Réorganisation de l`encadrement de la génétique ovine
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Réorganisation de l`encadrement de la génétique ovine
Réorganisation de l’encadrement de la génétique ovine Introduction Depuis la réforme de la Politique Agricole Commune (PAC) en 2003, l’agriculture européenne et son encadrement se réorganisent. Le principal objectif de cette réorganisation est de continuer à aider l’agriculture européenne tout en étant en accord avec l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) qui tend à limiter les aides liées à la production. L’Europe est donc entrée dans une dynamique de découplage des aides et de la production. Ce découplage entraîne de fortes modifications des systèmes de financement de l’agriculture et des organismes d’appui à la production agricole. C’est dans ce contexte que le gouvernement français a promulgué la Loi n° 2006-11 du 5 janvier 2006 d’orientation agricole qui remplace pour partie la Loi n° 66-1005 du 28 décembre 1966 sur l’élevage et qui a pour objectifs de : • Promouvoir une démarche d’entreprise au service de l’emploi et des conditions de vie des agriculteurs ; • Protéger et valoriser l’espace agricole et forestier ; • Consolider le revenu agricole et favoriser l’activité ; • Répondre aux attentes des citoyens et des consommateurs ; • Simplifier et moderniser l’encadrement de l’agriculture. Ce dernier point concerne notamment l’organisation des programmes d’amélioration génétique et leur encadrement. En effet, les attendus majeurs de cette loi sont de simplifier et de moderniser l’organisation de la gestion des populations animales, de préserver la diversité des ressources zoogénétiques et de garantir aux éleveurs un accès satisfaisant sur tout le territoire, en quantité, comme en qualité zootechnique et sanitaire, aux services intervenant dans l’amélioration génétique du cheptel. La loi prévoit pour chaque race, la création d’un Organisme de Sélection, agréé pour une durée déterminée par le ministre chargé de l’agriculture. Pour l’espèce ovine, les décrets d’application précisent que L’Organisme de Sélection (OS) peut accomplir la mission de coordination des actions concourant à l’amélioration génétique, voire réaliser tout ou partie de ces actions dans le cadre d’une gestion globale. Afin d’accompagner cette réorganisation des programmes d’amélioration génétique ovins, l’Institut de l’Élevage et France UPRA Sélection ont déposé un dossier d’action innovante (action innovante « Global ») à la Commission Nationale de l’Amélioration Génétique. Cette action, financée par le Ministère de l’Agriculture et de la Pêche, a pour but d’inciter à l’émergence d’un Service Global de la Génétique aux éleveurs, regroupant, sous une Institut de l’Élevage 1 même structure, l’ensemble des services de la génétique. En effet, ces derniers sont aujourd’hui remplis par des organismes différents et ne sont pas toujours suffisamment coordonnés. Ceci correspond à la volonté simplificatrice et modernisatrice de la Loi, tout en assurant la préservation de la diversité génétique sur l’ensemble du territoire occupé par l’espèce ovine. • les activités de production et de mise en place de semence pour l’IA sont réalisées par les Centres d’Insémination Animale (CIA). La coordination du schéma revient à l’UPRA notamment dans son rôle de « parlement de la race ». Cette organisation est donc le résultat de la Loi sur l’élevage de 1966 qui voulait une séparation des différentes missions de l’amélioration génétique. Cette étude s’est inscrite dans le cadre de cette action innovante. Elle avait pour buts de réaliser un état des lieux de l’organisation de l’encadrement des programmes d’amélioration génétique en France et d’apporter des idées et des solutions aux acteurs de la génétique souhaitant se réorganiser. Contrôle de performance MAB Diffusion Base de sélection Utilisateurs Insémination artificielle SCI-CE Testage sur descendant Outils Flux de reproducteurs Flux de semence I. Contexte 1. L’organisation de l’amélioration génétique ovine en France Différents organismes entrent en jeu dans un programme d’amélioration génétique. En général dans la filière ovine : • l’état civil et le contrôle de performances sont réalisés par les Établissements De l’Élevage (EDE), ces EDE sont généralement départementaux et font souvent partie des Chambres d’Agriculture (CA) ; • l’évaluation individuelle (en Station de Contrôle Individuel ou Centre d’Élevage) est réalisée par l’Unité nationale de sélection et de Promotion RAciale (UPRA) ou l’Unité de Sélection (US) ; • le testage sur descendance est réalisé par l’UPRA ou l’US ; 2 Institut de l’Élevage Éleveurs ■ EDE ■ UPRA-US ■ CIA > Figure 1 : Modèle de schéma de sélection ovin Sur la figure 1, la base de sélection est constituée par l’ensemble des éleveurs adhérents à l’UPRA. Les animaux de cette base doivent être inscrits au Livre Généalogique de leur race pour assurer qu’ils sont bien de race pure. C’est principalement sur cette base de sélection qu’est effectué le Contrôle de Performances en ferme (CP). Les brebis qui ont les meilleurs résultats au CP de cette base sont appelées mères à béliers (MAB). Ce sont leurs fils qui entreront en station de contrôle individuel (SCI) ou en centre d’élevage (CE) pour « l’évaluation individuelle ». Les meilleurs d’entre eux sont ensuite testés sur descendance en étant accouplés à des brebis de la base de sélection. Les meilleurs béliers testés sont les « améliorateurs » qui seront utilisés en IA pour les accouplements raisonnés avec les mères à béliers. La diffusion du progrès génétique ainsi créé se fait un peu par IA et par la vente de béliers sortis des stations de contrôle individuel, des centres d’élevage et de testage. Elle se fait surtout par vente des animaux de la base de sélection à l’ensemble des éleveurs utilisateurs. Cette vente ne couvrant pas l’ensemble des besoins, elle est complétée par le commerce d’animaux entre utilisateurs. En ovin viande, les Organisations de Producteurs (OP) jouent un rôle important dans la vente de ces reproducteurs. Les rôles de l’Institut de l’Élevage sont de concevoir les protocoles techniques nécessaires aux programmes d’amélioration génétique et d’assurer l’appui technique et méthodologique aux organismes d’élevage sur le terrain. Les rôles de l’Institut National de la Recherche Agronomique (INRA) sont de contribuer à l’optimisation des programmes d’amélioration génétique et de réaliser les évaluations génétiques des animaux reproducteurs en s’appuyant sur son Centre de Traitement de l’Information Génétique (CTIG). 2. Les conséquences de l’application de la LOA Voici les quelques évolutions qu’implique la LOA dans l’organisation de la génétique en France. Les UPRA doivent se restructurer en OS. Il n’y a quasiment pas de différences entre les missions conférées aux OS et celles qui étaient de la responsabilité des UPRA. Les OS ovins conservent la possibilité d’exécuter des tâches de collecte de données, de conduite de station d’évaluation, de conduite d’un programme de testage et de sélection. Ils peuvent réaliser les missions concourant à l’amélioration génétique. Cette possibilité est une spécificité des OS de petits ruminants, qui, le plus souvent, remplissent à la fois les missions d’OS et d’ES (Entreprise de Sélection). La principale différence se trouve dans les statuts des OS, la LOA leur apporte plus de souplesse que la Loi sur l’élevage de 1966 aux UPRA. En effet, elle n’impose pas le statut associatif. On peut noter qu’il est demandé une représentation équilibrée des acteurs intéressés par l’amélioration génétique. Cette condition était déjà présente dans la loi sur l’élevage de 1966 mais très rarement appliquée dans les faits. Si cette condition ne représente pas de réalité juridique vérifiable, elle est largement mise en avant dans l’évolution souhaitée des UPRA en OS, le Ministère de l’Agriculture et de la Pêche, dans le cadre de la CNAG (Commission Nationale de l’Amélioration Génétique) en tiendra compte dans l’action d’agrément des OS. Une autre évolution rendue possible par la LOA est que la mission d’enregistrement des performances n’est plus attribuée à titre exclusif aux EDE. Cette mission est regroupée à celle de contrôle de performance dans un même service public qui pourra être assuré par l’EDE ou par tout autre organisme indépendant ayant répondu à l’appel d’offres. L’identification et la certification de la parenté sont deux missions confiées à titre exclusif aux EDE. Cependant, une dérogation est possible pour les petits ruminants pour que la certification de la parenté soit réalisée par l’organisme de contrôle de performances, ce qui est le cas actuellement (il n’y a pas de certification de la parenté hors du contrôle de performances en ovin). Institut de l’Élevage 3 De prime abord, cette LOA ne semble donc pas impliquer d’évolution majeure dans l’organisation de l’amélioration génétique en France. Elle a pour but principal de se mettre en conformité avec le droit communautaire. Elle apparaîtrait plus comme le point de départ du repositionnement de l’État dans l’organisation de l’amélioration génétique. On peut noter qu’il confie le pilotage de la génétique à la récente interprofession nationale de l’amélioration génétique des ruminants : France Génétique Élevage (FGE). Il faut également noter la volonté de l’Administration de pousser à la restructuration des organismes agricoles impliqués même si il n’y a aucune obligation réglementaire. 3. Le service global de la génétique comme réponse à la situation Pour faire face au repositionnement annoncé et amorcé de l’État dans l’amélioration génétique, les responsables professionnels ont jugé important d’en réduire les coûts et de partir à la recherche d’autres sources de financements. Une proposition avancée par des éleveurs ovins élus est de mettre en place un Service Global de la Génétique. Il s’agit de regrouper les services de la génétique auprès de l’éleveur autour d’un minimum d’acteurs de terrain. Un rapprochement des services de la génétique permettrait : • Une réduction des coûts de la génétique en limitant les déplacements et les « frais fixes » liés au nombre de structures ; • Une cohérence accrue pour l’éleveur chez qui interviendraient des interlocuteurs moins nombreux et plus spécialisés en élevage ovin, avec une vision plus globale de l’exploitation ; • Un atout pour rechercher un soutien politique et financier de la part de l’État et de la profession agricole, dans la mesure où la filière ovine affiche sa cohérence et propose de se restructurer en profondeur ; • Une diminution du nombre de structures auxquelles cotise l’éleveur. II. État des lieux de l’encadrement de la génétique ovine en France > Figure 2 : Carte des bassins de production ovine français 4 Institut de l’Élevage Institut de l’Élevage 5 2400 13% 27% 7% 2300 3700 2600 3600 1200 5000 700 760 2000 1500 570 260 viande viande viande viande viande viande 10000 2700 lait et viande viande viande viande viande viande 10-Massif Central 15-Pyrénées Viande 16-Sud-Est 9-Lot 2-Centre Est 6-Grand Ouest 11-Nord 1-Bretagne 3-Centre Loire 12-Nord-Est 13-Normandie viande viande 8-Lacaune 5-Garonne Landes 7-Jura 1% 2% 4% 5% 2% 2% 3% 10% 7% 10% 2180 lait 14-Pyrénées Lait 6% 490 10% 5% 17% 6% 9% 7% 870000 58% 17700 45000 76500 299000 66600 54800 239000 0% 1% 2% 6% 1% 1% 5% 1365000 28% 490000 260000 830000 309000 460000 6% 536000 36% 96600 15 50 90 35 30 340 370 215 125 120 145 260 125 1% 3% 5% 2% 1% 18% 19% 11% 6% 6% 7% 13% 6% 398 357 73 48% 43% 9% 1600 2000 13700 3000 2200 35600 47500 25200 54500 47000 23000 65000 31500 0% 1% 4% 1% 1% 10% 14% 7% 16% 13% 7% 19% 9% Nb élev % age Nb élev % age Nb élev % age Nb élev % age Nb élev % age all en France lait en France lait en France lait en France all en CP France PCO PCO CP CP 45% 340000 41% 9% Nb élev % age Nb élev % age all en France lait en France PCO PCO lait Type de prod 4-Corse Bassin > Tableau 1 : Caractérisation des bassins de production ovine français 7% 177000 58% 109000 36% 20500 4% 3% 5% 5% 4% 15% 3% 5% 21% 6% 7% 14% 11% en allaitant 20% en lait. 20% 21% bouchères bouchères et rustiques bouchères bouchères et rustiques bouchères bouchères bouchères bouchères et rustiques bouchères rustique rustiques rustiques rustiques laitière rustique laitières laitière Nb élev % age Taux de Type de races lait en CP France pénétration principal du CP ou CLO herbages + bergerie herbages + bergerie herbages + bergerie herbages + bergerie herbages + bergerie herbages + bergerie bergerie + parcours ou herbages herbages + bergerie parcours + bergerie parcours + bergerie (transhumant) parcours + bergerie (transhumant) parcours + bergerie bergerie + parcours parcours + bergerie (transhumant) parcours + bergerie (transhumant) Systèmes d’élevage Romane (INRA 401) Roussin de la Hague Est à Laine Mérinos Ile de France Roussin de la Hague Ile de France Limousine, Mouton Vendéen, Rouge de l'Ouest Mouton Charollais Causses du Lot Mérinos d'Arles Tarasconnaise Blanc du Massif Central Lacaune (viande et lait) Manech Tête Rousse Brebis Corse Races dominantes Avranchin, Cotentin, Roussin de la Hague Est à Laine Mérinos Limousine, Mouton Vendéen Rouge de l'Ouest Mouton Charollais Causses du Lot Mourérous, Mérinos d'Arles, Préalpes du Sud Races rustiques pyrénéennes les 6 «races ovines des massifs» Lacaune Basco-Béarnaise, Manech Tête Noire, Manech Tête Rousse Brebis Corse Berceau de race 1. Délimitation de zones de production ovine Les filières et races étant pour la plupart liées à un territoire délimité, il a semblé intéressant de traiter l’organisation de l’amélioration génétique en France différemment suivant les territoires et leurs caractéristiques de production ovine. Il a donc été nécessaire de délimiter des zones de production ovine, des bassins de production ovine. Pour délimiter ces bassins, nous avons dû définir les critères les caractérisant et les différenciant. • Zone géographique continue et limitée • Zone pédo-climatique homogène • Centré autour d’une filière de production • Système d’élevage homogène • Nombre de races limité ou type de races homogène (lait, viande, bouchère, rustique) • Histoire et culture commune Un bassin résulte de la combinaison de ces critères. > Grands bassins bouchers, Grand-Ouest, Nord et Centre-Est, utilisant des races bouchères en bergerie et/ou à l’herbe. Le bassin Grand-Ouest est un bassin mixte « boucher-rustique » mais la partie rustique reste sur une zone très limitée. > Petits bassins ovins, Nord-Est, Bretagne, CentreLoire et Normandie, utilisant des races rustiques et bouchères conduites en bergerie ou à l’herbe avec une densité ovine assez faible. > 2 zones ne pouvant être qualifiées de bassin à cause de leur faible densité ovine et de l’absence d’organisation génétique (très peu de contrôle de performance), Garonne-Landes et Jura. (zones définies par défaut) 2. Caractérisation des zones de production ovine Seize bassins de production ovine ont donc été délimités pour réaliser l’état des lieux de l’organisation de l’amélioration génétique ovine en France. Cependant il est possible de les regrouper en 6 types : > Bassins laitiers exclusifs, Pyrénées Lait et Corse, caractérisés par un territoire petit, des brebis quasiment exclusivement de races locales et une filière laitière autour d’un produit AOC. > Lacaune, le seul bassin mixte « lait-viande », autour d’une race locale qui est la race la plus importante numériquement en France. Bassin viande moyen mais c’est le plus important bassin lait (autour de l’AOC Roquefort) > Bassins rustiques, Lot, Massif-Central, Sud-Est et Pyrénées Viande, caractérisés par la présence de races rustiques utilisant un territoire difficile. Le Lot est un bassin rustique particulier avec un schéma de production à double étage (croisements avec des races bouchères) qui a permis d’assurer la pérennité de la race rustique locale (Causses du Lot). 6 Institut de l’Élevage Discussion L’échelle du bassin de production ovine a été retenue comme un axe d’analyse intéressant pour étudier la réorganisation des services de la génétique : • d’une part parce qu’un bassin est souvent lié à une filière donnée et donc une réorganisation par bassin sera cohérente au niveau des filières ; • d’autre part parce qu’il apparaît que l’échelle départementale (sur laquelle étaient organisé la majorité des EDE) ne permet pas une réorganisation efficace car elle est trop petite pour réduire les coûts de la génétique. L’objectif de cette représentation par bassins est d’analyser la situation et de faire un état des lieux de l’organisation génétique ovine en France, ils pourront également servir à structurer l’appui par bassin à la réorganisation de l’amélioration génétique en France. entre 60 et 80 % de ses brebis et de ses éleveurs dans ce bassin. (13-Normandie et 10-Massif-Central). • Type 4 : L’UPRA majoritaire comprend moins de 70 % des brebis pure race et des adhérents UPRA du bassin. Cette UPRA a entre 20 et 60 % de ses brebis et adhérents dans ce bassin. (2-Centre-Est, 6-GrandOuest et 11-Nord). • Type 5 : L’UPRA majoritaire a moins de 20 % de ses brebis et adhérents sur ce bassin. (1-Bretagne, 3Centre-Loire et 12-Nord-Est). • Type 6 : Les zones ont moins de 2000 brebis et moins de 10 éleveurs en UPRA. (5-Garonne Landes et 7-Jura) 3. Organisation des services de la génétique ovine Afin de réaliser l’état des lieux de l’organisation de la génétique ovine en France, un questionnaire commun a été envoyé aux acteurs de la génétique auprès des éleveurs. Ces acteurs sont les UPRA, les EDE et les OCP, les CIA et les OP. Il est intéressant de voir que dans la première classe ne se trouvent que des Bassins Rustiques et Laitiers. On retrouve également le bassin Lacaune comme bassin particulier. Dans la quatrième, on retrouve les Grands Bassins Bouchers, et dans la cinquième ne se trouvent que des Petits Bassins Ovins. Dans la dernière, on retrouve les 2 zones n’étant pas des bassins. Importance du bassin pour l’UPRA majoritaire Types 1 et 2 80% Type 3 Par zone de production ovine Tous les bassins ont une organisation de l’encadrement des programmes d’amélioration génétique différente mais on peut tout de même ressortir 6 types de bassins avec les caractéristiques suivantes : 60% Type 4 20% Type 5 70% • Type 1 : 70 % des brebis et des éleveurs en UPRA du bassin font partie d’une même UPRA. Cette UPRA a plus de 80 % de ses brebis et de ses éleveurs dans ce bassin. (4-Corse, 9-Lot, 14-Pyrénées Lait, 15-Pyrénées Viande et 16-Sud-Est) • Type 2 : Même caractéristiques mais UPRA faible et US très importantes (8-Lacaune) • Type 3 : 70 % des brebis et des éleveurs en UPRA du bassin font partie d’une même UPRA. Cette UPRA a Importance de l’UPRA majoritaire pour le bassin > Figure 3 : Typologie de l’organisation génétique des bassins de production ovine La figure 3 est intéressante pour appréhender les conditions de mises en place d’un Service Global sur les différents bassins. Sur un bassin de type 1 et 2, on peut envisager qu’un Service Global soit directement assuré par un OS car la majorité des éleveurs de ce bassin fait partie d’une OS majoritaire. De plus la Institut de l’Élevage 7 majeure partie des adhérents de cet OS fait partie de ce bassin. Sur un bassin de type 3, un Service Global assuré par l’OS pourrait également être envisagé, mais le prendrait-elle en charge sachant que plus de 20% de ses adhérents ne font pas partie de ce bassin ? Pour un bassin des autres types, la prise en charge d’un Service Global par l’OS majoritaire uniquement risque d’être difficile sachant qu’une grande part des éleveurs de ce bassin ne fait pas partie de cet OS et qu’une grande part des adhérents de l’OS n’est pas située dans ce bassin. Un Service Global est possible mais il sera plus probablement pris en charge par un autre type d’organisme (EDE ou OP par exemple). tournées d’inscription. Un peu plus participe à l’augmentation de la résistance à la tremblante. Après avoir caractérisé les différentes zones de production ovine en France, il est intéressant de voir les caractéristiques communes aux organismes selon leur type. La principale action des US est le testage sur descendance et l’évaluation individuelle des jeunes mâles. Elles ont également une activité très importante dans la diffusion du progrès génétique. Elles sont très présentes dans toutes les actions de la génétique sauf dans le contrôle de performances et la certification de la parenté. Par type d’organismes • Les UPRA (Unités nationales de sélection et de Promotion Raciales) La moitié met en relation des éleveurs pour la diffusion de reproducteurs mais peu font de la vente proprement dite. Peu d’EDE et d’OCP s’investissent autour de l’IA, de l’évaluation individuelle des jeunes mâles en station et du testage sur descendance. Relativement peu projettent de se réorganiser. • Les US (Unités de Sélection) • Les CIA (Centres d’Insémination Animale) Les UPRA ont donc une implication très forte dans la génétique ovine en France. Les seules actions dont elles s’occupent peu sont le contrôle de performance et la certification de la parenté, la certification de race dans le cadre d’un signe officiel de qualité et l’IA. Elles remplissent donc, pour la plupart, les missions d’OES (Organisme et Entreprise de Sélection). • Les OP (Organisations de Producteurs) La principale action dans la génétique des OP ayant répondu est la diffusion du progrès génétique. Elles disent aussi s’investir dans le conseil sur le tri des animaux. Deux autres actions à relever sont la mise en place de la semence pour la moitié des OP ayant répondu et la certification raciale dans le cadre de signes officiels de qualité. • Les EDE (Établissements De l’Élevage) et OCP (Organismes de Contrôle de Performances) Tous les OCP et EDE, en plus de leur mission de contrôle de performances, font de la certification de la parenté. En effet, dans l’espèce ovine, l’adhésion à l’état civil est liée au contrôle de performances. Une grande partie fait du conseil génétique sur le tri des animaux. La moitié environ s’investit dans les 8 Institut de l’Élevage Les principales actions des CIA sont la production et la mise en place de semence. Les CIA sont également impliqués dans l’augmentation de la résistance des cheptels à la tremblante. Une grosse moitié fait du conseil génétique à l’éleveur. Les trois quarts participent à la diffusion, à l’évaluation des jeunes mâles en SCI ou CE et au testage sur descendance. Ils sont peu présents dans le contrôle de performances et la certification de la parenté. Discussion Les deux niveaux d’état des lieux ont principalement été réalisés à partir des réponses au questionnaire envoyé aux organismes agissant pour l’amélioration génétique ovine en France. Nous avons pu disposer des résultats d’une grande part des UPRA ou groupes d’UPRA majeures (11 sur 13), d’une grande part des EDE (71%). En revanche, n’ayant que 20% de réponses pour les OP, on peut donc se demander si la partie sur les OP est bien représentative. Le taux de réponse peut aussi témoigner du niveau d’implication de ces organismes dans la génétique. De plus, on peut se demander si tous les organismes ont rempli le questionnaire en indiquant ce qu’ils font réellement ou ce qu’ils sont censés faire. Une confirmation de cette étude est que beaucoup d’organismes remplissent plusieurs services de l’amélioration génétique. Les services pour lesquels le plus d’organismes participe sont l’ILG et le CG au tri des animaux pour le renouvellement. Cela montre que beaucoup d’organismes sont impliqués dans l’amélioration génétique. Cependant, face à cette multiplicité d’organismes rendant les mêmes services, on peut se demander si ces services auprès des éleveurs sont bien coordonnés et donc cohérents. Il apparaît donc qu’une grande partie des bassins ne bénéficie pas de services de la génétique ovine très coordonnés. Il est donc important pour eux d’améliorer cette coordination et ainsi la cohérence des services de la génétique ovine. La suite de cette étude leur fournira des outils dont ils pourront se servir pour réorganiser l’encadrement des programmes d’amélioration génétique. Les nombreuses différences d’organisation génétique ont incité à élaborer des outils les moins directifs possible afin que tous les bassins puissent les utiliser. III. Perspectives pour la réorganisation de l’encadrement de la génétique ovine L’aspect financier de l’organisation de l’encadrement de la génétique ovine a été écarté car trop lourd à traiter dans le temps imparti. Lors de la réorganisation, il ne faudra pas oublier de prendre en compte cet aspect très important. 1. Construction d’un cahier de projet À la suite d’entretiens auprès d’acteurs de la génétique, il est apparu nécessaire de proposer aux acteurs des différents bassins un outil pour les guider dans leurs initiatives de restructuration. Dans ce cadre la méthode de conduite de projet a semblé pertinente et applicable à la réorganisation des acteurs de l’amélioration génétique. Nous avons donc décidé d’élaborer un « cahier de projet » pour la réorganisation de la génétique ovine des bassins. Un projet est une démarche spécifique pour structurer méthodiquement et progressivement une réalité à venir, construite en réponse à un besoin. Il se déroule en 4 phases : • L’identification du projet, pour formaliser l’idée. Le but de cette étape est de définir sommairement les enjeux et de décider si vous engagez l’étude de faisabilité ; • L’étude de faisabilité consiste dans un premier temps à définir le projet, puis à programmer les actions et les moyens, organiser et structurer le projet, anticiper les difficultés, et enfin à décider la mise en œuvre du projet. Il s’agit d’une des phases les plus importantes du projet. En effet, bien menée, elle permet de gérer correctement le projet par la suite et d’éviter les mauvaises surprises de dépassements de délais et de coûts par exemple ; Institut de l’Élevage 9 • La conduite du projet consiste en la gestion technique du projet, mais aussi en sa gestion humaine. Il ne suffit pas d’une bonne étude de faisabilité pour réussir un projet. En effet, il faut aussi une personne qualifiée pour bien le conduire ainsi qu’une équipe compétente pour le mener à bien ; • L’évaluation est une étape très importante pour marquer la fin du projet, faire un bilan et décider des actions à mener par la suite. L’objectif du cahier de projet est de guider la réflexion des acteurs des bassins, principalement pour la phase d’étude de faisabilité, une fois l’identification réalisée. Dans ce cahier, ont été détaillées les étapes importantes de la conduite de projet en les développant autant que possible autour de la réorganisation génétique. Faute de temps, seule la phase d’étude de faisabilité a pu être développée correctement. • Pour l’étude de faisabilité, les bassins doivent partir de la situation de départ, faire un état des lieux de l’organisation de la génétique. Pour les aider à faire cet état des lieux, nous avons schématisé l’organisation de la génétique ovine (figure 4). Nous avons repéré les missions et outils élémentaires, services et production, de la génétique. Six services génétiques réalisés individuellement auprès des éleveurs ont été retenus : • Identification des animaux d’élevage • Contrôle de performances et certification de la parenté • Mise en place de la semence • Conseil génétique • Inscription au livre généalogique • Vente de reproducteurs 3 services collectifs ont également été délimités sur le schéma : également placé sur le schéma. Le regroupement des 6 services génétiques constitue le Service Global de la génétique. Mise en place de la semence Production de semences Contrôle de performances en ferme, certification parenté La génétique auprès de l'éleveur Conseil génétique Inscription Identification Vente de reproducteurs aux éleveurs Élaboration schéma Testage sur descendance Service individuel Animaux ou semence Conseil/appui technique Evaluation individuelle Service collectif Le service global de la génétique > Figure 4 : la Génétique Ovine, Outils et Missions Ce schéma représente les missions et les outils des acteurs de la génétique ovine en France. Les formes en trait simple représentent les actions réalisées chez chaque éleveur individuellement. Les formes en trait double représentent les actions collectives. Les flèches représentent les flux nécessaires aux services génétiques auprès de l’éleveur. Il n’y a que l’activité de production de semence qui soit une activité de production et non de service. Les six services de la génétique auprès de l’éleveur sont représentés sur « l’hexagone du Service Global de la génétique » à l’éleveur. • Élaboration de schéma d’amélioration génétique • Évaluation individuelle des jeunes mâles en SCI-CE • Testage sur descendance. On notera également la présence sur ce schéma du conseil et appui technique. Ce n’est pas à proprement parlé un service de la génétique mais certains bassins envisagent de le regrouper avec le « service global » dans un « service intégral » à l’éleveur. Une activité de Production de semence a également été retenue. Le service à l’éleveur de Conseil et appui technique a Ce schéma pourra être utilisé comme un outil d’appui à la réorganisation génétique des bassins. L’idée est de bâtir un constat initial de manière collective. Il 10 Institut de l’Élevage s’agit de représenter un type d’organisme par une couleur. Chaque « famille d’organisme » colore les missions qu’il accomplit. La figure obtenue permet d’un coup d’œil de repérer les missions réalisées par différents acteurs et celles qui paraissent « délaissées ». Le but de ce schéma est de permettre aux acteurs intéressés par la génétique de visualiser l’organisation de leur bassin et ainsi d’amorcer une discussion entre ces acteurs. MPIA P CG CP I La génétique auprès de l'éleveur • Pour évaluer la situation de l’organisation génétique d’un bassin, nous avons aussi souhaité lister les éléments de contexte pouvant l’influer. L’objectif était de lister ces éléments de manière à décrire et à évaluer de manière objective l’environnement génétique propre à chaque bassin. Lors des entretiens, sont ressortis certains points favorisant ou handicapant l’organisation de l’amélioration génétique du bassin. Ils ont été regroupés en deux axes : éléments organisationnels et humains et éléments techniques. • Une fois l’état des lieux réalisé, les acteurs de la génétique doivent définir leur projet, ses enjeux, ses objectifs et son objet. ILG V S l’UPRA, parlement de la race. Or dans les faits, les UPRA représentent essentiellement les sélectionneurs d’une race (la « base de sélection »). Ce sont principalement elle, et les US dans certains cas, qui élaborent les schémas de sélection. AT • Ensuite, ils doivent lister les différents partenaires ainsi que leurs attentes. E T UPRA-OS EDE OP US CIA S : Élaboration de schéma CG : Conseil génétique ILG : Inscription au livre généalogique V : Vente de reproducteurs aux éleveurs I : Identification CP : Contrôle de performances et certification de la parenté MPIA : Mise en place de la semence P : Production de la semence E : Évaluation en SCI-CE T : Testage sur descendance AT : Appui/conseil technique > Figure 5 : Schéma de la Génétique Ovine, Outils et Missions, appliqué au modèle de la Loi sur l’élevage de 1966 Voici un exemple d’utilisation selon les dispositions de la Loi sur l’élevage de 1966. Nous voyons sur ce schéma (figure 5) que les activités de la génétique sont réparties entre 5 types d’organismes. Le conseil génétique n’est attribué à aucun organisme en particulier, il est principalement réalisé par les UPRA, EDE et CIA. Les 5 autres services du Service Global sont réalisés par 4 organismes différents. Il n’y a pas de réelle coordination des services de la génétique. Toutefois, selon la Loi sur l’élevage, tous les organismes sont censés être représentés au sein de • Puis vient l’organisation du projet, avec la définition des instances du projet (comité de pilotage, groupes de travail), ainsi que la définition de la stratégie générale avec les différentes options, leurs avantages et inconvénients. Il faut ensuite définir le calendrier prévisionnel et des indicateurs de ressources, de réalisation, de résultats et d’impact. • Après cette étape d’organisation, il faut faire l’analyse des risques. • Une fois l’étude de faisabilité terminée, la conduite de projet à proprement parlé débute. • Une fois le projet achevé, les acteurs de la génétique du bassin doivent se réunir afin de réaliser un bilan. Institut de l’Élevage 11 2. Supports de réflexion à la réorganisation de l’encadrement de la génétique ovine Points apparaissant comme favorables au développement de la génétique Suite à ces entretiens, plusieurs points propices au développement d’une génétique coordonnée ont été listés : • Production organisée autour d’une filière forte ; • Confiance de l’éleveur en les organismes encadrant la génétique ; • Transparence technique et économique de ces organismes ; • Appui sur des techniciens passant souvent dans les élevages et les connaissant bien pour promouvoir la génétique ; • Techniciens ayant du temps pour discuter avec les éleveurs ; • Ne pas imposer aux éleveurs mais susciter les évolutions ; • Valorisation pour les éleveurs des données collectées sur les élevages ; • Communication sur les apports de la génétique aux éleveurs ; • Méthode commune à tous les techniciens d’élevage sur le bassin ; • Conservation de relations entre éleveurs créateurs et utilisateurs de progrès génétique ; • Cohésion entre les éleveurs du bassin ; • Présence d’une OP forte poussant dans le sens de la génétique ; • Génétique dont les charges ne sont pas trop importantes ; Cahier de projet Il a été relevé au cours des différents entretiens que, pour la restructuration de l’encadrement de l’amélioration génétique, il semble important de veiller à : • Former des groupes de travail mixtes créateursutilisateurs de progrès génétique ; • Commencer par des réunions fréquentes pour amorcer la discussion ; • Aller dans l’intérêt de la production ; 12 Institut de l’Élevage • Restructurer et alléger l’encadrement de la génétique ; • Ne pas aller trop vite, laisser le temps au projet de mûrir ; • Bien cadrer le projet au départ avec des objectifs clairs ; • Ne pas remettre en cause ce qui a déjà été fait dans l’avancée du projet. Après avoir pris conscience de ces éléments, les acteurs pourront utiliser le cahier de projet pour guider leur réflexion. Ce cahier de projet est consultable en annexe). Il se divise en 8 parties: 1. Introduction/Contexte 2. Évaluation de la situation de départ 3. Définition du projet 4. Attentes des différents partenaires 5. Organisation du projet 6. Analyse des risques 7. Conduite du projet 8. Bilan et suivi post-projet > La première partie pose le contexte et montre l’importance pour les acteurs de la génétique de se réorganiser bar bassin de production ovine. Elle explique aussi la méthode de conduite de projet et l’intérêt que les bassins de production ovine ont à utiliser cette méthode. > Le but de la deuxième partie est de poser la situation de départ, pour que les acteurs de la génétique du bassin voient d’où ils partent. Elle aura aussi pour rôle d’amorcer la discussion entre les acteurs. > L’objectif de la troisième partie est d’aider les organismes à définir dans quelle direction ils veulent aller pour leur réorganisation. > La partie 4 servira à comparer les attentes de chacun et de les inciter à trouver des compromis si besoin. > La partie 5 a pour but d’aider les organismes à former les instances du projet, à fixer les différentes étapes et échéances et à fixer des indicateurs d’avancement et de réussite. > La partie 6 a pour objectif d’anticiper les problèmes et prendre les mesures préventives nécessaires. > Les parties 7 et 8 ont pour rôle de montrer qu’un projet ne se limite pas à son étude de faisabilité et qu’une fois cette étape réalisée, il reste la conduite du projet et son bilan. Au cours des différents entretiens sur les 4 bassins visités, il a été possible de mettre en évidence des indicateurs de l’environnement de l’organisation génétique des bassins. Ces indicateurs (tableau 2) peuvent servir à évaluer la situation du bassin et ont été insérés dans le cahier de projet. Comme pour la répartition des missions de la génétique, l’idée de cet outil est de réunir l’ensemble des acteurs impliqués afin qu’ils procèdent à une notation (vert : très bien, orange : convenable et rouge : à améliorer) de chacun des éléments de contexte que j’ai tâché de définir. L’objectif de cette « évaluation » est de susciter la réflexion, notamment sur quels points il apparaît prioritaire d’agir. Cette réflexion doit se dérouler au niveau d’un bassin et non intra-organismes. Il serait intéressant de mieux mettre en évidence des points que l’on juge plus important (une convention est plus importante qu’une demande de service) ou les points qui pourraient bloquer la réorganisation de la génétique du bassin de production ovine. > Tableau 2 : Éléments de contexte indicateurs de l’organisation de la génétique ovine du bassin Éléments organisationnels et humains Fréquence des réunions entre acteurs Demande de « services » à d’autres organismes Existence de conventions entre organismes Partage de personnel entre organismes Autres délégations de missions Présence des éleveurs aux réunions Participation des éleveurs pendant les réunions Contacts des responsables professionnels avec les administratifs hors réunions Temps passé par le personnel administratif sur la génétique, la gestion et la diffusion des reproducteurs Qualité de l’animation des réunions Adéquation entre les compétences et les missions du personnel administratif Taux de pénétration du contrôle de performances Taux de pénétration des OP Éléments techniques Moyens des structures (Temps et argent) Nombre de départements couverts Nombre de régions couvertes Accessibilité de la zone (facilité de déplacements) Nombre de races et d’UPRA ayant des adhérents Nombre de structures jouant un rôle dans l’amélioration génétique Nombre de passages de techniciens chez les éleveurs (tous organismes confondus) Nombre de structures passant chez les éleveurs Degré d’informatisation des structures Communication entre structures Communication entre structures et éleveurs Filière viande ou lait (quantification de l’apport génétique) Valeur ajoutée du produit Quantité de produits à forte valeur ajoutée par rapport aux produits classiques Institut de l’Élevage 13 Discussion Faute de temps, il n’était pas possible de finaliser le cahier de projet. Même s’il est déjà bien avancé, il faudrait plus détailler certaines parties. Il est important de noter que la réorganisation des bassins doit dans un premier temps être accompagnée par une personne extérieure au bassin afin de pouvoir regrouper tous les acteurs de la génétique en évitant tout a priori des différents acteurs. Il est nécessaire que cette personne connaisse la problématique de restructuration de l’encadrement des programmes génétiques ovins français afin de bien répondre aux interrogations et inquiétudes des acteurs. Le schéma de la génétique ovine, outils et missions (figure 3) est un outil d’appui pour la réorganisation de la génétique sur les bassins. Il permet également de communiquer sur le Service Global, d’en expliciter la notion auprès des acteurs de la génétique et d’en montrer l’intérêt aux éleveurs et décideurs. 14 Institut de l’Élevage Ce cahier de projet pourra donc être utilisé pour aider les bassins de production ovine à se réorganiser. Cette réorganisation aura pour principal objet d’apporter plus de coordination et ainsi de cohérence à l’encadrement des programmes d’amélioration génétique des zones de production ovine. Ces bassins pourront garder en vue le Service Global lors de l’élaboration de leur projet. À partir des schémas d’organisation définis suite aux entretiens, on peut noter qu’il n’y a pas un unique modèle de Service Global mais plutôt des niveaux de Service Global. Il faut aussi noter que le Service Global « unique » présente quelques inconvénients comme le risque de manque de spécialisation pour certains services ou l’absence de concurrence. Les bassins souhaitant mettre en place un Service Global doivent élaborer leur projet de réorganisation de façon à limiter ces inconvénients. Conclusion Cette étude avait pour but d’aider l’encadrement des programmes d’amélioration génétique ovins à se réorganiser. Cette réorganisation paraît nécessaire pour faire face à un repositionnement de l’État du financement et de l’encadrement de la génétique. Un des objectifs de la Loi d’Orientation Agricole est en effet de « simplifier et de moderniser l’encadrement de l’agriculture ». L’étude avait deux objectifs principaux. Dans un premier temps, réaliser un état des lieux de l’encadrement des programmes d’amélioration génétique ovins en France et dans un deuxième temps, analyser les perspectives de réorganisation pour l’encadrement de la génétique ovine. Pour répondre au premier objectif, nous avons réalisé une compilation de données existantes et de données recueillies par le biais d’un questionnaire envoyé à l’ensemble des acteurs de la génétique intervenant auprès des éleveurs. Par ailleurs, le territoire français a été partagé en 16 zones de production ovine qui ont servi d’échelle de base à la caractérisation de l’encadrement de l’amélioration génétique ovine en France. Il ressort de cette analyse que sur l’ensemble des bassins, les UPRA et les organismes de contrôle de performances sont des invariants de l’encadrement des programmes d’amélioration génétique. Les activités de Conseil Génétique sur le tri des animaux pour le renouvellement et la participation à l’inscription au livre généalogique sont les activités réalisées par la plus grande diversité d’acteurs. Il apparaît donc que de nombreux organismes prennent part aux services génétiques sur les bassins. Il est donc nécessaire que ces services génétiques soient bien coordonnés. De plus, on peut répartir les bassins selon 6 grands types de caractéristiques génétiques mais ils restent tout de même très différents les uns des autres. Pour répondre au second objectif, des entretiens ont été réalisés sur quatre bassins cibles. Les entretiens s’étant focalisés sur les relations entre les acteurs de la génétique, cela à permis de formaliser, sous forme de schéma, une représentation de l’organisation génétique d’une zone de production ovine. De plus, un guide de réflexion a été bâti sous forme de cahier de projet qui n’a pu être totalement finalisé faute de temps. Une utilisation commune de ces différents outils sur les différentes zones de production ovine devrait permettre aux acteurs de définir leur plan de réorganisation de l’amélioration génétique. Cette réorganisation passera par une concertation des différents acteurs pour qu’ils s’approprient leur projet. Cette démarche devra être accompagnée par une personne neutre qui déclenchera les discussions. Afin de leur apporter une aide la plus adaptée possible, cette personne devra analyser plus précisément le contexte de chaque bassin. Enfin lors de cette réorganisation, les acteurs des bassins auront pour objectif non pas la mise en place du Service Global mais d’un niveau de Service Global, en regroupant une part plus ou moins importante des différents services de la génétique autour d’un nombre d’acteurs limité. Cet objectif est sous-tendu par la volonté d’obtenir une génétique moins coûteuse à la filière et plus cohérente pour l’éleveur. Institut de l’Élevage 15 ➤ Cette synthèse a été réalisée à partir du mémoire Contacts : de fin d’études pour l’obtention du Diplôme d’agronomie approfondie de Montpellier SupAgro de Pierre-Guillaume GRISOT. ➤ Pierre-Guillaume GRISOT [email protected] Tel : 01 40 04 52 19 ➤ Ce travail a été réalisé dans le cadre de l’action ➤ Éric JULLIEN innovante GLOBAL financée par le ministère de l’Agriculture et de la Pêche. [email protected] Tel : 01 40 04 53 29 ➤ Il a été piloté par FGE et réalisé en collaboration ➤ Marianne ORLIANGES avec : [email protected] Tel : 01 40 04 52 79 Assemblée Permanente des Chambres d’Agriculture 9, Avenue George V 75008 Paris ANIO Association Nationale Insémination Ovine Secrétariat administratif Institut de l’Élevage BP 42118 31321 Castanet Tolosan CEDEX Comité National Brebis Laitières Secrétariat administratif Institut de l’Élevage BP 42118 31321 Castanet Tolosan cEDEX Coop de France : 49 avenue de la grande armée 75116 Paris France Upra Sélection 149, rue de Bercy 75595 Paris CEDEX 12 Maquette : Jean-Claude Renault service Communication de l’Institut de l’Élevage Crédit photos :Institut de l’Élevage, France Upra Sélection, Julien Diependaele (Pâtre) Institut de l’Élevage 149, Rue de Bercy 75595 Paris CEDEX 12 Imprimé en novembre 2007 Pub ie 01 0771 060 ISBN 978-2-84148-502-4 16 Institut de l’Élevage