Les vins espagnols. - Club d`oenologie de Mouscron
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Les vins espagnols. - Club d`oenologie de Mouscron
Les vins espagnols. 1. Caractéristiques. S'il fallait, en quelques mots, caractériser le vignoble espagnol, on pourrait affirmer qu'il est le plus vaste du monde, le mieux organisé et commercialement le plus dynamique. Il s'étend sur 1,1 million d'hectares, y compris raisin de table, jus de raisin, et vins spéciaux. Mais pour la production, il n'arrive qu'en troisième position, derrière l'Italie et la France. La raison en est la rudesse du pays et de son climat, qui limite ici le rendement moyen à 31 hl/ha, alors qu'en France il frôle les 60 hl/ha. Cependant, cette situation va sans doute changer, car le Ministère de l'Agriculture a autorisé, à partir du millésime 1995, l'irrigation et l'addition de jus de raisin concentré. En dehors de quelques grandes familles (Torres) ou groupes (Codorníu), le vignoble est partagé entre de très nombreux petits viticulteurs. La vinification est, pour l'essentiel, le fait de bodegas et de coopératives qui achètent le raisin, à l'image de ce que nous connaissons en Champagne. Les coopératives sont largement majoritaires, et quelques très grandes sociétés de négoce mènent le combat commercial sur le marché mondial. Chaque appellation est dotée d'un Conseil Régulateur jouant un rôle comparable à celui des syndicats viti-vinicoles. A côté d'une énorme quantité de vins de table, l'amateur peut trouver en Espagne une vaste gamme de vins intéressants, depuis des blancs secs à boire jeunes, aux rouges de longue garde de la Rioja, en passant par les rosés de Navarre, les cavas de Catalogne, les rouges légers de Valdepeñas, les Xérès finos ou olorosos, et des vins nouveaux issus de cépages français. Les années 90 ont vu l'apparition de nombreux vignerons au sens que nous prêtons habituellement à ce mot, c'est-à-dire d'exploitants faisant leur propre vin à partir de leurs vignes. Clairement, on leur doit beaucoup des meilleurs vins actuels. Les vins les plus réputés se vendent à des prix généralement justifiés, mais il est encore possible de trouver des vins excellents, étonnants, à des prix très modérés, ainsi que de bons petits vins parfaitement vinifiés, à des prix imbattables pour la qualité. Encore faut-il savoir où les dénicher. Ce chapitre vous donne des informations, mais l'Espagne vinicole évolue à une vitesse soutenue, et l'amateur fera donc bien, plus que partout ailleurs, de se garder de tout préjugé. L'étiquette "Denominacíon de Origen" (abbréviation : DO) correspond à AOC. L'Espagne a une quarantaine de D.O., dont la liste est donnée plus loin. La contre-étiquette, sceau d'authenticité délivré par le Conseil Régulateur de l'appellation, précise : • • le millésime, le degré de vieillissement du vin à l'issue de son élevage. On distingue quatre degrés de vieillissement pour les rouges : 1. les vins n'ayant pas connu le tonneau reçoivent uniquement la mention "Garantia de origen". Un "vino sin crianza" est un vin jeune, à boire dans l'année; 2. "vino de crianza" (littéralement : vin nourrisson), désigne un vin ayant vieilli au moins deux ans, dont 6 mois en tonneau de chêne (12 dans certaines appellations); 3. "vino de reserva" qualifie un vin sélectionné ayant vieilli au moins 3 ans entre tonneau et bouteille, avec au minimum un an en tonneau de chêne, 4. "gran reserva" implique au moins 2 ans en tonneau de chêne puis 3 ans en bouteilles : un traitement souvent réservé aux grandes années. Une classification similaire s'applique aux rosés et aux blancs. Pour être "de crianza", ils doivent avoir 6 mois de fût; "Reserva" promet 24 mois de vieillissement, dont 6 au moins en barrique. Et "Gran Reserva" implique 2 ans en fûts, puis 2 autres en bouteille. Vocabulaire : • bodega : désigne tout à la fois un chai, une taverne, et une société de production ou de négoce. • • • • • • cava : désigne un mousseux en principe élaboré selon la méthode traditionnelle incluant une seconde fermentation en bouteille. Consejo Regulador : le Conseil Régulateur. cosecha : récolte, cru. espumoso : effervescent. generoso : vin de dessert, fortement alcoolisé. tinto : rouge. Les appellations Douze régions viti-vinicoles ont été définies en 1972, selon des critères exclusivement techniques. Ce sont : 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. la Galice, l'Estremadure, l'Andalousie, les Baléares, les Canaries, l'Aragón, la Catalogne, le Levant, qui s'étend sur les Communautés Autonomes de Murcie et de Valence, l'Alto Ebro, recouvrant les Communautés Autonomes de Navarre et de la Rioja, plus la Rioja Alavesa, région du Pays Basque, 10. la Cantabrie, dont l'aire englobe les Communautés Autonomes de la Cantabrie proprement dite, des Asturies, et du Pays Basque amputé de la Rioja Alavesa, 11. le Centre, dont l'aire comprend les Communautés Autonomes de Castille - La Manche et de Madrid, plus une partie de la province d'Avila, 12. le Douro, coïncidant avec la Communauté Autonome de Castille - León sauf la partie de la province d'Avila rattachée à la région Centre. Les régions ou appellations produisant les meilleurs vins, et que nous allons donc visiter en détail, sont sans conteste la Rioja, Priorato et Penedés (en Catalogne), Ribera del Duero, Valdepeñas pour son rapport qualité/prix, la Galice pour certains vins blancs et, dans un registre différent, Jerez. Mais il n'est guère de province qui ne fournisse du vin, et 53 aires bénéficiant d'une Denominacíon de Origen ont été délimitées sous le contrôle de l'INDO (Instituto Nacional de Denominaciones de Origen). • • • • • • En Galice o Ribeiro o Valdeorras, à l'est d'Orense o Rías Baixas o Monterrei o Ribeira Sacra Au Pays Basque : Chacoli de Guetaria, et Chacoli de Vizcaya. (Orthographe "txacoli" au Pays Basque). Dans l'Alto Ebro o Rioja (DOCa) o Navarra En Aragón o Calatayud, o Campo de Borja, o Cariñena, o Somontano, près de Barbastro. En Catalogne o Alella, au nord de Barcelone o Ampurdán - Costa Brava o Conca de Barberá o Costers del Segre, près de Lerida o Penedés o Tarragona o Priorato, (DOCa enclavée dans la D.O. Tarragona) o Terra Alta o Pla de Bages En Castille-Léon o Cigales, o Toro, o Bierzo, à l'extrémité nord-ouest du Léon, o Rueda, au sud-ouest de Valladolid, o Ribera del Duero. • • • • • • En Castille-La Manche o Vinos de Madrid. o Almansa, o Méntrida, à l'ouest de Madrid, o La Mancha, o Valdepeñas, o Mondejar, o Manchuela Au Levant o Alicante o Bullas o Jumilla, au nord de Murcia o Utiel-Requena, à l'ouest de Valence o Valencia o Yecla En Estrémadure : o Ribera del Guadiana Aux Baléares o Binissalem Mallorca o Pla i Llevant Aux Canaries o Tacoronte-Acentejo o La Palma o Lanzarote o Ycoden-Daute-Isora o El Hierro o Valle de Güimar o Valle de Orotava o Abona En Andalousie o Condado de Huelva, à l'ouest de Cadix o Montilla-Moriles, proche de Cordoue o Málaga, o Jerez-Xérès-Sherry, et Manzanilla Sanlúcar de Barrameda. En outre, les vins effervescents (Vinos Espumosos) ont droit à une "Denominacion especifica". Cépages Parmi les 1.250 cépages recensés en Espagne, 200 sont cultivés pour la vinification, dont 50 environ présentent un intérêt. L'image attachée à l'Espagne est celle d'une grande productrice de vins rouges. Cependant, c'est un cépage blanc, l'airén, qui est - de loin - le plus implanté : 450.000 hectares. Il est suivi par le viura (encore appelé macabeo ou maccabeo), à la base des Cavas. En rouge, l'essentiel de la production est due à quatre cépages : le grenache (170.000 hectares), le monastrell (c'est du mourvèdre), le bobal (100.000 hectares), et le carignan. Le carignan a peu de goût mais une forte productivité. Le grenache est sensible aux gelées et s'oxyde en vieillissant. Pour ce qui est de la qualité, il en va tout autrement : même si de bons vins, voire d'excellents rosés, font largement appel au grenache, les meilleurs rouges et rosés sont des vins d'assemblage dans lesquels le tempranillo exerce une influence déterminante. Cet excellent cépage, typiquement espagnol, avait presque disparu à la suite de la crise phylloxérique. Il aura fallu longtemps à l'Espagne pour se décider à ré-acclimater ce vieux cépage, mais les oenologues ayant démontré les nombreuses et fortes qualités du tempranillo, il est désormais utilisé un peu partout (33.000 hectares). Récemment, quelques innovateurs ont commencé avec succès à implanter le riesling et les grands cépages français : cabernet sauvignon, cabernet franc, pinot, chardonnay. Certains vins nouveaux sont des mélanges de cépages espagnols et français, quelques uns sont même issus exclusivement de cépages français. Mais, alors que Penedés et Navarre adoptent largement les cépages français, d'autres régions, telles que Rioja, Jerez, et Galice, restent plus fidèles aux traditions. Le tableau ci-après dresse, par vignoble, la liste des principaux cépages utilisés, d'une part pour les vins blancs, d'autre part pour les rouges. Le tempranillo, incontestablement le fleuron des cépages de la péninsule ibérique, est à la base de nombreux vins et porte des noms différents selon les régions : • • • • tempranillo dans la Rioja et en Navarre, cencibel dans la Manche, ull de llebre en Catalogne, tinta del país dans certaines régions telles que Ribera del Duero. Plus rustique que le grenache (plus résistant à la fécondation à basse température), il est mieux approprié aux régions relativement froides du nord de l'Espagne, et aux altitudes élevées dans les régions tempérées. En outre, grâce à la faculté qu'il possède de pomper le potassium du sol, il donne un vin peu acide (même les sin crianza) qui ne s'oxyde pas facilement et garde sa couleur fauve intense au cours du vieillissement. Jeunes, les vins de tempranillo ont une saveur fruitée, agrémentée d'une pointe fleurie ou d'un petit goût de réglisse. En raison de la faible acidité de la peau, la fermentation produit une grande quantité de glycérine, donnant au vin un arrière-goût velouté. Mais durant la fermentation se forme également de l'acide lactique qui donne au vin une agréable acidité. Ces caractéristiques expliquent que le vin de tempranillo peut vieillir longuement et sans surprise. En revanche, la fermentation doit être surveillée pour éviter l'infection par bactéries. Les vins destinés au crianza, reserva, ou gran reserva, doivent être mis en fûts dès la première année. Le chêne permet une micro-diffusion d'air grâce à laquelle le vin garde sa couleur durant de nombreuses années, ce qui n'est pas le cas lorsqu'il est mis en cuves de béton ou d'inox. Les deux méthodes de vinification en rouge donnent des résultats différents : • • la macération carbonique de grappes entières donne un vin peu alcoolique, peu acide, de couleur intense, aux arômes de réglisse, doux au palais. A consommer de préférence dès la première année. la fermentation de grains coupés, sans les rafles, donne un taux d'alcool normal, une plus forte acidité, une couleur modérée, des arômes de fruits. Le vin est alors dur au palais et n'arrive à maturité qu'en 3 ou 4 ans. Cette seconde méthode est traditionnelle en Rioja. Table 1. Vignobles et cépages Vignoble Principaux cépages Andalousie En rouge : grenache En blanc : Pedro Ximénez, palomino, et une demi-douzaine de cépages secondaires, dont l'airén. Aragón En rouge : grenache, tempranillo, moristell En blanc : macabeo, grenache blanc Baléares En rouge : manto negro, callet, tempranillo Canaries En rouge : listán noir, negramoll En blanc : moll, parellada, macabeo Castille - La Manche En rouge : grenache, monastrell (mourvèdre), carignan, cencibel (tempranillo), En blanc : airén, albillo, malvar Castille - León En rouge : grenache, tempranillo, mencía En blanc : verdejo, albillo, palomino, sauvignon Catalogne En rouge : grenache, carignan, cabernet, ull de llebre (tempranillo), monastrell, trepat, pinot noir En blanc : parellada, xarel-lo, macabeo (viura), chardonnay, grenache blanc Galice En rouge : alicante (grenache), mencía, merenzao, brancellao, caíño rouge, espadillo, grau, maría ardoña En blanc : albariño, verdello (godello), palomino, caíño blanc, lado, loureira, macabeo (viura), torrontés, treixadura, valenciana, albillo, doña blanca Levant En rouge : grenache, monastrell, bobal, forcayat, alicante (garnacha tintorera) En blanc : merseguera, verdil, malvasía, PX, muscat, tortosi Navarre En rouge : grenache, tempranillo, cabernet sauvignon, mazuelo (carignan), graciano, merlot En blanc : viura, malvoisie, chardonnay, grenache blanc, muscat à petits grains Rioja En rouge : tempranillo, grenache, mazuelo (carignan). Le graciano a presque disparu. En blanc : viura, et un peu de malvasía. Les rosés L'Espagne produit une grande diversité de rosés. Les vins de table sont élaborés au sud de Madrid. Légers et frais dans la Manche, ils prennent corps et puissance à mesure que l'on s'approche de Valence. Les vins les plus fins viennent de régions situées au nord de Madrid. Riches et puissants dans la vallée du Douro, ils se font plus légers au fur et à mesure que l'on se rapproche de Barcelone. Au centre nord, Castille-Léon, Aragón, et Navarre, conservent l'une des plus anciennes traditions viticoles d'Espagne. On y élabore certains des meilleurs rosados. Pour les rosés, le grenache prédomine en Navarre, Campo de Borja, Cariñena, Rioja Baja, et Méntrida. L'Ampurdán mélange grenache et mazuelo. Ribera del Duero emploie la tinta del país. Le Levant privilégie le monastrell. Valence et Utiel-Requena préfèrent le bobal. Les espumosos Indépendamment de leur origine, les effervescents sont régis par le Consejo Regulador de los Vinos Espumosos. Navarre et Rioja en fournissent un peu, ainsi que l'Aragón (Cariñena, Campo de Borja), Castille-León, Estrémadure, et Valence. Mais les plus réputés sont dûs à la Catalogne, principale région productrice (Ampurdán, Tarragona, Penedés, et Alella). Les Cavas sont des effervescents élaborés selon la méthode traditionnelle, incluant une seconde fermentation en bouteille. Ils sont l'objet d'un élevage durant au moins 9 mois en bouteille, cette durée étant souvent portée à 18 mois, parfois trois, voire cinq. Les vignobles Aragón Ce vignoble dont la capitale est Cariñena, où les coopératives sont prédominantes, a une grosse production de vins ordinaires, à boire jeunes. Ce sont principalement des rouges, assez lourds, employés dans des coupages. Prédominance du grenache, parfois coupé de tempranillo. Les rosés vont des jovenes légers et frais, tels que le Viña Tito de la coopérative San Juan Bautista (à Fuendejalón), à des vins relativement lourds comme le Rosado de Ganarcha des Bodegas Bordejé (à Ainzón), qui demande à vieillir 2 ou 3 ans pour développer son caractère. Chez cette dernière, voir également un Campo de Borja rouge, le Don Pablo Gran Reserva. La Bodega Cooperativa San Valero, à Cariñena, élabore d'excellents rosados jovenes, sous divers labels dont celui de Don Mendo, et un rosé mousseux du nom de Percebal, agréable rafraîchissement légèrement pétillant. En rouge, le crianza Monte Ducay; et en cava le Grand Ducay Brut assez rustique. Suivant les incitations de la station oenologique de Saragosse, l'Aragón a entrepris une évolution à marche forcée : modernisation du matériel, remplacement des cépages traditionnels (surtout à Somontano), réduction de la teneur en alcool etc. Campo de Borja Le vignoble s'étend dans la large vallée du rio Huecha, issu du massif du Moncayo qui domine la Castille, la Navarre, et l'Aragón. L'aire d'appellation prolonge celle de la Ribera Baja, en aval sur l'Ebre. La vigne, ici, est très ancienne, puisque l'on a trouvé trace d'une donation des vignes de Magallón en 1203. Le développement du vignoble est dû au monastère cistercien de Veruela. Plus récemment, c'est dans les années 50 que l'on assiste à l'apparition des coopératives. L'appellation date d'avril 1980, et aujourd'hui 9 coopératives vinifient le produit de 9.800 ha. Le climat est continental. Les sols de calcaire brun ou gris, et les terrasses pierreuses, bénéficient d'une bonne perméabilité. Si le grenache prédomine (80%) dans les terres basses, le tempranillo - dont la part va croissant - et le macabeo se rencontrent surtout sur les coteaux et le plateau. Campo de Borja fait : des rosés frais et doux (20% du total), des rouges jeunes, frais, fruités et aromatiques, quelques rouges de crianza, équilibrés et ronds, et quelques blancs issus quasi exclusivement de macabeo, de couleur jaune paille, frais, à l'arôme délicat, légers en bouche. La coopérative Agrícola de Borja pourrait mériter un détour pour son Borsao, en blanc et rosé. Mais surtout la maison Bordejé, pour son excellent Moscatel Dulce "Mari Dulcis". Qualité des millésimes récents (depuis 1987) : 1989 a été excellent, 1987, 88, 90, 91, 93 : très bons. Somontano Somontano, dont le centre actif est Barbastro, est la D.O. aragonaise où les efforts de modernisation ont donné les résultats les plus prometteurs. Fort heureusement, car ce vignoble qui a compté jusqu'à 145.000 ha à la fin du 19e siècle, avait presque disparu : 2.000 ha seulement subsistaient il n'y a guère. La région jouit d'un climat doux qui la met à part du reste de l'Aragón, et la proximité des Pyrénées permet l'irrigation. Aujourd'hui, 3.000 hectares sont plantés principalement de grenache, dont la part diminue, ainsi que celle du parraleta et du moristell autochtone, au profit du tempranillo et du cabernet sauvignon. Le moristell est capable de donner des vins d'une qualité que certains comparent à celle du Beaujolais, en tous cas conçus pour une consommation immédiate. Récemment, on a commencé à y implanter des cépages nobles : outre le cabernet sauvignon, on trouve maintenant merlot et pinot noir. En blanc, on rencontre le macabeo à côté du grenache blanc, du chardonnay, et même du gewurztraminer, plus un cépage traditionnel : l'alcañón. Lalanne, originaire de Barsac, a fait les beaux jours de la région, mais vit sur sa réputation passée. La marque Montsierre, de la Coopérative Somontano de Sobrarbe, s'applique à un blanc, un rouge de moristell à boire jeune, et un autre rouge contenant de 50 à 60% de tempranillo. La coopérative fait aussi Señorío de Lazán, de tempranillo avec une touche de moristell. Les meilleurs vins, de la COVISA (Compañía Vitivinícola Aragonesa), portent la marque Viñas del Vero : des blancs de chenin, riesling, et gewurztraminer, parmi lesquels le chardonnay se hisse au niveau des meilleurs blancs secs espagnols; et des rouges, dont un tempranillo à boire jeune, élaboré par macération carbonique; un crianza de cabernet sauvignon; et surtout l'excellent Reserva Gran Vos, de merlot et cabernet sauvignon, plus un peu de pinot noir. Viñedos y Crianza del Alto Aragón fait aussi un excellent vin : Enate Chardonay. Calatayud Cette D.O., née en 1990, est située à 90 kilomètres au sud-ouest de Saragosse. Elle fait sur 11.000 ha des rouges et des rosés de grenache (60% de la surface plantée), de tempranillo (20%), et de viura (15%). Calatayud, consciente des progrès qui lui restent à accomplir, s'est donnée pour objectif des vins fruités à boire jeunes. A revoir vers la fin du millénaire. Cariñena 22.000 hectares, dont le cinquième en blanc, où prédomine le macabeo, suivi du grenache blanc, du muscat romain et - depuis 1990 - du parellada. Navarre Le vignoble d'appellation Navarra occupe 18.000 ha, et les coopératives y assurent 85% de la production. Cépages principaux : le grenache, quoiqu'en baisse, est encore largement dominant 70%. On l'utilise pour des rosés et des rouges à consommer dans l'année. Il serait originaire d'Alicante (un des noms qui lui sont attribués). le tempranillo : 12% le viura (blanc) : 7%. C'est le maccabeo des Catalans. Vendangé précocement, il conserve alors une bonne acidité et une saveur particulière. Il donne des blancs moyennement titrés, moelleux, équilibrés, frais et aromatiques. Mais à côté de ces trois cépages principaux, on rencontre un bon nombre de cépages implantés ici et là : le cabernet sauvignon : 3%, le merlot : 2,5%, le mazuelo : 2%. Egalement appelé cariñena, neutre d'arôme et de goût, il apporte de l'acidité et produit des moûts très colorés, fortement tanniques et robustes. le graciano : 1%. La Navarre possède 30% du graciano espagnol. Quoique donnant des moûts très colorés, aromatiques, acides, et généreux, il est censé apporter de la finesse. D'ailleurs, un dicton de Navarre proclame : Graciano, ni pal perro, ni pal amo, ni lo tires, ni lo dés, que para el vino bueno es. L'oenologue Javier Ochoa recommande de l'employer pour son apport d'acidité, dans une proportion de 7 à 10% selon le climat. la malvoisie de Rioja : 0,13%. Ce cépage, originaire de Grèce mais très répandu en Espagne (où il est appelé aussi blanca roja, tobía, suavidad, suvirat, rojal), apporte arôme et densité aux vins blancs, et produit un moût abondant et aigre-doux. le grenache blanc : résistant et généreux, il produit un moût alcoolisé et assez acide. le muscat à petits grains : donne un moût alcoolisé, au goût particulier. le chardonnay : 0,15%. Intéressant pour les blancs de crianza en raison de sa résistance à l'oxydation, c'est en Valdizarbe et Tierra Estella qu'il semble s'adapter le mieux. Les Bodegas de Sarría en ont planté récemment 30 ha. Tour d'horizon Bien que la Navarre doive sa réputation à son rosé, le rouge compte pour 50% de la production totale, et le blanc pour 6%. Les blancs n'ont en général pas de personnalité marquée, et les meilleurs sont issus de viura. Tierra Estella et Valdizarbe sont les terroirs les plus favorables à l'élaboration des vins de viura. Muscat et malvasía sont parfois utilisés ensemble pour faire un "supurado". Les rosés sont à consommer jeunes mais ont du caractère. La Navarre, souvent considérée comme la région espagnole faisant les meilleurs rosés, semble avoir atteint le sommet des possibilités de l'appellation. Les rosés de Navarre vont des vins très secs aux vins plus moelleux et fruités (les vins de Julián Chivite, par exemple, appartiennent à cette seconde catégorie) mais tous offrent une fraîcheur caractéristique. Ils sont en général issus de grenache, parfois d'un mélange de grenache et de tempranillo. Javier Ochoa suggère qu'un apport modeste de cabernet sauvignon peut leur être très bénéfique. Le rosé se vend bien sur le marché espagnol, mais a moins de succès à l'étranger. Le Conseil Régulateur a donc pris la décision stratégique de ramener sa part à 30% du volume total, au bénéfice des rouges. Mais la Navarre se cherche encore un peu sur ce terrain rendu difficile par la concurrence de la Rioja. Le grenache est arraché au profit du tempranillo et du cabernet sauvignon, mais ce dernier n'est employé qu'en complément des deux premiers. Les résultats obtenus jusqu'à présent sont encourageants mais montrent qu'il faudra encore beaucoup de persévérance pour parvenir à concurrencer la Rioja. Selon le sentiment dominant en Navarre, ce serait une erreur de copier la Rioja. Et Javier Ochoa de préciser : "Il faut faire des vins structurés, mais différents de ceux de la Rioja. Pour cela, une bonne solution consisterait à introduire davantage de cabernet sauvignon. Et si le passage en fûts est souhaitable, il conviendrait de modérer l'influence du bois : utiliser moins de bois neuf, et réduire la durée du vieillissement en fût. Par contre, le vieillissement en bouteille devrait être allongé." Cavas de Navarre : Les Bodegas Carricas font un mousseux en cuve close. Mais deux bodegas utilisent la méthode champenoise : les Bodegas Mainegra, à Mendavia, produisent un Brut Nature à partir de viura et malvasía. Elles font aussi du Brut, Brut Nature Rosado, Seco, et Semi-Seco. Les Bodegas Ondarre, à Viana, font un Brut Nature de viura. Ainsi qu'un Brut et un Rosado. Coopératives et bodegas : Introduit lors du Congrès National de 1911, et encouragé par l'Eglise elle-même, le concept de coopérative est profondément enraciné en Navarre. A Olite, le frontispice de la coopérative proclame "Unos por otros, Dios por todos". Les 51 coopératives contribuent, aujourd'hui encore, pour 85% du total de la DO Navarra. La Navarre compte 87 bodegas, dont 47 ont une importance notable. Quelques bodegas produisent non seulement du vin en DO Navarra, mais aussi en DO Rioja. Cette dernière bénéficie ainsi de 14% du volume total vinifié en Navarre. Qualité des millésimes : Le Conseil Régulateur qualifie les millésimes selon l'échelle suivante : passable, ordinaire, bon, très bon, excellent. Les millésimes 81 et 82 ont été jugés excellents, 83 et 84 très bons, 85, 86, et 87, ont été jugés bons, et 88 et 89 très bons. EVENA Créée en 1981, l'EVENA (Estación de Viticultura et Oenología de Navarra) n'a cessé depuis lors de se développer et de se moderniser, sous la direction -jusqu'en 1992- de l'oenologue Javier Ochoa connu par ailleurs pour ses Bodegas. L'EVENA, qui possède 21 ha répartis sur les 5 zones viticoles de la Navarre, a expérimenté 39 cépages venant du monde entier : les cépages espagnols, français, et italiens réputés, y côtoient des variétés moins connues telles que les bolicaire et royalli italiens, le thomson seedless américain etc. Les expériences portent sur la taille, la résistance aux maladies, l'effet des herbicides etc. Elle a découvert qu'outre le tempranillo, le cabernet sauvignon et le chardonnay peuvent donner ici d'excellents résultats, ainsi que le merlot et le ruby cabernet. La combinaison du tempranillo et du cabernet sauvignon est très prometteuse, et a déjà été employée avec succès par les Bodegas Guelbenzu. Depuis 1989, EVENA expérimente aussi les effets de diverses levures. 480 levures ont d'ores et déjà été expérimentées, et 7 d'entre elles ont été sélectionnées pour élaborer une vingtaine de vins. En résultat de ces expérimentations, EVENA produit -à une échelle certes modeste- environ 150 vins, dont certains sont élevés en fûts de chêne de diverses origines : Amérique, Limousin, Asturies. Une vente annuelle des vins de l'EVENA a lieu sur place, mi-décembre, au prix unique de 300 pesetas la bouteille. Tout part en une heure... Mais EVENA a aussi et surtout pour mission de contrôler l'état sanitaire des pépinières, et la qualité des vins candidats à l'appellation Navarra. Les échantillons, prélevés sur des lots de 1.500 hectolitres au maximum, sont soumis à une double analyse, sensorielle et chimique. L'équipement moderne d'EVENA lui permet de mesurer rapidement 36 paramètres, dont 9 correspondent aux exigences légales espagnoles, 15 pour satisfaire aux contraintes à l'exportation. En Navarre, il est d'usage de distinguer 5 zones : la Tierra Estella : 2.200 ha au nord-ouest de l'appellation, sur 26 communes : Estella, Ayegui, Armañanzas, Lazagurría, Torres del Río, Los Arcos, Arróniz, Aberin, Villatuerta, Oteiza, etc. On y cultive grenache et tempranillo, et secondairement graciano, mazuelo, viura. Sur 15 bodegas, 12 sont des coopératives. Les Bodegas Irache, à Ayegui, font le Castillo de Irache, à boire jeune. Valdizarbe : au sud de Pampelune, mais au nord de l'appellation, 1.200 ha sur 24 communes : Legarda, Puente la Reina, Muruzábal, Obanos, Ucar, Mendigorría, Tiebas, Leoz, Olóriz, Garinoaín, etc. On y cultive surtout le grenache, ainsi que le tempranillo. Il existe quelques vignobles de mazuelo et de graciano. 9 chais de vinification, dont 2 d'élevage tournés vers l'exportation. Les 7 autres bodegas sont des coopératives. Puente la Reina, à la rencontre de deux chemins de Compostelle, doit son nom au vieux pont en dos d'âne qui enjambe la rivière Arga. Le fameux Señorío de Sarría, élaboré ici par la Bodega de Sarría, est une affaire dans les trois couleurs. Le blanc est sec, pâle comme du cristal, avec un arôme léger de noisette et de fleur. En rouge, la Bodega fait aussi le Viña Ecoyen, léger, et le Viña del Perdón, plus charpenté. A Las Campanas, la Vinícola Navarra, fait le rosé Las Campanas. Son Castillo de Javier est un rosé hors catégorie, élaboré par égouttage de moût de grenache, et macéré durant une heure seulement. En blanc, le Bandeo. En rouge, le Las Campanas, et le Castillo de Olite (bon reserva 82). Mais son meilleur rouge est le Castillo de Tiebas, de facture traditionnelle. Baja Montaña : 3.600 ha au nord-est de l'appellation, sur 15 municipalités : Lumbier, Leache, Aibar, Líedena, Javier (patrie de Saint François-Xavier), Sangüesa, Lerga, Eslava, Ezproqui, Gallipienzo, Sada, Cáseda, San Martín de Unx, Ujué. Et, détaché au nord : Aoiz. C'est de cette zone que viennent les meilleurs rosés, issus du grenache et du tempranillo. 11 bodegas, toutes des coopératives. Ribera Alta : au centre de l'appellation, 5.400 ha sur 22 communes : Tafalla, Beire, Pitillas, Murillo el Cuende, Murillo el Fruto, Lerín, Carcastillo, Santacara, Caparroso, Villafranca, Funes, Peralta, Falces, Miranda de Arga, Carcar, Lodosa, Sesma, Berbinzana, Olite, Marcilla, Artajona aux fortifications massives, murailles flanquées de tours carrées, appelées "Cerco de Artajona". Olite est un centre d'intérêt à plusieurs titres : pour sa ville gothique bien conservée et son château, visible à des kilomètres à la ronde, dont certains vestiges datent de l'époque de sa construction, au début du 15e siècle, et qui était alors la résidence préférée des rois de Navarre, pour son parador installé dans une forteresse aménagée au pied de trois des quinze tours originelles du château, et parce qu'elle abrite l'EVENA. Emploi de grenache, tempranillo, viura, malvasía, et cabernet sauvignon. 23 chais de vinification, dont 14 sont des coopératives. A Villafranca de Navarra, Luis Gurpegui Muga fait le bon Monte Ory. Ses autres vins sont plus faciles. A Olite, voir les Bodegas Carricas, pour leur Teobaldo 1er, et leur Domaine Mont-Plané. Mais surtout, voir les Bodegas Ochoa, non seulement pour un rouge joven (60% grenache, 40% tempranillo), un rouge de crianza et reserva fait avec ces deux mêmes cépages mais dans des proportions inverses, mais aussi pour un rosé de grenache pur, et un excellent blanc de viura. Récemment, la gamme Ochoa s'est accrue d'un crianza de tempranillo pur, aromatique et savoureux, et d'un crianza de cabernet sauvignon. En 1991, le rosado de Lágrima, vin de saignée issu de grenache et cabernet sauvignon à parts égales, est venu appuyer les idées de Javier Ochoa en ce qui concerne la possibilité d'améliorer le rosé de Navarre. Et son Moscatel doux est l'un des tout meilleurs vins espagnols dans cette catégorie. Ribera Baja : au sud de l'appellation, 5.700 ha sur 13 communes : Tudela (seconde ville de Navarre), Valtierra, Arguedas, Corella, Cintruénigo, Fitero, Murchante, Cascante, Barillas, Monteagudo, Ablitos, Castejón, Tulebras. C'est cette zone de l'appellation qui a le climat le plus rigoureux. Emploi de grenache, viura, malvoisie, muscat à petit grain. 29 bodegas, dont 7 coopératives. A Murchante, la Bodega Cenalsa faisait l'Agramont, de bon rapport qualité/prix, en blanc, en rosé, et en rouge fruité. Les autres produits de la Bodega étaient à boire jeunes. Les connaisseurs préfèrent toutefois en général les produits étiquetés Bodegas Príncipe de Viana (nouveau nom de Cenalsa), dans les trois couleurs. Cascante est le siège de plusieurs bons vinificateurs, dont la Bodega Beamonte. Nuestra Señora del Romero est une bonne coopérative. La Bodega Guelbenzu est en pointe pour l'emploi des cépages français. Son rouge Evo est particulièrement corsé. Corella est une autre commune vinicole importante. Les Bodegas Bardón (alias Luis Olarra) y font plusieurs vins légers, tels que le Togal, le Larums, et le Don Luis. Viña Arcadia est sans doute leur meilleur produit. Voir aussi les Vinos Catalán Bozal pour leur Don Julián, un blanc de viura. A Barillas, les Bodegas Magaña font aussi usage des cépages français. En particulier le merlot compte pour 40% dans leur encépagement. Leur Merlot Reserva, un des 10 plus grands vins espagnols, évoque un Pomerol, pour 1.700 pesetas ! Juan Chivite, la plus ancienne et plus grande bodega de Navarre, est établie en Ribera Baja, à Cintruénigo. Les pièces maîtresses de la collection Chivite sont : le Gran Feudo, qui existe en 3 versions rouge de tempranillo et grenache, mûr, charpenté; blanc de viura, bouqueté ; rosé de grenache, vinifié sans rafle, obtenu par saignée, rafraîchissant, genre Tavel mais plus doux; c'est le rosé le plus servi dans les restaurants espagnols (440 pesetas). le Chivite Reserva (tempranillo et grenache) Viña Marcos, nouveau vin rouge jeune de tempranillo et grenache. En outre, son Gran Reserva 125e anniversaire a été (car il devient difficile d'en trouver) un excellent vin de tempranillo, très concentré. Vins de terroir Une conséquence majeure de l'importance des coopératives en Navarre est que les vins sont faits à partir de raisins de multiples origines. En règle presque générale, ce sont donc des vins de cépage, et le terroir d'origine n'a qu'une importance marginale. Il est cependant possible de trouver des vins élaborés à partir de raisins issus de terroirs sélectionnés. Parmi les producteurs soucieux d'une telle sélection, citons Guelbenzu, Ochoa, Palacio de la Vega, Magaña, Mainate, et Beramendí. Quelques coopératives ont ce même souci et, sachant les difficultés qu'elles ont à surmonter, il faut souligner à quel point elles sont en cela méritoires : Cascante, Murchante, Mañeru (près de Puente La Reina), Eslava (en Baja Montaña), Pitillas (près d'Olite), Lodosa, et San Martín de Unx. Auxquelles il faut ajouter trois coopératives dont le premier vin de raisins sélectionnés est sorti en 1993 : Olite, Obanos, et Añorbe. Le pacharán La Navarre est le berceau du pacharán. Cette liqueur, à la mode dans toute l'Espagne, est exportée jusqu'au Japon et au Canada. Le pacharán est à la Navarre ce que le Xérès fino est à l'Andalousie, le cava à la Catalogne, le cidre aux Asturies, et l'orujo à la Galice. Ne contenant que deux ingrédients de base, la prunelle et un alcool, le pacharán est de fabrication aisée. Prenez un litre d'aguardiente, ajoutez 250 grammes de prunelles, laissez macérer un trimestre ou deux en remuant doucement une fois par semaine. Le produit résultant titre de 25 à 30%vol : buvez très modérément... Si vous êtes encore en vie à l'issue de cette consommation, vous aurez probablement envie d'améliorer la recette, soit en choisissant un autre alcool (certains emploient de l'anis), ou en adoucissant un peu ce tord-boyaux avec du sucre, en épiçant par quelques grains de café, ou encore par de la camomille, selon vos goûts. NB : certaines bodegas de Navarre produisent aussi du vin en DO Rioja : à San Adrián : les Bodegas Luis Gurpegui Muga, Bodegas Muerza, et la coopérative. à Viana, les Bodegas y Cavas Ondarre. et à Azagra, la coopérative San Gregorio. Rioja La Rioja, dans la haute vallée de l'Ebre, capitale Logroño, est la région la plus exportatrice d'Espagne, dont elle produit les vins les plus prisés. Rioja a été la première Denominacion de Origen Calificada, distinction qu'elle a obtenue en 1991. Et si ses vins ont un air de famille avec les Bordeaux, ce n'est pas par pur hasard : des Bordelais, ruinés par les attaques de l'oïdium dans les années 1857 à 1862, suivis d'autres ruinés par le phylloxéra à partir de 1868, s'y installèrent en amenant les méthodes de vinification qui allaient si bien réussir en Rioja. Cépages Les meilleurs vins blancs sont issus du viura, mais ne présentent pas une personnalité marquée, et sont même parfois assez communs. En rouge : Le tempranillo est à la base de tous les bons Rioja. Il s'adapte particulièrement bien au climat et au sol de la Rioja Alta et de la Rioja Alavesa. Les autres cépages n'interviennent qu'en complément. Le grenache donne les meilleurs rosés, mais tend à reculer. Le mazuelo, proche du carignan, apporte acidité et tanin. Le robuste graciano, originaire du nord de l'Espagne, a presque disparu ici. Ces deux derniers ne représentent respectivement que 2,8% et 0,4% de l'encépagement rouge. Traditionnellement, la Rioja fait donc des vins d'assemblage, en grande majorité des vins de marque, d'une grande diversité. Le style riojan est reconnaissable entre tous : force, corps, élaboration soignée, aptitude surprenante au vieillissement, même pour beaucoup de vins portant la mention "consommation immédiate". Quelques vins manquent de concentration et essaient de pallier à ce défaut par le boisé, qui devient alors excessif et se traduit, après quelques années, par des vins secs et décharnés. Mais il s'agit là d'exceptions, et non de la règle. L'aire délimitée s'étend sur 120 kilomètres en longueur et 40 en largeur, et la vigne y occupe actuellement 47.000 ha. L'appellation est constituée de terroirs appartenant non seulement à la Rioja, mais aussi au Pays Basque, et à la Navarre, celle-ci contribuant pour 3.910 hectares appartenant aux communes Andosilla, Azagra, Mendavia, San Adrián, Sartaguda, et Viana. En fait, il faut distinguer 3 régions, dont les vins sont assez différents les uns des autres : la Rioja Alta, ouverte vers l'Atlantique, à l'ouest de Logroño, est en général considérée comme la meilleure; la Rioja Baja, au climat continental, en aval sur l'Ebre, ouverte vers la Méditerranée; la Rioja Alavesa (de l'Alave, pays basque), ouverte sur les Pyrénées. Rioja Alta Les grandes bodegas de la Rioja sont situées pour la plupart en Rioja Alta, dans les faubourgs de Logroño et de Haro. Cette dernière est une petite ville ancienne bien conservée, qui s'enorgueillit d'abriter le Musée du Vin de la Rioja, et la station œnologique qui contrôle la production de Rioja Alta et Rioja Baja. Bonnes adresses de Rioja Alta CVNE (Compañía Vinícola del Norte de España), à Haro Imperial Gran Reserva est l'un des 10 plus grands vins espagnols; Viña Real Gran Reserva est un autre vin superbe; et "Monopole", un blanc crianza. Les Bodegas Berberana, à Cenicero, élaborent une gamme de rosés excellents, parmi lesquels le Carta de Oro 89 (60% de tempranillo, 35% de grenache, 5% de viura), dont la robe discrète cache un tempérament de feu. Elles font aussi des rouges charpentés : le Carta de Plata (3 ans de fût), le Carta de Oro (5 ans de fût), et des reservas veloutés. La bodega Marqués de Murrieta, à Logroño, exporte peu mais n'en fait pas moins certains des tout meilleurs Riojas. Outre un merveilleux rosé à l'ancienne, on y trouve : le Castillo de Ygay, un rouge reserva de très haut niveau, un blanc sec également superbe, méritant vieillissement : Ygay Reserva, et l'Etiqueta Blanca, vieilli 4 ans. Bodegas Montecillo, filiale d'Osborne, à Fuenmayor Gran Reserva Especial, Viña Monty Reserva, et les Cumbrero rouges et blancs secs crianza. Bodegas Martínez Lacuesta, à Haro (fournisseur d'Iberia) Campeador Gran Reserva Bodegas Rioja Santiago, à Haro Condal, Gran Condal Reserva, Gran Enológica. Bodegas Bilbainas, à Haro. Des reservas : Viña Pomal sombre, Zaco plus léger, Vendimia. Bodegas Olarra (très visité), près de Logroño, privilégie un style léger : Reserva Cerro Añón, et surtout Añares, son top Reserva. Marqués del Puerto, à Fuenmayor Reserva rouge Señorío de Agos Bodegas Lagunilla, à Fuenmayor Viña Herminia, léger. Bodegas Riojanas Viña Albiña, traditionnel, et Monte Real Reserva et Gran Reserva, puissants. En blanc : Montaña Crianza. Bodegas Campo Viejo Avec une production annuelle de 20 millions de cols, Campo Viejo est une des principales bodegas, voire la plus grande. Son gran reserva a vieilli pendant 7 ans et demi dont 3 en tonneau de chêne et 3 en bouteille. Il s'inscrit dans la ligne classique des Rioja généreux avec une bonne structure, une touche de vanille due au chêne, et un goût de raisin assez marqué. Campo Viejo produit aussi un reserva baptisé Viña Alcorta, plus élégant. San Asensio, un crianza de tempranillo, et un bon blanc. Les bonnes années seulement, la maison met sur le marché un gran reserva, le majestueux et puissant Marqués de Villamagna. Bodegas Corral, à Navarrete Don Jacobo rouge. Et un bon rosé. Bodegas Beronia, en particulier pour un excellent blanc. Bodegas Muga, à Haro : blanc, rosé, rouge, tout est bon. Parmi les rouges légers traditionnels, le meilleur est sans doute Prado Enea. La bodega Marqués de Romeral fait du rouge et du blanc sec. Son Gran Reserva est d'un bon rapport qualité/prix. Bodegas Marqués de Cáceres (Unión Viti-Vinícola), à Cenicero excellents rouges reserva et rosés. Exemple d'un blanc du cépage viura qui domine dans le nord de l'Espagne : le Don Sebastian 89, à boire jeune, est comparable à un Entre-Deux-Mers. La Bodega López de Heredia, à Haro, fait des vins rouges traditionnels (Pedro López de Heredia est réputé conservateur parmi les traditionalistes) susceptibles d'une très longue garde. Voir ses rouges et blancs Viña Tondonia délicats et fins. Et son blanc Viña Bosconia, beau et robuste. Federico Paternina Vinos Rioja est réputé pour son Conde de los Andes GR, mais les millésimes récents ont été décevants. Son Crianza Banda Azul est de qualité variable. Bodega La Rioja Alta en crianza, Viña Alberdi; en reserva, Viña Ardanza, et Viña Arana, plus léger; les Gran Reserva 904 et 890 ne sont élaborés que lors des millésimes exceptionnels; le 904, qui est resté 6 ans en fût de chêne, est âgé de 10 ou 11 ans (le 85 est devenu disponible); le 890, qui a séjourné 8 ans en fûts de vieux chêne, n'est commercialisé qu'à 15 ans ou plus. Rioja Baja Les vestiges d'une bodega du 1er siècle, récemment découverts près de San Adrián, prouvent - s'il en était besoin l'ancienneté de l'activité vinicole dans cette région. La productivité de la Rioja Baja s'inscrit à 17 hl/ha, nettement moins que celle de Rioja Alavesa (35 hl/ha) et de Rioja Alta (40 hl/ha). Le Domaine du Barón de Ley, en Rioja Baja, a sorti son premier vin en mars 1990. C'était un reserva 85, bien structuré, de belle bouche. Tout le domaine a été replanté à neuf au début des années 80, en tempranillo exclusivement. Rioja Alavesa La Guardia, pittoresque cité fortifiée, mérite votre visite. Bonnes adresses de Rioja Alavesa Bodegas Domecq, à Elciego Marqués de Arienzo Reserva Bodegas El Coto, à Oyón, fait le El Coto, en blanc, et en rouge léger et tendre; et le Reserva Coto de Imaz. Herederos del Marqués de Riscal, à Elciego, la plus ancienne bodega de Rioja Alavesa, fait un rosé puissant et fruité, et le Marqués de Riscal Gran Reserva, un rouge sec et léger. Mais son meilleur vin, un des 10 plus grands espagnols, est le Barón de Chirel. Bodegas Martínez Bujanda, à Oyón, fait d'excellents vins : rosé, rouge sin crianza fruité, un blanc fermenté en barrique, Conde de Valdemar Gran Reserva (dont le 85 a été mis sur le marché en 93), Finca Valpiedra. Bodegas Alavesas Solar de Samaniego, à la robe pâle, un vin délicat vieillissant rapidement. Cosecheros Alaveses est une coopérative prometteuse. Voir son rouge non vieilli en fût. Bodegas Viña Salceda Conde de la Salceda GR, et des rouges légers. Bodegas Palacio, à Laguardia : un bon rosé, mais surtout l'excellent "Cosme Palacio y Hermanos", à boire vers 4 ou 5 ans, et qui s'avère alors comparable à un très bon Libournais deux fois plus âgé. Nuestra Señora de Remelluri, à Labastida. Cette résurrection d'un très ancien domaine produit un vin exclusivement à base de tempranillo, que l'on s'arrache. Rioja blancs Si la plupart des vins blancs sont assez communs, l'amateur averti appréciera certains blancs vieillis en fûts. Tombés en disgrâce auprès du grand public depuis la vogue des blancs jeunes et frais à partir du début des années 80, les Rioja blancs vieillis en fût, issus très majoritairement de viura, avec parfois des apports complémentaires de malvasía et de garnacha blanc, sont encore produits par quelques maisons attachées aux traditions. Ceci dit, il convient de distinguer : les vins ayant été l'objet d'une maturation relativement courte, souvent issus de viura pur. les Reservas (âgés d'au moins deux ans, et ayant connu le fût pendant au moins 6 mois) et les Gran Reservas (quatre ans ou plus, dont au moins 6 mois de fût). Ceux-ci contiennent en général une petite quantité de malvasía qui leur procure un délicat parfum aromatique. Exemples de la première catégorie : Le Viña Gravonia, de López Heredia : extrêmement sec mais avec une légère pointe d'acidité, équilibré et élégant, présentant des arômes épicés et herbacés, il est idéal pour accompagner les huîtres. Le Cosme Palacio y Hermanos, des Bodegas Palacio, vieilli un an en fût, à la robe jaune dorée, est fruité avec une pointe vanillée et une agréable touche d'acidité. Monopole, de la Compañía Vinícola del Norte de España, probablement le plus populaire de cette catégorie, est frais et fruité après un an de maturation en fût. Exemples de la seconde catégorie : Le Castillo de Ygay Reserva 85 du Marqués de Murrieta offre des arômes évolués de noix et de sous-bois évoquant certains Manzanilla. Le Viña Tondonia 1976 de López Heredia (4 à 5 ans de fût). A l'extrême, le Castillo de Ygay Gran Reserva 1970 de Marquès de Murrieta a séjourné en fût pendant plus de dix-huit ans. Ce vin exceptionnel, à la robe dorée intense, offre une palette aromatique et gustative riche d'une centaine de nuances. Moelleux et doux, il est dense et présente un arrière-goût prolongé. Qualité des millésimes récents : 90, 92, et 93, ont été bons, tous les autres, depuis 1987, ont été excellents. Catalogne Meilleures D.O. : Penedés, Priorato, et Costers del Segre. Alella Ce vignoble d'environ 500 ha, au nord de Barcelone, donne des rouges délicieux, et surtout (80% de la production) de très bons blancs secs ou doux. Une curiosité. La Bodega Alella Vinícola Can Joc produit la gamme Marfil en rouge, et en blanc sec, demi-sec, et doux. Les meilleurs vins des Bodegas Parxet/Alta Alella sont le chardonnay Marqués de Alella (1.950 ptas), effervescent le Parxet Chardonnay Brut Nature. et en Ampurdán - Costa Brava L'aire délimitée concerne 3.100 ha appartenant à 25 communes, qui produisent environ 80.000 hl. Ce vignoble, implanté par les Phocéens au 5e siècle avant J.C., puis développé par les Romains, est érigé en D.O. depuis 1975. Plus de 80% du vin produit est rouge, de grenache et carignan. En blanc, le macabeo domine, mais on rencontre aussi du xarel-lo et du grenache blanc (ici appelé lledoné). Dans un genre complètement différent, la région fait aussi des vins doux et aromatiques de grenache, et des mistelles de ce même cépage. Treize coopératives suffisent à fournir 95% du vin. La plupart font un vin lourd sans intérêt. Certaines, modernisées au début des années 80, donnent des jovenes de qualité variable. Pratiquement incontournable, Cavas del Ampurdán ne possède cependant que 15 ha en propre, et ne fait guère mieux que ses concurrentes. Seul peut-être son Castillo de Perelada Reserva s'élève au-dessus du lot commun. Bien plus que son vin, c'est le chêne-liège de cette région qu'il convient d'applaudir, car il nous procure un bouchon d'excellente qualité. Conca de Barberá L'appellation fait surtout des cavas issus de parellada et macabeo, et aussi des blancs secs. Son meilleur produit est le Milmanda, de Torres. C'est un chardonnay pur vieilli en fût, d'un niveau de qualité comparable à un Mâcon. En dépit de ses 7.000 ha, Conca de Barberá s'estime trop menue pour pouvoir s'assurer une réelle notoriété, aussi envisage-t-elle de former une fédération avec Penedés, auquel elle fournit déjà une grande quantité de raisin, les deux appellations étant en effet voisines, non seulement géographiquement, mais par la qualité de leur production. Costers del Segre Cette DO récente (1988), dont l'aire délimitée est proche de Lérida, produit rouges, rosés, blancs, et mousseux. Sur les 3.700 hectares plantés en vigne, Raimat, généralement reconnu comme le meilleur producteur, en détient le tiers, et 1.000 viticulteurs se partagent le reste. Rappelons à ce sujet que Raimat fait partie du groupe Codorníu, sous l'impulsion duquel l'appellation a été définie. A part les producteurs mentionnés ci-dessous la qualité d'ensemble n'est pas enthousiasmante, à tel point que moins de 20.000 hl sont mis en bouteilles, pour une production totale d'une centaine de milliers d'hectolitres. Les cépages autorisés, par ordre d'importance, sont : en blanc : macabeo, xarel-lo, parellada, chardonnay, et grenache blanc. en rouge : grenache, ull de llebre (nom local du tempranillo), cabernet sauvignon, monastrell, trepat, carignan, merlot, pinot noir, syrah. Cellers Castell del Remei, à La Fuliola, fait le Gotsim Bru crianza, mélange de plusieurs cépages parmi lesquels le tempranillo à 75% et le cabernet sauvignon pour 13%, qui passe 6 mois en barrique. A Baldomar, Vall de Baldomar est un nouveau producteur qui s'est déjà fait remarquer pour son Cristiari, un rosé sec de cabernet sauvignon et de monastrell, de couleur cerise, savoureux, équilibré, et doté d'un arrière-goût marqué. La bodega a commencé à faire vieillir du riesling, du cabernet sauvignon, et du merlot. Elle ambitionne de faire de son coin de l'appellation un second Penedés. Mais seul Raimat jouit d'ores et déjà d'une réputation internationale. Si Raimat base 60% de sa production sur le cabernet sauvignon et le chardonnay, il emploie également tempranillo, parellada, macabeo, xarel-lo, merlot, pinot noir, et monastrell. Les Raimat rouge et rosé sont délicieux, nets et structurés. Particulièrement son excellent Cabernet Sauvignon (40F) et son Tempranillo, mais aussi son Merlot et son Pinot Noir. Clos Abadía est son rouge de plus grande diffusion. En blanc, tant le Chardonnay tranquille que le Chardonnay Selección Especial, et encore le Raimat brut, témoignent du savoir-faire de Raimat. Tarragona Au 1er siècle, Martial, Silvius Italicus, et Pline le Jeune, attestaient de la qualité des vins de Tarragone, exportés dans tout l'empire romain, et concurrents de ceux du Latium. Cette antique réputation se retrouve aujourd'hui dans le nom de la Confrérie du Vin : Consilium Vinorum Tarraconensium. Mais l'appellation correspond à des vins ordinaires, comme tous ceux de la région de Tarragone, sauf le Priorato. L'aire délimitée s'élève à 227.000 ha, dont 108.000 sont cultivés, et 23.700 seulement sont plantés en vigne, exploités par 5.000 viticulteurs de 83 communes, dont 25 élaborent des cavas. La production de 750.000 hl se compose de blancs pour 70%, de rouges pour 27%, et de rosés pour le reste. 180 coopératives contrôlent 95% de la production. Les deux tiers du vin sont vendus en vrac, dont la moitié est du blanc acheté par les producteurs de cava de Penedés. Les blancs titrent 11 à 12%vol, et sont souples, équilibrés, fruités et aromatiques. Les rosés, de couleur cerise, sont frais. Les rouges ont l'arôme et l'alcool du grenache, la couleur et le corps du carignan. En outre, Tarragone produit le "Tarragona Clásico", vin d'apéritif ou de dessert pouvant être sec ou doux. Quelquesuns, soumis au système traditionnel de vieillissement, fournissent des rancios à la saveur légèrement amère. En fait, il convient de distinguer 3 régions : El Camp de Tarragona, de loin la plus vaste, possède des sols calcaires légers et bénéficie d'un climat méditerranéen. On y fait principalement des blancs de macabeo, parellada, et xarel-lo (encore que le chardonnay y ait une part croissante). Et aussi des rouges et rosés de sumoll (cépage autochtone) et de tempranillo. La région de Falset : montagneuse, au climat froid, ses sols sont formés par la décomposition de la couche granitique de Falset, mélangée à des marnes et calcaires tertiaires. Elle se consacre aux rouges de carignan et de grenache. La Ribera d'Ebre, aux hivers froids et aux étés très chauds et ensoleillés, a des sols de calcaires tertiaires et d'alluvions quaternaires. Elle fait également des rouges de carignan et grenache, et des blancs de macabeo et de grenache blanc. Bonnes adresses : De Muller, qui possède en propre 20 ha de Tarragona, et 5 ha de Priorato, produit une vaste gamme. Des vins généreux, doux et secs, vieillis selon le système de solera : l'Aureo, le Don Berenguer, le Don Juan Fort. Et de nombreux vins non fortifiés, dont le plus intéressant est le Moscatel Seco, parfumé. Pedro Rovira, à Mora la Nova, vinifie ses 100 ha, plus la production de 2.500 viticulteurs. La coopérative de Falset travaille d'ailleurs en étroite collaboration avec lui. Son bon Gran Vino Tinto Reserva a passé 18 mois en fûts et 5 ans en bouteilles. Son Viña Mater, de tempranillo, vieillit 18 mois en barriques. Son Viña Montalt est un blanc doux où entrent 80% de macabeo et 20% de parellada, vieilli un an. La région fait aussi le Paxarete, un vin traditionnel très doux, de couleur marron foncé, presque chocolat. Voir chez De Muller. Priorato Cette D.O.Ca. de 1.850 hectares est réservée à un groupe de 11 villages de la région de Tarragone. Le centre viticole en est le village de Gratallops, qui jouit d'un paysage superbe dans un cirque montagneux. Le travail y est rendu très difficile par le morcellement du vignoble, et surtout par des pentes abruptes imposant le travail manuel. Le rendement est très faible (5 à 15 hl/ha) en dépit des cépages employés : grenache et carignan. Le réglement impose un taux d'alcool de 13,5%vol minimum, mais les vins atteignent souvent 16%vol. Les Chartreux y font encore le vin comme il y a des siècles. Ce sont des vins de couleur grenat foncé, que l'on "mange" : non pas sirupeux, mais possédant beaucoup de corps et d'étoffe, entêtants. Voir les produits : d'Álvaro Palacios, particulièrement Les Terrasses, et le Clos Dofí, surprenant par son caractère minéral; l'Ermito est encore plus surprenant, surtout par son prix qu'Álvaro Palacios a fixé d'emblée au-dessus de celui de Vega Sicilia ! de René Barbier & Fils. de Mas Martinet. de la société Barril : un beau rancio, et des rouges fruités et puissants. de la société De Muller, à Tarragona : Priorato, Priorato Dulce, et Paxarete. Ces deux derniers sont parmi les meilleurs. Les Cellers Scala Dei, appartenant à De Muller, font un Gran Reserva Cartoixa de Scala Dei, de pur grenache, alcoolisé et nourrissant; et peut-être aussi ceux de la famille Peyra. Penedés Si la région de Penedés faisait déjà du vin au 4e siècle avant J-C, la D.O. Penedés a été délimitée en 1960. C'est une des meilleures régions vinicoles d'Espagne, parmi celles les mieux équipées et pratiquant les méthodes les plus modernes. L'aire d'appellation, dont les localités principales comprennent Sitgés, Sant Sadurní d'Anoia, et Vilafranca de Penedés, est délimitée sur 155.000 hectares dont 26.000 sont plantés. En fait, on distingue trois zones physiquement et qualitativement différentes : le littoral maritime, ou Bajo Penedés, le Penedés Medio, à partir de 200 mètres, fournit 60% du raisin, et le Haut Penedés, où la vigne occupe des terrains entre 500 et 800 mètres. C'est assurément cette dernière zone, bénéficiant d'un climat frais pour la région, qui produit les meilleurs vins blancs. A côté du parellada, on y étudie le muscat, le riesling, et le gewurztraminer. La D.O. produit des rouges, des blancs et rosés secs ou demi-secs, et des effervescents. Les vins rouges, prédominants avant la crise phylloxérique, ne représentent plus que 10% de la production du Penedés (mais une reprise générale est en train de se dessiner). Ils sont issus de tempranillo (ici appelé ull de llebre), grenache, monastrell, et carignan, quoique le cabernet sauvignon prenne une part croissante de l'encépagement rouge. Les blancs dominent très largement aujourd'hui, puisqu'ils représentent environ 75% de la production, et parmi eux, les effervescents - Cava et pétillants - sont largement majoritaires, aussi est-il difficile de dissocier Penedés et Cava. Les principaux cépages sont : le macabeo (appelé viura ailleurs en Espagne), de bonne qualité (idéal pour les Cavas) mais très productif. Les meilleurs vins de macabeo viennent du centre du Haut Penedés, à condition de limiter le rendement. le xarel-lo (alias cartoixá, pansá blanca, pansal, pansalet) est employé pour les Cavas et les vins de table. En Penedés, ce sont les zones basses du Haut Penedés qui fournissent les meilleurs vins de xarel-lo. le parellada existe en deux variétés. L'une d'elles a des raisins de couleur dorée, les raisins de l'autre sont de couleur verte. En Penedés, le parellada donne les meilleurs résultats à des altitudes supérieures à 220 mètres, où la température est plus clémente. Le parellada produit un vin fruité, aromatique, titrant de 8 à 10%vol, et on l'emploie pour les Cavas et les meilleurs vins de table. le tempranillo donne des vins équilibrés et aromatiques, peu colorés, moyennement acides et alcoolisés. le chardonnay, introduit récemment, n'occupe que 150 hectares environ. Il semble capable de s'adapter partout en Penedés, et plus particulièrement aux altitudes supérieures à 280 mètres, dans des terrains pas trop exposés au soleil. Peu productif, il procure des vins aromatiques d'environ 12%vol. le cabernet sauvignon occupe 500 hectares. Les vins qui en sont issus, en Penedés, sont d'excellente qualité, hauts en couleur, et dotés d'une forte teneur en alcool. Employé seul, il lui faudrait longtemps pour parvenir à maturité, aussi les vinificateurs le coupent-ils en général par du tempranillo. le merlot fait aussi l'objet d'essais d'acclimatation. Il semble pouvoir s'adapter assez bien mais préfère les sols légers. Les vins de Penedés sont en général conçus pour être bus jeunes. D'excellents vins rouges peuvent résulter d'un vieillissement soigné, mais peu nombreux sont ceux élevés plus de deux ans. La vinification des blancs ne comporte en général pas de macération. Les blancs ainsi obtenus sont fruités et frais, secs ou demi-secs, à boire avant leur premier anniversaire pour profiter de leurs arômes primaires. Les rosés, dont la couleur peut aller du rose très pâle à une teinte cerise brillante, manquent un peu de corps et sont à boire encore plus jeunes que les blancs. Enfin, les Cavas sont, comme en Champagne, vendus à leur optimum et il vaut mieux les boire dans l'année de leur mise sur le marché. Selon la teneur en sucre de la liqueur d'expédition, le vin résultant sera un "Brut Nature", "Brut", "Seco", ou "Semi-Seco". La famille Torres y implante les cépages français. La gamme Torres comporte, outre le Milmanda (pur chardonnay) de Conca de Barberá et le Grans Muralles de Priorato : le superbe Gran Coronas Mas La Plana, fait de cabernet à 70%, et de tempranillo, que beaucoup de connaisseurs considèrent comme l'un des 10 plus grands vins espagnols; et le blanc sec Fransola, de parellada et sauvignon, un des meilleurs espagnols dans sa catégorie; le Mas Borrás, pinot noir de la classe d'un Rully ou d'un Givry. le Vino Magdala, de pinot noir et tempranillo. le Santa Digna, également de pinot noir. le Viña Sol, blanc de parellada, léger, charmeur; Gran Viña Sol, qui contient un peu de parellada mais surtout du chardonnay, est plus complet et plus ferme. Esmeralda est un délicieux blanc demi-sec de muscat d'Alexandrie et gewurztraminer. le Gran Sangre de Toro, de grenache et carignan, est typique de Penedés. Corpulent et persistant, il peut vieillir 5 ans maximum. Cazador (rosé), Los Torres (du merlot), Tres Torres, etc. D'autres grandes maisons suivent les Torres dans l'implantation de cépages français : La famille Manuel Sancho e Hijos, établie à la limite entre Haut et Bas-Penedés, est célèbre par sa marque Mont Marçal, mais réussit tout ce qu'elle entreprend : cava, cabernet sauvignon, merlot, chardonnay; et même son "Vi novell", blanc de xarel-lo, macabeo, et parellada, légèrement pétillant; et l'un des tout meilleurs rosés espagnols. Bach : voir son blanc Extrísimo Seco, et ses reservas, dont un rouge 90% cabernet. René Barbier fait également un rouge de cabernet pur ; et un rosé Viña Augusta, Marqués de Monistrol, et Sarda Mascaró. Parmi les bons producteurs non cités ci-dessus : Can Rafols dels Caus fait trois vins parmi les meilleurs espagnols, chacun dans sa catégorie : rosé, Chardonnay, et Gran Caus Reserva; Conde de Caralt, Cavas Hill (rosé Castell Roc), Masía Vallformosa, pour ses Vallformosa Brut Nature, Gran Reserva Brut, Viña Rosado; et Jaume Serra, qui fait un Macabeo, un Chardonnay, et un Parellada, pour son blanc Viña del Mar. Ne quittons pas la région sans avoir visité le Musée du Vin, logé dans un palais du 13e siècle, celui des comtes-rois d'Aragón, à Vilafranca del Penedés. Qualité des millésimes récents : 87 et 92 ont été bons, tous les autres, de 88 à 93, ont été excellents. Terra Alta 12 communes bénéficient de cette appellation, créée en 1982, qui délimite 10.800 hectares. Les produits actuels, issus d'un encépagement blanc et noir à parts égales, ne sont pas fameux, mais la D.O. a entrepris un vaste effort de conversion, sous la houlette de Pedro Rovira. Il s'agit de parvenir à faire des vins plus légers et frais. La viura remplace le grenache blanc, et le parellada a commencé à faire son apparition. Pedro Rovira n'hésite pas à vendanger un mois plus tôt que de coutume. Résultat : une amélioration sensible de la qualité des blancs. Voir son Blanc de Belart, comprenant 3 parts de macabeo pour une de grenache. Pla de Bages Située dans la province de Barcelone, cette D.O. chevauche le rio Llobregat et le rio Cardoner sur une quarantaine de kilomètres en amont de Manresa, à la limite des provinces de Lérida et de Tarragone. L'aire délimitée concerne 500 hectares en grande partie étagés en terrasses. Ce vignoble qui autrefois fournissait du raisin aux producteurs de Cava, reste partiellement complanté en macabeo, en picapoll autochtone et en chardonnay pour le blanc, mais a été largement reconverti vers le rouge, en tempranillo, grenache, merlot et cabernet sauvignon. Voir chez Roqueta les séries Masies d'Avinyó, et Abadal. Rosés de Catalogne Dans la région de Barcelone, les vins ont une légèreté au palais et une touche de fraîcheur qui les différencient radicalement des autres régions. Miguel Torres élabore le Penedés Rosado de Casta, à partir de grenache et carignan : un vin impétueux, rond et sec. Titrant moins, le Rosado De Muller (un Conca de Barberá) est fait essentiellement de grenache Trepat. Le plus léger est le Novel Rosat Penedés de Ferret y Mateu, qui doit être consommé très rapidement. Gran Caus rosé de Cau Rafols del Caus est un sommet. Cava Les Cavas sont des vins mousseux, faits sur des sols et sous-sols semblables à ceux de Champagne, et selon des méthodes de vinification similaires, en particulier la deuxième fermentation en bouteille. La différence est due à la fois au climat et aux cépages. Le chardonnay est parfois employé à titre expérimental, mais les Cavas sont surtout des assemblages de trois cépages autochtones : le macabeo, pour son arôme fruité, le xarel-lo, qui apporte la couleur, la structure, l'alcool et l'acidité, et le parellada, le plus fin (et le plus cher), apprécié pour son élégance. L'appellation Cava a été définie en 1986. Son originalité, entre toutes les D.O. espagnoles, est de ne pas avoir d'aire délimitée. Les Cavas, aujourd'hui, viennent de 158 communes réparties sur 8 provinces du nord de l'Espagne, et emploient environ 40.000 hectares. Mais la Catalogne en est de loin (95%) le principal producteur : on fait du Cava sur les territoires des D.O. Penedés, Alella, Ampurdán - Costa Brava, Conca de Barberá, Costers del Segre, et Tarragona. Sant Sadurní d'Anoia, à l'ouest de Barcelone, compte des dizaines de producteurs. Voici les plus réputés : Juvé y Camps, pour son Reserva de la Familia. Gramona : Imperial Brut, Celler Battle qui est élevé sept ans sur ses lies. Codorniú, qui a été le premier à élaborer du cava dès 1872, est aujourd'hui le producteur le plus important (11 millions de bouteilles). Sa gamme comprend le Gran Crémant, Non Plus Ultra (mûr), et Brut Clásico. Mais ses plus belles réussites sont "1551", et le frais Anna de Codorniú. Cavas Hill fait un Brut de Brut millésimé, et le Reserva Oro Brut. Masia Vallformosa : un Extra Brut. Conde de Caralt : un Brut Nature. Freixinet : Cordón Negro Brut. Encore mieux : Brut Nature. NB: Pedro Ferrer, le propriétaire, possède aussi la maison champenoise Henri Abelé. Les Cavas rosés sont généralement issus des cépages traditionnels (macabeo, xarel-lo, et parellada) auxquels on ajoute un peu de monastrell ou de grenache pour leur donner une robe plus éclatante et plus de corps. Freixinet utilise pour ses rosés 0,5g de sucre en moins que pour ses blancs, d'où une grande souplesse et un caractère prononcé. Voir aussi les cavas rosés de Conde de Caralt, et ceux de Codorniú. Galice Les rouges de Galice ne méritent pas encore le voyage, sauf peut-être ceux de Monterrei, des rouges puissants. Les vins de Verín, sur des versants regardant le Portugal tout proche, titrent jusqu'à 14%vol. Les galiciens blancs ont longtemps été réputés trop acides et légers. Parfois pétillants, en général vinifiés pour être consommés jeunes, ils sont en tous cas plus attrayants que les rouges. Des cépages autochtones aromatiques tels que l'albariño et le verdello (nom local du godello), mais aussi le caiño, le lado, le loureira, et le treixadura, bien vinifiés, peuvent donner des résultats réellement intéressants, aussi a-t'on recommencé à les planter depuis le début des années 90. L'albariño est l'accompagnement idéal des produits de la pêche régionale. Et le verdello donne des vins fins et délicats. Ribeiro Cette D.O. bénéficie à 3.000 ha de 13 communes sur les rives des rios Miño, Avia, et Arnoya, à l'ouest de la province d'Orense. Plus de 5.000 viticulteurs alimentent 78 bodegas. La production comprend un tiers de rouge issu de caiño, grenache, mencia, et quelques autres autorisés. Le blanc est plus intéressant. Frais, léger et aromatique, de bonne acidité, à consommer sur des fruits de mer, il est obtenu par mélange de divers cépages autochtones ou non. Et si le palomino, neutre, non autochtone, occupe la majeure partie de la surface complantée en blanc, le treixadura fin et léger, et le torrontés gras et aromatique, donnent de meilleurs résultats. A leurs côtés : le lado subtil et délicat, le macabeo, le verdello, l'albillo, le loureira, et l'excellent albariño. Il y a aussi des vins faits comme dans le Vinho Verde voisin, charmants sur place mais de moindre intérêt oenologique. Bonnes adresses : - Viña Mein, Bodegas Casal Mein, pour des blancs fruités très expressifs; - Bodegas Alanis, pour leur Gran Trocado de treixadura et torrontés Valdeorras La D.O. s'étend sur environ 1.500 ha de 8 communes du bassin du Sil, bénéficiant d'un micro-climat doux, où se mêlent les influences océaniques et continentales. Des terres brunes humides, sur un sous-sol siliceux, fournissent des rouges et des blancs secs ordinaires. Les cépages noirs utilisés sont le mencía, l'alicante (grenache teinturier), le merenzao, et le gran negro. Le mencía est un raisin sucré et aromatique, dont le vin savoureux est agréable, malgré un fréquent déficit en acidité. En blanc : le palomino, et la doña blanca (ici appelée moza fresca), mais surtout le godello, meilleur cépage blanc. Un godello récolté au bon moment et élaboré correctement présente de fins arômes fruités et floraux, et se boit facilement. Adresse : Finca La Tapada, pour son Guitián pur godello. Rías Baixas Depuis longtemps, la Galice produit un vin blanc sec, l'Albariño, qui doit son nom à un excellent cépage aromatique. Utilisé aussi au Portugal pour le Vinho Verde, il donne de meilleurs résultats en Galice. L'aire de production de ce vin a été délimitée sur 2.293 hectares. Accordée à 18 communes, l'appellation a pris le nom de la particularité marquante de la région : les Rías Baixas. La superficie occupée par la vigne, actuellement de 1.500 hectares, est en augmentation. Rías Baixas, c'est en fait quatre zones distinctes : Au nord, les coteaux peu pentus de Val do Salnés, sur la rive gauche de la Ría de Arosa, jouissent de la meilleure réputation. Soutamaior, de l'autre côté de Pontavedra, est leur prolongement naturel. Au bord du Miño, les terrasses alluviales d'El Rosal, aux sols issus de la décomposition des ardoises. Les petites vallées fluviales de Condado del Tea, à la frontière portugaise, à proximité de la D.O. Ribeiro. En majorité, les sols sont des terres brunes humides mêlées de gros éléments schisteux ou granitiques. Selon les conditions climatiques du millésime et le procédé de vinification, l'albariño est capable de résultats très différents. Le cépage lui-même est encore une notion floue : en témoignent les quatre-vingt clones qui coexistent sur le territoire de l'appellation. Mais la demande de blancs secs de ce cépage s'est accrue ces dernières années, et les vins galiciens d'albariño comptent désormais parmi les blancs les plus coûteux d'Espagne. D'ailleurs, les vins de Rías Baixas fermentés à froid comptent parmi les meilleurs du pays et se vendent à des prix justifiés. Meilleures adresses : Bodegas Morgadió, à Albeos, pour leur superbe Morgadió, Santiago Ruiz, Bodegas Gran Bazán, Limeres Rodríguez, pour son La Val, A Barrantes, les bodegas Chaves, pour leur "Castelo de Fornos", un albariño parfumé, parmi les meilleurs vins de Galice quoique légèrement acide; Granja Fillaboa, à Salvaterra do Miño, pour son Fillaboa; Adega Mar de Frades, à Rubians, pour son Mar de Frades; La Bodega La Rioja Alta fait, à Lagar de Fornelos, un superbe Albariño à la robe jaune paille aux reflets verts, très légèrement acide, frais et élégant. Monterrei Cette appellation récente a vu le jour en 1996. L'aire délimitée correspond à une fosse tectonique située au centre sud de la province d'Orense. Elle est partagée en deux secteurs distincts : Val de Monterrei, et Ladeira de Monterrei. L'encépagement accorde la préférence aux cépages autochtones (doña blanca, verdello, treixadura, mencía, gran negro, merenzao, monstruosa, bastardo) mais accepte toutefois encore quelques cépages étrangers (palomino, garnacha tintorera) qui n'obtiennent pas ici leur meilleure expression. La production, assurée par 4 bodegas seulement, concerne des vins à boire jeunes : rouges ordinaires, mais surtout blancs vifs et fruités dont certains de très bonne facture. Adresse : Roberto Verino, pour son Terra do Gargalo, tant en rouge qu'en blanc. Ribeira Sacra Cette D.O. récente doit son nom à la quantité d'églises et de monastères qu'elle recèle. A cheval sur les provinces de Lugo et d'Orense, elle bénéficie à une série de petits secteurs sur les rives du Sil et du Miño, en amont du confluent de ces deux rios : Ribera del Sil sur le premier, Quiroga, Amandi, Chantada, et Ribera del Miño, sur le second. Sauf en Quiroga, le vignoble occupe d'étroites terrasses accrochées au flanc des rives abruptes, obligeant à un dur travail manuel et acrobatique. L'appellation se distingue des autres D.O. galiciennes par la préférence qu'elle accorde aux cépages rouges, en particulier le mencía, à côté duquel brancellao et merenzao apparaissent bien secondaires. Les cépages blancs, minoritaires, sont ceux qui ont fait leurs preuves en Galice : albariño, godello, treixedura... La production concerne exclusivement des vins à boire jeunes. Les plus réputés sont des rouges de mencía, aux arômes de mûre et de framboise. Adresses : - Via Romana ne désigne pas une voie romaine, mais une bodega et son rouge éponyme. - Adegas Moure, à Escairón, élaborent Abadia da Cova, savoureux en blanc comme en rouge. Ce dernier est particulièrement prisé. Castille - León Ribera del Duero La Ribera del Duero est une région très attrayante. La vigne y occupe 12.000 hectares, dont 9.000 environ bénéficient de la D.O., dans les provinces de Soria, de Valladolid, et surtout de Burgos. Des sols calcaires bruns et rouges bruns, et un rendement très faible, limité par le climat rigoureux et sec, contribuent à la qualité observée sur certaines aires ayant atteint un renom international. L'appellation fournit 120.000 hl de rosés et surtout de rouges, essentiellement de tinta del país (tempranillo), avec parfois du grenache, ou encore un faible apport de cabernet sauvignon, de malbec, voire de merlot. La Bodega Vega Sicilia est située à Valbuena de Duero, dans la province de Valladolid. On la doit à Eloy Lacanda, un vigneron originaire de Rioja désireux de disposer d'un vignoble épargné par le phylloxéra qui sévissait chez lui au milieu du 19e siècle. Alors que les autochtones produisaient un clairet à boire dans l'année, Lacanda élabore un vin apte au vieillissement, avec les méthodes dont il était coutumier en Rioja. Le résultat fut un vin mythique, seul de son espèce pendant près d'un siècle : l'Unico, réputé le meilleur rouge espagnol, ne craint pas d'afficher des prix comparables aux meilleurs châteaux du Médoc. Issu de tempranillo (60%), cabernet sauvignon (25%), plus du merlot, et même un peu de malbec et d'albillo, il fermente sous l'action de levures indigènes et macère pendant 8 à 15 jours. Il subit la fermentation malolactique. Puis il subit un élevage qui dépend du millésime. Par exemple, le 74 a vieilli 6 ans en cuve, puis deux ans en fûts de chêne demi-jeune, et encore 2 ans dans du vieux chêne. Une autre année, l'élevage peut consister en un séjour d'un an en foudre, puis 6 à 7 ans en barriques, et 2 à 4 ans en bouteilles avant d'être commercialisé. Le résultat est un vin à la robe relativement légère, mais puissamment aromatique (épices, menthe, cèdre, eucalyptus, bois de santal, tabac blond etc.), aux tanins légers mais fortement acide, et d'une longueur étonnante. Un vin tout en dentelles, malgré l'influence marquée du bois. Valbuena, second vin de cette Bodega -et seul fait en année médiocre- est plus abordable. Il est commercialisé à 5 ans, mais mérite de vieillir une dizaine d'années. En 1995 apparaît un nouveau vin : Alión 91, à base de tempranillo, conçu pour être bu plus jeune. A Pesquera de Duero, à la tête de Bodegas Pesquera, Alejandro Fernández fait un vin de tinta del país : le Tinto Pesquera, en crianza, Reserva et Gran Reserva. Le crianza 89, charpenté et généreux, a des arômes marqués d'épices. Mais Pesquera Janus Gran Reserva est l'un des 10 plus grands rouges espagnols. Alejandro Fernández fait aussi le rspectable Condado de Haza. A des niveaux plus modestes, mais encore superbes : A Pedrosa de Duero, Hermanos Pérez Pascuas font le rouge Viña Pedrosa, que les Espagnols classent parmi les tout meilleurs. Ismael Arroyo, à Sotillo de la Ribera, pour son Valsotillo. La bodega Peñalba López, à Aranda de Duero, pour son excellent rouge de tempranillo, le Torremilanos. les Bodegas Protos, à Peñafiel, pour leur Peñafiel Reserva et leur Protos Gran Reserva. A Nava de Roa, Bodega Señorío de Nava fait un bon rosé et un bon rouge reserva. La D.O. commence à élaborer des rosés prometteurs, comme le Monte Vega Rosado 1989, de Spanish Wines S.A., bodega située à Baños de Valdearados. Ce vin, à 45% grenache, 30% tempranillo, et 15% albillo, est impressionnant : nez puissant, fruité profond, longue persistance en bouche. Qualité des millésimes récents : 89 a été exceptionnel, 91 a été excellent, 87, 88, 90, 92 : bons, 93 moyen. Il n'y aura pas de «Vega Sicilia Unico» 2001. Vega Sicilia a renoncé à commercialiser cette cuvée (environ 30% de sa récolte) en raison de la mauvaise qualité de la vendange. Rueda Bien que la région produise quelques rouges bruns n'ayant pas droit à l'appellation (voir en particulier la Bodega Vega de la Reina), Rueda est synonyme de vins blancs, et ceux-ci sont dûs essentiellement au verdejo, la viura et le palomino participant parfois à titre complémentaire. On y fait : Des vins traditionnels, issus du verdejo propice à la Flor, que l'on sera tenté de comparer au Xérès, et pouvant titrer jusqu'à 17%vol. Parmi ceux-ci, citons notamment le Marqués de Riscal Reserva, 100% verdejo. Marqués de Riscal est une marque de Vinos Blancos de Castilla, à Rueda. Et, répondant à la vogue actuelle, des blancs frais parmi les meilleurs d'Espagne : Marqués de Riscal, sauvignon atypique mais que certains considèrent comme étant le meilleur blanc sec de l'appellation. Marqués de Griñón (Bodegas de Crianza de Castilla La Vieja), issu de vignes de verdejo âgées de 50 à 60 ans ! Les mêmes bodegas font l'excellent Bornos Sauvignon blanc. Marquès de Irún, marque de la bodega Rioja Alta, est très sec, fruité, floral. Le verdejo : Bien que d'origine africaine, le verdejo peut maintenant être considéré comme autochtone en Castille-Léon : dès qu'il s'en éloigne, il perd ses propriétés, qui sont ici d'une grande versatilité. Le verdejo se plie en effet avec grâce à diverses vinifications et divers types d'élevage. Une importante quantité de glycérine est la seule caractéristique vraiment commune à tous ces vins. La robe peut aller du jaune pâle chez les vins jeunes, au vieil or nappé de nuances cuivrées ou ambrées chez les vins ayant subi un long élevage. Les arômes primaires de fruit mûr dominent chez les vins jeunes, avec un fini anisé, alors que chez les vins ayant mûri longuement, ce sont les arômes tertiaires qui sont abondants et intenses. De même le bouquet, très discret chez les vins jeunes, est intense, complexe, et persistant chez les vins ayant été l'objet d'un élevage. En bouche, ces vins sont chauds et longs, onctueux et très gras, avec un arrière-goût intense et un fini amer caractéristique du verdejo. La dénomination Rueda garantit que le pourcentage de verdejo dans le vin est de 50% au moins; la dénomination Rueda Superior garantit au moins 60%; et la mention "verdejo" au moins 85%. Le verdejo est propice à l'apparition de la "flor". Elevé sous la protection du voile de flor, le vin sera un Pálido Rueda, léger au palais, mais à l'arôme puissant. Lorsqu'on empêche la formation de la flor, ou lorsqu'on l'interrompt, ou encore lorsque l'on procède à partir de raisins passerillés, on obtient un vin rancio, le Dorado Rueda. Toro A mi-chemin entre Zamora et Tordesillas, cette D.O. de 3.200 ha fait des rouges trop alcoolisés, de peu d'intérêt oenologique, des rosés qui ne suscitent pas l'enthousiasme, et des blancs de malvasía. Un grand débat sur les mesures à prendre oppose actuellement les producteurs d'un côté, et de l'autre le Conseil Régulateur et la Station oenologique de Rueda. A revoir vers la fin du millénaire. D'ici là, on pourra patienter en dégustant le très bon Gran Colegiate Reserva, des Bodegas Fariña. Cigales Depuis mars 1991, Cigales délimite une aire de 3.440 hectares dont 2.300 sont plantés, à une trentaine de kilomètres de Valladolid. Le processus de modernisation a démarré sans délai, selon les conseils de la Station oenologique de Rueda. Celle-ci, après avoir expérimenté divers cépages et diverses vinifications, recommande de faire ici des rosés aromatiques de style navarran. Les meilleurs rosés secs de l'appellation sont dûs au tempranillo, ici appelé tinta del país, qui compte pour 60% de l'encépagement. Les autres cépages répandus sont le grenache, l'albillo, et le verdejo. Meilleur produit : le Torondos, rosé de la Bodega Cooperativa de Cigales. Bierzo Le Bierzo se situe aux confins nord-ouest du León. Si le Haut Bierzo est minier, le Bas Bierzo est agricole et vinicole. Le vignoble prospère dans la dépression délimitée par les Monts du León, la cordillière cantabrique, et la Sierra de los Ancares, qui s'ouvre au sud-ouest pour céder le passage aux eaux du rio Sil. Deux circonstances locales sont propices au développement de la vigne : un micro-climat de type méditerranéen, et un sol argileux et ferrugineux, particulièrement aux environs de Cacabelos, Camponaraya, Ponferrada, et Villafranca del Bierzo. Ce furent probablement des moines français qui plantèrent les premières vignes, au XIIIe siècle, le Bierzo se trouvant sur le chemin de Compostelle. Des écrits de l'époque mentionnent fréquemment les vignobles "del Borgoñón". La DO Bierzo, récente (11 décembre 1989), occupe actuellement une superficie de 6.500 hectares répartis sur 22 communes. La production, tricolore, s'élève à 400.000hl en bonne année. Les cépages autorisés sont : en rouge, la mencía (62% de la surface plantée), et secondairement le grenache teinturier (garnacha tintorera, 3%), en blanc, palomino (20%) et doña blanca (10%) dominent. Malvasia et godello se partagent les 5% restants. Les meilleurs blancs sont issus de doña blanca, cépage d'origine portugaise. De couleur jaune pâle, bénéficiant d'arômes fruités, d'une saveur agréable, et d'un arrière-goût vif et léger, ils accompagnent bien les coquillages et les poissons. Les rosés sont souvent dûs à un mélange de mencía et de grenache, mais doivent contenir au moins 50% de mencía. Aromatiques et fruités, vifs et légers, ils peuvent accompagner toutes les entrées. Mais, aux dires des viticulteurs eux-mêmes, blancs et rosés ne sont en général pas très intéressants, aussi la D.O. at-elle entamé une vaste reconversion vers le rouge. Les rouges doivent contenir au moins 70% de mencía, et les meilleurs sont issus exclusivement de ce cépage. La mencía, que d'aucuns considèrent comme un descendant du cabernet franc, a acquis des caractères propres dans cette région (il n'est guère employé ailleurs en Espagne, sauf à Valdeorras). Les vins qui en sont issus présentent une bonne aptitude au vieillissement et sont reconnaissables en bouche par un léger goût métallique. En fait, les Bierzo rouges peuvent être conçus pour être consommés jeunes, et dans ce cas ils accompagnent bien les entrées et les viandes grillées. Ou pour subir un vieillissement de l'ordre de 3 à 5 ans. De couleur rubis, aux tons brillants, aux arômes balsamiques, ils sont veloutés mais présentent une certaine parenté gustative avec les vins de cabernet sauvignon. Les meilleurs offrent une finale persistante et élégante. Ingénieur des Industries de Fermentation, Manuel Ruiz Hernández recommande de réviser les méthodes de vinification actuelles pour mettre davantage en valeur les qualités de la mencía, entre autres afin de réduire le taux de sucre résiduel, et préserver le vin d'une certaine mollesse les années chaudes. Quinze bodegas, dont 9 à Cacabelos et Villafranca del Bierzo, produisent une trentaine d'étiquettes. A l'énoncé du nom de Cacabelos, tout Espagnol fait immédiatement l'association avec le vin. Et la Bodega de Cacabelos la plus visitée, car dûment aménagée à cette fin, est sans conteste celle de José Luis Prada, président du Conseil Régulateur, et qui ne craint pas d'inscrire sur ses étiquettes le slogan "Prada a Tope" (Prada à fond). Entre autres bons produits, Prada fait le Joven en Rama, qui n'est ni clarifié ni même filtré. Egalement à Cacabelos, la Bodega Comarcal Cooperativa Vinos del Bierzo poursuit une politique de qualité. Sa gamme Guerra - du nom d'Antonio Guerra, qui fit beaucoup pour le Bierzo vinicole dans les années 40 - concerne des vins veloutés, parmi lesquels un Gran Reserva. Cacabelos accueille aussi les Bodegas y Viñedos Luna Beberide, et Bodegas Palacios, Díaz y Cía. A Villafranca del Bierzo, Viñas y Bodegas del Bierzo fait un Valdeobispo qui peut être consommé jeune mais vieillit très bien. Dans la même commune, Palacio de Arganza, non affilié au Conseil Régulateur, n'en fait pas moins un des tout meilleurs blancs de l'appellation. Les autres bodegas de Villafranca sont : Perez Carames, Bodegas Viña Femita, et Comarcal Vinícola Villafranquina. A Camponaraya : la Cooperativa Viñas del Bierzo. Ne quittons pas le Bierzo sans lire ces lignes de Raúl Guerra Garrido à propos du vin local : "Para el cuerpo, un trago que espabila el gusto, sosiega la fatiga y azuza la alegría; para el alma, un trago con cuyo paladeo la fe se renueva, la esperanza se colma y la caridad se espande". Mondejar Cette D.O. récente bénéficie à 20 communes, et s'étend sur une superficie totale de 300 hectares. L'élaboration des rouges passe par l'égrappage et la macération carbonique. Celle des blancs et des rosés comporte la fermentation contrôlée. Levant Le Levant produit des rouges (trop) puissants, utilisés en coupage; des blancs qui sont au mieux rafraîchissants, particulièrement ceux issus de muscat; et une foule de rosés robustes et simples, dont émergent çà et là quelques valeurs : les Bodegas Vinival, qui font le Torres de Serrano, un vin de consommation courante, mais qui expérimentent sur cabernet sauvignon, merlot, et syrah. les Bodegas Levantinas font, à partir de grenache et monastrell, un Campo de Rosell très agréable dans le style joven, c'est-à-dire issu d'une vendange précoce. Valencia Tous les vins vendus à Valence n'ont pas droit à l'appellation Valencia, et ceux qui y ont droit ne proviennent pas tous de la région de Valence. La D.O., qui délimite 19.000 hectares, produit une large gamme de vins, en nature et en qualité. Il convient de distinguer 3 zones : Valencia Valentino, au centre, autour de Chiva, à une altitude moyenne de 250 mètres, détient 60% de l'encépagement. Elle peut donner des rosés et des rouges corsés et savoureux de bobal, grenache, et grenache teinturier. Et des blancs de merseguera blanc, malvoisie, et pedro ximenez. Valencia Clariano, au sud, compte pour 30% de l'encépagement. Elle fait des rouges de monastrell et grenache qui ont une réputation assez bonne, et des blancs de merseguera, malvasía, et tortosi. Les 2.700 ha de Valencia - Alto Turia, au nord-ouest, entourent Chelva à une altitude moyenne dépassant 600 mètres. Leur blanc sec issu du merseguera est le meilleur de l'appellation. Les blancs ont la majorité parmi les vins protégés par l'appellation, et les meilleurs sont toujours issus de merseguera. Ils doivent être bus jeunes. Les rosés sont issus principalement du bobal. Les rouges aussi sont issus du bobal, mais auquel s'ajoutent le grenache, le tempranillo, ou le monastrell. Si vous tenez à goûter des vins de cette D.O., voyez C. Augusto Egli, à Valence, ou Vicente Gandía Pla, à Chiva. Alicante Cette D.O., délimitée dès 1975, étage entre 350 et 500 mètres ses 13.000 hectares plantés. Elle exporte le quart de sa production, en vrac. Et seulement le quart de ce qui est consommé en Espagne est embouteillé. Elle fait des rouges et rosés de monastrell; et des rouges "de doble pasta", destinés aux coupages. Les Bodegas Eval, à Villena, montrent la voie de la modernisation et de l'évolution vers la qualité, mais beaucoup reste à faire. En attendant, on pourra déguster le très bon blanc doux Casta Diva (Cosecha Miel) chez Felipe de la Vega. Yecla Un vignoble qui a failli disparaître. De la centaine de bodegas en activité au 19e siècle, trois seulement ont survécu, dont la coopérative. Sur les 20.000 hectares délimités, moins de 7.000 sont plantés, d'intérêt local. En fait, il convient de distinguer deux zones : Campo Arriba, la meilleure des deux, au nord, et Campo Abajo, au sud. Les blancs sont dûs au merseguera et au verdil, l'airén n'étant ici que toléré. Mais Yecla produit surtout du rouge, issu du monastrell (80% de l'encépagement total) et du grenache. Jumilla 47.000 hectares, à 25 kilomètres de Yecla. Cette appellation, qui a très mauvaise réputation en Espagne même, peut faire des blancs, mais seuls quelques rouges de monastrell - qui représente 85% de l'encépagement - ont quelque intérêt. Agapito Rico fait un très bon Carchelo joven. La dénomination Jumilla monastrell correspond à un vin 100% monastrell. Espérons que la Station oenologique de Jumilla saura remédier rapidement à cette situation. Utiel-Requena Cette D.O. de 39.000 hectares, limitrophe de la D.O. Valencia, occupe des sols à une altitude moyenne de 700 mètres. D'un encépagement accordant 85% au bobal, elle tire des rouges robustes, "vino de doble pasta" épais, utilisés en coupage. Mais aussi quelques rosés légers et parfumés. Seulement 15% de la production sont mis en bouteille. Une bonne adresse : Casa lo Alto, à Venta del Moro, pour un blanc de macabeo, et un rouge de grenache et de tempranillo. Requeña abrite le Centre oenologique et l'Ecole de Viticulture. Utiel reçoit le Conseil Régulateur, qui siège dans les locaux de l'ex-Bodega Redonda, ainsi que le Musée du Vin de la Communauté de Valence. Bullas Cette D.O. accordée à 7 communes, concerne 7.500 hectares plantés à 95% en monastrell. Actuellement quelconque, sa production se répartit en deux tiers de rosé et un tiers de rouge. Baléares Les vins doux de malvoisie dont George Sand et Frédéric Chopin se délectaient ont disparu par la faute du phylloxéra. La D.O. Binissalem, définie en février 1991, s'étend sur 400 hectares au centre de l'île. La moitié de cette superficie est occupée par le manto negro, cépage autochtone dont les vins peuvent gagner à rester quelque temps en contact avec le chêne. Les autres cépages utilisés ici sont le callet autochtone, et le tempranillo et le monastrell. En blanc, le moll (ou prensal blanc), le parellada, le macabeo, et un soupçon de chardonnay. Pour avoir droit à l'appellation, les rouges doivent contenir au moins 50% de manta negro, et les blancs au moins 70% de moll. Bonnes adresses locales : A Binissalem, Jose L. Ferrer Franja Roja est partisan de n'employer que les cépages locaux. Voir son Gran Reserva. Herederos de Hermanos Ribas, au contraire, travaille avec des cépages importés. Voir son blanc de chardonnay, et son Ribas de Cabrera rouge de cabernet sauvignon et syrah, lesquels n'ont pas droit à l'appellation. Jaume de Puntiró fait Buc, un grand rouge de garde. D'apparition plus récente, la D.O. Pla i Llevant occupe les environs de Llucmajor, dans la partie orientale de l'île. De nombreux cépages y sont autorisés, mais c'est l'autochtone callet qui prédomine, donnant des rouges humant le terroir. A Petra, voir Miguel Oliver pour un très bon muscat, le blanc Celler San Calo, et les rouges reserva Mont Ferrutx et Ses Ferritges. Castille - La Manche Vinos de Madrid 13.000 hectares disposés en demi-cercle, qui entourent la moitié sud de l'agglomération de Madrid, et sont en butte à l'urbanisation croissante. Ce dont les amateurs de bons vins ne se lamenteront pas. Almansa Cette D.O. accordée en 1975 à 7.600 ha de 9 communes, est située géographiquement en Castille - La Manche, à l'est d'Albacete, mais elle est voisine du Levant, et maintient d'étroits contacts commerciaux avec Tarragone. En outre, le cépage le plus répandu est le monastrell, comme au Levant. Le grenache teinturier, second en volume, est celui qui confère à Almansa son caractère propre. La D.O fait du rouge de monastrell, grenache teinturier, et cencibel, destiné aux coupages. Une seule Bodega met en bouteille, mais elle travaille bien : Piqueras, à Almansa, achète le raisin des plus vieilles vignes locales de monastrell et de grenache rouge. Voir son Castillo de Almansa, et son Marius reserva. Méntrida A l'ouest de Madrid, 30.000 hectares de rouges ordinaires, fortement alcoolisés (13 à 17%vol), et des vins "de doble pasta" destinés aux coupages. Le grenache occupe 85% du terrain planté, et le reste est partagé entre cencibel, en augmentation, et tinto madrid, en régression. Des réformes radicales vont être nécessaires. De cet océan de médiocrité, émerge un ilôt étonnant : Carlos Falcó, marquis de Griñón, producteur en Rueda, Duero, et Aragón, fait ici (à Malpica) le Dominio de Valdepusa. Ce vin, qui n'a pas droit à la D.O. et s'en passe très bien, est un vin de table de Tolède. Issu de cabernet sauvignon et de cencibel, plus du merlot à concurrence de 10% (et peutêtre aussi de syrah à l'avenir), c'est l'un des dix plus grands rouges espagnols, que l'on peut trouver à 1.250 pesetas! La Mancha Ces "terres arides" (manxa) produisent des blancs et rouges ordinaires pour le moment. Une bonne partie de la production est distillée et envoyée à Jerez pour participer à l'élaboration du brandy. Plus vaste D.O. du monde avec 170.000 hectares plantés, la Manche est aussi le plus vaste vignoble espagnol producteur de vins blancs. L'airén, qui occupe 90% des 135.000 hectares plantés en blanc, est capable de donner quelques vins intéressants lorsque le moût est fermenté à froid et vinifié soigneusement. Mais le Conseil Régulateur encourage sa substitution par du cencibel, de façon à produire plus de rouge, voire des rosés par mélange d'airén et de cencibel. Actuellement, l'encépagement rouge est dû au cencibel et au grenache. Deux coopératives élaborent des vinos del año, à la teinte délicatement rosée, vins légers, frais, simples, sans prétention, à prix plus que raisonnable : l'idéal pour pique-niquer. Ce sont : Nuestro Padre Jesús del Perdón, à Manzanares, pour ses Lazarillo blanc et rouge, et surtout pour l'orgueil de la maison, le Selección Limitada, élevé 4 ans. et Nuestra Señora de Manjacavas, à Mota del Cuervo, dont la production est commercialisée sous le nom de Zagarrón. D'autres bonnes adresses sont : La Vinícola de Castilla, pour son Señorío de Guadianeja, en blanc et en rouge Reserva. Fermín Ayuso, à Villarobledo, pour son Estola blanc, et ses Estola rouges de cencibel, reserva et gran reserva. Bodegas Torres Filoso, également à Villarobledo, pour son árboles de Castillejo, et son Juan José, tous deux de cencibel. Valdepeñas Le vignoble s'étend au sud de la vaste plaine de la Mancha, sur 35.000 ha, dont 25% plantés en cencibel, 75% en airén. Valdepeñas n'est qu'à 40 km de l'Andalousie, et bénéficie d'un micro-climat : hygrométrie relativement élevée (20 à 25 jours de pluie par an), température variant de -10°C en hiver à plus de 42°C en été. Le raisin est cultivé au ras du sol pour éviter une trop grande évaporation. Les plants sont distants de 2,50 mètres dans toutes les directions. Cette "Vallée des rochers" produit un large éventail de vins, selon quatre grands styles correspondant chacun à un marché : Pour le marché local, élevé dans le goût des vins capiteux, des rouges traditionnels plutôt lourds, riches en alcool, à la saveur rocailleuse, tels qu'on les élève à Valdepeñas depuis des siècles. Des jovenes, légers et frais, issus de raisins vendangés précocement et délicatement pressés. Le label "vino joven" indique des grappes récoltées avant la pleine période de vendange de façon à donner des vins légèrement plus acides, plus frais, et pouvant être dégustés presque immédiatement (dès le printemps suivant la récolte). Ils sont généralement élaborés à partir de moût égoutté, subissent une fermentation à basse température dans des cuves en inox (autour de 18°C) et sont mis en bouteilles sans attendre. La période de conservation ne dépasse pas 18 mois. Il s'agit principalement de blancs et de rosés. Vins sin crianza (standards) blancs de diffusion locale (55% de la production de la D.O.) rosés et clairets, élaborés à partir d'un mélange de raisins blancs et noirs, Ces vins sont élaborés selon un processus voisin de celui des jovenes, mais la vendange a lieu à l'époque normale, d'où équilibre et teneur en alcool classiques. Les rouges standard vieillissent pendant une période pouvant aller jusqu'à 5 ans, tandis que blancs et rosés atteignent leur plénitude après seulement 3 ans. Reservas et Gran Reservas sont élaborés à partir de cencibel. Seuls les vins élaborés à 100% à partir de cencibel peuvent vieillir en fûts. Les anciennes bodegas sont en ville. Les nouvelles, très modernes, sont à l'écart de la ville. Trois sociétés élaborent 75% environ du Valdepeñas exporté : les Bodegas Félix Solís sont connus surtout pour leur Reserva Viña Albali, mais font aussi un blanc frais, et des reservas. Los Llanos c'est celle qui pratique le vieillissement en fûts avec le plus d'enthousiasme. Solide réputation reposant sur le Señorío de los Llanos Gran Reserva, vendu au prix d'un honnête vin de crianza de la Rioja. Mais son Pata Negra Gran Reserva a davantage de fruit et de classe. Elle fait aussi un blanc fruité, l'Armonioso. Luis Megía produit beaucoup de jovenes, mais son vin vedette est un Gran Reserva, "Marqués de Gastañaga" (parfois exporté sous le label "Duque de Estrada"). Et un blanc du même nom. Parmi les autres domaines intéressants : Pozo Blanco, à Cózar, fait "El Pozo", de cencibel, fin et léger, à la senteur d'anis, au goût de fruits rouges, qu'il faut boire vers ses 4 ans. Bodegas Visan, à Santa Cruz de Mudela, font "Castillo de Los Infantes", léger et fin, au goût caractéristique du cencibel, à boire au plus tard à 5 ans. Un rapport qualité/prix imbattable ! A l'autre bout de la gamme de cette maison, les reservas Castillo de Calatrava, et Villa del Duque. Casa de la Viña, à La Solana, mérite un détour pour ses rouges et blancs Señorío de Val, à boire jeunes; son Vega de Moriz dans les 3 couleurs; et son Casa de la Viña, qui peut vieillir. En définitive, si les rouges de Valdepeñas ne sont pas les meilleurs d'Espagne, ce sont probablement ceux qui offrent le meilleur rapport qualité/prix. Qualité des millésimes récents : 89 a été exceptionnel, 87, 88, 90, 91 : excellents, 92 et 93 ont été bons. Mondéjar Cette petite appellation d'environ 800 hectares, située dans la province de Guadalajara, au sud de cette ville, est limitrophe des provinces de Madrid et de Cuenca. 380 viticulteurs y alimentent en tout et pour tout 5 bodegas ! Les cépages les plus répandus sont en blanc le malvar, et en rouge le cencibel. Macabeo, torrontés, et cabernet sauvignon, sont également autorisés. La Coopérative de Mondéjar fait un rosé élégant, le Señorio Jardin del Prado. Les Bodegas Mariscal produisent des rouges, soit de cencibel soumis à macération carbonique, soit en assemblage admettant un peu de cabernet sauvignon et élevé en chêne.. Manchuela Benjamine des appellations de Castille-La Manche, Manchuela est apparue en juillet 2000. Son aire comprend la partie sud-est de Cuenca, et le nord-est d'Albacete, entre les rios Júcar et Cabriel. Canaries A priori les conditions climatiques ne sont pas propices à la culture de la vigne aux Canaries : la sécheresse du climat, l'aridité des sols, le caractère abrasif des vents sahariens, sont autant d'éléments défavorables. Cependant, grâce à leur travail acharné, les vignerons sont parvenus à acclimater des cépages en nombre respectable. Et l'archipel a été épargné par le phylloxéra... Depuis le 16e siècle, les Canaries se sont taillé une relative notoriété viticole grâce à des blancs doux de malvasia. De nos jours, le malvasia reste le cépage-roi dans certaines zones, et on en tire encore des "vins doux naturels". Mais le listán noir accapare à lui seul 80% de l'encépagement. A ses côtés, de nombreux cépages annexes tels que listán blanc (nom local du palomino), negramoll (12% de l'encépagement), tintilla, verdello, gual... Tenerife a longtemps été la seule île canarienne à bénéficier d'une "Denominacion Especifica Reconocida", mais depuis le milieu des années 90, les appellations sont devenues pléthoriques. Actuellement, quatre îles de l'archipel bénéficient d'appellations : Lanzarote : Sur Lanzarote, la faible pluviométrie et la nécessité de protéger le vignoble des vents sahariens ont donné naissance à une viticulture originale. La couche de sable volcanique (le picón), limitée à 20 centimètres dans le nord de l'appellation, peut atteindre plus de deux mètres en son centre. Les vignerons l'ont donc creusée de grands trous coniques au fond desquels les ceps ont une chance d'atteindre le sol sous-jacent. En outre, l'excavation favorise le recueil de la rosée, aussi faible soit-elle, et des rares pluies, que la pierre volcanique poreuse s'empresse d'absorber. Afin de parfaire la protection contre le vent, un muret semi-circulaire haut d'environ 70 centimètres entoure chaque cep. L'appellation concerne les trois couleurs, avec prédominance de blanc de malvasía sur des sols volcaniques. La bodega El Grifo, établie en 1775, fait l'un des meilleurs vins doux canariens, le Moscatel de Ana. La Palma, aire d'un millier d'hectares, comprend trois zones aux caractéristiques et résultats différents : - au sud-ouest, Fuencaliente-Las Manchas est le lieu d'élection pour la malvasia à laquelle les Canaries doivent leur notoriété; à noter que ces vins peuvent être aussi bien secs que doux. Le listán blanc, le gual et le verdello, complètent l'encépagement blanc. - en bordure du littoral oriental, Hoyo del Mazo-Las Breñas fait surtout des rouges de negramoll, dont quelques-uns obtenus par macération carbonique se distinguent; mais aussi quelques excellents blancs doux de malvasia. - au nord, Norte-Vinos de Tea élabore et conserve son vin en fûts de pin. La résine extraite du bois de pin donne à ce vin un caractère très particulier. El Hierro, 280 hectares sur la petite île de ce nom, la plus occidentale de l'archipel. Grâce à la technologie la plus moderne, on parvient à y élaborer certains blancs à la fois nerveux, corsés, dotés d'une forte personnalité; des rosés tirant sur l'orangé, bien fruités; et des rouges puissants et colorés. Mais c'est Tenerife qui a fait le plus fort, avec pas moins de cinq appellations : Tacoronte-Acentejo, première zone canarienne définie dès 1985. Ce sont 1.700 hectares délimités à la pointe nordest de l'île, dont environ 400 sont plantés, à une altitude comprise entre 200 et 900 mètres. En de nombreux endroits, la vigne est encore cultivée "à l'ancienne" : les pieds sont alignés en files espacées de 6 à 8 mètres; les sarments sont laissés à même le sol jusqu'à la vendange, après quoi ils sont relevés sur des espaliers à une soixantaine de centimètres de hauteur, afin de laisser le sol disponible pour d'autres cultures... La production, tricolore à majorité rouge, est à boire dans son âge tendre. Miguel González Monje, à El Sauzal, fait certains des meilleurs vins : un bon blanc sec Drago Blanco (d'après le nom de l'arbre typique des Canaries), et surtout son rouge Monje Tradicional. Mais l'appellation compte de nombreux petits producteurs dignes d'intérêt. Ycoden-Daute-Isora, définie en 1994 à la pointe nord-ouest de l'île, concerne 1.450 hectares. Les sols volcaniques sont fertiles, bien drainés, de texture légère. Du rouge, du blanc (surtout en malvoisie doux), et du rosé. L'appellation comprend les vignes les plus hautes d'Europe, plantées en cépages blancs qui culminent à 1.400 mètres d'altitude ! Valle de Güimar (700 hectares) et Valle de la Orotava (600 hectares) sont apparues en 1995. Il ne s'agit pas de vallées, mais de fosses tectoniques situées de part et d'autre de la cordillère centrale. La première fait surtout des blancs de listán, fins et élégants. La seconde produit des blancs plus alcoolisés, souvent doux, ainsi que du rouge, du rosé et des vins de liqueur. Et enfin Abona, née en 1998. Ce sont les 2.200 hectares formant la partie méridionale de l'île. La production, très irrégulière, concerne principalement des blancs doux, savoureux. Voir en particulier parmi les vins de La Ortigosa, son Leña Blanca fermenté en barrique. Ou Flor de Chasan, fait par la coopérative de Cumbres de Abona. Inutile de chercher du vin canarien à l'étranger : pratiquement tout est bu sur place, par des touristes à la soif inextinguible. Pays Basque Depuis 1990, le Guipúzcoa a reçu deux D.O. : Chacolí de Getaria (Getariako txakolina en basque), dont l'aire délimitée, de 50 ha seulement, est située sur les communes du Getaria, Aia, et Zarauz. Bon an mal an il s'y fait 250.000 cols dont l'essentiel est du blanc issu de courbu, âpre, souvent pétillant. A boire jeune, sur place, ou à ignorer. Toutefois un bon blanc sec (900 ptas) chez Txomin Etxaniz. Et Chacolí de Vizcaya (Bizkaiko txakolina en basque). Andalousie C'est en Andalousie que furent constituées les premières Denominacíones de Origen : Jerez en 1935, Málaga en 1937. Dans les régions de Jerez, Málaga, Cordoue, on fait des vins en 2 étapes : fermentation pour avoir un vin normal on rajoute de l'alcool pur, ce qui donne un vin à 15-20%vol. Seule la D.O. Condado de Huelva échappe à cette fortification. Puis le vin subit un élevage d'au moins deux ans, en général 3 ans, parfois en crianza mais plus fréquemment selon le système de solera. Le système de solera : les barriques sont disposées les unes sur les autres, sur quatre ou cinq niveaux (parfois jusqu'à huit). Les barriques du niveau inférieur, appelé solera, contiennent le vin le plus âgé. Trois ou quatre fois par an, on procède au soutirage d'une manière très particulière : tout vin soutiré de la solera est immédiatement remplacé par le vin du second niveau, appelé "criadera primera". Ce vin est lui-même remplacé par celui du troisième niveau, appelé "criadera segunda", et ainsi de suite... L'objectif du système de solera est de fournir des vins de qualité constante, échappant aux fluctuations inhérentes aux millésimes. A cette fin, la quantité extraite annuellement de la solera est limitée à 30% (souvent beaucoup moins dans la pratique). Condado de Huelva L'appellation concerne les seuls vins andalous non fortifiés. Si le rouge est de qualité ordinaire, le blanc est plus intéressant. Les 10.500 ha de cette D.O. définie en 1963 entourent Bollullos. L'encépagement est dû au zalema pour 75%, et au palomino. Le zalema est utilisé pour faire des vins de table. Du palomino, on tire des vins blancs de liqueur : le Pálido, non vieilli, sec, titre de 15 à 17%vol. Il s'apparente aux Finos, sans en avoir l'élégance. le Viejo, vieilli en solera, doux, peut titrer de 15 à 23%vol. Il s'apparente aux Olorosos, mais n'en a ni l'intensité, ni la complexité. Voir Manuel Sauci Salas, à Bollullos, pour son Pálido Espina Pura de 8 ans, issu de palomino. Málaga La région possédait 113.000 hectares plantés lorsque survint le phylloxéra. Elle ne s'est jamais remise de cette crise, et aujourd'hui Málaga ne concerne plus que 11.000 hectares. On distingue 4 zones : Los Montes : 500 ha de P.X., Costa Occidental : 1.000 ha de moscatel La Axarquía : frange littorale de 8.000 ha, protégée des vents froids du nord par une chaïne montagneuse. Le moscatel, cépage principal, a ici un rendement très faible qu'il compense par sa saveur et ses arômes prononcés. Le raisin vient à maturité plus ou moins tôt selon les endroits, aussi pratique-t-on les tries successives et la récolte s'étend de fin juillet à début octobre. L'asoleado, une tradition ici, consiste à laisser les raisins vendangés exposés au soleil pendant quelques jours, pour en accroître la concentration. La zone du nord est une plaine dont 1.400 ha sont plantés à parts égales de P.X. et de vidueño. Le vidueño n'est pas un cépage à proprement parler, mais un ensemble de cépages non traditionnels, neutres, parmi lesquels l'airén et le doradillo. La pratique de l'asoleado est apparue à la fin des années 80, avec des durées de 2 à 10 jours selon les résultats désirés. Selon la concentration du moût, l'ajout éventuel d'alcool, le moment où cet alcool est ajouté, Málaga peut produire une très vaste gamme de vins : Le vino de lágrima est le vin de saignée, obtenu sans exercer la moindre pression, et sans aucun ajout d'alcool. Doux et suave, c'est un vin de qualité supérieure. Le vino maestro a été fortifié à l'alcool. Le vino borracho est un mélange à parts égales de vin et d'alcool. Le tierno est une mistelle issue d'un moût de raisins qui ont été passerillés pendant deux ou trois semaines. L'arrope résulte de la concentration du moût par chauffage. Le Málaga se décline selon les types suivants : Málaga Dulce : Quoique le vin blanc doux en soit le principal composant, ce type de Málaga est en général fait par assemblage de multiples Crus. Sa couleur ambrée est assombrie par la présence d'arrope. C'est un vin doux, d'apéritif ou de dessert. Málaga Pajarete : est un vin demi-doux, dont la couleur va du jaune doré à l'ambre sombre, en passant par toutes les nuances du rouge. Il est obtenu par assemblage d'un petit nombre de Crus, où le vin blanc doux a parfois l'exclusivité, et subit un vieillissement modéré. Málaga Seco est obtenu par fermentation complète du moût de P.X.. Sa couleur va du jaune pâle à l'ambre. Le Málaga est à consommer chambré en général, mais le sec et le demi-doux peuvent être bus à 10-12°C. La société Scholtz produit le meilleur Málaga, notamment un amontillado sec de 10 ans d'âge, le vin de liqueur Solera 1885 Scholtz, et un excellent Golden Moscatel. Voir aussi, chez López Hermanos : le Trajinero, très sec, 18%vol, le bel et populaire Málaga Virgen, vin doux classique contenant 3 parts de P.X. pour une de muscat, Moscatel Flor de Málaga, riche et persistant, et Virgen Solera, luxe de 35 ans d'âge dont il ne fait que 50 caisses par an. Montilla-Moriles Le vignoble était déjà prospère sous les Romains. Sénèque l'Ancien (l'orateur) et son fils Sénèque le Jeune (le philosophe) étaient citoyens de Cordoue et l'on pense qu'ils possédaient des vignes à Montilla. La DO, constituée en 1944, porte le nom des deux principales communes viticoles. De nos jours, la vigne occupe environ 11.000 ha répartis entre 18 communes, et produit environ 800.000 hl. Le climat est continental, très chaud, avec des hivers très courts et de faibles précipitations, et avec des variations de température brutales entre le jour et la nuit. En raison de ce climat, les vendanges commencent dès la mi-août, les plus précoces d'Espagne. Les deux tiers des sols sont faits de sable rouge, un peu d'argile et de calcaire, un mélange appelé "ruedos" qui retient bien l'humidité et produit des vins simples. Les meilleures zones, appelées "alberos", sont semblables à l'"albariza" de Jerez. Elles se rencontrent dans la Sierra de Montilla, coeur de l'appellation, et à Moriles Altos. Divers cépages rencontrés ailleurs en Espagne, baladí, lairén, moscatel, torrontes, et verdejo, se sont adaptés et possèdent ici un caractère propre. Ils occupent 10% de la surface plantée. On en tire des vins fruités, secs ou demidoux, à boire jeunes. Le Viña Carrerón, de Cabos, un des meilleurs vins de table de la région, sec, fruité, rafraîchissant, est fait de baladí et de lairén. Mais le cépage roi de Montilla-Moriles est le PX (Pedro Ximénez). La gamme des vins issus du PX est la même que celle de Jerez, avec une qualité très voisine, parfois indiscernable. Mais ici, la chaleur du climat et la richesse en sucre du PX donnent des vins qui atteignent facilement 15%vol, parfois 17, et qui n'ont pas besoin d'être fortifiés. L'autre grande différence avec les Xérès, c'est que le réglement n'impose aux vins non fortifiés qu'un séjour minimum d'un an en fût. Les vins fortifiés, eux, doivent rester au moins 3 ans en fût. Les Finos, qui représentent les trois quarts de la production de Montilla-Moriles, subissent la flor (cf. "Le Fino"). Jaune pâle avec parfois de légers reflets olivâtres, sec et légèrement amer, c'est un vin d'apéritif et qui accompagne très bien les fruits de mer, plus facile à boire que le Xérès. Les Finos de Montilla sont peut-être un peu plus légers et élégants que ceux de Moriles. C.B., d'Alvear, élevé deux ans et demi, a beaucoup de succès sur le marché espagnol. Mais la plupart des meilleurs Finos passent une période prolongée en contact avec le bois, ce qui développe leur saveur et leur confère des arômes persistants. Comme le Fino, l'Amontillado est issu de la première presse et subit la flor (cf. "Le Fino"). A la différence du Fino, mais comme l'Oloroso, il fait l'objet d'une fortification (légère) et d'un vieillissement prolongé. Il présente des tons ambrés et une saveur de noisette. L'Oloroso provient de la deuxième presse, ne subit pas la flor, et est fortifié. De couleur acajou foncé, sec ou demidoux, un Oloroso atteint 18 à 20%vol. Le Palo Cortado se situe entre l'Amontillado et l'Oloroso. Ce vin peu courant, qui ne bénéficie pas de la flor, peut être soit sec, soit doux. Il doit avoir l'arôme de l'amontillado, la couleur et le palais de l'Oloroso. Montilla-Moriles fait aussi des vins d’apéritifs et de dessert titrant de 13 à 15%vol, vieillis selon le système de la solera, tels que le Pale Dry, le Medium, le Pale Cream et le Cream; des blancs légers et fruités, titrant de 10 à 12%vol, et soumis ou non à un processus de vieillissement; et le Pedro Ximénez, vin doux naturel. Parmi près de 90 Bodegas, voici quelques bonnes adresses : Alvear (plus ancienne bodega d'Espagne, fondée en 1729) est le plus gros producteur d'apéritifs et de vins de dessert. A côté de son "Pedro Ximénez 1927" puissant, il fait un Amontillado Carlos VII pur P.X. assez fin; un Amontillado plus mûr et intense, le Solera Fundación; l'Oloroso Asunción; et le Fino Festival, agé de 6 à 7 ans. Gracia Hermanos fait l'excellent Fino María del Valle, 10 ans d'âge. Chez Peréz Barquero, le Fino Los Amigos, 4 à 5 ans; et l'excellent Fino Gran Barquero de 8 ans. De la gamme plutôt commerciale de Carbonell, à Cordoue, se détache le bon Sombra. Cobos fournit plusieurs bons produits : Cobos Fino; Pompeyo, un Fino boisé de 5 ans; l'Amontillado Cobos; Precursor est un Oloroso puissant; Tres Pasas, un dulce; et le Viña Carrerón déjà cité. Velasco Chacón fait, sous le nom de Viña Rama, un vin équivalent à ce dernier. Montebello Gran Fino, meilleur produit de Montebello, et Las Incas de Velasco Chacón, sont des Finos très proches du Cobos Fino. Jerez-Xérès-Sherry, et Manzanilla Sanlúcar de Barrameda Quoique ne produisant que 2% à peine du vin espagnol, Jerez est réputé dans le monde entier. Jean Cocteau en a dit "Ici, j'ai bu le vin des rois, le sang de la terre". Somerset Maugham voyait en son vin "l'apéritif le plus civilisé du monde". Et le Docteur Fleming, inventeur de la pénicilline, ne négligeait pas le Jerez : "Si la pénicilline guérit les malades, le Jerez ressuscite les morts", disait-il. Mais les plus jolis mots sont dûs au poète José María Pemán : Beber es todo medida : Alegrar el corazón, Y sin perder la razón, Darle razón a la vida. A la différence de Montilla-Moriles, le principal cépage est le palomino (90% de l'encépagement). Viennent ensuite le P.X. (8%) et le muscat. Les divers types de Jerez Il convient de distinguer quatre types de Jerez : le fino, l'amontillado, l'oloroso, les Creams, dont chacun comporte plusieurs catégories. En principe, le système de solera n'est nécessaire que pour le Fino et la Manzanilla. En pratique, il est employé pour tous les types de vins. Seule une faible partie de ces vins est commercialisée sous leur forme pure. La majorité des produits commercialisés sont des mélanges, en général d'un vin sec et d'un ou deux vins doux. La plupart des Xérès sont servis chambrés, mais on rafraîchit l'Amontillado, et il est permis de frapper le Fino et la Manzanilla. Le Fino Titrant environ 16%vol, c'est la qualité usuelle du Jerez, 15% de la production totale de Jerez, que Somerset Maugham qualifiait "l'apéritif le plus civilisé du monde". D'or pâle, léger et délicat, frais et sec, le fino a un goût d'amande et une petite saveur salée. Les espagnols le préfèrent aux Xérès ambrés et sucrés exportés vers l'Europe et l'Amérique septentrionales : le fino représente 70% du Xérès consommé en Espagne. Il est issu du palomino, cépage blanc dominant ici, racé et adapté au climat et aux albarizas. Peu sensible aux maladies cryptogamiques, il est cependant doté d'une peau fragile qui l'expose à la pourriture. Il fleurit vers la troisième semaine de mai et atteint sa maturité au cours de la première quinzaine de septembre. Mûr, son raisin est très riche en sucre et très peu acide. Les albarizas (terres blanches) sont les meilleurs terroirs de la région de Jerez, des sols crayeux qui absorbent et retiennent l'eau de pluie. La "crianza de flor", fermentation biologique spontanée propre aux vins de Jerez (en dehors de l'Andalousie, seul le Vin Jaune du Jura connait une fermentation sous voile de fleur), est provoquée par des levures naturelles. Le vieillissement s'effectue à l'abri de la flor (fleur de levure) qui apparait naturellement à la surface du vin pendant son élevage en fûts. Les levures respirent en surface, brûlent l'alcool du vin (ce qui diminue la teneur en alcool), et métabolisent de nombreux composants : par exemple, la glycérine disparaît presque complètement, ce qui explique que le vin puisse être aussi sec et dépourvu d'acidité. Dans le cas des finos, la crianza de flor est prolongée volontairement. C'est le seul cas connu de vin blanc vieilli en fûts durant 5 à 7 ans et qui, loin de s'oxyder ou se madériser, reste frais et net au nez et au palais. Selon la norme édictée par le Conseil Régulateur de Jerez, le vieillissement doit durer au moins 3 ans, mais la plupart des producteurs prolongent la maturation en solera bien au-delà du délai légal. Avant la mise en bouteilles, le fino est légèrement fortifié jusqu'au minimum légal de 15,5%vol, car la flor fait baisser sa teneur en alcool. La plupart des finos titrent entre 15,5 et 16,5%vol. Les finos se déclinent selon 3 catégories : Xérès finos classiques : comme le fino "La Ina" de Domecq (un best-seller idéal sur les huîtres et les coquillages), le San Patricio (de Garvey), le Tío Mateo (de Palomino et Vergara), et le plus célèbre Tío Pepe (de Gonzalez-Byass) qui est le plus équilibré des grands finos. Un fino classique doit être sec et frais, sans trace d'acidité ; au palais, il doit être léger et avoir la saveur d'amande caractéristique. Finos del Puerto ils sont élaborés dans les bodegas de Jerez, à Puerto de Santa María. C'est là qu'est produit l'un des finos les plus prisés en Espagne, le Fino Quinta (d'Osborne), vieilli 3 ans et demi. Selon les producteurs, ce sont les finos les plus délicats, ayant la fraîcheur et le petit goût salé des brises marines. Finos à l'ancienne les plus traditionnels, qui ont souvent plus de corps car restent généralement plus longtemps en solera. Par exemple : Fino de Inocente (de Valdespino) qui titre environ 17%vol, et Fino de Balbaina (de Barbadillo). Excellents en apéritif, à boire très frais, Finos classiques et Finos del Puerto sont de bons compagnons pour les huîtres, coquillages, crustacés, poissons, et volailles. Mais le Fino vieillit mal en bouteille et commence à décliner après 8 à 10 mois. En outre, il est sensible à l'oxydation, et une bouteille débouchée ne se conserve pas longtemps. NB : une Manzanilla est un Xérès, en général fino, qui a vieilli dans les bodegas de Sanlúcar de Barrameda. Ce vignoble sur l'Atlantique bénéficie à la fois d'ensoleillement et d'humidité, mais est exposé à l'est : le Levante peut l'assécher et l'assainir en quelques heures. L'Oloroso Pouvant titrer 18 et jusqu'à 20%vol, il est plus fort et plus ambré que le Fino. C'est un vin fait et vieilli comme les vins ordinaires sans bénéficier de la protection du voile de flor. En général sec au naturel, il est plus ou moins sucré par addition de vin doux dont le meilleur est issu de Pedro Jiménez. Ne pas confondre avec le "Cream", quoique l'amalgame soit tentant (d'ailleurs, le nom espagnol du Cream est "Oloroso dulce"). L'Oloroso est donc un vin demi-sec ou doux, présentant de multiples arômes (oloroso signifie odorant), avec une exceptionnelle longueur en bouche. Un vin de dessert, ou un dessert en soi. Parmi les olorosos, on distingue : les Rayas, des Xérès communs, catégorie inférieure des Olorosos, un peu plus corsés le Palo Cortado (cortado = coupé), intermédiaire entre le Fino et l'Oloroso, issu d'assemblages de vins de grandes années, est la catégorie supérieure des Olorosos, ayant l'arôme des Amontillados et la saveur des Olorosos. L'Amontillado C'est un intermédiaire entre le Fino et l'Oloroso, indépendamment de toute considération de qualité. En effet, s'il commence son élevage sous la protection de la flor, il perd ensuite cette protection et subit un début d'oxydation. Il est alors fortifié à l'alcool et soumis, tout comme l'Oloroso, à un vieillissement naturel. Il séjourne plus longtemps que le Fino en solera, parfois jusqu'à 20 ans, afin d'acquérir davantage de vigueur. Sec mais non dénué de gras -qu'il doit au fait que l'élevage sous flor est interrompu- il présente alors un arôme d'amande dans une robe d'acajou, voire des notes de rancio, et titre entre 16 et 18%vol. Le Cream Le Cream est un coupage de vieux (5 à 40 ans) Xérès secs, qui peuvent être des olorosos ou des amontillados, avec du vin doux issu de raisins passerillés de P.X.. Les résultats obtenus sont très divers, selon les proportions entrant dans le coupage. Le vin est d'autant plus sec que la proportion d'oloroso est plus grande. Si on remplace l'oloroso par de l'amontillado fino, on obtient un vin à la robe plus pâle. Si on augmente la proportion de P.X., le Cream est plus dense. Parfois on fait entrer un peu de muscat. En pratique, on distingue 2 catégories : le Cream traditionnel, brun, charnu, correspondant à la demande des pays froids, où les consommateurs marquent un goût prononcé pour le sucré. Exemple : le "Bristol", d'Harveys. le Pale Cream, à servir frais en apéritif, ou en accompagnement du foie gras ou de fromages forts. Exemple : "Original", de Croft. Parmi les dérivés : le Cream blanc contient en outre un peu de Moscatel, l'Amoroso est un Cream, mais moins doux; ou un Oloroso avec une proportion plus élevée de P.X. et parfois aussi de muscat, ce qui en fait un vin doux, riche, sucré. Sauf mention contraire, les Creams cités ci-après sont traditionnels. Bonnes adresses de Jerez González-Byass offre la gamme la plus vaste : Amontillado del Duque, sec, 30 ans d'âge, Alfonso est un oloroso sec et fin titrant 19%vol, de couleur vieil or, corsé et aromatique, assez amer, dont un slogan commercial recommande de boire "Un verre avant onze heures, et onze après une heure". Oloroso Supremo, 21%vol, long en bouche, avec des saveurs de tabac, d'épices, et de vieux cuir. le Solera 1847 (Solera del Rey), oloroso doux titrant 19%vol, de couleur sombre, assez sucré, aromatique, Cream "Nectar" : fort riche, et tout une lignée de magnifiques brandies dont le Lepanto (un Solera gran reserva) est le fleuron. Tío Pepe est le plus populaire, et peut-être le meilleur, de ses finos. Les autres bonnes sources (producteurs ou négociants) de Xérès sont trop nombreuses pour pouvoir être toutes citées ici. Retenons du moins : Bertola, pour son Cream. Harvey : Fino Superior. Garvey : Finos San Patricio et Don Zoilo. La Riva, dont le Tres Palmas est généralement considéré comme l'un des tout meilleurs Finos. Palomino y Vergara, à Jerez, appartient à Harvey. Son Fino Tío Mateo est très populaire en Espagne. Marqués de Real Tesoro, dont la gamme inclue en particulier La Bailadora, un excellent manzanilla. Díez-Mérito, à Jerez de la Frontera, pour ses excellents Fino Imperial (le plus cher...), Oloroso Victoria Regina, et la gamme des Don Zoilo. Luis Caballero, à Puerto de Santa María, pour son fino Pavón, son oloroso Mayoral, son Cream. Et, aux bodegas Burdón qui lui appartiennent, un fino léger, le Don Luis amontillado. Antonio Barbadillo, plus grande firme de Sanlúcar, commercialise une cinquantaine de vins, olorosos, manzanillas et Finos del Puerto, parmi lesquels le Sanlúcar Fino, le Fino de Balbaina déjà cité, le Príncipe Amontillado, et le Solear Manzanilla Pasada; et l'Oloroso San Rafael, long en bouche. Pedro Domecq, outre son Fino La Ina déjà cité, fait Botaina (un vieil amontillado), Río Viejo (un amontillado très sec), Oloroso Viejo (très sec), Sibarita (un Palo Cortado, 200F), Cream "Celebration", Venerable (un oloroso de P.X., 200F), etc. Valdespino, qui, outre son Fino Inocente (30F) déjà cité, produit Solera 1842 (un oloroso), Tío Diego (amontillado sec), et Del Carrascal (sans doute leur meilleur amontillado). Sandeman, à Jerez, pour le Royal Esmeralda (amontillado doux de 25 ans), le Royal Ambrosante (Palo Cortado doux de 28 ans), le Royal Corregidor (oloroso doux de 28 ans), et l'Imperial Corregidor de 40 ans. Williams & Humbert, à Jerez, pour le Pando (Fino corsé), et son excellent Dos Cortados. Osborne, à Puerto de Santa María, pour le Bailén (très bel oloroso); le Fino Quinta qui connait un grand succès en Espagne; et le PX Solera 1927. Lustau, réputé pour son blanc doux de PX "Emilio Lustau", est spécialisé dans les vieux soleras sélectionnés auprès des almacenistas (entreposeurs de vins); Vendimia Cream est un millésimé vieilli en tonneau : donc la négation de tout le système de Jerez ! Amontillado Solera Reserva "Los Arcos", sec et rond, est à servir à l'apéritif, à la température ambiante; et pour le dessert : Solera Reserva Emilio Moscatel. Pour un large choix, voir La Vinoteca, 13 Santo Domingo, à Jerez. Estrémadure Cette vaste région viticole, imprégnée de traditions ancestrales, s'est dotée d'une D.O. nommée Ribera del Guadiana. Pour réussir, l'appellation devait offrir une image rajeunie et prouver son adhésion à l'exigence d'une haute qualité. Et en effet, la D.O. l'est, exigente, dans tous les domaines, y compris les cépages autorisés, les modes de conduite de la vigne, les méthodes de vinification et d'élevage. Que l'on songe, par exemple, que le réglement de l'appellation va jusqu'à préciser les pressions maximales que l'on peut imposer au raisin, interdire des techniques telles que la presse continue et la centrifugation à vitesse élevée... L'aire Ribera del Guadiana concerne plus de 12.000 hectares répartis sur 6 zones viticoles : Cañamero, Montánchez, dans la province de Cáceres; Ribera Alta, Ribera Baja, Matanegra, Tierra de Barros, dans la province de Badajoz. Environ 6.400 hectares sont aujourd'hui exploités, par 1.500 viticulteurs qui alimentent 88 bodegas. La production, tricolore, comprend des blancs dont certains fermentés en barrique, des rosés, des rouges à boire jeunes et d'autres élevés en barrique de chêne. Les blancs sont issus de cayetana blanca, chelva, et pedro ximenez. Les rouges sont dûs à la grenache, la pardina, et le tempranillo. Les meilleurs, produits en Tierra de Barros, sont des assemblages de tempranillo et garnacha ou cabernet. Bonnes adresses : Inviosa, pour sa série Lar de Barros, et son rouge Viña Jara; Romale, spécifiquement pour son Privilegio de Romale issu de tempranillo.