Grégori Baquet - Ville de Chatou
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Grégori Baquet - Ville de Chatou
Portrait 19 L’ART SOUS TOUTES LES COUTURES Grégori Baquet D ans Colorature, qui viendra clore la saison culturelle le 14 mai, Grégori Baquet est Cosme McMoon. Ce pianiste de jazz se voit confier une mission bien singulière : accompagner une soprano… qui chante faux ! Devenue un classique à Broadway, la pièce a séduit le public français : coup de cœur du festival « OFF » d’Avignon en 2012, elle est à l’affiche du théâtre du Ranelagh à Paris. ©Émilie DEVILLE DR Cosme McMoon nous raconte cette drôle de collaboration, qui est aussi l’histoire vraie de Florence Foster Jenkins, interprétée par Agnès Bove. Une personnalité haute en couleur, qui a semble-t-il inspiré Hergé pour la Castafiore. Cette riche Américaine s’improvisera soprano, malgré les faussetés évidentes de sa voix. Elle poussera l’absurde jusqu’à se produire en 1944 au Carnegie Hall, temple de la musique new-yorkaise. e, a tu r r o l Co 4 m a i le 1 to u a à Ch Bio express 1970 : Naissance à Paris 1994 : Extrême limite 1995 : Les Années Twist 1999 : Roméo et Juliette 2010 : Colombe, avec Anny Duperey 2013 : Colorature Colorature nous embarque dans un récit désopilant et touchant à la fois. On est aussi impressionné par les performances vocales et musicales des deux comédiens. Grégori Baquet passe d’un art à un autre avec une aisance rare. Ce talent, que peu d’artistes français possèdent, témoigne surtout d’une grande maîtrise et d’une grande exigence. Une famille de saltimbanques Il faut dire qu’il est tombé dans le bain des saltimbanques dès sa naissance… Une maman chorégraphe et un papa, le grand acteur et violoncelliste Maurice Baquet. Enfant, Grégori voyait défiler à la maison les amis de son père : Prévert, Doisneau, Picasso… Les planches, il les a donc apprivoisées très tôt, peut-être même avant de marcher ! « Mon premier souvenir, et sans doute ma première étincelle artistique, est l’odeur de l’écurie derrière les coulisses du Châtelet, où mon père jouait une opérette. » Au fil des années, cette porosité artistique grandit à mesure que sa motivation scolaire diminue… Au collège, Grégori a l’idée de monter avec sa bande de copains la pièce Oscar. S’en suivront les premiers cours de théâtre, dans la compagnie de Karim Salah. Côté musique aussi, l’empreinte familiale a porté ses fruits : « J’ai eu la chance d’avoir été bercé par Bach, Mozart, Duke Ellington. » Comme ses quatre frères et sœurs, Grégori est passé par le conservatoire, au piano puis à la clarinette. En 1990, Grégori a 20 ans. Il décroche un premier passage dans les séries Fleur bleue puis Extrême limite. En 1995, il participe à la comédie musicale Les Années twist, qui remporte un Molière. Deux ans plus tard, il obtient un premier rôle dans L’Arlésienne, où Jean Marais apparaît pour la dernière fois au théâtre. En 1999, il est embarqué dans le phénomène de la comédie musicale Roméo et Juliette : quatre années de tournées et dix-sept semaines premier au Top 50 pour Les Rois du monde ! Revers de ce succès : Grégori sera malgré lui « catalogué » chanteur. « J’ai été élevé dans l’esprit de l’école anglo-saxonne, qui encourage les aptitudes artistiques multiples. En France, cette posture peut surprendre. » Le goût du théâtre Depuis quelques années, Grégori a fait le choix de revenir à sa passion première, le théâtre : « Au théâtre, on n’essaie pas en permanence d’être le meilleur, mais le plus juste. J’aime la prise de risques propre au théâtre, ses failles. » Après le bulldozer Roméo et Juliette, il a aussi retrouvé le goût de la musique, au sein d’un trio jazz. Grégori Baquet est au fond un humaniste, un homme curieux et de conviction, pour qui la vie a pris le pas sur le spectacle. « J’aurais vraiment pu avoir la vocation pour la médecine ou la politique ! » avoue-t-il. Il s’oriente aujourd’hui vers de nouveaux projets, pas seulement artistiques, puisqu’il reprend des études de psychothérapie. La grande fierté de Grégori, c’est aussi son fils, Théophile, qui chante dans la Maîtrise des Hauts-de-Seine et se produit à l’Opéra de Paris. Théophile a également joué dans La Nouvelle Guerre des boutons, de Christophe Barratier. La relève est assurée… Élodie d’Athis Chatou magazine - n°44 - Avril 2013