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ENTREPRISES Nike et Puma répondent favorablement aux pressions de Greenpeace Qiu Bo/Greenpeace Greenpeace a lancé cet été un défi aux industriels du textile : éliminer d'ici à 2020 tous les produits toxiques de la fabrication des vêtements. Un long travail en perspective car l'industrie peine encore à mettre en place des procédures efficaces pour les éliminer. Entreprises \Environnement Avec deux rapports parus pendant l’été, Greenpeace a choisi de taper fort sur l’industrie textile et en particulier sur les équipementiers sportifs. En juillet, le premier rapport « Dirty Laundry » relayait les rejets de produits chimiques mesurés par Greenpeace dans l’eau des fleuves proches des usines des sous-traitants de grandes entreprises textiles telles que Nike, Adidas et H&M. Dans le deuxième rapport « Dirty Laundry 2 : Hung out to dry » publié récemment, Greenpeace a cherché la présence de ces substances dangereuses dans les vêtements de 15 marques (1). Conclusion ? Les deux tiers des échantillons contenaient des substances de la famille des alkylphénols connues pour être des perturbateurs endocriniens. Pression médiatique sur les géants du sport Greenpeace a ainsi resserré l’étau autour des grandes marques et prouvé l’utilisation de substances dangereuses dans le processus de fabrication des vêtements. S’en est suivie une campagne médiatique intitulée Detox ciblée particulièrement sur deux géants du sport : Nike et Adidas, visant à obliger ces grandes marques à s’engager sur l’élimination de tous ces produits d’ici à 2020. « Dans le secteur du textile, les équipementiers sportifs pourraient atteindre cet objectif plus rapidement. Certains ont déjà au moins 50% des instruments nécessaires à leur disposition. Nous avons donc choisi de cibler la campagne sur eux », explique Martin Besieux de Greenpeace. Ce sont finalement Nike et Puma qui ont répondu favorablement aux pressions de l’ONG. Les deux groupes ont en effet annoncé un plan d’action publié d’ici huit semaines. « Nike a déjà développé de nombreux outils et communique beaucoup sur le sujet », explique Emmanuel Pretet, gérant de Carbone Tex, bureau d’étude environnemental spécialisé dans le textile et l’habillement. Quant à Puma, la marque du groupe PPR a déjà annoncé il y a quelques mois son intention de publier un compte de résultat prenant en compte ses impacts environnementaux, sociétaux et économiques (voir encadré). Adidas, lui, fait de la résistance. Dans un communiqué paru le 22 juillet, le groupe reconnait la démarche de Greenpeace et affirme être en relation avec d’autres membres de l’industrie textile afin « de développer et de coordonner une approche qui pourrait répondre au défi lancé par Greenpeace ». Mais il se refuse à répondre à l’engagement chiffré de Greenpeace, soulignant les mesures qu’il a déjà mises en place. « Adidas se vante d’être le meilleur sur le sujet mais nous avons prouvé le contraire. Maintenant, il se cache derrière les actions collectives mais pour nous ça n’est pas suffisant, nous voulons qu’Adidas s’engage individuellement comme d’autres et soit l’un des chefs de file du changement », ajoute Martin Besieux. Et après les grandes entreprises du sport, c’est H&M qui pourrait être sommée de se lancer. « Notre objectif, c’est que 75% des entreprises du marché s’engagent individuellement dans le challenge », insiste Martin Besieux. Quelques efforts encore insuffisants UN COMPTE DE RÉSULTAT De nombreuses marques ne sont pourtant pas restées les bras croisés jusqu’à ENVIRONNEMENTAL CHEZ aujourd’hui. En début d’année naissait par exemple aux Etats-Unis la PUMA Sustainable Apparel Coalition regroupant notamment Nike, Adidas et Puma dans le but de « réduire l’impact social et environnemental des vêtements et En mai dernier, Puma publiait un des chaussures dans le monde » (voir article lié). Mais l’organisation est trop premier compte de résultat récente et Greenpeace estime par ailleurs que cette initiative reste environnemental chiffrant les insuffisante. « Cette démarche est intéressante, mais quel sera son rôle sur la différents impacts question des substances dangereuses ? », interroge l’ONG. Plus concrètement, environnementaux de l’entreprise. Adidas, H&M ou Nike ont aussi mis en place des listes de substances interdites « Cette démarche est vraiment (Restricted Substances List) mais leur mode d’élaboration ne satisfait pas novatrice et surtout elle est assez Greenpeace. Elles ne concerneraient que le produit fini et le contrôle se complète puisqu’elle prend en limiterait à la recherche d’une certaine concentration de substances toxiques. compte les activités indirectes de En dessous de ce seuil, la substance est alors considérée comme non utilisée. l’entreprise », explique Emmanuel « Ce fonctionnement n’est pas correct. Certains produits toxiques très solubles Pretet, gérant du bureau d’étude ne se retrouveront pas dans le produit final mais ailleurs. Par exemple, nous environnemental Carbone Tex. Une n’avons rien trouvé dans les échantillons de Gap. Ça ne veut pas dire pour première partie du chiffrage de la autant que des substances toxiques ne sont pas utilisées pendant l’élaboration première étape. La firme a analysé des vêtements. Quant à la concentration de ces substances, leur seuil de sa consommation d’eau et ses détection est trop haut », insiste Martin Besieux qui préconise de mesurer les émissions de gaz à effet de serre à concentrations dès 1 ppm (partie par million). travers sa chaîne Des informations publiques et un contrôle strict des sous-traitants d’approvisionnement et ses Quelques rares fabricants comme Nike sont néanmoins allés plus loin et ont établi un second type de listes (Manufacturing Restricted Substances List) ne concernant pas cette fois le produit fini mais la manière de le produire et interdisant plus explicitement l’utilisation de ces produits au cours de la fabrication. Suite aux recommandations de Greenpeace, cette liste et la Restricted Substances List de Nike ont d’ailleurs été rallongées la semaine dernière. activités. Cinq niveaux d’activités ont été analysés (entre l’entreprise et le fournisseur de rang 4 correspondant aux producteurs de matières premières) Au total, l’impact environnemental a été évalué à 94,4 millions d’euros dont 87,2 millions d’euros provenant de Pour Greenpeace, toutes ces listes doivent être rendues publiques. « Cet accès la chaîne de fournisseurs. Un Pour Greenpeace, toutes ces listes doivent être rendues publiques. « Cet accès la chaîne de fournisseurs. Un à l’information est pour nous aussi indispensable que l’engagement individuel impact qui pousse Puma à agir de chaque entreprise », souligne Martin Besieux. envers ses fournisseurs afin de La mise en place d’un système de contrôle chez les sous-traitants constituera « leur faire prendre conscience que l’étape suivante. La tâche s’annonce compliquée, tant la filière est divisée en le modèle économique actuel est plusieurs niveaux de sous-traitance. « Ces grandes marques possèdent dépassé et qu’il doit être réformé en plusieurs milliers de sous-traitants en moyenne. A l’heure actuelle, les moyens profondeur ». de contrôle ne sont pas suffisants pour faire réellement pression sur eux », précise Emmanuel Pretet. Consciente de ce contexte, Greenpeace a déjà mis en place des groupes de travail avec les industriels engagés pour réfléchir collectivement à des procédures efficaces. « Le travail sera certainement plus compliqué que celui déjà mené avec le secteur de l’électronique, où nous avons permis de limiter l’utilisation du brome et du chlore chez les sous-traitants », ajoute Martin Besieux. « Mais si le secteur du textile change ses pratiques, il permettra que d’autres secteurs évoluent par la suite pour améliorer les problèmes de pollution des pays du Sud ». L’objectif final pour Greenpeace : que la législation dans les pays du Sud s’arme enfin d’un système de contrôle des substances toxiques tel que REACH. (1) Nike, Adidas, Puma, H&M, Abercrombie & Fitch, Calvin Klein, Converse, Gap, G-Star Raw, Kappa, Lacoste, Li Ning, Ralph Lauren, Uniqlo, Youngor Pauline REY-BRAHMI Mis en ligne le : 26-08-2011 © 2009 Novethic - Tous droits réservés ARTICLES SUR LE MÊME THÈME Lancement de la sustainable apparel coalition aux Etats-Unis (11-04-2011) LIENS UTILES Le rapport Dirty Laundry Rapport Dirty Laundry 2 : Hung out to dry