturels dans le cadre du dispositif « Grandir avec la culture » (voir fiche information Comète). Il apporte un soutien financier et des moyens pédagogiques. 6 L’ESTHÉTIQUE DU COLLAGE AU SERVICE D’UNE PETITE FORME Avec Catherine Gicquiaud et Aurélia Garnier, coordonnatrices théâtre départementales Catherine Gicquiaud est CPE au collège Jules Verne du Pouliguen et coordonnatrice théâtre sur le bassin de la Presqu’île. Aurélia Garnier est professeur de Lettres au collège Saint Exupéry de La Montagne et coordonnatrice théâtre sur le bassin Sud Loire. Le spectacle Présents est un objet théâtral hybride aux multiples entrées, offrant ainsi de nombreuses pistes de travail. On pourrait le qualifier de spectacle-collage ou de « zapping » (terme utilisé par les Pilleurs d’épaves) du fait de sa narration non conventionnelle : il est en effet composé d’un enchevêtrement de scènes et d’images fixes ou animées (en opposition à une narration linéaire classique). L’atelier de pratique aura pour but ici de montrer que l’on peut raconter une histoire sans avoir recours aux ressorts traditionnels de narration, en évoquant plus qu’en démontrant. Pour susciter l’envie d’aller au théâtre chez les jeunes, d’étudier un spectacle ou un texte, il est primordial pour eux d’expérimenter le plateau. En prenant la place des comédiens, ils deviennent ainsi beaucoup plus réceptifs et respectueux de la performance artistique. Dans le cadre de « T au Théâtre ! », chaque classe prépare une petite forme théâtrale à présenter aux comédiens lors des rencontres dans les classes. Cette démarche amène de la matière lors de l’échange et facilite l’interaction entre élèves et comédiens. 1) ÉCHAUFFEMENT Avant chaque séance de pratique théâtrale, il est nécessaire de mettre en place le temps de jeu, de le démarquer du temps de travail scolaire à proprement parler. L’échauffement fait la transition entre le statut d’élève et celui de comédien. L’utilisation de musique, relaxante dans un premier temps, puis plus rythmée, selon l’exercice, peut aider les élèves. Réveil du corps Démarrer en position neutre ou position d’ancrage : les pieds légèrement écartés dans l’axe des hanches. Respirer et se laisser aller. Puis remuer toutes les parties du corps de façon isolée. Commencer par bouger les doigts, les mains, les poignets, remonter aux coudes, aux bras entiers, puis aux épaules. Ne pas hésiter à prendre de l’espace. Ouvrir la poitrine puis la refermer plusieurs fois. Effectuer ensuite des cercles avec la cheville, le genou, la hanche. Effectuer des rotations avec son cou très doucement. Provoquer des bâillements sur l’expiration/inspiration. Et terminer par une douche : se frotter les mains, puis tout le corps. Se tapoter. Ne pas oublier la cage thoracique. Les enroulements Baisser la tête comme si elle était très lourde et la faire tourner (reproduire le signe de l’infini ∞). Une fois bien détendu, enrouler son dos en commençant par la tête très doucement : descendre jusqu’en bas, vertèbre par vertèbre jusqu’en position tête en bas. La tête mène l’enroulement de la colonne. Bien relâcher les bras, les remuer, faire de petits cercles. Puis remonter doucement, vertèbre par vertèbre, la tête en dernier, en position debout. Se grandir, jusqu’à se hisser sur la pointe des pieds. Réaliser cet enroulement deux fois. 7 Sauts et courses Toujours en cercle, faire trois petits sauts sur place, puis un grand saut bras tendus au-dessus de la tête. Être à l’écoute des autres participants. Puis courir sur place, doucement, et aller de plus en plus vite en se rapprochant du centre du cercle. 2) TRAVAIL SUR LE CHŒUR La prise d’espace Objectif : s’approprier le plateau en occupant l’espace, en en prenant conscience. Créer une dynamique et une écoute de groupe. Prendre soin de délimiter l’espace de jeu. Attention à l’insonorisation de la pièce. Une salle de classe n’est pas forcément un lieu idéal : cela reste un espace de travail très scolaire et on peut déranger les classes voisines. Marcher dans l’espace scénique, l’occuper de façon harmonieuse, remplir les espaces libres. Les bras le long du corps, détendus. Le regard au lointain et la tête haute. Se déplacer de façon aléatoire, ne pas tourner en rond. Ne pas hésiter à faire des diagonales, des zigzags… Au claquement de main (ou « top ») du meneur, s’arrêter net. Observer la répartition de l’espace : estil idéalement occupé ? Y-a-t-il des trous ? Puis repartir à un rythme plus soutenu. Le meneur fait accélérer la marche du groupe petit à petit. Les déplacements doivent être fluides, les comédiens se frôlent sans se percuter. Prendre des risques, se faufiler comme des anguilles, onduler des épaules pour se frayer un chemin. Puis changer de musique (ambiance plus sombre que la première pour une énergie différente, par exemple). Même exercice de déambulation dans l’espace. Le rythme a changé. Au claquement de main (ou « top »), s’arrêter face public. Conseil : possibilité d’utiliser une musique enlevée pour permettre aux comédiens de se caler sur le même rythme. La prise de parole Sur la base de l’exercice précédent, ajouter de la parole. Au claquement de main (ou « top »), s’arrêter face public et dire “présent”. Attention à être synchronisés. L’énonciation doit être propre. Si la tenue est nette, la parole le sera aussi. Il est important d’écouter le groupe pour s’arrêter et prendre la parole en même temps. Toujours en marche dans l’espace. Le meneur appelle une personne par son prénom. Celle-ci s’immobilise et le groupe se rassemble autour d’elle. Se remettre en marche. Le meneur appelle une nouvelle personne. Celle-ci vient se placer en avant-scène face public et répond “présent”. Le reste du groupe vient l’entourer puis, face public, répond en chœur “présents”. La personne appelée endosse le rôle du coryphée (le chef du chœur antique) qui orchestre la chorale. Recommencer cet exercice en y intégrant différentes intentions ou sentiments : - « pressé » : marche rapide comme lorsque l’on est pressé le matin. Les regards se croisent rapidement. Sentiment de mécontentement : pas envie de croiser du monde. Pas d’affect positif. - « rêveur » : marche tranquille, découverte des autres et de son environnement. Petit à petit, une inquiétude grandit : « on a oublié quelque chose à la maison et on va rater son train ! », jusqu’à la panique. Possibilité aussi de varier les intentions dans l’intonation des “présent” (militaire, “4ème B”, stressé…). Sans « top » maintenant, un comédien s’arrête : le chœur répond “présent” à l’unisson ou en décalé. 8 3) TRAVAIL SUR L’OBJET L’objet valise Déambuler. En groupe entier, une valise est déposée au centre du plateau. Un comédien s’en saisit, mais tous les autres la veulent. La valise passe alors de main en main et revient au sol. Attention : ne pas donner la valise, s’en saisir ou se la faire prendre. Contextualiser l’objet Chaque participant choisit maintenant une valise et déambule avec. Prendre le temps de la regarder, de l’explorer : chercher différentes façons s’en saisir. Puis imaginer le hall d’une gare. À partir de cette indication et des caractéristiques de la valise, se raconter une histoire (quel personnage sommes-nous ? Que renferme la valise ? Où aller ?). S’adapter à la situation donnée, faire vivre le lieu, des éléments extérieurs. Imaginer ensuite être dans un salon d’affaire : des caractères commencent à se dessiner. Enfin, sur une musique sombre (ex. : Le Phare de Yann Tiersen), imaginer arriver dans un pays étranger, être exilé. Marcher dans une ville étrangère. Découverte d’un lieu inconnu : être perdu. Puis, former une ligne devant un guichet imaginaire en avantscène (comme pour obtenir un visa). L’un des comédiens impulse le mouvement, les autres le suivent doucement. Prendre le temps d’installer la scène, étirer le temps. Chacun attend son tour au guichet et dit “présent”, puis repart doucement en bout de file. Sentir les émotions dans le regard (malaise, gêne, désarroi…). Au « top » du meneur, poser la valise, en choisir une autre et changer de personnage. Exercice à répéter. NB : Dans le spectacle Présents, le motif de l’exil est récurrent : possibilité de s’en servir lors du travail sur le plateau. Le hall de gare Objectif : travailler les relations entre les personnages. Former 2 groupes. L’un est acteur, l’autre est spectateur. Chacun choisit une valise. Réaliser de vraies entrées sur scène : par une porte, derrière un pendrillon, un par un ou deux par deux… Se trouver de nouveau dans une gare. Travailler les relations qui peuvent se former entre les différents personnages aux valises. Le groupe entre sur scène au fur et à mesure. Développer individuellement son histoire et s’installer dans l’attente. Réagir aux entrées des autres, tisser des relations, des liens. La musique et les silences sont très importants dans Présents (plein de souvenirs qui s’emboîtent). Ici, l’exercice est donc muet. Le muet crée une connivence entre les personnes sur scène grâce au langage corporel. Conseil : être attentif au groupe et ne pas, une fois sur le plateau, devenir spectateur sur scène ! Tant que le comédien 9 est sur scène, il est en jeu. NB : le spectacle Présents fourmille. L’exercice se base sur le même principe : créer des tranches de vie collées, des mosaïques. L’objet détourné L’objet peut servir à la scénographie. Dans le cadre des valises, elles peuvent définir un espace, servir d’appui de jeu, créer des relations sur scène. Créer des ruptures par la création de figures collectives En groupe entier. Reprendre l’exercice des différents lieux en créant des ruptures dans le rythme. Penser à utiliser les valises pour former des images avec. À la fin de chaque histoire, trouver une attitude, une pause avec sa valise. RUPTURE. Explorer une nouvelle démarche. Ainsi de suite. NB : Présents est remplis de ruptures, de cassures dans le rythme et le propos. Les frontières Déambuler avec une valise. Reprendre le même personnage que précédemment ou en changer. Au « top », poser toutes les valises en avant-scène pour créer un grand tas (faire attention à la manière de les déposer : « ce n’est pas n’importe quel objet ! »). Puis les récupérer et construire une frontière séparant cour et jardin. Se regarder face à face : prendre le temps de poser le regard sur les autres. Repartir et recommencer l’exercice. Personne ne veut de cette frontière ! Se créer individuellement une petite forme. Détourner l’objet (sans le personnifier). Imaginer par exemple que la valise contient 250 000€, qu’elle est remplie d’insectes de la zone équatoriale ou qu’elle détient les bijoux de votre arrière grand-mère. Cette valise est la seule chose qui puisse vous appartenir. Ne pas oublier les ruptures de rythme ! La montagne de valises rappelle les installations de Christian Boltanski (cf. Monumenta au Grand Palais à Paris : montagne de vêtements évoquant la Shoah). L’ouverture de la valise Sur des variations musicales (gai à tragique). Mettre un tissu dans la valise. Imaginer sa propre histoire, son univers (plus ou moins intimiste) en déambulant. Puis prendre le temps d’ouvrir sa valise avec un sentiment particulier (envie, tristesse…). Ne pas montrer immédiatement ce qu’elle contient. Après un temps d’observation, sortir le contenu : essayer de le porter, de le mettre sur soi. 10 Le défilé burlesque Former des duos. Customiser la tenue de son binôme avec le tissu. L’objet doit devenir accessoire. La manière de porter le tissu influe sur la démarche, sur les mouvements (accentuer les traits). Deux groupes : le premier se met en coulisse (l’autre est spectateur). Puis défiler un par un, sur une musique neutre d’abord pour tenter de trouver le rythme du défilé (toiser, en rajouter, colorer les personnages). Marcher vers l’avant-scène, prendre une posture en portant le regard au lointain et en étant sûr de soi. Tenir la pause une fois prêt. Le défilé de mode officiel Piocher des phrases en lien avec la mode (issues du rap de Momette) et les coupler avec l’exercice précédent. Ex. : « Digne ding dong dingue de fringues » / « C’est mon vice, le strass, pour sortie de la masse » / « Car si tant est que la vie est dure, autant avoir fière allure ! » / « La peau bien tendue, un codebarres tatoué sur le cul » Sur une musique d’Alain Souchon par exemple (Putain ça penche), lancer le défilé de mode officiel ! Après la dernière entrée, chacun déclame sa phrase par ordre d’arrivée avec une intention claire. La pause doit être nette, en rapport avec le nouveau look de chacun. 4) CONSTRUIRE UNE PETITE FORME Production finale 20 minutes de préparation. Une contrainte de temps peut stimuler la créativité et l’émulation d’un groupe. À partir de tous les éléments vus dans les exercices précédents, constituer des groupes de 5 comédiens et proposer une petite forme finale. Reprendre le collage d’histoires, les ruptures tant dans le rythme que dans le propos… pour s’approcher de Présents. Certaines phrases du rap de Momette rebondissent les unes sur les autres : en profiter ! À cela s’ajoute une contrainte : produire une forme contrastée (gaie / triste / nostalgique, etc.). Utiliser les valises et les tissus, les détourner, et utiliser les phrases piochées et le titre Présents. Possibilité de choisir une ou plusieurs musiques pour illustrer la forme. Conseils : le but n’est pas nécessairement de raconter une histoire. Il est difficile de construire du lien entre les différentes scènes, mais si les comédiens y croient, cela marchera ! Penser aux interactions qui permettent d’étirer le jeu. La présence des spectateurs est importante. Elle permet d’aiguiser les intentions de jeu des comédiens. 11 LA FABRIQUE DU DÉSORDRE Avec Momette et Sébastien Gazull, artistes de la compagnie Les Pilleurs d’épaves La compagnie des Pilleurs d’épaves existe depuis 13 ans. Elle est composée d’un regroupement d’artistes aux bagages très différents : certains sont danseurs, d’autres circassiens ou comédiens… ce qui permet de mêler facilement les genres et les envies artistiques. La particularité première de la compagnie est de travailler sans metteur en scène : elle construit ses spectacles à partir des idées de chaque individu. Le mode de création de la compagnie est donc volontairement désordonné : il laisse une grande place à l’improvisation et à la parole individuelle. Présents constitue l’un des spectacles de la compagnie le plus emblématique de cette forme de travail. Avec une construction non-narrative, le spectacle est composé de plusieurs petites histoires, liées les unes aux autres par des connections absurdes, brutales ou logiques. C’est un spectacle qui, comme son nom l’indique, veut rendre compte des visions plurielles d’une même réalité : le présent. Tout le monde a sa perception singulière de ce qu’est notre présent, notre actualité. Pour rendre compte de ces différentes visions, les Pilleurs d’épave ont choisi de travailler sous la forme d’un grand « zapping ». Show télévisuel très court et pêchu, cette forme permet de mettre le public à la place d’un spectateur devant sa télévision et de lui donner une petite cartographie du monde actuel fait de surconnexion, de consommation parfois outrancière et de surinformation. La méthode de l’improvisation a été très utilisée au moment de la création de Présents. Elle est assez coûteuse en temps, mais permet de faire émerger beaucoup d’idées, de propositions. Ensuite, commence un travail de réagencement afin de conserver uniquement les éléments qui fonctionnent. Ces choix peuvent parfois être arbitraires. La méthode de création principale des Pilleurs d’épave est donc celle du plateau et de l’expérimentation. 1) BODY PERCUSSION Technique que Les Pilleurs d’épaves utilisent régulièrement dans leurs spectacles ou en échauffement, elle n’est que peu présente dans Présents. Elle permet cependant de se recentrer sur son corps et de développer l’écoute dans un groupe (méthode fédératrice et ludique). Comment créer du rythme avec son corps ? Différentes teintes de percussions se dessinent en fonction du frappé et des parties du corps. Trois sons fondamentaux à retenir : - un son profond pour le rythme primaire (grosse caisse): “poum” ou tap du pied - un son clair (caisse claire) : “tac” ou clap des mains - un son continu (maracas) : “tchikitchikitchiki…” Produire un rythme En cercle. Essayer de garder la régularité du tempo sur 4 temps : tss / tss / tss / tss. Penser à e respirer ! Puis l’appliquer dans le corps sur 8 temps avec un 8 temps muet. Répéter un rythme donné. « poum poum / pim pim / clap clap / clac - / » poum = pied contre sol pim = main contre cuisse 12 clap = main contre poitrine clac = main contre main - = muet. On peut schématiser la routine en utilisant un code de symbole et l’écrire au tableau pour s’aider : oo ++ ~~ c Ou mémoriser une phrase pour s’aider « pied pied / cuisse cuisse / poitrine poitrine / mains / muet ». Accélérer au fur et à mesure le tempo et essayer de continuer en marchant. Puis ne faire que la première partie de la rythmique (1 poum sur 2, etc.) : « pied / cuisse / poitrine / mains » et tout reprendre. Il est important de garder le rythme dans sa tête, de se le réciter en permanence pour rester en rythme. Si l’on est perdu, s’arrêter et reprendre : le nombre assure une régularité du son. Le corps imprime les gestes et le son, et finit par créer la musique tout seul (la répétition permet d’intégrer). Le Beat box Sur une structure en 4 temps. Cette fois-ci avec des sons produits par la bouche. Commencer par le son « tss / tss / tss / tss » : essayer d’être le plus régulier possible. Puis remplacer le premier « tss » par un « poum » : - « poum tss tss tss... » - « poum tss ka tss…» - doubler le poum du deuxième cycle : « poum tss ka tss … poum poum tss ka tss… » Cf. annexes 1 et 2 Body percussion Possibilité ensuite de retranscrire ces sons avec le corps : « poum » = tape du pied / « tss » = tape la hanche / « ka » = tape dans les mains / « tss » = tape la hanche. Puis commencer les déplacements (légèrement sur le côté, etc.) et possibilité d’aller de plus en plus vite. La Batucada : fanfare brésilienne Former 4 groupes. Pour créer un rythme primaire de fanfare, mélanger beat-box (sons produits avec la bouche) et body percussion (sons produits en frappant le corps) : groupe A : “bi” groupe B en réponse au groupe A : “bo-bo” groupe C : “tchikiti tchikiti…” (sur 4 temps) groupe D : clap main 1 2 3, 1-2 (comme les claves) Routine : groupe A : “bi - bi - bi” groupe B : “ - bo bo - bo bo -” groupe C : “tchikitchikitchikitchi” groupe D : “tac.tac.tac / tactac” Resserrer le cercle au fur et à mesure et alterner les voix et les groupes. Aller plus loin : le chef d’orchestre peut arrêter tout l’orchestre pendant 4 temps puis reprendre. Arrêter un groupe pendant 4 temps puis reprendre. Arrêter plusieurs groupes pendant 4 temps et reprendre… Faire l’exercice en marchant. 13 Possibilité également de remplacer les voix par des sons de corps : Bi : tape poitrine Bo-bo : tape pied au sol Tchikiti : tape rapide sur les cuisses Tac.tac.tac/tactac : frapper dans les mains. On constate alors que les sons émanant de la bouche ou du corps créent le même rythme. Il est possible, sur le même principe, de créer un rythme plus simple, plus proche du rap : poum / tss / ka / tss / poum / tss / ka / tss (pied / cuisse / main / cuisse…). 2) LE ZAPPING Cet atelier a pour objectif de s’amuser en réfléchissant avec les jeunes sur l’actualité. Travail d’écriture et de mise en scène. Par groupe d’environ 5 personnes. À partir de supports journaux ou revues si on le souhaite, écrire deux phrases percutantes sur ce qu’est le présent. Il peut s’agir d’actualité, de publicité, de phrases du quotidien, d’un sentiment, d’une émotion personnelle. Sources d’inspiration : MÉDIAS : infos, reportages, films, émissions, livres, publicités, internet, chansons, sport, interviews. PAROLE PERSONNELLE : réflexion, doutes, constats, quotidien… Qu’est-ce qui nous touche, nous émeut, nous énerve dans le monde actuel / présent ? VARIATIONS DE LANGAGE : argot, langue étrangère, langage humoristique… VARIATIONS DE TON : ironie, profondeur, humour, cynisme, sincérité… → PERTINENCES, ABSURDITÉS, RÉSONNANCES. Ex. : « Prise d’otage au Kenya, 70 heures de cauchemar. » / « Félicitations, vous avez gagné 1 million d’euros ! » / « C’est votre dernier mot ? » / « Elle est là la crise, elle est partout » / « Trop bien, j’ai ajouté le chien de Mme Charpentier sur Facebook ! Vas-y, fais-moi voir son profil » / « Allez l’OM !» / « Pour votre santé, mangez 5 fruits et légumes par jour » / « Assassinat dans la rue Morgue : le mystère reste entier » / « Cet après-midi, soleil sur toute la France » / « L’équipe de France de basket sacrée championne d’Europe ! » / « Eauuu écarlate ! » / « Non mon amour, je te jure, je n’ai pas couché avec Sylvia » Faire un premier tour de table où chacun lit sa phrase l’un après l’autre, devant les spectateurs. Enchainer les phrases sans temps mort. Il peut être intéressant d’insérer des renforts rythmiques (« ah ! » / « oh ! » / « clap »). Puis, collectivement, construire son zapping en organisant l’ensemble des phrases : chercher les résonnances si possibles, les liens ou les contrastes qu’il peut y avoir entre elles. Réorganiser l’ordre des phrases, faire le tri dans celles qui « sonnent » et celles qui ne « sonnent pas ». Penser à créer une dynamique, avec des accélérations, des ralentissements, des redondances. Varier les niveaux de langage (soutenu , vulgaire…). Mixer deux phrases. Voire réécrire pour que ce soit efficace à l’oral. Possibilité de couper des bouts de phrase (fin ou début), en superposer, anticiper les coupures en commençant une phrase avant la fin de la précédente. Imaginer que le public a une télécommande en main et qu’il zappe à sa guise. Attention à ne pas vouloir trop lier les phrases, à systématiser l’enchaînement des phrases (question-réponse / drôlegrave..). Cela doit conserver l’aspect aléatoire du zapping. 14 Exemple de zapping : « Le Cabaret burlesque va se produire au Grand T / Allez l’OM ! / À demain pour Question pour… / votre santé, mangez, bougez / Aidez un enfant en le parrainant / Prise d’otages dans le centre commercial / de la rue Morgue / à Nairobi / le mystère reste entier / Le nombre de victimes s’élève à plusieurs centaines / Cet après-midi / la météo change à partir de jeudi / soleil sur toute la France » Chercher ensuite une mise en espace. La priorité est de mettre le « focus » sur celui qui parle. Cela peut être en avançant en avant-scène, en se faisant aider des autres présents sur scène, par exemple avec la technique du miroir (le spectateur regarde là où l’acteur regarde)… Possibilité également de faire appel à des moyens techniques : la lumière est utile à ces fins (la poursuite). Elle peut être matérialisée par une lampe de poche : chaque acteur s’éclaire manuellement lorsque c’est à son tour de prendre la parole. Essayer de rendre les propositions visuelles, de poser des ambiances différentes. NB : durant la scène de zapping dans Présents, le comédien qui prend la parole est le seul à être éclairé sur un plateau noir. En résumé : 1) avoir de la matière 2) trouver et mettre en avant les mots qui marquent 3) construire une mise en scène sommaire et dynamique. Être vigilant : - aux variations de situations, de langages, de rythmes… - au focus : apparition / disparition - à l’adresse : regard, renvoi - à l’illustration / au chœur - à l’interprétation des personnages, de la situation - à la rapidité / coupures Cet exercice de zapping est intéressant à pratiquer avec des jeunes car il n’y a pas de bonne ou de mauvaise proposition. Il n’y a pas non plus d’obligation à être drôle, pertinent, grave… Toute proposition a sa place et est discutée en groupe. 15 AUTRES PISTES DE TRAVAIL POUR APPROCHER LE SPECTACLE PRÉSENTS Avec Catherine Gicquiaud et Aurélia Garnier LE NOM DE LA COMPAGNIE Possibilité de travailler sur le nom de la compagnie, Les Pilleurs d'épaves, nom issu des personnes qui récoltaient tout ce qui peut se revendre par la suite à bord des bateaux échoués sur les côtes. « Les Pilleurs d'épaves rassemblent de larges compétences artistiques touchant à différents domaines de création : musique, arts du cirque, théâtre, danse, arts plastiques, sont autant de disciplines apprises et surtout "vécues", à partir de rencontres et de créations collectives ou individuelles qui ont ponctuées leur parcours. Il en découle un travail de recherche et de création autour des formes musicales, plastiques et dramatiques évolutives, "vivantes et scéniques ". », site de Madame Suzie Production. LA FORME DU COLLAGE Travailler en interdisciplinarité avec les arts plastiques sur la notion de collage, d'assemblage. En effet la forme hétéroclite et mosaïque vue en atelier s'inspire du propos de la compagnie qui travaille en partie de cette manière-là ; chacun propose des éléments issus de leur recherche et de leur spécificité artistique, puis le groupe compose, agence et fait le lien à partir de cela. Leur spectacle n'est donc pas une histoire continue mais un ensemble de tableaux qui servent les mêmes idées et forment un tableau plus grand lié à la manière dont ils envisagent leur rapport au monde. « À l'heure des frontières arrogantes et des questions d'identité, nous choisissons d'errer, d'être nousmêmes et de nous prendre pour d'autres, en toute impunité, sur cet espace de liberté encore indemne qu'est la scène. Nous partons de rien. Ici, point d'histoire écrite à la base, ni même de propos précis. [...] L'errance débute au cœur-même de nos recherches permettant d'instaurer peu à peu la confiance, la compréhension du fonctionnement de chacun, et de guetter les premières visions et pousses d'images, qui provoquent réactions en chaîne, rebondissements d'une idée à l'autre et construction méticuleuse. », Madame Suzie Production e Dans cet univers fourmillant, l'art du collage est donc à exploiter. Il est né au début du XX siècle et avait pour principe de détourner des objets, des matières du quotidien en les intégrant à des œuvres d'art, d'une toute autre façon. Le collage peut aussi se retrouver en littérature, au théâtre avec des textes qui mêlent différentes conversations et différents univers : par exemple des textes de Pommerat ou des textes de Vinaver. Il est facile de trouver de nombreux albums ou livres illustrés. Certains poèmes de Claude Roy, par exemple, par leur hétérogénéité et par leur diversité font penser à l'art du collage. L’un de ces ouvrages est d’ailleurs illustré par du collage. Et enfin n'oublions pas tous les textes surréalistes, futuristes ou dadaïstes dans lesquels on trouve des ressources et des supports appropriés (la technique du cadavre exquis peut permettre de créer des images intéressantes). Cf. annexe 3 : diaporama des collages avec Picasso (insertion de différents matériaux pour déformer légèrement la réalité), Braque (à partir de journaux, de photos…), Max Ernst (montage et collage), Schwitters, Prévert… + cf. annexe 4 Bibliographie 16 LA CULTURE RAP / HIP-HOP Autre piste à explorer pour développer un travail d'écriture : le rap. Quelques clins d'œil tendres à la culture urbaine ponctuent le spectacle : allusion à la génération hip-hop des années 1980 avec des rituels un peu désuets (codes vestimentaires, check, smurf et compagnie) mais peu maitrisés. Cf. notamment la fin du rap de Momette avec les "Powpowpow" (cf. annexe 5). Il est possible également d’établir un parallèle avec des morceaux récents de rappeurs français connus des jeunes, comme OrelSan ("1990") et Disiz ("Le Rap C Mieux !, (wesh)") qui se moquent aussi tendrement de cette époque. À propos du rap et de la mode, on peut évoquer aussi le morceau de MC Solaar, Victime de la mode. D'où la bibliograhie sur la culture hip-hop afin de casser les clichés et de dépasser le rap Skyrock que nos jeunes connaissent davantage ; petit rappel sur le hip-hop dont les origines sont ancrées dans la culture afro-américaine et dont l'influence du jazz est importante. Il est l'expression d'une jeunesse en quête d'identité, de valeurs et de nouveaux codes. Les principales valeurs défendues sont le respect et la non-violence. Loin des propos qui sont souvent véhiculés dans les morceaux que nos élèves peuvent entendre à la radio et notamment dans le rap américain, le rap est un mode d'expression fort, revendicatif et qui porte le plus souvent sur des faits sociétaux. C'est un instantané de notre société à la manière de la création des Pilleurs d'épaves. Un teaser du spectacle Présents est visible sur madamesuzie.com. Il peut être utile aux classes pour se remémorer le spectacle… 17 L’APRÈS-SPECTACLE : DE L’ÉMOTION À L’ANALYSE Avec Catherine Le Moullec L’après-spectacle est une notion et une activité qui est travaillée lors des formations de deux jours qui incluent une sortie au spectacle dans le programme (pratique et jeu, et non uniquement retours écrits). À la lecture des bilans de « Collèges au théâtre en Loire-Atlantique », Catherine Le Moullec et l’équipe du Grand T se sont aperçues que cette activité n’avait pas été suffisamment développée dans le cadre des stages en lien avec « T au Théâtre ! ». Plusieurs clés de travail sont donc à explorer. L’objectif serait aussi, à l’avenir, de toujours intégrer les spectacles vus dans la liste des objets étudiés dans l’enseignement de l’Histoire des Arts en faisant des liens entre disciplines. Dans le cadre de cet atelier de formation, les enseignants ont visionné des extraits de captations de pièces de théâtre (Cendrillon de Joël Pommerat et Paroles gelées de la compagnie Air de Lune : deux e des spectacles proposés en soirée dans le cadre du parcours des 3 de « T au Théâtre ! »). Attention : l’expérience de la rencontre avec le spectacle vivant et celle de la captation vidéo sont tout à fait différentes. Une vidéo donne dès l’origine un point de vue singulier lié aux choix de prises de vues, aux zooms etc. Au théâtre, chaque spectateur a sa propre perception du spectacle : pour des raisons concrètes (certains voient davantage le décor car ils sont plus loin de la scène, d’autres au contraire voient les détails des expressions des comédiens) ou pour des raisons plus sensorielles propres à chacun... L’exploitation de ces vidéos s’approche de la méthode d’analyse dramaturgique initiée par Michel Vinaver : pour entrer dans l’univers et l’écriture d’une œuvre, il suffit de s’appuyer sur un fragment de celle-ci. Il part de l’analyse précise d’un extrait pour comprendre le fonctionnement entier d’une œuvre, permettant ainsi d’extrapoler sur cette dernière. Les 3 temps de l’après-spectacle : La remémoration : dire ce que l’on a ressenti (facilité ou non). L’expression : rassembler le maximum d’éléments sur le spectacle, notamment à travers le jeu. L’analyse : la construction de la lecture de la représentation. Conseil : s’appuyer sur l’ouvrage En scène ! (VD’AURIA Pascale, En scène ! Gulfstream, 2012), sorte d’agenda du spectateur (abécédaire) qui est une bonne aide de contextualisation pour l’Histoire des arts au collège. Les exercices de pratique ont pour but de raviver les souvenirs de l’élève et de reconstruire la représentation en groupe. En effet, tout le monde n’en garde pas les mêmes souvenirs : un travail collectif va permettre de faire émerger le maximum de détails sur le spectacle (décor, jeu, musique, costumes, etc.). 1) ÉCHAUFFEMENT Sur le plateau, commencer par une marche dans l’espace de façon à mobiliser le comédien. Marche dynamique. Bien regarder autour de soi. Au « top » du meneur, changer de direction (repartir dans la direction par laquelle chacun est venu). Faire des demi-tours légers, monter sur ses orteils. Rester dans le rythme après les changements de direction. Le meneur lance plusieurs « top », avant de ne plus en donner du tout : changer de direction à sa guise. S’arrêter sur place. Inspirer profondément et ralentir à l’expiration (garder les yeux ouverts). Et repartir. 18 Les « Bonjours » Objectif : apprendre à accepter le regard des autres. Dans la continuité de l’exercice précédent, s’arrêter face à quelqu’un, le regarder dans les yeux et se dire « Bonjour ! ». Repartir et recommencer à chaque croisement de comédiens. Penser à faire sonner les mots. Puis remplacer le « Bonjour ! » par une poignée de main à chaque rencontre. Ne pas oublier de se regarder ! Être bien ouvert à tout le monde, croiser les regards. Croiser ensuite le regard d’un comédien qui est au loin et lui faire « coucou » de la main. Attention à être sûr de bien avoir rencontré l’autre et à se dire bonjour en même temps. Recommencer avec la voix en écho : « Bonjour ! ». Bien porter la voix, accompagné d’un geste de salut. Ce geste doit être net. Être disponible pour capter le regard de quelqu’un. Bien prendre le temps de poser la rencontre, de la faire durer. Petit à petit, essayer de synchroniser les « Bonjour ! ». Ils doivent retentir en même temps. Conseil : si un signe est donné à un comédien qui ne le voit pas, repartir comme si de rien n’était. Il ne faut pas stimuler quelqu’un qui n’est pas réceptif mais bien capter le regard. Les « Bonjours » saugrenus Exercice muet. S’approcher d’un comédien et le saluer par un geste saugrenu afin de créer un premier contact. Sortir des gestes du quotidien (ex. : un pincement de joue, de nez, un frottement d’épaule…). Petit à petit, donner ce geste de loin (c’est le regard qui fait la rencontre). Puis le faire de près ou de loin. Conseil : bien attendre que le partenaire ait terminé son salut. Tenter de dialoguer ensemble si possible (sans paroles !). Continuer de marcher dans l’espace scénique. Le réduire petit à petit, se resserrer jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de place. Sans signal extérieur, le groupe se remet en marche et réinvestit l’espace. C’est ensuite à un comédien d’initier le mouvement de lui-même, en proposant un départ franc. La reprise doit être nette et non timide. De manière générale, sur scène, les propositions doivent être données de manière franche et claire : se lancer et assumer son jeu, jouer jusqu’au bout. Les paquets Objectifs : travailler le vocabulaire du plateau, de la scène et apprendre à se connaître en groupe. Marcher. Au « top », se regrouper très vite selon la consigne donnée. Exemple : se regrouper par initiale de prénoms et proclamer son prénom, par établissement et le nommer, par décade, par goût (sucré / salé, amateurs de comédies / de théâtre dramatique, etc.). Ceux qui sont seuls, restent seuls. Cela permet de vite négocier où chacun se situe. Il faut être à l’écoute du groupe et communiquer pour se rassembler. Par exemple, pour les initiales, annoncer la sienne bien fort afin que les autres se situent, même chose pour l’âge… Aller plus loin : au « top », le meneur lance : « je veux des paquets (et non des lignes) de sportifs à cour et de non-sportifs à jardin ! » / « je veux en fond de scène cour les introvertis et les extravertis en avant-scène jardin ». Jouer les traits de caractère, donner à voir au spectateur. 19 Le passage d’énergie En cercle, le meneur annonce la lettre “A”. Par le regard, il passe le relais à son voisin de droite qui continue l’alphabet, ainsi de suite… Le meneur peut lancer l’alphabet avec une autre lettre dans un autre sens. Les lettres se croisent. Pour compliquer davantage, lancer un chiffre. Alterner les sens de rotation de lettres et des chiffres. 2) LE TRAVAIL SUR L’APRÈS-SPECTACLE Après visionnage des captations de Cendrillon et Paroles gelées. Le spectacle en un mot Déambuler et essayer de replacer les images du spectacle dans sa mémoire : se remémorer la première image (qu’est-ce que l’on voit ?). Tenter de penser aux gros plans de la captation et aux scènes où l’on voit tout le champ du plateau. Un premier comédien se dirige au milieu du plateau et donne un mot-souvenir : « loupe / main / deuil / mouvement / linceul / sœur / solitude / enfant / allemand / vitre / maladie / montre / tablier / temps / chemin… ». Puis rester à l’emplacement où chacun se situe et donner les mêmes mots : faire attention à ne pas se chevaucher. « Je me souviens » Objectif : faire ressurgir et exploiter tous les souvenirs, aller plus loin dans sa remémoration. Se répartir de façon homogène sur deux lignes face à face, à jardin et à cour. Une première personne s’avance d’un pas et, en utilisant la formule « je me souviens », livre un souvenir du spectacle. Ex. : « Je me souviens de la belle-mère qui ne voulait pas vieillir » / « Je me souviens de cette maison de verre dans laquelle on ne parvient pas à communiquer » / « Je me souviens de la promesse de la jeune fille à sa mère » / « Je me souviens des robes fleuries des deux sœurs » / « Je me souviens d’un lit d’hôpital » / « Je me souviens de la mère qui a du mal à parler » / « Je me souviens des feuillages dans le fond de scène ». Raconter son souvenir en regardant une personne de la ligne en face et lui passer le relais, elle enchaîne avec son souvenir et passe le relais, ainsi de suite… Ce premier « brassage » de souvenirs permet d’accumuler de nombreux éléments de la pièce : scénographie, ressentis, accessoires… La grande traversée Objectif : exprimer les ressentis et activer sa mémoire du spectacle. Tirer au sort un papier chacun (sur lequel un « je me souviens » a été écrit) et se mettre par deux. Dans la même configuration que précédemment, un membre du duo à jardin et l’autre à cour (pas en vis-à-vis). Le duo sort de sa ligne respective par l'arrière et va rejoindre le début du couloir (formé par les 2 lignes). Regard mutuel et avancée de concert jusqu'à l'avant-scène. Arrêt. Prise de parole : énoncer les phrases piochées. Ne pas hésiter à créer du sous-texte. Dès qu'un binôme est face au public, un second se prépare à l'arrière. Possibilité d’accélérer le mouvement pour faire défiler les prises de parole. Faire varier le rythme et l'énergie. À partir de cet exercice, les phrases commencent à prendre vie : la situation créée donne du sens. 20 Le cercle des critiques : « j’ai aimé, je n’ai pas aimé » Former des duos. En cercle. Une personne avance dans le cercle et annonce un souvenir du spectacle en utilisant la formule « j’ai aimé » ou « je n’ai pas aimé ». Son partenaire rebondit en développant sa réflexion. Exemples : « J’ai aimé la scène burlesque de l’arrivée du père et de la fille dans la maison de verre » → « Elle / Il a aimé la scène burlesque de l’arrivée du père et de la fille dans la maison de verre car c’était une note d’humour bienvenue après la scène dramatique de la mort de la mère. » « J’ai aimé les gestes chorégraphiques du personnage au début de la pièce. » → « Il / Elle a aimé les gestes chorégraphiques du personnage au début de la pièce, car ils étaient vraiment énigmatiques… » « J’ai aimé la main tendue de la maman pour sa fille. » → « Il / Elle a aimé la main tendue de la maman pour sa fille parce que c’était une main douce, blanche, pleine d’amour. » Il faut défendre son opinion et celui de son binôme. Ne pas hésiter à prendre son temps, à rester dans le cercle pour développer le souvenir, qu’il soit bon ou mauvais. Cet exercice permet d’aller encore un peu plus loin, de peaufiner le souvenir. À savoir : le réveil du corps est très important, il permet de se replacer dans l’ambiance du spectacle vu et de se concentrer (travail sur la respiration et le relâcher du corps). Il permet de brasser à la fois des émotions (personnelles et voulues par le metteur en scène) et des éléments de scénographie. Par ailleurs, les exercices « Je me souviens » et le « cercle des critiques » peuvent aussi être réalisés autour d’une table. Dans tous les cas, il faut noter les souvenirs qui restent et ressurgissent. Pour aider à la remémoration, l’enseignant peut guider la séance en posant des questions plus pointues. Ex : Y avait-il de la musique ? Qu’avez-vous remarqué à tel endroit, à tel moment ? Il est également possible, les yeux fermés, de se remémorer toute la soirée du spectacle, comme une expérience (sorte de relaxation guidée par l’animateur) : « Rappelez-vous, c’était vendredi soir à Quai des Arts… ». Commencer par revoir son arrivée au théâtre (comment est le lieu ? que voit-on en premier ? y avait-il du monde ? des affiches ?), puis l’entrée dans la salle (où est-on placé ? à côté de qui est-on assis ?), puis le plateau (que voit-on sur scène avant que la pièce ne commence ? Choisi un objet qui te semble important et fais-en le tour...). Se rappeler quelles étaient les premières et les dernières images du spectacle. Enfin, l’animateur dirigera les jeunes vers une scène en particulier (les faire focaliser). 21 D’AUTRES EXERCICES ET PISTES DE TRAVAIL Le jeu des pourquoi Diviser le groupe en deux. Chaque groupe pose à l’autre une question sur le spectacle. Le groupe interrogé doit essayer de répondre. Ex. : « Pourquoi la jeune fille est-elle habillée en blanc? » / « Pourquoi la narratrice a-t-elle un accent ? » Le récit de mon spectacle Raconter la sortie au théâtre sur le mode d’un constat, à la manière des Lettres Persanes. Tout est surprenant puisque c’est la première fois que l’on va au théâtre. Les listes Par groupes de 4-5 personnes. Faire l’inventaire de tout ce dont on se souvient. Faire un inventaire par thématique : musique, costumes, décors, lumière, texte… Demander aux élèves de lister tous les éléments présents sur scène. Lecture chorale Si on peut se procurer le texte de la pièce, faire des lectures en chœur, répartir le texte. Dans le cas de Paroles gelées, voir l’inventaire de la mangeaille. La petite forme théâtrale Créer une petite forme, statique ou animée. Par exemple, rejouer une image du spectacle en faisant une phrase gestuelle. Possibilité de combiner la phrase gestuelle avec une lecture chorale en simultané. Cet exercice peut-être utile pour présenter une petite saynète devant les comédiens lorsqu’ils se déplacent dans l’établissement. La contrainte du temps ne nous a permis que d’essayer quelques exercices. Vous trouverez toutes les pistes de l’après-spectacle et des méthodologies pour l’analyse de la représentation, qui est la phase ultime et nécessaire du parcours autour d’un spectacle, dans la ressource mise en ligne sur le site du Grand T ou de l’action culturelle du rectorat. 22 PÔLE PUBLIC ET MÉDIATION CONTACTS : , pour chaque Manon Albert 02 28 24 28 08 [email protected] Caroline Urvoy 02 28 24 28 17 [email protected] LE GRAND T De nombreuses pistes de travail autour des spectacles sont disponibles dans le document : BP 30111 44001 Nantes Cedex 01 « Aller au théâtre : lire, voir, dire, écrire et faire… avec les élèves » Tél 02 28 24 28 24 Fax 02 28 24 28 38 Rendez-vous sur : www.leGrandT.fr/Aller-au-theatre-avecles-eleves.html 23