parcs - Gabon Magazine
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PARCS NATIONAUX « Consécration méritée CLASSÉ AU PATRIMOINE MONDIAL DE L’HUMANITÉ, LA LOPÉ JOUE DÉSORMAIS DANS LA COUR DES GRANDS. Les spectaculaires trésors de la préhistoire et de la faune du parc national de la Lopé inscrits au patrimoine mondial de l’humanité, une première pour le Gabon. L farouche. La préparation du dossier gabonais soumis à l’Unesco a demandé un énorme travail de la part d’experts en archéologie, anthropologie, biologie, botanique et écologie. « Cela a été un véritable effort d’équipe et le document final livré en main propre à Paris pesait 26 kilos », a indiqué le Dr White. Le parc est l’un des 25 sites du patrimoine mondial de l’humanité ayant eu l’honneur d’être choisis pour leurs richesses naturelles et culturelles. « Lopé-Okanda rejoint le petit cercle des sites classés au patrimoine mondial de l’humanité pour la qualité de sa nature et de sa culture, au même titre que le parc national de Tongariro en Nouvelle-Zélande, le Machu Picchu au Pérou et le parc du Drakensberg en Afrique du Sud. C’est une grande réussite », a déclaré Allen Putney, vice-président du Patrimoine mondial de la Commission mondiale pour les aires protégées de l’UICN (Union mondiale pour la nature). Qualifiant le parc « d’unique », le Dr White a souligné que la Lopé était un écosystème qui fournissait une fenêtre unique sur le passé. « Les vestiges archéologiques remontent à plus de 400 000 ans et datent d’avant l’apparition de l’Homo sapiens. La riche mosaïque des écosystèmes des savanes et des forêts illustre quant à elle l’adaptation de l’Afrique aux fluctuations climatiques durant le pléistocène », a-t-il expliqué. Si l’on ajoute à cet ensemble de phénomènes les 220 publications scientifiques des chercheurs de la Station d’Études des gorilles et chimpanzés, agence locale du Centre international de recherches médicales de Franceville et de l’organisation WCS, on dispose d’un site exceptionnel qui permettrait de prévoir et contrôler les effets du changement climatique sur les écosystèmes tropicaux. » ➔ LIZ PEARSON, ALAMY, ROBERT J ROSS ES FÉLICITATIONS sont de rigueur suite à l’annonce par l’Unesco, l’organisation culturelle de l’ONU, de l’entrée du parc national de la Lopé sur la liste des biens les plus précieux de la planète. Cette inscription au patrimoine mondial de l’humanité place ce site dans la même ligue que les pyramides, la Grande barrière de corail et le Grand Canyon, en lui reconnaissant une valeur universelle. Cet honneur prestigieux conféré à l’écosystème et au paysage culturel de Lopé-Okanda est une première pour le Gabon. Il en fait une vedette internationale comme le parc national du Kilimandjaro et les Chutes Victoria, autres sites africains choisis. Pour le Dr Lee White, directeur du programme de la Wildlife Conservation Society (WCS) au Gabon, « c’est la véritable consécration sur le plan mondial d’un site unique faisant partie du tout nouveau réseau de parcs nationaux gabonais. L’étiquette de patrimoine mondial place la Lopé dans la ‘Ligue des Champions’ ». Cette promotion, a-t-il ajouté, permettra sans aucun doute d’accroître l’attention et l’intérêt touristique au niveau international. Les réactions face à cette réussite ont été enthousiastes au Gabon « Cela a été une joie et un soulagement pour tous, a déclaré le Dr White. Plusieurs ministres ont mené les négociations entamées dès 2001. Malheureusement, Pierre-Marie Dong qui avait joué un rôle primordial lorsqu’il était ministre de la Culture est décédé et n’est plus là pour partager cette réussite, aussi notre joie est-elle mitigée de tristesse. » Pour être acceptés sur la liste, les sites doivent répondre à des critères rigoureux et faire face à une concurrence 30 GABON . AUTOMNE 2007 Le parc national de la Lopé possède une faune très variée comprenant 84 espèces de mammifères et 399 espèces d’oiseaux : les mandrills ; les singes à queue de soleil ; les singes Colobus noirs, gorilles et éléphants des forêts (à gauche). 31 PARCS NATIONAUX Le Dr Richard Oslisly est archéologue à l’Institut de Recherche pour le développement et au Muséum national d’Histoire naturelle de Paris. Il a consacré la majeure partie de sa carrière à l’étude de l’homme de la préhistoire à la Lopé. « Il existe littéralement des milliers de sites archéologiques à la Lopé, preuve d’une présence humaine continue depuis 400 000 ans ou plus », a-t-il indiqué. « Lorsque l’homme actuel a émergé il y a 60 000 ans, les techniques de l’âge de la pierre ont changé ici, bien avant les autres sites africains, a-t-il ajouté. Les flèches, les javelots et tous les autres outils finement travaillés que nous avons trouvés en sont le témoignage ». On trouve également dans le parc une collection impressionnante d’environ 2 000 pierres gravées, datant du début de l’âge du fer. « Elles permettent d’avoir un aperçu fascinant sur ces peuplades préhistoriques dont les descendants vivent dans le Gabon moderne », a-t-il commenté. De par ses richesses naturelles exceptionnelles, le site de la Lopé-Okanda a été classé réserve nationale gabonaise dès 1946. Il est devenu parc national en 2002 lorsque le président El Hadj Omar Bongo Ondimba a surpris la communauté internationale en annonçant son plan de création de 13 parcs nationaux, couvrant plus de 10 % du territoire gabonais. À l’époque, Steven Sanderson, président de la WCS, s’est exprimé à propos de cette démarche : « Le président Bongo a établi une nouvelle norme pour la protection de la faune et de la flore en Afrique centrale – une norme qui, nous l’espérons sera suivie par d’autres nations. » Pour le biologiste Lee White, cet honneur a une signification toute particulière. Il a établi le programme de la WCS au Gabon en 1992 et a vécu de nombreuses années dans le parc même : « Mes enfants ont grandi avec les éléphants des forêts qui s’aventuraient dans notre jardin », se souvient-il. « J’ai le privilège d’avoir passé dix ans à découvrir les merveilles du parc et d’avoir eu des expériences inoubliables », parmi lesquelles, a-t-il ajouté, « voir 1 350 mandrills accourir à la période d’accouplement ; me trouver face à face avec un gorille ; découvrir des espèces botaniques jusqu’alors inconnues et danser avec des ethnies dont le rythme et la passion primitive rallument ce que nous avons depuis longtemps perdu en Occident… » ■ VISITE DU PARC NATIONAL DE LA LOPÉ L A LOPÉ est l’un des plus grands parcs nationaux d’Afrique centrale, offrant une mosaïque de vastes paysages de savanes et de forêts tropicales. Il reste au nord du parc, des vestiges de savanes datant de la dernière période glaciaire. Ce sont des « îlots » d’habitats uniques, rares témoignages de l’évolution biologique. « Visiter la Lopé c’est remonter le temps », affirme le Dr White de la WCS. Environ 2 000 touristes visitent le parc chaque année, des séjours y sont organisés par Opération Loango qui gère également le parc national de Loango. L’établissement principal, le Lopé Hôtel, se situe dans un espace magnifique audessus du majestueux Ogooué, avec des bungalows et des suites, une piscine et un restaurant. « Avec son panorama sur le fleuve de plus de 500 m de large, dominé par le Mont Brazza et l’étendue de savanes et de collines couvertes de forêts, l’hôtel se trouve sur l’un des emplacements les plus spectaculaires d’Afrique », affirme le New York Magazine. La visite du campement de Mikongo, base scientifique destinée à l’étude et l’habituation des gorilles, gérée par la Zoological Society of London, est l’un des points forts du séjour. Des excursions en 4x4 et des randonnées en forêt avec guides permettent aux touristes de s’émerveiller devant l’immense diversité de la faune : mandrills, buffles, éléphants, antilopes, marcassins, oiseaux et bien d’autres animaux. Pour plus d’informations et pour réserver, consulter www.operation-loango.com Ci-dessus : un léopard photographié dans le parc national de la Lopé ; la savane et les collines boisées (au centre) ; le craintif sitatunga (en bas) ; vue magnifique du Lopé Hôtel qui surplombe le fleuve Ogooué (à gauche). 32 RICHARD OSLISLY, GETTY, ROBERT J ROSS Sarah Monaghan GABON . AUTOMNE 2007 33