PDF - 176.08Ko - Le patrimoine de Midi-Pyrénées
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DOCUMENT DE SYNTHESE 09 - Bonnac – Château Les Durfort : En ce qui concerne la seigneurie de Bonnac, elle est tenue par les Durfort au 13e et au 14e siècles. Les archives de l’Ordre de Malte rendent compte d’un épisode concernant deux frères de la famille Durfort, relaté par A. du Bourg, dans son “ Histoire du Grand Prieuré de Toulouse. Le 6 août 1212, Bernard et Pons-Azémar de Durfort font une déclaration pour être reçus dans l’Ordre des Chevaliers de Saint Jean de Jérusalem (Hospitaliers), et “ abandonnent au précepteur de Thor-Bolbonne, Bernard de Durban, la moitié de leurs terres de Bonnac, avec les prés, vignes, bois, droits de cens, agrier, tarque, oublies, lods et ventes, les eaux et rivages, les hommes et les femmes… ” (A. du Bourg : Histoire du Grand Prieuré de Toulouse). A la suite de cet événement, la moitié de la seigneurie de Bonnac passe entre les mains de l’Ordre de Jérusalem, par le biais du futur Hôpital de Boulbonne ou du Thor : “ Toute cette contrée relevait de la suzeraineté des comtes de Foix ; dans l’aveu fait en 1263 de ses possessions au roi de France, le comte Roger reconnaît “ qu’il a la suzeraineté de la maison de Bolbonne, de l’hôpital de Saint-Jehan del Thor, de la ville de Bonnac, de la citadelle de Saverdun, de la ville et de la maison de Saint-Quirc. ” A. du Bourg poursuit : “ Cette ville dut être échangée par la suite par les hospitaliers contre quelque possession car elle ne figure plus parmi les dépendances de Boulbonne ; nous la voyons plus tard entre les mains des rois de France qui la revendirent dans le XIVème siècle à la famille de ses anciens seigneurs. ” Au début du 14e siècle en effet, Raymond Bernard de Durfort aurait acquis la seigneurie de Bonnac qui se trouvait en possession du Roi Philippe le Bel. Barrière-Flavy évoque à ce sujet un fait important : une querelle violente opposa le Pape Boniface VIII au roi Philippe IV et dura jusqu’à la mort du pape. Ce fut Clément V qui réussit à apaiser le conflit entre le clergé et le roi. E n 1308, l’évêque Saisset de Pamiers (ancien abbé de Saint-Antonin) appelle le roi à faire un paréage de la ville et des localité voisines, afin de cimenter leur réconciliation. Ce sera le Paréage de Poitiers du 23 juillet 1308 (30 localités sont concernées dont Bonnac) au cours duquel l’évêque cède la moitié de tous ses droits. Selon BarrièreFlavy, “ connaissant les besoins de ressources du roi, il est possible qu’il transmit ou inféoda dans la suite sa part de seigneurie de Bonnac aux Durfort qui en étaient déjà co-seigneurs ”. En 1285, les consuls de Pamiers négocient avec un Raimond de Durfort pour le libre passage du commerce du vin sur les eaux de la seigneurie, le seigneur étant propriétaire de la rivière lorsqu’elle traverse ses terres. On conserve la trace des différents hommages rendus par les seigneurs de Bonnac : en 1343, un autre Raimond de Durfort rend hommage au Comte de Foix comme seigneur de Bonnac. A la fin du 14e siècle, les Durfort ne possèdent plus qu’une infime partie de Bonnac (en 1603 ce sont encore les Durfort-Deyme). En 1415 meurt Bernard de Durfort, seigneur de Bonnac, co-seigneur de Lanta . l’inventaire de ses biens (1416) révèle une grande richesse. A la fin du 16e siècle, Roger et Pierre de Durfort-Deyme figurent encore dans les actes de notaire avec le titre de co-seigneurs de Bonnac. Il est stipulé cependant que Pierre, fils de Roger de Durfort n’a plus aucun droit sur la terre de Bonnac à la mort de son père, qui se situe vers 1595. Les Villemur, la ville de Bonnac et la nouvelle maison seigneuriale : Dès la fin du 14e siècle, apparaît la famille des Villemur, barons de Saint-Paul et de Pailhès. Unis aux Marquefave, ils ajoutent à leurs possessions déjà importantes des droits sur Bonnac, et rendent hommage au Comte de Foix pour “ la loc et castet de Bonac ” notamment (1401). C’est la plus grande famille du Comté après les Comtes de Foix : en 1472, Pons de Villemur, seigneur de Saint-Paul, est nommé par Louis XI Sénéchal du Comté de Foix. Dans tous les actes et hommages rendus les seigneurs de Villemur sont cités barons de Pailhès, Saint-Paul, seigneurs de Bonnac et Bézac. L’origine du rattachement de cette dernière possession n’est pas précisée. En 1494, un acte de reconnaissance des “ usages coutumes et libertés qui sont faits et observés de toute ancienneté ” aux consuls et habitants de Bonnac, présente les domaines et droits du seigneur de Bonnac, Gaspard de Villemur, au Juge des baronnies de Saint-Paul, Pailhès, Montbrun et Bonnac. Il y est bien stipulé que le seigneur de Bonnac y exerce la justice haute, moyenne et basse. Cet acte est la première véritable mention de l’agglomération de Bonnac au Moyen Age : à de nombreuses reprises reviennent les termes de ville, et d’habitants, ainsi que les précisions de leurs droits envers le seigneur. Le descriptif des biens fonciers du seigneur mentionne à cette date : - “ un beau château et grande forteresse ” où avait vécu longtemps auparavant des chevaliers de la maison de Saint-Paul, qui leur valait le surnom de Viellemur, château ruiné depuis par les inondations de l’Ariège (peut-être situé en amont du village actuel), - “ une forte place d’une grande beauté et solidité ” mais restée inhabitée en haut du village “ au bout des vignes ” : sur d’anciens terriers du 18e siècle est en effet mentionnée une rue de la Forteresse, au nord-ouest de l’église. Cette “ forte place ” pourrait correspondre au plateau supérieur du village, sous lequel, selon des témoignages oraux, une voûte maçonnée a été mise au jour lors de travaux de canalisations. - “ une maison dénommée le Castélas ” qui appartient au seigneur (actuelles ruines du château du Castélla), dont il n’est pas précisé dans l’acte si elle est encore habitée, et à proximité de laquelle le seigneur se fait construire une grange. Le texte mentionne aussi les terres, vignes et bois du seigneur, mais également le port où les habitants sont tenus d’entretenir des bateaux, ainsi que le moulin et le four banier. L’église, en 1494, est bien localisée comme telle, sur son emplacement actuel, au débouché du Ruisseau du Grand Bois. Elle existait déjà au 12e siècle comme le prouvent les éléments romans subsistants, en situation excentrée au nord du méandre et contournée par un fossé. Il est encore noté que le seigneur dispose d’un “ certain grand espace pour y faire et bâtir une maison quand il lui plaira ” à l’intérieur d’un “ circuit ” en terre aménagé longtemps auparavant. Ce circuit, espace clos de murs en terre, construit par les habitants pour y bâtir des maisons, n’a jamais été occupé en raison des malheurs subis (guerres, peste, mortalité…), sauf une maison qui y était déjà auparavant. Les habitants doivent payer un droit au seigneur pour y bâtir. Les contours précis de ce circuit ne sont pas décrits et restent non identifiables. Toutefois, le lieu de Bonnac sera appelé “ le fort ” dans un Livre de Reconnaissance de 1558, confirmant l’hypothèse d’une ceinture fortifiée, laquelle a pu s’agrandir au cours du temps et déborder hors des limites de ce premier “ circuit ”. Très peu après cet acte, entre 1494 et le tout début du 16e siècle, doit se situer, dans ou sur le “ circuit ” en terre, la construction par Gaspard de Villemur d’une première maison seigneuriale (emplacement du château actuel). En effet, des murs en terre, vestiges possibles du “ circuit ” décrit en 1494, sont encore visibles aujourd’hui, à l’intérieur du château, dans les parties basses du mur sud. On y observe un pan de mur en pisé banché d’une épaisseur de 1m environ. Il est constitué d’assises de blocs de terre crue séparées par des lits de branchages et de paille de seigle armés d’ossements. Il est percé d’une meurtrière postérieure (fin 15e siècle ?), qui pourrait correspondre à l’intervention de Gaspard de Villemur, de même que le parement protecteur de briques et de galets de ce mur de terre à l’extérieur (0,30 m). D’autres vestiges de ce mur en terre ont été repérés par le propriétaire actuel dans le sol, dans le prolongement de l’aile ouest, côté rue du Canton. De l’époque du circuit en terre pourraient provenir également les vestiges de deux tours en terre enfouis dans le tapis vert aménagé au sud du château. Les quatre cheminées monumentales en briques, adossées et superposées au rez-de-chaussée et au premier niveau du château, peuvent être évaluées, par leur similitude avec les cheminées datées de Pailhès, des alentours de 1510 et témoignent des aménagements de Gaspard de Villemur. Par ailleurs, une mise en œuvre identique (début 16e siècle) entre la tour d’angle nord-ouest du château, et la base du clocher de l’église pour renforcer ses dispositions défensives, indiquent une intervention probablement contemporaine sur les deux édifices (limite 15e siècle 16e siècle). Les d’Usson : la restauration du château Cependant, dès la fin du 16e siècle, les Villemur préfèrent le château de Pailhès à leur maison seigneuriale de Bonnac. Celle-ci inhabitée, le village est fragilisé. En 1621, Bonnac, menacé par les huguenots, est occupée par le régiment de Bax. En décembre 1626, les habitants de Bonnac, grâce à une tractation financière, échappent à un incendie, provoqué par ailleurs au Vernet par les troupes de Beaufort, le gouverneur protestant de Pamiers. En raison de leurs problèmes financiers, les Villemur vendent la seigneurie de Bonnac à la famille d’Usson. Le 11 avril 1649, noble François Dusson, seigneur de Bonrepaux rachète à Anne de Villemur et sa femme la terre et seigneurie de Bonnac et Bézac, juridiction haute, moyenne et basse, oublies, censives, four banier, château, moulin à eau… La famille d’Usson est une grande famille protestante, le premier seigneur Dusson est l’un des principaux chefs calvinistes. La demeure seigneuriale reste inhabitée durant le 17e siècle. Puis, Salomon d’Usson, le fils aîné, s’installe à Bonnac sur la ruine qu’avait laissé son père, et restaure la maison familiale, entre 1673 et 1685 environ. Les archives départementales de l’Ariège conservent le dénombrement des biens nobles de la famille d’Usson en date du 11 mars 1673, évoquant une maison seigneuriale “ inhabitée et ruinée ”, de briques et de parois de terre, avec planchers (cloisons ?) de corondat et mastaqua (pan de bois et torchis). Le dénombrement du 23 février 1685 stipule en revanche que le seigneur de Bonnac “ possède une maison seigneuriale avec tour dans laquelle est la prison ”, rappelant que le seigneur de Bonnac exerce la justice, assisté d’un juge et d’un bayle. S’agirait-il de la tour orientale ? De cette période pourrait dater en effet l’extension du château vers l’est, avec sa tour d’angle construite au-delà du mur en terre, sur une cave voûtée. Salomon d’Usson donne au logis son volume actuel. L’inventaire après décès de 1699 permet de reconstituer l’ancienne affectation des pièces. La description de l’enclos de la maison comprend : champ, jardin, verger et terre inculte sur près de trois sétérées environ, soit plus d’un hectare et demi, d’après les mesures locales. La liste des confronts mentionne à l’ouest des fossés, et une rue publique (la rue du Poussadou) “ séparant le château et son enclos des masures et jardins des habitants du lieu ”. Salomon d’Usson érigera Bonnac en marquisat en 1683. Les premières délibérations du Conseil municipal conservées aux AD datent du 17e siècle. A cette date, on y parle encore du seigneur de Bonnac puis dès le début du 18e siècle, il est appelé Monsieur le Marquis d’Usson. Plusieurs membres de cette famille seront célèbres au 18e siècle. Le 3ème Marquis de Bonnac est enterré à Bonnac, dans l’église, le 3 décembre 1778. Son frère, évêque d’Agen, préside à l’enterrement. Son fils sera guillotiné sur ordre de Vadier, le 8 thermidor, la veille de la chute de Robespierre. Il a été réalisé un inventaire après décès de Salomon d’Usson “ marquis de Bonnac, Bézac et autres places ”, en date du 6 mars 1699, commencé en présence de sa veuve et de sa fille aînée, puis stoppé en cours d’exécution. Quand l’inventaire reprend, la fille aînée n’est plus présente, pour être entrée entre temps au Carmel à Toulouse. Elle ne signe donc pas l’inventaire. Un supplément au Cadastre établi en 1789 sur les biens de l’Abbé de Monteils, seigneur et marquis de Bonnac, donne l’état de ses biens à cette date (AD09). L’acte de vente de Bonnac par le curateur du 3ème Marquis de Bonnac à l’Abbé de Monteils se trouve aux Archives notariales à Paris. Durant la Révolution, la seigneurie est vendue au titre des Biens nationaux à Antoine Labolle, ancien fermier, chargé de tenir le château. Les soldats commettent des dégradations dans l’intérieur du château. Labolle saisit les autorités, à la suite de quoi sont régigés deux procès-verbaux de visite, très complets (collection privée). En 1800, le château est récupéré par la nièce de l’Abbé de Monteils, Mme de Quintrand, née d’Aigues-Vives. Une monographie illustrée du château, réalisée par l’actuel propriétaire, est consultable sur place. Les registres très complets des délibérations communales du 17e siècle à la Révolution, conservés aux AD09, pourraient permettrent d’enrichir ces connaissances. Malheureusement, un inventaire des archives de la mairie de Bonnac, réalisé en 1840, a malheureusement disparu depuis, ainsi que les documents qu’il mentionnait. Evolution de l’agglomération dans les abords du château : Le livre terrier daté de 1682 est en trop mauvais état pour fournir la moindre indication sur la localité de Bonnac. Mais les livres terriers du 18e siècle, mieux conservés, permettent de reconstituer le faciès du village à cette époque. Le village avait deux rues : l’une en longueur, la rue du Canton, traçait un axe d’ouest en est jusqu’au mur de la maison seigneuriale, comme aujourd’hui. Elle rencontrait une deuxième rue appelée le Poussadou, qui traçait un axe perpendiculaire à la précédente du sud au nord depuis le canal, en longeant l’enclos de la maison seigneuriale. Les maisons étaient de part et d’autre de ces deux rues. Une rangée de maisons appartenant aux habitants se trouvaient donc construites sur le côté est de la rue du Poussadou, à l’intérieur de l’enclos du château,. Salomon d’Usson rachète la plupart des maisons situées sur le côté est du Poussadou, du côté de la maison seigneuriale, et les fait tomber. Il en conserve une ou deux à l’angle du Poussadou et de la rue principale (dépendance actuelles du château). Dès lors, la rue du Poussadou, qui mène au canal, est plus garnie de maisons à l’ouest qu’à l’est, et l’emprise du terrain seigneurial devient celui qu’il a conservé depuis. Or, les d’Usson ont la propriété des terres située hors du village bâti, au sud et au sud-ouest, sur l’emplacement du parc actuel. Du fait de l’existence du chemin du Poussadou, ces terres sont divisées en deux par la voie publique. Le fils de Salomon d’Usson demande donc à la communauté que lui soit donné le Poussadou, afin d’avoir une propriété d’un seul tenant. Dans un premier temps la communauté refuse car elle veut conserver un accès au canal pour faire boire le bétail. Puis elle accepte à condition qu’un accès soit aménagé à l’opposé du village, au nord, dans le mur d’enceinte vers la forge. Le fils de Salomon n’entreprend pas les travaux d’abattement du mur d’enceinte, mais il pose une barrière sur le Poussadou, à l’entrée du chemin qui mène au canal. La barrière est détruite par les habitants qui reprennent possession de la rue, et aucune liaison ne sera jamais établie entre les deux parties de la propriété. L’impasse Delpech s’appelait autrefois “ rue du coin où l’on ne passe ” : cette rue, d’abord parallèle à la rue du Moulin vers l’est, tournait à angle droit vers le sud, presque en face de l’entrée du château. Elle est désormais une impasse, car le passage entre les maisons de la rue du Moulin a été bâti par un particulier, même si l’emprise au sol reste propriété communale. Au 18e siècle encore, à partir du niveau de l’entrée du château et en allant vers l’est, la rue du Moulin était en terrains non bâtis, propriétés du château et dévolus aux jardins. Le 3ème marquis de Bonnac donne ces terrains à certains habitants de Bonnac pour qu’ils construisent leurs maisons. Toutefois, ces dispositions sont refusées par les héritiers du Marquis. L’Abbé de Monteils, nommé curateur, confirme la décision prise et donne tous les terrains restant sur la rue aux habitants pour des constructions de maisons. La rue du Moulin commence donc à être bâtie à la fin du 18e siècle. Une des premières maisons bâtie sur un terrain donné par le 3ème marquis de Bonnac, presque en face de l’entrée du château (donnant sur l’impasse à l’arrière, cf. plan), porte une inscription en latin effacée aujourd’hui, qui disait : “ Illustrissime Marquese de Bonnac, 1773 ”. Etait-ce l’ancien presbytère ? Il y aurait dans cette maison des chapiteaux géminés qui pourraient correspondre à deux bases de colonnes géminées conservées au château. Ces éléments, comme le bénitier de Bonnac, composé de deux chapiteaux géminés, pourraient provenir du cloître des Jacobins de Pamiers (cf article de Jeanne Bayle). Tous les communaux, à l’exception de celui de la côte de Montaut, appartenaient au seigneur de Bonnac. Le partage des communaux , commencé en 1794, donnera lieu à des procédures de contentieux qui dureront jusqu’au milieu du 19e siècle. Les restaurations du château au 18e siècle et au 19e siècle : Le château actuel : Il reste une tour datable du 16e siècle, dans le massif d’angle sud-ouest, qui correspond à la maison seigneuriale des Villemur. La cave de la tour Est (17e s) constitue une salle basse entièrement voûtée en plein cintre, maçonnée en briques, galets et moellons de tuf calcaire. Cette salle basse servit de prison comme cela est confirmé par les registres de délibérations des consuls de Bonnac et la Reconnaisance féodale de 1685 : la famille d’Usson “ jouit et possède une maison seigneuriale avec une tour dans laquelle est la prison ”. Les confronts en sont donnés. La tour ouest paraît plus ancienne. Elle comporte aussi, comme une partie du mur sud, des fondations en terre crue. Il a pu y avoir une extension de la maison seigneuriale d’ouest en est. Mais, seule, une analyse archéologique poussée avec sondages, permettrait de reconstituer les phases de construction ou reprises successives. Il existe un projet de reconstruction du château, par le 3ème marquis de Bonnac, au 18e siècle, non réalisé. Toutefois, l’abbé de Monteils procède à la restauration des appartements du château et à l’aménagement de la chapelle : sous une guirlande en stuc, déposée pour restauration, le propriétaire actuel a découvert une inscription portant la date : 1785, qui est celle de l’achat du château par l’abbé. Le château a également connu une phase importante de remise en état et d’embellissement sous la Restauration par la famille Charly. Sur le plan cadastral napoléonien déposé à la mairie, daté de 1824, le corps principal du château est tel qu’il est aujourd’hui. L’ entrée est nettement marquée par le porche avec ses deux arrondis. Cependant la dépendance, à l’entrée sur la gauche, a été reconstruite ou modifiée depuis. L’ensemble des dépendances à droite de l’entrée semble aussi indiquer une reprise importante. Le bâtiment sur rue a la même structure. Le pigeonnier est bien en place. Le parc : Au 19e siècle, un pont construit à l’extrémité du chemin Poussadou permettait de passer de l’autre côté du canal. Il n’est pas indiqué sur le plan du cadastre napoléonien de 1824, mais figure sur les planches cadastrales du 19e siècle. Il est donc postérieur à 1824. Le canal n’est plus alimenté en eau aujourd’hui. Le plan du cadastre napoléonien de 1824 mentionne un petit bâti rose sur l’emplacement de l’ancienne vanne de captage des eaux du canal. Cet ouvrage, ainsi qu’un pont, à l’extrémité, existaient en partie en 1770. Il en subsiste aujourd’hui un très intéressant sous-bassement en maçonnerie de pierre de taille (vestige de l’ouvrage de prise d’eau), mais le reste de la construction a disparu. La digue ancienne a été abattue. Ce qui en restait (aménagement de la berge qui retenait les eaux en aval de la prise d’eau) a été emporté en 1996. Le projet du propriétaire du domaine serait de pallier le problème d’érosion de la boucle à la naissance du méandre, en remettant en eau le canal, pour briser la force de la rivière, et en restaurant les maçonneries de l' ancienne digue. Le plan du cadastre napoléonien indique également un petit bâti de style néoclassique (construit environ entre 1820 et 1824) édifié dans la partie du parc situé au sud-ouest du canal. Il comportait à l’origine une toiture à quatre pans couverte d’ardoises, décoré d’une boule de faîtage, reposant sur une épaisse corniche en pierre taillée, et percé d’ouvertures en plein cintre. Il comporte en sous-sol un bassin-réservoir, alimenté par un canalet de dérivation relié au canal de direction nord-ouest-sud-est. Par un système de canalisations souterraines, à l’aide d’une pompe, il était destiné à renvoyer l’eau du canal vers un château d’eau aménagé près du mur d’enceinte du Poussadou (à l’angle entre la rue du Canton et du Poussadou, à l’intérieur de la clôture). Le château d’eau lui-même assurait l’alimentation en eau du château. Le pigeonnier : Il est de plan carré, avec un rez-de-chaussée à arcades reposant sur quatre piliers, un étage et un toit en pavillon. La maçonnerie présente des assises alternées de pierres de taille et de briques. Le toit en pavillon repose sur une corniche à 3 rangs de tuiles. Il est surmonté d’un épi de faîtage. Il est animé de deux lucarnes côté sud et est. L’étage comporte une ouverture carrée côté sud. Une inscription placée au-dessus de l’arcade du côté sud mentionne la date : 1731. Le seigneur de Bonnac possédait au centre du village un four banal (sur l’emplacement de la mairie actuelle), mentionné dans le dénombrement du 23 février 1685. Les habitants sont tenus de faire cuire leur pain dans cet unique four, et de payer le seigneur avec leur plus beau pain. La bibliothèque du château : Elle était déjà très importante du temps du Marquis de Bonnac, mais elle a disparu depuis car elle fut transférée par le fils du marquis de Bonnac à Usson. Or, à la Révolution, tout a brûlé au château d’Usson. En revanche, les papiers de l’Abbé de Monteils, 4ème marquis de bonnac, antérieurs à 1842, sont conservés aux Archives nationales où ils ont pu être consultés par M. de la Portalière, actuel propriétaire du château. Claire FOURNIER Chercheur Service Connaissance du Patrimoine Région Midi-Pyrénées - DCAV Décembre 2006