HERCULANUM CAMPANIE

CAMPANIE
HERCULANUM
Herculanum a été rayée de la carte suite à l’éruption cataclysmique du Vésuve en 79 :
un torrent de boue (cendres volcaniques et eau), d’une violence inouie, a recouvert la
ville sous une couche de 12 à 20 m. Seule une partie (à peine 1/4) a été dégagée par les
fouilles, pour deux raisons : d’une part, le dégagement des vestiges, au vu de l’épaisseur
et de la dureté du sédiment qui les recouvre, nécessiterait des moyens techniques et financiers considérables ; d’autre part, la présence de la ville moderne d’Ercolano, construite au-dessus, ne facilite pas les choses...
L’essentiel des découvertes (sculptures, peintures, mosaïques, papyrus..) faites à
Herculanum sont exposées au musée archéologique national de Naples.
LÉGENDE ET HISTOIRE
Selon Denys d’Halicarnasse, la ville aurait été fondée par Hercule, de retour
d’Espagne... La situation géographique
et stratégique idéale du site (sur un promontoire entre deux rivières, dominant
la mer, sur les pentes fertiles du volcan)
suffit d’elle-même à expliquer l’implantation d’une ville osque, puis samnite,
enfin, après la guerre sociale, d’un municipe romain ❖. A la fin de la République,
Herculanum est devenu un lieu de vacances très apprécié de l’aristocratie romaine, ce qui confère à la ville un caractère résidentiel, avec ses grandes et
luxueuses villae maritimae, et ses petits
commerces “tout confort”.
❖
ville annexée, mais qui garde son autonomie, ses institutions, sa langue.
UNE VILLE SOUS LA BOUE
L’éruption
Après le tremblement de terre de 62 après J.C., c’est en 79 que l’éruption du mont
Somma, associée à des pluies diluviennes, engloutira la ville sous 10 à 12 m de boue
brûlante.
Les conditions particulières de conservation
C’est cette boue qui va consumer lentement les matériaux organiques ; grâce à elle
vous pourrez encore voir les portes, escaliers et cloisons de bois de certaines maisons, ainsi que les papyrus écrits, exposés au Musée de Naples.
LES FOUILLES
Herculanum découvert par hasard
En 1738, sur une propriété du Comte d’Elbeuf, le creusement de puits destinés à
trouver de l’eau met au jour des statues et des objets. L’identification des vestiges
avec la cité d’Herculanum est faite. Des galeries sont alors creusées à partir du fond
des puits pour explorer les maisons.
Une fouille destructrice
Cette méthode a provoqué le percement de nombreux murs et la destruction de
nombreuses peintures, mais a été considérée longtemps comme le seul moyen d’explorer la ville, en raison du volume considérable de boue durcie qui recouvrait les
vestiges.
Le dégagement à l’air libre
En 1823, les travaux reprennent et permettent de dégager la partie actuellement visible, qui ne représente qu’une petite partie de l’agglomération antique. En effet, certains édifices (villae suburbaines, théâtre, basilique...), fouillés sous terre au XVIIIème
siècle au moyen de souterrains creusés dans le tuf, ne sont pas visitables pour des
raisons évidentes de sécurité et de commodité. D’autres constructions sont en
cours de fouille, ou encore à découvrir (aménagements portuaires..).
Une rue d’Herculanum
Les dernières découvertes
En Juillet 92, les archéologues italiens ont mis au jour une quarantaine de squelettes,
ainsi que de très beaux bijoux et monnaies antiques. Ces restes humains gisaient
près des thermes suburbains (donc, à l’époque, près de la plage), sous des arcades
qui servaient vraisemblablement à abriter des bateaux.
Ce n’est pas la première découverte de ce genre dans la zone maritime : un grand
bateau a déjà été exhumé ; grâce à un échafaudage et un plan incliné gigantesque, il
fut tracté hors du site.
Ces découvertes confirment que les habitants de la ville ont cherché à fuir par la
mer, emportant avec eux leurs biens les plus précieux (bijoux, monnaies..). Ces squelettes n’ont pas été déplacés et vont être présentés in situ au public. Un musée est
également prévu, où seront exposés tous les objets restaurés. En attendant, les
fouilles continuent dans la zone du port, vers d’autres découvertes...
PLAN DES FOUILLES D’HERCULANUM
VILLE MODERNE D’ERCOLANO
Entrée
THÉÂTRE
1
4
10
9
2
A - cardo III
B - cardo IV
C - cardo V
1 - Forum
2 - Thermes du forum
3 - Thermes suburbains 4 - Palestre
5 - Maison d’Argus
6 - Maison à opus craticium
7 - Maison à cloison de bois
8 - Maison samnite
9 - Maison de Neptune et Amphitrite
10 - Maison aux deux atriums
11 - Maison à l’atrium de mosaïque
12 - Maison des Cerfs
8
7
6
A
5
C
B
11
L’ORGANISATION URBAINE
12
3
CE QUE VOUS NE VERREZ PAS
La maison des Papyrus
Située au nord-ouest des fouilles actuelles, sous 20 à 25 m de sédiments volcaniques, cette riche villa était en cours de
restauration lors de l’éruption ; de nombreuses sculptures avaient été déplacées, et toute la bibliothèque ( rouleaux
manuscrits sur papyrus) avait été emballée dans de l’écorce d’arbre, placée
dans des caisses et stockée en différents
endroits. Les papyrus furent carbonisés,
ce qui assura leur conservation jusqu’en
1750, date des premières fouilles. Là,
nombre d’entre eux ont été jetés, avant
que les “explorateurs” comprennent de
quoi il s’agissait... Les papyrus contenaient des écrits philosophiques, généralement en grec, et des textes en latin
(poèmes..) Une salle du musée de
Naples leur est consacrée.
Le théâtre
Il est encore enfoui sous terre, à environ
350 mètres de l’entrée actuelle des
fouilles. Les archéologues du 18e en ont
relevé le plan ; ils ont aussi prélevé systématiquement les revêtements en
marbre et les nombreuses statues en
bronzes (dont six statues équestres),
qui furent acheminés à travers les longues galeries souterraines afin d’alimenter les collections particulières des
Bourbons
Plan général
Au moins 8 quartiers séparés par des rues perpendiculaires, les cardines (rues nord-sud) et les decuma ni (rues est-ouest).
Au nord avec le forum, on trouve le decumanus maxi mus (le cardo maximus n’a pas été mis au jour). Au
sud les insulae étaient limitées par le bord de mer.
Les édifices publics
• le forum (1): il est formé en fait par le decumanus, élargi à 12 mètres et réservé
au piétons.
• les thermes:
- thermes du forum (2): plan typique avec section masculine et section féminine,
associés à une petite palestre.
- thermes suburbains (3): plan original avec un vestibule en forme d’atrium tétrastyle, et sans bains séparés pour les hommes et pour les femmes.
• la palestre (4), aux dimensions impressionnantes.
Les maisons
Elles sont en général plus petites que celles de Pompéi et s’articulent de façon plus
ou moins complexe autour d’un même plan : le vestibule, puis l’atrium, puis les pièces de réception. L’étage supérieur est souvent bien conservé, mais il est en général fermé au public.
• la maison d’Argus,(5) d’où vous verrez les tunnels creusés au 18e siècle dans le
tuf par les premiers archéologues.
• la maison à opus craticium(6)
• la maison à la cloison de bois,(7) précieux témoignage du mobilier domestique de
cette époque.
• la maison samnite (8).
• la maison de Neptune et d’Amphitrite (9), célèbre pour sa mosaïque de pâte de
verre dans le triclinium d’été.
• la maison aux deux atriums (10).
• la maison de l’atrium en mosaïque (11), avec son tablinum au plan très original,
son grand jardin et sa véranda dominant (à l’époque) la mer.
• la maison des cerfs (12), où depuis la pergola et le solarium vous pourrez goûter
un instant à la douceur et à la qualité de vie d’un sénateur romain en “vacances”...
Les commerces
Herculanum disposait également de boutiques de toutes sortes : thermopolium (boissons chaudes), pistrinum (boulangerie), marchands de vin, de céréales, d’objets en
métal, etc.
Texte, conception et réalisation : Isabelle et Rémy MARICHAL - Michèle GOZARD - Edition 2001