ALgoculture
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ALgoculture
CU lt U re 5 Le magazine des conchyliculteurs MARINES Méditerranée Inquiétudes et mutations Mai 2012 - n0256 - 6,60 euros - www.;nfomer.fr ALgoculture La course au déveLoppement Sommaire Cultures MARINES n° 256 - Mai 2012 Pour joind re di rectem ent vos correspondant s à Rennes, composer le 02 99 32 puiS les quatre chiffres qui suivent chaq ue nom. 13, ru! du Breij · CS 46305 35063 RENNES Cedex Évé nement Normandi e - mer du Nord Tet 02 99 32 58 80 - Fax: 02 99 31 58 88 Avenir de la filière ostréicole: enjeux et interrogations Recensement des pêcheurs à pied Mise en garde pour les fermetures administratives f -mall : red act ion@linfo mer.fr www.infomer.fr Directe ur de la publicatio n, responsable de la rédaction : Rodolphe de LOYNES Bretagn e Nord Un navire sur mesure pour les ormeaux Moules sur filières: les opposants au créneau Assistante : Julie M AN FREDINI (58 80) Rt OACTION 13, rue du Breil - CS46305 35063 RENNESCedex l éLOl 99 32 58 80 · Fax : 02 99 32 58 88 Rédactrice en chef : , Bretag ne Sud ~ Morbihan: amendements aux COQuilles Pénestin : suivi de la reproduction des moules Marion LARRONDE-LARRETCHE (56 24) 12 m.larronde [email protected] l' Rédacteu r e n chef dé lé gué: Bertrand TAROIVEAU (562 4) [email protected] Onl participé à CI! numéro: l oïc FABRtGUES, Yves GAUBERT, Ingrid GODARD, Pierre GRAVES, Jacq ues lE MEUR, Solène LE ROUX. Hélène SCHEFFER, Bruno 5AU55IER. PU BlICIT~ Directeur de publicit é: Gaëlle LUCAS (58 85) g.lucaS@infomed r Chef de publicité: Cath erine LE PENHUIZIC (02 40 50 76 17) j Pays de la Lo ire Grand angle Salons conchylicoles : la surenchère? Reprise des concessions: les précisions du CNC Les centres techniques resserrent leur coopération Surveillance microbiologique: seuil d'alerte amoindri Enqu ête Algocul ture : vers une intensification de la production Normand'Alg : une filière en gestation Altantique Scaphand re entretient les fi lières Les réseaux des marais de Noirmoutier révisés Poit ou- Ch arentes Laurent Chiron, pionnier des filières Vers une exploitation des filières Aqu itaine Les premières AOT de restauration délivrées Meyran-Ouest: un complexe flambant neuf Assistante de publicité: Unda JOURDAN (56 16) [email protected] Environn ement MARKETING ET D~VELOPPEMENT DirKteur: Marc LE GUILLOU (58 49) Des coraux relativisent la montée du niveau des océans Les algues vertes dans le viseur de la Commission Médi te rranée Vers une amélioration de la qualité de l'eau? Dégustations: la pra tique encadrée Promotion : Françoise ANDERSON (58 38) Diffusion : Gaélle LE 5AGER(58 46) g.lesager@infomerJr DIRECTION ARTISTIQUE Marine CAU (58 13) FABRICATION Chef de fabricat ion : Ghislaine CARDIN (58 64) Graphiste : Myriam LE 8ER (56 35) Mise en page PAO et conception publkitaire (58 6S) : Anne CAILlET-FOUKI, Laurence FORGET, Jea n-Luc HOUDAYER DIREC TION F I NANCI ~RE Martine LE ROUZIC (58 43) COMPTABllI T~ Entreprise 1111111111111111111111111111111111111111 111111111111111111111111111 111111111111111 1111111 Produ cti on 32 - 33 Les poches à plat de Yad Marine Le calibrage selon Hardouin Les poches flottantes chez FTGC Le transpalette pOids plume Tr iploïdes : vers un retrait de l'ifremer Naissain d'écloserie bio en Italie Pro fil 35 Cultiver le temps sur les bords de l'Aven Petites annonces 36 - 37 Pa rt iculiers et entreprises Index des annonceurs Patricia GUILLOUX (56 13) Stéphanie PICOULT (56 15) 5ECR ~TAIRE G~N~ RAL : Patrick BERNARD Cultures Marines est édité par lnfomer SA Société à conseil de surveillance et dire<:toire au capital de 195 920 € CONSEIL DE SURVEILLANCE Président : Philippe TOULEMONDE Vice-président : François-Xa vier HUTIN Membres: Maurice BENOISH, Jean-lue de FEUARDENT, Benoît Le GOAZIOU, Antoine de TARL!:. Claude TARIN DIRECTOIRE Président : Rodolphe de LOYNES Membre : Joël GAWAIN Principaux actionnaires : OUEST-FRANCE Crédit mari t ime investi ssement Crédit marit ime Finistère W ISSN : 1779-0220 Commission paritaire : 1214T 8S927 Dépôt légal : 2· trimest re 201 2 Impression : Diamen imprimerie du morbihan ZI du Pigeon Blanc - S6503Locminé Fondateur : Henri LAGARDE f 1111111111 1111111 1II IIIIIIIII IIIIII IIIIIJIJ IJIJ ll f Méditerran ée 23 à 30 Blo c- notes 38 le bon d'abonnement est en page 34 Récolte d'A/aria escu/enta près de Bréhat, COtes-d'Armor (Bertrand Tardiveau) Bassin de Thau vu depuis Sète, Hérault (Hélène Scheffer) Rives de l'Aven, Fin istère (Bertrand Ta rdiveau) Salon de La Trembalde, Charente-Maritime (Bertrand Tardiveau) Prochain numéro Dossier emballage Cu lture s MARIN ES n0256 - m ai 2012 ____ 11111 ' Actualite , , evenement 111111111111111111 1111111111111111,11111 11 111111 11111111 1'111 • Avenir de la filière ostréicole enjeux • • Alors que la profession se prépare à une seannée consécutive de surmortalités sur les juvéniles d 'huîtres creuses, un important travail de synthèse a dessiné les pistes d'une sortie de crise. Le 6 avril à Fouras, en Charente Maritime, les conclus ions d'une étude engagée en septembre 2011 par les Ceser (1) de l'Atlantique sur l'avenir de la filière ostréicole ont été prése ntées en présence de nombreux professionnels. « C'est une étude très complète, parfaitement consensuelle, qui va au delà du seul phénomène des surmortalités », estime Goulven Brest, ostréiculteur dans le Finistère nord et président du Comité national de la conchylicu lture (CNe), en préambule du débat qui a suivi les préconisations des Ceser (lire Ci-dessous). Bien plus profonde la protection de la qualité du milieu marin reste le principal enjeu auquel souhaitent répondre les responsables ../ .. de la profession. IJ Préconisations pour une sortie de crise Le rapport des Ceser de l'Atlantique ébauche 4 axes de travail, classés par ord re de priorité, afin de relancer durablement la profession ostréicole. • Pérenniser le potentiel du secte ur face à la cri;è: Afin d'éviter l'abandon ou le démembrement des exploitations, il s'agit de saisir toutes les opportunités à même de préserver l'outil de production, dans le cadre de la révisan des schémas des structures, mais aussi par les différents dispostifs d'aides, t Répondre aux enjeux environnementaux et sanitaires: Particulièrement sensible, la question du milieu marin fa it intervenir un grand nombre d'acteurs, à commencer par les collectivités. Elle doit toutefois permettre d'assurer l'approvisionnement qualitatif et quantitatif en eau, tout en garantissant un un accès à l'espace sur le littoral • Améliorer la visibilité de la filière: C'est sans doute un point faible qui empêche les ostréiculteurs de peser davantage dans le débat public. Un recensement national des entreprises conchylicoles dont les résultats sont attendus en 2013 devrait améliorer sens iblement les connaissances statistiques du secteur. Au delà, il s'agit de valoriser les se rvices rendus par la filière, ses métiers, ses produits . A noter que la cotisation obligatoire commerce, instaurée cette année par l'interprofession, a été acquittée par une soixantaine de distributeurs : La cagnotte doit servir a financer des futures campagnes de communication. B.T, l'entretien des concess ions ou encore l'ouverture aux perspectives de diversification, Dans un deuxième temps, il convient d'assurer l'approvisionnement en jeunes huîtres, par le réensemencement des gisements sauvages et la production d'huîtres sélectionnées. Enfin, en vue de consolider le secteur, il importe d'évoluer vers une meilleure gestion du risque et plus de transparence dans les flux d'huîtres, avec notamment la mise en place d'un dispositif de traçabilité et de contrôle du naissain. t Mieux coordonner recherche et appui technique : Ce travail consiste à resserrer les liens entre les différents acteurs scientifiq ues : mise en réseau. mutualisat ion des moyens. développement de projets de recherche en commun, etc. La mise en place d'une conventi on cadre entre les centres techn iques conchylicoles va dans ce sens (lire p. 7). Cultures MARINES n0256 - mai 2012 Devant un auditoire attentif, les pistes d'une sortie de crise, espérée pour 2015, ont été ébauchées. 1 événement 11111111 111 11111 11111111 111 1111111111111111111111111111111111 Actualité 111111111 1 et interrogations et complexe qu'on ne l'a d'abord envisagée, la crise qui continue de secouer la fil ière ostréicole soulève plusieurs défis à releve r. Malgré les difficultés, l'attrait du métier demeure préservé dans sa globa lité : « En faisa nt a bstrac ti o n d es d iffi cultés dans la mise en place de formations qu i peuve nt dépe ndre pa rfois de 3 ministères différents, o n constate que le rec rutement d emeure bon pou r les candidats à l'inst allati on, remarque Goulven Brest. C'est moins vrai lorsq u'il s'ag it d e pré parer les ouvriers, en ra ison notamment de la pénibili té noto ire du trava il en ostréiculture. » Les« petits »en voie de disparition? Les ostréiculteurs font face à un cadre réglementaire de plus en plus contraignant. Régi par des concessions, l'accès du domaine public maritime (DPM) est restreint par l'urbanisation croissante du littoral et les conflits d'usage avec les riverains. « Sur la questio n des filières de Maleconche, la lenteur adm inist rative aut ant que l'absence de dia log ue nous ont condu it à l'impasse », rappelle Michel Parent, maire du Château d'Oléron etconseillergénéral de Charente-Maritime (UMP). L'élu soulève deux au t res p réoccupa t ions: il: La recon ve rsio n du patrim o in e b âti ostréicole, qui est aujourd'hui laissé à l'aband o n, et le reno u vellem ent des d élég atio ns d e serv ice publi c su r les co ncessio ns po rtuaires. » Ces problèmes renvoient à la fonte des effectifs dans la profession. Ainsi, le nombre d'entreprises conchylicoles a diminué de 2 1 % entre 2002 et 2009, alors que 70 % d'entre elles demeurent individuelles ou familiales.« Il nous a sou vent été fait le reproche d 'exercer un m éti er ind ivid ualist e, risque Goulven Brest. Pourtant, c'est ce trait de caract ère qui a conforté notre im pl antation. Fa ce à la crise, il n ous a p ermi s d e rester souple et o ppo rtunist e. Un engoncem ent d ans d es stru ctures coopérat ives aurait pu coûter très ch er à la p rofess io n. )} Toutefo is, face aux aléas naturels et une conjoncture particulièrement délicate, beaucoup se sentent désemparés. « Il n'y a rien q ui est fait pou r aid er les petites entrepri ses, notamment en Poito u-Ch arentes, déplore Frédéric Voisin, ostréiculteur su r l'î le d e Ré. Q u and vo us avez besoin de rac het er d u naissai n et que vous ne d isposez pas d e l'arge nt nécessa ire, vo us ne pouvez pa s survivre. Sans g aranti e liqu id e à offrir, les banq ues ne suivent pas et les hypot hèques ne leur suffisent pl us. Tout comme le peu d e génit eurs naturels qu~1 nous reste, il faut sauvegarder Iles st ructures p rofessio nnelles existantes pour qu'on ne se retrouve pas qu'avec d es gros. » Une angoisse à laquelle le président du CNe répo nd par la défensive: « C'est au niveau local que des solut ions peuvent être trouvées. Il est d e notre intérêt à tous de préserver les petites en t reprises con ch yli coles, sans q uo i nous aurons à nou s ret rouver en f ace d 'u n seul marché, celui de la grande d istributio n. }) Président du com ité régional de la conchylic ul ture (CRC) Bretagne sud, Hervé Jénot fait entendre son point de vue. « Les seu les craintes qui nous rassemblent concernent bien sûr la d iminut io n du n o mbre de profess ionnels, m ais avant t o ut la qualité de l'eau. Toutes nos co ncessions sont tombées en zone B, sauf en baie de Quibero n. » Leconstat est repris unanimement. Le milieu marin, enjeu central « On aura beau am é l iore r l a rés ista nce d es huît res , tant qu e no us ne no us at taqu ero ns pa s à la source de nos d ifficu ltés, c'est à dire la dégradation du milieu m ari n, les crises réapparaîtront, renchérit Goulven Brest. Pour limiter I ~mpa c t d es efflu ents en provenance d es Les act eurs de la table ronde ont d ébattu des chantiers à pou rsuivre pour sortir du malaise qui t ouche aujourd'hui la profession. bassins versant s, no us travaillons à la mi se en place d 'une lég islation actu ellement à l'étude : la d irective cadre sur l'eau et et la d irect ive cadre sur la stratég ie pour le milieu ma rin. Le pro blèm e, c'est q ue la France se m et en faute en prenant en compte d es m au vais indicateurs, sou s la pression de certains lobbies. » Un aspect semble avoir été minoré dans le rapport: « La relat io n terre-mer est primordiale, au m ême titre qu'une politique transversale et coh éren t e p o u r la gestion d e l'ea u, insiste Benoît Biteau, agriculteur charentais et vice-président du Conseil régional Poit o u-Cha rent es (Europe écologie - les Verts). Atitre d 'exe mp l e, su b vent ionner au jourd'hui la cult ure du maïs, particulièrem ent néfaste pour les réserves e n eau et leu r qu a lité, relève d e l'absurdité. » Les insuffisances d u captage naturel et l'affaiblissement des cheptels qui peuvent résulter de la fragilisation des écosystèmes conduisent à une évolution inquiétante dans la profession . « J'en appelle à la plus grande vigi lance deva nt le recours croissant aux écloseurs qui pourrait être comparé à l'influence pri se par les sem enciers dans le m o nde agricole il y a une cinquanta ine an nées, reprend Benoît Biteau. 11en a résulté d epuis la dispa rit ion des structures familiales et l'enferm em ent dans une dépendan ce néfast e. No us pouvons d ésormais témoigner d e I~mporta n ce à entret enir un lie n ét ro it avec la nature qui elle seule peut offri r d es ressources grat uites. » Les ostréiculteurs doivent dès lors se poser comme les sentinelles du territoire qu'ils exploitent, ainsi q ue le fai t rem arquer Fra nçois Pat sou ris, ancien président du comité régional de la conchylicultu re (CRC) PoitouCharentes et ancien conseiller régiOnal : « Cela f ait d es d écennies que nous no us batton s po ur la qualité d e l'ea u. Si no us baissons les bras, c'est pein e perdue. O n peut engager n'impo rte quel programme d e sélection génétique, cela finira par échapper à la science. L'huît re d em eure un produit m ag ique, étroitem ent associé à son environnement. C'est donc à nous d e les protéger. » Bertrand TARDIVEAU (1) Les Conseils économiques, sociaux Si le métier rest e attractif, l'ostréicul t ure souffre d'un éclaircissem ent import ant d u nom bre de ses effect ifs. et environnementaux régionaux sont lexpression et la représentation de la 50ciétécivifeorganiséeau niveau régional. Ayant une valeur purement consulrative, leurs rapports instruisent f'aaion {XJlitiqueau niveau des collectivités. Plus d'infos sur le rapport, tél. :0228206395. Cultures MARINES n0256 - mai 2012 grand angle 1111111 11111111 1111111 11111111111111 1111111111111111111111 1111 111 1111 11 Les centres techniques resserrent leur coopération C'était l'une des promesses des Assises de la conchyliculture. En octobre 2010, il avait été envisagé de mieux coordonner le travail des différents centres techniques conchylicoles. On dénombre aujou rd'hui 4 de ces structures qui servent de relais entre les professionnels, les scientifiques et les collectivités territoriales afin de promouvoir le développement de la conchyliculture: le Smel en Normandie, le Smidap en Pays de la Loire, le Creaa en PoitouCharentes et le Cépralmar en languedoc-Roussillon (tire ci-dessous). Il est il noter qu'un premier Havail collaboratif avait déjà été engagé par le passé: le « suivi sentinelle interrégional des agents infectieux de l'huÎtre creuse» devrait par ai lleurs être reconduit en 2012. Pour approfondir cette initiative, une convention cadre de coopération a été signée à Nantes le 30 mars. « Ce partenariat très attendu devrait nous permettre d'éviter de faire des choses redondantes et de partager nos expériences », indique l'un des signataires, André Lubrano, président du Cépralmar. Prévu pour une durée de 4 ans, l'accord va même un peu plus loin: « Il s'agit de mutualis er no s efforts et nos moyens humains », précise Adeline L:Honen, présidente du Smidap, qui a également paraphé le document. Pour aller dans cette direction, une plateforme informatique collective devrait être établie afin de faciliter les échanges d1nformations.Le nouveau diSpositif prévoit également un comité de suivi qui devrait se réunir Des moyens conséquents, mais dispersés Avec un budget de 960 000 euros, le Syndicat mixte pour l'équipement du littoral (Smel) emploie une équipe de 12 salariés, dont la ingénieurs et techniciens. Basé à Saint-Là (Manche), il dispose d'équipements importants: plateaux techniques, laboratoires d'analyses, divers moyens d1ntervention (tracteur, quads, vedette, etc.). Structure plus modeste intervenant surtout en Loire-Atlantique et en Vendée, le Syndicat mixte pour le développement de l'aquaculture et de la pêche (Smidap) mobilise environ 400 000 euros et 3 conseillers techniques permanents. ttabli sur un site de 14 ha au Château d'Oléron (Charente-Maritime), le centre régional d'expérimentation et d'application aquacole (Creaa) fonctionne avec 9 permanents, dont 5 cadre biologistes, et une enveloppe de 700 000 euros. Le Centre d'étude et de promotion des activités lagunaires et maritimes (Cépralmar) travaille depuis Montpellier avec une dotation d'environ 700 000 euros. Les signataires de la convention, de gauche à droite : Bernard Tréhet, président du Smel, Adeline L'Honen, présidente du Smidap, Yves Papin, président du Creaa et André Lubrano, président du Cepralmar. au moins une fois par an. Le pilotage de ce comité sera assuré à tour de rôle, chaque année, par un cadre issu d'un des centres techn iques. C'est au Smel que doit revenir la première mandature. Bertrand TARDIVEAU Deux nouvelles structures à ['étude Le conseil régional d'Aquitai ne a lancé un appel d'offres en vue de désigner un cabinet conseil en charge d'élaborer le dossier de création d'un centre technique pour l'ost réiculture arcachonnaise. Selon Olivier Laban, le président du comité régiona l de la conchyliculture (CRC) Arcachon-Aquitaine, celui-ci viendrait« compléter le travail déjà effectué par le lycée de la mer de Gujan-Mestras et le pôle océanographique d 'Arcachon. » La région Bretagne, sous l'impulsion de sa vice-présidente Isabelle Thomas, travaille également à la mise en place d'un centre technique pour la pêche et l'aquaculture. Actuellement instruit pour envisager notamment les moyens requis et les possibilités de financement, le dossier demeure encore au stade de l'étude de faisabilité, Surveillance microbiologique : seuil d'alerte amoindri Depuis le 24 février, le premier seuil d'alerte microbiologique est établi, non plus à 1 000, mais à 230 Escherichia coli pour 100 g de chair et liquide intervalvaire (CU) dans les coquillages vivants. Afin de maintenir leur classement en zone A, les échantillons de mollusques devront présenter 100 % des résultats conformes à ce nouveau seuil, sur une période de 3 ans. « Les pics de contamination peuvent ne pas être pris en compte, dans la mesure où on leur trouve une explication, fait toutefois valoir Goulven Brest, le président du Comité Une nouvelle interface sur internet présente la qualité microbiologique des zones de production conchylicole en métropole. national de la conchyliculture (CNC). Il existe de fait un certain degré de to lérance. » tvalués depuis 1989 par le réseau de surveillance micro- biologique (RemO de l'ifremer, les niveaux de contamination sur la base du dénombrement des E.coli ont contribué au déclassement sanitaire de plusieurs secteurs de production conchylicole. Ces derniers sont pour beaucoup d'entre eux situés en zone B, qui impose toujours 90 % des résultats en dessous de 4 600 E.coli pour 100 9 CU, A noter qu'une carte c ParamMaps » de l'évaluation de la qualité microbiologique des coquillages du littoral métropolitain a été mise en place sur internet début mars par l'ifremer (1). Cene carte reprend les résultatsEcolidu réseau de surveillance REM I pour la période 2005-2010. Des mises à jours seront vraisemblablement incorporées à cette nouvelle interface. B,T, (1)envlit.ifremer.fr/surveilfanœ/ microbiologie_sanitaire/presentation Cultures MARI NES n 0 256 - m ai 2012 11 11 11111 ~~===~ IIIIIIIIIIIIII II II IIIIIII I IIII IIIIIIII IIIIII II I II11 111111,1 enquête IJ Normand'Alg une filière en gestation Doté d'une enveloppe de 84 000 euros, et mis en place avec le concours du Smel. du laboratoire Bîomea de l'Université de Caen, ainsi que d u comi té régiona l de la conchyliculture (CRC) Normandie - Mer du Nord, le projet Normand'Alg doit entre r en phase de faisabilité technique avec l'appui de 3 conchyliculteurs normands: Maxime Godefroy de Gouvillesur-Mer, Christian de Longcamp, de l estres et Christine Follet, ostréicultrice en eau profonde à Fermanville. « Cette étude vise la diversifi cation des activités en conchylicul ture, en réponse aux mortalités ostréicoles, explique Katia Marie, en charge du projet au Smel. l a finalité est d'étudier la possibilité de culti ver de s macroalgues sur les concess ion s, po ur assu rer une source de revenus complémen ~ taires au x professionnel s. Identifier les sites propices Le Smel réalisera des plantules d'algues in vitro et évaluera leur imp l an t ions en milieu naturel afin de connaître leurs crois~ sances et leurs adapatations au milieu. Des cordes ensemencées d'une dizaine d'espèces algues seront ainsi mises en culture et surveillées pour connaître leur bonne croissance. « Ju sq u ' à j 'an prochain , nous obse r ve · rons la faisabilité des c ultures d'algues lo cales sur des zone s c o n c hylicoles pour produire les algues, « une réponse aux baisses de densité en ostréiculture, et une source de revenus complémentaires » selon Katia Marie, du Smel (en médaillon). des biomasses valorisables, tout en pré se r vant les r esso urc es naturell es. Ce la pourrait initier la création d 'un e nou vell e fili ère de production aquacole en Ba sse· Normandie, souligne Katia Marie. Notre étude doit estimer le s tonnages et le s coûts de production , l'identification des sites les plu s propices à l'acc li· matari on d es espèces. » Il s'agira également de recenser les profeSSionnels interessés par cette diversification (1) et estimer la valorisation des productions. Selon Ka t ia Marie, la culture d'a lgues pourrait compenser l'éventuelle baisse de densité, en poches par hectare, sur les pa rcs ostréicoles normands. Normand'Alg s'inscrit dans le projet Netalgae, qui syn· thétise les i nfo rmations sur les pratiques existantes en Europe, pour établir un guide de bonnes pratiques et de proposer des modèles de gestion durable des macroalgues (2). Ingrid GODARD (1) Une première réunion d'information a lieu le 14 mai à 10h30 à la salle des f~tes de Gouville pour les producteurs de la c6teouest. et la seconde a fieu le 16 mai à 14h30 à Carentan pour les producteurs de la c6te est et du Calvados. (2) www.netalgae.eu B Des pei ntures plus « vertes» à base d'algues B Du carburant d'algues brunes grâce à Vibrio splendidus Il devient très d ifficile de dénombrer exactement tous les débouchés possibles qui s'offrent à la biomasse algale. Après une valorisation dans le papier avec Shiro Alga Carra (Cultures marines n0252) ou encore l'emballage avec Algopack (Cultures marines n0254), voici que les algues s'invitent dans la peinture industrielle, où les produits contiennent généralement 65 % de substances issues de la pétrochimie. Afin de s'inscrire dans une démarche plus respectueuse de l'environnement et de la santé, la société Félor a m is au point des peintures plus « vertes :t constituées à 98 % de substances biosourcées, en provenance notamment d'algues bretonnes. N'émettant due' g par li tre de composés organiques volatils {(aV) quand la norme Ecolabel en impose 30 g par litre, cette gamme innovante baptisée Algo a d'ailleurs valu un trophée (risalide à,l'entreprise basée dans la région rennaise. L'utilisation des macro·algues comme ag rocarburant était jusqu'à pré· sent difficilement envisageable, en raison des difficultés de la bactérie Escherichia cofi à transformer les polysaccharides algaux (alginates). Des cherche urs du laboratoire Bio·Architec ture à Seattle, aux ttats·Un is, sont parvenu à surmonter cette difficulté grâce à Vibrio splendidus, une bactérie très friande d'algues qui est impliquée dans les cas de surmortalités de jeunes huîtres avec le virus OsHV·l. En associant des gènes de Vibrio splendidus à Escherichia coh~ Yasuo Yoshikuni et ses collègues ont mis au point une bactérie « capable de digérer les alginates pour les convertir en éthanol ». Un volume d'environ 280 g d'éthanol pourrait êt re ainsi produi t à partir d', kg d'algues brunes sèches. Publiés en début d'année dans le journal Science, ces résultats devraient aboutir prochainement à une phase d'expérimentation à l'échelle industrielle. production Il 1111111111111111111 1111 Entreprise 111 11 Triploïdes: vers un retrait de l'ifremer dès 2015 Annoncée dès sa naissance com me un progrès, la «tripla» a creusé une fracture au sein de la profession. Responsable du laboratoire génétique et pathologie à la station Ifremer de la Tremblade, Tristan Renault fait le point sur la production des huîtres triploïdes, sur laquelle l'établissement public garde une forte mainmise, tout en considérant un prochain désengagement. Cultures marines: Comment la t riploïde s'est-elle imposée? Tristan Renault: Sur environ 2 milliards de naissains produits en 2011 par les écloseries, 80 % d'entre eux étaie nt des huîtres tr ip loïdes. Disposant de 3 p aires de chromosomes au lieu de 2, CM. Comment obtient-o n au jourd'hui des tri ploïdes? TR. La première méthode qui consiste à appliquer directement un choc chimique aux huîtres diploïdes est devenu obsolète, même si elle demeure dans le domaine publie. Engagée dès la fin des années 1990, la production de tr iploïdes repose désormais sur le croisement entre des huîtres diploïdes femelles et des huîtres tétraploïdes mâles, qui ont 4 paires de chromosomes. Chaque année, nous fournissons au secteur professionnel des écloseries environ 200 individus tétraploïdes arrivés à maturation. En contrepartie, nous obtenons des roya lties su r le naissain triploïde qu i est commercialisé. ces mollusques qui peuvent être obtenus artificiellement présentent l'avantage d'être stériles, ce qui accélère leur pousse et limite leur laitance. Aucun étiquetage spécifique n'impose auj ourd'hui de les distinguer du res te de la production, puisque l'Anses (1) ne les considère ni comme un aliment nouveau, ni comme un organisme génétiquement modifié, CM. Le rôle de l'ifremer est donc prépondérant ... TR. Grâce à un systèmes de licences exclusives pour la France obtenues notamment avec l'université américaine de Rutgers, l'ifremer est en mesure de produire les tétraploïdes selon 2 méthodes. la première qui reprend le choc ~ chimique voit sa licence tomber Notre vocation première est de nous poser en soutien scientifique et technique à la profession. Tristan Renault dans le domaine publie en 2015. Le brevet de la seconde, qui emploie un choc thermique, doit expirer en 2025. Les tétraploïdes peuvent se reproduire entre eux. C'est pour éviter une propagation dans le milieu, et prévenir ainsi tout risque écologique, que l'Ifremer s'est vue confiée le contrôle de leur production. Nous disposons de moyens de traitements de nos rejets, ozone et javel, qui peuvent empêcher ce genre d'accident. Le risque zéro n'existe pourtant pas, et nous conti nuons à subir les foudres des partisans de la naturalité des huîtres. CM. Quen est-il pour l'avenir? TR. DepuiS l'an dernier, l'Ifremer envisage un éventuel retrait de la production des tétraploïdes, soit par la vente de son brevet, soit pa r la mi se en place de licences. Naissain d'écloserie biG en Italie Courtier en huîtres depuis 1995, via notamment l'entreprise Negostrea qui est basée à Saint-Malo, Tog ie Distribution se lance dans la production de naissain d'huîtres creuses. Sous le nom Togie Naissain, J'écloserie italienne a été inaugurée à Chioggia, près de Venise, en juin 2011. L'investissement représente plUSieurs centaines de milliers d'euros, et mobilise 7 salariés. « Nos géniteurs avons réa li sé une premi ère émission en novembre derni er: 80 millions de larves qui ont permi s de commercialiser 65 millions d'animaux, dont 20 millions ont déjà été livrés en France », précise Antonio Leone, responsable commercial de Togie, qui exposait lors du dernier salon Conchy Pêche. Du Tl au T6 (vendu 11 euros le mille), la production est axée pour le moment sur la diploïde. ~~ Nous espérons produire de 150 à 200 millions d'unités, sans passe r par l'ifremer. la tri ploïde, ce ne sera pas avant 2014, confie Antonio Leone. Nous visons un produit naturel et de qualité plutôt que des volumes importants. Cela exige des normes sanitaires exigeantes et le refus d1ntrants chimiques. D'ailleurs, nou s avons engagé une démarche pour devenir la première écJoserie certifiée bio. ») L'ifremer ne pourrait plus être taxée par les professionnels d'être juge et partie dans le système. Une affirmation qui, en l'état actuel des choses, est légitime. Notre voca tion première est de nous poser en soutien scientifique et technique à la profession, via notamment des structures que nous pourriont mettre à sa disposition, comme la nouvelle station de Bouin, en Vendée. Une reflexion doit être engagée au niveau du ministère de l'Agriculture qu i demeure le seul à pouvoir statuer sur ce dossier. Propos recueillis par Bertrand TARDIVEAU (1) Agence nationale de sécurité sanitaire de /'alimenation, de /'environnementet du travail. Aquanurs : un nouveau propriétaire Un rectificatif doit être apporté au guide des écloseries paru avec le dossier naissain dans Cultures marines n0254. Il s'agit de la nurserie vendéenne Aquanurs, qui a été cédée il y a quelques mois à Mickaël Tanguy. Ce jeune ostréiculteur de la Trinité-sur-Mer (Morbihan) s'est déjà distingué en ouvrant un bar à huîtres sur le chantier familial, à la pointe de Kermancy, il y a près de 2 ans. Togie naissain Aquanurs Tél. :0680630380 Tél. : 0607684143 Cultures MARINES n0233 - fevrier 2010