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Remerciements J’ai tenu à avoir un fil conducteur d’information professionnel, durable tout au long de l’année, et accessible par tout un chacun… gratuitement. Je tiens à remercier pour leur collaboration quotidienne le site Yahoo ! Actualités et les agences Associated Press et REUTERS. Il va de soi que mes remerciements chaleureux vont à tous les journalistes, correspondants et personnels qui m’ont permis de construire ce double édifice. « Une démocratie est d’autant plus solide qu’elle peut supporter un grand volume d’informations de qualité ». Louis ARMAND (1905‐1971), Plaidoyer pour l’avenir (Calmann‐Lévy) ‐ ‐ ‐ Cartes et bilans Pour vous permettre de mieux suivre les différents lieux des événements et actions, je vous propose un certain nombre de cartes. Il vous suffit de cliquer dans l'onglet pièces jointes.
- Le Maghreb - Le Machrek - La Tunisie, vue générale - L’Egypte, vue générale - La Libye, vue générale - La Libye, les principaux lieux des combats - La Libye, les productions pétrolière et gazière - La Libye, les destinations du pétrole - Le Yémen - La Syrie, vue générale - La Syrie, lieux des manifestations et tués - La Syrie, bilan de la répression arrêté le 11 décembre 2011 Je vous propose aussi un tableau des pertes humaines lors des différents mouvements en Tunisie, en Egypte et en Syrie. - Bilan global www.greliermichel.eu
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Sommaire 00 Janv 01 02 03 04 05… Période du 13 au 31 décembre 2010 Fév … 05 06 07 08 09… Mars … 09 10 11 12 13… Calendrier des semaines de 2011 Avr Mai Juin Juil Août … 13 … 17 … 22 … 26 31 14 18 23 27 32 15 19 24 28 33 16 20 25 29 34 17… 21 26… 30 35… 22… Sept … 35 36 37 38 39… Octo … 39 40 41 42 43 44… Semaines et Titres 01 Des vœux et un thon rouge de 342 kilos 02 Les 72 heures tunisiennes 03 La « révolution du jasmin » 04 Des « usines à gaz » rose et verte 05 La fête à MAM (Michèle ALLIOT‐MARIE) 06 Deux eurodéputés français fantômes 07 L’embrasement du pourtour méditerranéen 08 Les évacuations de Libye 09 Les opérations en Libye et le réveil d’une tortue 10 La course des diplomates européens et arabes, et le « tsunami » 11 Résolution 1973 : « La peur change de camp » 12 OTAN ou pas OTAN ? 13 Armer ou ne pas armer les rebelles à KADHAFI ? 14 Les plans de « l’usine à gaz » rose 15 NH, DdV, DSK : « J’y vais ! », « Retenez‐moi ! », « RV le 28 juin » 16 Libye, Syrie, Yémen… boucheries ou abattoirs ? 17 Rafles et ghettos à Deraa (Syrie) 18 Aie confiance ! 19 DSK : l’homme qu’il « ne fallait jamais laisser seul dans un hôtel » 20 Historique : Elisabeth II s’incline à Dublin 21 Le G‐8 de Nicolas SARKOZY à Deauville : du vent et de la marche à pied 22 Les vendredis rouges de sang se poursuivent en Syrie 23 Des conteneurs de Viagra pour faciliter, en Libye, le viol des opposantes 24 Le parfum du jasmin dans les tribunaux tunisiens 25 Syrie 11.700 réfugiés, Libye : plus de 1.000.000 à ce jour 26 Christine couronnée à New York, Martine présidentiable à Paris 27 Deux ambassadeurs en Syrie méritent respect et fierté 28 Quand l’opposition se lève au Proche‐Orient 29 Un bon coup de défibrillateur pour la Grèce et l’euro 30 Ce ramadan aura‐t‐il le goût de miel ou du sang ? 31 « Votre silence nous tue » = Notre silence les tue 32 Si chaque homme a son prix, quel est le vôtre en victimes syriennes ? 33 La pesée médiatique des morts www.greliermichel.eu
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Nov … 44 45 46 47 48… Déc … 48 49 50 51 52 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 Le ramadan libyen KADHAFI et ses amis d’hier : BERLUSCONI, SARKOZY, MI6 et CIA La nomenklatura kadhafiste fuit vers le Niger « Nomidia », Recep T. ERDOGAN, Daou SALEHIN La Tunisie rend hommage à ses 300 « martyrs de la Révolution » Dao SALAHIN tué à Bani Walid ! Un Nobel pour Lina BEN MHENNI ? Syrie : un cadavre en trop et un opposant kurde assassiné « Persépolis » pèse sur les élections tunisiennes Les Tunisiens votent, … KADHAFI tué, … Libye libérée Les Tunisiens ont voté… une première depuis plus de 40 ans Pour les femmes tunisiennes aussi, « la liberté est indivisible » L’Alléluia d’Haendel pour le départ de BERLUSCONI Saïf al‐islam KADHAFI capturé, vivant, en plein désert libyen 1789, 1848, 1871, 1946 ici ; novembre 2011, la Constituante à Tunis L’introuvable islamisme modéré Un prix Nobel de la paix va au Yémen « L’élément tragique pour l’homme moderne, ce n’est pas qu’il ignore le sens de sa vie, c’est que cela le dérange de moins en moins » Vaclav HAVEL (05 octobre 1936 – 18 décembre 2011) Le Parlement a voté. Les deux cow‐boys ERDOGAN et SARKOZY s’affrontent. Les colts vont‐ils parler ? 2011 : de Mohamed BOUAZIZI à Mohamed BOUAZIZI www.greliermichel.eu
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Repères
Semaine 01 – du samedi 01 au dimanche 09 janvier 2011 ................................................................ 12 Semaine 02 – du lundi 10 au dimanche 16 janvier 2011 ................................................................... 16 Semaine 03 – du lundi 17 au dimanche 23 janvier 2011 ................................................................... 21 Semaine 04 – du lundi 24 au dimanche 30 janvier 2011 ................................................................... 26 Semaine 05 – du lundi 31 janvier au dimanche 06 février 2011 ........................................................ 35 Semaine 06 – du lundi 07 au dimanche 13 février 2011 .................................................................... 47 Semaine 07 – du lundi 14 au dimanche 20 février 2011 .................................................................... 53 Semaine 08 – du lundi 21 au dimanche 27 février 2011 .................................................................... 62 Semaine 09 – du lundi 28 février au dimanche 06 mars 2011 ........................................................... 72 Semaine 10 – du lundi 07 au dimanche 13 mars 2011 ....................................................................... 81 Semaine 11 – du lundi 14 au dimanche 20 mars 2011 ....................................................................... 89 Semaine 12 – du lundi 21 au dimanche 27 mars 2011 ....................................................................... 98 Semaine 13 – du lundi 28 mars au dimanche 03 avril 2011 ............................................................ 106 Semaine 14 – du lundi 04 au dimanche 10 avril 2011 ..................................................................... 113 Semaine 15 – du lundi 11 au dimanche 17 avril 2011 ..................................................................... 120 Semaine 16 – du lundi 18 au dimanche 24 avril 2011 ..................................................................... 128 Semaine 17 – du lundi 25 avril au dimanche 01 mai 2011 .............................................................. 135 Semaine 18 – du lundi 02 au dimanche 08 mai 2011 ...................................................................... 146 Semaine 19 – du lundi 09 au dimanche 15 mai 2011 ...................................................................... 152 Semaine 20 – du lundi 16 au dimanche 22 mai 2011 ...................................................................... 159 Semaine 21 – du lundi 23 au dimanche 29 mai 2011 ...................................................................... 168 Semaine 22 – du lundi 30 mai au dimanche 05 juin 2011 ............................................................... 182 Semaine 23 – du lundi 06 au dimanche 12 juin 2011 ...................................................................... 195 Semaine 24 – du lundi 13 au dimanche 19 juin 2011 ...................................................................... 214 Semaine 25 – du lundi 20 au dimanche 26 juin 2011 ...................................................................... 226 Semaine 26 – du lundi 27 juin au dimanche 03 juillet 2011 ............................................................ 242 Semaine 27 – du lundi 04 au dimanche 10 juillet 2011 ................................................................... 257 Semaine 28 – du lundi 11 au dimanche 17 juillet 2011 ................................................................... 264 Semaine 29 – du lundi 18 au dimanche 24 juillet 2011 ................................................................... 276 Semaine 30 – du lundi 25 au dimanche 31 juillet 2011 ................................................................... 285 Semaine 31 – du lundi 01 au dimanche 07 août 2011...................................................................... 297 Semaine 32 – du lundi 08 au dimanche 14 août 2011...................................................................... 305 Semaine 33 – du lundi 15 au dimanche 21 août 2011...................................................................... 312 www.greliermichel.eu
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Semaine 34 – du lundi 22 au dimanche 28 août 2011...................................................................... 324 Semaine 35 – du lundi 29 août au dimanche 04 septembre 2011 .................................................... 339 Semaine 36 – du lundi 05 au dimanche 11 septembre 2011 ............................................................ 351 Semaine 37 – du lundi 12 au dimanche 18 septembre 2011 ............................................................ 364 Semaine 38 – du lundi 19 au dimanche 25 septembre 2011 ............................................................ 380 Semaine 39 – du lundi 26 septembre au dimanche 02 octobre 2011 ............................................... 391 Semaine 40 – du lundi 03 au dimanche 09 octobre 2011 ................................................................ 403 Semaine 41 – du lundi 10 au dimanche 16 octobre 2011 ................................................................ 410 Semaine 42 – du lundi 17 au dimanche 23 octobre 2011 ................................................................ 419 Semaine 43 – du lundi 24 au dimanche 30 octobre 2011 ................................................................ 435 Semaine 44 – du lundi 31 octobre au dimanche 06 novembre 2011 ............................................... 446 Semaine 45 – du lundi 07 au dimanche 13 novembre 2011 ............................................................ 452 Semaine 46 – du lundi 14 au dimanche 20 novembre 2011 ............................................................ 460 Semaine 47 – du lundi 21 au dimanche 27 novembre 2011 ............................................................ 472 Semaine 48 – du lundi 28 novembre au dimanche 04 décembre 2011 ............................................ 484 Semaine 49 – du lundi 05 au dimanche 11 décembre 2011 ............................................................. 495 Semaine 50 – du lundi 12 au dimanche 18 décembre 2011 ............................................................. 506 Semaine 51 – du lundi 19 au dimanche 25 décembre 2011 ............................................................. 519 Semaine 52 – du lundi 26 au samedi 31 décembre 2011 ................................................................. 529 www.greliermichel.eu
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Période du 13 au 31 décembre 2010 Le développement de l’actualité, semaine après semaine, va mettre des acteurs en situation, sous nos yeux, au fil de divers événements. Le survol d’une quinzaine de jours de décembre 2010 va nous permettre de prendre en mains les fils de l’actualité, ce que j’appelle l’Information (avec un « I » majuscule). Nous le ferons en suivant le calendrier. Thomas EINSTEIN - Qu'y a‐t‐il eu d’intéressant pendant cette période ? - Elle commence le lundi 13 décembre 2010 par un conseil « Agriculture » à Bruxelles. Depuis plusieurs mois, le Conseil « Agriculture » définit, réunion après réunion, ce que devrait être la Politique agricole commune (la PAC) après 2013. - C’est la première politique vraiment européenne, mise en place dès le Traité de Rome de 1958, et si importante pour la France, pour ses producteurs et pour ses éleveurs. Elle pèse environ 40% du budget actuel de l’UE‐27. Ce Conseil, composé des 27 ministres de l’Agriculture, est dirigé par l’Etat membre qui assure la présidence semestrielle du Conseil de l’UE, actuellement la Belgique. Pour 2011, ce seront la Hongrie, de janvier à fin juin, puis la Pologne, de juillet à fin décembre. Le budget de l’UE fait l’objet de « perspectives financières pluriannuelles » qui définissent les recettes et les dépenses. En 2011 seront négociées celles pour la période allant de 2013 à 2020. -
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Puisque vous préférez les illustrations aux longs commentaires, en voici une, ferroviaire, pour montrer l’importance qu’auront ces deux sujets, pris ensemble. La PAC et le budget pris séparément sont importants et difficiles à traiter politiquement. Imaginez que chacun de ces deux problèmes soit un TGV (un TGV‐PAC et un TGV‐
budget) circulant à vitesse normale sur deux voies parallèles, rien de particulier ne se passe. En 2011, il y a un aiguillage n’ouvrant que sur une voie unique… Si je comprends bien ce silence, la question devient : lequel aura priorité sur l’autre ?… Y aura‐t‐il un choc entre les deux trains ? Exact. J’ai une autre question, sur le budget de l’UE, quelle est son importance ? En crédits de paiement, nous sommes à 130 Mia euro. Pour mieux situer les idées, c’est environ le tiers du budget national français. Plus agressif, le budget total de l’UE‐27 est équivalent au montant du déficit du budget de l’Etat appelé France. Brrrrrr ! Cela me donne froid dans le dos de citoyen‐contribuable ! J’ai un autre domaine de possible découverte, les conclusions de la présidence belge sur le Partenariat oriental. Les conclusions de la présidence sont simplement les points d’accord entre les ministres, dans leur spécialité. C’est l’Etat membre sui préside la réunion qui fait le compte‐rendu officiel de la réunion et qui tient la conférence de presse… de la présidence. Quant au Partenariat oriental, c’est l’un des aspects de la Politique étrangère de l’UE. Comme son nom l’indique, il est tourné vers les Etats à l’est de l’UE, zone privilégiée par les diplomaties polonaise et allemande ; la France y est peu présente. www.greliermichel.eu
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Le mardi 14 décembre, Catherine ASHTON fait des nominations à des postes de direction au SEAE. -
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Quelques indications sur le SEAE (Service Européen pour l’Action Extérieure). C’est le service diplomatique de l’UE. Il a démarré ses activités le 01 décembre 2010. Il est dirigé par Catherine ASHTON. Il comprend un effectif voisin de 4.500 personnes. Les délégations de l’UE sont ses « ambassades » à travers le monde. Celle de Washington a été inaugurée le 29 septembre 2010. Pourquoi montrez‐vous des guillemets avec vos doigts quand vous parlez d’ambassade de l’UE ? Parce que ce terme est inconvenant dans le langage officiel de l’UE. Pourquoi inconvenant ? Parce qu’en mai et juin 2005, les citoyens français, puis néerlandais, ont dit « non » lors de leur référendum respectif sur le Traité instituant une Constitution pour l’Europe, rendant caduc ce qu’il contenait. Quand on a repris le mini‐traité ou traité modificatif qui allait devenir les Traités de Lisbonne, les Néerlandais ont imposé que tous les mots et symboles qui pourraient faire penser que l’UE devenait un Etat soient supprimés. Pourquoi ? Parce que les Néerlandais craignaient que leur souveraineté et leur identité soient menacées. Alors plus de drapeau étoilé dans le traité, plus d’hymne, plus de devise « Unie dans la diversité ». Et pas d’ambassade de l’UE mais des « délégations », pas de ministre des Affaires étrangères et de la Défense de l’UE mais une « Haute‐
Représentante de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité ». C’est hypocrite et ridicule. Le même jour, nous avons eu des informations sur la gestion de la dette d’EDF, qui se sépare comptablement d’une partie, pour faire une place suffisante à l’endettement prévisible pour les coûts de remplacement de ses centrales nucléaires. Et aussi les conclusions politiques par le Conseil des ministres de l’UE sur tous les pays candidats, actuels et potentiels, à une adhésion. Passons au mercredi 15 décembre. L'UE aura un budget pour 2011. Le Conseil de l’UE (les Etats membres) et le Parlement européen se sont mis d’accord. Les pêcheurs sauront ce que sera leur année 2011. - Les poissons aussi ? - C’est le Conseil « Agriculture » qui s’occupe aussi de la « Pêche », des poissons et des pêcheurs. Comme chaque année, les TAC (Taux autorisés de captures), ou quotas de pêche pour 2011 ont été politiquement définis. - Reste que, si je comprends entre les lignes, les autorités françaises vont, maintenant, devoir affronter des pêcheurs tricolores pour des questions de cabillauds, entre autres. Le yo‐yo à la hausse des matières premières agricoles. -
Beaucoup de hausses, peu de baisse, sans véritablement d’explications claires. www.greliermichel.eu
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Et la publication des couacs 2010 de Brice HORTEFEUX. Je vois par‐dessus votre épaule que le lendemain, le 16 décembre, il y a… début d’un Conseil européen. - Un Conseil européen est la réunion, à Bruxelles, des chefs d’Etat ou de gouvernement des 27. L’invitation leur a été envoyée par le président permanent : Herman VAN ROMPUY. C’est lui qui accueille, qui préside et qui intervient en premier lors des conférences de presse, chaque Etat membre tenant ensuite son « briefing » national. Regardez bien la « photo de famille » de ce Conseil européen, vous constaterez la présence de beaucoup de chefs de gouvernement (25 sur 27, François FILLON et le lituanien Andrius KUBILIUS sont absents), et de quelques chefs d’Etat (4 sur 27) : ceux de France, de Lituanie, de Chypre et de Bulgarie. C’est la raison pour laquelle, les Traités parlent du Conseil européen comme la réunion des chefs d’Etat OU (pas ET) de gouvernement. Le Premier ministre chinois WEN Jiabao est en Inde. - Pourquoi cette visite est‐elle importante ? - Parce que ce sont le « I » et le « C » du sigle BRIC qui se rencontrent. Le sigle BRIC = Brésil + Russie + Inde + Chine. En 2011, il deviendra le BRICS = BRIC + Afrique du Sud. Ce tableau vous donne une idée de leur importance. Etat Populatio
PIB nominal* PIB en PPA** n (Mia US$) (Mia US$) (millions) Brésil 201 1.574 2.013 Russie 133 2.110 2.110 Inde 1.173 1.236 3.526 Chine 1.338 4.909 8.765 Afrique du Sud 49 287 493 Monde 6.790 57.937 69.809 UE 501 16.447 14.794 Etats‐Unis 315 14.256 14.256 France 65 2.676 2.108 Population, estimation pour juillet 2010, source CIA World Factbook, édition 2010. Pour le PIB nominal, année 2009, source FMI ** Le PIB en PPA = en parité de pouvoir d’achat, établit une comparaison du pouvoir d’achat des devises nationales par rapport au US$, ce que l’utilisation des seuls taux de change ne permet pas. -
- Le 16 décembre, encore… Et 22,5 Mia € partent du FMI pour les Irlandais. EDF perd des contrats de fourniture d'électricité à la RATP et Carrefour. -
Le vendredi 17 décembre, il y a une palette d’informations. www.greliermichel.eu
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La fin du Conseil européen, ses conclusions sont disponibles. -
Oui, mais qui va les lire ? Quels citoyens savent qu’elles existent ? Le Monténégro passe dans la catégorie « candidat officiel » à l'UE. -
Il rejoint la Croatie, l’Islande, la Turquie et l’Ancienne République yougoslave de Macédoine (abrégée en ARYM). La zone euro se protège mieux des spéculations. -
Je demande à voir ! C’est d’accord, nous allons suivre ces progrès. La libéralisation totale de La Poste le 01 janvier 2011. -
Quelqu’un pourra‐t‐il me dire pourquoi et comment on en est là ? Pourquoi les politiques se taisent‐ils ? Pourquoi les syndicats hurlent‐ils ? La mise en examen d'Eva JOLY pour diffamation envers Florence WOERTH. Marine LE PEN trouble l'UMP à propos des prières de rue de musulmans. Martine AUBRY visite des usines à Calais et Lille. -
Samedi 18 décembre ? David CAMERON, Angela MERKEL et Nicolas SARKOZY bloquent une augmentation du budget de l'UE. -
Où est la sagesse, où sont les égoïsmes ? Aux Etats‐Unis : 157 banques ont fermé en 2010 ! -
Dimanche 19 Début de la campagne pour les primaires du PS : Ségolène ROYAL « s'est mise en mouvement » et Dominique STRAUSS‐KAHN (DSK) « chemine ». -
Lundi 20 Les Belges tirent le bilan positif de leur présidence du Conseil de l’UE (du 01 juillet au 31 décembre 2010). -
Mardi 21 décembre. Nicolas SARKOZY visite au pas de charge le centre hospitalier d’Avignon et dit qu’il ne peut pas rester avec les 2/3 des hôpitaux français en déficit. www.greliermichel.eu
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Suivez mon regard… Vers la porte ? Jean QUATREMER s’en prend à Jean‐Luc MÉLENCHON qui s’en était pris à lui. -
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Une forme de haine semble avoir ouvert en grand la cage aux noms d’oiseaux. Jean QUATREMER est le correspondant de Libération à Bruxelles et l’animateur d’un excellent blog sur les affaires belges et européennes : « Les coulisses de Bruxelles, UE ». Jean‐Luc MÉLENCHON est un imprécateur à l’extrême gauche, ancien sénateur, et actuellement député européen. Pour quels motifs ces disputes ? Jean QUATREMER avait signalé « l'évasion » de Jean‐Luc MELENCHON lors de la séance plénière du Parlement européen lors de la remise du Prix Sakharov pour les droits de l'homme au journaliste dissident cubain Guillermo FARINAS et la signification de ce geste vis‐à‐vis de la dictature cubaine. Pendant ce temps‐là, le président russe Dmitri MEDVEDEV indique au Premier ministre Manmohan SINGH son soutien à la candidature de l'Inde comme membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU. Milo DJUKANOVIC, le Premier ministre du Monténégro, démissionne. Paris et Berlin bloquent l'entrée de Bucarest et de Sofia dans l'espace Schengen. -
Le mercredi 22 décembre. Yama RADE devient ambassadeur de France auprès de l’UNESCO. Le jeudi 23, je dirai que le bulletin de la météo européenne se détériore : « Le ciel dégagé pendant la présidence belge se couvre ; une forte dépression s'annonce du côté de la Hongrie ». Ensuite, le 24. La Chine, au nom des BRIC, invite l'Afrique du Sud à les rejoindre. Les BRIC deviennent les BRICS. -
Nicolas SARKOZY rentre d’une semaine de vacances marocaines pour entamer le double marathon de ses vœux aux Français et des présidences des G‐8 et G‐20. -
Samedi 25 décembre, c'est Noël. Et Benoît, à Rome, semble le seul à « bosser » ce jour‐là. Oui, c’est ce qu’on appelle la « trêve des confiseurs » et la raréfaction des informations va devenir évidente. Dimanche, c’est le 26. Le jeu du « t’as peur ! Non, c’est toi ! » est lancé entre l'UMP (Christian JACOB) et le PS (Jean‐Christophe CAMBADELIS), à propos de la candidature de DSK. www.greliermichel.eu
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Lundi 27. Préparations de ré‐élections présidentielles en Egypte et au Kazakhstan. Préparation de l'arrivée de l'euro en Estonie. -
Le 28, je passe, il n’y a rien à vous signaler. … Pour le mercredi 29, j’hésite. Une dépêche fait part d’un sondage des Français sur les personnes qui les agacent le plus. Des noms ! Des noms ! Les quatre qui sont cités dans le chapeau de la dépêche sont : Raymond DOMENECH, Ségolène ROYAL, Brice HORTEFEUX et Carla BRUNI. Dans le corps de la dépêche, d’autres noms sont cités suivant leur domaine de médiatisation. - Jeudi 30 décembre - C’est le jour des otages français. - Oui, c’est la date anniversaire de l’enlèvement en Afghanistan de Stéphane TAPONIER et d’Hervé GHESQUIERE, les plus médiatisés d’entre eux. Denis ALLEX, agent extérieur de la DGSE, est « retenu » en Somalie depuis le 14 juillet 2009. Les cinq salariés d’Areva et de Satom (filiale de Vinci), enlevés le 15 septembre au Niger, sont détenus au Mali. … Enfin, l’heure est aux bilans pour 2010 et aux vœux pour 2011 en ce vendredi 31 décembre. Bilans 2010 pour : le yuan chinois, le dollar des Etats‐Unis et les matières premières. Et vœux pour 2011. Je m’interroge pour savoir s’il vaut mieux en parler aujourd’hui ou le 01 janvier. Je fais le choix d’ouvrir 2011 avec des vœux et des promesses de la part d’hommes et de femmes politiques. - Avec de nouvelles questions : vœux pieux ou vœux sincères ? Promesses tenables ou promesses en l’air ? - Dans tous les cas, 2011 nous le dira. - A l’année prochaine. www.greliermichel.eu
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Semaine 01 – du samedi 01 au dimanche 09 janvier 2011 Des vœux et un thon rouge de 342 kilos -
En ce 01 janvier : « Bonne année à chacune et à chacun de vous », sans oublier Thomas EINSTEIN et sa bonne humeur. Quant à moi, alors que la dimension européenne est celle d’un bouc émissaire responsable de tous nos maux, je me souhaite de trouver des éléments pour vous faire rêver sur l’Europe, sur l’Union européenne et sur les Européens. Si les rêves ne sont pas au rendez‐vous, qu’au moins vous retrouviez un optimisme européen. Mon cher Thomas, comme j’en avais fait le choix, hier – c’était l’année dernière, comme le temps passe ‐, de ne parler des vœux présentés qu’aujourd’hui, commençons donc par là. Martine AUBRY a dit : « En 2011 comme en 2010, nous serons à vos côtés pour reconstruire la France forte, confiante et juste que nous attendons ». Puis « la responsabilité des socialistes est de proposer un autre avenir ». Avant de terminer « La France est un pays formidable, énergique et plein d’atouts et les Français ne baissent jamais les bras ». -
Elle fut la première à parler, dans un message enregistré avant son départ en vacances en Chine. Et plus rapide que Ségolène ROYAL et que Nicolas SARKOZY. Ségolène ROYAL : « Les forces de progrès et de la gauche sont au travail pour qu'au cours de l'année 2011, chaque citoyen, chaque citoyenne puisse réfléchir, prendre en main son destin et choisir le moment venu, le modèle de civilisation que nous aurons à construire ensemble ». -
Dans l’atelier de confection des promesses, elle n’est pas au rayon « dentelles ». Nicolas SARKOZY : « La fin de l'euro serait la fin de l'Europe », « Je m'opposerai de toutes mes forces à ce retour en arrière qui ferait fi de 60 ans de construction européenne ». « La France tiendra donc ses engagements en équilibrant ses comptes. Je ne transigerai pas sur cet objectif ». -
Je le trouve plus européen que jamais sur l’euro, ce qui me ravit, mais m’inquiète sur tout le reste. Comme président des G‐8 et G‐20 en 2011, il a réaffirmé que la France défendrait l'idée d'un monde « plus régulé » et « moins brutal ». -
Avec les vœux du début d’année, il y a la traditionnelle promotion du Nouvel An dans l’Ordre de la Légion d’Honneur. Sont promues, parmi d’autres, au grade de commandeur : la cycliste Jeannie LONGO ; au grade de chevalières : Fadela AMARA et Christine BOUTIN. (le 01janvier) www.greliermichel.eu
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Ce sont bien deux des mannequins‐ministres rangés dans les placards ? Monsieur EINSTEIN, vous avez manifesté de l’intérêt pour la vitrine politique gouvernementale. Il y en a aussi une en face, celle de l’opposition. Et dans cette vitrine, un mannequin s’agite. Né catalan, il est député de l’Essonne et maire d’Evry. Qui est‐il et que dit‐il ? C’est Manuel VALLS, et ce qu’il dit, c’est… « Oui, nous devons déverrouiller les 35 heures ». (le 02) -
Cela m’amuse beaucoup. Que va faire Martine AUBRY, la « dame des 35 heures », devant cet appel au meurtre de son enfant (politique) ? Le mannequin‐chef de cette vitrine reste silencieux. Mais pourquoi le rideau de leur magasin reste‐t‐il baissé ? Il n’y a plus de mannequins visibles de la rue, pourquoi ? Ils ont tous un rendez‐vous à Jarnac. Le protocole de cette rencontre entre amis politiques avait été préparé par l’Institut François Mitterrand ; il était détaillé dans une demi‐douzaine de pages. Ségolène ROYAL avoue dans Le Monde : « Depuis longtemps, au fond de moi, j'ai envie de succéder à François Mitterrand par amour de la France, du peuple français, de son histoire, de sa culture ». A la sortie du cimetière, Martine AUBRY : « On est là pour rendre hommage à un homme. La politique, ce n'est pas de parler de soi, de parler de la façon dont on arrive au pouvoir, c'est d'abord de dire ce qu'on veut faire pour la France, de parler aux Français, de savoir ce qu'est la France et ce qu'elle a envie d'être ». Arnaud MONTEBOURG, un candidat rival pour la primaire, a été éclipsé par l’élue de Poitou‐Charentes, en campagne lors de ce pèlerinage sur la tombe de l’ancien président. (le 08) - Sur le front européen, deux choses. L’entrée en vigueur de trois nouvelles « sentinelles » de la finance européenne : une Autorité bancaire, une Autorité des assurances et des pensions professionnelles, et une Autorité des valeurs mobilières. (le 04) Du côté de la Hongrie, si nos médias relèvent une loi brimant la liberté de la presse, ils oublient de relever celle taxant spécialement une quinzaine d’entreprises étrangères (allemandes, autrichiennes, néerlandaises, françaises, tchèques) des secteurs télécommunications et énergies pour 200 Mio euro. Les banques étrangères avaient déjà été « taxées » pour 646 Mio euro, soit environ 90% de leur marge bénéficiaire de 2010. (le 04) - Que pensez‐vous qu’il arrivera ? - Certaines de ces entreprises vont mettre la clé au clou ! La Belgique s’enfonce dans une crise politique durable, et le gouvernement « en affaires courantes » d’Yves LETERME est en place depuis bientôt sept mois. (le 05) www.greliermichel.eu
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- Et le brouillard belge s’épaissit. Politiquement, irait‐on vers de nouvelles élections générales qui renforceraient encore plus le poids des Flamands néerlandophones dont le leader resterait Bart DE WEVER (N‐
VA = Nieuw‐Vlaamse Alliantie ou Alliance néo‐flamande) ? Budgétairement, la charge du remboursement des emprunts d’Etat sera‐t‐elle pénalisée par les agences de notation qui ont tiré des coups de semonce ? (le 06) - Quittons les plages belges. Beaucoup plus loin, les restaurateurs japonais. Un thon rouge de 342 kilos a été vendu pour près de 298.000 euro. (le 05) -
A Tokyo et Hong Kong, des consommateurs vont pouvoir se régaler de leurs très chers sushis. Autre lieu de spectacle. Le terrain des 35 heures. A ma gauche, voici Ségolène ROYAL qui rejoint Manuel VALLS et Benoît HAMON. « Je n'accepte pas que l'on remette en cause la protection sociale ». (le 05) - A ma droite, Xavier BERTRAND est en désaccord avec la stratégie du parti présidentiel, l’UMP, et de Jean‐François COPÉ. François BAROIN se range avec Xavier BERTRAND pour la suppression des 35 heures. L’UMP réagit en montant un groupe de travail dirigé par Hervé NOVELLI et Gérard LONGUET. (le 05) -
Le « coach » élyséen de cette équipe prend le parti de leur disparition. Si des propositions sont faites, Nicolas SARKOZY installe deux garde‐fous. « Touche pas au pouvoir d’achat des salariés !… Touches pas à la compétitivité des entreprises ! » (le 06) -
Il nous manque l’avis des Français. Non, nous l’avons via un sondage Harris Interactive pour L’Humanité. Les sondés sont 44% à se dire favorables à leur démantèlement. En cas de leur suppression, 56% envisagent une dégradation des conditions de travail. Et 30% estiment que cela créerait des emplois. (le 07) - Il arrive que les affaires françaises et européennes se croisent. En juin 2010, le sauvetage budgétaire grec amène Nicolas SARKOZY à demander un rapport sur la gouvernance économique européenne. L’eurodéputée du Parti populaire européen (PPE) Constance LE GRIP et le député national Henri PLAGNOL, tous deux de l’UMP, ont remis aujourd’hui le travail demandé. Trois pistes essentielles. 1. Développer une convergence économique et fiscale de la France avec l’Allemagne, un programme d’investissements commun, un emprunt conjoint. 2. Créer un « Trésor européen » pour gérer en commun les dettes souveraines des Etats www.greliermichel.eu
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membres vertueux de la zone euro. 3. Repenser en profondeur le budget de l’Union pour lui garantir des recettes pérennes et croissantes. L’Elysée souligne l’intérêt de ce travail et précise que ces propositions seront transmises au président du Conseil européen : Herman VAN ROMPUY. (le 06) -
Une information qui reste anecdotique dans notre concours « Elysée 2012 ». Le PCF a démenti des informations du journal Le Monde annonçant son ralliement à une candidature de Jean‐Luc MÉLENCHON. (le 07) -
Beaucoup plus sérieux, mais toujours triste : huit et deux font dix. C’est le nombre d’otages français dans le monde. Deux Français viennent d’être enlevés au Niger, mais le décompte des otages laisse à désirer. Nicolas SARKOZY, de la Martinique, parle de : « sept autres au Mali, deux autres en Afghanistan et deux autres en Somalie », soit un total de treize. -
Il est cité par Associated Press, à 16h47. La même Associated Press, à 17h11, fait une liste de onze : les cinq au Mali, un en Somalie, deux en Afghanistan et le franco‐israélien Gilad SCHALIT à Gaza. Sans oublier les trois accompagnateurs afghans, le Togolais et le Malgache au Niger. Dramatique ! La mort des deux otages français au Niger est annoncée. (le 08) - Le macabre décompte redescend à neuf Français. La décision d’intervenir au Niger a été prise par Nicolas SARKOZY, François FILLON et Alain JUPPÉ. (le 09) -
Sans transition, pour reprendre un classique des JT, des liens militaires avec la Chine. Du côté des Etats‐Unis, le chef du Pentagone, Robert GATES part en Chine pour une visite de trois jours. Chez nous, un « fabuleux contrat » pour la fourniture, à partir de la mi‐2011… de près de 3.000 chevaux par le Cadre Noir de Saumur (le 08). Excusez du peu ! Mon cher monsieur EINSTEIN, pour finir cette semaine, je vous signale la parution aux Editions du Moment d’un livre de Dorothée MOISAN. Le Justicier, c’est son titre, explore les rapports de Nicolas SARKOZY et de la Justice quand il était ministre de l’Intérieur, en 2002. Il pratique alors l’influence ou le placement d’hommes à lui dans la magistrature : Yves BOT, Philippe COURROYE. Des pratiques qui n’ont pas cessé avec son arrivée à l’Elysée. (le 08) -
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Merci et à très vite. www.greliermichel.eu
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Semaine 02 – du lundi 10 au dimanche 16 janvier 2011 Les 72 heures tunisiennes -
Si son titre touche la Tunisie, la semaine commence dans un autre pays du pourtour méditerranéen : le Liban. Le Hezbollah, par la démission de dix de ses membres, provoque la chute du gouvernement de Saad HARIRI. Celui‐ci qui était aux Etats‐Unis est rentré précipitamment, en faisant une escale à Paris, pour voir Nicolas SARKOZY. (13 janvier) -
S’il était là, j’imagine que Thomas EINSTEIN aurait réagi : « Dites, monsieur Nicolas, c’est bien vous qui êtes à l’origine de l’Union pour la Méditerranée (UpM). Ne sentez‐
vous pas comme du roussi sous votre chaise ? » A Tunis, la journée du 14 janvier est marquée par une importante manifestation dans le centre réclamant la démission du président BEN ALI. Les gaz lacrymogènes provoquent un mouvement de panique. La police et les forces de l’ordre patrouillent. Le président BEN ALI revient une troisième fois à la télévision pour dire qu’il ne se représentera pas à l’élection présidentielle en 2014. Dans la rue, on dénombre 13 nouveaux morts. Le président BEN ALI dissout le gouvernement et demande à l’ancien Premier ministre, Mohamed GHANNOUCHI d’en former un nouveau. Il décrète aussi l’état d’urgence dans tout le pays : pas de rassemblement de plus de 3 personnes, usage des armes lorsqu’un suspect refuse d’obéir, couvre‐feu de 17h00 à 07h00 (GMT). « Empêché temporairement », le président BEN ALI quitte la Tunisie, Mohamed GHANNOUCHI assure la présidence. L’avion de l’ex‐président BEN ALI se dirige vers la France qui le juge indésirable. L’avion change de trajectoire et part vers un pays du Golfe. - Le 15 janvier, cela se précipite. L’ex‐président BEN ALI est parti en exil en Arabie Saoudite. Des centaines de soldats sont déployés dans les rues de Tunis. Mohamed GHANNOUCHI, Premier ministre démissionné et président décrété pour un intérim, devrait rencontrer des opposants. Les constitutionnalistes tunisiens voient les choses autrement. C’est le président de la Chambre des députés qui doit, légalement, assurer l’intérim. Il s’appelle Fouad MEBAZZAA et il prête serment. Le nouveau président par intérim demande à Mohamed GHANNOUCHI de former un gouvernement d’unité nationale. Une élection présidentielle anticipée devra être organisée dans les 60 jours. -
Quant aux relations entre la France et la Tunisie. La France est restée observatrice des événements, elle a fait profil bas pour ne pas être www.greliermichel.eu
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accusée d’ingérence. Elle a été prise de court quand les troubles ont précipité le départ de BEN ALI. Après une réunion d’urgence au sommet de l’Etat, Paris a décidé de lui refuser son hospitalité. (le 16) Quel peut être l’effet d’entraînement de ces événements sur les pays voisins : Algérie et Maroc ? Quelle sera la nouvelle diplomatie française envers ces trois Etats s‘il y a risque de contagion ? -
Bonjour Monsieur EINSTEIN, je vous en prie, installez‐vous. Merci. Puis‐je lire ce que vous écrivez ? Oui, et je tiendrai compte parfois de vos commentaires. Nicolas SARKOZY passe quelques heures à Washington, accompagné de Carla BRUNI, Michèle ALLIOT‐MARIE et Christine LAGARDE. Il déjeune avec Barack OBAMA. Au menu : la réforme du système monétaire international (SMI), la volatilité des prix des matières premières, la hausse des prix alimentaires. But du déjeuner pour Nicolas SARKOZY : tester ses « intuitions » auprès de son « grand ami » étatsunien. (le 10) -
Nous avons en cours plusieurs parties d’un jeu entre amis politiques, celui des « primaires ». Dans la vitrine de gauche, il est question de son calendrier. Martine AUBRY a réuni tous les ténors qu’elle avait déjà rencontrés en tête‐à‐tête. Ségolène ROYAL était à cette réunion pour la première fois depuis la fin de 2008. Présents aussi : François HOLLANDE, Bertrand DELANOË, Laurent FABIUS, Henri EMMANUELLI ; Manuel VALLS aussi. C’est décidé : la partie se déroulera les 09 et 16 octobre. Les candidats sont priés de se faire connaître entre le 28 juin et le 13 juillet. (le 11) Ségolène ROYAL en appelle au respect d’un code éthique et redit que le jeu des primaires devra être « transparent, honnête et incontestable ». (le 10) -
Et pour la gestion de la vitrine, que fait notre mannequin‐chef ? Martine AUBRY dresse la feuille de route pour l’année 2011. Il faudra attendre mai pour connaître son projet « pour les 100 premiers jours, pour la législature et à l’horizon d’une décennie ». (le 13) -
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Dans la vitrine de l’extrême‐droite… C’est le match « Marine vs Bruno » qui se prépare. Il aura lieu à Tours les 15 et 16 janvier. En jeu, le titre de champion(ne) de France du Front national (FN). Le vainqueur de la rencontre sera qualifié pour le concours « Elysée 2012 ». Marine part favorite ? Oui, monsieur Thomas. L’omniprésent mannequin‐vedette va être remplacé, mais par qui ? A 82 ans, après 38 années de présidence, Jean‐Marie LE PEN prend sa retraite. Va‐t‐il confier la gérance à sa fille, Marine, ou au cadre expérimenté, Bruno GOLLNISCH ? Pour www.greliermichel.eu
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en décider, il fait un appel direct à ses adhérents et sympathisants fidèles, environ 24.000. -
Quelques dates et faits à rappeler sur la vie dans cette vitrine. Le 05 octobre 1972, Jean‐Marie LE PEN et Ordre nouveau déposent les statuts du Front national (FN). Mai 1974, première candidature de Jean‐Marie à l’Elysée : 0,74% des voix. Septembre 1976, Jean‐Marie hérite des ciments Lambert. Juin 1984, Jean‐Marie recueille 11% des voix aux élections européennes, il entre au Parlement européen. Il sera ensuite réélu à toutes les consultations européennes. 13 septembre 1987 : le « point de détail de l’histoire de la deuxième guerre mondiale » : les chambres à gaz. 24 avril 1988, élection présidentielle, Jean‐Marie est à 14,4% des voix (4ème). 23 avril 1995, élection présidentielle, Jean‐Marie : 15% des voix. Juin 1999, débâcle du FN aux élections européennes : 5,69% des voix. 21 avril 2002, Jean‐Marie se qualifie pour le second tour de la présidentielle avec 16,86% des voix. 10 avril 2003, Jean‐Marie est déchu de son mandat de député européen par la Cour de justice européenne. 22 avril 2007, élection présidentielle, Jean‐Marie obtient 10,44% des voix. -
Marine est‐elle son « héritière » naturelle ? C’est le portrait craché de son père, sa mère l’aurait surnommée « le clone ». Expansive, 42 ans, avocate de formation, elle a su se faire un prénom. Elle est conseillère régionale FN du Nord‐Pas de Calais et députée européenne. -
Elle dit d’elle‐même… « Je pense avoir le cuir dur, l'estomac bien accroché, avoir une vraie rectitude et une vraie cohérence de pensée politique ». (le 13) -
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Le résultat du vote a fuité. C’est Marine qui devient la nouvelle présidente. Si cette fois on est passé par le vote des adhérents, Jean‐Marie LE PEN, lui, était élu par acclamations, comme l’était l’Assemblée de Sparte. Est‐ce que Nicolas SARKOZY et la gauche, c’est‐à‐dire les deux vitrines les plus importantes de la rue, pensent que Marine LE PEN est un danger ? Marine LE PEN pourrait fragiliser le score de Nicolas SARKOZY au premier tour et gêner le report des voix au second. Elle pourrait rejouer le scénario « à la Jospin » d’avril 2002. Qui en serait la victime cette fois ? (le 14) Résultats officiels du vote des 22.403 inscrits. 17.127 ont voté donnant 67,65% à Marine LE PEN et 32,35% à Bruno GOLLNISCH. (le 16) -
Certains, maintenant, vont dire qu’elle fait figure d’épouvantail pour le concours « Elysée 2012 ». Quelques informations pour les citoyens‐contribuables français. www.greliermichel.eu
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La France aura probablement un « Défenseur des droits ». Elle perdra à cette occasion son « Médiateur de la République », son « Défenseur des enfants », sa « Commission nationale de déontologie de la sécurité (CNDS) », sa « Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (Halde) », et son « Contrôleur général des lieux de privation de liberté ». (le 11) -
Est‐ce un problème ? Oui, car les autorités administratives supprimées étaient indépendantes quand le « Défenseur des droits » sera nommé par le président de la République. Oui aussi car la CNDS était la bête noire des syndicats de police. Oui enfin, car il y a là une vraie réduction de nos libertés individuelles. L’année 2010 de l’Etat « France » s’achève sur un déficit budgétaire de 148,8 Mia euro. -
Nous avons déjà parlé de cette somme à propos du budget total de l’UE‐27. Oui, le déficit français et le budget européen sont du même ordre, autour de 140 Mia euro. Il faudra attendre la fin mars 2011 pour connaître le déficit public. L’Etat a dépensé 422,5 Mia euro, ses recettes totales sont de 273,7 Mia euro. (le 14) Pour 2010, la croissance de l'économie allemande s'est élevée à 3,6%, un niveau record depuis la réunification. Cette croissance a été tirée par des exportations vigoureuses et par un regain de la consommation intérieure. Le déficit public de l'Allemagne en 2010 a atteint 88,6 Mia euro, soit 3,5% de son PIB. (le 12) - Sur les 35 heures, vitrine de droite… Jean‐François COPÉ défend le droit de l’équipe UMP de débattre de tous les sujets. (le 12) Et Nicolas SARKOZY fustige à nouveau les 35 heures. Il invite à « réhabiliter le travail » ; « Le travail n'est pas une aliénation, c'est le chômage qui est une aliénation. On ne peut pas travailler moins dans un monde qui avance à une vitesse stupéfiante ». (le 13) -
Nicolas SARKOZY encore. Les remèdes prescrits pour sortir de la crise sont : ne pas défaire l’euro, aller vers un gouvernement économique de la zone euro, aller vers l’intégration des politiques économiques de ses membres. Pour rapprocher les fiscalités allemande et française, il faut baisser nos déficits publics. Cela passe par la maîtrise des dépenses et par la réduction des niches fiscales. Son objectif à terme est d’inscrire dans notre Constitution la fixation d’un objectif de retour à l’équilibre des finances publiques. (le 13) -
Et François FILLON ? Notre Premier ministre depuis mai 2007 vient de faire sa première visite officielle en Grande‐Bretagne. David CAMERON l’a reçu au 10, Downing Street. Le Britannique est resté poli lors de ses propos sur l’euro. (le 13) www.greliermichel.eu
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Beaucoup plus triste. Les deux jeunes nordistes, otages du Niger, étaient entravés quand ils ont été tués. (le 13) -
Je termine par deux informations européennes. Le Collège européen de Parme vient d’ouvrir son Année académique. La nouvelle promotion porte le nom d’un ancien président français. Herman VAN ROMPUY a dit de François MITTERRAND : « … un homme d’Etat, visionnaire et mystérieux, qui maîtrisait tant les détails de la conquête du pouvoir que le grand dessein européen. » (le 12) -
Et… Un examen annuel de la croissance donne des axes à une gouvernance économique européenne. Le laxisme budgétaire et la dérive déficitaire de certains Etats membres vont trouver des limites plus contraignantes -
Vous et moi, allons‐nous être touchés par les mesures que les Etats vont devoir instaurer ? Oui, et ces mesures seront coordonnées. Elles s’appliqueront aux Etats eux‐mêmes, à leurs institutions, à leurs citoyens et à leurs contribuables. www.greliermichel.eu
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Semaine 03 – du lundi 17 au dimanche 23 janvier 2011 La « révolution du jasmin » -
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Que deviennent les Tunisiens ? Bonjour Monsieur EINSTEIN. Déjà là ? Oui, j’ai repéré que vous écriviez chaque lundi matin. Alors, j’ai décidé de venir vous voir en fin de matinée. Cela ne vous dérange pas. J’ai déposé différentes choses comestibles à la cuisine pour quand nous aurons fini. Soit, mais laissez‐moi faire ce travail sans me perturber. Cela demande de la concentration et la manipulation de quelques feuilles de papier. Puisque vous êtes là, vous pouvez me passer la pile de lundi ? D’accord. Merci. Puisque nous sommes amenés à nous voir régulièrement, moi c’est Michel et vous c’est Thomas. D’accord ! En Tunisie, un gouvernement d’unité nationale est formé. Le Premier ministre, les ministres de l’Intérieur, de la Défense et des Affaires étrangère, tous membres influents du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), le parti de BEN ALI restent en poste. Des opposants d’hier y entrent mais à des postes subalternes. (le 17 janvier) -
Pourquoi appellent‐ils leur révolution, celle du jasmin ? Parce que le jasmin blanc est la fleur emblématique de la Tunisie. BEN ALI est radié de son parti, le RCD. Le président par intérim et le Premier ministre quittent le RCD. Quatre ministres venus de l’opposition démissionnent du gouvernement. (le 18) Tous les prisonniers politiques en Tunisie ont été libérés, y compris les islamistes. Le couvre‐feu a été raccourci de trois heures (de 19h00 à 06h00 GMT). (le 19) Tous les partis politiques tunisiens interdits jusque là sont dorénavant reconnus. Tous les prisonniers politiques tunisiens sont amnistiés. (le 20) Navi PILLAY est la Haut‐Commissaire de l’ONU chargée des droits de l’homme. Selon elle, plus de 100 personnes sont mortes au cours des événements en Tunisie, suite à des tirs à balles réelles, à des suicides de protestation et aux émeutes dans les prisons. Pour les autorités tunisiennes, le bilan est de 78 tués. (le 19) Son nouveau gouverneur assure que le stock d’or de la Banque centrale de Tunisie est le même depuis des années (5,3 tonnes et 1,397 tonne déposée à la Banque d’Angleterre comme placement financier). Mustapha Kamel NABLI dément ainsi la rumeur du « prélèvement » de 1,5 tonne par Madame BEN ALI (Leïla TRABELSI) avant son départ en exil. (le 21) -
Quittons la Tunisie pour la France, mais nous y reviendrons sûrement. En France, pour le concours « Elysée 2012 », Nicolas SARKOZY soigne l’Europe verte. www.greliermichel.eu
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Parmi ses vœux au monde agricole : rendre le secteur plus compétitif et lui permettre de faire face à la concurrence de pays comme l’Allemagne, surtout en Alsace où il était. Et il s’opposera à toute baisse du budget alloué à la PAC. Depuis mars 2010, c’est sa huitième intervention sur l’agriculture et la ruralité. (le 18) -
Manifestement, Nicolas SARKOZY cherche à reconquérir un électorat rural. Jean‐Luc MÉLENCHON, « le bruit et la fureur, le tumulte et le fracas » selon ses propres dires, va proposer sa candidature au Parti de gauche dont il est le président. Il la proposera ensuite au Parti communiste et au Nouveau parti anticapitaliste (NPA) car il ambitionne d’être leur candidat unique. Olivier BESANCENOT n’est pas d’accord. (le 21) -
Et pour nos jeux entre amis politiques. Pour les « primaires » du PS, Ségolène ROYAL est venue prononcer un bref discours dans le Pas‐de‐Calais, à Bully‐les‐Mines. Elle y a dit vouloir refonder notre république sur la solidarité et la résistance. -
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A l’occasion, elle a joué un coup triple. 1. Son discours fut prononcé dans le complexe sportif Pierre MAUROY qui reste un modèle de socialiste historique. 2. Bully‐les‐Mines est à une cinquantaine de kilomètres du beffroi lillois de Martine AUBRY. 3. Bully‐les‐Mines est à une vingtaine de kilomètres du fief héninois (Hénin‐
Beaumont) de Marine LE PEN. C’est ce qui s’appelle occuper le terrain sur les orteils de ses concurrentes. Chez les Verts, il y des « primaires » aussi. Une candidate s’est déclarée, Eva JOLY ; l’autre hésite, Nicolas HULOT. (le 23) Autour de nous, mais au‐delà des limites européennes, au Liban. Incapables de trouver un terrain d’entente, les Libanais s’en remettent à leurs parrains étrangers. Saad HARIRI est soutenu par les Etats‐Unis et l’Arabie saoudite, le Hezbollah l’est par la Syrie et l’Iran. Deux médiateurs sont à l’œuvre : la Turquie et le Qatar. (le 18) L'Arabie saoudite a admis avoir renoncé à sa médiation et jugé que la situation au Liban était si « dangereuse » qu'elle était susceptible de déboucher sur une partition du pays selon des clivages religieux. Le Premier ministre qatari et le ministre des Affaires étrangères turc ont aussi quitté Beyrouth après avoir déclaré suspendre leurs efforts dans l'attente de consultations au plus haut niveau. (le 20) Revenons à l’intérieur des limites européennes avec un accord UE‐Géorgie. C’est un accord du type « visas plus faciles » contre « réadmission ». D’un côté les Géorgiens qui voyagent beaucoup – hommes d’affaires, scientifiques, www.greliermichel.eu
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étudiants, journalistes ‐ pourront obtenir plus facilement et à moindre coût des visas de courte durée (pas plus de 90 jours par période de 180 jours). Le Royaume‐Uni et l’Irlande ne prennent pas part à cet accord. -
Ils tiennent le même raisonnement insulaire que pour l’espace Schengen. De l’autre côté, la Géorgie s’engage à respecter les obligations et les procédures concernant les personnes séjournant illégalement (hors visa ou titre de séjour) sur le territoire de la Géorgie et de l’UE ; cela concerne les pays tiers et les apatrides. L’Irlande et le Danemark ne prennent pas part à cet accord. D’autres pays sont déjà concernés par ces accords « visa/réadmission ». Ce sont : l’Albanie, la Bosnie‐Herzégovine, l’ARY de Macédoine, la Moldavie, le Monténégro, la Russie, la Serbie et l’Ukraine. Des accords de réadmission existent avec le Pakistan, Hong‐Kong, Macao et le Sri Lanka. Des négociations sont en cours avec le Cap‐Vert, la Turquie et le Maroc. (le 18) -
Il y a une dépêche sur de la fausse monnaie. C’est quoi ? Ce sont 186.000 fausses pièces en euro qui ont été saisies en 2010. Il y avait 130.300 pièces de 2 euro, 30.800 pièces de 1 euro et 24.900 pièces de 50 cents. -
Rien n’est dit pour celles de 2 et 1 cent. En 2009, le total était de 172.100 pièces. Il était de 195.900 en 2008. Par ailleurs, ce sont environ 751.000 billets qui ont été retirés de la circulation. (le 19) -
Thomas, saviez‐vous que l’Union européenne pouvait se préoccuper de votre santé ? Non. De quoi s’agit‐il ? Le Parlement européen (PE) a voté la possibilité pour les résidents d’obtenir des soins de santé n’importe où dans l’UE. Sont principalement concernés les patients atteints de maladies rares et les frontaliers. La directive a été rédigée en 2008 et entrera en application en 2013. Actuellement le coût pour des patients se faisant soigner dans d’autres Etats représente 1% de l’ensemble des dépenses de santé de l’UE‐27 qui s’élèvent à 10 Mia euro. Pour éviter le « tourisme de santé », les malades seront remboursés selon les barèmes de leur pays d’origine. Si le traitement coûte plus cher, le patient devra payer la différence. Il y aura aussi des garde‐fous pour que, entre autres, des hôpitaux ne soient pas envahis de patients non‐nationaux. L’adoption définitive du texte est attendue en février 2011. (le 19) -
Une dernière information avant de « revenir au pays ». L’UE met en demeure la Hongrie de démontrer que sa loi sur les médias est conforme à la législation européenne. C’est un ultimatum. En réponse, Viktor ORBAN, le Premier ministre hongrois met en garde la France et l’Allemagne sur leurs propres règles dans ce domaine. (le 21) -
Comme annoncé, retour chez nous. www.greliermichel.eu
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Assemblée nationale ‐ Les députés ont approuvé (303 pour – UMP et Nouveau Centre ‐) la création du « Défenseur des droits », évoqué en semaine 02. 211 députés ont voté contre (groupes socialiste, radical et citoyen, comme la gauche démocrate et républicaine, le Parti communiste et les Verts). (le 18) -
Si les députés se décident rapidement sur certains dossiers, d’autres sont proches de l’enterrement discret. Certains dossiers avancent lentement, surtout quand ils sont sensibles. La libéralisation du rail pour les voyageurs nationaux en fait partie. Les enjeux sont connus par l’ensemble des professionnels : la qualité et le financement des infrastructures, le schéma de délégation de pouvoir, la tarification de l’accès et de la maintenance du réseau, le statut social et la reprise des personnels de la SNCF, le rôle de l’Etat et des collectivités locales… Manifestement la lenteur évoquée est avant tout un choix politique. L’une des conséquences de l’absence de choix politique est le mauvais état du réseau ferroviaire français. Au plan européen, le transport ferroviaire est totalement libéralisé pour le fret et le transport international de voyageurs. (le 18) -
Parmi les événements divers de la semaine. Louis‐Ferdinand CÉLINE, prix Renaudot en 1932, est décédé en juillet 1961. Son nom figurait dans le bottin des grands hommes français de l’année 2011. Frédéric MITTERRAND a souligné son apport à l’histoire de la littérature, avant de déclarer que Louis‐Ferdinand CÉLINE ayant mis sa plume au service d’une idéologie répugnante, l’antisémitisme, ne pouvait s’inscrire dans une célébration des valeurs de la Nation et de la République. Il n’y aura donc pas de 50ème anniversaire de sa mort. (le 21) « Rien à déclarer », c’est le titre du film de Dany BOON, avec Benoît POELVOORDE qui sortira le 26 janvier en France et en Belgique. Le président permanent du Conseil européen, Herman Van ROMPUY apprécie le traitement par l’humour de l’un des grands acquis de l’UE : la suppression des contrôles aux frontières. Il le dit dans une vidéo officielle sur son site, celui du Conseil de l’UE et sur Dailymotion. (le 21) Serait‐il moins sérieux et moins austère que les images ne le laissent penser ? Pour moi oui, franchement oui. C’est un auteur de poèmes à la japonaise, des haïkus. Il en met de temps en temps sur son twitter officiel. Dommage, la plupart sont en flamand. J’avoue avoir beaucoup de sympathie pour Herman. - Vous avez un exemple de ces fameux haïkus ? - L’un des plus célèbres de ces « vers ludiques » est : « La vieille mare, une grenouille saute, le bruit de l’eau. » - Et de VAN ROMPUY ? o « Trois vagues déferlent www.greliermichel.eu
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abordant ensemble au port. Le trio est rentré ». Il l’a dit lors d’une conférence de presse après une réunion avec la Suède, l’Espagne et la République tchèque qui avaient décidé de former une « troïka » en octobre 2009, pour diriger l’Union européenne. … Et pour terminer cette semaine, un chiffre : 889.200. C’est le nombre total de visiteurs entre le 22 septembre 2010 et le 23 janvier 2011 (18h00) qui se sont pressés à la rétrospective Claude MONET au Grand‐Palais à Paris. C’est un probable record de fréquentation. Lors d’un procès imaginaire pour « atteinte à la sûreté du Beau », le peintre a été condamné « à hanter encore longtemps les musées du monde entier de sa lumière ». (le 23) -
Thomas, j’en ai fini pour cette semaine. Et si nous allions goûter tranquillement ces « comestibles », comme tu l’as dit en arrivant, que tu as apportés. Et à lundi prochain. www.greliermichel.eu
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Semaine 04 – du lundi 24 au dimanche 30 janvier 2011 Des « usines à gaz » rose et verte -
Mon cher Michel, je suis bien assis, quel est le programme de cette semaine ? Mon cher Thomas, chez nous, tu vas avoir du Nicolas SARKOZY, notre jeu des « primaires » et le concours « Elysée 2012 », Jean‐Luc MELENCHON. Ailleurs : l‘évolution des situations en Tunisie et en Egypte. Parmi les nouveautés : le forum annuel à Davos et quelques nouvelles plutôt salées de France. Attends‐toi à croiser Silvio BERLUSCONI, tu peux déjà préparer des commentaires. Et quelques infos diverses dont certaines peuvent devenir importantes. Commençons par notre Président. Lundi 24 janvier, conférence de presse présidentielle à l’Elysée. Des ambassadeurs en poste à Paris côtoyaient 300 journalistes dont la moitié de correspondants étrangers, sans oublier une dizaine de ministres. Parmi les points à l’ordre du jour : tenter de réduire l’« instabilité du non‐système monétaire international » avec l’Allemagne et le Mexique ; tenter de réduire la « volatilité des prix des matières premières » avec la Russie -
Ce sont deux travaux d’Hercule auxquels s’attaque Nicolas SARKOZY. Il va employer toute cette année pour les réaliser comme président du G‐20. Ces deux travaux seraient‐ils insuffisants ? C’est vrai puisqu’il en ajoute deux autres. Une « taxe sur les transactions financières » contre la spéculation et pour financer le développement des pays les moins favorisés, ainsi qu’un « socle de protection sociale universelle ». -
Thomas, son logo pour le G‐20 est une tour Eiffel tricolore avec le slogan « Nouveau monde, nouvelles idées ». Qu’a‐t‐il dit d’autre ? Intervenir au Niger, pour les deux otages français qui ont été assassinés, était « la seule décision à prendre ». Il a précisé que les cinq otages retenus au Mali et les deux journalistes retenus en Afghanistan étaient « en vie ». Pour l’Iran, comme pour la Côte d’ivoire, ce sont « les sanctions, la politique et la diplomatie qui font avancer les choses ». -
Ce qui veut dire pas d’intervention militaire pour déloger Laurent GBAGBO. Et il conclut : « L’ordre du jour, la méthode de travail et l’agenda font consensus. Les solutions ne font pas consensus ». -
Y a‐t‐il eu des réactions à sa conférence de presse ? Oui. www.greliermichel.eu
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Des socialistes cherchent, sans les trouver, les « grandes ambitions de Nicolas SARKOZY ». Les Radicaux de gauche relèvent une contradiction entre les projets globaux pour le G‐20 et la politique menée en France, surtout dans le domaine social. Le PCF conteste la représentativité et la légitimité des G‐8 et G‐20. Lutte ouvrière voit en Nicolas SARKOZY « un loup qui veut se faire passer pour un agneau ». Pour Jean‐François COPÉ : « un cap ambitieux », « des pistes innovantes, réalistes et crédibles ». -
C’est un coup d’encensoir politiquement naturel. Attac réclame une volonté politique plutôt qu’une « énième étude ou nouveau rapport ». Oxfam France demande que ce pays, la France, montre l’exemple. (le 24 janvier) -
Toutes réactions classiques et prévisibles. A Saint‐Nazaire, Nicolas SARKOZY, que l’on surnomme parfois « l’obsédé des usines », est venu lancer la filière éolienne off‐shore française. (le 25) -
Est‐on encore dans la période des vœux présidentiels ? A l’occasion de la signature d’une lettre d’intention pour la construction de deux navires de guerre, il exprime sa « gratitude » à la Russie. (le 25) -
Piquerait‐il du vocabulaire à Ségolène ROYAL ? Et une passe d’armes entre Nicolas SARKOZY et la Commission européenne. Encore une ? Celle‐ci concerne la fluctuation des cours agricoles et la spéculation. Le 24 janvier, Nicolas SARKOZY exprime de vives critiques sur la spéculation, coupable de la volatilité des prix agricoles. La Commission lui répond le 25 qu’il existe plusieurs hypothèses pour expliquer ces fluctuations. Elle a même préparé une communication qui devait être publiée ce 26 janvier mais qui est reportée. Nicolas SARKOZY recommande une date pour la publier : « le 01 avril ». (le 25) Bruno LE MAIRE, notre ministre de l’Agriculture, soutient Nicolas SARKOZY contre la Commission européenne sur la spéculation et les prix alimentaires volatils. Pour lui, ce que fait la Commission européenne, c’est « débattre autour du sexe des anges ». (le 26) Sur le même sujet, Jean QUATREMER indique que le document bruxellois, qui n’était que préparatoire, avait « fuité » par l’AFP la veille de la conférence de presse de Nicolas SARKOZY. L’entourage de José Manuel BARROSO est bien embêté car cela donne l’impression de glisser une peau de banane sous les pieds du président français. (le 26) -
Partons en Suisse… A Davos, Nicolas SARKOZY met en garde contre « trois grands risques pour 2011 » : les « dettes souveraines », les « déséquilibres monétaires et financiers », et la « volatilité www.greliermichel.eu
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extrême du prix des matières premières ». (le 27) -
C’est quoi Davos ? C’est le sommet économico‐politique annuel grands patrons/chefs d’Etat, en Suisse. Les chefs d’entreprise y sont 1.400, les chefs d’Etat plus de 30, sans oublier 8 présidents de Banque centrale. C’est le Forum économique mondial, le 41ème. - C’est une sorte d’interface avec le G‐20. Le Russe Dmitri MEDVEDEV a prononcé le discours inaugural. Il a demandé aux investisseurs de ne pas s’effrayer suite à l’attentat dans le plus grand aéroport de Moscou, il a donné les raisons pour lesquelles les investisseurs doivent continuer à s’intéresser à son pays. Il reconnaît que les critiques sont parfois méritées, qu’il veut bien recevoir des conseils amicaux, mais pas qu’on lui fasse la leçon. La Chine et l’Inde ont envoyé leur plus importante délégation à Davos. Il faut cesser de qualifier la Chine de pays « émergent ». Le premier employeur d’Europe est d’avis que les marchés de l’emploi les plus prometteurs sont en Asie, et il ajoute qu’en terme de croissance quantitative, l’Occident ne peut pas faire grand‐chose. Lars OLOFSSON est le patron de… Carrefour. (le 26) -
Thomas, pour finir sur Nicolas SARKOZY, cette dernière information de la semaine. L’Union pour la Méditerranée (UpM) a été lancée en 2008 à Paris, la veille du 14 juillet. Elle regroupe 43 pays dont l’UE‐27, la Turquie, Israël, et les pays arabes riverains. L’UpM a son siège à Barcelone parce qu’aucun des pays de l’autre rive ne l’a voulu chez lui. Le conflit israélo‐palestinien bloque son évolution, rendant même impossible la tenue du 2ème sommet de l’UpM prévu se tenir en juin 2010. Au bout d’un an, son secrétaire général démissionne. Ahmad MASSA’DEH est jordanien. (le 27) -
Ce sont d’étranges nouvelles pour un projet sarkozyen qui a du plomb de gros calibre dans l’aile. Et inquiétantes. Plus réjouissantes sont les nouvelles du jeu entre amis politiques, nos « primaires ». Chez les socialistes, nous avons un comité technique restreint, un Comité national d’organisation des primaires (CNOP), et voici qu’arrive une « Haute autorité » chargée de trancher les litiges et de valider les résultats. Pour pouvoir s’exprimer, les sympathisants socialistes devront verser un euro minimum, signer une charte d’adhésion aux valeurs de la gauche (non encore rédigée), et signer la « charte éthique » de la campagne. Pour 178.000 militants (chiffre d’octobre 2010), le PS a pour objectif de mettre en place 10.000 bureaux de vote tenus par 60.000 à 80.000 sympathisants pour accueillir au moins un million de votants. -
Etapes suivantes. www.greliermichel.eu
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Constituer une liste électorale à jour et une carte des bureaux de vote. Comment sécuriser les transmissions des résultats ? SMS ou communications téléphoniques sécurisés ? Combien cela va coûter ? Quel plafond des dépenses ? Les fonds personnels autorisés ou non ? Quid des frais de campagne et de pré‐campagne pour les candidats ? (le 25) -
Oh ! La belle « usine à gaz » toute rose. Chez les Verts, des « primaires » auront lieu les 24 juin et 09 juillet 2011. Sur les rangs Eva JOLY, la favorite ; Yves COCHET et Nicolas HULOT restent possibles. (le 30) -
Oh ! La belle « usine à gaz » toute verte. Thomas, ton humour me réjouit, mais j’ai deux sujets sérieux à évoquer : la Tunisie et l’Egypte. La Tunisie d’abord. Mohamed GHANNOUCHI reste Premier ministre et remanie son gouvernement de transition. Les ministres régaliens du parti de BEN ALI (Intérieur, Défense, Affaires étrangères) sont remplacés, 12 nouveaux ministres arrivent et 9 sont reconduits. (le 27) -
Et l’Egypte. La contagion de la « révolution du jasmin » atteint l’Egypte qui veut sa « révolution des pyramides ». Le peuple égyptien veut le départ du président Hosni MOUBARAK et manifeste. Il y a peu d’opposition dans ce pays, c’est Mohamed EL‐BARADEÏ qui fait figure de favori dans ce camp. Il fut prix Nobel de la paix en 2005 avec l’AIEA dont il fut le directeur. (le 27) Le bilan devient lourd pour la « révolution des pyramides ». Les affrontements auraient fait 13 morts et 75 blessés à Suez. Au Caire et dans sa périphérie, le bilan serait de cinq tués et 1.030 blessés. -
Et qu’en est‐il à Alexandrie ? Hosni MOUBARAK sort de son silence, il annonce le limogeage de l’actuel Premier ministre et la formation imminente d’un nouveau gouvernement. Il impose un couvre‐feu de 16h00 à 05h00 GMT (Egypte = GMT+2) pour les trois principales villes égyptiennes. L’armée sort de ses casernements. Des Frères musulmans sont arrêtés préventivement. Conséquences sur les gouvernements occidentaux ? Les Etats‐Unis, la Grande‐Bretagne sont, au premier chef, pris entre leurs alliances stratégiques, leurs discours sur la démocratie ou les libertés, et les sympathies de leurs populations pour ceux qui manifestent. Les autres pays européens le sont aussi. Les opinions publiques s’intéressent aux « révolutions » tunisienne et égyptienne. Quel sera l’impact de l’aide financière étatsunienne (1,3 Mia US$ annuel) sur l’armée égyptienne ? (le 28) Hosni MOUBARAK est allé chercher son vice‐président dans les services de renseignement. Il ne s’est pas trop éloigné de son entourage, en choisissant un allié www.greliermichel.eu
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proche. Omar SOULEÏMANE dirige l’EGIS depuis 1993, il est passé par l’armée. Il devient le successeur à ce poste de Hosni MOUBARAK lui‐même qui l’était au moment de l’assassinat d’Anouar el‐SADATE. Actualisation des bilans (manifestants et forces de sécurité) : au moins 62 personnes tuées au cours des deux derniers jours, le nombre des blessés atteint les deux mille. Et un nouveau Premier ministre qui va former un nouveau gouvernement. Ahmed CHAFIK est le ministre de l’Aviation en poste. Il fut commandant de l’armée de l’air égyptienne. (le 29) -
« Engagez‐vous ! Rengagez‐vous ! qu’ils disaient… », cela mène quand même quelques militaires égyptiens aux sommets gouvernementaux. Nous voilà avec trois parties en présence : Hosni MOUBARAK et son système d’Etat, l’opposition avec Mohamed EL‐BARADEÏ, et les généraux de l’armée égyptienne. Entrée en jeu claire de l’armée. Elle serait la 10ème du monde, 468.000 hommes, elle est au cœur du pouvoir depuis le renversement du roi Farouk en 1952. Se sont succédés à la présidence Mohamed NEGUIB (1953‐54), Gamal NASSER (1954‐70), Anouar SADATE (1970‐81) et Hosni MOUBARAK depuis 1981, tous issus de l’armée. Aujourd’hui l’armée égyptienne est commandée par le maréchal Mohamed Hussein TANTAOUI. Elle est notoirement opaque, il est quasiment interdit de faire des reportages à son sujet. Hosni MOUBARAK a rencontré la hiérarchie militaire, son ultime espoir. (le 30) -
C’est tout ? Pour l’instant, bien sûr. As‐tu des choses sur « Elysée 2012 » ? Oui, et revoilà Jean‐Luc MELENCHON. Jean‐Luc MÉLENCHON a pris pour cible privilégiée Dominique STRAUSS‐KAHN. Dans la « primaire » du Front de gauche, les candidats sont Jean‐Luc MÉLENCHON du Parti de gauche, André CHASSAIGNE et André GERIN du PCF, Maxime GREMETZ, apparenté au PCF. (le 26) -
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Les progrès en intentions de vote et en bonnes opinions pour Jean‐Luc MELENCHON vont‐ils amener la gauche à sortir de leurs archives… la machine à perdre de 2002 ? Thomas, il y a manifestement un lien qui s’installe entre les élections cantonales des 20 et 27 mars et le concours « Elysée 2012 ». Jean‐François COPÉ, le capitaine de l’équipe UMP, nous promet des débats « matin, midi et soir ». -
Gare à l’indigestion ! Amusant. Si le capitaine COPÉ ne pense qu’à ça, une de ses lieutenantes se démarque. Nadine MORANO donne la priorité aux débats liés aux cantonales. (le 29) Le PS à son tour considère les cantonales de mars comme un tremplin pour sa reconquête du pouvoir. Il y a plus de 110 conseils généraux en France. Le PS détient la majorité dans une soixantaine et espère en conquérir quelques autres. www.greliermichel.eu
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Martine AUBRY a annoncé que le thème de la campagne serait le « bouclier territorial » contre la majorité nationale de droite. (le 30) -
Thomas, encore quelque chose sur Jean‐Luc MELENCHON. Vas‐y. Le 21 décembre 2010, j’avais parlé de l’affrontement Jean QUATREMER/Jean‐Luc MÉLENCHON par blogs, buzz et internet interposés. Après Cuba, leur nouveau sujet de « haine » est la Biélorussie et le refus par Jean‐Luc MELENCHON de voter une résolution du Parlement européen demandant des sanctions ciblées contre certains de ses dirigeants. Devant les insultes proférées, Jean QUATREMER fait une mise au point détaillée. Il y est même question de poursuite en diffamation. (le 25) -
Par curiosité, j’ai voulu vérifier les propos de Jean QUATREMER quant à l’activité de Jean‐Luc MÉLENCHON comme député européen. Il existe un site internet qui compare les activités de tous les eurodéputés (ils sont 736) : www.votewatch.eu . Avec 61,45%, son taux de présence aux séances plénières place Jean‐Luc MÉLENCHON en 722ème place ex‐æquo avec Marine LE PEN et un eurodéputé italien. Il bat quand même Rachida DATI (728ème) et Philippe de VILLIERS (735ème). - C’est pas vrai ! Tu me montres ce site. … As‐tu d’autres choses ? - Oui, sur la Commission européenne, un retour en France, et quelques anecdotes. Dans l’intérêt des Grecs eux‐mêmes et des touristes, pour préserver l’équilibre des prix et la qualité du service des transports aériens grecs entre Athènes et les îles, le commissaire européen à la Concurrence, Joaquin ALMUNIA, a mis son veto au projet de fusion entre Aegean Airlines et Olympic. Il entend ainsi empêcher la constitution d’un quasi‐
monopole. La Commission européenne, par le Fonds de solidarité de l’UE, vient d’octroyer 35,6 Mio euro pour les sinistrés de Xynthia, la tempête qui a fait 53 morts en février 2010 en Vendée et en Charente‐Maritime. (le 26) -
On peut dire que la Commission bloque et débloque. Quelques précisions sur la « polémique » de la Commission européenne avec la France sur les fluctuations étranges des matières première agricoles. On connait la vingtaine de pages d’une version avancée du texte encore en préparation à la Commission européenne. Le mot « spéculation » ne figure qu’une fois dans le rapport. (le 28) -
Ce qui peut nous ramener en France. Fin décembre 2010, 2.725.200 personnes pointaient dans la catégorie A. C’est le niveau le plus élevé depuis mars 2000. Si l’on ajoute les catégories B et C, le chiffre s’établit à www.greliermichel.eu
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4.051.700 personnes en métropole. Avec les départements d’Outre‐mer, les trois catégories confondues, on est à 4.309.500 personnes. (le 26) -
La marée continue de monter en France pour le non‐emploi, le chômage si vous préférez ce mot. Il faudra que tu me dises ce que sont ces catégories A, B et C. D’accord, je me renseigne. … Renseignements pris, il y a d’abord trois définitions de ce qu’est un « chômeur ». Pour l’Organisation internationale du travail (OIT), c’est un individu qui appartient à la population active, qui n’a pas d’emploi, et qui en cherche un activement. Pour Eurostat et l’INSEE, est chômeur une personne en âge de travailler (16 ans ou plus) qui est sans emploi, c’est‐à‐dire ne pas avoir travaillé, même une heure, pendant une semaine de référence, qui est à la recherche active d’un emploi, et qui est disponible dans les quinze jours. Pour « Pôle Emploi » et le gouvernement français quand il communique les chiffres du chômage, est chômeur tout individu qui est inscrit à Pôle Emploi comme « demandeur d’emploi ». - Vous devinez que ces notions se chevauchent et que les chiffres qui en ressortent ne sont pas cohérents. Et rajoutons une couche administrative. A Pôle Emploi, il y a cinq catégories d’inscrits. A. Les demandeurs d’emploi tenus de faire des actes positifs de recherche d’emploi, sans emploi. B. Les demandeurs d’emploi tenus de faire des actes positifs de recherche d’emploi, ayant exercé une activité réduite courte (78 heures ou moins au cours du mois). C. Les demandeurs d’emploi tenus de faire des actes positifs de recherche d’emploi, ayant exercé une activité réduite longue (plus de 78 heures au cours du mois). D. Les demandeurs d’emploi non tenus de faire des actes positifs de recherche d’emploi en raison d’un stage, d’une formation, d’une maladie, etc., sans emploi. E. Les demandeurs d’emploi non tenus de faire des actes positifs de recherche d’emploi, en emploi (les bénéficiaires de contrats aidés par exemple). -
Cela me suffit, j’ai compris. Du chômage aux conflits d’intérêt. Les conflits d’intérêt dans la vie publique. Il s’agirait (c’est un conditionnel) de promouvoir une véritable culture de la déontologie dans la vie publique française. Et pour cela, Nicolas SARKOZY a demandé la préparation d’un projet de loi à François FILLON. -
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Je ne vous ennuierai pas avec la définition du conflit d’intérêt. Sachez que 4.000 personnes environ sont potentiellement concernées, mais pas les députés ni les sénateurs. Quand le monstre du Loch Ness fait des cabrioles, cela provoque des vagues. Et les vagues c’est ce que détestent ceux qui ont des intérêts un peu obscurs à protéger. www.greliermichel.eu
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L’âge légal de départ à la retraite est relevé graduellement de 65 ans à 67 ans et la durée de cotisation pour une retraite à taux plein de 35 à 37 ans… en Espagne. Les syndicats (CCOO, les Commissions ouvrières, et l’UGT, Union générale du travail) l’ont négocié et validé. Cela se décide au moment où le chômage atteint en Espagne le pic de 20,3% au quatrième trimestre de 2010. Les secteurs de la construction et des services sont le plus touchés. En Allemagne, le passage de 65 à 67 ans s’est fait en 2007. La France en est au relèvement de 60 à 62 ans. -
Il faut lancer un avis d’alerte au « tsunami social » sur la France ! Thomas, j’arrive au bout de mes munitions. Les voilà en vrac. N’avais‐tu pas des choses sur « l’italian lover » de 74 berges ? Si, Thomas, mais je le porte si peu dans mon estime que je lui règlerai son compte tout à la fin, au baisser du rideau. Au Portugal, le président Anibal Cavaco SILVA a été réélu pour cinq ans, dès le premier tour du scrutin avec 52,94% des voix. (le 24) Le score définitif pour Claude MONET est de 913.064 visiteurs. (le 25) -
Jacques DELORS est toujours là et en forme. Il était invité par les Verts allemands au Parlement européen pour parler de l’avenir de l’Europe. Il a regretté le manque de vision des actuels chefs d’Etat et de gouvernement, il les voit plus en pompiers qu’en architectes. Il a dénoncé le « mépris » dans lequel on tenait José Manuel BARROSO, et le fait que Herman VAN ROMPUY « le chef d’orchestre invisible » soit, lui, privilégié par Angela MERKEL et Nicolas SARKOZY. Il critique le refus d’Angela MERKEL d’utiliser les « coopérations renforcées ». -
Michel, c’est quoi ces « coopérations renforcées » ? Un aspect institutionnel qui permet à certains Etats membres d’aller plus vite à quelques –uns. En cyclisme on parlerait du peloton et d’un groupe d’échappés. Et Jacques DELORS critique vivement le refus franco‐allemand d’envisager l’intégration de la Turquie dans l’Union. (le 30) Les Etats‐Unis vont dépasser, une nouvelle fois, la limite légale d’endettement : 14.300 Mia US$ (cela s’écrit 14.300.000.000.000 US$). C’est le Congrès qui vote cette limite et c’est le gouvernement qui la gère. Le secrétaire au Trésor, Timothy GEITHNER, a prévenu que sans accord du Congrès, les Etats‐Unis ne pourraient plus emprunter à partir d’une date comprise entre le 31 mars et le 16 mai 2011. -
Et après ? Dépôt de bilan ou faillite ? Tu parles de qui, Thomas ? Des Etats‐Unis ou de ton italien ? Il faut hélas parler des turpitudes de Silvio BERLUSCONI. Elles remplissent plus de 600 pages de documents en possession du Parlement. (le 27) www.greliermichel.eu
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Nous éviterons leurs descriptions qui courent la presse. Combien de temps encore le chef de gouvernement d’un Etat membre de l’UE pourra‐t‐il rester en poste après la litanie de ses « exploits bunga‐bunga ». J’ai connu des situations chez les Scandinaves où des ministres ont été remercié(e)s pour des peccadilles, alors que là on est en face de pratiques monstrueuses. Et Silvio, protégé par une immunité de député, encore soutenu par une partie de la population italienne, reste en place, à l’abri de la justice et des procureurs. Les droits de l’Homme ne sont‐ils pas bafoués par ce triste personnage ? Le Corriere Della Serra scrute Silvio BERLUSCONI : 74 ans, adepte du mérite esthético‐
sexuel, à la recherche permanente de l’approbation, de l’admiration, de l’adulation, de l’applaudissement, et de l’adoration. Les critiques sont du non‐amour, c’est pourquoi il les rejette. (le 28) -
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S’il vivait aux temps de la Rome antique, quelqu’un lui aurait sûrement fait remarquer que le Capitole où il trône, avec sa cour, est à proximité de la Roche tarpéienne, signe de chute brutale et de solitude. C’est le « scandaleux Cavaliere » italien et ses courtisanes. www.greliermichel.eu
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Semaine 05 – du lundi 31 janvier au dimanche 06 février 2011 La fête à MAM (Michèle ALLIOT‐MARIE) -
Comment pourrions‐nous appeler cette semaine ? Deux sujets se disputent la première place : l’Egypte et des vacances ministérielles. J’opte pour la semaine de « la fête à MAM ». Mais je commencerai par la situation en Egypte. Les Frères musulmans veulent former un large comité politique avec Mohamed EL‐
BARADEÏ afin de nouer un dialogue avec l’armée égyptienne. Son entourage dément l’information. Hosni MOUBARAK a formé un nouveau gouvernement. Le ministre de l’Intérieur sortant était responsable de la répression sanglante, il est remplacé par un ancien général de la police. Les ministres des Affaires étrangères (Ahmed Aboul GHEIT) et de la Défense (Mohamed Hussein TANTAOUI) restent en place. Des personnalités respectées prennent en charge le ministère de la Culture et celui des Antiquités. L’armée promet de ne pas ouvrir le feu sur les manifestants. Elle est là pour le bien et la sécurité des Egyptiens. (le 31 janvier) Mohamed EL‐BARADEÏ bénéficie actuellement de l’appui de la jeunesse et des classes moyennes. Avocat de formation, il est devenu universitaire puis diplomate international. Il utilise beaucoup le réseau Twitter pour communiquer avec les Egyptiens. Certains lui reprochent ses séjours hors d’Egypte et une certaine proximité avec les Etats‐Unis. Il est né le 17 juin 1942. Il reçut le prix Nobel de la Paix en 2005 pour l’action de l’AIEA, dont il fut le directeur pendant trois mandats (1997‐2009), contre la prolifération nucléaire. Dans son discours de départ, il avait recommandé aux membres de l’agence de maintenir leur « engagement à 100% pour la paix, la liberté, la justice et la dignité humaine ». Il est rentré en Egypte pour tenter de personnifier l’opposition au « raïs » Hosni MOUBARAK. Il est musulman laïc. Il s’est opposé publiquement à George W. BUSH sur l’invasion de l’Irak. Hosni MOUBARAK a annoncé à la télévision qu’il ne se représenterait pas à la prochaine élection présidentielle, et qu’il consacrerait les derniers mois de son mandat à la transition. La « marche du million » est une réussite. Plus de 200.000 personnes dans le centre du Caire, 20.000 à Suez. Des manifestations ont aussi eu lieu à Alexandrie, Tanta, Mansoura, Mahalia et Koubra, Ismaïlia, etc. (le 01 février) De source médicale, les heurts dans le centre du Caire ont fait trois morts et 1.500 blessés. (le 02) -
Bonjour. La porte était ouverte et je suis entré discrètement. J’ai vu ce que tu as déjà écrit et je me pose une question. Elle concerne Israël et les Etats‐Unis. Les Israéliens n’ont‐ils pas de bonnes raisons de s’inquiéter en voyant comment les www.greliermichel.eu
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Etats‐Unis viennent de lâcher un « ami de trente ans » : Hosni MOUBARAK ? Thomas, ta question est intéressante, elle mérite de s’arrêter pour tenter d’y répondre. Merci, je peux m’asseoir et t’écouter ? Vas‐y. J’y suis. Quelle analyse peuvent faire les Israéliens de la menace et de leurs protections ? Il n’y a qu’un seul adversaire direct, c’est l’Iran. Quel autre Etat pourrait penser les attaquer ? Tu peux préciser ? Les Etats qui entourent Israël sont le Liban, la Syrie, la Jordanie et l’Egypte. En vois‐tu un qui mobiliserait pour attaquer Tsahal ? Est‐ce que l’Iran pourrait attaquer directement Israël ? J’en doute, parce que la « claque » en retour serait rapide et particulièrement forte. Les Etats‐Unis, l’Union européenne, l’OTAN et les adversaires de l’Iran, comme l’Arabie Saoudite « mettraient le paquet », chacun avec ses moyens propres. Il y a un problème, c’est que le concept de « guerre préventive » utilisée par George W. BUSH en Irak, ne pourrait pas être utilisé. Il y a donc à redouter une « première frappe » iranienne qui toucherait de nombreux citoyens israéliens. La réponse israélienne n’aurait lieu qu’ensuite. Si ce scénario ne se réalise pas, comment l’Iran peut‐il agir contre Israël ? L’Iran possède plusieurs bras armés dans la région proche d’Israël. Au Liban, le Hezbollah et dans la Bande Gaza, le Hamas, sont soutenus directement et indirectement par l’Iran. Sans oublier les soutiens syrien et irakien à l’Iran. J’ai le sentiment que le problème est plus compliqué que ce que tu viens d’expliquer. Je suis d’accord, mais on reviendra sur ces points qui concernent l’Arabie Saoudite, la Turquie et la Libye. Quel programme ! Un peu de géopolitique du pourtour méditerranéen Pour commencer, regardons une carte de la région. Descendons vers le Sud. Le Royaume‐Uni, le Danemark, la Pologne, les Etats baltes et les pays scandinaves n’y seront plus. C’est le Maghreb, le Proche‐ et le Moyen‐Orients que nous voyons. - Apparaissent, à leur vraie dimension, le Maroc (446.550 km² sans le Sahara occidental contesté, 31,7 Mio habitants), l’Algérie (2.381.741 km², 36,1 Mio habitants), la Tunisie (163.610 km², 10,6 Mio habitants), la Libye (1.759.540 km², 6,2 Moi habitants), l’Egypte (1.001.449 km², 84,5 Mio habitants), l’Autorité palestinienne (6.225 km², 4,2 Mio habitants), Israël (20.770 km², 7,7 Mio habitants), le Liban (10.452 km², 4,2 Mio habitants), la Syrie (185.180 km², 22,2 Mio habitants), la Turquie (783.562 km², 77,8 Mio habitants). - Sans oublier la Jordanie (92.300 km², 6,2 Mio habitants), -
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l’Irak (437.072 km², 31,2 Mio habitants), l’Iran (1.648.195 km², 76,9 Mio habitants), l’Arabie Saoudite (2.149.690 km², 28,7 Mio habitants), le Koweït (17.818 km², 2,6 Mio habitants), les Emirats arabes unis (82.880 km², 4,6 Mio habitants), le Qatar (11.437 km², 1,7 Mio habitants), Bahreïn (665 km², 0,7 Mio habitants), le sultanat d’Oman 309.500 km², 3,3 Mio habitants), et le Yémen (527.970 km², 23,0 Mio habitants). - Rappel. La France (675.417 km², 65,8 Mio habitants). - Qui sont les leaders actuels de cette zone, après les événements de Tunisie et d’Egypte ? L’Iran, l’Arabie Saoudite, la Turquie et la Libye, à des titres divers. - Quelques observations indispensables pour éviter quelques pièges. Les Iraniens sont des Persans, les Saoudiens sont des Arabes, les Turcs sont des Ottomans, les Libyens sont des Arabes. Les Iraniens sont des musulmans chiites, les Saoudiens sont des wahhabites, les Turcs sont des sunnites, les Libyens aussi. - C’est‐à‐dire que si l’on veut les mettre dans des cases, il n’y en a pas deux qui iront dans la même. D’où des rivalités que l’on peut considérer comme politiquement et religieusement mortelles. D’où aussi des ambitions d’influence qui se manifestent. L’Iran Au 4ème siècle avant notre ère, les Iraniens appelaient leurs territoires Parsa du nom du royaume de Cyrus le Grand, qui appartenait à la tribu perse, et qu’on retrouve encore aujourd’hui sous la forme de Fars ou Pars, correspondant au nom de cette province d’Iran. L’Iran se convertit au chiisme duodécimain (ceux des chiites qui croient aux douze imams) au XVIe siècle. Cette conversion résulte d’une volonté de s’affirmer face à la domination des Ottomans sunnites et de créer une identité iranienne spécifique. La conversion des sunnites est obligatoire, sous peine de mort. L’Arabie Saoudite Le premier Etat saoudien trouve sa source aux alentours de 1744. Un chef tribal local, Mohammed ben Saoud, s'associe avec Mohamed ibn Abd al‐Wahhab afin de réinstituer les dogmes de l'islam dit authentique. L'Arabie saoudite moderne est fondée par le roi Abd al‐Aziz ibn Saoud qui, souhaitant restaurer l'ancien état de son aïeul, s'empare de Riyad, la capitale ancestrale de la dynastie des Al Saoud. L'Arabie saoudite est fondée officiellement le 22 septembre 1932 par la fusion des provinces du Nejd et du Hedjaz. Abd al‐Aziz ibn Saoud en devient officiellement roi. Les guerres ayant permis l'accession au pouvoir d'Ibn Saoud firent 500.000 morts entre 1901 et www.greliermichel.eu
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1932. Nous allons en dire plus long sur celui qui est un grand inconnu pour beaucoup de Français. Mohamed ibn Abd al‐Wahhab est né en l'an 1115 de l'hégire (1703 de notre calendrier actuel) dans une famille de gens de religion et de science. Il apprit le Coran par cœur avant l'âge de dix ans. Il était l'objet de l'admiration de son père, vu sa mémoire impressionnante. Jugé top radical il fut chassé de la présidence du comité local des oulémas, puis de l'oasis elle‐même et s'installa à une cinquantaine de kilomètres de Riyad. Il entreprit de voyager pour acquérir la science tout d'abord dans sa région, puis vers La Mecque où il étudia avec les savants ; il continua son périple vers Médine, où il étudia les règles de l'héritage. Il gagna ensuite Bassorah où il se heurta à l'hostilité des dignitaires chiites. À la mort de son père, il commença à prêcher ouvertement l'islam à la manière des « pieux prédécesseurs ». À cette époque, les gens de la péninsule arabique étaient revenus à toutes sortes de pratiques idolâtres et se conformaient peu aux rituels de l'islam. Appliquant la Charia de manière intransigeante, il condamna à mort par lapidation une parente d'un émir pour adultère. Ce fût la première fois que cette peine était appliquée dans le Nadj. Provoquant la fureur des notables et des oulémas, il dut fuir. Il conclut une alliance avec le prince Mohamed ben Saoud, prince de Dariya, village de soixante‐dix maisons de torchis à une dizaine de kilomètres de Riyad. Ensemble, grâce au prêche du cheikh et à l'autorité et à la puissance du prince, ils réalisèrent l'unité des tribus arabes sous la bannière de l'unicité de Dieu. A sa mort, en 1792, le dogme défendu par Mohammad ibn Abd al‐Wahhab règnera dans une grande partie de la péninsule arabique. Dès le début du XXe siècle, sa doctrine dominera pratiquement toute la zone avec la montée des Saoud. La Turquie En 1299, le sultan Osman Ier conquiert la ville byzantine de Mocadène. Cet événement est considéré comme le début de l'Empire ottoman. Dès lors, l'Empire ne va cesser d'accroître son territoire et il atteint son apogée au XVIe siècle sous le règne de Soliman le Magnifique. L'Empire décline à partir du XVIIIe siècle. En 1912, l'Empire ottoman perd la Tripolitaine et la Cyrénaïque ainsi que Rhodes. Le 10 août 1920, à la fin de la première Guerre mondiale, le traité de Sèvres partage l’Empire ottoman ; il prévoit un Kurdistan et une Arménie indépendants, attribue la Thrace orientale et la région de la mer Egée à la Grèce et met les territoires arabes sous contrôle de la France et de la Grande‐Bretagne. Entre 1920 et 1923, Mustafa Kemal mène la guerre républicaine destinée à récupérer une grande partie des territoires perdus par le traité de Sèvres. Finalement, le 24 juillet 1923, le traité de Lausanne revient sur le traité de Sèvres en attribuant toute l’Anatolie et la Thrace orientale à la Turquie ; les minorités grecque et arménienne résiduelles sont chassées, sauf à Istanbul. Mustafa Kemal était partisan d'un nationalisme restrictif et anticlérical. Son modèle de référence restait ancré dans la France des Lumières. Il avait l'ambition de modeler une civilisation turque moderne : une société unie/unique, sans lutte des classes, mais turque avant tout. Ses méthodes restaient fondées sur le volontarisme et un populisme : « malgré le peuple, pour le peuple ». www.greliermichel.eu
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L'armée reste un pilier de la nation ; l'école laïque est gratuite et obligatoire. Une nouvelle capitale, Ankara, est choisie, au détriment d'Istanbul, la capitale historique deux fois impériale (Empires romain d'Orient et ottoman). La langue est remaniée, une politique nationale est alors appliquée par Mustafa Kemal, qui remplace par exemple l'alphabet ottoman d’origine arabe par l’alphabet latin en 1928. En politique étrangère, Mustafa Kemal « Atatürk » tient fermement au principe de neutralité. En 1919, suite à de grandes manifestations, des mesures sont prises visant à faire évoluer le statut de la femme : égalité avec les hommes reconnue dans le code civil, mariage civil obligatoire, interdiction de la polygamie, de la répudiation, du port du voile à l'école, scolarisation des filles, embauche de femmes dans l'administration... En 1930, elles votent et sont éligibles aux élections locales et en 1934 aux élections nationales. La Turquie kémaliste se veut résolument laïque. Le califat est abandonné en 1924. C'est alors largement perçu comme un sacrilège par le monde‐arabo musulman. En 1928, l'islam cesse d'être la religion d'État, puis, en 1937, la laïcité est inscrite dans la Constitution. Le calendrier grégorien (le nôtre) est adopté, et le dimanche devient le jour de repos hebdomadaire. Poursuivant la laïcisation du droit, le régime kémaliste adopte, en 1926, un code civil inspiré du code suisse, un code pénal inspiré du code italien, et un code commercial inspiré du code allemand. Mais c'est plus qu'une laïcité, car elle est dynamique et autoritaire. L'anticléricalisme est prononcé, mais le spiritualisme musulman n'est pas pour autant abandonné. La laïcité turque et kémaliste se distingue de la laïcité française et jacobine par le contrôle exercé par l'État sur les religions, et surtout la tendance majoritaire de l'islam, via la direction des Affaires religieuses. La religion de la population est en très large majorité l'islam, avec, en fonction des références, 70 à 85 % musulmans sunnites hanafites et entre 15 et 25 % des musulmans alévis. Le hanafisme est la plus ancienne des quatre écoles sunnites du droit musulman ou sa jurisprudence. Le hanafisme est assez représentatif des musulmans non arabophones . L'école hanafite est la principale école de l'islam depuis l'époque de la dynastie des Omeyyades (661‐750). Elle est particulièrement répandue en Turquie, où l’Empire ottoman l'officialisa, dans les régions asiatiques à l'est de l'Iran (Chine, Afghanistan, Tadjikistan, Pakistan, Inde, Bengale, Bangladesh) mais aussi en Jordanie, en Syrie, en Irak, en Egypte, et elle conserve un reste d'influence dans des régions dominées par l'Empire ottoman, comme la Bosnie, et dans une moindre mesure en Tunisie et en Algérie. Les alévis sont des membres de l'islam dits hétérodoxes. Ils revendiquent la tradition universelle et originelle de l'islam et plus largement de toutes les religions monothéistes. Ils se distinguent par un non‐dogmatisme des dogmes religieux dits « orthodoxes » tels le sunnisme ou le chiisme. La Libye Son histoire est une série de périodes et de dates, c’est‐à‐dire qu’elle n’a pas une histoire nationale développée. 1551 ‐ Prise de Tripoli par le sultan ottoman Soliman le magnifique et annexion de la Libye à l'Empire ottoman. La Tripolitaine et la Cyrénaïque, contrairement aux autres provinces ottomanes d'Afrique du Nord, demeurent provinces ottomanes jusqu'en 1911. www.greliermichel.eu
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1911 ‐Les Italiens qui entretiennent des relations commerciales avec la Libye depuis plus d'un siècle déclarent la guerre à l'Empire ottoman. 1912 – Avec le traité de Lausanne, l'Italie obtient la Cyrénaïque et la Tripolitaine. 1922 ‐ Venue au pouvoir de Mussolini. De 1922 à 1931 ‐ Résistance armée à l'occupation italienne sous l'égide d’Omar Al Mokhtar qui sera pendu en septembre 1931. 1939 ‐ Début de la Deuxième Guerre mondiale. 1945 ‐ À l'issue de la campagne de Libye, la France et la Grande‐Bretagne se partagent l'occupation du pays : Tripolitaine et Cyrénaïque sous contrôle britannique, Fezzan sous contrôle français. 1949 ‐ L’ONU se prononce en faveur d’un État indépendant incluant les trois provinces libyennes. 1950 ‐ L'émir Mohammed Idriss el‐Sanoussi est désigné comme roi. Décembre 1951 ‐ Indépendance qui ouvre le règne d’Idriss Ier (Mohammed Idriss el‐
Sanoussi). La Libye est le premier État du Maghreb à obtenir son indépendance. 01 septembre 1969 ‐ En l'absence du roi parti pour sa cure annuelle en Turquie, un groupe d'officiers renverse le régime et Mouammar Kadhafi proclame la République à l'âge de 27 ans. Indépendante en 1951, la Libye passe dès 1969 sous le contrôle de Mouammar Kadhafi, un colonel d'armée qui entend développer une politique axée sur le panarabisme et le socialisme d’Etat. Son régime est petit à petit mis sur la sellette par la communauté internationale à cause de sa participation à plusieurs attentats et son soutien à certains mouvements de rébellion et de résistance de par le monde pendant les années 1980. Les Libyens sont arabes, comme le rappelle le nom complet du pays : « Grande Jamahiriya arabe libyenne populaire et socialiste », et 97 % de la population du pays est musulmane. Les musulmans libyens sont sunnites. ***** - Parmi les faits récents pour ces pays. L’Arabie Saoudite semble perdre le soutien égyptien de la période Moubarak et se retrouve plus isolée dans la région. La Tunisie a dit vouloir adopter le modèle de l’AKP qui gouverne en Turquie. L’Iran est en proie à des fissures internes (responsables politiques et populations), à des fragilités économiques et est constamment épié par ses voisins et les grandes puissances inquiètes de ses appétits nucléaires. La Libye reste l’inconnue de l’équation. - Les pays en proie actuellement à de l’agitation ou à ses suites. L’Algérie, la Tunisie, la Libye, l’Egypte, l’Autorité palestinienne face à la Bande Gaza, le Liban, la Jordanie, l’Irak, l’Iran, Bahreïn et le Yémen. - Les pays qui font face. Le Maroc augmente ses subventions aux produits de première nécessité pour acheter un calme relatif de la population. La Syrie paraît paisible dans son rôle de courroie de transmission entre l’Iran et le Liban. www.greliermichel.eu
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- Deux moteurs « à explosions » dans la région. Le Hezbollah au Liban La plus récente des interventions de Hassan NASRALLAH, le chef du Hezbollah libanais, à ses troupes est : « Préparez‐vous, nous allons envahir la Galilée ! » Le Hamas dans la bande de Gaza Ismaïl ANNIYEH s’oppose aux élections législatives et présidentielle que Mahmoud ABBAS vient d’annoncer. Il n’y participera pas. ***** Certaines des données géographiques et historiques utilisées ci‐dessus sont tirées de « Wikipédia – L’encyclopédie libre ». -
Tu parles comme un livre, que dis‐je, comme une encyclopédie, quand tu t’y mets. Chapeau pour toutes ces précisions. Tu veux quelque chose de plus léger ? Carla BRUNI‐SARKOZY n’a jamais voté pour la gauche en France, alors qu’elle l’avait fait en Italie Elle ne se sent « plus vraiment » appartenir à cette famille politique. -
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Mais rassure‐toi. Elle sera derrière Nicolas SARKOZY s’il se représente en 2012. Pour elle, « la politique reste un monde difficile. Ce ne sera jamais mon métier, je n’en ferai jamais ». -
Avant d’en venir au gros sujet de cette semaine, je souhaite attirer ton attention sur la place que pourrait prendre les islamistes dans l’avenir de la Tunisie. Le dimanche 30 janvier 2011, Rachid GHANNOUCHI – sans lien de famille avec le premier ministre Mohammed GHANNOUCHI – est rentré à Tunis après 22 années d’exil. Il est le président du mouvement islamiste jusque là interdit Ennahda. Des milliers de personnes l’attendaient à l’aéroport. -
C’est ce qui suit qui est révélateur. A son arrivée, de jeunes bénévoles d’Ennahda polis et bien organisés encadraient la foule en l’absence quasi complète d’agents de sécurité de l’aéroport. Ils semblaient tous se connaître, suivaient un plan et portaient des casquettes blanches pour s’identifier. (le 02 février) Et maintenant allons‐y : les vacances tunisiennes d’une ministre de la République, la ministre des Affaires étrangères : Madame Michèle ALLIOT‐MARIE. - Qu’est‐ce que tu prends comme précautions. Il me vient une formule : « le ridicule ne tue plus – la ministre ‐, mais beaucoup en sont atteints – ses électeurs ‐ ». - Je te laisse ta formule, et voici des faits. www.greliermichel.eu
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C’est en pleine révolte populaire, commencée le 17 décembre, que MAM a passé le réveillon de Noël 2010 en Tunisie avec ses parents et son compagnon Patrick OLLIER. Elle assure avoir payé son séjour. Le trajet entre l’aéroport de Tunis et Tabarka, lieu du séjour, a été fait dans un jet privé de la compagnie Nouvelair appartenant à Aziz MILED et Belhassen TRABELSI (beau‐frère de BEN ALI). MAM assure qu’Aziz MILED, un ami de longue date, ne faisait pas partie du clan BEN ALI ; il fait pourtant partie des personnes dont la Suisse a gelé les avoirs. -
C’est dans ces occasions que j’apprécie tes images des vitrines politiques. Cet épisode peut s’appeler « le mannequin‐ministre dans les oasis » Qu’en est‐il de la voiture officielle et de l’escorte qui les attendaient à l’arrivée à Tabarka ? (le 01 février) -
Je suis étonné par la complaisance de ses amis politiques et par la prudence de ses adversaires. MAM est depuis longtemps ministre de notre République. Attends Thomas, la situation va devenir d’une gaminerie avancée. Quand l’opposition demande sa démission, MAM peut rester ministre après avoir fait son mea culpa et après avoir promis de ne pas recommencer. Et l’affaire est close. C’est le porte‐parole du gouvernement lui‐même, François BAROIN, qui le déclare. Ce sont les ministères des mêmes qui ont signé, le 12 janvier 2011, des autorisations de livraison de grenades lacrymogènes aux autorités tunisiennes. (le 03) -
Quand je dis les mêmes, je parle bien de MAM et de François BAROIN. MAM annonce que les avoirs d’Aziz MILED ne sont pas gelés par l’Union européenne. C’est pour elle la preuve que son ami de longue date n’appartenait pas au clan BEN ALI. -
Mais le reste‐t‐il sur la liste suisse ? Et un premier élément tragi‐comique de la situation. Selon l’historique des vols du même jet, il a été utilisé le 14 janvier pour un aller simple Tunis‐Cagliari, en Sardaigne. Le 14 janvier, c’est le soir de la fuite de BEN ALI. La destination finale du vol reste inconnue. -
Second élément tout aussi tragi‐comique. En octobre 2010, le même jet à fait un Tunis‐Biarritz et un Biarritz‐Paris. Biarritz est l’aéroport le plus proche de Saint‐Jean‐de‐Luz, le fief de MAM. Si MAM, qui était là‐bas, n’a pas utilisé l’avion, serait‐ce Aziz MILED lui‐même qui aurait été l’invité de la famille. (le 04) -
Mais pourquoi faut‐il découvrir ces réalités en mille épisodes ? Ce n’est pas un mais deux vols en jet privé que MAM a effectués en Tunisie. Le second a été effectué le 29 décembre 2010, un aller‐retour entre Tabarka et Tozeur, dans le grand sud tunisien. Il apparaît aussi que le fameux jet, enregistré au nom de la compagnie Karthago www.greliermichel.eu
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Airlines, appartient plus à Belhassen TRABELSI qu’à Aziz MILED. (le 05) -
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Tout ce que tu dis, toutes ces infos découvertes péniblement les unes après les autres, cela s’appelle – pour un enfant – lui « tirer les vers du nez ». En voilà assez, changeons de sujet. Plaisant ou sérieux ? Sérieux, s’il te plaît. Sais‐tu que… La Commission européenne a parmi ses objectifs phares de réduire le taux d’abandon scolaire moyen dans l’UE de 10% d’ici l’année 2020. Ce taux moyen est actuellement de 14,4% avec des écarts importants. Sept Etats sont sous les 10% : l’Autriche, la République tchèque, la Finlande, la Lituanie, la Pologne, la Slovaquie et la Slovénie. Trois Etats sont à plus de 30% : Malte, le Portugal et l’Espagne. Presque tous les Etats ont réduit ce taux depuis 2000. La France est à 12,3%. (le 31 janvier) -
Peux‐tu préciser ce qu’il faut entendre par « abandon scolaire » ? Cela concerne les 18‐24 ans qui ont quitté le système scolaire au niveau du premier cycle de l’enseignement secondaire et qui ne poursuivent ni études ni formation. Et un autre problème inquiétant, la lutte contre l’illettrisme. La Commission européenne, encore elle, met en place un groupe d’experts de haut niveau sur le sujet, car un jeune de 15 ans sur cinq, comme de nombreux adultes, est à peine capable de lire et écrire. On entend par élèves ayant de mauvais résultats en lecture, les élèves capables d’accomplir seulement les tâches de lecture les moins complexes, comme localiser un seul élément d’information, identifier le thème principal d’un texte ou établir une relation simple avec des connaissances familières de la vie de tous les jours. Les 3 meilleurs et l’évolution chez eux entre 2006 et 2009. Pays % en 2006 % en 2009 4,8% 8,1% Finlande Estonie 13,6% 13,3% Pays‐Bas 15,1% 14,3% Les 3 les moins bien placés Bulgarie 51,1% 41,0% Roumanie 53,5% 40,4% Autriche 21,5% 27,5% La France 21,7% 19,8% (le 01 février) Que vont faire ces experts de haut niveau ? Que va faire la Commission européenne de leur rapport ? - C’est l’un des drames institutionnels de l’UE. La Commission ne pourra faire que des recommandations aux Etats membres qui, à leur tour, en feront ce qu’ils voudront. - Pourquoi la Commission ne peut‐elle pas être plus directive ? - Parce qu’elle n’en a pas le droit. Les Traités, faits par les Etats, contraignent les Institutions européennes à rester dans le mouchoir de poche des compétences www.greliermichel.eu
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déléguées. Les statistiques comparatives européennes portent un certain nombre d’informations quantitatives et qualitatives sur nos vies en société. C’est Eurostat qui les réalisent. Et il y en a beaucoup. La dernière concerne le chômage en 2010. Zone euro‐16 : 10,0% contre 9,9% en décembre 2009. Pour UE‐27 : 9,6% contre 9,5%. Taux de chômage les plus bas : Pays‐Bas (4,3%), Luxembourg (4 ,9%), Autriche (5,0%). Taux de chômage les plus élevés : Espagne (20,2%), Lituanie et Lettonie (18,3%). La France : 9,7%. (le 01) -
Cette information pourrait te faire sourire. Il y a en Grèce 150 métiers divers dont l’accès et/ou l’exercice sont protégés. Parmi ceux‐ci : les avocats (ils sont 40.000), les notaires, les bouchers, les pharmaciens (10.000), les ingénieurs, les chauffeurs de taxi, les architectes, les comptables, etc. Le gouvernement grec va ouvrir à la concurrence une bonne vingtaine de ces professions. (le 31 janvier) Je souris, mais c’est un sourire amer sur ce qui se passait en Grèce. Une explication qui révèle comment et pourquoi ce pays était celui des exemptions fiscales et des systèmes de protection professionnelle de courte vue. Quand les caisses de l’Etat sont vides et que personne ne vient y verser ses contributions civiques, ce sont les araignées qui y élisent domicile et les spéculateurs financiers qui s’enrichissent grassement, ici, sur le dos de moutons grecs protégés et exemptés. - Des nouvelles de la santé de l’Etat belge ? Le roi Albert II a nommé Didier REYNDERS, actuel vice‐Premier ministre et ministre des Finances, comme nouvel informateur, pour une mission de deux semaines. Il doit « vérifier l’existence d’une volonté politique pour parvenir à un accord institutionnel ». -
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Que te reste‐t‐il en magasin car pour cette semaine, j’ai mon compte. En France, pour les élections cantonales. Les députés socialistes vont défendre un « bouclier rural » sur les services publics, sur l’économie ou sur la modernisation des structures agricoles. -
A noter que sera renouvelée la moitié des sièges de conseillers généraux dans tous les départements. Les nouveaux conseillers généraux seront élus pour trois ans et non six comme jusqu’à présent, afin que leur mandat s’achève en 2014, date de la mise en place des nouveaux conseillers territoriaux qui siègeront également à la région. Ce 31 janvier, les ministres des Affaires étrangères de l’UE‐27 entrent en réunion. Ils aboutiront à un consensus insatisfaisant sur l’Egypte. Herman VAN ROMPUY a été plus clair en notant que les Vingt‐Sept étaient « profondément troublés » par la spirale de la violence. Il a invité Hosni MOUBARAK à mettre fin à la répression et à libérer les prisonniers politiques. www.greliermichel.eu
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Comment peut‐on être plus clair qu’Herman VAN ROMPUY à Munich, lors de la 47 ème Conférence sur la Sécurité sur la position de l’UE (à 27) concernant les développements en Egypte. Encore faut‐il vouloir le lire et le dire. Désolé, c’est en anglais, mais c’est le texte. « Yesterday, the leaders of Member States of the European Union made clear that we stand behind the Egyptian people in its legitimate struggle for political rights, social justice and economic development. Chancellor Merkel and Prime Minister Cameron also emphasized it this morning. An orderly and expeditious transition should begin right now. » (le 05 février) -
Même des connaissances secondaires dans la langue de Shakespeare me permettent de tout comprendre. Selon une mission de l’ONU sur place en Tunisie, le bilan des affrontements serait de : 147 personnes tuées, 510 blessées, et les 72 prisonniers qui ont péri dans plusieurs établissements carcéraux, dont 48 par asphyxie lors d’un incendie à Monastir. (le 01) -
Tu n’as rien sur notre concours « Elysée 2012 » ? Si. Chez les Verts, on respecte scrupuleusement les traditions. Le Conseil fédéral vote le 28 janvier pour des primaires en septembre, « dans la précipitation » selon Cécile DUFLOT, la secrétaire nationale. Ce vote est annulé. Un second vote, qui donne une « infinie tristesse » au président du Conseil fédéral, Philippe MEIRIEU, dit que le vainqueur du scrutin par correspondance sera déclaré le 24 juin ou le 09 juillet 2011. Eva JOLY reste favorite, Yves COCHET est challenger, en attendant… HULOT (Nicolas). (le 01) Jean‐Luc MELENCHON pratique un chantage vis‐à‐vis du PS en s’appuyant sur ses électeurs de l’autre gauche qu’il estime à 12‐15%. Alors qu’il n’est que candidat potentiel du Front de gauche, il estime que si DSK – « le FMI, c’est lui ! » ‐ arrive au second tour de la présidentielle, « on va au désastre ». (le 05) -
Et j’ai deux choses sur le jeu des « primaires » au PS. Pierre JOXE et Robert BADINTER ne feront pas partie de la Haute autorité qui supervisera les primaires socialistes. L’avocat Jean‐Pierre MIGNARD en sera avec Mireille DELMAS‐
MARTY, docteur en droit et professeur au Collège de France. Le troisième membre sera Rémy PAUTRAT, ancien conseiller de Michel ROCARD, ancien préfet de l’Essonne, de Basse‐Normandie et du Nord‐Pas de Calais. (le 02) François HOLLANDE annonce sa candidature aux « primaires ». Pour rendre l’information moins simple, il la conditionne à sa réélection comme président du Conseil général de Corrèze, qui ne tient qu’à un siège. (le 06) -
Quatre informations rapides qui sont des épisodes complémentaires à ceux évoqués les semaines précédentes. www.greliermichel.eu
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La France est parvenue, dans une ultime tentative, à renforcer la proposition de la Commission européenne sur la volatilité des prix des matières premières et les produits de base et le lien avec la spéculation. L’argument « cacao » de Nicolas Sarkozy semble avoir été efficace. « Pourquoi un spéculateur sur le cacao pourrait acquérir 15% du marché global sans payer le moindre cent et le revendre sans même l’avoir payé ? ». Certains chercheurs pensent que ce lien entre la volatilité des prix et une spéculation a été sur‐politisé et qu’une confusion a été faite entre spéculation et manipulation de marché. (le 01) Le gouvernement de Budapest a répondu dans les délais imposés à la Commission européenne. Il a indiqué être prêt à apporter des modifications à sa loi sur les médias. La Commission lui en demande trois. 1. Combler le manque de critères clairs pour les restrictions imposées aux bloggeurs et les droits fondamentaux de la liberté d’expression et d’information. 2. Eclairer certains points de la loi qui semblent s’appliquer aux médias non‐hongrois de l’UE. 3. Confirmer que l’enregistrement des médias ne déboucherait pas sur une exagération dans l’application des règles par manque de critères précis. (le 01) Depuis l’élargissement de 2004, l’UE est passée de 15 à 25, puis à 27 Etats membres. Des fonctionnaires de ces 10 premiers Etats ont été recrutés, 4.004 permanents ou temporaires. Deux tiers sont des femmes et, pour la première fois, la balance des effectifs penche en leur faveur (52,1% contre 46,6% en 2004). (le 03) Sara GIUDICE, 25 ans, est conseillère municipale de Milan. Elle a lancé une pétition (10.000 signatures recueillies) réclamant la démission de Nicole MINETTI, ex‐vedette de la télévision et hygiéniste dentaire personnelle de Silvio BERLUSCONI, et conseillère régionale de Lombardie. Que pensez‐vous qu’il arriva ? Elle a été exclue du parti « Le Peuple de la liberté », celui de Silvio BERLUSCONI. (le 01) -
Chapeau Michel ! Tu termines sur la « berlusconnerie » de la semaine. www.greliermichel.eu
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Semaine 06 – du lundi 07 au dimanche 13 février 2011 Deux eurodéputés français fantômes Lundi matin, je suis à ma table de travail depuis une bonne heure. Thomas EINSTEIN est arrivé il y a une vingtaine de minutes et s’est installé près de moi, très calme et silencieux. - Il est habituel de commencer par les informations qui paraissent les plus importantes, et ce sont deux informations de la dimension européenne qui me semblent dominer la semaine. Il manque deux eurodéputés français à Strasbourg et à Bruxelles. Les Traités de Lisbonne nous en attribuent 74 depuis le 01 décembre 2009, quand nous en avions 72 avant. - Qui sont, ou plutôt qui seront ces deux élus ? - Je ne pense pas que le mot « élus » soit opportun. Le mot « désignés » serait plus adapté. - Pourquoi ? Le 26 janvier, Jean TIBERI (député UMP) est devenu le rapporteur sur le sujet. Et nous n’avons ni candidats ni calendrier. -
Inquiétant ! Que s’est‐il passé ? Le 23 juin 2010, les 27 Etats membres ont adopté un protocole aux Traités de Lisbonne qui donne les mesures transitoires pour que l’effectif du Parlement européen soit correct à la fin de la législature, passant de 736 aujourd’hui à 751 en juin 2014. Ce protocole est en cours de ratification dans les Etats, celle de la France est attendue en mai 2011. - Il faut attendre la fin de cette procédure pour désigner officiellement nos deux eurodéputés supplémentaires. Attention ! Ce sont des députés nationaux intéressés qui seront présentés par les groupes politiques, par paquet de quatre, et en respectant la parité. (le 07 février) -
Ce qui veut dire que nos prochains eurodéputés auront été élus ailleurs, pour autre chose, et ensuite désignés. Madame Démocratie, Mademoiselle Marianne, n’auriez‐vous pas pris un coup de froid tricolore ? Bilan de la situation : la France est le dernier des 27 à statuer sur la désignation de ses nouveaux eurodéputés. Faut‐il être plus clair ? Et la seconde information ? Elle permet de comparer, sous un certain angle, l’application des systèmes « démocratiques » français et européen. Combien de rumeurs ont couru sur les invitations et les cadeaux extraordinaires reçus par les commissaires ou les députés européens. Toutes sont aussi fausses ou fantaisistes les unes que les autres. www.greliermichel.eu
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Si MAM et François FILLON avaient eu des fonctions semblables aux leurs, ils auraient dû faire leurs valises. -
Y a‐t‐il eu un précédent dans cette dimension européenne ? Oui, il s’appelle Jacques SANTER et Edith CRESSON. C’était en mars 1999. Depuis il existe un code de bonne conduite qui lie les commissaires européens. (le 10) Il a été présenté par José Manuel BARROSO aux parlementaires européens. Pas d’invitations dépassant les normes « de l’usage diplomatique et de la courtoisie ». Pas de cadeaux de plus de 150 euro. Pas de nuit d’hôtel dépassant 300 euro. Pas de vols sur des avions privés. Pas d’usage irrégulier d’une voiture de fonction avec chauffeur. (le 11) -
Il y en a même qui trouvent que ce n’est pas suffisant. Les eurodéputés se réjouissent de l’obligation faite aux commissaires européens – et à leur époux ou épouse – de déclarer l’intégralité de leurs revenus et de leurs biens. (le 11) -
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Ce sont les ministres français qui feraient une drôle de tête, et peut‐être le président de la République lui‐même. Tu sors du code, tu fais ta valise ! Est‐il vrai que, depuis l’affaire SANTER/CRESSON, une lettre de démission signée par chaque commissaire est dans le coffre de José Manuel BARROSO ? Et que, le cas échéant, il peut la sortir, la dater et la faire exécuter ? Je ne peux pas l’affirmer, mais cela m’avait été rapporté pour la précédente Commission européenne, déjà présidée par José Manuel BARROSO. Pourquoi estimes‐tu que cette information est importante ? Parce que certains Européens ne comprennent pas ce qui se passe en France et critiquent le laxisme apparent dont nous faisons preuve. Il suffit de parcourir les informations suivantes. MAM se rend compte, au mois de février 2011, que « des gens ont été choqués » par ses déplacements de fin décembre 2010 en Tunisie. Elle reconnaît : « C’est vrai qu’on est ministre 24 heures sur 24, ceci dit, vous comprendrez qu’avec le rythme que nous avons, de temps en temps on a besoin de se poser ». Le samedi 05 février, elle avait lâché : « Quand je suis en vacances, je ne suis pas ministre des Affaires étrangères ». (le 07) -
Elle sait aussi être ridicule. « Il n’est pas question que je remonte dans un avion, quelles que soient les circonstances, tant que je serai ministre ». (le 07) -
Il n’y a que des Français pour accepter d’avoir une ministre des Affaires étrangères qui ne circulerait qu’en train, en bateau, en voiture ou à bicyclette. « O tempora ! o mores ! », disait Cicéron dans les pages roses de notre dictionnaire familial. « Je voudrais dire à Michèle tout mon soutien. Elle a le soutien du président de la www.greliermichel.eu
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République et du Premier ministre », dixit François FILLON devant les députés UMP. Et les députés ont applaudi MAM sur demande du chef du groupe, Christian JACOB. (le 08) -
Est‐ce que l’information précise si la « claque » de service l’a fait lors d’une « standing ovation » ? Le même jour, François FILLON admet avoir été « hébergé par les autorités égyptiennes » lors de ses vacances de fin d’année 2010. Matignon fait une mise au point préventive. François FILLON, le Premier ministre, était invité par les autorités égyptiennes. Il s’est rendu à cette invitation. Il a utilisé un Falcon de l’Escadron de transport ETEC pour se rendre de France à Assouan. (le 08) -
Matignon, ce sont bien les services du Premier ministre, les services de François FILLON ? Oui. Et tout cela est très normal, mais est‐ce qu’on n’oublierait pas quelque chose ou quelques‐uns ? Mais oui ! Madame FILLON, une citoyenne française comme toi et moi, et les enfants FILLON, de simples citoyens français, étaient du voyage. Et voilà poindre l’ambigüité. Les autorités égyptiennes avaient‐elles invité la famille FILLON ou le Premier ministre de la République française. Et tout change. Nous pourrions nous interroger sur la tarification d’un appareil de la République pour une utilisation semi‐publique et semi‐privée. Sans oublier cette justification amusante Matignon ajoute : « Lors de ce voyage, le Premier ministre a rencontré le président MOUBARAK, le 30 décembre 2010, à Assouan ». (le 08) -
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Michel, j’ai une question impertinente. MAM en Tunisie, FILLON en Egypte. Il faut vite déclencher une enquête pour savoir quelle fut leur influence dans les événements qui s’y sont déroulés après leurs vacances de Noël. … Et le président, lui, a‐t‐il dit quelque chose ? Oui, lors de sa rencontre avec des Français à la télévision. A propos des voyages en Tunisie et en Egypte : « Pas un centime d’argent public n’a été détourné. La politique étrangère de la France n’a été impactée ni par l’un ni par l’autre de ces déplacements ». (le 10) -
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On reste en droit de s’interroger sur cette utilisation généreuse de l’argent public. On reste en droit de douter que l’image de la diplomatie française n’ait pas été impactée. Pour terminer sur ce sujet. Le Premier ministre est en voyage officiel en Arabie saoudite. Lors d’une conférence de presse, François FILLON rappelle les nombreux voyages en Egypte de François MITTERRAND et de Jacques CHIRAC, celui de Nicolas SARKOZY, tous faits à l’invitation d’Hosni MOUBARAK. (le 12) Madame FILLON et les enfants FILLON n’étant pas de ce voyage, c’était donc un vrai www.greliermichel.eu
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voyage officiel dans la plus stricte tradition politique nationale ? Et l’autre, alors ? As‐tu des informations d’Egypte et de Tunisie ? D’Egypte d’abord. Apprécié aussi bien par les Etats‐Unis que par les Frères musulmans, le général Sami ENAN pourrait bien être celui sur lequel reposera en partie l’avenir de l’Egypte. Il est le chef d’état‐major de l’armée depuis 2005. Ancien officier de l’armée de l’air, il a été formé dans l’ancienne Union soviétique, il est passé par l’Ecole de guerre en France et par la Haute Académie militaire Nasser. Il a écourté son voyage à Washington lorsque les manifestations ont éclatées le 25 janvier 2011. (le 08) -
La dépêche est datée de 09h42. Catherine ASHTON, au nom de l’UE‐27, estime que le discours d’Hosni MOUBARAK du 10 février « n’a pas ouvert le chemin pour des réformes plus raides et plus profondes. (le 11) -
Pour moi, cette réaction de l’UE peut être considérée comme rapide, même si certains ne veulent ni la voir ni l’entendre, ni en tenir compte dans leurs analyses et commentaires. 17h12, Hosni MOUBARAK a démissionné. C’est le vice‐président Omar SOULEIMANE qui l’annonce à la télévision. L’ex‐président charge le Conseil militaire suprême de prendre en charge les affaires publiques. (le 11) -
En Tunisie. Le ministre des Affaires étrangères, Ahmed OUNAIES, ne sera resté en fonction que du 27 janvier au 13 février 2011. Il a dû démissionner. (le 13) -
Où l’on retrouve MAM ! Ahmed OUNAIES avait ulcéré nombre de ses compatriotes en déclarant que sa rencontre à Paris avec MAM était « un rêve devenu réalité ». Et plusieurs centaines de fonctionnaires de son ministère s’étaient mis en grève. (le 13) -
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Déclaration inopportune, déclaration maladroite quand tu nous tiens. A propos l’un a démissionné « vite fait », l’autre est toujours en place, couverte par sa hiérarchie. Est‐ce normal ? … J’ai un peu de nostalgie du pays. Rien de plus proche qui nous concerne ? Nos jeux entre amis politiques. Je commence par le jeu en vert. Un sondage d’opinion place Nicolas HULOT bien devant Eva JOLY, que ce soit chez les Français (61‐30) en général et chez les Verts (64‐34) en particulier. (le 07) Daniel COHN‐BENDIT et José BOVE affichent une relative neutralité. Et un coup de dés à rebondissements à ma gauche. www.greliermichel.eu
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Anne Sinclair, son épouse, ne souhaite pas que DSK fasse un second mandat au FMI. (le 09) Ma question est : qui se décide ? Est‐ce DSK lui‐même ou Anne SINCLAIR, pour elle‐
même et pour lui ? Et l’UMP tente de troubler le jeu en rose avec des attaques contre DSK. Pour Pierre LELLOUCHE, il incarne une « gauche ultra‐caviar ». Pour Christian JACOB, « Ce n’est pas l’homme de la réussite en politique si on le juge à l’aune des 35 heures qu’il a inventées ». Les amis politiques de DSK ont réagi de façon traditionnelle, appelant à la rescousse les principes républicains, la hargne, Paul DEROULEDE ou Charles MAURRAS. (le 13) François BAROIN, UMP lui aussi et le porte‐voix du gouvernement, souhaite que DSK termine son mandat au FMI (novembre 2012), ce qui l’empêcherait de se présenter à la « primaire » du PS et probablement à la prochaine élection présidentielle. (le 13) -
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Ne passons pas sous silence la suite des aventures de Jean‐Luc MELENCHON. C’était la fin du 2ème congrès du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) à Montreuil (93). Son porte‐parole, Olivier BESANCENOT, a rejeté un rapprochement avec le Parti de gauche de Jean‐Luc MELENCHON qu’il trouve trop proche du Parti socialiste. Celui‐ci a laissé éclater sa colère devant ce procès en manque de radicalité. (le 13) -
Et notre Président ? Il passe à la télé. Je t’ai donné son commentaire sur l’argent public et les voyages officiels. Dans le même programme il reconnaît deux échecs : la délinquance des mineurs et le traitement des multirécidivistes. Il fait machine arrière sur ses précédents propos à l’encontre des magistrats dans l’affaire Laëtitia1. Il déclare ses priorités absolues : la sécurité et le chômage. Ce débat fut courtois entre lui et un panel de neuf Français sélectionnés par la chaîne (TF1). Seuls le jeune agriculteur et l’enseignante lui ont porté une réelle contradiction. (le 10) -
Je terminerai par une information indienne et deux italiennes. Sur BERLUSCONI ? Trois semaines, près de trois millions d’agents recenseurs, le recensement a démarré en Inde (1,17 Mia habitants). Il a lieu tous les dix ans. Presque tous les résidents, quelle que soit leur nationalité sont recensés. Les millions de sans‐abri sont comptabilisés. Le formulaire porte notamment sur les revenus, la religion, le niveau d’études et l’accès aux services de base. (le 09) 1
Lors d’une allocution devant des policiers et des gendarmes, le 03 février, à Orléans, Nicolas SARKOZY avait promis
que les « dysfonctionnements graves » des services de police et de la justice qui ont permis la remis en liberté de Tony
MEILHON, le principal suspect du meurtre de la jeune Laëtitia à Pornic, seraient sanctionnés.
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Deux informations entrent en collision au « royaume berlusconien ». D’une part, plus de 100.000 personnes se sont rassemblées dans de nombreuses villes pour manifester contre le machisme du « Cavaliere » et l’humiliation que ses frasques sexuelles imposaient à toutes les femmes. (le 13) -
Cela me fait penser aux villes de Sodome et Gomorrhe dont parle la Bible. Une statue monumentale de Silvio BERLUSCONI en sel me conviendrait. D’autre part, des centaines de Tunisiens sont arrivés sur l’île de Lampedusa (20 km²), au large de la Sicile, portant à plus de 4.000 le nombre de migrants débarqués en trois jours dans une Italie, débordée, qui a décrété « l’état d’urgence humanitaire ». (le 13) -
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Qui sont tous ces migrants ? Qu’est‐ce que « l’état d’urgence humanitaire » ? Comment son traités ces migrants ? Je vais essayer de te donner quelques réponses simples et rapides. Quand tu regardes une carte de la Méditerranée, la Tunisie et la Sicile sont presque voisines. La Sicile c’est l’Union européenne. L’île de Lampedusa est italienne, c’est l’Union européenne. Lampedusa est plus proche de la Tunisie que de la Sicile. C’est dont la destination naturelle de ces Tunisiens. Comme tu le sais, la « révolution de jasmin » a bousculé l’équilibre des situations en Tunisie. Il y en a qui craignent les violences, les pillages et les enlèvements, le pays étant à la dérive. Il y en a qui craignent une récession économique et un appauvrissement de la Tunisie ; ce peut être le cas de jeunes présents sur ces bateaux. D’autres fuient la Tunisie parce qu’ils étaient membres, ou proches, du clan BEN ALI/TRABELSI. Il y a aussi des prisonniers et des criminels de droit commun qui ont profité des événements pour s’évader et qui profitent de cet afflux pour trouver un refuge. Peut‐être y a‐t‐il aussi des extrémistes islamistes parmi eux. Certains ont demandé l’asile politique. Ces migrants sont considérés comme tentant d’entrer illégalement en UE. Ils ont été enfermés dans un stade de football de Lampedusa en attendant d’être transférés sur le continent pour des vérifications d’identité. La plupart risquent d’être expulsés, Rome a déjà mis en place un pont aérien pour ces transferts. Quant à « l’état d’urgence humanitaire », c’est une situation exceptionnelle qui permet d’éviter certaines formalités légales, de prendre des mesures rapides et de mobiliser des moyens financiers en urgence. www.greliermichel.eu
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Semaine 07 – du lundi 14 au dimanche 20 février 2011 L’embrasement du pourtour méditerranéen Bonjour. Oui, je suis en avance, mais je ne voulais pas louper ton travail parce que je me doute que cette semaine est riche. - Bonjour Thomas, tu es le bienvenu. Mais il y a du pain sur la planche. Beaucoup d’informations, beaucoup d’endroits à visiter, beaucoup de morts ou de blessés. Installe‐toi et regarde ces notes, je les ai éditées en deux exemplaires. - Merci. Comment résumerais‐tu cette semaine ? - Pour moi, c’est la semaine de l’embrasement du pourtour méditerranéen où des départs de feux se succèdent. Je m’interroge sur l’ordre dans lequel en parler : Tunisie, Autorité palestinienne, Bahreïn, Egypte, Libye, Yémen, Liban et Maroc. C’est la Libye qui m’inquiète le plus. Commençons par elle. Des heurts ont eu lieu à Benghazi, la deuxième ville du pays. Une manifestation nationale aura lieu pour demander le départ du colonel KADHAFI qui dirige le pays depuis 1969. D’autres manifestations ont eu lieu à Zentan et à Beyida. (le 16 février) Le régime de KADHAFI riposte avec violence aux manifestations de rue. Selon Human Rights Watch (HRW), le bilan est de 24 morts en 48 heures. Mouammar KADHAFI est apparu brièvement sur la place Verte de Tripoli en voiture au milieu de centaines de partisans, sans prendre la parole. La Libye, qui assure la présidence tournante de la Ligue arabe, a annoncé le report du sommet prévu en mars à Bagdad. Amr MOUSSA, le secrétaire général de l’organisation, a affirmé que la réunion restait programmée. (le 18) Le décompte est monté à 84 morts pour les trois derniers jours. Les blessures les plus courantes sont des tirs de balle dans la tête, la poitrine et le cou. Cela indique que l’usage de la force a été autorisé contre des manifestants désarmés. KADHAFI dispose d’une marge de manœuvre financière pour répondre aux demandes des manifestants. Son pouvoir est respecté dans l’ensemble du pays, à l’exception de la région de Benghazi. Certaines communications ont été coupées et l’accès à internet a été bloqué. (le 19) Une cinquantaine de dirigeants musulmans libyens appellent à la « fin du massacre » à Benghazi. Ce sont des dignitaires religieux, des intellectuels et des chefs de clan de Tripoli, de Bnai Walid, de Zintan, de Jadu, de Msalata, de Misrata, de Zawiah et d’autres villes et villages de l’ouest du pays. Le bilan selon HRW est de104 morts. La situation est‐elle encore sous contrôle ? Et sous le contrôle de qui ? A Benghazi, les manifestants contrôleraient les rues, les forces de sécurité s’étant retranchées dans un « Centre de commandement » d’où ils tirent sur la foule. Le reste de la Libye reste calme. -
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Bilan HRW : 173 tués en quatre jours. Nouveaux affrontements meurtriers à Benghazi. Au moins cinquante tués par balles et une centaine d’autres grièvement blessés. (le 20) Toutes ces vies disparues en si peu de temps, en si peu d’informations, en si peu de lignes. J’en ai la honte et la colère. En Egypte… un autre bilan sanglant. Selon le ministre de la Santé, Ahmed Sameh FARID, durant les 18 jours de soulèvement, le bilan provisoire est d’au moins 365 civils tués. Il ne tient pas compte des policiers ni des détenus. (le 16) Thomas, regarde les notes sur le Liban… Là l’inquiétude monte devant la menace. Le Tribunal spécial pour le Liban, mis en place par l’ONU pour juger les responsables de l’assassinat de Rafic HARIRI, a rendu une décision clé pour la procédure en définissant la notion de terrorisme. Il se réfère à sa définition en droit libanais qui recouvre un acte « destiné à répandre la terreur » ; il se réfère aussi à la notion, courante en droit international, des « moyens » utilisés pour un tel acte. (le 16) Pourquoi parles‐tu d’une menace ? Parce que ces définitions détournent les yeux de la justice vers des membres du Hezbollah. Et c’est une des raisons pour lesquelles le Hezbollah a fait sauter le gouvernement de Saad HARIRI, le fils de Rafic. Et observe cette information du même jour. Hassan NASRALLAH, le chef du Hezbollah, a exhorté les membres de la guérilla chiite libanaise à se tenir prêts à envahir la Galilée, au nord d’Israël. Pour rappel… La guerre de 34 jours qui a opposé le Hezbollah à Israël en 2006 avait fait 1.200 morts parmi les Libanais et 160 parmi les Israéliens. (le 16) Et pour compliquer la situation entre Palestiniens et Israéliens… ABBAS dissout l’USN. L’USN est l’ « Unité de soutien aux négociations » pour les pourparlers de paix avec Israël. Mahmoud ABBAS a dissous cette Unité suite à la découverte de l’implication de certains de ses fonctionnaires dans la divulgation par Al Djazira d’un millier et demi de documents, portant sur plus de dix années de négociations, et relatifs aux concessions que l’Autorité palestinienne serait prête à faire dans ses tractations avec l’Etat israélien. Ces fuites ont aussi entraîné sa démission par le négociateur en chef de la partie palestinienne, Saëb EREKAT. Et toutes les négociations avec Israël ont été stoppées. (le 14) Partons dans le Golfe Persique, à Bahreïn, une presqu’île raccordée artificiellement à l’Arabie saoudite. Des milliers de manifestants chiites se sont réunis dans le centre de Manama, la capitale. Certains y ont passé la nuit. Ils réclament la démission du Premier ministre qui gouverne www.greliermichel.eu
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depuis 1971, le cheikh Kalifa ben Salman al Khalifa, oncle du roi et symbole de la richesse de la famille régnante. La famille régnante est de confession sunnite, la population de Bahreïn est majoritairement chiite et se plaint de discrimination. C’est à Bahreïn qu’est basée la 5ème Flotte de l’US Navy. C’est aussi un important centre bancaire. (le 16) Poussons notre voyage jusqu’au Yémen. Des affrontements ont eu lieu à Sanaa entre partisans du pouvoir et opposants. Les forces de police ont été incapables de les maintenir à distance les uns des autres. (le 16) Avant notre retour en Tunisie pour achever ce périple méditerranéen, une étape au Maroc. Des rassemblements pacifiques ont lieu à Rabat pour exiger de MOHAMED VI qu’il transfère une partie de ses prérogatives royales à un gouvernement élu et qu’il lutte énergiquement contre la corruption. (le 20) J’ai regardé tes notes sur la Tunisie, il y a plusieurs pistes à suivre. Par laquelle vas‐tu commencer ? Par les migrants à Lampedusa. Ensuite les rapports entre la Tunisie et l’UE, pour finir par le « trésor » de BEN ALI. Mais alors, que fait l’Union européenne ? La commissaire Cecilia MALMSTRÖM aurait déclaré être « pleinement consciente de la pression exceptionnelle qui pèse sur l’Italie ». Un porte‐parole de la Commission a affirmé que la situation était en partie gérée par Frontex, organisme européen basé à Varsovie, qui coordonne les ressources pour la surveillance des frontières de l’UE. (le 14) Ce sont 5.500 migrants tunisiens qui ont atteint les côtes italiennes. La plupart ont moins de 30 ans ; il y a 34 femmes et 108 enfants. 27 passeurs ont été identifiés. (le 15) Trente‐cinq prisonniers se sont évadés de la prison civile de Gabès. Vingt‐et‐un ont été repris. A la fin de janvier 2011, ce sont 11.000 prisonniers qui se sont échappés de plusieurs prisons. Moins de 2.000 se sont rendus. (le 16) Quatre jours après la demande de l’Italie, la mission « Hermès » de Frontex sera déployée pour aider les autorités italiennes. Elle comprend des moyens aériens et navals. Elle fait partie d’un plan d’action plus général. (le 20) Malte à son tour exprime ses inquiétudes car l’île s’attend à une vague d’immigration. (le 14) La « ministre des Affaires étrangères » de l’UE, Catherine ASHTON, est la première de ce rang à venir sur place en Tunisie. Elle le fait avec une mission confiée par les chefs d’Etat ou de gouvernement lors du dernier Conseil européen. Elle a annoncé des engagements financiers de l’UE d’un montant de 258 Mio euro d’ici à 2013, dont 17 Mio euro seront débloqués « immédiatement ». www.greliermichel.eu
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Elle a précisé que ces aides n’étaient pas des prêts mais des dons. Elle a discuté avec la BEI pour une enveloppe d’un milliard euro destinés aux PME et aux infrastructures tunisiennes. (le 14) Pendant ce temps… Le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, Mustapha Kamel NABLI, révèle que les financements bancaires vers les 23 groupes et les 182 entreprises du clan BEN ALI/TRABELSI sont évalués à 2,5 Mia dinars (près de 1,3 Mia euro). Selon le gouverneur, 71% de ces financements sont à faible risque du fait des garanties financières et immobilières. En revanche 430 Mio dinars présentent des risques et pourraient causer des dommages aux banques prêteuses dans la mesure où la moitié de la somme peut ne plus être récupérée. Le gouverneur a relevé « l’impossibilité actuelle d’avancer des chiffres précis » sur les avoirs détournés par les responsables de l’ancien régime et leurs proches à l’étranger. (le 16) Tu as gardé « Le Trésor de Rackham Le Rouge » pour la fin ? Oui, cela ressemble à la fin de l’aventure de Tintin dans les caves du château de Moulinsart. Des rangées entières de liasses de billets de banque étaient placées dans de grands coffres‐
forts dissimulés derrière une bibliothèque aux portes coulissantes. Des billets de 500 euro, des dollars, des devises égyptiennes, libanaises et turques, et des gros paquets de dinars tunisiens. Les coffres contenaient aussi des parures serties de diamants, d’émeraudes et d’autres pierres précieuses, colliers et ceintures en or massif. Cette fortune a été déposée dans les coffres de la Banque centrale de Tunisie. Elle sera évaluée en présence des membres de la commission nationale d’investigation sur la corruption et les abus de l’ancien régime, et d’huissiers notaires. (le 20) Nous ne pouvons pas quitter la Tunisie sans un détour vers MAM. Ses parents, qui possédaient déjà 13% de la société civile immobilière à Gammarth ont finalisé son rachat total à Aziz MILED et à son fils Ikram, le 30 décembre 2010, durant les vacances avec leur fille, pour un montant nominal de 755.000 dinars, soit 325.000 euros. Son père a publiquement pris la défense de MAM, indiquant qu'il avait lui‐même choisi ce lieu de vacances et en avait profité pour finaliser un achat prévu de longue date. Il dit aussi avoir payé le séjour dans l'hôtel d'Aziz MILED, dont les factures n'ont toujours pas été produites à ce jour par la ministre ou sa famille. « Ma femme et moi sommes les seuls responsables », a‐t‐il dit, précisant que sa fille ne possédait aucune part de la société civile immobilière achetée dans le sud du pays. (le 16) Question : quel est l’âge du capitaine ? Pourquoi demandes‐tu cela ? Ma question est alors : quel est l’âge des parents de MAM ? Je te vois venir : son père, Bernard MARIE, a 94 ans et sa mère, Renée MARIE, en a 92 et alors ? Investir pour soi‐même à ces âges‐là me paraît hasardeux. Ne s’agit‐il pas d’une acquisition www.greliermichel.eu
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pour compte de tiers – MAM et son compagnon, ministre de la République lui aussi, si le contrat qui les unit le permet – faisant partie d’une succession possible ? Tout ceci ne serait alors qu’une énorme manipulation. François BAROIN, au nom du gouvernement, a déclaré que « MAM s’est expliquée et elle bénéficie du soutien de toute l’équipe gouvernementale ». (le 16) Il me semble qu’elle ignore, elle qui fut ministre de la Justice, la formule du témoin devant un tribunal : « Vous jurez de dire la vérité ! Toute la vérité ! Rien que la vérité ! ». Michèle ALLIOT‐MARIE a eu le président BEN ALI au téléphone pendant ses vacances, alors qu'elle avait affirmé n'avoir eu « aucun contact privilégié » avec lui. Confirmant cet échange téléphonique, le cabinet de MAM a assuré qu'il s'inscrivait dans les activités quotidiennes d'un ministre des Affaires étrangères. (le 16) N’est‐ce pas elle qui a dit, avant de se reprendre, qu’en vacances, elle n’était plus la ministre des Affaires étrangères de la France ? Attends, Thomas, j’ai encore une info sur la France et la Tunisie qui vaut son pesant de « diplomate », tu sais cette pâtisserie avec une génoise imbibée de Grand Marnier et entrecoupée d'une couche de crème pâtissière fourrée aux fruits confits, l'ensemble étant recouvert de crème Chantilly, elle‐même surmontée d'un bigarreau confit. Miam… sans jeu de mot ! Vas‐y. Arrivé le 16 février 2011, à peine a‐t‐il présenté ses lettres de créances que le nouvel ambassadeur de France à Tunis, Boris BOILLON, a présenté ses excuses publiques à la télévision nationale tunisienne pour avoir été cassant avec des journalistes dont il avait trouvé le questions « débiles » sur MAM ou les liens de la France avec BEN ALI. (le 19) Au Quai d’Orsay, on minimise, on relativise, on appelle au calme. (le 19) Paris tentait de rectifier le tir avec Tunis après avoir reconnu, fin janvier 2011, que les autorités françaises avaient tardé à prendre la mesure de la contestation populaire. Ensuite, Nicolas SARKOZY a fait débarquer l’ancien ambassadeur, Pierre MENAT, et a nommé Boris BOILLON pour le remplacer. (le 19) Mauvaise pioche. Retour chez nous, pour des infos en vrac. D’abord la « règle d’or » du retour à l’équilibre des finances publiques. Nicolas SARKOZY et François FILLON vont réviser la Constitution pour y intégrer cette « règle d’or » qui dira quand notre pays cessera ses déficits chroniques. La réunion du Congrès, pour entériner la révision, devrait avoir lieu un lundi à Versailles, « avant l’été ». (le 14) Pourquoi cette apparente précipitation ? Parce qu’en septembre 2011, il y a des élections sénatoriales dont le résultat pourrait être un basculement à gauche. Et un Sénat à gauche compliquerait la ratification de cette révision. Et un rapport annuel toujours très instructif, celui de la Cour des comptes. C’est l’un des moments les plus savoureux de l’année publique française. C’est un vrai hommage annuel www.greliermichel.eu
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rendu à Georges COURTELINE. C’est le répertoire des dysfonctionnements de la République. Et comme le tabagisme, on peut dire « Nuit gravement à la santé financière du pays », mais on s’en moque ouvertement. Alors Michel, tu te lâches ? Quelles sont les cibles de l’année ? H1N1. Son coût s’élève à 662,6 Mio euro, après annulations de commandes aux laboratoires. Le gouvernement avait annoncé 510 Mio euro. Moins de 8,5% de la population (5,4 millions de personnes) a été vaccinée. (le17) Mais dans quel ministère se cache donc maintenant Roselyne BACHELOT ? Corps d’armée européens. L’Eurocorps et la brigade franco‐allemande n’ont connu aucun engagement depuis 2004. La force navale franco‐allemande n’a connu que deux engagements en vingt ans.(le 17) Les militaires prennent le train. Les 75% de réduction remontent au XIXe siècle. Ils sont compensés par l’Etat à la SNCF pour un montant de 192,4 Mio euro en 2009 contre 143 Mio euro en 2002. La raison de cet écart serait due à une fraude systématique et à l’absence de contrôle. (le 17) L’Etat c’est bien « nous » ? Le Musée national du sport. Créé en 1963, il détient 600.000 objets et documents. Son problème est : pas de galeries, pas de personnel, pas de public. Son coût est de 900.000 euro par an à l’Etat. (le 17) L’Etat c’est bien encore « nous » ? Les 196.000 arbitres sportifs ne paient ni cotisation sociale ni impôt sur leurs indemnités. Coût estimé entre 37 et 134 Mio euro par an. (le 17) La prime pour l’emploi. C’est une distribution d’argent de l’Etat censée inciter à travailler, c’est plutôt une aide sociale. Elle est versée à plus de huit millions de foyers pas toujours défavorisés ; son montant : 4 Mia euro en 2009. (le 17) L’Etat c’est bien toujours « nous » ? Si quelqu’un cherche des sous au fond de la caisse vide de l’Etat, il y en a… dans nos poches ! Le déficit et la dette publique française. Quand le gouvernement annonce un objectif de 3,0% de déficit fin 2013, la Cour lui répond : « cet objectif ne peut pas être atteint sans nouvelles mesures de redressement ». Quand l’effort de redressement est estimé à 7,5 Mia euro, la Cour répond qu’il faudrait réduire d’au moins 20 Mia euro le déficit structurel national. Pour elle, « le redressement des comptes publics viendra seulement de réformes de grande ampleur ». (le 17) Le Fonds de réserve des retraites (FRR). Créé en 1999, il était censé constituer une cagnotte de 150 Mia euro destinée à contribuer à partir de 2020 au financement des régimes de www.greliermichel.eu
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retraite des salariés, artisans et commerçants. Mais la réforme des retraites adoptée en 2010 a modifié son rôle en l'obligeant notamment à verser 2,1 Mia euro par an jusqu'en 2024 à la Cades, la Caisse d'amortissement de la dette sociale. Alors même que ses propres dotations avaient été revues à la baisse, tombant entre 1,5 et 1,8 Mia euro contre 8,8 Mia euro en 2002. Pour la Cour, la réorientation du FRR « témoigne de l’abandon d’une ambition de long terme ». (le 17) C’est vrai que cette semaine est chargée car il me reste encore quelques informations. Tu nous emmènes où ? Dans les institutions européennes, en Italie, en Hongrie et en Allemagne. Mais finissons en France par du commerce politique. Jean‐François COPE, UMP, a annoncé pour avril un débat sur l’exercice des cultes en France et sa compatibilité avec les lois laïques de la République. Pour Marine LE PEN, un tel débat ferait à nouveau le jeu du Front national. La fois dernière, c’était le débat sur l’identité nationale. Pour elle, le débat de l’UMP « va arriver exactement aux solutions inverses de celles qu’attendent les Français ». (le 18) Le jeu des « primaires », en rose. Michel VAUZELLE, président de la région PACA, appelle à arrêter la partie qu’il trouve « dévastatrice ». (le 19) DSK (FMI) était reçu officiellement à Paris pour une rencontre du G‐20. Son clone, DSK (PS), était aussi à Paris, traqué par la presse et les politiques. Le Journal du Dimanche (JDD) et Le Nouvel Observateur assurent que DSK a pris sa décision et qu’il sera candidat. Sur France 2, dans les colonnes du Parisien, comme à CNN, DSK a « botté en touche ». « Je suis un homme plus libre que je n’ai jamais été car aujourd’hui j’ai la possibilité de dire à tous les chefs d’Etat ou de gouvernement de la planète ce qui va et ce qui ne va pas ». (le 20) Réduits à l’exégèse de ses propos, certains journalistes, agacés, passent d’une presse d’information à une presse de supputation ou de spéculation… ce n’est plus de l’information. Les faits sont têtus, l’information n’est pas une vérité, c’est un tissu de réalités. Et avant l’heure, ce n’est toujours pas l’heure ! Pourquoi ne dis‐tu rien sur les propos de Christine LAGARDE après la réunion du G‐20, tes notes en marge me plaisent bien. Les pays sont parvenus à un accord qui évite toute friction avec la Chine. La France a pu annoncer un succès. Christine LAGARDE : « Les négociations ont été franches, parfois tendues, toujours très respectueuses et elles ont fait l’objet d’un compromis final dont on ne peut pas dire qu’il est attribuable à tel ou tel ». (le 19) La « langue de bois » c’est quand même une superbe « usine à gaz » intellectuelle et technocratique. Citoyens ! Aux abris ! Attends Thomas, ce n’est pas fini. www.greliermichel.eu
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Christine LAGARDE : « Ça n’a pas été simple, il y avait évidemment des intérêts divergents. Mais nous avons réussi à faire converger les positions vers un texte qui nous paraît à la fois équilibré et exigeant dans sa mise en œuvre ». (le 19) Notre zone industrielle vient de se doter d’une nouvelle « usine à gaz » pour la production industrielle de « langue de bois ». Retrouvons un peu de sérieux pour ces deux informations européennes qui touchent à notre vie quotidienne. Initiative citoyenne – Les traités de Lisbonne prévoyaient une avancée de la démocratie participative pour le citoyen. Le Conseil des ministres de l’UE l’a fait. Cette initiative permettra de demander à la Commission européenne de présenter des propositions législatives. Pour être recevable, l’initiative devra être soutenue par au moins un million de signataires provenant d’un nombre significatif d’Etats membres (au moins un quart soit sept aujourd’hui). Le nombre de signataires nécessaires par Etat membre est son nombre d’eurodéputés x 750 (soit 74 x 750 = 55.500 pour la France). Il est bon de rappeler que l’initiative doit relever d’un domaine de compétence de l’UE et être conforme aux valeurs de l’Union. La mise en œuvre sera effective dans 12 mois. (le 14) C’est un fromage de brebis italien qui est la 1.000ème dénomination enregistrée dans le système de qualité des produits agricoles et denrées alimentaires de la Commission européenne. Son nom : « Piacentinu Ennese », c’est un fromage de la région d’Enna en Sicile. Il y a trois registres d’enregistrement avec des acronymes de mieux en mieux connus : AOP, IGP et STG. Les 505 AOP sont les « appellations d’origine protégée (AOP) », dénominations de produits qui tirent leurs caractéristiques exclusivement ou essentiellement du lieu où ils sont produits et du savoir‐faire des producteurs locaux. Les produits agricoles et denrées alimentaires doivent avoir été produits, transformés et élaborés dans une zone géographique donnée et selon une méthode reconnue. Les 465 « indications géographiques protégées (IGP) » concernent des produits agricoles et des denrées alimentaires dont la réputation ou les caractéristiques sont étroitement liées à l'origine géographique de la production. Au moins l'une des trois étapes que constituent la production, la transformation et l'élaboration doit avoir lieu dans l'aire géographique. Les 30 « spécialités traditionnelles garanties (STG) » sont les dénominations de produits qui garantissent le caractère traditionnel d'un produit, soit au niveau des ingrédients qui le composent, soit du point de vue de la méthode de production. Les produits portant le label STG ne sont pas liés à une zone géographique particulière mais leur production doit respecter un cahier des charges établi. La Commission européenne gère également deux registres d'indications géographiques pour les vins et les spiritueux. Les Etats qui disposent du plus grand nombre d’AOP et d’IGP sont l’Italie (>200), la www.greliermichel.eu
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France, l’Espagne, le Portugal (>100 chacun), la Grèce et l’Allemagne (>50 chacune). Parmi les produits, les fruits, légumes et céréales arrivent en tête avec plus de 250 AOP et IGP. Viennent ensuite : la viande et les produits à base de viande, les fromages, les huiles et la matière grasse, les bières et les eaux, la pâtisserie, les poissons, les œufs, le miel, et les produits laitiers. Ce classement est différent lorsque l’on prend en compte la valeur des productions. La valeur globale des dénominations AOP et IGP monte à 14.055 Mio euro (moyenne des quatre années 2005 à 2008). Les fromages arrivent en tête (38,4%), puis la viande (25,2%), les bières et eaux (16 ,8%), les fruits et les légumes (5,9%), la pâtisserie (5,3%), les poissons (3,5%), l’huile d’olive (1,5%), les autres produits (3,4%). (le 14) Pour la Hongrie. Neelie KROES (Commission européenne) est satisfaite mais reste vigilante. La Hongrie accepte de rectifier les quatre points de sa loi critiquée sur les médias. (le 16) En Allemagne, les choses politiques sont en train de changer. Aux élections régionales dans la cité‐Etat de Hambourg, deuxième ville d’Allemagne et ville natale d’Angela MERKEL, les sociaux‐démocrates du SPD l’emportent et devraient disposer de la majorité absolue au Landtag. Ce scrutin est le premier d’une série de sept semblables prévus en 2011 à travers l’Allemagne. Le SPD l’avait déjà emporté en mai 2010 dans un Land de première importance, la Rhénanie‐du‐Nord‐Westphalie. (le 20) Est‐ce le début de la fin pour la CDU d’Angela MERKEL ? Est‐ce le début de la fin pour Angela MERKEL comme Chancelière allemande ? En tout cas, la transition démocratique par les urnes est moins meurtrière que les chutes récentes et à venir des potentats méditerranéens et orientaux. Et un ultime passage par l’Italie, pour te faire plaisir, mon cher Thomas. La juge milanaise Cristina DI CENSO a ordonné la comparution immédiate en procès de Silvio BERLUSCONI pour abus de pouvoir et relations sexuelles avec une prostituée mineure. Le procès s’ouvrira le 06 avril 2011. (le 15) C’est le nième épisode de la chronique d’une mort politique annoncée. www.greliermichel.eu
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Semaine 08 – du lundi 21 au dimanche 27 février 2011 Les évacuations de Libye -
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Une fois encore, Thomas est arrivé de bonne heure. Autour d’un café, nous avons échangé pour savoir quel était le fil conducteur de la semaine. C’est la Libye qui domine tout et je me demande comment et quand cela va finir. Je n’en sais rien. Je suis les événements jour après jour. J’ai édité des cartes de la Libye pour savoir où sont les villes citées, pour suivre la progression de la contestation, pour connaître la position des champs pétrolifères et des terminaux pétroliers. Tu me les montreras parce que mes connaissances sur la géographie de ce pays sont très modestes. Comment vas‐tu organiser tes informations ? Il y a ce qui se passe entre Libyens, il y a les rapports entre le monde extérieur et la Libye, et il y a les évacuations. Ce sera mon titre pour la semaine. Les évacuations de Libye ? Oui. Et je commence par ce qui se passe sur le terrain entre Libyens. Bilan provisoire de Human Rights Watch (HRW) : 233 tués lors des quatre derniers jours. Benghazi reste la ville la plus touchée. (le 21 février) Mouammar KADHAFI se battra jusqu’au bout. C’est l’un de ses fils, Saïf al Islam KADHAFI, qui le dit. Une de ses phrases est lourde de sous‐entendus : « Nous continuerons à nous battre jusqu’au dernier homme debout, et même jusqu’à la dernière femme debout. Nous ne laisserons pas la Libye à des Italiens ou à des Turcs ». Une autre de ses phrases décrit la Libye : « composée de tribus, de clans et d’alliances ». Des manifestants anti‐gouvernementaux se sont rassemblés dans les rues de Tripoli, pour la première fois. Des chefs de tribu s’en sont pris verbalement à KADHAFI. Deux d’entre eux menacent de couper les exportations de pétrole. Un autre, dirigeant l’une des plus importantes tribus : « Nous déclarons qu’il n’est plus un frère, nous lui disons de quitter le pays ». Une unité de l’armée a rallié les rangs de l’opposition à Benghazi. (le 21) KADHAFI bluffe‐t‐il ? Non. Ses forces de sécurité se battront jusqu’au bout car elles savent qu’en cas de chute de leur chef, elles pourraient le payer de leur vie. En Libye, l’armée n’existe pas en tant que telle, les forces de sécurité sont davantage une milice personnelle de KADHAFI. (le 21) -
Ces événements nous permettent de mieux connaître quelques fils de KADHAFI. o Saïf al Islam, celui qui parle pour son père, est le dirigeant de la Fondation Kadhafi, la façade « civilisée », ouverte sur l’international et réformatrice du régime. o Mutassim KADHAFI, le plus jeune, est conseiller à la sécurité nationale, il joue un rôle important auprès de l’armée et des forces de sécurité. o Khamis KADHAFI est un haut commandant militaire, il dirige la 32ème Brigade, considérée comme la mieux armée et entraînée de l’armée libyenne. Une coalition d’oulémas a décrété comme « devoir sacré » pour chaque fidèle libyen de se www.greliermichel.eu
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soulever contre un régime autocratique. (le 21) -
Les oulémas sont des gardiens de la tradition musulmane et des hommes de référence. Des responsables libyens font défection, parmi eux l’ambassadeur en Inde et le représentant auprès de la Ligue arabe. Le ministre de la Justice démissionne. (le 21) Des appareils de l’armée de l’air ont ouvert le feu à munitions réelles sur des manifestants antigouvernementaux à Tripoli. Des officiers de l’armée ont appelé les soldats à « rallier le peuple » et deux pilotes de chasse se sont enfuis à bord de leurs avions sur l’île de Malte où ils ont fait défection. Des diplomates de la mission des Nations unies en Libye se sont rangés aux côtés de la population et ont appelé l’armée libyenne à renverser le « tyran Mouammar KADHAFI ». (le 22) La Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH), sur base d’informations de la Ligue libyenne des droits de l’homme, annonce un bilan de 300 à 400 morts au moins. (le 22) Ali ESSAOUI, l’ancien ambassadeur de Libye en Inde, déclare que des mercenaires africains opèrent en Libye pour réprimer les manifestations. « Ils viennent d’Afrique et parlent français et d’autres langues ». Les ambassadeurs de Libye en Chine, en Pologne, en Tunisie, à la Ligue arabe, aux Etats‐
Unis ont quitté leur poste. (le 22) Tobrouk est contrôlée par la population. Des militaires passés dans le camp des insurgés y dirigeaient la circulation sur les grandes artères. (le 22) Le ministre de l’Intérieur, Abdel Fattah YOUNES al Abidi a fait défection et annoncé son soutien à la « révolution du 17 février ». (le 22) Ahmed Gadhaf al‐Dam, chargé des relations entre la Libye et l’Egypte, cousin et membre du premier cercle de Mouammar KADHAFI, a affirmé avoir fait défection. (le 24) La survie de Mouammar KADHAFI dépend du contrôle de quatre zones clés : Tripoli, son fief de Syrte, et les deux terminaux pétroliers de Ras Lanouf et Marsa el Brega. La situation constatée serait la suivante. En Cyrénaïque, il n’y a plus de signe de contrôle du pouvoir central entre la frontière égyptienne et Benghazi (600 km). Le contrôle des milices locales s’étend jusqu’à Ajdabia, dans le golfe de Syrte. Terminaux pétroliers : à Ras Lanouf, les travailleurs protègeraient les installations et pas d’information fiable sur Marsa el Brega. A Syrte, la police et l’armée contrôlent la ville pour le régime de KADHAFI. A Misrata, port commercial, les activités ont cessé et des combats s’y dérouleraient. A Sabratha et Zaouiyah, des affrontements. Le Sud est désertique et les informations sont indisponibles ou invérifiables. (le 24) L’armée et la police dans la ville d’Adjabia, à 200 km au sud de Benghazi, dans le golfe de Syrte, ont annoncé leur ralliement à l’insurrection. (le 25) www.greliermichel.eu
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Les forces de sécurité ne peuvent plus pénétrer dans Zaouiah, à 50 km à l’ouest de Tripoli. KADHAFI a perdu le contrôle de Misrata, à 200 km à l’ouest de Tripoli, malgré une contre‐
offensive menée par la 32ème brigade. Les combats ont fait jusqu’à 2.000 morts depuis le début de la révolte, il y a neuf jours, selon l’ambassadeur français pour les droits de l’homme. (le 25) Presque tous les champs pétroliers situés à l’est du terminal de Ras Lanouf sont sous contrôle rebelle. C’est aussi à l’est que se trouve une grande partie des réserves de pétrole libyennes. (le 25) L’ambassadeur de Libye à Paris, et celui auprès de l’Unesco basée à Paris démissionnent. Toute la délégation libyenne au Conseil des droits de l’Homme des Nations unies à Genève, a annoncé en séance sa démission collective. (le 25) -
Spectaculaire ! La contestation a gagné des quartiers de Tripoli. Les forces gouvernementales ont tiré sur la foule. Dans les régions conquises par la rébellion, des comités créés ex nihilo et composés de médecins, d’avocats, de militaires et de chefs tribaux, semblent fonctionner. (le 25) La dernière grande ville à l’ouest de Tripoli, Zaouiyah, sur la route venant de la frontière tunisienne, est sous contrôle des rebelles. (le 27) -
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Venons‐en aux évacuations. Que faut‐il comprendre par ce mot « évacuations » ? Il y a beaucoup de ressortissants étrangers qui travaillent en Libye. Leurs pays, inquiets du sort qui pourrait leur être réservé, ont organisé ces évacuations. Les personnels diplomatiques ont aussi été évacués. N’y a‐t‐il pas des ressortissants étrangers qui, ne pouvant pas être évacués, ont choisi de prendre la fuite vers les pays voisins ? Si. Il y en a même beaucoup comme tu vas le voir. Ceux qui fuient la Libye. Au moins 2.300 Tunisiens sont rentrés chez eux. Sur les 25.000 citoyens turcs vivant en Libye, 3.000 attendent des navires et un millier a déjà été évacué par avion. La communauté française est estimée à 750 personnes, trois avions vont en évacuer environ 550. Les Italiens sont 1.500 à vivre en Libye, une centaine sera évacuée par avion militaire. Les Britanniques sont 3.500. (le 22) Les ressortissants étrangers se trouvant en Libye sont environ 1,5 Mio. Les Libyens, eux, sont 6,3 Mio habitants. Pour la Turquie, c’est la plus grande opération d’évacuation de son histoire (25.000 personnes). L’aide d’Ankara a été sollicité par 22 gouvernements pour l’évacuation de leurs propres ressortissants. L’UE‐27 compte près de 10.000 citoyens en Libye. Les Etatsuniens sont plusieurs milliers, beaucoup ont la double nationalité, 600 possèdent le seul passeport des Etats‐Unis. (le 24) www.greliermichel.eu
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La Chine a déjà évacué par ferries protégés par une frégate, 12.000 ressortissants, soit 1/3 de ses ressortissants en Libye. Ce sont essentiellement des travailleurs employés sur des chantiers ou par les 75 entreprises gérées par Pékin dans ce pays. (le 25) Le flux massif d’expatriés aggrave la situation à la frontière tuniso‐libyenne où le dispositif mis en place par l’armée est débordé. Au passage de Ras Jédir, 12.000 Egyptiens ont fui l’insécurité et les violences, ainsi que des Chinois, des Turcs, des Coréens et des Marocains. (le 26) Après le Canada, le personnel de l’ambassade de Grande‐Bretagne a été évacué de Tripoli avec 53 ressortissants britanniques vers Gatwick. Le consul Lauren JOHNSTONE reste en place. Les intérêts britanniques sont désormais représentés par le gouvernement turc en Libye. (le 26) Le gouvernement chinois a loué quatre ferries et 11 hôtels en Crète pour évacuer ses ressortissants. Des vols spéciaux doivent être mis en place entre la Crète et la Chine. Après les 4.000 travailleurs déjà évacués, cette vague en concernait 2.800 sur les 30.000 travailleurs dans la construction et les industries pétrolières. L’Inde a 18.000 ressortissants en Libye. Deux avions d’Air India vont faire des navettes pour en évacuer une partie. (le 26) -
Le troisième aspect concerne les relations des pays voisins et du reste du monde, comme de la communauté internationale vis‐à‐vis des événements libyens. La Hongrie, présidente en exercice du Conseil de l’UE, et Catherine ASHTON ont activé le mécanisme européen de protection civile pour soutenir l’évacuation des citoyens européens de Libye. Les 31 Etats qui participent à ce mécanisme (UE‐27 + Croatie, Islande, Liechtenstein et Norvège) ont été informés de la possibilité d’une coopération étroite pours les opérations d’évacuation au niveau européen. Ce mécanisme est généralement utilisé pour les catastrophes naturelles : inondations, feux de forêts, tremblements de terre. (le 23) Alain JUPPE a dit souhaiter que Mouammar KADHAFI « vive ses derniers moments de chef d’Etat en Libye ». Il a réclamé un durcissement des sanctions « de tous ordres », allant jusqu’à une exclusion de l’espace aérien international voire l’arrêt des achats de pétrole. Il a écarté l’idée d’une intervention militaire étrangère. (le 24) L’Union des médecins arabes, basée au Caire, a envoyé 12 tonnes de médicaments et de matériel médical, 30 tonnes de vivres et 1.000 poches de sang. Cinquante‐cinq médecins égyptiens sont arrivés dans l’Est de la Libye. Les armées tunisienne (5.000 lits, 20 chirurgiens) et égyptienne ont installé des hôpitaux de campagne sur leur frontière avec la Libye. La frontière tuniso‐libyenne reste quasiment impénétrable. (le 24) La Commission européenne a décidé d’allouer 3 Mio euro pour les besoins humanitaires en Libye et dans les pays voisins. Au début de la semaine, deux groupes d’experts d’ECHO ont été mis en place aux frontières de la Libye avec la Tunisie et l’Egypte pour analyser les besoins humanitaires. (le 25) www.greliermichel.eu
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ECHO est le Service d’aide humanitaire de la Commission européenne au niveau mondial. Les fonds distribués par elle représentent de 30 à 40% de l’aide totale européenne qui est la plus importante donatrice au monde. Les ministres de la Défense de l’UE se sont réunis en Hongrie. Avant la séance, Catherine ASHTON a fait part de ses actions : elle a eu une conversation avec BAN Ki Moon, une autre avec la Maison Blanche et elle va rencontrer Hillary CLINTON le 28 février à Genève. Après la séance, Catherine ASHTON a complété ces informations. Elle a tenu informés les ministres présents des derniers développements, en liaison avec le Conseil de sécurité de l’ONU, et de ses entretiens avec le Secrétaire général de l’OTAN. Elle a remercié la France d’avoir mis à disposition un navire pour une aide éventuelle à l’évacuation des 2.000 citoyens européens encore en Libye. Catherine ASHTON a rappelé les trois actions de l’UE : 1 – L’évacuation. 2 – La coordination des Vingt‐Sept pour voir les possibilités de faire arrêter la violence. 3 – La collaboration internationale. Elle a rappelé que des fonds avaient déjà été versés à la Croix‐Rouge sur le terrain. (le 25) Barack OBAMA s’est entretenu avec les dirigeants français, britannique et italien, puis turc. (le 25) L’ONU et la Libye de KADHAFI : deux sujets à l’ordre du jour du Conseil de sécurité : 1 – Les sanctions internationales. 2 – La saisine de la Cour pénale internationale. Sur le premier, un fort consensus existe pour imposer des sanctions au dirigeant libyen et à ses proches. Sur le second, il n’y a pas de consensus. C’est même un affrontement sur le texte proposé par la France et la Grande‐Bretagne. La délégation libyenne, qui a rompu ses liens avec Mouammar KADHAFI, soutient le projet comme les Etats‐Unis et l’Allemagne ; la Russie est indifférente ; sont réticents : le Portugal, le Brésil, la Chine et l’Inde. (le 26) Catherine ASHTON déclare que l’UE soutient la résolution unanime du Conseil de sécurité et va mettre en place, de toute urgence, les mesures restrictives : gel des avoirs, interdiction des voyages, embargo sur les armes. L’adoption formelle de ces mesures sera faite au plus vite. Catherine ASHTON rappelle ses contacts permanents avec les Nations unies et les Etats‐
Unis. Elle soutient la nécessité d’en référer au Procureur de la CPI – la Cour pénale internationale ‐. L’UE continue de travailler à la coordination de l’évacuation des citoyens européens et soutient les efforts humanitaires. Le SEAA et ECHO sont en place et évaluent en temps réel la situation. La cellule de crise s’étant réunie le 26 février, une nouvelle téléconférence s’est tenue avec les capitales de l’UE. (le 27) Un traité entre l’Italie et la Libye comporte une clause de non‐agression. L’Italie annonce sa suspension. Cela lève un obstacle possible à une participation de Rome à des opérations de maintien de la paix en Libye ou à l’utilisation de ses bases militaires. (le 27) Envisage‐t‐on une intervention militaire ? www.greliermichel.eu
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En dernier ressort, avec un mandat de l’ONU et sous le chapeau de l’OTAN. C’est ainsi que cela s’était passé pour les bombardements de la Serbie de Slobodan MILOSEVIC. Ce n’est pas ainsi que cela s’était passé pour l’intervention de George W. BUSH dans l’Irak de Saddam HUSSEIN. Et pour rester dans la région. Au Maroc, le bilan des 53 manifestations du 20 février est de 128 blessés, dont 115 membres des forces de l’ordre. Cinq cadavres calcinés ont été trouvés dans une agence bancaire incendiée par des manifestants à Al Hoceima. (le 21) En Algérie, l’état d’urgence en vigueur depuis dix‐neuf ans a officiellement été levé. Un décret signé par Abdelaziz BOUTEFLIKA est entré en vigueur après sa promulgation au Journal officiel. (le 24) Au Yémen, de puissants chefs tribaux, dont deux de sa propre tribu, ont rejoints les forces de l’opposition au président Ali Abdallah SALEH. (le 26) Sept partis d’opposition, qui avaient été réticents à se joindre au mouvement protestataire, vont tenir des rassemblements en signe de solidarité. (le 27) -
Lesquels de ces pays font partie du Maghreb ? Lesquels font partie du Machrek ? Maghreb voulant dire « couchant » en parlant du soleil, Machrek veut dire « levant », c’est donc l’Orient arabe, quand le Maghreb est l’Occident arabe. Le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, la Libye font partie du Maghreb. Le Machrek comprend normalement l’Irak, la Syrie, le Liban, la Jordanie, Israël, l’Autorité palestinienne et le Koweït. La péninsule arabique n’en fait pas partie ni l’Egypte. … A propos de la Libye et de la vie quotidienne des automobilistes. La particularité du pétrole brut léger libyen est d’être facile à raffiner. La réduction de la production libyenne de 75% a fait grimper les anticipations de cours sur le Brent européen à près de 120 US$ le baril, un plus haut depuis deux ans et demi. Pour ces deux raisons, la rentabilité des raffineries européennes va en être affectée. L’Europe importe environ 80% des exportations libyennes. L’Italie risque d’être le pays le plus touché, avant la France et l’Allemagne. Le marché mondial n’est pas menacé de pénurie, les réserves sont importantes et l’OPEP a une capacité de réserve suffisante. (le 24) -
Il y a deux gros morceaux dans cette région : l’Arabie saoudite et l’Iran. Leur rivalité n’est plus à démontrer. Peuvent‐ils être touchés par les événements en cours ? La monarchie saoudienne pro‐occidentale échappera‐t‐elle à la contagion ? L’Iran réussira‐t‐il à accroître son influence régionale aux dépends des alliés de Washington ? Le monarque saoudien de 86 ans, de l’avion qui le ramenait du Maroc dans son pays, avait fait publier un décret débloquant 36 Mia US$ pour des programmes sociaux, logements et crédits. Il a reçu ensuite le souverain du Bahreïn où le soulèvement est mené par des chiites. www.greliermichel.eu
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L’opposition iranienne redescend dans la rue où elle est réprimée. (le 25) Voilà pour tous ces événements extérieurs, nous pouvons rentrer en France. Qu’y a‐t‐il au menu ? Aurais‐tu une fringale ? Je me doute que les informations françaises sont plus légères ou croustillantes. Et c’est vrai que je m’en mettrais bien quelques‐unes sous la dent. - Au programme, j’ai DSK, le salon de l’agriculture, Marine LE PEN, et Nicolas SARKOZY qui s’adresse à ses « chers compatriotes ». - Tu n’oublies pas le dernier remaniement ? - Bien sûr que non. Mais d’abord, une bonne nouvelle à propos des otages français au Niger. A Paris, la présidence de la République a annoncé la libération de l’otage française et des otages malgache et togolais. Le bilan des otages français dans le monde descend d’un cran, à sept. (le 25) -
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DSK (celui du FMI) au JT de 20 heures. De nombreux socialistes sont agacés par le suspense entretenu par DSK. Si Martine AUBRY n’a fait aucun commentaire, François HOLLANDE y est allé du sien. Pour Henri EMMANUELLI, les socialistes en sont au « degré zéro » de la politique. Benoît HAMON, un non‐candidat, trouve Martine AUBRY « plus solide ». Pour Marie‐Noëlle LIENEMANN, DSK ne rassemble pas son camp. Pour Jean‐Luc MELENCHON, ce fut « assez consternant ». (le 21) La droite dénonce son « opération de promotion ». Pour Laurent WAUQUIEZ : « Beaucoup de bruit pour rien » ; François BAROIN a été « choqué par la mise en scène invraisemblable ». Pour Eric BESSON, « un match SARKOZY/STRAUSS‐KAHN paraît une bonne nouvelle ». Jean‐François COPE l’a trouvé « lointain » et « hautain ». (le 21) -
Que se passe‐t‐il à la Porte de Versailles, un défilé au Salon de l’agriculture ? Martine AUBRY, « petite‐fille de paysan », vient d’en arpenter les allées. Nicolas SARKOZY et Jacques CHIRAC l’avaient précédée. Elle y a croisé Arnaud MONTEBOURG et Bertrand DELANOË. Sont attendus François FILLON, Eva JOLY, François HOLLANDE, Marine LE PEN et François BAYROU. Pour Martine AUBRY, l’agriculture est un secteur « dont tout le monde a besoin » qui est abandonné. (le 23) Pour sa première visite en qualité de présidente du FN, Marine LE PEN a affirmé que son parti était le seul à pouvoir sauver le monde agricole en crise. Elle prône le remplacement de la « PAC » par la « PAF, la politique agricole française ». Bien que vivant à Saint‐Cloud, elle prétend avoir toujours eu la fibre agricole. (le 25) C’est bien le dernier salon où l’on cause, où il faut être vu, et où on y va de son commentaire. Mission politique : capter un électorat rural, alors chacun y va de sa larme et de sa compassion. … www.greliermichel.eu
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Marine LE PEN encore. Elle accuse le gouvernement de dissimuler les chiffres de l’immigration pour 2010. Elle estime que Nicolas SARKOZY favorise l’immigration à des niveaux inégalés en laissant s’installer « une politique d’islamisation ». Elle distribue aussi un coup en face : « La déferlante migratoire, la gauche l’a rêvée. Nicolas SARKOZY l’a fait ». (le 21) -
Et… Dirigeante du FN, députée européenne et conseillère régionale, Marine LE PEN se trouvait en position de cumul de mandats et devait renoncer à l’un d’eux. Au nom de l’efficacité politique, elle démissionne de ses fonctions de conseillère municipale d’Hénin‐Beaumont (Pas de Calais). (le 24) -
Thomas, pour t’amuser un peu. Dominique de VILLEPIN et Nicolas SARKOZY vont déjeuner ensemble le 24 février. Dominique de VILLEPIN assure n’avoir plus de ressentiment à l’égard d’un Nicolas SARKOZY qu’il a durement critiqué depuis son arrivée au pouvoir. Il a ajouté qu’il n’aspirait à « aucun portefeuille ministériel ». (le 22) -
Cela me rappelle la devinette enfantine : « Pince‐mi et pince‐moi sont dans un bateau… » Et maintenant une bonne dose de vie politique nationale. Je te donne tout dans la foulée, tu pourras commenter ensuite. Les ministres et secrétaires d’Etat seront tenus d’informer le secrétaire général du gouvernement « de tout séjour effectué à titre strictement privé dans un pays situé en dehors de l’UE ». C’est François FILLON qui est à l’origine de cette circulaire. (le 23) La diplomatie française doit retrouver une vision. Nicolas SARKOZY va s’y employer un dimanche, le 27 février, dans une intervention solennelle télévisée. Il pourrait annoncer un remaniement ministériel où MAM serait remplacée. Il semble qu’Alain JUPPE, sous la pression de Nicolas SARKOZY, négocie ce changement contre des coudées franches et un recul de la tutelle de l’Elysée. (le 26) En avant‐goût de l’intervention télévisée de Nicolas SARKOZY, Martine AUBRY y est allé de ses critiques : « Aujourd’hui, la voix de la France n’existe plus. C’est véritablement un naufrage de la diplomatie française ». (le 27) Le « printemps arabe » a révélé le profond malaise qui couvait dans la diplomatie française L’intervention de Nicolas SARKOZY à la télé sera enregistrée un peu avant sa diffusion. (le 27) -
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Donc pas en direct. www.greliermichel.eu
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Pour avoir les coudées franches au Quai d’Orsay, Alain JUPPE a du demander et obtenir que Claude GUEANT quitte l’Elysée où il a joué un rôle important dans la définition et la conduite de la politique étrangère française depuis 2007. (le 27) - Ça y est ! Après avoir rencontré François FILLON, MAM (Michèle ALLIOT‐MARIE) a présenté sa démission dans une lettre adressée au président Nicolas SARKOZY. (le 27) Le remaniement est annoncé par Nicolas SARKOZY lors de son allocution solennelle à la télévision. Alain JUPPE remplace Michèle ALLIOT‐MARIE, démissionnaire, aux Affaires étrangères. Gérard LONGUET remplace Alain JUPPE à la Défense. Claude GUEANT quitte le secrétariat général de l’Elysée pour l’Intérieur et remplace Brice HORTEFEUX, qui disparaît du gouvernement. (le 27) Le fidèle parmi les fidèles de Nicolas SARKOZY, Brice HORTEFEUX quitte le gouvernement. Son bilan est plus fait de dérapages, de condamnations et de résultats peu convaincants que d’actions mémorables. -
Son parcours est du style « Marche à l’ombre… » de Nicolas SARKOZY. Ils se croisent au RPR en 1976. Dès 1983, ils sont à la Mairie de Neuilly que Nicolas SARKOZY a enlevé à Charles PASQUA. Après huit ans dans la préfectorale, Brice HORTEFEUX devient le chef de cabinet de Nicolas SARKOZY au ministère du Budget dans le gouvernement d’Edouard BALLADUR. En 2002, Nicolas SARKOZY se battra pour faire accepter par Alain JUPPE la nomination de son ami comme secrétaire général adjoint de l’UMP. Nommé préfet en avril 1995 – une promotion éclair ‐, il attendra une année pour avoir une affectation. Quand Nicolas SARKOZY traverse son désert politique, Brice HORTEFEUX reste à Paris, chargé d’une mission de service public. Aux élections européennes de 1999, il est 13ème sur la liste RPR‐DL qu’emmène Nicolas SARKOZY. Il devient eurodéputé suite au retrait de Nicolas SARKOZY. Ce qui ne l’empêche pas d’être son plus proche conseiller, membre de ses cabinets aux ministères de l’Intérieur (2002‐2004) et de l’Economie (2004). En juin 2004, il vole de ses propres ailes. Pour les élections européennes, il conduit la liste UMP dans la grande région Centre et obtient le meilleur score des candidats UMP. -
Suit sa carrière ministérielle que nous avons eu l’occasion d’évoquer dans le chapitre de présentation de la vitrine du magasin de droite dans la rue du commerce politique. Eminence grise de Nicolas SARKOZY, surnommé « le cardinal », Claude GUEANT a été pendant des années son homme de confiance et des missions délicates. Il était une sorte de Premier ministre bis. Sa carrière de plus de 30 ans s’est faite dans l’administration préfectorale, la police et les cabinets ministériels. C’est Charles PASQUA qui le nommera directeur général de la police nationale en 1994. Entre 2002 et 2007, Nicolas SARKOZY fait de Claude GUEANT son directeur de cabinet www.greliermichel.eu
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aux ministères de l’Intérieur puis de l’Economie. Jacques CHIRAC ayant refusé de le nommer préfet de Paris, Claude GUEANT sera le directeur de campagne de Nicolas SARKOZY pour la présidentielle de 2007. -
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Si je t’ai bien suivi, la semaine des « évacuations » s’est poursuivie en France. MAM s’est « évacuée » elle‐même… et Brice HORTEFEUX a été « évacué » par la fenêtre. « E pericoloso sporgersi », comme on disait dans les trains, quand les passagers pouvaient encore baisser eux‐mêmes les fenêtres. Oui, cela part d’Alain JUPPE qui remplace MAM après avoir exigé que Claude GUEANT s’efface des affaires étrangères. Du coup le « chef » vire « son ami de trente ans » pour « son éminence grise ». Cela confirme bien l’image des mannequins‐ministres que l’on déplace dans la vitrine du début, selon son bon plaisir. Tout cela est‐il bien sérieux ? Tu veux une information italienne pour finir ? Oui, du Silvio BERLUSCONI encore ? Non. C’est à propos des migrants tunisiens en Italie. Les ministres de la Justice de l’UE ont critiqué l’Italie, lui reprochant d’avoir été alarmiste sur l’éventuelle vague de réfugiés. Les 30.000 personnes qui ont fui la Libye sont principalement des Tunisiens et des Egyptiens qui vont rentrer chez eux, et les Libyens qui partent vont vers l’Egypte ou la Tunisie. (le 25) www.greliermichel.eu
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Semaine 09 – du lundi 28 février au dimanche 06 mars 2011 Les opérations en Libye et le réveil d’une tortue -
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Sur le mur, à gauche de mon bureau, j’ai punaisé une carte de la partie nord de la Libye, celle que borde la Méditerranée, entre l’Egypte et la Tunisie. Tu n’as pas de carte d’état‐major plus détaillée que cette carte générale ? Cette carte générale me permet d’avoir une vision globale de la géographie du pays. Parce que, je te l’avoue, je ne m’étais pas mis en mémoire ce pays qui fut longtemps un pays verrouillé de l’intérieur et cadenassé par l’extérieur. Et ces copies de photos aériennes sur ton bureau, d’où viennent‐elles ? A quoi te servent‐elles ? Elles viennent de Google Earth, et ce sont mes cartes d’état‐major dont tu viens de parler. D’accord, tu as pensé à tout. Où en sont les opérations sur le terrain ? J’ai préparé mes notes ville par ville pour suivre les avancées et les reculs des uns et des autres. De la frontière égyptienne vers l’ouest, le long de la côte, tu as les villes de Tobrouk, Derna, Al‐Baïda, Benghazi, Ajdabiya, Marsa el Brega, Uqayla, Ras Lanouf, Syrte, Misrata, Khoms, Tripoli, Zawiyah et Zouara. Au‐delà, tu entres en Tunisie. A Ajdabiyah, des bombardements ont visé la ville pour la deuxième journée consécutive. Les abords d’une base militaire aux mains des insurgés ont été bombardés. Le site est composé de 35 bunkers. Un correspondant de Reuters a pu en visiter un dans lequel se trouvait une grande quantité de munitions. Un officier des forces rebelles a laissé entendre que les pilotes avaient délibérément manqué leurs cibles pour éviter de faire des victimes parmi leurs concitoyens. (le 04 mars) A Marsa el Brega, important terminal pétrolier, après un bombardement, le contrôle en a été repris par les forces de sécurité pro‐KADHAFI. Des pilotes militaires libyens ont dit avoir reçu des ordres de bombardements massifs qu’ils ont refusé d’exécuter. (le 02, 10h01 heure de la dépêche) Marsa el Brega a été reprise par les insurgés. (le 02, 11h02) Les forces loyales à Mouammar KADHAFI contrôlent l’aéroport et le port de Marsa el Brega. (le 02, 12h53) Les forces pro‐KADHAFI ont poursuivi leur harcèlement des positions rebelles en bombardant l’aéroport. Elles ont été repoussées jusqu’à Ras Lanouf à 130 km à l’ouest de Marsa el Brega. (le 03) A Ras Lanouf, des affrontements ont éclaté à la périphérie du port pétrolier stratégique. (le 04) Après Ras Lanouf, c’est Bin Djaouad que les insurgés contrôlent. Leur étape suivante serait Syrte. (le 05) Les forces libyennes ont attaqué Bin Djaouad avec des mitrailleuses et des lance‐roquettes (RPG). (le 06) Soumis à une forte pression de l’artillerie gouvernementale, des insurgés ont dû quitter, une nouvelle fois, la ville en direction de Ras Lanouf. (le 06) www.greliermichel.eu
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Dans leur progression vers l’ouest, les rebelles sont à Nofilia qu’ils contrôleraient. (le 06) Les combattants rebelles sont estimés à 8.000 entre Ras Lanouf et Nofilia. (le 06) Mouammar KADHAFI envoie des renforts du Sud vers Syrte. (le 06) Syrte est la seule grande ville, avec Tripoli, à ne pas être tombée entre les mains des insurgés. Ils en sont à 160 km. Syrte est la ville de naissance de Mouammar KADHAFI, elle a toujours bénéficié de ses largesses, il aimait y accueillir réunions internationales et hôtes étrangers. Syrte possède un aéroport civil qui abrite une vaste base militaire. Une cinquantaine de hangars en béton, regroupés de chaque côté de la piste, pourraient abriter des avions de chasse. (le 05) -
Thomas, voici une carte Google Earth de la région de Syrte et de l’aéroport militaire au sud de la ville. Sur l’aéroport, j’arrive à compter les hangars des chasseurs. A Misrata, les forces pro‐KADHAFI ont tenté de reprendre le contrôle de la 3ème ville du pays. Les insurgés sont parvenus à les repousser. (le 01 mars) Les insurgés ont repoussé un assaut concerté des forces de KADHAFI. (le 06) A Zawiyah, des membres de la Brigade Khamis, dirigée par un des fils KADHAFI, ont tenté de reprendre la ville. L’opposition les a repoussés. Le chef tribal de la ville a été appelé par KADHAFI qui l’a prévenu que si les rebelles ne quittaient pas la place principale, ils seraient pris pour cible par des avions de guerre. (le 01) Les rebelles s’attendent à une attaque des forces loyales. Ils redoutent aussi une pénurie de vivres et de médicaments. (le 04) C’est autour de Zawiyah que les affrontements sont les plus serrés. Les offensives des forces loyales ont été repoussées par les rebelles à deux reprises. L’artillerie lourde et des chars ont été utilisés. (le 05) Les insurgés ont repoussé un nouvel assaut à Zawiyah. (le 06) L’armée libyenne (pro‐KADHAFI) a renforcé sa présence au poste frontière tunisien de Dehiba entre Libye et Tunisie. (le 01) -
En marge des opérations, plusieurs choses sont à noter sur la situation en Libye. Mouammar KADHAFI a perdu le contrôle de la plupart des champs pétrolifères et gaziers qui se trouvent désormais aux mains de familles régionales ou de dirigeants régionaux provisoires qui ont émergé à la faveur de la révolte. (le 28 février) Le HCR (Haut‐commissariat des Nations unies pour les réfugiés) indique que 140.000 personnes ont fui la Libye pour rejoindre l’Egypte (69.000) et la Tunisie (75.000). (le 01 mars) -
C’est « la fuite en Egypte » à l’envers, comme il y eut dans la Bible « la fuite d’Egypte » avec Moïse et le passage de la Mer Rouge. Bilan de la répression selon la Ligue libyenne des droits de l’homme : au moins 3.000 www.greliermichel.eu
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morts confirmés et au moins 20.000 blessés. Le chiffre évoqué par les opposants libyens est de 6.000 tués dont une grande partie à Tripoli. KADHAFI ne reconnaît que 150 morts. (le 02) Le Conseil national libyen (CNL), dont le chef est l’ancien ministre de la Justice Moustafa ABDELJEÏL, représente l’opposition dans l’est du pays. Le CNL souligne qu’il n’est pas un gouvernement provisoire. Il a nommé un comité de crise de trois membres pour accélérer le processus de décision. Omar HARIRI est le chef des affaires militaires, Ali ESSAOUI a été chargé des Affaires étrangères, Mahmoud DJEBRIL a été nommé chef de ce comité de crise. (le 05) A Benghazi, le colonel Lamine ABDELWAHAB, membre du conseil militaire, a fait état d’une prise de contacts avec la tribu Gaddafda, celle de Mouammar KADHAFI, qui se trouve à Syrte. Selon ce colonel, des militaires issus de la tribu Ferdjan se font exécuter car ils refusent de combattre les rebelles. Et il indique que Mouammar KADHAFI dispose de plus de 20.000 combattants à Syrte. (le 06) -
On dit souvent que l’UE ne fait rien ou est en retard, quel que soit le sujet ou le problème. Je sens que le temps se couvre et que ta mauvaise humeur est en train de monter. Oui, parce que c’est injuste et souvent faux. Chacun peut toujours faire mieux ou plus vite. Où en sont et que font les différents Etats membres ? Sans oublier que l’UE ne peut pas tout faire et que certaines actions lui sont même interdites par les Etats membres. Voici l’activité de l’UE vis‐à‐vis du problème libyen de cette semaine. La commissaire européenne à la réaction aux crises, Kristalina GEORGIEVA, a précisé que la plupart des 10.000 ressortissants de l’UE‐27 avaient quitté le pays. Il en resterait 650, dans des zones difficiles d’accès, qui demandaient à être évacués. (le 28 février) Le représentant permanent de la Hongrie auprès de l’UE a dit qu’élaborer des réponses aux événements du pourtour méditerranéen requérait une collaboration pleine et entière entre les Institutions : la présidence hongroise, la Commission européenne, le SEAE (Service européen des affaires extérieures) et tous les autres organes compétents de l’UE. Les représentants de l’UE ont félicité la présidence hongroise pour la coordination remarquable entre les missions européennes en Libye. La présidence hongroise a déclenché le mécanisme européen de protection civile. L’ambassade de Hongrie à Tripoli a assuré la coordination locale entre les missions de l’UE. Le 28 février, la présidence hongroise a procédé à l’adoption des sanctions européennes en un temps record. Pierre VIMONT, secrétaire général du SEAE, a souligné que l’ambassade de Hongrie en Libye avait mené une coordination remarquable entre les missions des Etats membres, sachant que l’UE n’avait pas de délégation officielle dans le pays. (le 01 mars) A la place des 3 Mio euro prévus pour l’aide humanitaire, José Manuel BARROSO a indiqué que l’UE allait dégager « immédiatement » 10 Mio euro. Pour aider l’Italie et d’autres Etats de l’UE qui pourraient être confrontés à un afflux d’immigrés, la Commission européenne devrait déployer 25 Mio euro au total. www.greliermichel.eu
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José Manuel BARROSO a proposé un nouveau principe, un « Pacte pour la démocratie et une prospérité partagée » dans les relations de l’UE avec ses voisins du Sud. Il prévoit d’utiliser les 4 Mia euro de la Politique de voisinage de façon plus ciblée vis‐à‐vis des pays de la rive Sud de la Méditerranée. (le 02) Kristalina GEORGIEVA et la ministre hongroise pour les Affaires européennes, Eniko GYORI, sont allées sur le terrain, à la frontière tuniso‐libyenne. Elles ont demandé aux Etats membres de poursuivre leurs efforts pour fournir de l’aide aux réfugiés et pour leur évacuation. Pendant leur visite, Kristalina GEORGIEVA a annoncé que l’aide de la Commission serait triplée, passant à 30 Mio euro. C’est la troisième allocation pour la Libye cette semaine. Eniko GYORI a annoncé que l’ambassadeur de Hongrie à Tripoli reste sur place pour coordonner les actions sur le terrain. (le 03) -
Dans le même temps… Un bâtiment de la Marine nationale, le Mistral, et des avions vont arriver pour participer à l’évacuation de réfugiés égyptiens en Tunisie venant de Libye. L’objectif est de permettre l’évacuation de 5.000 personnes en moins d’une semaine. Selon le ministère français des Affaires étrangères, plus de 170.000 personnes ont quitté la Libye depuis le début de la crise, dont environ 75.000 vers la Tunisie, 63.000 vers l’Egypte, et 800 vers le Niger. La Grande‐Bretagne fait de même avec ses avions. (le 02) MOHAMED VI a décidé que le Maroc allait dépêcher une aide humanitaire d’urgence par pont aérien pour les milliers de réfugiés de différentes nationalités se trouvant sur la frontière tuniso‐libyenne. Cette aide sera constituée d’importantes quantités de médicaments, vingt médecins spécialistes, un corps paramédical de 20 personnes, des équipements médicaux et hospitaliers. (le 02) -
Pour en finir avec ce qui touche à la Libye pour cette semaine, ces deux informations que je te laisse apprécier. Trois fusiliers marins néerlandais ont été capturés le 27 février, après leur atterrissage près de Syrte en hélicoptère. Partis du HMS Tromp, ancré au large des côtes libyennes, ils tentaient de récupérer deux civils. Ceux‐ci, également arrêtés, ont été libérés et ont pu quitter la Libye. (le 03) Un navire transportant pour 160 Mio US$ (114 Mio euro) de devises libyennes a été arraisonné après avoir tenté d’accoster à Tripoli. Une vedette de la marine britannique l’escorte. La Grande‐Bretagne a interdit l’exportation sans autorisation de billets de banque libyens conformément aux sanctions adoptées à l’ONU. (le 04) -
As‐tu des informations sur les endroits chauds ou bouillonnants de la région ? Au Yémen. Les manifestants qui étaient jusque là essentiellement des étudiants et des opposants politiques, ont été rejoints par des membres de nombreuses tribus. Des mouvements islamistes ont aussi participé à des rassemblements. www.greliermichel.eu
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Des mouvements ont eu lieu à Sanaa, la capitale, mais aussi à Ibb, à Houdeïda et à Taiz. (le 28 février) Dans un discours prononcé à l’université de Sanaa, Ali Abdullah SALEH a accusé les Etats‐
Unis et Israël de tenter de déstabiliser son pays et le monde arabe. Une heure après, plusieurs dizaines de milliers de manifestants ont défilé jusqu’à l’université, rejoints pour la première fois par des partis de l’opposition. (le 01 mars) « Jour de colère » à la mémoire des 24 manifestants tués depuis le début de la contestation. Des dizaines de milliers d’opposants se sont rassemblés dans plusieurs villes. Le président a reçu des dignitaires tribaux et des chefs militaires locaux pour s’assurer de leur soutien. Il a aussi remplacé les gouverneurs de cinq provinces du Sud. (le 01) Les Etats‐Unis, inquiets de la vague de contestation (100.000 opposants à Sanaa le 04 mars) qui se durcit contre Ali Abdullah SALEH, ont conseillé à leurs ressortissants de quitter le pays. (le 06) -
Dans la même région, à Bahreïn… La répression meurtrière (7 morts et des centaines de blessés) du soulèvement a amené 500 manifestants devant le parlement pour réclamer la démission de tous ses membres. L’une des plaintes des manifestants chiites est que des sunnites étrangers ont été embauchés dans l’armée et la police qui se voient accorder la nationalité bahreïnie et des avantages. (le 28 février) -
Et en Iran… Mir Hossein MOUSSAVI et Mehdi KAROUBI, les deux leaders de l’opposition réformatrice, déjà assignés à résidence, ont été transférés en prison. Les autorités ont pris les mesures nécessaires pour couper tous leurs contacts extérieurs. (le 28 février) Des manifestants qui réclamaient la libération des deux dirigeants de l’opposition ont affronté, à Téhéran, des forces de sécurité qui ont fait usage de gaz lacrymogènes. (le 01 mars) -
Là où on est descendu de bouillonnant à chaud. En Tunisie… L’équipe politique de transition est affaiblie par les démissions en cascade (6 depuis le 27 février). L’armée a joué un rôle crucial dans la « Révolution du jasmin » en refusant de tirer sur les manifestants. Les révolutionnaires ne sont pas favorables à une ingérence des militaires dans le processus de démocratisation, qui semble piétiner. (le 02) Les forces de sécurité et l’armée ont ratissé plusieurs régions pendant les cinq derniers jours. Elles ont arrêté plus de 2.300 prisonniers en fuite et pillards présumés. C’étaient plus de 9.000 prisonniers sur un total de 31.000 détenus qui s’étaient évadés, profitant de la dérive sécuritaire du pays. (le 05) Après ces déplacements extérieurs, peut‐on revenir par ici, en France par exemple ? www.greliermichel.eu
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Si tu veux. François FILLON a annoncé que Brice HORTEFEUX allait devenir le conseiller politique de Nicolas SARKOZY dans le cadre de la préparation de l’élection présidentielle de 2012. (le 28 février) -
Le voilà en route tout droit pour l’Elysée ! Et s’il rejoignait Rachida DATI à Bruxelles ? C’est possible en droit français. Un ancien ministre peut redevenir eurodéputé s’il a été élu lors des élections européennes précédentes. Il a un mois pour manifester son intention ; au‐delà il doit renoncer à son mandat. La différence entre l’Assemblée nationale et le Parlement européen (PE) : l’élu français l’est dès le soir de l’élection, l’eurodéputé le devient en assistant à la première séance plénière de la législature. Brice HORTEFEUX, élu le 14 juin 2009, a démissionné aussitôt pour être le ministre de l’Intérieur. Aux yeux du PE, Brice HORTEFEUX n’a jamais été élu député européen de cette législature. Il ne peut donc pas « retrouver » un siège qu’il n’a jamais occupé. (le 28 février) Ce qu’aurait dû faire Brice HORTEFEUX : prendre exemple sur Jean‐Claude MARCOURT, un ministre socialiste wallon. La loi française et la loi belge sont les mêmes en cette matière. Jean‐Claude MARCOURT détient le record du mandat européen le plus court de la législature actuelle… une journée. Le 07 juin 2009, il est élu eurodéputé belge ; il est aussi ministre de l’Economie du gouvernement wallon sortant, qui est sur le départ pour cause d’élections régionales. C’est donc sans problème que Jean‐Claude MARCOURT siège le 14 juillet 2009 à la première plénière du PE à Strasbourg, et il vote une seule fois, pour le président du PE. Le lendemain, il démissionne pour aller rejoindre le nouveau gouvernement wallon qui prend ses fonctions ce jour‐là. (le 02 mars) -
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Michel, j’ai repris les semaines précédentes. C’est en semaine 06, le 07 février, que tu nous avais dit que la France cherchait deux eurodéputés « fantômes », en voilà un autre qui tente une « résurrection ». De droite à gauche… Grâce à une intense campagne de terrain, François HOLLANDE, souriant, bronzé, amaigri, en forme, remonte la pente en vue de la primaire. Il ressemble ainsi à la tortue de la fable de La Fontaine. François HOLLANDE a rejoint DSK et Martine AUBRY dans le cercle des socialistes capables de battre Nicolas SARKOZY. (le 01 mars) -
Si vous voyiez de la malice dans ce qui suit, vous auriez raison. La proximité de ces deux informations, offertes le même matin par Maxisciences et par Reuters, m’ont rempli de malice, à propos de tortue(s). Le rapport de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) indique que sur les 328 espèces connues de tortues, la moitié est en grand danger. Aux Galapagos, « Lonesome Georges » est le dernier individu de l’espèce Pinta. Dans les zoos chinois, il ne www.greliermichel.eu
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reste que quatre survivants de la tortue géante à carapace molle du Yangtze. Au Bangladesh, des tortues sauvages sont capturées et vendues pour être mangées à l’occasion d’une journée de fête religieuse, une fois par an. -
Plus malicieux, l’avant‐dernier paragraphe de l’information… « Certaines organisations mettent en place le TSA (l’alliance pour la survie des tortues) qui cherche à rapprocher les mâles et les femelles d’une même espèce pour leur assurer une descendance ». -
Et plus malicieux encore, le dernier paragraphe… « Mais la lutte est difficile car plus les tortues se font rares, plus leur prix de vente grimpe et certaines espèces très recherchées peuvent se monnayer plusieurs centaines de milliers de dollars », rapporte l’IUCN. (le 01 mars) -
Je ne te savais pas, comme tu le dis toi‐même, malicieux. Moi, vois‐tu, je suis plus direct, un tantinet agressif quand l’occasion se présente. Alors prépare une de tes répliques pour ce qui suit. On reste à gauche. Le projet PS pour 2012, qui doit être validé par les militants du Parti socialiste en mai, « est pratiquement prêt », dit Martine AUBRY. C’est le fruit d’une construction « pendant deux ans à l’écoute des préoccupations des Français ». De convention en convention, en 2010, ont été additionnées des mesures économiques et sociales, des propositions sur la sécurité ou « l’égalité réelle ». Le texte du projet, hiérarchisé et financé, sera présenté au bureau national le 05 avril. Martine AUBRY promet : « Tout ce que nous proposons sera réalisé, mais il faudra du temps, dix, quinze ans ». Et elle entretient le mystère sur ses propres intentions en ne répondant pas à la question de savoir s’il s’agit du « projet du PS ou celui de Martine AUBRY ». (le 02) Le projet PS pour 2012 est une proposition d’ « offensive de civilisation ». « Trois idées forces : le redressement de la France, la promotion d’une société de justice et de respect, de nouvelles pratiques démocratiques ». « Nous avons pour ambition de construire 150.000 logements sociaux chaque année ». « Nous voulons instituer le blocage transitoire des loyers au moment de la relocation ». « Dans l’Education nationale, nous créerons des postes là où les besoins existent pour assurer la réussite scolaire ». Martine AUBRY préconise de « s’attaquer au chômage des jeunes en leur proposant des emplois d’avenir ». Et « chaque acte d’incivilité ou de délinquance, et d’abord le premier, même le plus mineur, doit conduire à une sanction juste, proportionnée et rapide ». Une autre préconisation, constatant que l’écart entre le salaire le plus haut et le plus bas peut aller de 1 à 500, serait de fixer une rémunération maximale. Et elle propose de limiter cet écart de 1 à 20 dans les entreprises publiques. (le 02) Tu dis cela pour me faire plaisir. C’est trop facile de finir par cela. Pourquoi ? Parce que si je gagne 1.000 et que je suis au milieu de la fourchette, celle‐ci va www.greliermichel.eu
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d’un plus haut de 2.000 à un plus bas de… 4 ! Oui, et… ? Pour passer de 500 à 20, si je prends 4 comme valeur incompressible, le plus haut sera de 4 x 20 = 80. Une seule conclusion : fuyons ! Fuyons les entreprises publiques… ou la gauche ! Et si tu fais l’inverse ? C’est toi qui te moques de nous, tu sais bien qu’il n’y a pas d’argent dans les caisses de l’Etat pour même commencer à y réfléchir. Arrête, Michel, tu vas te faire du mal. Et Nicolas SARKOZY ? Le 25 février, Nicolas SARKOZY a redit, lors d’une brève visite de cinq heures à Ankara, la première depuis son élection et la première d’un président français en 19 ans, son opposition à l’entrée de la Turquie dans l’UE. La Turquie n’a pas caché sa déception. De nombreux médias ont évoqué le fait que Nicolas SARKOZY aurait mâché un chewing‐
gum lors de son arrivée à l’aéroport, ce qui serait aux yeux des Turcs un manque de respect. Le maire d’Ankara lui a répondu en mâchant du chewing‐gum à son tour lorsqu’il s’est retrouvé à l’aéroport pour voir s’en aller Nicolas SARKOZY quelques heures après son arrivée. Ce ne serait pas la première fois que Nicolas SARKOZY a cette attitude qui énerve les fonctionnaires turcs. Il l’aurait eu en accueillant le président Abdullah GÜL à Paris en 2009. (le 28 février) « Le moment est venu de refonder l’UpM » (l’Union pour la Méditerranée) a dit Nicolas SARKOZY le dimanche 27 février, à 20 heures. Henri GUAINO, son conseiller, en a rajouté une couche quelques heures plus tard. Ces déclarations interviennent à une période sensible pour l’UpM, muette depuis le déclenchement des révolutions dans le monde arabe, début décembre 2010. Pour Dorothée SCHMID, chercheuse à l’IFRI (Institut français des relations internationales), l’UpM sert de dérivatif pour la crise de la diplomatie française. « Au‐delà du discours français, l’UpM est complètement bloquée ». D’autres s’interrogent sur ce que veut dire, précisément, le terme « refonder ». (le 01 mars) -
Notez que les 03 et 04 mars 2011, se tiendra à Rome la 17ème plénière de l’Assemblée parlementaire de l’UpM, sous présidence italienne. Est‐ce tout pour la France ? Non, il y a aussi le « double bang » de Marine LE PEN. Elle a passé le mur du son ? Les sondages d’opinion ne sont pas pour moi des informations. Ils sont comme des photographies éphémères, fiables techniquement mais tellement sujets à remise en cause et polémiques, ils seront donc rares ici. C’est George Gallup, un spécialiste, qui disait : « Il y a trois façons de mentir : par affirmation, par omission, par sondage d’opinion ». Tout dépend de la précision ou de l’ambigüité de la question posée et de l’humeur de celui qui répond. Celui qui nous intéresse a été fait par Harris Interactive pour Le Parisien Dimanche. Réalisé du 28 février au 03 mars 2011 auprès de 1.618 personnes âgées de 18 ans et plus, il étudiait les intentions de vote pour la présidentielle de 2012. Au premier tour, Marine LE PEN aurait 23% des voix, Nicolas SARKOZY 21%, Martine www.greliermichel.eu
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AUBRY 21% aussi. Suivent François BAYROU avec 8%, Eva JOLY, comme Dominique de VILLEPIN en auraient 7%. Marine LE PEN serait présente au second tour. (le 05) Ce sondage suscite le trouble à droite comme à gauche et perturbe les stratégies des deux camps. La prudence est de mise car, à gauche, l’hypothèse de la candidature de Martine AUBRY semble avoir un potentiel de voix inférieur à celui de DSK. De plus, à droite, Dominique de VILLEPIN (7%) est présent à côté de Nicolas SARKOZY. Pour Pascal PERRINEAU du Cevipof, « Marine LE PEN bénéficie du fait que dans les autres partis politiques, personne n’est prêt pour l’instant ». (le 06) -
Thomas, des nouvelles de Silvio BERLUSCONI pour finir la semaine ? Je me réjouis déjà ! Le « Cavaliere » a été privé de son immunité parlementaire. Les cinq semaines qui viennent vont le voir comparaître pour cinq affaires : o fraude fiscale (8 Mio euro) et détournement de fonds (35 Mio euro) impliquant sa société Mediaset. o Dans l’affaire Mediatrade, comme dans l’affaire Mills, du nom d’un avocat britannique corrompu, les procédures reprendront en mars 2011. o Le procès « Rubygate » pour abus de pouvoir et incitation à la prostitution de mineures s’ouvrira le 06 avril 2011. Silvio BERLUSCONI nie tout et s’estime persécuté par les magistrats pour des raisons politiques. (le 28 février) Remplaçant Bo DEREK qui avait fait faux bond, 18 ans, en robe lamé or, Karima El‐
MAHROUG, alias « Ruby », a réussi à perturber l’événement mondain de la haute société viennoise : le bal de l’Opéra. Invitée par Richard LUGNER, « Ruby » s’est affichée avec lui et l’acteur Larry HAGMAN, « J.R. » dans Dallas. Tous les deux s’étaient vus menacés d’exclusion par les organisateurs du bal. Le chef des programmes de la télévision publique avait ordonné de ne pas couvrir la scandaleuse apparition, suscitant des protestations des employés qui considéraient cette présence comme le clou du bal. Elle avait achevé d’irriter les organisateurs avec la phrase : « Je ne sais pas valser, je ne connais que la danse du ventre ». (le 04 mars) -
Je te dirai bien : Vivement la semaine prochaine !... Mais derrière BERLUSCONI, il y a tous ces Libyens épris de liberté. Que la semaine qui vient soit valeureuse pour eux. www.greliermichel.eu
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Semaine 10 – du lundi 07 au dimanche 13 mars 2011 La course des diplomates européens et arabes, et le « tsunami » -
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Cette semaine, en Libye, ce sont les développements diplomatiques qui me paraissent prendre le pas sur les opérations de terrain. N’oublies‐tu pas ces principes essentiels que tu redis souvent : l’homme, avec ses droits et ses devoirs, et la démocratie ? Le colonel KADHAFI bafoue les uns et les autres. Il fait tuer ou blesser certains de ses concitoyens lors de bombardements terrestres et aériens. Thomas, deux mots d’explication sur ce que tu me vois faire semaine après semaine. Au travers des faits, des hommes et des événements, je cherche à comprendre ce qui se passe et à le décrire ou à l’expliquer pour celles et ceux qui n’ont pas eu le temps de le faire. Deux pistes sont possibles, et j’ai fait mon choix entre elles. Soit je ne décris que les faits qui me paraissent significatifs, quitte à paraître froid ou inhumain. Soit j’y mets mon cœur et mes émotions, je paraîtrais alors chaleureux et humain, mais je ne pourrai pas transmettre la compréhension des faits. Certains parlent d’objectivité, je parlerai plutôt d’intelligence des réalités. Mais alors, pour qui et pourquoi fais‐tu ce travail ? Je le fais pour tous ceux qui seront appelés, en mai 2012, à choisir le chef de l’Etat, puis les députés de notre pays. Un choix lourd pour cinq années. Je le fais parce que l’information intelligente des réalités laisse trop souvent la place à l’appel à la sensibilité collective voire à la sensiblerie, transmise et entretenue par une majorité de médias et de politiciens. Ce qu’un ami appelait, il y a peu, « de la poudre aux yeux ». Ouaaah ! Te voilà bien sérieux. Oui, Thomas. Parce que les faits observés sur le terrain libyen sont inquiétants, les insurgés reculent et les forces kadhafistes bombardent. Et ma question est : les diplomates européens et arabes iront‐ils plus vite à New York que les kadhafistes à Benghazi ? Un « Background Briefing » est organisé par l’UE pour la mise à niveau de l’information officielle sur la situation en Libye. Le lieu, la date et l’horaire sont donnés pour… « press only ». (le 07 mars) -
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Comment se fait‐il que ni ce « background », ni cette mise à niveau ne soient ensuite disponibles ou rapportés pour les citoyens européens ? Il y a ceux qui savent et il y a les autres. Tu comprends mieux mon amertume d’il y a un moment. L’OTAN a décidé de renforcer (de 10 à 24 heures par jour) ses vols de surveillance AWACS au‐dessus de la Libye. (le 07) La Chine, qui a soutenu une première résolution du Conseil de sécurité de l’ONU imposant un embargo sur les armes et des sanctions, est réticente à propos de l’instauration d’une zone d’exclusion aérienne en Libye. Pour la Chine, la souveraineté libyenne doit être respectée. Elle a indiqué qu’elle prendrait en compte les avis des pays www.greliermichel.eu
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arabes et africains. (le 08) Le Conseil national libyen transitoire (CNLT) a rejeté toute idée de pourparlers avec KADHAFI. (le 08) Certains pays arabes accentuent la pression sur le régime KADHAFI et se sont joints aux demandes d’une zone d’exclusion aérienne. (le 08) La France et la Grande‐Bretagne préparent un texte sur la zone d’exclusion aérienne ; les Etats‐Unis restent partagés sur la sagesse et les modalités de l’initiative. La Turquie se déclare hostile et l’Allemagne est réticente ; la Chine et la Russie, qui disposent d’un droit de veto au Conseil de sécurité de l’ONU, y sont opposées. (le 08) Un général libyen est allé au Caire à bord d’un avion privé, porteur d’un message du colonel KADHAFI. L’avion a emprunté l’espace aérien grec pendant une quinzaine de minutes. (le 09) Le gouvernement libyen a dépêché en Europe des émissaires avant le sommet de l’UE du 11 mars et celui des ministres des Affaires étrangères de l’UE du 10 mars. (le 09) Luis AMADO, le ministre des Affaires étrangères du Portugal, a reçu un émissaire de Mouammar KADHAFI. Le Portugal va présider la commission de sanctions sur la Libye formée par le Conseil de sécurité des Nations unies. D’autres émissaires libyens semblent être allés à Bruxelles pour rencontrer des responsables de l’UE et de l’OTAN. Athènes annonce qu’un émissaire libyen rencontrera son ministre des Affaires étrangères. (le 09) Deux émissaires du CNLT ont été reçus à l’Elysée par Nicolas SARKOZY. La France reconnaît le CNLT comme représentant du peuple libyen et enverra un ambassadeur à Benghazi. On précise qu’il ne s’agit pas d’une reconnaissance d’un gouvernement. « Ce n’est pas une reconnaissance juridique, c’est un acte politique d’encouragement ». (le 10) Un émissaire de Mouammar KADHAFI s’est entretenu avec le secrétaire d’Etat grec aux Affaires étrangères et le secrétaire général du ministère. Les représentants grecs ont dit qu’ils rendraient compte des entretiens, lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères à Bruxelles. La rencontre s’est déroulée avec l’accord de Catherine Ashton. (le 10) Après la reconnaissance du CNLT, la Libye va réfléchir à une rupture de ses relations avec la France. L’ambassade de France à Tripoli est fermée depuis fin février et son personnel a été rapatrié. (le 10) Londres a qualifié le CNLT d’ « interlocuteur valable ». Pour Catherine Ashton, « toute reconnaissance devrait être menée par la Ligue arabe et discutée à l’ONU. Cela ne doit pas être une décision unilatérale ». Il en va de même pour toute initiative européenne sur l’établissement d’une zone d’exclusion aérienne en Libye ». (le 10) Les partenaires européens, lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères ont été surpris et critiques sur la reconnaissance française du CLNT. Les eurodéputés ont adopté une résolution (584 pour, 18 contre et 18 abstentions) invitant www.greliermichel.eu
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Catherine Ashton à reconnaître le CLNT. (le 10) Nicolas SARKOZY et David CAMERON ont écrit une lettre commune à Herman VAN ROMPUY pour proposer un plan d’action pour stopper la répression du soulèvement en Libye. Seront évoqués au Conseil européen des bombardements ciblés, une zone d’exclusion aérienne, le départ de Mouammar KADHAFI, la reconnaissance du CNLT, une intervention humanitaire. Fredrik REINFELDT, le Premier ministre suédois, a estimé que : « toute discussion sur une intervention militaire revient au Conseil de sécurité de l’ONU, à la Ligue arabe, à l’OTAN, et n’est pas de la responsabilité de l’UE ». (le 11) L’UE‐27 considère désormais le CLNT comme un « interlocuteur politique ». Le Conseil européen, unanime, a demandé le départ du colonel KADHAFI. (le 11) Après la réunion informelle des ministres des Affaire étrangères du 12 mars à Gödöllö en Hongrie, Catherine Ashton se rendra au Caire le 13 mars. Elle y discutera d’une approche de collaboration avec les responsables de la Ligue arabe qui s’y réunissent. (le 12) -
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Si quelqu’un prétend que l’UE et sa ministre des Affaires étrangères ne font rien, il ferait bien d’y regarder à deux fois. Réunion des ministres des Affaires étrangères de l’UE‐27 le 10 mars. Réunion de l’OTAN le 10 mars. Réunion du Conseil européen le 11 mars. Réunion informelle des ministres des Affaire étrangères de l’UE‐27 le 12 mars. Catherine ASHTON rencontre la Ligue arabe le 13 mars. Les œufs à la coque c’est 3 minutes. Plus, c’est un œuf mollet ou dur. Moins, il n’est pas cuit. Explique… La quantité nécessaire d’information, c’est « 3 minutes ». La surinformation, c’est l’œuf dur. La sous‐information… c’est « pas cuit » ! Pigé ? Les ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe se retrouvent au Caire pour une réunion d’urgence sur la Libye. Les 22 pays de la Ligue arabe restent divisés. Elle ne peut pas imposer elle‐même une zone d’exclusion aérienne. La Ligue arabe a demandé à l’ONU d’imposer une zone d’exclusion aérienne sur la Libye, comme mesure humanitaire et non comme une intervention militaire. Cette décision donne aux pays occidentaux qui soutiennent la rébellion le soutien régional qu’ils jugeaient déterminant pour prendre une telle mesure. (le 12) La Ligue arabe estime que les autorités libyennes « ont perdu leur souveraineté ». Elle semble conférer une légitimité au CNLT formé par l’opposition. (le 12) Washington, Londres et Paris se félicitent de l’appel de la Ligue arabe pour une zone d’exclusion aérienne. (le 13) -
Sur le terrain. www.greliermichel.eu
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Bin Djaoud ‐ Les forces régulières ont reconquis la ville dont les habitants ont fui. Elles se dirigent vers Ras Lanouf. La prise de Ras Lanouf avait constitué une victoire majeure des insurgés mais leur progression vers Syrte a été interrompue. (le 07) Ras Lanouf – Les insurgés ont affirmé, après la frappe aérienne, qu’ils ne pourraient pas lutter si KADHAFI avait recours à l’aviation. (le 07) L’aviation libyenne a mené au moins cinq raids sur Ras Lanouf et les forces pro‐KADHAFI ont tiré des roquettes sur les opposants. (le 08) Les combats se sont intensifiés et les rebelles semblent avoir réussi à se ravitailler en armes lourdes comme des lance‐roquettes et des chars. (le 10) Les rebelles, attaqués par air, mer et terre, résistent. Les forces loyales ont repris une grande partie de la ville. (le 11) Les combattants de l’insurrection ont été délogés par la contre‐offensive du régime. D’intenses bombardements ont contraint les insurgés à se replier à 20 km de Ras Lanouf. Des cuves d’une raffinerie ont été touchées. (le 12) Zawiyah est encerclée par les forces gouvernementales qui semblent disposer d’une puissance de feu supérieure, et elle est pilonnée par l’artillerie. Les journalistes ne peuvent se rendre à Zawiyah sans escorte officielle, sinon ils se font arrêter. (le 08) La situation des insurgés semble très précaire. (le 09) Les forces fidèles à KADHAFI ont repris le contrôle du centre de la ville. (le 11) Es Sider, un terminal pétrolier à l’ouest de Ras Lanouf a été violemment bombardé par les forces gouvernementales. Un oléoduc a été frappé. Les insurgés ont répliqué avec un lance‐roquettes multiple. (le 09) Misrata : les forces libyennes ont lancé une attaque pour reprendre la ville aux insurgés. (le 12) Des soldats gouvernementaux de la 32ème brigade « Khamis » se sont mutinés, ont déserté pour s’enfuir ou pour passer dans le camp des insurgés. L’attaque lancée semblait marquer le pas à la suite de mutineries au sein de l’armée. (le 13) Brega : après un pilonnage par les forces loyales, les insurgés ont quitté le port pétrolier. (le 13) -
Toujours en Libye, mais en marge des combats, les évacuations et l’humanitaire. Le pont aérien Djerba‐Le Caire (21 rotations) mis en place par la France a permis d’évacuer 3.700 Egyptiens qui ont fui la Libye. (le 07) Ibrahim OSMAN, haut responsable du Croissant Rouge, a affirmé que des soldats pro‐
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KADHAFI empêchaient des travailleurs migrants de gagner la Tunisie et contraignaient nombre d’entre eux de retourner travailler à Tripoli. D’après lui, quelque 30.000 Bangladais, Egyptiens et Africains de la zone sub‐saharienne ont été interpellés et retenus dans des bâtiments des services libyens de l’immigration près de la frontière avec la Tunisie. (le 08) Au total, 105.000 réfugiés sont arrivés de Libye et ont passé le poste frontière de Ras Jédir, dont 50.000 Egyptiens, 19.000 Tunisiens et 15.000 Bengalis. D’importantes aides internationales ont été acheminées vers Ras Jédir d’Algérie, d’Allemagne, des Emirats arabes unis et du Maroc. (le 08) Un navire du Programme alimentaire mondial (PAM) qui avait du rebrousser chemin pour des raisons de sécurité, transportant 1.800 tonnes de farine a accosté à Benghazi. Avec cette cargaison 2,5 millions de pains pourront être fabriqués et 95.000 personnes pourront être nourries pendant un mois. Un convoi de cinq camions venus d’Egypte transportant 70 tonnes de dattes énergisantes va arriver à Benghazi, 5.000 personnes pourront être nourries pendant un mois. (le 09) L’OMI (Organisation internationale pour les migrations) indique que ce sont 250.000 personnes qui ont fui la Libye depuis le début du soulèvement. Environ 6.000 personnes par jour franchissent les frontières tunisienne et égyptienne dont beaucoup de Bangladais. (le 11) -
Pour ne pas quitter la région et ne pas oublier le Moyen‐Orient. Un millier de migrants, sur une dizaine d’embarcations sont arrivés à Lampedusa. Ces clandestins étaient pour la plupart originaires de Tunisie. (le 07) Iran – Akbar Hashemi RAFSANDJANI, ancien président iranien (de 1989 à 1997) et ennemi de Mahmoud AHMADINEJAD, a cédé sa place à la tête de l’Assemblée des experts, au profit de l’ayatollah Mohammad Reza Mahdani KANI, un conservateur modéré. Il restera membre de l’Assemblée. L’Assemblée des experts est composée de 86 membres. Elle est puissante, elle est chargée de nommer et de surveiller le guide suprême iranien. (le 08) Yémen – L’opposition à Ali Abdallah SALEH s’est étendue à une zone tribale, Dhamar, considérée comme un de ses bastions politiques. (le 08) A Sanaa, la police yéménite a ouvert le feu sur une manifestation faisant un mort et 80 blessés. (le 09) Maroc – MOHAMED VI a annoncé une réforme de la Constitution pour renforcer l’indépendance de la justice, le rôle des partis politiques et la « régionalisation ». Une commission préparera des propositions d’ici le mois de juin. Le projet de Constitution sera soumis à référendum. (le 09) -
Ca, c’est important ! Et politiquement intelligent. www.greliermichel.eu
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Bahreïn – Plusieurs milliers de chiites ont manifesté pour que les sunnites naturalisés soient déchus de leur citoyenneté et renvoyés dans leur pays. (le 09) -
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Nous allons pouvoir revenir chez nous. J’ai envie de me détendre quelques minutes parce que tout cela me pèse sur les épaules. Tu le permets ? Oui, je vais écouter un peu de musique, et je m’y remets dans un quart d’heure. Ce sera une Gymnopédie de Eric SATIE. … Thomas, le quart d’heure est passé. J’arrive. Bien ta musique ! Merci, cela me détend. Je commence par le PS. J’aurai ensuite du DSK, du FN, du BHL et du NS. C’est qui NS ? Allons Thomas, Nicolas S… D’accord ! « Clientélisme féodal », c’est l’accusation qui est adressée à la fédération PS des Bouches‐
du‐Rhône. C’est aussi le prétexte de l’affrontement Arnaud MONTEBOURG‐Martine AUBRY. Arnaud MONTEBOURG révèle et accuse Martine AUBRY et son entourage de faire régner « la loi du silence » au PS. Le chef du PS local, Jean‐Noël GUERINI, est mis en cause par Arnaud MONTEBOURG qui réclame sa destitution et la mise sous tutelle de la fédération départementale. Des proches de François HOLLANDE et de Ségolène ROYAL ont réclamé que la clarté soit faite sur les agissements critiqués. (le 07) Redoutant une très forte abstention, Martine AUBRY a accusé l’UMP d’occulter volontairement les cantonales par peur d’une sanction électorale. (le 09) Une pétition réclamant l’annulation pure et simple des primaires a été lancée par Michel VAUZELLE, président de la région PACA. Elle a recueilli 17.000 signatures en quinze jours. (le 09) Pour Jean‐Marc AYRAULT, « le calendrier des primaires a été décidé, il faut donc l’assumer ». (le 10) -
Du PS à DSK, il n’y a qu’un pas. Dominique STRAUSS‐KAHN a pris sa décision sur sa participation aux primaires socialistes, mais entend la garder pour lui pour l’instant. C’est sur la base de propos échangés dans un reportage que Canal+ lui a consacré que cette information a été donnée. Pour DSK, « Être un homme de gauche, ce n’est pas nier la réalité ; il faut dépasser le possible mais pas promettre l’impossible ». (le 13) -
C’est quoi son petit jeu. « Moi je le sais, mais je te le dirais pas ». On ne joue pas à la marelle ou aux devinettes. C’est de démocratie qu’il s’agit. Selon une seconde vague du sondage de Harris Interactive, Marine LE PEN arriverait en tête du premier tour de la présidentielle, quel que soit le candidat du PS. Marine LE PEN à www.greliermichel.eu
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24%, DSK à 23% et Nicolas SARKOZY à 21%. Autre scénario : Marine LE PEN à 24%, Nicolas SARKOZY à 21% et François HOLLANDE à 20%. (le 07) Eric BESSON explique le résultat du sondage : « Une frange des Français a peur de la mondialisation, a peur de la construction européenne, a peur que l’identité française se dissolve dans le libéralisme européen ». Il poursuit : « Une autre part des Français a peur de l’étranger, de l’islam, d’un certain nombre de conditions de l’intégration ». (le 08) -
Deux questions. 1 ‐ Quelles sont les tailles respectives de « la frange » et de « la part » utilisées par Eric BESSON ? Ces mots « frange » et « part » sont des fourre‐tout ou des attrape‐nigauds que le vocabulaire politicien consacre régulièrement. 2 – Un chef de l’Etat et un gouvernement, soutenus par une majorité parlementaire et un parti présidentiel ne sont‐ils pas là essentiellement pour atténuer voire faire disparaître les diverses peurs des citoyens ? Ou bien ces apprentis‐sorciers n’ont pas fait leur travail, ou bien leur fonds de commerce est l’entretien voire l’amplification de ces différentes peurs. Au plus haut dans certains sondages, le Front national est rattrapé par des difficultés de trésorerie. Il doit près de 200.000 euro de cotisations sociales qu’un huissier est venu réclamer pour l’Urssaf. Le parti aurait une dette cumulée de 10 Mio euro. (le 09) -
Qu’a donc fait Nicolas SARKOZY pour que tu l’inscrives à ton tableau de chasse ? Abderrahmane DAHMANE, ancien secrétaire national en charge de l’immigration de l’UMP, était le conseiller à l’intégration de Nicolas SARKOZY. Lors d’une réunion à la Grande Mosquée de Paris, Abderrahmane DAHMANE s’est élevé contre le débat sur la laïcité et l’islam, et il a dit : « L’UMP de COPE, c’est la peste pour les musulmans ». (le 11) -
Il a été limogé par le président. Quant à BHL et NS. Bernard‐Henri LEVY, qui a déclaré être à l’origine de la rencontre, assistait à l’entretien de l’Elysée entre Nicolas SARKOZY et les représentants du CNLT. Il a rapporté que Nicolas SARKOZY s’est dit favorable, « si le CNLT le demande », à des actions « défensives et ciblées contre un nombre extrêmement réduit d’objectifs, sous parapluie international ». BHL a indiqué aussi que la France était intervenue par la voie diplomatique auprès des pays africains (Mali, Tchad et Niger) qui fournissent des mercenaires à KADHAFI pour leur demander d’empêcher le passage de leurs ressortissants en Libye. (le 10) Avons‐nous changé de ministre des Affaires étrangères ? Alain JUPPE a été remplacé par BHL. C’est politiquement indécent. - Désolé Thomas, mais cette semaine je te prive d’une conclusion avec Silvio BERLUSCONI. … Je tiens à terminer par un moment de recueillement sincère pour tous les Japonais qui ont perdu la vie, le 11 mars 2011, lors du tremblement de terre et du « tsunami » qui a www.greliermichel.eu
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suivi… www.greliermichel.eu
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Semaine 11 – du lundi 14 au dimanche 20 mars 2011 Résolution 1973 : « Et la peur change de camp » Depuis le Conseil européen du 11 mars, une nouvelle opportunité se présente à Nicolas SARKOZY pour qu’il discute de son projet d’établissement « aussi vite que possible » d’une zone d’exclusion aérienne dans le ciel de Libye. C’est le G‐8 des ministres des Affaires étrangères. Les pays présents sont les Etats‐Unis, le Japon, l’Allemagne, la France, le Royaume‐Uni, l’Italie et la Russie. Aux Nations unies, des consultations sont en cours. Washington n’a toujours pas pris de décision au sujet de la zone d’exclusion. A Moscou, Dmitri MEDVEDEV a annoncé que KADHAFI et sa famille étaient personae non gratae en Russie et n’avaient plus le droit d’y effectuer des transactions financières. (le 14 mars) Alain JUPPE : « Pour l’instant, je ne les ai pas convaincus », en parlant de ses collègues, ministres des Affaire étrangères du G‐8. (le 15) Après deux jours de discussions, l’Allemagne s’est opposée à la mention d’une éventuelle zone d’exclusion aérienne dans une déclaration finale destinée au Conseil de sécurité de l’ONU. La Russie a demandé des détails supplémentaires. (le 15) Nicolas SARKOZY : « La France appelle solennellement tous les membres du Conseil de sécurité à prendre pleinement leurs responsabilités… Ensemble sauvons le peuple libyen martyrisé ! Le temps se compte maintenant en jours, voire en heures ». (le 16) Voici quelqu’un qui est le dos au mur. Je dirais aussi que ce président de la République française a pris des risques et qu’il n’est pas sûr du tout d’aboutir. Les Etats‐Unis, la Russie, la Chine, l’Allemagne, l’Inde et d’autres membres du Conseil de sécurité sont indécis ou formulent des doutes quant à la proposition d’imposer une zone d’exclusion aérienne en Libye. L’Italie, base potentielle d’une zone d’exclusion aérienne a exclu une intervention militaire dans son ancienne colonie. (le 16) Le groupe pétrolier italien ENI, très implanté en Libye, est la première société occidentale à demander que les liens soient renoués avec Tripoli et demande la levée des sanctions économiques. Avant le début des violences, l’Italie importait 500.000 barils par jour, soit 22% de sa consommation. (le 16) Alain JUPPE se rend à New York pour tenter d’arracher le vote d’une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies sur la Libye. (le 17) Aurions‐nous retrouvé un « vrai » ministre des Affaires étrangères ? Exit BHL ! Ouf… www.greliermichel.eu
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Mais que ce serait‐il passé si MAM avait été encore à ce poste ? « Il serait étonnant qu’il y ait un veto d’un membre permanent… Nous sommes persuadés d’avoir les neuf voix nécessaires ». Pour les membres permanents, les voix de la France, du Royaume‐Uni et des Etats‐Unis sont acquises, la Russie ne semble pas vouloir s’opposer au texte et la Chine pourrait s’acheminer vers une abstention. (le 17) Par dix voix contre cinq, le Conseil de sécurité s’est prononcé pour l’instauration d’une zone d’exclusion dans le ciel libyen. Il n’y a pas eu de vote négatif. Les cinq abstentions lors de l’adoption de la résolution 1973 sont le Brésil, la Russie, l’Inde, le Chine et l’Allemagne. (le 17) Ce sont les quatre BRIC et l’Allemagne. Quel est le sens de ce regroupement ? En s’appuyant sur la récente et double catastrophe au Japon, il y a une plaque en développement fort et rapide, souple, qui se glisse sous la plaque des pays développés, rigide et résistante, pour la soulever. A quand le tremblement de terre politique et de quelle magnitude ? A quand le « tsunami » économique ? Ou l’inverse : tremblement de terre économique et « tsunami » politique ? Avec la résolution 1973 de l’ONU, les trois conditions du Conseil européen sont réunies. Catherine ASHTON rappelle ses récentes activités. Elle est allée au Caire, à Paris et à Londres. Elle a maintenu des rapports étroits avec tous les partenaires internationaux de l’UE dont la Ligue arabe qu’elle a rencontrée au Caire, et l’Union africaine. Aujourd’hui, elle va à Paris. (le 18) L’épisode libyen laissera des traces dans le bloc communautaire. Le couple franco‐britannique s’est affirmé en opposition à une Allemagne réticente. Cela montre qu’il est difficile d’avoir une politique étrangère commune. L’évacuation des ressortissants européens et l’assistance humanitaire ne posent pas de problème pour être coordonnées. Catherine ASHTON n’aurait pas pleinement joué son rôle moteur de la diplomatie européenne. Mais, lors de leur réunion, les ministres des Affaires étrangères se sont renvoyés la responsabilité pour des raisons nationales. Angela MERKEL ne se serait intéressée qu’aux conséquences de ses décisions sur les élections régionales. Nicolas SARKOZY est décrié pour son empressement à intervenir en Libye alors qu’il avait reçu en grande pompe KADHAFI à Paris. David CAMERON est accusé de céder à la pression de son opinion publique. (le 18) Sont conviés au Sommet euro‐afro‐arabe : Amr MOUSSA, l’Irak qui préside la Ligue arabe, Herman VAN ROMPUY, Catherine ASHTON, les hauts représentants de tous les Etats qui souhaitent apporter leur soutien à la mise en œuvre de la résolution 1973 et soutenir le peuple libyen. Pour Pierre SERVENT, spécialiste des questions militaires : « La résolution 1973 a une puissance intrinsèque : elle a fait changer la peur de camp ». (le 18) Hillary CLINTON et David CAMERON sont arrivés en avance pour une rencontre trilatérale avec Nicolas SARKOZY. Le canadien Stephen HARPER s’est lui aussi entretenu avec Nicolas SARKOZY. www.greliermichel.eu
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Au total, vingt‐deux participants sont attendus dont BAN Ki‐moon, Amr MOUSSA, Herman VAN ROMPUY et Catherine ASHTON, Angela MERKEL, José Luis ZAPATERO, Silvio BERLUSCONI. La Belgique, le Danemark, la Grèce, la Norvège, les Pays‐Bas, la Pologne y participent. Plusieurs pays arabes sont représentés : les Emirats arabes unis, l’Irak, la Jordanie, le Maroc et le Qatar. Le représentant de l’Union africaine (UA) sera absent pour cause de réunion des dirigeants africains à Nouakchott (Mauritanie) sur la Libye. (le 19) Un comité de haut‐niveau de l’UA a pour mission de rechercher une issue à la crise. Il se compose des chefs d’Etat de Mauritanie, de la République du Congo, du Mali de l’Afrique du Sud et de l’Ouganda, avec le président de la Commission de l’UA, Jean PING. (le 19) Amr MOUSSA dénonce des bombardements de civils et a demandé un rapport sur les opérations « qui ont provoqué la mort et les blessures de nombreux civils libyens ». (le 20) Sur le terrain, dans l’attente de la Résolution. Ajdabiah : quatre raids aériens avec bombardements. (le 14) D’Ajdabiah partent des routes vers Benghazi et Tobrouk. Un mouvement en tenailles permettrait aux forces gouvernementales d’encercler Benghazi. L’opposition érige des fortifications pour se protéger d’un éventuel assaut des forces pro‐
Kadhafi. (le 15) Ajdabiah est tombée après d’intenses pilonnages qui ont provoqué la fuite de nombreux civils. Des avions de chasse ont commencé les bombardements, puis un barrage d’artillerie et de missiles sur la ville et un dépôt d’armes. (le 15) Ajdabiya : bombardements incessants. (le 16) Trente civils tués (femmes, enfants, personnes âgées). (le 17) L’opposition s’accroche à ses positions à Ajdabiyah dans l’attente de la décision du Conseil de sécurité. Les rebelles disposeraient de trois appareils avec lesquels ils lanceraient des raids sur les forces gouvernementales. (le 17) Zouara – Ville côtière de 40.000 habitants à quelques dizaines de kilomètres de la frontière tunisienne. Elle a subi plusieurs heures de bombardements. (le 14) Dernier bastion de l’opposition à l’ouest de Tripoli, la ville a été reprise par les forces gouvernementales. (le 15) Misrata – Interrogations sur une éventuelle mutinerie chez les loyalistes. Après des bombardements à la lisière de la ville, les canons se sont tus. Certains soldats gouvernementaux auraient refusé d’attaquer et des combats auraient éclaté au sein de ces troupes. (le 14) Tirs d’artillerie et de blindés. (le 16) Bilan des victimes, 18 morts et 42 blessés. (le 17) Brega – Des dizaines de combattants du Bataillon Khamis auraient été capturés. 2.000 combattants de l’insurrection, essentiellement des membres d’une unité commando ayant fait défection et passés du côté de l’opposition, tenaient les quartiers résidentiels. Ces www.greliermichel.eu
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commandos de l’unité 777 ont été formés par des Français, des Allemands et des Américains. Ils porteraient assistance aux rebelles. Les loyalistes semblent manquer de troupes pour garder les territoires repris. Les insurgés ont un point faible : l’approvisionnement des munitions, armes et renforts qui sont exposés aux frappes aériennes sur les routes dégagées, en plein désert. (le 14) Les insurgés annoncent que les forces fidèles à KADHAFI contrôlent la ville. (le 15) Sur le terrain, après la Résolution 1973. Du côté libyen. Misrata : quelques heures après le vote au Conseil de sécurité, des bombardements à l’arme lourde font quatre morts et 70 blessés. (le 18) Bombardements d’artillerie. La ville est privée d’eau courante pour le troisième jour. (le 19) Cessez‐le‐feu immédiat annoncé par Moussa KOUSSA, ministre libyen des Affaires étrangères. (le 18) Benghazi : les forces pro‐KADHAFI avancent rapidement vers la ville malgré le cessez‐le‐
feu unilatéral libyen. Elles sont à Al Magroun et Slouq, à une cinquantaine de kilomètres de Benghazi. (le 18) Bravant la résolution 1973, après des tirs d’artillerie, les forces de KADHAFI sont entrées dans Benghazi. (le 19) L’Egypte et la Tunisie ont été invitées à garder leurs frontières ouvertes, car les menaces de KADHAFI amènent des Libyens à quitter le pays. Le flux migratoire laisserait la place à un flot de réfugiés. (le 18) Le quartier général de l’armée libyenne a ordonné à toutes les unités d’observer un cessez‐
le‐feu ce jour dès 19h00 GMT. (le 20) Quand il est 19h00 GMT, il est 20h00 en France (heure d’hiver) et 21h00 (heure d’été). A Tripoli, il est 21h00. … Les opérations « Aube de l’odyssée » après la Résolution 1973. L’appellation « Aube de l’odyssée » est la traduction de « Odyssey Dawn » le nom de code utilisé par les Etats‐Unis. La même opération est appelée « Opération Harmattan » par les Français, « Operation Ellamy » par les Britanniques, et « Operation Mobile » par les Canadiens. L’Harmattan est un vent alizé, chaud, sec et poussiéreux d’Afrique de l’Ouest qui souffle vers le Sud. Les forces en présence. La flotte aérienne libyenne serait tombée de plus de 400 chasseurs‐bombardiers, avions légers d’attaque et hélicoptères de combat à quelques dizaines. Il lui reste des chasseurs‐
bombardiers Sukhoï Su‐22 et MiG‐23, une poignée d’intercepteurs opérationnels comme les MiG‐21 et MiG‐25. Sa défense aérienne repose sur 200 lance‐missiles jugés obsolètes. Quelques dizaines d’hélicoptères Mil Mi‐17 et Mi‐24 sont très difficiles à intercepter par des avions de chasse volant vite et haut. Par contre la défense anti‐aérienne est composée de missiles de courte portée tirables à l’épaule et quelques 500 canons anti‐aériens. (le 19) www.greliermichel.eu
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La flotte aérienne de l’Alliance comprend e 200 à 300 chasseurs modernes (Eurofighter Typhoon, Rafale, F‐18 Super Hornet) déployables depuis des bases de Gibraltar à la Grèce et des porte‐avions USS Enterprise et Charles‐de‐Gaulle. Les avions‐radars AWACS peuvent repérer les intrus dans la zone d’exclusion aérienne. (le 19) Les actions militaires pourraient être menées par la France, le Royaume‐Uni, les Etats‐
Unis et plusieurs pays arabes. L’Italie est disposée à prêter ses bases militaires dont la base sicilienne de Sigonella. Elle a proposé que Naples serve de centre de coordination. Le Canada va envoyer six avions de chasse. Le Danemark et la Norvège envisagent de fournir des avions. Plusieurs pays arabes pourraient contribuer à l’effort international. (le 18) Nicolas SARKOZY déclare que l’opération militaire aérienne a commencé. (le 19) Angela MERKEL déclare que l’Allemagne ne prendra part à l’opération militaire. (le 19) Six chasseurs F‐16 danois ont atterri à Sigonella en Sicile. Cinq nouveaux F‐18 américains, deux C‐17 et un avion‐cargo C‐130 Hercules ont atterri à Aviano, dans le nord de l’Italie. (le 19) La France a mobilisé une vingtaine d’avions pour ses opérations en Libye. Elle a frappé une large zone autour de Benghazi. (le 19) Le ministère russe des Affaires étrangères a déploré le tir français sur un véhicule militaire libyen et a demandé que « la sécurité des missions diplomatiques étrangères et de leur personnel soit assurée ». (le 19) Barack OBAMA a donné le feu vert aux forces américaines pour engager des opérations militaires limitées contre la Libye. (le 19) Des milliers de Libyens ont pénétré, à Bab al Azizia, dans le camp militaire de KADHAFI à Tripoli, formant un bouclier humain contre d’éventuelles frappes de la coalition. (le 19) Plus de 110 missiles Tomahawk ont été tirés contre plus de 20 sites libyens, à partir de sous‐
marins et de navires américains et britanniques croisant en Méditerranée, pour mettre hors d’état les défenses aériennes de KADHAFI. Des frappes aériennes ont visé la base de Mitiga, près de Tripoli, et une base aérienne près de Misrata. (le 19) Le chef d’état‐major interarmes de l’armée américaine, l’amiral Mike MULLEN déclare qu’une zone d’exclusion aérienne a été instaurée et que les frappes ont stoppé l’offensive des forces de KADHAFI. (le 20) Le Qatar va participer à la coalition avec quatre chasseurs. (le 20) Ailleurs, à Bahreïn. www.greliermichel.eu
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Le royaume a appelé à l’aide les pays voisins : Koweït, sultanat d’Oman, Qatar, Arabie saoudite et Emirats arabes unis, membres du CCG (Conseil de coopération du Golfe) pour faire face à l’ampleur des manifestations. Les forces du CCG se limiteront à protéger les infrastructures pétrolières et électriques, ainsi que les banques. (le 14) Un millier de Saoudiens et 500 émiratis sont arrivés à Bahreïn à bord de 150 transports de troupes. Ils ont emprunté le pont‐digue de 25 km qui sépare les deux pays. Leur mission sera aussi de « protéger les installations gouvernementales ». (le 14) Les rivalités entre sunnites, chiites et wahhabites se cristallisent à Bahreïn. Riyad soupçonne des velléités d’ingérence de Téhéran. Les violences augmentent lors des affrontements entre manifestants. La loi martiale a été imposée pour trois mois. Bahreïn (pouvoir sunnite, population majoritairement chiite) et l’Iran (chiite) s’accusent mutuellement d’ingérence. (le 15) A Manama, cinq morts et des dizaines de blessés lors de la répression de manifestations. (le 16) L’UE et l’OTAN ont exhorté les autorités à cesser la répression. Catherine ASHTON a téléphoné au ministre des Affaires étrangères de Bahreïn. Ce sont sept membres de premier plan de l’opposition qui ont été arrêtés. (le 17) Au Yémen. Les forces de sécurité ont tiré à balles réelles et utilisé des grenades lacrymogènes contre des manifestants, faisant au moins 84 blessés. (le 17) Les forces de l’ordre ont ouvert le feu lors d’une manifestation antigouvernementale, à Sanaa, faisant une dizaine de morts et une cinquantaine de blessés. (le 18) Ali Abdallah SALEH a limogé le gouvernement tout entier. Des membres de sa propre tribu – Hached ‐ avaient réclamé son départ. La ministre des droits de l’Homme avait démissionné ainsi que les ambassadeurs du Yémen auprès des Nations unies et en Russie. Certains des responsables religieux les plus importants du pays se sont joints aux appels à la démission. (le 20) Cela s’agite aussi en Syrie. A Deraa, une ville de 75.000 habitants, dans le sud, près de la frontière jordanienne, une foule de manifestants a mis le feu au siège du parti Baas ainsi qu’aux tribunaux de la ville. (le 20) Des pays où les choses vont mieux. L’Algérie a accordé une aide financière de 100 Mio dollars (près de 72 Mio euro) à la Tunisie à l’occasion de la visite à Alger de Béji Caid ESSEBSI, la première depuis sa prise de fonction. Cette aide se compose d’un don de 10 Mio dollars, un « prêt avantageux » de 40 Mio www.greliermichel.eu
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dollars et un dépôt à la Banque centrale de Tunisie de 50 Mio dollars. Béji Caid ESSEBSI s’est ensuite rendu au Maroc. (le 16) Les Egyptiens se sont rendus massivement aux urnes pour le référendum sur les amendements constitutionnels. Mohamed El‐BARADEÏ, qui avait appelé à voter « NON » comme Amr MOUSSA également candidat à la présidentielle, a été bousculé par un groupe de jeunes, il a été empêché de voté et a été « caillassé ». (le 19) La réforme constitutionnelle a été approuvée par 77% des votants. La participation a été de 41,2% des 45 millions d’électeurs potentiels. (le 20) Et en France, comme entre la France et l’UE. Le Parlement a voté les lois créant le poste de Défenseur des droits voulu par la révision constitutionnelle de juillet 2008. Le premier titulaire du poste doit être nommé en juin par Nicolas SARKOZY. (le 15) Marine LE PEN a été accueillie en qualité d’eurodéputée par le maire de Lampedusa avant de se rendre au centre de rétention où sont 900 immigrants clandestins et de tenir un point de presse. (le 14) Suite à ses déclarations, « les Français, à force d’immigration incontrôlée, ont parfois le sentiment de ne plus être chez eux, ou bien ils ont le sentiment de voir des pratiques qui s’imposent à eux », Claude GUEANT est sujet à ironie et critiques. Pour Marine LE PEN, il pourrait être adhérent d’honneur du FN. Pour Harlem DESIR, il tente de « doubler le FN sur sa droite ». (le 17) Au PS, Arnaud MONTEBOURG a présenté les preuves de ses accusations contre le président – PS ‐ du Conseil général des Bouches‐du‐Rhône, Jean‐Noël GUERINI. Ces preuves sont constituées par 24 pièces, 20 témoignages et un enregistrement audio. Le rapport d’Arnaud MONTEBOURG à Martine AUBRY et ces « preuves » n’ont pas été communiqué à la presse. (le 18) Des rapports « stupéfiants » de la France et du Parlement européen. Le 03 mars, Catherine SOULLIE, eurodéputée française PPE issue de l’UMP, affirmait que sa démission « ne ferait qu’aggraver » le « problème juridique » posé par le PE quant au retour de Brice HORTEFEUX. Le 15 mars, Catherine SOULLIE annonce sa démission. (le 15) Tour de passe‐passe politique, fait du prince… Dame Démocratie, n’as‐tu pas des démangeaisons ? Bonjour Thomas, j’ai presque fini. Les deux futurs eurodéputés seront désignés au sein de l’Assemblée nationale, selon un scrutin proportionnel de liste. Le projet de loi du gouvernement a été adopté en commission. Les groupes de gauche ont annoncé qu’ils ne présenteraient pas de candidats. Les deux députés nationaux élus cesseront alors d’exercer leur mandat à Paris. www.greliermichel.eu
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Pour les groupes politiques de gauche, les candidats auraient dû être choisis sur les listes des élections européennes de juin 2009 ayant reçu le plus de suffrages. François BAYROU : « Le Parlement européen, ce n’est pas la représentation des parlements nationaux, c’est la représentation des peuples au jour de l’élection ». L’une des difficultés vient du découpage français en circonscriptions avec des listes différentes. Pour les Etats membres à circonscription unique, il suffit d’aller à la suite dans les listes élues. (le 18) Madame Démocratie, tes démangeaisons vont devenir une vraie urticaire. Y a‐t‐il des partis politiques européens ? Oui, parce qu’ils touchent des financements. Combien sont‐ils ? Treize. Depuis quand sont‐ils financés ? Depuis 2004. Quel est leur statut ? Ils sont enregistrés comme ONG en Belgique. Les autres ont leur siège dans d’autres Etats membres. A quoi servent les financements européens ? A subventionner 85% de leur fonctionnement, les derniers 15% restent à la charge des partis (cotisations ou dons). Quelle est la règle pour accéder à ces financements ? Avoir au moins un eurodéputé. Quel est le rôle d’un parti politique européen ? Il sert à coordonner les partis nationaux des Etats membres. Comment sont réparties les subventions ? Une échelle existe : 15% sont répartis en parts égales, 85% sont répartis entre ceux qui ont des élus au PE, proportionnellement au nombre d’élus. Pour les partis qui ont des eurodéputés français, quelles sommes ont été versées en 2010 ? Commençons par un rappel des groupes politiques au Parlement européen. Le PPE (Parti populaire européen), 265 députés, quelques noms : Joseph DAUL, président du groupe, Alain LAMASSOURE, Jean‐Paul GAUZES, Rachida DATI… … et Brice HORTEFEUX, le retour ! Le S&D (Alliance progressiste des Socialistes et des Démocrates), ex‐PSE, 185 députés, parmi lesquels : Stéphane LE FOLL, Harlem DESIR, Vincent PEILLON. L’ADLE (Alliance des Démocrates et des Libéraux pour l’Europe), 84 députés, dont : Marielle DE SARNEZ, Corinne LEPAGE. Le CRE (Conservateurs et Réformistes européens) : 55 députés, pas de Français. Les Verts, 55 députés, et : Daniel COHN‐BENDIT, José BOVE, Hélène FLAUTRE, Eva JOLY. La GUE (Gauche unitaire européenne), 34 députés : Jean‐Luc MELENCHON. L’ELD (Europe, libertés, démocratie), 29 députés : Philippe de VILLIERS. Les « non‐inscrits », 27 députés : la famille LE PEN, père et fille. Par définition, les non‐
inscrits sont ceux qui ne sont dans aucun groupe politique. Ils reçoivent donc 0 euro. … En 2010, le montant maximum de la subvention sera de 3.395.323 euro pour le S&D, et de 4.959.462 euro pour le PPE. … www.greliermichel.eu
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Adossés aux groupes politiques, il y a des fondations, qui sont aussi subventionnées. Par exemple : « Centre for European Studies », affilié au PPE, subvention maximum 2010 : 3.288.663 euro ; « Foundation for European Progressive Studies », affilée au S&D (ex‐
PSE) : 2.150.000 euro. Les eurodéputés suggèrent de relever la limite actuelle des dons de 12.000 euro à 25.000 euro par an et de révéler le nom des donateurs au moment de la réception des dons. (le 15) Et pour finir. Pour me faire plaisir, merci. Dans son rapport d’enquête final, le parquet de Milan indique que Silvio BERLUSCONI a eu à 13 reprises des relations sexuelles tarifées avec « Ruby ». Le document détaille le fonctionnement des soirées débridées organisées dans sa villa milanaise. (le 15) www.greliermichel.eu
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Semaine 12 – du lundi 21 au dimanche 27 mars 2011 OTAN ou pas OTAN ? Où as‐tu mis les cartes des semaines dernières ? Thomas, pourquoi es‐tu énervé ainsi ? Parce que les insurgés sont en train de regagner tout le terrain qu’ils avaient perdu. Parce que j’avais perdu une partie de mes espoirs quand ces insurgés étaient refoulés dans Benghazi et que les forces pro‐KADHAFI allaient les submerger et les massacrer, peut‐
être. Elles sont là ces cartes. Quand j’ai suivi les informations jour après jour, j’ai retrouvé les noms des villes qui t’ont réjoui d’abord, qui t’ont attristé ensuite, et qui vont à nouveau te réjouir. D’accord. Et pourquoi ton titre pour cette semaine ? Pourquoi ne fais‐tu pas une part plus belle aux insurgés qui ont repris l’initiative ? Parce qu’il me semble que les opérations sur le terrain sont une chose importante, mais de court terme et limitées au territoire libyen, alors que les choix politiques qui sont faits engagent sur du long terme un certain nombre de pays et d’organisations internationales. C’est pour cela que j’ai fait le choix de ce « OTAN ou pas OTAN ? ». Pour te satisfaire, je vais commencer par les opérations sur le terrain. Elles sont de trois types : celles à l’initiative des insurgés, celles en réaction des forces loyalistes, et enfin les opérations menées par la coalition. Je te donne le nom des villes de l’est vers l’ouest, de Benghazi vers Syrte et Tripoli. Ajdabiah ‐ La coalition a bombardé les forces de KADHAFI, et les insurgés font route vers la ville qu’ils espèrent reprendre. (le 21 mars) Les forces loyalistes ont intensifié leur bombardement. (le 23) A la faveur des bombardements de la coalition, les rebelles ont repris le contrôle de la ville, les troupes gouvernementales se replient sur Brega. (le 26) Brega ‐ Les insurgés s’emparent de la ville pétrolière. (le 27) Ras Lanouf ‐ Les insurgés y ont pénétré après avoir repoussé les forces fidèles à KADHAFI. (le 27) Bin Djaouad ‐ Les insurgés contrôlent la ville, à 525 km à l’est de Tripoli, et se rapprochent de Syrte. (le 27) Misrata est entre Syrte et Tripoli, c’est une ville très menacée. Des chars gouvernementaux sont entrés en mouvement après le bombardement d’une base proche de la ville. Les forces loyalistes auraient reculé. (le 21) Des forces kadhafistes infiltrées dans la ville ont tiré sur une foule de personnes non armées, faisant neuf morts. (le 21) Les blindés tirent des obus sur la ville. Une voiture civile est détruite : quatre enfants tués. (le 22) Malgré les frappes aériennes, des chars de l’armée régulière sont toujours dans la ville. Le port serait aux mains des loyalistes. Des milliers de travailleurs immigrés cherchent à fuir www.greliermichel.eu
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par la mer. (le 24) Fief des insurgés à 200 km à l’est de Tripoli, les attaques des forces loyales ont repris. (le 27) Zouara et Zaouïra sont à l’ouest de Tripoli, vers la frontière tunisienne. La répression y bat son plein. De nombreuses arrestations ciblent les personnes ayant participé aux manifestations anti‐KADHAFI depuis le 15 février. (le 26) Zentane est à 150 km au sud‐ouest de Tripoli, près des frontières tunisienne et algérienne. Les forces kadhafistes bombardent la ville pendant plusieurs heures. (le 21) Les bombardements sur la ville, tenue par les rebelles, ont repris. (le 23) Les insurgés ont fait reculer les forces loyalistes de tous les côtés de la ville sauf un. (le 23) Venons‐en aux forces engagées et aux opérations de la coalition. Deuxième vague d’attaques aériennes. Les Américains n’ont pas tenu compte de la trêve unilatérale car des combats se sont poursuivis. Des missiles Tomahawk ont été tirés par un sous‐marin britannique. Ils visaient des sites de missiles, de commandement et de défense anti‐aérienne libyenne. L’état‐major américain a constaté une diminution des moyens libyens de surveillance aérienne. A Tripoli, une forte explosion a retenti et les autorités ont déclaré qu’un bâtiment du complexe de KHADAFI dans la capitale avait été détruit par un tir de missile. (le 21) Un F‐15 américain s’est écrasé en zone rebelle libyenne suite à un problème mécanique. (le 22) Les deux avions de chasse et un avion cargo du Qatar sont arrivés en Crète. Six chasseurs et deux cargos sont attendus. (le 22) Le porte‐avions Charles‐de‐Gaulle est désormais opérationnel au large de la Libye. Deux Rafale en ont décollé pour effectuer un vol de reconnaissance, sans frappe. (le 22) Des avions de la coalition ont mené deux raids contre un secteur de Misrata où sont basées des forces loyales à KADHAFI. Les tirs d’artillerie et des blindés ont cessé. (le 23) Le gouvernement norvégien a donné son feu vert à la participation de six chasseurs F‐16. (le 23) Des navires de l’OTAN ont commencé à patrouiller au large de la Libye pour contrôler l’embargo sur les armes. (le 23) Un Rafale français a détruit un appareil d’entraînement libyen qui se posait à proximité de Misrata. (le 24) Le Parlement turc a approuvé la décision du gouvernement de se joindre aux opérations navales de l’OTAN au large de la Libye. Les moyens engagés seront quatre frégates, un navire de soutien et un sous‐marin. (le 24) www.greliermichel.eu
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Les Emirats arabes unis vont engager 12 avions (6 F‐16 et 6 Mirage) dans les opérations de la coalition. (le 25) Une patrouille française est intervenue avec une bombe guidée laser et a détruit une batterie d’artillerie qui tirait sur Ajdabiyah. (le 25) Le Soudan a accepté d’ouvrir son espace aérien aux avions de la coalition. (le 25) Des avions de la coalition ont bombardé des positions des forces loyales dans les faubourgs de Misrata. Les tirs de l’artillerie et des chars ont baissé après ces raids. Des avions français ont détruit cinq avions de combat Galeb et deux hélicoptères MI‐35 sur l’aéroport de Misrata. (le 26) Ce panorama rapide rend bien compte du sentiment que j’avais. Il va être plus difficile de rendre compte de la partie « diplomatie ». Un porte‐parole de la rébellion a critiqué la position d’Amr MOUSSA (Ligue arabe), affirmant que plus de 8.000 insurgés avaient été tués depuis le début de l’insurrection à la mi‐février. (le 21) Lors d’une conférence de presse avec BAN Ki‐moon, au Caire, Amr MOUSSA a clarifié sa position et déclaré qu’il soutenait la résolution de l’ONU autorisant l’intervention militaire tout en insistant sur la protection des civils. (le 21) Vladimir POUTINE a critiqué la résolution 1973 qu’il a jugée « déficiente et imparfaite » et qu’il a comparée aux « appels médiévaux à la croisade ». Dmitri MEDVEDEV a réagi en jugeant « inacceptable d’avoir recours à des expressions qui, sur le fond, tendent vers un conflit de civilisations, comme par exemple croisades ». (le 21) Serait‐ce la manifestation d’une brouille politique au sommet de l’Etat russe ? A Téhéran, l’ayatollah Ali KHAMENEI, le guide suprême, a déclaré que si les Occidentaux voulaient aider les civils libyens, ils devraient les armer plutôt que de bombarder KADHAFI. (le 21) La Maison Blanche a l’intention de confier le commandement des opérations dans les prochains jours. David CAMERON souhaite qu’elles le soient à l’OTAN ; Alain JUPPE a fait valoir que les pays arabes ne voulaient pas d’un transfert à l’OTAN. (le 21) De profondes divisions et l’opposition de la Turquie freinaient l’adoption par l’OTAN d’un plan d’action aérienne en Libye. Recep Tayyip ERDOGAN n’a pas apprécié de ne pas être des 22 participants au Sommet international de Paris. Il a déclaré que la Turquie pourrait soutenir un plan militaire de l’OTAN. La participation de l’OTAN à une action militaire nécessiterait l’accord des 28 membres de l’organisation. Le Conseil de l’Atlantique Nord, l’organe décisionnaire de l’Alliance, doit rediscuter du plan d’exclusion aérienne et il pourrait ordonner aux forces alliées de le mettre en œuvre. Dans cette hypothèse, il faudrait plusieurs jours pour que des avions www.greliermichel.eu
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sous commandement OTAN entament des missions au‐dessus de la Libye. Un tel ordre ne mentionnerait probablement pas des attaques contre des cibles au sol. (le 21) Les ministres européens des Affaires étrangères ont ajouté onze nouveaux noms et neuf entités à la liste des sanctions contre KADHAFI et ses soutiens. Ils ont poursuivi la planification de l’aide humanitaire. Alain JUPPE a fait valoir la volonté de la France que l’OTAN n’ait pas le contrôle des opérations mais intervienne en soutien. David CAMERON a assuré les membres de la Chambre des Communes que son intention était de transférer à l’OTAN le contrôle des opérations. (le 21) Le Conseil de sécurité a étudié, à huis clos, une demande de la Libye pour un débat sur les raids aériens de la coalition, « l’agression militaire » selon Moussa KOUSSA. Le Conseil de sécurité a rejeté la demande libyenne de réunion extraordinaire. (le 21) Les pays membres de l’OTAN, au niveau de leurs ambassadeurs, s’employaient à surmonter leurs désaccords. Alain JUPPE annonce une réunion de coordination politique entre les pays engagés. La France s’oppose à la prise de commandement par l’OTAN. L’Italie y est favorable. Les Etats‐Unis restent très nuancés. La Pologne, la Bulgarie, Chypre et d’autres Etats membres n’approuvent pas l’action militaire. (le 22) Les Etats‐Unis, la France et le Royaume‐Uni se sont mis d’accord sur le rôle de l’OTAN dans la mise en œuvre de la zone d’exclusion aérienne au‐dessus de la Libye. Ils sont convenus que l’OTAN doit jouer un rôle important dans cette intervention, sans lui en confier la direction politique de crainte de heurter les susceptibilités des pays arabes. (le 22) Les grandes orientations… Militaires ‐ La coalition menée par Paris, Londres et Washington assurera le pilotage politique des opérations militaires en Libye, qui seront conduites et planifiées par l’OTAN. Politiques ‐ Un « groupe de contact » sera composé de l’ensemble des pays participant à l’opération, plus l’Union africaine, la Ligue arabe et tous les pays européens qui voudront s’y associer. (le 23) Les Etats membres de l’OTAN ne sont pas parvenus à un accord pour prendre la direction des opérations militaires en Libye à la place des Etats‐Unis, en raison des réserves turques. La Turquie ne veut pas voir l’OTAN prendre le commandement d’opérations susceptibles de faire des victimes civiles ou se charger de l’instauration d’une zone d’exclusion aérienne tandis que les avions, américains, britanniques et français bombardent les forces libyennes. (le 23) Les 28 pays membres de l’OTAN sont convenus de faire respecter une zone d’exclusion aérienne en Libye pour protéger les civils face aux forces de KADHAFI. Ils ne sont pas tombés d’accord pour prendre le commandement de l’ensemble des opérations politiques et militaires. Si les pays membres de l’OTAN se mettent d’accord pour élargir le mandat, www.greliermichel.eu
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cela équivaudrait à donner à l’OTAN le contrôle politique des opérations militaires, tout en prenant en compte les avis de l’instance de pilotage politique comprenant des pays arabes. Cette situation représenterait un compromis entre les positions de la France et de la Turquie. La France estime que le « tout OTAN » deviendrait impopulaire dans les pays arabes. La Turquie souhaite que l’OTAN commande les opérations et en contrôle l’étendue. (le 25) Le Conseil européen soutient l’intervention mais en définit les limites. « Quand les populations civiles seront en sécurité et les objectifs de la Résolution 1973 remplis, il sera mis fin aux opérations militaires ». (le 25) Les pays membres de l’OTAN ont accepté qu’elle prenne le relais de la coalition pour faire respecter la zone d’interdiction de vol. Les militaires de l’OTAN préparent les plans détaillés pour cette mission. (le 25) La France, la Grande‐Bretagne, les Etats‐Unis, les pays arabes et africains qui soutiennent l’intervention militaire de la coalition tiendront une réunion politique sur la Libye, à Londres, le 29 mars. Nicolas SARKOZY et David CAMERON y présenteront une initiative commune. (le 25) Jean PING, président de la Commission de l’Union africaine, a jugé « légitimes » les aspirations du peuple libyen et a infligé un camouflet à KADHAFI en plaidant pour une période de transition, des élections démocratiques et des réformes politiques en Libye. (le 25) Les opérations de l’OTAN en Libye seront dirigées depuis Naples par le général canadien Charles BOUCHARD. (le 25) Le Qatar a donné son accord pour commercialiser le pétrole extrait dans l’est de la Libye. (le 27) Lors de la réunion du « groupe de contact politique » à Londres, le 29 mars, l’Italie et l’Allemagne proposeront un plan comprenant un cessez‐le‐feu, un corridor humanitaire et le départ en exil de KADHAFI. (le 27) L’OTAN, relayant les Etats‐Unis, a accepté d’assumer l’intégralité du commandement des opérations militaires en Libye. Les ambassadeurs des 28 pays membres de l’Alliance atlantique ont adopté un plan élargissant sa mission à la protection des civils par le biais de bombardements ciblés sur les installations militaires des forces de KADHAFI. Le commandement opérationnel passera de Ramstein en Allemagne à Naples en Italie. (le 27) Au Yémen Des chars et des véhicules blindés se sont déployés à Sanaa après la décision d’un général commandant une division blindée, et proche d’Ali Abdallah SALEH, de rejoindre les rangs de l’opposition. (le 21) L’armée yéménite, par la voix du ministre de la défense, a réaffirmé son soutien au www.greliermichel.eu
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président SALEH malgré les divisions apparues en son sein et a mis en garde contre toute tentative de coup d’Etat. Le président SALEH a demandé au ministre saoudien des Affaires étrangères de jouer les médiateurs dans une crise qui empire. Alain JUPPE est le premier responsable occidental à souhaiter le départ du président SALEH dont les soutiens s’effritent. Le chef de la tribu al Ahmar à laquelle appartient Ali Abdallah SALEH a exprimé son soutien aux manifestants. Cela fait trois généraux et un ancien ministre de la défense qui annoncent leur soutien. Les ambassadeurs du Yémen en Syrie, en Arabie saoudite, au Liban, en Egypte, en Chine et auprès de la Ligue arabe ont démissionné. (le 21) Le président SALEH a proposé d’organiser l’élection présidentielle dès la fin de 2012. (le 23) Le Parlement du Yémen a approuvé, à mains levées et dans une ambiance chaotique, l’instauration de l’état d’urgence pour 30 jours. (le 23) A Mukalla, ville côtière du sud‐est, des combats ont opposé des militaires réclamant le départ d’Ali Abdallah SALEH à des membres de sa garde rapprochée. (le 24) En Syrie. Les manifestations se sont étendues à la ville de Djassem, dans le sud. Les rassemblements n’ont pas été réprimés. (le 21) A Deraa, les forces de sécurité syriennes ont tué par balles au moins vingt‐cinq personnes lors d’un assaut contre une mosquée. Les corps ont été amenés à l’hôpital de la ville. Avant l’attaque l’électricité et le téléphone avaient été coupés. La levée de l’état d’urgence, en vigueur depuis 1963, lors de la prise de pouvoir par le parti Baas, est une des principales revendications des manifestants. (le 23) Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées à Hama, une ville de l’ouest, pour exprimer leur solidarité avec les manifestants de Deraa. (le 25) Les manifestations font tache d’huile en Syrie. Après Deraa, ce sont Hama, As Sanameïn, At Tal, Douma, Lattaquieh, Alep, Raqqah, Zabadani et Damas qui ont manifesté. En Syrie, le clan Assad est membre du chiisme alaouite ; la majorité du pays est sunnite, et Hama avait subi en 1982 une répression ayant fait jusqu’à 20.000 morts. (le 25) Avant de quitter la région, deux informations. Des dizaines de familles libyennes sont arrivées ces derniers jours au poste frontalier avec la Tunisie. Ils étaient 3.300 dans les dernières 24 heures dont 889 Libyens. Depuis le début de la crise, plus de 174.000 réfugiés ont été accueillis dont près de 114.000 ont été rapatriés. (le 24) Franco FRATTINI, ministre italien des Affaires étrangères, a annoncé l’octroi à la Tunisie www.greliermichel.eu
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d’une ligne de crédit de 150 Mio euro pour endiguer le flux des migrants clandestins qui débarquent sur les côtes italiennes. (le 25) Je ne suis pas sûr que les Tunisiens y arrivent. En France, le premier tour des élections cantonales. Abstention : 64,90%. Résultats : PS 24,94%, UMP 16,97%, FN 15,06%, Divers droite 9,32%, Europe Ecologie–Les Verts 8,22%, PCF 7,91%, Majorité – Nouveau centre 5,45%, Divers gauche 5,41%, Parti radical de gauche 1,48%, autres 1,35%, MoDem 1,22%, Parti de gauche 1,01%, Extrême gauche 0,58%, Régionalistes 0,53%, Ecologistes 0,37%, Extrême droite 0,15%. Abstentions 64,90%. (le 21) Pour le second tour, la gauche part globalement unie pour affronter la droite et le FN. Europe Ecologie‐Les Verts joue les trouble‐fête en se maintenant dans 37 cantons. (le 23) Le Parti socialiste, qui contrôlait 58 départements sur 100, a pris à la droite le Jura et les Pyrénées‐Atlantiques. Il semble bien placé pour faire de même en Savoie, à La Réunion et à Mayotte. L’UMP a repris le Val‐d’Oise à la gauche. (le 27) Résultats du second tour. Inscrits : 18.732.568, Votants : 8.401.991, Exprimés : 7.805.271 Abstention : 55,15% Parti socialiste : 35,75% obtient : 660 sièges UMP : 20,24% 264 FN : 11,73% 2 Divers droite : 9,44% 182 PCF : 4,88% 94 Divers gauche : 4,82% 112 Nouveau centre : 3,64% 39 Europe Ecologie–Les Verts : 2,77% 27 Majorité : 2,52% 41 Radicaux de gauche : 1,53% 34 Divers : 1,32% 27 MoDem : 0,95% 14 Parti de gauche : 0,21% 4 Régionalistes : 0,14% 2 Extrême droite : 0,06% 1 (le 27) Des nouvelles de la santé financière du FN. La Société Générale a demandé la saisie du « Paquebot », l’ancien siège du FN à Saint‐
Cloud. Le FN doit 5,4 Mio euro à la banque. Le tribunal de Nanterre a donné deux mois au FN pour rembourser cette somme. (le 22) Le FN va rembourser sa dette à la Société Générale a dit Marine LE PEN. Quant à sa campagne présidentielle de 2012, elle sera financée par un emprunt. (le 23) www.greliermichel.eu
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Marine LE PEN entend présenter des candidats aux législatives de 2012, qui suivront la présidentielle, sous l’étiquette d’un rassemblement et non plus du Front national. (le 23) Après ces élections locales, cela va bouger dans les « usines à gaz » rose et verte. Oui, François HOLLANDE va se lancer dans les « primaires » du PS. François HOLLANDE devrait déclarer sa candidature dès sa reconduction à la tête du conseil général de Corrèze. (le 23) Et pour terminer la semaine Silvio BERLUSCONI sera remplacée par Brice HORTEFEUX. Débarqué du gouvernement en février, Brice HORTEFEUX sera élu député européen le 24 mars. Y aura‐t‐il un parlementaire français pour saisir le Conseil d’Etat sur ce mandat de convenance ? (le 23) Brice HORTEFEUX a récupéré sa carte d’accréditation et ses bureaux. La commission des affaires juridiques du PE s’est estimée non compétente et a estimé qu’il revenait au droit français de déterminer qui devait remplacer Catherine SOULLIE, démissionnaire « forcée ». (le 24) En suivant tes notes, je mesure le gouffre qui sépare ces Libyens qui se battent pour leur démocratie, certains sacrifiant même leur vie pour elle, et le confort d’un carriériste politique qui « bafoue » notre démocratie à nous. Notre démocratie française est pour le moins sclérosée. Qui irait encore se battre physiquement, voire mourir, pour elle ? www.greliermichel.eu
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Semaine 13 – du lundi 28 mars au dimanche 03 avril 2011 Armer ou ne pas armer les rebelles à KADHAFI ? Bonjour Michel, je te téléphone parce que je ne pourrai pas venir aujourd’hui te voir. C’est lundi, je le sais. Tu vas écrire, je suis curieux de connaître les sujets traités et je regrette de ne pouvoir les commenter. Bonjour Thomas, désolé que tu ne sois pas là. Pour faire court, à propos de la Libye, j’ai classé les informations en quatre piles : 1.‐ les opérations de la coalition et les discussions sur l’armement des insurgés, 2.‐ les combats entre les deux camps libyens, 3.‐ l’aspect humanitaire de la situation, et 4.‐ la nouvelle dimension politique et diplomatique menée par les Libyens eux‐mêmes. Merci. Il me semble que l’on reste dans la logique des semaines passées et qu’il y a une dimension complètement nouvelle, la dernière que tu as citée. Est‐ce que KADHAFI demanderait grâce ? Je te laisse travailler, je t’appellerai plus tard si j’en ai la possibilité. C’est quand tu le voudras, je ne bouge pas avant d’avoir fini. … Je commence par les actions de la coalition Le Qatar est le premier pays arabe à reconnaître le Conseil national comme seul représentant légitime du peuple libyen. (lundi 28 mars) L’aviation française a bombardé un centre de commandement à 10 km au sud des faubourgs de Tripoli, et des navires américains postés en Méditerranée ont continué à tirer des Tomahawk à longue portée, portant le total à 199. Des frappes aériennes ont visé Sebha, à 650 km au sud de Tripoli, dans une zone désertique restée largement fidèle à KADHAFI et d’où sont acheminés par avion les Touaregs du Mali et du Niger qui combattent aux côtés des forces gouvernementales. (le 28) A Londres, la conférence réunira les représentants de plus de 40 pays et organisations internationales, au niveau des ministres des Affaire étrangères. Il y sera question de l’aide humanitaire aux zones touchées par le conflit et du processus politique permettant aux Libyens de choisir eux‐mêmes leur avenir. Un « comité de pilotage politique» devrait être mis sur pied. La Russie n’y participera pas. L’Union africaine est absente de la Conférence de Londres en raison de désaccords internes. (le 29) Alain JUPPE déclare que la France est prête à discuter avec ses partenaires de la fourniture éventuelle d’armes aux insurgés libyens. Il reconnaît qu’une telle aide n’est pas prévue dans les résolutions du conseil de sécurité. (le 29) Pour David CAMERON, la résolution 1973 permet de le faire pour protéger les populations civiles, mais Londres n’a pas décidé de le faire. Hillary CLINTON affirme que ce serait légal. Barack OBAMA dit : « Je ne l’exclus pas mais je ne l’inclus pas non plus ». (le 30) Après la Russie, la Turquie est opposée à l’envoi d’armes aux insurgés. (le 31) www.greliermichel.eu
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L’US Navy a attaqué trois bateaux de la marine libyenne pour les empêcher d’ouvrir le feu sur des navires marchands dans le port de Misrata. Un bâtiment des garde‐côtes s’est échoué. L’un des deux bateaux de soutien a été détruit et l’autre a été abandonné. (le 30) Barack OBAMA a signé récemment un décret confidentiel autorisant des opérations secrètes de la CIA en Libye pour soutenir les insurgés en vue d’atteindre un objectif précis et confidentiel. (le 30) Des experts militaires avaient récemment dit que les insurgés ne pouvaient pas « éclairer » les cibles pour que les bombes guidées au laser soient « chirurgicales ». Vous avez devant vous certains de ces « éclaireurs ». Anders Fogh RASMUSSEN, secrétaire général de l’Alliance atlantique annonce que l’OTAN a pris les commandes des opérations aériennes en Libye, à 06h00 GMT, dans le respect de la résolution du Conseil de sécurité. (le 31) Mike MULLEN, le chef d’état‐major de l’armée américaine juge que KADHAFI et ses hommes n’ont pas dit leur dernier mot. « Nous avons assez sérieusement dégradé ses capacités militaires. Nous avons réduit ses forces de 20 à 25%. Cela ne signifie pas qu’il soit proche de la rupture du point de vue militaire, parce que ce n’est pas le cas ». (le 01 avril) Maintenant que l’OTAN mène le jeu militaire, les Etats‐Unis se désengagent des opérations. Ils retirent leurs avions de combat, ils cesseront de tirer des missiles Tomahawk. Les navires et sous‐marins américains resteront en Méditerranée mais n’interviendront que si la situation change et que l’OTAN le réclame. Les Etats‐Unis continuent à effectuer des missions aériennes de soutien, de ravitaillement en vol, de reconnaissance et de surveillance. (le 02) L’Alliance enquête sur une « bavure », un bombardement aérien près de Brega qui aurait touché un groupe d’insurgés et fait treize morts et sept blessés. (le 02) Sur le terrain, les affrontements entre loyalistes et insurgés se poursuivent. La ville de Misrata est la plus touchée. Le 28 mars, les forces fidèles à KADHAFI en contrôlent une partie. Le 30, violentes attaques des forces de KADHAFI. Ce sont 124 civils qui auraient été tués depuis neuf jours. Les pénuries de vivres et de médicaments y deviennent catastrophiques. Le 31, les brigades pro‐KADHAFI ne parviennent pas à entrer dans la ville, ils l’encerclent et la bombardent, faisant des victimes civiles. Le 01 avril, intenses tirs d’artillerie. Le 02, au moins six civils ont été tués par des « snipers ». Les combats durent depuis plus d’un mois et demi, le bilan global serait de 243 morts et environ 1.000 blessés. A Ras Lanouf et Brega. Après une série de bombardements, les insurgés ont battu en retraite des deux ports pétroliers pour se replier sur Ajdabiyah. Les loyalistes ont montré leur supériorité en www.greliermichel.eu
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armement et en organisation. Ayant besoin de pétrole, les forces de KADHAFI ont besoin de Ras Lanouf et de Brega. (le 30) Les insurgés massés aux abords de Brega déclarent qu’ils affrontent toujours l’armée loyaliste pour le contrôle de la cité pétrolière. (le 31 mars) Le 01 avril, les insurgés se massent autour du port pétrolier pour lancer une contre‐
offensive. Ils y ont acheminé du matériel lourd. D’anciens officiers s’efforcent d’organiser les forces insurgées afin de reprendre l’initiative. (le 03) Deux nouveaux noms à ajouter à la liste des lieux d’affrontements. Zentane et Yéfren sont situées dans une région montagneuse au sud‐ouest de Tripoli. Elles sont peuplées de Berbères traditionnellement rétifs au régime libyen. Les blindés gouvernementaux ont tiré à l’aveuglette sur Zentane. (le 03 avril) A noter que : Les insurgés se disent prêts à conclure un cessez‐le‐feu sous conditions : autoriser la liberté d’expression dans les villes de l’Ouest, retirer les mercenaires des rues. (le 01 avril) Dans le domaine humanitaire. A bord de deux bateaux, 515 migrants sont arrivés à Malte de Libye. Ils sont Somaliens et Erythréens. (le 28 mars) La Turquie, seul pays musulman de l’OTAN, va prendre en charge la gestion de l’aéroport de Benghazi, pour faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire. (le 28) La situation humanitaire est devenue préoccupante à Misrata. Un navire‐hôpital, après avoir passé quatre jours au large dans l’attente de l’autorisation de mouiller dans le port, a réussi à évacuer 250 blessés. Il a pu accoster sous la protection de 10 chasseurs F‐16 de l’armée turque et avec l’appui de deux frégates de la Marine turque. Il a embarqué des blessés et 100 membres de leurs familles avant d’appareiller en toute hâte alors qu’une foule importante se pressait sur les quais espérant quitter la Libye. (le 03 avril) Nouveautés de la semaine, des démarches diplomatiques libyennes. Moussa KOUSSA, le ministre libyen des Affaires étrangères a rompu avec le régime de KADHAFI et est arrivé, en provenance de Tunisie, à Londres où il a demandé refuge. Sa démission est due aux attaques commises contre des civils. (le 30 mars) Abdelati al‐OBEÏDI, vice‐ministre des Affaires étrangères, a franchi la frontière tuniso‐
libyenne en compagnie de six personnes. Il s’est rendu à Djerba pour prendre l’avion vers Athènes. A Athènes, il a remis un message de KADHAFI à Georges PAPANDREOU. (le 03 avril) Georges PAPANDREOU s’était entretenu au téléphone avec Al Baghdadi Ali Al Mahmoudi, le Premier ministre libyen, et avec ses homologues du Qatar, de Turquie et du Royaume‐
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Uni. L’émissaire libyen a informé Georges PAPANDREOU que son pays souhaitait une solution et un arrêt des combats. Cet émissaire, après Athènes, ira à Malte et en Turquie. (le 03) Quand l’affaire libyenne a des retombées de politique intérieure à Moscou ! A moins d’un an de l’élection présidentielle en Russie, Dmitri MEDVEDEV a lancé ce qui apparaît comme un audacieux pari politique en s’opposant ouvertement à Vladimir POUTINE. Celui‐ci avait comparé la résolution 1973 à un « appel moyenâgeux aux croisades », et il avait jugé que Dmitri MEDVEDEV avait manqué de fermeté envers l’Occident en n’utilisant pas son droit de veto. Vêtu d’un blouson en cuir frappé du blason russe doré de l’aigle à deux têtes et portant la mention « Commandant suprême des forces armées russes », Dmitri MEDVEDEV a répondu que des termes comme « croisade » étaient inacceptables. (le 30 mars) Est‐ce un coup d’éclat du président ? Est‐ce une tentative désespérée pour conserver un semblant d’autorité au Kremlin ? Est‐ce une mise en scène ? … Et Pékin ne reste pas muet. HU Jintao a critiqué fermement l’intervention en Libye lors d’une rencontre avec Nicolas SARKOZY. Il estime que le recours à la force ne réglerait pas la crise et que la diplomatie reste préférable. (le 30) Le Proche‐Orient continue de bouillonner. En Syrie… A Deraa, les forces de sécurité ont de nouveau ouvert le feu pour disperser des centaines de contestataires qui réclamaient la fin de l’état d’urgence en vigueur depuis 1963. (le 28 mars) Bachar AL‐ASSAD a accepté la démission du gouvernement. Il a reconduit Nadji AL‐
OTARI comme chef d’un gouvernement par intérim. Le gouvernement syrien a peu d’influence dans l’appareil politique, le pouvoir est concentré entre les mains d’ASSAD, de sa famille et des forces de sécurité. (le 29) Après les manifestations pour la démocratie dans tous le pays, les agents de la sécurité ont procédé à des dizaines d’arrestations, principalement à Damas. La répression des manifestations a fait au moins sept morts. (le 02 avril) Bachar AL‐ASSAD a confié à l’ancien ministre de l’Agriculture, Adel SAFAR, la tâche de former un nouveau gouvernement. (le 03) Et en Egypte… La première élection présidentielle aura lieu au plus tard en novembre. Ce sera deux mois après les élections législatives prévues en septembre. Une Constitution intérimaire sera promulguée, mais elle est sujette à contestation sur l’article 2 qui stipule que l’islam est la religion d’Etat et que la loi islamique est la principale source de la loi. (le 30 mars) www.greliermichel.eu
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Avant de clore cette partie des informations, sachez que… Les autorités italiennes ont transféré par bateaux plus de 2.000 migrants clandestins de Lampedusa, essentiellement des Tunisiens, vers des camps de rétention de l’Italie continentale, à Manduria (Pouilles). (le 31 mars) Et que… En 2010, l’UE‐27 a enregistré 257.800 demandes d’asile, soit 515 demandes par million d’habitants. Le chiffre pour 2009 était de 264.000 demandes. En 2010, les demandeurs étaient des Afghans (20.600), des Russes (18.500), des Serbes (17.700), des Iraquiens (15.800), des Somaliens (14.400), etc. En 2010, le plus grand nombre de demandes d’asile a été enregistré en France (51.600), en Allemagne (48.500), en Suède (31.900), en Belgique (26.100), au Royaume‐Uni (23.700), aux Pays‐Bas (15.100), en Autriche (11.000), en Grèce (10.300), en Italie (10.100), en Pologne (6.500). Ces dix Etats membres ont enregistré plus de 90% des demandes. En comparaison de la population, les taux les plus élevés de demandes ont été observés à Chypre (3.600 demandes par million d’habitants), en Suède (3.400), en Belgique (2.400), au Luxembourg (1.600), en Autriche (1.300),… France (795). Dans certains Etats, une grande proportion des demandes provenait d’un seul pays. En Pologne, 73% des demandes provenaient de Russie ; en Lituanie, 50% des demandes de Géorgiens ; en Bulgarie, 44% d’Irakiens ; en Lettonie, 38% d’Afghans ; en Hongrie, 33% d’Afghans. (le 29 mars) Plus près de chez nous… Le président portugais Anibal Cavaco SILVA a annoncé la dissolution du parlement et fixé au 05 juin 2011 la date d’élections législative anticipées. Le gouvernement sortant de José SOCRATES restera en fonction jusqu’aux élections pour expédier les affaires courantes. (le 31 mars) Ou plus loin… Barack OBAMA s’apprête à divulguer un des secrets les plus mal gardés de Washington : il compte se représenter en novembre 2012. Il pourra commencer à lever des fonds pour sa campagne électorale. (le 02 avril) Ici… Au lendemain des cantonales, les partis politiques se mettent en ordre de marche pour la bataille élyséenne de 2012. Pour Martine AUBRY, le PS a un « devoir de victoire en 2012 ». Cécile DUFLOT a souligné que son mouvement avait doublé le nombre de ses conseillers généraux et a prévenu le PS qu’il faudra un « projet profondément écologiste ». (le 28 mars) Quarante‐huit députés socialistes ont lancé un appel à Martine AUBRY afin qu’elle rassemble la gauche, avec la « gauche de la gauche » et les écologistes, en vue de la présidentielle, sans se prononcer explicitement sur sa candidature. (le 28) www.greliermichel.eu
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François HOLLANDE a été réélu à la présidence du Conseil général de Corrèze. François HOLLANDE s’est officiellement déclaré candidat aux primaires du PS : « Je pars pour la primaire pour la gagner ». Sa candidature déplaît à la direction socialiste ainsi qu’aux partisans de DSK. (le 31) Il rejoint Manuel VALLS, Arnaud MONTEBOURG, Ségolène ROYAL. DSK ne dévoile pas ses intentions. Martine AUBRY est poussée dans le dos par 48 députés socialistes. Martine AUBRY et François HOLLANDE veulent séduire les jeunes ; ils le font quasi au même moment et dans des termes très voisins. Pour Martine AUBRY, devant le Mouvement des jeunes socialistes, à Paris : « La place que l’on donne à la jeunesse mesure l’ambition que l’on a pour un pays ». En Corrèze, François HOLLANDE avait dit : « De la réussite de la jeunesse dépend la réussite de notre pays ». (le 02) Si Thomas avait été là, je pense qu’il se serait interrogé sur un double « copier‐coller » du manuel PS des discours de campagne. Martine AUBRY a dit vouloir lancer la campagne pour la présidentielle avec la présentation du projet qui doit être dévoilé le 05 avril et non avec les « primaires » d’octobre. (le 28 mars) Vingt propositions du projet socialiste ont été publiées par le Journal du dimanche (JDD). Parmi elles, la sortie du tout‐nucléaire d’ici 20 ans, le plafonnement des salaires des patrons et l’égalité salariale hommes‐femmes en cinq ans. Ce projet présidentiel sera discuté le 05 avril en bureau national du PS, débattu et adopté le 09 avril en Conseil national, voté par les militants le 19 mai, avant une adoption finale le 28 mai lors d’une convention nationale. Les salaires dans les entreprises où l’Etat est présent serait encadrés dans les limites de 1 à 20. Les PDG de Renault, Carlos GHOSN, et d’EDF, Henri PROGLIO, devraient diviser leurs salaires par deux. Création de 300.000 emplois d’avenir, dans l’administration et l’économie sociale, financés par le maintien de l’ISF ou la suppression de l’exonération des heures supplémentaires. L’impôt sur le revenu serait fusionné avec la Contribution sociale généralisée (CSG) pour créer un grand impôt progressif prélevé à la source. Dans le domaine de la sécurité, le PS propose de créer 500 emplois de magistrats et de greffiers supplémentaires, ainsi que 10.000 postes dans les gendarmeries et commissariats sur cinq ans. (le 03) Voici venu le temps… des usines à gaz électorales. Rappelez‐vous ces paroles joyeuses du temps du « gloubi boulga » adaptable aisément à la situation électorale actuelle : « Voici venu le temps des rires et des chants Dans l'île aux enfants C'est tous les jours le printemps C'est le pays joyeux des enfants heureux Des monstres gentils Oui c'est un paradis. » … Un paradis où le PS a aussi ses « turpitudes » déjà évoquées. www.greliermichel.eu
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Le PS a créé une commission d’enquête interne composée de huit membres et dirigée par Alain RICHARD, ancien ministre de la Défense. Elle devra étudier le fonctionnement de la fédération des Bouches‐du‐Rhône, l’une des plus grosses du PS. (le 29) Jean‐Noël GUERINI a été réélu président PS du Conseil général des Bouches‐du‐Rhône. (le 31) Et revoilà « Nanard » ! Neuf députés du PS ont demandé la saisie de la Cour de justice de la République (CjR) à propos du règlement par un tribunal arbitral du litige entre le Crédit Lyonnais et Bernard TAPIE en faveur de ce dernier. En 2008, le tribunal arbitral avait condamné le consortium de réalisation (CDR), société chargée de gérer le passif du Crédit Lyonnais à verser 285 Mio euro, hors intérêts, dont une indemnité de 45 Mio euro au titre du préjudice moral, au groupe Bernard Tapie ainsi qu’aux époux TAPIE, sur la vente d’Adidas. Cette décision avait été entérinée par Christine LAGARDE. Des députés socialistes estiment que ces décisions « avaient pour objet de favoriser des intérêts particuliers au détriment de l’intérêt public ». Ils ajoutent que la décision de recourir à une procédure d’arbitrage relevait de l’« abus d’autorité » et visait à contourner une décision de justice ». Pour Jean‐Marc AYRAULT, la ministre de l’Economie et des Finances, Christine LAGARDE, est directement impliquée. (le 02 avril) Après la rose, vient l’usine à gaz verte Les primaires d’EELV (Europe Ecologie‐Les Verts) se dérouleront en juin par correspondance et sur internet. Les résultats seront communiqués le 24 juin ou le 09 juillet en cas de second tour. Le corps électoral sera composé des seuls adhérents et « coopérateurs » (sympathisants non adhérents) et à ceux qui le deviendront d’ici là, moyennant une cotisation de 20 euro et la signature du Manifeste du rassemblement. (le 03 avril) Du côté de l’extrême‐droite… Marine LE PEN : « Le FN a enregistré une progression de 47% entre les deux tours des élections cantonales dans les 403 cantons où il était présent. Il est passé ainsi de 622.262 voix au premier tour à 912.279 voix au second, dans les cantons où il concourait ». Il apparaît que pour une majorité de Français, le FN est désormais un parti comme les autres. (le 28 mars) Sans oublier les souverainistes… Pour les législatives de 2012, Paul‐Marie COÛTEAUX, qui anime le Rassemblement pour l’Indépendance de la France (RIF), appelle à une alliance avec le Front national et Debout la République de Nicolas DUPONT‐AIGNAN, notamment. Il vise aussi les parlementaires de l’UMP qui ne pourront éviter une déroute si le FN maintient des candidats contre eux. Il précise être en contact avec les leaders souverainistes, de Philippe de VILLIERS à Jean‐
Pierre CHEVENEMENT. (le 31 mars) www.greliermichel.eu
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Semaine 14 – du lundi 04 au dimanche 10 avril 2011 Les plans de « l’usine à gaz » rose Lundi, 13h30, Thomas est arrivé à l’heure du café. Cette semaine, je n’ai pas voulu manquer ton travail. Je suis désolé pour la semaine dernière. Tu ne t’es pas senti trop seul ?... Est‐ce que j’ai manqué des infos intéressantes ?... Où as‐tu mis les documents ?... je peux les lire ? Je n’ai rien eu à dire, ses questions s’enchaînaient sans que je puisse reprendre mon souffle entre deux gorgées de café. C’est quoi ce titre ? Tu vas reprendre tes images politiques du début ? Chic ! On va bien s’amuser, n’est‐ce pas ? Thomas, j’ai fini mon café et le tien va être froid. Alors finis le tranquillement et on démarre. J’en ai pour trente petites secondes et j’arrive. Le projet du PS pour la présidentielle de 2012 s’appelle « Le changement ». Il sera le « socle commun » pour tous les candidats à la primaire. Le PS juge possible de dégager cinq Mia euro de marge de manœuvre budgétaire par an pendant cinq ans pour le financer. Ses bases sont donc 25 Mia euro de ressources budgétaires et une hypothèse de croissance moyenne annuelle de 2,5% du PIB pour le prochain quinquennat. Les 25 Mia euro de marge de manœuvre viendraient d’une « meilleure sélectivité des dépenses », de la suppression des « cadeaux fiscaux » (bouclier fiscal et baisse de la TVA dans la restauration) et de la réduction de la dette et des déficits. (le 04 avril) Le document de travail du bureau national comprend 30 « priorités 2012 ». Martine AUBRY soutient le texte, François HOLLANDE l’approuve, Arnaud MONTEBOURG est sur une ligne plus à gauche, Manuel VALLS est plus au centre, et Ségolène ROYAL n’a encore rien dit. (le 05) A son arrivée au siège du PS, Martine AUBRY a eu cette phrase ambigüe à une question sur ses priorités : « Je vous le dirai quand je serai candidate ». En fin de journée, elle s’est reprise : « Si je suis candidate, je vous le dirai, je vous le confirme ». (le 05) Le document de travail du PS dresse un tableau assez noir de l’Union européenne, en proie à un « inachèvement politique et social », « où la croissance est la plus faible et le chômage le plus élevé » de la planète. Pour les socialistes, il faut faire « redémarrer » l’Europe. Ils proposent de renforcer la coordination économique des pays de l’UE. Ils préconisent l’utilisation des « coopérations renforcées », avec un « groupe pionnier » adossé à la France et à l’Allemagne. Pêle‐mêle, on trouve : une relation Paris‐Berlin par TGV, la naissance d’un emprunt européen, une assiette commune et un taux minimal de l’impôt sur les sociétés, une taxation de 0,05% des transactions financières au sein de l’UE, les « dépenses d’avenir » que sont l’éducation, l’enseignement supérieur et la recherche. (le 05) L’UMP s’est dite « troublée » par certaines modalités d’organisation des primaires du PS : www.greliermichel.eu
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le recours à des fichiers électoraux publics susceptibles d’être utilisés à d’autres fins, et « le caractère censitaire de cette élection, puisqu’il faut payer » pour y participer. (le 06) Le conseil national qui est la réunion des cadres du PS a adopté à l’unanimité son projet électoral pour 2012. Quant au vote ouvert à tous les sympathisants de gauche, il aura lieu les 09 et 16 octobre 2011, si besoin. (le 09) Ton image d’une « usine à gaz » est parfaite, des tuyaux partout. On ne voit pas bien d’où ils partent ni où ils vont. Le cœur de l’usine est bien visible puisqu’ils l’ont peint en rose. A côté, il y a des ateliers plus ou moins grands qui portent les noms des candidats et il continue de s’en construire. Et au‐dessus de l’entrée, cette magnifique enseigne que l’on vient d’accrocher : « Le changement ». Thomas, je te trouve très en forme. Tu auras d’autres moments pour t’énerver. Que dirais‐tu d’une autre « usine à gaz », plus petite et verte celle‐là ? Quelques jours avant l’entrée en lice de Nicolas HULOT, ses partisans et ceux d’Eva JOLY n’arrivent pas à s’accorder sur la date de leur future primaire présidentielle. (le 08) Les partisans d’Eva JOLY et de Nicolas HULOT vont repousser toute décision sur l’organisation de leur primaire et attendre l’entrée en lice de Nicolas HULOT. (le 08) C’est très « Vert » tout cela. Et je vois que les deux informations sont du même jour ! C’est pire que ce que tu vois. Regarde mieux les deux dépêches de Reuters. La première est de 17h47 et la seconde est de 18h08. Puisque les illustrations du début te plaisent, revoilà le « carnaval des mannequins » dans la vitrine. François FILLON a promis son soutien à Nicolas SARKOZY pour la présidentielle mais n’a pas renoncé à marquer sa différence. « Gaulliste social », il n’apprécie pas une stratégie de « droitisation » qui consisterait à s’approprier les thèmes du Front national. (le 04) Est‐ce que cela voudrait dire que le « mannequin‐chef » n’est pas d’accord avec le « chef de rayon » de cette vitrine politique ? Le secrétaire national du PCF, Pierre LAURENT, s’est prononcé pour Jean‐Luc MELENCHON comme candidat pour la présidentielle, devant le conseil national. Les militants se prononceront début juin lors d’une conférence nationale du PCF. (le 08) Rama YADE, qui avait rejoint le Parti radical en décembre 2010, quitte l’UMP par solidarité avec Jean‐Louis BORLOO qui envisage une candidature présidentielle en 2012. (le 08) Jean‐Louis BORLOO s’est dit « prêt » à être le candidat présidentiel de la confédération des centres qu’il appelle de ses vœux. Le Parti radical doit arrêter une position officielle lors de son congrès des 14 et 15 mai prochains. (le 08) C’est une nouvelle vitrine qui s’ouvre sur le trottoir de droite. Avec des mannequins que Nicolas SARKOZY avait mis au rebut, dans la réserve, au moment du dernier remaniement de la vitrine. www.greliermichel.eu
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Et ils vont se faire concurrence. Le programme économique de Marine LE PEN pour la présidentielle est fondé sur l’idée de « patriotisme économique national ». D’abord, sortir la France de l’euro en six à huit mois, tout en restant dans l’UE. Un nouveau franc serait créé, à parité avec l’euro au départ, assorti de la possibilité de dévaluer rapidement cette monnaie pour stimuler l‘économie. Ensuite, indexer les salaires sur les prix pour éviter une baisse du pouvoir d’achat. Encore, réduire la dette à 25% du PIB à l’horizon 2025. Avec « protection aux frontières » et « quotas d’importation dans les secteurs caractérisés par la concurrence déloyale » comme le textile et la grande distribution. Enfin, des renationalisations dans les secteurs de la banque, des transports et de l’énergie. (le 08) Même moi qui n’y connaît pas grand‐chose en économie, je vois bien qu’en moins d’un an notre pays aura une monnaie de singe, que les soupes populaires feront fortune et que notre pays sera entouré de barbelés et de miradors pour empêcher d’entrer et de sortir. A quand la guillotine ? Le Mouvement pour la France (MPF) de Philippe de VILLIERS menace de ne pas soutenir Nicolas SARKOZY à la présidentielle « si la composante souverainiste de la majorité n’est pas davantage prise en compte ». (le 09) Dans les jardins publics, tu as des balançoires à deux places pour les enfants. La nôtre a d’un côté Jean‐Luc MELENCHON et de l’autre Philippe de VILLIERS. Amusant ! Thomas, j’ai un sujet sérieux qui n’a pas vraiment animé la semaine française. La Cour de cassation a rejeté la demande d’un couple qui souhaitait obtenir l’inscription à l’état‐civil français de jumelles nées d’une mère porteuse aux Etats‐Unis en octobre 2000, ainsi que deux autres demandes similaires. Ces décisions font suite au refus de la majorité de droite de légaliser la pratique consistant à faire porter par une autre femme, moyennant rémunération, un embryon conçu in vitro. L’embryon des jumelles a été conçu avec le sperme du conjoint français et l’ovule d’une amie du couple. La France n’autorise pas la gestation par autrui. En droit français, la mère d’un enfant est celle qui en accouche. (le 06) L’agitation du « microcosme » est venue de… Emmanuel TORREGROSA, l’un des cadres de la fédération du PS de l’Allier, qui a déposé un recours devant le Conseil d’Etat à propos des conditions de l’arrivée de l’ex‐ministre Brice HORTEFEUX au Parlement européen. (le 06) Lampedusa revient régulièrement dans nos tours d’horizon hebdomadaires. La situation se dégrade sur place et aussi entre l’Italie et la France. D’abord, une catastrophe humaine… Un bateau chargé de migrants libyens et de demandeurs d’asile originaires de Somalie, du Nigeria, du Bangladesh, de Côte d’Ivoire, du Tchad et du Soudan (entre 200 et 300 personnes) a chaviré de nuit à une soixantaine de kilomètres de Lampedusa. Bilan actuel : 15 morts et de 130 à 250 disparus. (le 06) www.greliermichel.eu
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Le gouvernement tunisien refuse le « rapatriement collectif » de ses ressortissants en situation irrégulière qui se trouvent en Italie. Leur nombre est estimé entre 22.000 et 23.000. Les Premiers ministres tunisien et italien auraient conclu un « accord inédit » prévoyant la régularisation de 22.000 Tunisiens en situation irrégulière en Italie. (le 06) Roberto MARONI et Claude GUEANT sont convenus que l’Italie et la France allaient patrouiller ensemble, avec des moyens aériens, au large des côtes tunisiennes pour contenir l’afflux de migrants vers l’Europe. A la frontière franco‐italienne, la France appliquera strictement les conditions de la Convention de Schengen. Pour Claude GUEANT, seuls les immigrés présentant des ressources économiques suffisantes et des documents d’identité en règle seraient admis en France. L’Italie avait accordé des permis de séjour provisoires aux migrants, leur permettant de se déplacer librement dans les pays de l’espace Schengen. (le 08) Je t’emmène en Libye où les choses deviennent de moins en moins simples. Alors j’ai réparti les informations en plusieurs séries : l’OTAN et ses opérations, les activités des insurgés, l’humanitaire, la diplomatie. Mise en cause par les rebelles, l’OTAN a défendu son action en Libye. Carmen ROMERO, porte‐parole, a expliqué que 137 missions aériennes avaient été menées le 04 avril, 186 le 05, et que 198 étaient prévues pour le 06. Au cours des six premiers jours d’opérations sous contrôle de l’OTAN, ce sont 851 sorties qui ont été effectuées. Les avions britanniques mobilisés en Libye passent de 16 à 20. Des avions de combat jordaniens sont arrivés sur une base aérienne européenne pour participer aux opérations menées par l’OTAN en Libye. (le 06) L’OTAN a reconnu que ses forces avaient frappé des rebelles utilisant des chars dans l’est de la Libye. L’Alliance a précisé qu’elle ignorait que les rebelles disposaient de chars (une vingtaine) dans leurs combats. (le 08) L’OTAN annonce la destruction de 25 chars des forces gouvernementales aux alentours de Misrata (14) et d’Ajdabiya (11) lors de frappes aériennes. (le 10) A Brega : visiblement mieux organisés, les rebelles, épaulés par les raids aériens de la coalition, avancent plus prudemment et tiennent davantage leurs positions. Ils ont repris une grande partie de la ville (le 04) Misrata est qualifiée d’« enfer ». La ville est le théâtre d’un « massacre », affirment des rebelles hospitalisés en Tunisie. Les événements qui s’y déroulent ne peuvent pas être vérifiés de source indépendante, les autorités libyennes interdisant aux journalistes d’effectuer des comptes‐rendus impartiaux. (le 04) Les forces de KADHAFI y ont changé de tactique en positionnant des chars et des équipements lourds dans des zones civiles pour empêcher les pilotes de la coalition de les prendre pour cibles. (le 05) Au moins trente insurgés ont été tués en repoussant une offensive gouvernementale. (le 09) www.greliermichel.eu
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Les responsables de l’OTAN reconnaissent que leur appui aérien a ses limites et ne permettra pas de renverser KADHAFI par la seule force. Le conflit est dans une impasse et il est devenu improbable que les rebelles parviennent à atteindre Tripoli. (le 08) Les forces pro‐KADHAFI ont bombardé les positions de l’insurrection d’Ajdabiya. (le 09) Les insurgés annoncent avoir repoussé les forces gouvernementales hors de la ville grâce aux frappes aériennes de l’OTAN. (le 10) Comment les insurgés semblent avoir trouvé une façon de remplir leurs caisses. Les insurgés espèrent procéder au chargement de leur première cargaison de pétrole, à Marsa el Hariga, près de Tobrouk. Le pétrolier « Equator » d’une capacité d’un million de barils de brut s’approche du port. Le Qatar vendra ce pétrole. L’argent obtenu permettra de payer les fonctionnaires. (le 05) Un pétrolier transportant 80.000 tonnes de pétrole, qui avait quitté le port de Tobrouk, a franchi le Canal de Suez. La Chine pourrait être l’acquéreur final de la cargaison. (le 09) Quant à l’humanitaire… Après avoir obtenu un cessez‐le‐feu temporaire pour secourir les blessés, la Turquie a pu transférer à Cesme (Turquie) 321 Libyens blessés à Misrata et à Benghazi à bord d’un ferry transformé en hôpital de fortune. (le 05) Le ravitaillement de Misrata en provenance de Benghazi avait été rendu difficile par l’embargo maritime international. Certains navires de l’OTAN, comprenant mal cet embargo, empêchaient les insurgés de Benghazi de ravitailler par mer d’autres insurgés à Misrata. Ce qui était impossible par la route l’était par la mer. (le 06) Un navire d’aide humanitaire transportant du matériel médical et des médicaments pouvant soigner 300 patients blessés par balles a accosté au port de Misrata. (le 09) Quand les militaires marquent le pas sur leurs positions, ce sont les diplomates qui sortent des chancelleries et qui avancent. L’Italie a désigné le Conseil national de transition (CNT) comme le seul interlocuteur légitime de la communauté internationale. (le 04) Abdelati OBEÏDI, le nouveau ministre libyen des Affaires étrangères, a achevé sa tournée éclair en Grèce, en Turquie et à Malte, sans parvenir à une percée quelconque. La Turquie devrait envoyer un émissaire auprès des insurgés dans les jours à venir. (le 05) De Nouakchott (Mauritanie), l’Union africaine (UA) a lancé un nouvel appel à l’arrêt des hostilités. Le dialogue entre les deux camps doit se traduire par un cessez‐le‐feu, suivi d’une période de transition pour « une mise en œuvre des réformes politiques nécessaires à l’élimination des causes de la crise actuelle ». Sur cette base, une délégation de l’UA se rend en Libye. Elle est présidée par le Mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, accompagné du Malien Amadou Toumani Touré. Le ministre ougandais des Affaires www.greliermichel.eu
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étrangères, Henry Oryem Okello, les accompagne. La délégation rencontrera les autorités libyennes à Tripoli et l’autre partie à Benghazi. (le 10) Thomas, tu sais comme moi que le sud‐libyen est classé comme désertique. Mais connais‐
tu le « Grand fleuve » libyen ? Les frappes aériennes de l’OTAN pourraient avoir des conséquences humanitaires et écologiques désastreuses si elles portaient atteinte au « Grand fleuve » artificiel qui facilite la production agricole au milieu du désert du Sahara et fournit de l’eau potable à plus de 70% de la population libyenne. Sous le paysage aride du pays, se trouve un réel océan d’eau douce de haute qualité. La Libye partage ce patrimoine avec le Tchad, le Soudan et l’Egypte. En 2010, des délégations turques et libyennes ont discuté la possibilité d’attribution de 60.000 hectares de terres agricoles aux investisseurs turcs pour produire du blé et du maïs. Le système de rivière artificiel est installé dans les régions de Brega, Ajdabiyah et Benghazi. (le 06) Est‐ce que la situation se calme au Yémen ou en Syrie ? Au Yémen… A Hodeïda, sur la mer Rouge, plus de 400 manifestants qui se dirigeaient vers le palais présidentiel local, ont été blessés par les forces de l’ordre qui ont fait usage de gaz lacrymogène. Le bilan, de source hospitalière, est de 59 blessés dont neuf par balles, et de 350 intoxications par les gaz. A Taëz, la ville est bouclée par des chars et des véhicules blindés pour empêcher que des personnes venues de l’extérieur ne viennent grossir les rangs des manifestants. Dans la ville, des milliers de manifestants ont été pris pour cibles par la garde républicaine et la police militaire. Au moins 12 personnes ont été tuées, plusieurs dizaines d’autres ont été blessées par balles, principalement à la tête, au cou et à la poitrine. (le 04) Des dizaines de milliers de manifestants ont défilé à Sanaa lors de deux manifestations rivales, l’une soutenant Ali Abdallah SALEH, l’autre demandant son départ. (le 08) Au nom du Conseil de coopération du Golfe (CCG), le Premier ministre du Qatar a fait une proposition de compromis au président SALEH et à l’opposition. La proposition impliquerait que SALEH démissionne et cède ses pouvoirs rapidement à un conseil national réunissant des dirigeants politiques et des chefs tribaux. (le 06) Et en Syrie… Les forces syriennes de sécurité ont tiré à balles réelles pour disperser des milliers de manifestants rassemblés à Deraa. Dix‐sept manifestants auraient été tués. Selon la télévision d’Etat syrienne, pendant ces manifestations, 19 policiers ont été tués par des groupes armés et 75 ont été blessés. (le 08) Avant de revenir en Europe, un petit tour par Washington. La candidature de Barack OBAMA à la présidentielle de 2012 est officiellement annoncée. (le 04) www.greliermichel.eu
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Je vois que le nouveau malade européen est le Portugal. Est‐ce une pandémie, docteur Michel ? José SOCRATES a sollicité une aide financière internationale. Le rejet de son plan d’austérité par le parlement, entraînant sa démission, a aggravé la situation. L’aide qui serait versée par le Fonds européen de stabilité financière (FESF) et le FMI pourrait avoisiner les 80 Mia euro sur trois ans. (le 06) Thomas, tu constateras avec moi que le corps médical financier est au chevet du Portugal. Tu connais probablement le sens général du traitement. Je crois que, comme en Grèce et en Irlande, c’est une cure drastique d’austérité. Oui, et je pense que le Portugal attire notre attention. José SOCRATES avait annoncé une cure d’austérité que les représentants des citoyens ont refusée. Il a démissionné. La potion d’austérité internationale sera encore plus amère que la première potion portugaise. Tu penses à nous, en disant cela ? Oui, Thomas. … Il faut penser à nous, mais nous ne pouvons pas, en même temps, fermer nos porte‐
monnaie aux besoins extérieurs, les risques de le faire sont trop dangereux. Voici ce qu’en dit le commissaire européen en charge… Les événements en Afrique du Nord et en Côte d’Ivoire imposent à l’UE d’accroître et de repenser son aide au développement sous peine d’être confrontée à des situations explosives sur son propre territoire. Andris PIEBALGS invite les Européens à ne pas se focaliser sur les questions migratoires, à être plus solidaires, et à se donner des objectifs en matière de progrès de la démocratie et des libertés civiles. Il invite en particulier l’Italie (0,15% de son PIB) et les Etats membres de la « génération 2004 » à envisager leur aide de manière plus large et de l’augmenter. Ces douze pays ont consacré 837 Mio euro à l’aide au développement en 2010, soit 0,09% de leur PIB combiné, contre 52,9 Mia euro (0,46% de leur PIB) pour les quinze autres Etats membres. (le 06) Et pour finir, Thomas, ton cadeau « berlusconien » avec de belles faveurs colorées autour d’une boîte dorée. Attention, quand tu l’ouvriras, cela ne sent vraiment pas bon. Le procès Ruby s’ouvre devant le tribunal de Milan. Les détails de l’affaire ont été dévoilés crûment par l’accusation : les parties fines dans la villa d’Arcore, près de Milan ; une liste de 33 jeunes filles impliquées dont une mineure, « Ruby » que Silvio BERLUSCONI aurait promis de « couvrir d’or » en échange de son silence. L’accusation a déposé une liste de 132 témoins. (le 06) Procès du « Rubygate » : le juge, après quelques minutes concernant des questions de procédure, a décidé de reporter les prochaines audiences au 31 mai 2011. L’agitation était grande autour du tribunal, où l’on comptait une centaine d’équipes de télévision, dont une venait d’Australie. (le 06) www.greliermichel.eu
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Semaine 15 – du lundi 11 au dimanche 17 avril 2011 NH, DdV, DSK : « J’y vais ! », « Retenez‐moi… ! », « RV le 28 juin » Voilà un titre surprenant ! Que faut‐il y comprendre ? NH, DdV et DSK sont des abréviations de noms de personnes. L’une d’entre elles est familière : DSK = Dominique STRAUSS‐KAHN. Les deux autres sont Nicolas HULOT = NH et Dominique de VILLEPIN = DdV. Et les exclamations qui suivent ? Ce sont les propos des uns et des autres que tu vas retrouver dans les infos qui viennent. Ça y est, le « grand concours » est lancé ? Presque ! Parce que les favoris des « bookmakers » politiques, des politologues et des sondeurs d’opinions sont encore dans les coulisses. François FILLON a mis en garde son camp contre de nouvelles scissions. Il avait lancé un appel à Jean‐Louis BORLOO. Il s’est fait plus sévère lors d’une réunion du groupe UMP à l’Assemblée nationale. (le 12 avril) Hypothétique candidat à la présidentielle, Dominique de VILLEPIN dit vouloir « incarner » le projet qu’il élabore dans cette perspective, sans se prononcer clairement. (le 13) Je comprends mieux le « retenez‐moi… ! » du titre. Nicolas HULOT a annoncé sa candidature à l’élection présidentielle. Pour lui, les choix auxquels seront confrontés les électeurs sont : « soit prolonger le statu quo d’un système périmé en s’entêtant dans un modèle de développement qui n’est plus la solution mais qui est bien le problème, ou s’engager dans la dynamique du changement vers une société nouvelle, écologique et sociale ». Nicolas HULOT « souhaite favoriser l’émergence d’une nouvelle majorité politique, une nouvelle majorité de progrès, pour imaginer et mettre en œuvre ce changement de cap ». Nicolas HULOT participera aux primaires d’EELV. (le 13) EELV, dont la traduction est ? Europe Ecologie‐Les Verts. Nicolas HULOT souhaite rassembler la famille écologiste et n’envisage pas un schisme. Eva JOLY le critique sur son positionnement politique et sur le nucléaire : « Il ne faut pas confondre notoriété et crédibilité ». Nicolas HULOT a quitté TF1 et s’apprête à faire la même chose avec sa fondation. (le 14) Nicolas HULOT a rejeté la compatibilité mise en avant par Marine LE PEN entre son projet écologique pour 2012 et celui du FN. (le 14) Tu accepteras que je dise de la période qui arrive que ce ne seront sûrement pas des vacances pour Monsieur HULOT. Oui, Thomas, mais je tolère seulement. www.greliermichel.eu
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Pierre MOSCOVICI, l’un de ses soutiens, a déclaré que DSK prendra la décision de se présenter ou non avant le 28 juin 2011. C’est le début de la période de dépôt des candidatures socialistes pour les primaires. (le 15) Ira‐t‐y ? Ira‐t‐y pas ? Je ne sais pas, mais je parierai bien 1,5 euro sur ton « Ira‐t‐y pas ». Et pendant ce temps, la France continue de fonctionner. L’Assemblée nationale publie le projet de loi adopté relatif à l’élection des représentants au Parlement européen. (le 11) C’est l’affaire des deux eurodéputés français fantômes. François FILLON, à Bruxelles, réaffirme l’engagement européen de la France et plaide pour un gel du budget de l’UE jusqu’en 2020 : « Nous demandons pour le budget européen le même effort que celui qui s’impose aux budgets nationaux, c’est‐à‐dire la stabilité des dépenses ». (le 14) Le budget européen représente 1% du PIB communautaire, soit environ 120 Mia euro par an, soit un peu plus du tiers du seul budget français. Geler un budget a priori, sans s’interroger sur ce que l’on veut faire, n’a strictement aucun sens. Et ce que tout le monde semble ignorer, c’est que l’UE n’a pas le droit de faire de déficit. C’est dans les traités. Elle n’a donc pas de dette, elle. Qui gère le budget de l’UE ? C’est la Commission européenne. Elle ne peut financer que ce qui est inscrit dans le budget à réaliser. Pas au‐delà. Sinon, elle doit demander l’autorisation politique aux Etats membres. J’ajoute que, depuis les Traités de Lisbonne, la Commission exécute – c’est le mot officiel – le budget, sous le contrôle total du Parlement européen, les recettes comme les dépenses. Et quand elle a de l’argent en trop, en fin d’année ? La Commission, tenant compte de l’argent que chaque Etat membre doit à l’UE, leur rend la différence. L’UE ne pratique pas, comme cela se fait dans les entreprises, le « report à nouveau » des bénéfices. … Je t’ai dit que la France fonctionnait, je précise qu’elle fonctionne « cahin‐caha ». La cure d’austérité et la hausse des matières premières vont empêcher la France de rattraper, à partir de 2012, son retard de production accumulé depuis 2008, selon les prévisions de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). Le regain de l’inflation lié à la hausse des matières premières et cumulé aux restrictions budgétaires affectera en premier lieu le pouvoir d’achat des ménages. La baisse récente du taux de chômage ne pourra se poursuivre car la population active va augmenter avec le recul de l’âge de la retraite et la suppression des départs anticipés pour les seniors. (le 15) Ça, c’est un « cahin ». Tu as un « caha » ? www.greliermichel.eu
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Le gouvernement a annoncé l’abandon du « bouclier fiscal » (coût : 690 Mio euro en 2010) et l’alourdissement de la taxation de l’héritage alors que 97% des successions sont désormais exonérées. C’est un début de rééquilibrage de la fiscalité au détriment des plus riches auquel on assiste. Il ne reste plus que la non‐imposition des heures supplémentaires. A l’été 2007, avant le début de la crise des « subprimes », les ministres de la zone euro avait essayé de dissuader Nicolas SARKOZY de baisser les impôts, alors que le déficit français restait important, en faisant valoir qu’en cas de ralentissement de l’activité, Paris n’aurait plus aucune marge de sécurité. Alors que le déficit public français sera de ‐5,7% en 2011 et la dette publique à 84,6% du PIB, l’avertissement de l’époque apparaît pour le moins fondé. De son côté, l’Allemagne, qui n’a pas diminué ses impôts, aura ramené son déficit à 2,5% cette année et connaît une croissance supérieure à celle de la France. La France doit impérativement redresser ses comptes publics, non seulement à cause de ses engagements européens, mais aussi pour garder son AAA qui lui permet d’emprunter à bas coût sur les marchés financiers. (le 15) Il n’y a pas qu’en France que cela chahute. L’Allemagne, l’Autriche et la France n’ont guère apprécié le chantage italien de laisser passer librement les clandestins tunisiens chez ses voisins. Pour Patrick WEILL, directeur de recherches au CNRS et spécialiste de l’immigration : « Il n’y a pas d’arrivée massive, contrairement à ce qu’affirme le gouvernement italien et à ce que laissent croire les images spectaculaires venant de Lampedusa ». Pour Patrick WEILL, les 25.800 personnes qui ont débarqué représentent peu de monde au regard de la situation économique en Tunisie et de la guerre en Libye. Ce chiffre est d’autant moins spectaculaire que l’Italie a régularisé, en plusieurs vagues dont la plus récente en 2009, plus d’un million de sans‐papiers. Contrairement à ce que dit le gouvernement italien, la délivrance de titres de séjour temporaires ne permet pas de s’installer librement dans un autre pays de l’UE. Il leur faut un titre de longue durée (au‐delà de trois mois) et les moyens de subvenir à leurs besoins. (le 12) François FILLON a réitéré, à Bruxelles, le refus de la France d’accepter les immigrés clandestins qui transitent par l’Italie : « Les ressortissants tunisiens n’ont pas vocation à être répartis dans les différents pays européens. Ils ont vocation à retourner dans leur pays ». (le 14) Comme chaque semaine, Thomas, je t’emmène en Libye. Les informations sont nombreuses et diverses, aussi je les ai classées par thèmes : du côté de l’opposition, ses difficultés avec l’OTAN, les actions de l’OTAN, les combats entre Libyens, l’humanitaire et, enfin, la diplomatie. La plupart des leaders de l’opposition sont d’anciens cadres du régime libyen qui ont quitté leur poste à la fin des années 2000. Le général Abdel‐Fattah YOUNES, commandant des forces rebelles, a participé au coup d’Etat de 1969 qui a porté KADHAFI au pouvoir. Ministre de l'Intérieur, il a fait défection après le début de l'insurrection. Si YOUNES a gagné le respect en refusant de faire tirer sur les manifestants, beaucoup d'opposants se méfient encore de lui en raison de sa longue carrière au service du régime Kadhafi. www.greliermichel.eu
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Aujourd'hui à la tête du CNT, l'ex‐ministre de la Justice Mustafa Abdul JALIL fut le premier haut responsable du régime à rejoindre l'insurrection. En janvier 2010, il a annoncé publiquement sa démission lors d'une réunion du gouvernement, expliquant qu'il n'était pas en mesure de faire son travail. Mais KADHAFI avait alors refusé de le laisser partir. Le CNT possède un « gouvernement », appelé Comité de gestion de crise, avec des responsables en charge des finances, du pétrole, des relations internationales, des infrastructures, des médias, de la justice et de la défense. A la tête de ce cabinet : Mahmoud JIBRIL. Ancien étudiant de l'université de Pittsburgh aux Etats‐Unis, il avait contribué à esquisser des plans ambitieux pour l'avenir du pays. L'un de ces projets, « Libye 2025 : un regard vers l'avenir », prônait un rôle restreint de l'Etat, la liberté d'expression et l'instauration de l'économie de marché. Ali Saïd AL‐BARGHATI, secrétaire du CNT et ancien dirigeant de l'organisation d'aide humanitaire extérieure de Tripoli, explique que beaucoup doutaient de la sincérité du régime, mais avaient décidé de pratiquer « l'engagement constructif ». Mohammed AL‐ALAGI est en charge de la justice. Cet avocat tripolitain, qui a dirigé une association de défense des droits de l'Homme fondée par le fils KADHAFI, avait produit deux rapports annuels qui étaient sans précédent pour la Libye. Mohammed al‐ALAGI dit avoir été interrogé après avoir critiqué les comités révolutionnaires de KADHAFI, sorte de milice. Il a démissionné peu après. Jouma AL‐OSTA, actuel ministre des infrastructures, a démissionné de son poste de président de la Fédération libyenne des chambres de commerce et d'industrie pour protester contre une loi imposant un plus grand contrôle gouvernemental sur son organisme. Ali AL‐ESSAOUI a quitté son poste de ministre de l'Economie en 2008 pour cause de désaccord avec des politiques du gouvernement. Il a ensuite travaillé pour une organisation chargée de la promotion de l'efficacité des organismes gouvernementaux avant d'être nommé ambassadeur en Inde. Lorsque l'insurrection a éclaté, il a fait défection pour s'occuper des affaires étrangères au sein du CNT. (le 12) Pour se procurer les moyens de ses actions… Le Qatar a commercialisé un million de barils de pétrole chargés à Tobrouk. L’émirat a fait parvenir à Benghazi du gazole, du propane et de l’essence. (le 12) Et ce n’est pas toujours simple entre l’opposition et l’OTAN qui doit l’appuyer, en protégeant les civils. Un responsable de l’opposition déclare que les Occidentaux doivent de façon urgente intensifier leurs opérations pour faire cesser les massacres de civils dans Misrata. A l’Elysée, Souleiman FORTEA a demandé que la France et la Grande‐Bretagne agissent seules si l’OTAN et les Nations unies sont réticentes. Souleiman FORTEA a quitté Misrata pour Benghazi ; il a mis trente heures à bord d’un bateau de pêche. Il est arrivé à Paris avec deux autres représentants de l’opposition dans un avion privé en compagnie de BHL, qui a assisté à la réunion de l’Elysée. (le 14) Il est encore là, BHL ? Mais pourquoi ? Je ne sais pas. Est‐il payé par Alain JUPPE, par Nicolas SARKOZY ? A quel titre intervient‐il ? Au nom de www.greliermichel.eu
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la France ? En son nom propre ? Autant de questions, Thomas, qui restent sans réponse. Quelques actions de l’OTAN en Libye. L’OTAN a effectué, le 10 avril, 154 sorties dont 70 missions d’attaque. Depuis le 31 mars, l’OTAN a mené 1.721 missions dont 713 d’attaque. Depuis le 09 avril, 49 chars gouvernementaux, neuf véhicules blindés de transport de troupes, trois canons anti‐
aériens et quatre dépôts de munitions ont été détruits. (le 11) L’OTAN a mené un raid aérien contre des dépôts de munitions au sud‐est de Tripoli. (le 13) Divisés (6 sur 28) sur le volet militaire de l’opération et d’une hausse des capacités aériennes engagées (10 appareils), les 28 membres de l’OTAN ont serré les rangs sur les aspects politiques. (le 14) L’OTAN a dit s‘attendre à l’envoi rapide de nouveaux avions pour intensifier les frappes de précision au sol. L’Espagne, l’Italie, les Pays‐Bas et la Suède n’ont pas accédé aux demandes de contributions supplémentaires. (le 15) L’OTAN envisage la création d’un couloir maritime surveillé par des bâtiments de guerre pour permettre aux navires marchands de ravitailler les rebelles et leur faire parvenir de l’aide humanitaire. L’OTAN fait observer un embargo sur les armes dans les seules eaux internationales. Les navires marchands entrent dans les eaux libyennes à leurs risques et périls en raison de la situation de belligérance. (le 15) Que tout cela est compliqué et…hypocrite. Sur le terrain, les combats entre Libyens se concentrent sur Ajdabiya à l’Est et surtout sur Misrata, entre Syrte et Tripoli. Les forces gouvernementales ont bombardé Misrata, faisant six morts, malgré l’annonce faite quelques heures plus tôt par des médiateurs africains d’une proposition de cessez‐le‐
feu qu’aurait acceptée KADHAFI. (le 11) Les combats se poursuivent après l’échec d’une médiation de l’UA. (le 12) Les insurgés signalent d’intenses combats dans plusieurs secteurs de Misrata. Ils notent une progression et refoulent les troupes gouvernementales à l’ouest de la ville. (le 13) Les forces gouvernementales ont de nouveau pilonné (une centaine de roquettes) les rebelles qui y sont retranchés. La bataille pour le contrôle du port fait rage ; le port a dû être fermé. Les forces gouvernementales ont bombardé la ville, assiégée depuis sept semaines, tuant au moins six personnes. (le 17) Les insurgés ont de nouveau avancé jusqu’au port de Brega. Leur tactique a changé. Ils ont tenu leurs positions pendant quatre jours autour d’Ajdabiya permettant aux frappes aériennes de l’OTAN d’affaiblir les forces gouvernementales. Les insurgés sont accompagnés d’ingénieurs pour réparer d’éventuels dégâts aux www.greliermichel.eu
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raffineries et au terminal pétrolier. (le 16) Un peu d’humanitaire en pensant aux victimes indirectes de ces bombardements. La Commission européenne a décidé une aide complémentaire de 10 Mio euro par l’intermédiaire de l’Office international des migrations (OIM) pour intensifier l’évacuation des étrangers de Libye, en particulier de la région de Misrata, et leur rapatriement dans leurs pays d’origine. L’aide humanitaire accordée par la Commission s’élève à 40 Mio euro, celle des Etats membres se monte à 56 Mio euro. (le 13) A Misrata, un bateau grec a pu décharger 400 tonnes d’aide, malgré les bombardements. Il est reparti avec 1.200 travailleurs immigrés coincés dans la ville, en direction de Benghazi. (le 15) Et des manœuvres diplomatiques, tous azimuts. Franco FRATTINI a soutenu la position des responsables de l’opposition à Benghazi qui demandent la démission immédiate de KADHAFI et de ses fils. (le 11) Les insurgés ont rejeté le plan de paix proposé par l’Union africaine (UA). (le 11) Lors de leur réunion à Doha (Qatar) avec des représentants du CNT, les ministres des Affaires étrangères du « groupe de contact » ont estimé, avec une plus grande fermeté, qu’il faut maintenir la pression sur KADHAFI pour qu’il quitte le pouvoir et qu’il faut fournir une aide matérielle aux rebelles. Le « groupe de contact » pilote l’aspect politique de l’intervention alliée. Sa prochaine réunion se tiendra en Italie, première semaine de mai. (le 13) L’UE étend ses sanctions en imposant un gel des actifs à toutes les sociétés énergétiques du pays afin de forcer KADHAFI à abandonner le pouvoir. Ces sanctions touchent 11 entreprises portant leur nombre à 46. L’interdiction de voyager vers l’UE et un gel de leurs actifs touchent 38 personnes de la garde rapprochée de KADHAFI. Les ministres des Affaires étrangères de l’UE ont prévenu KADHAFI que des mesures encore plus punitives pourraient être imposées pour l’empêcher d’avoir des liquidités. (le 13) Les dirigeants des cinq puissances du « BRICS », réunis en sommet en Chine, condamnent fermement les frappes aériennes en Libye et s’inquiètent de leurs conséquences sur la population. Les dirigeants du « BRICS » sont Dilma ROUSSEF (Brésil), Dmitri MEDVEDEV (Russie), Manmohan SINGH (Inde), HU Jintao (Chine) et Jacob ZUMA (Afrique du Sud). (le 14) L’UE a levé les sanctions contre Moussa KOUSSA : le gel de ses avoirs et l’interdiction de se rendre dans les 27 pays de l’UE. La mesure a nécessité l’accord de tous les Etats membres et a été prise à la demande de la Grande‐Bretagne. Cette mesure est destinée à encourager d’autres défections dans l’entourage de KADHAFI. (le 14) David CAMERON, Barack OBAMA et Nicolas SARKOZY ont publié une tribune commune « Le chemin vers la paix » dans Al Hayat, International Herald Tribune, Le Figaro et The Times. « Il ne s’agit pas d’évincer KADHAFI par la force. Mais il est impossible d’imaginer www.greliermichel.eu
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que la Libye ait un avenir avec KADHAFI ». (le 15) Sergueï LAVROV, ministre russe des Affaires étrangères, a estimé que des décisions en Libye et dans le monde arabe ne devaient pas être poussées par la force et qu’une solution politique au conflit devait être trouvée de manière urgente ». « La Russie soutient pleinement l’initiative de l’Union africaine ». (le 15) En marge de cette diplomatie du devant de la scène, les Européens veulent faciliter les échanges commerciaux avec les nouveaux exécutifs méditerranéens et, apparemment, leur croissance économique. Le Conseil de l’UE a décidé d’autoriser la signature de la Convention régionale sur les règles préférentielles d’origine pan‐euro‐méditerranéennes. Cette Convention remplace le système actuel de cumul des origines basé sur des accords bilatéraux (une soixantaine). (le 14) Au Yémen… L’opposition a refusé d’aller à Ryad pour négocier un transfert de pouvoir et a exigé le départ du président SALEH dans un délai de deux semaines. (le 14) Des affrontements entre factions rivales de l’armée ont fait deux morts à Sanaa. D’un côté, des soldats fidèles au général Ali MOHSEN, passé du côté des opposants ; de l’autre, l’armée régulière. (le 13) Cent chefs appartenant aux deux tribus (Hachid et Bakil) les plus importantes et influentes du Yémen ont appelé le président SALEH à quitter immédiatement le pouvoir et à retirer à son fils le contrôle des forces de sécurité. (le 15) Les forces de sécurité yéménites ont tiré à balles réelles et fait usage de gaz lacrymogènes contre des manifestants à Sanaa. Des centaines de milliers de personnes, dont de nombreuses femmes, défilaient dans tout le pays pour réclamer le départ du président SALEH et dénoncer ses propos envers les femmes participant à la contestation. Le 15 avril, le président SALEH avait jugé que la mixité lors des manifestations violait les lois islamiques. (le 17) Et en Syrie… A Banias, pour apaiser les tensions dans la ville côtière à la veille de la journée de prières, un responsable du parti Baas, des imams et des représentants de la ville se sont engagés à remplacer la police secrète par une présence militaire et à libérer des manifestants. (le 14) Bachar al ASSAD a formé un nouveau gouvernement. Il est dirigé par Adel SAFAR, ministre de l’Agriculture dans le précédent gouvernement. Walid al MOUALEM est maintenu dans ses fonctions de ministre des Affaires étrangères. Les portefeuilles de l’Intérieur et des Finances changent de titulaires. (le 14) Bachar al ASSAD a ordonné la libération de tous les détenus arrêtés durant la vague de contestation, hormis les auteurs de crimes « contre la nation et les citoyens ». (le 14) www.greliermichel.eu
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Pour la première fois depuis le début de la contestation en Syrie, des manifestations hostiles à Bachar al ASSAD se sont déroulées à Damas. Des manifestations ont aussi eu lieu aux quatre coins du pays : à Deir al‐Zor (est), à Banias (ouest), à Lattaquié (nord‐ouest), à Homs (ouest) et à Deraa (sud‐ouest). (le 15) Bachar al ASSAD a annoncé que son gouvernement allait abroger les lois sur l’état d’urgence instaurées il y a près de 50 ans. Ces lois permettent des arrestations sans inculpations et étendent l’autorité de l’Etat sur quasiment tous les aspects de la vie des Syriens. Bachar al ASSAD a averti qu’il n’y aurait ensuite plus d’ « excuse » à la contestation. (le 16) Sans oublier le petit émirat où une décision pourrait être lourde de conséquences. Le gouvernement de Bahreïn a engagé des procédures judiciaires pour la dissolution des deux principaux groupes d’opposition chiites, Action islamique et le groupe Wefak. (le 14) Thomas, je ne te laisserai pas poser ta traditionnelle question finale. Ce que l’on vient d’échanger comme informations et les souffrances de tous ces gens qui aspirent à la paix, à la démocratie et à la tranquillité, font passer les tribulations berlusconniennes pour des gamineries d’enfant gâté. D’accord. www.greliermichel.eu
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Semaine 16 – du lundi 18 au dimanche 24 avril 2011 Libye, Syrie, Yémen… boucheries ou abattoirs ? Lundi de Pâques. Il fait encore très beau. Thomas est parti sur la côte avec sa famille. Son retour risque d’être difficile avec d’imposants embouteillages, sinon il sera nocturne. C’est donc seul que je vais évoquer une semaine placée sous des signes sanglants. Comment évoquer autrement des bombardements aveugles, des snipers qui prennent des enfants pour cibles, des cadavres et des réfrigérateurs piégés pour tuer, des tirs à balles réelles contre des manifestants qui lèvent les bras pour montrer qu’ils sont non‐armés. … Son nom vous est tristement devenu familier car il revient dans les informations avec une régularité affreuse : Misrata. Le 18 avril. Un second navire spécialement affrété par l’OIM (Office international des migrations), le Ionian Spirit, a évacué 971 travailleurs libyens et étrangers. La Grande‐Bretagne va financer l’évacuation de 5.000 travailleurs étrangers qui y restent bloqués. L’enveloppe sera de 2 Mio Livre sterling (2,28 Mio euro). Des fonds seront aussi versés pour l’aide médicale d’urgence au profit des civils. Le 19 avril. L’amiral Giampaolo DI PAOLA est le président du comité militaire de l’OTAN. Il reconnaît les difficultés à défendre la ville face aux troupes gouvernementales. « Des dommages assez significatifs » ont été causés aux armes lourdes de KADHAFI, mais ses moyens disponibles restent « considérables ». L’UNICEF a fait savoir que vingt enfants au moins ont trouvé la mort dans les combats et les bombardements de Misrata. Le 23 avril, les forces gouvernementales ont reçu l’ordre de se retirer de Misrata. La situation y sera gérée par les tribus autour de la ville. Les chefs de clans tribaux ont lancé un ultimatum à l’armée, lui demandant de s’écarter si elle n’arrivait pas à reprendre le contrôle de Misrata. Il semble que les tribus soutenant KADHAFI sont minoritaires dans la région. Le siège a été brisé lors de la prise du port par les insurgés. Les forces gouvernementales ont quitté Misrata mais restent à l’extérieur et sont en position de bombarder la ville. 24 avril, le gouvernement a démenti que l’armée régulière se retirait de la ville. L’insurrection résiste d’arrache‐pied près du port, seule ouverture de la ville sur le monde extérieur. C’est par Misrata qu’arrivent les armes et l’aide humanitaire, et que s’en vont les personnes évacuées vers Benghazi. Un navire affrété par le CICR est arrivé à Benghazi avec plus de 500 personnes, pour la plupart des travailleurs étrangers qui attendaient dans des camps de fortune autour du port. Entre 2.000 et 3.000 personnes doivent encore être évacuées. Le CICR a évacué environ 1.900 personnes en trois voyages, et deux rotations sont encore prévues. D’intenses bombardements ont repris. « KADHAFI veut faire croire que ce n’est pas un problème entre la population et lui, mais un problème entre la population et les tribus », dit un porte‐parole militaire des insurgés. www.greliermichel.eu
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Cette manœuvre politique kadhafienne mettrait face à face des civils et pourrait couper l’herbe sous les pieds de la résolution de l’ONU. L’OTAN ne pourrait plus que surveiller, elle ne pourrait pas intervenir pour le cas où les civils pro‐KADHAFI seraient armés et agressifs. La ruse, la duplicité et le mensonge politique sont des règles du jeu utilisables ici. Sur le terrain, entre Libyens… Un colonel, un capitaine et un sous‐officier du corps de la sécurité intérieure sont passés de Libye en Tunisie. Cinq autres officiers avaient suivi le même chemin le 15 avril. Au cours des deux derniers jours, ce sont 3.000 Libyens, pour la plupart des enfants et des femmes qui ont franchi la frontière tunisienne pour fuir l’intensité des tirs d’obus. En une semaine, 11.000 Libyens ont été installés dans des camps pour réfugiés. (le 18 avril) Les rebelles ont pris le contrôle du poste‐frontière côté libyen au niveau du point de passage de Dhiba. A la suite des combats, les membres de la brigade qui étaient stationnés au poste‐frontière ont pris la fuite vers le territoire tunisien. Parmi eux, treize officiers dont un colonel‐major et deux commandants. (le 21) L’OTAN mène des actions directes. D’autres actions sont destinées à avoir des conséquences indirectes La télévision d’Etat a annoncé que les avions de l’OTAN ont mené des raids à Tripoli et Syrte. L’OTAN communique que des structures de télécommunications ainsi que le QG de la 32ème brigade des forces loyalistes, à 10 km au sud de Tripoli, ont été visés par des frappes multiples. (le 19) La Grande‐Bretagne envoie une vingtaine d’officiers militaires pour aider les forces de l’opposition à s’organiser. Ils rejoindront des diplomates britanniques qui coopèrent déjà avec les chefs de l’opposition à Benghazi. Ces conseillers ne fourniront pas d’armes aux rebelles et ne les aideront pas dans leurs attaques contre les forces gouvernementales. (le 19) Des officiers de liaison français vont effectuer une mission auprès du CNT. Dix instructeurs militaires italiens vont entraîner les insurgés. (le 20) Nicolas SARKOZY a promis une intensification des raids aériens internationaux contre les forces de KADHAFI. Bernard‐Henri LEVY (BHL) joue les intermédiaires entre le CNT et Paris depuis le début. Selon lui, trois militaires ‐ un Français, un Britannique et un Italien ‐ sont déjà dans la salle d'opérations des insurgés à Benghazi. Leur rôle est « d'éviter les bavures » comme celle qui s'est récemment soldée par la destruction par erreur de quatre chars des insurgés. « L'ambassadeur de France m'a lui‐même présenté le 10 ou le 11 avril dans les bureaux du président du CNT le capitaine de corvette français qui venait d'arriver pour servir d'officier de liaison ». (le 20) Mike MULLEN estime que la guerre en Libye se dirige vers une impasse. Même si les frappes aériennes de la coalition ont réduit de 30 à 40% le gros des forces terrestres de KADHAFI, elles n’ont pas permis de prendre un avantage suffisant. (le 22) www.greliermichel.eu
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Barack OBAMA vient d’autoriser l’usage de drones armés contre les forces libyennes. Le général James CARTWRIGHT, vice‐chef d’état‐major interarmes a précisé que deux premiers Predator avaient été envoyés le 21 avril mais qu’ils avaient dû rebrousser chemin en raison du mauvais temps. Les Etats‐Unis prévoient de maintenir en permanence deux patrouilles de Predator au‐dessus de la Libye. (le 22) Deux missiles sont tombés près du complexe résidentiel de KADHAFI, dans le centre de Tripoli. L’aviation de l’OTAN a détruit 26 véhicules transportant des forces pro‐Kadhafi près d’Ajdabiya. Les Etats‐Unis ont lancé leur première attaque de drone Predator sans autre précision sur le lieu et la cible choisis. (le 23) La ruse ou la duplicité « humanitaire » sera‐t‐elle à imaginer ? BAN Ki‐moon annonce que les Nations unies ont conclu un accord avec le gouvernement de KADHAFI pour fournir une aide humanitaire à la Libye, notamment à Tripoli. L’accord prévoit aussi la mise en place d’un couloir humanitaire vers Misrata. Le gouvernement serait prêt à laisser des gens quitter Misrata et à permettre d’acheminer une aide, de la nourriture et des médicaments. Les organisations humanitaires pourraient avoir accès à Misrata, et les services de base (électricité, eau) seraient fournis. (le 18 avril) Le Programme alimentaire mondial (PAM) indique avoir signé un accord avec le Croissant‐Rouge libyen pour distribuer une aide alimentaire dans le cadre du corridor humanitaire annoncé par les Nations unies. Les villes concernées sont : Tripoli, Zintan, Yefren, Nalout, Mezda, Al Reiba et Al Zawia. (le 19) La politique et la diplomatie rendent les événements moins compréhensibles. La Russie estime que les tentatives des Occidentaux pour renverser KADHAFI bafouent le mandat des Nations unies. Sergueï LAVROV a ajouté qu’« il est crucial d’instaurer un cessez‐le‐feu ». (le 19) Malgré les sanctions internationales, le gouvernement libyen, qui a d’importants besoins de carburant, parvient à importer du carburant via des intermédiaires qui effectuent des transbordements de navire à navire en Tunisie. L’un de ces intermédiaires est Champlink, une compagnie de Hong Kong. Champlink se présente comme « fournisseur d’un revendeur de Libye » et se dit à la recherche de cargaisons de carburant disponibles (25.000 tonnes pour les six prochains mois). Une société, nommée Afrimar Tunisia, filiale de Afrimar North Africa qui possède une filiale en Libye, a fait appel le 12 avril à des armateurs pour affréter un navire capable de transporter 40.000 tonnes de carburant de Turquie jusqu’à La Shkira en vue d’un transbordement. Au moins 120.000 tonnes de carburant sont arrivées en avril à La Shkira, ce qui représente près de la moitié des importations annuelles de la Tunisie. (le 20) Le camp de KADHAFI comme celui des insurgés, à court de fournitures militaires de base, semblent se préparer à un conflit prolongé. L'arrivée de l'été va rendre les raids aériens plus difficiles. Si KADHAFI n'est pas écarté par un coup d'Etat interne, les insurgés auront du mal à tenir faute de fonds, de carburant, d'armes et de savoir‐faire. Sans raids aériens, www.greliermichel.eu
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le bastion « rebelle » de Benghazi tomberait en quelques jours et ni David CAMERON, ni Barack OBAMA, n'envisagent pareille issue. « Former des gens à un plus grand niveau de compétence militaire prendra des mois », « la meilleure solution est de faire pencher la balance du pouvoir hors de portée de KADHAFI et d'obtenir un cessez‐le‐feu ». La reconnaissance internationale des rebelles du CNT comme le gouvernement légitime de la Libye par un nombre croissant de pays est une des solutions envisagées pour prêter main forte à l'opposition mais, jusqu'à présent, seuls la France, le Qatar et l'Italie ont franchi le pas. Washington et Londres y rechignent. (le 21) Le Maroc veut contribuer à une solution politique au conflit libyen. Le 20 avril, Taïeb Fassi FIHRI, ministre marocain des Affaires étrangères a rencontré des responsables du CNT. Le 18 avril, il avait reçu un émissaire de KADHAFI. Le Maroc a été l’un des rares pays arabes et le seul d’Afrique du Nord engagé dans des discussions avec les puissances occidentales sur la crise en Libye. (le 22) La Gambie, petit pays enclavé dans le Sénégal, en raison des « atrocités » commises, a décidé d’expulser l’ambassadeur de Libye, fidèle à KADHAFI, et a annoncé soutenir le CNT. La Gambie gèle les avoirs détenus dans son pays par le régime KADHAFI : deux hôtels cinq étoiles et un parc de loisir. (le 22) Le chef du CNT annonce que le Koweït allait verser plus de 177 Mio dollars à la rébellion. Cela permettra de payer les salaires des employés du secteur public. Le 04 avril, le Koweït a été le deuxième pays arabe à reconnaître le CNT. (le 24) Le CNT a demandé au Caire d’empêcher des Libyens établis en Egypte de déstabiliser l’est du pays aux mains de la rébellion et de financer le gouvernement de KADHAFI. Le chef du CNT vise un cousin de KADHAFI, Ahmed Khadaf al DAM. Il l’accuse de vendre des avoirs libyens en Egypte afin de collecter des fonds au profit du gouvernement de Tripoli. C’est un personnage discret qui a longtemps joué un rôle d’intermédiaire entre Le Caire et Tripoli. (le 24) Si l’on quitte une Libye ensanglantée, c’est pour trouver une Syrie où les balles sifflent et frappent ! Les manifestations contre le régime de Bachar al‐Assad se poursuivent. Elles prennent chaque jour un peu plus d’ampleur. (le 18) Plusieurs milliers d’étudiants ont manifesté, ce qui semble indiquer que le mouvement de contestation ne faiblit pas malgré l’annonce de la levée de l’état d’urgence. Les autorités ont arrêté à son domicile Mahmoud ISSA, un responsable de l’opposition, après une interview qui aurait irrité des responsables locaux. (le 20) A Hama, les forces de sécurité ont tiré à balles réelles pour disperser une manifestation de l’opposition qui se dirigeait vers le siège local du parti Baas au pouvoir. Les forces de sécurité ont ouvert le feu sur plusieurs manifestations d’opposition, à travers le pays : à Banias, Deir al Zor, Kamichli et Homs. A Damas, des gaz lacrymogènes ont été utilisés pour disperser 2.000 manifestants dans le quartier historique de Midan ; les forces de sécurité ont ouvert le feu dans le quartier de Barzeh. www.greliermichel.eu
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Soixante‐dix manifestants tués, ce serait le bilan le plus lourd en seul jour depuis le début des manifestations contre le régime de Bachar el ASSAD. (le 22) Les Comités locaux de coordination affirment que 88 civils ont été tués le 22 avril quand le bilan officiel de la télévision syrienne est de trois morts et 28 blessés. Le bilan de la répression est monté à près de 300 morts selon les défenseurs des droits de l’homme. (le 23) Face aux manifestants, le pouvoir ne propose que des faux semblants politiques Comment mettre fin aux manifestations populaires ? Bachar al ASSAD a essayé la répression, les concessions économiques et les promesses de réformes, mais les troubles ne diminuent pas. Quelques scénarios possibles de l’évolution : Bachar al ASSAD peut décider de ployer sous le vent et de procéder à des réformes de grande portée. Les manifestants lui demanderont de faire la preuve de sa capacité à réaliser une vraie rupture avec le passé. En démantelant l’appareil de la répression, en opposant un Etat de droit à la corruption, ou en laissant de nouveaux partis affronter le Baas, il supprimerait les bases de son pouvoir sans garantie pour sa survie politique. Bachar al ASSAD peut écraser la contestation. Le ministère de l’Intérieur considère que la Syrie fait face à une insurrection armée de musulmans salafistes. La manière forte est l’option la plus vraisemblable pour garder le soutien de sa communauté minoritaire alaouite, d’une partie de la majorité sunnite et des Syriens ayant intérêt au statu quo. Bachar al ASSAD peut se retirer ou être renversé. Un changement de régime est une hypothèse hasardeuse. Il est impossible de prévoir ce qui suivrait : une transition pacifique, un putsch militaire, une instabilité prolongée ou une guerre civile. Les conséquences régionales sont nombreuses : sur les pourparlers de paix avec Israël sur le plateau du Golan occupé ; sur les relations de voisinage avec le Liban, la Turquie, l’Irak et la Jordanie ; sur les répercussions dans le monde arabe et l’Iran. (le 19) Le gouvernement a adopté un projet de loi abrogeant l’état d’urgence qui était en vigueur depuis 1963. Bachar al ASSAD devra promulguer ce texte avant qu’il n’entre en vigueur, mais sa signature devrait être une formalité. (le 19) Bachar al‐ASSAD a promulgué le décret mettant fin à l’état d’urgence en vigueur depuis 1963. (le 21) Au Yémen, moins de sang cette semaine, l’heure est au rapport de force politique et militaire. Pour s’accrocher à son poste, le président SALEH peut compter sur le soutien des meilleures unités de l’armée, la garde républicaine et les forces spéciales, dirigées par son fils Ahmed. Il peut aussi compter sur la police anti‐émeute commandée par son neveu Yahia et sur la force de protection présidentielle dirigée par un autre neveu, Tariq. Un autre neveu, Amar, dirige l’autorité de sécurité nationale, un service de renseignement intérieur. Quant au chef de l’armée de l’air, c’est le beau‐frère du président, Mohammed Saleh al‐AHMAR. Les forces armées yéménites comptent environ 800.000 hommes, dont seulement 150.000 à 200.000 seraient commandés par des membres de la famille du président SALEH. Mais ces troupes sont mieux équipées et entraînées que les autres unités de l’armée ; et elles www.greliermichel.eu
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sont déployées sur les collines qui surplombent Sanaa, une position stratégique. (le 22) Le parti au pouvoir au Yémen a informé le Conseil de coopération du Golfe (CCG) qu’il acceptait sans réserve son plan de sortie de crise. L’opposition a fait aussi un bon accueil aux principaux éléments du plan, mais refuse de participer à un cabinet d’union nationale. Le plan prévoit un transfert du pouvoir en trois mois. Il accorde l’immunité au président, à sa famille et à ses conseillers. (le 23) Le président SALEH a accepté de démissionner en échange de l’immunité que propose le plan des médiateurs du Golfe. L’opposition a encore des réserves sur le projet de transfert du pouvoir. La principale coalition d’opposition a approuvé le plan des médiateurs du Golfe sous condition, mais des jeunes et des militants à la pointe des manifestations anti‐SALEH se montrent sceptiques. (le 24) Il ne faudrait pas oublier qu’en Egypte… Au moins 846 personnes ont été tuées et plus de 6.400 blessées lors du soulèvement populaire, selon la mission d’information du gouvernement égyptien. (le 19) Pour la France, nous avons punaisé, pêle‐mêle... La lettre adressée à chacun des préfets de France pour leur dire que les serviteurs de l’Etat n’avaient rien à redouter de l’arrivée au pouvoir du Front national. Marine LE PEN a précisé qu’elle n’avait pas voulu rendre publique sa démarche. (le 19) La phrase de Martine AUBRY sur Nicolas SARKOZY : le président du « payer plus pour gagner moins ». (le 19) Des personnalités réclament un candidat unitaire de la gauche au premier tour de l’élection présidentielle grâce à des « primaires ouvertes ». Daniel COHN‐BENDIT, présenté comme un des signataires de cet appel, l’a démenti. (le 19) Les projections démographiques de l’Insee qui montrent que le financement de la protection sociale reposera sur une part toujours plus réduite d’actifs. Le ratio entre actifs et inactifs passera de 2,1 en 2010 à 1,5 en 2060, tout en tenant compte de l’impact de la réforme des retraites de 2010. (le 22) Le fascicule – une soixantaine de pages, 5.000 exemplaires, 8.500 euro – diffusé par les services du chef de l’Etat pour vanter, comme en 2009 et 2010, son action depuis le début de son quinquennat. (le 22) Le conseil éclairé de Dominique de VILLEPIN à Nicolas SARKOZY qui ne doit pas faire du conflit libyen « une affaire personnelle » au risque de s’engager dans une guerre longue ou un enlisement. De plus, sur le plan intérieur, « Nicolas SARKOZY lierait son sort politique à la situation de la Libye ; cela veut dire que KADHAFI pourrait devenir l’arbitre de l’échéance électorale française ». Il a ajouté : « N’allons pas jouer Tintin en Afrique une nouvelle fois en Libye », et « ne nous prenons pas pour Rambo ». (le 24) www.greliermichel.eu
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Bonne semaine, et lundi prochain Thomas sera de retour, soyez‐en sûrs. www.greliermichel.eu
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Semaine 17 – du lundi 25 avril au dimanche 01 mai 2011 Rafles et ghettos à Deraa (Syrie) Voilà un titre qui évoque des périodes noires. « Nuit et brouillard » chantait Jean FERRAT. Thomas, rends‐toi compte qu’en Syrie, nous sommes dans les mêmes conditions. Et des techniques barbares de l’époque sont utilisées aujourd’hui à Deraa. Lis ce qui suit. Au moins 13 civils ont été tués par balles à Djabla, une ville côtière. (le 25 avril) Les forces de sécurité et des partisans armés prennent d’assaut la ville de Douma, au nord de Damas. Ils tirent sur des civils et arrêtent des habitants. (le 25) Deraa est une ville dans le sud, proche de la frontière jordano‐syrienne. De source jordanienne, la frontière a été fermée par la Syrie, et Damas empêchait de quitter le pays vers la Jordanie. (le 25) Les forces de sécurité ont lancé des opérations de reprise en main de certains foyers de la contestation, notamment à Deraa. Des blindés y ont ouvert le feu sur plusieurs bâtiments faisant au moins dix‐huit morts. Des officiers et des soldats ont refusé de tirer sur des habitants. Le commandant d’une unité et ses hommes ont tiré contre leur propre camp, pour permettre à la population d’aller enlever les blessés dans la rue. (le 25) Les forces de sécurité ont arrêté 500 militants pro‐démocratie dans l’ensemble du pays. Les forces gouvernementales ont également bombardé la périphérie de Damas. Depuis le début du mouvement de contestation, les forces de sécurité ont tué plus de 350 civils. (le 26) A Deraa, des tirs retentissaient toujours dans les rues où gisaient encore des cadavres. Dans le quartier de Sabil, une manifestation de 300 jeunes a pu se tenir. Les soldats postés à côté d’un char ont déposé leurs armes pour faire comprendre qu’ils ne tireraient pas. (le 26) Des membres de l'opposition vivant en exil se réjouissent d'informations faisant état de dissensions au sein de l'armée. « Il semble que Bachar al ASSAD ait pris la décision stratégique d'écraser un mouvement non violent en Syrie en ordonnant à son frère, Maher al ASSAD, de donner l'assaut à Deraa ». Maher est considéré comme le personnage le plus puissant en Syrie après le président. Il commande la Quatrième Division, équivalent des forces spéciales dans l'armée syrienne. (le 26) Selon Anas ABDAH, le président du Mouvement pour la Justice et le Développement, dans une autre division, des officiers, allant du capitaine au général, auraient tenté d'empêcher la Quatrième Division d'entrer dans la ville : « Certains éléments de la Cinquième Division de répondent pas de la manière dont Bachar et Maher le souhaiteraient et se rangent aux côtés du peuple ». www.greliermichel.eu
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La Cinquième Division est basée dans le sud de la Syrie, dans une plaine surplombée par le plateau du Golan, occupé par Israël. Elle compte dans ses rangs de nombreux sunnites. Depuis un demi‐siècle, le pouvoir et l'état‐major de l'armée syrienne sont dominés par la minorité alaouite, une branche du chiisme, mais les hommes du rang sont en majorité sunnites. (le 26) Même les diplomates jouent le même jeu qu’à l’époque, des mots qui restent lettres mortes. Une démarche diplomatique coordonnée a eu lieu à Paris, à Londres, à Berlin, à Madrid et à Rome où les ambassadeurs de Syrie ont été convoqués pour protester contre la répression des manifestants. (le 27) Par contre, des Syriens ne jouent pas avec les mots, ils agissent. Deux cents membres du parti Baas ont démissionné dans la province de Deraa et les régions voisines pour dénoncer la répression qui s’y déroule. Vingt‐huit autres ont démissionné à Banias. (le 27) Bachar al ASSAD se trouve confronté à un début de dissidence au sein de son parti et à un sentiment de mécontentement au sein de l’armée. Un haut diplomate déclare que « les plus grandes funérailles organisées jusqu’à présent en Syrie ont été celles de soldats qui ont refusé d’obéir aux ordres de tirer sur les manifestants et qui ont été sommairement exécutés sur place ». Selon un autre diplomate, une unité de l’armée a affronté la police secrète pour l’empêcher de tirer sur des manifestants. Saouassiah est une organisation syrienne de défense des droits de l’homme, son bilan de la répression est d’au moins 400 morts en six semaines. (le 28) L’armée est intervenue à Lattaquié avec des chars. Les forces de sécurité ont ouvert le feu sur des manifestants. (le 28) Pour la première fois, les Frères musulmans, mouvement interdit en Syrie, appellent directement à descendre dans les rues. (le 29) Bilan de Saouassiah, au moins 500 morts depuis le 18 mars. (le 29) Au moins 50 membres du parti Baas ont démissionné dans la ville assiégée de Rastan, dans le centre du pays. De nouvelles démissions, au nombre de 138, sont venues s’ajouter aux 200 précédentes. (le 30) Des troupes supplémentaires sont entrées à Deraa. Les forces armées ont bombardé la vieille ville et pris d’assaut l’épicentre du mouvement de contestation, la mosquée Omari. L’assaut contre la mosquée a duré 90 minutes et a été mené à coups de tirs d’obus et de mitrailleuse. Trois hélicoptères ont pris part à l’opération, lâchant des parachutistes sur le toit de l’édifice. Le fils de l’imam de la mosquée a été tué. Les forces de sécurité semblent avoir pris le contrôle de la vieille ville. (le 30) Selon Saouassiah, le bilan est de 560 civils tués. (le 30) www.greliermichel.eu
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L’armée, avec de nouveaux renforts, a poursuivi le bombardement de la vieille ville de Deraa. Une vague d’arrestations frappe la ville. Des jeunes gens menottés et cagoulés ont été évacués vers un vaste centre de détention de la ville, contrôlé par les services de sécurité. Les forces de sécurité ont divisé Deraa en quatre secteurs isolés les uns des autres, et ont rassemblés toutes les personnes arrêtées dans des écoles où elles organisent ensuite leur transfert. (le 01 mai) Michel, j’ai vu récemment un film sur la rafle du Vel d’Hiv en juillet 1942 à Paris. J’imagine, et je vois même, des images insoutenables de ce que cela peut être à Deraa. J’ai évoqué une démarche diplomatique. En voilà d’autres… en pure perte. L’Allemagne, la France, la Grande‐Bretagne et le Portugal demandent au Conseil de sécurité des Nations unies de condamner la violente répression exercée par la Syrie contre des manifestants. On ignore quelle sera l’attitude la Chine et de la Russie. (le 25) L’initiative européenne a échoué au Conseil de sécurité de l’ONU en raison de l’hostilité de la Russie, de la Chine et du Liban. (le 28) Il faut aussi regarder les conséquences des événements en Syrie sur les pays voisins. Au Liban, les troubles qui secouent la Syrie pourraient attiser des tensions religieuses susceptibles de franchir la frontière et de déstabiliser le pays où Damas compte autant d’ennemis que d’alliés. La situation est tendue au Liban où le Hezbollah, soutenu par l'Iran et la Syrie, est en conflit ouvert avec Saad HARIRI, soutenu par l'Occident et l'Arabie saoudite sunnite. Le Liban est une mosaïque de 18 communautés religieuses ; il s'est progressivement transformé en champ de bataille pour les conflits des pays de la région. Le Hezbollah pourrait être tenté de renforcer ses relations avec les hommes politiques fortunés libanais s'il observait des signes d'affaiblissement du régime de son allié syrien. Le président de la chambre des députés et chef du mouvement Amal (chiite), Nabih BERRI, proche de la Syrie : « le Liban devait se soucier de la sécurité en Syrie et de la stabilité davantage encore que les Syriens eux‐mêmes ». (le 28) Avec l’Iran, quand Bachar al ASSAD s'est rendu à Téhéran fin 2010, il a reçu la plus haute distinction iranienne et loué les liens indéfectibles entre les deux pays. Aujourd'hui qu’il est confronté à une contestation croissante qu'il réprime dans le sang, c'est un Iran nerveux qui interdit aux médias d'évoquer les difficultés de son plus fidèle allié dans le monde arabo‐musulman. Après avoir dans un premier temps comparé le « printemps arabe » en Tunisie et en Egypte à sa Révolution islamique de 1979, Téhéran craint d'être entraîné dans le tourbillon et de se retrouver du côté du perdant, au péril de ses intérêts en Syrie, et de sa stratégie d'influence dans une région où la plupart de ses voisins se méfient de lui. La Syrie est considérée comme l'intermédiaire par lequel transite l'aide iranienne aux puissants mouvements armés anti‐israéliens, le Hezbollah et le Hamas. Theodore KARASIK, de l'Institut d'analyse militaire au Proche‐Orient et dans le Golfe, basé à Dubaï : « La révolution en Egypte pourrait être vue comme une perte stratégique pour l'Occident mais un changement en Syrie bouleverserait la situation sécuritaire au cœur du Moyen‐Orient et représenterait une perte bien plus importante pour l'Iran ». La chute de Bachar al ASSAD risquerait d'accentuer l'isolement de l'Iran, même s'il n'a pas www.greliermichel.eu
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mis tous ses œufs dans le même panier. L’Iran a noué des liens avec le gouvernement irakien à majorité chiite, il s'est rapproché de la Turquie et il tente des ouvertures en direction du nouveau régime égyptien. (le 26) Recep Tayyip ERDOGAN a téléphoné à Bachar al ASSAD pour l’appeler à la « retenue ». L’ambassadeur turc à Damas a rencontré Adel SAFAR pour faire part de « la profonde préoccupation et du chagrin face à la perte de nombreuses vies ». La Turquie entretient des relations de longue date avec Damas, dans le cadre de son influence au Moyen‐Orient. Membre de l'OTAN, Ankara tente actuellement de préserver ces liens, notamment économiques, avec Damas tout en encourageant le régime de Bachar al ASSAD à accéder aux exigences démocratiques de sa population. La Turquie partage une frontière longue de près de 880 km avec la Syrie et craint que les troubles dans le pays ne déclenchent un afflux de migrants sur son territoire. Une vague d'immigration est toutefois peu probable, la plus grande partie de cette frontière étant truffée de mines. (le 26) Allez Thomas, nous continuons. Et ce qui suit est tout aussi détestable puisque nous allons sur le terrain en Libye. A Misrata, trente personnes au moins ont été tuées et 60 autres blessées par des tirs de roquettes. Les Berbères des montagnes au sud‐ouest de Tripoli se réfugient en Tunisie et font état de pilonnages intensifs pour nettoyer leurs villages isolés. Les villes ou villages concernés sont : Kalaa, Zintane, Yafrane. (le 25) Misrata est encerclée sur trois fronts et les troupes de KADHAFI ont bombardé la zone portuaire pour tenter de priver les rebelles qui défendent la ville de leur seul lien avec le monde extérieur. (le 26) Les forces fidèles à KADHAFI ont pilonné Misrata et Zentane. Des combats ont lieu dans la région de Tobrouk. Les forces de KADHAFI ont repris le poste‐frontière de Dhiba. Trois heures plus tard, le poste a été repris par les insurgés après d’intenses combats. (le 28) A Misrata, les pro‐KADHAFI, regroupés dans l’aéroport, bombardent un quartier d’habitation proche. (le 29) Les insurgés ont rejeté la proposition de cessez‐le‐feu et d’ouverture de négociations formulées par KADHAFI en échange d’un arrêt des bombardements de l’OTAN. (le 30) Les forces gouvernementales ont bombardé le port de Misrata alors qu’un navire d’aide humanitaire maltais déchargeait de la nourriture et des médicaments. Le navire est reparti rapidement en mer. (le 01 mai) Et l’OTAN poursuit ses opérations. Oui, mais elle ne dit pas tout, loin de là ! Les forces de l’OTAN ont détruit, à Tripoli, un bâtiment de Bab al Aziziyah, la résidence de KADHAFI. (le 25) www.greliermichel.eu
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L’Italie va autoriser son armée de l’air à mener des frappes contre des objectifs militaires en Libye. L’Italie, ancienne puissance coloniale en Libye, était un des pays européens les plus proches de Tripoli avant le début de l’insurrection contre KADHAFI, avec lequel BERLUSCONI entretenait des relations amicales. (le 25) L’OTAN a intercepté plusieurs navires des forces loyales à KADHAFI installant des mines à l’extérieur du port de Misrata. Les forces de l’OTAN ont récupéré les mines. (le 29) Moussa IBRAHIM annonce que KADHAFI a survécu à un raid de l’OTAN dans lequel ont péri son fils, Saïd al Arab, et trois de ses petits‐enfants. L’OTAN a démenti avoir visé KADHAFI ou des membres de sa famille, assurant qu’un de ses raids avait pour cible un centre de commandement à Bab al Azizia, son quartier général à Tripoli. (le 01 mai) Selon Moussa IBRAHIM, KADHAFI et son épouse se trouvaient chez leur fils Saïf al‐Arab quand sa demeure a été touchée par au moins une bombe larguée par un avion de l’OTAN. Il a estimé que l’OTAN avait dû bénéficier de renseignements sur la localisation de KADHAFI. (le 01 mai) Cette information reste très étrange… Des combats ont opposés l’armée tunisienne aux forces de KADHAFI dans le centre de Dehiba, ville de Tunisie à la frontière avec la Libye. (le 29) Quant à la diplomatie… L’Union africaine (UA) a reproché aux pays occidentaux de miner ses efforts pour trouver une solution continentale au conflit libyen. L’UA prédit que la guerre civile actuelle allait aboutir à une impasse. (le 26) Les ambassades de Grande‐Bretagne et d’Italie à Tripoli ont été attaquées. Celle de Grande‐Bretagne a été en partie incendiée. La plupart des pays occidentaux avaient fermé leur ambassade à Tripoli et évacué les personnels avant le début de l’intervention militaire de l’OTAN. (le 01 mai) La Grande‐Bretagne a expulsé l’ambassadeur de Libye. (le 01 mai) Voilà le problème hebdomadaire des migrants et des réfugiés. Que d’amalgames et d’erreurs entre ces deux notions. Je sais bien qu’il est question d’hommes, de femmes et d’enfants dans l’un et l’autre cas, mais ici les différences restent gigantesques. Nous sommes confrontés aux migrants quand les Tunisiens sont confrontés aux réfugiés, c’est bien cela ? Oui Thomas. Quelques 25.000 migrants, pour la plupart originaires de Tunisie et le plus souvent désireux de gagner la France, ont débarqué cette année sur l’île italienne de Lampedusa au terme d’une traversée périlleuse. Mais la grande majorité des 665.000 personnes, pour la plupart des travailleurs immigrés, qui ont fui la Libye depuis février se sont réfugiées en Tunisie principalement, en Egypte, au Niger, en Algérie, au Tchad et au Soudan. Seuls 5.182 d’entre eux ont atteint l’Italie et www.greliermichel.eu
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Malte. (le 26) La situation devient de plus en plus préoccupante sur le plan humanitaire pour les réfugiés libyens passés en Tunisie. Ils seraient près de 24.000 à avoir traversé la frontière depuis le 06 avril. Ils sont plus de 1.500 dans le camp de Dehiba mis en place par les Emirats arabes unis et géré par le Croissant‐Rouge tunisien. (le 01 mai) Suit, naturellement, la querelle italo‐française sur les migrants. Pour le 29ème sommet franco‐italien, la crise libyenne et l’afflux d’immigrants d’Afrique du Nord seront sur la table des discussions. Pour Laurent WAUQUIEZ, « l’Europe, ce n’est pas la libre circulation des immigrants illégaux ». (le 25) Silvio BERLUSCONI et Nicolas SARKOZY ont tourné la page de plusieurs semaines de tension entre les deux pays sur les questions d’immigration clandestine. Ils ont lancé une initiative commune pour demander la révision du traité européen de Schengen sur la libre circulation des personnes. (le 26) Entre la position française, qui a décidé de refouler à la frontière toutes les personnes en situation irrégulière, et la position italienne, qui a décidé d’accorder des visas temporaires à tous les immigrés arrivant sur son sol en provenance de Tunisie et de Libye, la Commission européenne se place en position d’arbitre. José Manuel BARROSO a écrit à Nicolas SARKOZY et Silvio BERLUSCONI : « le rétablissement des frontières est une possibilité parmi d’autres, qui, à condition d’être soumise à des critères spécifiques et bien déterminés, pourrait constituer un élément pour renforcer la gouvernance de l’accord Schengen ». Et : « cette gestion ne devrait pas nous conduire à pencher vers une vision trop sécuritaire, qui pourrait paraître comme niant les valeurs mêmes sur lesquelles se fonde le projet européen, ni vers une vision trop laxiste de la politique sur l’immigration ». (le 01 mai) Il y a cette information étonnante venant de Tunisie qui gère difficilement l’arrivée de la démocratie. Béji Caïd ESSEBSI a lancé « un cri d’alarme » face à la persistance des troubles sociaux qui entravent le redressement de la situation économique, un peu plus de trois mois après le soulèvement populaire. Il dénonce « les abus dans le comportement des citoyens », notant que le gouvernement préfère ne pas recourir à la force pour y faire face. Il a pointé du doigt la tendance de certains courants islamistes à vouloir faire la prière dans les espaces publics. Il recense 110 actions de blocages de routes et de voies de chemin de fer « pour un oui pour un non ». Béji Caïd ESSEBSI a plaidé avec force pour l'arrêt du flux migratoire vers l'Europe : « Nous avons été à l'origine d'une crise entre pays européens et la France pourrait être amenée à sortir de l'espace Schengen à cause de nous ». (le 26) Cette semaine est marquée par des gestes politiques totalement nouveaux et donc inattendus. Le gouvernement marocain a convenu d’augmenter le salaire net des agents de la fonction publique à partir du mois de mai de 600 dirhams (80 dollars). Le minimum retraite pour www.greliermichel.eu
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les pensionnés du public et du privé connaîtra une augmentation de près de 70% pour atteindre 1.000 dirhams par mois. Le salaire minimum dans le secteur privé enregistrera une hausse de 10% à compter de juillet 2011 et de 5% début 2012 ; il est actuellement de 2.110 dirhams. (le 27) J’appelle cela de l’intelligence politique. La réactivité de ce gouvernement, et celle du roi sûrement, sont remarquables. Pendant ce temps‐là, dans un autre coin du pourtour méditerranéen… Un accord de réconciliation a été conclu entre le Fatah de Mahmoud ABBAS et le Hamas qui contrôle la bande de Gaza depuis juin 2007. La signature de l’accord se ferait au Caire, l’Egypte ayant joué les médiateurs depuis plusieurs années. Un gouvernement intérimaire serait mis sur pied et des élections législatives et présidentielle auraient lieu à la même date. (le 27) Quant au Yémen… L’opposition a finalement accepté le plan de sortie de crise présenté par les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) et participera à un gouvernement de transition. En échange d’immunités, le président SALEH doit remettre les rênes du pays à son vice‐
président dans le délai d’un mois après la signature d’un accord. Un responsable de l’opposition devrait prendre la tête d’un gouvernement intérimaire chargé de préparer l’élection présidentielle deux mois plus tard. (le 25) Le président SALEH a fait savoir qu’il refusait de signer lui‐même le plan de médiation du CCG auquel il avait donné son accord de principe il y a une semaine. Il estime que c’est le chef de son parti politique qui devrait signer. (le 30) L’accord de sortie de crise qui devait être signé à Ryad a été repoussé. L’accord de sortie de crise est repoussé sine die. (le 01 mai) Tout cela dans le monde qui nous entoure… Et si peu de choses dignes d’intérêt chez nous, c’est bien ce que tu voulais dire ? Oui. Thomas, je t’invite à porter une attention particulière à cette première information. Les noms des quatre otages français aux mains d’Aqmi (Al Qaïda au Maghreb islamique) depuis septembre 2010 sont connus : Pierre LEGRAND, Daniel LAMBE, Thierry DOL et Marc FURRER. (le 27) Le programme de François HOLLANDE pour les primaires du PS tourne autour d’un « rêve français ». Il comprend une réforme fiscale, la disparition des niches fiscales, une fusion de la CSG et de l’impôt sur le revenu. Pour les jeunes, François HOLLANDE propose « un référent qui suivrait l’élève tout au long de ses choix ». Pour les seniors, il propose un système de double exonération de cotisations réservé à tout « employeur qui s’engagerait à garder un senior jusqu’à la retraite tout en embauchant un jeune de moins de 25 ans ». François HOLLANDE dit réfléchir à « un nouveau mode de calcul du Smic ». (le 27) www.greliermichel.eu
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Le coup d’envoi informel de la campagne pour la primaire socialiste en vue de l’élection présidentielle a été donné. François HOLLANDE a dégainé le premier, il a présenté les grandes lignes de son programme « rêve français ». Il a critiqué Nicolas SARKOZY, « président de la division ». (le 28) Manuel VALLS a confirmé qu’il se retirerait de la primaire si DSK entrait en lice et a demandé à François HOLLANDE de faire de même. Celui‐ci a dit ne pas savoir si DSK, désigné par les sondages comme le meilleur candidat socialiste, serait sur la ligne de départ. « S’il l’est, ce sera une belle primaire. Je sais que nous ferons là une compétition loyale et que nous serons rassemblés derrière celui ou celle qui sera désignée par les socialistes ». (le 01 mai) De la gauche à l’extrême droite. L’ancien siège du Front national, en bordure de Seine à Saint‐Cloud, a été vendu autour de 10 Mio euro à une chaîne de maisons de santé. Cette vente permettra au FN de sortir de ses difficultés financières et à Marine LE PEN d’envisager plus sereinement sa campagne pour la présidentielle. (le 27) Le thème de ce 1er‐Mai frontiste était « Liberté » et le défilé était « en l’honneur des travailleurs ». Le défilé était plus fourni qu’en 2010. Des consignes avaient été données pour éviter les débordements. Les militants au crâne rasé ou en treillis militaire ont été exclus du rassemblement, faisant place aux jeunes du FN. Jean‐Marie LE PEN, devenu président d’honneur du FN, a défilé aux côtés de sa fille. (le 01 mai) Hmmmm… celle‐ci, j’hésite à te la donner. Je redoute ta réaction. Mais je ne sais pas du tout de quoi tu parles. Allez, vas‐y. Il ne peut pas y avoir pire que nos « berlusconneries » habituelles. Allez ! Carla BRUNI‐SARKOZY, 43 ans, a expliqué pourquoi elle ne communiquait pas sur le sujet, elle n’a ni confirmé ni démenti les rumeurs de grossesse qui agitent la presse « people ». (le 29) Et ma réaction est… Thomas, pourquoi ce silence. Et pourquoi ce sourire éclaire ton visage et que tes yeux pétillent. Alors ? Je souhaite vivement que le fruit de cette grossesse soit une fille. Les gènes de Carla me plaisent bien quand les gènes du père me gênent souvent. Et par quoi vas‐tu terminer après cela ? Par quelque chose de plus sérieux que tu peux sauter si tu le veux. Je tiens pourtant à mettre ces tableaux au service du public car depuis les crises budgétaires grecque, irlandaise, portugaise, un climat de doute pèse sur la validité de tous les chiffres donnés et la suspicion s’applique aussi à ceux qui les donnent, ce qui fut mon cas il y a quelques jours. Dans la série « bulletins de santé » suite à l’épidémie de crise budgétaire, les déficits publics et les dettes publiques pour 2010 sont connus. Ce qui donne les trois tableaux suivants : www.greliermichel.eu
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1/3 ‐ Produit intérieur brut aux prix du marché (PIB pm), en Mio euro. Pour les pays non‐
euro, le chiffre de base est en monnaie nationale avec indication du taux de conversion pour 1 euro. Par ordre décroissant de valeurs 2010 Rappel 2008 Union européenne – 27 (en euro) 12 280 644 12 494 352 Zone euro ‐ 17 (en euro) Allemagne (en euro) France (en euro) Royaume‐Uni (en GBP, à 0,88715) Italie (en euro) Espagne (en euro) Pays‐Bas (en euro) Suède (en SEK, à 8,9257) Pologne (en PLN, à 3,9340) Belgique (en euro) Autriche (en euro) Danemark (en DKK, à 7,4566) Grèce (en euro) Finlande (euro) Portugal (en euro) Irlande (en euro) République tchèque (en CZK, à 24,100) Roumanie (en RON, à 4,0725) Hongrie (en HUF, à 264,48) Slovaquie (en euro) Luxembourg (euro) Slovénie (en euro) Bulgarie (en BGN, à 1,9558) Lituanie (en LTL, à 3,4528) Lettonie (en LVL, à 0,7093) Chypre (en euro) Estonie (en euro) Malte (en euro) 2/3 ‐ Déficit public, en % du PIB. Par ordre décroissant de valeurs Irlande Grèce Royaume‐Uni Espagne www.greliermichel.eu
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9 204 316 2 498 800 1 947 576 1 638 523 1 548 816 1 062 591 591 477 369 839 359 815 352 324 284 002 234 120 230 173 180 295 172 546 153 939 152 272 9 264 270 2 481 200 1 948 511 1 629 465 1 567 761 1 088 124 596 226 358 999 324 207 345 006 283 085 233 463 236 917 184 649 171 983 179 989 153 070 126 124 102 540 65 906 41 598 36 061 36 033 27 301 17 956 17 465 14 501 6 246 126 384 101 157 67 007 39 644 37 305 35 431 32 288 28 823 17 287 16 107 5 904 2010 ‐32,4 ‐10,5 ‐10,4 ‐9,2 Rappel 2008 ‐7,3 ‐9,8 ‐5,0 ‐4,2 Portugal Pologne Slovaquie Lettonie Lituanie France Roumanie Union européenne – 27 Zone euro ‐ 17 Slovénie Pays‐Bas Chypre République tchèque Autriche Italie Hongrie Belgique Malte Allemagne Bulgarie Danemark Finlande Luxembourg Suède Estonie 3/3 ‐ Dette publique, en % du PIB. Par ordre décroissant de valeurs Grèce Italie Belgique Irlande Portugal Zone euro ‐ 17 Allemagne France Hongrie Royaume‐Uni Union européenne – 27 Autriche www.greliermichel.eu
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‐9,1 ‐7,9 ‐7,9 ‐7,7 ‐7,1 ‐7,0 ‐6,4 ‐6,4 ‐6,0 ‐5,6 ‐5,4 ‐5,3 ‐4,7 ‐4,6 ‐4,6 ‐4,2 ‐4,1 ‐3,6 ‐3,3 ‐3,2 ‐2,7 ‐2,5 ‐1,7 0,0 0,1 ‐3,5 ‐3,7 ‐2,1 ‐4,2 ‐3,3 ‐3,3 ‐5,7 ‐2,4 ‐2,0 ‐1,8 0,6 0,9 ‐2,7 ‐0,9 ‐2,7 ‐3,7 ‐1,3 ‐4,5 0,1 1,7 3,2 4,2 3,0 2,2 ‐2,8 2010 142,8 119,0 96,8 96,2 93,0 85,1 83,2 81,7 80,2 80,0 80,0 72,3 Rappel 2008 110,7 106,3 89,6 44,4 71,6 69,9 66,3 67,7 72,3 54,4 62,3 63,8 Malte Pays‐Bas Chypre Espagne Pologne Finlande Lettonie Danemark Slovaquie Suède République tchèque Lituanie Slovénie Roumanie Luxembourg Bulgarie Estonie (le 26) www.greliermichel.eu
68,0 62,7 60,8 60,1 55,0 48,4 44,7 43,6 41,0 39,8 38,5 38,2 38,0 30,8 18,4 16,2 6,6 145
61,5 58,2 48,3 39,8 47,1 34,1 19,7 34,5 27,8 38,8 30,0 15,6 21,9 13,4 13,6 13,7 4,6 Semaine 18 – du lundi 02 au dimanche 08 mai 2011 Aie confiance ! Ton titre me trouble. Je ne vois pas dans ce que je sais de l’actualité de cette semaine ce qui justifie un tel impératif. Et il me rappelle furieusement le serpent Kaa face à Mowgli, les yeux dans les yeux, dans le dessin animé de Disney : « Le Livre de la Jungle ». C’est en réaction à l’attitude de Claude GUEANT et d’Alain JUPPE, qui sont comme Mowgli face à la candidature de Nicolas SARKOZY. Nous allons y venir. Je tiens à commencer cette semaine par deux lignes d’un faire‐part mortuaire. Lundi 02 mai 2011, 05 h 22 ‐ Oussama Ben LADEN est mort et son corps est aux mains des autorités américaines. Barack OBAMA doit le confirmer dans les minutes qui viennent. (le 02 mai) Pourquoi es‐tu si bref ? Parce que cet homme mérite que l’on détaille la longue liste de ses crimes et assassinats commandités de par le monde… ou d’être ignoré. C’est ce que je fais. D’accord, passons à autre chose. Oui, mon inquiétude est très grande sur les événements de Syrie et sur le sort que le pouvoir réserve à la population qui conteste et qui manifeste. Face à l’inquiétude, j’ai une vraie et profonde admiration pour ces hommes et ces femmes qui se battent pour une haute idée de la démocratie. Je te comprends, et tu sembles penser que nous ne serions pas capables des mêmes attitudes. Non, c’est devenu « ringard » de parler de la démocratie. Alors imagine que nous descendions dans les rues des villes françaises pour rappeler aux détenteurs des pouvoirs que notre démocratie « fout le camp », eux qui se cachent derrière son nom pour la bafouer. C’est tout ? Non. Quoi alors ? Mon admiration va vers ces jeunes qui sont à l’origine des différents printemps arabes. Leur force collective m’impressionne. C’est tout ! Alors vas‐y sur la Syrie. Ammar QURABI est responsable de l’Organisation nationale pour les droits de l’Homme en Syrie. Pour lui, le régime a arrêté plus d’un millier de personnes au cours de ses perquisitions et opérations de représailles contre les manifestations. Il ajoute que de nombreuses personnes sont portées disparues. (le 03) Trente manifestants syriens ont été tués par les forces de l’ordre lors du « jour du défi ». De nombreux rassemblements ont eu lieu à travers le pays après la grande prière du vendredi. C’est à Homs que la répression a été la plus sanglante. Quinze morts y sont dénombrés, six à Hama, cinq à Lattaquié et un à Deir al Zor . Des unités de l’armée ont entamé un « retrait progressif » de Deraa, mais les militaires continuent de procéder à des arrestations dans le reste du pays. Plusieurs entrées de Deraa www.greliermichel.eu
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demeurent gardées par des unités de l’armée appuyées par des blindés. (le 05) Tafas est une ville d’environ 30.000 habitants, proche de Deraa. Les forces gouvernementales, appuyées par au moins huit chars, y sont entrées. Des fusillades sont signalées ainsi que des arrestations de jeunes personnes. (le 08) Plus de 580 civils ainsi qu’une centaine de soldats ont été tués depuis le début des manifestations. (le 06) Le ministère français des Affaires étrangères évoque des cas de tortures accompagnant les arrestations. (le 07) Selon un diplomate occidental, 7.000 personnes ont été arrêtées depuis le début du mouvement de contestation. (le 07) La ville cible de la répression est passée de Deraa à Banias, sur la côte méditerranéenne. Les forces de sécurité ont pris le contrôle de la ville de Banias. Elles ont fourni des armes aux villages alaouites dans les collines surplombant Banias et les opposants sont confrontés aussi à des milices. Des agents de sécurité armés en et civil se sont mis à arrêter les gens en fonction du nom figurant sur leur carte d’identité. (le 03) Après avoir coupé l’électricité et les lignes téléphoniques, les forces armées sont entrées dans les quartiers sunnites de Banias avec des chars. La présence de bâtiments de la marine au large fait que Banias est complètement assiégée. Banias compte une importante raffinerie de pétrole et constitue le principal point d’exportation pour le pétrole brut syrien. La ville présente aussi un mélange potentiellement explosif de groupes religieux et de sectes. Elle est divisée entre les musulmans sunnites et les membres de la communauté alaouite. (le 07) Plus de 200 personnes ont été interpellées. (le 08) En Libye. Les funérailles de Saïf al Arab KADHAFI et des trois petits‐enfants de KADHAFI ont eu lieu. Celui‐ci était absent. Saïf al Islam, le plus connu de ses fils, y a participé. (le 02) Sur le terrain. A Misrata, malgré des tirs d’artillerie des troupes kadhafistes qui ont fait cinq morts, un navire d’aide humanitaire a appareillé du port, avec à son bord 800 travailleurs immigrés, en direction de Benghazi. Ces travailleurs sont originaires du Niger, du Ghana, du Tchad, du Nigeria, du Soudan, du Mali, de l’Egypte et du Bangladesh. Depuis le début de la guerre civile, une douzaine de rotations maritimes ont permis d’évacuer environ 12.000 personnes et l’acheminement de 3.000 tonnes d’aide. (le 04) Les forces de KADHAFI ont utilisé des petits appareils d’épandage de pesticides pour larguer des bombes sur des réservoirs de pétrole à Misrata, détruisant quatre cuves et www.greliermichel.eu
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déclenchant un immense incendie qui se propage à quatre autres. Un hélicoptère du gouvernement avait mené une mission de reconnaissance au dessus du port. (le 07) Les forces de KADHAFI dissimulent des tanks dans des bâtiments et se retranchent dans des quartiers habités de la ville ou près de mosquées, rendant impossible à l’OTAN toute riposte sans prendre le risque de faire des victimes parmi la population civile. (le 08) Djalou est une petite localité proche d’importants gisements pétroliers, une oasis dans le désert libyen, aux environs d’Adjabiah. Les forces loyales l’ont attaqué. (le 07) Les choses vont se compliquer entre la Libye et la Tunisie. Quatre blessés libyens ont succombé à leurs blessures à l’hôpital tunisien de Tataouine. Le surveillant général de l’hôpital fait état de plus de 340 blessés libyens transférés dans cet établissement sanitaire. Il a lancé un appel à l’aide car l’hôpital n’a une capacité que de 220 lits. Les réfugiés fuyant les combats continuent d’affluer au poste‐frontière de Dhiba au rythme de 1.600 personnes en moyenne par jour. (le 05) Le poste frontalier de Dhéhiba/Wazen fait l’objet d’affrontements violents depuis plusieurs jours. Des obus de mortiers sont tombés près de Dhéhiba, en Tunisie. (le 07) Les Turcs commencent à se fâcher. La Turquie a fermé temporairement son ambassade à Tripoli pour des raisons de sécurité. Le personnel de l’ambassade a gagné la Tunisie. Le consulat de Turquie à Benghazi reste ouvert. L’ambassade de Turquie à Tripoli était chargée des intérêts des Etats‐Unis, de la Grande‐Bretagne et de l’Italie. (le 02) Recep Tayyip ERDOGAN a appelé KADHAFI à quitter « immédiatement » le pouvoir. Cette déclaration marque un durcissement d’Ankara. (le 03) De son côté… L’OTAN a bombardé (12 missiles recensés) des positions des forces libyennes près de Zentane, détruisant au moins 10 chars et véhicules. (le 02) Des avions de l’OTAN ont frappé les forces gouvernementales dans le secteur de Misrata, où le bombardement incessant depuis 36 heures du port a cessé. Le port est toujours fermé, ce qui empêche le ravitaillement par la mer de la ville assiégée. Un bateau chargé d’aide attend au large l’arrêt des bombardements et le déminage des accès au port. (le 02) Rinaldo VERI, vice‐amiral italien, est le commandant du volet naval des opérations de l’OTAN. Il assure que la guerre n’est pas dans l’impasse et que l’alliance parvient lentement à ses objectifs. Il explique qu’après avoir détruit les premières lignes de KADHAFI, l’OTAN prend pour cibles ses lignes de ravitaillement, ses dépôts de munitions, sa logistique et ses lignes de communication. Rinaldo VERI note que l’éparpillement des forces de KADHAFI et le fait qu’elles se camouflent rendent plus difficile leur localisation. (le 03) www.greliermichel.eu
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L’OTAN annonce avoir effectué 149 sorties le 06 mai dont 56 d’attaque. Depuis le 31 mars, ce sont 5.510 sorties qui ont été effectuées dont 2.204 d’attaque. (le 07) Thomas, tu te rappelles que les pays qui ont mis en application les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU ont formé un « Groupe de contact » politique. Oui, c’est au moment où l’OTAN a pris le relais pour la partie militaire. Exact. Ce Groupe de contact se pose la question de l’aide financière à apporter aux insurgés. Le Groupe de contact sur la Libye s’est réuni à Rome pour trouver les moyens de financer la rébellion qui évalue ses besoins à 2 Mia euro pour payer les soldes des insurgés, la nourriture, les médicaments et d’autres fournitures de base. Pour l’aide humanitaire aux civils, les pays participants ont promis 170 Mio euro, mais le financement de l’insurrection est une affaire plus délicate. (le 05) Le Groupe de contact a convenu de créer un fonds international auquel le CNT pourrait avoir accès afin de fournir des services de base aux Libyens. Alain JUPPE : « Le mécanisme transitoire de financement sera approvisionné par toutes sortes de dons, prêts et gels des avoirs ». (le 05) Et les diplomates restent actifs. Le gouvernement sud‐africain, à l’origine d’une initiative de paix africaine, a condamné l’attaque meurtrière qui a touché des membres de la famille de KADHAFI. (le 02) De toutes les ambassades des pays de l’UE en Libye, seule celle de Hongrie possède une présence diplomatique à Tripoli et fournit des informations à l’UE. (le 03) La France a décidé d’expulser « 14 ex‐diplomates libyens en poste en France ». (le 06) Comme les pêcheurs. Que dis‐tu là ? Que viennent faire des pêcheurs dans les affaires libyennes ? Je t’explique… Sur le port de Sète, sept thoniers‐senneurs battant pavillon libyen achèvent leurs préparatifs pour l’ouverture de la pêche au thon rouge le 15 mai. Six d’entre eux sont gérés par deux armateurs français qui ont monté des sociétés communes avec des Libyens, dont une au moins appartient à l’un des fils KADHAFI. Dans quelques jours, ils devraient appareiller pour le golfe de Syrte où les thons rouges adorent se réunir pour forniquer par dizaines de milliers. Compte tenu des troubles en Libye, ces bateaux n’auraient jamais dû participer à la pêche cette année. (le 05) Des bateaux de pêche sont parfois utilisés à d’autres usages que de capturer des poissons. Ils servent de moyens de transport pour aller d’Afrique vers l’UE. A ce propos… La Commission européenne fait un point complet de la situation des flux migratoires. Elle évoque la situation en Méditerranée et ce qu’elle a fait jusque là pour répondre à la crise. Elle s’interroge pour savoir si elle est pleinement équipée pour réagir aux flux migratoires et sur les mesures concrètes qu’elle peut envisager. Parmi ces mesures, le contrôle aux www.greliermichel.eu
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frontières et la gouvernance de Schengen, la dimension extérieure, la politique de visas et les relations à long terme avec le sud méditerranéen, les migrations légales et l’intégration, l’asile. Elle termine en citant toutes les initiatives qu’elle a engagées pour répondre à cette communication. Neuf mesures concernent la traversée des frontières extérieures et la mobilité ; neuf mesures concernent les déplacements et la façon de vivre dans un espace sans frontières internes ; six mesures concernent la fourniture d’une protection internationale aux personnes qui en ont besoin ; et huit mesures concernent l’approche globale des migrations. (le 04) Et pendant ce temps… Des garde‐côtes et des policiers italiens ont secouru 400 clandestins originaires de l’Afrique subsaharienne dont l’embarcation, en provenance de Libye, suite à une avarie, avait heurté des rochers au large de Lampedusa. (le 08) Quelques nouvelles de France. L’Assemblée nationale a adopté le texte du programme de stabilité 2011‐2014 que le Sénat avait approuvé le 27 avril. La France s’y engage à revenir à 3% de déficit public en 2013. Le document va être transmis à la Commission européenne. (le 02) Les députés ont engagé l’examen du projet de loi qui vise à inscrire dans la Constitution française le retour à l’équilibre des comptes publics. Comme toute modification de la Constitution, elle doit être adoptée dans les mêmes termes par l’Assemblée et le Sénat, puis soumise à référendum – peu probable ‐ ou au vote du Parlement réuni en Congrès. Au Congrès, la modification devra recueillir la majorité des trois cinquièmes des suffrages exprimés, ce qui obligera la majorité à obtenir le soutien de voix de l’opposition. La gauche a réaffirmé son opposition à cette réforme. Le vote solennel sur l’ensemble du texte est prévu pour le 10 mai. (le 03) Quelques nouvelles des compétiteurs du grand jeu de 2012 en commençant par le sortant. Nicolas SARKOZY affirme ne rien renier de son programme de 2007 et ne rien redouter à un an de la présidentielle, en dépit d’une popularité au plus bas quatre ans après son arrivée au pouvoir. « Plus le temps passe, plus je me sens indépendant de mes amitiés, de mes fidélités, et serein face à l’adversité ». (le 03) Alain JUPPE et Claude GUEANT se sont dits confiants dans la candidature de Nicolas SARKOZY à sa propre succession. Eric BESSON s’est aussi montré optimiste à ce sujet. Quant au principal intéressé, il joue les « coquets » : « Je suis le dernier à pouvoir exprimer quelque désir que ce soit quant à la prochaine élection présidentielle. Je suis président. J’exerce la fonction, j’ai donc un devoir que n’ont pas les autres. Cela s’appelle la servitude du pouvoir. Je n’ai pas le droit de me livrer à des calculs si loin d’une échéance qui n’est pas encore dans la tête des Français ». (le 04) Cela ressemble étrangement à du DSK‐FMI. Pour Alain JUPPE, la candidature de Nicolas SARKOZY c’est un « secret de Polichinelle ». Pendant ce temps, dans la vitrine d’en face, la casserole marseillaise est sur le feu. www.greliermichel.eu
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La commission d’enquête du PS sur sa fédération des Bouches‐du‐Rhône a entamé ses auditions. La commission, composée de huit membres et présidée par Alain RICHARD, doit entendre 90 élus, cadres, secrétaires de section et militants. Parmi les sujets abordés figurent le découpage des secteurs, la transparence dans l’organisation des votes et l’attribution des cartes de militants. Certains élus, Sylvie ANDRIEUX et Eugène CASELLI, ont demandé des auditions en tête‐à‐tête avec Alain RICHARD. Le président de la Région PACA, Michel VAUZELLE, sera entendu à Paris dans quelques semaines. La commission d’enquête doit rendre son rapport le 20 juin. (le 03) Chez les candidat(e)s. Des rumeurs aussitôt formellement démenties sur un éventuel renoncement de Martine AUBRY à se présenter à la primaire socialiste ont couru. Elles témoignent de la nervosité ambiante à un an de l’élection. A l’heure actuelle, sont candidats : Manuel VALLS, Arnaud MONTEBOURG, Ségolène ROYAL et François HOLLANDE. Les prétendants potentiels sont : Martine AUBRY, Benoît HAMON et DSK. (le 03) Arnaud MONTEBOURG ne voit que quatre candidats se présenter in fine au suffrage des électeurs de gauche. Dominique STRAUSS‐KAHN sans doute, François HOLLANDE et Ségolène ROYAL peut‐être, et lui. Il tranche : « Les primaires, ce n’est pas sur les hommes, c’est sur les orientations ». Il veut « parler à l’intelligence des Français ». Il est le tenant d’une « démondialisation » qui protège les plus faibles et relance l’industrie. Il considère DSK comme « un employé du FMI. Il n’est pas le dirigeant du FMI ». (le 03) Nous avons des inclassables, momentanément. Climat apaisé à l’ouverture du procès en appel de Dominique de VILLEPIN (DdV) dans l’affaire dite « Clearstream ». Ce second procès revêt de lourds enjeux politiques, DdV pouvant, s’il se présente à la présidentielle, mettre en péril les chances de réélection de Nicolas SARKOZY. (le 02) A l’extrême‐droite. Marine LE PEN rêve d’affronter DSK ou Nicolas SARKOZY au second tour de la présidentielle. Elle redoute beaucoup plus François HOLLANDE. (le 03) Et à l’extrême‐gauche. Olivier BESANCENOT, du Nouveau parti anticapitaliste (NPA), a annoncé qu’il ne serait pas candidat à la présidentielle. Il l’avait été en 2002 (4,25% des voix) et en 2007 (4,08%). (le 05) www.greliermichel.eu
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Semaine 19 – du lundi 09 au dimanche 15 mai 2011 DSK : l’homme qu’il « ne fallait pas laisser seul dans un hôtel » Thomas est arrivé de bonne heure, tout excité. Qu’est‐ce qui t’arrive ? Tu as entendu, les Américains ont arrêté DSK et lui ont passé les menottes ! C’est fou ! Mais où va‐t‐on ? Calme‐toi un peu, Thomas. Ne te laisse pas emporter par la vague médiatico‐people. Reprends tes esprits et regarde devant toi les différentes dépêches que j’ai réunies. Si tu le veux bien, gardons les faits et leurs conséquences, pas les humeurs. D’accord. Voyons cela. Dominique STRAUSS‐KAHN a été interpellé à l’aéroport international J.F. Kennedy dans l’avion d’Air France qui devait l’emmener vers Paris. Il sera interrogé dans le cadre d’une enquête sur l’agression sexuelle d’une femme de chambre d’un hôtel new‐yorkais. (le 15 mai) Une jeune femme noire, âgée de 32 ans, a affirmé aux autorités qu’on lui avait demandé de faire le ménage dans la suite qu’occupait DSK à l’hôtel Sofitel, en lui précisant qu’elle était vide. Elle était entrée dans la suite et avait été agressée sexuellement par DSK. La femme de chambre dit avoir réussi à se libérer et à s’échapper de la chambre avant de raconter au personnel de l’établissement ce qui s’était passé. La police a été alertée. La femme de chambre a été transportée dans un hôpital afin de recevoir des soins pour des blessures qualifiées de mineures. (le 15) DSK, ayant oublié sur place son téléphone mobile, semble être parti précipitamment vers l’aéroport. (le 15) DSK devait rencontrer ce jour Angela MERKEL à Berlin, puis rejoindre les ministres des Finances de l’UE à Bruxelles les 16 et 17 mai. (le 15) DSK a été officiellement placé en état d’arrestation pour des faits présumés d’agression sexuelle, tentative de viol et séquestration. Il devrait être présenté à un juge qui décidera ou non de le remettre en liberté sous caution. DSK plaide non‐coupable. (le 15) Après les faits, des réactions… Ségolène ROYAL est la première à réagir. Elle juge qu’il serait « indécent de commenter les conséquences » de la « nouvelle bouleversante » et du « choc » que constitue l’interpellation de DSK et rappelle le droit à la présomption d’innocence. (le 15) Martine AUBRY parle d’un « coup de tonnerre » et appelle « à attendre la réalité des faits, à respecter la présomption d’innocence et à tous de garder la décence nécessaire ». (le 15) Bernard TAPIE estime que les accusations visant DSK pouvaient « évidemment » être un coup monté. (le 15) www.greliermichel.eu
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François HOLLANDE, stupéfait, estime qu’il fallait « se garder de toute conclusion prématurée ». Pour lui, il est « trop tôt pour dire » si cette affaire empêchera DSK d’être candidat à l’élection présidentielle. (le 15) François BAROIN, le porte‐parole du gouvernement, estime qu’il faut « être d’une extraordinaire prudence dans l’expression, dans l’analyse, dans les commentaires et dans les conséquences » concernant les accusations visant DSK. (le 15) Marine LE PEN estime que la candidature de DSK à la primaire socialiste pour la présidentielle avait subi « un coup d’arrêt définitif ». (le 15) Après les faits et des réactions, des conséquences… Le FMI a dépêché Nemat SHAFIK, un vice‐directeur général qui supervise ses actions dans plusieurs pays européens, à la réunion de l’Eurogroupe à Bruxelles où il remplacera DSK. Cette réunion devait être consacrée aux difficultés persistantes de la Grèce mais aussi au plan de sauvetage de 78 Mia euro pour le Portugal et aux progrès de l’Irlande. (le 15) DSK ne pourra pas participer au sommet du G‐8, les 26 et 27 mai à Deauville, et sans doute pas non plus à celui du G‐20 début novembre à Cannes. C’est une mauvaise nouvelle pour la présidence française du G‐8 et du G‐20, qui comptait sur son soutien actif. L’Elysée refuse encore de faire le moindre commentaire sur l’affaire DSK, en se retranchant derrière les procédures judiciaires en cours aux Etats‐Unis. (le 15) Voilà pour ce midi. Nul doute que le déchaînement médiatique va suivre dans les jours prochains. Eh bien Michel, je n’en reviens pas. Mon Silvio BERLUSCONI aurait‐il trouvé un maître ? Sache quand même qu’au moment où DSK connaissait le sort que tu sais, l’Elysée faisait cette communication officielle… L’élection présidentielle se déroulera les 22 avril et 06 mai 2012. Les élections législatives se dérouleront les 10 et 17 juin 2012. (le 11) Nous reviendrons en France plus tard. J’ai des informations sur les théâtres d’opérations de la démocratie, comme la Tunisie, ou de la lutte contre les autoritarismes, comme la Syrie ou le Yémen. Les autorités intérimaires tunisiennes, qui peinent à rétablir l’ordre, sont mises sous pression par la reprise des manifestations à Tunis. Un couvre‐feu est entré en vigueur le 07 mai. Une instabilité à long terme pourrait résulter des élections prévues le 24 juillet car la crainte existe que la Tunisie soit mal préparée à un scrutin démocratique. Le mouvement Ennahda, plus mobilisé et mieux organisé que les autres partis, pourrait être favorisé par une courte période préélectorale. (le 13) L’Italie a livré à la Tunisie quatre vedettes rapides destinées à renforcer le contrôle des côtes tunisiennes pour lutter contre l’émigration illégale vers l’Europe. L’Italie a prévu d’octroyer à la Tunisie des « matériels, véhicules et autres équipements » pour une valeur de 80 Mio euro ainsi qu’une ligne de crédit de 150 Mio euro pour aider la Tunisie à relancer son économie. (le 13) www.greliermichel.eu
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Le couvre‐feu a été sensiblement allégé dans la région de Tunis, de minuit à 04 heures du matin, au lieu de 21 h à 05 h. (le 14) Je vois que tu as prévu les informations sur les émigrés, les migrants, et les réfugiés. Après l’information sur l’Italie et la Tunisie, c’est normal et évident. Le Haut commissariat aux réfugiés des Nations unies (UNHCR) tentait de confirmer le sort des passagers d’un navire qui transportait près de 600 personnes tentant de fuir la Libye et qui aurait fait naufrage au large. Des migrants partis peu après à bord d’un autre bateau ont rapporté avoir vu le bateau se briser et aperçu des corps qui flottaient. (le 09) Au moins trois autres embarcations qui ont quitté la Libye fin mars ont disparu et plusieurs centaines de personnes auraient péri en mer. Le HCR a précisé avoir signalé aux garde‐côtes italiens que deux bateaux transportant respectivement 320 et 360 migrants avaient disparu. Les autorités italiennes ont dit ensuite n’avoir pu obtenir aucune information. (le 09) L’UNHCR a appelé les pays européens à intensifier les efforts pour secourir les migrants qui tentent de fuir les violences en Libye. La porte‐parole du HCR juge que les autorités européennes patrouillant en Méditerranée ne devraient pas attendre de recevoir des signaux de détresse des bateaux pour intervenir. (le 10) La police italienne a escorté un bateau transportant 218 Tunisiens sur l’île de Lampedusa. Et des Africains qui fuyaient la Libye par la mer ont rejoint la Sicile. (le 14) Le nombre de migrants actuellement sur l’île de Lampedusa est de 1.800. Depuis le début de l’année, plus de 35.000 Africains, dont 24.000 clandestins venus de Tunisie, ont atteint les côtes italiennes. (le 14) Roberto MARONI estime que l’accord conclu avec la Tunisie pour stopper l’afflux de migrants semblait porter ses fruits. Sur les 1.300 personnes qui viennent d’arriver à Lampedusa, on ne compte que 200 migrants venant de Tunisie. L’Italie et la Tunisie ont conclu un accord début avril pour donner des permis de séjour temporaires aux Tunisiens déjà arrivés, mais pour expulser ceux qui viendront par la suite. (le 14) Une importante activité des Nations unies est de s’occuper des réfugiés. L’UNRWA est l’agence onusienne chargée des réfugiés palestiniens. L’UNRWA s’occupe de 470.000 réfugiés ; elle gère 15 écoles et une demi‐douzaine de dispensaires et centres sociaux. L’UNWRA est empêchée de se rendre dans les camps syriens de Deraa et Homs. Son aide est donc suspendue vis‐à‐vis de 50.000 personnes : 10.000 à Deraa, 17.000 dans les zones environnantes et 22.000 à Homs. (le 11) Quoi de neuf en Libye ? Misrata et son port restent l’un des seuls points où la situation évolue. www.greliermichel.eu
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Misrata est au bord de l’asphyxie et les insurgés ne peuvent plus tenir qu’un mois. Des navires transportant des aliments, de l’eau et du matériel médical arrivaient entre deux et cinq fois par semaine. Depuis deux semaines, ils ne viennent plus qu’une fois par semaine, en raison du pilonnage du port. (le 09) Depuis le 02 mai, ce sont 30 cibles militaires gouvernementales qui ont été frappées à Misrata. (le 10) Les rebelles affirment avoir gagné du terrain en repoussant les forces de KADHAFI aux extrémités est et ouest de la ville et en les encerclant dans l’aéroport où elles se trouvaient. Selon un porte‐parole des insurgés : « Nous continuons à gagner du terrain mais le problème c’est que nous ne parvenons pas à conserver le zones dont nous prenons le contrôle ». (le 11) Peut‐être un tournant majeur dans la bataille qui se déroule à Misrata. La rébellion contrôlerait totalement l’aéroport. (le 11) Parmi les autres opérations entre Libyens. Cinquante‐sept membres des forces fidèles à KADHAFI ont été tués et 17 véhicules militaires détruits lors d’importants combats à l’ouest de d’Ajdabiah. (le 09) Plus de 200 soldats des brigades pro‐KADHAFI ont tenté de pénétrer en territoire tunisien à bord de 50 véhicules 4x4. Interceptés par les unités de l’armée tunisienne, ils ont regagné leur caserne. Ces brigades projetaient de contourner les insurgés pour récupérer le poste‐
frontière de Dehiba en passant par le territoire tunisien. (le 15) Trois officiers pro‐KADHAFI ont fait défection et sont arrivés au port tunisien de Zarzis, proche des côtes libyennes. (le 15) Les activités aériennes de l’OTAN La Norvège va réduire sa participation à la campagne de frappes aériennes après le 24 juin. La décision définitive n’est pas prise pour ce qui se passera après cette date. La ministre de la défense a précisé que les chasseurs F‐16 norvégiens avaient largué 289 bombes au cours de 315 missions et que le coût total de cette contribution devrait atteindre 33,25 Mio euro contre 8,9 Mio prévus initialement. (le 09) Des avions de l’OTAN ont bombardé un dépôt d’armes dans le Djebel Nefoussa, appelée aussi Montagnes de l’Ouest, au sud‐est de Zentane. En un mois, plus de 40.000 Libyens ont fui le Djebel Nefoussa. (le 09) Quatre sites ont été frappés par l’OTAN dont un centre de contrôle et de commandement au cœur de Tripoli. Un premier chargement d’aide militaire américaine « non‐létale » est arrivé à Benghazi : des repas, des fournitures médicales, des bottes et des équipements de protection personnelle. (le 10) www.greliermichel.eu
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Les avions de l’OTAN ont bombardé une caserne et des radars dans la localité de Boukamache, à 17 km de la frontière avec la Tunisie. (le 15) Sans oublier cet aspect diplomatique. Catherine ASHTON annonce que l’UE envisage d’ouvrir un bureau à Benghazi pour faciliter l’aide au CNT mis en place par les rebelles. (le 11) Après la Libye c’est de Syrie dont il est question. Et cela ne s’arrange pas du tout pour les manifestants. Les forces de sécurité ont arrêté plusieurs centaines de personnes dans tout le pays. Les arrestations, menées immeuble par immeuble, visaient les organisateurs des manifestations et les participants. (le 09) Le bilan de la répression fait état de 621 civils et de 120 militaires tués. (le 09) Le cheikh Ahmed el TAÏEB qui dirige la plus haute autorité de l’islam sunnite en Egypte, l’institution Al Azhar, a demandé à Bachar al ASSAD de « s’abstenir de faire couler le sang de son peuple, de cesser de s’en prendre aux civils et de mettre fin au siège que ses forces imposent à un certain nombre de villes syriennes ». (le 09) La Syrie n’a pas autorisé l’accès d’une mission d’évaluation humanitaire onusienne à Deraa. (le 10) Pour l’Organisation nationale syrienne pour les droits de l’homme, 757 civils ont été tués depuis le début de la contestation. Des milliers d’arrestations ont eu lieu et 9.000 personnes sont toujours détenues. (le 10) Des chars et des soldats sont entrés dans plusieurs localités de Deraa, à Inkhil, Dael, Jassem, Sanamein et Nawa. Des tirs nourris ont été entendus. (le 10) Les puissances occidentales n’arrivent pas à savoir qui a donné l’ordre de tirer sur les manifestants, Bachar al ASSAD ou son frère Maher, chef de la 4ème division mécanisée et commandant de la garde républicaine, ou son beau‐frère Assef CHAOUKAT, chef d’état‐
major adjoint de l’armée. En adoptant des sanctions contre 13 de ses proches sans nommer Bachar al ASSAD, l’Occident semble toujours être d’avis qu’il est un réformateur dont la bonne volonté est mise à mal par ses proches. (le 10) Sur la liste des personnalités visées par les sanctions de l’UE figure Rami MAKHLOUF. C’est un cousin de Bachar al ASSAD. Il possède notamment Syriatel, la principale société locale de téléphonie mobile. Il est aussi très présent dans le pétrole et les BTP. Les manifestants le considèrent comme un symbole de la corruption. L’UE considère officiellement qu’il « finance le régime, autorisant la violence contre les manifestants ». (le 10). Le frère de Rami MAKHLOUF est le chef de la police secrète. (le 11) www.greliermichel.eu
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L’armée a bombardé plusieurs quartiers d’habitation de Homs. Méthodique, la façon de procéder est à chaque fois la même. La ville est assiégée, coupée du monde, privée d’électricité et de télécommunications. Des tireurs embusqués prennent pour cible ceux qui s’aventurent dehors. Parallèlement, les forces de sécurité procèdent à des arrestations, opérant immeuble par immeuble. (le 11) Certains opposants ont perdu l’espoir de voir le mouvement de contestation dans leur pays parvenir à renverser le régime de Bachar al ASSAD. (le 11) Des chars ont bombardé des quartiers résidentiels à Harra (treize personnes tuées) et à Homs (cinq morts). (le 11) A Banias, 300 personnes ont été remises en liberté et les services de base ont été rétablis. Les chars demeurent déployés dans les grandes rues de la ville. (le 11) Les forces de sécurité ont ouvert le feu sur des milliers de manifestants dans plusieurs villes du pays, faisant au moins six morts en ce jour de grande prière hebdomadaire, trois à Homs, deux à Damas et une dans un village près de Deraa. (le 13) Le Haut Commissariat aux droits de l’homme des Nations unies estime que la répression de la vague de contestation a fait jusqu’à 850 morts et entraîné plusieurs milliers d’arrestations. (le 13) Plus de 500 Syriens, fuyant les violences, ont franchi la frontière pour se réfugier au Liban. Parmi eux quatre blessés. (le 14) L’armée a bombardé la ville de Tel Kelakh, proche de la frontière libanaise, tuant au moins sept civils. Les comités locaux de coordination indiquent que les blessés n’ont guère accès aux soins par ce que le principal hôpital de la ville est bouclé par les forces de sécurité et que la principale route menant au Liban est bloquée. (le 15) Une dernière information du Moyen‐Orient où la situation est complètement bloquée au Yémen. Le Qatar a décidé de cesser sa médiation pour tenter de mettre un terme à la crise politique au Yémen. Il rend Ali Abdullah SALEH responsable de l’impasse. (le 13) Le retour en France… Ah ! Respirer le bon air de nos provinces et écouter les doux propos de nos hommes et femmes politiques. Suite à une demande des autorités judiciaires françaises, les députés européens ont levé l’immunité de Bruno GOLLNISCH afin qu’une plainte pour incitation à la haine raciale puisse être examinée. Ils ont estimé que l’affaire n’est pas liée à ses activités en tant que parlementaire européen mais plutôt à son rôle de conseiller régional de Rhône‐Alpes. (le 10) Le parquet général de la cour de cassation a saisi la commission des requêtes de la Cour de justice de la République d’éventuels faits d’abus d’autorité concernant Christine www.greliermichel.eu
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LAGARDE dans l’affaire Tapie. Son entourage estime qu’il s’agit d’une étape normale de la procédure. Bernard TAPIE : « Je vous confirme, quitte à vous décevoir, que toutes les gesticulations n’ont pas le pouvoir d’inverser le cours de la décision. C’est un arbitrage en dernier ressort. Qu’on arrête ces fantasmes ». (le 10) L’Assemblée nationale a adopté (321 pour et 229 contre) le projet de loi constitutionnelle sur l’équilibre des finances publiques, destiné à introduire une « règle d’or » budgétaire dans la Constitution. Le Sénat doit examiner ce texte à partir du 14 juin. (le 10) Nicolas SARKOZY a rappelé à l’ordre Laurent WAUQUIEZ, ministre des Affaire européennes, à l’origine d’une vaste polémique de quatre jours sur le RSA (Revenu de solidarité active). Le 08 mai, Laurent WAUQUIEZ avait proposé que les bénéficiaires du RSA fassent gratuitement 5 heures par semaine de tâches d’intérêt général. (le 11) J’ai hâte d’être à lundi prochain pour savoir si la justice américaine va dévorer DSK tout cru. Salut et merci. www.greliermichel.eu
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Semaine 20 – du lundi 16 au dimanche 22 mai 2011 Historique : Elisabeth II s’incline à Dublin Bonjour Thomas, tu me parais moins énervé que la semaine dernière. Oui, la pression est un peu retombée, mais la curiosité reste aussi grande. Tu as certainement noté plein de choses dont beaucoup m’avait échappé. Je vais te décevoir, mais tu dois retenir cette curiosité débordante. Je fais partie de ces Français qui en redemandent. C’est un événement exceptionnel ! Je ne suis pas d’accord avec toi et avec ces Français que tu cites. Vous me rappelez les chasses à courre. Quand la bête est traquée, encerclée, que la meute des chiens aboie autour d’elle, on sonne l’hallali. Dis‐moi, Thomas, seras‐tu de ceux qui vont administrer le coup de grâce ? Beuh… Ecoute Thomas, face à ton événement exceptionnel, je te propose un événement historique que ton événement exceptionnel a gommé. Je te demande d’imaginer la scène… Au début d’une visite d’Etat historique, la reine Elisabeth II a rendu hommage aux Irlandais tombés en combattant pour l’indépendance de l’Irlande vis‐à‐vis de la Grande‐
Bretagne, geste de réconciliation difficile à imaginer voici encore peu. Elle a déposé une gerbe au Jardin du souvenir de Dublin. Cette visite est la première d’un monarque britannique depuis l’accession de l’Irlande à l’indépendance, en 1921. Le « God Save the Queen » a retenti dans l’un des principaux sanctuaires irlandais. (le 17 mai) Elisabeth II a accompli un geste diplomatique fort en visitant Croke Park, qui fut le théâtre du « Bloody Sunday » de 1920. Elle a pénétré dans le stade par la porte Hogan, du nom d’un joueur tué lors de ce dimanche sanglant. Elle fut accueillie par une fanfare et des danseurs traditionnels. Elle s’est entretenue avec des sportifs irlandais. Quatorze civils, dont l’un était âgé de 10 ans, trouvèrent la mort lorsque les forces britanniques ouvrirent le feu dans le stade, le 21 novembre 1920, au lendemain de la mort de 14 agents des services britanniques de renseignement. Ce drame a fait de Croke Park, haut lieu des sports gaéliques, un symbole du nationalisme irlandais. (le 18) Et tu dis que c’est historique ? Oui Thomas, c’est vraiment historique. A son échelle, cet événement marque la réconciliation entre deux Etats, le Royaume‐Uni et la République d’Irlande. Je compare cette démarche politique et humaine à la réconciliation franco‐allemande. C’est aussi important que cela ? Oui, ça l’est. Peut‐être verras‐tu, ou tes enfants, la réunification de l’Irlande, l’Eire et l’Ulster ne formant plus qu’un seul pays, qu’un seul Etat. C’est déjà vrai au rugby. Dans le tournoi des Six nations, les Irlandais font déjà équipe commune. D’accord c’est historique, mais tu ne m’empêcheras pas de constater que les sportifs sont plus rapides à la détente que les politiques. Je te l’accorde. Et je t’emmène vers nos destinations hebdomadaires, là où du sang coule pour la démocratie naissante. En commençant par la Syrie. www.greliermichel.eu
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Au moins quinze chars se sont déployés autour d’Arida, dans une zone rurale proche de la frontière libanaise, où se concentre la répression contre les manifestations. (le 16) « Une journée de punition pour le régime », c’est un appel à la grève générale pour le 18 mai lancé par l’opposition. (le 17) Des chars ont pris d’assaut la ville de Naoua (80.000 habitants, à 60 km de Deraa) après l’avoir assiégée pendant trois semaines. (le 17) L’armée a bombardé Talkalakh (environ 70.000 habitants, à la frontière avec le Liban), tuant au moins huit personnes. Le bilan après cinq jours de siège est d’au moins 34 morts. (le 19) Les forces de sécurité ont ouvert le feu sur les manifestants dans plusieurs villes, tuant au moins 27 personnes. La répression du régime de Bachar el‐ASSAD a fait plus de 850 morts depuis le début des manifestations à la mi‐mars. Des milliers de personnes ont également été arrêtées. (le 20) Les forces de sécurité ont tué au moins trois personnes et en ont blessé plusieurs dizaines d’autres en ouvrant le feu sur une procession funéraire organisée à Homs. Des dizaines de milliers de personnes participaient à ces funérailles. (le 21) L’Observatoire syrien pour les droits de l’homme a dit être en possession des noms de 863 civils tués par les forces de sécurité lors des manifestations en divers points du pays depuis le début du mouvement de protestation. Il fait aussi état de dizaines de disparus présumés morts. (le 22) Cette semaine, en Libye, il y a plusieurs secteurs d’information : les combats et les événements proprement libyens, les opérations de l’OTAN qui continuent, un « coup de canon » à KADHAFI de la part de la Cour pénale internationale, et de la diplomatie. Les combats qui se sont déroulés près de Zentane, tenue par les insurgés, en disent peut‐
être plus long sur l’avenir de la Libye que sur l’état actuel du pays. Ce qui a débuté comme une opération des insurgés pour couper une route empruntée par les troupes de KADHAFI a tourné à des combats entre rebelles et habitants de la région. Les insurgés ont reconnu qu’ils n’avaient pas seulement affronté les hommes de KADHAFI mais aussi la population d’un village, Riaïna, qui est fidèle au régime libyen. Si la cohabitation entre clans rivaux n’est pas possible, l’insurrection contre KADHAFI risque de basculer dans un conflit tribal. La Libye compte plus de 140 tribus et clans, qui constituent l’assise de la société, en l’absence presque totale d’une vie politique et d’une société civile. KADHAFI a édifié un système fondé sur les privilèges et les solidarités tribales, favorisant une tribu aux dépens de l’autre pour gagner à lui des fidèles. (le 16) Choukri GHANEM, président de la compagnie pétrolière libyenne (NOC, National Oil Co.) et ministre libyen du Pétrole, a franchi la frontière avec la Tunisie et a fait défection. (le 17) Les forces de KADHAFI bombardent des villes et des villages pour tenter de prendre le www.greliermichel.eu
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contrôle des zones de montagne du Djebel Nefoussa. (le 18) Le Comité international de la Croix‐Rouge (CICR) déclare que les combats de Misrata font des victimes parmi les personnels de santé. Le Croissant‐Rouge libyen fait état de trois ambulances touchées par des tirs, d’une infirmière tuée, d’un patient et de trois volontaires blessés. (le 18) Les rebelles ont un nouvel objectif, après la défection de Choukri GHANEM : représenter la Libye lors de la prochaine réunion de l’OPEP, le 08 juin à Vienne. (le 18) Le « coup de canon » annoncé… Luis MORENO‐OCAMPO, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), a demandé l’émission de mandats d’arrêt internationaux contre KHADAFI, son fils Seif al‐
Islam, et le chef des services de renseignement Abdullah al‐SANOUSSI pour crimes contre l’humanité. Des magistrats doivent à présent évaluer s’il existe des preuves confirmant ces chefs d’accusation avant de lancer des mandats d’arrêt internationaux. La Libye, n’ayant pas signé le traité instituant la CPI, n’a aucune obligation d’arrêter les trois suspects. (le 16) Le parquet de la CPI a adressé une lettre de mise en garde aux autorités libyennes, les menaçant de poursuites si elles tentaient de couvrir les crimes perpétrés par les forces pro‐
KADHAFI. Le parquet souligne dans sa lettre avoir juridiction en Libye, après le vote du Conseil de sécurité de l’ONU le 26 février pour porter le cas de ce pays devant la CPI. (le 18) Des canons aux avions de l’OTAN… Utilisant les fréquences de la radio militaire, l’OTAN s’adresse aux forces de KADHAFI en leur disant que des mercenaires étrangers violent leur population et en les incitant à cesser les combats. (le 16) L’OTAN a renforcé ses bombardements sur Tripoli, dans le but apparent d’affaiblir le régime et potentiellement viser KADHAFI lui‐même. (le 17) L’armée britannique a bombardé l’immeuble abritant l’agence de renseignement libyen à Tripoli, ainsi qu’une base d’entraînement des gardes du corps qui assurent la protection des dignitaires du régime. Les deux sites ont été ciblés par des chasseurs‐bombardiers Tornado et par des missiles Tomahawk tirés depuis le sous‐marin Triumph. (le 17) L’OTAN a décidé d’intensifier ses opérations de guerre psychologique, en larguant des tracts, pour tenter de convaincre les troupes pro‐KADHAFI de déposer les armes. Les messages conseillent aussi aux troupes du régime de se tenir à l’écart « de tout équipement militaire » qui pourrait être pris pour cible par les frappes aériennes de l’OTAN. (le 18) Des avions de chasse de l’OTAN ont bombardé les ports de Tripoli, d’Al Khoms et de Syrte coulant huit navires. L’OTAN a frappé des bateaux que la Libye utilise dans le conflit, www.greliermichel.eu
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notamment pour tenter de miner le port de Misrata. L’OTAN a aussi intercepté un pétrolier dont la cargaison semblait destinée aux forces gouvernementales. (le 20) Depuis qu’elle a pris les commandes de l’offensive aérienne, l’OTAN a effectué plus de 7.500 sorties, dont près de 3.000 pour des frappes. (le 21) Retour au calme dans les bureaux feutrés des diplomates. La Russie propose le déploiement en Libye d’une force de maintien de la paix de l’ONU et de l’Union africaine pour tenter de mettre fin au conflit en cours. (le 20) Le Sénégal a décidé de reconnaître la légitimité du CNT (Conseil national de transition). (le 20) Après la France, l’Italie, le Qatar et la Gambie, l’UE a établi officiellement des relations diplomatiques avec le Conseil national de transition (CNT) libyen en ouvrant une représentation à Benghazi. Catherine ASHTON en a inauguré les bureaux. Catherine ASHTON est, à ce jour, la représentante étrangère de plus haut rang à se rendre à Benghazi. (le 22) Dis‐moi, est‐ce que son bureau est à ce point « tristounet » qu’elle est si souvent sur le terrain ? Il est vrai que ses bureaux n’ont rien à voir avec les « ors de nos palais nationaux », mais je crois qu’il est nécessaire qu’elle soit présente en première ligne, et visible. Et elle le sait. Les choses semblent se gâter entre les forces libyennes et tunisiennes sur leur frontière commune. La Tunisie a menacé de saisir le Conseil de sécurité de l’ONU si l’armée libyenne ouvre de nouveau le feu en direction du territoire tunisien. (le 18) Deux informations sur la Tunisie. Le couvre‐feu a été totalement levé dans la région de Tunis. En revanche, l’état d’urgence instauré lors des troubles qui ont précédé la chute du régime BEN ALI est maintenu. (le 18) Juan MENDEZ est le rapporteur spécial des Nations unies contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. Il a dénoncé la persistance d’abus commis par des agents de sécurité après la chute du régime BEN ALI. Il a fait état d’environ 300 morts et de plus de 700 blessés durant le soulèvement populaire. Il a déploré que « des cas de tortures sous BEN ALI dont j’ai pris connaissances sont parmi les plus cruels et les plus sombres que j’ai jamais entendus même dans mon pays (l’Argentine) ». (le 21) Au Yémen, cela continue de coincer et l’air ambiant y devient irrespirable. Un responsable de l’opposition rapporte que le secrétaire général du CCG (Conseil de coopération du Golfe) leur a déclaré qu’Ali Abdallah SALEH avait accepté de signer, le 22 www.greliermichel.eu
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mai, un accord de transition, sans aucune modification. (le 19) L’opposition a signé un accord destiné à mettre fin à la crise politique qui traverse le Yémen en accordant l’immunité au président SALEH, ce qui lui permettrait de ne pas être poursuivi en justice, s’il accepte de quitter le pouvoir. Cinq membres de l’opposition ont signé cet accord en présence des ambassadeurs des Etats‐Unis, de l’Union européenne, de la Grande‐Bretagne ainsi que du secrétaire général du CCG, Abdoulatif al ZAÏANI. (le 21) Des hélicoptères de l’armée ont évacué les ambassadeurs des Etats‐Unis, de pays européens et d’Etats du Golfe qui étaient bloqués dans l’ambassade des Emirats arabes unis à Sanaa, celle‐ci ayant été encerclée par des partisans du président SALEH. Ils ont été conduits au palais présidentiel pour assister à la signature, par des dirigeants du parti au pouvoir, d’un accord prévoyant la démission du président SALEH dans les 30 jours. Ces dirigeants ont été montrés en train de signer l’accord, le président SALEH et l’ambassadeur des Etats‐Unis derrière eux. Ali Abdullah SALEH, refusant une ratification « à huis clos », n’a pas signé l’accord, ce qu’il était censé faire. (le 22) Deux minutes de silence, une pour ce que nous venons de quitter, et une pour ce que nous abordons. … Pourquoi tu me regardes ainsi ? Tu repenses à mes propos sur la chasse à courre ? Thomas, avant d’ouvrir ce dossier, je souhaite te soumettre ce texte de Jean QUATREMER. J’ai surligné les passages qui m’ont paru importants et prémonitoires. Merci. Le 09 juillet 2007, Jean QUATREMER avait écrit quelques phrases à propos de celui qui n’était alors que le candidat de la France à la tête du FMI : « Le seul vrai problème de STRAUSS‐KAHN est son rapport aux femmes. Trop pressant, il frôle souvent le harcèlement. Un travers connu des médias, mais dont personne ne parle (on est en France). Or, le FMI est une institution internationale où les mœurs sont anglo‐saxonnes. Un geste déplacé, une allusion trop précise, et c’est la curée médiatique ». Des affirmations qui s’appuyaient évidemment sur des faits et des témoignages. Jean QUATREMER fut immédiatement accusé d’avoir franchi la « ligne rouge », de violer la « vie privée » des politiques. Curieusement, la révélation par le Wall Street Journal, en octobre 2008, de la courte relation sexuelle que DSK a eue avec l’une de ses subordonnées n’a pas éveillé l’appétit de la presse française pour la « vie privée » de DSK. Cette tolérance des médias à l’égard de DSK est d’autant plus sidérante qu’une autre affaire, cette fois de tentative de viol, l’incriminait gravement, celle dont aurait été victime, en 2002, Tristane BANON qui, sur pression de sa mère, n’avait pas porté plainte. Jean QUATREMER reprend quelques cas où le tabou a joué : la fille naturelle de François MITTERRAND ; la fille du ministre syrien de la Défense maîtresse de Roland DUMAS ; la séparation en pleine campagne électorale de Ségolène ROYAL et François HOLLANDE. Pour Jean QUATREMER, le journaliste est paralysé quand on est dans le soi‐disant domaine de la « vie privée ». Il estime irrecevable cet argument : la vie privée doit être étroitement circonscrite aux relations entre adultes consentants et à condition qu’il n’y ait ni harcèlement, ni abus de pouvoir de quelque nature que ce soit, c’est‐à‐dire absence d’un possible délit pénal. Elle doit être aussi respectée lorsqu’il n’y a pas d’interférence entre la www.greliermichel.eu
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sphère privée et publique. (le 19) Maintenant ouvrons le dossier et voyons ce qui lui arrive, un peu comme dans un film. D’après ses avocats, DSK « nie » l’ensemble des faits qui lui sont reprochés et a l’intention de se défendre avec vigueur dans cette affaire. (le 16) Melissa JACKSON, juge au tribunal pénal de Manhattan, a refusé la remise en liberté sous caution de DSK et décidé son placement en détention jusqu’au 20 mai, date d’une nouvelle comparution. Le procureur adjoint, John McCONNELL, avait requis le placement en détention, en faisant valoir que les fonctions de DSK, patron du FMI, l’amenaient à quitter les Etats‐
Unis. « Il n’a pratiquement pas d’avantage à rester dans ce pays et tous les avantages à partir. S’il allait en France, nous n’aurions pas de mécanisme légal pour garantir son retour » aux Etats‐Unis. (le 16) Melissa JACKSON est habituée des affaires impliquant des célébrités américaines. Elle est diplômée de l’école de droit de Forham et de l’université de Pennsylvanie. Elle a été substitut du procureur à Brooklyn pendant 22 ans, avant sa nomination en 2003 au tribunal pénal de Manhattan par le maire de New York, Michael BLOOMBERG. En vertu de la législation de l’Etat de New York, les juges doivent tenir compte d’un ensemble de facteurs (caractère de l’accusé, ses ressources financières, ses antécédents judiciaires, la solidité des éléments à charge) pour décider d’accorder ou non une libération sous caution. Dans l’affaire DSK, Melissa JACKSON a estimé que le risque de le voir fuir à l’étranger était trop grand pour accepter de le libérer sous caution. Elle a affirmé que le cas Roman POLANSKI n’avait pas joué dans sa décision. (le 17) Rikers Island, où DSK a passé sa première nuit dans une cellule individuelle, est un énorme complexe pénitentiaire connu pour être le théâtre de violences. C’est l’une des plus grandes prisons des Etats‐Unis. Il ne sera pas en contact avec les autres prisonniers puisqu’il prendra tous ses repas seul dans sa cellule. Chaque fois qu’il en sortira, il sera escorté par un gardien. (le 17) Benjamin BRAFMAN est l’avocat de DSK. C’est une des plus grosses pointures du barreau de New York. Juif orthodoxe, fils de victimes de l’Holocauste, Benjamin BRAFMAN a grandi à New York. Diplômé de l’Ohio Northern University College of Law, il a été procureur adjoint à Manhattan au milieu des années 1970 avant de se spécialiser dans la défense des clients tombés dans la disgrâce et dont les dossiers faisaient les grands titres de la presse. (le 18) Jeffrey SHAPIRO, l’avocat de la victime présumée, a écarté toute idée d’affabulation ou de relation sexuelle consentie. La jeune femme est arrivée aux Etats‐Unis en 2004 en provenance de Guinée « dans des circonstances très difficiles » avec sa fille alors âgée de huit ans. Le père de l’enfant est mort, la mère et sa fille n’ont pas d’autres parents aux Etats‐Unis. Elle ne « peut pas rentrer chez elle », dans le quartier du Bronx, « ni revenir à son travail au Sofitel ». (le 18) Deuxième nuit à Rikers pour DSK. En raison de sa notoriété, il est détenu dans une cellule individuelle d’une aile spéciale de la prison, pour le prémunir d’une éventuelle agression www.greliermichel.eu
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de codétenus. DSK a, par ailleurs, été placé par précaution sous surveillance anti‐suicide, jour et nuit, après un examen psychologique pratiqué sur chaque détenu à son arrivée. Il n’est pas tenu de porter l’uniforme de la prison. Il peut choisir ses vêtements, à l’exception des chaussures qui doivent toujours être dépourvue de lacets. Il a accès dans la journée à une pièce où il peut regarder la télévision, y compris les informations. (le 18) Michael OBUS, juge au tribunal pénal de Manhattan a accepté de remettre en liberté DSK sous caution d’un million de dollars et assignation à résidence, 24 heures sur 24, dans un appartement de New York où il sera sous la surveillance constante de gardes armés. DSK devra en outre souscrire une assurance de cinq millions de dollars (3,5 Mio euro). DSK a auparavant été formellement inculpé dans l’affaire de tentative de viol et d’agression sexuelle présumée. Cette inculpation formelle signifie que le « grand jury », composé de citoyens, a estimé que l’accusation a rassemblé suffisamment de preuves pour renvoyer DSK devant un tribunal. (le 19) La sortie de prison de DSK a pris du retard en raison de difficultés de dernière minute. L’administration pénitentiaire a expliqué que DSK sortirait après dépôt de la caution et de la garantie bancaire fixées par la justice, représentant un total de six millions de dollars (4,2 Mio euro), et une fois les diverses formalités administratives accomplies. Le juge Michael OBUS a reçu la caution et la garantie bancaire. La difficulté restante est la résidence new‐yorkaise, louée par Anne SINCLAIR, où devait séjourner DSK. (le 20) Anne SINCLAIR avait loué un appartement dans le très chic quartier de l’Upper East Side mais les habitants de l’immeuble se sont opposés à la venue de DSK, redoutant le tourbillon médiatique qui entoure le célèbre accusé. Après avoir dormi en prison quatre nuits, DSK a été transféré à l’Empire Building, un gratte‐ciel de 20 étages situé dans le quartier financier de Manhattan. Les conditions de la libération conditionnelle se traduisent maintenant par le port d’un bracelet électronique, la surveillance jour et nuit par au moins un garde armé, alarmes et caméras vidéos aux portes extérieures de l’appartement. DSK n’a pas le droit de quitter son logement. Cette situation ne devrait durer que quelques jours, en attendant que sa famille et ses avocats aient trouvé un hébergement permanent. Alors, DSK n’aura le droit de sortir de chez lui que pour se rendre au tribunal ou chez ses avocats, pour consulter un médecin ou se rendre à un service religieux hebdomadaire ; tout déplacement devra être signalé six heures à l’avance. (le 21) Les frais de surveillance sont évalués à 200.000 US$ par mois et c’est DSK qui doit payer la facture. (le 22) Quelques estimations politiques… Nathalie KOSCIUSKO‐MORIZET (NKM) : que la France est victime de l’affaire DSK en termes d’image. (le 16) Alain JUPPE : que l’inculpation de DSK est « un événement de très grande portée. Il demande aussi : « Ne préjugeons pas de l’enquête ». (le 16) Claude GUEANT : qu’une confirmation de l’inculpation de DSK serait « très grave, y www.greliermichel.eu
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compris pour l’image de la France ». (le 17) Des organisations féministes déplorent d’avoir observé en France « une fulgurante remontée à la surface de réflexes sexistes et réactionnaires ». Elles rappellent : « le viol et la tentative de viol sont des crimes ». Elles citent les propos tenus par Jack LANG, le 16 mai, : « Il n’y a pas mort d’homme ». (le 21) Le chapitre DSK/FMI va se refermer définitivement. L’euro a reculé brièvement après l’arrestation de DSK, mais cette baisse est restée limitée, les marchés estimant que cela aurait peu d’impact sur la crise de la dette en Europe. (le 16) La pression monte pour que DSK présente sa démission du FMI. Maria FEKTER, ministre autrichienne des Finances : « il doit arriver à comprendre qu’il fait du tort à l’institution ». Elena SALGADO, ministre espagnole des Finances : « Si je devais témoigner ma solidarité à quelqu’un, ce serait envers la femme qui a été agressée » si les faits sont confirmés. (le 17) Le conseil d’administration du FMI a tenté d’entrer en contact avec DSK pour déterminer s’il entendait se maintenir à son poste pendant le cours de l’instruction ou s’il comptait se retirer. (le 18) DSK a démissionné de son poste de directeur général du FMI. (le 19) On dit qu’une française serait bien placée pour succéder à DSK. C’est exact. Parmi les successeurs possibles, figurent au moins quatre Européens dont Christine LAGARDE et l’ancien patron de la Bundesbank, Axel WEBER. Christine LAGARDE est pressentie, mais elle est menacée par l’affaire Tapie. Le journal économique allemand Handelsbaltt annonce le soutien d’Angela MERKEL, « mais aucune décision n’a été prise ». Christine LAGARDE a des atouts pour une éventuelle désignation. Comme femme, elle peut effacer l’image laissée par DSK. Comme européenne, elle permettrait au continent de conserver la direction du FMI. Surtout, Christine LAGARDE est l’une des actrices majeures des négociations impliquant le FMI : la crise des dettes européennes et la réduction des déséquilibres économiques et financiers mondiaux. Elle connaît tous les dirigeants qui choisiront le prochain directeur du FMI et a vécu longtemps aux Etats‐Unis. Deux problèmes pourraient lui barrer la route. D’abord, les accusations contre DSK pourraient disqualifier une candidature française. Enfin, l’enquête pour « abus d’autorité » demandée contre elle par le procureur général de la Cour de cassation dans l’affaire Tapie. Dans cette affaire, trois magistrats doivent rendre leur réponse à la mi‐juin sur l’attribution de 285 Mio euro d’argent public à Bernard TAPIE, en compensation d’un manque à gagner présumé sur la revente d’Adidas, autorisée par Christine LAGARDE à la suite d’une procédure d’arbitrage contestée. (le 19) L’autre chapitre qui se referme définitivement s’appelle « Elysée 2012, élection présidentielle, primaires du PS ». www.greliermichel.eu
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Martine AUBRY a réitéré son appel à « l’unité, la responsabilité et la combativité » des socialistes, pour être « au rendez‐vous de 2012 », à l’issue du bureau national du PS. (le 17) Intentions de vote des sympathisants de gauche aux primaires socialistes, selon un sondage Opinionway‐Fiducial pour Le Figaro et LCI. Si le premier tour avait lieu dimanche prochain (le 22 mai 2011), François HOLLANDE aurait 49% des voix (+12 points par rapport au mois d’avril), Martine AUBRY 27% (‐8 points), Ségolène ROYAL 12% (‐1 point), Arnaud MONTEBOURG 7% (‐3 points) et Manuel VALLS 5% (inchangé). Face à un choix plus large, les sondés optent à 45% pour François HOLLANDE, 24% pour Martine AUBRY, 9% pour Ségolène ROYAL, 9% pour Bertrand DELANOË, 5% pour Manuel VALLS, 5% pour Arnaud MONTEBOURG et 3% pour Laurent FABIUS. (le 18) Dis‐moi, tu me surprends à utiliser un sondage d’opinion dans ta suite d’informations. Pourquoi ici et maintenant ? Thomas, tu te rends compte que notre « Landerneau » politique a été bousculé par cette disparition brutale de DSK du paysage médiatico‐politique national. Je suis persuadé que même les abstentionnistes professionnels et les pêcheurs à la ligne du dimanche d’élections ont reçu l’information, l’ont analysée et se sont déterminés pour l’avenir. Je n’utiliserai, ici, un nouveau sondage que si l’ensemble du paysage doit être resitué… en tenant compte que ce ne sont que des sondages, valables aujourd’hui, obsolètes demain, quasi inutiles ensuite. www.greliermichel.eu
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Semaine 21 – du lundi 23 au dimanche 29 mai 2011 Le G‐8 de Nicolas SARKOZY à Deauville : du vent et de la marche à pied Encore un de tes titres à sous‐entendus ? Oui et non, Thomas, mais tu as l’esprit mal tourné ce midi. J’ai simplement regardé des images de l’événement sur le site du Conseil de l’UE et j’ai vu tous ces personnages les cheveux au vent et pressant le pas vers leurs différents lieux de réunions. C’est vrai que les drapeaux n’indiquaient pas une gentille brise, mais plutôt un vent bien établi. Et de quoi s’agissait‐il dans cette bonne ville aux planches fameuses ? Deauville va accueillir, les 26 et 27 mai, le sommet du G‐8 au cours duquel les principales puissances mondiales se pencheront sur les conséquences du printemps arabe et la sûreté nucléaire. Pendant le sommet Nicolas SARKOZY aura des entretiens bilatéraux avec Barack OBAMA, Dmitri MEDVEDEV et David CAMERON. (le 23 mai) La déclaration finale du G‐8 dit : « M. KADHAFI et le gouvernement libyen ont failli à leur responsabilité de protéger la population libyenne et ont perdu toute légitimité. Il n’a aucun avenir dans une Libye démocratique et libre. Il doit partir ». (le 27) Et entre ces deux informations, qu’est‐ce qu’ils ont fait ? La Tunisie est invitée au sommet des pays les plus riches de la planète. Les troubles qui ont accompagné la révolution ont coûté à l’économie plus de 2 Mia US$ (1,4Mia euro), soit 4% du PIB. Principal pourvoyeur de devises, le tourisme, qui emploie environ 400.000 personnes et contribue à 6,5% du PIB, a chuté de plus de 40% au niveau des entrées et des recettes. Cette situation fait planer la menace de l’aggravation du chômage. La crise en Libye, premier partenaire économique arabe de la Tunisie avec des échanges annuels estimés à 2 Mia US$, est venue accentuer les difficultés. (le 24) A Deauville, les membres du G‐8 ont annoncé une aide totale de 20 Mia US$ (14 Mia euro), en provenance de différentes banques mondiales de développement, pour soutenir la transition démocratique en Egypte et en Tunisie. La Banque européenne d’investissement (BEI) doit contribuer à hauteur de 3,3 Mia euro à l’enveloppe globale. Les dirigeants du G‐8 ont élaboré un projet de recentrage de la Banque européenne de reconstruction et de développement (BERD), initialement créée pour aider les pays de l’Europe de l’Est après la chute du mur de Berlin, en direction du monde arabe. (le 27) Les membres du G‐8 ont proposé une aide financière globale de 40 Mia US$ (28 Mia euro) a déclaré Jalloul AYED, le ministre tunisien des Finances, à Deauville. C’est Nicolas SARKOZY qui a fait cette annonce lors d’une réunion avec Béji Caïd ESSEBSI et Essam CHARAF, Premiers ministres en Tunisie et en Egypte. (le 27) Le G‐8 a lancé le « partenariat de Deauville » pour soutenir la transition démocratique dans les pays du « printemps arabe ». L’aide totale devrait atteindre 40 Mia US$ (28 Mia www.greliermichel.eu
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euro) pour la Tunisie, l’Egypte, et les pays qui leur emboîteraient le pas. La Tunisie et l’Egypte étaient conviées à Deauville, ainsi que les représentants de la Ligue arabe, des Nations unies, de la Banque mondiale et du FMI. (le 27) La Tunisie a fait savoir au G‐8 qu’elle avait besoin de 25 Mia US$ sur cinq ans alors que l’Egypte a réclamé de 10 à 12 Mia US$ pour tenir jusqu’à la mi‐2012. Dans un rapport remis aux participants du G‐8, le FMI a chiffré à 160 Mia US$ les besoins de financement des pays non exportateurs de pétrole du Proche‐Orient et d’Afrique du Nord pour les trois années qui viennent. Le FMI a indiqué qu’il était en mesure de débloquer de l’ordre de 35 Mia US$ pour stabiliser les économies de ces pays mais que le reste devrait être apporté par la communauté internationale. La Banque mondiale a pour sa part annoncé une nouvelle enveloppe de six milliards pour la Tunisie et l’Egypte. (le 27) Pour contribuer à la transition démocratique en Tunisie et en Egypte, une aide globale de 40 Mia US$ est engagée. Les banques multilatérales contribueront pour 20 Mia US$, les pays du Golfe pour 10 Mia US$ et la France engagera un milliard euro, annonce Nicolas SARKOZY. (le 27) Thomas, pourquoi as‐tu sorti ces deux feuilles de la pile consacrée au G‐8 ? Parce que c’est amusant de voir des à‐côtés d’un événement aussi sérieux avec des personnalités aussi importantes, dans des décors si officiels. Je te lis la première… Carla BRUNI‐SARKOZY a affiché sa grossesse à Deauville. Elle est apparue en robe blanche légère, mains sur le ventre et s’est prêtée au jeu des photographes. J’ajoute ces informations « people »… Carla BRUNI sera mère pour la seconde fois, elle a un fils de 9 ans, Aurélien. Nicolas SARKOZY sera père pour la 4ème fois, il a trois fils de deux mariages successifs : Louis a 14 ans, Pierre en a 26 et Jean 25 ans. (le 26) L’autre, mais c’est… Berlusconi ! Les déclarations de Silvio BERLUSCONI à un Barack OBAMA médusé, lors d’une suspension de séance du G‐8, sur la « dictature des juges » en Italie, suscitent embarras et polémique en Italie à deux jours d’élections locales délicates pour le « Cavaliere ». Le numéro un de la principale formation de l’opposition, Pierluigi BERSANI a ironisé, se demandant si Silvio BERLUSCONI avait demandé une intervention de l’OTAN contre les juges italiens. (le 27) C’est la fin de cette pile, mais il y en a encore beaucoup d’autres sur ta table. Qu’est‐ce que cela signifie ? Que l’actualité de la semaine part dans beaucoup de directions, tout en restant dans nos cibles habituelles. Alors, tu vas trouver le Yémen, la Libye, l’Egypte, le PS, Martine AUBRY, François HOLLANDE, l’UMP, Nicolas HULOT, des centristes, Marine LE PEN, Georges TRON, DSK, Dominique de VILLEPIN, et pour finir Christine LAGARDE. Mais je commence par la Syrie parce que c’est le pays dont la situation me révulse le plus. www.greliermichel.eu
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Ammar KARABI, de l’Organisation nationale pour les droits de l’homme en Syrie annonce que le bilan de la répression atteignait les 1.062 morts. (le 24) Les forces de sécurité ont tiré à balles réelles sur des centaines de manifestants à Deraa. Des manifestations qui ont lieu le soir, désormais, à Deraa et dans d’autres villes, pour mieux échapper, à la faveur de l’obscurité, à l’important dispositif de sécurité. (le 26) Les forces de sécurité ont ouvert le feu contre plusieurs manifestations en divers endroits du pays, tuant au moins huit personnes, trois à Qatana, quatre à Dael, et une près de la frontière libanaise. (le 27) Des soldats appuyés par des blindés sont intervenus à Rastan, Talbisseh et Teir Maaleh, localités situées près de Homs, tuant au moins cinq personnes et en blessant de nombreuses autres. Toutes les routes reliant ces villes ont été coupées, ainsi que les télécommunications. Les forces de sécurité ont par ailleurs ouvert le feu sur des manifestants en divers endroits du pays. (le 29) La réaction de l’UE paraît si illusoire face à ces massacres. L’UE a décidé de sanctionner personnellement Bachar al ASSAD après la répression des manifestations par les forces de sécurité, qui aurait fait plus de 900 morts. Neuf membres de son gouvernement et de son entourage sont aussi sanctionnés. Cela porte à 23 le nombre des dirigeants dont les avoirs dans l’UE sont gelés et qui sont interdits de visa. (le 23) Thomas, si la répression syrienne m’écœure, la situation au Yémen m’inquiète de plus en plus. Les forces de sécurité ont affronté à Sanaa des membres d’une des plus importantes tribus du pays, les Hachid, qui a rejoint l’opposition au président SALEH. Au moins six personnes ont été tuées et 25 blessées dans les combats. (le 23) Le mouvement de contestation contre le président SALEH se durcit. Des combattants membres d’une des plus grandes tribus du pays ont bloqué l’accès à des bâtiments gouvernementaux et barricadé des rues, affrontant les forces gouvernementales. La décision du cheikh Sadeq al HAMAR, chef de la tribu des Hachid, d’impliquer ses hommes dans le conflit renforce la pression contre le président SALEH, et pourrait entraîner une confrontation encore plus meurtrière entre les milices tribales fortement armées et les troupes pro‐SALEH. (le 24) Les affrontements à Sanaa, ont fait au moins 38 morts, 24 membres de la tribu et 14 soldats. Une vingtaine de personnes étaient toujours portées disparues. (le 25) Au moins 28 personnes ont été tuées alors que les affrontements s’intensifient entre les forces gouvernementales et les combattants tribaux. Le bilan reste d’au moins 109 morts à Sanaa depuis le 23 mai. (le 26) Les combats qui faisaient rage à Sanaa depuis cinq jours se sont étendus au‐delà de la www.greliermichel.eu
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capitale, les forces tribales s’emparant d’une caserne de la Garde républicaine dans des affrontements qui ont faits des dizaines de morts et provoqué des bombardements de l’aviation gouvernementale. Si jusqu’à présent, les unités militaires d’élite, commandées par des proches parents du président SALEH, lui sont restées fidèles, l’escalade avec les tribus pourrait menacer cet état de fait : en vertu des codes d’honneur traditionnels, les chefs de tribu peuvent déclarer leurs ordres supérieurs à tout autre, contraignant potentiellement les soldats de ces unités d’élite à choisir entre la fidélité à leur clan et la fidélité à leur chef militaire, ce qui pourrait susciter des défections. Les tribus de la confédération des Hashid tiennent les leviers de l’économie et du gouvernement. L’autre grande confédération, celle des Bakil, basée dans le sud, compte un bien plus grand nombre de tribus, mais moins de pouvoir politique et économique et beaucoup moins de cohésion. La plupart des tribus se sont déjà retournées contre SALEH. (le 27) La Neuvième brigade de la Garde Républicaine a fait défection dans le sud et rejoint l’opposition. La Garde Républicaine, unité d’élite du président SALEH, dirigée par l’un de ses fils, lui reste pour le moment loyale. (le 29) Au‐delà de cette situation sur le terrain et les nombreuses victimes, c’est la stabilité du pays à terme qui justifie des questions. Le Yémen sert de refuge aux activistes d'Al Qaïda parmi les plus déterminés et les plus ingénieux du réseau islamiste et une guerre dans ce pays déjà instable leur offrirait une plus grande marge de manœuvre pour lancer des attaques contre l'Occident. A la faveur d'un conflit ouvert entre le président SALEH et les tribus qui s'opposent à lui, Al Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa) pourrait ainsi remobiliser le réseau islamiste après la mort d’Oussama ben LADEN. Certains experts estiment qu'Aqpa ne compte pas plus de 300 membres qui n'ont rien à voir ni avec le mouvement essentiellement issu de la jeunesse qui exige le départ d'Ali Abdallah SALEH, ni avec les combattants tribaux. Aqpa a pourtant une importance internationale puisqu'il regroupe des activistes audacieux, qui n'hésitent pas à mener des opérations à l'étranger, à concevoir et dissimuler des bombes perfectionnées, ni à diffuser une propagande sur internet pour inciter d'autres extrémistes à commettre leurs propres attentats. Ce groupe mène ces opérations à partir de caches situées dans des régions reculées des provinces de Chaboua, Abyan, Djouf et Marib et sa liberté d'action risque de grandir si les services de sécurité sont confrontés à des troubles politiques. Un effondrement total de l'Etat aggraverait une quantité de problèmes bien plus graves pour les Yéménites que la présence d'Aqpa sur leur sol, notamment la corruption, l'insécurité, le chômage et les difficultés d'approvisionnement en eau. Mais Aqpa est la principale préoccupation des pays occidentaux en matière de sécurité. Certains observateurs mettent toutefois en garde sur le fait que, en cas de départ de SALEH, son éventuel successeur serait soumis exactement à la même pression de la part des pays occidentaux en ce qui concerne la lutte contre Al Qaïda. Dans un pays où l'autorité de l'Etat se limite généralement aux grandes villes et aux grands axes routiers, où les tribus contrôlent les montagnes, les vallées et les déserts, la lutte antiterroriste est une œuvre de longue haleine. (le 29) www.greliermichel.eu
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Ce dossier « Yémen » est refermé. Au tour du dossier « Libye ». Pour continuer de répondre aux besoins humanitaires en Libye, la Commission européenne a décidé d’augmenter son aide de 20 Mio euro. Cela porte le total de l’aide de la Commission à 70 Mio euro. L’aide totale de l’UE approche les 125 Mio euro. (le 23) Sur le terrain… Désormais hors d’atteinte des roquettes des forces de KADHAFI, Misrata tente de retrouver une vie normale après deux mois de siège. Il y a moins de deux semaines, les insurgés ont fini par repousser hors de la ville les derniers éléments des troupes fidèles au régime de Tripoli. Depuis, l’électricité est peu à peu restaurée et nombre de barrages routiers omniprésents ont disparu. L’âpreté des combats a laissé des traces partout dans les rues : carcasses calcinées de chars, bâtiments dévastés, façades criblées de balles, remblais de sable en travers des carrefours. La ligne de front se situe à au moins 20 km de Misrata. (le 23) Les insurgés attendent que les gens de Zlitane, qui sont en train de se soulever, les appellent. Zlitane, sous le contrôle de KADHAFI, est à une cinquantaine de kilomètres à l’ouest de Misrata. Dans le Djebel Nefoussa, les forces kadhafistes ont commencé à bombarder Zentane, contrôlée par les insurgés. L’armée de KADHAFI masse ses troupes près d’Iafrane, à 45 km au nord‐est de Zentane. Leur objectif prévisible est d’essayer d’y pénétrer. (le 23) Chokri GHANEM n’a pas fait défection et travaille en secret pour KADHAFI afin de rester en contact avec les grandes compagnies pétrolières. Une source dans l’opposition libyenne et une autre chez un acteur majeur du secteur pétrolier ont rapporté que Chokri GHANEM avait invité des représentants de compagnies pétrolières à venir le rencontrer en Tunisie pour discuter des contrats d’approvisionnement. Total, Shell, BP, Statoil et OMV, les plus gros investisseurs en Libye, ont démenti des rencontres avec Chokri GHANEM. (le 24) L’élimination de ses rivaux et la concentration des pouvoirs qui ont permis à KADHAFI de se maintenir plus de 41 ans au pouvoir impliquent que sa mort éventuelle entraînerait un effondrement de tout le système politique qu’il a mis en place. Celui‐ci est formé d’un entrelacs d’entités et de structures dont les compétences se chevauchent mais qui ont pour point commun de dépendre du « frère guide » de la révolution et de son clan. (le 25) Le gouvernement de KADHAFI a adressé à plusieurs chancelleries une offre de cessez‐le‐
feu immédiat. L’Espagne en a été destinataire. Les Etats‐Unis ont aussitôt estimé que cette nouvelle offre n’était pas crédible. (le 26) En dépit de l’offre de cessez‐le‐feu immédiat, les forces gouvernementales ont bombardé Misrata avec une violence sans précédent. (le 26) Vingt‐deux militaires, dont plusieurs officiers supérieurs, ont fait défection et se trouvent en Tunisie. Ils sont venus de Misrata à bord de deux petits bateaux. Une dizaine de www.greliermichel.eu
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personnes étaient avec eux, dont deux blessés. Les militaires ont remis leurs armes aux autorités tunisiennes. (le 28) Les forces de KADHAFI ont privé d’électricité une bonne partie du djebel Nefoussa, ce qui risque de les priver d’eau potable. La coupure d’électricité a coïncidé avec une intensification des bombardements nocturnes du centre de commandement des insurgés à Zentane. Les rebelles s’activent à amener des groupes électrogènes de Tunisie afin de pomper l’eau dans les puits, trop profonds pour pouvoir la puiser manuellement. Les centrales électriques sont dans les zones désertiques où sont déployées les forces kadhafistes. (le 29) Dans les airs, des changements tactiques apparaissent. Restant dans la même stratégie, la France va engager des hélicoptères d’attaque dans les opérations de combat. Des Gazelle et des Tigre ont été embarqués à bord du porte‐
hélicoptères « Tonnerre » qui a quitté Toulon. Ces appareils devraient permettre de mieux viser les postes de commandement et les structures de ravitaillement des forces fidèles à KADHAFI. (le 23) Les avions de l’OTAN ont bombardé plusieurs cibles à Tripoli, menant plus d’une vingtaine de frappes, notamment autour du complexe résidentiel de KADHAFI, en moins d’une demi‐heure. Elles visaient un site de stockage de véhicules. (le 24) Nick HARVEY, le ministre britannique des forces armées, a démenti une information de Gérard LONGUET concernant le déploiement d’hélicoptères de combat : « Nous n’avons pas pris de décision, et nous n’avons pas suggéré aux Français que nous avions pris cette décision ». La France a un porte‐hélicoptères sur zone, mais aucun appareil n’a été utilisé pour l’instant. (le 24) Les communications entre Paris et Londres semblent brouillées. Attends la suite… Les avions de l’OTAN ont continué à pilonner Tripoli. Six puissantes explosions ont ébranlé la ville en moins de dix minutes. Ont été atteints un bunker où étaient entreposés des véhicules, un silo de missiles, un centre de contrôle et de commandement et un site de maintenance. (le 25) La Grande‐Bretagne a donné son feu vert pour que l’OTAN fasse appel si nécessaire à ses hélicoptères Apache pour des missions de combat. Quatre appareils sont embarqués sur le HMS Ocean qui croise déjà en Méditerranée. (le 26) Ces Britanniques restent quand même très susceptibles. La Grande‐Bretagne va ajouter des bombes capables de percer des bunkers à l'arsenal dont disposent ses avions. Le secrétariat britannique à la Défense a annoncé que des bombes Enhanced Paveway II, qui pèsent chacune près d'une tonne et sont capables de percer des toits ou des murs renforcés, étaient arrivées à la base aérienne italienne d'où les appareils britanniques décollent pour leurs missions dans le ciel libyen. www.greliermichel.eu
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Al Djazira a diffusé des images de ce qu'elle a présenté comme des militaires étrangers, peut‐être britanniques, sur le terrain, non loin de Misrata. On y voit plusieurs hommes en armes, dont certains portent des lunettes noires et sont coiffés de keffiehs, s'écarter lorsqu'ils comprennent qu'ils sont observés. (le 29) Susceptibles, mais déterminés voire rusés. La dernière info demande à être confirmée. Barack OBAMA a invité le Conseil national de transition libyen à ouvrir un bureau à Washington. Le secrétaire d’Etat adjoint pour les Affaires du Proche‐Orient, Jeffrey FELTMAN, a précisé qu’il s’attendait à ce que le Congrès vote prochainement en faveur d’une utilisation des avoirs du régime KADHAFI gelés aux Etats‐Unis au profit de l’aide humanitaire en Libye. (le 24) Pour hâter une solution au conflit, le ballet diplomatique s’intensifie. Les dirigeants des pays du G‐8 en parleront à Deauville, la Russie devrait présenter un plan de médiation. Jacob ZUMA, le président sud‐africain, se rendra à Tripoli sous l’égide de l’Union africaine pour discuter avec KADHAFI. (le 25) En marge du sommet du G‐8, Moscou a proposé sa médiation pour obtenir le départ de KADHAFI du pouvoir. La Russie a aussi prévenu qu’elle lui refuserait l’asile politique. (le 27) Chez le voisin égyptien Le procureur général, Mahmoud Abdel MEGUIB, annonce qu’Hosni MOUBARAK et ses fils vont être jugés pour la répression mortelle des manifestations. La date du procès n’a pas encore été fixée. (le 24) Les procès pour corruption se multiplient depuis la chute de MOUBARAK, de simples citoyens réclamant justice après des décennies d’un système autocratique qui favorisait une élite. Les militaires au pouvoir sont confrontés à des exigences contradictoires. Les contestataires souhaitent que l’on en finisse avec le système de copinage généralisé mais les investisseurs redoutent toute mesure qui dissuaderait les transactions, aussi honnêtes soient‐elles. Certains résument cette situation par le mot arabe « wasta », qui mêle des notions de népotisme, d’influence et de réseau. Avoir de la « wasta » permettait d’accéder au pouvoir et aux richesses sans être inquiété par la justice. (le 25) En compensation du préjudice financier subi par l’Egypte, un juge a infligé une amende représentant l’équivalent de 63 Mio euro à Hosni MOUBARAK et à deux de ses anciens ministres pour avoir ordonné l’interruption des communications téléphoniques et internet lors du soulèvement populaire. (le 28) A l’ouest de la Libye, il y a la Tunisie Des affrontements ont éclaté dans le camp de réfugiés de Choucha, dans le sud tunisien, près de la frontière libyenne. Ils auraient fait plusieurs morts. Ce camp abrite plus de 3.500 réfugiés africains qui ont fui la guerre en Libye, www.greliermichel.eu
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essentiellement des Erythréens, des Somaliens, des Ivoiriens et des Nigériens qui y sont installés depuis plusieurs mois. Excluant un retour dans leur pays d’origine qui est en guerre ou en crise, ils demandent un asile dans des pays qui veuillent bien les accueillir. (le 24) Michel, faisons‐nous une courte pause, comme les joueurs de tennis à Roland Garros ? Et ensuite, comme eux, changement de côté du filet. Mais ce sera encore à toi de servir. Tu restes amusant. C’est sûrement parce que tu as vu que les affaires extérieures sont finies et que ce qui va venir, ce sont les affaires intérieures françaises. Va pour un moment de calme et un petit café. … Time ! Bien monsieur l’arbitre de chaise. Le projet du Parti socialiste pour l’élection présidentielle, baptisé « Le changement », a été adopté lors d’une convention nationale à Paris, à l’unanimité des 2.000 délégués présents. Martine AUBRY : « Nous sommes prêts ». (le 28) Et dans les roseraies françaises… A Poitiers, Martine AUBRY et Ségolène ROYAL ont participé à la même réunion publique. Cette affiche sonne comme un front commun mettant en scène un premier secrétaire, Martine AUBRY, qui reprocha naguère à son prédécesseur, François HOLLANDE, de lui avoir laissé un parti en mauvais état. A l’approche du dépôt officiel des candidatures à la primaire, une ligne semble se dessiner au PS entre les partisans de François HOLLANDE et les autres, membres officieux d’un courant « Tout sauf HOLLANDE ». Face au duel AUBRY‐HOLLANDE qui semble se profiler pour la primaire, Arnaud MONTEBOURG, également candidat, a des mots durs pour l’un comme pour l’autre. (le 24) Unies et tout sourire, Ségolène ROYAL et Martine AUBRY ont présenté à Poitiers le projet du PS pour 2012, attentives à afficher leur bonne entente. (le 24) Laurent FABIUS a apporté son soutien à Martine AUBRY pour la primaire socialiste, un renfort de poids qui renforce le front en cours de formation contre François HOLLANDE. Laurent FABIUS a choisi d’annoncer sa préférence au moment où Ségolène ROYAL et Martine AUBRY s’affichaient ensemble à Poitiers. (le 24) La recomposition tactique imposée par la chute de DSK se fait sous couvert de la cohésion du PS, mais le duel qui se profile entre Martine AUBRY et François HOLLANDE promet un nouvel affrontement. Laurent FABIUS, qui a pris fait et cause pour Martine AUBRY, a clairement donné le signal : François HOLLANDE doit être neutralisé. Arnaud MONTEBOURG, dont François HOLLANDE est l’une des cibles préférées, pourrait rejoindre Martine AUBRY dans l’hypothèse d’un second tour délicat de la primaire, comme il l’avait fait au congrès de Reims, aux côtés des troupes de Laurent FABIUS et de DSK. (le 25) www.greliermichel.eu
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A 344 jours de l’élection présidentielle, Martine AUBRY a appelé les socialistes à « rester soudés dans l’adversité ». Elle a aussi maintenu le suspense sur son éventuelle candidature à la primaire du PS. (le 28) François HOLLANDE ne goûte guère son nouveau statut de favori dans la primaire socialiste obtenu à la faveur de la chute de DSK. Parti parmi les premiers dans la course, il s'est retrouvé propulsé sans combattre en tête des sondages d'opinion, largement devant Ségolène ROYAL et Martine AUBRY, même si cette dernière n'a pas encore dévoilé ses intentions. Il explique qu’être favori « n'est pas une calamité », qu'il aurait été candidat dans tous les cas de figure, avec ou sans DSK dans la compétition, mais « ça ne m'arrange pas ». François HOLLANDE parle d'une position « précaire » et « même dangereuse ». « Quand vous êtes premier, vous n'avez rien à espérer mais tout à perdre. » (le 29) Une seule info le concernant, il reste discret cet homme‐là. Manuel VALLS n’a pas exclu de participer à la primaire, tout en mettant en garde contre le risque d’un affrontement fratricide. (le 25) Manuel VALLS annonce qu’il serait « sans doute » candidat à la primaire, car il « a envie d’être candidat ». (le 27) En face. Lors de leur Conseil national, François FILLON et les dirigeants de l’UMP ont sonné la charge contre un PS en proie aux affres de l’affaire DSK et privé d’un de ses espoirs pour la présidentielle. De la tribune, François FILLON : « A l’heure où les socialistes se trouvent dans l’obligation de ravaler toutes les leçons de morale qu’ils n’ont cessé de nous adresser, l’UMP débat, l’UMP réfléchit, l’UMP concentre ses forces ». (le 28) En vert ? Drôle de campagne électorale pour Nicolas HULOT, qui caracole en tête des sondages de popularité en France mais doit se battre pour s’attirer la sympathie des militants écologistes. (le 27) C’est bien lui qui fait une campagne à tout casser ? Si tu le vois ainsi. Mercredi 25 mai, Nicolas HULOT arrive de Paris à Toulouse‐Blagnac, tout sourire malgré son bras droit dans le plâtre. « Ca m’est arrivé hier », « triple fracture ! ». Il précise qu’il est « tombé de vélo, à Saint‐Malo, en allant prendre le train pour Paris ». (le 27) Et un candidat toujours en embuscade… Tu parles de Jean‐Louis BORLOO ? La Convention démocrate d’Hervé de CHARRETTE a voté son rattachement à la future confédération des centres, qui pourrait porter la candidature de Jean‐Louis BORLOO à l’élection présidentielle. www.greliermichel.eu
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Après le Nouveau Centre le 07 mai et le Parti radical le 14 mai, cette petite formation vient grossir les rangs de l’alliance. Hervé de CHARRETTE avait quitté en 2009 l’UMP qu’il juge trop à droite. Et il ajoute : « Pour perdre les élections, Nicolas SARKOZY n’a besoin de personne. Pour gagner, il a besoin de nous ». La Gauche moderne de Jean‐Marie BOCKEL se prononcera le 28 mai, avant l’Alliance centriste le 02 juillet. (le 25) A l’occasion d’un passage à Bruxelles, le 24 mai, Marine LE PEN a rencontré Filip DEWINTER, l’un des chefs du Vlaams Belang, le parti flamand d’extrême‐droite qui serait à l’origine du rendez‐vous. Le Front national n’a pas souhaité évoqué les détails de la rencontre mais reconnaît que les idées des deux partis « convergent dans des domaines comme l’immigration, la lutte contre l’insécurité et l’islamisation de l’Europe ». (le 27) Quand des gènes Le Pen ne sont qu’assoupis. Marine LE PEN a demandé la démission de Georges TRON, visé par des plaintes pour abus sexuels de deux femmes. Elle a dit : « Après avoir discuté avec un certain nombre de journalistes, il s’avère que les dérives de M. TRON étaient assez largement connues par le milieu journalistique et le milieu politique ». (le 27) C’est quoi cette affaire ? Le maire de Draveil (Essonne) est sous le coup d’une enquête préliminaire pour agressions sexuelles et viols après que les plaintes de deux anciennes employées municipales soient arrivées au parquet d’Evry. Le maire de Draveil s’appelle Georges TRON, il est aussi secrétaire d’Etat à la Fonction publique. La plainte vise aussi une proche de Georges TRON. (le 25) François FILLON a évoqué avec Georges TRON les « conséquences » de la situation créée par les plaintes déposées contre lui. Dirigeants de l’UMP et membres du gouvernement restaient très prudents, se retranchant derrière la présomption d’innocence. Quant à la suite politique, son avocat dit qu’il « n’entend pas démissionner », et il ajoute : « Si le président de la République ou le Premier ministre manifestent le moindre souhait qu’il quitte le gouvernement, il s’y résoudra immédiatement ». Georges TRON est (ou était, c’est selon les dépêches) un proche de Dominique de VILLEPIN. (le 28) François FILLON annonce que Georges TRON a présenté sa démission dont il prend acte. Selon l’Elysée, c’est François BAROIN qui reprendra les attributions de Georges TRON. (le 29) De Georges TRON à DSK, il n’y a qu’un pas. DSK a écrit aux fonctionnaires du FMI et sa lettre a été publiée sur le site internet de CNN. Il y exprime sa « tristesse et sa frustration » d’avoir dû quitter le FMI « dans de telles circonstances ». (le 23) Des traces d’ADN correspondant à celui de DSK ont été retrouvées sur les vêtements de la www.greliermichel.eu
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femme de chambre qui l’accuse de l’avoir agressée sexuellement. (le 24) DSK a quitté l’appartement qu’il occupait provisoirement depuis sa remise en liberté sous caution. Il est désormais assigné à résidence dans une maison luxueuse d’un quartier chic de Manhattan. Elle a été louée pour 50.000 US$ par mois (35.309 euro). Equipée de cinq chambres, une salle de projection, une salle de gym et une cheminée, elle se trouve près du tribunal où DSK devra se présenter. Les conditions strictes de son assignation restent les mêmes. (le 26) L’employée du Sofitel de New York qui accuse DSK envisage une action au civil en plus de la procédure pénale. Aux Etats‐Unis, au pénal, la culpabilité doit être établie au‐delà de tout doute raisonnable. Au civil, la personne se disant victime d’une agression sexuelle doit simplement apporter plus d’éléments en sa faveur que la défense, ce qui s’appelle prépondérance de preuve. (le 26) Les avocats de DSK ont demandé à TD International, société de consultants de Washington dont le personnel comprend d’anciens officiers de la CIA et d’ex‐diplomates américains, de se joindre à son équipe de défense. Selon les documents du département de la Justice, TD International a accompli en 2007 des tâches de « relations publiques » pour le compte de DSK lorsqu’il était dans la course pour le poste de directeur général du FMI. (le 26) Nicolas SARKOZY estime que l’affaire DSK est « suffisamment triste pour que l’ensemble des responsables politiques essayent de garder de la hauteur de vue et de la dignité ». C’est sa première réaction publique. (le 27) Et maintenant, Thomas, de DSK à DdV. Au procès en appel de l’affaire Clearstream, une peine de quinze mois avec sursis a été requise contre Dominique de VILLEPIN (DdV). On lui reproche un « suivi personnel et secret de l’affaire Clearstream », qui s’est transformé en « dissimulation », une fois la falsification découverte. (le 23) Dominique de VILLEPIN a accusé Nicolas SARKOZY d’avoir inspiré les réquisitions du parquet général au procès en appel dans le dossier Clearstream : « Après six années d’un lynchage politique, médiatique et judiciaire, après avoir été déclaré innocent en première instance, le ministère public persiste et signe ». (le 23) Le procès en appel de Dominique de VILLEPIN s’est achevé et l’arrêt a été mis en délibéré au 14 septembre. L’accusation a demandé 15 mois de prison avec sursis. (le 26) Oh ! un gros dossier pour finir. Oui, j’ai fait le choix de terminer par Christine LAGARDE car il me semble y avoir, dans cette affaire, tant de manœuvres politiques et tant d’intérêts économiques et financiers en jeu, que j’ai pris ma loupe pour suivre les opérations. Vas‐y Sherlock ! Cinq pays émergents – Chine, Inde, Russie, Brésil et Afrique du Sud ‐ ont rédigé un même communiqué disant que la désignation du directeur général du FMI sur la base de la www.greliermichel.eu
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nationalité compromet la légitimité du Fonds. Pour eux, la crise financière a démarré dans les pays développés, elle montre la nécessité de réformer les institutions, et elle a donné aux pays émergents le droit de s’exprimer. (le 24) Christine LAGARDE sera la candidate de l’UE à la direction du FMI. Les Européens n’imaginent même pas que la direction du FMI puisse leur échapper en pleine crise de la zone euro. Un diplomate européen de haut niveau prévient que, après le fiasco DSK et les départs en cours de mandat de l’Allemand Horst KÖHLER et de l’Espagnol Rodrigo RATO, « les Américains ont fait passer le message qu’ils ne voulaient pas d’un candidat qui traîne des casseroles ». C’est quoi ces casseroles ? Une casserole judiciaire dans l’affaire Tapie, déjà évoquée ; et une casserole conflit d’intérêts, qui est une nouveauté. Christine LAGARDE signalait, fin avril (2011), dans sa « déclaration d’intérêt » désormais exigée de tous les membres du gouvernement, avoir investi dans la petite société Applicatour, pour réduire son ISF. Mais elle omettait de préciser que cet éditeur de logiciel était dirigé par Stanislas DROUIN, le fils du patron d’Oséo, la banque publique des PME, placée sous la tutelle de Bercy. François DROUIN avait été nommé à la tête de la banque sur proposition de Christine LAGARDE en novembre 2007. Ce qui pourrait constituer un cas de conflit d’intérêts. Le pari LAGARDE est‐il plus risqué qu’il n’y paraît ? (le 24) Christine LAGARDE : « J’ai décidé de présenter ma candidature à la direction générale » du FMI. Elle précise avoir le soutien de Nicolas SARKOZY et de François FILLON. « Si j’étais élue, j’apporterais au Fonds toute mon expérience d’avocat, de dirigeant d’entreprise, de ministre et de femme ». Elle a tenu à ne se présenter ni comme la candidate de l’Eurogroupe, « ni la candidate européenne », ni même la candidate française. (le 25) Timothy GEITHNER est le secrétaire au Trésor des Etats‐Unis. Il a loué Christine LAGARDE, mais n’a pas apporté son soutien à sa candidature. Pour Timothy GEITHNER, le président de la Banque centrale du Mexique, Agustin CARSTENS, et Christine LAGARDE sont tous les deux des postulants « très compétents ». (le 25) Christine LAGARDE est née le 1er janvier 1956 à Paris. Ancienne championne de natation synchronisée, son curriculum vitae est impressionnant : Institut d’études politiques d’Aix‐
en‐Provence, DESS en droit social à l’université de Paris X‐Nanterre, maîtrise d’anglais, diplôme de la Holton Arms School de Bethesda (Etats‐Unis). Avocate au barreau de Paris en 1981. Elle rejoint, à Chicago, le cabinet juridique international Baker & McKenzie. Elle en gravit tous les échelons, jusqu’à devenir la première présidente du comité exécutif mondial de la firme en 1999, puis présidente du comité stratégique mondial en 2004. En juin 2005, elle quitte cette brillante carrière pour entrer dans le gouvernement de Dominique de VILLEPIN comme ministre déléguée au Commerce extérieur. Elle saura se faire apprécier de Nicolas SARKOZY qui, élu président, la nomme à la tête du ministère de l’Agriculture. Elle y reste à peine un mois : dès le remaniement de juin 2007, elle est promue ministre de l’Economie, en remplacement de Jean‐Louis BORLOO. www.greliermichel.eu
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Néophyte en politique, cette mère de deux enfants, mariée à un chef d’entreprise, a appris très vite son nouveau métier. A l'automne 2008, la crise financière qui éclate dans le sillage de la crise des subprimes donne à Christine LAGARDE la possibilité de démontrer ses qualités de travailleuse acharnée et de pédagogue ainsi que son habileté dans les négociations internationales. Elle porte ainsi les initiatives de la France, alors présidente de l'UE, qui s'efforce d'être un moteur des efforts pour stabiliser et assainir la finance mondiale et faire du G‐20 la nouvelle enceinte de décision économique internationale. Le rôle de Christine LAGARDE est aussi perçu comme prépondérant dans l'élaboration des plans de sauvetage de la Grèce, en 2010, puis de l'Irlande et du Portugal, dont les crises de la dette menacent l'euro. Parfaitement bilingue, cette Française élégante qui assume ses cheveux blancs séduit la presse anglo‐saxonne. En 2009, le Financial Times désigne Christine LAGARDE comme le meilleur ministre des Finances de l'UE, le magazine américain Forbes la classant en 17ème position dans la liste des femmes les plus influentes de la planète. (le 25) L’Inde discute d’une candidature commune aux BRICS – Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud ‐ et aux économies émergentes. Leur candidat pourrait être Agustin CARSTENS. Quelques heures avant la publication de leur communiqué, François BAROIN avait pourtant déclaré que la Chine soutenait la candidature de Christine LAGARDE. Le ministère chinois des Affaires étrangères a dit ne pas avoir de commentaires à formuler à ce sujet. (le 25) Christine LAGARDE : « J’ai reçu un certain nombre de soutiens ». En plus de ceux déjà connus, comme l’Allemagne, le Royaume‐Uni, ou l’Italie, « il en est d’autres, bien au‐delà de l’Europe ». (le 25) Le président de la Commission européenne, José Manuel BARROSO, a immédiatement apporté son soutien à Christine LAGARDE. Pour sa part, Didier REYNDERS, le ministre belge des Finances, qui s’était dit « intéressé » par le poste, a rendu les armes en assurant qu’il y aurait « un consensus en Europe » pour soutenir Christine LAGARDE. Christine LAGARDE devra s’assurer le soutien des Etats‐Unis pour l’emporter lors du vote qui doit désigner le nouveau directeur général du FMI, au plus tard le 30 juin ; ce soutien n’est pas acquis. Les 187 pays membre du FMI participent au scrutin mais leurs voix sont pondérées en fonction de leur participation au capital de l’institution. (le 25) Christine LAGARDE semble proche d’obtenir des soutiens capitaux à sa candidature, comme ceux des Etats‐Unis et de la Russie, après le sommet du G‐8 à Deauville. Elle a prévu de se rendre prochainement au Brésil et en Chine. Nicolas SARKOZY a laissé entendre que Barack OBAMA soutiendrait sa candidature : « Je crois savoir que sa décision est prise et qu’il se réserve le moment opportun pour l’annoncer ». (le 27) Stanley FISCHER est le gouverneur de la banque centrale israélienne depuis 2005. Il est intéressé par la direction générale du FMI dont il fut le numéro deux dans les années 1990. (le 29) www.greliermichel.eu
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Christine LAGARDE a contre‐attaqué dans l'affaire Tapie. Elle estime n'avoir rien à se reprocher et a mis en cause le procureur général de la Cour de cassation, Jean‐Louis NADAL. Sa « saisine de la commission des requêtes ne m'a jamais été communiquée, ce que je trouve assez curieux du point du vue des droits de la défense mais maintenant elle est sortie sur des sites divers et variés. Ça m'a permis de constater que cette saisine était factuellement, pour certains aspects, fausse et juridiquement très curieusement fondée ». (le 29) C’est vrai qu’elle a du charme cette Christine‐là… Thomas, je pense qu’elle peut être aussi une femme redoutable, qui ne manque pas d’ambition. La suite nous le dira. www.greliermichel.eu
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Semaine 22 – du lundi 30 mai au dimanche 05 juin 2011 Les vendredis rouges de sang se poursuivent en Syrie Bonjour, tu as bonne mine. Aurais‐tu fait un super‐long week‐end ensoleillé ? Oui. Et pourtant je ne suis pas allé bien loin, sur la Mer du Nord, côté belge, entre Nieuport et Ostende. Les journées sont de plus en plus longues, le soleil était omniprésent, les températures estivales et le léger vent frais. Tout pour rendre la vie en famille plaisante et reposante. Je suis désolé, Thomas, mais je vais « fracasser » cette bonne humeur. Tout au long de la semaine, le sang a continué de couler en Syrie, et ces victimes font le titre de ma semaine. Alors je te déroule les informations. Pour la première fois depuis le début du mouvement de contestation contre le régime de Bachar el‐ASSAD, des habitants des villes de Talbiseh et de Rastan, qui sont assiégées par l'armée, ont décidé de riposter avec des tirs de fusils automatiques et de grenades RPG. Au moins quatre civils ont été tués. Le bilan de deux jours de répression dans le centre du pays est de 15 morts. (le 30 mai) L'armée a lancé de nouvelles attaques à Rastan. Ces tirs, qui auraient fait un mort et de nombreux blessés, précédaient de quelques heures l'annonce d'une amnistie générale pour tous les prisonniers politiques, décrétée par Bachar el‐ASSAD. Selon la télévision d'Etat, cette amnistie concerne tous les crimes commis jusqu'à la date du 31 mai. Elle concerne en outre les détenus membres de tous les partis politiques, y compris les Frères musulmans, formation interdite. Le décret semble être une nouvelle étape dans les concessions, largement cosmétiques, faites depuis deux mois par le régime syrien. (le 31) L’armée a bombardé Hirak, causant la mort d’au moins huit personnes et a pris le contrôle de la ville. Parmi les victimes, figure un enfant de onze ans, Malak Munir al‐QADDAH, tué par les soldats. (le 01 juin) Bilan : huit morts à Hirak, 20 personnes abattues à Rastan. Plus d’un millier de personnes ont été tuées depuis le début de l’insurrection. (le 01 juin) Nouveau bilan : huit morts à Hirak, 25 à Rastan. Par ailleurs, le régime syrien a libéré plus de 500 prisonniers dont des militants ayant participé aux manifestations. Le gouvernement a ordonné une enquête sur la mort d’un adolescent de 13 ans, Hamza al‐
KHATIB, après l’indignation soulevée par une vidéo montrant son corps mutilé et apparemment torturé. Sur ces images, il apparaît que la jeune victime a le cou brisé. Son pénis apparemment a été sectionné et ses yeux portent des traces de contusions et des marques noires. Des tirs de trois balles ont été à l’origine du décès, selon le médecin qui a examiné le corps. (le 01 juin) Hamza al KHATIB avait disparu lors d'une manifestation le 29 avril à Deraa. Son corps n'a été restitué que le 21 mai à sa famille. Il est devenu en quelques jours le symbole national de la révolte populaire contre le régime de Bachar al ASSAD. www.greliermichel.eu
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Des images difficiles à soutenir de son cadavre mutilé et ensanglanté circulent sur internet. Ces images ont été placardées dans tout le pays par les opposants au régime, lequel nie catégoriquement que la victime ait été torturée, affirmant que le jeune garçon a été tué lors d'un échange de tirs entre bandes armées et éléments de la sécurité. (le 01 juin) Les forces gouvernementales ont tué au moins 15 personnes à Rastan. Au moins 72 personnes ont été tuées dans le secteur depuis le début des violences contre les opposants. Plus de 1.100 personnes ont été tuées et quelque 10.000 autres interpellées depuis le début du mouvement de contestation. On ne faisait pas état de nouvelles protestations à Rastan. Mais l'opposition a appelé à la tenue de nouvelles manifestations vendredi, jour de prière, pour rendre hommage à la trentaine d'enfants tués dans les violences. (le 02) L’armée a pilonné Rastan, procédant à des tirs d’artillerie et de mitrailleuse lourde qui ont fait au moins deux morts. (le 03) Les forces de sécurité ont ouvert le feu à Hama, tuant au moins 27 personnes. Le bilan est passé à 34 morts. (le 03) Au moins 1.270 personnes ont été tuées depuis le début du soulèvement. (le 04) Les forces de sécurité ont ouvert le feu à Jisr al‐Shugour, théâtre d’importantes manifestations dans le nord du pays, tuant au moins six personnes. Par ailleurs, les chars de l'armée ont atteint les faubourgs de Hama. La présence des chars à Hama pourrait suggérer une opération de grande ampleur similaire à celles déjà menées dans les villes de Deraa, Banias et Rastan. (le 04) En plus de la soixantaine de victimes recensées à Hama, on fait état d'un mort à Damas, de deux à Idlib et de sept autres à Rastane. « Cela vaut le coup de noter que Hama et Idlib, où les plus grosses manifestations ont eu lieu, sont deux anciens bastions des frères musulmans », fait valoir un opposant. « Le nombre de gens descendus dans les rues équivaut à un message de la confrérie au régime lui signifiant : 'Désormais nous prenons toute notre part dans la révolution' ». (le 04) Au moins 25 personnes, dont quatre policiers, ont été tuées à Jisr al‐Chughour. A Hama, les chars de l'armée positionnés dans les faubourgs de la ville se sont retirés. Les chars, par ailleurs, ont quitté Dael et Hirak, villes situées près de Deraa. (le 05) Au moins 35 personnes, dont six policiers, ont été tuées à Jisr al‐Chughour, selon un nouveau bilan. (le 05) Quand cela va‐t‐il enfin pouvoir cesser ? Si je me pose la même question que toi, je rajoute comment cela va‐t‐il pouvoir cesser ? Il faudra bien pourtant que cela cesse. Il y en a assez de ces massacres évoqués semaine après semaine. La vie n’a‐t‐elle donc pas de prix là‐bas ? Il me semble que pour les victimes, le prix de leur vie soit le renversement d’un régime autoritaire et sanguinaire, pour leur liberté et leur démocratie. Tu me parais de plus en plus marqué par ces événements en Syrie. C’est vrai. Et ce qui me choque, c’est le silence de nos médias et de nos habituels donneurs www.greliermichel.eu
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de leçons ès démocratie. Est‐ce qu’au Yémen la situation est similaire ? Non, car il semble qu’une roquette bien placée mette en place une porte de sortie que la diplomatie n’avait pas pu proposer. Une roquette ? Oui, je te raconte en dépêches. Les forces de sécurité ont attaqué un campement de manifestants à Taez (sud), et ouvert le feu indistinctement, faisant au moins 20 morts. Taez est un des principaux foyers de la contestation au président SALEH. Les forces de sécurité ont d'abord entrepris de dégager la place où se trouvait le campement au canon à eau et à coups de grenades lacrymogènes et assourdissantes. Des soldats de la Garde Républicaine, des membres des forces de sécurité et des hommes armés en civil ont attaqué les manifestants, tout en incendiant des tentes du campement. D'autres membres des forces de sécurité, aux commandes de bulldozers, ont écrasé des tentes sans vérifier s'il y avait quelqu'un à l'intérieur. (le 30 mai) L'aviation a mené des frappes aériennes sur des positions proches de la localité de Zinjibar (sud), tombée aux mains de plusieurs centaines de militants islamistes extrémistes. Les opposants au président SALEH, dont certains membres de l'armée, l’ont accusé d'autoriser la prise par les islamistes de la localité de Zinjibar afin de montrer qu'il représente, comme il le prétend, un rempart contre Al‐Qaïda et gagner le soutien de pays tels que les Etats‐
Unis. Les islamistes extrémistes qui se sont emparés de Zinjibar ne sont pas membres d'Al‐
Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA), source d'inquiétude majeure pour les Etats‐
Unis. Ils font partie d'un groupe connu sous le nom d'Armée islamique d'Aden‐Abyane, mouvement qui a combattu les forces soviétiques en Afghanistan durant les années 1980 et s'est rangé, à son retour, aux côtés du gouvernement SALEH pour mater le mouvement sécessionniste du sud en 1994. (le 30) Au moins 30 personnes sont mortes, opposants tués par les forces de sécurité à Taëz ou militaires et civils disparus dans les combats pour le contrôle de Zinjibar. Des milliers d'habitants se sont réfugiés à Aden. Environ 300 personnes sont mortes depuis le début de la contestation. (le 30) Selon les informations du haut‐commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, plus d’une cinquantaine de personnes auraient été tuées par les forces pro‐
gouvernementales. (le 31) De violents combats entre les forces gouvernementales et les partisans du plus puissant chef tribal du pays ont repris à Sanaa, mettant fin à un bref cessez‐le‐feu. Lors des affrontements, les troupes gouvernementales ont attaqué la maison de Cheikh Al‐
AHMAR, poussant ses partisans à occuper de nouveau plusieurs bâtiments publics dont ils s'étaient emparés au cours de précédents combats. (le 31) Le Yémen compte trois grands foyers d'affrontements : Sanaa, la capitale ; Taëz, dans le Sud, où les forces gouvernementales ont ouvert le feu sur des manifestants ; et Zinjibar où elles combattaient des activistes d'Al Qaïda et des islamistes. Selon l'armée, 21 militaires ont été tués à Zinjibar ces trois derniers jours. Au total, 320 personnes ont trouvé la mort depuis le début de la contestation, il y a quatre www.greliermichel.eu
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mois. (le 31) Dès avant l’aube, les tirs de la Garde républicaine et les batailles de rue avaient fait 41 morts à Sanaa, tandis que le malaise allait croissant dans les rangs des forces loyalistes fidèles au président SALEH. (le 01 juin) A Sanaa, les forces loyales et des membres armés d’une puissante tribu se sont affrontés toute la nuit, faisant une douzaine de morts et de blessés. (le 02) L'aéroport de Sanaa restait fermé pour éviter que des avions ne soient touchés par des tirs d'artillerie. Selon le ministère de la Défense, l'armée a empêché des milliers de combattants de la tribu de Sadeq al‐AMAR voulant gagner la capitale de percer les lignes gouvernementales au nord de la ville, mais un officier ayant fait défection a déclaré que les combats se poursuivaient à moins de 15 kilomètres de la périphérie nord de Sanaa, ajoutant que les rebelles avaient capturé 30 soldats de la Garde républicaine, avant de les libérer. (le 02) Le président SALEH a été légèrement blessé par des roquettes tombées sur son palais, à Sanaa. Des dizaines de milliers de Yéménites ont assisté aux funérailles de 50 personnes tuées lors de récentes violences dans la capitale. (le 03) Le président SALEH a été conduit dans un hôpital du ministère de la Défense pour y être soigné. (le 03) L'armée a blessé sept personnes au moins en ouvrant le feu sur des manifestants à Sanaa. Plus de 350 personnes ont trouvé la mort depuis le début de la révolte populaire, et au moins 135 d'entre elles ont péri au cours des dix derniers jours. (le 03) Le Premier ministre, son adjoint ainsi que le président du parlement ont été blessés dans l'attaque du palais présidentiel à Sanaa. Quatre membres de la garde présidentielle ont été tués. (le 03) L'entourage du président SALEH a indiqué qu'il avait accepté de se faire soigner en Arabie saoudite mais qu'il se trouvait encore au Yémen. Les combats ont fait 10 morts et 35 blessés dans les rangs tribaux dans le quartier de Hassaba, où se trouve le QG du cheikh Sadeq al‐AHMAR. Cinq hauts responsables de l'Etat blessés lors de l'attaque ont été envoyés en Arabie saoudite pour traitement. Il s'agit du Premier ministre, d'un vice‐Premier ministre, d'un conseiller de sécurité du président et des deux présidents du Parlement. Face à l'aggravation de la situation, l'Allemagne a ordonné la fermeture immédiate de son ambassade au Yémen, dont le personnel va être évacué. Le ministère français des Affaires étrangères a de son côté recommandé à ses ressortissants encore au « Yémen de quitter le pays au plus vite en empruntant les vols commerciaux disponibles », en raison de la « dégradation maintenant très rapide et imprévisible de la situation ». (le 04) Le président SALEH est en route pour l'Arabie saoudite afin d'y recevoir des soins. Un responsable saoudien avait annoncé peu auparavant que l'Arabie saoudite, qui a une www.greliermichel.eu
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frontière commune avec le Yémen, avait servi d'intermédiaire pour la conclusion d'une nouvelle trêve entre la puissante fédération tribale yéménite et les forces fidèles à SALEH. Un chef tribal a annoncé que ses partisans se pliaient à cet accord. Le cessez‐le‐feu paraissait respecté et le calme régnait dans les rues de Sanaa. SALEH aurait reçu un éclat de shrapnel long de 7,6 cm sous la région du cœur et serait brûlé au second degré au thorax et au visage. On ignore qui gouverne le pays si SALEH est effectivement parti. (le 04) Ali Abdallah SALEH est parti avec la plupart des membres de sa famille. Il n'a pas annoncé qu'il quittait le pouvoir en se rendant en Arabie Saoudite, mais on ignore s'il pourra effectivement reprendre ses fonctions. Il refuse pour le moment d'entériner les conditions de départ proposées par les médiateurs du Conseil de coopération du Golfe (CCG). D'après la Constitution, c'est le vice‐président Abed Rabbo Mansour HADI qui doit diriger le pays en son absence. Le vice‐président a rencontré l'ambassadeur des Etats‐Unis. Dans Sanaa, des milliers de manifestants fêtaient le départ d'Ali Abdallah SALEH, chantant, dansant et faisant le « V » de la victoire. Beaucoup arboraient des drapeaux yéménites. (le 05) Chaque minute que passe le président SALEH en dehors du Yémen marque un pas de plus vers la fin de son règne de près de trente‐trois ans. Les informations restent trop parcellaires ou contradictoires pour mesurer la portée exacte de l'événement. On ignore ainsi le degré de gravité de ses blessures, on ne sait pas si ses fils ou neveux, qui commandent la garde républicaine et contrôlent les agences de renseignement et de sécurité du pays, font partie des 35 personnes de son entourage qui ont atterri à Ryad. L'analyste politique Sali Seif HASSAN envisage deux scénarios. Le premier est que les proches du président se précipiteront pour combler le vide laissé par SALEH à la tête de l'Etat, ce qui conduira à de nouveaux combats entre forces loyalistes et milices tribales et renforcera le risque de guerre civile. Le deuxième est que l'Arabie saoudite a peut‐être obtenu un accord qui permettra à SALEH de renoncer au pouvoir tout en sauvant la face. L'issue de la crise dépend en grande partie de la manière dont le puissant voisin saoudien prendra position dans les heures et les jours qui viennent. Premier bailleur de fonds du Yémen, Ryad finance le gouvernement de SALEH, approvisionne l'armée et subventionne les hôpitaux. Quand il est devenu clair, en avril, que les manifestants antigouvernementaux ne renonceraient pas à leur exigence d'un départ du chef de l'Etat, Ryad et ses voisins du Golfe ont mis au point un plan de sortie de crise. Mais SALEH a refusé à trois reprises de le signer. Pourtant, l'Arabie saoudite, qui finance également des tribus pour combattre Al Qaïda, n'a toujours pas pris la décision capitale de couper les fonds, sans doute par crainte de laisser le pouvoir vacant, avec l'incertitude qui en découle. Comme SALEH, le Premier ministre, les présidents des deux chambres du parlement et deux vice‐Premiers ministres ont été blessés dans l'attaque à la roquette, remarquable de précision. Tous étaient réunis dans une mosquée à l'intérieur du complexe présidentiel et seule une information fournie par une personne à l'intérieur a pu aider à les localiser. En d'autres termes, il s'agit d'une tentative d'assassinat. (le 05) Le président SALEH a été opéré dans un hôpital militaire saoudien. Le vice‐président Abd‐Rabbou Mansour HADI, qui assume son intérim en tant que chef de l'Etat et de l'armée, a rencontré les chefs militaires, le fils et les neveux de SALEH qui contrôlent la www.greliermichel.eu
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garde présidentielle et les services de sécurité. Il a demandé au puissant chef tribal Sadek al AHMAR d'observer une trêve et a proposé de retirer les forces gouvernementales du quartier de Sanaa le plus touché par les combats, ainsi que de lever les barrages installés dans la capitale et d'autres villes du pays. La fédération tribale Hached, dirigée par AHMAR, a finalement accepté une trêve d'une journée. Depuis le début de la contestation, la répression des manifestations de rue et les affrontements entre les forces loyalistes et tribales ont fait plus de 400 morts, la moitié ces dernières semaines. (le 05) Toutes ces atrocités font passer au second plan les affrontements et bombardements en Libye. Tu observeras que pour la première fois, cette semaine, ce qui touche au régime KADHAFI est traité différemment de ce qui touche au Conseil national de transition. Qu’est‐ce qu’il faut comprendre ? Que la situation militaire sur le terrain est apparemment stabilisée, que l’OTAN fait donner les hélicoptères de combat en plus des chasseurs bombardiers, et surtout que la diplomatie semble changer de camp. Quand nous pourrons faire passer les affaires du CNT avant celles de KADHAFI, nous serons probablement proches de la fin. Intéressant tout ce que tu me dis là. Voyons… voyons ! Huit officiers ‐ cinq généraux, deux colonels et un commandant ‐ ont donné une conférence de presse pour annoncer leur défection, précisant qu'ils faisaient partie d'un groupe de 120 militaires qui refusaient de continuer à servir KADHAFI contre la population libyenne. Les huit officiers ont dénoncé le meurtre de civils par l'armée et les violences dont sont victimes les femmes. Le général Melud Massoud HALASA a affirmé que dix généraux, au maximum, étaient toujours fidèles à KADHAFI. (le 30 mai) Les défections se multiplient à un rythme soutenu. Neuf militaires, dont un colonel et quatre commandants, sont arrivés en Tunisie. (le 31) Ce qui ressemble à une anecdote est très révélateur de la vie quotidienne sur le terrain. Mohammed avait 45 ans lorsqu'il a fait construire sa maison et a enfin pu quitter l'abri troglodyte où il avait toujours vécu à Zentane, ville du djebel Nefoussa aujourd'hui aux mains des rebelles. La région de Zentane, dans l'ouest de la Libye, est bombardée depuis le début de l'insurrection, en février. Plus de 40.000 personnes ont abandonné le plateau et pris le chemin de l'exode. Depuis une semaine, les tirs d'artillerie se sont rapprochés du centre de la ville. Pour échapper aux bombardements des forces de KADHAFI, ce retraité de la police n'a eu d'autre choix, à 74 ans, que de trouver refuge dans la grotte où il avait passé sa jeunesse. Douze membres de sa famille l'entourent. Avec une impression de retour dans le passé, accentuée par l'absence de courant depuis cinq jours. Ici, plus d'eau courante, il faut aller au puits. On s'éclaire à la bougie. La nourriture est rare, tout comme le carburant. Le seul point de ravitaillement, à la frontière tunisienne, est à plus de 200 kilomètres. (le 31) La commission d’enquête créée en février par le Conseil des droits de l’homme a publié www.greliermichel.eu
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son rapport où il est affirmé que les forces gouvernementales ont commis des crimes contre l'humanité et des crimes de guerre, apparemment suite à des ordres donnés par KADHAFI et d'autres dirigeants. La commission d'enquête, composée de trois membres ‐ l'Egyptien Cherif BASSIOUNI, professeur de droit à l'université DePaul de Chicago, la juriste jordanienne Asma KHADER et le Canadien Philippe KIRSCH, ancien juge de la Cour pénale internationale ‐, a interrogé 350 personnes dans des régions de Libye contrôlées par les forces de KADHAFI ou les rebelles, ou vivant dans des camps de réfugiés dans des pays voisins. Selon les éléments recueillis, de 10.000 à 15.000 personnes auraient été tuées depuis le mois de février et les rebelles ont également commis des actes « qui constitueraient des crimes de guerre ». Elle estime que les forces de KADHAFI ont commis des meurtres, des tortures et des abus sexuels dans le cadre d'une campagne « généralisée et systématique » contre la population civile avant et durant le conflit. Elle souligne que de tels actes peuvent être qualifiés de « crimes contre l'humanité ». Elle a également découvert de « nombreuses violations du droit humanitaire international commises par les forces gouvernementales équivalant à des 'crimes de guerre’ ». La commission pense que les crimes perpétrés par les forces libyennes sont le résultat « de décisions politiques du colonel KADHAFI et de membres de son premier cercle ». (le 01 juin) A Rome, Choukri GHANEM a annoncé sa défection et qu’il soutenait désormais les rebelles. Il a affirmé que les infrastructures pétrolières de la Libye avaient été très endommagées. (le 01 juin) Le colonel Jumaa IBRAHIM, un chef rebelle, a déclaré que ses troupes avaient brisé le siège de Yefren et de Chakchouk, une ville abritant une importante centrale électrique qui alimente un certain nombre de localités dans la région. Il a expliqué que les insurgés avaient libéré les deux villes avant de faire mouvement vers le nord pour affronter les forces gouvernementales dans le village de Bir Ayyad. (le 03) Après les opérations entre Libyens, celles de l’OTAN ? Oui. Anders Fogh RASMUSSEN, le secrétaire général de l’Alliance atlantique annonce que la mission en Libye sera prolongée de 90 jours. L’OTAN a pris les commandes de l’opération le 31 mars et l’utilisation de moyens aériens avait été autorisée pour 90 jours au départ. (le 01 juin) Des hélicoptères de combat français et britanniques sous commandement de l'OTAN sont entrés en action pour la première fois en Libye. Les hélicoptères de combat français Tigre et Gazelle opéraient à partir du bâtiment de projection et de commandement (BPC) porte‐hélicoptères « Tonnerre » en Méditerranée. Ils ont frappé 15 véhicules militaires et cinq bâtiments militaires de commandement. Ils ont essuyé des tirs d'armes légères mais n'ont pas été touchés et ont rejoint sans difficulté le « Tonnerre ». A Londres, le ministère de la Défense a annoncé que des hélicoptères de combat britanniques Apache ont participé à ces attaques, atteignant deux cibles près de Brega. Ils ont frappé une installation radar et un poste de contrôle militaire. Les Apache ont décollé du HMS Ocean stationné au large de la côte libyenne et ont regagné sans encombre le porte‐hélicoptères à l'issue de leur mission. www.greliermichel.eu
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Jusqu'à présent, les bombardements de l'OTAN étaient menés par des avions de combat, opérant généralement vers 4.500m d'altitude. Les hélicoptères d'attaque, plus maniables et évoluant beaucoup plus bas, donnent à l'OTAN un avantage pour le combat rapproché, en frappant des objectifs difficiles à repérer à plus haute altitude. (le 04) L'OTAN a poursuivi ses bombardements, visant des casernes à Tripoli et d'autres cibles militaires à Tajoura, à l'est de la capitale. Par ailleurs, un responsable de l'OTAN a précisé que des Tornado de la RAF avaient tiré à huit reprises sur un dépôt de missiles sol‐air à Tripoli. (le 05) Sur le plan diplomatique, serions‐nous à l’ultime tentative en direction de KADHAFI ? Jacob ZUMA est arrivé à Tripoli pour tenter de négocier un accord de paix avec KADHAFI. Il a été accueilli par un groupe de dignitaires libyens, en l'absence du « guide de la révolution ». C'est la deuxième fois que Jacob ZUMA se rend à Tripoli chargé d'une mission de paix. La première tentative s'est soldée en avril par un échec. (le 30) Jacob ZUMA n'a apparemment pas progressé sur la voie d'un accord de paix lors de ses discussions avec KADHAFI. La télévision libyenne a diffusé des images du « guide », qui n'était pas apparu en public depuis le 11 mai, accueillant Jacob ZUMA. Après les discussions, elle a montré KADHAFI prendre congé de son interlocuteur en brandissant le poing en l'air. Elle a ensuite diffusé des images de Jacob ZUMA montant dans un avion à l'issue de la visite. (le 31) Alors que ce passe‐t‐il de si nouveau du côté du CNT ? Franco FRATTINI a affirmé que Rome avait signé un accord avec les rebelles pour leur fournir une ligne de crédit de plusieurs centaines de millions d’euros. Le géant pétrolier italien Eni et le groupe bancaire UniCredit vont fournir au Conseil national de transition (CNT), « pour les besoins du peuple libyen, une très grande quantité de carburant et une très grande quantité d'argent ». Franco FRATTINI a aussi souligné que des milliards d'euros d'avoirs libyens gelés en Italie pouvaient s'ajouter à ces fonds promis. (le 31mai) Les insurgés portent désormais le fer sur le terrain de l'audiovisuel. « Libya Alhurra » (« Libye libre »), la première chaîne de l'opposition diffusée par satellite, a commencé à émettre. La chaîne est née d'un site de streaming d'enregistrements vidéo lancé sur le web par Zouhair ALBARASI et Mohammed al‐NABBOUS, un homme d'affaires de 27 ans devenu blogueur de la révolution libyenne. Depuis le début du soulèvement, tous deux cherchaient le moyen de montrer aux Libyens et au monde la contestation en marche. Equipés de caméras, ils ont commencé à se rendre sur les lieux des manifestations, bricolé un système satellite et mis en ligne les images sur Internet. Cette course à l'information a été fatale à Mohammed al‐NABBOUS. Le 19 mars, il a été mortellement blessé par balle dans les combats qu'il était en train de filmer à Benghazi. Ce même jour, la ville était sauvée des chars de KADHAFI par les premières frappes aériennes internationales. Le site a cependant continué de fonctionner, diffusant images vidéo et reportages audio en www.greliermichel.eu
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direct du front. Il abrite également un forum qui rassemble des Libyens, dont des expatriés, ainsi que des étrangers qui soutiennent la cause, en anglais et en arabe. Mais dans un pays où l'accès à Internet a été sérieusement réduit, la portée de cette Web TV restait limitée. Cette situation rendait donc indispensable une télévision par satellite, qui touche, selon les estimations, 90% du public libyen. Zouhair ALBARASI se dit contre toute censure : « Nous ne voulons pas interdire les chaînes de KADHAFI, seulement avoir la même liberté d'exprimer nos opinions ». (le 31) Le ministère chinois des Affaires étrangères a annoncé que l'ambassadeur de Chine au Qatar avait rencontré le chef du CNT. C'est le premier contact connu entre les deux parties. La Chine s'était abstenue lors du vote au Conseil de sécurité de l'ONU autorisant l'opération militaire internationale en Libye. (le 03 juin) William HAGUE, de retour d'une visite‐éclair à Benghazi, a déclaré que le CNT disposait bien d'un plan pour l'après‐KADHAFI mais qu'il n'était encore qu'embryonnaire. « Nous encourageons le CNT à muscler son plan de transition, à définir plus précisément dans la semaine qui vient ce qui se passera le jour où KADHAFI partira ‐ qui dirigera quoi, comment un nouveau gouvernement sera formé à Tripoli ». Pour lui, le CNT envisage de garder des technocrates du régime, tirant l'enseignement de la « débaassification » qui a contribué à alimenter l'instabilité en Irak après la chute de Saddam HUSSEIN en avril 2003. (le 05) Il y a, cette semaine, une douloureuse affaire de clandestins venant de Libye vers la Tunisie, dont le bateau surchargé est tombé en panne. Le bilan humain est terrible, surtout quand une information prématurée ou erronée se glisse au milieu des autres. Des unités des gardes‐côtes tunisiens ont entrepris une opération de sauvetage d'un bateau de pêche transportant 700 migrants clandestins, la plupart des Africains. L'embarcation venait de Libye et se dirigeait vers les côtes italiennes. Les autorités maritimes tunisiennes ont été alertées de la panne par des passagers, mais les opérations d'évacuation n'ont pu commencer en raison des mauvaises conditions météorologiques. Elles sont parvenues néanmoins à fournir aux passagers, dont des femmes et des enfants, des couvertures et des vivres, et à s'enquérir de leur état de santé. L'évacuation se fait avec de petites embarcations, des zodiacs et des barques de marins‐
pêcheurs de la région. (le 01 juin) Deux personnes sont mortes, sept autres ont été blessées et entre 200 et 270 sont portées disparues à la suite du naufrage. Dans un premier temps, il a été indiqué que 700 passagers se trouvaient à bord, des ressortissants africains et asiatiques pour la plupart. De nouvelles estimations font état de plus de 800 personnes. Les opérations de secours menées par les unités des garde‐côtes et de l'armée tunisienne ont permis d'évacuer 570 passagers. L'agence officielle tunisienne TAP attribue le nombre élevé des personnes portées disparues à une bousculade à bord du bateau de pêche qui a chaviré sous le poids des passagers. La TAP mentionne également parmi les causes du drame, les mauvaises conditions atmosphériques et la faiblesse des moyens mobilisés par les secours par rapport au nombre de personnes à bord. Dans la nuit, 193 rescapés ont été transférés au camp de Choucha près de la frontière www.greliermichel.eu
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tuniso‐libyenne. Environ 385 autres rescapés étaient attendus au port commercial de Sfax pour être évacués vers le même camp de réfugiés. (le 02) L’agence des Nations unies pour les réfugiés annonce que 150 corps ont été retrouvés après le naufrage au large des côtes tunisiennes. (le 03) Les autorités tunisiennes ont démenti les informations selon lesquelles un grand nombre de cadavres auraient été repêchés au large de leurs côtes. Elles ont ajouté qu’aucune opération de recherches n’avait été entamée du fait d’une météo défavorable. L’agence onusienne annonce un communiqué pour rectifier le tir. (le 03) Vingt‐six corps ont été repêchés au large des côtes tunisiennes, a‐t‐on appris auprès de la Protection civile tunisienne. Après la découverte d'un premier cadavre d'un ressortissant africain le lendemain du drame et le décès d'un autre lors des opérations d'évacuation initiales, le bilan provisoire des victimes dont les corps ont été retrouvés s'élève désormais à 28 morts. (le 05) Après le printemps tunisien et certaines découvertes qui nous avaient fait sourire, voici le temps de rendre des comptes à la justice. BEN ALI et Leïla TRABELSI, son épouse, vont être jugés par contumace par le tribunal de première instance de Tunis, probablement avant la fin du mois de juin. Ce premier procès est lié à la découverte d'importantes sommes d'argent en devises étrangères et tunisienne estimées à plus de 20 Mio euro, de bijoux de valeur, de quantités de drogue et d'armes dans les palais de Carthage et de Sidi Bousaïd. Dissimulé derrière une fausse bibliothèque, le « trésor » contenait des liasses cachetées de billets de banque, dont de grosses coupures de 500 euro, des bijoux notamment anciens, des diamants, des parures. La deuxième découverte a été faite au palais présidentiel de Carthage. Outre des sommes d'argent, il y avait de la drogue et des armes automatiques. BEN ALI et ses proches sont poursuivis dans 88 affaires au total dont certaines relèvent de la compétence de la juridiction militaire. L'instruction de ces dossiers est à un stade avancé de 70 à 80%, et 54 commissions rogatoires avaient été adressées à 25 pays ciblant les personnes qui y sont impliquées. Les affaires en cours ont trait à l'homicide prémédité, incitation de la population à la violence, détournement de deniers publics, blanchiment d'argent, trafic d'objets archéologiques et délits d'initiés. (le 03 juin) Les services de la douane tunisienne ont ordonné la saisie de deux yachts détenus par des membres de la famille BEN ALI. La direction du port a été chargée de la surveillance de ces deux yachts qui étaient amarrés depuis une longue période au port touristique d'El Kantaoui à Sousse. Selon le capitaine du port Jamel NAKBI, les deux yachts sont la propriété de parties étrangères. Le premier, qui était exploité depuis le 10 juillet 2010 par Douraïd BEN ALI, neveu de l'ancien président, appartient à une société britannique non identifiée. Le second, qui s'y trouvait depuis le 16 mai 2010, est la propriété d'une société luxembourgeoise. (le 03) Avant de passer à un autre procès de président déchu, il me paraît utile de faire remarquer ces aides dont la Tunisie et les Tunisiens vont avoir un réel besoin. www.greliermichel.eu
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La Banque africaine de développement (BAD) a annoncé l'octroi d'un prêt de 500 Mio US$ (350 Mio euro) à la Tunisie pour aider le gouvernement de transition à restaurer la stabilité socio‐économique. Une des priorités de l'opération est la réduction des disparités régionales et d'aider le gouvernement à réduire le chômage des jeunes, en particulier parmi les diplômés. Ce financement de la BAD fait partie d'un programme de 1.4 Mia US$ (980 Mio euro) financé par la Banque mondiale (500 Mio US$), l'UE (90 Mio euro) et l'Agence française de développement (185 Mio euro). (le 30 mai) Le procureur général d’Egypte déclare que l'état de santé de MOUBARAK ne permet pas son incarcération, et ajoute qu’il restera pour le moment hospitalisé à Charm el‐Cheikh. MOUBARAK, qui est âgé de 83 ans, s'est réfugié dans cette station balnéaire de la mer Rouge après avoir été déposé le 11 février sous la pression de la rue. Il est hospitalisé depuis l'accident cardiaque dont il a été victime à la mi‐avril. MOUBARAK doit être jugé pour homicides avec préméditation dans le cadre de la répression des journées révolutionnaires lors desquelles plus de 800 manifestants ont été tués. C’est un chef d'inculpation passible de la peine de mort. Il est également poursuivi pour abus de pouvoir et détournement de fonds publics. (le 31 mai) Elle a quand même de l’allure cette petite femme là ! De qui parles‐tu, Thomas ? De notre « Jeanne d’Arc » des marchés… financiers ! Celle qui va « bouter » le dollar hors du champ des monnaies dictatoriales ! Comme tu y vas ! Je pourrais continuer les similitudes avec le bûcher… médiatique et l’évêque… Cauchon ! Ca va, Thomas, j’ai compris. Certains pays moins développés, comme l'Afrique du Sud, ont ouvertement critiqué la position des dirigeants de l'UE, qui ont estimé que le prochain directeur général du FMI doit être européen, comme le veut une tradition officieuse qui remonte à la création du Fonds, à la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Pour Pravin GORDHAM, le ministre sud‐africain des Finances : « Les pays du G‐8 sont membres du G‐20, et dans le cadre du G‐20, les Etats se sont entendus sur un processus de succession très différent du processus traditionnel, qui serait basé sur la transparence, l'ouverture, le mérite, sans condition de nationalité ». « Et bien avant la date butoir du dépôt des candidatures le 10 juin, on observe déjà que les ententes traditionnelles se nouent lors de négociations auxquelles les économies émergentes ne participent pas. Donc oui, je suis en effet surpris ». (le 30 mai) Christine LAGARDE a entamé au Brésil une tournée destinée à convaincre les pays émergents de la soutenir dans la course à la succession de DSK. Elle a rencontré son homologue Guido MANTEGA, précisant qu'elle appuyait les réformes visant à donner plus de poids aux pays en développement dans le fonctionnement de l'institution. En dépit de cette ouverture, Guido MANTEGA a déclaré que le Brésil étudierait toutes les candidatures à la direction générale du FMI avant de se prononcer. S'exprimant depuis le Mexique, son adversaire, Agustin CARSTENS a prédit une bataille « complexe » autour du poste de directeur général du FMI. Si un candidat d'un pays émergent venait à l'emporter, ce succès mettrait fin à « un paradigme de 65 ans », a‐t‐il estimé. www.greliermichel.eu
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Dans l’entourage de Christine LAGARDE, on expliquait qu'elle poursuivrait sa campagne par des visites en Inde et en Chine. JIANG Yu, porte‐parole du ministère chinois des Affaires étrangères, a déjà suggéré d'abroger le statu quo en vigueur au FMI, estimant que la sélection devait être fondée sur « l'impartialité, la transparence et le mérite ». (le 31) Le quotidien japonais Nikkei affirme que Christine LAGARDE sera probablement la prochaine directrice générale du FMI avec le soutien des Etats‐Unis et du Japon qui sont les deux premiers pays membres du FMI en nombre de voix, attribué proportionnellement à l'importance du pays dans l'économie mondiale. Washington et Tokyo pourraient officiellement soutenir Christine LAGARDE dès le 10 juin, à la fermeture du dépôt des candidatures. Le gouvernement japonais n'a pour l'heure rien déclaré d'officiel. Les Etats‐Unis et l'Europe détiennent 48% des voix au FMI, le Japon un peu plus de 6%. (le 05) Ici, beaucoup de nos hommes et femmes politiques ont fait comme toi, Thomas, un week‐
end prolongé. C’est‐à‐dire que nous avons la semaine la moins fournie en informations dignes d’intérêt. Nicolas SARKOZY envisage de nommer Dominique BAUDIS au poste de défenseur des droits. « Le président de l'Assemblée nationale et le président du Sénat sont saisis de ce projet de nomination, afin que la commission intéressée de chacune des assemblées se prononce », conformément à la Constitution. Le défenseur des droits doit remplacer à la fois le médiateur de la République, le défenseur des enfants, la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité (HALDE) et la Commission nationale de déontologie de la sécurité (CNDS). Cette fonction a été créée par la réforme constitutionnelle de 2008. Le défenseur des droits pourra être saisi directement et gratuitement par toute personne s'estimant lésée dans ses droits et libertés par le fonctionnement d'une administration. En matière de protection de l'enfance et de déontologie de la sécurité, il pourra également être informé des agissements de personnes privées. (le 03 juin) François HOLLANDE propose que la France réduise « de 75 à 50% » sa dépendance au nucléaire en 15 ans, sur le modèle de l'Allemagne. « Je ne propose pas de définir des échéances à 30 ou 40 ans, mais de poser un engagement pour les 15 prochaines années ». « Les écologistes ont le droit d'être pour la sortie du nucléaire, mais nous avons le devoir de dire ce que nous ferons ensemble pour le prochain quinquennat ». François HOLLANDE souligne toutefois qu’« en Allemagne, 22% de la production vient du nucléaire ; en France, 75% de l'électricité est d'origine nucléaire ». (le 04) Après « l’usine à gaz rose », aurais‐tu quelque chose en provenance de « l’usine à gaz verte » ? Daniel COHN‐BENDIT lâche Europe Ecologie‐Les Verts. Sa décision a été prise après le rejet, en assemblée générale, de sa motion « Construire l’écologie pour toutes et tous ». Elle n’a recueilli que 26,24 % des voix, contre 50,6% pour celle de Cécile DUFLOT, qui est ainsi réélue secrétaire nationale du parti. Décidé à privilégier son mandat de député européen, il a également déclaré qu'il ne se www.greliermichel.eu
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rendrait pas au premier congrès national du parti à la Rochelle, les 02 et 03 juin prochains. (le 30 mai) A propos des différents acteurs de la procédure judiciaire américaine dans l’affaire DSK Le procureur général de Manhattan Cyrus VANCE Jr préfère ignorer le tapage médiatique ambiant, assurant que « chaque affaire est importante ». A 56 ans, Cyrus VANCE Jr est en poste depuis 18 mois. Fils du secrétaire d'Etat de Jimmy CARTER de 1977 à avril 1980, il est né à New York et est diplômé de Yale et de la faculté de droit de Georgetown. Dans les années 1980, il a passé six ans sous les ordres du procureur Robert MORGENTHAU ‐ en poste pendant 34 ans ‐, avant de partir pour Seattle (Etat de Washington, nord‐ouest des Etats‐Unis), où il a notamment officié en tant qu'avocat de la défense. De retour à New York en 2004, il a été élu procureur général de Manhattan en 2009, un poste très exposé médiatiquement, et où le travail ne manque pas. Avec environ 500 avocats et environ 110.000 affaires par an, le bureau du procureur de Manhattan est l'un des plus occupés des Etats‐Unis. Pourtant, ses proches et les observateurs l'affirment, ce père de deux enfants n'est que peu sensible aux sirènes de la renommée. S'il ne fuit pas l'attention du public, Cyrus VANCE Jr évoque en revanche à reculons les affaires médiatiques. Il préfère parler de projets plus confidentiels mais, selon lui, tout aussi importants, comme son idée de renforcer les peines pour les violences conjugales afin de désengorger les salles d'audience de Manhattan. La seule affaire qu'il a jusqu'ici choisi de diriger personnellement ‐ fait rare pour un procureur général ‐ n'implique aucune célébrité ni scandale financier. Elle concerne un réseau de trafiquants de drogue qui terrorisent, selon lui, un quartier de Harlem, dans le nord de Manhattan. (le 05 juin) Tiens, Thomas, un petit cadeau italien pour finir. Les avocats de Silvio BERLUSCONI ont demandé que son procès dans le « Rubygate », qui reprenait à Milan, se tienne devant le « tribunal des ministres », seul compétent selon eux dans cette affaire. Déjà absent en avril, Silvio BERLUSCONI n'était pas non plus présent lors de cette deuxième audience car il est en visite officielle en Roumanie. (le 31 mai) www.greliermichel.eu
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Semaine 23 – du lundi 06 au dimanche 12 juin 2011 Des conteneurs de Viagra pour faciliter, en Libye, le viol des opposantes Début d’après‐midi, Thomas est entré, très décontracté. Alors, tu n’es pas « pentecôtiste » ? Je vois que ton café est posé sur la table à côté de l’ordinateur et que les piles d’informations sont prêtes, comme chaque lundi. Non, je ne suis pas « pentecôtiste » comme tu le dis. Aux deux sens du terme. D’abord, je ne suis pas parti vers les plages ou la campagne en ce jour férié. Mais toi non plus. Ensuite, je n’appartiens pas à la mouvance protestante évangélique qui croie que le baptême du Saint‐Esprit est toujours accompagné au départ par la manifestation extérieure du parler en langues. Dis‐moi, il y a beaucoup d’informations cette semaine. Mais pourquoi une pile très fournie, une pile plutôt plate, et une troisième que tu n’avais pas les semaines passées ? Parce qu’une information ne se place ni dans l’une ni dans l’autre des piles. Je commence par elle. La Commission européenne a donné son feu vert pour l'adhésion de la Croatie à l'Union européenne, qui pourrait intervenir en juillet 2013. Après cinq ans de négociations et avec cet avis, c'est désormais aux 27 Etats membres de se prononcer, ce qu'ils pourraient faire lors de leur sommet du 24 juin. Un traité d'adhésion sera ensuite rédigé, et devra être ratifié par les Etats membres. (le 10 juin) Et cette semaine encore, je vois que la Libye et la Syrie sont les deux sujets principaux. Comme la dernière fois, j’ai réparti les infos sur la Libye en thèmes : les opérations de terrain, l’OTAN, la CPI, l’empire financier de KADHAFI, la diplomatie et le CNT. Les insurgés sont entrés dans la ville de Yafran, à 120 km au sud‐ouest de Tripoli, chassant les forces fidèles à KADHAFI. (le 06) Le ministre du Travail Al‐Amin MANFOUR a fait défection pour se ranger aux côtés de l'insurrection, a affirmé à Genève un diplomate, membre de l'opposition libyenne. (le 07) Dix personnes ont été tuées et 24 autres blessées dans des bombardements menés par les forces de KADHAFI près de Misrata. (le 08) A Zentane, les gouvernementaux bombardent la ville après avoir massé des troupes dans la région. A Misrata, des milliers de soldats gouvernementaux progressent vers la ville bombardée à l'artillerie lourde. Ces bombardements en provenance de trois directions ont fait au moins douze morts dans les rangs des rebelles. (le 08) Les forces de KADHAFI, avec des chars, de l’artillerie et des roquettes incendiaires, bombardaient la localité de Daf niya, à 30km à l'ouest de Misrata. Bilan : au moins 22 morts et 61 blessés. (le 10) www.greliermichel.eu
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Trois mois après avoir été délogés de Zaouiyah, les rebelles tentaient de reprendre ce port pétrolier situé à l'ouest de Tripoli. Il s'agit des premiers combats d'importance depuis mars dans cette ville stratégique. Deux fils de KADHAFI, Khamis et Moatassem, et son bras droit Abdallah el‐SENOUSSI sont en charge de l'opération dont le QG se trouve à Zlitan, à environ 15km de Daf niya. Parallèlement, les bombardements sur Daf niya ont fait au moins 31 morts. (le 11) Depuis plusieurs jours, les forces gouvernementales emploient l'artillerie lourde sur Daf niya. Les troupes de KADHAFI tentent d'y contenir l'insurrection et de l'empêcher de marcher sur Tripoli. De l'autre côté de la capitale, les rebelles poursuivaient leur percée dans Zaouiya. Ils avaient pris en mars cette ville, avant d'en être chassés deux semaines plus tard. Zaouiya est considérée comme un point clef vers Tripoli. Dans le sud, jusqu'alors considéré comme favorable au régime, la tribu Ouled Souleïman, anti‐KADHAFI, et des hommes jeunes natifs de la région défilaient dans les rues de Sebha et préparaient leurs armes, dont certaines fournies par les rebelles du nord. Une bonne partie de la population de Sebha ‐ originaire du Tchad, du Niger et du Soudan ‐ a immigré en Libye dans les années 1980 grâce au régime KADHAFI qui lui a procuré emplois et subventions. Mais beaucoup de ces hommes ont gagné le nord pour combattre aux côtés des forces gouvernementales, laissant la voie libre aux opposants locaux. (le 12) Les opérations de l'OTAN se sont intensifiées, avec au moins dix frappes, notamment des casernes à Tripoli et d'autres cibles militaires à Tajoura, à l'est de la capitale. L'OTAN précise que ces frappes visaient des zones de stockage de missiles et de lanceurs, des structures de commande et de contrôle, ainsi que des systèmes de radar. (le 06) L'OTAN a bombardé Tripoli le matin, une attaque plutôt rare en journée et destinée à accroître la pression sur KADHAFI. Les avions, qui volaient à faible altitude, ont mené 26 frappes. (le 07) Aïcha Mohamed Maamar KADHAFI, une fille de KADHAFI, a déposé une plainte contre X au parquet de Paris pour assassinat à la suite du décès fin avril de quatre membres de sa famille lors d'un bombardement de l'OTAN sur Tripoli. Le 30 avril, trois des petits‐enfants de KADHAFI ont trouvé la mort. L'un d'eux était la fille de la plaignante. (le 07) Les pays membres de l'OTAN et leurs partenaires se sont déclarés « déterminés » à poursuivre l’opération « Unified Protector » afin de protéger la population civile « aussi longtemps que nécessaire ». Anders Fogh RASMUSSEN n'a pas annoncé de nouvelles contributions militaires à l'issue de ces discussions. La France, la Grande‐Bretagne et les Etats‐Unis ont été largement engagés dans les opérations jusqu'à présent. L'un des membres les plus puissants de l'OTAN, l'Allemagne, refuse de prendre part aux opérations, une position qui n'a pas bougé. Anders Fogh RASMUSSEN a déclaré que l'Alliance atlantique n'engagerait pas de troupes au sol en Libye pour maintenir l'ordre, une fois le conflit terminé, et qu'il reviendrait aux Nations unies d'aider le pays africain à construire son avenir lorsque KADHAFI ne serait plus au pouvoir. (le 08) Les bombardements de l’OTAN sur Tripoli ont marqué une pause au lendemain des raids aériens les plus intensifs depuis le début des opérations militaires occidentales. (le 08) www.greliermichel.eu
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Cette information‐ci est une nouveauté. Les enquêteurs de la Cour pénale internationale (CPI) ont des preuves que KADHAFI a encouragé les viols d'opposants, ce qui pourrait faire l'objet d'un nouveau chef d'inculpation, a dit Luis MORENO‐OCAMPO. Les accusations de viols d'opposants en Libye ne sont pas nouvelles. En avril, l'ambassadrice américaine aux Nations unies, Susan RICE, a affirmé que les hommes de KADHAFI étaient alimentés en Viagra. « Maintenant, nous recevons des informations indiquant que KADHAFI a lui‐même décidé (d'autoriser les viols) et cela est nouveau », a dit Luis MORENO‐CAMPO. Il a indiqué qu’il y avait des preuves que la Libye achetait des « containers entiers » de ces drogues « pour augmenter la possibilité de violer des femmes ». Il est difficile de savoir à quel point le viol était répandu, a dit Luis MORENO‐CAMPO, ajoutant que, selon ses informations, il y avait plusieurs centaines de victimes dans certaines régions. (le 09) Ce n’est pas vrai ! Dis‐moi, comment appelles‐tu ces pratiques ? … Ton silence révèle une certaine gêne. Je ne sais pas, moi, si les Huns et Attila avaient de telles pratiques ! Je t’avoue mon impuissance, mais aussi ma colère… Ecoute cela aussi. Le tentaculaire empire financier du régime de KADHAFI couvre toute l'Afrique. Malgré le conflit en Libye et en dépit des sanctions internationales, le Niger a confirmé, en mai, un accord avec LAP Green Network d'un montant de 66 Mio US$ (46 Mio euro) pour une part de 51% dans une licence de 10 ans des compagnies publiques de télécommunications et téléphonie mobile. LAP (Libyan African Investment Portfolio) fait partie des compagnies frappées par les sanctions onusiennes. A lui seul, un complexe d'immeubles d'appartement de luxe au Caire a englouti des milliards d'avoirs libyens, selon Mahmoud BADI, qui s'occupait notamment du contrôle financier et administratif des investissements étrangers. Mahmoud BADI souligne qu'il n'était en charge de la surveillance des dépenses et investissements du gouvernement que de 1994 et 1997, mais dit avoir gardé ensuite contact avec ses successeurs et suivi ces investissements exponentiels. Mais leur trace se perd souvent dans le nombre incalculable de compagnies créées qui, en outre, changent souvent de nom. Et d'énumérer une longue liste d'entreprises : Libyan Investment Co., Libyan African Investment Co., Libyan Investment Corp., Libyan Oil Investment Co. Dans le secteur bancaire, il cite Libyan Investment Bank, Libyan African Bank, Arab Bank Corp., Arab Foreign Bank, British‐Arab Commercial Bank, Arab Bank for Investment and Foreign Trade, en partenariat avec les gouvernements algérien et émirati, ou encore la Sahara Bank, détenue conjointement par le groupe français BNP Paribas, son « partenaire stratégique ». « En plus, et ce n'est pas un secret, il y a beaucoup de comptes (bancaires) et sous énormément de noms ». « C'est très facile, avec Internet, de transférer de l'argent d'un compte à un autre, d'un nom à l'autre ». Certains fonds pourraient se révéler impossible à récupérer. Pour Mahmoud BADI, l'argent gelé par les Etats‐Unis et les pays européens, plus de 60 Mia US$ (42 Mia euro), est entre de « bonnes mains ». Mais il se montre sceptique pour le reste. www.greliermichel.eu
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Avec la crise, au moins trois pays africains – le Rwanda, la Zambie et l'Ouganda ‐ se sont empressés de prendre le contrôle de leurs plus grosses compagnies de télécommunications, possédées conjointement avec la Libye. Kigali a accusé les Libyens de ne pas avoir remplis des engagements contractuels de longue date, Lusaka a préféré geler les parts libyennes jusqu'à la fin du conflit. En Ouganda, les compagnies libyennes, d'un poids de 375 Mio US$ (261 Mio euro), comprennent des laboratoires pharmaceutiques et des usines agro‐alimentaires, et emploient plus de 3.000 personnes. En Gambie, plusieurs centaines d'employés d'hôtel ont été licenciés après que le gouvernement eut gelé les parts libyennes dans deux hôtels. Egalement dans les limbes, l'avenir de la seule radio diffusée dans toute l'Afrique, Africa No1, qui émet depuis Libreville (Gabon) depuis les années 70 et touche quelque 20 millions d'auditeurs dans nombre de pays. Son opérateur satellitaire a coupé l'émission en mai disant qu'elle lui devait quelque 300.000 euro. La Libye possède 52% de la radio. La guerre civile a également fait planer le doute sur un projet de construction d'un oléoduc reliant l'Ouganda au Kenya, auquel la Libye participait à hauteur de 51% et les gouvernements kenyan et ougandais de 49%. En Afrique du Sud, le gouvernement dit être encore en train de dresser la liste des avoirs libyens, qui comprennent des parts dans le prestigieux Michelangelo Hotel de Sandton. Le président du groupe Legacy, Bart Dorrestein, dit avoir gelé les versements de dividendes du Michelangelo aux Libyens, sans dire leur montant. Le portrait géant de KADHAFI a été retiré du hall de l'hôtel l'Amitié de Bamako au Mali où séjournent les chefs d'Etat. Pour autant, les affaires continuent comme si de rien n'était pour les autres investissements libyens dans le pays, des stations‐service à la prospection pétrolière, le bail controversé de terres agricoles dans le delta du Niger et de nombreuses écoles et mosquées. Une immense mosquée a notamment été construite avec des fonds libyens, juste à côté de l'ambassade américaine à Bamako. Au ministère malien des Affaires étrangères, on précise d'ailleurs qu'il n'y a pas de projet de gels des avoirs libyens. En Centrafrique, KADHAFI a été remercié par le président Ange‐Félix PATASSE (1993‐
2003) d'avoir envoyé des troupes pour le soutenir face aux tentatives de coups d'Etat, notamment celle du général François BOZIZE. En échange, Tripoli a obtenu une licence de 99 ans pour explorer tous les gisements, dont ceux d'or et de diamant. Mais nul ne sait ce qui est advenu réellement de ces droits depuis le putsch de BOZIZE en 2003. (le 11) Du côté de la diplomatie. Un émissaire de l'ONU, Abdul‐Elah al‐KHATIB, était attendu en Libye. (le 07) Surmontant leurs traditionnelles préventions contre toute ingérence dans les affaires intérieures d'un pays, la Russie et la Chine ont entrepris d'établir des ponts avec le Conseil national de transition (CNT) à Benghazi. S'estimant bien placée pour exercer une médiation dans la guerre civile en Libye, où elle possède de gros intérêts, la Russie a dépêché à Benghazi Mikhaïl MARGELOV, représentant spécial de Dmitri MEDVEDEV en Afrique. De son côté, Abdelati OBEIDI est en visite à Pékin au moment où la Chine entend jouer un rôle plus actif en vue de trouver une solution à la guerre civile. Selon HONG Lei, porte‐
parole du ministère chinois des Affaires étrangères, l’« émissaire spécial » de KADHAFI doit rencontrer son homologue chinois, YANG Jiechi. Cette visite avait été précédée par une rencontre entre un diplomate chinois en poste en Egypte et des membres du CNT. Auparavant, l'ambassadeur de Chine au Qatar a rencontré Moustafa ABDELDJEÏL. (le 07) www.greliermichel.eu
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Trinidad JIMENEZ, ministre espagnole des Affaires étrangères, en visite à Benghazi : « Je suis ici pour confirmer que le Conseil national de transition est le seul représentant légitime du peuple libyen ». L'Espagne devient ainsi le troisième pays européen à reconnaître le CNT après la France et l'Italie. Le Qatar et la Jordanie ont eux aussi désigné les insurgés comme les seuls représentants légitimes de la Libye à leurs yeux. Les Etats‐Unis se sont pour l'instant contentés d'inviter les insurgés à ouvrir une représentation à Washington. (le 08) Faisons un point de la situation humanitaire des réfugiés entre Libye et Tunisie Plus de 6.000 personnes, en majorité des Libyens, ont franchi la frontière et se sont réfugiés en Tunisie depuis le 06 juin, fuyant les combats et la recrudescence des raids de l'OTAN sur la zone de Tripoli. Sur un total de 6.850 réfugiés de diverses nationalités, les autorités ont recensé 6.011 Libyens, dont 500 familles ayant franchi les postes‐frontières de Ras Jédir et de Dhéhiba, dans le sud tunisien. Ils ont été transférés dans le camp installé par les Emirats arabes unis dans la région de Tataouine, frontalière avec la Libye. Parmi les déplacés non‐libyens, des Egyptiens, des Soudanais, des Nigérians ainsi que des Maghrébins. (le 07) Thomas, je ne te laisserai même pas le temps de réfléchir. Je t’embarque directement de Libye en Syrie pour les mêmes répressions intolérables. Quarante membres des forces de sécurité ont péri dans des affrontements avec des centaines d'hommes armés à Djisr el Choghour, une ville du nord‐ouest, rapporte la télévision d'Etat. C'est la première fois que les autorités font état d'une confrontation d'une telle ampleur en onze semaines de contestation du régime. Elle a annoncé par la suite que des hommes armés avaient fait exploser le bureau de poste de la ville, provoquant la mort de huit autres membres des forces de sécurité. Son dernier bilan fait état de 40 morts. Selon des militants, au moins 37 habitants de Djisr el Choghour ont été tués depuis l’opération militaire de reprise en main de cette ville proche de la Turquie. (le 06) Les combats à Djisr el Choghour ont fait 120 morts, a rapporté la télévision d'Etat. Des groupes armés ont mis le feu à des bâtiments officiels de la ville, où ils ont dérobé cinq tonnes de dynamite et tiré sur des civils et sur les forces de sécurité à la mitrailleuse et avec des lance‐roquettes. Un peu plus tôt, des militants de l'opposition avaient déclaré qu'une opération de sécurité était en cours dans la ville depuis le 04 juin. Selon des habitants, les violences à Djisr el Choghour ont éclaté quand des tireurs embusqués sur le toit de la poste centrale ont ouvert le feu sur un cortège funèbre dont les participants portaient en terre six manifestants tués la veille. Les membres du cortège funèbre ont alors mis le feu à la poste. La télévision d'Etat a indiqué que huit membres des forces de sécurité avaient été tués dans l'attaque de la poste. (le 06) De nombreux Syriens fuyaient Jisr al‐Choughour, craignant des représailles sanglantes du régime au lendemain de la mort de 120 membres des forces de sécurité. Damas accuse des www.greliermichel.eu
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groupes armés, mais des habitants et activistes évoquent une mutinerie sans précédent contre la répression du soulèvement anti‐gouvernemental. L'armée se concentre désormais sur Jisr al‐Choughour, connue comme bastion du mouvement interdit des Frères musulmans dans les années 1980 : des bombardements gouvernementaux y auraient fait 70 morts en 1980. Au moins 42 civils y ont été tués depuis le 04 mai, d'après des mouvements de défense des droits de l'Homme, qui font état d'au moins 1.300 morts en tout. Les circonstances des 120 morts du 06 juin sont d'autant plus difficiles à vérifier que les communications avec cette zone sont souvent coupées, que les journalistes étrangers ont été expulsés du pays et que de nombreux habitants ont trop peur pour parler. Une mutinerie pourrait signaler une fissuration du pouvoir d’el‐ASSAD. La thèse de Damas, selon laquelle des « groupes armés » auraient attaqué Jisr al‐Choughour, n'explique pas comment des officiers lourdement équipés ont pu subir de telles pertes. Les tensions à Jisr al‐Choughour remontent au jour où les forces de sécurité et des tireurs isolés ont ouvert le feu sur des manifestations pacifiques lors des funérailles des victimes, tuant une trentaine de personnes. Un certain nombre de soldats auraient fait défection, révoltés par le comportement des redoutées milices pro‐gouvernementales, les « Shabiha », chargées de terroriser la population et d'attiser les tensions religieuses. La région est à majorité sunnite mais compte aussi des villages chrétiens et alaouites. Les Alaouites sont une branche du chiisme à laquelle appartiennent les ASSAD et les élites au pouvoir, qui représente environ 11% de la population syrienne. La plupart des Shabiha étant issus de la minorité alaouite, ils soutiennent le régime de Damas et sont davantage craints par les Syriens que les forces de sécurité régulières. En cas de chute d'ASSAD, ils risqueraient en outre de se retrouver persécutés par la majorité sunnite. (le 07) Des chars et des milliers de soldats, dont de nombreux membres des troupes d'élite, commandés par Maher el‐ASSAD, le frère cadet de Bachar el‐ASSAD, convergeaient vers la province d'Idlib, où l'armée aurait perdu le contrôle de vastes secteurs. Ce déploiement militaire laisse craindre un nouveau bain de sang. (le 08) Les troupes, appuyées par plusieurs dizaines de chars se sont massés à la périphérie de Jisr al‐Choughour, se préparant à entrer dans la ville. Les milliers d'habitants qui ont fui en Turquie ont décrit des scènes de chaos, racontant des fusillades entre policiers et des soldats qui ont fait défection plutôt que d'obéir aux ordres et tirer sur les manifestants. Des centaines de Syriens ont franchi la frontière turque, portant le nombre total de réfugiés à 2.700 depuis le début des manifestations anti‐gouvernementales. Recep Tayyip ERDOGAN, qui s'était jusqu'à présent abstenu de critiquer Damas, a durci le ton, accusant le régime de « barbarie ». (le 10) Des hélicoptères de combat ont, pour la première fois, été utilisés par le régime afin de réprimer une manifestation de masse en faveur de la démocratie dans la localité de Maarat al Noumaane, entre Alep et Hama. Au moins cinq hélicoptères ont tiré à la mitrailleuse pour disperser des dizaines de milliers de protestataires. Ailleurs dans le pays, les manifestations se sont poursuivies. Il y a eu deux morts et de nombreux blessés dans le village de Bousra al Harir, dans le Sud, et un autre tué à Lattaquié. A Damas, les tirs des forces de sécurité sur une manifestation dans le quartier de Kaboune ont fait deux morts. www.greliermichel.eu
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Des milliers de manifestants ont défilé à Daïr az Zour, dans l'Est, à Hama et à Homs dans le centre, et dans la région de à Rakka, dans le Nord, à Alep et dans des faubourgs de Damas. (le 10) Des chars encerclaient la ville de Jisr al‐Choughour. Alors que plus de 4.000 Syriens ont franchi la frontière, les autorités locales du village turc d'Altinozu ont fait savoir que leurs capacités d'accueil étaient presque pleines et qu'un troisième camp de tentes allait être érigé à Boynuyogun. (le 11) Des chars et environ 200 soldats ont pénétré dans Jisr al‐Choughour par deux fronts, au sud et à l'est. Des explosions étaient entendues alors que des hélicoptères patrouillaient au‐dessus de la ville. Des combats opposaient les militaires à plusieurs centaines de soldats de la région ayant fait défection. Mustafa OSSO : « C'est la plus importante et plus dangereuse vague de défections » depuis le début de l'insurrection. (le 12) Un habitant ayant fui Jisr al‐Choughour peu avant l'offensive de l'armée a confirmé que la ville était désormais sous contrôle des militaires. (le 12) Comme pour la Libye, les diplomates négocient à l’ONU. Mais, comme en Libye, ils vont accoucher d’une souris ! David CAMERON a déclaré que la Grande‐Bretagne et la France soumettraient aux Nations unies une résolution condamnant la répression en Syrie. (le 08) Depuis plusieurs jours, Paris pousse pour que Damas fasse l'objet d'une condamnation aux Nations unies. A New York, des diplomates ont expliqué que le texte devrait être discuté à huis clos, et que les négociations devraient se poursuivre quelques jours avant que le projet soit mis au vote. Une fois formellement déposé devant les 15 membres du Conseil de sécurité, un texte est soumis au vote au moins 24 heures plus tard. Le projet originel, porté, outre Paris et Londres, par l'Allemagne et le Portugal, avait selon les diplomates déjà recueilli les neuf voix requises au Conseil de sécurité pour l'adoption, mais risquait de subir un veto russe. Avec la nouvelle version, les diplomates espèrent pouvoir rassembler d'autres soutiens, au moins l'Afrique du Sud et le Brésil, et lever la menace du « niet » russe. (le 08) Le texte d’une résolution condamnant la répression en Syrie, remis aux représentants des 15 Etats membres à l'occasion de la présentation du rapport d'un émissaire de l'ONU, n'a pas été mise aux voix. Pékin et Moscou n'ont pas caché leur hostilité à une implication du Conseil de sécurité dans les troubles syriens. La Russie, qui fournit des armes à Damas, est une alliée de longue date de la Syrie. Selon un diplomate, le texte du mois de mai a été amendé pour ne pas donner l'impression de préparer le terrain à une intervention militaire comme celle de Libye, qui a suscité de vives réactions à Moscou. (le 09) L'adoption par l'ONU d'une résolution sur la Syrie ne ferait que renforcer « les extrémistes et les terroristes », déclare Damas dans une lettre transmise à BAN Ki‐moon. « Il est www.greliermichel.eu
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important que le Conseil de sécurité n'intervienne pas dans les affaires intérieures de la Syrie, qui est un membre fondateur des Nations unies », écrit Oualid al MOUALEM. « Nous sommes presque certains que toute résolution adoptée par cette institution, quel qu'en soit l'intitulé, ne fera qu'aggraver la situation et envoyer aux extrémistes et terroristes le message que leur travail de destruction délibérée a le soutien du Conseil de sécurité ». Neuf des 15 membres du Conseil, dont les Etats‐Unis, se sont dits prêts à voter le texte mais la Chine et la Russie ont exprimé leur réticences à soumettre le cas syrien au Conseil, Moscou ayant même laissé entendre qu'il était prêt à y opposer son veto. L'Inde, le Brésil, l'Afrique du Sud et le Liban ont également fait part de leurs réserves quant au texte proposé. La lettre de Damas a été reçue alors que Bachar el ASSAD ne répondait pas depuis deux jours aux coups de fil de BAN Ki‐moon. (le 11) Et comme entre la Libye et la Tunisie, un flot de réfugiés a commencé de s’écouler entre la Syrie et la Turquie. Un groupe de 170 ressortissants syriens, dont des femmes et des enfants, ont trouvé refuge en Turquie, fuyant les violences. Les réfugiés ont été installés dans des tentes du Croissant‐Rouge dans le district de Yayladagi dans la province frontalière d'Hatay. Ils fuyaient la ville de Djisr el Choughour. Si l'on ajoute les nouveaux arrivants à des chiffres avancés précédemment par le ministère turc de l'Intérieur, près de 500 Syriens se sont réfugiés en Turquie depuis mars. (le 08) Ce sont 448 ressortissants syriens qui ont trouvé refuge en Turquie, soit un total de 750 depuis mars. (le 08) Un millier de Syriens ont franchi la frontière turque, portant le nombre total de réfugiés à 1.600. Des dizaines de réfugiés attendaient de l'autre côté de la frontière, dans l'espoir de rejoindre eux aussi la Turquie. (le 09) Plus de 3.000 Syriens sont passés en Turquie et les autorités d'Ankara se préparent à en accueillir davantage. (le 10) L'exode vers la Turquie de Syriens fuyant la répression s'est accéléré pour atteindre le nombre de 4.000. Responsables syriens et défenseurs des droits de l'homme ont ajouté que plus de 10.000 personnes tentent de trouver des abris à proximité de la frontière. (le 11) Et que fait la France, dis‐moi. Le ministère français des Affaires étrangères a mis à jour sa fiche sur la Syrie, conseillant de « différer tous les projets de voyage » vers ce pays et recommandant aux Français « dont la présence n'est pas indispensable ou motivée par des raisons impératives de quitter provisoirement » la Syrie par des moyens de transport commerciaux. Le ministère souligne que des violences sont « survenues ces dernières semaines dans le pays (notamment dans le Hauran et à Deraa, à Homs, Banias, Lattaquié, Hama, Jisr al‐
Choughour et dans certaines zones périphériques de Damas) », « régions et villes où il convient d'éviter de se rendre » et « où sont désormais à déplorer plus d'un millier de morts ». (le 10) www.greliermichel.eu
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Qu’est‐ce que c’est que ces quelques informations que tu as « trombonées » et marquées en rouge « intox » ? Je te les donne dans l’ordre chronologique. L'ambassadrice de Syrie en France Lamia CHAKKOUR a annoncé sa démission, dénonçant le « cycle de violences » dans son pays et reconnaissant « la légitimité des demandes du peuple pour plus de démocratie et de libertés », « Ma démission en tant qu'ambassadeur de Syrie en France prend effet immédiatement ». Peu après, la télévision d'Etat syrienne a affirmé que l'ambassadrice n'avait pas démissionné. Dans une déclaration attribuée à Lamia CHAKKOUR, on peut entendre une femme démentant cette démission et indiquant qu'elle engagera des poursuites contre France 24. Renée KAPLAN, directrice adjointe de la rédaction en charge des contenus anglophones à France 24, a déclaré que la chaîne avait appelé un numéro qui avait été précédemment utilisé pour joindre Lamia CHAKKOUR et que la diplomate avait annoncé sa démission. (le 07) Alors que France 24 avait diffusé une déclaration faite par téléphone par Lamia SHAKKOUR dans laquelle elle annonçait sa démission, celle‐ci a démenti avoir quitté son poste, dans une interview téléphonique à la chaîne Al Arabia. « Je suis toujours ambassadrice de Syrie, l'ambassadrice de la République arabe de Syrie. On s'est fait passer pour moi. Je n'ai parlé à aucune chaîne au monde ». (le 07) France 24 a déclaré avoir été vraisemblablement victime d'une manipulation ou d'une provocation lors de l'annonce de la démission de l'ambassadrice de Syrie en France, qui a été démentie par la suite. Une femme disant être la représentante du régime de Damas à Paris, Lamia CHAKKOUR, avait annoncé sur la chaîne publique internationale qu'elle démissionnait de ses fonctions. Mais l'ambassadrice avait démenti par la suite, devant une caméra de BFM‐TV et dans les locaux de l'ambassade, avoir démissionné, accusant une femme de s'être fait passer pour elle et menaçant de porter plainte. France 24, affichant à l'écran une photo de l'ambassadrice, avait diffusé une déclaration faite par téléphone, où l'on entendait la voix dire : « Je ne peux soutenir ce cycle de violences, je ne peux ignorer tous les manifestants qui ont trouvé dans la mort dans l'honneur et dont les familles vivent aujourd'hui dans la douleur ». Un courriel de l'ambassade de Syrie en France avait confirmé ces propos. « Nous confirmons les informations que vous avez pu voir en direct sur France 24. L'ambassade de Syrie en France ne fera pas plus de commentaires pour l'instant », pouvait‐on lire dans cette déclaration. (le 08) Continuons notre tour du Proche‐Orient, par le Yémen. Après la liesse qui a salué le départ du président SALEH, parti se faire soigner de ses blessures en Arabie saoudite, la violence menaçait de s'emparer à nouveau de Sanaa, des affrontements y faisant au moins six morts, trois combattants tribaux et trois membres des forces gouvernementales. La vacance du pouvoir est criante désormais. Assurant l'intérim, le vice‐président Abed Rabbo Mansour HADI devait rencontrer une www.greliermichel.eu
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nouvelle fois les chefs de la sécurité pour tenter de mettre sur un pied un nouveau cessez‐
le‐feu susceptible de tenir. Les check‐points se multiplient sur la route menant au quartier d'al‐Hassaba, devenu quasiment zone militaire fermée depuis le 23 mai et le début de violents combats. Dans une déclaration conjointe, Nicolas SARKOZY, Angela MERKEL, David CAMERON, Silvio BERLUSCONI et José Luis Rodriguez ZAPATERO exhortent « tous les responsables civils et militaires yéménites à respecter la trêve établie à l'initiative du roi ABDALLAH d'Arabie saoudite ». (le 06) Abd‐Rabbou Mansour HADI doit rencontrer des représentants de l'Union européenne après s'être entretenu avec les dirigeants militaires yéménites, y compris les fils et neveux de SALEH, ainsi qu'avec l'ambassadeur américain. (le 06) Dans la province d'Abyan (sud), des dizaines d'assaillants non‐identifiés ont attaqué une position de l'armée, un affrontement qui a fait neuf morts parmi les soldats et six parmi les assaillants. A Taëz, des affrontements ont éclaté entre soldats et hommes armés. Un obus tiré par un char près du palais local de la présidence est tombé sur un quartier résidentiel, tuant quatre personnes dont trois enfants. (le 07) Le président SALEH a été plus gravement touché qu'on ne le pensait, avec une hémorragie intracrânienne et des brûlures sur 40% du corps. (le 07) Signe d'une escalade des opérations militaires destinées à reprendre les zones aux mains des extrémistes, les forces yéménites ont tué 30 militants islamistes dans la province d'Abyan. Dans la même province, quatre militants présumés ont été tués dans des bombardements des forces gouvernementales à Jaar, un autre secteur contrôlé par les extrémistes. (le 07) Des centaines de combattants tribaux ont pris le contrôle d'une partie de Taez. Le contrôle déjà précaire du pays semble échapper encore davantage au gouvernement depuis que le président SALEH a été hospitalisé. Des combattants tribaux sont entrés dans la ville le 05 juin pour attaquer les troupes du gouvernement. Il semble qu'ils aient agi ainsi pour protéger les manifestants ou pour venger les victimes de la répression. (le 08) Près de 100.000 manifestants se sont rassemblés sur l'une des principales places de Sanaa pour réclamer que le président SALEH quitte le pouvoir. (le 10) Ali Abdallah SALEH garde la main sur le pouvoir. Pendant qu’il se remet de ses blessures en Arabie saoudite, son fils Ahmed veille : commandant des forces d'élite qu'il a déployées dans les rues de Sanaa, il fait barrage à tout compromis avec l'opposition et résiste aux pressions internationales en faveur d'une transition. Avec le soutien de ses cousins, qui commandent également d'importantes unités militaires du pays, Ahmed Ali SALEH ignore ainsi superbement le vice‐président Abed Rabbo Mansour HADI. Ahmed, 42 ans, opère depuis le palais présidentiel et occupe le principal bureau de son père dans un complexe militaire de Sanaa. Abed Rabbo Mansour HADI est obligé de travailler chez lui ou dans son bureau au ministère de la Défense. www.greliermichel.eu
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Ahmed Ali SALEH et ses cousins n'ont pas non plus cédé au vice‐président qui leur demande de retirer leurs troupes de Sanaa dans le cadre du fragile accord de cessez‐le‐feu avec les clans tribaux dans l'opposition. En réalité, depuis le début de la trêve, Ahmed Ali SALEH a encore positionné davantage de chars et de troupes dans le quartier de Hassaba, près de la résidence de cheikh Sadeq al‐
Ahmar, chef de la puissante confédération tribale des Hachid, qui était passé à l'attaque fin mai. Et il a envoyé de nouvelles troupes à Taez où des affrontements avec les combattants tribaux de l'opposition ont eu lieu ces derniers jours. Cette situation pèse sur les efforts des Etats‐Unis, qui tentent de profiter de l'absence du président SALEH pour préparer une transition politique qui préserve la stabilité du pays. Or la trêve risque de ne pas durer longtemps si l'opposition sent que le régime de SALEH campe sur ses positions. Le président SALEH a placé plusieurs membres de sa famille a des postes stratégiques et, déjà avant le début du soulèvement, l'opposition l'accusait de préparer son fils à lui succéder. Ahmed Ali SALEH commande les forces spéciales et la Garde républicaine. Les principales forces de sécurité intérieure sont dirigées par les neveux du président, Tarek, Yahia et Ammar. Ces troupes sont toutes mieux entraînées et équipées que l'armée régulière, dont certains membres ont fait défection pour rejoindre le camp des propositions. Le demi‐frère du président dirige lui l'armée de l'Air. (le 11) Abd‐Rabbou Mansour HADI a refusé de discuter avec l'opposition d'un transfert du pouvoir au Yémen. Depuis le départ du président SALEH, un cessez‐le‐feu tient à Sanaa, théâtre de violents combats qui ont fait 200 morts entre les forces présidentielles et des tribus ralliées à l'opposition. Sanaa est toutefois quasiment paralysée par des pénuries de carburant et d'électricité. (le 12) Après ces affrontements, une respiration tunisienne vers la mise en pratique de la démocratie. La date de la première élection de la Tunisie de l'après‐BEN ALI devrait être tranchée lors d'un rassemblement qui sera présidé par Béji Caïd ESSEBSI. Fixée initialement au 24 juillet, la date de la consultation a été remise en question par la haute instance en charge de l'élection, qui a proposé son report au 16 octobre pour « des raisons techniques et logistiques ». Le scrutin appelé à être « le premier réellement libre, honnête et démocratique » dans l'histoire de la Tunisie, doit déboucher sur la mise en place d'une assemblée constituante, dont la principale tâche sera d'élaborer une nouvelle Constitution en remplacement de la loi fondamentale en vigueur sous le régime de BEN ALI. Le rassemblement, très attendu, réunira les membres du gouvernement, de la haute instance pour la réalisation de la réforme politique et de la transition démocratique et ceux de la commission indépendante chargée des élections. Les représentants de tous les partis politiques reconnus légalement, au nombre de 81, ainsi que de personnalités nationales et des représentants des médias nationaux et internationaux y seront présents. (le 07) Béji Caïd ESSEBSI a annoncé que les élections de l'Assemblée constituante tunisienne auront lieu le 23 octobre 2011. « Le monde nous regarde. La Tunisie jouit aujourd'hui d'une www.greliermichel.eu
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image extraordinaire parce que sa révolution s'est faite de manière pacifique, sans armes. Elle s'emploie à mettre en place un Etat, une République civile, sans recourir à un coup d'Etat militaire ». Il a mis en avant les « atouts » dont dispose la Tunisie pour réussir ce pari, le niveau élevé d'éducation de sa population et le degré d'émancipation des femmes. Béji Caïd ESSEBSI a appelé à l'arrêt des grèves et des sit‐in qui entravent la reprise économique du pays, jugeant que « la réussite de la transition démocratique nécessite un appui économique ». « Le gouvernement, qui n'est en action que depuis trois mois, n'a pas de baguette magique pour résoudre tous les problèmes en si peu de temps », citant notamment les 700.000 chômeurs dont 150.000 diplômés en attente d'embauche. Il a également évoqué la situation à la frontière sud du pays, avec l'afflux de quelque 471.000 réfugiés depuis le début de la crise en Libye, et ses conséquences pour la Tunisie, tant d'un point de vue économique que sécuritaire. Le responsable du parti démocratique progressiste (PDP, un des « poids lourds » de la scène politique) Issam CHEBBI a réagi en disant « adhérer sans réserve au discours de M. ESSEBSI ». Le PDP avait été dans un premier temps réticent au report des élections. Samir DILOU et Noureddine BHIRI, du mouvement islamiste Ennahdha, s'y sont également ralliés, bien que de façon plus nuancée. Quant au vice‐président de l'instance électorale Boubaker BETHABET, il a jugé « positive et appropriée » la position du gouvernement, réitérant « l'engagement de l'instance à mener à bien l'opération électorale ». (le 08) Est‐ce l’intelligence politique qui continue de prévaloir au Maroc ? De nouvelles manifestations antigouvernementales ont eu lieu à Rabat et à Casablanca. Le mouvement a semblé prendre de l'ampleur, quelque 60.000 personnes ayant défilé à Casablanca selon les organisateurs, et 10.000 à Rabat. La police ne les a pas dispersées violemment contrairement aux précédentes manifestations. « Ils ont fait les choses tactiquement et intelligemment, pour ne pas réveiller la colère contenue qu'a suscité la répression policière lors des précédentes manifestations », a dit Mounaim OUIHI, l'un des organisateurs. Lors des révolutions tunisienne et égyptienne, la répression n'avait fait que renforcer le mouvement d'opposition. (le 06) En Egypte aussi, c’est la mise en pratique de la démocratie représentative qui avance. Les Frères musulmans, longtemps interdits en Egypte, sont désormais reconnus sous le nom de Parti de la liberté et de la justice. Ils pourront présenter des candidats pour les élections prévues en septembre. Les Frères musulmans ont été fondés en 1928, mais étaient interdits depuis 1954. Ils ont toutefois été tolérés sous le régime de MOUBARAK. Lors du scrutin de 2005, les candidats de la confrérie islamiste, qui se présentaient en tant qu'indépendants, avaient remporté 20% des suffrages. (le 07) Je suis étonné de voir que, pour la première fois, à ma connaissance, tu ajoutes une information sur l’Iran. Je pensais que tu évitais le sujet par prudence. Alors que se passe‐t‐
il en Iran ? Ce sont les informations elles‐mêmes qui m’ont empêché d’en parler. Difficilement vérifiables, de source officielle quasi uniquement, il était difficile de les retenir. Aujourd’hui, cette information semble indiquer un changement significatif qui mérite www.greliermichel.eu
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d’être observé et, en tout cas, retenu. L’avenir dira si j’ai eu raison. Réélu il y a deux ans dans des circonstances controversées, Mahmoud AHMADINEJAD a su réduire au silence les réformateurs iraniens mais il se retrouve aujourd'hui soumis aux critiques croisées d'une partie du camp conservateur et des capitales étrangères. Le président iranien fêtera le 12 juin la moitié de son second et dernier mandat. Des voix au parlement, dans l'appareil judiciaire et au sein du clergé chiite l'accusent de manquer du respect dû aux autres branches du pouvoir, de mal gérer les finances publiques et d'être sous l'influence d'une partie de son entourage. Les spécialistes de l'Iran relèvent qu'en invalidant le limogeage du ministre du Renseignement qu'AHMADINEJAD avait décidé en avril, le guide suprême de la révolution islamique, l'ayatollah Ali KHAMENEÏ, qui détient la réalité du pouvoir à Téhéran, a privé le président de son soutien. A 54 ans, Mahmoud AHMADINEJAD ne peut plus se prévaloir de la protection du guide. La Constitution l'empêche de briguer un éventuel troisième mandat. Son poids politique semble dès lors bien affaibli au point que des parlementaires menacent de déclencher une procédure de destitution. (le 10) Et ceci marque la fin de la pile d’informations la plus importante. Attaquons ce qui reste… nos affaires françaises. Comment appelle‐t‐on cette partie minime qui reste en fin de course. La portion congrue ? Oui, c’est ça, mais je ne sais pas ce que cela veut dire. Moi non plus. Regardons ce qu’en dit Wikipédia… Sous l’Ancien Régime, en France, la dîme des paroisses est perçue par de « gros décimateurs », les curés primitifs, qui en reversent une partie – très modeste ‐ au curé desservant, celui du terrain. C’est la portion congrue. Ainsi soit‐il. Je ne sais pas si Christine LAGARDE fait des prières pour le FMI, mais elle se déplace beaucoup. Christine LAGARDE est en Inde dans le cadre d'une tournée mondiale visant à rallier les pays émergents à sa candidature. Elle a déclaré que les autorités indiennes avaient exprimé des avis positifs sur ses références. Elle n'a toutefois pas précisé si New Delhi soutenait sa candidature ou non. Les autorités indiennes ont tenté de s'entendre avec les autres pays du groupe BRICS (Brésil, Russie, Chine et Afrique du Sud) pour proposer un candidat de consensus, mais le processus semble avoir été infructueux. Pranab MUKHERJEE, le ministre indien des Finances a lui‐même reconnu des divergences entre les pays du groupe à ce sujet. (le 07) Christine LAGARDE s'est dite « très satisfaite » de ses entretiens avec les dirigeants chinois, sans pouvoir toutefois revendiquer leur soutien à sa candidature. Ni les Brésiliens, ni les Indiens, à qui elle a aussi rendu visite, n'ont dit s'ils la soutiendraient. « Je suis très positive sur mon voyage en Chine mais la décision (du soutien) n'appartient pas à moi. Elle appartient aux autorités chinoises ». Christine LAGARDE a rencontré le vice‐Premier ministre, WANG Qishan, et le gouverneur de la Banque populaire de Chine, ZHOU Xiaochuan, avec qui elle a eu une discussion « consistante et profonde » au sujet de sa candidature. Christine LAGARDE se rendra en Arabie Saoudite et au Caire, dans le cadre de sa tournée financée par la France. (le 09) www.greliermichel.eu
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Quant à son rival direct… La Colombie a annoncé qu’une dizaine de pays d'Amérique Latine soutiennent la candidature d’Agustin CARSTENS à la présidence du FMI. Selon un communiqué du ministère colombien des Affaires étrangères, les autres pays sont le Venezuela, la Bolivie, le Pérou, le Panama, l'Uruguay, le Mexique, le Paraguay, Bélize, le Honduras, le Guatemala, la République dominicaine et le Nicaragua. De son côté, le Costa Rica a également annoncé son soutien. (le 09) L'Union africaine a pris position contre la candidature de Christine LAGARDE, expliquant préférer un non‐Européen pour succéder à DSK. Le bloc africain ne suggère aucun nom. (le 09) A Djeddah, Christine LAGARDE a déclaré que l'une de ses priorités, si elle est choisie pour diriger le FMI, sera d'aider les pays du « printemps arabe », parallèlement à l'aide bilatérale fournie par des pays comme l'Arabie saoudite. Ryad a promis 4 Mia US$ d'aide à l'Egypte ou 20 Mia US$ à Bahreïn ou Oman pour des projets de créations d'emplois. Le ministre saoudien des Finances a de son côté plaidé pour un rôle accru de l'Arabie saoudite au sein de l'institution internationale. (le 11) Entrée en scène d’un troisième homme… Le gouverneur de la banque centrale d'Israël, Stanley FISCHER, a annoncé qu'il se portait candidat au poste de directeur général du FMI. Stanley FISCHER a ajouté être conscient du fait qu'il s'agissait d'un processus compliqué et semé d'embûches, mais que cela ne constituait pas un obstacle à sa décision. Originaire de Zambie, Stanley FISCHER, âgé de 67 ans, a occupé les fonctions de directeur général adjoint du FMI et il est considéré comme l'un des artisans de la résistance de l'économie israélienne lors de la crise financière de 2008. Il a procédé à 10 reprises à des relèvements des taux d'intérêt afin de contenir l'inflation et garantir une croissance économique de son pays qui devrait être de 4,5% en 2011. (le 11) Stanley FISCHER a plusieurs désavantages à commencer par son âge. Les règlements du FMI fixent à 65 ans l'âge maximum pour être élu au poste de directeur et à 70 ans l'âge maximum pour occuper cette fonction. La nationalité israélienne de Stanley FISCHER pourrait, d'autre part, lui valoir une opposition de la part des pays arabes. Stanley FISCHER peut compter sur les sympathies américaines ainsi que sur sa proximité avec le patron de la Réserve fédérale, Ben BERNANKE, dont il était un conseiller. (le 12) En visite au Caire, Christine LAGARDE a déclaré bénéficier du soutien « très affirmé » de l'Egypte à sa candidature. « J'ai l'honneur d'être présentée par Bahreïn et de bénéficier de l'appui d'autres pays (de la région) qui se sont exprimés ». Elle avait rencontré les ministres des Finances et des Affaires étrangères ainsi que le gouverneur de la banque centrale. Christine LAGARDE bénéficie déjà du soutien de l'UE et d'une poignée de « petits » pays comme la Géorgie et l'île Maurice. Les Emirats arabes unis ont fait savoir qu'ils soutenaient sa candidature. (le 12) www.greliermichel.eu
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Cela ressemble à une marche triomphale… Mais n’a‐t‐elle pas encore des cailloux dans ses escarpins ? C’est de l’affaire Tapie dont tu parles ? Oui, de « Nanard ». La Cour de justice de la République (CJR) a repoussé au 08 juillet sa décision d'ouverture d'une éventuelle enquête sur Christine LAGARDE dans l'affaire Tapie. Le 10 mai, le procureur général de la Cour de cassation Jean‐Louis NADAL avait saisi la commission des requêtes de la CJR d'éventuels faits d'abus d'autorité qu'auraient commis Christine LAGARDE. Jean‐Louis NADAL, qui part à la retraite le 30 juin, considère que le recours à la solution arbitrale, retenue par la ministre, est contraire à la loi en matière d'intérêts publics. Reste que si l'avis est favorable le 08 juillet, le successeur de Jean‐Louis NADAL n'aura pas encore été nommé. Aucune décision ne sera prise sans que le nouveau procureur général ne soit nommé. Un délai allant de plusieurs semaines à plusieurs mois pourrait s'écouler avant que l'information judiciaire ne soit ouverte. (le 10) Je suis surpris de ne quasiment rien entendre ni lire dans tes informations sur les grandes manœuvres politiciennes en vue de 2012. Pourquoi ? Parce que les froncements de sourcils, les sourires appuyés, les petites phrases, les « vacheries » entre collègues ne sont pas des informations pertinentes. J’ai, depuis le début, fait le choix d’utiliser les informations de deux agences de presse généralistes : Associated Press et Reuters. Si elles ne me donnent rien, c’est que leur filtre professionnel a tout laissé passer et n’a rien retenu de pertinent. Cela te va ? Oui. Dans le registre des informations pertinentes, celle‐ci concerne François HOLLANDE. Sur son blog, François HOLLANDE évoque sa vision de l'Union européenne. La politique actuelle menée par « MERKEL, SARKOZY et BARROSO » serait « antisociale » et « antiéconomique ». Les mouvements de jeunes en Espagne, Portugal et Grèce n'en seraient que la conséquence. « Les plans de sauvetage des pays de la zone euro (...) font porter les efforts uniquement sur la population » alors que « rien n'est demandé aux entreprises (...), ni aux banques qui ont prêté à ces Etats ». De plus, ces actions ne sont accompagnées « d'aucune politique structurelle visant à aider ces pays à faire face à leurs vraies difficultés (...) et à lancer des programmes de développement économique » ce qui ne ferait que refléter que « l'absence de solidarité au sein de la zone euro qui impose la rigueur à ses membres les plus fragiles ». Pour faire « renouer l'Europe avec la croissance et la solidarité », François HOLLANDE fait trois propositions : 1 ‐ Regrouper la dette publique en euro de « tous les Etats membres » au sein d'une Agence européenne de la dette. Il rejoint le point de vue de Jean‐Claude JUNCKER. 2 ‐ Donner la possibilité à l'UE d'avoir ses propres ressources financières en l'autorisant à taxer les transactions financières. Si les chefs d'Etat et de gouvernement européens y sont actuellement opposés, les parlementaires européens de tous bords l'ont déjà demandé à de nombreuses reprises. 3 ‐ Investir le budget européen dans « l'éducation, la formation », au « service du développement durable » ce qui permettra à l'Europe de se doter « d'une stratégie de croissance à long terme ». www.greliermichel.eu
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Si dans un avenir proche, François HOLLANDE devient président de la République française, il ne lui restera plus qu'à convaincre ses 26 homologues européens de suivre ses recommandations. (le 07) Ce qui semble dominer notre actualité politicienne, ce sont les « turpitudes » nationales dénoncées ici et là. Et mon Berlusconi alors ? Désolé, tu en seras encore privé cette semaine. Mai je reviens sur ces réflexions que Jean QUATREMER évoquait déjà le 19 mai (semaine 20) et qu’il reprend cette semaine. La vie privée des politiques doit‐elle, hormis les cas évidents de crime ou de délit révélés par une plainte, être exclue du champ d’investigation journalistique ? Depuis l’arrestation de DSK, le 14 mai, les médias sont en pleine introspection : avons‐nous, collectivement, fait notre travail d’information ? Un questionnement salutaire alors qu’il apparaît qu’un aspect central de la personnalité de l’ancien patron du FMI a été systématiquement passé sous silence : son rapport compulsif et agressif aux femmes qui rend plausible la tentative de viol qui aurait eu lieu dans la suite 2806 du Sofitel de New York. Ceux qui souhaitent que rien ne change brandissent la loi sur le respect de la vie privée, estiment que seule la justice peut enquêter dans ce domaine extrêmement sensible et brandissent les dangers de la pudibonderie, du moralisme, voire du totalitarisme. Bref, le choix serait binaire : omerta ou Torquemada. Cette façon de poser le débat vise à le tuer dans l’œuf et ce n’est pas un hasard si ceux qui le résument ainsi appartiennent tous à l’élite masculine hexagonale. L’affaire est évidemment infiniment plus complexe. Il faut d’abord savoir ce qu’on entend par « vie privée ». Avant les années 80, le patrimoine des élus, de leurs proches ou même le financement des partis politiques faisaient partie de la « vie privée ». Aujourd’hui, la vie privée concerne seulement ce qui a un rapport, direct ou non, avec le sexe et la santé. Or ce tabou doit lui aussi être remis en cause pour les titulaires d’un mandat public. Il faut instaurer de la transparence sans qu’il soit question de créer une « police des chambres à coucher ». C’est l’interaction entre sphère privée et vie publique qui doit marquer la limite du champ journalistique. Ainsi, au nom du respect de la « vie privée » de François MITTERRAND, les médias ont tu l’existence de sa maîtresse et de sa fille naturelle. Or, cette omerta a permis une utilisation frauduleuse des fonds publics (la mère et la fille étaient hébergées par l’Etat et protégées par les forces de l’ordre) et a conduit François MITTERRAND à ordonner des écoutes illégales pour protéger son secret. En manquant à son devoir d’information, la presse a donc permis une violation de l’Etat de droit. De même, fallait‐il taire la liaison qu’entretenait son ministre des Affaires étrangères, Roland DUMAS, avec la fille du ministre de la Défense syrien, un pays qui n’était pas alors précisément un ami de la France. L’interaction peut être plus subtile. Le 09 juillet 2007, sur mon blog, Coulisses de Bruxelles, j’ai écrit un portrait de DSK qui venait d’être désigné comme candidat de la France (et de l’UE) à la direction du FMI, portrait qui signalait, sous l’angle du conflit culturel, que « le seul vrai problème de Strauss‐Kahn est son rapport aux femmes. Trop pressant, il frôle souvent le harcèlement. Un travers connu des médias, mais dont personne ne parle (on est en France). Or, le FMI est une institution internationale où les mœurs sont anglo‐saxonnes. Un geste déplacé, une allusion trop précise, et c’est la curée médiatique ». Des affirmations qui s’appuyaient évidemment sur des témoignages précis et non sur des « rumeurs » non vérifiées. D’ailleurs, aucun procès en diffamation ne me fut intenté. Cette www.greliermichel.eu
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irruption dans ce qui semblait relever de la seule vie privée me fut beaucoup reprochée. Quelques mois plus tard, en octobre 2008, l’affaire Piroska NAGY, du nom de cette économiste hongroise qui travaillait sous les ordres de DSK et avec laquelle il eut une brève relation sexuelle, éclatait. Il fut certes blanchi en interne (et non par la justice), mais il n’en reste pas moins que Piroska NAGY a manifestement été harcelée comme elle l’a expliqué dans une lettre que les médias ont traitée a minima en février 2009. Cette affaire démontre que le silence observé par la presse sur le comportement notoire de DSK à l’égard des femmes a tout simplement abouti à cacher une information essentielle qui seule permettait d’expliquer ce scandale sexuel. Le cas de DSK est intéressant en ce qu’il montre que la « vie privée » ne l’est que parce que les médias le veulent ainsi : l’ancien directeur du FMI, et il n’est pas le seul, n’a jamais hésité à faire des propositions inappropriées à des journalistes dans l’exercice de leurs fonctions, voire à les harceler ou à les agresser physiquement par des gestes déplacés. Là, on n’est plus dans la sphère privée, mais dans le cadre du travail. Si un politique tenait des propos racistes à l’égard d’un journaliste noir, arabe ou juif venu l’interviewer, personne n’hésiterait à le raconter. Pourquoi une telle pudeur dès qu’il s’agit d’un comportement grossièrement sexiste à la limite de la légalité ? De même, faut‐il taire le fait qu’un politique fréquente notoirement des boîtes échangistes, lieux parfaitement publics, ce qui pourrait donner lieu à des chantages, les services secrets, français ou étrangers, n’ignorant rien de ces activités ? Un président de la République aurait‐il envie de voir des photos compromettantes s’étaler dans la presse ? C’est encore plus vrai lorsqu’il y a un possible délit ou crime, par exemple lorsqu’un politique se livre au tourisme sexuel. Tout ce qui menace l’indépendance d’un représentant de l’Etat doit être connu. Mais comment enquêter s’il n’y a pas plainte, entend‐on ici ou là ? C’est cela qui a justifié le silence observé par la presse sur la tentative de viol dont aurait été victime, en 2002, la journaliste et écrivaine Tristane BANON de la part de DSK. Un argument curieux : faut‐il attendre une plainte en bonne et due forme ou un jugement pour dénoncer un enrichissement personnel sur fonds publics, un abus de pouvoir ou un détournement de fonds ? Nul doute que le monde politique aimerait que les interdits que la presse française s’impose en matière de vie privée soient étendus à tous les domaines de la vie publique. Enfin, c’est le dernier point, lorsque la vie privée devient un élément du message politique, elle tombe dans la sphère publique. C’est notamment le cas des politiques qui mettent en scène leur vie de famille pour attirer le suffrage des électeurs. Sinon, en se contentant de relayer le message au nom du respect de la vie privée, les médias se transforment en agents de communication. Ainsi, la presse aurait dû révéler que Ségolène ROYAL et François HOLLANDE avaient rompu avant la campagne présidentielle de 2007, alors que le couple faisait semblant de filer le parfait amour. Si un politique affirme qu’il a été un excellent gestionnaire, il ne viendrait à l’esprit d’aucun journaliste de ne pas vérifier cette information. Quand on prétend à l’exemplarité et à la transparence, on se doit d’être irréprochable. Sinon, cela s’appelle un mensonge. Si les politiques veulent préserver leur intimité, ils doivent ériger une muraille de Chine entre leur vie privée et leur vie publique en ne la mettant pas en scène et en pratiquant, en privé, une sexualité entre adultes consentants. Ce qui est vrai pour la vie privée l’est encore plus pour la santé : savoir si un politique est alcoolique, souffre d’une maladie mentale ou d’un cancer relève de la sphère publique, sa capacité à diriger étant clairement dépendante de son état de santé. Georges POMPIDOU ou François MITTERRAND, tous deux atteints d’un cancer, n’étaient clairement plus en état de diriger le pays sans que l’on sache encore très bien à quel moment ils ont perdu le www.greliermichel.eu
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contrôle. Bien sûr, le degré de transparence en matière de vie privée et de santé varie en fonction des fonctions auxquelles prétend l’élu ou futur élu : un simple conseiller général sera moins exposé qu’un président de la République. Mais les politiques doivent admettre que leurs fonctions les exposent au regard des citoyens. Invoquer le totalitarisme de la transparence est risible : le totalitarisme, comme l’a très bien décrit ORWELL, c’est lorsque le pouvoir se dissimule et sait tout de ses citoyens. Un pouvoir transparent, cela s’appelle la démocratie. Il faut espérer que l’affaire DSK marquera la fin du tabou de la vie privée trop longtemps instrumentalisé par les politiques. Y a‐t‐il un risque de dérapage généralisé vers l’inquisition ? Sans doute, mais c’est vrai de toute activité journalistique, comme l’ont montré plusieurs affaires politico‐
financières récentes. A la presse de se montrer inflexible avec ses règles déontologiques. (le 06) Comme je partage ce point de vue et le raisonnement qui le sous‐tend, j’ai repris le texte in extenso. Et tu vas en venir aux applications actuelles ? Oui, bien sûr. L'association « Touche pas à mon enfant » a déposé plainte contre X, à Paris, à la suite des propos de Luc FERRY qui avait affirmé qu'un ancien ministre avait été arrêté au Maroc pour des relations sexuelles pédophiles. Cette plainte vise les délits de viols et agressions sexuelles et non dénonciation de crime. Luc FERRY avait déclaré : « Dans le Figaro magazine, vous avez un épisode qui est raconté d'un ancien ministre qui s'est fait poisser à Marrakech dans une partouze avec des petits garçons », « Probablement, nous savons tous ici de qui il s'agit ». Luc FERRY a expliqué aux enquêteurs avoir eu connaissance de cette affaire en 2002 lorsqu'il était ministre de l'Education nationale. Il s'est refusé à donner quelque nom que ce soit aux policiers, affirmant qu'il ne disposait d'aucune preuve. Toutefois, il a expliqué aux enquêteurs de la Brigade de protection des mineurs que cette affaire serait mentionnée dans les carnets d'Yves BERTRAND, l'ex‐patron des Renseignements généraux. Luc FERRY avait assuré ne pas être le seul informé de cette histoire : « L'affaire m'a été racontée par les plus hautes autorités de l'Etat en particulier par le Premier ministre ». (le 08) Yves BERTRAND a été entendu par les policiers dans le cadre de l'enquête sur les déclarations de Luc FERRY. Avant son entrée dans les locaux de la Brigade de protection des mineurs de la police judiciaire parisienne, Yves BERTRAND a reconnu avoir entendu parler d'un « ragot », d'une « rumeur » insistante. A la question de savoir s'il avait fait remonter cette rumeur aux autorités de l'Etat, Yves BERTRAND a glissé que ses interlocuteurs étaient alors « Daniel VAILLANT, le ministre de l'Intérieur, et Lionel JOSPIN, le Premier ministre ». Puis, il a tenu à préciser : « si j'en ai rendu compte, ça a été à deux amis politiques de Jack LANG ». (le 10) Et sur DSK, une seule information, la plus récente. Lors d'une brève audience préliminaire – environ cinq minutes ‐ devant la Cour suprême de New York, DSK a plaidé non coupable, d'une voix forte, entouré de ses avocats, Benjamin BRAFMAN et William TAYLOR, et sous les yeux d’Anne SINCLAIR. www.greliermichel.eu
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Comme le veut l'usage, le juge Michael OBUS lui a déclaré qu'il avait le droit d'être présent à son procès. Les avocats de la défense ont expliqué dans un document remis à la Cour qu'ils voulaient avoir accès aux rapports de police, analyses médico‐légales et à toute déclaration de l'accusation à des témoins potentiels. Ils ont également demandé si des poursuites au civil destinées à obtenir des dommages et intérêts avaient été lancées. L'accusation dispose de plusieurs semaines pour répondre. DSK a été hué par une cinquantaine d'employés d'hôtel, dont le transport en autobus jusqu'au site avait été organisé par leur syndicat. « Honte à vous! », ont‐ils crié à son arrivée et à sa sortie. De son côté, l'avocat de la femme de chambre, Kenneth THOMPSON, a expliqué que sa cliente viendrait témoigner à la barre. (le 06) www.greliermichel.eu
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Semaine 24 – du lundi 13 au dimanche 19 juin 2011 Le parfum du jasmin dans les tribunaux tunisiens Ce sera une semaine sans Thomas, il m’a prévenu par téléphone d’un rendez‐vous qui allait l’empêcher de nous rejoindre. Le 21 juin sera la journée mondiale des réfugiés. Pour commémorer cette journée, je vais donner la priorité aux informations traitant de ce problème. Quelque 6.000 Syriens au total ont fui la province d'Idlib pour se réfugier en Turquie. (le 13 juin) On estime à plus de 8.500 le nombre de Syriens qui ont fui en Turquie. Des milliers d'autres vivent dans des conditions précaires dans les zones rurales frontalières, où la pluie battante ne fait qu'aggraver leur situation de populations déplacées. Du côté turc, quatre camps de réfugiés ont déjà été installés et d'autres sont programmés si cet exode continue. Quelque 8.538 réfugiés ont franchi la frontière, dont plus de la moitié sont des enfants. (le 14) Des milliers de civils ont fui Maarat al Noumaane. Les chars et les véhicules blindés de l'armée se sont rapprochés de la ville après avoir écrasé les mouvements de révolte dans les villages autour de Djisr al Choghour. Des centaines de personnes ont été arrêtées. Des hélicoptères ont amené des renforts au camp militaire de Wadi al Deif, à quelques kilomètres de la ville. Dix mille autres fugitifs sont rassemblés du côté syrien de la frontière, espérant être autorisés à se rendre en Turquie. Un émissaire de Bachar al ASSAD, Hassan TOURKMANI, s'est rendu à Ankara où il s'est entretenu pendant trois heures avec Recep Tayyip ERDOGAN. Aucune déclaration n'a été faite à l'issue de la rencontre. Ahmet DAVUTOGLU s'est rendu dans la province de Hatay pour visiter les camps de réfugiés. Il est rentré à Ankara et rencontrera Hassan TOURKMANI. (le 15) Les tensions dans la province d'Idlib, près de la frontière avec la Turquie, ont poussé quelque 500 personnes à fuir le pays depuis le 15 juin, portant le nombre des réfugiés à 8.900. L'afflux des réfugiés est un spectacle hautement embarrassant pour Damas. (le 16) Les manifestations se sont poursuivies vendredi, malgré la répression menée par l'armée qui a poussé 10.000 personnes à se réfugier en Turquie. (le 17) Les affrontements dans le secteur de Jisr al‐Choughour ont fait des milliers de déplacés, dont quelque 10.100 qui ont trouvé refuge dans trois camps de réfugiés en Turquie. Quelque 5.000 autres personnes sont massées du côté syrien de la frontière et voient leurs ressources s'épuiser alors que l'armée intensifie ses opérations. (le 19) Des réfugiés continuent d’affluer de Libye en Tunisie. Le colonel‐major Mokhtar BEN NASR de l'armée tunisienne, a noté que plus de 6.330 réfugiés libyens avaient franchi la frontière entre les 13 et 14 juin, un nombre élevé par www.greliermichel.eu
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rapport au rythme des arrivées enregistrées habituellement qui avoisine le millier de personnes. (le 15) Antonio GUTTERES est le Haut commissaire des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR). En visite en Tunisie, il a lancé un appel à la communauté internationale pour apporter « un appui plus fort » au peuple et au gouvernement tunisiens pour « la générosité » dont ils ont fait montre envers les masses de réfugiés qui fuient les combats en Libye. Depuis le début de l'insurrection, près de 400.000 personnes de diverses nationalités se sont réfugiés en Tunisie, dont 70.000 Libyens se trouvent actuellement dans plusieurs régions du sud du pays. Antonio GUTTERES : « Je suis venu dire merci au peuple et au gouvernement tunisiens pour leur hospitalité et l'effort remarquable déployé surtout avec les réfugiés libyens, en vue de leur venir en aide et de les accueillir dans des familles du sud tunisien », « cela mérite la reconnaissance et l'appréciation de la communauté internationale ». (le 16) S’il y a tant de réfugiés en Turquie et en Tunisie, c’est que des opérations militaires sur le terrain les chassent de chez eux. L'armée a arrêté des centaines de personnes dans les villages proches de Djisr al Choghour. Près de 7.000 Syriens ont déjà quitté la région pour chercher refuge en Turquie, et des milliers d'autres sont massés dans la campagne à proximité de la frontière. Des réfugiés racontent que l'armée ratisse les villages à l'est de la ville et arrête par centaines les hommes âgés de 18 à 40 ans, selon une mécanique déjà à l'œuvre dans d'autres localités. (le 13) Des chars sont entrés à Maaret al‐Numan et d'autres villages près de la ville de Jisr al‐
Choughour. Bilan : plus de 1.400 Syriens sont morts, 10.000 autres ont été interpellés et 8.000 ont fui vers la Turquie, témoignant de la brutalité de la répression. (le 14) Après avoir appréhendé des centaines de personnes dans les villages aux alentours de Djisr al Choghour, les troupes épaulées par des chars et des avions ont poussé leur avantage, accentuant l'exode des Syriens vers la frontière turque. (le 14) Les blindés de l'armée se sont déployés dans l'Est, à Deir al Zor, sur l’Euphrate, et autour d'Albou Kamal, à la frontière avec l'Irak. C'est de cette région que la Syrie extrait chaque jour 380.000 barils de pétrole. (le 15) Un colonel et quatre autres militaires ont déserté les rangs de l'armée et franchi la frontière avec la Turquie. Ils rejoindraient ainsi un certain nombre de fonctionnaires, soldats et policiers déjà présents dans des camps de réfugiés. (le 16) Des soldats appuyés par des chars et des hélicoptères de combat ont pris Maaret al‐
Nouman. (le 17) Les manifestations se sont poursuivies vendredi. Au total, les forces de sécurité ont abattu en une journée 16 protestataires à travers le pays. Un manifestant a pour la première fois été tué à Alep. Deux manifestants qui arrachaient des portraits de Bachar al ASSAD et de son père Hafez ont été tués par des agents des services de renseignement militaires à Daïr www.greliermichel.eu
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az Zour. Trois soldats qui refusaient de tirer sur la foule ont été blessés par les hommes du renseignement militaire. Rami MAKHLOUF, un cousin de Bachar al ASSAD, que les manifestants considèrent comme le symbole d'un régime corrompu, a déclaré qu'il allait se retirer des affaires pour se consacrer à des œuvres caritatives. (le 17) Des soldats, appuyés par des chars et tiraillant à la mitrailleuse lourde, sont entrés dans le village de Bdama, à 20 km de la frontière turque. (le 18) Bdama est l'un des centres nerveux par lequel des vivres et autres produits parviennent aux milliers de Syriens qui ont fui les violences mais ont trouvé refuge dans des champs du côté syrien de la frontière et non pas en territoire turc. L'armée a mis le feu aux récoltes dans le cadre de ce qui semble être une politique de la terre brûlée. Des miliciens Chabbiha (pro‐ASSAD) se livrent eux aussi à la destruction de champs, au pillage de fermes et à des tirs à l'aveuglette pour semer la terreur. Khan Cheikhoune et Maara al Noumaane, deux villes situées sur l'axe routier reliant Damas à Alep, sont toujours encerclées par l'armée et des blindés, cinq jours après la reconquête par l'armée de Djisr al Choghour. (le 18) Les militaires installent des barrages routiers et procèdent à des dizaines d'arrestations pour empêcher les habitants de fuir vers la Turquie. Des opérations militaires étaient en cours dans les villages de Bdama et Rihan près de la frontière. Les réfugiés étaient passés par ces villages et y avaient trouvé de la nourriture et des médicaments. (le 19) L'armée montre des signes de divisions qui pourraient être lourds de conséquences pour Bachar al ASSAD. Son pouvoir repose de plus en plus sur un appareil militaire dont l'état‐
major est en grande partie issu, comme lui, de la minorité alaouite. La répression du soulèvement pro‐démocratie a en outre été confiée à des unités majoritairement alaouites. Outre la colère de la majorité sunnite, cette « sectarisation » a donné lieu à des désertions, qui restent toutefois limitées. Les unités les plus fidèles au pouvoir sont la Garde Républicaine et la IVe division blindée commandées par Maher ASSAD, frère de Bachar. Elles comptent chacune 10.000 hommes majoritairement alaouites. Mieux entraînées, elles sont aussi mieux payées que le reste de cette armée forte de 200.000 hommes, appelés compris. Elles sont en outre épaulées dans certaines régions par des milices également issues de la minorité alaouite. Si les défections sont jusqu'ici restées limitées, la poursuite de la répression pourrait leur donner une tout autre ampleur sans épargner les couches supérieures de la hiérarchie militaire. Plusieurs officiers comptent déjà parmi les 8.000 Syriens qui ont franchi la frontière turque. La cohésion de l'armée, très marquée idéologiquement et vouée à la défense du régime baasiste, devrait toutefois résister aux lignes de fractures confessionnelles. La surreprésentation de la communauté alaouite au sein de l'état‐major remonte aux premières années du régime baasiste, instauré en 1963. Des officiers issus de cette minorité se sont alors emparés de postes stratégiques dans l'armée de l'air, les divisions blindées et les services de renseignement. Parmi eux se trouvait Hafez al ASSAD, qui devait devenir ministre de la Défense puis chef de l'Etat, en 1970. A ce jour, 1.300 civils et plus de 300 soldats et policiers ont été tués depuis le début de la contestation. (le 19) www.greliermichel.eu
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Quittons les affrontements sur le terrain pour trouver les affrontements diplomatiques. Le Conseil des droits de l'homme (CDH) de l'ONU a dénoncé la répression impitoyable de la révolte populaire pour la démocratie en Syrie. Il a fait état d'exécutions sommaires, d'arrestations massives et « arbitraires » et d'un usage « excessif » de la force et de la torture depuis que les troubles ont éclaté. Des villes entières comme Deraa ont été assiégées par les forces de sécurité, qui ont empêché les civils, notamment les blessés de fuir, de se faire soigner et de se ravitailler. Devant le CDH, qui compte 47 pays membres, Navi PILLAY, haute commissaire de l'ONU pour les droits de l'homme et ex‐magistrate au Tribunal pénal international de la Haye, a déclaré être en possession d'informations étayant ses accusations de torture et de traitement inhumains de prisonniers, entraînant « parfois » la mort des victimes. Depuis trois mois, on estime à plus de 1.100 personnes le nombre des morts et à 10.000 le nombre de personnes arrêtées, a réaffirmé Navi PILLAY. (le 15) Le Foreign Office a exhorté les Britanniques se trouvant en Syrie à quitter le pays immédiatement. Le ministère appelle ses ressortissants à partir tout de suite via les moyens de transports commerciaux « tant qu'ils fonctionnent encore ». (le 18) Les affrontements meurtriers syriens s’exportent dan le pays voisin, sous influence syrienne : le Liban. L'armée est intervenue dans deux quartiers de la ville de Tripoli, dans le nord du Liban, après des affrontements meurtriers entre partisans et adversaires de Bachar al ASSAD. Des soldats ont installé des points de contrôle et ont fouillé des voitures et des maisons dans les quartiers de Bal al Tebbagen, un fief sunnite, et Djebel Mohsen dont les résidents sont alaouites. La rivalité ancienne entre les deux communautés s'est transformée en affrontements meurtriers lorsque des dizaines de manifestants se sont rassemblés sur la place Nour de Tripoli pour exprimer leur soutien à la révolte syrienne. Selon les forces de sécurité, entre quatre et sept personnes, dont un enfant et un soldat, ont été tuées lorsque les deux camps se sont affrontés avec des fusils d'assaut et des grenades. Au moins 48 personnes ont été blessées. (le 18) Notre itinéraire du pourtour méditerranéen comporte, semaine après semaine, les mêmes étapes : après la Syrie, la Libye. Guido WESTERWELLE a effectué une visite surprise à Benghazi. Il a fait savoir que Berlin reconnaissait le Conseil national de transition (CNT) comme le « représentant légitime du peuple libyen ». C'est un nouveau succès politique pour le CNT. (le 13) Le Canada a reconnu à son tour le Conseil national de transition (CNT) comme représentant légitime du peuple libyen. (le 14) Michael SPINDELEGGER, se rendra à Benghazi pour offrir aux rebelles « un soutien concret » de la part de l’Autriche. (le 15) Moustapha ABDELAJALIL a été reçu, à Tunis, par Béji Caïd ESSEBSI. Cette entrevue n'a www.greliermichel.eu
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pas été suivie de l'annonce de la reconnaissance officielle du CNT par le gouvernement tunisien comme certains s'y attendaient. « Notre venue en Tunisie à l'invitation du président (par intérim Fouad MEBAZAÂ) est en soi une reconnaissance », a déclaré Moustapha ABDELAJALIL. Il a exprimé sa « reconnaissance pour l'accueil hospitalier réservé par le peuple et le gouvernement tunisiens aux réfugiés libyens qui ont fui les affres de la guerre ». Il a noté que la Ligue arabe avait admis que « le régime de KADHAFI a perdu toute légitimité et que le CNT était désormais l'interlocuteur légitime », ce qui, à ses yeux, constitue de fait « une reconnaissance par tous les pays arabes ». C'est la première visite en Tunisie du CNT. Elle coïncide avec la présence à Tunis de Mikhaïl MARGUELOV, venu plaider pour un règlement politique de la crise libyenne, et d'un émissaire de Tripoli, Mohammed Ahmed BOUKRAÂ, porteur d'un message dont la teneur n'a pas été révélée. Moustapha ABDELAJALIL a nié qu'il y ait des discussions avec des représentants du gouvernement libyen. (le 18) Attendu à Benghazi le 19 juin, l’Autrichien Michael SPINELEGGER, a reporté sa visite par mesure de sécurité. (le 18) Sur le terrain, les bombardements et les affrontements se poursuivent. Et certains quittent le navire. Pour la quatrième journée consécutive, les combats faisaient rage aux environs de Misrata. Les forces du régime de KADHAFI ont pilonné les insurgés sans parvenir à arrêter leur progression vers l'ouest. Les rebelles ont progressé le long de la côte de près de trois kilomètres à l'ouest de la ville portuaire. Leur objectif est désormais la ville de Zlitan. (le 13) Sassi GARADA, un membre du régime de KADHAFI et allié de longue date, a quitté la Libye via la Tunisie. Sassi GARADA appartient à la minorité berbère de Libye. On ignore les raisons et la date de sa défection, mais son nom vient grossir la liste des hauts responsables à avoir abandonné le régime, signe d'un possible affaiblissement du pouvoir de KADHAFI. (le 13) Les troupes de KADHAFI présentes dans le secteur d'Al‐Ghazaya bombardaient les positions de l'opposition qui contrôle une route menant à Dehiba, point de passage frontalier avec la Tunisie. (le 14) Vingt‐sept militaires dont plusieurs officiers supérieurs sont arrivés par voie maritime en Tunisie, avec 14 civils, à bord de deux embarcations qui ont accosté au port de Ketf de la région de Médenine frontalière avec la Libye. Le colonel‐major Mokhtar BEN NASR de l'armée tunisienne, a confirmé que plusieurs groupes de militaires libyens avaient fui en Tunisie ces dernières semaines. (le 15) Le raid des insurgés est intervenu au terme d'une journée où, après des semaines de statu quo, ils ont progressé sur trois fronts. Dans l'Est, ils se sont rapprochés de Brega. Dans l'Ouest, ils se sont emparés de Kikla, à 150 km au sud‐ouest de Tripoli, et ont également gagné un peu de terrain vers l'ouest à partir de leur bastion de Misrata, se rapprochant de Zlitane, que tiennent les forces fidèles à KADHAFI. (le 15) www.greliermichel.eu
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Un navire transportant 19 militaires ayant fait défection, dont des officiers, est arrivé au port de Ketf. C'était le deuxième bateau en moins de 24 heures. Un autre officier dissident, un lieutenant‐colonel âgé de 40 ans est entré en territoire tunisien. Venant de la ville de Zouara, il a emprunté une piste saharienne pour accéder à la localité d'Om Cherkat, près de Ben Guerdane, où il a été interpellé par une unité de la garde nationale tunisienne. (le 16) KADHAFI est prêt à organiser d'ici la fin de l'année 2011 des élections et à quitter le pouvoir en cas de défaite, a assuré son fils Saïf al Islam. On voit mal comment cette idée pourrait être appliquée. Il n'y a jamais eu d'élections en Libye depuis 1969. (le 16) Les insurgés de Misrata regroupent des partisans venus de Zlitane – 200 ‐ afin d'organiser leur progression vers cette ville côtière, dont la chute leur ouvrirait la voie vers Tripoli. Zlitane, situé à une soixantaine de kilomètres à l'ouest de Misrata, se trouve à 160 km à l'est de Tripoli. Cette ville d'environ 110.000 habitants compte, dans son centre et dans le quartier du marché, des poches tenues par des opposants à KADHAFI. D'autres quartiers sont sous la coupe des forces fidèles au régime, qui procèdent à des arrestations arbitraires, confisquent des armes et des voitures. (le 16) Saïf al Islam, le fils aîné de KADHAFI, affirme que des élections pourraient être organisées, et qu’en cas de défaite, son père serait prêt à quitter le pouvoir. Ce semblant de concession de la part du pouvoir libyen a été rapidement rectifié par le Premier ministre, Al Bagdadi Ali Al MAHMOUDI : « J'aimerais corriger cela et dire que le chef de la révolution n'est pas concerné par un référendum ». A Benghazi, les responsables du CNT ont de toute façon rejeté l'offre de Saïf al Islam KADHAFI. (le 17) La population de Misrata s'efforce de remettre en état la troisième ville de Libye, assiégée et bombardée pendant des semaines, mais les finances ne suivent pas et beaucoup travaillent depuis longtemps sans être payé. Il s'agit de rétablir des services a minima. La majeure partie des services publics fonctionnent de nouveau grâce à des employés qui ne touchent pas encore leur salaire, et les parents ont rouvert un certain nombre d'écoles, à temps partiel, pour que les enfants soient de nouveau occupés. (le 17) Dans le ciel libyen, l’OTAN… A l'est de Tripoli, des appareils de l'Alliance ont commencé à larguer des tracts appelant les troupes gouvernementales à abandonner leurs postes près de Zlitan. L'OTAN a mené 62 raids aériens, frappant des cibles militaires à Tripoli et dans quatre autres villes situées dans le territoire contrôlé par KADHAFI. L'Alliance a considérablement rehaussé le rythme des attaques aériennes au cours des derniers jours. (le 14) Des avions de l'OTAN ont bombardé au moins deux objectifs dans Tripoli. Des responsables de la défense britannique ont également fait état de frappes menées par la Royal Air Force contre trois bunkers remplis de munitions à Waddan, et un véhicule militaire près de Yafran, à 90 km au sud de Tripoli. Des responsables de l'OTAN ont suggéré que la mission libyenne mettait les ressources de www.greliermichel.eu
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l'Alliance à rude épreuve. Le chef de la marine britannique, l'amiral Mark STANHOPE, a estimé que la Royal Navy ‐ l'un des principaux contributeurs à la mission de l'OTAN ‐ ne pourrait maintenir le rythme de ses opérations si la mission se prolongeait jusqu'à la fin de l'année. David CAMERON a déclaré avoir rencontré Mark STANHOPE, et que ce dernier était d'accord sur le fait que la Grande‐Bretagne pouvait maintenir ses opérations aussi longtemps que nécessaire. (le 15) L'OTAN a qualifié de « subterfuge » l'idée émise par Saïf al Islam KADHAFI d'organiser des élections dont son père respecterait le résultat. (le 17) Le gouvernement de KADHAFI a accusé l'OTAN d'avoir bombardé un quartier résidentiel de Tripoli et d'avoir tué des civils. Des journalistes ont été conduits par les autorités à un hôpital où quatre cadavres, dont ceux de deux jeunes enfants, leur ont été montrés. Mais il n'était pas possible de vérifier de source indépendante le récit donné par le régime libyen. Le ministère de la Santé affirme que 856 civils ont été tués par des frappes de l'OTAN, ce qui est invérifiable, mais les bilans avancés par le gouvernement pour des frappes distinctes se sont avérés exagérés. L'OTAN a reconnu avoir mené des frappes aériennes contre des cibles à Tripoli mais a dit enquêter pour déterminer si elle était responsable de la supposée frappe contre la maison. (le 19) La diplomatie hebdomadaire autour de la Libye est américaine, africaine et russe. Hillary CLINTON a exhorté les dirigeants de l'Afrique à retirer leur soutien à leur homologue libyen, estimant qu'il était temps qu'ils mettent en œuvre leurs engagements en faveur de la promotion de la démocratie sur le continent. Premier chef de la diplomatie américaine à s'adresser aux 54 pays membres de l'Union africaine, dont le siège est à Addis‐Abeba, Hilary CLINTON a prévenu son auditoire que la même vague de démocratie qui balaie le monde arabe atteindrait l'Afrique sub‐
saharienne. « Le statu quo est bousculé et les veilles habitudes de gouvernement ne sont plus acceptables », tout en reconnaissant « le rôle majeur » de KADHAFI dans l'aide financière accordée à plusieurs pays africains et à leur organisation continentale. « Vos mots et vos actes peuvent faire la différence en menant à terme cette situation et en permettant au peuple libyen de commencer à rédiger une Constitution et à reconstruire son pays ». « Les pays africains sont très profondément divisés et opposés à propos de la Libye », a noté un haut responsable du département d'Etat qui accompagne Hillary CLINTON. Le Sénégal et la Mauritanie ont publiquement souhaité que KADHAFI quitte le pouvoir, ce qu'a salué Washington, mais l'UA en tant qu'organisation ne s'est pas prononcée sur le sujet. Elle accuse au contraire les puissances occidentales de saper ses propres efforts de médiation. (le 13) KADHAFI a perdu le soutien d'un autre pays d'Afrique. Le Liberia a rompu ses relations diplomatiques avec le gouvernement de Tripoli. En mai, le Sénégal avait reçu une délégation des insurgés et, début juin, le président mauritanien a jugé nécessaire que KADHAFI quitte le pouvoir. (le 14) www.greliermichel.eu
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L'Union africaine a appelé à une « pause humanitaire » en Libye suivie d'un cessez‐le‐feu pour permettre un règlement politique. Le ministre mauritanien des Affaires étrangères, Hamady Ould HAMADY, à la tête de la commission ad hoc de l'UA sur la Libye, a également déclaré devant le Conseil de sécurité de l'ONU que les Libyens enduraient des « souffrances indescriptibles » et que la poursuite des opérations de l'OTAN posait de nouveaux défis pour la stabilité du pays et de la région. (le 15) Le ministère espagnol des Affaires étrangères expulse l’ambassadeur de Libye en Espagne et précise qu’Ajeli Abdussalam Ali BRENI a 10 jours pour quitter le pays. Il a également décidé d'expulser trois autres membres de l'ambassade dont l'identité n'a pas été divulguée, précisant qu'ils menaient des activités incompatibles avec leur statut diplomatique. (le 16) KADHAFI perd peu à peu ses soutiens en Afrique, continent où ses largesses lui ont valu le surnom de « roi des rois » mais qui se tourne désormais vers d'autres pour dessiner son avenir. La décision de pays comme le Sénégal, la Mauritanie, le Liberia, le Tchad ou encore la Gambie de rompre ou de prendre leurs distances avec le régime libyen découle dans une certaine mesure du pari que les insurgés finiront par faire tomber KADHAFI. Elle illustre d'autre part le rôle de moins en moins important joué par KADHAFI dans une région du monde où la demande de démocratie, l'appétit des investisseurs étrangers et les relations commerciales avec l'Asie, et notamment la Chine, occultent l'attrait qu'exerçaient naguère les pétrodollars libyens. (le 16) Mikhaïl MARGUELOV s'est dit persuadé que « des chances existent pour un règlement politique » du conflit libyen, à l'issue d'une entrevue avec Béji Caïd ESSEBSI. Tunis est au centre d'intenses tractations sur le dossier. Outre Mikhaïl MARGUELOV qui y est arrivé à bord d'un avion spécial après un séjour en Libye, un émissaire du régime de Tripoli Mohamed Ahmed BOUKRAÂ s’y trouve, porteur d'un message aux responsables tunisiens. Le 18 juin, c'est le président du CNT qui y est attendu. Mikhaïl MARGUELOV n'a pas exclu que « des pas en avant » soient accomplis incessamment, en annonçant avoir décidé de retarder son départ. Il a précisé que ce report était lié à la venue de Moustapha ABDELAJALIL. (le 17) Le Yémen ne sera pas notre dernière étape de la semaine, voici ce qui s’y est passé. Plusieurs centaines de milliers de personnes ont manifesté, réclamant des poursuites judiciaires contre la famille et les proches collaborateurs du président SALEH. Ce sont les plus grandes manifestations dans le pays depuis qu’il est parti se faire soigner en Arabie saoudite. (le 14) Un colonel de l'armée, fidèle au président SALEH, Mouti'a al SAYANI, a été tué dans l'explosion de sa voiture à Bouraïka, non loin d'Aden. (le 14) Des militants islamistes, au nombre de 150 à 200, ont lancé une offensive surprise à Houta dans le sud, s'emparant de plusieurs quartiers de la ville à l'issue de combats avec les forces gouvernementales. (le 15) www.greliermichel.eu
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Le président SALEH a juré de surmonter la crise politique dans laquelle son pays est plongé depuis six mois et réaffirmé qu'il n'avait pas l'intention de quitter le pouvoir. (le 16) Le gouvernement a promis que le président SALEH reviendrait dans son pays dans les jours à venir. (le 17) Les Etats‐Unis ont fait leurs calculs pour contrer le terrorisme à partir du Yémen, avec ou sans le président SALEH, et ils construisent une nouvelle base, à eux. Selon Daniel BENJAMIN, coordinateur de la lutte antiterroriste au département d'Etat, les Etats‐Unis craignent qu'Al‐Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA) ne profite de la situation pour acquérir des armes, et pour nouer des liens avec des militants liés à Al‐
Qaïda au Yémen et les insurgés islamistes du groupe al‐Shabab en Somalie. La CIA cherche à accélérer la construction d'une base de drones dans la région du Golfe arabo‐persique, mais le chantier est retardé par des problèmes logistiques. (le 15) Les Etats‐Unis construisent une base aérienne secrète pour la CIA dans la région du golfe arabo‐persique afin de combattre des terroristes d'Al‐Qaïda au cas où les forces américaines seraient chassées du Yémen. La Maison Blanche a déjà renforcé le nombre d'officiers de la CIA au Yémen en prévision d'une éventuelle victoire des factions anti‐américaines. Elle a aussi accéléré le calendrier de construction de la base, ramené de deux ans à huit mois. Pour l'heure, c'est une unité militaire du contre‐terrorisme, le Commandement interarmées des opérations spéciales (Joint Special Operations Command, JSOC), qui mène les attaques contre Al‐Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA), avec le soutien du renseignement de la CIA. Le JSOC a obtenu en 2009 l'autorisation du gouvernement yéménite pour réaliser des frappes limitées sur son territoire. Récemment, les alliés du président SALEH ont également permis aux Etats‐Unis d'utiliser des drones (avions sans pilote commandés à distance) et même des avions de combat afin de frapper des membres d'Al‐Qaïda qui veulent profiter du soulèvement contre le régime pour prendre le pouvoir dans certaines régions. Le directeur de la CIA, Leon PANETTA, a déclaré que des officiers de l'Agence travaillaient au Yémen avec le JSOC, ainsi que dans d'autres zones d'activité d'Al‐Qaïda. La CIA a cependant refusé de confirmer que la Maison Blanche ait décidé de construire la base ou d'étendre les opérations de la CIA au Yémen. La construction d'une nouvelle base suggère un engagement à long terme des Etats‐Unis contre Al‐Qaïda dans la région, sur le modèle du Pakistan, où des drones de la CIA armés de missiles traquent les djihadistes avec l'accord tacite du gouvernement d'Islamabad. Les autorités yéménites préfèrent des drones plutôt que la présence sur leur sol d'équipes du contre‐terrorisme américain, qui passe mal auprès des populations locales. Mais la nouvelle base permettrait de poursuivre des opérations sans l'approbation du Yémen. Si les Yéménites cessaient de coopérer avec les forces contre‐terroristes américaines, la CIA prendrait probablement la direction de la traque d'Al‐Qaïda au Yémen. Pendant que le débat sur cette stratégie se poursuit à Washington, les forces spéciales américaines basées aux frontières du Yémen visent presque quotidiennement des membres d'Al‐Qaïda que les troubles amènent à sortir davantage de leurs repaires. Grâce à des renseignements américains, les forces yéménites ont arrêté des agents qui ont fourni www.greliermichel.eu
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des informations sur les opérations et caches du réseau, permettant de se rapprocher d'une cible majeure, l'imam extrémiste d'origine américaine, Anwar al‐AWLAKI. Trois tentatives de l'atteindre ont cependant échoué depuis le début mai. Les forces américaines ont aussi intensifié leurs attaques parce que le gouvernement yéménite les y encourage pour essayer de garder le pouvoir, ajoutent les mêmes sources. (le 15) En Tunisie, l’heure de rendre des compte est arrivée. Zine El Abidine BEN ALI sera jugé par contumace à partir du 20 juin par la justice civile puis militaire selon la nature des délits retenus contre lui. L'annonce du procès a été faite par Béji Caïd ESSEBSI. Une demande d'extradition adressée aux autorités saoudiennes est restée jusqu'ici sans réponse. BEN ALI et son entourage sont poursuivis dans 93 affaires, certaines relevant des tribunaux civils et d'autres de la juridiction militaire. Ils doivent répondre de chefs d'accusation ayant trait notamment au complot contre la sûreté de l'Etat, homicide volontaire, abus de pouvoir, malversations, blanchiment d'argent et trafic de drogue. Selon le ministère de la Justice, la première affaire dans laquelle seul BEN ALI est impliqué, porte sur la découverte par la commission chargée d'enquêter sur les abus et la corruption de l'ancien régime d'armes et de drogues dans le palais présidentiel de Carthage. La deuxième qui concerne BEN ALI et son épouse Leïla TRABELSI, est relative aux importantes sommes d'argent en devises étrangères et tunisiennes, estimées à 27 Mio US$ (18,6 Mio euro) et aux bijoux de valeurs trouvés dans un autre palais construit à Sidi Bousaïd. Les peines encourues vont de cinq à 20 ans d'emprisonnement en fonction du délit. Le procès sera ouvert au public et aux médias. Pour les affaires du ressort de la juridiction militaire, BEN ALI est passible de la peine capitale s'il est reconnu coupable d'homicide volontaire. (le 14) Les tribunaux militaires tunisiens auront à statuer sur 182 affaires à caractère criminel dans lesquelles sont impliqués l'ex‐président BEN ALI, son ministre de l'Intérieur Rafik Haj KACEM et d'autres responsables de l'appareil sécuritaire. Ces dossiers s'ajoutent aux 93 affaires relevant des tribunaux civils mettant en cause BEN ALI, Leïla TRABELSI et leur entourage. Les affaires du ressort de la juridiction militaire seront examinées par le tribunal de Tunis (130 affaires), de Sfax (sud/51 affaires) et du Kef (nord‐ouest/une affaire) en vertu de leur compétence territoriale. « Il importe d'établir les faits en toute clarté : qui a tué, qui a exécuté, qui a donné les ordres ? ». « Il s'agit de délimiter les responsabilités de manière à ce que la justice prenne son cours normal dans le cadre de procès équitables où toutes les garanties sont assurées ». Un premier procès aura lieu le 27 juin à Sfax sur la mort d'un citoyen, Slim HADHRI, dont l'auteur présumé est un agent de l'ordre. (le 17) Et nous finirons, au Maroc, au bout du Maghreb, là où le soleil se couche. La réforme de la Constitution a été confiée à une commission consultative formée à la suite d'un discours de MOHAMMED VI, le 09 mars, dans lequel il s'est engagé à mettre en œuvre l'indépendance de la justice ainsi que des réformes politiques réclamées par une www.greliermichel.eu
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partie de la population, notamment le mouvement du 20‐Février, inspiré par les révoltes dans le monde arabe. Représentant la plus ancienne dynastie du monde arabe, MOHAMMED VI doit exposer les grandes lignes de la future Constitution. Il devrait à cette occasion annoncer la date d'un référendum. « Le système constitutionnel du royaume se fonde sur le principe de la séparation des pouvoirs (...) la démocratie participative et les principes de bonne gouvernance », est‐il écrit dans ce projet de réforme, selon sa version en arabe, authentifiée par un responsable gouvernemental. Sa version finale accorde explicitement des pouvoirs exécutifs au gouvernement, même si le roi va conserver un contrôle exclusif sur l'armée et les affaires religieuses. Le souverain désignera le Premier ministre parmi des personnalités issues de la formation arrivée en tête aux élections législatives. Les ministres, les ambassadeurs et les gouverneurs de province, qui sont les représentants de l'Etat dans les régions, seront proposés par le Premier ministre et approuvés par le roi. Le chef du gouvernement pourra dissoudre la chambre basse du parlement après avoir consulté le roi, le président de la chambre et le président du Conseil constitutionnel. Le roi pourra pour sa part dissoudre le parlement, mais seulement après avoir consulté le président d'un organe constitutionnel nouvellement créé et dont la moitié des membres seront nommés par le souverain. La réforme prévoit aussi la création d'un Conseil suprême de sécurité au sein duquel seront examinées les questions intérieures mais aussi de sécurité extérieure. Ce conseil sera notamment composé du Premier ministre, des présidents des deux chambres du parlement et de responsables de l'armée. (le 17) MOHAMMED VI a annoncé la tenue d'un référendum le 01 juillet sur un projet de nouvelle Constitution. Le souverain a précisé qu'il voterait "oui". (le 17) Dans le projet de nouvelle Constitution, le berbère est reconnu comme une langue officielle du royaume. (le 18) Les trois dernières informations de la semaine sont françaises. L’adversaire de Christine LAGARDE, Agustin CARSTENS a rencontré à Tokyo son homologue, Masaaki SHIRIKAWA, ainsi que le ministre des Finances, Yoshihiko NODA, dans le cadre de sa candidature au poste de directeur général du FMI. Au sortir de ses entretiens, il a déclaré que ses interlocuteurs s'étaient contentés de l'écouter. Prié de dire s'il avait rallié le soutien de Tokyo à sa candidature, il a déclaré : « Le grand argentier japonais a écouté avec beaucoup d'attention mes propos. C'est toujours prématuré mais nous avons eu une bonne discussion ». Christine LAGARDE dispose notamment du soutien de pays européens et ouest‐africains, Agustin CARSTENS essentiellement de celui de l'Amérique latine. Les Etats‐Unis et le Japon, principaux contributeurs au budget du FMI et qui détiennent en conséquence le plus de droits de vote, n'ont pas encore fait connaître officiellement leur préférence. (le 17) Rama YADE confirme qu'elle quitte son poste d'ambassadrice auprès de l'Unesco. Elle dit avoir « besoin de renouer avec une liberté totale ». Rama YADE, qui s'est plusieurs fois opposée à la ligne officielle du gouvernement ou de www.greliermichel.eu
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l'UMP, a rejoint le Parti radical, associé à l'UMP, de Jean‐Louis BORLOO. Elle a fait l'objet de critiques ces derniers temps pour sa liberté de ton, certains estimant qu'elle n'était pas compatible avec son devoir de réserve à l'Unesco. « Je ne pense pas qu'il y aurait eu un départ contraint ». « L'objectif des rappels à l'ordre était de me priver d'expression, de me faire renoncer à mon soutien à Jean‐Louis BORLOO. Me démettre de mes fonctions m'aurait rendu ma liberté, ce qui n'était pas précisément le but. Cette liberté, j'ai décidé de la prendre ». Rama YADE explique que Jean‐Louis BORLOO veut lui « confier des responsabilités, ce qui suppose de retrouver du temps pour (s)'investir complètement ». « J'ai également décidé de m'engager pour être élue au Parlement », déclare Rama YADE, précisant avoir expliqué à Nicolas SARKOZY son « souhait » de s'investir dans la campagne de Jean‐Louis BORLOO. A la question de savoir quand son départ sera effectif : « Je pense qu'il l'est. Je vais juste transmettre les dossiers dans de bonnes conditions ». Le ministère des Affaires étrangères a confirmé qu'Alain JUPPE avait « bien reçu la lettre de démission de Rama YADE », et précise qu’ « elle prendra effet au mois de juillet ». (le 16) Le secrétaire national du Parti communiste français, Pierre LAURENT a annoncé que Jean‐Luc MELENCHON sera le candidat du Front de gauche (PCF et Parti de gauche) pour l'élection présidentielle. Pour la première fois depuis 1974, le PCF ne sera pas présent dans la course à l'Elysée. Pierre LAURENT précise qu'à l'issue de la consultation menée auprès des adhérents du parti, l'accord de candidature commune aux législatives et à la présidentielle sous l'étiquette Jean‐Luc MELENCHON a recueilli 59,12% des voix parmi les près de 49.000 votants. Le député communiste du Puy‐de‐Dôme André CHASSAIGNE en a totalisé 36,82% et le militant communiste Emmanuel DANG TRAN 4,06%. La nomination de Jean‐Luc MELENCHON a été saluée par le Parti de gauche qui estime que ce choix « confirme bien qu'il existe à gauche une alternative unitaire et conquérante face à Nicolas SARKOZY et Marine LE PEN. Un autre vote à gauche est possible, celui pour une révolution citoyenne pacifique et démocratique qui mettent fin au règne de l'oligarchie en France ». En revanche, le député communiste de Rhône André GERIN, qui soutenait son collègue André CHASSAIGNE, a dénoncé ce choix, en déplorant : « Une nouvelle fois, les responsables du PCF ont choisi la division des communistes en mettant à l'écart l'opposition lors du dernier congrès. Beaucoup d'adhérents aujourd'hui ne sont pas dupes ce qui confirme que des milliers de communistes ont été interdits de vote ». (le 19) www.greliermichel.eu
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Semaine 25 – du lundi 20 au dimanche 26 juin 2011 Syrie : 11.700 réfugiés, Libye : plus de 1.000.000 à ce jour Cette semaine encore, ce sont les réfugiés qui sont mon plus important souci. J’ai lu ce que tu avais écrit la semaine dernière longuement et en détail. Je commence à comprendre ton humeur massacrante sur ce sujet. Est‐ce que ce n’est pas parce qu’à la différence de tous ceux qui, comme moi, subissent les informations, tu découvres, tu lis ces dépêches chaque matin, tu les édites et tu les entasses pour préparer ton travail ? Il y a de cela. Il y a aussi que ces hommes, ces femmes et ces enfants fuient une sauvagerie humaine organisée. Je suis révolté quand, pour garder son pouvoir personnel, celui de sa famille, de son clan, de sa tribu, on chasse des familles de chez elles ou qu’on les massacre et les torture. Tu veux ajouter quelque chose. Je veux leur rendre hommage, collectivement et individuellement. A chaque dépêche que je retranscris depuis plusieurs semaines, il y a de plus en plus de visages, de regards qui racontent leur incompréhension et leur souffrance quand, autour de moi, c’est l’indifférence ou l’ignorance. Tiens, voilà la pile des informations que tu as retenues. Par quoi commences‐tu ? Les Nations unies ont publié un rapport sur les réfugiés. Les quatre cinquièmes des 15,4 Mio de réfugiés dans le monde vivent dans des pays pauvres où leurs chances d'être naturalisés et leurs perspectives économiques sont limitées. Plus d'un quart se trouve dans trois pays : le Pakistan, l'Iran et la Syrie. Ces chiffres ne prennent pas en compte la dernière vague de migrants déclenchée par les troubles en Côte d'Ivoire ou en Tunisie, dont la plupart ont gagné les pays voisins puisque l'Union européenne s'efforce de les empêcher d'atteindre ses rives. Selon le HCR, le Haut‐commissariat pour les réfugiés, la situation a radicalement changé depuis la création de cette agence en 1950, quand l'ONU se préoccupait surtout des 2,1 Mio d'Européens déracinés par la Deuxième guerre mondiale. Outre les 15,4 Mio de réfugiés ‐ seulement 153.000 de plus qu'en 2009 ‐, le HCR a recensé 27,5 Mio de personnes déplacées dans leur propre pays et 850.000 demandeurs d'asile en 2009, dont près de 20% en Afrique du Sud. Il évalue le nombre de personnes déplacées malgré elles à 43,7 Mio dans le monde. Les Palestiniens représentent un tiers des réfugiés, soit presque 5 Mio de personnes au total, dont beaucoup ont toujours vécu dans les pays voisins. Les Afghans, qui ont fui les guerres successives depuis l'invasion soviétique en 1979, représentent un cinquième des réfugiés. Beaucoup vivent dans des conditions difficiles au Pakistan et en Iran voisins. Les autres grandes sources de réfugiés sont l'Irak (près de 1,7 Mio), la Somalie (770.000) et la République démocratique du Congo (RDC, 477.000). Le HCR insiste sur la générosité des pays d'accueils, dont beaucoup ont déjà du mal à s'occuper de leur propre population. Le Pakistan supporte les plus lourdes répercussions économiques, avec 710 réfugiés pour un dollar de son PIB par habitant (en parité de pouvoir d'achat), suivi de la RDC et du Kenya avec respectivement 475 et 247 réfugiés. En comparaison, l'Allemagne, le pays industrialisé qui accueille la plus importante population réfugiée (594.000 personnes), héberge 17 réfugiés pour 1 dollar de son PIB par www.greliermichel.eu
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habitant. Cependant, il est plus facile d'être naturalisé dans des pays riches comme l'Allemagne, ce qui ouvre aux nouveaux arrivants des perspectives pour eux et leurs descendants. Les Etats‐Unis sont de loin le pays le plus généreux en ce qui concerne la réinstallation, ce qui explique le nombre faible de réfugiés dans ce pays : 3.025. Ils ont réinstallé 71.362 réfugiés chez eux en 2010, suivis par le Canada (12.000) et l'Australie (8.500). Le Japon est quant à lui devenu en 2009 le premier pays asiatique à proposer la réinstallation : il a accueilli les premiers membres d'un groupe de 90 Karens birmans, dont certains avaient toujours vécu dans un camp de réfugiés thaïlandais avant d'arriver à Tokyo. (voir tableau Reuters) (le 20 juin) Adrian EDWARDS, du HCR, a précisé que des représentants de l'ONU avaient trouvé la ville de Jisr al‐Choughour et les villages voisins pratiquement déserts, signes d'un « déplacement significatif » de populations. D'après lui, entre 500 et 1.000 personnes, chaque jour, franchissent la frontière pour gagner la Turquie depuis le 07 juin et plus de 10.000 réfugiés sont accueillis dans quatre camps frontaliers. (le 21) Cecilia MALMSTRÖM est la Commissaire européenne chargée des Affaires intérieures. Elle observe, au cours des dernières années, un soutien croissant dans l'UE pour les mouvements populistes et les partis politiques d'extrême‐droite. Dans ses domaines de responsabilité ‐ l'asile, la migration, l'intégration et la coopération transfrontalière – elle a constaté la hausse de la xénophobie. Les dirigeants politiques partout en Europe se sont empressés de condamner la violence en Libye, en Syrie et en Côte d'Ivoire, et de féliciter nos voisins de l'Afrique du Nord dans leur lutte pour la démocratie et la liberté. Mais quand il s'agit de faire face aux conséquences de ces développements, et surtout quand il s'agit de gérer l'arrivée des hommes, des femmes et des enfants qui viennent en Europe à la recherche d'une protection ou d'une meilleure vie, les dirigeants européens se sont révélés plus réticents à offrir leur soutien. Nous devons reconnaître que la guerre a des conséquences, et que les mots ne valent que très peu s'ils ne sont pas suivis d'actions concrètes et de réelles preuves de solidarité. Jusqu'à présent, seuls environ 15.000 personnes, sur plus d'un million fuyant les violences en Libye, sont entrées dans l'UE. Tous ensembles, les États membres ont déclaré qu'ils seraient prêts, initialement, à offrir une protection à 800 de ces personnes. Or, seule, la Norvège a accepté d'en prendre plus de 300. Cecilia MALMSTRÖM encourage les chefs d’Etat ou de gouvernement à montrer que nous sommes sérieux lorsque nous disons que nous sommes prêts à les accompagner sur le chemin de la démocratie et le progrès économique. Elle espère que le Conseil européen qui s’ouvre va confirmer que la solidarité et la responsabilité sont toujours les principes clés qui méritent d'être défendues au sein de l'UE. (le 22) Le ministère des Affaires étrangères a déclaré que plus de 1.500 réfugiés syriens avaient franchi la frontière pour trouver refuge en Turquie ces dernières 24 heures. Plus de 11.700 personnes sont installées dans des camps de réfugiés. (le 24) Plusieurs centaines de Syriens, pour certains blessés par balles, se sont réfugiés au Liban. Cet afflux de réfugiés intervient au lendemain d'une nouvelle journée sanglante en Syrie, où les forces de sécurité ont tiré sur des manifestants, faisant 20 morts. Les réfugiés ont franchi le poste frontière d'Al‐Sousaïr dans la région d'Akkar près de Wadi Khaled (nord du Liban). Six personnes blessées par balles se trouvaient parmi les arrivants et ont été www.greliermichel.eu
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hospitalisées à Akkar. (le 25) La pile suivante que j’ai appelée « sur le terrain » accuse les responsables et les coupables de ces atrocités répétées. Commençons par la Syrie. Bachar el‐ASSAD a annoncé le lancement prochain d'un « dialogue national » et l'examen de réformes politiques, dont la fin du monopole du parti Baas au pouvoir. Mais les promesses de Bachar el‐ASSAD, assorties d'une dénonciation des « saboteurs », ne semblent pas avoir convaincu l'opposition, à l'heure où les chefs de la diplomatie de l'UE étaient réunis à Luxembourg pour s'entretenir d'un élargissement des sanctions contre Damas face à la poursuite de la répression. Des milliers de personnes sont descendues dans les rues de plusieurs villes syriennes en signe de protestation après ce troisième discours public depuis le début du soulèvement populaire. Il n'a montré aucune volonté de céder le pouvoir, une demande clef des protestataires, ni présenté de mesure claire en direction de la démocratie, aux yeux de ses opposants. (le 20) Des milliers de personnes brandissant des photos de Bachar el‐ASSAD ont manifesté à Damas, lieu semble‐t‐il du plus vaste rassemblement, lui jurant allégeance. La télévision d'Etat a diffusé des images de manifestations similaires dans les villes d'Alep, Lattaquié, Hasaka et Deraa. (le 21) Sept personnes, dont un adolescent, ont été tuées dans des tirs et des affrontements entre partisans et opposants à Bachar el‐ASSAD dans trois villes de Syrie, le garçon de 13 ans à Hama, trois à Homs et trois à Deir el Zour. (le 21) Bachar el‐ASSAD semble s'appuyer de plus en plus sur un cercle restreint de proches, piliers de la dynastie familiale qui règne sur la Syrie depuis 1970. Son frère cadet, Maher el‐ASSAD, 42 ans, dirigerait en partie la répression sanglante. Il commande la 4e division de l'armée, considérée comme la force la mieux équipée et entraînée du pays, et les six brigades de la Garde républicaine, chargées de protéger la capitale, Damas. Depuis le début de la contestation, ses troupes auraient participé à la répression à Deraa, Banias, Homs et dans la province septentrionale d'Idlib, qui a vu des milliers d'habitants terrorisés fuir vers la Turquie. Les forces de sécurité poursuivaient leurs opérations à Idlib, arrêtant des centaines de jeunes hommes. Recep Tayyip ERDOGAN a donné crédit aux informations sur le rôle présumé de Maher el‐ASSAD dans la répression, déclarant que ses actes étaient proches de la « sauvagerie ». Son beau‐frère Assef CHAOUKAT, général et chef d'état‐major adjoint. Ses cousins Rami MAKHLOUF, homme d'affaires le plus influent du pays, Hafez MAKHLOUF, haut responsable du renseignement, et un autre cousin, Zou al‐Hima CHAOUICH, en charge de la sécurité présidentielle. Sa sœur aînée, Bouchra el‐ASSAD, épouse d’Assef CHAOUKAT, « est présentée par la rumeur comme une décideuse‐clé ». Son oncle maternel, Mohammed MAKHLOUF, serait le membre de la famille le plus influent. Il est très respecté par sa sœur Anisa el‐ASSAD, mère de Bachar, et les enfants de celle‐ci. D'autres ont semble‐t‐il moins ses faveurs. Bachar el‐ASSAD a limogé son cousin Atef NAJIB de son poste de chef de la sécurité à Deraa, rejetant ainsi sur lui la responsabilité de la répression brutale contre les manifestants dans la ville. www.greliermichel.eu
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Quoi qu'il en soit, les membres de la famille devront rester unis ou ils tomberont ensemble. (le 21) Des soldats appuyés par des chars et des tireurs embusqués sont entrés dans le village de Khirbet al‐Jouz, le long de la frontière avec la Turquie. Près de 100 personnes qui vivaient sous des tentes de fortune ont fui vers la Turquie alors que la localité était encerclée et que la Turquie avait déployé des gardes le long de la frontière. (le 23) Les forces de sécurité ont ouvert le feu sur des manifestants. Au moins sept personnes ont été tuées : quatre à Barzeh, un quartier de Damas, deux autres à Al‐Kasweh, une banlieue de Damas, et à Homs. Un garçon de 12 ans, Rateb al‐Orabi, a été tué quand les forces de sécurité ont tiré sur des manifestants à Shammas, un quartier de Homs. Dans le nord du pays, au moins 15.000 personnes ont manifesté sur une autoroute reliant les deux principales villes, Damas et Alep. Plusieurs milliers de personnes ont aussi défilé dans le nord‐est, à Amouda et Qamishli, et dans d'autres provinces. (le 24) Bilan alourdi à 12 personnes tuées : quatre à Barzeh, trois à Al‐Kasweh, quatre à Homs et une à Hama. (le 24) Face à ces actions de répression, la place est minuscule pour la diplomatie et les sanctions politiques. Ahmet DAVUTOGLU a évoqué la situation avec son homologue syrien Walid MOUALEM. Le ministère turc a par la suite convoqué l'ambassadeur de Syrie à Ankara pour consultations. (le 23) L'Union européenne a condamné dans les termes les plus forts l'aggravation de la violence en Syrie, brandissant la menace de nouvelles sanctions. Elle ne lui a cependant pas demandé de démissionner. Toute nouvelle sanction viserait à entraîner « sans délai un changement fondamental de politique » de la part des autorités syriennes, ont souligné dans un communiqué les ministres des Affaires étrangères de l'UE réunis à Luxembourg. Les sanctions décidées jusqu'à présent n'ont pas eu ces effets. (le 20) A Bruxelles, l'UE a pris de nouvelles sanctions contre le régime syrien en raison de « la gravité de la situation ». Ces nouvelles sanctions visent sept personnes et quatre entreprises. Ces mesures portent à 34 le nombre de responsables syriens et d'entités soumis à un gel des avoirs et à une interdiction de déplacements, sanctions auxquelles s'ajoute un embargo de l'UE sur les ventes d'armes et d'équipements pouvant être utilisés pour écraser les manifestations dans le sang. (le 23) Dans cette nouvelle liste figurent trois hauts gradés iraniens appartenant aux gardiens de la révolution impliqués dans la répression. Quatre responsables syriens, une société immobilière, un fonds d'investissement et deux autres sociétés accusées de financer le gouvernement apparaissent également dans cette liste publiée au Journal Officiel de l'UE. (le 24) J’ai commencé à feuilleter les dépêches sur la Libye. On dirait que beaucoup de choses se détériorent ou foutent le camp. Pour des militaires, des diplomates et des politiques, on parle de « défection ». www.greliermichel.eu
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Une vingtaine de militaires ont rejoint les rangs des insurgés. Quatre d'entre eux ont été présentés à la presse à Benghazi. Le groupe, composé de 22 militaires, dont plusieurs officiers, et de trois civils, se serait enfui d'une base de la région de Gatroun. (le 20) Human Rights Watch a rapporté que plus de 150 mines antipersonnel, supposées avoir été posées par les forces gouvernementales, avaient été découvertes et retirées au nord de la ville de montagne de Zintan. C'est la première utilisation confirmée de mines antipersonnel dans la région de Nefoussa. Des mines antipersonnel gouvernementales ont été découvertes dans six endroits distincts du pays. (le 21) Plusieurs dizaines de rebelles – 51 ‐ qui étaient détenus par les forces de KADHAFI ont regagné Benghazi à bord d'un bateau de la Croix‐Rouge. Les rebelles détenus ont affirmé avoir été victimes d'actes de torture. De son côté, le CNT a déclaré que cinq prisonniers avaient été renvoyés vers Tripoli. (le 24) Des officiers de haut rang ayant fait défection en Tunisie ont fait état d'une « situation dramatique » en Libye. Depuis plusieurs semaines, les dissidences se multiplient dans les rangs des forces gouvernementales. L'agence de presse officielle tunisienne TAP a fait état de l'arrivée, le 23 juin, de 49 réfugiés, dont 19 officiers de l'armée et de la police, précédés, le 22 juin, par 38 autres Libyens, parmi lesquels de hauts responsables militaires. Trois officiers supérieurs ont accepté de livrer leur sentiment. L’un d’eux a avancé un bilan de plus de 15.000 morts depuis le début de la crise libyenne et estimé le nombre de prisonniers à plus de 30.000. (le 24) L'emprise des services de sécurité de KADHAFI sur Tripoli s'affaiblit mais demeure trop grande pour qu'un soulèvement puisse être tenté à court terme dans la capitale, estiment des opposants réunis au sein d'un réseau clandestin de la ville. Ces activistes ont déclaré que KADHAFI contrôlait Tripoli au moyen d'informateurs et en ordonnant rafles et meurtres en série. Mais ils parlent d'un appareil de répression sur la défensive, de centres de détention en nombre décroissant, d'interrogateurs ne sachant pas quelles questions poser, de personnes arrêtées puis libérées sans logique apparente. Quatre militants de deux groupes d'opposition différents ont donné leur point de vue sur les conditions à réunir pour briser le contrôle de KADHAFI sur Tripoli. Leurs propos ne sont pas de nature à conforter ceux qui misent sur un règlement rapide du conflit déclenché depuis quatre mois. Selon ces activistes, un soulèvement à Tripoli requiert la poursuite des bombardements de l'OTAN, une progression marquée des rebelles d'autres régions en direction de la capitale et un réseau d'opposition bien structuré dans la ville elle‐même. La création de ce réseau est devenue très difficile du fait que le gouvernement a coupé le réseau internet et les échanges téléphoniques par SMS, privant ses opposants d'accès à des moyens de communication. S'il reste très actif, l'appareil de sécurité donne des signes d'affaiblissement, disent les activistes. Ils parlent d'une aggravation de la délinquance nocturne dans la ville et l'expliquent par le fait que les autorités se concentrent sur la défense du régime et négligent le maintien de l'ordre public. Les militants notent que les méthodes dures appliquées par le régime, son large recours www.greliermichel.eu
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aux indicateurs et la fermeture des réseaux sociaux se révèlent efficaces, de nombreux Libyens restant effrayés à l'idée de s'insurger. (le 24) Comment appelles‐tu la défection de footballeurs ? La liberté. Quatre joueurs de la sélection nationale libyenne de football et 13 autres figures du football libyen ont annoncé leur passage à la rébellion. (le 25) Mais quand donc KADHAFI fera‐t‐il défection à la Libye et aux Libyens ? KADHAFI a accepté de rester en dehors de négociations pour sortir de la crise, a fait savoir le Comité de l'Union africaine sur la Libye, réuni en Afrique du Sud. L'Union africaine, qui tente d'assurer une médiation dans le conflit, a proposé un cessez‐le‐feu et des pourparlers. Mais l'insurrection réclame que KADHAFI quitte le pouvoir avant toute négociation. (le 26) Jacob ZUMA a ouvert la réunion en insistant sur l'urgence de la situation : « Le peuple de Libye se tourne vers nous pour mettre fin à ce carnage ». (le 26) Les opposants tentent d'accentuer la pression sur les forces de KADHAFI sur un second front : dans le djebel Nefoussa. Des combats se déroulaient à la périphérie Bair al‐
Ghanam. Cette ville est importante car elle n'est située qu'à 30 kilomètres au sud de Zaouia, un verrou stratégique à l'ouest de Tripoli. L'insurrection avait pris le contrôle de Zaouia en mars avant d'être écrasée par les forces de KADHAFI qui ont repris la ville. Au début du mois de juin, de nouveaux combats avaient éclaté dans la ville, coupant brièvement l'accès à une autoroute stratégique le long de la côte qui traverse Zaouia, une ville de raffinerie pétrolière. L'autoroute relie Tripoli à la frontière tunisienne et c'est l'une des principales routes d'approvisionnement de KADHAFI. (le 26) Un peu plus d'une centaine de Libyens sont arrivés par bateau à Tripoli depuis Benghazi. Le voyage était organisé par le Comité international de la Croix‐Rouge (CICR), qui avait emmené environ 300 personnes dans l'autre sens, vers Benghazi le 24 juin. (le 26) Le ministre de la Santé et de l'Environnement, Mohamed Al‐HIJAZI, et celui des Affaires sociales, Ibrahim CHERIF, ont franchi le poste‐frontière de Ras Jédir dans le Sud tunisien. Ils se sont rendus directement à Djerba pour rejoindre le ministre des Affaires étrangères Abdelati OBEÏDI qui s’y trouve depuis quatre jours et où il a rencontré « plusieurs parties étrangères, dans le cadre des efforts diplomatiques tendant à la recherche d'une solution à la crise ». (le 26) En face de KADHAFI, il y a le CNT, de plus en plus reconnu. YANG Jiechi, le ministre chinois des Affaires étrangères, a déclaré que Pékin considérait le CNT comme un représentant d'une partie croissante de l'opinion publique libyenne et une force politique majeure dans ce pays. Ces commentaires représentent à ce jour le soutien le plus net de la Chine à l'opposition libyenne. YANG Jiechi a toutefois réaffirmé que les deux camps devaient cesser les combats et négocier un accord politique. www.greliermichel.eu
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Si Pékin refuse de prendre position dans le conflit libyen, il accroît son soutien au CNT pour ménager la chèvre et le chou dans un pays où la Chine a réalisé de gros investissements. (le 22) La ministre danoise des Affaires étrangères Lene ESPERSEN a effectué une visite surprise à Benghazi : « Nous reconnaissons le Conseil national de transition ». (le 22) L’autre acteur de la crise libyenne, c’est l’OTAN. Pour la première fois, l'OTAN a reconnu sa responsabilité dans la destruction d'un immeuble, à Tripoli. L'alliance a expliqué que la cible visée était un site de missiles militaires mais qu'une défaillance du système semblait avoir fait dévier l'une des bombes. Le général Charles BOUCHARD, a exprimé des regrets pour les pertes de civils. (le 20) Le gouvernement a accusé l'OTAN d'avoir tué 15 civils dans un raid aérien contre la résidence d'un des proches de KADHAFI à Sourmane, à 70 km à l'ouest de Tripoli. Le raid aurait visé la maison de Khouildi HAMIDI, l'un des douze membres du Conseil de commandement de la Révolution que dirige KADHAFI. L'OTAN a affirmé avoir bombardé un objectif militaire, un centre de commandement et de contrôle, et a dit ne pouvoir confirmer la mort de civils. (le 20) L'OTAN a fait savoir qu'un de ses drones avait disparu au‐dessus de la Libye mais démenti les informations selon lesquelles les forces pro‐KADHAFI auraient abattu un hélicoptère d'attaque de l'Alliance. L'OTAN avait perdu le contact radar avec un hélicoptère drone, sans pilote, le long de la côte centrale de la Libye, et menait une enquête. Selon lui, l'appareil effectuait une mission de renseignement, surveillance et reconnaissance. (le 21) L'OTAN tente de susciter à Tripoli un soulèvement armé contre KADHAFI parce qu'elle a perdu l'espoir que les insurgés hors de la capitale parviennent à s'en emparer dans un proche avenir. La manière dont l'OTAN effectue ses raids sur Tripoli donne à penser que l'Alliance tente de réduire les capacités de défense de KADHAFI en vue du moment où ses opposants dans la ville, pour l'instant dans la clandestinité, décideront de se soulever. Il s'agit d'une stratégie à haut risque, mais l'alliance y a été contrainte parce qu’il ne lui reste pas vraiment d'autre option. Les insurgés, regroupés sur trois fronts hors de Tripoli, n'ont enregistré aucune avancée significative. Les bombardements de l'OTAN et les défections n'ont pas renversé le régime de KADHAFI et les puissances occidentales ne sont pas prêtes à faire la seule chose qui mettrait fin au conflit : envoyer des troupes au sol. Créer les conditions d'un tel soulèvement semble guider le choix de certaines cibles visées par l'OTAN à Tripoli. L'armée britannique a confirmé que ses chasseurs Typhoon avaient visé les miradors encadrant les murailles de la forteresse de Bab al Azizia, utilisée par KADHAFI. Ces miradors serviraient à défendre la forteresse contre toute attaque lancée par des opposants au régime. D'autres attaques visaient des installations que KADHAFI pourrait utiliser pour mater une rébellion à Tripoli. L'OTAN a dit avoir attaqué le siège de la police secrète à Tripoli, ainsi que celui des services de renseignement. Pour les gouvernements occidentaux, compter sur un mouvement d'opposition qu'ils ne connaissent pas pour renverser KADHAFI relève du pari. Le problème est que la faiblesse www.greliermichel.eu
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des insurgés à l'extérieur de Tripoli n'offre pas d'alternative viable. Il est certain qu'il existe dans Tripoli un mouvement clandestin d'opposition. Des militants ont organisé des manifestations « éclair », scandant pendant quelques minutes des slogans anti‐KADHAFI avant de disparaître. Ils ont accroché à des ponts le drapeau vert, noir et rouge adopté par les insurgés et ils ont, de nuit, tracé sur les murs des inscriptions hostiles à KADHAFI. La nuit, on peut entendre des fusillades dans certains quartiers de Tripoli. Des habitants ont fait état d'affrontements entre forces de sécurité et insurgés. L'équilibre des forces à Tripoli reste néanmoins en faveur de KADHAFI et il conserve suffisamment d'hommes et d'armes pour abattre quiconque tente de se révolter. (le 22) Lima FOX, secrétaire britannique à la Défense : « la mission de l'OTAN a coûté jusqu'à présent 260 Mio UK£ (292 Mio euro), soit plus de 40 Mio UK£ (45 Mio euro) par mois pour le contribuable britannique ». Les avions et hélicoptères britanniques ont effectué quelque 200 sorties entre le 19 mars et le 14 juin. Liam FOX avait précisé que la Grande‐Bretagne et ses alliés utilisaient des « armes de précision onéreuses » pour limiter le risque de pertes civiles. (le 23) L'OTAN a infligé un coup important aux forces libyennes en détruisant 13 véhicules blindés, un véhicule de transport de troupes et un lance‐roquette près de Zlitane, lors d'un bombardement aérien et maritime. (le 23) Au pays du jasmin, la démocratie tunisienne se fraye son chemin, lentement mais non sans embûches. C'est dans une atmosphère qui rompt avec le verrouillage du passé que s'est ouvert le procès de l'ex‐président BEN ALI devant la chambre criminelle du tribunal de première instance de Tunis. Outre les journalistes et photographes des médias tunisiens et étrangers, pour la première fois les chaînes de télévision ont été autorisées à installer leurs caméras dans la salle d'audience bondée. Plus de soixante avocats, dont cinq commis d'office, conduits par le bâtonnier Abderrazak KILANI, y ont également pris place. BEN ALI et son épouse Leïla TRABELSI étaient jugés par contumace, Riyad n'ayant pas donné suite à la demande d'extradition adressée par les autorités tunisiennes. Deux affaires étaient à l'ordre du jour de ce procès. Dans la première, BEN ALI et Leïla TRABELSI sont accusés de détournement de fonds publics et de malversations. L'acte d'accusation lu par le juge relate la découverte dans le palais de Sidi Dhrif récemment construit à Sidi Bousaïd, d'importantes sommes d'argent en devises étrangères et tunisiennes et de bijoux dont certains ont « une valeur historique ». Il fait état de malversations selon lesquelles BEN ALI a vu ses honoraires mensuels grimper « sur ses propres instructions » de 2.000 dinars (environ 1.000 euro) en 1987, date de son accession au pouvoir, à 21.000 dinars (plus de 10.000 euro) en 1998. Le montant total de ses honoraires au cours de cette période a été évalué à près de 4,7 Mio de dinars (2,3 Mio euro). En plus d'indemnités dont il bénéficiait « sans aucun contrôle » fiscal, il avait à sa disposition une « caisse noire » de près de 16,5 Mio de dinars (plus de 8 Mio euro) alimentée sur le budget de l'Etat. L'acte d'accusation fait en outre état de faits de corruption et d' « instructions données en violation des réglementations en vigueur » pour l'octroi de privilèges aux proches du clan BEN ALI/TRABELSI. Le représentant du ministère public a requis « les peines les plus sévères » pour les délits www.greliermichel.eu
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« prouvés » vu « l'ampleur des sommes détournées » par BEN ALI et TRABELSI. Les peines encourues vont de cinq à vingt d'emprisonnement pour chaque délit. Le représentant du contentieux de l'Etat a, quant à lui, réclamé un « dédommagement moral » d'un montant d'un milliard de dinars (près de 500 Mio euro). Abordant la deuxième affaire dans laquelle BEN ALI est accusé, seul, de possession de drogue et d'armes et de détention illégale d'objets archéologiques, la cour a suspendu la séance à la suite d'une demande d'ajournement présentée par la défense. (le 20) BEN ALI et Leïla TRABELSI ont été condamnés par contumace à 35 ans d'emprisonnement chacun pour des délits de détournement de fonds publics et de malversations. La Cour a condamné également BEN ALI à une amende de 50 Mio de dinars (environ 25 Mio euro) et TRABELSI à 41 Mio de dinars (environ 20 Mio euro), dans l'affaire relative au palais de Sidi Dhrif. L'affaire relative au palais de Carthage a été reportée au 30 juin à la demande de la défense. (le 20) Un proche de BEN ALI, Imed TRABELSI, a été condamné en appel à quatre ans de prison ferme et une amende de 3.000 dinars (environ 1.500 euro) pour détention et consommation de stupéfiants. Imed TRABELSI est impliqué dans des affaires de corruption, de constitution de bande pour commettre des atteintes aux biens et aux personnes de trafic de pièces archéologiques et d'octroi illicite de visas pour le pèlerinage à La Mecque. Il fait partie de la liste des 114 proches du clan BEN ALI/TRABELSI dont les biens pourraient être confisqués par une commission nationale. (le 25) Cette information est sûrement celle qui organise le mieux l’avenir démocratique de la Tunisie. La Tunisie est devenue le premier pays nord‐africain à rejoindre la Cour pénale internationale (CPI). La Tunisie est le 116ème pays, le 32ème pays africain et le quatrième membre de la Ligue arabe à signer le statut de Rome, qui a créé le premier tribunal permanent chargé de juger les personnes accusées de génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre. Son adhésion entrera en vigueur à compter du 01 septembre, date à laquelle le pays sera soumis à la juridiction de la cour. (le 25) Celle‐là ne semble pas faire avancer la situation à la même vitesse… De quoi parles‐tu ? La cour d'appel de Paris a ordonné la restitution d'un jet saisi le 01 février appartenant à un proche de BEN ALI. Ce jet a été saisi dans le cadre de l'enquête préliminaire ouverte par le parquet de Paris à la suite de plaintes de deux associations contre BEN ALI et son entourage. Cet avion appartient à la société Fly International Airways, détenue par les frères MABROUK dont l'un, Marwan, est l'époux de Cyrine BEN ALI, fille d'un premier lit de BEN ALI. La cour d'appel a notamment considéré que ni cette compagnie tunisienne, ni ses propriétaires ne figuraient sur la liste émise par l'UE dont les biens et avoirs doivent être gelés. Cet avion a été bloqué durant quatre mois à l'aéroport du Bourget. (le 21) www.greliermichel.eu
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Celle‐ci me paraît être positive pour l’avenir des Tunisiens. Un mois après le sommet du G‐8 de Deauville, la Banque européenne d'investissement (BEI) a opéré son premier financement en Tunisie par l'octroi d'une enveloppe de 163 Mio euro destinée essentiellement à cofinancer un programme de modernisation routière. D'un coût global d'environ 300 Mio euro, le projet devrait contribuer à la création de 7.000 emplois. Il vise également le développement économique des régions défavorisées de l'intérieur, en facilitant leur désenclavement. Le financement de la BEI est remboursable sur 25 ans dont quatre ans de grâce, avec un taux d'intérêt fixé à chaque demande de décaissement. Le sommet du G‐8 avait adopté, en mai, le principe d'un appui de 40 Mia US$ sur deux ans, en faveur de la Tunisie et de l'Egypte dont une partie doit être financée par les banques multilatérales de développement. (le 24) Notre tour de la région n’est pas encore achevé ! Des dizaines de milliers de Yéménites manifestaient dans les rues de Sanaa pour réclamer le départ du fils du président SALEH. Ahmed SALEH, 42 ans, est le seul héritier apparent, qui dirige la garde présidentielle, qui a mené la répression contre les manifestations pro‐démocratiques ayant débuté en février. Les manifestants réclament son départ, ainsi que celui de son frère Khaled, qui est également commandant dans l'armée. (le 20) Selon l'organisation Human Rights Watch, la répression des protestataires non armés a fait au moins 167 morts depuis le début du soulèvement populaire. (le 24) Inhabituel, mais des choses bougent en Iran. Et tu penses que cela peut avoir des conséquences sur les différentes situations nationales de la région ? Mon intuition me pousse à dire oui. Le vice‐ministre des Affaires étrangères Sharif MALEKZADEH a démissionné sous la pression des tenants de la ligne dure qui le considèrent comme l'un des acteurs d'un mouvement cherchant à affaiblir le rôle du puissant régime des mollahs. Son départ s'inscrit dans le cadre d'une lutte de pouvoir impliquant Mahmoud AHMADINEJAD, le Parlement et les religieux. Si Sharif MALEKZADEH est soupçonné de corruption, l'opposition à sa nomination semblait revêtir un aspect plus idéologique. Sharif MALEKZADEH est un allié d'Esfandiar Rahim MACHAIE, le directeur de cabinet controversé de Mahmoud AHMADINEJAD, qui a démenti les allégations de corruption qui le visent. Les tenants de la ligne dure s'opposent violemment à Esfandiar Rahim MACHAIE, le considérant comme le chef d'un « courant déviationniste » cherchant à saper le système de pouvoir. Mahmoud AHMADINEJAD a défendu avec force Esfandiar Rahim MACHAIE ‐ dont la fille a épousé son fils ‐, estimant que ces attaques étaient en vérité dirigées contre lui. Mahmoud AHMADINEJAD et Esfandiar Rahim MACHAIE ont également été accusés de chercher à contrôler le prochain Parlement en manipulant les législatives programmées pour mars 2012. www.greliermichel.eu
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Les renseignements et les membres du Parlement iranien avaient demandé qu’Ali Akbar SALEHI, le ministre des Affaires étrangères, procède au limogeage de Sharif MALEKZADEH. Ce à quoi Ali Akbar SALEHI avait répliqué qu'il s'en séparerait uniquement si le vice‐ministre était reconnu coupable. Trente‐trois parlementaires ont présenté une motion pour engager une procédure de destitution contre Ali Akbar SALEHI s'il ne renvoyait pas Sharif MALEKZADEH. Dans le cadre d'un autre différend, les parlementaires ont rejeté la personnalité choisie par Mahmoud AHMADINEJAD pour occuper le poste de ministre de la Jeunesse et des sports. (le 21) La dimension européenne, qui reste discrète, nous offre plusieurs pistes d’information. A commencer par un pont entre le Moyen‐Orient et nous. Catherine ASHTON a nommé, au sein du service européen pour l'action extérieure (SEAE), Christian BERGER en tant que directeur pour l'Afrique du Nord, le Moyen‐
Orient, la péninsule arabique, l'Iran et l'Iraq. Christian BERGER, de nationalité autrichienne, est à la tête du bureau de l'UE en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Il a été, entre autres, représentant de l'UE auprès de l'envoyé spécial du Quatuor et conseiller politique pour le Moyen‐Orient dans l'ancienne DG des relations extérieures (Relex) et, toujours à la Commission, chef de l'unité chargée de la réponse aux crises et de la consolidation de la paix. Il a travaillé aussi pendant plusieurs années au Moyen‐Orient pour les Nations unies, y compris au service du maintien de la paix, et également auprès de l'OSCE, à Vienne, avant d'entrer au service des institutions de l'UE en 1997. (le 20) Thomas, l’information qui suit vient de la Commission européenne et je te demande de la lire entièrement avant de réagir. Pourquoi ? Tu verras… Les fonds alloués dans le cadre du programme 2012 de distribution de denrées alimentaires aux personnes les plus démunies dans l'UE atteignent un total de 113 Mio euro dont la répartition entre les États membres concernés est fixée avec précision. Les près de 500 Mio euro alloués ces dernières années – et inscrits au budget de cette année ‐ ont donc été sévèrement amputés ; cette réduction est le fait d'un arrêt rendu par la Cour de justice en avril 2011, dans lequel le tribunal établit que la réglementation actuelle impose que les denrées couvertes par ce régime proviennent des stocks publics de l'UE. Par conséquent, le programme 2012 prévoit exclusivement de puiser dans les stocks d'intervention existants disponibles. La Commission, qui craignait qu’un tel problème apparaisse, a proposé de modifier le régime ; c'était en 2008. En dépit de l'appui du Parlement européen, cette proposition est restée lettre morte, bloquée en examen au Conseil (des ministres, des Etats membres). Désireuse de faire avancer le dossier, la Commission en a présenté une version modifiée en septembre 2010, laquelle n'a pas, elle non plus, franchi le cap des discussions au Conseil. Bien que l'UE affiche en moyenne l'un des niveaux de vie les plus élevés au monde, certaines personnes sont dans l'incapacité de se nourrir correctement. Selon les estimations, 43 Mio de personnes dans l'UE sont menacées par la pauvreté alimentaire. Le www.greliermichel.eu
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programme d'aide alimentaire en faveur des plus démunis, permet à des particuliers ou à des familles vulnérables qui connaissent des difficultés de bénéficier de la fourniture de denrées alimentaires. En 2009, ce sont plus de 440.000 tonnes de produits qui ont été distribuées à 18 Mio de personnes dans 19 États membres. Les associations caritatives et les ONG qui viennent en aide aux personnes dans le besoin comptent sur la participation de l'UE à cet effort. Le PEAD, programme européen d'aide alimentaire aux plus démunis, a vu le jour en décembre 1987, date à laquelle le Conseil a adopté les règles visant à débloquer des produits agricoles placés en stocks d'intervention publique à l'intention des États membres souhaitant les utiliser au titre de l'aide alimentaire pour les personnes les plus démunies de la Communauté. Afin de garantir la continuité de l'approvisionnement, le PEAD a été modifié au milieu des années 1990 pour permettre de compléter les stocks d'intervention avec des achats sur le marché. Il ne s'agissait pas d'une solution à long terme, mais d'une solution qui pouvait s'appliquer lorsque la disponibilité de certains produits était insuffisante. La base du programme restait l'intervention « jusqu'à la réduction des stocks à un niveau normal ». Les réformes successives de la PAC ont fait que l'intervention a progressivement repris sa fonction de filet de sécurité. Le PEAD est financé par le Fonds européen agricole de garantie (FEAGA). Son budget a été porté d'un peu moins de 100 Mio euro en 1987 à plus de 500 Mio euro depuis 2009. La participation au programme est facultative. Chaque année, les États membres souhaitant participer informent la Commission de ce que seront leurs besoins en signalant les quantités requises de produits disponibles dans les stocks d'intervention. En se fondant sur ces informations et compte tenu des statistiques sur la pauvreté, la Commission définit un plafond budgétaire pour chaque État membre participant et établit une liste de produits à retirer des stocks publics ou à acheter sur le marché, en utilisant le budget alloué. Lorsque les stocks d'intervention sont mis à disposition, des appels d'offre sont lancés pour la conversion de ces matières premières (le blé par exemple) en produits transformés de la même « famille » (la farine ou les pâtes par exemple) ou pour l'échange de ces matières premières contre de tels produits. Ces produits sont distribués aux personnes les plus démunies sous la forme soit de paniers alimentaires soit de repas servis dans des centres gérés par des organisations caritatives et autres organismes compétents, désignés par les États membres. Le Tribunal (de la Cour de justice) a rendu un arrêt le 13 avril 2011 dans le cadre d'un recours déposé par l'Allemagne, laquelle mettait en cause le programme 2009 d'aide aux plus démunis : l'issue du pourvoi a été défavorable à la Commission et le Tribunal a, en résumé, dit qu'il fallait que les denrées alimentaires couvertes par le programme proviennent majoritairement de stocks publics. Vingt Etats sont concernés ; l’Allemagne, l’Autriche, Chypre, le Danemark, les Pays‐Bas, le Royaume‐Uni et la Suède n’en sont pas. Le total des moyens financiers pour 2012 s’élève à 113,49 Mio euro. La France vient au 4ème rang, avec 15,87 Mio euro, derrière l’Italie, l’Espagne et la Pologne. En quantité, pourront être retirés des stocks d’intervention 162.411 tonnes de céréales et 53.575 tonnes de lait écrémé. La France n’a pas accès aux céréales, elle pourra retirer 8.859 tonnes de lait écrémé. (le 20) Alors, ton commentaire ? Je pense à Coluche, aux Restos du Cœur et à tous ceux qui en ont besoin. Ce que cette information donne, c’est l’ampleur de l’arnaque à la solidarité, elle désigne les affameurs, www.greliermichel.eu
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mais je ne comprends pas pourquoi ! Moi non plus ! … Plus utile ou pratique, c’est selon. En vertu de nouvelles règles devenues applicables le 18 juin 2011 dans toute l'Union, le versement des pensions alimentaires sera plus rapide pour les enfants dont les parents se séparent. Environ 16 Mio de couples internationaux vivent dans l'UE et un million de divorces sont prononcés chaque année : ainsi, de plus en plus de familles sont confrontées au recouvrement de pensions alimentaires lorsque l'un des parents vit à l'étranger et refuse d'apporter sa contribution financière. La nouvelle réglementation instaure à l'échelle de l'Union un régime facilitant le recouvrement des pensions alimentaires, de sorte que les parents absents ne seront plus en mesure de se soustraire à leurs obligations. La plupart du temps, toute décision relative à des obligations alimentaires rendue dans un pays de l'Union sera désormais exécutoire dans un autre État membre sans qu'il faille passer par une procédure spéciale. Les procédures seront ainsi accélérées et les parents économiseront de l'argent. Le nouveau règlement fixe également des règles de coopération entre les autorités centrales, en ce qui concerne l'assistance qu'elles fournissent pour les demandes de pension alimentaire. (le 21) Avant de rentrer en France, sais‐tu que l’UE passera en 2013 de 27 à 28 Etats membres ? Qui est ce dernier arrivant… last but not least ? Cette expression britannique est tout à fait juste, la Croatie sera le dernier, mais pas le dernier, car il y a encore d’autres pays sur la liste qui négocient pour adhérer. Les dirigeants européens ont donné leur accord à l'adhésion de la Croatie à l'UE. D'après un document de conclusion du Conseil européen, les discussions sur l'adhésion de la Croatie devraient être achevées pour fin juin et le traité d'accession signé en décembre. Les parlements des 27 pays‐membres devront ensuite ratifier le document, un processus qui devrait durer jusqu'à fin juin 2013, quand la Croatie sera officiellement intronisée comme nouveau membre. (le 24) Bienvenue en France. La campagne pour les primaires socialistes n’ayant pas encore commencé, la matière reste la même depuis quelques semaines. Vladimir POUTINE a renouvelé son soutien à Christine LAGARDE. Elle constituerait une directrice « très compétente, moderne et pondérée ». (le 21) Agustin CARSTENS s'est présenté comme le candidat du consensus et a mis en avant son expérience variée lors d'un entretien avec le conseil d'administration du FMI. Il était le premier candidat à s'entretenir avec les 24 membres du conseil qui annonceront d'ici au 30 juin le nom du prochain directeur général. Christine LAGARDE, qui fait figure de favorite, rencontrera le conseil d'administration du FMI le 22 juin. Agustin CARSTENS a reconnu que Christine LAGARDE avait, face à lui, des chances « très élevées » mais a évoqué le risque d'un « conflit d'intérêt » avec l'UE à l'heure où le FMI est au chevet de la Grèce sur fond de crise de dette européenne. www.greliermichel.eu
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Agustin CARSTENS a listé quatre défis qui se présenteront au futur directeur général : accroître la représentation des pays en développement au sein de l'institution, renforcer la surveillance de l'économie au niveau mondial, renforcer la capacité du FMI à prévenir les crises et superviser la coordination politique mondiale. Il a également plaidé en faveur d'un ajustement de la taille des quotes‐parts, chaque membre du FMI se voyant attribuer une quote‐part en fonction de la taille de son économie, qui détermine le nombre de voix qui lui est attribué. (le 22) Timothy GEITHNER : Christine LAGARDE est une candidate « exceptionnellement douée » pour diriger le FMI. Ils se sont rencontrés et ont discuté de la situation en Europe. Timothy GEITHNER n'ira pas jusqu'à soutenir un candidat en particulier tant que le conseil d'administration du FMI n'aura pas progressé sur le sujet. Il a déjà dit publiquement que Christine LAGARDE et Agustin CARSTENS étaient deux candidats « crédibles ». Timothy GEITHNER a déjà rencontré Agustin CARSTENS et a déclaré qu'il possédait un solide mélange de talents financiers et politiques, faisant de lui un « candidat exceptionnellement compétent ». (le 23) Wait and see ! Dans un rapport préparatoire au débat d'orientation des finances publiques, le gouvernement confirme sa trajectoire de réduction du déficit public à 5,7% du PIB fin 2011, 4,6% fin 2012, 3,0% fin 2013 et 2,0% fin 2014. En 2010, le déficit s'est établi à 7,1% après la révision du niveau PIB sur une base 2005 effectuée en mai par l'Insee. La dette publique atteindrait 85,4% du PIB fin 2011, 86,9% fin 2012, 86,4% fin 2013 et 84,8% fin 2014. Le gouvernement prévoyait auparavant un ratio de 84,6% fin 2011, 86,0% en 2012, 85,6% en 2013 et 84,1% en 2014. Le gouvernement confirme d'autre part prévoir une croissance économique de 2,0% cette année et de 2,25% en 2012. Il table sur une hausse de 2,4% de la consommation des ménages en 2012 après 1,7% en 2011, un investissement des entreprises non financières en hausse de 6,7% après 4,7%, des exportations en hausse de 6,0% après 7,6% et des importations en hausse de 5,9% après 7,5% en 2011. L'inflation ralentirait légèrement à 1,75% en 2012 après 1,8% cette année. (le 21) Dis‐moi, ce sont des informations ou bien des promesses électorales ? Je ne pense pas que les candidats à la présidentielle se lancent devant les électeurs potentiels à des discussions interminables sur ces chiffres. Trop compliqué, peu sûr et pas rentable. Nommé Défenseur des droits en Conseil des ministres, Dominique BAUDIS a assuré qu'il se consacrerait à sa mission « en toute indépendance ». « Je mesure les devoirs et les exigences de la mission que m'ont confiée le président de la République, le Parlement et le gouvernement », souligne l'ancien maire de Toulouse et président du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), âgé de 64 ans. « Je m'y consacrerai de tout mon cœur, de toutes mes forces et en toute indépendance. Aujourd'hui même, j'ai mis fin à mon mandat au Parlement européen et à l'Institut du monde arabe », précise Dominique BAUDIS qui sera le premier à exercer la fonction de Défenseur des droits dans le cadre d'un mandat non renouvelable de six ans. Dominique BAUDIS ajoute qu'il ira « dès demain à la rencontre des équipes du Médiateur www.greliermichel.eu
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de la République, du Défenseur des enfants, de la Commission nationale de déontologie de la sécurité (CNDS) et de la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité (HALDE) ». Elles « apporteront leurs expériences acquises au service des droits et libertés de chacun à cette institution nouvelle inscrite dans la Constitution », note Dominique BAUDIS qui avait la préférence de Nicolas SARKOZY. (le 22) Moins nobles, les suites des sous‐entendus de Luc FERRY. Les policiers chargés de l'enquête sur les déclarations de Luc FERRY, qui avait accusé publiquement un ancien ministre d'actes pédophiles au Maroc, souhaitent entendre les diplomates français en poste dans ce pays au début des années 2000. Une demande en ce sens vient d'être adressée au ministère des Affaires étrangères par les enquêteurs de la Brigade de protection des mineurs à Paris. (le 22) Dans le même répertoire des bassesses humaines… Trois personnes, dont Georges TRON, ont été placées en garde à vue à la PJ de Versailles. Dans le cadre d'une enquête pour « agressions sexuelles » et « viols » visant Georges TRON, une perquisition était également en cours à la mairie de Draveil (Essonne) dont il est le premier magistrat. Outre Georges TRON, les enquêteurs entendaient également l'une de ses adjointes à la mairie de Draveil et une assistante parlementaire. (le 20) La garde à vue de Georges TRON devrait être prolongée. Celles de l'une de ses adjointes à la mairie de Draveil et de son assistante parlementaire devraient également être prolongées. (le 21) Georges TRON était toujours entendu sous le régime de la garde à vue, celle‐ci ayant été prolongée. Les enquêteurs ont procédé à des perquisitions au domicile de Georges TRON à Draveil, ainsi qu'à la mairie. Les gardes à vue prennent fin le 22 juin en début d'après‐midi. (le 21) Le parquet d'Evry a ouvert une information judiciaire pour viols et agressions sexuelles par personne ayant autorité contre Georges TRON à l'issue de sa garde à vue. Cette information judiciaire vise également une adjointe de Georges TRON à la mairie de Draveil. Georges TRON et Brigitte GRUEL devraient être présentés à un juge d'instruction. L'assistante parlementaire de Georges TRON a été remise en liberté. En garde à vue, elle a admis avoir exercé des pressions sur l'une des victimes à la demande de Georges TRON. (le 22) Le parquet d'Evry a requis une mise en examen pour « viols et agressions sexuelles en réunion par personne ayant autorité » contre Georges TRON. Le procureur a demandé son placement sous contrôle judiciaire. Une mise en examen pour « viols et agressions sexuelles en réunion » a été requise contre Brigitte GRUEL, ainsi que son placement sous contrôle judiciaire. (le 22) Quant à DSK… www.greliermichel.eu
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Son affaire a mis les procureurs new‐yorkais chargés des crimes sexuels sous le feu des projecteurs, et la diffusion, sur la chaîne HBO aux Etats‐Unis, d'un documentaire qui leur est consacré devrait encore davantage les mettre sur le devant de la scène. Tourné longtemps avant son arrestation, « Sex Crimes Unit » devrait profiter de l'effet DSK, mais aussi du récent procès pour viol de deux policiers, très suivi aux Etats‐Unis. La réalisatrice, Lisa JACKSON, présente toutes les facettes du travail des procureurs, montrés en train d'examiner une scène de crime, de choisir des jurés, ou de discuter de base‐ball. Le documentaire évoque aussi l'aspect bureaucratique du métier, les longues journées de travail et les personnalités zélées, mais aussi très humaines des procureurs, dont certains sont directement impliqués dans l'affaire DSK et celle des deux policiers. Le bureau du procureur de Manhattan possède une unité s'occupant des crimes sexuels depuis 1974, la « Sex Crime Unit », présentée comme la première du genre à avoir vu le jour aux Etats‐Unis. Elle compte aujourd'hui une quarantaine de juristes et en permanence environ 300 affaires à traiter. Lisa JACKSON souhaitait depuis des années tourner un film sur cette unité. Elle en avait parlé avec Robert MORGENTHAU, qui était procureur de Manhattan en 2009, alors qu'il s'apprêtait à prendre sa retraite, après avoir passé 35 ans dans cette fonction. En général, les procureurs n'aiment guère évoquer leur travail en dehors du tribunal. Ainsi, les services du procureur actuel de Manhattan, Cyrus VANCE Jr, ont refusé une demande d'interview pour le documentaire. Si Lisa JACKSON a pu tourner pour la première fois dans les bureaux de la « Sex Crime Unit », on lui a aussi imposé certaines limites : ne pas utiliser de séquences concernant toute affaire non résolue au moment de la finalisation du film. Le documentaire montre des personnes qui ont travaillé sur l'affaire DSK, la responsable de la « Sex Crime Unit » Lisa FRIEL et le procureur adjoint John "Artie" McCONNELL. (le 20) Un avocat français a été mandaté par la défense américaine de la femme de chambre d'un hôtel qui dit avoir été agressée par DSK, afin d'identifier d'éventuelles victimes en France. (le 23) Vu le temps passé et le volume des documents, j’ai l’impression que ce fut une « grosse » semaine. Certes Thomas, mais n’oublie pas que le sort d’un seul réfugié a, pour moi, plus d’intérêt que toutes les autres informations de cette semaine. Compris. A lundi prochain. www.greliermichel.eu
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Semaine 26 – du lundi 27 juin au dimanche 03 juillet 2011 Christine couronnée à New York, Martine présidentiable à Paris Bonjour, est‐ce que je suis en retard ? Ou bien as‐tu commencé plus tôt que d’habitude ? J’ai commencé plus tôt parce que les événements se sont multipliés cette semaine, en plus des sujets habituels. Je vais donc y passer plus de temps, beaucoup plus de temps. Laisse‐moi compter … un, deux, trois, …, quatorze, quinze et seize piles d’informations. Et certaines ne sont pas minces. Que s’est‐il donc passé ? Tu as déjà deux pistes données dans le titre. Et, pour cette fois, c’est l’actualité française qui l’emporte sur celles des voisins. Je commence donc par le remaniement gouvernemental. Pour moi, il porte le millésime « Fillon 16 ». François BAROIN a été nommé ministre de l'Economie. Valérie PECRESSE lui succède au ministère du Budget. Laurent WAUQUIEZ la remplace au ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche. (le 29 juin) Le député de Côte d'Or, François SAUVADET, président du groupe Nouveau Centre à l'Assemblée nationale, devient ministre de la Fonction publique. Jean LEONETTI, numéro deux du groupe UMP à l'Assemblée nationale, entre au gouvernement, en tant que ministre chargé des Affaires européennes. Le député du Maine‐et‐Loire Marc LAFFINEUR, également centriste de l'UMP, est nommé secrétaire d'Etat auprès du ministre de la Défense et des anciens Combattants. Thierry MARIANI est promu ministre en charge des Transport, tandis que David DOUILLET, député UMP des Yvelines, devient secrétaire d'Etat chargé des Français de l'étranger. Enfin, Claude GREFF, députée UMP d'Indre‐et‐Loire, entre au gouvernement en tant que secrétaire d'Etat auprès de la ministre des Solidarités et de la Cohésion sociale, chargée de la Famille. (le 29) François BAROIN est le nouveau locataire de Bercy ! Mais est‐ce qu’il va faire le poids quand les vents soufflent et que la tempête gronde ? Ta crainte est légitime, Thomas, voici ce qui l’attends. François BAROIN a été nommé ministre de l'Economie, des Finances et de l'Industrie dans une période de risque élevé pour la zone euro et de délicates négociations internationales au G‐20. Il aura à peine le temps de s'installer dans son nouveau bureau à Bercy avant de s'attaquer aux dossiers les plus urgents, puisqu'il devra participer le 03 juillet à une réunion extraordinaire de l'Eurogroupe à Bruxelles consacrée à la crise grecque. La France est au premier plan des discussions en cours sur un nouveau plan d'aide financière à Athènes, ses banques ayant proposé un projet de participation des créditeurs privés de la Grèce à ce nouvel effort. Plus largement, la solidité du système bancaire européen fera aussi partie des dossiers prioritaires de François BAROIN, des sources européennes ayant indiqué qu'une banque sur six pourrait échouer aux tests de résistance dont les résultats sont attendus. Au G‐20, présidé par la France, François BAROIN devra se familiariser avec les problématiques du système monétaire international et des déséquilibres macroéconomiques et financiers mondiaux. L'économie française reste quant à elle sur la trajectoire d'accélération de la croissance et www.greliermichel.eu
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de réduction progressive des déficits souhaitée par Nicolas SARKOZY et François FILLON. Sauf dérapage imprévu, aux niveaux national ou international, la France semble être en mesure de conserver, au moins à court terme, la note « triple A » donnée par les agences de notation, qui lui permet d'emprunter à des taux avantageux pour financer son déficit et refinancer sa dette. Sur le front de la croissance, l'Insee a légèrement abaissé le chiffre du premier trimestre à 0,9% contre 1,0% en première estimation, sans remettre en cause la dynamique favorable dont bénéficie l'économie française. L'acquis de croissance à fin mars ressort ainsi à 1,5% contre 1,6% annoncé, une révision qui ne remet pas en cause le scénario d'une croissance proche de 2,0% sur l'ensemble de 2011. Le gouvernement compte lui sur une croissance de 2,0% cette année et de 2,25% en 2012 pour soutenir une réduction du déficit public qui doit le ramener à 3% du produit intérieur brut en 2013, année à partir de laquelle le ratio d'endettement de la France commencerait à baisser. (le 29) Rappelle‐moi pourquoi ce remaniement ; il n’y a pas eu de crise politique en France ? C’est la nomination de Christine LAGARDE comme directrice générale du FMI qui a contraint tout le monde à s’occuper de sa succession. Christine LAGARDE semble bien partie pour prendre la tête du FMI. Agustin CARSTENS a recueilli l'appui du Canada et de l'Australie, mais il ne devrait pas parvenir à arracher ce poste aux mains des Européens, qui détiennent entre 40 et 47% des parts de vote. Les 24 membres permanents du conseil d'administration du FMI devraient organiser un sondage non officiel pour déterminer si l'un des deux candidats décroche une majorité claire. Cette course à la direction du FMI a été l'une des plus contestées de l'histoire de l'institution, les pays en développement ayant vigoureusement réclamé un processus de sélection basé sur les compétences du candidat et non sur sa nationalité, contre l'avis du groupe européen. Le choix des Etats‐Unis, qui n'ont pas officiellement annoncé quel candidat ils soutenaient, sera déterminant, la première puissance économique mondiale représentant 17% des voix au sein du FMI. On attend cependant de l'administration OBAMA qu'elle appuie la candidature de Christine LAGARDE, préservant ainsi la tradition qui accorde ce poste aux Européens tandis que ceux du numéro deux du FMI et de président de la Banque mondiale sont dévolus aux Américains. Le Japon et la Chine, respectivement deuxième et troisième en termes d'influence de vote, ont également évité de se prononcer en faveur de l'un ou l'autre des candidats. Mais, de même que les Etats‐Unis, plusieurs responsables du FMI ont déclaré que les deux pays voteraient pour Christine LAGARDE. Avec le ralliement du Pérou et du Chili, Agustin CARSTENS a désormais le soutien de l'ensemble des pays d'Amérique Latine excepté le Brésil, resté silencieux. (le 27) Timothy GEITHNER a apporté son soutien à Christine LAGARDE. Il a salué son « talent exceptionnel et sa grande expérience », estimant qu'ils seraient précieux pour le FMI à un moment critique pour l'économie mondiale. Timothy GEITHNER s'est dit encouragé par le large soutien autour de sa candidature. Christine LAGARDE pourrait être désignée dès 28 juin lors de la réunion du conseil d'administration du FMI. Christine LAGARDE bénéficie d'un large soutien en Europe. Un haut responsable chinois a fait savoir que Pékin soutenait sa candidature. Le ministère brésilien des Finances a www.greliermichel.eu
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également apporté son soutien à Christine LAGARDE. (le 28) Christine LAGARDE a été désignée directrice générale du FMI par les 24 membres du conseil d'administration du FMI pour un mandat de cinq ans. Elle est la première femme à occuper cette fonction. Les Etats‐Unis, l'Europe et la Chine représentent la majorité des voix au conseil d'administration du FMI, constitué de 24 membres représentant les 187 pays membres de l'institution financière. Le conseil d'administration a choisi Christine Lagarde par consensus, a annoncé le FMI. (le 28) Voilà pour Christine, couronnée à New York. D’accord, parlons maintenant de Martine. Martine AUBRY, dans son fief de Lille : « J'ai décidé de proposer ma candidature à l'élection présidentielle ». « Je veux rendre à la France sa force, sa sérénité, son unité ». Martine AUBRY se déclare ainsi au premier jour du dépôt des candidatures aux primaires socialistes, dont le premier tour se déroulera le 01 octobre. « Je veux rassembler aujourd'hui les femmes et les hommes de gauche, les écologistes, les humanistes, pour qu'en 2012, demain, nous puissions rassembler les Français ». « Avec votre soutien, avec votre confiance, je prends aujourd'hui devant vous l'engagement de la victoire en 2012 » (le 28) C’est tout ! Oui, mais c’est essentiel. Parce que dans le jeu des quilles proprement réalignées par les socialistes, un bouledogue vient d’entrer. De quoi me parles‐tu ? De DSK, Thomas. Tu vas peut‐être assister, et nous aussi, au film « DSK, le retour ? » Avec un point d’interrogation. Les procureurs new‐yorkais ont des doutes importants sur la crédibilité de la femme de chambre qui accuse DSK d'agression sexuelle. Ils pensent qu’elle a menti sur ses activités dans les heures entourant le moment présumé des faits, ainsi que sur son passé. Le New York Police Department, qui est chargé de l'enquête, a refusé de commenter l'information. Le New York Times a rapporté que les enquêteurs avaient découvert d'importantes incohérences dans le témoignage de la femme de chambre. Les procureurs pensent qu’elle a notamment menti sur les conditions de sa demande d'asile aux Etats‐Unis, notamment en affirmant qu'elle avait été victime d’un viol collectif dans son pays natal, en Guinée. Des déclarations qu'elle a répétées au cours de l'enquête, avant finalement de « dire que c'était faux ». Le New York Times rapporte que la plaignante s'est entretenue par téléphone avec un détenu dans les 24 heures qui ont suivi l'agression présumée dans la chambre de DSK. Au cours de cette conversation, enregistrée, elle parle du profit qu'elle pourrait tirer de ses accusations contre DSK. Cet homme, arrêté pour possession de marijuana, fait partie des individus qui auraient effectué des virements, pour un montant total d'environ 100.000 US$, vers le compte de la jeune femme ces deux dernières années. Ces transferts ont été effectués en Arizona, en Georgie, à New York et en Pennsylvanie. La femme de chambre payait en outre tous les mois plusieurs centaines de dollars de factures de téléphone auprès de cinq opérateurs de téléphonie. L'employée du Sofitel avait affirmé n'avoir qu'un www.greliermichel.eu
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seul téléphone et a déclaré ne rien savoir des virements bancaires. Elle a simplement précisé qu'ils avaient été effectués par le détenu, qu'elle décrit comme étant son fiancé, et des amis à lui. Les conditions de la libération conditionnelle et d'assignation à résidence de DSK pourraient être assouplies. (le 01 juillet) Le procureur de l'Etat de New York va accepter de remettre en liberté DSK sans caution qui doit être validée par le juge. (le 01 juillet) Le juge Michael OBUS a décidé lors d'une brève audience du tribunal pénal de Manhattan de lever l'assignation à résidence de DSK et de le remettre en liberté sans caution. DSK est désormais libre de ses mouvements sur le territoire américain, mais la justice américaine conserve son passeport. Il n'est pas autorisé à se rendre à l'étranger, ni à regagner la France. L'argent de la caution va être restitué à DSK et la prochaine audience est prévue le 18 juillet. (le 01 juillet) Au lendemain de la levée de son assignation à résidence, DSK a quitté sa résidence du quartier new‐yorkais de Tribeca pour une destination inconnue. La police et les gardes de sécurité avaient dispersé les journalistes sur le trottoir devant l'immeuble peu avant qu’il ne quitte son appartement dans une voiture noire. On ignorait où DSK se rendait. (le 02) Le bureau du procureur de Manhattan a révélé que l’accusatrice de DSK aurait menti à plusieurs reprises. Selon les procureurs, elle avait déclaré avoir été victime d'un viol collectif en Guinée pour renforcer sa demande d'asile, mais elle a changé depuis de version et dit avoir été violée mais pas dans les conditions qu'elle avait rapportées initialement. Elle a menti dans ses déclarations fiscales sur le nombre de personnes à sa charge mais aussi sur ses revenus pour éviter de perdre un logement social. Enfin, les procureurs ont obtenu un enregistrement d'une conversation téléphonique de la jeune femme, quelques jours après l'arrestation de DSK, avec un homme incarcéré pour des faits de trafic de drogue. Elle y parlait de l'affaire et mentionnait la fortune de DSK. Elle aurait aussi soulevé des questions en disant tout ignorer ou presque de dépôts de plusieurs dizaines de milliers de dollars sur son compte. Les autorités pensent que l'argent pourrait être lié au trafic de stupéfiants. (le 02) Je comprends qui est le bouledogue. Qu’en est‐il des quilles socialistes ? Elles s’appellent les « primaires ». Ton « usine à gaz rose » se complexifie encore. Martine AUBRY a confirmé sa candidature. Longtemps donné favori dans les sondages, Dominique STRAUSS‐KAHN n’y participe pas. Après son élimination, c'est désormais François HOLLANDE qui fait figure de favori. Il a annoncé le 31 mars à Tulle qu'il se portait candidat à l'investiture socialiste pour la course à l'Elysée. Manuel VALLS avait annoncé sa candidature dès juin 2009. Arnaud MONTEBOURG avait attendu le 20 novembre 2010 pour faire de même. A peine dix jours plus tard, Ségolène ROYAL lui emboîtait le pas. (le 28) Dans ton autre « usine à gaz », la verte, cela remue aussi. Le dépouillement des derniers bulletins de vote par courrier pour la « primaire ouverte de l'écologie » devait être suivi du déverrouillage des urnes électroniques. www.greliermichel.eu
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Selon une « tendance relativement générale », Eva JOLY devancerait Nicolas HULOT. Les deux autres candidats sont Stéphane LHOMME, un militant anti‐nucléaire et Henri STOLL, un élu alsacien. Les résultats doivent être annoncés lors d'une conférence de presse de Cécile DUFLOT et Philippe MEIRIEU. La « participation globale a été de l'ordre de 75%, tout le monde s'accordant à dire que c'est une participation importante », a souligné Alexis BRAUD, le coordinateur de cette élection. Sur un total de 32.896 inscrits, environ 10.000 personnes ont voté par courrier et quelque 15.000 autres se sont prononcés par vote électronique. Les « coopérateurs » ‐ à savoir des sympathisants ayant choisi de « participer à un mouvement politique », moyennant une participation de dix euros, « sans pour autant souhaiter être adhérents » ‐ représentent « un peu moins de la moitié » des inscrits. Si aucun des candidats en lice n'est déclaré vainqueur, un second tour commencera dans la foulée. Dans ce cas, les résultats définitifs seront connus le 12 juillet. (le 29) Eva JOLY est arrivée en tête du premier tour de la « primaire ouverte de l'écologie » avec 12.571 voix soit 49,75% des suffrages. Elle devance Nicolas HULOT, 10.163 voix soit 40,22% des voix. Les deux autres candidats, Henri STOLL et Stéphane LHOMME ont obtenu respectivement 1.269 voix (5,02 et 1.172 voix (4,4%). La participation a atteint 25.269 votants, soit environ 77%. (le 29) Si tu savais comme ces « usines à gaz » me font sourire intérieurement. Je ne connais pas grand‐chose aux jeux politiciens ni à leurs programmes‐promesses. Ce que je vois ce sont les charges que je supporte et les prix que je paie quand je vais au marché ou en grande surface. La valse des étiquettes n’est jamais une information réjouissante. Celle‐ci n’est pas réjouissante, parce que tant de jours retenus en otages, c’est révoltant. Mais on partage leur joie de la libération. Sans oublier ceux qui sont retenus dans des geôles étrangères contre leur gré. Les deux journalistes Hervé GHESQUIERE et Stéphane TAPONIER, retenus en otages en Afghanistan ont été libérés. Leur interprète Reza DIN a également été libéré. Ils avaient été enlevés avec leurs accompagnateurs afghans le 30 décembre 2009 alors qu'ils réalisaient un reportage sur la reconstruction d'une route à l'est de Kaboul pour le magazine « Pièces à conviction » de France 3. (le 29) Hervé GHESQUIERE et Stéphane TAPONIER ont passé 547 jours en captivité... Il reste neuf autres otages français dans le monde : quatre au Mali, trois au Yémen, un en Somalie et un au Proche‐Orient. (le 29) Hervé GHESQUIERE et Stéphane TAPONIER ont assuré qu'ils se portaient bien, qu'ils n'avaient jamais été menacés ni maltraités, mais que leurs conditions de vie avaient été difficiles. La nourriture, celle des montagnes afghanes, était toujours la même. Et ils ne pouvaient sortir de la pièce où ils étaient retenus que deux fois par jour, pour aller aux toilettes. Hervé GHESQUIERE a expliqué comment les deux collègues avaient lutté contre l'ennui et le découragement. « Il fallait bien structurer son temps ». Ils ont fait de la culture physique : « Faire de l'exercice, même dans une pièce qui fait 10 m², c'est évacuer du stress ». Pour sa part, il s'y était adonné trois quarts d'heure par jour, contre plusieurs heures quotidiennes pour Stéphane TAPONIER. Hervé GHESQUIERE a aussi « beaucoup écrit » pendant sa détention. Mais comme les www.greliermichel.eu
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ravisseurs voulaient qu'aucun document ne sorte, « ils m'ont tout piqué : 500 feuillets ! » a‐t‐il déploré, en employant le terme utilisé par les journalistes pour mesurer la longueur de leurs articles. Séparés au bout de trois mois, Hervé GHESQUIERE et Stéphane TAPONIER ont reçu des talibans une radio chacun. Stéphane TAPONIER, qui réussissait à capter Radio France Internationale (RFI), station qui diffusait des messages de soutien, a confié que « ces nouvelles, ça nous faisait chaud au cœur ». (le 30) Libérés le 29 juin, Hervé GHESQUIERE et Stéphane TAPONIER ont été conduits à la base militaire de Tagab puis à l'ambassade de France à Kaboul, où ils ont pris l'avion pour la France. A leur arrivée à Villacoublay, ils ont été accueillis par quelques proches, par Nicolas SARKOZY et Carla BRUNI. Alain JUPPE était présent, ainsi que Gérard LONGUET. (le 30) Fin des piles d’informations françaises. Je suppose que nous allons faire notre tour de Méditerranée hebdomadaire. Oui. Libye, Syrie, Maroc, Yémen, Liban, Tunisie, Egypte et Bahreïn. Et la première information est capitale. La Cour pénale internationale a émis un mandat d'arrêt contre Moammar KADHAFI, son fils Seïf el‐Islam et son bras droit Abdallah el‐SENOUSSI, pour crimes contre l'humanité. Les juges ont annoncé que KADHAFI était recherché pour avoir orchestré la mort, l'arrestation et le placement en détention de plusieurs centaines de civils au cours des douze premiers jours du soulèvement contre son régime en février, et pour avoir tenté de dissimuler ces crimes. La CPI se prononçait sur une requête présentée le 16 mai par le procureur Luis MORENO‐
OCAMPO. (le 27) Luis MORENO‐OCAMPO a appelé les collaborateurs de KADHAFI à l'arrêter et à le livrer à la justice internationale, faute de quoi ils pourraient être eux‐mêmes visés par des poursuites. Il a prévenu que les proches collaborateurs de KADHAFI « peuvent faire partie du problème et être poursuivis, ou peuvent participer à la solution : travailler ensemble avec d'autres Libyens et arrêter les crimes ». (le 28) Sur le terrain… Les insurgés ont progressé en direction de Tripoli. Partis des montagnes du djébel Nefoussa, les insurgés combattent les forces fidèles à KADHAFI pour le contrôle de Bir al Ghanam, à 80 km de Tripoli, soit une avancée de 30 km par rapport aux précédentes positions qu'ils occupaient dans ce secteur. Cela faisait des semaines qu'insurgés et forces régulières campaient sur des positions figées. Mais si les rebelles hors de Tripoli se remettent à gagner du terrain, comme au tout début de l'insurrection, cela pourrait inciter des groupes anti‐KADHAFI présents dans Tripoli à se soulever, ce que certains experts considèrent comme le moyen le plus efficace pour obtenir le départ de KADHAFI. Des dissensions sont visibles dans les cercles du pouvoir libyen. Après avoir déclaré à la presse que le régime proposait une phase de dialogue national et une élection supervisée par les Nations unies et l'Union africaine et souligné que KADHAFI partirait si le peuple le décidait, Moussa IBRAHIM, a fait machine arrière en affirmant que KADHAFI était « le www.greliermichel.eu
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symbole historique de la Libye (...) au‐dessus de toutes les actions politiques, de tous les jeux politiques et tactiques ». Une précédente évocation de la possible tenue d'un référendum par Saïf al Islam KADHAFI, à la mi‐juin, avait déjà conduit à une mise au point du Premier ministre, Al Bagdadi al MAHMOUDI. (le 27) Moammar KADHAFI a menacé de lancer des attaques en Europe si l'OTAN ne mettait pas un terme à sa campagne de frappes aériennes contre son régime. Il s'exprimait depuis un lieu non déterminé dans un message audio diffusé à des milliers de partisans sur la place Verte de Tripoli. Il exhorte également ses partisans à « marcher sur les montagnes » du djebel Nafusa pour débarrasser la région des armes que l'armée française a reconnu avoir parachuté aux rebelles dans ce secteur. (le 01 juillet) Les insurgés se sont regroupés sur une ligne de crête dominant Bir al Ghanam, et se préparent à une bataille qui pourrait les conduire ensuite vers Tripoli. Les forces de KADHAFI retranchées dans Bir al Ghanam savent que les insurgés les observent depuis la crête. Bir al Ghanam n'est qu'à une heure de route d'Aziziah, dans la banlieue sud de Tripoli, et à la même distance de Zaouïah, qui contrôle le grand axe routier reliant Tripoli à la frontière tunisienne et au monde extérieur. Si les insurgés progressent en direction des faubourgs sud‐ouest de Tripoli à partir du djebel Nefoussa, il n'en est pas de même à l'est de la capitale, où ils tiennent la grande ville de Misrata mais n'avancent guère vers la capitale. (le 01 juillet) Les insurgés ont battu en retraite de Bir al‐Ghanam après avoir été pris dans un barrage de tirs de roquettes lancées par les forces fidèles à KADHAFI basées à l'intérieur de la ville. (le 01 juillet) Du côté de Benghazi et du CNT Ahmed DAVUTOGLU a fait savoir qu'Ankara reconnaissait le Conseil national de transition (CNT), comme le seul représentant légitime du pays, et lui a octroyé 300 Mio US$ (206,7 Mio euro). Sur cette somme, les deux‐tiers seront versés sous forme de prêt et un tiers comme donation. Ahmed DAVUTOGLU devait rencontrer Mustafa ABDEL‐JALIL, qui préside le CNT. La Turquie possède d'importants intérêts commerciaux en Libye et entretient de longue date des liens avec le régime de KADHAFI. Ahmed DAVUTOGLU n'a pas commenté la livraison d'armes par la France à l'insurrection. (le 03) C’est quoi cette affaire de livraison d’armes par la France ? La France a fourni des armes à des civils libyens assiégés par les forces de KADHAFI. Elles ont été livrées début juin dans les montagnes Nafusa (ouest de la Libye) quand Tripoli refusait la création d'un couloir humanitaire. Les armes ont été parachutées et incluaient des « moyens d'autodéfense », comme des fusils d'assaut, des fusils mitrailleurs, des lance‐
roquettes et des munitions. (le 29) La Russie a demandé des explications à la France sur les livraisons d'armes aux rebelles libyens, a déclaré Sergueï LAVROV. Et si cela ce confirmait, ce serait une « violation flagrante » de la résolution 1970 de l'ONU interdisant la fourniture de matériels de guerre www.greliermichel.eu
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à la Libye. (le 30) La France défend sa décision de parachuter des armes aux insurgés, une opération qui suscite une controverse, Moscou ayant dénoncé une violation de l'embargo sur les armes imposé en février par les Nations unies. Paris a reconnu que son armée avait procédé à des largages d'armes légères et de munitions afin de protéger les populations qui n'avaient pas les moyens de se défendre. C'est la première fois qu'un pays de l'OTAN engagé dans les opérations militaires en Libye admet publiquement armer les insurgés qui cherchent à renverser KADHAFI. Alain JUPPE est attendu à Moscou. A Vienne, Anders Fogh RASMUSSEN a précisé que l'OTAN n'avait pas été impliquée dans ces parachutages. A sa connaissance, aucun autre Etat membre n'a fourni des armes aux rebelles. Les paragraphes 9 et 10 de la résolution 1970 du Conseil de sécurité des Nations unies, adoptée en février, interdisent les livraisons d'armes à la Libye. La résolution 1973, votée le 17 mars, autorise, elle, les Etats membres de l'ONU à « prendre toutes mesures nécessaires » pour protéger les civils en Libye, « nonobstant le paragraphe 9 de la résolution 1970 ». Certains, aux Etats‐Unis et en Europe, estiment que le terme « nonobstant » peut les autoriser à armer les insurgés dans l'intérêt de la protection des civils. De l'avis de diplomates occidentaux, la terminologie de la résolution 1973 concernant l'embargo sur les armes est ambiguë et laisse le champ libre aux interprétations. Ils reconnaissent toutefois que les Etats membres du Conseil de sécurité jugent majoritairement que tout transfert d'armes vers la Libye viole l'esprit, sinon la lettre, de l'embargo. (le 30) Thomas, il semble bien que ces livraisons d’armes légères pour aider des civils à se protéger aient aussi des visées politiques et électoralistes, en France et aux Etats‐Unis. La reconnaissance par la France de livraisons d'armes aux insurgés illustre la volonté des pays occidentaux d'obtenir au plus vite des résultats en Libye mais risque aussi d'affaiblir les soutiens diplomatiques à leur intervention. Nicolas SARKOZY et Barack OBAMA briguent tous deux leur réélection en 2012. « Le fait que les Français fournissent des armes aux rebelles est le signe de problèmes intérieurs, car Nicolas SARKOZY ‐ comme Barack OBAMA ‐ tient à voir cette guerre s'achever au plus tôt », dit Daniel KEOHANE, de l'Institut d'études de sécurité de l'UE. (le 01 juillet) Et les armes lourdes de l’OTAN continuent de pleuvoir. Des navires de l'OTAN ont bombardé les forces libyennes aux alentours de Zlitane, ville stratégique où elles barrent la route de Tripoli aux rebelles. (le 29) L'OTAN a commencé à intensifier ses frappes aériennes sur des cibles militaires dans l'ouest de la Libye, où l'insurrection dit avoir opéré une série d'avancées. L'OTAN dit avoir détruit plus de 50 cibles militaires dans l'ouest du pays cette semaine. « Nous visons tous les moyens militaires qui sont utilisés de façon aveugle contre la population civile dans toute la Libye », a expliqué le lieutenant général Charles BOUCHARD. Selon l'OTAN, plus de 1,8 Mio de civils sont menacés par les forces fidèles à KADHAFI qui prennent position dans les villes de l'Ouest le long de la côte et dans les montagnes du djebel Nafoussa au sud‐ouest de Tripoli. (le 02) www.greliermichel.eu
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En Syrie, pas de livraisons d’armes, pas de bombardements OTAN. Et pas de journalistes sur le terrain. Ils pourraient faire leur travail d’information. Quelque 190 intellectuels et critiques du régime syrien se sont réunis à Damas pour discuter des stratégies permettant une transition pacifique vers la démocratie. Ce rassemblement d'une journée est le premier d'opposants au régime de Bachar el‐ASSAD. Les autorités syriennes ne se sont pas opposées à la tenue de cette réunion. Elle a commencé par l'hymne national, avant une minute de silence à la mémoire des victimes de la répression. « Nous sommes ici pour mettre en avant une vision sur les moyens de mettre fin à la tyrannie et assurer une transition pacifique et sûre vers l'Etat espéré : un Etat de droit, de démocratie et d'égalité », a déclaré l'écrivain Louay HUSSEIN, une des figures de l'opposition et un des organisateurs du rassemblement. D'autres militants de l'opposition, en Syrie et à l'étranger, ont critiqué la tenue de cette réunion. Le gouvernement va « l'exploiter » pour faire croire à sa volonté réformatrice et « dissimuler les arrestations, les meurtres et les tortures quotidiens », a ainsi estimé Walid al‐BUNNI. Il dit ne pas avoir été invité à la conférence, en raison du « veto » mis par les autorités à la présence de certaines personnalités. La Coordination de la révolte syrienne, un autre mouvement d'opposition, a également exprimé son mécontentement, estimant qu'on donnait au gouvernement une occasion de propagande. Rami Abdul‐RAHMAN, directeur de l'Observatoire syrien pour les droits de l'homme, a appelé l'opposition à surmonter ses divisions : « Cette rencontre à Damas est consultative. Ce n'est pas une rencontre avec le régime syrien ». « L'objectif est de trouver une transition vers la démocratie, d'arrêter le glissement vers la guerre civile ». Michel KILO, un des écrivains et militants syriens pour la démocratie les plus reconnus, a appelé le régime à autoriser les partis d'opposition et supprimer l'article de la Constitution instituant la prééminence du parti Baas dans « l'Etat et la société ». Le salut ne peut venir que d'une transformation politique pacifique, a déclaré l'universitaire Munther KHADDAM. « L'alternative est sinon l'inconnu, et la destruction de la société ». (le 27) Les forces syriennes ont consolidé après deux jours de bombardements leur emprise sur Rameh et d'autres localités de la province de Jabal al‐Zaouïa près de la frontière turque. Bilan : 11 morts en deux jours. L'armée essaie d'empêcher les populations de la région de passer en Turquie, où des milliers de Syriens se sont déjà réfugiés pour échapper à la répression. (le 30) Les forces gouvernementales ont tué trois personnes dans le nord‐ouest, tandis que des dizaines de milliers de manifestants sont descendus dans les rues de plusieurs localités de l'est du pays. (le 01 juillet) Plusieurs centaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues de toutes les villes de Syrie, après la grande prière du vendredi, pour l'une des plus importantes journées de manifestation contre le régime de Bachar el ASSAD depuis le début du mouvement. Divers affrontements ont fait au moins 12 morts. A Hama, quelque 200.000 manifestants étaient rassemblés. Les forces armées ont ouvert le feu et fait trois morts à Homs, autre ville du centre du pays. Trois personnes ont été tuées lors d'une opération www.greliermichel.eu
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militaire dans la région montagneuse du Jabal al‐Zawiya, près de la frontière avec la Turquie. Les Comités ont ensuite fait état de six autres personnes tuées par balles dans tout le pays, dont deux à Damas. Des partisans du régime en civil ont blessé au moins 12 personnes à l'arme blanche à Homs. (le 01 juillet) Les forces de sécurité syriennes ont abattu 24 civils au moins. (le 01 juillet) Bachar el‐ASSAD a limogé Ahmed ABDUL‐AZIZ, le gouverneur de la ville de Hama, au lendemain de nouvelles manifestations de masse contre le régime. Ce sont environ 300.000 personnes qui sont descendues dans les rues vendredi. Par cette décision, Bachar el‐ASSAD pourrait vouloir se débarrasser d'éventuels maillons faibles dans les rangs du pouvoir, et préparer une nouvelle opération militaire à Hama. (le 02) Encouragées par l'élargissement des manifestations, des personnalités de l'opposition ont prévu de tenir une conférence dite de « salut national » le 16 juillet à Damas, afin de jeter les bases d'un projet de solution à la crise politique que traverse le pays. « Face à la solution militaire choisie par le régime pour mettre fin à la révolution, la conférence vise à trouver un consensus, guidée par le mouvement de contestation populaire, sur une période de transition et un gouvernement de salut national qui jettera les fondements d'une nouvelle Constitution et d'élections libres ». Ce communiqué est signé par 50 personnalités, dont le leader kurde Michaal al TAMMO, l'ancien magistrat Haïssam al MALEH, Naouaf Al‐BACHIR, chef de tribu de la province orientale de Deir al Zor, l'économiste Aref DALILA, ardent adversaire du rôle du clan Assad dans le monde des affaires, et Walid al BOUNNI, qui a joué un rôle de premier plan dans le mouvement démocratique d'il y a dix ans, appelé le « printemps de Damas ». Les organisateurs estiment qu'il sera bien plus dur d'organiser leur conférence, dans le contexte d'intensification de la répression, que la réunion d'intellectuels autorisée par le pouvoir la semaine passée. (le 02) Quant à la situation diplomatique, elle est bloquée. Sergueï LAVROV a confirmé, à l'issue d'entretiens avec Alain JUPPE, son veto au projet de résolution sur la Syrie présenté par la France, la Grande‐Bretagne et l'Allemagne. Pékin également s'oppose à ce texte exhortant Damas à cesser la répression sanglante et à mettre en œuvre des réformes véritables. (le 01 juillet) Où en est le triste bilan des victimes, je ne le vois pas, ou trop, dans les dépêches que je lis ? Il était de plus de 1.300 morts et 12.000 arrestations de civils, le 27 juin. La barre des 1.400 morts a été franchie le 01 juillet. Brrrrrrrr ! Un référendum au Maroc pour des aménagements constitutionnels. Les Marocains se prononcent, le 01 juillet, par référendum sur une nouvelle Constitution, proposée par MOHAMMED VI et qui va, selon lui, dans le sens d'une « monarchie constitutionnelle, démocratique, parlementaire et sociale », alors que ses détracteurs estiment qu'elle ne fait que maintenir un système autocratique. Comme tous les référendums organisés au Maroc, la proposition, soutenue par MOHAMMED VI et par www.greliermichel.eu
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une vaste campagne médiatique, devrait être adoptée. Et ce, même si le Mouvement du 20‐Février pour la démocratie au Maroc demandait bien plus que ces réformes constitutionnelles et a appelé à boycotter le scrutin. La plupart des experts estiment toutefois que l'instauration de véritables changements dépendra de la manière dont la nouvelle Constitution est appliquée. (le 30) A Al Hoceima plus qu'ailleurs au Maroc, les raisons de voter « non » au référendum devraient trouver un écho favorable. Pourtant, dans cette localité du Rif, région du Nord longtemps insoumise, beaucoup se disent prêts à faire le contraire, ne serait‐ce que par gratitude envers MOHAMED VI. De nombreux habitants lui savent gré d'avoir sorti la ville de l'isolement qu'elle connaissait sous le règne d'HASSAN II, son père. Alors prince héritier et chef d'état‐major, HASSAN II supervisa la répression de l'insurrection du Rif, qui fit près de 3.000 morts en 1958. Les visites répétées de MOHAMED VI et son séjour prolongé après le séisme de 2004 qui y fit 630 morts ont bouleversé les relations entre la monarchie chérifienne et une région berbère qui fut brièvement indépendante avant la guerre du Rif, dans les années 1920. Cinq des sept victimes recensés après les manifestations de février ont trouvé la mort à Al Hoceima. Les proches de trois d'entre elles affirment qu'elles ont succombé sous la torture après leur arrestation. Or, y compris parmi eux, la réforme trouve des partisans. Fadwa BENKADDOUR, sœur de l'un des tués, espère ainsi que la nouvelle constitution réduira les injustices. Pour les militants du 20‐février, MOHAMED VI a su user de son immense influence et de ses ressources pour faire tourner la situation à son avantage. « Une majorité considèrent qu'en votant « oui », ils voteront pour le roi et qu'en disant « non », ils s'opposeraient à lui. Mais la majorité ne comprend pas grand chose à la Constitution, à cause de l'illettrisme très répandu ». (le 30) Il est généralement acquis que MOHAMED VI obtiendra une confortable majorité au référendum, mais une faible participation pourrait relancer les revendications en faveur de changements plus profonds. Le mouvement du 20‐Février surgi au Maroc n'a rien de comparable avec les rébellions qui ont renversé BEN ALI et MOUBARAK. Il se contente de demander que les pouvoirs du monarque soient ramenés au niveau de ceux dont jouissent ses homologues européens. La consultation, qui sera suivie de près par les monarchies du Golfe, est le premier référendum constitutionnel organisé depuis l'accession au trône de MOHAMED VI, il y a douze ans. Agé de 47 ans, le monarque a réussi, avec un certain succès, à améliorer la situation héritée de son père HASSAN II, qui après 38 ans d'un règne marqué par des atteintes aux droits de l'homme, a laissé un taux élevé de pauvreté et d'illettrisme. « La majorité approuvera la réforme. Ce qui est vraiment en jeu, c'est le taux de participation », estime Lahcen DAODI, du Parti de la Justice et du Développement (PJD, parti d'opposition islamiste modéré), qui soutient les réformes. Un taux de participation inférieur à 70% pourrait encourager les critiques formulées par le mouvement du 20‐
Février. Atteindre un tel score risque de ne pas être tâche facile. Le taux de participation aux dernières élections législatives, en 2007, n'était que de 37%, le plus bas jamais enregistré. En dépit de finances publiques peu solides, les autorités ont accordé en mai des augmentations de salaire aux fonctionnaires et aux militaires et ont pratiquement triplé les subventions aux prix des produits alimentaires et de l'énergie. Les autorités ont ordonné aux prédicateurs de s'exprimer dans les mosquées en faveur des réformes. Lors www.greliermichel.eu
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des meetings de promotion de la révision constitutionnelle, la distribution de nourriture et de boissons gratuites a suscité une forte affluence. Les chaînes de télévision, toutes contrôlées par l'Etat, ont accordé une très large place aux partisans des réformes, même si les partis politiques qui y sont opposés ont bénéficié d'un certain temps d'antenne. Le mouvement du 20‐Février a réuni les islamistes partisans de la création d'un califat islamique et des militants laïcs de gauche attachés à la lutte contre une corruption qui, selon eux, se développe. Ils ont annoncé leur intention de poursuivre leur lutte commune pour un système de monarchie parlementaire. (le 30) Et cela se gâte encore plus au Yémen. Les forces armées dirigées par le fils du président SALEH ont bombardé plusieurs villages de tribus anti‐gouvernementales situés au nord de Sanaa, tuant au moins trois personnes. Les forces de la Garde républicaine, utilisant des avions et du matériel d'artillerie, ont pilonné plusieurs villages de la région montagneuse de Naham, à une trentaine de kilomètres de Sanaa. (le 28) Un avion de l'armée yéménite a bombardé par erreur un autobus dans le sud du pays, faisant quatre morts, dans le cadre des attaques quotidiennes des forces yéménites contre les militants islamistes et membres présumés d'Al‐Qaïda qui ont pris le contrôle de la ville de Zinjibar. Douze personnes ont également été blessées dans l'incident. Peu après la frappe aérienne, les militants à Zinjibar ont pénétré dans un stade de football de la ville et attaqué les troupes gouvernementales qui se trouvaient sur place. Quinze membres des forces de sécurité ont été tués dans ces affrontements et huit militants islamistes ont péri lorsque l'aviation gouvernementale, appelée en renfort, a bombardé le stade. Plusieurs véhicules blindés des forces gouvernementales ont été détruits et de nombreux militants islamistes ont été blessés. (le 29) Ahmed SALEH a fait arrêter des dizaines d'officiers supérieurs de l'armée, notamment dans les rangs de la Garde républicaine, les forces d'élite du pays, accusés de trahison envers le président. Ces arrestations laissent penser à l'existence d'une dissidence croissante au sein même de cette Garde républicaine considérée comme l'une des principales unités soutenant le président SALEH et son clan. Les unités d'élite, les mieux entraînées et équipées du pays, sont dirigées par les proches de SALEH, dont son fils Ahmed, qui dirige à la fois la Garde républicaines et les Forces spéciales. Certains des officiers interpellés sont accusés d'avoir ouvert des pourparlers secrets avec le général Ali Mohsen al‐AHMAR, plus haut gradé de l'armée régulière à avoir rejoint les rangs de l'opposition. D'autres sont soupçonnés d'avoir fourni des informations à l'opposition, ou d'avoir refusé d'obéir aux ordres et d'ouvrir le feu sur les civils. (le 01 juillet) Le président par intérim, Abd‐Rabbou Mansour HADI a indiqué que la gravité des blessures dont souffre SALEH rendait incertain son retour au Yémen, après son opération en Arabie saoudite. Il a précisé que les médecins n'étaient pas en mesure de fournir une date pour son rétablissement complet. (le 01 juillet) C’est nouveau, le Liban. Est‐ce une contagion syrienne ? Le Tribunal spécial pour le Liban (TSL) mis en place par l'ONU après l'assassinat de Rafic www.greliermichel.eu
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HARIRI a fait parvenir à Beyrouth quatre mandats d'arrêts internationaux. Le TSL, dont la formation découle d'une décision du Conseil de sécurité de l'Onu, est la première juridiction internationale compétente pour juger de cet attentat au camion piégé contre Rafic HARIRI, qui avait aussi coûté la vie à 22 autres personnes en février 2005 à Beyrouth. Il se murmure que les quatre suspects sont des membres du Hezbollah, qui est à la fois un parti politique chiite participant au gouvernement et une milice ‐ mieux armée que l'armée libanaise elle‐même ‐ qui a tenu tête à l'offensive de Tsahal à l'été 2006. Moustafa BADREDDINE, emprisonné au Koweït pour implication dans des attentats en 1983 et qui est le beau‐frère de feu le commandant du Hezbollah Imad MOUGHNIYEH, serait visé par l'accusation. Les trois autres suspects seraient Salim Jamil AYYASH, Hassan ISSA et Assad SABRA. On ignore s'ils appartiennent au Hezbollah et quelles sont leurs fonctions au sein de l'organisation. Le Hezbollah, soutenu à la fois par la Syrie et l'Iran, nie toute implication dans l'assassinat de Rafic HARIRI et présente le TSL comme un instrument de la politique occidentale avec lequel il adjure le gouvernement de rompre, contrairement à ce que souhaite Saad HARIRI. Les autorités libanaises ont jusqu'à trente jours pour informer le tribunal des mesures prises à la suite de la réception des mandats d'arrêt internationaux, qui incluent également un « prompt transfert » des accusés au tribunal. Saad HARIRI a invité le gouvernement du sunnite Nadjib MIKATI, imposé comme Premier ministre par le Hezbollah, à coopérer avec le TSL. (le 30) Thomas, je reste très attentif aux progrès, difficiles, faits en Tunisie. Le mouvement islamiste Ennahdha se retire définitivement de la Haute instance chargée des réformes politiques et de la transition démocratique. Son président, Rached GHANNOUCHI, lui a notamment reproché de s'ériger en assemblée parlementaire, alors qu'elle ne dispose pas, selon lui, de légitimité issue des urnes. La principale tâche qui a été assignée à cette commission est la préparation de l'élection d'une Assemblée constituante. Les représentants d'Ennahdha avaient récemment suspendu leur participation pour protester contre le report au 23 octobre de l'élection de la Constituante, initialement prévu le 24 juillet. Anticipant ce départ, le président de l'instance, le juriste Yadh Ben ACHOUR, avait assuré que le retrait du mouvement islamiste n'aurait aucun impact sur le travail de l'organe qu'il dirige. Outre la controverse sur le financement des partis, l'un des points de contentieux porte sur la question de la normalisation avec Israël. Le mouvement islamiste voulait que le refus de toute normalisation avec l'Etat hébreu soit inscrit dans le projet de pacte républicain en cours de discussion. (le 27) Plusieurs dizaines d'islamistes ont manifesté devant le palais de justice de Tunis pour réclamer la libération de sept d'entre eux arrêtés pour des incidents violents durant la projection d'un film sur la laïcité le 26 juin. Des avocats affirment avoir été agressés en marge du rassemblement. Les islamistes interpellés avaient cassé des vitres et proféré des menaces à l'encontre du public qui assistait à la projection du film « Ni Allah, ni maître » de la franco‐tunisienne Nadia el‐FANI. Ils dénonçaient une « œuvre de mécréants ». Ces incidents ont été dénoncés par le ministère de la Culture ainsi que par plusieurs formations politiques et associations. Les manifestants s'en sont pris à des avocats qui se trouvaient devant la maison du www.greliermichel.eu
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barreau. La police a tiré des gaz lacrymogènes et interpellé 26 personnes. Les manifestants brandissaient des drapeaux noirs, emblème du « Hizb Ettahrir », le Parti de la libération), une formation islamiste radicale dont la légalisation a été refusée par les autorités. (le 28) Prévu pour ce 30 juin, le deuxième procès de BEN ALI a été reporté au 04 juillet. Au cours d'une brève apparition dans la salle d'audience, bondée de journalistes et d'avocats, le juge Touhami HAFI a justifié le report par la grève observée actuellement par les magistrats tunisiens. (le 30) Un remaniement partiel du gouvernement de transition a été opéré par Foued MEBAZZAÂ, sur proposition de Béji Caïd ESSEBSI. Plus technique que politique, ce remaniement, qui intervient à moins de quatre mois des élections du 23 octobre, n'apporte pas de changements à la tête des ministères de souveraineté, à l'exception de deux nouveaux secrétaires d'Etat, nommés à l'Intérieur et aux Affaires étrangères. (le 01 juillet) Information intéressante pour l’Egypte. Un tribunal a ordonné la dissolution de plus de 1.750 conseils municipaux considérés comme l'un des derniers vestiges du régime MOUBARAK. La décision du tribunal administratif répond à l'une des revendications majeures du mouvement de contestation qui a entraîné la chute de MOUBARAK en février. Les instances locales, dont les sièges sont pourvus lors d'élections largement considérées comme truquées, étaient l'un des puissants soutiens du parti au pouvoir de MOUBARAK. Elles étaient devenues particulièrement importantes après les amendements constitutionnels de 2005, qui exigeaient des candidats à la présidentielle d'obtenir l'appui d'un certain nombre de représentants des conseils locaux ainsi que de membres du Parlement égyptien. La décision peut encore faire l'objet d'un appel, mais l'opposition populaire pourrait rendre difficile toute contestation émanant des militaires actuellement au pouvoir en Egypte. (le 28) Pour finir : Bahreïn. C’est un peu la lessive démocratique pour redevenir honorable et reprendre le Grand prix de Formule 1 qui avait été annulé lors des événements de début d’année. Le grand dialogue national destiné à enclencher un processus de réconciliation à Bahreïn a été lancé dans un pays plus que jamais divisé après des semaines de manifestations de mouvements chiites contre la monarchie sunnite. Invitée par le roi Hamad ben Isa al KHALIFA, l'opposition chiite demeure sceptique quant à l'issue de ces pourparlers, déplorant, notamment, le fait qu'elle ne soit représentée que par 35 membres sur les 300 personnes habilitées à débattre. Après de longues discussions, la principale formation de l'opposition islamiste chiite, le Wefak, a décidé de prendre part à cette initiative, tout en menaçant de mettre un terme aux discussions si jamais une représentativité plus grande n'était pas mise en place au sein du gouvernement. A Bahreïn, s'il existe une assemblée élue par le peuple, il revient en revanche à la famille royale de nommer les membres du gouvernement ainsi que ceux de la chambre haute, deux dispositions que le Wefak souhaiterait voir changer. Les discussions ont débuté de manière formelle, avec des lectures coraniques, des www.greliermichel.eu
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présentations et des discours d'introduction. (le 02) Ce fut une grosse semaine, riche en rebondissements et en événements… Attends, je t’ai réservé cette dernière info. L'Assemblée nationale a levé partiellement l'immunité parlementaire de Georges TRON, autorisant la poursuite du contrôle judiciaire à laquelle il est soumis, mais rappelant que toute obligation supplémentaire devrait faire l'objet d'une nouvelle requête. (le 30) www.greliermichel.eu
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Semaine 27 – du lundi 04 au dimanche 10 juillet 2011 Deux ambassadeurs en Syrie méritent respect et fierté Thomas est absent cette semaine. Il a fait le choix de partir quelques jours, de revenir, puis de partir quelques jours ailleurs, avant de revenir. Mon propos sera donc un compte‐rendu organisé de la semaine. La Syrie fait l’ouverture, et le titre. Commençons par le terrain, à Hama, avant de parler de ces ambassadeurs politiquement courageux. Onze personnes ont été tuées par balle à Hama. Les habitants érigeaient des barricades et brûlaient des pneus pour empêcher l'avancée des chars syriens qui encerclaient la ville. (le 05 juillet) Les forces gouvernementales y ont arrêté plusieurs dizaines de personnes. Les tirs du 05 juillet ont fait 22 morts. (le 06) Des centaines de personnes fuyaient la ville, craignant une intervention des forces gouvernementales dans ce bastion de la contestation. (le 07) Brandissant des branches d'olivier et scandant des slogans pour réclamer la fin du régime de Bachar el‐ASSAD, des centaines de milliers de Syriens se sont rassemblés à Hama où les avaient rejoints les ambassadeurs de France et des Etats‐Unis, soutien de poids au mouvement de contestation. L'armée est intervenue au nord‐ouest de Hama, dans des villages de la province d'Idlib proches de la frontière turque, tandis que les forces de l'ordre multipliaient les arrestations. Un demi‐millier de personnes ont ainsi été interpellées en quelques jours. (le 05) Autre ville syrienne, près de la frontière libanaise, que l’on peut considérer comme « ville‐
martyre » : Talkhalakh. Les forces de sécurité pourraient y avoir commis des crimes de guerre en mai. Amnesty International cite des témoignages faisant état de morts en détention, de tortures et d’arrestations arbitraires. Talkalakh avait été envahie par des chars de l'armée, les forces de sécurité et des miliciens pro‐régime après des semaines de manifestations. La répression aurait fait jusqu'à 36 morts. Des milliers d'habitants ont fui vers le Liban pour échapper à l'offensive. Amnesty appelle le Conseil de sécurité de l'ONU à soumettre le cas de Talkalakh à la Cour pénale internationale (CPI). (le 06) Pendant ce temps… D'autres manifestations de masse se déroulaient dans tout le pays, dont la répression par les forces de l'ordre a fait au moins 13 morts et plus de 40 blessés. (le 08) Qui sont ces forces de sécurité et comment travaillent‐elles ? www.greliermichel.eu
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Human Rights Watch (HRW) fait état des témoignages de soldats syriens ayant déserté les rangs des forces gouvernementales, décrivant comment ils ont obéi aux ordres de tirer sur la foule lors des manifestations contre le régime. Certains de ces déserteurs ont dit qu'ils avaient peur d'être eux‐mêmes tués s'ils avaient refusé d'obéir à ces ordres. L'un d'entre eux a raconté avoir vu un officier abattre deux soldats à Deraa pour cette raison. Ce rapport de HRW est basé sur des entretiens avec huit anciens soldats et quatre ex‐
membres des agences sécuritaires du régime de Damas, interviewés au Liban, en Jordanie ou en Turquie, qui ont décrit leur participation à la répression, entre tirs sur des manifestants et détentions arbitraires de centaines d'autres. Selon HRW, ces témoins ayant fait défection ont participé aux opérations gouvernementales à Deraa, Izraa, Bania, Homs, Jisr al‐Choughour, ainsi que dans la province d'Alep (nord) et à Damas. Tous les déserteurs ont raconté que leur hiérarchie leur avait dit qu'ils combattaient des infiltrés, des salafistes et des terroristes. Ils se sont dit « surpris de se retrouver face à des manifestants sans armes », mais ont néanmoins reçu l'ordre de leur tirer dessus dans différentes circonstances. (le 09) Pour finir avec ce qui se passe sur le terrain, ce bel exemple de double langage politique syrien. Bachar el‐ASSAD a donné le coup d'envoi d'une table ronde de deux jours, qualifiée de « dialogue national ». Le vice‐président Farouk al‐CHAREH a appelé à une transition vers une démocratie « pluraliste ». Ce « dialogue national » vise à discuter des réformes législatives susceptibles de déboucher sur l'instauration d'un système multipartite et la levée de l'état d'urgence en vigueur depuis des décennies. Les principaux membres de l'opposition et des comités d'organisation des manifestations ont boycotté cette rencontre, jugée sans objet dans le climat de répression actuel. Quant au dernier bilan… En quatre mois de manifestations auxquelles Damas a répondu par la répression sanglante, les militants des droits de l'homme font état d'au moins 1.600 civils tués, et 350 membres des forces de sécurité. (le 09) Maintenant, je vous présente Robert FORD et Eric CHEVALLIER, respectivement ambassadeurs des Etats‐Unis et de France à Damas (Syrie). Robert FORD s'est rendu à Hama pour marquer sa solidarité avec la population. Il a rencontré des habitants et espère rester sur place vendredi, quand de nouvelles manifestations sont prévues. (le 07) Robert FORD et Eric CHEVALLIER se sont rendus, le 07 juillet, à Hama qu'ils ont quittée avant le début de la manifestation. La présence de Robert FORD a suscité une violente condamnation de la part du gouvernement syrien, qui y voit une incitation au soulèvement. Il n'a en revanche pas commenté la visite d’Eric CHEVALLIER, venu porter témoignage de « l'inquiétude » de Paris pour la population et sa dénonciation de la violence, de la poursuite des arrestations arbitraires, et de l'absence de tout engagement crédible des autorités de Damas envers un processus de réformes politiques. (le 08) Pendant que la table ronde de Bachar el‐ASSAD s'ouvrait… www.greliermichel.eu
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Le ministère syrien des Affaires étrangères annonçait la convocation des ambassadeurs de France et des Etats‐Unis afin de protester après leur visite à Hama. A Paris, le ministère des Affaires étrangères a annoncé la convocation au Quai d'Orsay de l'ambassadrice syrienne, afin de « protester vigoureusement » contre de « nombreuses dégradations » ayant visé l'ambassade de France à Damas et le consulat français à Alep. Le porte‐parole du Quai d'Orsay, Bernard VALERO, a rappelé qu’« il serait vain de reprocher à l'ambassadeur de France » en Syrie « des motifs inavoués » après son déplacement à Hama. La Convention de Vienne sur les relations diplomatiques « stipule la totale liberté de déplacement des chefs de mission diplomatique dans leur pays d'accréditation ». C'est « dans ce cadre que notre ambassadeur circule à travers la Syrie », dans le « plein exercice de ses fonctions ». (le 10) De Damas à Tripoli, sur le terrain, un village et une ville marquent les « lignes de front » : Al Kaoualich, à une centaine de kilomètres au sud‐ouest de Tripoli, et Zlitane à l’ouest. Commençons par Al Kaoualich. Les rebelles, au nombre de 400, venus du djebel Nefoussa ont pris après six heures de combats le village d'Al Kaoualich, verrou stratégique menant à Gariane, ville située sur la grande route qui conduit à Tripoli. (le 06) Les forces de KADHAFI ont déclenché un intense barrage d'artillerie sur la localité d'Al Kaoualich. (le 10) Et Zlitane, dans la région de Misrata, sur la côte méditerranéenne. Les rebelles ont progressé vers l'ouest, en parvenant à 13 km du centre de Zlitane. Selon des médecins de l'hôpital Al Hekma de Misrata, 14 combattants ont été tués et 50 autres blessés. (le 06) La progression des insurgés a permis aux localités désormais hors de portées des armes du régime de reprendre un semblant de vie normale. Ils ont organisé une parade militaire à Zentane. (le 08) Du côté de KADHAFI et de ses soutiens. Pour échapper à l'asphyxie financière, le gouvernement a entamé des discussions avec des compagnies pétrolières russes et chinoises en vue de la reprise de contrats alloués à l'Italien ENI, qui a rapatrié son personnel sur place. (le 07) KADHAFI a menacé de porter le conflit en cours de Libye sur le territoire européen en représailles aux bombardements de l'OTAN en soutien aux insurgés. KADHAFI a menacé d'envoyer « des centaines de Libyens qui se feront martyrs en Europe. Je vous avais dit que ce serait œil pour œil et dent pour dent. Mais nous leur donnerons une chance de revenir à la raison ». (le 08) A Tripoli, des dizaines de milliers de partisans de KADHAFI et de dirigeants tribaux se sont massés sur la place Verte où un chef religieux a prédit la fin rapide de l'insurrection. (le 08) www.greliermichel.eu
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Cela pourrait‐il devenir « Panique à bord » de l’OTAN, à l’initiative de Silvio BERLUSCONI ? Les avions de l'OTAN ont frappé plus de 600 chars et pièces d'artillerie et près de 800 dépôts de munitions et bunkers depuis que l'Alliance atlantique a pris le commandement de la campagne aérienne en Libye, a déclaré Anders Fogh RASMUSSEN. « Depuis que l'opération a commencé, nous avons endommagé ou détruit plus de 2.700 objectifs militaires légitimes ». Près de 100 jours d'opérations ont également permis d'empêcher les forces de KADHAFI de reprendre des zones passées sous le contrôle des rebelles. Anders Fogh RASMUSSEN a précisé que l'OTAN avait observé des avancées des forces rebelles dans l'ouest du pays, mais que KADHAFI conservait une capacité militaire importante. Anders Fogh RASMUSSEN a confirmé qu'il rencontrerait le 13 juillet une délégation du Conseil national de transition. (le 06) Silvio BERLUSCONI a exposé au grand jour les dissensions au sein de l'OTAN sur la Libye : « J'étais contre cette initiative, comme chacun sait », « J'étais tenu par le vote du parlement de mon pays », « J'étais contre et je suis contre cette intervention qui finira d'une manière que nul ne connaît ». Il a assuré que l'Italie s'était vu forcer la main par ses alliés, France et Grande‐Bretagne en tête. Des avions de l'Alliance mènent des opérations à partir de bases en Italie mais les forces italiennes ne participent pas directement aux bombardements. Silvio BERLUSCONI n'a pas dit qu'il allait revenir sur cette décision, mais son ministre de la Défense, Ignazio LA RUSSA, a annoncé que les dépenses liées à l'engagement de Rome auprès des alliés allaient passer de 142 Mio euro lors du premier semestre de 2011 à moins de 60 Mio euro durant le second semestre. A l'issue d'un conseil de ministres, Ignazio LA RUSSA a précisé que le porte‐aéronefs italien « Giuseppe Garibaldi » avait été retiré du théâtre d'opérations. Silvio BERLUSCONI a expliqué : « Je suis allé à Paris et j'ai dit ‐ et je peux le répéter ‐ que je me serais tenu aux côtés d’Angela MERKEL en ce qui concerne la décision d'intervenir dans la zone d'exclusion aérienne ». Angela MERKEL a choisi de ne pas impliquer son pays lors d'une réunion entre alliés, le 19 mars. « Nous avons posé des questions très précises aux protagonistes de cette initiative, c'est‐à‐dire au président Nicolas SARKOZY et au Premier ministre David CAMERON, lors du dernier sommet européen à Bruxelles ». « La réponse a été que la guerre se terminerait quand il y aurait, comme on s'y attend, une révolte de la population de Tripoli contre le régime actuel ». Celle‐ci n'a pas eu lieu et KADHAFI a juré de n'abandonner ni le pouvoir ni son pays. (le 07) Les diplomates continuent de s’activer… BAN Ki‐moon a déclaré que des négociations en vue d'un cessez‐le‐feu suivaient leur cours. CHEN Xiaodong, responsable des questions africaines au ministère chinois des Affaires étrangères, s'est rendu à Benghazi auprès du Conseil national de transition. C'était la deuxième rencontre entre un responsable chinois et les chefs de la rébellion en moins d'un mois. (le 07) Nouveau revers financier pour le régime de KADHAFI, la Turquie a gelé un milliard US$ de réserves de la banque centrale libyenne déposés dans ses banques. (le 08) www.greliermichel.eu
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Et la situation qui me heurte le plus profondément, en raison de nos égoïsmes et de nos silences, celle des réfugiés. Dans le sud de la Libye, 370 travailleurs immigrés, pour la plupart de nationalité tchadienne, ont été évacués par avion de Sebha depuis le 06 juillet. Trois appareils, affrétés par l'Organisation mondiale pour les migrations, ont atterri à N'Djamena et les vols doivent reprendre. Les migrants bloqués en Libye du fait de la guerre civile étaient jusqu'ici évacués par autocar et par bateau. Près de 2.000 d'entre eux se trouvent encore à Sebha et à Gatroun, plus au Sud, où nourriture, abris et soins sont rares. (le 08) La Libye est un pays voisin de la Tunisie où la mise en place de la démocratie en est à sa phase 2 : les procès. BEN ALI a été condamné par contumace à 15 ans et demi de prison ferme et 108.000 dinars d'amende (un peu plus de 54.000 euro). Il était jugé par la chambre criminelle du tribunal de première instance de Tunis pour « détention de stupéfiants à l'usage de consommation » ; « acquisition, importation et trafic de stupéfiants » ; « aménagement et exploitation d'un local pour le stockage et l'usage de stupéfiants » ; « détention d'armes et de munitions » ; et « non‐déclaration de possession de pièces archéologiques ». Ce deuxième procès a débuté par un coup d'éclat des avocats de la défense, qui se sont retirés après le rejet de leur demande de report. Après une brève suspension, l'audience a repris avec la lecture de l'acte d'accusation et le réquisitoire du représentant du parquet. « Les preuves des accusations (de détention de stupéfiants et d'armes) sont avérées », a‐t‐il dit, citant les témoignages de l'ancien chef de la garde présidentielle, Ali SERIATI, et d'un des gardes du corps de BEN ALI. (le 04) Pour terminer avec l’international, Christine LAGARDE nous offre une transition opportune vers les affaires françaises. L’international d’abord… Christine LAGARDE a pris officiellement ses fonctions à la tête du FMI. Son contrat se distingue de celui de ses prédécesseurs par l'énumération de règles strictes en matière d'éthique. Christine LAGARDE est supposée « respecter les règles les plus élevées en matière d'éthique, en accord avec les valeurs d'intégrité, d'impartialité et de discrétion », précise sa lettre d'engagement, publiée sur le site internet du FMI. Christine LAGARDE devra éviter « l'apparence même de toute mauvaise conduite » et participera à une formation à l'éthique assurée en interne, une disposition que ne prévoyait pas le contrat de Dominique STRAUSS‐KAHN. Christine LAGARDE devra éviter tout conflit d'intérêts, refuser tout cadeau d'un gouvernement ou d'une organisation autre que le FMI et rompre tout lien éventuel avec le secteur privé. Son contrat ne lui interdit pas d'être membre d'un parti politique, à condition de ne pas faire partie de ses instances dirigeantes et de ne participer à aucune réunion partisane. Son salaire annuel est fixé à 467.940 US$ (323.825 euro), net d'impôt. Ce salaire indexé sur l'évolution des prix dans la région de Washington est équivalent, hors inflation, à celui de Dominique STRAUSS‐KAHN lors de son entrée en fonctions fin 2007. S'y ajoute une allocation pour frais de 83.760 US$ par an qui, explique la lettre, vise à « vous permettre de maintenir, dans l'intérêt du Fonds, un niveau de vie conforme à votre fonction ». Christine www.greliermichel.eu
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LAGARDE pourra aussi se faire rembourser des frais « raisonnables » s'ils sont liés à ses fonctions. Elle cotisera au plan de retraite du FMI. (le 05) … France ensuite. La Cour de justice de la République (CJR) a reporté au 04 août sa décision sur d'éventuelles poursuites contre Christine LAGARDE dans l'affaire Tapie, l'un de ses membres estimant ne pouvoir se prononcer sur ce dossier. Le président de la Commission des requêtes de la CJR, Gérard PALISSE, a déclaré qu'un « des membres de la commission a fait savoir tardivement qu'il était dans l'obligation de se récuser ». Gérard PALISSE n'a pas précisé l'identité de ce membre, mais de source judiciaire, on indiquait que ce magistrat était Laurence FRADIN, magistrat à la Cour des comptes. « Le membre suppléant qui aurait pu le substituer nous a fait savoir qu'il était dans l'impossibilité de le remplacer immédiatement sans connaissance du dossier », a ajouté Gérard PALISSE. Ce report offre un nouveau répit à Christine LAGARDE. (le 08) Un petit tour par le PS. La commission d'enquête interne au PS sur le fonctionnement de la fédération des Bouches‐du‐Rhône a rendu son rapport au bureau national du parti. Cette commission, présidée par Alain RICHARD, avait été mandatée le 09 avril, à la suite des accusations portées par Arnaud MONTEBOURG contre la puissante fédération dirigée par Jean‐Noël GUERINI. La commission Richard relève des « dérives », émettant notamment un jugement « négatif » sur l'élection de Jean‐Noël GUERINI comme premier secrétaire de la fédération des Bouches‐du‐Rhône ‐ un poste dont il a démissionné en mars ‐ comme portant « atteinte aux statuts » du PS. « Cette fédération a besoin de pluralisme et de collégialité », souligne la commission, qui note que le conseil général des Bouches‐du‐Rhône « est la seule institution dont un tel nombre d'agents se trouvent en responsabilité dans le Parti ». Elle évoque ainsi un « rapport trop exclusif entre cercle d'influence d'élu local et vie de section ». En conséquence, la commission Richard recommande notamment « des modalités précises d'organisation des scrutins internes », « une limitation de la taille des sections locales » et « une réorganisation en vue de la stabilisation des secteurs géographiques des sections ». Elle prône aussi « une limitation des adhérents non résidents dans les sections », « un allégement des effectifs du conseil et du bureau fédéral », et « une procédure plus fluide et plus ouverte du bureau fédéral des adhésions ». Enfin, elle souhaite un « encadrement des cumuls entre responsabilités fédérales et emplois publics ». Dans son rapport qui a été adopté « unanimement », la commission Richard propose que ses recommandations soient mises en œuvre dans le cadre d'un « contrat de rénovation librement accepté par la fédération des Bouches‐du‐Rhône », afin de tourner « la page de débats et de critiques qu'il est temps de dépasser ». (le 05) Pour finir par le feuilleton DSK. Les socialistes maintiennent leur calendrier politique, tout en laissant la porte ouverte à une éventuelle candidature de DSK aux primaires. Benoît HAMON, porte‐parole : « Nous ne pouvons pas conditionner ce calendrier, qui convoque des millions de Français, au calendrier judiciaire américain ». Si DSK souhaitait www.greliermichel.eu
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se présenter, « personne ne lui opposerait une quelconque procédure », assurant qu'il existe un « consensus » des dirigeants du PS à ce sujet. Mais ce scénario « ne paraît pas forcément être le plus probable ». « Aujourd'hui, je pense que cette hypothèse est la plus faible ». Benoît HAMON a fait référence à « l'impact psychologique » d'une telle affaire sur DSK : « A‐t‐il encore envie d'être candidat » ? « Nous n'en savons rien », et il a souhaité laisser à DSK « le temps de respirer » et « de parler ». (le 04) La femme de chambre qui accuse DSK d'agression sexuelle poursuit en diffamation le New York Post pour l'avoir qualifiée de prostituée. Kenneth THOMPSON, son avocat, a déposé plainte auprès d'un tribunal du Bronx. Dans une série d'articles, le New York Post affirmait que la femme de chambre était une « prostituée », une « tapineuse » et « monnayait ses faveurs sexuelles ». (le 05) Nafissatou DIALLO accuse le New York Post d'avoir publié des articles diffamatoires du 02 au 04 juillet « dans une tentative apparemment désespérée de relancer des ventes en chute libre ». Le New York Post a écrit que Nafissatou DIALLO « effectuait un double service en tant que prostituée en récoltant de l'argent liquide auprès de clients masculins ». Le New York Post a écrit aussi qu'elle « continuait de se livrer à la prostitution dans un hôtel de Brooklyn où elle était mise à l'abri par le parquet ». Dans sa plainte, Nafissatou DIALLO considère que le New York Post savait, avant de les publier, que le contenu de ces articles était faux ou qu'il aurait dû le savoir. Nafissatou DIALLO demande à un tribunal de fixer un montant pour des indemnités. Le New York Post a réagi de manière laconique : « Nous maintenons nos informations ». (le 05) Les avocats de DSK ont déclaré avoir eu une rencontre « constructive » avec le procureur Cyrus VANCE Jr. Celui‐ci a annoncé qu'il maintenait les poursuites d'agression sexuelle et tentative de viol contre DSK. Kenneth THOMPSON a contre‐attaqué, en réclamant la nomination d'un procureur spécial et le dessaisissement de Cyrus VANCE Jr. L'avocat a en effet accusé dans une lettre le bureau du procureur d'avoir délibérément organisé des fuites dans la presse en vue de « discréditer » sa cliente. Les services du procureur ont répondu que ces accusations n'étaient pas fondées et que Cyrus VANCE Jr excluait de se retirer du dossier. (le 07) Bonne semaine et beau temps pour tous les vacanciers. www.greliermichel.eu
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Semaine 28 – du lundi 11 au dimanche 17 juillet 2011 Quand l’opposition se lève au Proche‐Orient Cette semaine encore, Thomas est en balade. Cette semaine d’informations est marquée, chez nous, par le choix d’Eva JOLY comme candidate à la présidentielle et la fin des candidatures pour les primaires socialistes. Ailleurs, la Syrie domine toujours par la quantité d’informations et par la gravité de ce qu’elles décrivent. Un élément nouveau semble apparaître dans le scénario à trois actes qui se répétait : la rue qui provoque la chute du régime, les procès, la marche vers la démocratie via les élections et les modifications constitutionnelles. Un quatrième acte prend sa place : l’émergence d’une opposition. On le voit cette semaine en Syrie, à Bahreïn et au Yémen. Il existe en Egypte, en Tunisie et en Libye. Mais commençons par les tristes bilans de terrain en Syrie. Les troupes sont entrées dans la ville de Homs. Au moins une personne aurait été tuée et une vingtaine seraient blessées. (le 11 juillet) Les forces de sécurité ont tué deux manifestants à Deir al Zor. Des agents des services de renseignement de l'armée ont blessé sept protestataires sur la place principale. (le 14) Des grèves générales ont été organisées dans de nombreuses villes, dans le cadre du mouvement de contestation. Les appels à la grève sont devenus un rituel du jeudi, la veille de la prière du vendredi, mais les activistes ont affirmé que la participation avait été, cette fois, plus importante que les autres semaines. Les grèves générales peuvent attirer des gens qui hésitent à rejoindre le mouvement, « d'une façon qui ne leur fasse pas risquer leur vie ». « L'autre objectif est de faire pression économiquement sur le régime ». (le 14) Les forces de sécurité ont ouvert le feu sur des manifestants à Damas et dans d'autres villes alors que des dizaines de milliers de personnes protestaient contre le régime. L'opposition a dédié ces manifestations aux milliers de personnes arrêtées depuis le début du mouvement de protestation. Environ 15.000 sont toujours détenues. (le 15) Au moins deux membres d'une même famille on été tués à Deraa, trois à Damas et trois autres à Idlib (nord‐est). (le 15) Je vous livre la progression du funeste bilan de cette journée. Sept morts à Damas, trois dans la ville d'Idlib, trois à Homs et un à Deraa. (le 15) Au moins 17 morts et une centaine de blessés. Onze à Damas, trois à Idlib, deux à Deraa et un à Homs. (le 15) La police n'a pas hésité à tirer à balles réelles sur la foule à Damas et dans ses faubourgs, où 11 personnes ont été tuées, ainsi qu'à Deraa où l'on déplore quatre morts. Trois autres personnes ont été tuées par balles dans la province d'Idlib, et deux autres à Homs. (le 15) Les forces de sécurité ont tué 28 personnes et fait plusieurs centaines de blessés lors des www.greliermichel.eu
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manifestations. Vingt‐deux des 28 victimes ont été tuées dans la capitale Damas et sa banlieue. (le 16) Environ 2.000 soldats appuyés par des blindés sont entrés à Zabadani, près de la frontière avec le Liban, tandis que le régime mène une nouvelle campagne d'arrestations, qui a touché plus de 500 personnes depuis le 15 juillet. Peu avant l'intervention, l'électricité, internet et le téléphone avaient été coupés. (le 17) Les forces gouvernementales, appuyées par des hélicoptères et des blindés, encerclaient la ville de Bou Kamal où des dizaines de milliers de manifestants, encouragés par des défections au sein de l'armée, sont descendus dans les rues pour dénoncer le régime. (le 17) La semaine dernière avait été marquée par la visite des ambassadeurs de France et des Etats‐Unis à Hama. Leur initiative a eu sa propre répression. Des partisans du régime de Bachar el‐ASSAD ont attaqué les représentations diplomatiques des Etats‐Unis et de France à Damas. Plusieurs centaines de manifestants ont attaqué l'ambassade américaine, brisant des vitres et déployant un drapeau syrien sur le bâtiment. Ils ont également peint des graffitis anti‐
américains, traitant notamment l'ambassadeur Robert FORD de « chien ». On ne déplore pas de blessés. « Pour la deuxième fois en deux jours, l'ambassade de France à Damas comme celle des Etats‐Unis au même moment, a été la cible d'attaques et de vandalisme de la part de groupes bien organisés et cela devant des forces de sécurité manifestement peu empressées à faire cesser ces violences ». Les manifestants, 300, qui sont parvenus à s'introduire dans l'enceinte de l'ambassade, ont tenté d'enfoncer les portes de la mission diplomatique française, brisé des fenêtres, détruit le véhicule de l'ambassadeur Eric CHEVALLIER. Trois agents de la représentation diplomatique ont été blessés. « Devant la passivité des forces de l'ordre », « les agents de sécurité de l'ambassade ont été contraints d'effectuer trois tirs de sommation pour empêcher la multiplication d'intrusions dans le périmètre de l'ambassade », ajoute le Quai d'Orsay. (le 11) Après l'attaque des ambassades de France et des Etats‐Unis en Syrie par des partisans du pouvoir, les condamnations formulées par Hillary CLINTON, aux côtés de Catherine ASHTON, et François FILLON sont les plus fortes à viser Bachar el‐ASSAD en quatre mois de révoltes populaires implacablement réprimées. François FILLON et Alain JUPPE ont déploré l'incapacité des Nations unies à se prononcer sur la Syrie en raison d'un blocage de la Russie et de la Chine, membres permanents du Conseil de sécurité. (le 12) Le Conseil de sécurité des Nations unies, s'exprimant pour la première fois depuis le début des troubles, a condamné « dans les termes les plus forts » les attaques commises contre les ambassades de France et des Etats‐Unis à Damas. Dans une déclaration adoptée à l'unanimité, le Conseil de sécurité invite en outre le régime de Bachar al ASSAD à assurer la protection du personnel et des représentations diplomatiques. L'adoption de la déclaration tient probablement au fait que le principe d'inviolabilité des enceintes diplomatiques est universellement reconnu. (le 12) www.greliermichel.eu
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Et voilà le fait nouveau, l’acte complémentaire dans cette tragédie. L'opposition organisait à Istanbul une « conférence de salut national » pour examiner les moyens de renverser le régime de Bachar el‐ASSAD. Elle regroupait quelque 400 participants, dont une de ses figures majeures, Haïtham el‐MALEH : l'objectif de la conférence est de « discuter des moyens de faire passer le pays de l'obscurité à un lendemain lumineux ». Les participants doivent s'entendre sur une feuille de route et désigner un front uni composé de représentants de l'opposition en Syrie et en exil. Une conférence similaire aurait dû se tenir simultanément à Damas, mais a été annulée en raison des violences. Au moins 14 des victimes tuées le 15 juillet à Damas par des tirs des forces de sécurité ont péri près d'un centre de conférence où devait se tenir la réunion. Un petit groupe d'opposants a néanmoins pu se réunir dans un autre endroit de la capitale et établir un contact téléphonique avec Istanbul. (le 16) Encouragés par l'ampleur des manifestations, les opposants restés en Syrie et ceux vivant en exil avaient pour projet de se structurer en créant un Conseil national. La double conférence devait déboucher sur l'élection d'un Conseil national de 75 membres, dont 50 issus de l'opposition restée en Syrie et 25 de celle en exil. (le 16) Les personnes réunies à Istanbul, pour la plupart des opposants en exil depuis plusieurs années, ne partagent pas forcément les mêmes points de vue quant aux solutions à apporter en Syrie, où les manifestations en faveur de la démocratie sont systématiquement réprimées depuis mars. L'un des principaux enjeux de cette réunion est notamment de déterminer si un gouvernement parallèle, d'opposition, doit voir le jour ou non, afin de contrer Bachar al ASSAD non seulement dans les rues, mais aussi sur le plan politique. L'une des figures de l'opposition présente à Istanbul, Wael al HAFEZ, a proposé une idée neuve afin de gêner au mieux les services de sécurité syriens. « Je suis pour toute chose qui unifiera le peuple syrien, aidera la population et nous unira dans notre combat contre ce régime répressif, illégitime, qui a usurpé le pouvoir et bafoué les droits de l'homme ». « Nous souhaitons intensifier les manifestations pacifiques en nous livrant à des actes de désobéissance civile, mais aussi en étouffant le pays économiquement, en le paralysant, le tout en causant le minimum de dégâts ». (le 16) Islamistes, militants de gauche, dignitaires tribaux, représentants de la communauté kurde et dissidents en exil n'ont que peu de choses en commun sinon leur hostilité au régime baassiste qui les persécute depuis des décennies. Malgré leurs divisions, les opposants réunis à Istanbul ont élu un Conseil de salut national, mais ils ont remis la formation d'un gouvernement en exil à plus tard. Ce Conseil se réunira pour désigner les 11 membres d'un comité distinct chargé d'organiser un nouveau congrès « dont l'ordre du jour sera dominé par l'élection d'un gouvernement en exil pour aborder la période de transition après la chute du régime ». (le 17) L’autre sujet vedette reste la Libye, où les situations évoluent sur le plan de la reconnaissance et du soutien au CNT, et un peu dans les opérations militaires. Les insurgés ont repris le village d'Al Kaoualich aux forces de KADHAFI, qui les en avait chassés un peu plus tôt dans la journée. Les insurgés souhaitent utiliser Al Kaoualich pour prendre d'assaut la ville voisine de Gariane, verrou sur la principale route menant vers www.greliermichel.eu
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Tripoli. (le 13) Dans un discours prononcé devant des dizaines de milliers de ses partisans dans la ville d'Al Adjaïlat, à 80 km à l'ouest de Tripoli, KADHAFI a réitéré son intention de poursuivre la lutte jusqu'au bout. Pour Mikhaïl MARGELOV, l'émissaire de Dmitri MEDVEDEV pour la Libye, KADHAFI est loin d'être vaincu : « KADHAFI n'a pas encore utilisé le moindre missile sol‐sol, alors qu'il en a plus qu'il n'en faut. On peut donc douter du fait que le régime commence à être court d'armements ». « Le Premier ministre libyen m'a dit à Tripoli : « si les insurgés prennent la ville, nous la soumettrons à un déluge de missiles et nous la ferons exploser » ; je suppose que le régime de KADHAFI songe bel et bien à ce genre d'initiative suicidaire ». (le 14) D'intenses combats ont eu lieu sur les hauteurs du Djebel Nefoussa. Des fusillades intenses et des tirs d'artillerie ont eu lieu dans le secteur de Bir Ghanam. Les rebelles tiennent les hauteurs dans les faubourgs de la ville, qui est leur position la plus proche de Tripoli. Les rebelles du Djebel Nefoussa ont fait d'importants progrès ces dernières semaines après avoir repoussé plusieurs offensives des forces kadhafistes. Ils visent désormais la ville de Gariane. Leur progression est cependant ralentie par leurs divisions, leur manque de discipline et les problèmes de logistique. L'aviation de l'OTAN a frappé un centre de commandement de l'armée près de Gariane. La situation n'évolue en revanche guère sur le front de l'Est, où les insurgés visent désormais la reconquête du port pétrolier de Brega, contrôlé par l'armée libyenne, au bord du golfe de Syrte. (le 16) Les assauts des rebelles contre le terminal pétrolier de Brega, farouchement défendu par les forces de KADHAFI, se sont poursuivis pour le quatrième jour consécutif. (le 17) 6 Le bras armé qui frappe les forces de KADHAFI, c’est l’OTAN. L'OTAN a indiqué qu'elle pourrait suspendre ses bombardements durant le ramadan, si les forces de KADHAFI respectaient de leur côté un cessez‐le‐feu pendant le mois de jeûne musulman qui débutera aux alentours du 01 août. L'OTAN semble craindre que des bombardements sur Tripoli durant le mois du ramadan ne provoquent de vives réactions dans le monde musulman. (le 12) L'OTAN éprouverait des difficultés à identifier des cibles militaires car les forces gouvernementales utilisaient de plus en plus des infrastructures et des véhicules civils. « Nous n'avons pas de problèmes de ressources militaires. Le problème, ce sont les cibles ». « Nous disposons de renseignements crédibles selon lesquels KADHAFI utilise des entrepôts civils. Il est assurément en train de changer de tactique ». (le 14) A Istanbul, Alain JUPPE a indiqué que les opérations militaires se poursuivront bel et bien durant le mois de ramadan, à moins que KADHAFI ne cède le pouvoir. (le 15) A Tripoli, les avions de l’OTAN ont frappé un dépôt militaire, trois stations radar et une batterie de missiles sol‐air. Les Alliés ont visiblement également appuyé les rebelles à Brega, détruisant un tank, deux lance‐missiles et cinq véhicules. (le 17) www.greliermichel.eu
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Et le bras politique, c’est le « Groupe de contact ». Il se réunit le 15 juillet, à Istanbul, et les débats devraient se concentrer sur la recherche d'un règlement négocié en raison de l'incapacité apparente des insurgés à renverser militairement KADHAFI, malgré le soutien aérien de l'OTAN. Cette réunion se déroulera en présence de représentants de l'opposition libyenne, qui démentent pour leur part tout contact avec des émissaires du régime de KADHAFI, contrairement à ce que laissent entendre de nombreux pays, dont la France. Des responsables de l'OTAN, de la Ligue arabe, de l'Union africaine (UA) et du Conseil de coopération du Golfe (CCG) seront aussi présents. La Chine a prévenu qu'elle ne participerait pas à cette réunion en raison de ses interrogations persistantes au sujet du mode de fonctionnement du « groupe de contact ». (le 14) La réunion d'Istanbul est la quatrième depuis la création du groupe de contact en mars à Londres. Cette réunion intervient à un moment charnière entre absence de progrès militaires et spéculations sur les intentions de KADHAFI. Des informations circulent selon lesquelles KADHAFI pourrait accepter de se retirer en échange de garanties. Si un tel scénario se concrétisait, resterait à trancher la question de son avenir personnel, lui qui est visé par un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale pour crimes contre l'humanité. Cet aspect de la question libyenne va être confié à une équipe dirigée par l'émissaire spécial du secrétaire général de l'ONU pour la Libye, le Jordanien Abdoul Elah al KHATIB. Le document élaboré à Istanbul aborde également l'après‐KADHAFI : « La formation d'un gouvernement provisoire devra être rapidement suivie de la convocation d'un Congrès national formé de représentants de toutes les branches de la Libye ». (le 15) Ce mot est nouveau dans les affrontements en Libye : négociations. La France a démenti mener des négociations directes avec le régime de KADHAFI, comme le suggère Saïf al‐Islam KADHAFI. « Il n'y a pas de négociations directes entre la France et le régime de KADHAFI mais nous lui passons des messages, en liaison avec le CNT et nos alliés », a déclaré le porte‐parole du ministère des Affaires étrangères, Bernard VALERO. (le 11) Pour Alain JUPPE, « il faut maintenir la pression militaire contre le régime tout en travaillant avec l'Union africaine sur une solution politique sans KADHAFI qui doit comprendre qu'il n'a plus de place et n'a plus d'avenir en Libye ». Selon Alain JUPPE, « le processus de négociations politiques peut s'engager à travers une grande convention nationale inclusive qui associe le CNT mais aussi les autorités traditionnelles, les chefs de tribus et tous les responsables de Tripoli qui ont compris que KADHAFI n'a pas d'avenir ». (le 11) La France a fait évoluer sa position sur le conflit libyen, dont l'issue ne sera pas militaire mais le fruit de négociations entre les parties en présence. Gérard LONGUET a conditionné la fin de l'intervention alliée sous l'égide de l'OTAN à la mise en place d'un dialogue entre les militants pro‐KADHAFI et l'opposition. « Nous avons arrêté la main qui avait frappé et nous leur demandons de parler entre eux ». « On www.greliermichel.eu
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s'arrête de bombarder dès que les Libyens parlent entre eux et que les militaires de tous bords rentrent dans leur caserne, et ils peuvent parler entre eux puisqu'on apporte la démonstration qu'il n'y pas de solution de force ». Le département d'Etat américain n'a pas tardé à réagir à cette prise de position française, affirmant qu'il n'était pas question d'envisager un compromis. « Ce sont les Libyens qui décideront eux‐mêmes la manière dont la transition doit s'accomplir, mais nous restons fermes dans notre conviction que KADHAFI ne peut pas rester au pouvoir ». (le 11) En visite à Bruxelles, Mahmoud JIBRIL a démenti que des négociations étaient en cours entre le régime de KADHAFI et les insurgés. (le 13) Le nerf de la guerre, c’est l’argent. Le nerf de la guerre libyen, c’est le pétrole. La Libye a annoncé que l'Italie n'aurait plus accès à son pétrole en raison du rôle joué par Rome dans la campagne de bombardements aériens de l'OTAN. Il ne devrait pas y avoir de répercussions immédiates pour ENI, le plus important groupe énergétique étranger en Libye, car la production de pétrole y est presque totalement interrompue. Cela fait des mois qu'ENI a cessé la production de brut et fermé le gazoduc acheminant du gaz naturel libyen en Italie. Il continue en revanche à produire du gaz naturel pour fournir de l'électricité à la population libyenne. Les avoirs du groupe italien se trouvent à parts quasiment égales en territoires sous contrôle rebelle et sous contrôle du gouvernement de KADHAFI, à part pour les exploitations de haute mer. ENI n'a pas fait de commentaires. (le 14) Le général Charles BOUCHARD, commandant de la mission de l'OTAN, a affirmé que KADHAFI ordonnait à ses forces de détruire les complexes, y compris les raffineries, quand elles se retiraient, mais que les troupes n'obéissaient pas forcément. (le 14) En volume d’informations, le CNT prend le dessus sur KADHAFI. En qualité d’informations, la situation devrait m’amener rapidement à classer les dépêches sur le CNT avant celles sur KADHAFI. Une délégation du CNT se rendra pour la première fois au siège de l'OTAN à Bruxelles. Dirigée par le chef de la diplomatie du CNT, Mahmoud JIBRIL, elle rencontrera Anders Fogh RASMUSSEN, et assistera à une réunion du Conseil de l'Atlantique Nord, la plus haute instance de prise de décision de l'Alliance. (le 12) La Belgique, les Pays‐Bas et le Luxembourg ont reconnu le CNT comme le représentant légitime du peuple libyen. (le 13) Mahmoud JIBRIL a souhaité que l'OTAN poursuive sa campagne de frappes aériennes durant le mois du ramadan. « Il n'y a rien dans la religion (musulmane) qui interdise les combats durant le ramadan ». Anders Fogh RASMUSSEN a affirmé que l'OTAN poursuivrait sa campagne de bombardements tant que les forces de KADHAFI menaceraient les civils libyens. Mahmoud JIBRIL a rencontré des responsables de l'UE, dont José Manuel BARROSO. (le 13) www.greliermichel.eu
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Les délégués de plus de 30 pays ont décidé de reconnaître le CNT comme « l'autorité légitime en Libye ». Cette décision conférerait à l'opposition un statut diplomatique fortement renforcé sur la scène internationale et accroîtrait la pression au départ, déjà forte, qui s'exerce sur KADHAFI. La France, puis les Etats‐Unis et d'autres pays de plus en plus nombreux ont déjà reconnu le CNT comme l'interlocuteur légitime représentant le peuple libyen, sans toutefois reconnaître officiellement le CNT comme le gouvernement de Libye, ce que l'opposition souhaite depuis des mois. (le 15) Les Etats‐Unis ont décidé de reconnaître officiellement le CNT comme le gouvernement légitime de la Libye, a annoncé Hillary CLINTON. Cette reconnaissance diplomatique signifie que les Etats‐Unis pourront reverser aux rebelles plus de 30 Mia US$ (21 Mia euro) d'avoirs du régime KADHAFI actuellement gelés dans les banques américaines. La décision de Washington renforce également la crédibilité du CNT. (le 15) Les pays de l'OTAN et les puissances arabes membres du groupe de contact sur la Libye ont reconnu le CNT comme seule instance représentative du peuple libyen. KADHAFI a rapidement dénoncé cette initiative. (le 15) Dans ce conflit libyen, des observateurs gardent les yeux ouverts sur les droits de l’homme. Human Rights Watch (HRW) affirme que des rebelles libyens ont pillé des commerces et des cliniques et incendié les habitations de partisans présumés de KADHAFI dans des villes passées sous leur contrôle dans les montagnes de l'ouest du pays. HRW raconte avoir vu cinq maisons en flammes dans le village de Kaoualish, pris par les rebelles le 06 juillet, et des hommes armés charger à bord d'un camion des biens pillés dans un commerce. Quelques jours plus tard, neuf autres maisons avaient été incendiées. HRW précise que des cliniques dans trois autres villes ont également été pillées et saccagées. HRW, dont le rapport se fonde sur des entretiens avec des combattants et des habitants, appelle les commandants rebelles à tenir leurs forces responsables des dommages qu'elles pourraient causer aux biens des civils. Le CNT dément toute implication des combattants insurgés dans les faits dénoncés par HRW : « Ces actes ont été commis par des individus qui ne représentent pas le CNT ni la révolution du 17 février ». Son porte‐parole a précisé que les rebelles éventuellement coupables de tels faits devraient être traduits en justice. Les organisations de défense des droits de l'homme accusent également les forces de KADHAFI de se rendre coupables de violations en bombardant de manière aveugle des zones civiles, en infligeant des mauvais traitements aux détenus et en posant des mines. (le 13) Dans le scénario en quatre actes évoqué au début, l’Egypte a sa particularité : l’accélération des réformes. Le ministre de l'Intérieur, Mansour el‐ISSAWI, a annoncé le limogeage de 587 officiers supérieurs de la police, ce qui était l'une des revendications des manifestants campant place Tahrir depuis six jours pour réclamer une accélération des réformes. (le 13) Les élections législatives, dont on attendait la tenue en septembre, devraient avoir lieu un www.greliermichel.eu
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ou deux mois plus tard, un report qui va dans le sens des demandes des manifestants. (le 13) Et émergence de l’opposition à Bahreïn, avec un rappel de la situation. La famille régnante sunnite a ouvert un dialogue national depuis deux semaines. Cheikh Ali SALMAN, chef du principal parti de l’opposition chiite, le Wefaq, a réclamé des réformes offrant au peuple davantage de pouvoir dans la conduite des affaires du pays. Il a annoncé que le Wefaq déciderait le 17 juillet du maintien ou non de sa participation au dialogue national. Ses délégués ont claqué la porte des discussions le 12 juillet, après l'emploi par un représentant sunnite d'un terme péjoratif pour désigner les chiites. Le Wefaq a annoncé qu'il souhaitait se retirer définitivement des consultations, déjà contestées en raison du faible poids donné à l'opposition, représentée par 35 délégués sur 300. Le gouvernement s'est engagé à poursuivre ce dialogue même en cas de départ du Wefaq mais un retrait de cette formation perçue comme modérée fragiliserait le processus. Le Wefaq doit prendre en compte le poids croissant, au sein de la communauté chiite qu’il représente, des plus radicaux réclamant l'abolition de la monarchie et l'instauration d'une république. Ces radicaux soulignent la faiblesse des résultats obtenus par le Wefaq avec son approche plus modérée. (le 15) Pareil au Yémen. Mais organiser une opposition n’est pas chose simple. Les manifestants hostiles au président SALEH ont mis sur pied un conseil de transition constitué de personnalités de l'opposition, chargé de conduire les efforts visant à le contraindre à renoncer à ses fonctions. Des groupements de jeunes, qui ont été à la pointe des manifestations anti‐SALEH depuis le début de l'année, ont déclaré que ce conseil, fort de 17 membres, comprendrait l'ancien président Ali Nasser MOHAMED et des dirigeants de plusieurs organisations d'opposition, dont des exilés. Un responsable de la coalition des partis traditionnels d'opposition a fait savoir qu'elle ne soutiendrait pas le nouveau conseil provisoire. (le 16) Je terminerai ce tour des informations de l’extérieur par ce sujet qui me tient tant à cœur : les réfugiés libyens en Tunisie. Une délégation du Parlement européen de 6 députés se rendra en Tunisie du 13 au 16 juillet pour débattre du sort des réfugiés et des conséquences possibles pour l'UE, notamment en termes de migrations. Pour Simon BUSUTTIL (PPE, Malte) qui dirige la délégation : « Nous nous rendons le long de la frontière libyenne pour évaluer la situation des réfugiés de nos propres yeux. La lutte pour la démocratie en Libye entraîne certains effets secondaires temporaires tels qu'un nombre considérable de personnes qui fuient le pays. L'Europe doit relever les défis qui découlent de cette situation, en particulier la question du traitement des réfugiés, de l'aide humanitaire et l'impact des migrations vers l'Europe. Ce phénomène de personnes qui fuient la Libye soulève également des problèmes en Tunisie, pays déjà soumis à une forte pression pour d'autres raisons ». « L'Europe ne peut rester les bras croisés face à ces réalités et notre délégation nous aidera à mieux comprendre comment nous pouvons aider à améliorer la situation. Nous y parviendrons en parlant directement aux réfugiés, aux organisations internationales qui gèrent les camps, et aux autorités www.greliermichel.eu
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tunisiennes ». Parmi les membres de la délégation figurent également Claude MORAES (S&D, R‐U), Judith SARGENTINI (Verts/ALE, P‐B), Agustín DIAZ DE MERA GARCIA CONSUEGRA (PPE, Espagne), Nathalie GRIESBECK (ADLE, France) et Sylvie GUILLAUME (S&D, France). (le 11) La délégation du Parlement européen a visité deux camps de réfugiés à la frontière tuniso‐libyenne. Le camp de Choucha, le plus grand des deux, installé à 7 km de la frontière, accueille plus de 3.700 réfugiés originaires de 22 pays, y compris la Somalie, l'Érythrée, l'Éthiopie et le Soudan. L'autre camp, administré par les Émirats arabes unis, compte 740 personnes. Les participants ont rencontré des représentants de l'Agence des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) et d'autres organisations d'aide humanitaire, et ont eu des contacts directs avec les réfugiés et leurs chefs de communauté. Ils ont également pu rencontrer le Premier ministre tunisien ainsi que plusieurs ministres. Au terme de leur visite des camps de réfugiés, les membres de la délégation ont déclaré : « Cette visite nous a vraiment éclairé. Nous avons été bouleversés par les conditions extrêmement pénibles dans lesquelles les gens vivent, notamment étant donné la chaleur, les tempêtes de sable, l'accès limité à l'eau propre et l'absence de conditions sanitaires et d'hygiène adéquates. Cette situation touche en particulier les enfants et les femmes enceintes. Nous avons été impressionnés par l'extrême solidarité et l'hospitalité de la population tunisienne qui continue d'accueillir les citoyens des pays tiers qui ont fui la Libye. Il y a là une leçon à tirer pour les États membres de l'Union. Nous regrettons la faiblesse de la réponse des États membres, notamment lorsqu'on compare avec les efforts consentis par des pays comme la Norvège, les États‐Unis et le Canada. L'UE doit contribuer davantage à la réinstallation des réfugiés en provenance de zones de conflit qui ne peuvent regagner leur pays. Nous demandons instamment aux États membres d'adhérer au programme de réinstallation proposé, y compris au mécanisme d'urgence. L'Europe doit relever les défis engendrés par cette situation, notamment le sort des réfugiés et l'octroi d'aide humanitaire, mais aussi l'impact sur la migration en Europe. L'UE ne peut fermer les yeux sur cette réalité dramatique. Il s'agit d'une question internationale qui nécessite une réponse internationale. La Tunisie a déjà connu sa propre révolution et elle fait face à d'importantes difficultés économiques et sociales, étant donné, notamment, les niveaux exceptionnels de chômage chez les jeunes. Les flux migratoires représentent une charge supplémentaire qui doit être partagée ». (le 15) Bienvenue en nos terres nationales, politiciennes et électorales. Moins de trois ans après son entrée en politique, Eva JOLY devient la candidate écologiste à l'élection présidentielle. A 67 ans, l'ancienne juge d'instruction, rendue célèbre par l'affaire Elf, a réussi à s'imposer par sa crédibilité face à Nicolas HULOT, pourtant poids lourd de la télévision. Avant de porter les couleurs d'Europe Ecologie‐Les Verts (EELV), le nom d'Eva JOLY a longtemps été associé aux gros dossiers financiers et à la lutte anti‐corruption. L'œil toujours bleu et séducteur, fraîchement arrivée en politique, elle bénéficie de ses années d'exposition médiatique en tant que juge, qui lui ont permis se forger une « peau de crocodile », selon sa propre expression. Tentée par l'aventure politique depuis 2007, Eva JOLY s'est d'abord rapprochée du MoDem www.greliermichel.eu
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de François BAYROU, attirée par les valeurs européennes du parti. Finalement, c'est Europe Ecologie qu'elle choisit de rejoindre en octobre 2008, en vue des élections européennes du printemps 2009. Elle apparaît en deuxième position sur la liste écologiste en Ile‐de‐France, derrière Daniel COHN‐BENDIT, et participe activement à la campagne. Elle devient députée européenne le 07 juin 2009. Peu à peu, elle se défait de ses habits d'ancien juge anti‐corruption pour revêtir ceux de femme politique, conservant toujours une image de rigueur et de sérieux. Elle parfait sa connaissance des dossiers écologiques et améliore son expression en public pendant la campagne pour les élections régionales de 2010, où elle apparaît à la tribune aux côtés des autres leaders du mouvement. A l'occasion des Journées d'été d'Europe Ecologie à Nantes en août 2010, elle s'affirme comme aspirante candidate à la présidentielle. Eva FARSETH, son nom de jeune fille, est née le 05 décembre 1943 à Oslo (Norvège). Après avoir grandi à Grünerloekka, un quartier ouvrier de la capitale norvégienne, la jeune femme, yeux pétillants et cheveux blonds, est arrivée en 1964 à Paris comme jeune fille au pair. De son pays natal, Eva JOLY a juste gardé son accent, qui devient plus prononcé lorsqu'elle est émue ou en colère. Alors que son mari termine ses études de médecine, Eva JOLY occupe différents emplois et poursuit des études de droit. En 1973, elle devient conseillère juridique de l'hôpital psychiatrique d'Etampes (Essonne), un poste qu'elle gardera jusqu'en 1981. A cette date, elle est reçue à l'Ecole nationale de la magistrature. Premier poste : Orléans, comme substitut. Deux ans plus tard, elle est nommée à Evry où elle restera jusqu'en 1989. Cette année‐là, Eva JOLY décide de rejoindre le Comité interministériel des restructurations industrielles. Ces trois années passées au chevet d'entreprises au bord du gouffre seront pour cette magistrate de caractère un apprentissage avec le monde financier. En 1993, elle arrive au palais de justice de Paris où elle vient d'être nommée juge d'instruction à la section financière. C'est l'année des premiers dossiers sensibles : Tapie, les Ciments Français... et le début de la médiatisation, qui lui a parfois été reprochée par certains de ses collègues. Pendant les dix années qui suivent, son cabinet devient le dernier salon mondain où les plus éminents chefs d'entreprise ou hommes politiques ont été sommés de s'expliquer sur d'éventuels abus de biens sociaux ou détournements de fonds... Exposée à toutes les critiques, épiée et surveillée, elle a néanmoins attendu d'avoir bouclé son dossier phare ‐ l'affaire Elf qu'elle instruisait depuis sept ans ‐ avant de quitter la magistrature en 2002. En France, « ceux qui enfreignent la loi sont ceux qui font la loi », critique‐t‐elle dans un livre d'entretiens intitulé « Où vont les juges », paru en 2002. Elle devient ensuite conseillère du gouvernement norvégien dans la lutte contre la corruption et la délinquance financière internationale, contribuant à bâtir le « Network », réseau de procureurs, juges et policiers spécialisés dans ce domaine. En 2007, dans son livre « La force qui nous manque », elle estime qu'en France, « une grande partie de la presse n'est pas libre, une grande partie de la justice n'est pas indépendante ». Et à destination de Nicolas SARKOZY, nouvel occupant de l'Elysée, elle écrit : « Ce n'est pas parce que vous invoquez JAURES que vous êtes démocrate ». (le 12) A l'issue du second tour de la primaire, EELV a indiqué qu’Eva JOLY avait recueilli 58,16% des voix contre 41,34% à son rival Nicolas HULOT. Le taux de participation a été de 69,49% des inscrits, soit 22.896 votants. (le 12) Le PS, lui, a refermé son registre des candidatures. Six candidats vont s'affronter. Deux poids lourds devraient dominer les débats : François www.greliermichel.eu
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HOLLANDE et Martine AUBRY. François HOLLANDE s'appuie sur son expérience et les réseaux constitués à la tête du PS, de 1997 à 2008. Il bénéficie du soutien de Jean‐Marc AYRAULT et Jean‐Pierre BEL, ainsi que de strauss‐kahniens comme Vincent PEILLON, Gérard COLLOMB et Pierre MOSCOVICI. Martine AUBRY a choisi d'ouvrir son équipe à des personnalités de la société civile, notamment la comédienne Sandrine BONNAIRE, l'écrivain Jean‐Christophe RUFFIN, le généticien Axel KAHN ou encore l'économiste Daniel COHEN. Côté politique, elle est soutenue par Elisabeth GUIGOU, Laurent FABIUS et Bertrand DELANOË. Ségolène ROYAL fait valoir son CV d'ex‐candidate socialiste à la présidentielle. Elle a d'ailleurs repris pour sa campagne ses thèmes favoris : l'« ordre juste », la « démocratie participative » ou encore la « croissante verte ». Mais Ségolène ROYAL semble largement distancée. Parmi les autres candidats figurent deux « quadras » du PS : Arnaud MONTEBOURG, considéré comme la personnalité la plus à gauche de ces primaires, et Manuel VALLS, qui prône une orientation plus libérale du parti et fait entendre sa voix sur le thème de la sécurité. Enfin, les primaires étant ouvertes aux non‐socialistes, Jean‐Michel BAYLET a décidé d'y participer en tant que président du Parti radical de gauche. Les candidats seront départagés les 09 et 16 octobre. Pourra voter toute personne inscrite sur les listes électorales, à condition de verser une contribution d'un euro minimum et de signer une charte d'adhésion aux valeurs de la gauche. (le 13) Au bout de quatre mois, les décisions élyséennes doivent être confirmées par le Parlement pour pouvoir légalement se poursuivre. Assurant devant l'Assemblée nationale que l'intervention en Libye « est juste », François FILLON a demandé aux députés de voter la prolongation de l'intervention de l'armée française. L'issue du vote ne fait guère de doute, les groupes UMP, Nouveau Centre et PS ayant annoncé leur intention de voter pour la poursuite de l'opération. (le 12) Le gouvernement a dressé un bilan chiffré des quatre mois de l'engagement de la France au‐dessus de la Libye, à l'occasion du débat devant le Parlement. Engagement militaire : 4.400 soldats, 40 avions de combats, 6 avions de soutien, 8 navires, 18 hélicoptères d'attaque. Bilan provisoire : en Libye, 2.500 objectifs ont été touchés dont 850 sites logistiques, 160 centres de commandement, 450 chars, 220 véhicules et 140 pièces d'artillerie. Coût de l’opération, au 30 juin : 104 Mio euro dont 67 Mio pour les munitions, 27 Mio pour les suppléments de salaires, 10 Mio pour les dépenses de logistique. Le coût de « l'usure prématurée des matériels » n'est pas compris dans cette somme, parce qu'il n'a pas encore été évalué précisément, la somme évoquée étant d'une « soixantaine de millions ». (le 12) Comme attendu, l'Assemblée nationale a voté à une très large majorité (482 voix contre 27) la prolongation de l'intervention de l'armée française en Libye. Les groupes UMP, Nouveau Centre et PS ont voté pour. Seuls les députés communistes s'y sont opposés. Le débat au Sénat devrait connaître une issue identique. (le 12) Comme une lettre à la poste, aurait dit Thomas. Ce qui sera moins aisé à faire passer www.greliermichel.eu
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s’appelle la « règle d’or » budgétaire. C’est l’art et la manière constitutionnels d’avoir autant de dépenses que de recettes dans le budget de l’Etat. L'Assemblée nationale a adopté le projet de loi constitutionnelle relatif à l'équilibre des finances publiques, dans les mêmes termes que le Sénat. Il faut désormais que cette « règle d'or » budgétaire soit votée par les deux tiers des parlementaires réunis en Congrès à Versailles. Valérie PECRESSE a affirmé que la décision de convoquer le Congrès « n'a pas été prise à ce jour ». (le 13) Et pour finir… DSK comparaîtra le 01 août au lieu du 18 juillet devant la justice new‐yorkaise. Les procureurs invoquent la nécessité de poursuivre leur enquête sur l'accusation d'agression sexuelle le visant, tandis que la défense espère les voir clore le dossier. La porte‐parole du procureur, Erin DUGGAN, a affirmé qu'aucune décision n'était prise et qu'il s'agissait d'un report de routine. (le 12) www.greliermichel.eu
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Semaine 29 – du lundi 18 au dimanche 24 juillet 2011 Un bon coup de défibrillateur pour la Grèce et l’euro Bonjour, je sais qu’il n’est que 10 heures, mais j’ai deux semaines à rattraper pour être au parfum des informations de cette semaine. Je peux les trouver où ? Bonjour, bien content de te retrouver. Tu n’es pas très « halé » pour un demi‐juilletiste. Où es‐tu donc « allé » ? Le long de la côte belge jusqu’aux Pays‐Bas, étape par étape. C’était plus un temps à parka qu’à maillot de bain, je te l’accorde. La marche et les visites ont remplacé les pâtés de sable et le farniente. Mais je te garantis que si le soleil revient, nous repartons. Tu ne t’es pas ennuyé sans moi, si j’en juge par le paquet de ce que je vais lire. Je te sers du café ? Non merci, j’en ai déjà consommé plusieurs… pour me réchauffer. Je m’en sers et je te laisse travailler. A tout à l’heure. C’est ça. Pendant que Thomas fait sa session de rattrapage, je vous indique le plan de la semaine. Ma préoccupation majeure reste la situation des Syriens. Ensuite, les différentes formes d’évolution de la situation en Libye, en Tunisie et en Egypte. Et trois bricoles françaises pour finir. Je commence seul, Thomas nous rejoindra dans un moment La répression en Syrie a fait 1.600 morts depuis le début de la contestation. (le 22 juillet) Et dans le détail, horrible, à Homs, au cœur des affrontements. Jusqu'à 30 personnes ont été tuées en 24 heures dans les violences entre opposants et partisans de Bachar el‐ASSAD. Les violences ont débuté après la découverte des corps mutilés de trois partisans du régime, membres de la communauté musulmane alaouite. Le régime est dirigé par la minorité alaouite, alors que la population est majoritairement sunnite. Le 17 juillet, les cadavres de six personnes apparemment victimes de représailles ont été retrouvés. (le 18) Les forces de sécurité ont ouvert le feu sur une procession funéraire, faisant au moins dix morts. (le 19) Des dizaines de milliers de Syriens sont à nouveau descendus dans la rue. Les forces de sécurité se sont déployées en masse à Damas, procédant à des interpellations et dressant des barrages. Des dizaines de milliers de personnes étaient également dans la rue dans la province d'Idlib, dans la région de Deir ez‐Zour et dans le sud du pays. Une manifestation rassemblant des milliers de personnes était signalée à Homs. (le 22) Les forces du régime ont fait au moins quatre morts. Un manifestant a été tué à Damas, un à Idlib, un à Homs et une personne a été poignardée à mort par un milicien pro‐régime à Alep. (le 22) Il y a une académie militaire à Homs. www.greliermichel.eu
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Deux explosions ont retenti en provenance de l’académie militaire. Des fusillades ont aussi été entendues et des ambulances ont afflué en direction de cette académie. Il semble qu'il y ait eu une sorte d'opération à l'intérieur de l'académie. (le 23) Les suites diplomatiques du déplacement des ambassadeurs français et américain à Hama. Walid al‐MOALLEM a prévenu les ambassadeurs français et américain qu'ils ne devaient pas effectuer de déplacements hors de Damas sans autorisation. Il a averti que si les ambassadeurs ne respectaient pas ces consignes, la Syrie interdirait à tous les diplomates de sortir de la capitale. (le 20) Il apparaît que la situation en Libye a évolué significativement depuis une semaine ou deux. C’est pourquoi l’ordre de la présentation des informations change. Dorénavant, je placerai les nouvelles concernant le CNT, puis leurs opérations sur le terrain, les actions de l’OTAN, les efforts diplomatiques, et je finirai par ce que j’appelle « la Libye selon KADHAFI ». Priorité au CNT. Le général Ramadan ZARMOUH, le colonel Ahmed HACHEM, et le représentant du CNT à Misrata, Souleiman FORTIA, ont été reçus à l’Elysée. Ils ont demandé à Nicolas SARKOZY de convaincre ses alliés arabes de leur fournir des armes. Le Qatar est un des pays arabes susceptibles de leur fournir des armes. Selon Bernard‐Henri LEVY (BHL), qui a assisté à l'entretien, « le président ne s'est engagé à rien », mais il semble avoir « reçu le message ». (le 20) L'Allemagne a annoncé un prêt de 100 Mio euro au CNT, pour aider à la reconstruction du pays et couvrir les besoins humanitaires. L'argent sera rendu sur les avoirs gelés de KADHAFI, une fois que le Conseil de sécurité des Nations unies les aura débloqués. L'Allemagne a dit en avoir gelé « plusieurs milliards » d'euros. (le 24) Le CNT, que les dépêches AP ou REUTERS continuent d’appeler les « rebelles » ou les « insurgés », mène des actions sur le terrain, en direction de Tripoli, avec des progressions et des victimes. La France a dit que les rebelles étaient sur le point de s'assurer le contrôle du port pétrolier de Brega. Avant ces déclarations faites à Paris, Moussa IBRAHIM avait assuré que les forces de l'armée régulière contrôlaient Brega. (le 19) Une cinquantaine de rebelles ont été tués en six jours de combats contre les forces de KADHAFI près de Brega. Le médecin qui travaille dans un hôpital d'Ajdabiya, où les victimes ont été emmenées, a revu en hausse le bilan des combats du 19 juillet, à 27 morts et 83 blessés, ce qui explique le chiffre d'une cinquantaine de morts. (le 20) Les forces de KADHAFI ont piégé les installations pétrolières de Brega afin de pouvoir les faire sauter dans le cas où elles perdraient cette ville. Mahmoud JIBRIL a présenté Brega comme un « grand champ de mines », précisant que certaines installations pétrolières étaient « pleines de bombes, d'explosifs ». (le 21) Les rebelles ont arrêté leur progression à Zlitane en raison d'une violente contre‐attaque www.greliermichel.eu
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des forces kadhafistes. (le 21) C’est fait, Michel. J’ai relu les semaines de retard. Tu me permets de lire par‐dessus ton épaule pour voir où tu en es ? J’ai fait le tour des informations sur la Syrie et j’ai commencé celles sur la Libye, en commençant par les rebelles du CNT. J’en arrive au soutien aérien de l’OTAN. Vas‐y. Les avions de l'OTAN ont détruit l'antenne radar de l'aéroport international de Tripoli. Ce radar de contrôle du trafic aérien civil fournissait des informations sur les avions de l'OTAN aux forces aériennes libyennes. L'OTAN ajoute que la zone d'exclusion aérienne créée au‐dessus de la Libye rend inutile l'usage de ce radar à des fins civiles. (le 18) Une série de puissantes explosions a retenti dans le centre de Tripoli. Quatre détonations ont ébranlé l'hôtel où est installée la presse internationale et deux autres ont retenti quelques instants plus tard. On ignore quelles étaient les cibles éventuelles et si ces explosions ont fait des victimes. (le 23) Des explosions ont ébranlé le centre de Tripoli pour la deuxième nuit consécutive et la Grande‐Bretagne a estimé que les bombardements de l'OTAN avaient infligé d'importants dégâts au complexe fortifié de KADHAFI, Bab Al Aziziah. Des avions de la Royal Air Force ont bombardé les murs d'enceinte, a précisé le général britannique Nick POPE, qui ajoute : « KADHAFI se cache depuis des décennies derrière ces murs, à l'abri de son peuple. Le vaste complexe de Bab Al Aziziah n'est pas seulement sa résidence personnelle, c'est aussi, et bien plus, le principal QG de son régime, avec des centres de commandement et une caserne ». Les appareils de l'OTAN ont effectué, le 23 juillet, 125 sorties aériennes, dont 56 missions d'attaque. Ils ont pris pour cible entre autres quatre dépôts de l'armée dans les environs de Zlitane. Ils ont également touché un dépôt de munitions. Des hélicoptères Apache de l'OTAN ont pilonné plusieurs positions entre Zlitane et Khoms. Si Zlitane, à 160 km à l'est de la capitale, venait à tomber aux mains des insurgés, Khoms, avec plus de 220.000 habitants, serait la prochaine ville dans la ligne de mire des insurgés, sur la route côtière menant à Tripoli. (le 24) Khoms est donc le prochain nom de ville à suivre pour la progression des « rebelles ». Oui. As‐tu observé que leurs progressions se font vers Tripoli par l’est et par le sud‐ouest. Et que, parallèlement, l’OTAN appuie ces avancées et casse des cibles dans et autour de Tripoli. Juste, je n’avais pas vu cela avant de partir. C’est ça le changement que tu as dit. Oui. Et cela bouge aussi en matière de diplomatie. HU Jintao a informé son homologue sud‐africain Jacob ZUMA que Pékin travaillerait avec l'Union africaine (UA) pour trouver une solution à la crise libyenne. (le 21) L'envoyé spécial de l'ONU en Libye a élaboré un plan de sortie de crise prévoyant un cessez‐le‐feu, la création d'une autorité de transition composée à la fois de rebelles et de responsables du gouvernement, le tout, sans confier aucun rôle à KADHAFI ou à ses fils. Cette autorité de transition désignerait un président, contrôlerait la police, l'armée et les forces de sécurité et serait chargée d'initier un processus de réconciliation nationale www.greliermichel.eu
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devant déboucher sur l'élection d'une assemblée constituante, a précisé cette source, sous le sceau de l'anonymat. A partir du moment où l'autorité de transition sera mise sur pied, KADHAFI ne contrôlera plus l'armée, les Libyens n'auront plus peur de lui et de facto, son pouvoir disparaîtra de lui‐même. KADHAFI n'est susceptible d'accepter cette offre que si des garanties lui sont offertes, notamment sur le fait qu'il ne soit pas livré immédiatement à la Cour pénale internationale. (le 22) Et pendant ce temps, « la Libye selon KADHAFI ». Alain JUPPE : KADHAFI pourrait rester en résidence surveillée en Libye s'il se retirait de la vie politique. (le 20) KADHAFI a ordonné aux familles et aux chefs tribaux de Misrata de lutter contre les rebelles afin de reprendre la troisième ville du pays, dont ses troupes ont été chassées. (le 21) Les Etats‐Unis, la France et l'Italie ont fait savoir qu'ils acceptaient l'idée que KADHAFI, visé par un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI), reste en Libye, à condition qu'il quitte le pouvoir et que les Libyens soient d'accord. (le 22) KADHAFI, dans un message sonore diffusé à des milliers de partisans réunis dans sa ville natale de Syrte, où des journalistes étrangers avaient été acheminés par les autorités, a exclu toute négociation avec les insurgés sur l'avenir de la Libye. « Je ne leur parlerai pas. Il n'y aura aucun pourparler entre moi et eux jusqu'au jour du Jugement dernier ». (le 22) Le ton pourrait monter entre kadhafistes libyens et Tunisiens. Une forte explosion s'est produite en territoire libyen près des frontières avec la Tunisie, provoquant un grand nuage de fumée visible depuis la ville de Ben Guerdane, située à 30 kilomètres. L'explosion serait due à des raids de l'OTAN sur la zone d'Al Assa, en Libye, distante d'une dizaine de kilomètres des localités tunisiennes de Loutia et Boukamache relevant de la sous‐préfecture de Ben Guerdane. C'est la deuxième explosion du genre relevée en quelques jours dans la même région quand les forces de l'OTAN ont bombardé des dépôts d'armes et des sites militaires appartenant aux brigades de KADHAFI. D'importants renforts militaires tunisiens ont été acheminés vers la frontière avec la Libye, pour « consolider les capacités défensives (de l'armée tunisienne) pour faire face à d'éventuels dépassements portant atteinte à l'intégrité du territoire national ». Ces dispositions préventives font suite à l'arrivée « d'importants renforts dans la région libyenne de Ghazaya, qui laisse présager de l'imminence d'une nouvelle attaque (des brigades pro‐KADHAFI) contre le poste‐frontière de Wazen‐Dhéhiba sous contrôle des insurgés libyens, depuis le 29 avril 2011 ». (le 22) Tiens, voilà la pile d’infos « Tunisie ». La situation y a‐t‐elle évolué ? Le pays reste dans la période des procès par contumace de BEN ALI et prépare l’épisode électoral à venir. www.greliermichel.eu
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BEN ALI est jugé dans deux nouvelles affaires de corruption, relatives à des transactions immobilières douteuses dans lesquelles sont impliquées également deux de ses proches. Dans la première affaire, BEN ALI est accusé d'abus de pouvoir pour être intervenu personnellement, afin de permettre l'acquisition « frauduleuse » d'un terrain de 45.000 m² aux « Berges du Lac », un quartier prisé de Tunis, en faveur de sa fille Nesrine et de son gendre Sakhr MATERI pour un montant nettement inférieur aux prix courants. La deuxième affaire porte sur la cession, sur intervention personnelle de BEN ALI, d'un lot de terrain de 44.000 m² situé dans le même quartier en faveur de la société « Al Hajar » (La Pierre) appartenant à Sakhr MATERI. (le 21) A l'ouverture de l'audience, le président du tribunal Adel JERIDI a procédé à l'appel des trois prévenus, constatant qu'ils demeuraient « en fuite malgré les mandats d'amener lancés auprès d'Interpol ». Un conseil juridique, qui a déclaré avoir été mandaté directement par Sakhr MATERI et Nesrine BEN ALI, a demandé le report du procès pour prendre connaissance du dossier et préparer la défense de ses clients. Après délibérations, le tribunal a décidé de reporter l'audience au 28 juillet. (le 21) La haute instance chargée des réformes politiques a adopté, après deux reports de son examen, un projet de décret‐loi très controversé sur l'organisation et le financement des partis. Le texte, qui a recueilli 82 voix pour et une seule voix contre, avec cinq abstentions, a été adopté dans sa version initiale, qui ne mentionnait pas une proposition d'amendement présentée par le Parti démocratique progressiste (PDP) pour autoriser les personnes morales à contribuer au financement des partis. Les représentants du PDP ont quitté la salle. Le texte, qui doit être soumis pour approbation au gouvernement de transition, interdit tout financement étranger des partis. Il établit les plafonds des frais d'adhésion (120 euro), des lignes de crédit (100.000 euro) et des dons (30.000 euro). Les travaux de la haute instance ont été boycottés par le mouvement islamiste Ennahdha. Ce dernier est soupçonné de recevoir des financements de l'étranger, notamment de pays du golfe Arabo‐persique. (le 20) Plusieurs milliers de personnes ont participé à Tunis à une imposante marche contre la violence à la suite des troubles qui ont secoué plusieurs régions du pays. Le mouvement islamiste « Ennahdha » a expliqué son refus de participer à la marche en raison de « l'insistance de certains organisateurs d'en exclure de larges composantes de la société civile et politique sur des bases sectaires et en prônant des slogans qui divisent la société plutôt que de l'unir ». A l'appel du Parti démocratique progressiste (PDP) et d'une dizaine d'autres formations dont le mouvement « Ettajdid » (Le Renouveau), le parti « Afek » (Perspectives) et le Forum démocratique pour les libertés et le travail (FDLT), la manifestation a rassemblé plus de 6.000 femmes et hommes de tous âges, dont un grand nombre de jeunes. La marche, qui a sillonné plusieurs artères du centre‐ville, par une température caniculaire, s'est déroulée sans incident. (le 21) Que vient faire la Suisse dans ce dossier tunisien ? La Confédération helvétique a décidé d'accorder un don annuel d'un montant de 8 Mio de www.greliermichel.eu
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francs suisses à la Tunisie pour la période 2011‐2016. Ce don est destiné à financer des programmes et des projets de développement multisectoriels dans différentes régions défavorisées en Tunisie. Un protocole d'accord a été signé par le secrétaire d'Etat tunisien aux Affaires étrangères Radhouane NOUICER et par l'ambassadeur Pierre COMBERNOUS. Le diplomate a fait état de la volonté de la Suisse d'apporter à la Tunisie « un réel soutien pour l'aider à assurer la réussite du processus de transition démocratique ». Les relations entre Tunis et Berne étaient tendues sous le régime BEN ALI, régulièrement critiqué pour ses atteintes aux libertés et aux droits de l'Homme. (le 22) Ils sont généreux, ces Suisses. Et, si j’ai bien compris, 8 Mio par an, pendant six ans, cela fait 48 Mio de francs suisses au bout du compte. Quel est le taux de conversion du franc suisse en euro ? Sur le site de la BCE, le dernier cours connu est celui du 22 juillet. Il fallait 1,1789 franc suisse pour faire 1 euro. Les 48 Mio font donc 40,7 Mio euro. En Egypte, Thomas, la situation est plus compliquée. Il y a la rue – la place Tahrir ‐, il y a des militaires qui gèrent la situation mais qui sont très marqués « Moubarak », il y a des élections en vue et l’installation d’un nouveau gouvernement… par les militaires déjà évoqués. Je comprends que cela menace de chauffer pour les Egyptiens, sans parler de Ra – le soleil. L'armée est accusée de tarder à mettre en œuvre les changements démocratiques. Pour un nombre croissant d'Egyptiens, les méthodes du Conseil suprême militaire ressemblent de plus en plus à celles du régime de MOUBARAK. Pour ne rien arranger, des informations font état de violations des droits de l'Homme par les militaires. De nombreux cas de torture de détenus ont été rapportés. En cinq mois, plus de 10.000 civils ont été traduits devant des tribunaux militaires, dont des manifestants, des militants et au moins un journaliste auteur d'un article critique sur l'armée. Le recours à ces tribunaux, connus pour leurs jugements expéditifs, atteindrait ainsi un niveau sans précédent. Le Conseil est composé de généraux âgés d'une soixantaine d'années pour les plus jeunes et de plus de 80 ans pour les plus anciens, tous nommés par MOUBARAK. (le 18) Un nouveau gouvernement doit prêter serment à la suite d'un remaniement réclamé par des manifestants revenus sur la place Tahrir du Caire pour exiger une accélération des réformes. Les nouveaux ministres vont prêter serment devant le maréchal Mohamed Hussein TANTAOUI, le chef du conseil suprême des forces armées. Plus de la moitié du gouvernement a été remaniée. Mohamed Kamel AMR va remplacer Mohamed el ORABI, en poste depuis moins d'un mois, à la tête du ministère des Affaires étrangères. Hazem el BEBLAOUI, 74 ans et conseiller du Fonds monétaire arabe, va succéder à Samir RADOUANE aux Finances. Le ministre de l'Intérieur Mansour el ESSAOUI devrait conserver son poste après avoir annoncé un large renouvellement de la hiérarchie de la police. (le 18) Le nouveau gouvernement ne prêtera pas serment avant qu’Essam CHARAF, victime d'une chute de tension, ne reprenne ses fonctions. (le 19) Le nouveau gouvernement a été investi par le maréchal TANTAOUI. Celui‐ci a demandé www.greliermichel.eu
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au nouveau gouvernement de restaurer la sécurité, préparer les nouvelles élections et lutter contre la corruption. Il est conduit par Essam SHARAF et compte 12 nouveaux visages et deux vice‐Premier ministre. Treize membres de l'ancienne équipe conservent leur poste. (le 21) Le Conseil suprême des forces armées a chargé le président de la cour d'appel du Caire, le juge Omar El‐SAYED, de former une commission électorale pour préparer les premières élections législatives. La décision a été annoncée dans un décret qui fixe de fait un calendrier pour le scrutin. La commission électorale commencera ses travaux le 18 septembre et le vote devrait intervenir deux mois plus tard. Elle préparera les listes électorales, établira la liste des candidats et supervisera la campagne électorale. Un vif débat oppose les partis politiques qui veulent que les élections aient lieu avant la rédaction d'une Constitution et ceux qui souhaitent qu'elles soient organisées après. La décision du Conseil suprême est « un signe fort » qu'il veut organiser d'abord des élections. (le 18) Les élections législatives s'étaleront sur un mois et se dérouleront en trois phases afin de favoriser le travail des observateurs électoraux. Les dates du vote pour chaque région seront annoncées le 18 septembre par décret militaire. Les électeurs voteront en même temps pour les deux chambres du parlement et il y aura 120 circonscriptions. La moitié des 504 sièges du parlement seront attribués par scrutin uninominal à deux tours et l'autre moitié par scrutin proportionnel. « Le rôle de l'armée durant les élections sera uniquement d'assurer la sécurité. Seule la justice jouera le rôle d'observateur », a assuré le général Mamdouh CHAHINE. (le 21) Et quoi de neuf chez nous ? Des articles et des communiqués socialistes pour sauver l’euro. François HOLLANDE et Martine AUBRY se battent pour affirmer leur crédibilité économique et financière. En affichant leurs propositions pour « sauver l'euro », les deux candidats cherchent surtout à prouver qu'ils disposent de cette crédibilité, atout indispensable à tout candidat à la présidentielle. Alors que les dirigeants des 17 pays de la zone euro vont se réunir en sommet à Bruxelles, Martine AUBRY livre son analyse de la crise, dans une tribune intitulée « Il faut sauver la Grèce pour sauver l'Europe ». François HOLLANDE est allé plus loin dans sa propre tribune. Il s'est aussi présenté comme le tenant de la rigueur budgétaire, assurant « qu'il faut rééquilibrer les comptes publics sans tarder, descendre à 3% du PIB (produit intérieur brut) le plus vite possible », soit dès 2013. Martine AUBRY : « Tout le projet socialiste » est réalisé avec l'hypothèse de « 3% de déficit en 2013 », « c'est la règle que nous avons retenue ». (le 18) Michel, ne note pas, s’il te plaît mon grand sourire. Certains pourraient en déduire, avec raison, que je suis incrédule. D’accord, mais pour maintenir ce beau sourire, tu vas suivre l’évolution de la notation française AAA… Tu as des informations sur les andouillettes ? www.greliermichel.eu
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Non. Ce dont tu parles c’est le label AAAAA ou « 5A » pour : Association Amicale des Amateurs d’Andouillette Authentique. Non, pour nous, il s’agit de la notation financière de la France par les fameuses agences. L’horizon politique s'est brusquement éclairci sur le front de la défense de la note « AAA ou triple A » de la France, les principaux prétendants à l'Elysée s'accordant sur la nécessité d'assainir les comptes publics dans un contexte de très forte tension sur les marchés financiers. Cet engagement lève un des risques pesant sur la note de la France, au moment où les notes de certains de ses partenaires comme l'Italie, ou même les Etats‐Unis, sont surveillées, ou quand une dégradation n'a pas déjà eu lieu comme pour la Grèce, l'Irlande, le Portugal ou l'Espagne. Les trois principales agences ont confirmé la note française ou la perspective « stable » qui lui est associée (fin mai pour Fitch Ratings, début mai pour Moody's Investors Service et fin décembre 2010 pour Standard & Poor's), tout en soulignant l'impératif du redressement des comptes publics. Car le déficit public de la France, à 7,1% du PIB fin 2010, est bien plus élevé que celui des autres « triple A » de la zone euro (Allemagne, Autriche, Finlande, Luxembourg et Pays‐Bas), une situation qui fait évoquer sur les marchés le spectre d'une éventuelle dégradation. En juin, Standard & Poor's a estimé que le « triple A » français pourrait être remis en cause à l'horizon 2020 si le pays n'amplifiait pas la réduction de ses déficits et ne menait pas de nouvelles réformes. En revanche, cette note pourrait être maintenue jusqu'en 2050 si la France parvenait à équilibrer ses comptes en 2016, toutes choses égales par ailleurs. Sous l'effet de la crise, qui a rogné les recettes et augmenté les dépenses par le jeu des « stabilisateurs automatiques », la dette publique est passée de quelque 1.200 Mia euro en 2007 à environ 1.600 Mia euro aujourd'hui. En pourcentage du PIB, la progression est de près de 20 points, la dette passant d'environ 64% à 82% du PIB entre 2007 et 2010. Le gouvernement prévoit que ce ratio continuera de progresser cette année et en 2012 (85,4% fin 2011 et 86,9% fin 2012) et commencera à baisser en 2013 pour atteindre 86,4% fin 2013 et 84,8% fin 2014. (le 19) Et pour finir… Au lendemain du sommet de Bruxelles, François FILLON a reçu les responsables des groupes parlementaires et les présidents de l'Assemblée et du Sénat pour les informer. Il a salué « une étape absolument décisive dans l'histoire de la zone euro », et précisé que le plan adopté par les responsables de la zone euro entraînera pour la France « une augmentation d'ici 2014 de notre niveau d'endettement, compte tenu de l'intégration des garanties à hauteur d'environ 15 Mia euro ». Leurs décisions « n'ont pas de coût direct pour nos finances publiques ». En revanche, « elles ont un coût indirect puisque nous allons participer à travers des garanties apportées sur les prêts qui seront consentis par le Fonds de stabilité européen à la Grèce ». Les dirigeants de la zone euro ont annoncé un accord sur un plan de sauvetage de la Grèce avec le FMI d'un montant de 109 Mia euro. Ce nouveau plan s'ajoute à celui de 110 Mia euro déjà accordé en mai 2010. L'accord prévoit aussi une participation volontaire du secteur privé, qui engagera au total « 135 Mia euro de financement » sur une période de 30 ans, avait précisé Nicolas SARKOZY. Les Dix‐Sept ont aussi décidé de renforcer le Fonds européen de stabilité financière (FESF) pour en faire un instrument préventif contre les crises. François FILLON a insisté sur le « rôle essentiel » de la France et de l'Allemagne : « Je crois www.greliermichel.eu
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que l'on peut dire que le couple franco‐allemand est la clé de la stabilité de la zone euro ». A la veille du sommet, Angela MERKEL et Nicolas SARKOZY s'étaient finalement mis d'accord sur une position commune qui a servi de base aux discussions. François HOLLANDE juge ce plan « avant tout extrêmement tardif et très insuffisant ». Certes, « il permet de prévenir à court terme une faillite de la Grèce », mais « l'avenir de la Grèce à moyen terme n'est pas assuré ». Il déplore « l'abandon du projet de taxe européenne du secteur financier », il regrette qu'« aucune réforme institutionnelle » ne soit annoncée et que la réforme des agences de notation financière soit « remise à plus tard ». Jean‐Christophe CAMBADELIS, secrétaire national à l'Europe et aux relations internationales du PS, observe que « le message de solidarité avec la Grèce était décisif, même s'il est tardif ». Pour autant, « c'est un accord en demi‐teinte avec des demi‐
mesures ». François BAYROU : « On a pris des décisions dans la douleur qui donneront un répit au gouvernement grec et on l'espère à son peuple. Mais ce plan ne suffira pas ». En outre, « les règles et les structures d'une défense systémique de la monnaie européenne (mutualisation de la dette, structure commune de gestion et autorité politique) n'ont pas été mises en place et donc les même causes risquent à court terme de produire les mêmes effets ». (le 22) A la semaine prochaine. Tu seras là ? Oui, sauf si le baromètre remonte à « grand soleil ». Et si c’est le cas, je repartirai. www.greliermichel.eu
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Semaine 30 – du lundi 25 au dimanche 31 juillet 2011 Ce ramadan aura‐t‐il le goût de miel ou du sang ? Bonjour Thomas. Alors, pas de promenades sous les nuages, cette semaine ? Non, c’est la morosité qui domine. Et les basses pressions continuent de tirer le baromètre vers le bas. Alors, tu es prêt pour notre voyage hebdomadaire. Je ne sais pas… quand je vois le titre que tu as choisi. Je pense que tu crains qu’il ait le goût du sang en Syrie. Oui, regarde ce bilan. Selon un rapport de l'ONG Avaaz, 1.634 personnes ont été tuées par les forces de sécurité et 2.918 sont portées disparues depuis le début du mouvement de répression. Près de 26.000 personnes ont été arrêtées et 12.617 sont toujours derrière les barreaux. (le 29 juillet) Et un macabre détail au fil des dépêches qui commencent toutes de la même façon : « Les forces de sécurité syriennes ont ouvert le feu sur la foule ». Dans un faubourg de Damas, faisant au moins huit morts. (le 27) Elles ont tué trois civils à Deir al Zor, et deux civils à Madaya, près de Damas. (le 28) Les troupes ont tiré à Lattaquieh et molesté des manifestants à Banias. (le 29) Quatre morts à Kiswah, dans la banlieue de Damas. Une cinquième a été tuée à Al‐
Boukamal, proche de la frontière irakienne. C’est le 17ème vendredi consécutif de contestation. Vingt civils ont été tués, à Lattaquié, à Hama, à Homs, à Deraa, à Damas et ses environs ainsi qu'à Daïr az Zour. (le 30) Thomas, retiens ce nom : Hama. C’est là que ce ramadan va avoir le plus le goût du sang. J’ai laissé les dépêches de la journée dans l’ordre où je les ai découvertes. Les chars sont entrés à Hama, bombardant cette ville. Au moins 13 personnes ont été tuées. Aux cris de « Dieu est grand », des habitants ont jeté des pierres et des engins incendiaires sur les chars qui s'enfonçaient dans la ville. Au moins 23 personnes ont été tuées. D'autres faisaient état de près de 45 morts. Ce sont 49 personnes qui ont été tuées. (le 31) D'autres opérations ont été signalées. A Deir el‐Zour, sept personnes ont été tuées. Et quatre dans le village d'El‐Hirak. (le 31) Bilan de la journée, au moins 68 morts : 49 à Hama, 13 à Deir el‐Zour, 4 à El‐Hirak. (le 31) Le cheikh Naouaf al BACHIR, chef de l'importante tribu des Baqqara et l'une des figures de proue de la contestation du régime, a été arrêté par la police secrète à son domicile de Damas. Ce chef tribal a autorité sur environ 1,2 million de Baqqara, qui habitent la province de Daïr az Zour. (le 31) Sur le plan politique. www.greliermichel.eu
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Le gouvernement a adopté un projet de loi ouvrant la voie à la reconnaissance de partis politiques autres que le parti Baas. Le projet de loi, qui doit être soumis au Parlement, autoriserait la création de tout parti politique qui ne soit pas fondé sur des critères religieux, tribaux, ethniques ou sexuels. Le parti Baas de Bachar el‐ASSAD, dont la vocation est « l'unité, la liberté et le socialisme », exerce un monopole sur la vie politique de la Syrie depuis des décennies. L'une des principales revendications du mouvement de contestation porte sur l'abolition de l'article 8 de la Constitution, qui dispose que le Baas dirige l'Etat et la société. (le 25) Le gouvernement a approuvé le projet de loi doit maintenant être transmis au Parlement où son vote est assuré, le parti Baas y détenant la majorité. (le 27) Le 24 juillet, Bachar el‐ASSAD a remplacé le gouverneur civil de la province de Deir al Zour par un responsable de la police secrète. (le 28) Et pour stopper cette barbarie, qu’est‐ce l’on fait ? Des mots, des prises de position indignées, rien que des mots. Nicolas SARKOZY et le roi de Jordanie, ABDALLAH II, ont exprimé leur consternation devant le grand nombre de victimes en Syrie, la poursuite de la répression et l'incapacité du régime à donner suite aux engagements qu'il a pris. Leurs ministres des Affaires étrangères ont assisté à la rencontre. (le 27) Et je pourrai en ajouter de ces réactions, comme celles de Barack OBAMA et de Catherine ASHTON. Je vois que tu as modifié l’ordre de présentation des informations sur la Libye. Tu commences par les rebelles. Oui, et c par un assassinat au plus haut de leur état‐major militaire. Mais par qui ? Mais pour quoi ? Abdel Fattah YOUNES a été interpellé dans son QG près de la ligne de front à Brega et conduit à Benghazi. Il a été ministre de l'Intérieur de KADHAFI, mais a fait défection au début du soulèvement. Il était interrogé sur de possibles liens secrets entre sa famille et le régime libyen. (le 28) Abdel Fattah YOUNES a été tué par des hommes armés, a annoncé Moustafa Abdel DJALIL, le plus haut dirigeant de la rébellion. Il a précisé qu'Abdel YOUNES avait été tué avant de pouvoir être entendu par la commission et que le chef du groupe armé qui l'a abattu avait été arrêté. (le 28) Des centaines de personnes ont marché derrière le cercueil d’Abdel Fattah YOUNES, couvert du drapeau tricolore rebelle, en direction du cimetière de Benghazi. Lors du service funèbre, son neveu Mohammad al‐OBAIDI, a présenté YOUNES comme un martyr et un champion du soulèvement contre KADHAFI. Un autre neveu, Hisham al‐
OBAIDI, qui assistait aux obsèques, a raconté que des hommes armés avaient tiré sur YOUNES, avant de lui trancher la gorge, de mettre le feu à son corps et de l'abandonner près de Benghazi. Mohammed AGOURY, un membre des forces spéciales sous le commandement de www.greliermichel.eu
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YOUNES, a accusé une faction rebelle de l'avoir tué. Il a déclaré qu'il était présent lorsque des membres de cette faction, la Brigade des martyrs du 17 février, sont arrivés dans son QG avant l'aube, le 27 juillet, et l'ont emmené pour l'interroger. La Brigade des martyrs du 17 février est composée de centaines de civils qui ont pris les armes pour rejoindre la rébellion. Ses hommes participent aux combats sur le front contre les troupes de KADHAFI, mais le groupe fait également office de force de sécurité intérieure officieuse de l'opposition. Une partie de ses dirigeants sont issus du Groupe de combat islamique libyen (LIFG), qui a mené une campagne de violence contre le régime KADHAFI dans les années 1990. La Brigade en voulait à YOUNES qui, quand il était ministre de l'Intérieur de KADHAFI, avait été impliqué dans la répression contre le LIFG. Plus prudent, Mustafa ABDUL‐JALIL a attribué sa mort à des « hommes armés ». (le 29) Mustafa ABDUL‐JALIL a affirmé qu’Abdel‐Fattah YOUNES avait été arrêté à la suite de plaintes sur la gestion de ses forces et avait été tué lors de son transfert en lieu sûr. Il a démenti les informations selon lesquelles Abdel‐Fattah YOUNES aurait été tué pour trahison. Il a déclaré qu'une commission enquêtait toujours sur les circonstances de sa mort mais que ceux qui l'avaient tué avaient été identifiés. (le 30) Un accrochage a opposé des insurgés à une bande armée dans les environs de Benghazi, attisant les craintes de l'opposition d'une infiltration d'agents à la solde de KADHAFI. Cet accrochage intervient dans un contexte tendu, après la mort d’Abdel Fattah YOUNES. Les violences ont éclaté lorsque des rebelles ont attaqué une milice qui avait aidé quelque 300 kadhafistes, toujours en fuite, à s'évader de prison le 29 juillet. Les insurgés ont encerclé la caserne dans laquelle ces miliciens, qui répondent au nom de « Brigade Nida », s'étaient retranchés. « A 08h00, le cantonnement a été repris. Trente hommes se sont rendus et nous avons pris leurs armes ». Dans un apparent souci d'apaiser la colère des proches de YOUNES, les rebelles ont désigné Souleimane Mahmoud al OBEIDI, membre de sa tribu, chef militaire par intérim. (le 31) Alors qu’en Syrie, on ne voit personne bouger. En Libye, l’ONU s’active. Abdoul Elah al KHATIB a eu des discussions avec les chefs de la rébellion à Benghazi. Ils ont évoqué des idées générales susceptibles d'enclencher un processus politique conduisant à l'arrêt du conflit, mais aucun plan clair n'a été mentionné. Al KHATIB se rendra à Tripoli pour sonder les points de vue des dirigeants. Mahmoud DJIBRIL a souligné que les rebelles n'accepteraient aucun plan qui ne prévoie pas le départ du pouvoir de KADHAFI. Signe que l'on tend peut‐être vers un règlement politique, Moustafa ABDELDJEÏL, qui préside le CNT, déclare que KADHAFI pourrait rester en Libye en cas d'accord négocié, mais à certaines conditions. Outre le fait que KADHAFI devrait céder le pouvoir, il devrait séjourner là où les insurgés le détermineraient et ce sont eux qui choisiraient qui le surveilleraient. (le 25) Et les diplomaties envoient des signaux de plus en plus clairs, politiques et financiers. La Grande‐Bretagne a officiellement reconnu le CNT comme le gouvernement légitime et ordonné le départ du personnel de l'ambassade de Libye nommé par le régime KADHAFI www.greliermichel.eu
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à Londres. Le chargé d'affaires disposait de trois jours pour partir mais le délai était plus long pour les sept autres diplomates afin qu'ils puissent faire défection s'ils le souhaitent. Londres dégèle 91 Mio UK£ (103 Mio euro ou 150 Mio US$) en avoirs pétroliers libyens pour aider le CNT. Le CNT a été invité à envoyer un ambassadeur à Londres. (le 27) Le Portugal a reconnu le CNT comme seul représentant légitime du peuple libyen. L'Autriche a fait part de sa volonté de lever le gel de 1,2 Mia euro d'avoirs libyens pour en faire bénéficier les rebelles. Mais le CNT doit tout d'abord prouver que l'institution mise en place à Benghazi est une banque centrale légale « semblable à celle de Tripoli ». (le 28) Sur le plan financier encore. A Benghazi, un pétrolier a levé l'ancre en direction de la Sardaigne avec à son bord les dernières réserves de pétrole des rebelles. Le pétrolier, Captain X Kyrialou, a été affrété début juillet par la société de courtage Vitol et a été aperçu au large de Marsa El Hariga entre Tobrouk et Benghazi. Une première cargaison de pétrole avait été livrée à Hawaï en avril. (le 28) Avant de parler de « la Libye selon KADHAFI », faisons un tour des opérations sur le terrain. Les rebelles ont lancé une vaste offensive dans l'ouest. Des centaines de combattants sont descendus des montagnes Nafusa, progressant sur une centaine de kilomètres. Ils ont pris le contrôle de Jawsh, Ghezaya et Takout, chassant les troupes gouvernementales de ces trois localités. Ils progressaient également vers la ville de Badr et en direction de deux autres secteurs. Jawsh est située le long d'un axe routier majeur entre la Tunisie et Tripoli à quelque 150 km de la frontière tunisienne. Ghezaya, plus proche de la frontière, avait servi de base aux forces de KADHAFI pour bombarder la ville frontalière rebelle de Nalout. Un des objectifs de l'offensive rebelle est de repousser les troupes de KADHAFI loin de la principale voie de ravitaillement reliant la frontière tunisienne aux montagnes Nafusa, qui sont contrôlées pour l'essentiel par les insurgés. (le 28) La rébellion a encerclé Tidji, dernier bastion des forces de KADHAFI dans le djébel Néfoussa. Des chars aux mains des insurgés ont ouvert le feu en direction de cette localité abritant une garnison d'un demi‐millier de soldats gouvernementaux. Des explosions sont perceptibles depuis la localité voisine de Haouamid, capturée le 28 juillet lors d'une nouvelle offensive rebelle. La prise de Tidji donnerait un avantage stratégique et psychologique important à l'insurrection en faisant sauter l'un des verrous placés sur la route de Tripoli. (le 30) Des chars appartenant à la rébellion ont bombardé des positions kadhafistes à Tidji. Les insurgés ont avancé vers Zlitane, ils ont atteint Zdou, banlieue Est de Zlitane. A Misrata, environ vingt explosions ont retenti lors d'une attaque attribuée aux loyalistes. A Brega, les rebelles s'approchent du port pétrolier toujours aux mains des loyalistes. Les combats y ont marqué une pause ces deux dernières semaines car les rebelles éprouvent des difficultés à désamorcer des centaines de milliers de mines cachés par les soldats kadhafistes. (le 31) www.greliermichel.eu
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Après Benghazi et le CNT, l’ONU est à Tripoli. Abdoul Elah al KHATIB a eu un entretien avec Al Bagdadi Ali al MAHMOUDI, le Premier ministre. Celui‐ci a dit : « Cette agression (les raids aériens) doit cesser tout de suite ; sans cela il ne pourra y avoir de dialogue et nous ne pourrons pas résoudre les problèmes de la Libye ». A la question de savoir s'il avait dit à Abdoul Elah al KHATIB qu'il était exclu que le rôle dirigeant de KADHAFI fasse l'objet de négociations, il a répondu : « Exactement ». (le 26) Il n’est pas sorti de l’auberge, ce diplomate onusien. Il va sûrement suer à grosses gouttes pour trouver une solution. Un petit mot de l’OTAN. Les avions de l’OTAN ont bombardé des émetteurs de la télévision d'Etat. De fortes explosions ont retenti dans Tripoli mais la télévision continuait d'émettre. (le 30) Thomas, il y a trois informations qui relient la Libye et la Tunisie : la fermeture d’un poste‐
frontière, de la diplomatie et des réfugiés. En raison des violents combats opposant les troupes de KADHAFI et les insurgés près de la frontière tunisienne, le point de passage Dhéhiba‐Wazen a été fermé à la circulation. Ce poste frontière considéré comme « vital » pour l'approvisionnement en carburant et produits alimentaires et médicaux était sous le contrôle des rebelles depuis fin avril. Sa fermeture intervient après des affrontements intenses entre les belligérants aux environs du village libyen de Ghazaya, à huit kilomètres du territoire tunisien. (le 28) Slimane CHEHOUMI, secrétaire des Affaires étrangères et de la coopération internationale au Congrès général du peuple (CGP), la plus haute instance législative en Libye, a été reçu par Béji Caïd ESSEBSI, auquel il a transmis un message dont la teneur et l'auteur n'ont pas été révélés. La visite de Slimane CHEHOUMI survient au lendemain de celle du ministre des Affaires étrangères Abdelati LAÂBIDI qui a rencontré son homologue tunisien Mouldi KEFI. Jusqu'ici, le gouvernement tunisien adopte une attitude plutôt prudente, considérant la crise libyenne comme « un problème interne ». Cette attitude s'explique en partie par l'importance des échanges humains et économiques entre les deux pays maghrébins voisins. (le 30) Fuyant les combats en Libye, plus de 6.000 personnes ont franchi le principal poste frontière tuniso‐libyen de Ras Jédir depuis le 27 juillet, dont plusieurs responsables et diplomates libyens. (le 28) Je vois que tu es d’une grande logique. Après les contacts entre Libye et Tunisie, tu places les informations sur la situation en Tunisie. Thomas, pourquoi faire simple… quand on peut faire simple ! Je commence par la chronique judiciaire. Des proches de BEN ALI et de Leïla TRABELSI ont comparu devant le tribunal de première instance de Tunis dans l'affaire dite de l'aéroport de Tunis‐Carthage. Ils doivent répondre de plusieurs délits douaniers et bancaires dont tentative de fuite et détention www.greliermichel.eu
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illicite d'importantes sommes de devises étrangères. La plupart ont été arrêtés alors qu'ils s'apprêtaient à quitter le pays le 14 janvier, le même jour où l'ex‐couple présidentiel a fui en Arabie Saoudite. Parmi les 22 prévenus en état d'arrestation figuraient Imed TRABELSI, personnage haï pour ses malversations, neveu de Leïla TRABELSI, et le puissant ex‐chef de la garde présidentielle Ali SERIATI dont le rôle demeure obscur dans la fuite de BEN ALI. Sur le banc des accusés se trouvaient neuf femmes dont Jalila et Samira TRABELSI, sœurs de Leïla TRABELSI. Sur les six accusés en état de liberté, un seul s'est présenté à la barre. Deux autres prévenus étaient en fuite : Leïla TRABELSI et Mohamed Sakhr MATERI, gendre de BEN ALI réfugié au Qatar. Lors de leur interrogatoire par le président du tribunal Faouzi JEBALI, les accusés ont dans leur majorité nié les griefs qui leur étaient reprochés ni posséder d’avoirs à l'étranger. Accédant à la demande de la défense qui a requis un délai pour étudier le dossier et préparer leurs plaidoiries, le tribunal a décidé de reporter le procès au 02 août. (le 26) Reporté la semaine dernière, le troisième procès intenté à BEN ALI pour des transactions immobilières « frauduleuses » a repris. Un avocat de la défense a plaidé la nullité de la procédure. Il a affirmé que la commission d'enquête dont le rapport a servi de base aux poursuites n'était pas juridiquement compétente en la matière. (le 28) BEN ALI a été condamné par contumace à 16 ans de prison dans deux affaires relatives à des malversations immobilières remontant à 2006. Sa fille Nesrine et son gendre, Sakhr MATERI, ont écopé respectivement de huit ans et 16 ans de prison. Les trois accusés ont été en outre condamnés à verser à l'Etat des dommages et intérêts d'environ 25 Mio euro dans la première affaire, et 47 Mio euro dans la deuxième. Jugé en état d'arrestation au cours de la même audience, pour consommation de drogue, son neveu Sofiène BEN ALI a été condamné à deux ans de prison et 2.000 dinars (1.000 euro) d'amende. (le 29) Comme je l’avais indiqué, la Tunisie mène en parallèle sa série des procès et sa marche vers la démocratie représentative Après plus de 20 ans de clandestinité et de persécution, le Parti ouvrier communiste tunisien (POCT) a achevé son premier congrès public un peu plus de six mois après la chute de BEN ALI. Au centre des travaux figurait l'adoption du programme politique, économique et social du parti avant l'élection de l'Assemblée constituante prévue le 23 octobre. Alors que sous BEN ALI, à peine quelques dizaines de ses militants osaient s'afficher en public, les assises du POCT post‐révolution ont drainé des milliers de militants à Tunis, en présence de nombreuses personnalités étrangères. Contrairement à ce qui était attendu, les congressistes ont décidé de maintenir le nom originel du parti en gardant sa connotation communiste. (le 25) Tout en prenant soin du calme dans les rues. L'état d'urgence en vigueur depuis le déclenchement des troubles qui ont fait chuter le régime de BEN ALI, en janvier, a été prolongé pour une durée indéterminée, en vertu d'un www.greliermichel.eu
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décret signé par Fouad MEBAZAÂ. Le décret intervient à quelques jours de l'avènement du mois de Ramadan et après des violences qui ont secoué Tunis et plusieurs régions du pays. L'état d'urgence maintient la présence de l'armée dans les principales artères et autour des bâtiments officiels et publics. (le 26) En Egypte aussi, les tribunaux sont sur la brèche. MOUBARAK est affaibli parce qu'il refuse de s'alimenter et n'absorbe que des liquides. Son état de santé fait l'objet des plus grandes spéculations depuis qu'il a été hospitalisé dans un hôpital de Charm el Cheikh en avril. (le 26) MOUBARAK sera jugé au Caire à partir du 03 août pour corruption et pour avoir donné l'ordre de tuer des manifestants pendant le soulèvement qui l'a forcé à démissionner. Toutefois, un juge de la cour d'appel doit encore annoncer officiellement que MOUBARAK, hospitalisé dans le Sinaï, sera déplacé. La loi égyptienne oblige l'accusé à se présenter physiquement à son procès. Ses fils, Gamal et Alaa, seront également jugés le 03 août, ainsi que l'ex‐ministre de l'Intérieur Habib al‐ADLY et six anciens conseillers. (le 28) Le procès de MOUBARAK s'ouvrira le 03 août à l'école de police du Caire et sera télévisé. (le 31) Et la place Tahrir, au Caire, reprend toute sa charge symbolique. Mais je ne suis pas sûr que le Ramadan y ait le goût de miel. Des dizaines de milliers d'Egyptiens se sont rassemblés une nouvelle fois sur la place Tahrir. Cette manifestation, destinée à maintenir la pression sur le conseil suprême des forces armées qui dirige le pays depuis le départ de MOUBARAK, a donné lieu à une démonstration de force des salafistes et autres groupes islamistes venus cette fois en nombre. Les Frères musulmans, la force politique la mieux organisée du pays, et d'autres groupes islamistes, avaient cette fois décidé de se joindre au rassemblement, ce qui a entraîné une forte affluence. Ces organisations s'étaient abstenues jusqu'alors de participer aux récentes manifestations organisées pour réclamer le jugement rapide des responsables de l'ancien régime et la mise en œuvre rapide de réformes démocratiques, avec notamment un calendrier clair pour le retour à un gouvernement civil. Cette manifestation a permis de mesurer le fossé qui se creuse entre les islamistes et les autres opposants à l'ancien régime de MOUBARAK. Certaines organisations islamistes avaient appelé leurs membres à venir manifester pour s'opposer à l'adoption d'une série de règles sur l'élaboration de la nouvelle constitution, qui doit être rédigée après les élections parlementaires prévues plus tard dans l'année. Le principe a été accepté par le Conseil suprême des forces armées. Il est soutenu par les partis libéraux qui veulent éviter par avance que les islamistes n'aient une influence trop grande sur la rédaction de la Constitution si les partis religieux devaient remporter un grand nombre de sièges au Parlement. Les partis islamistes, eux, s'opposent au projet, estimant que rien ne doit restreindre le droit du futur parlement élu à superviser la procédure d'élaboration de la Constitution. S'ils s'opposent à cette mesure, les Frères musulmans avaient accepté de ne pas soulever ce www.greliermichel.eu
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sujet de discorde lors de la manifestation du 29 juillet. En revanche, des groupes de salafistes ont détourné les slogans des manifestants pour réclamer l'application de la charia, la loi islamique. Une attitude dénoncée par les autres participants qui ont estimé qu'ils ne respectaient pas l'engagement d'éviter les sujets de division. Au lieu de « pacifique, pacifique » scandé par les manifestants lors des confrontations avec les forces de sécurité, les salafistes répétaient « islamique, islamique ». Ils ont également modifié « le peuple veut renverser le régime », slogan devenu célèbre lors des manifestations en Tunisie et repris depuis par les protestataires du printemps arabe, pour crier « le peuple veut appliquer la charia ». Les salafistes égyptiens sont des islamistes ultraconservateurs, proches d'une interprétation wahhabite de l'islam comme en Arabie saoudite, et plus radicaux que les Frères musulmans. Beaucoup rejettent toutes formes d'influence culturelle occidentale. (le 29) Une trentaine de partis politiques et de mouvements laïques ont quitté la manifestation organisée sur la place Tahrir, en accusant les islamistes de l'avoir détournée de son but. Des slogans religieux comme « il n'y a pas d'autre Dieu qu'Allah » ou « l'Egypte est islamique » ont été scandés par les Frères musulmans et les salafistes, qui avaient participé à une grande manifestation le 08 juillet pour réclamer l'accélération des réformes mais se sont ensuite désolidarisés du mouvement contestataire. Un dirigeant des Frères musulmans a justifié le retour des islamistes sur la place en parlant d'un « Vendredi de l'unité de toutes les forces politiques », destiné à faire pression sur l'armée à cinq jours du début du procès de MOUBARAK, mais cette déclaration d'intention n'a pas empêché les profondes divergences entre contestataires d'éclater au grand jour. « Il y a tellement de barbes (islamiques). On se sent clairement oppressés », a souligné Sami Ali, un étudiant présent sur la place Tahrir, selon lequel les salafistes ont essayé de séparer les hommes et les femmes qui campent sur la place depuis trois semaines. Les tensions entre salafistes et laïques ont gagné d'autres villes, notamment Suez, où le parti libéral Wafd et la Coalition révolutionnaire de Suez ont également quitté la manifestation. (le 29) Près d'une trentaine de partis politiques et d'organisations de jeunesse ont annoncé leur décision de suspendre leurs manifestations durant la période du ramadan. La majorité des groupes qui ont décidé de faite cette « pause » sont ceux qui ont quitté la grande manifestation organisée sur la place Tahrir après avoir accusé les islamistes d'avoir « pris en otage » le rassemblement. (le 31) Une pile nouvelle d’informations. Le Liban. Et que signifie ta mimique ? Je crains que le feu qui couvait au Liban n’éclate avec son cortège de bombes, d’assassinats et de victimes. Selon moi, la mèche est allumée. Le Tribunal spécial pour le Liban (TSL) a dévoilé les noms des quatre hommes inculpés dans l'enquête sur l'assassinat de l'ancien Premier ministre sunnite Rafic HARIRI en février 2005. Le juge d'instruction Daniel FRANSEN a ordonné la levée de la confidentialité entourant l'identité des quatre hommes qui font l'objet de mandats d'arrêts internationaux. Selon la procédure du tribunal, les autorités libanaises ont 30 jours pour procéder à des arrestations après la mise en examen. Les noms ont été rendus publics de manière à permettre plus rapidement l'arrestation des inculpés : Moustafa Amine BADREDDINE, Salim Jalim AYYASH, Hussein Hassan ONEISSI et Assad Hassan SABRA. Moustafa BADREDDINE, figure importante du Hezbollah, est le beau‐frère d'Imad www.greliermichel.eu
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MOUGHNIYED, le défunt chef du mouvement chiite. Son leader Sayyed Hassan NASRALLAH, qui accuse le tribunal d'être à la botte des Etats‐Unis et d'Israël, avait affirmé que les membres de son organisation mis en examen ne seraient jamais arrêtés. Niant tout lien entre le Hezbollah et l'attentat de 2005, il qualifie ces accusations de tentatives avortées pour abattre le nouveau gouvernement libanais. Le TSL, dont la formation découle d'une décision du Conseil de sécurité de l'Onu, est la première juridiction internationale compétente pour juger de cet attentat au camion piégé qui avait aussi coûté la vie à 22 autres personnes. L'attentat avait plongé le Liban dans une série de crises politiques, de meurtres et de bombardements, avant d'aboutir en mai 2008 à des affrontements intercommunautaires faisant poindre la menace d'une guerre civile. (le 29) Pour faire la transition entre informations hors nos frontières et celles nationales, il y a celle‐ci qui est le mélange mortel de situations détestables : otages, rançons et menaces. Les ravisseurs des trois Français retenus en otages au Yémen exigent une rançon de 12 Mio US$ (8,3 Mio euro) et sont liés à la branche locale d'Al‐Qaïda. Les trois otages sont deux femmes et un homme enlevés le 28 mai alors qu'ils travaillaient pour l'association Triangle génération humanitaire (TGH), basée à Lyon. Le directeur de THG, Patrick VERBRUGGEN, a déclaré que l'ONG n'avait eu « aucun contact » avec les ravisseurs ni aucune information sur le sort des otages. Il a précisé que tout le personnel avait quitté le Yémen. Le ministère français des Affaires étrangères a déclaré ne pas être informé d'une revendication et d'une demande de rançon. De hauts responsables gouvernementaux, dont le général Ghaleb al‐QAMIH, chef du renseignement yéménite, ont demandé à des dignitaires de la ville de Seyoun de faire office de médiateurs pour tenter d'obtenir la libération des trois Français. (le 27) Thomas, te souviens‐tu de cette petite île italienne en Méditerranée ? Lampedusa, oui. Au printemps 2011, Rome avait attribué des titres de séjour temporaires à plus de 25.000 étrangers, majoritairement Tunisiens, débarqués sur Lampedusa. Une décision qui avait déclenché la colère du gouvernement français, peu enclin à accueillir cette population désireuse de passer la frontière. L’incident diplomatique avait finalement connu une issue politique favorable, Nicolas SARKOZY et Silvio BERLUSCONI se décidant à devenir les porte‐voix de la réforme de l’espace Schengen. La Commission européenne s’est interrogée sur le bien‐fondé des actions entreprises par les deux pays. La France avait profité de l’occasion pour intensifier ses contrôles policiers à la frontière italienne pendant que des doutes planaient sur la légalité des permis de séjour humanitaires accordés par Rome. A ces questionnements concrets, la Commission fournit une réponse alambiquée : « Les informations collectées ne nous permettent pas de conclure que la France aurait procédé à des contrôles systématiques dans la zone de la frontière intérieure avec l’Italie » ; « d’un point de vue formel, les mesures prises par les autorités françaises et italiennes sont conformes à la législation européenne » ; « l’esprit des règles de Schengen n’a pas été respecté ». En clair, la Commission blâme les Etats mais estime qu'elle ne peut pas les punir… L'histoire ne s'arrête pas là. « L’esprit de Schengen » trahi, la Commission va s’employer à proposer de nouvelles www.greliermichel.eu
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« lignes directrices » pour qu’il n’y ait « pas d’interprétation équivoque » de ces règles. La Commission a détecté une nouvelle faille dans l’édifice de Schengen. L'Italie a attribué des permis de séjour à des ressortissants dont certains ne détenaient ni passeport ni document d’identité. La nature des visas attribués par l'Italie fait également débat. Le pays a octroyé des cartes de séjour à titre « humanitaire » qui, théoriquement, ne permettent pas à leurs titulaires de se déplacer dans les autres Etats de l'espace Schengen (voir son article 5). Rome serait donc en faute. (le 26) Te souviens‐tu aussi de la « Règle d’or » budgétaire ? Ne s’agit‐il pas de constitutionnaliser une impossibilité nationale : l’équilibre des dépenses par les recettes de l’Etat ? Si. Nicolas SARKOZY appelle les parlementaires à dépasser leurs « intérêts partisans » afin de remettre en ordre les comptes publics de la France, dans une lettre plutôt mal reçue par l'opposition. Accusant Nicolas SARKOZY d'avoir creusé les déficits, la gauche le prévient qu'elle ne le laissera pas modifier la Constitution pour y inscrire sa « règle d'or » d'équilibre budgétaire. Le 13 juillet, l'Assemblée a adopté, dans les mêmes termes que le Sénat, le projet de loi constitutionnelle relatif à l'équilibre des finances publiques. Le texte vise à inscrire dans la Constitution l'objectif d'équilibre du budget de l'Etat. Pour cela, il faut que cette « règle d'or » soit votée par au moins les deux tiers des parlementaires réunis en Congrès à Versailles. Le président n'a pas encore convoqué le Congrès en raison de l'opposition du Parti socialiste. La lettre de Nicolas SARKOZY est loin d'avoir convaincu à gauche. Martine AUBRY : « Le président sortant est totalement disqualifié pour donner à quiconque une quelconque leçon de maîtrise des comptes publics ». Elle accuse Nicolas SARKOZY d'avoir « plombé les comptes de la Nation ». Elle estime que « le redressement de la France ne viendra pas d'un changement de la Constitution mais d'un changement de majorité en 2012 ». François HOLLANDE estime que Nicolas SARKOZY devrait plutôt « remettre en cause les mesures qu'il a lui‐même fait voter ». Il propose « que nous réglions cette exigence de redresser les finances publiques au lendemain de 2012 ». Selon lui, « tout ce qui sera annoncé avant sera de l'affichage ». Michel SAPIN, secrétaire national du PS à l’Economie : « Selon la Cour des comptes, sur les 150 Mia euro de déficit de 2010, 50 Mia euro sont imputables à la crise et 100 Mia euro aux politiques de droite menées tout particulièrement ces cinq dernières années ». Le Parti de Gauche dénonce lui aussi un « déficit public organisé par la baisse des recettes fiscales ». (le 26) Si le Sénat et l’Assemblée nationale ont voté le texte en terme identique (à la majorité simple), Nicolas SARKOZY ne dispose pas de la majorité des trois cinquième nécessaire à toute modification des règles constitutionnelles. Selon les calculs de l’Elysée, il manque à la droite entre 30 et 40 voix, compte tenu de la perte anticipée d’une dizaine de sièges lors des élections sénatoriales de septembre. (le 26) Christine LAGARDE est partie au FMI, mais la justice française n’a pas fini de boucler l’affaire Tapie dans laquelle elle est partie prenante. Le feuilleton en est à ses derniers épisodes. www.greliermichel.eu
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Le Conseil d'Etat a débouté le député centriste Charles de COURSON et deux contribuables de leur recours visant à faire annuler la décision du tribunal arbitral favorable à Bernard TAPIE dans le litige l'opposant au Crédit Lyonnais. Cette décision du Conseil d'Etat pourrait influer sur celle que doit rendre, le 04 août, la commission des requêtes de la Cour de justice de la République (CJR). Elle doit se prononcer sur d'éventuelles poursuites pour abus d'autorité contre Christine LAGARDE. (le 26) Le procureur de la République de Paris Jean‐Claude MARIN a été nommé, en conseil des ministres, procureur général près la Cour de cassation. Ce poste était vacant depuis le départ à la retraite, le 30 juin, de Jean‐Louis NADAL. Jean‐Claude MARIN est décrit comme un redoutable juriste. (le 27) Autre feuilleton, autres épisodes. DSK ? Oui. Pour la partie qui se déroule aux Etats‐Unis. Pour la première fois depuis les faits, Nafissatou DIALLO s'exprime dans les médias américains. Dans Newsweek : « Je veux qu'il aille en prison ». Plus de deux mois après l'agression présumée au Sofitel de New York, Nafissatou DIALLO apparaît à visage découvert pour raconter sa version de l'agression dans la suite de DSK, qui l'a attaquée « comme un fou ». « J'ai dit, ‘Monsieur, arrêtez ça. Je ne veux pas perdre mon emploi’. Il a répondu, ‘Vous ne perdrez pas votre emploi’. « Je le pousse. Je me lève. J'ai essayé de l'effrayer. J'ai dit, ‘Regardez, mon superviseur est juste à côté’ ». Mais DSK lui aurait dit que personne ne pouvait entendre et il lui aurait alors arraché son uniforme, déchiré ses collants, lui aurait agrippé violemment l'entrejambe et ensuite serré la tête, la forçant à lui faire une fellation. (le 25) Nafissatou DIALLO a déclaré à ABC qu'elle ne savait pas qui était DSK, et ne l'avoir appris qu’après l'agression présumée. « Je regardais les informations, et ils disaient qu'il allait être le prochain président de France. Je me suis dit, ‘Oh mon Dieu’. Je pleurais. ‘Ils vont me tuer. Je vais mourir’ ». Les avocats de DSK ont dénoncé « un cirque indécent » destiné à influencer l'opinion publique. Ils ont accusé la jeune femme de mener « une campagne médiatique pour persuader le procureur de maintenir les charges contre une personne dont elle veut obtenir de l'argent », alors qu'ils demandent la clôture du dossier. L'avocat de Nafissatou DIALLO a rétorqué que la défense avait elle‐même « monté une campagne de calomnie sans précédent contre la victime d'une agression sexuelle violente ». Le bureau du procureur a fait savoir qu'il déciderait des suites à donner à l'accusation uniquement en fonction de son enquête. (le 25) Le portrait de Nafissatou DIALLO a évolué et sa personnalité divise. Son récit avait été jusque‐là rapporté par les procureurs et ses avocats. Dans ses interviews, Nafissatou DIALLO donne pour la première fois sa version des faits. Issue d'une famille de six enfants, Nafissatou DIALLO est née en Guinée, dans la région isolée de Labé, à une journée de route au nord de Conakry, la capitale. Aujourd'hui encore, on ne peut gagner son village natal qu'après une demi‐heure de marche difficile à travers www.greliermichel.eu
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une forêt. La localité n'est raccordée ni à l'électricité ni au réseau téléphonique. Appartenant à l'ethnie des Peuls, comme 40% de la population guinéenne, son père aujourd'hui décédé avait la réputation d'être un musulman fervent et érudit, pratiquant, comme de nombreuses communautés d'Afrique de l'Ouest, l'islam tidjani, dérivé de l'islam sunnite. Nafissatou DIALLO, illettrée, a épousé un lointain cousin dans le cadre d'un mariage arrangé. A la mort de son mari, elle décide de quitter son village et gagne au milieu des années 1990 Conakry, où elle trouve un emploi de couturière. En 2003, elle émigre aux Etats‐Unis. Dans sa demande d'asile, elle dit avoir été victime d'un viol collectif et de persécutions du régime guinéen. Son mari, dit‐elle, a été incarcéré, torturé, privé de traitement médical et en est mort. A New York, elle travaille d'abord dans un salon de coiffure puis à l'African American Restaurant Marayway, un café‐restaurant gambien du Bronx, avant d'être embauchée au Sofitel de Manhattan. Elle y « donne entière satisfaction tant en ce qui concerne la qualité de son travail que son comportement », dit un communiqué publié le 15 mai par le directeur de l'hôtel. Mais à mesure qu'avocats et procureurs se penchent sur son passé, des failles et des mensonges apparaissent. Elle aurait bien été violée en Guinée, mais pas victime d'un viol collectif. Elle a aussi livré une première version erronée des minutes qui ont suivi l'agression présumée. Des personnages troubles apparaissent également dans son entourage. Dont cet homme, détenu dans une prison de l'Arizona avec lequel elle a une conversation téléphonique après l'agression dont elle se dit victime. La discussion, en foulani, un dialecte peul, ne sera décryptée que tardivement. On l'entendrait dire que « ce type a beaucoup d'argent ». « Je sais ce que je fais », ajouterait‐elle. Le contexte précis de cette conversation est difficile à établir, mais ces mots ont largement contribué à faire émerger des doutes sur la véracité et la crédibilité de sa parole et à affaiblir le dossier de l'accusation. Des mouvements d'argent sur son compte en banque, plusieurs milliers de dollars, éveillent aussi les soupçons. (le 26) Les avocats de DSK ont annoncé le nouveau report de l'audience du 01 au 23 août, ce qui laisse plus de trois semaines supplémentaires aux procureurs de Manhattan pour enquêter sur les accusations le visant. (le 27) Nafissatou DIALLO est arrivée à Manhattan où elle doit rencontrer les procureurs en charge de l'enquête. C'est la première fois qu’elle s'entretient avec les procureurs depuis que ceux‐ci ont exprimé leurs doutes. (le 27) No comment ? No comment ! www.greliermichel.eu
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Semaine 31 – du lundi 01 au dimanche 07 août 2011 « Votre silence nous tue » = Notre silence les tue Est‐ce que la fenêtre de tir ensoleillée se fait attendre pour un autre départ vers le repos estival. Oui, je suis installé sur le pas de tir, comme à la Nasa ou à Kourou pour Ariane. Nos affaires sont prêtes, et j’attends le feu vert des gens de la météo. En attendant, tu es venu t’occuper avec l’actualité. Le titre pour cette semaine est fait pour inquiéter. Tu as une copie de cet article sur la table. Il est paru dans le journal milanais Corriere della Sera, sous la plume d’Andrea RICCARDI. Voilà au moins dix ans — depuis ce tragique 11 septembre 2001 — que nous demandons aux musulmans d’envisager sérieusement la démocratie et de rejeter la violence. Or, depuis quelques mois, le monde musulman est en pleine ébullition. Il aspire à la liberté. On assiste à un élan des jeunes générations. Les enfants de la mondialisation ont vaincu la peur qui paralysait la société tout entière. Il est difficile de prévoir l’avenir du « printemps arabe » et son impact sur la politique. Néanmoins, trop d’observateurs occidentaux se contentent de se demander s’il jouera ou non en faveur des islamistes. La question est révélatrice du manque de confiance dans cette poussée démocratique, ainsi que de nombreuses inquiétudes. Les dictateurs arabes se sont posés en remparts contre les islamistes pour assurer leur légitimité. Mais l’expression « islamisme » est désormais générique. Il faut faire la distinction entre les divers acteurs musulmans, parce que cette formule comprend des démocrates, des conservateurs, mais également des extrémistes et des terroristes… Le peu d’intérêt de l’Europe pour le « printemps arabe » montre à quel point nos sociétés civiles ne comptent pas peser sur le mouvement démocratique arabe. On peut lire sur une pancarte des manifestants syriens : « Votre silence nous tue ». C’est là un message adressé à l’Occident. Dans le cas de la Syrie, les Occidentaux manifestent une grande apathie. Envers la famille ASSAD, l’Occident a depuis toujours fait preuve de réalisme. En témoignent les événements à Hama. En 1982, Hafez el‐ASSAD y a fait massacrer environ 20.000 de ses concitoyens. Le carnage a eu lieu dans le silence général. La même année, les miliciens chrétiens libanais ont tué un millier de Palestiniens dans les camps de Sabra et de Chatila. Dans cette affaire, l’opinion publique, notamment de gauche, s’est mobilisée. On a ainsi assisté à deux réactions très différentes. A Alep, havre de minorités, où vivent des milliers de Kurdes et 300.000 chrétiens, la ville reste calme alors que le pays se révolte. La bourgeoisie sunnite était parvenue à un compromis avec les alaouites. Mais que fera‐t‐elle à présent, alors que la contestation est partie de la majorité sunnite elle‐même ? On ne peut donc pas sous‐estimer la réaction du monde chiite (Iran, Irak et Liban), pour lequel la Syrie constitue un carrefour important. Téhéran risque de perdre un allié, proche sur les plans tant religieux que politique — résultat des liens entre la Syrie et les milices libanaises du Hezbollah. Maintenant, le pouvoir alaouite pense ne pas avoir d’autres solutions que la terreur, s’il ne veut pas perdre le monopole politique et risquer un règlement de comptes. Il tire sur son peuple, majoritairement sunnite. www.greliermichel.eu
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Les Syriens comptent‐ils sur l’indécision des Occidentaux ? Une grande indifférence règne dans les sociétés civiles européennes, qui font désormais preuve d’inertie face aux graves problèmes survenus hors des frontières nationales. Certes, l’Occident ne peut jouer partout le gendarme des droits de l’homme. Mais la Syrie est proche de l’Europe et d’Israël. La proximité crée des responsabilités. Pour l’heure, on ne voit pas comment sortir de la polarisation en Syrie, où un mouvement rassemblant des gens prêts à mourir pour la liberté affronte un pouvoir figé dans la peur et sans avenir, qui joue la carte de la répression. Après une décennie de politique internationale dominée par la question islamiste, de nouveaux problèmes ont surgi, mais aussi de nouvelles possibilités. Il faut des critères différents pour interpréter la réalité, et de plus grandes responsabilités politiques. Et ce, certainement de la part des gouvernements, mais également des sociétés civiles et des forces politiques. Ce qui se passe dans le monde arabe et dans le bassin méditerranéen conditionnera les scénarios géopolitiques du XXIe siècle, bien plus que les incendies locaux. (le 02 août) C’est bien, tu as mis une carte de la Syrie. Oui, j’ai beau voir leurs noms régulièrement, je ne sais pas toujours où sont ces villes. J’ai trouvé Hama. A Hama, l'armée a poursuivi ses bombardements et a fait quatre morts. Ils portent à 84 le nombre de civils tués en moins de 48 heures. (le 01) En lançant ses chars contre Hama, Bachar al ASSAD s'est engagé sur un chemin sans retour. Les Etats‐Unis, l'UE et la Turquie n'ont eu de cesse de le mettre en garde contre la tentation d'un nouveau bain de sang. Mais le régime de Damas vient de démontrer qu'il n'entend pas se plier aux critiques et compte bien se maintenir au pouvoir à n'importe quel prix. En durcissant la répression militaire des manifestations pacifiques, Bachar al ASSAD entend élever le coût de la contestation en plein mois sacré du ramadan. (le 02) Au quatrième jour d'une offensive meurtrière, les chars ont pris position sur l'une des principales places de Hama assiégée où l'électricité, l'eau et les lignes téléphoniques ont été coupées. (le 03) Les autorités tentent d'empêcher les habitants de faire connaître à l'extérieur l'ampleur de la répression. Les Comités de coordination locale ne peuvent plus contacter leurs membres à Hama car tous les moyens de communication ont été complètement coupés. (le 03) L'adoption au Conseil de sécurité d'une déclaration condamnant la répression n'a pas freiné les blindés de Bachar al ASSAD, qui ont fait au moins 45 morts dans un nouvel assaut à Hama. (le 04) Les forces syriennes empêchent l'entrée des approvisionnements en denrées alimentaires dans des zones d'habitations de Hama. (le 05) Cherche Deir el Zour. C’est à l’est, sur l’Euphrate www.greliermichel.eu
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Quelque 200 chars encerclaient la ville, attendant apparemment de recevoir l'ordre d'entrer. (le 03) Au moins 42 personnes ont été tuées à Deir el‐Zour et 10 à Houleh. (le 07) Tout ceci aggrave le bilan humain. Les forces syriennes ont tué 24 personnes le premier jour du Ramadan. Dix à Hama , six à Irbine, trois dans la province de Homs, deux à Al‐Boukamal, deux à Lattaquié, et une à Maamadamiyé. Quelque 1.700 civils sont morts dans la répression depuis le début de la révolte. (le 02) La répression c’est aussi l’arrestation d’opposants. La police secrète a arrêté le dirigeant d'opposition Walid al BOUNNI, adversaire de longue date du parti Baas. C’est lui qui avait voulu organiser en juillet une conférence nationale pour mettre en place une transition pacifique après cinq mois de soulèvement. Il a souligné que le mouvement de contestation devait rester pacifique, malgré la dureté de la répression gouvernementale. Il a invité les militaires qui commencent à faire défection à ne pas retourner leurs armes contre les soldats d'ASSAD : « La meilleure chose que peuvent faire ces conscrits (qui refusent de tirer sur les manifestants), c'est de rentrer chez eux. S'ils font usage de leurs armes, cela donnera un prétexte à l'Iran et au Hezbollah, ou à d'autres, pour intervenir ». (le 06) Le bâton est redoutable, et la promesse de carotte est rachitique. Devant des ambassadeurs étrangers à Damas, Walid al‐MOALLEM a affirmé que les réformes et le dialogue étaient les seuls moyens de sortir de la crise actuelle, assurant que le Parlement qui sortirait du scrutin représenterait le peuple. La législature de quatre ans de l'actuel Parlement a pris fin il y a plusieurs semaines et Bachar El‐ASSAD doit toujours fixer une date pour les élections d'ici la fin de l'année. (le 06) A l’extérieur du pays, des Etats bougent mais leurs intérêts sont contradictoires. A l'ONU, les divisions persistent. Rien de concret n'est sorti des consultations à huis clos qui se sont déroulées au Conseil de sécurité, à la demande de l'Allemagne. La Russie, la Chine et l'Inde, notamment, s'opposent à un projet de résolution européen ‐ soutenu par les Etats‐Unis ‐ qui condamne les attaques contre les civils syriens. Les pays réfractaires à une résolution ont jusqu'à présent refusé de condamner la Syrie, en partie parce qu'ils craignent qu'un texte ne serve de prétexte à une intervention armée. (le 02) Le Conseil de sécurité a condamné dans une déclaration l'usage de la force contre les civils par les autorités syriennes. Le Liban, membre non permanent du Conseil et voisin de la Syrie, s'est dissocié de la déclaration pour ne pas bloquer son adoption par les 14 autres membres. La déclaration lue par le président indien du Conseil appelle à « la fin immédiate de toutes www.greliermichel.eu
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les violences » et presse « toutes les parties de faire preuve de la plus grande retenue et d'éviter les représailles, y compris les attaques contre les institutions de l'Etat ». Cette phrase a permis de surmonter les réticences de la Russie et d'autres pays qui souhaitaient l'adoption d'une déclaration « équilibrée », qui fait porter sur les deux camps la responsabilité des violences. Les déclarations du Conseil de sécurité ne sont pas soumises au vote mais elles doivent théoriquement être adoptées à l'unanimité des quinze membres. Elles ont moins de poids qu'une résolution. C’est le bain de sang à Hama qui semble avoir débloqué la situation à l'ONU. (le 03) BAN Ki‐moon s'est entretenu par téléphone avec Bachar al ASSAD et lui a fait part de son inquiétude face à l'escalade de la violence contre les civils. BAN Ki‐moon a tenté pendant des mois de s'entretenir avec Bachar al ASSAD, mais celui‐ci refusait systématiquement de répondre à ses appels. Leur dernier échange remontait au mois de mai. BAN Ki‐moon a une nouvelle fois demandé à Damas de permettre au Haut commissariat de l'Onu aux réfugiés (HCR) et aux agences humanitaires de pénétrer sur le territoire syrien. (le 07) L'Italie est le premier pays de l'UE à rappeler son ambassadeur et exhorte tous les pays de l'UE à rappeler leurs représentants en Syrie. Cet appel n'a pas été suivi dans l'immédiat. La Belgique, la Grande‐Bretagne, le Danemark, l'Espagne et la Suède n'avaient pas de projet similaire dans l'immédiat. Aucune mesure de rappel de représentants basés en Syrie n'a été prise au niveau européen. La France a fait savoir qu'aucune mesure de ce type n'était imminente, laissant entendre que Rome n'avait pas fait part de cette proposition par des voies diplomatiques officielles. (le 02) La République tchèque a fait valoir que les ambassadeurs étaient les seuls étrangers présents dans un pays où pratiquement tous les médias internationaux sont interdits. « Nous devons maintenir une source indépendante d'information » en Syrie. (le 02) L'Union européenne a décidé d'étendre son régime de sanctions contre Damas en imposant un gel des avoirs et une interdiction des déplacements à cinq nouveaux membres de l'armée et du gouvernement syriens. Le ministre de la Défense, Ali Habib MAHMOUD, et le patron des services de sécurité intérieure, Tawfiq YOUNES, font partie de ces responsables. Cette décision porte à 35 le nombre des individus ‐ dont Bachar el‐
ASSAD ‐ visés. Les Vingt‐Sept ont aussi inscrit sur leur liste quatre entités syriennes et imposé un embargo sur les ventes d'armes et de matériels pouvant être utilisés dans les opérations contre les contestataires. (le 01) La Turquie a annoncé l'envoi d’Ahmet DAVUTOGLU à Damas le 09 août pour protester officiellement contre la répression des manifestations. Recep Tayyip ERDOGAN a fait savoir qu'Ankara commençait à perdre patience et que son pays ne resterait pas inactif face aux violences. La réponse syrienne ne s'est pas fait attendre. Bouthaina CHAABANE a affirmé qu’Ahmet DAVUTOGLU « entendrait des mots encore plus forts en raison de la position de la Turquie, qui n'a pas condamné jusqu'à maintenant les meurtres de civils, de militaires et de policiers ». (le 07) Le Conseil de coopération du Golfe (CGC), qui réunit les Emirats arabes unis, l'Arabie www.greliermichel.eu
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Saoudite, Bahreïn, le Koweït, le Qatar et le sultanat d'Oman, a appelé à la fin des violences et la mise en œuvre de réformes « sérieuses ». (le 06) Signe que les Etats‐Unis s'attendent à une nouvelle détérioration de la situation, le Département d'Etat a appelé les Américains à quitter la Syrie immédiatement tant que des vols commerciaux et autres moyens de transports sont disponibles. (le 06) La semaine a été marquée par des images incroyables venant du Caire. Tu parles de MOUBARAK pour son procès, sur son lit, dans sa cage, dans le tribunal ? Oui. Mais sais‐tu qui est Hosni MOUBARAK ? Pas bien. 04 mai 1928 : naissance à Kafr el‐Moseilha, ville du Delta du Nil, dans le nord avril 1975 : désigné au poste de vice‐président par le chef de l'Etat, Anouar el SADATE 14 octobre 1981 : prête serment à la présidence, après l'assassinat d’el SADATE le 06 octobre février 2005 : amendements à la Constitution égyptienne pour des élections multipartites mars 2005 : manifestations contre un 5ème mandat présidentiel consécutif de MOUBARAK 07 septembre 2005 : première élection présidentielle pluraliste. Hosni MOUBARAK l'emporte facilement devant neuf autres candidats 06 mars 2010 : intervention chirurgicale en Allemagne pour des problèmes de vésicule biliaire, transfert temporaire des pouvoirs au Premier ministre 28 novembre 2010 : élections législatives, entachées de fraudes selon les partis d'opposition 25 janvier 2011 : inspirés par la révolte populaire en Tunisie, les manifestants commencent à descendre dans la rue par milliers, notamment au Caire, pour réclamer le départ du président MOUBARAK 28 janvier : les manifestations prennent de l'ampleur, MOUBARAK ordonne à l'armée de rétablir l'ordre 29 janvier : pour la première fois depuis son arrivée au pouvoir en 1981, MOUBARAK nomme un vice‐président, son chef des services de renseignement Omar SOULEIMANE. Vague de pillages dans tout le pays, après le retrait des rues de la police 01 février : MOUBARAK annonce qu'il ne briguera pas un nouveau mandat lors de la présidentielle de septembre, mais ne quittera pas le pouvoir d'ici là. 10 février : MOUBARAK transfère ses pouvoirs au vice‐président Omar SOULEIMANE, sans pour autant donner sa démission. 11 février : MOUBARAK démissionne et transfère ses prérogatives à l'armée 13 avril : MOUBARAK est placé en détention provisoire, accusé d'avoir ordonné d'ouvrir le feu contre les manifestants et de corruption. Il est assigné à résidence à l'hôpital de Charm‐el‐Cheikh où il a été admis auparavant pour des problèmes cardiaques 01 juin : le procureur général d'Egypte annonce que MOUBARAK et ses deux fils seront jugés à partir du 03 août. 14 juillet : publication par la presse de la transcription de l'interrogatoire de MOUBARAK, qui a démenti devant les enquêteurs avoir ordonné d'ouvrir le feu sur les manifestants. 03 août: début du procès. (le 03) Le procès de MOUBARAK s'est ouvert au Caire. Il était couché sur un lit d'hôpital installé dans le box des accusés, séparé de la salle d'audience par un grillage et des barreaux, à l'intérieur du tribunal. Ses fils, Gamal et Alaa, qui sont également jugés, étaient aux côtés www.greliermichel.eu
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de leur père, se penchant vers lui pour lui parler. (le 03) Retransmis en direct par la télévision d'Etat, le procès de MOUBARAK et de ses fils a été ajourné au 15 août. Celui de l'ancien ministre de l'Intérieur Habib el‐ADLY doit en revanche se poursuivre. Le magistrat présidant l'audience a ordonné le maintien en détention de MOUBARAK au Centre médical international, un hôpital militaire à la périphérie du Caire, et la présence d'un oncologue parmi l'équipe médicale, laissant entendre, après plusieurs mois de rumeurs, qu’il souffrait d'un cancer. Un procureur a lu l'acte d'accusation selon lequel MOUBARAK et ses fils ont reçu cinq villas d'une valeur de près de 7 Mio US$ (4,9 Mio euro) de l'homme d'affaires Hussein SALEM en échange de la garantie d'un accord foncier avec l'Etat à des conditions préférentielles. Selon l'accusation, MOUBARAK a « autorisé (Habib el‐ADLY) à faire usage de munitions réelles » dans la répression des 18 jours de soulèvement, qui a fait quelque 850 morts. Des faits passibles de la peine de mort. Signe d'une tentative pour entraîner l'armée dans l'affaire, l'avocat de MOUBARAK a demandé que le ministre de la Défense Hussein TANTAOUI ‐ chef du Conseil suprême des forces armées ‐ soit appelé à témoigner. Il a avancé qu’Hussein TANTAOUI était en charge de la sécurité après le 28 janvier, soit trois jours après le début des manifestations. (le 03) Les accusés sont tous habillés de blanc, comme c'est la coutume dans les tribunaux égyptiens. Les deux fils de MOUBARAK tenaient dans leurs mains des copies du Coran. (le 03) Le spectacle d'Hosni MOUBARAK, raïs tout‐puissant pendant près de trente ans, traîné sur une civière dans la cage d'un tribunal du Caire a stupéfié de nombreux Egyptiens. La foule s'était rassemblée à l'extérieur de la salle du tribunal, installée dans l'Ecole de police qui portait il y a quelques mois encore le nom du président déchu, pour suivre en direct la première audience sur un écran géant. Dans les cafés et les bars, les clients se sont rassemblés autour des postes de télévision pour suivre l'ouverture des débats. L'événement a également été suivi avec passion dans d'autres pays arabes. (le 03) La période des procès s’est ouverte en Egypte, elle se poursuit en Tunisie. Le procès de 23 proches de BEN ALI et de Leïla TRABELSI, impliqués dans l'affaire dite de « l'aéroport de Tunis‐Carthage », a de nouveau été reporté au 10 août, à la demande de la défense. (le 02) Tiens, voilà la pile des informations sur la Libye. C’est quoi ça ! BHL est revenu au Quai d’Orsay ! Non, Alain JUPPE est toujours là. Alain JUPPE annonce que le dégel de fonds libyens a permis de mettre à disposition du CNT 259 Mio US$ (179 Mio euro). Il s'est entretenu avec Mansour Seyf al‐NASR, envoyé spécial du CNT à Paris. L'émissaire a été « informé qu'il pourrait s'installer dans les locaux de l'ambassade de Libye à Paris ». (le 01) A Paris, Bernard‐Henri LEVY (BHL), très engagé au côté des insurgés, a déclaré que des discussions étaient en cours depuis des semaines entre la rébellion et certains partisans de www.greliermichel.eu
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KADHAFI. BHL a affirmé que le général YOUNES avait été victime non d'un règlement de comptes interne mais de tueurs du régime KADHAFI. (le 03) Cette information, sur l’action du Qatar en Libye, m’a surpris. A Misrata, un avion qatari a fait une brève escale pour livrer des munitions aux insurgés. Les responsables de l'aéroport ont simplement confirmé qu'un appareil qatari s'était posé, sans donner d'autres précisions. (le 06) Sur le terrain, cela ne bouge pas de façon visible, mais des choses se passent. Les rebelles ont repoussé une contre‐attaque des forces gouvernementales autour de Zlitane. L'offensive lancée le 02 août par les soldats de KADHAFI a entraîné des violentes batailles de rues. (le 03) Le pétrolier « Cartagena », avec à bord 40.000 tonnes d’essence qu’il devait livrer à Tripoli, était à l'ancre près des eaux territoriales maltaises lorsqu'il a été abordé par un remorqueur battant pavillon libyen. Ce pétrolier appartient à la société gouvernementale General National Maritime Transport, qui serait contrôlée par un des fils KADHAFI, Hannibal. Le « Cartagena » fait route vers Benghazi, sous la surveillance étroite de l'OTAN, qui dispose de 17 navires de guerre en Méditerranée. L'OTAN a confirmé suivre sa trajectoire, mais a dit ne pas être en mesure de confirmer s'il avait été détourné. Selon le Petroleum Economist, une lettre d'information de l'industrie pétrolière, le « Cartagena » a été saisi par des Libyens qui ont agi sans l'accord du CNT. Une « source bien informée » citée sur son site internet affirme qu'un gouvernement européen a fourni la logistique nécessaire pour cette opération, dont probablement l'emploi de forces spéciales aéroportées. Le porte‐parole de l'OTAN a déclaré avoir entendu parler de cette information, mais « ne pas être en position de spéculer » sur sa véracité. Les rebelles avaient déjà détourné en mars un autre pétrolier appartenant à une compagnie gouvernementale. (le 03) Le « Cartagena » est arrivé dans le port de Benghazi. (le 04) Les rebelles ont lancé une nouvelle offensive en direction de Brega. Ils avancent prudemment de crainte des champs de mines installés par les soldats de KADHAFI aux abords de la ville. (le 06) Bir al Ghanam, près de Zentane, est passée sous le contrôle des insurgés. (le 06) Les rebelles contrôlent fermement Bir al Ghanam, en rejetant une déclaration gouvernementale selon laquelle ils en auraient été repoussés. Les forces rebelles ont progressé d'une dizaine de kilomètres au nord‐est de la ville et comptent mettre le cap sur Zaouiyah, à 50 km à l'ouest de Tripoli. (le 07) Et pour terminer, le Yémen se rappelle à nous. Ali Abdallah SALEH a quitté l'hôpital de Ryad où il était soigné mais restera pour l'instant www.greliermichel.eu
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en Arabie saoudite. Il est en bonne condition et s'installera dans une résidence appartenant au gouvernement saoudien. Son Premier ministre Ali Mohammed MEGAOUAR a quitté l'hôpital de Ryad et s'est installé dans la ville. (le 07) Pourquoi prends‐tu ce sourire, pourquoi ton œil pétille‐t‐il ? Revoilà l’affaire Tapie pour boucler notre semaine. Le FMI s'est dit persuadé que Christine LAGARDE serait à même de remplir ses fonctions malgré l'enquête dont elle va faire l'objet. (le 04) Ah ! C’est tout. www.greliermichel.eu
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Semaine 32 – du lundi 08 au dimanche 14 août 2011 Si chaque homme a son prix, quel est le vôtre en victimes syriennes ? Thomas n’est pas là, le baromètre a remonté de quelques millibars et le soleil a montré le bout de son nez. Deux éléments qui font partie de son traitement anti‐morosité. Il est donc parti vers le sable et la détente. … Un sinistre bilan, encore provisoire, comme le laissait entendre le titre. Pour le secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires politiques, Oscar FERNANDEZ‐
TARANCO, près de 2.000 civils ont péri depuis mars, 188 depuis le 31 juillet et 87 dans la seule journée du 08 août. (le 11 août) Depuis le début du ramadan, plus de 300 personnes auraient été tuées, notamment à Hama et Deir el‐Zour. (le 09) Sur le terrain, une litanie macabre, jour après jour Le 08 août, Deir el‐Zour a été la cible de nouveaux tirs d'artillerie au lendemain de la mort d'au moins 42 personnes. Le 10, les forces gouvernementales ont pris le contrôle de la ville, à la suite de violents tirs et bombardements. Le 10 août, les rues de Hama étaient désertes, et la ville semblait sous le contrôle total des autorités. L'armée a lancé une offensive contre deux villes situées près de la frontière avec la Turquie. Une femme a été tuée lors de l'incursion de douze tanks et blindés dans Taftanaz. Une dizaine de véhicules transportant des soldats ont également pénétré dans la ville. Une opération militaire similaire s'est produite à Sermin. Et 15 civils qui manifestaient à Homs ont été tués. Le 11 août, l'armée est entrée dans Saraqeb, près de la frontière avec la Turquie et a procédé à au moins 100 arrestations. L'armée a abattu au moins 11 personnes à Qousseir. Seize personnes ont également été blessées. Le 12 août, l'armée a ouvert le feu sur des milliers de contestataires à Deir el‐Zour. Au moins sept manifestants ont été tués par l’armée : deux près de Damas, deux à Alep, un à Homs, un autre à Hama et un septième à Deir el‐Zour. Deux personnes au moins avaient été tuées dans des raids de l'armée à Khan Cheikhon et à Saqba. Nouveau bilan : au moins 11 manifestants tués : cinq à Damas, deux à Alep, un à Homs, un à Hama, un à Deir el‐Zour et un dans la province d'Idlib. Le 13 août, les forces de sécurité, appuyées par des blindés, sont intervenues à Lattaquié, ainsi qu'à Qousaïr. Les forces de sécurité et des hommes de main du régime ont ouvert le feu sur la foule, faisant au moins trois morts, et procédé à de nombreuses arrestations. (le 13) www.greliermichel.eu
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Le 14 août, des navires équipés de mitrailleuses lourdes ont pilonné des quartiers pauvres de Lattaquié et fait au moins dix morts. Pendant que les bâtiments tiraient depuis la Méditerranée, des troupes appuyées par des chars et des agents de la sécurité donnaient l'assaut à plusieurs quartiers de la ville. Partout retentissaient les des tirs des mitrailleuses et de fortes explosions. La population de Lattaquié représente un cocktail potentiellement explosif de plus de 600.000 habitants : les sunnites vivent dans le cœur urbain tandis que la minorité alaouite habite dans les villages périphériques avec d'autres minorités, notamment chrétienne et turcophone. Et ce bilan s’est aggravé à deux reprises dans la journée Au moins 19 morts à Lattaquié. Vingt‐quatre personnes ont trouvé la mort dans le pilonnage de Lattaquié. Ce qui motive le titre pour cette semaine est le lien entre toutes ces morts et les atermoiements2 des diplomates et des politiques. Il faut observer les verbes utilisés, pleins de retenue, pour définir les attitudes des uns et des autres. Signe d'un isolement croissant, les voisins arabes de la Syrie se sont joints au concert des critiques, exprimant leur inquiétude face à l'amplification de la répression en plein mois du ramadan. Le roi ABDALLAH a vivement critiqué le gouvernement syrien et annoncé le rappel de l'ambassadeur saoudien à Damas pour consultations. La Ligue arabe (22 pays membres), qui avait gardé le silence depuis le début du soulèvement, s'est déclarée « alarmée » par la situation et a demandé la cessation immédiate de toutes les violences. De son côté, la Jordanie a exhorté Damas au dialogue tout en s'abstenant de condamner les autorités syriennes. (le 08) Le Koweït et Bahreïn ont à leur tour décidé de rappeler leurs ambassadeurs en Syrie. (le 08) En haussant le ton face à la répression en Syrie, l'Arabie saoudite, gardienne autoproclamée de l'islam sunnite, entend au‐delà de Damas porter un coup à l'Iran, allié du régime de Bachar al ASSAD, et à la minorité alaouite syrienne, une branche du chiisme. Les relations entre Ryad et Damas n'ont jamais été au beau fixe, l'Arabie saoudite voyant d'un mauvais œil l'alliance syro‐iranienne. Elles se sont même nettement refroidies après le meurtre de Rafic HARIRI, ami de la famille royale saoudienne. (le 09) Recep Tayyip ERDOGAN a déclaré que son ambassadeur, Ahmet DAVUTOGLU, avait fait état du début de retrait des chars et des forces de sécurité syriennes à Hama. « Espérons que ce développement ait un résultat positif et que dans les 10 à 15 jours, le processus soit achevé pour que des mesures en direction des réformes soient prises en Syrie ». (le 10) Des émissaires de l'Inde, du Brésil et de l'Afrique du Sud ont rencontré à Damas Walid al‐
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L’atermoiement, du verbe « atermoyer », est l’art et la manière de gagner du temps, de différer une décision ou un
acte.
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MOALLEM pour faire part de leurs inquiétudes. Jusqu'à présent silencieuse, l'Algérie a réagi aux événements en déplorant les violences et en appelant les parties syriennes au dialogue. (le 10) Le Maroc a exprimé sa « forte inquiétude » et sa « profonde préoccupation » face aux événements qui secouent la Syrie. Le Maroc n'a cependant pas rappelé son ambassadeur à Damas. (le 11) Barack OBAMA s'est entretenu par téléphone avec Recep Tayyip ERDOGAN. Il lui a fait part de sa profonde préoccupation devant l'usage de la violence contre des civils. (le 11) Le ministère des Affaires étrangères recommande aux Français de « quitter la Syrie par les moyens de transport commerciaux disponibles » et leur demande de signaler leur départ à l'ambassade de France à Damas. « Compte tenu de l'aggravation des tensions en Syrie, il est désormais fortement conseillé de renoncer à tout projet de déplacement dans ce pays ». Le ministère ne précise pas combien de Français se trouveraient actuellement en Syrie. (le 13) En politique, le pouvoir syrien prend moins de gants. Remplacement du ministre de la Défense, le général Ali HABIB, en poste depuis 2009, par le chef d'état‐major des armées, le général Daoud RAJHA. Le général Ali HABIB quitte son poste en raison de problèmes de santé. (le 08) En Libye, les opérations de terrain reprennent et la zone kadhafiste semble se réduire, surtout à l’ouest de Tripoli. Mais les insurgés ont leurs problèmes internes. Les rebelles ont dissous leur gouvernement en raison d'« erreurs administratives » de certains de ses membres dans la gestion de l'assassinat d’Abdel Fattah YOUNES. Les 14 membres du comité exécutif du CNT ont été limogés, y compris les responsables de la défense et de l'intérieur. Mahmoud DJIBRIL a été chargé de former un nouveau gouvernement. (le 09) Les insurgés ont pris le contrôle de Bir al Ghanam. Ils sont entrés dans la localité avec un appui aérien de l'OTAN. Sur place, le seul signe de présence des troupes kadhafistes était les armes qu'elles avaient abandonnées en s'enfuyant. On pouvait voir dans le centre trois chars incendiés et une pièce d'artillerie abandonnée. (le 08) Beaucoup des insurgés qui ont pris le contrôle de Bir al Ghanam s'attendent à ce que la prochaine étape, la marche sur Zaouïah, soit rude. Il leur faudra franchir plusieurs villages dont l'un, Nasr, passe pour héberger de nombreux combattants kadhafistes et des mercenaires africains. (le 08) Les rebelles sont parvenus au campement de Bir Chouaïb, à 25 km de Zaouïah. Les rebelles du djebel Nefoussa ne forment pas une force unique, chaque ville ou village ayant son propre commandement. Mais dans la perspective d'une opération importante, ils sont en mesure de rassembler plusieurs milliers d'hommes. Des auxiliaires les ont rejoints en franchissant la ligne de front à partir de territoires sous contrôle gouvernemental. Des étrangers d'origine libyenne ont aussi rallié leurs rangs. www.greliermichel.eu
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Cette force est toutefois mal entraînée et manque d'armes lourdes en dépit d'un parachutage français en début d'été. (le 11) Les insurgés ont pris le contrôle du terminal pétrolier de Brega, qui a changé de mains à plusieurs reprises en six mois de conflit. La prise de Brega est une avancée cruciale pour la rébellion, leur offrant le contrôle du second complexe d'hydrocarbures du pays. Le terminal de Brega gère les principaux champs pétroliers libyens. (le 12) Dans l'ouest, la rébellion s'est emparée de Nasser City, atteignant ainsi leur point le plus proche de Tripoli. (le 12) Les insurgés se sont emparés de Gharian, à l'issue de brefs combats avec les forces pro‐
KADHAFI qui se sont retirées. Mais ces forces sont revenues avec des renforts. (le 13) Les insurgés ont progressé en direction de Zaouïah, dont ils ne seraient plus qu'à 25 km, à l'issue d'une bataille de six heures avec les forces gouvernementales. (le 13) Des rebelles ont annoncé qu'ils étaient entrés dans Zaouïah. « Nous contrôlons le centre. Certains soldats de KADHAFI ont pris la fuite vers Tripoli, d'autres sont encore là, et il y a aussi des mercenaires en ville. Nous ne contrôlons donc pas encore complètement la situation ». (le 13) Les rebelles occupent le centre‐ville de Zaouïah. Toutefois, des troupes gouvernementales lourdement armées sont stationnées en nombre sur la route de Tripoli, qui ne semble pas directement menacée dans l'immédiat. Les gouvernementaux contrôlent toujours la raffinerie au nord de Zaouïah, la seule encore en activité dans l'ouest et dont dépendent les forces de KADHAFI pour leur ravitaillement. (le 14) Trois informations sur les actions de l’OTAN. Des avions de l'OTAN ont bombardé et gravement endommagé une frégate de la marine dans le port de Tripoli. Les forces occidentales ont pris cette décision après avoir constaté qu'une partie de l'armement était débarquée de ce bâtiment de guerre, probablement pour être utilisée à terre contre les forces rebelles. (le 09) Le gouvernement libyen a accusé l'OTAN d'une bavure qui aurait tué 85 personnes, pour les trois quarts des femmes et des enfants, lors d'un raid contre le village de Madjar, près de Zlitane. L'OTAN a affirmé qu'elle avait frappé un objectif militaire « légitime ». (le 09) De retour de sa mission de plus de quatre mois au large de la Libye, le porte‐avions Charles‐de‐Gaulle regagne son port d'attache de Toulon. Il avait appareillé le 20 mars. (le 11) Pour la Libye aussi, les diplomates s’activent, à leur rythme. Abdul‐Ati al‐OBEIDI s'est entretenu à Athènes avec Stavros LAMBRIDINIS. La rencontre faisait suite à une requête du régime de Tripoli. Avant cette rencontre, Stavros LAMBRIDINIS s'était entretenu avec Catherine ASHTON et Abdelilah Al‐KHATIB. (le 11) www.greliermichel.eu
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Notez qu’Abdul‐Ati al‐OBEIDI et Abdelaâti LABIDI sont la même personne, le ministre libyen des Affaires étrangères. Ces deux orthographes sont celles utilisées par les agences Associated Press et REUTERS. Abdelaâti LABIDI a quitté Tunis à destination de Djerba, d'où il doit regagner Tripoli par voie terrestre. Il était arrivé à Tunis par avion spécial en provenance d'Athènes. C'est la sixième fois qu’Abdelaâti LABIDI transite par la Tunisie pour des missions à l'étranger, dont deux fois à Athènes. Le voyage d’Abdelaâti LABIDI intervient à un moment où les troupes de KADHAFI semblent se heurter à des difficultés d'approvisionnement en carburant notamment, dues aux sanctions internationales et au verrouillage maritime opéré par l'OTAN. (le 12) Et dans la Libye selon Kadhafi… Le gouvernement a annoncé que la possession et l'utilisation de téléphones satellitaires de type Thuraya constituaient un délit d'espionnage au profit de l'OTAN. La société Thuraya a son siège social à Abou Dhabi. Elle est accusée par le régime de KADHAFI de financer l’insurrection, avec le Qatar. Les téléphones Thuraya sont utilisés par les médias internationaux dans les environnements où les communications téléphoniques classiques sont suspendues ou censurées. (le 11) Suites de la chronique judiciaire tunisienne. C’est aussi la découverte d’un nouvel homme‐clé de la « révolution de jasmin ». Le procès de 23 proches de BEN ALI et TRABELSI a repris. Les avocats de la défense ont évoqué des vices de forme qui justifieraient la nullité de la procédure engagée, réclamant le non‐lieu pour la plupart des prévenus. A l'ouverture de l'audience, le représentant du ministère public a requis les peines les plus sévères contre les accusés, qui encourent de six mois à cinq de prison et de fortes amendes. Cette troisième audience intervient après les révélations du chef de la brigade anti‐
terroriste (BAT), le colonel Samir TARHOUNI, auteur de ce vaste coup de filet. Il a relaté « les minutes de cette journée historique du 14 janvier », il a assuré avoir pris « seul » l'initiative de l'arrestation des membres du clan Ben Ali‐Trabelsi, aussitôt après avoir été prévenu de cette tentative de fuite par un responsable de la sécurité de l'aéroport. Il a déclaré avoir agi « par devoir national ». « En me rendant sur les lieux avec mes onze collègues de la BAT, j'ai eu le sentiment que BEN ALI était le président des TRABELSI, pas des Tunisiens ». Tout en reconnaissant avoir été conscient qu'il risquait d'être exécuté en cas d'échec, il a raconté avoir « raccroché au nez (du général Ali SERIATI qui lui réclamait des explications) à deux reprises ». « Une réunion tenue au palais de Carthage n'a pas permis de renverser la vapeur », a révélé ce jeune officier, se réjouissant d'avoir rallié à son acte les 170 membres des unités spéciales, y compris celle chargée de la sécurité du palais présidentiel. Avant cette opération, Samir TARHOUNI a dit avoir désobéi à « des instructions » de se préparer à tirer sur la foule, au moment où quelque 30.000 manifestants rassemblés sur l'avenue Bourguiba, au centre de Tunis, réclamaient la chute du régime BEN ALI. « Ce jour‐là, on a frôlé un bain de sang ». (le 10) Ali SERIATI a bénéficié d'un non lieu dans l'affaire dite de l'aéroport de Tunis‐Carthage. Il www.greliermichel.eu
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demeure en état d'arrestation, attendant d'être jugé dans d'autres affaires relevant de la justice militaire pour complot contre la sûreté intérieure de l'Etat et incitation au désordre. Les 29 membres de la famille BEN ALI‐TRABELSI étaient présents, et trois autres étaient en fuite. Ils ont été condamnés à des peines allant de quatre mois à six ans de prison ferme. Les accusés ont écopé d'amendes d'un montant global de plus de 200 Mio dinars (plus de 100 Mio euro). Outre le général Ali SERIATI, le tribunal a prononcé un non‐lieu en faveur de six autres inculpés. Imed TRABELSI écope de deux ans de prison, qui viennent s'ajouter aux quatre ans auxquels il a été déjà condamné pour détention de drogue. Deux sœurs de Leïla TRABELSI, Jalila et Samira, sont condamnées respectivement à un an et demi d'emprisonnement et six mois. Le tribunal a condamné par contumace Leïla TRABELSI à six ans de prison. Sakhr MATERI, qui se trouve au Qatar, est condamné à quatre ans de réclusion. Un autre neveu de Leïla, Moez TRABELSI, est condamné à six ans. (le 12) En Egypte, le temps politique se couvre, des nuages islamistes apparaissent. Les islamistes ont dénoncé une proposition du vice‐Premier ministre, Ali al SILIMI, de faire adopter les grands principes de la future Constitution avant les élections législatives de l'automne. La loi fondamentale a été suspendue par le Conseil des forces armées au pouvoir et les Egyptiens ont entériné par référendum en mars un calendrier qui prévoit l'élection du Parlement avant la rédaction d'une nouvelle Constitution par une assemblée ad hoc désignée par les députés. Les libéraux, la gauche et la minorité chrétienne copte, voudraient l'instauration d'un Etat laïque. Ils craignent que les islamistes, force politique la mieux organisée, ne sortent grands vainqueurs des élections législatives et ne cherchent à imposer un Etat théocratique. C'est pour les rassurer qu’Ali al SILIMI a révélé que le gouvernement élaborait des principes constitutionnels qui pourraient être adoptés avant la formation de l'assemblée constituante, s'ils font l'unanimité. Cette proposition a provoqué la fureur du parti Liberté et Justice (PLJ), la branche politique des Frères musulmans, qui entend disputer la moitié des sièges au futur Parlement. La Constitution en vigueur à l'époque de MOUBARAK stipulait, dans son article 2, que « l'islam est religion d'Etat » et que « la charia (loi islamique) est la principale source de législation », deux mentions introduites par Anouar el SADATE à la fin des années 1970. Beaucoup d'Egyptiens se disent attachés au maintien de la référence à l'islam, mais le poids croissant des courants religieux fondamentalistes, notamment salafistes, dans le débat public fait craindre à certains une dérive vers les modèles saoudien ou iranien. (le 11) Les Palestiniens et surtout ceux de Gaza compliquent encore la situation. Les étrangers devront désormais obtenir un visa pour entrer dans la Bande de Gaza sous contrôle du Hamas. Le gouvernement, non reconnu par la communauté internationale, du territoire a besoin de savoir qui s'y trouve pour protéger les étrangers. Si des visas sont exigés des étrangers, cela compliquera le travail des organisations humanitaires internationales à Gaza dans la mesure où les Nations unies comme les Etats‐
Unis et l'Union européenne considèrent le Hamas comme une organisation terroriste. De www.greliermichel.eu
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nombreuses organisations humanitaires ne peuvent pas avoir de contact direct avec le Mouvement de la résistance islamique ou lui fournir de l'argent. Le Hamas a pris le contrôle de la Bande Gaza par les armes en juin 2007, en chassant le Fatah de Mahmoud ABBAS, qui ne contrôle plus que la Cisjordanie. (le 13) Deux informations françaises, rien que deux, pour finir. Martine AUBRY… Alors que « la croissance est à 0%, le chômage ne cesse d'augmenter, le déficit commercial est abyssal dans un contexte d'endettement très élevé », Martine AUBRY propose trois mesures immédiates : « pour réduire l'endettement, supprimer 10 Mia euro de niches fiscales sur les 70 Mia euro créés depuis 2002 ; en parallèle, pour relancer la croissance, baisser à 20% l'impôt sur les sociétés qui réinvestissent notamment les PME et le monter à 40% pour celles qui privilégient les dividendes ; enfin, financer un plan d'action pour l'emploi des jeunes en supprimant les subventions absurdes aux heures supplémentaires qui bloquent les embauches dans un pays qui souffre du chômage ». Interrogée sur son engagement à revenir à 3% de déficit en 2013, Martine AUBRY précise qu'elle souhaite « affecter 50% des marges de manœuvre financières ‐ suppression des niches fiscales, croissance ‐ à la réduction des déficits et 50% au financement d'investissements d'avenir, c'est‐à‐dire aux priorités que j'affirme : emploi ‐ tout pour l'emploi ‐, l'éducation, la sécurité ». (le 14) Et DSK… Nafissatou DIALLO a porté plainte au civil contre DSK, évoquant une agression « violente » et « sadique ». Kenneth THOMPSON et Douglas WIGDOR, ses avocats, ont affirmé dans la plainte que DSK avait « intentionnellement, brutalement et violemment agressé sexuellement Mme DIALLO », « humiliant », « violant et volant » la « dignité » de leur cliente « en tant que femme ». Ils réclament des dommages et intérêts d'un montant non précisé dans le cadre de cette action en justice intentée devant un tribunal du Bronx, jurant de dévoiler devant un jury d'autres exemples d'agressions sexuelles qu'ils imputent à DSK dans des chambres d'hôtel et des appartements. Les avocats de DSK ont déclaré que leur client allait se défendre des accusations avec vigueur. Le prochain rendez‐vous avec la justice est fixé au 23 août. (le 09) A lundi. www.greliermichel.eu
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Semaine 33 – du lundi 15 au dimanche 21 août 2011 La pesée médiatique des morts Le titre de cette semaine est venu après une conversation avec Thomas. Il a passé cette semaine entre Belgique et Pays‐Bas, météo moyenne mais bon repos. Il a été très marqué par le « coup de vent » violent et local qui s’est abattu sur un gigantesque festival de rock à Hasselt : le Pukkelpop. Bilan actuel : quatre morts. Ce qui l’a frappé en parallèle, c’est le « coup de vent » médiatique qui s’en est suivi, comme la réplique d’un tremblement de terre. C’est tout à fait ça. Comme après le carnage norvégien… un déchaînement des éléments médiatiques, puis le ciel se dégage à nouveau et les mémoires se vident. Penses‐tu que nous prenons le problème de l’information à l’envers ? Est‐ce que ces « coups de vent » nous empêchent de réfléchir ? Avons‐nous perdu le sens critique et le bon sens ? Peut‐être. Quand je vois toutes ces informations macabres venant, semaine après semaine, de Libye, de Syrie, et que pas le moindre vent médiatique ne se lève, je me pose des questions. Voir ce que valent ici, médiatiquement, un, deux, … quatre morts dans un festival de jeunes, et ce que valent vingt, trente, … cinquante morts à Lattaquié ne me laisse pas indifférent. Je vais en rajouter dans ce sens… Au troisième jour de l'offensive militaire dans Lattaquié, on faisait état d'un bilan de près de 30 morts, peut‐être plus, depuis le 13 août. Les soldats sont entrés dans plusieurs quartiers du camp de réfugiés palestiniens d'Al‐
Ramel. Les forces de sécurité interpellaient des jeunes gens et les détenaient dans un stade situé à proximité. Les soldats sont entrés à Houla, un quartier d'Homs. Plus de 700 personnes ont été arrêtées dans la région depuis début août. (le 15) Des tirs à l'arme lourde sont entendus à Lattaquié. Plus de 35 morts en quatre jours d'assaut militaire de la ville. L'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) estime que 5.000 réfugiés ont fuit Al‐Ramel depuis le début des bombardements. (le 16) A Lattaquié, soumise à quatre jours d'assaut militaire, les centres de détention sont pleins, obligeant les autorités à détenir des centaines d'autres prisonniers dans le principal stade de football et un cinéma de la ville. Des centaines d'agents des services de sécurité effectuent des fouilles dans le quartier d'Al‐Ramel qu'au moins 10.000 réfugiés palestiniens auraient déserté en raison des violences. En quatre jours, l'offensive de l'armée à Lattaquié aurait fait au moins 37 morts et contraint des milliers d'habitants à prendre la fuite. Plus de 1.800 civils ont été tués depuis le début de la révolte. (le 17) Des centaines de personnes ont été arrêtées et conduites dans un stade de Lattaquié au cinquième jour de la répression menée dans des quartiers sunnites de la ville. Environ 700 membres des forces de sécurité se dont déployés dans al Raml au prétexte que certaines habitations ne disposaient pas de permis de construire. (le 17) www.greliermichel.eu
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Neuf morts à Homs, tandis que Bachar el‐ASSAD affirme à BAN Ki‐moon que les opérations militaires et policières ont cessé. (le 18) La répression a fait 18 morts dans tout le pays. (le 18) Plus de 1.800 civils ont été tués depuis la mi‐mars. (le 18) Les forces de sécurité ont ouvert le feu sur les manifestants et procédé à une nouvelle vague d'arrestations, quelques heures à peine après qu'Américains et Européens aient, pour la première fois aussi explicitement, appelé à la démission de Bachar el‐ASSAD. Une personne a été tuée dans une banlieue de Damas, et une autre à Homs. (le 19) Cinq personnes ont été tuées à Ghabagheb, cinq autres à Hirak, une à Inkhil, une autre à Nawa et une dernière à Homs. (le 19) Ce sont huit personnes qui ont été tuées à Ghabagheb, cinq à Hirak, trois à Homs, deux en banlieue de Damas, une à Inkhil et une à Nawa, soit un total de 20 morts. (le 19) Les forces de sécurité ont tiré sur des manifestants, tuant deux personnes à Rastan et en blessant au moins huit autres à Homs L'une des victimes de Rastan serait un activiste et l'un des organisateurs de la contestation, Mahmoud AYOUB. (le 20) Que comprendre à l’imbroglio syrien sur les Droits de l’homme et l’humanitaire ? Navi PILLAY va demander au Conseil de sécurité de l'ONU que la Cour pénale internationale (CPI) ouvre une enquête sur la répression par le régime syrien du mouvement de contestation. (le 18) De nombreuses atrocités présumées perpétrées par les forces de sécurité sont décrites dans le rapport de la mission onusienne, dirigée par le Haut‐Commissaire adjoint pour les droits de l'homme KANG Kyung‐wha. Des manifestants blessés ont été achevés dans les hôpitaux, notamment en étant enfermés vivants dans les frigos des morgues. Le 01 mai, 26 hommes ont été exécutés, les yeux bandés, dans un stade de Deraa. Les forces de sécurité ont ouvert le feu de manière indiscriminée sur des manifestations pacifiques, parfois du haut d'hélicoptères, tuant des centaines de personnes, y compris des femmes et enfants. « Les enfants ont non seulement été pris pour cible par les forces de sécurité mais également soumis de manière répétée aux mêmes violations que les adultes, y compris la torture ». Le rapport cite le cas de Hamza al‐KHATIB, 13 ans, du village de Jiza, dont la famille a récupéré le corps mutilé, pénis sectionné, des semaines après sa disparition, le 29 avril. La mission onusienne n'a pas eu le droit d'entrer en Syrie, mais a interrogé, entre le 15 mars et le 15 juillet, des témoins dans la région, y compris des manifestants et d'anciens membres des forces de sécurité ayant fait défection. Ces témoins ont fourni aux enquêteurs les noms de 353 personnes exécutées sommairement, et fait état de la présence d'« agents provocateurs » dans les manifestations, des membres des forces de sécurité en civil. Les auteurs du rapport ont également dressé une liste confidentielle de 50 auteurs www.greliermichel.eu
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présumés de ces violences, à « divers échelons » au sein du régime, qui pourraient faire l'objet de poursuites devant la CPI. (le 19) Lors d'une réunion à huis clos du Conseil de sécurité de l’ONU, la coordinatrice des affaires humanitaires (OCHA), Valérie AMOS, a déclaré que Damas avait autorisé une équipe de l'OCHA à se rendre en Syrie le 20 août. (le 19) La délégation de l'ONU est arrivée à Damas avec pour mission officielle d'évaluer les besoins humanitaires de la population. (le 21) Quand les Etats et la communauté internationale s’expriment à propos d’un autre Etat, c’est de la diplomatie La Jordanie a pour la première fois condamné officiellement la répression sanglante : le Premier ministre Marouf al‐BAKHIT a appelé son homologue Adel SAFAR à mettre « rapidement » fin aux opérations contre la contestation et à mener des réformes politiques, disant attendre des « mesures urgentes et concrètes ». (le 15) Ahmet DAVUTOGLU : le sang doit cesser de couler « immédiatement et sans conditions ni excuses », sinon il faudra « discuter des mesures à prendre », sans préciser lesquelles. (le 15) L'Iran est le dernier grand pays à soutenir ouvertement la Syrie. Téhéran, qui s'y connaît en matière d'isolement diplomatique, considère le gouvernement syrien comme un bastion de la résistance à Israël et aux alliés des Etats‐Unis. Mohammed MARANDI, professeur associé à l'université de Téhéran : l'Iran n'a d'autre choix que de soutenir Bachar al ASSAD. Les deux régimes soutiennent les adversaires d'Israël que sont le Hamas et le Hezbollah. (le 15) Le gouvernement tunisien a décidé de rappeler son ambassadeur à Damas pour consultations. (le 17) Barack OBAMA appelle Bachar el‐ASSAD à quitter le pouvoir. (le 18) L'Union européenne, via Catherine ASHTON, appelle Bachar el‐ASSAD à démissionner. Dans une déclaration commune, Nicolas SARKOZY, Angela MERKEL et David CAMERON appellent Bachar el‐ASSAD à « quitter le pouvoir ». (le 18) Barack OBAMA a ordonné le gel des avoirs du gouvernement de Damas et a interdit aux ressortissants américains d'avoir des relations commerciales et d'investir en Syrie. Les importations de pétrole syrien sont également interdites aux Etats‐Unis. La Suisse a rappelé pour consultations son ambassadeur en poste à Damas. Un rapport accablant remis à Genève au Conseil des droits de l'homme de l'Onu affirme que les forces syriennes ont ouvert le feu sur des manifestants pacifiques, souvent à bout portant et sans avertissement, tuant au moins 1.900 civils depuis cinq mois, ce qui pourrait constituer un crime contre l'humanité. (le 18) Moscou apporte son soutien à son allié de longue date. Le ministère russe des Affaires www.greliermichel.eu
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étrangères a estimé qu'il faut laisser le temps à Bachar el‐ASSAD de mettre en œuvre les réformes qu'il a promises. Pour Moscou, Bachar el‐ASSAD a déjà montré sa bonne volonté en levant l'état d'urgence ‐ qui était en place depuis des décennies ‐ et en publiant un décret autorisant les manifestations pacifiques. (le 19) Et pendant ce temps, que fait Bachar el‐ASSAD à Damas ? Bachar el‐ASSAD a limogé le gouverneur de la province d'Alep, Ali MANSOUR, remplacé par Mowaffak KHALLOUF. Aucune raison n'a été fournie. (le 15) Bachar al ASSAD doit prendre la parole sur la situation actuelle qui prévaut en Syrie, (...) de l'implication des Etats‐Unis et des pressions des pays occidentaux dans les domaines politique et économique. (le 21) Après la Syrie, la Libye… mais tu en as l’habitude. Le CNT n'est en négociations ni avec le gouvernement de KADHAFI ni avec l'émissaire de l'ONU pour la Libye en vue d'un règlement du conflit intérieur. Interrogé sur les informations qui faisaient état de négociations secrètes dans l'île tunisienne de Djerba, Moustafa ABDELDJEÏL a démenti que des discussions aient lieu en coulisse avec des représentants de KADHAFI. (le 16) La Tunisie a reconnu le CNT comme « le représentant légitime du peuple libyen ». (le 21) Après le CNT, les opérations sur le terrain évoluent. Les forces de KADHAFI ont repoussé les rebelles du centre de Zaouïa lors de violents combats, pour tenter d'empêcher l'opposition de conforter sa progression vers Tripoli. L'avancée de l'insurrection suscite des craintes à Tripoli, où les habitants redoutent la perspective d'affrontements prochains dans la capitale. Des civils fuyant la ville en voiture ont passé des contrôles sur une route du désert autour de Zaouïa, en direction des régions montagneuses tenues par les rebelles dans l'ouest du pays. (le 15) KADHAFI a appelé les Libyens à libérer leur pays « des traîtres et de l'OTAN ». Le message a été enregistré sur une ligne téléphonique de mauvaise qualité et retransmis par la télévision d'Etat. En réalisant une progression spectaculaire, les rebelles ont pris le contrôle de Zaouïah, ce qui leur permet de bloquer les livraisons de vivres et de carburant en provenance de Tunisie et destinées à Tripoli. Tripoli ne semble pas directement menacé dans l'immédiat, mais les rebelles contrôlent à présent la côte aussi bien à l'est qu'à l'ouest. Au nord, un blocus naval assuré par l'OTAN est en place et, au sud, des combats sont en cours. (le 15) Les forces libyennes ont tiré un missile Scud pour la première fois depuis le début du soulèvement. Le Scud a été tiré le 14 août d'un endroit situé à 80 km à l'est de Syrte. Il est tombé dans le désert à l'est du terminal pétrolier de Brega, là où est la ligne de front orientale. Depuis le début de la guerre, les forces fidèles à KADHAFI ont utilisé des www.greliermichel.eu
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roquettes Grad de moyenne portée mais pas leurs Scud, d'une portée d'environ 300 km et que la Libye a achetés à l'Union soviétique et à la Corée du Nord. Les stocks de Scud ont été les cibles des premières frappes aériennes de l'OTAN, fin mars. Les Etats‐Unis, qui se montraient peu optimistes sur le conflit libyen, se sont félicités des récents progrès militaires enregistrés par les rebelles. (le 16) Des combats opposaient les forces de l'insurrection et celles de KADHAFI pour le contrôle de la raffinerie de pétrole de Zaouïa, la seule qui fonctionne encore dans le nord‐ouest de la Libye. Ce site fournit le pétrole et le gaz de Tripoli. (le 17) Les rebelles qui contrôlent depuis deux jours la ville de Zaouïah, ont lancé une attaque pour prendre la raffinerie dans les faubourgs. Les soldats gouvernementaux, « encerclés de toutes parts », ont abandonné les villes de Tidji et de Badr et se replient vers la frontière tunisienne. (le 17) Zawiyah est le dernier verrou majeur pour la rébellion sur la route de Tripoli et les forces de KADHAFI font tout pour la défendre. Les forces gouvernementales pilonnent sans relâche les maisons, mosquées et rues de la ville ; les tireurs d'élite du régime, positionnés au sommet des plus hauts immeubles, tirent sur tout ce qui bouge. (le 18) Cinq fortes explosions ont frappé le cœur de Tripoli. Les avions de chasse de l'OTAN sont passés au‐dessus de la ville peu après les explosions, sans que l'on sache dans l'immédiat quelles étaient leurs cibles ni s'il y avait des victimes, civiles ou autres. (le 18) A Zawiyah, les insurgés affirment contrôler le complexe pétrolier. Bilan : 70 hommes tués et plus de 55 blessés dans les affrontements de ces trois derniers jours. (le 18) Les insurgés ont pris le contrôle de Gariane et coupé la route qui mène à Tripoli. Un char T34 et un canon antiaérien pris aux forces de KADHAFI sont en position sur la grand‐
place de Gariane. (le 18) Les insurgés se sont emparés de Surnam, située sur l'axe stratégique entre Tripoli et la frontière tunisienne. (le 19) Les rebelles ont pris le contrôle de la place principale de Zawiyah. Les troupes de KADHAFI restent implantées dans la partie est de la ville. Les insurgés tentent de les en déloger afin de revendiquer le contrôle total de Zawiyah. (le 20) Les rebelles ont pris le contrôle complet de Zaouïa. Depuis trois semaines, les insurgés se rapprochent de Tripoli par l'ouest, le sud et l'est, et ont fortement réduit la part du territoire contrôlée par le régime KADHAFI. Les forces fidèles à KADHAFI ont commencé à barrer les rues à Tripoli avec du béton et installé de nouveaux points de contrôles. Les forces semblaient se préparer à la bataille en postant davantage de soldats sur les toits. Autre victoire militaire revendiquée par l'insurrection : Brega. Les rebelles revendiquent la prise de Zlitan, à l'issue de combats qui auraient fait 31 morts et 120 blessés dans les rangs de l'insurrection. Zlitan constituait un obstacle majeur à l'avancée vers Tripoli depuis l'est. (le 20) Environ 600 insurgés partis de Zaouïa sont arrivés aux abords de Jedaïm. Les forces pro‐
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KADHAFI arrosaient les positions rebelles de roquettes et d'obus de mortier, faisant même usage de batteries anti‐aériennes. (le 21) Les insurgés se sont emparés d'une grande base militaire qui défend Tripoli, celle de la « Brigade Khamis ». La 32e Brigade est désignée par le nom de son commandant, Khamis KHADAFI. C'est l'une des unités les mieux entraînées et équipées de l'armée libyenne. Les rebelles ont mis la main sur de vastes magasins d'armes. (le 21) L'insurrection s'est emparée d'une grande base militaire défendant Tripoli tandis qu'affrontements et manifestations faisaient rage dans la capitale. Des rebelles qualifiés de « cellules dormantes » par l'opposition affrontaient pour le deuxième jour d'affilée les forces de KADHAFI et de grandes manifestations anti‐gouvernementales se déroulaient dans plusieurs quartiers. Des habitants ont signalé des accrochages dans tout Tripoli ainsi qu'à l'aéroport militaire de Mitiga. Ils ont fait état de fortes explosions, fusillades et grandes manifestations contre le régime dans les quartiers de Ben Achour, Fachloum et Tajoura. Par endroits, des milliers de personnes auraient manifesté alors que des tireurs faisaient feu depuis des bâtiments élevés. (le 21) KADHAFI a exhorté les Libyens à prendre les armes pour mettre fin au soulèvement entamé dans la nuit à Tripoli, à l'approche des rebelles qui s'apprêtent à donner l'assaut à la capitale. « J'ai peur qu'ils ne brûlent Tripoli si nous n'agissons pas. Il n'y aura plus ni eau, ni nourriture, ni électricité ni liberté ». « Je donne l'ordre d'ouvrir les stocks d'armes. J'appelle tous les Libyens à se joindre à la lutte. Que ceux qui ont peur donnent leurs armes à leurs mères et à leurs sœurs. Sortez ! Je serai avec vous jusqu'à la fin. Je suis à Tripoli. Nous vaincrons ! » Préparé depuis des mois, le soulèvement de Tripoli a été coordonné par des cellules de l'opposition sur place. Elles n'ont fait que suivre les plans établis il y a des mois et répondu au signal. Le feu vert est venu au moment de l'« iftar », le repas que prennent les musulmans au coucher du soleil pendant le ramadan. C'est à ce moment que les imams ont utilisé les haut‐parleurs des minarets pour appeler les adversaires de KADHAFI à descendre dans les rues. Fusillades et explosions ont ensuite retenti en plusieurs points de la ville. La chute de KADHAFI ne semble pas certaine. Ses forces lui sont restées fidèles et Tripoli est sans commune mesure avec les localités tombées jusqu'ici aux mains d'insurgés dont l'organisation à longtemps laissé à désirer. Des tireurs d'élite ont été postés sur les toits autour de Bab al Aziziah, le complexe qui abrite la résidence de KADHAFI. Des messages diffusés à la télévision exhortent les habitants à ne pas laisser les insurgés prendre position sur leurs toits. (le 21) Le chef de file du CNT, Moustapha ABDELDJEÏL : « Nous avons eu confirmation de l'information selon laquelle nos hommes ont capturé Saïf al Islam. Nous avons donné des instructions pour qu'il soit bien traité afin qu'il puisse être jugé ». (le 21) Et l’OTAN ne reste pas inactive. Ses moyens sont devenus sophistiqués. Les Etats‐Unis annoncent avoir déployé deux autres drones ‐ avions sans pilote ‐ de surveillance Predator au‐dessus de la Libye. Le nombre exact de ces appareils actuellement en opération est tenu secret. (le 18) www.greliermichel.eu
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Des avions de l'OTAN ont bombardé plusieurs objectifs dans Tripoli. Les autorités ont conduit des journalistes dans un quartier résidentiel où plusieurs bâtiments ont été détruits. C'est la résidence d'Abdallah al SENOUSSI, chef des services de renseignement, qui a été touchée. Un garde d'origine indienne aurait péri dans le bombardement. Abdallah al SENOUSSI, qui est marié à une sœur de KADHAFI, est l'un des trois dirigeants, avec KADHAFI et son fils Saïf al Islam, poursuivis pour crimes de guerre par la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye. On ignore s'il se trouvait sur place au moment de l'attaque. (le 19) Et les diplomates… L'envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU pour la Libye, Abdel‐Elah Al‐KHATIB, est arrivé à Tunis pour des négociations. Abdel‐Elah Al‐KHATIB devait rencontrer Mouldi KEFI, et se réunir avec les parties libyennes dans un hôtel de Tunis. Une rencontre avec un représentant d’Hugo CHAVEZ n’était pas exclue. Ce représentant vénézuélien se trouve depuis plusieurs jours à Djerba, où se dérouleraient des négociations entre des représentants des insurgés et du gouvernement libyen. Dominique de VILLEPIN est arrivé à bord d'un avion spécial en provenance de Genève dans cette île du sud tunisien où « une activité diplomatique et sécuritaire inhabituelle » aurait été constatée. Dominique de VILLEPIN est accompagné de trois de ses collaborateurs. (le 15) Abdel‐Elah Al‐KHATIB a rencontré des représentants du gouvernement libyen et du CNT, précisant qu'il ne s'agissait nullement de pourparlers. Il n'a fourni aucun détail sur l'identité et le rang de ses deux interlocuteurs ainsi que sur la teneur des discussions. Il a eu également des consultations avec Béji Caïd ESSEBSI et a quitté Tunis. (le 16) Qunat à la Libye selon Kadhafi Le ministre libyen de l'Intérieur s'est posé à l'aéroport du Caire avec neuf membres de sa famille. Nassr al‐Mabrouk Abdullah, arrivé de Tunisie en avion spécial, aurait déclaré aux autorités qu'il se trouvait en Egypte pour « une visite touristique ». Une défection n'est donc pas évoquée mais le secret entourant cette arrivée et le fait qu'aucun membre de l'ambassade de Libye en Egypte, restée loyale à KADHAFI, ne se trouvait à l'aéroport pour accueillir le ministre laisse planer le doute. (le 15) L'hôpital universitaire de Zaouïah, qui compte 600 lits, avait été réquisitionné par l'armée et transformé en immense dépôt d'armes, en particulier l'étage situé en dessous de la maternité. (le 15) Six mois après le début de l'insurrection, KADHAFI semble plus que jamais isolé et face à une alternative simple : défendre coûte que coûte Tripoli ou négocier une sortie honorable. Les rebelles ont enregistré plusieurs succès stratégiques et psychologiques en prenant le contrôle de Zaouïah, ainsi que de Gariane, au sud de Tripoli. Cette progression des insurgés soutenus par l'aviation de l'OTAN risque de perturber encore plus les ravitaillements en carburant et en denrées alimentaires dans le fief kadhafiste. Toutefois, la prudence sur les chances de victoire finale des rebelles reste de rigueur, l'histoire du conflit montrant que les gains territoriaux ont souvent été suivis par des www.greliermichel.eu
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pertes équivalentes. Si les insurgés parviennent à consolider leurs positions, la fin du régime instauré par KADHAFI apparaîtrait plus proche que jamais. Encercler Tripoli et couper le ravitaillement de la capitale peut aboutir à trois scénarios. À court de carburant et incapables de mobiliser armes et renforts, les forces de sécurité kadhafistes décident que déposer les armes et rejoindre la rébellion est la seule solution. Les opposants à KADHAFI au sein même de son appareil sécuritaire tentent de lancer une insurrection à l'intérieur de la capitale elle‐même. Des membres de l'opposition clandestine, dont certains sont armés, ont expliqué qu'ils attendaient le bon moment pour fomenter une révolte. KADHAFI accepte de négocier sa sortie. Cela pourrait signifier pour lui et sa famille le chemin de l'exil et la garantie de ne pas être traduit devant la Cour pénale internationale (CPI). Les gens qui connaissent KADHAFI savent que, derrière son comportement enflammé, il est un fort pragmatique et capable de conclure un accord pour sauver la vie des membres de sa famille. Toutefois, il ne se résoudra à pareille solution qu'en dernier recours, lorsqu'il aura perdu tout espoir de retourner la situation à son avantage. Le pire scénario serait que la stratégie des rebelles conduise à une position figée sur le terrain, KADHAFI parvenant à se maintenir dans Tripoli. Dans ce cas pourrait s'ouvrir une guerre urbaine très coûteuse pour la population. (le 16) Fernando CALADO, de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) précise que de plus en plus de résidents étrangers demandaient à quitter Tripoli. Selon lui, plus de 300.000 étrangers résident toujours à Tripoli, dont de nombreux Philippins et Sri‐Lankais, ainsi que des Tchadiens, des Egyptiens et des Tunisiens. « Nous avons reçu 2.000 demandes (...) Nous étudions la possibilité d'évacuations aussi bien par air, par mer que par voie de terre ». A Misrata, découverte d'une fosse commune contenant les corps de 150 civils qui auraient été massacrés par les hommes de KADHAFI. (le 18) Sur le plan politique, le commandant Abdessalam JALLOUD a quitté l'aéroport de Djerba à destination de l'Italie. Membre du conseil du Commandement de la Révolution de 1969, Abdessalam JALLOUD était considéré comme le numéro deux du régime avant d'être mis à l'écart dans les années 1990. Il a fui Tripoli pour se réfugier à Zenten contrôlée par les insurgés, avant de gagner le territoire tunisien. (le 20) Que devient l’aspect humanitaire de ces affrontements en Libye ? Le gouvernement néerlandais a annoncé le déblocage de 100 Mio euro issus des fonds gelés du régime KADHAFI afin que l'Organisation mondiale de la santé achète des médicaments pour les civils libyens. Uri ROSENTHAL a précisé que cette décision avait été prise, avec le feu vert d'un comité des sanctions de l'ONU, en réponse à un appel urgent de l'OMS. Les Pays‐Bas sont le premier Etat à prendre une telle mesure. (le 15) L'OMS espère pouvoir commencer à acheminer des médicaments indispensables vers la Libye après le dégel d'avoirs du régime KADHAFI décidé par le gouvernement néerlandais à hauteur de 100 Mio euro. (le 16) L'OIM va organiser une opération d'évacuation, probablement par bateau, de milliers d'étrangers bloqués à Tripoli. La majorité de ces étrangers sont des expatriés égyptiens. L'avancée des forces insurgées a pratiquement isolé Tripoli, coupée de ses lignes de www.greliermichel.eu
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ravitaillement, ce qui rend pratiquement impossible une évacuation par voie de terre. Depuis le début de l'insurrection, plus de 600.000 étrangers ont quitté la Libye. Entre 1,5 et 2,5 Mio d'étrangers vivaient en Libye avant le début de la guerre civile. La plupart sont des travailleurs venus du reste de l'Afrique ou bien d'Asie. Des milliers d'Egyptiens et d'autres ressortissants étrangers, y compris des journalistes bloqués dans Tripoli, ont demandé à être évacués. L'OIM a affrété un autre navire pour évacuer des étrangers de Misrata. L'OIM a déjà évacué 8.300 étrangers et des blessés libyens de Misrata. (le 19) Un passage par Lampedusa Près de 2.000 personnes sont arrivées par bateau sur Lampedusa en provenance de Libye et de Tunisie. Environ 1.800 des migrants étaient en provenance de Janzour, près de Tripoli. Depuis le début de l'année, 52.000 personnes sont arrivées en Italie en provenance d'Afrique du Nord. Un peu plus de la moitié est partie de Libye, mais le nombre des Libyens sur l'ensemble des ressortissants exilés était faible. (le 16) Après la Syrie et la Libye, l’Egypte. Le procès de MOUBARAK a repris au Caire. Comme lors de la première audience, il a comparu sur une civière. (le 15) Le juge qui préside le procès de MOUBARAK a interdit les retransmissions télévisées des débats jusqu'au verdict final. Un procès public répondait à une exigence clé des manifestants qui ont réoccupé la place Tahrir du Caire. Le juge Ahmed REFAAT a ajourné le procès au 05 septembre en annonçant qu'il serait traité conjointement avec celui d’Habib el ADLI et de six autres personnes, dans le souci d'alléger les procédures. L'air austère et calme, MOUBARAK, pull‐over bleu et mains jointes sur la poitrine, a échangé quelques mots avec ses fils Alaa et Gamal, également jugés, et a répondu « présent » lorsque le juge a prononcé son nom. Il ne portait pas l'uniforme blanc réglementaire des prisonniers. (le 15) Ce procès est une chose importante, mais l’aspect politique de l’avenir du pays devient la principale préoccupation pour les Egyptiens et pour tous ceux qui observent leurs progrès, ou reculs. Des groupes politiques libéraux alliés à un parti islamiste traditionnaliste ont formé une coalition, « Le Bloc égyptien », dans le but de remporter les élections législatives de novembre face aux puissants Frères musulmans. L'alliance des 15 groupes politiques a décidé de lever ensemble des fonds en vue des élections, de présenter une liste commune de candidats et de faire campagne main dans la main. Elle soutient également la proposition de « décret constitutionnel » du gouvernement d'Essam CHARAF, qui vise à empêcher les islamistes à rédiger seuls le projet de nouvelle constitution s'ils obtiennent la majorité aux élections. En plus du Front démocratique, la coalition comprend le Parti des Egyptiens libres, un parti progressiste dirigé par le magnat chrétien des télécoms Naguib SAWIRIS, le Syndicat des paysans et le Parti de libération soufi, qui regroupe des islamistes traditionnalistes. Le parti libéral Wafd a aussi rejoint la coalition, après avoir menacé de mettre fin à son www.greliermichel.eu
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alliance avec les Frères musulmans en raison de divergences sur la nouvelle Loi fondamentale. (le 15) Aspect politique aussi, en Tunisie. Béji Caïd SSEBSI a mis en garde contre un échec de l'élection du 23 octobre, appelée à être la première consultation « libre, démocratique et transparente » de l'histoire de la Tunisie. A cette date, les Tunisiennes et les Tunisiens doivent élire une assemblée constituante dont la tâche essentielle sera d'élaborer une nouvelle constitution en remplacement de celle amendée « sur mesure » par BEN ALI. Le discours de Béji Caïd ESSEBSI a été favorablement accueilli par la plupart des acteurs de la scène politique présents à l’événement. (le 18) Sans oublier le Maroc. Le gouvernement marocain a proposé la tenue d'élections législatives anticipées le 11 novembre, avec dix mois d'avance sur le calendrier initial. (le 15) Des élections législatives anticipées auront lieu le 25 novembre. Le scrutin, normalement prévu pour juin 2012, a été avancé afin d'engager les réformes constitutionnelles annoncées par le roi MOHAMMED VI. La date de novembre constitue un compromis entre les partis qui insistaient pour que le scrutin se tienne en octobre et ceux qui demandaient un peu plus de temps pour mieux préparer cette échéance. (le 16) Au Yémen, on reste dans les affrontements, politiques ou sur le terrain. Les groupes de l'opposition et les chefs de file des manifestations ont formé un conseil national pour accroître la pression sur le président SALEH. Salem Mohammed BASSINDOUA, haute personnalité de l'opposition, a déclaré que des partis politiques et des organisations de jeunes avaient nommé 143 membres au sein du nouveau conseil pour représenter le peuple. « C'est un conseil révolutionnaire destiné à faire tomber » la famille SALEH. (le 17) Deux composantes de l'opposition ont formé un Conseil national pour en finir avec les divisions, mais 23 de ses 143 membres ont fait défection, jugeant la représentation du nord et du sud du pays inéquitable. Malgré la réunification de 1990, les Sudistes se disent toujours victimes de discriminations de la part du Nord. Leur défection n'a pas empêché le Conseil de porter à sa tête Mohamed BASSINDOUA, figure de l'opposition et ancien ministre des Affaires étrangères originaire d'Aden, au Sud. (le 20) Les mots de la fin restent, semaine après semaine, en français de France. Premier discours de campagne présidentielle. Eva JOLY propose de « réformer radicalement » le système financier « qui est en train d'imploser sous nos yeux ». « Préoccupée par les conséquences de la crise financière la plus grave depuis la guerre », Eva JOLY plaide pour « des mesures concrètes pour éviter un chaos planétaire ». « Les leviers existent pour imposer un nouveau cours à la finance internationale ». Il est possible « d'interdire les ventes à découvert », qui permettent de vendre des titres que l'on ne www.greliermichel.eu
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détient pas encore, de « fermer les marchés de gré à gré de produits dérivés » « opaques », mais aussi d'empêcher les spéculations sur les dettes souveraines en interdisant les CDS à nu. Un contrat CDS (credit default swap, couverture de défaillance) à nu consiste pour un fonds d'investissement ou spéculatif à parier sur l'incapacité de l'émetteur de l'obligation à rembourser sa dette. Eva JOLY propose de créer une agence de notation publique européenne. « Les hedge funds, les fonds de pension, les paradis fiscaux, les traders ou les banquiers ne feront plus la loi ! » (le 20) Eva JOLY a mis la pression sur le Parti socialiste en estimant que « la sortie du nucléaire ne se négocie pas, elle s'impose ». Elle a prévenu qu'il « n'y aura pas d'écologistes dans un gouvernement qui n'engagerait pas la sortie du nucléaire ». La question de la sortie du nucléaire n'est pas encore tranchée rue de Solférino, certains parlant seulement d'une sortie du tout‐nucléaire. Pour l'heure, le projet socialiste propose de développer les économies d'énergie et les énergies renouvelables « pour sortir de la dépendance du nucléaire et du pétrole ». Eva JOLY a averti le PS qu'Europe Ecologie‐Les Verts ne se contenterait pas de faire de la figuration, quelles que soient les craintes d'une réédition du 21 avril 2002. « Pour gagner la présidentielle, notre voix n'est pas un problème, elle est une solution ». « Vous m'avez choisie comme candidate à la présidence de la République, pas comme candidate au ratissage des voix écologistes pour le compte du Parti socialiste ». « Nous n'avons aucun complexe face au Parti socialiste ». « Il s'est trop souvent comporté de façon hégémonique voire méprisante face à nos demandes légitimes », reprochant au PS d'avoir « trop souvent renié ses engagements ». (le 20) Un petit coup de Lagarde dans l’affaire Tapie contre le Crédit lyonnais Le parquet général de la Cour de cassation a saisi la commission d'instruction de la Cour de justice de la République pour faire la lumière sur le rôle qu'a pu jouer Christine LAGARDE dans le litige. L'enquête de la CJR est donc officiellement ouverte. (le 16) Et mon DSK pour boucler le tout. Les avocats de DSK contre‐attaquent, après la publication d'un rapport médical qui conclut que Nafissatou DIALLO a subi une agression sexuelle. L'hebdomadaire L'Express rapporte que le médecin qui a examiné Nafissatou DIALLO le 14 mai a remarqué une « rougeur » sur la partie inférieure du vagin, signe selon lui d'un « traumatisme ». Il a aussi noté que Nafissatou DIALLO se plaignait d'une douleur à l'épaule gauche. Le rapport conclut : « Diagnostic : agression. Cause des blessures : agression. Viol ». Me Kenneth THOMPSON explique que Nafissatou DIALLO s'est déchiré un ligament à l'épaule en chutant sur le côté, juste après la fellation forcée. Les avocats de DSK affirment pour leur part que le rapport sexuel était consenti. Ils ont estimé qu'il serait « trompeur et malhonnête » de présenter le rapport médical comme renforçant les charges pesant sur DSK. D'après les avocats de DSK, les observations médicales ne prouvent pas qu'il y ait eu contrainte. Les symptômes relevés sont « courants » et « compatibles avec de nombreuses causes autres que l'agression sexuelle ». Me Kenneth THOMPSON a estimé qu'il était « parfaitement absurde » d'affirmer que DSK avait eu avec Nafissatou DIALLO une relation consentie. (le 17) Me Kenneth THOMPSON a déclaré que sa cliente a été convoquée par le procureur Cyrus www.greliermichel.eu
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VANCE Jr, pour le 22 août, à la veille de l’audience cruciale. « Mon interprétation de la lettre (de convocation), c'est qu'ils vont annoncer qu'ils classent complètement l'affaire, ou abandonnent certains des chefs d'accusation ». (le 21) www.greliermichel.eu
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Semaine 34 – du lundi 22 au dimanche 28 août 2011 Le ramadan libyen Les choses basculent de plus en plus nettement en Libye. Oui, Thomas. Ce qui justifie le titre. Les insurgés avaient annoncés que l’affaire du pouvoir de KADHAFI serait réglée à la fin du ramadan. Nous y sommes presque. Honneur donc au Conseil national de transition, le CNT, et à son président. Moustapha ABDELDJEÏL a exhorté les rebelles à respecter l'ordre et la loi et promis des procès équitables aux responsables du régime de KADHAFI. « J'appelle tous les Libyens à faire preuve de retenue et à respecter les biens et les vies humaines, en s'abstenant de s'arroger le droit de rendre eux‐mêmes la justice ». (le 22) L'émissaire du CNT à Paris, Mansour Saïf al NASRA, a demandé l'aide de la communauté internationale afin de construire une Libye démocratique. La France a prévu la tenue à Paris d'un sommet du groupe de contact sur la Libye pour fixer la « feuille de route » de l'après‐KADHAFI. Mansour Saïf al NASRA a rappelé que le CNT avait déjà promulgué une Constitution qui prévoit « la démocratie, la liberté d'opinion, les droits de l'homme, une justice indépendante, une cour des comptes, des élections libres et transparentes ». Il a déclaré que les anciens soutiens de KADHAFI qui n'ont pas de « sang sur les mains » pourraient faire partie d'un futur gouvernement. (le 22) L’avenir immédiat, comme l’organisation de la Libye future, ont été décrits par Mahmoud JIBRIL, lors de la conférence de presse après sa rencontre avec Nicolas SARKOZY Il y a « beaucoup d'informations non confirmées » sur le sort de KADHAFI. « Ce serait une chose exemplaire qu'on puisse arrêter KADHAFI » et « qu'on puisse le juger de façon équitable ». « S'il pouvait être jugé en Libye même, les choses seraient réglées mais s'il était arrêté et s'il était remis (à la justice internationale), la chose serait réglée aussi ». Evoquant « la nouvelle Libye », Mahmoud JIBRIL a assuré que « chacun aura son droit par le droit et par les moyens légaux et juridiques ». « La réconciliation nationale est inscrite sur la liste de nos priorités. (...) Nous allons édifier un Etat civil qui inclura tous les Libyens ». La première étape sera la formation d'une « conférence nationale », « un rassemblement des représentants de l'ensemble des villes et des régions libyennes sans exception ». Cette conférence nationale sera chargée de choisir une « commission pour rédiger une Constitution, et formera le gouvernement provisoire qui supervisera les élections législatives » et « présidentielle sous le contrôle d'observateurs des Nations unies ». Le projet de Constitution sera ensuite « soumis à référendum » et des élections « se tiendront dans un délai qui ne dépassera pas quatre mois après l'adoption » du texte. Après la tenue du scrutin, « le président du Parlement sera le président par intérim du pays », le temps d'organiser la présidentielle. Le « Parlement constituera l'autorité légitime jusqu'à l'élection du nouveau président et la formation du nouveau gouvernement », cette étape entraînant la dissolution du gouvernement intérimaire. (le 24) « Wanted : dead or alive », comme dans les westerns. www.greliermichel.eu
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Un groupe d'hommes d'affaires de Tripoli a offert une récompense de 2 Mio US$ (1,3 Mio euro) en échange de l'arrestation ou de la mort de KADHAFI. Les insurgés proposent l'amnistie à quiconque leur remettait KADHAFI ou le tuait. Mahmoud JIBRIL a été reçu par Nicolas SARKOZY, avant de s'entretenir avec Silvio BERLUSCONI à Milan. Des dirigeants de l'opposition se trouvaient également au Qatar pour des discussions avec des émissaires occidentaux et arabes sur les moyens de financer la reconstruction, après les appels lancés par le CNT à 2,5 Mia US$ (1,7 Mia euro) d'aide. (le 24) Moustafa ABDELDJEÏL : « Le CNT annonce que tout membre de son entourage qui tuera ou capturera KADHAFI se verra accorder une amnistie ou une grâce pour les crimes qu'il a pu commettre ». Il a ajouté qu'un homme d'affaires de Benghazi offrait en outre 2 Mio de dinars (1,3 Mio US$) de récompense. (le 24) Rome s'apprête à débloquer 350 Mio euro d'avoirs libyens gelés sur des comptes italiens. Il s'agit là d'une première tranche. L'Italie n'a pas révélé le montant total des avoirs libyens conservés par ses banques. L'Italie est le premier partenaire économique de la Libye, avec des échanges commerciaux de 11 Mia euro en 2010. (le 25) La Ligue arabe a reconnu le CNT comme le représentant légitime du peuple libyen, lui accordant un siège permanent au Conseil de la Ligue. Le représentant du CNT, Abdelmomein el HOUNI, a indiqué que la Libye reprendrait sa place de membre de la Ligue à l'occasion d'une réunion ministérielle le 27 août. (le 25) Le CNT a annoncé son installation dans la capitale Tripoli. (le 26) Les combattants rebelles à Tripoli vont être placés sous un commandement unifié et intégrés au sein d'une nouvelle armée nationale au terme d'une période de transition, annonce Abdel Hakim BELHADJ qui dirige l'insurrection armée dans Tripoli. Il précise que le commandement unifié des insurgés libyens serait confié à un Conseil militaire. Abdel Hakim BELHADJ a joué un rôle de premier plan dans l'offensive menée par les rebelles contre Tripoli. Issu de la mouvance islamiste, il s'était réfugié à la fin des années 1990 en Afghanistan, alors dirigé par les talibans. Il fait partie de la direction du Mouvement islamique pour le changement en Libye (Al Haraka al Islamiya al Libiya Lit‐
Tahghir), organisation composée pour l'essentiel d'anciens membres du Groupe islamique de combat en Libye (GICL). Ce GICL a disparu après avoir tenté de renverser KADHAFI dans les années 1990. Abdel Hakim BELHADJ est aussi connu sous le nom d'Abou Abdoullah al SADEK et il s'agit d'un chef militaire de grande qualité. (le 27) Dans les salons des chancelleries. Les tapis rouges se déroulent sous les pas du CNT. L'Egypte reconnaît le Conseil national de transition (CNT) en tant que représentant du peuple libyen. (le 22) www.greliermichel.eu
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Cinq nouveaux pays reconnaissent le CNT : Irak, Maroc, Bahreïn, Grèce et Nigeria. Mahmoud ABBAS a annoncé que son gouvernement reconnaissait le CNT, à l'instar de la Ligue arabe qui avait suspendu la Libye de l'organisation quand les forces de KADHAFI ont commencé à réprimer les manifestations. En juin, la Turquie a reconnu le CNT, mais pas comme unique représentant du peuple libyen, bien qu'Ankara ait rompu ses liens diplomatiques avec le gouvernement de KADHAFI. (le 23) Nicolas SARKOZY a déclaré que la France était disposée à continuer les opérations militaires pour soutenir les insurgés engagés dans les combats contre les forces fidèles à KADHAFI. Les opérations militaires de la coalition « cesseront » quand « M. KADHAFI et ses séides ne représenteront plus une menace pour le peuple libyen ». Nicolas SARKOZY a annoncé, en plein accord avec David CAMERON, qu’une conférence internationale se tiendra le 01 septembre à Paris. Il a souligné que la France avait exprimé son attachement à un « message de réconciliation, de rassemblement » et faisait confiance au CNT « pour qu'il n'y ait pas de règlements de comptes ». Il a ajouté qu’un ambassadeur français, à Benghazi, est « en partance pour Tripoli » et « il n'y a pas de forces spéciales françaises » au sol en Libye. (le 24) Le ministre marocain des Affaires étrangères et de la coopération, Taib Fassi FIHRI, a été reçu à Benghazi par Moustapha ABDELJALIL à qui il a transmis un message verbal du roi MOHAMMED VI. Le Maroc reconnaît le CNT comme représentant unique et légitime du peuple libyen. (le 24) La Chine a prôné une « transition stable du pouvoir » en Libye et elle a dit être en contact avec le CNT. Cette déclaration constitue le signe le plus clair jusqu'à présent que Pékin semble désormais considérer les insurgés comme les représentants légitimes de leur pays au détriment de KADHAFI. Pékin avait invité les insurgés à préserver ses investissements en Libye. YANG Jiechi a laissé entendre que Pékin ne souhaitait pas voir les pays occidentaux ayant soutenu militairement les insurgés coordonner les efforts internationaux pour la Libye de l'après‐KADHAFI. YANG Jeichi s'est entretenu avec son homologue brésilien Antonio PATRIOTA et a insisté sur la nécessité pour les pays Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) « d'exercer une influence active » en Libye. Les cinq Etats de ce groupe avaient tous fait part de leurs inquiétudes face à une éventuelle extension de la campagne aérienne de l'OTAN en Libye. (le 24) Le CNT briguera sa reconnaissance officielle aux Nations unies en septembre. Mahmoud DJIBRIL : « Nous espérons que la Libye occupera le siège qu'elle détient aux Nations unies ». (le 26) L'Union africaine en tant qu'institution ne reconnaîtra pas explicitement le CNT. Des responsables africains ont toutefois déclaré que vingt pays d'Afrique ‐ sur les 54 qui composent l'UA ‐ avaient individuellement reconnu le CNT. Le soutien de l'UA serait une avancée diplomatique importante pour le mouvement formé par les rebelles, déjà reconnu par plus de 40 pays comme le gouvernement effectif de la Libye. (le 26) Le CNT est un des pays de l’or noir. www.greliermichel.eu
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L'italien Eni, qui était le principal producteur étranger de pétrole en Libye, a fait son retour dans le pays, alors que les insurgés prévenaient les sociétés chinoises et russes qu'elles risquaient de perdre des contrats pour n'avoir pas soutenu la rébellion. Total a indiqué qu'il suivait avec attention la situation pour évaluer quand ses activités pourraient reprendre. La chute du régime libyen pourrait ouvrir les plus grandes réserves pétrolières d'Afrique à de nouveaux acteurs, comme la compagnie nationale du Qatar ou la société de négoce Vitol, qui seront en concurrence avec les géants européens ou américains présents avant l'insurrection. Des employés d'Eni sont arrivés sur place pour superviser un redémarrage des installations pétrolières dans l'est du pays, même si les combats se poursuivaient à Tripoli. L'autrichien OMV a dit n'avoir entamé aucune négociation avec les rebelles. L'allemand Wintershall, autre acteur majeur du secteur pétrolier sous l'ère KADHAFI, s'est refusé à tout commentaire. GDF Suez a fait état de négociations avec les insurgés sur une reprise de la production. GDF Suez lui‐même n'a pas de production en Libye. La plupart des géants pétroliers américains comme Marathon, ConocoPhillips ou Hess, ont adopté une attitude beaucoup plus prudente. (le 22) Les avancées des uns, les reculs des autres. Des combats se déroulent à Tripoli autour de la résidence de KADHAFI, dont le sort reste inconnu. Les insurgés contrôlent la plus grande partie de Tripoli. Des blindés des forces pro‐KADHAFI sont sortis de Bab al‐Aziziya et ont ouvert le feu. De violentes explosions et des coups de feu étaient entendus à proximité. (le 22) Mohammed KADHAFI a été placé en résidence surveillée mais a pu s'échapper avec l'aide de militaires loyalistes qui ont fait irruption dans la résidence où il était détenu et l'ont libéré à l'issue d'un affrontement avec ses gardiens. (le 22) Saïf al‐Islam KADHAFI est réapparu libre, alors que les rebelles avaient affirmé l'avoir capturé. Son arrivée soudaine, et même surréaliste, dans un hôtel de Tripoli où séjournent les journalistes étrangers a semé la confusion sur la situation à Tripoli. La Cour pénale internationale (CPI) avait confirmé la capture de Saïf al‐Islam. (le 23) La situation est confuse à Tripoli, que les insurgés disent contrôler en grande partie. La télévision libyenne a cessé d'émettre. Signe de la détermination des partisans de KADHAFI, l'OTAN a fait état de tirs de missiles sol‐sol, type Scud, des environs de Syrte en direction de Misrata. Les insurgés se sont emparés de l'aéroport de Tripoli et des appareils de l'OTAN ont bombardé le complexe de KADHAFI. Les insurgés avaient annoncé la capture de trois fils de KADHAFI, dont Saïf al Islam. Al Djazira a rapporté que le corps de Khamis, un chef militaire, pourrait avoir été découvert avec celui d'Abdoullah al SENOUSSI, le puissant chef des services de renseignement. Certains responsables occidentaux craignent que les divisions tribales, ethniques et politiques, y compris au sein des insurgés, ne débouchent sur des violences similaires à celles connues par l'Irak après le renversement de Saddam HUSSEIN. (le 23) Les rebelles ont pris le contrôle du grand port pétrolier de Ras Lanouf, dans le golfe de Syrte. Les insurgés ont refoulé les troupes loyalistes dans les environs de la ville de Bin www.greliermichel.eu
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Djaouad, à une cinquantaine de kilomètres à l'ouest de Ras Lanouf. (le 23) La Cour pénale internationale, qui avait annoncé l’arrestation de Saïf al‐Islam KADHAFI, a reconnu n'avoir jamais reçu de confirmation officielle des rebelles qu'il avait été capturé. L'apparition du fils de KADHAFI jette le doute sur les déclarations des rebelles. (le 23) Les affrontements se poursuivent dans les rues de Tripoli entre rebelles et forces kadhafistes, tandis que l'opposition tente d'affermir son contrôle sur l'ensemble de la Libye. Des frappes aériennes ont été menées car les forces de KADHAFI tentaient de réparer des systèmes d'armement endommagés dont des missiles sol‐air, « énorme menace » pour les appareils de l'Alliance et les vols humanitaires. L'une des cibles clés de l'insurrection est Syrte. Mais l'opposition reconnaît que la prise de la ville ne sera pas facile, compte tenu de l'engagement attendu de membres de tribus alliées de KADHAFI. Des dirigeants de la rébellion ont précisé qu'ils tentaient de négocier une reddition pacifique de la ville. Dans d'autres zones, de violents affrontements ont lieu près de Ben Jaouad (environ 650km au sud de Tripoli). (le 25) KADHAFI, toujours insaisissable, continue de narguer ses adversaires libyens comme occidentaux alors que certains de ses partisans poursuivent leur combat à Tripoli et ailleurs en Libye. Après la prise de Bab al Aziziah, les insurgés cherchent par tous les moyens à retrouver KADHAFI afin de démoraliser définitivement ses partisans qui refusent de déposer les armes. Ils considèrent que la guerre ne sera terminée qu'une fois KADHAFI entre leurs mains. (le 26) Enjeu stratégique dans la bataille que se livrent depuis plusieurs jours insurgés et forces pro‐KADHAFI près de la frontière tunisienne, le poste de Ras Jédir, principal point de passage entre les deux pays, est tombé aux mains des rebelles. Désormais, les rebelles contrôlent les deux postes frontaliers avec la Tunisie, celui de Dhéhiba‐Wazen, plus au sud, ayant été pris depuis avril. La prise de ce point de passage vital marque un tournant qui peut être décisif dans cette ultime étape des combats dans la mesure où elle permettra aux insurgés de maîtriser l'acheminement des produits de première nécessité (alimentaires, médicaux et carburant) vers la Libye. (le 27) Autre signe du délitement du camp KADHAFI : Mohammed SENOUSSI, chef d'une brigade et fils du patron des services secrets Abdallah SENOUSSI, a négocié l'hospitalisation de vingt de ses hommes à l'hôpital tripolitain d'El‐Afia. Mohammed SENOUSSI paraissait fatigué, alors que certains de ses hommes réclamaient des médicaments pour rester éveillés. Six Mercedes blindées auraient été vues en train de franchir la ville frontalière de Ghadamès vers l'Algérie. Ce convoi pourrait avoir transporté des caciques du régime déchu et leur famille, mais les rebelles n'ont pu l'intercepter faute de munitions et d'équipement. Le gouvernement algérien a démenti cette information. (le 27) Les rebelles affirment avoir repris la ville côtière de Ben Jawad. Les insurgés contrôlent désormais une bonne partie du pays et ont averti les forces contrôlant Syrte, et notamment les tribus locales, qu'ils prendraient la ville de force à moins qu'un accord de reddition ne soit conclu. (le 28) www.greliermichel.eu
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Les autorités tunisiennes ont rouvert le poste‐frontière de Ras Jdir. Dans les heures qui ont suivi sa réouverture, des camions chargés à ras bord de vivres et d'eau ainsi qu'une centaine de voitures particulières ont pénétré en Libye. (le 28) Une série de réalités monstrueuses sont découvertes après que les kadhafistes aient été chassés de Tripoli. Un officier libyen, le colonel Abderrazak RAJHI, a affirmé à Tunis avoir été chargé par le régime de KADHAFI de perpétrer un attentat à l'explosif contre une ambassade arabe à Tunis, sans dévoiler le nom du pays visé. L'ambassade ciblée était celle « d'un pays auquel le régime de KADHAFI en voulait particulièrement ». L'ordre d'accomplir cette mission a été donné par « ses supérieurs hiérarchiques, mais devait immanquablement provenir de KADHAFI qui est le chef suprême des forces armées ». L'attentat devait être perpétré au moyen de 16,4 kilos de TNT reliés à des téléphones cellulaires comme détonateurs ; les téléphones devaient porter des numéros libyens de façon à pouvoir actionner les charges depuis la Libye. (le 22) Les insurgés se sont emparés de son QG de Bab al‐Aziziya, mais KADHAFI reste introuvable. Il dispose en effet de nombre d'endroits où disparaître, que ce soit dans des bunkers souterrains à Tripoli même, ou dans les zones de Libye toujours acquises à sa cause. Il est de notoriété publique que sous Bab al‐Aziziya existent des bunkers souterrains. Et la place forte du régime est reliée par de longs tunnels à plusieurs lieux stratégiques de la vieille ville, mais aussi à des endroits éloignés des environs de Tripoli. Un réseau secret qui permettrait une fuite rapide. Si rares sont ceux qui ont vu ces tunnels, dont on n'est même pas certain qu'ils existent, cette « ville souterraine » colle bien avec l'image entretenue par KADHAFI, entre rumeurs, légende et subterfuges, destinée à semer la confusion et tromper l'ennemi. Pendant les six mois de l'insurrection, KADHAFI a pratiqué une sorte d'illusionnisme, apparaissant soudainement par surprise en public, avant de disparaître à nouveau pendant des semaines, suscitant rumeurs et interrogations. Dès le début de la bataille de Tripoli, KADHAFI s'est une fois de plus transformé en fantôme, s'évanouissant dans la nature. Tant que KADHAFI n'est pas arrêté, son régime garde la possibilité de riposter. Les forces kadhafistes toujours dans les environs de Tripoli peuvent frapper n'importe quand, et on ne sait pas non plus où sont ses fils commandant des unités d'élite, Khamis et Mouatassim. Deux autres grandes villes restent aux mains des pro‐KADHAFI : sa ville natale de Syrte et son bastion de Sebha, dans le Fezzan, en plein désert, à 650 km plus au sud. Sebha, fief des Kadhafa, la tribu de KADHAFI, est une place forte militaire qui compte également une importante base aérienne. De là, KADHAFI aurait la possibilité de prendre l'option d'une sortie facile vers le Niger ou le Tchad voisins. (le 24) Les rebelles qui ont pris le contrôle du QG de KADHAFI ont fait une découverte surprenante : un album de photos de Condoleezza RICE, l'ancienne secrétaire d'Etat de George W. BUSH. Mais cette trouvaille n'est finalement pas si étonnante. Au fil des ans, les commentaires et actions de KADHAFI concernant Condoleeza RICE ont suscité quelques froncements de sourcils. En 2007, quand KADHAFI avait laissé entendre que Condoleeza RICE exerçait une influence considérable sur le monde arabe. « Je soutiens ma chère femme noire africaine », s'était‐il enthousiasmé. « J'admire et je suis très fier de la façon dont elle se www.greliermichel.eu
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détend et donne des ordres aux dirigeants arabes. (...) Leezza, Leezza, Leezza (...) Je l'aime vraiment beaucoup. Je l'admire et je suis fier d'elle, parce que c'est une femme noire d'origine africaine ». En 2008, KADHAFI avait eu l'occasion de rencontrer Condoleezza RICE en visite en Libye dans le cadre de la normalisation des relations entre Tripoli et Washington. KADHAFI avait reçu Condoleeza RICE dans sa résidence. Durant la visite, KADHAFI a couvert de cadeaux sa chère « Leezza » : une bague en diamants, un luth, un médaillon renfermant un portrait de lui et un exemplaire dédicacé du « Livre vert », le manifeste politique dans lequel il explique sa « troisième théorie universelle pour une nouvelle société démocratique ». Valeur totale estimée des présents : 212.000 US$ (147.000 euro). Les responsables américains n'étant pas autorisés à garder les cadeaux offerts par des dirigeants étrangers, les objets finissent généralement dans un entrepôt, certains étant parfois exposés des années après dans les bibliothèques présidentielles. (le 26) Dans un hôpital abandonné d'Abou Salim, ce sont des dizaines de cadavres en décomposition qui s'entassaient, témoins du chaos régnant à Tripoli. Il n'était pas possible de savoir à quand remontait la mort de ces hommes. Le sol était jonché d'éclats de verre et taché de sang, du matériel médical était éparpillé. Dans l'une des salles, 21 corps reposaient sur des lits à roulettes, et on en trouvait 20 autres dans une cour près du parking. Tous des hommes à la peau plus foncée que la plupart des Libyens. On ignorait qui les avait tués mais depuis le début du soulèvement, les rebelles les soupçonnent d'être des mercenaires recrutés par KADHAFI en Afrique sub‐saharienne, alors que l'on trouve aussi beaucoup de travailleurs immigrés. (le 26) De Benghazi à Tripoli, un même message lapidaire se lit sur les murs des villes de Libye : « chaque tyran a une fin ». L'écroulement du régime a ému aux larmes Ali Salem al GHIRYANI. « J'ai 50 ans. Et c'est la première fois que je me sens si heureux. J'espérais ne pas mourir avant de voir ce jour ». « Personne n'osait protester ou critiquer, mais nous avons été encouragés par les révolutions tunisienne et égyptienne. Il y a six mois, aucun Libyen, craignant la brutalité des services de sécurité de KADHAFI, ne pouvait imaginer pareille révolte, et au bout, la chute du régime. « On vivait dans la terreur et la peur. On avait pris l'habitude de baisser le son quand on regardait Al Djazira ou des chaînes d'opposition libyennes ». « Nos téléphones étaient surveillés. On avait pris aussi l'habitude de parler par code si on voulait discuter de quelque chose contre le régime. Il y avait des informateurs introduits dans le voisinage ». Le régime kadhafiste avait concentré tous les pouvoirs en ses mains et seules les tribus fidèles à KADHAFI et à son clan profitaient vraiment de la richesse du pays. « C'était un régime totalitaire qui nous privait de tout. On nous empêchait même d'apprendre des langues étrangères ! C'était un régime rétrograde qui n'encourageait que l'ignorance ». La question de la reconstruction du pays va vite se poser. Les rebelles héritent d'un pays potentiellement riche, avec de vastes réserves de pétrole, mais qui est aujourd'hui pauvre, avec des taux de chômage et de natalité élevés, en manque d'infrastructures, excepté dans certains endroits, comme à Tripoli. La route menant de la capitale à Nalout, ville à la frontière avec la Tunisie, illustre le paysage libyen : on n'y voit que villes et villages sales et pauvres, où la moitié des maisons en parpaing ne sont pas achevées. (le 26) Un homme affirme avoir survécu au massacre d'environ 130 détenus, tués par leurs gardiens à l'arme à feu et à la grenade près d'une caserne à Tripoli. Un journaliste de www.greliermichel.eu
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l'Associated Press a pu voir au moins une cinquantaine de cadavres carbonisés dans un hangar près de la base qu'occupaient des hommes de la 32e brigade dirigées par Khamis KADHAFI. Mabrouk ABDALLAH explique qu'il était détenu dans ce camp quand un gardien est venu dire aux prisonniers qu'ils allaient être libérés. En réalité, ils ont jeté des grenades et ouvert le feu sur les détenus paniqués. Le survivant présumé explique s'être accroupi contre un mur, avant d'être touché au flanc. Mabrouk ABDALLAH ajoute que ceux qui s'étaient relevés après les premiers tirs avaient été abattus. (le 28) Human Rights Watch indique avoir recueilli des preuves montrant que des partisans de KADHAFI avaient abattu des dizaines de prisonniers et de civils lors de l'entrée des rebelles dans Tripoli. Des photos montraient des cadavres, certains les mains liées dans le dos, retrouvés dans le quartier de Gargour ou dans un bâtiment de l'Agence de sécurité intérieure. (le 28) Inhumain ! Face à cela, l’humanitaire qui se déploie enfin. Les rebelles ont demandé à un bateau de secours de ne pas accoster dans le port de Tripoli au vu de conditions « pas optimales », laissant des milliers d'étrangers bloqués dans leur ambassade dans l'attente d'un feu vert. Près de 1.700 Philippins, 2.000 Bangladais et 1.500 à 2.000 Egyptiens ont demandé à être secourus. Le navire, d'une capacité de 300 places, devait embarquer un groupe de Philippins. Deux ou trois autres bateaux d'une capacité d'accueil de 1.000 passagers chacun pourraient arriver d'ici deux ou trois jours. (le 23) Un bateau envoyé par l'OIM a reçu la permission d'accoster après deux jours d'attente. La difficulté sera d'amener les étrangers jusqu'au port et de les faire passer à bord en toute sécurité. Le navire, d'une capacité de 300 places, devrait embarquer des Philippins et des Egyptiens, qui seront conduits de leur ambassade respective ou récupérés par des véhicules de l'OIM. L'ambassade des Philippines est à 15 km du port. L'OIM a évacué 10.000 étrangers de Libye depuis le début du conflit. (le 25) Un millier d'Egyptiens, de Jordaniens et de Philippins ont quitté Tripoli à bord d'un ferry se rendant à Benghazi. La plupart d'entre eux confiaient leur espoir de revenir dès que la situation redeviendra plus calme. On estime qu'au moins un million de travailleurs immigrés se trouvaient en Libye ‐ essentiellement dans le secteur pétrolier ‐ avant le début de l'insurrection. L'OIM, qui a organisé ce voyage, précise qu'à leur arrivée, les évacués seront emmenés dans un centre de transit, avant d'être transportés vers Saloum, à la frontière égyptienne. De là, l'OMI les aidera à rentrer dans leur pays d'origine. (le 28) Thomas, j’ai fait deux encadrés pour rappeler deux chronologies : celle de l’insurrection et celle de KADHAFI, depuis sa prise de pouvoir Février 15 : une manifestation anti‐gouvernementale est violemment réprimée à Benghazi, deuxième ville du pays. Des commissariats sont incendiés non loin à Beyida et Zentan (sud). Le régime propose notamment de doubler le salaire des fonctionnaires et de relâcher des islamistes détenus 17 : des manifestations secouent cinq villes. Les violences font au moins 20 morts ; le www.greliermichel.eu
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lendemain, on en compte 35 lorsque des manifestants marchent sur l'une des résidences de KADHAFI à Benghazi 20 : les manifestations gagnent Tripoli, faisant au moins 60 morts. Saïf al‐Islam KADHAFI assure que son père a le soutien de l'armée et se battra jusqu'au bout 21 : défections au sein du régime (ministre de la Justice, pilotes d'aviation, diplomates). Nouveaux affrontements à Tripoli, alors que les insurgés disent contrôler Benghazi 22 : KADHAFI jure de mourir « en martyr », alors que son ministre de l'Intérieur, Abdel Fattah YOUNES, l'un des officiers du putsch de 1969, démissionne 23 : la Libye est coupée en deux, les manifestants contrôlant l'Est, d'Ajdabiya à la frontière égyptienne, et disant progresser vers l'Ouest 24 : KADHAFI impute le soulèvement à une jeunesse droguée par Al‐Qaïda, enregistrant par ailleurs la défection de l'un de ses plus proches collaborateurs, Ahmed Gadhaf al‐DAM 26 : le conseil de sécurité de l'ONU impose un embargo sur les ventes d'armes et une interdiction de voyager visant 16 personnes, dont KADHAFI. Pour le conseil, les attaques menées contre la population civile « peuvent être assimilées à des crimes contre l'humanité » 28 : l'Union européenne gèle les avoirs de KADHAFI, de sa famille et de son gouvernement Mars 02 : KADHAFI avertit que des « milliers de Libyens » mourront si l'OTAN intervient 05: le Conseil national de transition (CNT) créé le 27 février se déclare « seul représentant de la Libye » 10 : la France reconnaît le CNT 17 : la résolution 1973 du conseil de sécurité de l'ONU se prononce pour l'instauration d'une zone d'exclusion dans le ciel libyen et autorise « toutes les mesures nécessaires » pour protéger les civils de KADHAFI, c'est‐à‐dire des actions militaires 19 : alors que les forces gouvernementales attaquent Benghazi, fief des insurgés, la coalition passe à l'offensive. Soutenus par des missiles Tomahawk américains, l'aviation franco‐britannique bombarde les forces pro‐KADHAFI qui battent en retraite 31 : après une confusion entre alliés, l'OTAN prend les rênes de l'opération « Protecteur unifié » Avril 10 : KADHAFI accepte la « feuille de route » présentée par les médiateurs de l'Union africaine, mais les insurgés la rejettent le lendemain, réclamant de KADHAFI qu'il parte immédiatement 13 : le Groupe de contact international sur la Libye reconnaît le CNT et appelle au départ de KADHAFI Mai 01 : un des fils et trois petits‐enfants de KADHAFI tués par une frappe de l'OTAN, selon le régime 11 : la rébellion prend l'aéroport de Misrata, à l'est de Tripoli Juin 01 : l'OTAN prolonge sa mission jusqu'à fin septembre 09 : le Groupe de contact décide d'apporter un appui financier aux insurgés. Hillary CLINTON affirme que les jours du régime de KADHAFI sont « comptés » 27 : la Cour pénale internationale lance un mandat d'arrêt pour crimes contre l'humanité www.greliermichel.eu
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contre KADHAFI, son fils Seïf al‐Islam et le chef des renseignements Abdallah Al‐
SENOUSSI 29 : Paris reconnaît avoir parachuté des armes aux rebelles dans la région de Nefoussa Juillet 06 : offensive rebelle depuis les montagnes de Nefoussa (au sud‐ouest de Tripoli) 28 : le général Abdel Fatah YOUNES, ex‐ministre de l'Intérieur de KADHAFI devenu chef militaire des insurgés, est abattu dans des circonstances obscures Août 08 : Moustapha ABDELJALIL, devenu président du CNT, limoge le gouvernement par intérim 09 : le régime accuse l'OTAN d'avoir tué 85 civils la veille contre le village de Madjar, près de Zliten (ouest) 14 : des pourparlers secrets entre rebelles et représentants du régime se tiendraient à Djerba en Tunisie, même si les insurgés démentent. Les rebelles occupent le centre‐ville de Zaouïa (50km à l'ouest de Tripoli) et progressent vers le terminal pétrolier de Brega 15 : percée des insurgés à Gharyane et Sorman (ouest) 18 : le régime propose de nouveau un cessez‐le‐feu tout en excluant un départ de KADHAFI. Les rebelles contrôlent la raffinerie de Zaouïa, à l'ouest de Tripoli 19 : les insurgés prennent Zliten et Zaouïa 20 : la rébellion lance en soirée l'offensive contre Tripoli, où des quartiers se soulèvent déjà 21 : les rebelles entrent dans la capitale, prenant le contrôle de plusieurs quartiers. Alors que KADHAFI appelle ses partisans à « nettoyer » Tripoli des « rats », les insurgés capturent deux de ses fils, Seïf al‐Islam et Mohammed 22 : les insurgés disent contrôler l'essentiel de Tripoli, où les combats se poursuivent. 1969, 01 septembre : Moammar KADHAFI, 27 ans, à la tête du groupe des Officiers libres, renverse le roi IDRISS Ier. Il s'octroie le grade de colonel et s'impose comme le chef du Conseil de commandement de la révolution, qui dirige désormais le pays. Après l'évacuation des troupes britanniques, les derniers soldats américains quittent le pays en juin 1970. Des milliers de colons italiens sont expropriés et expulsés années 1970 : KADHAFI lance un grand programme de réformes pour instaurer un système socialiste ; il nationalise banques et compagnies pétrolières 1976 : KADHAFI publie son « Livre vert » qui définit sa philosophie politique, un mélange de socialisme, populisme et nationalisme arabe 1977 : proclamation de l'« Etat des masses ». La Libye devient la Grande Jamahiriya arabe libyenne populaire et socialiste, et KADHAFI le Guide de la Révolution années 1980 : KADHAFI soutient de plus en plus des groupes terroristes, dont l'IRA, Carlos, diverses factions radicales palestiniennes et des guérillas latino‐américaines 1986, 14 avril : des avions américains bombardent Tripoli et Benghazi en représailles à la mort de deux soldats américains et d'une femme turque dans un attentat visant une discothèque de Berlin‐Ouest. Une quarantaine de Libyens sont tués, dont la fille adoptive de KADHAFI 1988, 21 décembre : un attentat contre un Boeing 747 de la Pan Am au‐dessus de Lockerbie (Ecosse) fait 270 morts 1989, 19 septembre : un attentat contre un DC10 d'UTA au‐dessus du Niger fait 170 morts 1992, 15 avril : le conseil de sécurité de l'ONU frappe la Libye d'un embargo sur les ventes d'armes et les transports aériens pour contraindre KADHAFI à livrer les deux suspects www.greliermichel.eu
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dans l'attentat de Lockerbie 1999, 09 février : 23 médecins et infirmières bulgares sont arrêtés à Benghazi (nord‐est). Cinq infirmières bulgares et un médecin palestinien seront accusés d'avoir délibérément inoculé le virus HIV à 400 enfants 1999, 14 avril : Tripoli livre les deux agents libyens inculpés dans l'attentat de Lockerbie; en juillet, la Grande‐Bretagne rétablira ses relations diplomatiques avec la Libye 2001, 31 janvier : un tribunal écossais condamne Abdel Basset Ali al‐MEGRAHI la prison à perpétuité pour l'attentat de Lockerbie. L'autre suspect libyen, Lamen Khalifa FHIMAH, est acquitté 2003, août‐septembre : la Libye reconnaît sa responsabilité dans l'attentat de Lockerbie et accepte de payer 10 Mio US$ par passager tué. La Fondation Kadhafi conclut aussi un « accord d'étape » avec les familles de victimes de l'attentat du DC‐10 d'UTA. Les sanctions de l'ONU sont levées en septembre 2003, 20 décembre : KADHAFI annonce le démantèlement des programmes d'armes de destruction massive dont il niait jusqu'alors l'existence 2004, 09 janvier : la Libye accepte de verser un Mio US$ pour chacune des 170 victimes du DC‐10 2004, avril : première visite de KADHAFI en Europe depuis 15 ans 2004, 06 mai : le tribunal de Benghazi condamne à mort les cinq infirmières bulgares et le médecin palestinien. Après de multiples rebondissements, les condamnations sont commuées en juillet 2007 en prison à perpétuité 2006, mai : rétablissement des relations diplomatiques entre la Libye et les Etats‐Unis 2007, 24 juillet : les cinq infirmières et le médecin palestino‐bulgare quittent la Libye pour la Bulgarie après une médiation française. Le lendemain, Nicolas SARKOZY se rend à Tripoli pour « aider la Libye à réintégrer le concert des nations » 2007, 10 au 15 décembre : visite officielle en France de KADHAFI, marquée par une violente polémique, jusqu'au sein du gouvernement, sur l'opportunité de dérouler le tapis rouge au maître de Tripoli 2009, 20 août : Abdel Basset Ali al‐MEGRAHI, souffrant d'un cancer en phase terminale, est relâché de sa prison écossaise. Il est accueilli en héros à Tripoli 2011, 15 février : une manifestation anti‐gouvernementale est violemment réprimée à Benghazi, deuxième ville du pays. Des commissariats sont incendiés non loin à Beyida et Zentan (sud). C'est le début de l'insurrection contre le régime KADHAFI. En quelques semaines, la moitié est du pays est conquise 2011, 17 mars : la résolution 1973 du conseil de sécurité de l'ONU se prononce pour l'instauration d'une zone d'exclusion dans le ciel libyen et autorise « toutes les mesures nécessaires » pour protéger les civils de KADHAFI, c'est‐à‐dire des actions militaires. Le 19, alors que les forces gouvernementales attaquent Benghazi, fief des insurgés, la coalition passe à l'offensive. Soutenus par des missiles Tomahawk américains, l'aviation franco‐
britannique bombarde les forces pro‐Kadhafi qui battent en retraite 2011, 11 mai : la rébellion prend l'aéroport de Misrata, à l'est de Tripoli 2011, 27 juin : la Cour pénale internationale lance un mandat d'arrêt pour crimes contre l'humanité contre KADHAFI, son fils Seïf al‐Islam et le chef des renseignements Abdallah Al‐SENOUSSI 2011, 18 août : les rebelles contrôlent la raffinerie de Zaouïa et prennent le lendemain Zliten et Zaouïa 2011, 20 août : la rébellion lance en soirée l'offensive contre Tripoli, où des quartiers se soulèvent. Le lendemain, elle capture deux fils de KADHAFI, Seïf al‐Islam et Mohammed. www.greliermichel.eu
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Juste un mot sur les activités de l’OTAN L'OTAN a bombardé un grand bunker à Syrte. Les avions ont aussi pris pour cibles 29 véhicules armés. (le 26) Peut‐on se demander si ASSAD donne des leçons à KADHAFI, ou s’il en prend, en matière de répression ? Les forces de sécurité ont tué au moins sept personnes à Homs, après la visite d'une mission humanitaire de l'ONU. Damas avait autorisé la venue d'une équipe de l'ONU dans l'un des épicentres des manifestations afin d'évaluer les besoins humanitaires. Navi PILLAY a exigé que la Syrie mette immédiatement fin à la répression. Elle a précisé que quelque 2.200 personnes étaient mortes dans le cadre de la répression, dont 350 depuis le début du mois sacré du ramadan. (le 23) Prenant le risque de mécontenter à nouveau les autorités de Damas, l'ambassadeur des Etats‐Unis en Syrie, Robert FORD, a effectué une visite surprise à Djassem. Robert FORD a visité un secteur où l'armée syrienne a tué au moins douze personnes en mai à la suite de troubles importants. « Il est venu en voiture bien que Djassem grouille de membres de la police secrète ». « Il est sorti et a passé un bon moment à se promener. Il a fait en sorte qu'on ne le voie pas parler à des gens, apparemment pour ne pas leur causer d'ennuis ». Victoria NULAND, porte‐parole du département d'Etat, a confirmé que Robert FORD s'était rendu à Djassem et qu'il y avait passé quatre heures. (le 23) L'armée a fait irruption avec des chars et arrêté de nombreuses personnes à Deir el‐Zour. (le 24) Bachar el‐ASSAD avait affirmé le 17 août à BAN Ki‐moon que les opérations militaires et policières étaient terminées. Human Rights Watch dément cette affirmation et estime que les forces syriennes ont tué au moins 49 personnes depuis cette date. (le 25) Les forces de sécurité ont ouvert le feu, faisant au moins deux morts à Deir el‐Zour. (le 26) Les forces gouvernementales ont tué au moins trois manifestants. Deux ont été tués quand les forces du régime ont tiré à balles réelles pour disperser les manifestants sortant de mosquées, à Koussaïr et Lattaquié. Un homme est mort lors de perquisitions dans des habitations à Kfar Nouboul, une ville proche de Kfar Roumeh. (le 27) Des soldats appuyés par des véhicules blindés ont attaqué Khan Cheikhoun, tuant deux personnes et procédant à plusieurs arrestations. (le 28) J’ai intitulé une partie des premières informations : « La Libye selon Kadhafi ». Je renouvelle avec : « La Syrie selon Assad ». Des hommes armés et masqués ont roué de coups le caricaturiste syrien Ali FERZAT, lui brisant les deux mains en guise d'avertissement. Dans une de ses caricatures récentes, Ali FERZAT avait représenté Bachar el‐ASSAD en train de faire de l'auto‐stop avec un colonel KADHAFI en fuite. (le 25) www.greliermichel.eu
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Sous l’angle de la politique intérieure : Bachar el‐ASSAD est apparu à la télévision, faisant de nouvelles promesses de réformes. Il s'est même engagé à ce que des élections parlementaires aient lieu d'ici février 2012. Ces annonces sont loin d'avoir convaincu les manifestants. L'opposition n'a cure des promesses de Bachar el‐ASSAD, dont les troupes continuent de tirer sur des rassemblements pacifiques. (le 22) Et sous celui des exhortations et de la discrétion des Etats sur les victimes syriennes : L'Union européenne a imposé des sanctions à l'unité d'élite des Gardiens de la révolution iraniens, accusant la force Al‐Qods de fournir des équipements et un soutien à Bachar el‐
ASSAD dans la répression du mouvement contre le régime syrien. « (La force Al‐Qods) a fourni une assistance technique, des équipements et un soutien aux services de sécurité syriens pour réprimer les mouvements civils de protestation » en cours depuis la mi‐mars. La « liste noire » des Vingt‐Sept concernant la Syrie comprend désormais 50 personnes et neuf entités confrontées à un gel des avoirs et à une interdiction de voyager. (le 24) La Ligue arabe a exhorté le régime de Bachar al ASSAD à mettre fin au « bain de sang avant qu'il ne soit trop tard » et elle a annoncé l'envoi de son secrétaire général Nabil ELARABI à Damas pour y prôner la mise en œuvre de réformes politiques et économiques. Réunis au Caire, les ministres arabes des Affaires étrangères ont souligné l'importance de la stabilité en Syrie pour la région, ce qui a été interprété comme un message conciliant adressé à Damas. Il s'agissait de la première réunion officielle de la Ligue arabe consacrée à la Syrie depuis le début du soulèvement. Alors que le Tunisien Zine BEN ALI, en janvier, et l'Egyptien Hosni MOUBARAK, en février, ont été renversés par la rue et que le Libyen Mouammar KADHAFI semble en passe de subir le même sort, la Ligue arabe s'est jusqu'à présent contentée d'exprimer sa « préoccupation » face aux événements en Syrie. (le 28) Passant entre les interdictions et les modestes permissions, les humanitaires tentent d’assumer leurs missions. Les pays arabes sont convenus de demander que la Syrie autorise une enquête internationale sur son territoire afin de déterminer si des crimes contre l'humanité ont été commis. Le Koweït va en faire la demande au nom des pays arabes lors de la réunion spéciale du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU. (le 22) Le Koweït a présenté la demande au nom de certains autres pays du Golfe. (le 22) Le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU exige la fin de la répression des manifestations hostiles au régime de Bachar el‐ASSAD et la coopération de Damas dans le cadre d'une enquête internationale sur des crimes contre l'humanité qui pourraient avoir été commis depuis le début des opérations contre les protestataires. Par 33 voix contre quatre, les membres du Conseil ont condamné les violences commises. Ils se sont aussi prononcés pour l'envoi d'une mission chargée d'enquêter sur les exactions présumées depuis le début du soulèvement. Parmi les pays qui ont voté en faveur du texte, figurent quatre Etats arabes : la Jordanie, le www.greliermichel.eu
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Koweït, le Qatar et l'Arabie saoudite. La Russie et la Chine s'y sont opposées à l'instar de Cuba et de l'Equateur. Les autres membres du Conseil ‐ qui regroupe 47 Etats ‐ se sont abstenus ou étaient absents. Devant la vive opposition de la Chine, de la Russie et d'autres pays hostiles à une ingérence étrangère dans les affaires d'un pays, le texte a fait l'objet de révisions. Le titre : « Graves violations des droits de l'Homme... » est devenu « La situation des droits de l'Homme... » en Syrie. Reste que la résolution est empreinte de fermeté. Le Conseil « condamne fortement » les violations des droits de l'Homme « graves et systématiques » commises « par les autorités syriennes » comme des « exécutions arbitraires, un recours excessif à la force », les meurtres de protestataires et de défenseurs des droits de l'Homme, « des détentions arbitraires », des disparitions, des actes de torture et le « mauvais traitement » de détenus et d'enfants. (le 23) Et l’épilogue du feuilleton DSK aux Etats‐Unis. Déjà ? Le procureur de New York a demandé l'abandon des poursuites. Le parquet a perdu l'espoir d'obtenir une condamnation de DSK lorsqu'il s'est avéré que Nafissatou DIALLO avait menti. DSK va pouvoir récupérer son passeport et quitter les Etats‐Unis, même si la procédure civile entamée par Nafissatou DIALLO suit son cours aux Etats‐Unis. (le 22) Cyrus VANCE Jr demande l'abandon de toutes les charges pesant contre DSK, en raison des mensonges répétés de Nafissatou DIALLO. Pour autant, cet abandon de charges ne signifie pas son innocence, et l'affaire se poursuivra au civil. Cyrus VANCE décrit les mensonges et les contradictions dans le discours de Nafissatou DIALLO qui ont sérieusement entamé sa crédibilité. Si des traces ADN prouvent qu'il y a eu un contact sexuel entre DSK et elle, cela ne prouve pas que cette relation ait été imposée. (le 23) DSK et Anne SINCLAIR sont sortis souriants de la salle d'audience, après la décision du juge. DSK : « C'est la fin d'une épreuve terrible et injuste ». « J'ai hâte de rentrer dans mon pays mais j'ai encore quelques petites choses à faire avant de pouvoir partir ». « Je suis soulagé pour ma femme, mes enfants, mes amis, tous ceux qui m'ont soutenu dans cette période en envoyant aussi des lettres, des emails. Il faut qu'ils sachent que leur soutien a été très important ». « Je m'exprimerai plus longuement quand je serai de retour en France ». DSK doit récupérer son passeport pour quitter les Etats‐Unis. (le 23) Si le volet pénal de l'affaire se referme, DSK n'en a pas fini avec la justice car Nafissatou DIALLO maintient ses accusations et a porté plainte au civil le 08 août pour obtenir réparation financière. La présence de DSK au procès n'est pas nécessaire. Durant la brève audience devant la Cour suprême de l'Etat de New York à Manhattan, la procureure de district adjointe Joan ILLUZZI‐ORBON a demandé l'abandon de toutes les charges. « Notre capacité à croire la plaignante au‐delà d'un doute raisonnable fait qu'en toute bonne foi nous ne pourrions pas demander à un jury de le faire » lors d'un procès. Nafissatou DIALLO n'assistait pas à l'audience mais son avocat, Me Kenneth THOMPSON, a estimé que sa cliente avait été abandonnée. A leur arrivée au tribunal, DSK et Anne SINCLAIR ont été accueillis par des manifestants, certains brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « DSK traite les femmes www.greliermichel.eu
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comme sa propriété » ou « Un procès pour le violeur, pas pour la victime ». Mais le couple est ressorti souriant. (le 23) Dans le document du procureur au juge, il est écrit que le rapport sexuel à l'origine de l'affaire n'a probablement pas duré plus de neuf minutes. Dans les heures qui ont suivi l'arrestation de DSK, une équipe d'experts scientifiques et des représentants du parquet ont établi qu'un rapport sexuel avait bien eu lieu et qu'il avait été très bref, ce qui les a conduits à penser qu'il n'était pas consenti. Sur la foi du témoignage de Nafissatou DIALLO et en l'absence d'éléments manifestes susceptibles de remettre en cause sa crédibilité, le parquet a présenté l'affaire à un grand jury pour procéder à une inculpation formelle de DSK. Le dossier s'est toutefois rapidement vidé. Aucune trace de l'ADN de l'accusatrice n'a ainsi été retrouvée dans une poubelle dans laquelle elle disait avoir craché après sa rencontre avec DSK. Les médecins ont aussi conclu que les « rougeurs » sur ses parties génitales ne pouvaient de manière certaine être attribuées à une agression. Outre ces éléments troublants, les procureurs détaillent la façon dont ils ont découvert des mensonges au sujet de sommes d'argent mystérieusement déposées sur le compte en banque de Nafissatou DIALLO. Plus accablantes aux yeux du parquet sont les trois versions différentes que Nafissatou DIALLO a données au sujet de ses faits et gestes immédiatement après sa rencontre avec DSK dans la suite 2806 du Sofitel. Dans une première version, effectuée sous serment devant un grand jury, elle dit s'être enfuie en courant dans le hall du 28e étage de l'hôtel, où elle aurait été découverte par ses supérieurs, apeurée et recroquevillée. Dans une deuxième version, elle a déclaré aux procureurs s'être rendue dans une autre chambre pour reprendre son travail et qu'elle aurait rencontré son supérieur par hasard. Dans une troisième version, elle dit s'être rendue très brièvement dans une autre chambre pour y récupérer des affaires. « Ces versions changeantes font qu'il est difficile d'établir ce qui s'est réellement passé au moment critique » lorsque l'incident s'est produit. Les procureurs avaient émis des doutes fin juin au sujet de la crédibilité de Nafissatou DIALLO. Ils exposent dans le document transmis l'étendue de leur méfiance à l'égard de l'accusatrice. Ils évoquent notamment une déposition au cours de laquelle Nafissatou DIALLO, en pleurs, leur a parlé de manière convaincante d'un viol collectif qu'elle aurait subi en Guinée, ce qui s'est avéré ensuite être un mensonge. (le 23) DSK a récupéré son passeport. (le 26) www.greliermichel.eu
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Semaine 35 – du lundi 29 août au dimanche 04 septembre 2011 KADHAFI et ses amis d’hier : BERLUSCONI, SARKOZY, MI6 et CIA Difficile de trouver un titre pour cette semaine. La Libye reste le sujet le plus important, mais en l’attente de la prise des trois derniers bastions de KADHAFI, ou de sa capture, l’insurrection n’a pas encore atteint tous ses objectifs. J’attends. La Syrie ou la Tunisie t’inspirent‐elles ? Pas beaucoup plus. Il va te rester DSK ! Oui, je le sais. Je me déciderai à la fin de ma rédaction. Commençons par la Libye, par les difficultés individuelles qui apparaissent au sein du CNT. Peu de choses rassemblaient les acteurs de la rébellion au‐delà de la chute du régime de KADHAFI. Maintenant que Tripoli est tombée, l’attention se tourne vers ce qui les divise. Dans le climat de confusion qui entoure leur victoire, les suspicions mutuelles voient le jour entre dirigeants de l'insurrection. Et la population regarde avec scepticisme le nouveau pouvoir se mettre en place. Le CNT, dominé par des personnalités de l'est de la Libye mais aussi par des dignitaires du régime KADHAFI passés à l'opposition, est pressé par la population mais aussi par les Occidentaux de former un gouvernement stable et légitime au sein duquel toutes les régions et tribus seraient représentées. Beaucoup, notamment parmi les jeunes sympathisants du CNT, nourrissent le plus grand scepticisme envers les anciens responsables du régime KADHAFI qui dominent le CNT, sous la houlette de l'ancien ministre de la Justice Moustafa ABDELJALIL. D'autres factions, notamment de l'ouest de la Libye, ainsi que les alliés du CNT au sein de l'OTAN, rechignent à confier à une organisation qui n'a pas encore clairement la confiance de la population les 170 Mia US$ d'avoirs libyens gelés à l'étranger. Alors que tout manque dans le pays, de l'eau à l'électricité et aux denrées de base, le CNT est confronté à une crise de confiance. Les 40 membres du CNT, dont la composition reflète un équilibre entre un besoin de consensus et la recherche de compétences, se sont heurtés dès le début à la difficulté de concilier les ambitions démocratiques des jeunes avec la position des catégories d'âge plus avancées qui redoutent que l'ordre social traditionnel du pays ne soit bouleversé. Le fait que les dirigeants du CNT, y compris Moustafa ABDELJALI, n'aient pas encore quitté Benghazi pour Tripoli dix jours après la chute de la capitale (et notamment pour l'Aïd el Fitr), soulève certaines questions. Les Tripolitains sont stupéfaits de voir leurs dirigeants passer une bonne partie de leur temps à l'étranger. (le 01 septembre) La survie du CNT et le développement futur de la Libye passent par le pétrole. Eni a signé un accord avec le CNT pour reprendre ses activités en Libye. Eni s'engage à livrer des produits raffinés pour soulager les besoins immédiats de la population. Eni apportera son assistance technique pour évaluer l'état des infrastructures et des installations ainsi qu'une aide humanitaire sous forme médicale. Eni est désireux de nouer des relations avec les futurs nouveaux dirigeants libyens après les hésitations diplomatiques du gouvernement de Silvio BERLUSCONI dans la première phase du soulèvement. (le 29 août) www.greliermichel.eu
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Ce qui est évident et qui devient spectaculaire, c’est la reconnaissance diplomatique du CNT. Une équipe de diplomates français doit arriver à Tripoli en vue de rouvrir l'ambassade de France. (le 29 août) Les rebelles ont accusé par le passé l'Algérie de soutenir KADHAFI dans la guerre civile en Libye, une accusation démentie par les autorités algériennes. Mourad MEDELCI a engagé des discussions avec un responsable des rebelles. Il s'agit du premier contact à haut niveau après des mois de relations tendues avec la nouvelle direction libyenne. L'Algérie est le dernier pays d'Afrique du Nord à ne pas avoir reconnu le CNT. (le 29) La Russie reconnaît le CNT comme représentant légitime de la Libye. (le 01 septembre) Et il y a cette conférence à Paris qui semble refermer définitivement le chapitre kadhafiste. La « Conférence internationale de soutien à la Libye nouvelle » s'est ouverte à Paris. Le Conseil national de transition (CNT) est représenté par son président Moustafa ABDEL JALIL et son Premier ministre Mahmoud JIBRIL, qui participent là à leur première réunion internationale depuis que le CNT contrôle Tripoli et la majeure partie de la Libye. Cette conférence est co‐organisée par Nicolas SARKOZY et David CAMERON. Paris et Londres ont joué un rôle moteur dans l'intervention militaire contre l'armée de KADHAFI et dans le soutien aux forces insurgées. Une soixantaine d'Etats et d'organisations internationales ont envoyé des délégations. Les Etats‐Unis ont dépêché Hillary CLINTON, Silvio BERLUSCONI pour l’Italie, l’émir cheikh Hamad Bin Khalifa Al Thani pour le Qatar, BAN Ki‐moon pour l’ONU. La conférence a un double enjeu, rassembler la communauté internationale ‐ après les divisions sur la question de l'intervention militaire ‐ en vue de la reconstruction de la Libye, et offrir une tribune aux « nouvelles autorités libyennes », le CNT. Paris souhaite qu'une nouvelle résolution des Nations unies permette de débloquer l'ensemble des sommes gelées par la communauté internationale, soit « plusieurs dizaines de Mia US$ ». (le 01) La Russie et la Chine seront représentées à Paris. (le 01) Quarante‐deux ans jour pour jour après l'arrivée au pouvoir de KADHAFI, la conférence internationale « pour le soutien à la Libye nouvelle » a décidé de maintenir la pression militaire jusqu'à ce que toute menace ait disparu. Une quinzaine de Mia US$ d'avoirs libyens gelés en vertu des sanctions internationales ont été débloqués ou sont sur le point de l'être par les pays réunis à Paris, la France ayant pour sa part libéré « aujourd'hui même » 1,5 Mia euro. Une nouvelle résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies est nécessaire pour achever l'opération, destinée au financement de la reconstruction de la Libye. Elle rencontre des résistances, notamment de l'Afrique du Sud, qui, opposée à l'intervention militaire internationale, a boudé la réunion de Paris. Mais pour reconstruire le pays, il faut d'abord que les dernières poches de résistance kadhafistes soient neutralisées. Les pays présents à Paris ont demandé aux nouvelles autorités libyennes de mener une politique de réconciliation après la fin des combats. Moustapha ABDELJALIL s'y est engagé en assurant une « transition pacifique » dans le respect de « l'Etat de droit ». Il a www.greliermichel.eu
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promis que les responsables de violations graves des droits de l'homme commises pendant le conflit seraient poursuivis en justice. BAN Ki‐moon a estimé que la crise humanitaire en Libye était « sévère » et nécessitait une mobilisation internationale rapide sous l'égide de l'ONU. Les pays du « groupe des amis de la Libye nouvelle » prévoient de se réunir une nouvelle fois fin septembre à New York. (le 01) Depuis le début de la révolte contre KADHAFI, l’UE a ajusté sa diplomatie. Elle reste un acteur de second plan, mais pourrait jouer un rôle clé dans la réussite de la transition. L'ONU était présente à Paris, l'UE aussi, mais en arrière plan. Pour l'anecdote, ni Catherine ASHTON, ni Herman VAN ROMPUY n'ont été invités à la conférence de presse finale. Seuls Nicolas SARKOZY, David CAMERON, les représentants du CNT, l'émir du Qatar et BAN Ki moon étaient présents. Cette situation est le reflet de la place prise par l'UE tout au long du conflit libyen. Notamment à cause des divisions internes à l'UE, l'Allemagne et la Pologne ne voulant pas entendre parler de l'intervention militaire souhaitée par le Royaume‐Uni et la France, l'Union est restée loin derrière, depuis le début. Au commencement de l'insurrection, le 17 février, les Etats européens sont spectateurs, hésitants sur l’attitude à adopter. Certains pays comme l’Italie ou la France s'étaient rapprochés de KADHAFI quelques années auparavant. KADHAFI avait été reçu officiellement en 2007 à Paris par Nicolas SARKOZY et Silvio BERLUSCONI avait signé un traité accordant des réparations pour l’occupation coloniale (1911‐1945). Ainsi, le premier à avoir reconnu la révolution, c'est le Parlement européen. Les députés européens demandent, dès le début du mois de mars, que le CNT soit reconnu comme le représentant légitime du peuple libyen. La machine européenne se met réellement en route après le début des opérations militaires franco‐britanniques à la fin du mois de mars. Catherine ASHTON suit le mouvement et se rend le 22 mai à Benghazi, pour y ouvrir une représentation permanente. La Commission européenne débloque plusieurs fonds d’urgence pour venir en aide à la population (70 Mio euro). Avec les aides nationales, le montant total est de 152 Mio euro. Ce dédoublement des sources de l'aide humanitaire n'est que le reflet de la situation paradoxale de l'UE. Elle représente les 27, mais elle n'empêche en rien les diplomaties nationales de s'activer et d'avoir leurs propres objectifs. Difficile pour l'Europe de trouver sa place. Et sa structure interne ne simplifie pas sa mise en avant, ni l'émergence d'un leadership. Lors de la conférence de Paris, elle est représentée par trois personnes : José Manuel BARROSO, Herman VAN ROMPUY et Catherine ASHTON. L'UE pourrait hériter d'un rôle de formation de la police, de réforme de la justice ou de désarmement de la population. Elle occuperait ainsi un rôle clé dans la réussite de la transition. (le 03) La Libye et l’Algérie ont un frontière commune, au sud de la frontière tuniso‐libyenne. Le représentant de la Coordination des Touaregs pour la Libye, Ishak Ag Al‐HUSSEINI, accuse les opposants à KADHAFI d'avoir mené des « liquidations collectives » contre sa communauté, appelant l'Algérie à ouvrir ses frontières pour leur permettre de rejoindre les tribus touaregs du sud algérien. Il y a environ 600.000 Touaregs en Libye et « ils ne soutiennent pas tous KADHAFI », assure M. HUSSEINI en ajoutant qu'environ 500 d'entre eux ont pu gagner le territoire algérien après la chute de Tripoli. (le 04) www.greliermichel.eu
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L'Algérie aurait refusé d'accorder l'asile à de « hauts gradés de l'armée libyenne » et à des officiers des services de sécurité de KADHAFI, qui tentaient le 31 août de gagner le territoire algérien par le passage de Debdeb. Une trentaine d'hommes arrivés à bord de 12 4x4 ont tenté de convaincre les militaires algériens de les laisser passer. Mais ceux‐ci, « ayant reçu un ordre ferme d'Alger, les ont repoussés ». (le 04) Le CNT et Lockerbie. Un membre du CNT annonce qu’Abdel Basset al MEGRAHI, l'agent libyen condamné par la justice écossaise dans l'affaire Lockerbie, ne serait pas extradé en Occident. (le 29 août) L'exécutif régional écossais a fait savoir qu'il n'entendait pas demander l'extradition de l'agent libyen condamné dans l'affaire Lockerbie. (le 29) Thomas, une colle concernant cette affaire. Vas‐y. Où s’est passé le procès de cet agent libyen ? En Ecosse. Non… et oui. … Non, parce que ce n’est pas sur le sol géographique de l’Ecosse qu’il s’est déroulé, puisque c’était sur une base aérienne aux Pays‐Bas. … Et oui, juridiquement, parce que les Pays‐Bas ont prêté à l’Ecosse, pendant la durée du procès, une base aérienne néerlandaise devenue sol écossais, où la loi et la justice écossaise ont été d’application, en pleine souveraineté. Une telle situation doit être exceptionnelle. Je le crois, comme toi. Quant à la suite des opérations sur le terrain, en Libye. Les insurgés semblent avoir sécurisé Tripoli après une semaine d'affrontements. Ils arrivent de l'est et de l'ouest, et ont prévenu qu'ils prendraient Syrte par la force, à moins qu'un accord de reddition ne soit conclu. Aucun combat n'était signalé à Syrte même. (le 29 août) Les partisans de KADHAFI retranchés à Syrte exhortent les habitants à se battre sous peine d'être tués par des assaillants « assoiffés de sang », ce qui rend difficile d'obtenir une reddition de la ville. Un convoi de camions venant de l'ouest a pris le contrôle du petit avant‐poste d'Abou Greïn, à 130 km de la ville côtière. A l'est, des rebelles ont atteint Naoufalia, à une centaine de kilomètres de Syrte. Des combattants ont entrepris de couper une route reliant Syrte à Sabha, autre bastion de KADHAFI situé à 500 km au sud‐ouest. (le 29) Khamis KADHAFI a été grièvement blessé dans des affrontements entre Ben Oualid et Tarhoni. Il a été évacué vers un hôpital où il a succombé à ses blessures et a été inhumé. (le 29) J’attire ton attention sur cet homme, Abdel Hakim BELHAJ. Tu verras son nom revenir www.greliermichel.eu
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dans plusieurs informations. Le commandant des forces révolutionnaires à Tripoli, Abdel Hakim BELHAJ, affirme avoir reçu des appels téléphoniques de Saadi KADHAFI qui tente de négocier sa propre reddition. Il l'avait contacté une première fois pour lui demander si sa sécurité pouvait être garantie : Abdel Hakim BELHAJ, qui dit savoir où Saadi se trouve, explique lui avoir répondu qu'il ne lui serait fait aucun mal mais qu'il serait traité conformément aux lois et remis aux autorités. (le 31) Abdelati OBEÏDI, ministre des Affaires étrangères du régime déchu de KADHAFI, a été arrêté près de Tripoli. Abdallah al HIDJAZID, un proche collaborateur de KADHAFI, a été capturé dans la capitale. (le 31) La chaîne ITV News rapporte que des forces spéciales britanniques aident à retrouver KADHAFI. Elles pensent qu'il est toujours en Libye et que l'Algérie, où sa femme et trois de ses enfants ont trouvé refuge, lui a refusé l'asile. (le 01 septembre) KADHAFI, son fils Saïf al Islam et Abdallah al SENOUSSI, auraient gagné Bani Walid, trois jours après la chute de Tripoli. Ali al AHOUAL, coordinateur de KADHAFI pour les relations avec les tribus, se trouve lui aussi à Bani Walid. « Dans quatre jours, nous aurons une solution. Nous sommes en mesure de mettre fin à la crise mais une opération militaire est exclue pour le moment ». « Nous ne pouvons pas attaquer cette tribu, parce que bon nombre de nos brigades, que ce soit à Benghazi ou à Zentane, sont composées de gens qui viennent de Bani Walid. Ce sont les fils de Bani Walid qui détiennent la clé de la solution ». Les combattants du CNT se trouvent à une trentaine de kilomètres de Bani Walid. (le 01) Le CNT annonce qu'il prolongeait d'une semaine son ultimatum aux partisans de KADHAFI retranchés dans Syrte. (le 01) Les insurgés tentaient toujours de convaincre les dirigeants de la puissante tribu des Arfal, visiblement divisés, à leur livrer sans combattre la ville de Bani Walid, afin d'éviter que le sang ne coule. Faute d'accord, les rebelles ont promis d'attaquer la ville, tout comme les autres réduits kadhafistes que sont Syrte, Jouera et Sabha. (le 04) Les insurgés n'ont pas réussi à convaincre les dirigeants qui contrôlent Bani Walid à leur livrer la ville sans combattre afin d'éviter que le sang ne coule. Les pourparlers auraient été interrompus, après que Moussa IBRAHIM, qui se trouve à Bani Walid, eut demandé que les insurgés soient désarmés avant d'entrer dans la ville. (le 04) Et l’OTAN reste active. La rébellion, qui avance vers Syrte, a demandé à l'OTAN de maintenir sa pression, considérant que ce qui reste des forces kadhafistes représente toujours un danger. Au Qatar, Mustafa ABDUL‐JALIL a expliqué aux chefs d'état‐major et autres responsables militaires de plusieurs pays de l'Alliance atlantique, dont la France, l'Italie et la Turquie : « KADHAFI reste capable de faire quelque chose d’horrible dans les derniers instants ». (le 29 août) www.greliermichel.eu
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L'OTAN annonce que l'essentiel de ses opérations militaires est désormais concentré à la périphérie Est de Syrte. L'Alliance atlantique ne dispose d'aucune information sur le sort de Khamis KADHAFI. (le 30) L'Alliance atlantique cessera ses opérations uniquement lorsque les nouvelles autorités, incarnées par le CNT, seront en mesure de protéger la population. Pour Anders Fogh RASMUSSEN, ce n'est pas la capture de KADHAFI qui dictera cette date : « le colonel KADHAFI n'est pas une cible de nos opérations ». (le 02 septembre) L'OTAN fait savoir que des casernes, des locaux de la police et plusieurs autres cibles ont été bombardés près de Syrte, ainsi qu'un entrepôt de munitions à proximité de Bani Walid, et d'autres objectifs situés près de Huon, dans une région désertique située à mi‐chemin entre Syrte et Sabha. (le 04) Le point sur l’état des lieux humanitaire. La Commission européenne a mis en place à Tripoli une équipe pluridisciplinaire d’experts dans le domaine de l’humanitaire. Ces experts travaillent en étroite collaboration avec les partenaires présents à Tripoli : Comité international de la Croix‐Rouge, Organisation mondiale pour les migrations, Corps médical international, et UNICEF. (le 29 août) Le pire est passé pour les hôpitaux de Tripoli, la fin des combats ayant permis un afflux de l'aide et le retour à leurs postes du personnel médical. Même l'hôpital d'Abou Salim accueille de nouveau des patients. Le Programme alimentaire mondial (Pam) a envoyé par la route depuis la Tunisie un convoi transportant des médicaments, des poches de sang et du matériel médical offerts par le gouvernement tunisien. Le convoi est formé en outre de 23 camions acheminant 500 tonnes de vivres et de cinq camions‐citernes transportant de l'eau. L'OMS envoie 45 tonnes de fournitures médicales, auxquelles s'ajoutent les 10 tonnes de cargaison que MSF s'apprête à livrer. Le port de Tripoli fonctionne. Deux bateaux affrétés par l'OIM ont évacué 1.100 personnes, dont des ouvriers immigrés et des Libyens déplacés par les combats. (le 29) Ce sont les informations que tu classes sous le thème « Libye selon Kadhafi ». Les rebelles affirment que plus de 10.000 détenus ont été libérés des prisons de KADHAFI depuis l'entrée de l'insurrection dans Tripoli. Ils ont précisé qu'environ 50.000 personnes étaient portées disparues. (le 29 août) L'épouse de KADHAFI, Safi, sa fille Aïcha, deux de ses fils, Hannibal et Mohammed, et leurs enfants sont entrés en Algérie. Ahmed JIBRIL déclare que si la présence en Algérie de membres de la famille KADHAFI était avérée, le CNT demanderait « aux autorités algériennes de les remettre à la Libye pour les traduire en justice devant des tribunaux libyens ». (le 29) On avait vu des images d’Abou Grad en Irak et des sévices infligé aux prisonniers, voici Abou Salim, en Libye. www.greliermichel.eu
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Ils croyaient devoir y mourir, à force de tortures, de souffrances, de privations et de désespoir. Mais l'impensable s'est produit : dans le chaos de la bataille de Tripoli, les habitants du quartier ont investi la sinistre prison d'Abou Salim, à coups de barres de fer et de pierres, libérant des milliers de détenus de ce lieu‐symbole de l'arbitraire du régime KADHAFI. Saïd ABDULLAH a passé 15 ans à Abou Salim pour appartenance au Groupe islamique combattant libyen (GIC), mouvement islamiste qui avait tenté d'assassiner KADHAFI. Il était arrivé en 1996, « accueilli avec des coups et des tortures ». Enfermé avec 12 codétenus dans une minuscule cellule, sans matelas, avec pour toilettes un trou dans le sol qu'il fallait déboucher à la main. En 2006, il était condamné à mort, mis à l'isolement pendant un an et demi. Pendant cette période, il a passé trois mois sans voir le jour, son unique repas quotidien n'étant parfois rien d'autre qu'un morceau de pain. Le 24 août, Saïd ABDULLAH a entendu des coups sourds retentir sur la porte de sa cellule. La porte s'est ouverte d'un coup, et il était libre. Avec la libération de cette prison‐symbole, où pendant des décennies, le régime de KADHAFI a enfermé, torturé et fait disparaître les opposants, s'achève le chapitre le plus noir de l'histoire de la "Jamahiriya" libyenne. C'est également une boucle qui est bouclée: car les premières manifestations du soulèvement libyen, en février, avaient pour but de réclamer la libération d'un avocat représentant les familles de prisonniers massacrés par le régime en 1996, dans la répression sanglante d'une mutinerie à Abou Salim. « C'est cette prison qui était à l'origine de la terreur en Libye », explique Mohammed al‐
BOURKI, 32 ans, dont le frère Abdelhakim fut l'un des 1.200 détenus massacrés en 1996, en fouillant dans les dossiers administratifs, espérant trouver des indications sur l'endroit où est la dépouille de son frère. La famille n'a jamais su si Abdelhakim avait été jugé et les visites en prison étaient interdites. Puis il y a eu 1996, mais les informations sur le massacre mirent très longtemps à filtrer. Et il fallut attendre encore une décennie avant que les autorités n'informent les proches. La famille Al‐BOURKI n'a eu confirmation de la mort d'Abdelhakim qu'en 2007. Pourtant, pendant toutes ces années, ils continuaient à amener provisions et vêtements pour lui à la prison. Pour Akra RAMADAN, Abou Salim est le lieu qui a détruit son père, scientifique incarcéré en 1984, lui aussi pour avoir comploté l'assassinat de KADHAFI. Condamné à mort et forcé à rédiger son testament, il subit un simulacre d'exécution et perdit la raison. « Quand mon père est entré, il était chercheur en physique quantique. Quand il est sorti, il était fou ». (le 30) Après avoir régné sur la Libye pendant quatre décennies, la famille de KADHAFI a perdu un pouvoir qu'elle a exercé avec toute l'extravagance et la violence de potentats soucieux de satisfaire leurs moindres caprices. KADHAFI est le père de sept garçons et d'une fille Aïcha, dont les réputations peuvent être mises en regard de l'excentricité et de la cruauté de leur père. Pendant des années, la jalousie et l'avidité ont tissé des relations délétères au sein de cette famille, mais à mesure que l'heure de la chute approchait, la fratrie a serré les rangs autour de son chef. Avec le début de la rébellion, Saïf al Islam a pris une place aux côtés de KADHAFI. Autrefois perçu comme un réformateur, Saïf, qui a étudié à la prestigieuse London School of Economiques (LSE), a développé un discours belliqueux pour dénoncer l'action des insurgés. Saïf al Arab, 29 ans, a péri dans un bombardement des avions de l'OTAN sur Tripoli. A l'âge de quatre ans, il avait été blessé par le raid aérien ordonné par Ronald REAGAN www.greliermichel.eu
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contre le QG de KADHAFI en 1986. Au cours de sa courte existence, Saïf al Arab est apparu comme un enfant gâté qui a bénéficié de l'indulgence de son père. Il passait la majeure partie de son temps à faire des fêtes et affichait un comportement violent, comme le montra sa participation à une bagarre avec un videur de boîte de nuit à Munich en 2007. Hannibal, qui occupait le poste de président de la compagnie maritime nationale, fut impliqué dans une série d'incidents à l'étranger. En 2008, lui et sa femme furent arrêtés dans un hôtel de Genève pour avoir maltraité deux employés de l'établissement. Cela s'était traduit par un incident diplomatique majeur entre la Suisse et la Libye, qui avait détenu pendant plusieurs mois deux hommes d'affaires suisses. Saadi est connu pour sa passion obsessionnelle pour le football. Il a mené une brève et peu convaincante carrière avec plusieurs clubs italiens avant d'être capitaine de l'équipe nationale libyenne dont le sélectionneur avait été limogé pour ne pas l'avoir retenu dans l'équipe. Son goût pour les jets privés, les palaces cinq étoiles, les bijoux voyants et les mallettes remplies d'argent liquide s'accompagnait d'un penchant pour les parcs d'attraction. On sait peu de choses de l'aîné, Mohammed, un ingénieur nommé à la tête du Comité olympique libyen et à la tête de la Commission générale des postes et des télécommunications. Il avait donc la haute main sur tout le réseau téléphonique libyen, ce qui lui permettait d'organiser des écoutes contre les adversaires de son père. Mouatassim, qui occupait les fonctions de conseiller pour les affaires de sécurité et gérait les questions de relations publiques de KADHAFI à l'étranger, est lui aussi peu connu, mais a joué un rôle de confident auprès de son père. Quant à Aïcha, qui a étudié en France, son côté « glamour » a conduit certains à la qualifier de « Claudia SCHIFFER du Maghreb ». Avocate, elle a participé à la défense de Saddam HUSSEIN lors de son procès à Bagdad. Elle fut également ambassadrice de bonne volonté de l'ONU, une fonction honorifique qui n'a pas résisté au soulèvement entamé en février. (le 30) La presse américaine vient de pointer du doigt Amesys, l'une des filiales de Bull, pour avoir réalisé il y a deux ans un centre de surveillance du Net pour le compte de la Libye de KADHAFI. Notons que Bull n'a croqué Amesys que depuis 2010, avec des négociations débutées fin 2009. Le Wall Street Journal s'est rendu sur place pour constater l'importance d'Amesys dans le système de surveillance de KADHAFI. Ce système exploiterait la technologie Eagle. Deux produits sont particulièrement dédiés à ce type de surveillance : GLINT et SMINT. Le GLINT est clairement créé pour « répondre aux besoins d'interception et de surveillance à l'échelle d'une nation ». Quant au SMINT, il s'agit d'un « système tactique conçu pour enregistrer, stocker, analyser et afficher des informations en temps réel. Ce système est capable de surveiller un large éventail de protocoles, y compris le courrier électronique, la voix sur IP (VoIP), le webmail, le chat, la navigation sur le Web… ». Ces systèmes ont logiquement été utilisés pour traquer les messages des opposants. Le Wall Street Journal précise qu'au début de 2011, Amesys a de nouveau été contacté par le régime Kadhafi afin d'accroitre ses capacités de filtrage. Contactée, la société n'était pas disponible. (le 30) Al‐Baghdadi al‐MAHMOUDI, Premier ministre libyen sous le régime de KADHAFI, a apporté son soutien aux rebelles. Il a ajouté qu'il était en contact avec leurs dirigeants. (le 01 septembre) www.greliermichel.eu
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La CIA a travaillé avec les services de renseignements de KADHAFI en livrant des terroristes présumés à la Libye pour qu'ils soient interrogés. Ces révélations pourraient provoquer des tensions entre Washington et les nouveaux dirigeants libyens. La CIA fait partie des quelques agences de renseignements étrangères qui ont travaillé avec des services libyens. Des documents donnent de nouveaux détails sur les liens entretenus par des pays occidentaux avec le régime de KADHAFI. Beaucoup de ces mêmes pays ont apporté leur soutien aux frappes de l'OTAN qui ont aidé les rebelles. Le cas d'Abdelhakim BELHAJ est particulièrement significatif. Il est l'ancien chef du Groupe islamique combattant (GIC) libyen. Il dit avoir été torturé par des agents de la CIA dans une prison secrète, avant d'être renvoyé en Libye. Deux documents datant de mars 2004 semblent être des courriers écrits par des Américains et adressés à des responsables libyens pour organiser la reddition d’Abdelhakim BELHAJ. Faisant référence à lui par son nom de guerre, Abdullah al‐SADIQ, les documents disent qu'il sera acheminé par avion de Kuala Lumpur jusqu'en Libye, et demandent à des agents du gouvernement libyen de l'accompagner. Ils demandent aussi à avoir un compte‐rendu des informations qu'il pourrait fournir une fois qu'il sera sous leur garde, tout en réclamant qu'il « soit traité humainement » et que ses droits « soient respectés ». A Washington, la porte‐parole de la CIA, Jennifer YOUNGBLOOD a refusé de commenter les informations contenues dans les documents. (le 03) Des documents découverts dans le bureau abandonné de l'ex‐chef du renseignement libyen montrent que les services secrets américains et britanniques ont pris une part active à la répression de la dissidence, avant le soulèvement de février. HRW, mouvement de défense des droits de l'homme dit avoir mis la main sur des centaines de lettres de la CIA et du MI6 adressées à Moussa KOUSSA, aujourd'hui en exil à Londres et qui fut ministre des Affaires étrangères de KADHAFI. La découverte de HRW apporte un nouvel éclairage à la pratique des renditions, mise en œuvre par le gouvernement de George BUSH dans le cadre de la « guerre contre le terrorisme ». Après leur capture, il s'agissait de transférer les terroristes présumés dans des pays moins scrupuleux que les Etats‐Unis en ce qui concerne les méthodes d'interrogatoire. Les services de renseignement occidentaux ont commencé à coopérer avec la Libye de KADHAFI en 2004. Les documents découverts montrent toutefois que cette coopération a été plus importante qu'on ne l'imaginait. « Il n'y a rien de surprenant à ce que l'Agence centrale de renseignement coopère avec des gouvernements étrangers pour protéger notre pays du terrorisme et d'autres menaces meurtrières. C'est exactement ce qu'on attend de nous », a fait valoir une porte‐parole de la CIA. (le 04) Suite logique de ces révélations. Khamis KADHAFI pourrait être placé sur la liste des criminels de guerre recherchés par la Cour pénale internationale de La Haye. Human Rights Watch accuse la brigade d'élite que commande Khamis KADHAFI d'être responsable de l'exécution sommaire de 45 détenus près de Tripoli. (le 29 août) Autre pays où les populations sont agressées par leurs gouvernants : la Syrie de Bachar Al‐
ASSAD. Les forces de sécurité sont intervenues dans les localités de Saramin, Hit et Rastan. A www.greliermichel.eu
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Saramin, le raid a fait au moins un mort et 20 blessés. A Rastan, des tirs nourris de mitrailleuse ont été signalés. Intervention de l'armée à Hit. Par ailleurs, trois personnes ont été tuées à al‐Boukamal. (le 29 août) Les forces de sécurité ont ouvert le feu sur une manifestation à l'occasion de l'Aïd el‐Fitr, tuant sept personnes. Les troupes ont tiré sur des manifestants à Deraa, à Homs et dans la banlieue de Damas. Six manifestants ont été tués à Deraa, et un à Homs. (le 30) Le procureur général de Hama, Adnane BAKKOUR, accuse dans une vidéo les forces de sécurité d'avoir tué des centaines de manifestants et annonce sa démission en signe de protestation contre la répression. La vidéo, dont l'authenticité ne pouvait être confirmée dans l'immédiat, marquerait une défection de haut rang pour le régime. Dans la vidéo, le procureur déclare que les forces de sécurité ont arrêté des milliers de « manifestants pacifiques » et tué 72 prisonniers le 31 juillet et 420 autres personnes lors du siège de la ville en août. Il précise que les autorités syriennes lui ont demandé d'attribuer la responsabilité de la tuerie à des gangs et des hommes armés. (le 01 septembre) Les forces de sécurité ont ouvert le feu sur des milliers de manifestants anti‐
gouvernementaux et encerclé des mosquées dans des villes du sud et de l'est du pays pour empêc