Structure de la gamme occidentale
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Structure de la gamme occidentale
Structure de la gamme occidentale Ce qui suit est extrait d'un cours fait à des TA^, élèves du Conservatoire National Supérieur de Paris, des conservatoires et écoles de musique de Paris et de la région parisienne. Il s'agit d'un exposé élémentaire qui a pour but d'expliquer la constitution de la gamme occidentale. Depuis l'Antiquité, musiciens et théoriciens ont imaginé un grand nombre de gammes. Il s'est dégagé au cours des siècles, en Occident, des gammes de conceptions différentes mais de structures très proches. Pour décrire « la gamme occidentale *, il est courant d'envisager 3 de ces gammes qui ont chacune leurs caractéristiques, et qui ne peuvent être fondues, théoriquement, en une seule gamme ; il s'agit des gammes de Pythagore, de Zarlino, et de la gamme tempérée. GÉNÉRALITÉS VALABLES 1. NOTES POUR LES 3 GAMMES DE LA GAMME. Les diverses notes utilisées par les musiciens se groupent en octaves de 7 + 1 notes chacune. - do ré mi fa sol la si do ré mi fa sol la si do ré mi fa sol la si do y - octave 2 octave do] lal doz 110 Hz de la2 do3 220 Hz octave 3 la3 440 Hz On envisage généralement 10 octaves, numérotées en France 1 0 1 2... 8). - 1 à + 8 (- L'ensemble de ces octaves forme l'échelle musicale. Deux notes de même nom sont séparées par une octave ou un nombre entier d'octaves. Ex. : dol do2 sont séparés par 1 octave, lal la3 sont séparés par 2 octaves. Chaque note d'une gamme donnée est caractérisée par sa fréquence N exprimée en Hertz (Hz). Ex. : la, 110 Hz la, 440 Hz (pour les trois gammes). Remarque. Les valeurs numériques des fréquences des notes données dans ce qui suit sont calculées à partir de la3 440 Hz. 2. PROPRIETES DES NOTES DE MEME NOM. Il existe par définition une relation très simple entre les fréquences de 2 notes de même nom. Lorsque l'on passe d'une note, à la note de même nom située à l'octave supérieure, la fréquence est multipliée par 2 . doz 130,8 Hz (gamme tempérée). Ex. : dol 65,4 Hz Lorsque l'on passe d'une note, à la note de même nom située 2 octaves au-dessus, la fréquence est multipliée par 2X2=4=22. Ex. : lal 110 Hz la3 440 Hz (toutes gammes). - En multipliant la fréquence d'une note par 2n, on trouve une note de même nom située à n octaves au-dessus de la note de départ. De même, lorsque l'on passe d'une note, à la note de même nom située à l'octave inférieure, la fréquence est divisée par 2. Lorsque l'on passe d'une note à la note de même nom située 2 octaves en dessous, la fréquence est divisée par 2 x 2 = 4 = 2 2 . 440 Ex. : la3 440 Hz lal 110 Hz = -. 4 - En divisant la fréquence d'une note par 2", on trouve une note de même nom située à n octaves au-dessous de la note de départ. 3. ALTERATION DES NOTES. Chaque note d'une gamme peut être altérée : # (ou # # ou x ), ce qui a pour effet d'augmenter la fréquence de la note ; - par un bémol i7 (ou b b), ce qui a pour effet de diminuer la fréquence de la note. - par un dièse 4. INTERVALLE DE 2 NOTES. En raison de sa structure, l'oreille perçoit le rapport des fréquences de 2 notes. - L'intervalle qui existe entre 2 notes est déterminé par le rapport des fréquences de ces notes. fréquence de la note la plus haute Intervalle ascendant i = fréquence de la note la plus basse fréquence de la note la plus basse Intervalle descendant i = fréquence de la note la plus haute Ex. : Intervalle ascendant entre ré3 et la3 (gamme de Pythagore) : ré3 293 Hz la3 440 Hz Intervalle descendant entre les mêmes notes : Intervalle ascendant entre la2 et la3 (toutes gammes) : - Il est parfois commode de mesurer un intervalle par le logarithme décimal du rapport des fréquences et on mulplie par 1000 le résultat obtenu pour éviter un grand nombre de chiffres après la virgule. Le résultat obtenu est alors exprimé en Savart (Note 4). On peut additionner ou soustraire les intervalles exprimés en Savart. Ex. : Intervalle ascendant la2 la3 en Savart : 440 = 1000 log 2 = 300 Savart. i = 1000 log 220 - Une oreille exercée reconnaît l'intervalle de 2 notes quelle que soit la position de ces notes dans la gamme. 5. CONCLUSION. - La structure d'une gamme sera déterminée par la connais- sance de la structure d'une des octaves de la gamme, c'està-dire par la connaissance des intervalles qui existent entre les différentes notes consécutives d'une même octave. 224 BULLETIN DE L'UNION DES PHYSICIENS. D'après ce qui précède, la structure des autrcs octaves de la gamme sera identique. ka frequence N d'une note d'une gamme donnée peut être calculée si l'on connaît l'intervailile qui existe entre cette note et une autre note dont on connaît la fréquence. Par convention internationale la3 440 Hz. D'oii la valeur des fréquences des notes dcs différentes gammes. Ex. : Gamme de Pythagore. Calcul de la fréquence de ré,. Intervalle ascendant ré3 la3 i = -. 3 L Fréquence dc rCj = fréquence de la3 - == 293,3 H L . i G A M M E DE PYTHAGORE 1. ORIGINE. Cette gamme semble avoir comme origine la consonance, considérée par les musiciens comme parfaite, de 2 sons émis l'un par une corde ( a ) de longueur 1, l'autre par les 2 / 3 de la longueur 1 d'une corde ( b ) identique à la précédente. Cherchons I'intervalle de ces 2 sons : La fréquence d'un son émis par une corde est à peu pris kV N = - ( k entier, V vitesse de propagation de la vibration le 22 long de la corde, 1 longueur de la corde). La fréquence du son émis par la corde (a) est : Na=V/22 ( k = l ) La fréquence du son émis par la corde ( h ) est : 2 Nb=V/2*--l d'où : 3 N a / N b = 312. L'intervalle des 2 sons est donc 312. (k=1) Nous verrons que dans la gamme de Pythagore, 3/2 est l'intervalle qui separe la première note de la cinquième note (les notes étant rangées par fréquence croissante) ; ces 2 sons forment alors une quinte (juste). Cette quinte a une origine naturelle (vibrations de cordes) ; elle peut être mesurée scientifiquement ; elle est déterminée à l'oreille par les musiciens. Remarque. Des considérations analogues peuvent être envisagées à partir de tuyaux. 2. PRINCIPE DE LA FORMATION DE LA GAMME DE PYTHAGORE. Soit Ni la fréquence d'un son. - Les notes de la gamme de Pythagore s'obtiennent par quintes successives en prenant comme première note Ni. Nous avons vu que l'octave a comme propriété de contenir huit notes de fréquences Ni N2... Ns. NB = 2 NI (par définition). Il faut donc trouver 6 notes dont les fréquences soient comprises entre N1 et 2 NI. - N1 - Note suivante à la quinte (ascendante par exemple) de N1 : N2/N1 = 3/2, N2 = 3/2 Ni, N2 est bien inférieur à 2 Ni, donc Nz convient. - Note suivante à la quinte (ascendante par exemple) de N2 : 9 N;/NZ = 3/2, N', = - N1 = 2,25 Ni fréquence supérieure 4 à 2 Ni ; nous envisagerons alors la note de même nom N3 située à l'octave inférieure de N;. Soit N3 = NI3/2 = 9/8 de Ni ; N3 est bien compris entre NI et 2 Ni, donc N3 convient. - Note suivante, etc., voir schéma 1. Pour obtenir les 6 notes dont les fréquences sont comprises entre NI et 2 Ni, on peut envisager 6 quintes ascendantes ou 6 quintes descendantes ou mélanger quintes ascendantes et quintes descendantes. On obtient, dans chaque cas, des octaves de structures différentes, mais elles ont toutes en commun le caractère fondamental suivant : les intervalles qui séparent 2 notes consécutives ne sont que de 2 types (les notes étant rangées par fréquence croissante) ; l'un est de 9/8 ou 51,15 Savart 226 Schéma 1 BULLETIN DE L'UNION DES PHYSICIENS 227 BULLETIN DE L'UNION DES PHYSICIENS (intervalle IP), l'autre de 2561243 ou 22,64 Savart (intervalle JP). Mais l'enchaînement de ces intervalles varie suivant le mélange de quintes envisagé ; on obtient alors différents modes (ex. : mode de Do ou mode Majeur, mode de Ré ou mode Dorien grec - etc.). 3. STRUCTURE DE LA GAMME DE PYTHAGORE. Une division de l'octave très courante est obtenue à partir de 5 quintes ascendantes et 1 quinte descendante (mode Majeur). Elle a la structure suivante : schéma 2. Schéma 2 00 Re' mi f= Ip = 918 L4 ,of Si ou 51,15 Savart, Jp = 2561243 ou 22,64 Savart. Degré 1 II III IV Ex Do Ré Mi Fa N1 9 -NI 8 Fréquence de la note ... . 9 Intervalle de la notelà NI Intervalle en Savart . 1 O 81 -NI 64 81 4 -N, 3 4 - - - 8 64 3 51,15 102,30 124,94 228 BULLETIN DE L'UNION DES Degré 1- Sol PHYSICIENS La Fréquence de la note . . . . . . Intervalle de la notelà NI Intervalle en Savart . . . Intervalle de 2 notes consécutives : Do Ré 918 soit Ip, Ré Mi 918 soit Ip, Mi Fa 2561243 soit Jp, Fa Sol 918 soit Ip, Sol La 918 soit Ip, La Si 918 soit Ir, Si Do 2561243 soit Jp. Pour obtenir les notes altérées, on peut envisager davantage de quintes ascendantes ou descendantes. L'introduction des notes altérées : 1 B, 1 b ne fait intervenir qu'un seul nouvel intervalle : JrP = 2 187/2048 ou 2552 Savart. Schéma 3 5.f la6 Jr 4 - Ji ~ofit> J La Z 1, L'intervalle de 2 notes enharmoniques, ex. : La S Sol en Savart : 28,52 - 22,64 = 5,88 Savart. C'est le comma de Pythagore, 5 est 4. CONCLUSION. Cette gamme est théoriquement remarquable par la simplicité de son mode de formation et par la constance des intervalles obtenus. Elle n'est cependant pas cyclique : on démontre qu'une suite de quintes ne permet jamais de retomber sur la note de départ (ou une note de même nom). Ex. : Si # ne coïncide pas avec Do. Si b b ne coïncide pas avec La. (On obtient une infinité de notes différentes). La transposition parfois difficile est possible. On reproche à la gamme de Pythagore de donner des accords de tierce majeure légèrement plus grands que l'accord de tierce majeure dit naturel - gamme de Zarlino. 81/64 = 127 pour Pythagore au lieu de 5/4 = 1,25 pour Zarlino ; des battements (cas des orgues par exemple) peuvent alors se produire (voir note 1). Dans le domaine musical, cette gamme parfaite pour les lignes mélodiques est considérée comme la plus satisfaisante et la plus expressive. Des études statistiques ont montré que la gamme de Pythagore est la plus appréciée. Les musiciens qui peuvent « faire leur note » (violoniste,...) jouent une gamme très voisine de celle de Pythagore, mais on ne peut envisager cette gamme pour les instruments classiques à sons fixes tels que pianos ... Remarque. Je n'étudie pas la gamme de Holder (17me siècle) obtenue en divisant l'octave en 53 intervalles égaux - intervalles appelés commas de Holder - (chaque ton vaut alors 9 commas avec 112 ton chromatique 5 commas et 112 ton diatonique 4 commas), car le résultat obtenu est très proche de la gamme de Pythagore ; les intervalles diffèrent le plus souvent de moins de 1/10e de Savart quand on passe d'une gamme à l'autre (imperceptible à l'oreille). G A M M E DE ZARLINO ou des physiciens, ou naturelle, ou d'Aristoxène [théoricien de ['Antiquité) 1. ORIGINE. Rappel. Un son périodique de fréquence N (par exemple son émis par une corde de violon) peut être considéré comme constitué d'une série de sons élémentaires (sons sinusoïdaux émis simultanément par exemple par une série de diapasons) de fréquence N, 2 N, 3 N, 4 N, ... Le son sinusoïdal de fréquence N s'appelle le fondamental (ou harmonique l), les sons sinusoïdaux de fréquence 2 N, 3 N, 4 N ,... s'appellent les harmoniques 2, 3, 4... (voir note 2). Il semble que l'origine de la gamme de Zarlino soit due aux sons émis par des cordes identiques (nature, section), de longueur 1, 1/2, 1/3, l/4,... sons dont les fréquences sont justement égales aux fréquences des harmoniques du son émis par la corde de longueur 1 (résultat qui découle de la relation approxima2L On envisage des harmoniques particuliers : en émettant simultanément des sons (accord) dont les fréquences sont égales aux fréquences des harmoniques 4, 5, 6 soit 4 N, 5 N, 6 N, les fréquences de ces sons (N quelconque), on obtient un accord particulièrement apprécié (consonance presque parfaite) appelé accord parfait majeur. - Zarlino a construit sa gamme à partir d'accords parfaits majeurs. Ces accords sont naturels, ils peuvent être déterminés scientifiquement, ou à l'oreille par les musiciens. Remarque. Des considérations analogues peuvent être envisagées à partir de tuyaux. 2. PRINCIPE DE LA GAMME DE ZARLINO. Nous avons vu que l'acord parfait majeur est constitué de 3 sons dont les fréquences sont entre elles comme 4 N, 5 N, 6 N (N quelconque). Calculons l'intervalle qui existe entre les sons de fréquence - 5N 5 4 N et 5 N : i = - - ; nous verrons que cet intervalle 4N 4 sépare la ire et la 3me note de la gamme de Zarlino (les notes étant rangées par fréquences croissantes) ; nous appellerons cet intervalle intervalle de tierce (majeure). Calculons l'intervalle qui existe entre les sons de fréquence 6 3 4 N et 6 N : i = - = --. Nous observons qu'il s'agit de 4 2 l'intervalle de quinte de la gamme de Pythagore. Nous appellerons cet intervalle intervalle de quinte de la même façon car il sépare la 1re note de la 5me note de la gamme de Zarlino. - La gamme de Zarlino est construite par une succession d'accords parfaits majeurs constitués chacun d'une tierce (majeure) et d'une quinte (juste). Si N est la fréquence du premier son de l'accord, 514 de N est la fréquence du 2- son de l'accord, 312 de N est la fréquence du 3- son de l'accord. Soit N1 la fréquence d'un son. L'octave doit contenir 8 notes N1 N2... Ns avec N8 = 2 NI. Il faut donc trouver les 6 notes dont les fréquences sont comprises entre N1 et 2 N1 ; ces 6 notes peuvent être obtenues à l'aide de 3 accords parfaits : l'accord parfait construit sur N1 donne 2 notes, l'une de ces notes est la première note de l'accord parfait suivant qui permet d'obtenir 2 nouvelles notes, un troisième accord parfait construit sur l'une des notes trouvées précédemment fournira les 2 dernières notes. Lorsque la fréquence des notes trouvées est supérieure à 2 NI, ou inférieure à Ni, on ramène la note dans l'octave en divisant par 2" ou en multipliant par 2%. Remarque. NI n'est pas nécessairement la note de départ ; elle peut être l'une des notes d'un accord parfait majeur issu d'une note N' de fréquence inférieure à NI. (Ne6sur de schéma suivant). En procédant de cette façon, on peut obtenir des octaves de structures très diverses (intervalles très différents). - La structure de l'octave de Zarlino est celle qui se rap- proche le plus de la structure de l'octave de Pythagore. Schéma 4 233 BULLETIN DE L'UNION DES PHYSICIENS 3. STRUCTURE DE LA GAMME DE ZARLINO. L'octave obtenue, comme l'indique le schéma précédent, a la structure suivante (mode majeur) : Schéma 5 On observe 3 sortes d'intervalles dans le cas envisagé : IZ = 918 ou 51,15 Savart, IZ = 1019 ou 45,76 Savart, JZ = 16/15 ou 28.03 Savart. III Degré FrCquence de la note Intervalle de la notelà NI .. -- Intervalle en Savart . . ...... I Degré Sol Fréquence de la note I . .. .. . Intervalle de la notelà NI . . L Intervalle en Savart . . . . . . . . Intervalle de 2 notes consécutives Do Ré 918 soit Iz, Ré Mi 1019 soit I'z, Mi Fa 16/15 soit Jz, Fa Sol 918 soit Iz, Sol La 1019 soit I'z, La Si 918 soit Iz, Si Do 16/15 soit JZ. - Remarques. - Les valeurs des fréquences et intervalles du tableau précédent ne sont données qu'à titre d'exemple car dans la gamme de Zarlino, une même note peut avoir différentes fréquences suivant la tonalité dans laquelle elle se trouve. Schéma 6 Sol x ne peut avoir même fréquence dans les 2 tonalités. - Les notes altérées # ou b n'ont pas de valeurs fixes ; elles dépendent par exemple de la tonalité envisagée. Les intervalles qui interviennent sont par exemple : JZ = 16/15 ou Jfz = 25/24 (intervalle qui sépare J'Z de JZ), d'autres encore... Mais le plus souvent, la note bémolisée est plus haute que la note diésée enharmonique, phénomène inverse de ce qui se passe dans la gamme de Pythagore. - L'intervalle qui sépare Jz de JIz soit 9/10 : 1019 = 81/80 ou 5,40 Savart est le comma de Zarlino ou comma syntonique. M 4. CONCLUSION. Cette gamme semble assez arbitraire car elle n'est construite que par référence à la gamme de Pythagore. Les deux sortes de ton IZ et IJZsont extrêmement gênants ; la transposition est inextricable. Cette gamme a l'avantage de fournir une tierce naturelle sans battements ... Elle ne semble être intéressante musicalement que par ses qualiés harmoniques, mais elle ne peut être couramment utilisée en raison de la variation de hauteur d'une note donnée selon la tonalité envisagée. G A M M E TEMPEREE 1. ORIGINE. Il semble difficile d'envisager des instruments à sons fixes utilisant les gammes précédentes ; le nombre de touches (par exemple) nécessaires serait trop grand, les problèmes de transposition parfois difficiles dans la gamme de Pythagore deviennent insolubles dans la gamme de Zarlino. D'où la recherche d'une gamme de structure simple permettant entre autres de transposer facilement. Cette gamme fut élaborée sous l'influence de BACHet de RAMEAU. La théorie en est due à WEKCKMEISTEII, 1691. 2. PRINCIPE DE LA FORMATION DE LA GAMME TEMPEREE. - L'octave est divisée en 12 demi-tons égaux. Si NI Nt1 NZ NIz N3 N4 Nt4 Nj NF5Nt6 Np6N7 Ne sont les fréquences des notes de l'octave, on doit avoir : en posant i l'intervalle d'un demi-ton. D'autre part, &/NI = 2 par définition. Valeur de i : 12 termes (12 intervalles). En exprimant cet intervalle en Savart, 1 octave = 301,03 Savart 301,03 d'où : i = - i = 25.086 Savart E 25 Savart 3. STRUCTURE DE LA GAMME TEMPEREE. L'octave obtenue, comme l'indique le schéma suivant, a la structure (mode majeur). Schéma 7 IT = 6 1- J~ = l2 2 - v2 , = (1,06)* ou = 1 ,O6 50,17 Savart (2 i) ou 25,086 Savart (i) I Intervalle en Savart .. . .. ... Degré I0l1 Intervalle de la note/à NI . . Intervalle en Savart . . . . . . . . Une note altérée f ou b se trouve exactement à un intervalle JT = i de la note non altérée. Il en résulte que les notes enharmoniques ont exactement la même fréquence. Ex. : Sol B a même fréquence que La b. 4. CONCLUSION. Cette gamme, dont la formation est purement artificielle, a pour elle d'être très simple de structure et permet de transposer facilement. Elle est utiIisée par les pianistes, harpistes ... En comparant les intervalles de cette gamme aux intervalles correspondants dcs gammes de Pythagore et de Zarlino, il appa- rait que la gamme tempérée est un compromis entre la gamme de Pythagore et celle de Zarlino : c'est peut-être là l'une des raisons supplémentaires d'un certain succès. Cependant, tous les intervalles de la gamme tempérée sont faux... (ne peuvent s'obtenir naturellement) sauf l'octave. Le schéma ci-après représente les intervalles de la gamme de La majeur dans les 3 gammes étudiées précédemment. P Gamme de Pythagore, T Gamme de Tempérée, Z Gamme de Zarlino. Schéma 8 4 1 l 1 J, : I l r, 1 TT 4 Ji De* - Jr i X= i Jz I ?= AL 1 Fa* I ad* - Les notes de même nom soulignées ont même fréquence. - Les lignes pointillées verticales indiquent la position d'une note de la gamme tempérée par rapport à la note de même nom dans les gammes de Pythagore et de Zarlino. 51,15 50J7 51,15 45,76 Savart Savart Savart Savart l h - Echelle du graphique non précisée. IT IT IZ I'z I 4 I j- I, ;fi* flil 1 1 Jp 22,64 Savart JT 25,09 Savart JZ 28,03 Savart En raison de la perception de la hauteur des sons par l'oreille humaine, il semble inutile d'approfondir la précision des calculs d'intervalles appartenant aux gammes précédentes. Dans la pratique, les musiciens tels que violonistes, violoncellistes ... utilisent une gamme voisine de celle de Pythagore, tandis que pianistes, harpistes ... emploient une gamme voisine de la gamme tempérée. La gamme de Zarlino est utilisée en harmonie dans la réalisation de certains accords (orgue) par exemple. L'expérience montre que ces trois gammes sont très voisines puisque, en musique d'ensemble, les musiciens n'utilisent pas la même gamme : il ne semble pas que le résultat ait à en souffrir... Cependant, il faut noter que, par exemple, un violoniste jouant dans la gamme tempérée joue plat ... Note 1. - Tierce de Zarlino : N' 5 = - N = 1,25 N. 4 L'harmonique 5 de N coïncide avec l'harmonique 4 de N' ; il n'y a pas de battements entre ces harmoniques. Voir schéma 9. Schéma 9 - Tierce de Pythagore : 81 N' = - N 1,27 N. 64 L'harmonique 5 de N coïncide presque avec l'harmonique 4 de N' d'où battements entre ces harmoniques. Voir schéma 10. 240 BULLETIN DE L'UNION DES PHYSICIENS Schéma 10 Note 2. SONAGRAMME (VIOLON). Schéma 11. On peut observer, entre autres, sur le sonagramme les harmoniques des 4 notes émises et déterminer l'intervalle de ces notes par observation des coïncidences entre harmoniques : 4 harmoniques 3 et 4 soit i = -- pour sol ré (quarte), 3 9 harmoniques 9 et 8 soit i - pour harmoniques 4 et 5 soit i = pour mi 4 8 5 ré mi (seconde), do (tierce). Note 3. Il arrive d'entendre : 1 ton vaut 9 commas (4 + 5) sans autres précisions ; cette affirmation n'est valable que dans la gamme de Holder. Le comma n'existe pas dans la gamme tempérée et a d'autres valeurs - parfois nombreuses en raisons de différentes définitions du comma - dans les gammes de Zarlino et de Pythagore. Note 4. Il est rappelé que les musiciens commencent à percevoir 2 sons distinctement en hauteur lorsque l'intervalle de ces 2 sons est de l'ordre de 2 à 3 Savart. F. GILOT, (Lycée Racine - Paris). Schéma 11