Géopolitique du culte musulman en France

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Géopolitique du culte musulman en France : des
rivalités locales aux enjeux internationaux
jeudi 23 juin 2016, par Thomas CIRET
L'auteur :
Thomas Ciret est étudiant en Master 2 à l’Institut Français de Géopolitique (IFG,
Université Paris VIII). Ses recherches de Master 1 ont porté sur l’analyse
géopolitique du projet d’aménagement de la Grande Mosquée de Marseille. Il est
également titulaire d’un Bachelor en journalisme et a travaillé dans diverses
rédactions, notamment : 01 net, L’Express et Ouest-France.
Retrouvez l'article à cette adresse :
http://www.diploweb.com/Geopolitique-du-culte-musulman-en.html
De par la diversité des acteurs et des enjeux qui lui sont liés, le culte
musulman en France s’inscrit dans une dynamique complexe qui semble
être un frein à sa gestion et à sa représentativité cultuelle. Illustré d’une
carte disponible sous deux formats : JPEG et PDF.
La surreprésentation de la dimension sécuritaire, d’autant plus forte depuis les
attentats de janvier et de novembre 2015, pourrait amener à penser que le
djihadisme résume les enjeux géopolitiques liés à l’islam en France. Si le
djihadisme – mouvance et idéologie politique radicale et fondamentaliste qui
diffère de l’islam [1] et légitime la violence armée « par un vocabulaire religieux
islamique » [2] – représente bien un enjeu en soi, la géopolitique de l’islam en
France est avant tout liée à la question de la représentation du culte musulman.
Environ 4 millions de personnes [3] vivant en France sont musulmanes, soit 6 %
de la population. Diverse, discriminée [4] et disposant de lieux de culte manquant
de ressources, la « communauté musulmane » [5] représente des enjeux multiples
pour des acteurs aux intérêts géopolitiques propres. Ces intérêts sont disputés
dans un mélange subtil d’influences, de rivalités, de contrôle, d’alliances et
d’intérêts communs. En détaillant les contextes géopolitiques locaux (I) puis
internationaux (II), nous essaierons d’analyser en quoi ils peuvent être
générateurs de blocages concernant la structuration et la représentativité du
culte musulman en France (III).
2
I. L’échelle locale, un déterminant majeur
En France, le rapport à la religion est largement façonné par la laïcité et la loi de
1905. Localement comme nationalement, cette conception ne se traduit
évidemment pas par une ignorance du religieux par l’État [6] mais façonne les
représentations concernant la visibilité du culte dans l’espace public. Cela peut se
traduire par des tensions entre partisans d’une laïcité rigoureuse et défenseurs
d’une approche plus ouverte ainsi que par des recours en justice – de l’extrêmedroite notamment – à l’encontre de projets de construction de mosquées, comme
cela a été le cas pour le projet de la Grande Mosquée de Marseille. Dans ce
contexte complexe, l’État français a pour principal intérêt le bon déroulement de
l’exercice du culte et son « intégration » [7] à la vie de la cité (protection de
mosquées, campagne contre les actes anti-musulmans) bien que ces actions
soient parfois contestées. Il existe aussi un intérêt sécuritaire fort (lutte contre le
djihadisme et l’intégrisme) et les mosquées et les imams peuvent être surveillés
de près [8] (fermeture de mosquées pour insalubrité, non renouvellement de
cartes de séjour [9]). En fonction des situations et des stratégies, l’État est à
même de favoriser certains notables (voir définition plus bas) comme des
représentants légitimes de la « communauté musulmane », quitte à utiliser les
rivalités dans un souci d’influence. Parfois, parce qu’ils encadrent et limitent la
radicalisation, des imams se revendiquant du salafisme ont pu émerger « en tant
qu’interlocuteurs privilégiés des maires, des préfets et des Renseignements
généraux » [10].
La « communauté musulmane » en France est principalement représentée par des
notables [11] (imams, dirigeants d’associations séculières ou religieuses, élus,
chargés de mission, bouchers, commerçants, voyagistes spécialisés dans les
pèlerinages [12]). Les notables sont des personnes auxquelles la situation sociale
confère une certaine autorité dans les affaires publiques [13]. Dans le cadre du
culte musulman en France, la société civile locale est souvent définie par des
critères confessionnels ou communautaires [ 14 ]. Cet environnement pousse
sciemment ou inconsciemment des notables à utiliser une « symbolique
communautaire » [ 15 ] qui utilise la représentation de la « communauté
musulmane », notamment lors de prises de positions ou de « discours sur la
légitimation et la reconnaissance de la population musulmane » [16]. Par ces
prises de position, les notables ont « l’espoir de négocier des avantages matériels,
financiers ou symboliques » [17] pour leur situation
personnelle/mosquée/fédération/réseau. Ils peuvent ainsi se positionner comme
des représentants légitimes auprès de la « communauté musulmane », des
pouvoirs publics, de grandes fédérations nationales, de réseaux transnationaux ou
bien des États étrangers. Pour ces notables, il est difficile de séparer la pratique
3
religieuse des intérêts propres [18] et le culte peut ainsi être porteur d’enjeux
interliés : économiques (halal, pèlerinage, dons), politiques (clientèle, influence
médiatique et communautaire) ou cultuels (élections du Conseil Régional du Culte
Musulman, CRCM). À la croisée de ces enjeux, les mosquées importantes peuvent
être des lieux stratégiques, d’autant plus qu’elles confèrent un rayonnement, une
représentation de licéité [ 19 ] et de confiance, ou encore des délégués aux
élections du CRCM. D’où l’existence de rivalités fortes concernant le contrôle des
associations cultuelles ou culturelles qui en ont la gestion. Ces rivalités peuvent
notamment résulter en des poursuites judiciaires contestant les assemblées
générales associatives, comme cela a pu être le cas au sein de l’Association des
musulmans de Gironde à Bordeaux [20], de l’Association cultuelle islamique de
Marseille de la mosquée de la Porte d’Aix [21], ou bien au sein de la mosquée
Adda’wa à Paris [22].
De par son pouvoir administratif et politique, la municipalité, et principalement le
maire, est un acteur déterminant [23] de la question cultuelle car il définit le
cadre de la pratique locale du culte musulman [24]]. Il choisit la personne (élu ou
membre de cabinet) qui s’occupera de cette mission, il peut mettre en place des
subventions pour des associations, financer la partie culturelle d’un projet,
faciliter l’obtention d’un permis de construire ou encore mettre à disposition un
terrain via un bail emphytéotique [25]. En fonction du contexte local (extrême
droite puissante), de leurs intérêts (besoin de voix lors d’élections municipales
[26], contrôle des réseaux, collecte d’information, paix sociale) et représentations
(de la laïcité [27], de l’islam, du fondamentalisme), les maires sont en mesure de
légitimer un acteur ou de faire avancer ou reculer un projet [28] de construction
de mosquée. Ainsi, ils s’insèrent dans le « processus d’organisation de la minorité
musulmane » [29], comme cela a pu être le cas à Montreuil [30] ou Montpellier
[31], au risque parfois d’être source d’une forme de clientélisme électoral [32].
Certains États étrangers, principalement l’Algérie, le Maroc et la Turquie,
exercent une influence [ 33 ] sur les expatriés et binationaux qui résident en
France. Localement, leurs enjeux en France peuvent être la collecte de
renseignements, un certain contrôle sur les mosquées, ou la victoire de notables
proches de leurs intérêts lors d’élections du Conseil Français du Culte Musulman
(CFCM). Parmi les grandes fédérations qui structurent la représentation de
l’islam en France, certaines sont liées à des États étrangers, comme l’Union des
mosquées de France (UMF), proche du Maroc, la Fédération Nationale de la
Grande mosquée de Paris (FNGMP ou GMP), proche de l’Algérie, le Comité de
coordination des musulmans turcs de France (CCMTF), proche de la Turquie.
Néanmoins, il ne s’agit pas de surévaluer le rôle des États qui sont en fait pris
dans des relations complexes : ils peuvent être sollicités par des notables locaux
4
ou par des fédérations dans le cadre d’intérêts communs ou afin de tirer parti de
leurs ressources [34] (influence auprès des pouvoirs publics locaux, place sur des
listes électorales du CFCM, financements) et ne contrôlent pas forcément les
dons privés de mécènes de leurs nationalités qui peuvent financer des projets
[35]. Il existe également d’autres fédérations, comme l’Union des Organisations
Islamiques de France (UOIF), proche de l’idéologie islamiste des Frères
musulmans [36], qui dispose d’un réseau important [37] dont des associations (les
Jeunes Musulmans de France, la Ligue Française de la Femme Musulmane, etc.),
des écoles privées [38], une soixantaine de mosquées [39], et un rassemblement
annuel au Bourget, la Rencontre annuelle des musulmans de France (RAMF).
Enfin, il existe aussi des réseaux transnationaux islamistes comme le mouvement
Tabligh (notamment l’association Foi et Pratique), le Millî Görüş (principalement
la Tendance nationale union islamique en France dans l’est de la France) [40] ou
encore les salafistes, avant tout quiétistes (une centaine de mosquées) [41].
II. L’échelle internationale, une géopolitique indépassable ?
Pour des raisons historiques, l’échelle internationale tient un rôle important dans
la question du culte musulman en France. La mise en place de l’Empire colonial
français a créé un véritable lien entre la France, l’islam et les musulmans.
L’édification en 1926 de la Grande Mosquée de Paris en est le symbole. Si la
construction rend hommage aux morts de confession musulmane qui ont
combattu pour la France, elle est aussi un outil d’affirmation de l’Empire comme
« puissance musulmane » [42] dans la rivalité avec le Royaume-Uni sur le Levant
et illustre une logique de contrôle de l’islam par l’État [43]. Cette logique continue
en partie à façonner la représentation qu’a l’État français de l’islam en France, «
au risque même de privilégier une option diplomatique ou sécuritaire au
détriment de l’existence d’un islam « réel » au sein des territoires » [44]. Au vu
des deux attentats djihadistes de 2015 et des 1 090 ressortissants français ou
résidents en France qui se trouvent, sont en transit ou sont revenus de la zone
irako-syrienne [45], cette perception sécuritaire de l’État français reste majeure et
s’est traduite, à la suite de la mise en place de l’état d’urgence, par la
prononciation de 49 expulsions d’imams et la fermeture de 12 mosquées [46].
Bien que le djihadisme soit avant tout une mouvance politique fondamentaliste et
radicale qui n’est pas proprement liée au culte, il crée un besoin spécifique aux
services de renseignement qui peut amener à une surveillance de lieux et de
personnes liés au champ cultuel (imams, mosquées).
En France, ce sont principalement les États d’origine des musulmans installés
dans le pays qui sont impliqués dans la question cultuelle, particulièrement
5
l’Algérie et le Maroc, rivaux historiques. Leur intérêt, au-delà de la dimension
sécuritaire qu’ils partagent avec l’État français, est, on l’a vu, de conserver une
influence locale et un certain contrôle auprès de ressortissants et binationaux et «
de jouer un rôle dans le processus d’organisation de la minorité musulmane en
vue d’acquérir des ressources supplémentaires dans les négociations avec l’État
français » [ 47 ]. L’enjeu tient autant de la diplomatie que d’un soft power
symbolique et religieux lié à une question de prestige au sein de la « communauté
des croyants » française ou mondiale [ 48 ] sans forcément être porteur de
contraintes doctrinales [49]. États et réseaux transnationaux, qui ne sont pas
uniformes et dans lesquels il existe des rivalités internes, ont ainsi développé une
politique d’influence via de grandes fédérations, l’envoi d’imams salariés ou
encore les financements de mosquées, bien qu’ils soient rares et proviennent
essentiellement de musulmans vivants en France [50]. À titre d’exemple, les frais
de fonctionnement de la Grande mosquée de Paris étaient financés à hauteur de
1,8 million d’euros par an [51] par l’Algérie, la Grande mosquée de Strasbourg a
été financée à hauteur de 53 % de 10,6 millions d’euros par le Maroc, l’Arabie
Saoudite et le Koweït [52] et la Grande mosquée de Saint-Étienne à hauteur de 6
millions d’euros par le roi du Maroc, Mohammed VI [53].
Carte. L’islam en France
Cliquer sur la vignette pour agrandir la carte. Réalisation : T.
Ciret pour Diploweb.com
III. Un culte musulman français structuré par les contextes
géopolitiques locaux et internationaux
Ces contextes géopolitiques ont – et ont eu – une influence sur la structuration du
culte en France. Les gouvernements français ont eu tendance à prendre comme
interlocuteurs les principaux États d’origine jusqu’au début des années 1980 [54].
Ces États ont ainsi longtemps joué un rôle important dans la représentation du
culte, d’autant plus qu’ils ont été sollicités par des notables locaux (associations
cultuelles et fédérations) [55], que ce soit par nationalisme, par intérêt personnel
ou par manque de ressources. À partir des années 1980, les changements
sociologiques propres aux musulmans en France [56] « ont érigé l’organisation de
l’islam en enjeu politique national » [57] et l’État français a organisé par le haut
6
plusieurs instances de réflexion et de construction de l’islam qui ont débouché sur
la création du CFCM en 2003. L’instance a rapidement été sujette aux rivalités
entre l’État, des notables, les États étrangers et les grandes fédérations
représentant le culte. Bien que le bilan du CFCM ne soit pas nul (structuration
d’aumôneries musulmanes, création d’un Observatoire national de
l’islamophobie), cette situation a entraîné une certaine paralysie (boycott des
élections par la GMP en 2008, 2011 et l’UOIF en 2011 et en 2013). Jugé comme
étant trop proche des États étrangers, le CFCM souffre d’un manque de
crédibilité, d’autant plus que l’institution est peu représentative : la participation
aux élections, non obligatoire, est en baisse [58] et le nombre de délégués votant
pour des listes se mesure principalement en fonction du nombre de m² de la salle
de prière [59]. À cause des contextes géopolitiques locaux et internationaux qui
donnent un pouvoir important aux notables et aux États étrangers, le CFCM a
permis un certain « renforcement, voire la constitution d’une emprise nouvelle
des États d’origine sur les lieux de culte » [60], bien que la situation semble plus
complexe (affirmation de grandes mosquées régionales, notables plus autonomes,
modification des statuts du CFCM en 2013).
Si l’État français était sans doute conscient de cette situation de blocage, il
semble que les attentats djihadistes de 2015 l’aient poussé à faire évoluer la
question du culte. Sans remettre en cause le CFCM, qui y est bien représenté
[61], le gouvernement a mis en place une « instance de dialogue avec l’islam »
censée « mieux refléter la diversité des musulmans, à travers notamment ses
intellectuels et ses leaders associatifs » [62]]. Si cette instance peut être une
mesure d’affichage, elle semble manifester la volonté de dépasser les rivalités
pour faire avancer les problématiques cultuelles. Elle pourrait aussi être un signal
envoyé au CFCM afin qu’il essaie de gagner en indépendance et devienne force
de proposition, ce qui, selon les déclarations de son président Anouar Kbibech
[63], semble plutôt fonctionner. Néanmoins, Bernard Godard, ancien fonctionnaire
du Bureau central des cultes, décrit l’instance de dialogue comme « une première
étape positive mais non suffisante » [64]. Les problématiques restent en effet
nombreuses – formation des imams, financement du culte, transparence et bonne
gestion des fonds [ 65 ], statut pour les aumôniers musulmans, meilleure
représentativité du culte, etc. – et on peut craindre que les rivalités au sein du
CFCM [66], entre États et entre grandes fédérations ne bloquent la situation.
Focalisé sur les aspects sécuritaires, l’État français pourrait également être tenté
de renforcer sa collaboration avec les États étrangers plutôt que de réformer
profondément la représentation du culte (quitte à faire perdre un certain pouvoir
à ces États) [67].
De par la diversité des acteurs et des enjeux qui lui sont liés, le culte musulman
7
en France s’inscrit dans une dynamique complexe qui semble être un frein à sa
gestion et à sa représentativité cultuelle. Néanmoins, à en croire les annonces
récentes du CFCM et du gouvernement (mise en place d’un Conseil théologique
et de l’instance de dialogue), les attentats de 2015 ont aussi créé une fenêtre
politique. Une place plus grande à un « islam réel » [68], français, local, plus
représentatif des 4 millions de musulmans et éloigné des consulats, serait-elle en
train de se faire ? Si le pari est stratégique et de longue haleine, les enjeux le sont
tout autant (renforcement du soft power français, accès à un culte digne qui a
toute sa place dans la cité et qui définit sa propre théologie, loin de notabilités
parfois léthargiques). Cela permettrait peut-être d’enrayer le risque de
dissociation entre l’opinion publique et l’islam [69] – qui pourrait être utilisée par
« l’ultra-droite » [70] comme par les djihadistes – ainsi que le repli identitaire [71]
qui peut parfois caractériser la société française.
Copyright Juin 2016-Ciret/Diploweb.com
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Carte de l’islam en France
Réalisée par T. Ciret pour le Diploweb.com
Notes
[1] Larroque Anne-Clémentine, (2014), Géopolitique des islamismes, Paris,
Presse Universitaire de France, p. 3 et 99.
[2] Bonnefoy Laurent, Lacroix Stéphane, « Le problème saoudien », La Revue
du Crieur, n° 3, mars 2016, p. 37.
[3] Selon une étude de l’Institut national d’études démographiques qui utilise la
méthodologie suivante : « La définition retenue pour qualifier les « Musulmans
» est l’affiliation religieuse auto-déclarée. [...] L’information est disponible dans
l’enquête pour les personnes âgées de 18 à 60 ans, ce qui représente 2,4
millions de Musulmans. Comme l’information n’est pas disponible dans les
mêmes termes pour les groupes d’âges inférieurs et supérieurs, nous avons
construit des estimations à partir des effectifs des pays d’origine des personnes
8
ou de leur(s) parent(s), […] ». Cf. Simon Patrick et Tiberj Vincent, (2013),
Document de travail n° 196 : « Sécularisation ou regain religieux : la religiosité
des immigrés et de leurs descendants », Institut national d’études
démographiques, p. 6.
[4] Observatoire national contre l’islamophobie, Communiqué de presse : Bilan
des actes antimusulmans 2015, [en ligne], 20 janvier 2016.Disponible sur :
http://www.lecfcm.fr/wp-content/uploads/2013/11/bilan-actes-antimusulmans-a
nnee-2015.pdf [consulté le 31 mai 2016] ; Collectif contre l’islamophobie,
(2015), Rapport annuel 2016 sur l’année 2015, [en ligne], p. 15. Disponible sur
http://www.islamophobie.net/sites/default/files/Rapport-CCIF-2016.pdf
[consulté le 31 mai 2016].
[5] La « communauté musulmane » est avant tout une représentation
géopolitique. Cette représentation préfigure l’existence d’une communauté des
musulmans existant localement ou à l’échelle de la planète, l’Oumma islamiyya.
Pourtant, quel est le lien entre une jeune française urbaine de confession
musulmane et un vieux bédouin qui vit en Arabie Saoudite, en dehors de leur
appartenance à la même religion ? S’il existe un « référent communautaire
islamique », le rapport à la société et les pratiques religieuses divergent selon
les courants, langues, ethnies et nations, la connaissance de la religion, les
idéologies et les rites. Ces champs influent les manières de vivre l’islam et
d’être musulman. C’est pourquoi nous choisissons de parler de communauté
musulmane entre guillemets. Néanmoins, la représentation de la «
communauté musulmane » produit des effets politiques. Certaines
municipalités peuvent ainsi aimer croire en l’existence d’un « vote musulman ».
« La variable religieuse n’est, très généralement, qu’un paramètre parmi
d’autres dans la détermination du choix ultime » rappelle pourtant Haoues
Seniguer, maître de conférences en science politique à l’Institut d’Études
Politiques de Lyon. Cf. Telhine Mohammed, (2010), L’islam et les musulmans
en France : une histoire de Mosquées, Paris, L’Harmattan, p. 31. ; Larroque
Anne-Clémentine, (2014), Géopolitique des islamismes, Paris, Presse
Universitaire de France, p. 121 ; Auteur inconnu, « Le vote musulman n’existe
pas », Atlantico, 7 janvier 2015. Disponible sur :
http://www.atlantico.fr/rdv/politico-scanner/pourquoi-vote-musulman-existe-pas
-haoues-seniguer-1941385.html [consulté le 18 juin 2016].
[6] Duvoux Nicolas, « L’islam et les pouvoirs publics en France…, Op. Cit.
[7] Ibid.
[8] Bariki Salah-Eddine, Bruschi François, Lorcerie Françoise (dir.), (1999),
Rapport pour la mission de recherche Justice et droit : « “Les étrangers face au
droit” : Les populations d’origine maghrébine et comorienne de Marseille »,
9
Ministère de la Justice ; CNRS-IREMAM ; La Documentation française, p. 89. ;
Duvoux Nicolas, « L’islam et les pouvoirs publics en France…, Op. Cit.
[9] Jouanneau Solenne, « Imams en France, loin des clichés », Le Monde
Diplomatique, n° 745, avril 2016, p. 22.
[10] Bonnefoy Laurent, Lacroix Stéphane, « Le problème saoudien », Op. Cit.,
p. 40.
[11] Fonds d’action et de soutien pour l’intégration et la lutte contre les
discriminations (Fasild), Frégosi Franck (dir.), (2006), L’exercice du culte…,
Op. Cit., p. 165.
[12] Temime Émile (dir.), Jordi Jean-Jacques, Sayad Abdelmalek, (1991),
Histoire des migrations à Marseille : Tome 4 : Le choc de la décolonisation :
1945-1990, Aix-en-Provence, Edisud, p. 181.
[13] Rey A., Rey-Debove J. (dirs.), « Notable », Le Petit Robert : Dictionnaire de
la langue française, (1989), Paris, Dictionnaires Le Robert, p. 1281.
[14] Cesari Jocelyne, (1994, publié en ligne en 2013), Être musulman en
France…, Chapitre VII. La reconnaissance politique de la minorité musulmane,
pp. 123-136.
[15] Geisser Vincent, Kelfaoui Schérazade, (2001), « Marseille 2001 : la
communauté réinventée par les politiques. Enjeux municipaux autour de la
communauté musulmane ? », Migrations Société, vol. 77, n° 3, p. 55-77.
[16] Cesari Jocelyne, (1994, publié en ligne en 2013), Être musulman en France
aujourd’hui : associations, militants et mosquées, [en ligne], Institut de
recherches et d’études sur le monde arabe et musulman (IREMAM), Aix-enProvence, Karthala, Chapitre VI. Une mosquée « cathédrale », pp. 111-121.
Disponible sur : http://books.openedition.org/iremam/852?lang=fr [consulté le
31 mai 2016].
[17] Lorcerie Françoise, Geisser Vincent, (2011), « Les Marseillais musulmans
», Op. Cit., p. 233.
[18] Ibid.
[19] Bergeaud-Blackler Florence, (2004), « Le chevillard et le sacrificateur : la
viande halal entre logiques économiques, légales et religieuses » in Zarka Yves
Charles, Fleury Cynthia, Taussig Sylvie (dir.), L’islam en France, Paris, Presses
Universitaires de France (PUF), p. 537-545. ; Vermeren Pierre, « L’Islam,
10
l’imam et la grande mosquée de Bordeaux », Rue89Bordeaux, [en ligne], 25
février 2015. Disponible sur :
http://rue89bordeaux.com/2015/02/islam-imam-grande-mosquee-bordeaux/
[consulté le 31 mai 2016].
[20] Vermeren Pierre, « L’Islam, l’imam et la grande mosquée de Bordeaux »,
Op. Cit.
[21] Penverne Mickael, « Marseille : La plus vieille mosquée au centre d’un très
long conflit », 20minutes, [en ligne], 19 mars 2015. Disponible sur :
http://www.20minutes.fr/marseille/1566915-20150319-plus-vieille-mosquee-ma
rseille-centre-tres-long-conflit [consulté le 31 mai 2016].
[22] Sweeny Nadia, « Larbi Kechat, évincé de la mosquée Adda’wa »,
ZamanFrance, [en ligne], 24 février 2016. Disponible sur :
https://www.zamanfrance.fr/article/larbi-kechat-evince-mosquee-addawa-20134
.html [consulté le 31 mai 2016].
[23] Cesari Jocelyne, (1994, publié en ligne en 2013), Être musulman en France
aujourd’hui : associations, militants et mosquées, [en ligne], Institut de
recherches et d’études sur le monde arabe et musulman (IREMAM), Aix-enProvence, Karthala, Chapitre VI. Une mosquée « cathédrale », pp. 111-121.
Disponible sur : http://books.openedition.org/iremam/852?lang=fr [consulté le
31 mai 2016].
[24] Duthu Françoise, (2009), « Le maire et la mosquée. Islam et laïcité en Îlede-France », L’Année du Maghreb, [en ligne], publié le 01 novembre 2012.
Disponible sur : https://anneemaghreb.revues.org/634 [consulté le 31 mai 2016
[25] Ibid.
[26] Duvoux Nicolas, « L’islam et les pouvoirs publics en France…, Op. Cit.
[27] Duthu Françoise, (2009), « Le maire et la mosquée…, Op. Cit.
[28] Ibid.
[29] Ibid.
[30] Duthu Françoise, (2009), « Le maire et la mosquée…, Op. Cit.
[31] Fournier Lydie, (2009), « Une gestion publique de l’islam entre rupture et
rhétorique », Op. Cit., p. 43.
11
[32] Fonds d’action et de soutien pour l’intégration et la lutte contre les
discriminations (Fasild), Frégosi Franck (dir.), (2006), L’exercice du culte
musulman en France : lieux de prière et d’inhumation, Paris, La documentation
Française, p. 165.
[33] Cesari Jocelyne, (1994, publié en ligne en 2013), Être musulman en
France…, Op. Cit., Chapitre V. Les enjeux de la stabilité, pp. 95-110.
[34] Godard Bernard, Taussig Sylvie, (2008), Les musulmans en France :
courants, institutions, communautés : un état des lieux, Paris, Hachette Pluriel
Reference, pp. 39-40.
[35] Audition de Khalid bin Mohammed Al Ankary, Ambassadeur du Royaume
d’Arabie saoudite en France, Compte-rendu de la Mission d’information
Organisation, place et financement de l’islam en France du Sénat, [en ligne],
17 mai 2016. Disponible sur :
http://www.senat.fr/compte-rendu-commissions/20160516/islam.html#toc4
[consulté le 31 mai 2016].
[36] Larroque Anne-Clémentine, (2014), Géopolitique des islamismes, Paris,
Presse Universitaire de France, p. 57.
[37] Vermeren Pierre, « L’Islam, l’imam et la grande mosquée de Bordeaux »,
Op. Cit. ; Godard Bernard, Taussig Sylvie, (2008), Les musulmans en France…,
Op. Cit., p. 48.
[38] Cousteau Libie, « Éducation : le long chemin de l’école musulmane »,
L’Express, [en ligne], 25 mai 2015. Disponible sur :
http://www.lexpress.fr/education/education-le-long-chemin-de-l-ecole-musulma
ne_1681519.html [consulté le 31 mai 2016].
[39] Godard Bernard, Taussig Sylvie, (2008), Les musulmans en France…, Op.
Cit., p. 48.
[40] Larroque Anne-Clémentine, (2014), Géopolitique des islamismes, Paris,
Presse Universitaire de France, p. 61 et 73.
[41] Audition de Thomas Andrieu, directeur des libertés publiques et des
affaires juridiques, Compte-rendu de la Mission d’information Organisation,
place et financement de l’islam en France du Sénat, [en ligne], 27 janvier 2016.
Disponible sur :
http://www.senat.fr/compte-rendu-commissions/20160125/mi_islam.html
[consulté le 31 mai 2016].
12
[42] Arkoun Mohamed, Stora Benjamin, Veinstein Gilles, Laurentin Emmanuel,
Conférence : Quelle place pour l’islam et les musulmans dans l’histoire de
France ?, [en ligne]. Paris, Éditions de la Bibliothèque publique d’information,
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[44] Godard Bernard, (2015/4), « L’islam et l’État français…, Op. Cit., p. 29.
[45] Audition de Patrick Calvar, directeur général de la sécurité intérieure,
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[46] Audition de Thomas Andrieu, directeur des libertés publiques et des
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[47] Cesari Jocelyne, (1994, publié en ligne en 2013), Être musulman en
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[48] Le Devin Willy, « L’émirat aimerait exercer une espèce de magistère moral
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[49] Pétrault Clément, « Contre les idées reçues sur le financement des
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[50] Godard Bernard, Taussig Sylvie, (2008), Les musulmans en France…, Op.
Cit., p. 115.
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[51] Hoffner Anne-Bénédicte, « L’Algérie souhaiterait « s’approprier » la
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[52] Ben Rhouma Hanan, « Financée par l’État, la Grande Mosquée de
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[54] Cesari Jocelyne, (1994, publié en ligne en 2013), Être musulman en France
…, Op. Cit., Chapitre VIII. L’islam et l’État français, pp. 137-158.
[55] Godard Bernard, Taussig Sylvie, (2008), Les musulmans en France…, Op.
Cit., pp. 39-40.
[56] Fonds d’action et de soutien pour l’intégration et la lutte contre les
discriminations (Fasild), Frégosi Franck (dir.), (2006), L’exercice du culte …,
Op. Cit., p. 39.
[57] Cesari Jocelyne, (1994, publié en ligne en 2013), Être musulman en France
…, Op. Cit., Chapitre VIII. L’islam et l’État français, pp. 137-158.
[58] Sauvaget Bernadette, « Les quatre plaies du Conseil du culte musulman »,
Libération, publié le 9 février 2015, p. 12 et 13.
[59] L’assiette électorale du scrutin (le nombre de délégués) est basée sur les
surfaces des lieux de culte. En 2013, une réforme des statuts a régulé cette
codification en y ajoutant des conditions (présence d’un imam ayant un lien
avec le lieu de culte, présence d’un centre d’enseignement, lieu situé dans une
ville de plus de 50 000 habitants, etc.). Cf. Règlement électoral du Conseil
Français du Culte Musulman, 17 mars 2013.
[60] Godard Bernard, Taussig Sylvie, (2008), Les musulmans en France…, Op.
Cit., p. 175.
14
[61] Chambraud Cécile, « L’État pose les bases du dialogue avec l’islam », Le
Monde, [en ligne], 10 janvier 2015. Disponible sur :
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[62] Cossardeaux Joël, « Le gouvernement engage la réforme de l’islam de
France », Les Échos, [en ligne], 25 février 2015. Disponible sur :
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[63] Guénois Jean-Marie, « L’islam de France veut une certification pour les
imams », Le Figaro, 24 novembre 2015, p. 2. ; Audition d’Anouar Kbibech,
président du Conseil français du culte musulman, Compte-rendu de la Mission
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[consulté le 31 mai 2016].
[64] Godard Bernard, (2015/4), « L’islam et l’État français …, Op. Cit., p. 40.
[65] Le Devin Willy, Sauvaget Bernadette, « Mosquées : le bail des hypocrites
», Libération, [en ligne], 17 mars 2015. Disponible sur :
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[66] Sauvaget Bernadette, « Islam de France : Anouar Kbibech dans la tempête
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s-la-tempete_1452616 [consulté le 31 mai 2016].
[67] Ibid.
[68] Godard Bernard, (2015/4), « L’islam et l’État français…, Op. Cit., p. 34.
[69] Audition de Thomas Andrieu, directeur des libertés publiques et des
affaires juridiques, Compte-rendu de la Mission d’information Organisation,
place et financement de l’islam en France du Sénat, [en ligne], 27 janvier 2016.
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[70] Audition de Patrick Calvar, directeur général de la sécurité intérieure,
Compte rendu n° 47 de la Commission de la défense nationale et des forces
armées, [en ligne], Assemblée nationale, 10 mai 2016. Disponible sur :
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[71] Baubérot Jean, (2006), « Laïcité française et islam », in Arkoun Mohammed
(dir), Histoire de l’islam et des musulmans en France : du Moyen Âge à nos
jours, Paris, Albin Michel, p. 988-993.
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