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muzikalité # 40 Le bulletin trimestriel du Pôle Régional des Musiques Actuelles de La Réunion - RUNMUZIK Ressources : Les subventions Patrimoine : Coffrets Mayotte & Seychelles chez Takamba Disquaires : Sidat & Z’imazes Créoles Womex : La Réunion en force Studios : Volcan & Mirage Prod Zone Océan Indien : Cap sur l’Australie Dossier : Le Rock à La Réunion EDITO SOMMAIRE Il est troublant de constater comment certaines évolutions ont les mêmes effets sans qu’aucune causalité ne semble en apparence les relier. LES NEWS La réforme des collectivités territoriales la Directive Européenne «Services» d’attribution des subventions publiques. réalisent à l’année les associations est dans son financement. tout comme l’application de vont modifier les modes Le travail de diffusion que aujourd’hui remis en cause ACTUALITE................................................................................4 ZOOM.........................................................................................5 PATRIMOINE En parallèle, l’économie du spectacle vivant est marquée par une stagnation des fréquentations et du nombre de représentations compensée par le succès des grosses productions. Ces dernières pèsent pour 7% des représentations et 71% de la billetterie - chiffres CNV - et sont portées majoritairement par des structures privées en pleine concentration verticale et horizontale. Sorties Takamba, Journées du Patrimoine, Alé Marsé.................6/7 La troisième évolution correspond au poids grandissant des représentations et surtout des recettes générées dans le cadre des événementiels, les festivals notamment. Là encore un phénomène de concentration de la fréquentation autour des gros festivals s’opère. Après deux années où perdurait la croyance que l’économie du live compenserait la décrépitude du disque, les esprits sont conscients des limites de croissance du marché. La coexistence de productions privées, associatives et publiques se caractérise par une concentration des recettes autour de quelques grosses productions portées par des opérateurs privés à la recherche d’économies d’échelle. Cette nouvelle structuration s’opère de fait au détriment du secteur associatif qui est le principal pourvoyeur de représentations à l’année. De ce secteur dépendait jusqu’à maintenant la diversité de la diffusion. Il apparaît aujourd’hui nécessaire de réfléchir aux conséquences de sa remise en cause et de proposer des voies alternatives mêlant logique d’intervention publique et initiative privée. L’actualité du Pôle Régional / En bref............................................3 CHRONIQUES.......................................................................8/9 SUR LE SECTEUR Dossier : Le rock à La Réunion...............................................10/11 SUR LE SECTEUR Studios : Mirage Prod / Studio Volcan..........................................12 SUR LE SECTEUR Disquaires : Sidat et Z’imazes Créoles.........................................13 RESSOURCES Introduction à la demande de subventions..................................14 RESSOURCES Le booking / La distribution numérique.......................................15 ZONE OCÉAN INDIEN...........................................................16 MM Muzikalité, le bulletin d’information du Pôle Régional des Musiques Actuelles de la Réunion - Runmuzik N°40 octobre - novembre - décembre 2010 Éditeur : PRMA - 6 bis rue Pasteur - BP 1018 97481 Saint-Denis CEDEX Tél : 02 62 90 94 60 / Fax : 02 62 90 94 61 E-mail : [email protected] Site internet : www.runmuzik.fr Directeur de la publication : Dominique Carrère Rédaction : Olivier Pioch & PRMA Coordination : Matthieu Meyer PAO : mYsterfab Couverture : mYsterfab Distribution gratuite - Tirage : 5000 ex. ISSN : 1622-2598 - Dépôt Légal N° 08 00 52 Imprimeur : Colorprint A noter : Muzikalité et le courrier postal Nous vous l’annoncions dans le précédent muzikalité, nous réfléchissons à diminuer le nombre de magazines expédiés par la poste, compte tenu de l’augmentation des frais d’envoi et des nouveaux usages de lecture. Nous vous tiendrons informés de cette évolution. Merci de nous contacter par mail [email protected] si vous souhaitez le recevoir automatiquement en PDF. Par ailleurs, notre magazine restera disponible dans plus de 150 points de dépôt de l’île. Nous mettrons en ligne la liste des lieux touchés et essaierons d’étendre progressivement notre diffusion, merci d’avance de votre compréhension. Crédits photos (par ordre de publication) : Couv : MYsterfab // page 3 : Elsa Lauret / VK // page 4 : Xiop / David Lem / Tiéri Alba / Xiop // page 5 : Enilorac // page 6 : Collection Takamba // page 7 : Collection Takamba / DR // pages 10 et 11 : DR // page 12 : DR / DR // page 13 : DR / DR //page 15 : DR / DR // page 16 : DR / DR / DR / Gilles Lallemand/ Fanny Vidal. 02 LES NEWS L E S Runmuzik : l’actualité du PRMA - 6 La base extranet de la Cité de la Musique en libre accès au PRMA-Runmuzik Le portail documentaire de la Cité de la Musique comprend près de 1500 concerts enregistrés à la Cité de la musique et à la salle Pleyel, de tous styles (classique, jazz, musiques du monde…), une photothèque (15000 clichés) et une phonothèque (100 enregistrements) du Musée de la musique, 50 guides d’écoute (analyses musicales multimédias), des documentaires vidéo, des dossiers pédagogiques sur les différents répertoires, la base de données sur le jazz contemporain, des fiches métiers… Une encyclopédie en ligne pour les amateurs, les professeurs et les professionnels de la musique ! La diffusion des oeuvres enregistrées respecte le droit d’auteur ; la SACEM et la SPEDIDAM percevant des droits pour les auteurs et les artistes-interprètes. La Cité de la Musique propose par ailleurs deux autres accès à des vidéos de spectacle vivant via les sites www.citedelamusique.fr (rubrique Vidéos à la demande) et www.spectaclesdumonde.fr, plateforme qui regroupe des concerts de partenaires tels que le Théâtre de la Ville de Paris ou encore la Maison des Cultures du Monde. Cette base est accessible au grand public dans une version limitée sur mediatheque.cite-musique.fr : des extraits remplacent les documents intégraux. La totalité de la base est toutefois disponible en extranet pour 50 établissements scolaires dans le cadre d’une expérimentation et au PRMA-Runmuzik. Une convention a d’ailleurs été renouvelée entre la Direction Académique des Affaires Culturelles et la Cité de la Musique pour faciliter les échanges entre Paris et La Réunion. Notons qu’à partir de janvier 2011, les établissements pourront souscrire librement un abonnement (payant cette fois pour rémunérer les auteurs) via le www.lesite.tv Plus d’infos mediatheque.cite-musique.fr N E W S En-bref-: 6 Adieu Josef ! Parti sans crier gare le 10 juillet dernier à l’âge de 50 ans Josef Cebollero laisse un vide énorme dans le milieu musical, et, plus largement, culturel, réunionnais. C’était un de ces hommes de l’ombre, toujours affairés dans les coulisses, sans lesquels les artistes ne peuvent pas se consacrer sereinement à leur création. Discret, efficace, et toujours souriant malgré les multiples déboires qui ont jonché sa route, il n’a jamais ménagé son temps et son énergie pour faire avancer la cause artistique et les valeurs qu’il défendait tant au service des organisateurs qu’aux côtés des artistes. Importante cheville ouvrière du Manapany Surf Festival qui a récemment fêté ses dix ans sans lui, il a aussi beaucoup oeuvré, entre autres structures locales, pour Le Séchoir et Leu Tempo Festival...et le PRMA. Il a mis aussi ses compétences de management et d’administration au service de nombreux artistes dont le groupe Tapok, la compagnie Baba Sifon et, tout récemment, le groupe Do Pagaal qu’il avait accompagné avec maestria à nos côtés à l’occasion de sa sélection comme Découverte au dernier Printemps de Bourges en avril. Fermement convaincu de la qualité de leur projet, il avait remué ciel et terre pour générer retombées et contacts que le groupe n’a pas manqué de confirmer en donnant le meilleur de lui-même. Sans doute une des dernières grandes satisfactions artistiques d’un professionnel et d’un ami qu’on n’oubliera pas. 6 Un single pour Haiti 6 WOMEX 2010 : La Réunion en force La quinzième édition du WOMEX (World Music Expo) se tiendra cette année encore à Copenhague (Danemark), du 27 au 31 octobre. Pour la troisième année consécutive,avec un fort soutien de la Région Réunion, le PRMA se déplacera avec une grosse délégation représentant La Réunion dans cet événement qui regroupe environ 2 500 professionnels du monde entier. Notre île sera particulièrement à l’honneur cette année puisque Danyèl Waro se verra remettre le « World Music Artist Award » qui récompense chaque année un artiste du monde pour l’ensemble de son œuvre et son parcours. Par ailleurs Nathalie Natiembé a aussi été retenue avec une trentaine de groupes parmi des centaines de candidatures pour la programmation officielle des « show-cases » de l’événement. Comme les années précédentes, le PRMA coordonne l’organisation du stand et la réalisation des supports de communication : plaquette artistes, compilation, montage vidéo diffusé en boucle sur le stand, bâches aux couleurs de l’opération, achat d’espaces presse, cocktail... Outre le PRMA (au titre de Runmuzik et du label Takamba), la délégation réunionnaise sera composée des structures suivantes : Balapako Production (Subhash, Letoyo, Luçay Canon, Maky Rasta, Racine Seggae, Yela), Open Musik Management (Ziskakan, Fabrice Legros, Maya Kamaty, Mamo, RAS, Orphée, Stéphanie Thazar), Bi-Pole (340 ML, Jako Maron, Zong, Jaboticaba), Run Management (Meddy Gerville, Yaelle Trulès, David Saman), Sakifo Records (Nathalie Natiembé Toguna, Alex, True Live, Bazbaz, Jeff Lang, Tumi and the Volume), JLLJS’ Prod (Umqombothi), Kelyma Production (Lo Griyo, Patsha, Eric Pounouss’), Cardinal Rouge (Les Tambours Sacrés), Master CD Lab (website Artist Mundi & CD-DVD making), Muzik Sovaz (Rouge Reggae vs Costa), Akord’ (Iza, Didyié), Maron’R Prod (Kaf Malbar, Kom Zot, Simangavole) et Association AMAR ( Groove Lélé) et le label PIROS de Jean-Louis Rosely. Plus d’informations sur www.womex.com Mobilisé depuis janvier 2010, le collectif « Voix du Sud pour Haïti » vient de sortir un single dont les bénéfices, ainsi que l’ensemble des droits d’auteurs et de compositeurs, seront reversés à la Croix Rouge. L’opus a été enregistré au studio MDC Prod de Saint-Louis, pour l’occasion mis gracieusement à disposition par Christopher Mac Donald. Signé Jean Luc Damartin et Paelle Gigan pour les textes, et Serge Eudor pour la musique, ce CD d’un titre agrémenté d’un instrumental et d’une vidéo réunit une belle brochette d’artistes. Derrière les arrangements et l’orchestration de Bèf Séga, on reconnaitra notamment les voix de Bernard Joron, Olivier Araste, Luciano Mabrouk, Serge Eudor (du Tropic de Paris), Romain Hoarau (de Rom410), René Maurée, Loretta Valliamé, Mamo, Nano Daprice et René-Paul Elleliara. Plus d’infos sur le collectif auprès de Yannick Ah-Chiaye (vice-président) : 06 92 65 26 62. 6 Les Aigues-marines de Christoph Chabirand Tromboniste de jazz, leader et fondateur des groupes Softrio et Djazadonf, compagnon de route de nombreux artistes réunionnais, Christoph Chabirand est aussi – c’est moins connu – une fine plume. Auteur du recueil de nouvelles « Bleues Nuits » en 2008, il vient de publier un nouveau recueil intitulé « Aigues-Marines ». Entre La Réunion (où il vit depuis 1986) et la Vendée (qui l’a vu naître), la musique et la moto sont encore bien présentes dans ces nouvelles où l’on découvre des personnages tour à tour attachants et sombres, inquiétants et drôles. L’écriture y est aussi sobre que précise et non dénuée d’humour. Bref, une sorte de blues littéraire à consommer sans modération. Aigues-Marines, de Christoph Chabirand, éditions Orphie, collection Autour du monde, 2010. 03 ACTUALITÉ A C T U A L I T é Trophées des Arts Afro-Caribéens : quatre nominations pour La Réunion 6 La 5ème édition des Trophées des Arts Afro-Caribéens aura lieu le 8 novembre à Paris au Théâtre du Châtelet. Autrefois nommés «Trophées Aimé Césaire», ces prix visent à récompenser des artistes majeurs de la culture afro-caribéenne dans diverses catégories : musique (meilleur artiste, meilleur groupe, meilleur clip, artiste révélation, meilleur album), littérature (meilleure fiction, meilleur essai), cinéma (meilleure fiction, meilleur documentaire) et personnalité de l’année. Les vainqueurs de la catégorie musique sont désignés par un vote du public (vote par SMS, voir conditions). Rappelons que l’année précédente, Davy Sicard s’était vu décerner le prix du «Meilleur artiste de l’année» et que Toguna avait reçu en 2008 le prix du meilleur groupe à l’instar de Ziskakan en 2007 en même temps que Gramoun Sello recevait celui du meilleur groupe traditionnel. La Réunion a donc été très présente au travers de cette manifestation dont le PRMA est partenaire depuis sa création. Trois de nos artistes sont encore nominés cette année : Kaf Malbar (catégorie meilleur artiste), le Zembrocal Musical de Groove Lélé et Ernst Reijseger (nominé dans deux catégories: meilleur groupe et meilleur album), Yaëlle Trulès (artiste révélation). Résultat des courses le 8 novembre. En attendant vous pouvez voter ou vous renseigner en vous rendant sur www.lestaac.com Africolor : une 22ème édition prometteuse 6 Pour sa 22ème édition, du 12 novembre au 24 décembre en Seine Saint-Denis, le festival Africolor continue encore et toujours de miser sur la confrontation et la prise de risque. Entre valse africaine et Noël mandingue, Fet Kaf et Cérémonie du café, le programmateur Philippe Conrath propose un nouveau voyage entre les genres au gré de 25 concerts qui verront se croiser des musiciens venus des quatre coins du continent africain. Comme d’habitude, l’océan Indien sera dignement représenté et La Réunion, notamment, tirera son épingle du jeu avec quelques concerts à ne pas rater : le « Zembrocal » concocté par Groove Lélé en compagnie du violoncelliste hollandais Ernst Reijseger et du chanteur sénégalais Mola Sylla ; l’inévitable Danyèl Waro, qui viendra en habitué à l’occasion de la sortie de son nouvel album ; l’Orkès’ Karousèl (ex Cuivres de l’Est) en duo avec La Muse à Zézette ; la rencontre de la kora et du violon entre Sami Pageaux-Waro et Kahina Zaimen. Enfin, un inédit qui promet : Rosemary Standley (de Moriarty) et Marjolaine Karlin (des Babysidecar) chanteront Alain Peters. Plus d’informations sur www.africolor.com 04 ZOOM Z O O M Le « Manap » : dix ans et toutes ses dents ! Pour ses dix ans, du 24 au 26 septembre, le Manapany Surf festival promettait encore de belles rencontres. Mais au-delà d’un programme chaque année plus alléchant, cette dixième édition était aussi l’occasion d’un bilan. 6 Le Manapany Surf Festival et le club de surf Les Trois Peaks soufflaient cette année leur dixième bougie. Pour fêter l’événement, l’organisation avait évidemment mis les petits plats dans les grands. Côté surf, outre le réunionnais Amaury Laverhne, tout auréolé de sa première place sur le circuit mondial, d’autres bodyboarders de talent étaient attendus sur la vague sudiste, pour le plus grand plaisir de Maxence de la Grange, président de l’association des Trois Peaks. Côté musique Pierre Macquart avait aussi concocté une affiche pour le moins alléchante avec, entre autres : les fanfares Waki Band et Byin Mayé, Les Fils de Teuhpu, Z’Oreilles Dehors, Giloo & Tribaloya, Do Pagaal, VerZonRoots, Letoyo, Rocksteady Sporting Club, Le Bruit de la Passion, Afromachin, Poutrelles Fever, Wonder Brass, La Rue Kétanou, Les 109, Andemya, Batignolles, Fabrice Legros, Foldire, Mélanz Nasyon, Jaboticaba, Le Pain des Fous et Washington Dead Cats. programmation artistique et joutes sportives ; faire se rencontrer le monde de la musique et celui de la glisse. Et ça marche ! Au-delà d’un programme chaque année plus riche, force est de constater que ce festival a su remporter un pari sur lequel peu auraient misé il y a de cela dix ans : mélanger habilement Plus d’infos sur www.manapanysurfestival.com Bien sûr, le site s’y prête singulièrement. Le Peak de Manapany est capable de vagues dantesques propices aux exploits en tous genres. En outre, le plus célèbre « Ti coin charmant » de La Réunion offre un cadre idéal à une programmation festive et conviviale. Reste qu’un lieu ne fait pas tout. Et s’il faut rendre hommage au festival, c’est d’abord aux hommes qui le font que doivent s’adresser les louanges. Dès lors, comment ne pas penser au regretté Josef Cebollero, chargé de production et l’une des chevilles ouvrières du festival, qui nous a quittés trop tôt en juillet dernier. L’autre homme de l’ombre, celui qui fait tant pour ce festival, c’est évidemment Pierre Macquart ; une « figure » de l’industrie musicale locale qui travaille en bon artisan. Un passionné en somme ! C’est bien lui qu’il faut gratifier de ces dix ans de musique où cuivres et chansons se mélangent harmonieusement aux exploits des passionnés de vagues et de glisse. Une combinaison qui fait toute l’originalité du « Manap », son identité singulière entre sport, rock, chanson et maloya. Nous, on en reprendrait bien pour dix ans ! Festival Kaloo Bang : la musique s’invite à Saint-Denis Après une première édition préparée dans l’urgence, le festival Kaloo Bang devrait trouver sa place à l’année, dixit la Mairie de Saint-Denis, dans le paysage culturel réunionnais. Retour sur l’événement ! Dix pays étaient en effet invités aux cotés d’artistes réunionnais : la République Dominicaine, Haïti, Madagascar, l’Afrique du Sud, l’Inde, le Cap vert, la Jamaïque, les Comores, l’Espagne et l’Ile Maurice. A l’image de La Réunion, île de métissage et de rencontre, le festival fait d’ores et déjà son miel du mélange des genres, proposant une programmation résolument pluridisciplinaire (concerts, cirque, arts visuels contemporains, conte, cinéma) et musicalement éclectique en diable : dance-hall, reggae, rap, salsa, jazz, folk, soul, blues, électro, cabaret, bollywood, séga, musique « mafana »... Parmi les moments forts, notons les concerts de Ferro Gaita, Jerry Marcoss, Bélo ; les prestations remarquées des Congos, de Kaf Malbar et des artistes réunionnais en général ; les interventions du cirque Saoufet et du Kawa Musical Circus ; la créativité délirante de Lionel Lauret et d’Art Marron... Kaloo Bang s’est par ailleurs décliné sur un festival off qui proposait une vingtaine de concerts de groupes réunionnais les 7, 8 et 9 octobre dans les bars du chef-lieu : Les Récréateurs, le KT Dral, Le Baccara, Le Clos Saint-Jacques, le Labourdonnais, le ô Bar, le Moda Bar et les 3 Brasseurs. Le festival Kaloo Bang, dont la première édition s’est tenue au Parc des Expositions et des Congrès de Saint-Denis les 8 et 9 octobre derniers, est le résultat d’une forte volonté d’initier dans le nord de La Réunion une manifestation culturelle majeure à rayonnement international. En bonne capitale régionale, Saint-Denis affichait ainsi son ambition de « devenir un phare culturel à La Réunion et dans l’Océan Indien ». Le festival a rassemblé sur deux jours quelques 6500 spectateurs. Si les organisateurs souhaitent attirer d’avantage de public l’année prochaine, le festival s’est distingué par sa programmation éclectique et sa conception originale. Des rencontres professionnelles ont été organisées le 7 octobre avec deux ateliers regroupant pour chacun une vingtaine de participants. Elles portaient sur les freins au développement des échanges culturels dans le « grand Océan Indien » avec deux axes : « les échanges dans le cadre d’une économie solidaire » et « Comment s’engager sur le chemin d’une économie culturelle durable au travers d’un partenariat public / privé ? ». Nous nous ferons l’écho de ces rencontres dans un prochain article. Enfin le festival a lancé en partenariat avec Les Electropicales et Mizik a Pat une charte des festivals « écolos ». Cette charte, inspirée par des initiatives lancées en région Bretagne, vise à promouvoir les principes du développement durable au travers des festivals. Retour en images sur kaloobang.com et saintdenis.re 05 PATRIMOINE P A T R I M O I N E Tout Mayotte dans un coffret Après La Réunion, l’île Rodrigues, les Chagos et Maurice, le PRMA poursuit son tour d’océan des traditions musicales avec le seizième opus du label Takamba : un coffret CD/DVD consacré à Mayotte, fruit de quatre années de travail impliquant toute une équipe et de nombreux partenaires. musicales et les danses. Une gageure lorsqu’on sait que la musique mahoraise a surtout été décrite par des anthropologues ou des sociologues, et qu’aucun ouvrage d’ethnographie ne traite du patrimoine musical en soi. Pour compléter ces premières données, une seconde mission s’est déroulée en juillet 2007 sous la houlette des chercheurs Guillaume Samson et Fanie Précourt, en compagnie du caméraman René Lefebvre. Ce nouveau travail a permis d’affiner le projet en le dotant d’une liste descriptive des genres musicaux et chorégraphiques et d’une somme d’informations utiles sur l’organologie et l’apprentissage. « L’île de Mayotte connaît actuellement une évolution rapide, explique Fanie Précourt, responsable de la mission patrimoine au PRMA. C’est dans l’intention de sauvegarder et de valoriser des pratiques pour certaines en voie de disparition que nous nous sommes mobilisés durant plus de trois ans sur ce projet. » Le résultat est ce bel objet qui comprend un CD de 25 titres dédié aux pratiques vocales et aux instruments de musique, ainsi qu’un DVD consacré aux danses cérémonielles et aux techniques de fabrication et de jeu des instruments traditionnels : cithare, tari, gabosy… Le tout relié avec un livret de 120 pages. 6 Intitulé « Ile de Mayotte, musiques, danses et instruments traditionnels », le seizième opus du label Takamba est le fruit d’un collectage de terrain effectué en deux temps, en février et juillet 2007, par une équipe de chercheurs constituée par le PRMA, à la demande de la Direction des Affaires Culturelles de la Préfecture de Mayotte. La première mission, menée par l’ethnomusicologue Victor Randrianary, a permis d’établir un état des lieux et un pré inventaire ethnographique et bibliographique sur les pratiques Alé marsé ! 6 Des agents du Parc national de La Réunion, musiciens à l’occasion, se sont récemment réunis pour créer une chanson vantant les mérites de notre beau patrimoine naturel. Une chanson spécialement créée pour fêter l’inscription des pitons, cirques et remparts de l’île au patrimoine mondial de l’Unesco. Sous l’appellation Orkès du Parc national de La Réunion, ils viennent de sortir un CD promotionnel avec ce titre en forme d’injonction : Alé marsé ! Une jolie invitation à se balader dans les Hauts de l’île au son d’une guitare, d’un accordéon diatonique, d’un kayamb et de percussions ; des instruments auxquels un invité de marque – Gauthier Lajoinie – prête sa basse et son gabosy. A noter que le PRMA a apporté son éco au projet en aidant la fine équipe à coordonner les opérations. Boosté par cette première plutôt réussie, le Parc National de La Réunion ambitionne désormais de sortir une compilation de chansons réunionnaises sur les Hauts. Le CD est actuellement en préparation, toujours avec l’aide du PRMA. Au programme : des chansons lontan, mais pas seulement ! Plus d’informations: www.reunion-parcnational.fr/ 06 Au final, ce travail offre une photographie du paysage musical mahorais, en insistant sur les musiques de tradition orale dont la diversité est un élément marquant. L’accent mis sur ces musiques correspond bien à la volonté du PRMA de prendre en considération certaines pratiques et savoir-faire tombés en désuétude. Outre la qualité artistique des albums ainsi édités, le label Takamba remplit en ce sens une mission du plus grand intérêt pour la sauvegarde d’un patrimoine menacé. Distribué par Discorama à La Réunion, l’ouvrage en version bilingue français-anglais est aussi disponible via PSB en France métropolitaine, puis au Bénélux et au Japon. « Ile de Mayotte, musiques, danses et instruments traditionnels », Takamba, septembre 2010. Album en vente chez tous les bons disquaires et au PRMA : 02 62 9O 94 60. PATRIMOINE P A T R I M O I N E Musique des Seychelles : un disque pour mémoire A travers le savoir de Patrick Prospère, le dernier album du label Takamba revisite les traditions musicales seychelloises. Un travail pour mémoire. 6 Fruit d’un collectage de terrain qui s’est déroulé en janvier 2009, le dix-septième album du label patrimonial Takamba est un véritable travail de mémoire consacré aux traditions musicales des Seychelles, et plus précisément de l’île Mahé. Intitulé « Ton Pat’, memwar lamizik sesel », l’opus revisite le patrimoine musical de l’archipel à travers le regard de Ton Pat’, alias Patrick Prospère, l’un des derniers musiciens et facteurs d’instruments de son île, porteur d’un savoir musical ancestral. Mémoire vivante, le multi instrumentiste, auteur, compositeur et interprète fait part ici de sa très grande culture à travers l’enregistrement de ses compositions et d’airs traditionnels, mais aussi d’entretiens qui font l’objet d’un DVD consacré à la facture et aux techniques de jeu d’instruments traditionnels en voie de disparition. « Le projet est né d’une rencontre entre Ton Pat’, le percussionniste Donadieu Thomas et l’équipe du PRMA, en décembre 2008 à La Réunion, explique Fanie Précourt, chargée du label Takamba. Patrick Prospère était lui même demandeur de ce travail de collecte et de valorisation des traditions culturelles. En bon professeur – on peut même dire que c’est un historique aux Seychelles – il a tenu à impliquer les élèves du Conservatoire national de musique dans ce projet. » Sur le terrain, Donadieu Thomas a joué un rôle d’intermédiaire entre les musiciens et l’équipe de collecteurs emmenée par Fanie Précourt. Il a supervisé notamment les séances de répétitions, tandis que les enregistrements sonores étaient réalisés par Philippe De Magnée, ingénieur du son belge spécialisé dans les enregistrements de terrain, durant plusieurs soirées en plein air. Pour mener l’opération à bien, l’équipe a reçu le soutien du Ministère des Arts, de la Culture et des Sports des Seychelles en la personne notamment de Miera Savy. Les chercheurs JeanClaude Mahoune et Norbert Salomon, des Archives nationales, ont également apporté leur précieux concours. De retour à La Réunion, près de deux ans de travail ont été nécessaires, entre le dépouillement des documents , la rédaction d’un livret de 80 pages en français et anglais (Fanie Précourt), les montages sonores et vidéos (Philippe De Magnée et Imago), le mastering (Jean-Paul Jansen) et la fabrication des supports audio et vidéo (Master CD Lab). Au final, ce nouveau coffret du label Takamba s’inscrit dans la lignée des disques de la collection consacrés aux collectages de traditions musicales oubliées ou peu connues de la zone. Il sera lancé officiellement au 25ème festival Kréol des Seychelles dans le cadre des accords de coopération culturelle liant les collectivités réunionnaises et ce pays. Outre les soutien des partenaires permanents du PRMA, Région Réunion et DRAC, il a bénéficié d’une aide par le Fonds de Coopération Régionale de la Préfecture, du conseil général et de Cultures France. « Ton Pat’, memwar lamizik sesel », Takamba, octobre 2010. Album en vente chez tous les bons disquaires et au PRMA : 02 62 94 60 00. Journées du Patrimoine : portes ouvertes et musique à donf’ Les 18 et 19 septembre, pour les Journées Européennes du Patrimoine, la Région Réunion en partenariat avec ses structures muséales proposait une opération séduction. 6 Le week-end des 18 et 19 septembre, dans le cadre des Journées Européennes du Patrimoine, la Région proposait un accès libre et gratuit aux principales structures muséales de l’île (Stella Matutina, Maison du Volcan, MADOI, Kélonia), à la Villa de Région, et pour la première fois à l’Hôtel de Région . Une opération « séduction » qui avait pour but de valoriser et faire connaître le riche patrimoine de La Réunion au plus grand nombre. « Cette action qui démocratise la culture s’inscrit pleinement au sein des nouvelles orientations culturelles portées par notre institution, précise Jean-François Sita, le Vice Président de Région délégué à la culture. Le slogan choisi pour l’occasion était sans équivoque : « Entre nature et culture, le patrimoine au cœur de l’humanité ». Cela dit assez l’ambition qui est la nôtre de reconquérir le grand public en allant à sa rencontre. » Côté programme, ces deux journées ont permis au public de naviguer au gré de visites libres ou commentées, entre expositions, visites de terrain, conférences et ateliers. En outre, alors que le maloya a été récemment promu par l’Unesco au rang de Patrimoine immatériel de l’Humanité, plusieurs animations musicales et concerts étaient proposés sur ce thème. Parmi les groupes les plus applaudis, citons notamment le groupe Destyn, qui avait pris ses quartiers à la Maison du Volcan, et Kozman Ti Dalon, qui avait pour sa part investi le MADOI. A l’heure du bilan, l’opération s’offre un joli succès avec un chiffre de fréquentation record : 18 000 visiteurs sur l’ensemble des sites ! Le groupe Destyn accueilli par Jean-François Sita à la Maison du Volcan 07 CHRONIQUES C H Danyèl Waro « Aou Amwin » - Production : Cobalt - Distribution : L’Autre Distribution Tout dernier opus de Danyèl Waro, « Aou Amwin » a été enregistré en février 2010 à Trois Mares, dans la case de son enfance. Aux côtés du plus célèbre barde créole, on retrouve des figures habituelles (Laurent Dalleau, Damien Mandrin, Thierry Abmon, Vincent Philéas) et Sami Pageaux-Waro, qui fait son chemin tout en réglant de plus en plus souvent son pas sur le pas de son père. On retrouve également les Corses d’A Filetta, avec qui l’artiste a fait un bout de route l’an dernier, pour trois morceaux somptueux empreints de spiritualité, et un hommage à Mandela en duo avec Tumi Molékane, MC Sud-africain au flow de velours qui a laissé pour l’occasion The Volume à la maison. Derrière les manettes, Yann Costa fait encore du très beau boulot pour un double CD qui résonne de tous les mélanges mélodiques et rythmiques chers à l’artiste. Bref, malgré la crise, Danyèl Waro reste une valeur sûre ! Plus d’infos et contact scène : Philippe Conrath 01 47 97 69 99 ou [email protected] et www.africolor.com Nous avons aussi reçu R O Jimmy Desamb « Kadadak » - Production : Lanbéli - Autodistribution Kadadak est un mot créole très ancien qui désigne ce petit chatouillement qu’on ressent dans le ventre en faisant du manège ou en passant rapidement sur un dos d’âne. Un titre bien trouvé puisqu’il dépeint à merveille cette sensation plaisante (et toujours trop courte) que l’on retrouve sur le nouveau maxi de Jimmy Desamb. L’artiste n’en est pas à son coup d’essai : cela fait plus de vingt ans qu’il tourne à La Réunion au sein de différentes formations. Et déjà dix ans qu’il a produit ses premiers titres en solo. Depuis, deux autres maxi sont sortis en 2003 et 2006, toujours en autoproduction. Mais pour ce dernier opus, il a bénéficié d’un sérieux coup de pouce de Lanbéli production, une association culturelle de l’Etang-Salé qui accompagne des musiciens en quête de reconnaissance. Ce CD devrait y aider. Six titres entre séga et maloya, avec des compos originales et des textes vrais. Infos et contact : 06 92 72 50 07 – [email protected] ou 06 92 86 94 57 - [email protected] N Kolektif Sud « Santié Lyrikal » - Production : MLK Prod - Autodistribution MLK Prod est un label indépendant né en 2000 au Tampon. Créé à l’origine autour d’un noyau dur composé de Don J, Tyz et Alex, le « moovman la kour » fait rapidement des émules au Sud de La Réunion, enregistrant de nombreuses arrivées : Tonytso, Murder, Tika, Samba, ZONé, Mateci, Klinton... Autoproclamés « militants d’un hip-hop conscient », ils se démènent pour promouvoir le genre à La Réunion au gré de manifestations, festivals, maxi CD et autres compilations : « Le poids des mots » en 2000, « Mon lanvi » en 2002 avec Thierry Gauliris, « Débarkman » en 2003, « Kozman ti Kolon » en 2006… Après plusieurs tournées et échanges artistiques, en France, à Mayotte, Madagascar et Maurice, MLK Prod présente aujourd’hui sa dernière sortie, un album du Kolektif Sud intitulé « Santié Lyrikal ». Seize titres d’excellente facture, authentiques et sans compromission. Du 974 à consommer sans modération ! Contact : 06 92 33 62 65 – [email protected] - myspace.com/kolektifsud ou myspace.com/mlkprod974 Fair Play « Code noir » I Q U Luçay Canon Alix Poulot Auteur, compositeur, musicien autodidacte, Luçay Canon à vingt ans lorsqu’il fonde le groupe Maloji (maloya jazz impro). Au début des années 1990, l’ex-jeune talent est déjà considéré comme l’un des meilleurs guitaristes de l’océan Indien. Il intègre alors le groupe Ziskakan, participe à de grandes tournées et enregistre avec eux l’album « Kaskasnikola» à Dakar (Sénégal). Après deux albums solos, « Ethno Jam » en 1997 et « Civilizasyon » en 2001, l’artiste met à nouveau sa guitare et ses compétences au service d’un artiste réunionnais ; en l’occurrence Ti Fock, pour une collaboration concrétisée notamment sur l’album « Titiay » en 2006. Après plusieurs mois de tournée, 2008 et 2009 sont des années de création. Elles aboutissent à la sortie de ce troisième album en mars 2010. Un opus entre fusion et compositions enlevées, aux croisées de l’océan Indien, de la world music et du jazz. Plus d’infos : www.lucaycanon.com La cinquantaine sied plutôt bien au plus « cool » des musiciens créoles ! Vingt-six ans après ses débuts, Alix Poulot propose un nouvel opus tout en douceur tranquille ; un double album de reprise où le Portois revisite une bonne partie de son répertoire à partir des années 1990. S’il signe la majeure partie des titres, l’artiste montre qu’il sait aussi s’entourer puisqu’on retrouve ici des textes de Carpanin Marimoutou, Denise Delorme, Patrice Treuthard ou Maryse Dobaria, ainsi qu’un sax-séga pas piqué des vers sur une musique de René Lacaille. Auteur, compositeur, interprète, arrangeur et peintre à ses heures, le guitariste marche à l’émotion. Un carburant qui le rend plutôt prolifique. Eclectique en diable, ouvert sur le monde, il mêle ses saveurs ternaires aux grandes figures d’influences : Chet Baker, Antonio Carlos Jobim. Un style inclassable mais le voyage est toujours agréable. Plus d’infos : 06 92 90 59 76 ou www.creolcoolmusic.fr « Maska-Rad » - Autoproduction - Autodistribution « Métisses » - Autoproduction - Autodistribution Les frères Mailly « L’Ambiance » 08 E S Racine des îles « Mon gayar » - Production : Oasis Production - Autodistribution Huitième album du groupe saint-louisien Racine des îles et de son leader Gérard Ranggeh, « Mon gayar » est sorti début juin et a été soutenu par une jolie soirée au théâtre en plein air de Saint-Gilles. Un petit 4-titres, pas plus, mais qui résonne du son propre à l’artiste : un séga teinté de reggae, énergique et festif sur des paroles conscientes ; bref, ce que l’artiste appelle des « chansons vérité », une marque de fabrique depuis « Mathilda », premier gros succès du groupe en 1993. Autre spécificité du groupe : sa fidélité aux musiciens. On retrouve donc Yolin Tamy, Jean-François Ablezot, JeanPierre Fombard, Laurent Robert, Jean-François Quinton, Jovany Velleyen, Laurent Cham-Kam, JeanMichel Sinacouty, Sandrine Ah-Hon et Elisabeth Cadet. Au final, pas de surprise dans ces 23 minutes de musique mais le plaisir de retrouver un univers familier et un groupe sympathique. Contact groupe : 06 93 00 89 63 ou 06 92 39 90 86. Production : 02 62 39 04 29 et www.discoasis.com B.Girls « Fier d’être kreol » CHRONIQUES C H R Blackmenbluz « Akoustika » - Production : Harbour Music & Blackmenbluz - Autodistribution Venus tout droit de Mahébourg, sud-est de l’île Maurice, les Blackmenbluz jouissent déjà d’un succès phénoménal dans l’île sœur où ils ont été la révélation de l’année 2009 avec ce premier album suivi d’une tournée. Une ascension fulgurante qui doit beaucoup au single « Gabriella », qui a reçu en décembre le prix de l’innovation musicale lors des tout premiers Radio Plus Music Awards de Port Louis. Suffisant pour être invité au dernier festival Sakifo, où leur prestation a semble-t-il été remarquée. Le noyau dur du groupe est composé de Lionel, Zulu, Roberto, Sanson et Moussaillon auxquels s’ajoutent Brian, Jonathan, Adrien, Kato, Eric, Philippe ou Didier, en fonction des besoins. Entre reggae, blues et musique « soleil », la formation affiche une base rythmique impeccable : cuivres, percus, basse, guitare. Le groupe prépare actuellement son deuxième album. A suivre de très près. Plus d’infos : www.myspace. com/blackmenbluz ou 06 92 14 11 89. O N I Ti’ Barth Les Compères Créoles David Saman Les Compères Créoles invitent à une visite colorée et vivante de La Réunion traditionnelle. Sous forme de tableaux dansés (scottish, polka, quadrille, séga, maloya), la troupe folklorique présente l’histoire et les traditions de notre île, de l’origine du peuplement jusqu’aux constructions des identités culturelles. Mais le groupe phare du séga réunionnais des années 1990 a aussi une belle activité discographique. Témoin, ce quatrième album sorti en début d’année. Au programme : essentiellement des compositions signées Patrick Quipandédié avec des arrangements de JeanJacques Harrison et Jean Max Cazanove. On y retrouve les voix d’Annie Bardeur et Arno Bazin, l’accordéon d’Aldo Ledoux, les guitares de Guillaume Legras et les percussions d’Harry Perigone. A noter que pour chaque CD acheté, deux euros sont reversés à l’association d’aide aux familles d’enfants trisomiques Geist 21. Infos et contact : 06 92 09 63 43 – [email protected] et www.comperes-creoles.fr.st Révélé à la musique en 1996 avec le groupe de gospel « Harmony Singers », David Saman a pas mal bourlingué avant de trouver sa voie. D’abord choriste de Davy Sicard au sein du groupe « Système Sy », il intègre ensuite le « Vokal Bann », avec qui il atteint la finale de la Clameur des Bambous 1999 et fait la première partie d’Eddy Mitchell au Stade de l’Est en 2002. Fort de ces expériences, il se lance alors en solo avec « Kestion la vi », premier album de variété. Mais l’artiste redécouvre peu à peu son histoire et son île. Il rencontre des chanteurs de musique traditionnelle et apprend à jouer du roulèr. Un tournant ! Ce deuxième album, sorti en juin et dûment cornaqué par Meddy Gerville, en est la conséquence. Entre maloya, blues et gospel, les instruments traditionnels forment ici une solide base rythmique à laquelle David Saman ajoute sa jolie patte électro-acoustique. Une réussite. Plus d’infos : www.myspace. com/davidsaman974. Management : 06 92 56 50 47 ou www.runmanagement.re « Res pa en ta » - Autoproduction - Distribution : Tapaz Maguy Payet « Mon zézér » Q « Brilé Séga » et « Ti’ Barth à la guitare » - Autoproduction - Autodistribution « Farinn’ Maloya » - Autoproduction - Distribution : JV Prod Habitué des scènes à 12 ans à peine, le jeune garçon de Sainte Anne avait déjà deux albums phénomènes à son actif : « Fé roulé Maman » et « Ça lé bien bon » ! Depuis mars dernier, il en compte deux de plus dans sa musette. Sur le premier opus, intitulé « Brilé Séga », le jeune homme fait preuve d’une surprenante maturité artistique avec deux morceaux de sa propre composition : « Pensé Rényoné » et « La musique dans le sang ». Pas étonnant lorsqu’on sait que Ti’ Barth est le fils de Philippe Ichane, chanteur et guitariste du groupe Volcan, qui signe ici les autres titres. Mais Ti’ Barth est aussi un musicien hors pair, qui manie déjà la guitare avec une aisance déconcertante. Dans la foulée, il a donc sorti un album instrumental où il reprend des chansons d’Alain Peters, de la musique classique ou le tube « Off The Wall » de Mickael Jackson. Encore un succès en perspective ! Infos et contact : 06 92 70 74 64 ou 02 62 51 14 96 [email protected] www.tibarth.skyrock.com Stéphanie Thazar « Stéphanie Thazar » U E Christine Salem « Lanbousir » - Production : Salem & Cobalt - Distribution : L’Autre Distribution En Français, Lanbousir signifie « l’embouchure ». En Créole, son utilisation peut aussi signifier « patauger dans la semoule » ; un double sens qui résume assez bien l’histoire de ce nouvel album, fruit d’une longue recherche personnelle de l’artiste. L’opus est directement issu du projet « Rasinaz » qui a conduit la chanteuse sur les traces de ses ancêtres l’an dernier, à Mada et aux Comores. Ce travail de recherche intime sur ses propres racines l’a incontestablement libérée. Sur cet album, la grande voix féminine du maloya fait preuve d’une belle maturité, s’autorisant à parler d’esclavage et de « marronage » ; ce qu’elle n’avait plus fait depuis… 1997. Cette nouvelle plénitude, qui est aussi une forme d’aboutissement artistique, transpire en outre dans le jeu plus affirmé de ses musiciens. Inspiré et empreint d’une grande spiritualité, un quatrième album à se procurer d’urgence. Infos et contact : [email protected] 06 92 85 41 55 www.myspace.com/ salemtradition www.africolor.com S Groove Lélé & Ernst Reijseger « Zembrocal musical » - Production : Winter & Winter Distribution : Harmonia Mundi Electron libre de la scène jazz, le violoncelliste hollandais Ernst Reijseger est grand amateur de rencontres musicales - au Sénégal, en Inde ou avec un chœur polyphonique sarde ! Magicien du son, capable de transformer son instrument en guitare ou en percussions, il ne pouvait pas passer à côté de La Réunion, île de rencontre s’il en est. En 2008, il y a fait la connaissance de Groove Lélé. S’en est suivie une résidence à Bordeaux en juillet 2009 et enfin un enregistrement live qui donna naissance en février 2010 à ce « Zembrocal », en référence à ce plat typique de La Réunion où les ingrédients s’imprègnent les uns des autres en gardant leur spécificité. Pour pimenter le tout, le chanteur sénégalais Mola Sylla apporte son timbre sublime au projet. Entre le doux accent wolof de Mola Sylla, le maloya groovy de la famille Lélé et les envolées d’Ernst Reijseger, ça roule du tonnerre ! Démonstration live confirmée fin septembre au théâtre de Saint-GIlles... Plus d’infos sur www.winterandwinter.com Orphée « Féminin pluriel » 09 DOSSIER D O S S I E R Le Rock à La Réunion, toute une histoire Qui l’eut cru ? En quelques décennies, le rock a trouvé à La Réunion une improbable terre d’élection. Entre séga et maloya, reggae et musiques « soleil », les rythmes binaires se sont faits une place de choix. Ils ont même réussi à glaner un public qui n’est plus seulement constitué d’aficionados. Bien sûr, beaucoup reste à faire pour augmenter les jauges. Mais le genre est en ébullition. Et les artistes qui le portent font preuve d’une étonnante vitalité. Tour d’horizon des groupes qui montent et des lieux qui bougent. er Th 6 Punk, garage et dérivés - Tukatukas, Nutcase et Les Showdus sont les plus connus, mais il y a aussi Mothra Quartet Orchestra (ex Z’Ears), Outer Heaven, S6X, The Last Breath, 3gr5… 6 Le rock « an Kréol » - Il a aussi ses porte-drapeaux : Free Jam, Bigouaï, Vikhite Deliancy et Andemya en sont les exemples les plus flagrants. On pourrait aussi, pourquoi pas ?, y ranger Crossbreed Supersoul, mais eux sont mauriciens... Bien sûr, les cloisons ne sont pas tout à fait étanches. En fonction des albums, des compos ou de l’humeur du moment, chacun de ces groupes est susceptible de passer d’une chapelle à l’autre. Impossible de le savoir à l’avance. Surtout, impossible de tous les citer ! Pour les connaître et rester au courant de leur actualité, on peut visiter les sites Myspace de quelques associations qui font beaucoup dans le milieu : « Kiss of Metal » (www.myspace.com/ kissofmetal), « En Transe Scène » (www.myspace.com/ets974) ou « Au Fond du Garage » (www.myspace.com/aufondugarage). ho wd us S 10 6 Pop rock et Power pop - Ceux-là pourraient passer plus facilement en radio : Anne Kane, 109, FK, Miky and the Stirrers, Taboo, Peachy, PhylKlo, AOC, Delecto, Muffins for Emma, Rocksteady Sporting Club, Shaka… Les Qui a dit que la musique adoucit les mœurs ? Surement pas les rockers réunionnais ! mo bo Dans notre île, le ypho to : D mouvement est .R. à la croisée de deux réalités. La première réside dans l’étonnant dynamisme artistique des groupes locaux. La seconde s’incarne dans les difficultés que rencontre ce type de musique à percer en dehors des frontières de l’île. Différentes raisons viennent expliquer ce paradoxe : éloignement, stéréotypes accolés aux musiques des îles, difficulté à se faire connaître sur un marché déjà saturé en métropole… Rageant ! Mais pas suffisant pour décourager nos artistes énervés. A ceux qui voudraient leur faire croire qu’hors les murs il n’y a point de salut, eux répondent : « Pas si sûr ! » Car l’autre caractéristique du mouvement est sa capacité à se renouveler. « Tout a démarré dans les années 1970 avec l’arrivée des premières guitares électriques, explique Blanc-Blanc, alias Eric Juret. A ce moment-là, on faisait du Led Zep, du Deep Purple… Il y avait déjà un gros vivier au lycée du Tampon, le plus grand de France à l’époque. Forcément, après le Bac, beaucoup de ces jeunes partaient faire des études en métropole. C’est encore le cas aujourd’hui. Et ça explique pour partie le turn-over des groupes réunionnais. Cela dit, il y a toujours de nouveaux artistes qui émergent. Ils empruntent les chemins défrichés par leurs aînés. Si j’ai créé Overkill en 1982, c’est parce que j’avais pris la claque de ma vie lors d’un concert de Jean-Michel Pouzet et les Coconuts à l’Etang-Salé. Dans la même période, il y a eu Ghost Spirit, Stéphan Pellegrin et son groupe Pogo. Après on a fait Nazca. On jouait le jeu à fond, jusque dans les costumes de scène ! J’imagine qu’on a du inspirer un groupe ou deux. » De fait, la filière se structure peu à peu, des tendances se dessinent ; chacun sa chapelle mais tous la même religion : celle du gros son. A cet égard, la vitalité de la scène actuelle ne laisse pas d’étonner. Elle est symbolisée par des formations telles que Backstroke, Warfield, Andemya, les Showdus, Riske Zéro, Thermoboy… Pour eux, les scènes de musiques actuelles (Kabardock et Bato Fou, notamment) jouent parfaitement leur rôle en proposant leurs studios de répétition, un accompagnement ou des formules d’accueil en résidence. Mais pour l’essentiel, ces groupes sont confrontés à la pénurie de lieux : entre les SMAC et les bars, il y a peu de salles de jauge st r ok moyenne. epho to : D Aussi se .R. prennent-ils en main, c r é a n t leurs propres festivals et leurs propres réseaux. « On a é t é bien aidés par le Bato Fou, explique Xavier Balagna, de Riske Zéro. Mais tous les groupes n’ont pas cette chance. Du coup, on a créé l’association « Au fond du garage ». L’an dernier, on a fait venir Marvin pour huit dates, avec des premières parties « péi ». Sur notre site Web, on essaie de garder le lien avec les groupes locaux. Mais ce n’est pas évident. On est amateurs, on travaille tous à côté. » Malgré les difficultés à se faire adopter par la Mère Patrie, beaucoup tentent quand même leur chance en métropole. Certains en reviennent échaudés. D’autres, au contraire, y prennent une autre dimension. C’est la loi du genre. Mais les artistes qui s’y frottent ont au moins un atout : l’enthousiasme de la jeunesse et cette capacité à fracasser les portes qui auraient tendance à se fermer. Ça, c’est rock’n roll ! ck Ba Rock’n Run attitude Le rock réunionnais n’est pas très différent de celui qu’on entend dans les autres contrées. Mais si le genre est à peu près le même partout, les groupes locaux font face à d’autres difficultés. Explications. - ph oto : D.R. Plusieurs chapelles, une seule religion En quarante ans d’existence à La Réunion, le rock a pris le temps de se structurer. Tous les groupes d’ici sont plus ou moins dans la mouvance alternative indé. Mais quelques tendances semblent néanmoins se dessiner. 6 Rock « à la française » - Inspiré de Noir Désir, mais en bien plus déjanté ! On peut y ranger Fouchtra, Le Cri de l’Entonnoir, Le Pain des Fous, Les Salauds et Riske Zéro, encore que ces derniers émargent aussi au mouvement alternatif. 6 Métal et dérivés - Difficile de passer à côté de Backstroke ou encore de Warfield, formation cornaquée par l’excellent Kaloubadia Studio de Captain’ Igloo et Yann Hernot. Ils sont parmi les plus remuants du moment. Citons également Bella Rush, Black Babouk, Comback, Vacuum Road… Ou encore Nazca, dans le genre « métal mélodique ». 6 Rock alternatif - Thermoboy mêle « le sucre de la pop, le gout âcre du punk et la saveur jouissive du bruit blanc ». Tout un programme ! Citons aussi Rémibricabrack, même s’il est plus souvent à Paris qu’à La Réunion. Contrebassiste hors pair, « guitarhero, chanteur, batteur », il est surtout « une bande de gars sympas a lui tout seul » : un phénomène ! Parmi les autres formations, citons aussi De l’air, Golgot_vr, Karma, I Say Thank You… Les lieux qui comptent 6 La Ravine des Sables - Dans ce lieu-dit situé entre Saint-Leu et l’Etang-Salé, l’association « Ravine des Roques » gère depuis 2006 un espace alternatif d’échange et de rencontre dédié au rock. Deux festivals privés, réservés aux membres, sont organisés chaque année : le Rock à La Buse (en juin ou juillet) et le Dr Alexis Rock Festival (en novembre). Outre quelques invités de prestige, on y retrouve les meilleures formations du genre à La Réunion. Plus d’infos : 06 92 64 52 62 ou www.myspace.com/ravinedesroques et www.ravinedessables.fr. 6 Le Kabardock - La salle portoise fait un patient travail d’accompagnement pour les groupes les plus prometteurs ; Warfield en a bénéficié dernièrement. Mais aussi, les Z’Ears, Rémibricabrack, Tukatukas, Free Jam, Rocksteady Sporting Club... Du lundi au samedi, les amateurs comme les professionnels ont accès à trois studios de répétitions en « ordre de marche » DOSSIER D O S I -p grin - pho to : D.R. (gérés par l’association F 42) et un studio d’enregistrement. Les trois salles de concert sont également employées dans le cadre de résidences, de séances de répétitions en conditions scènes ou d’atelier de création. Le tout pour un tarif horaire défiant toute concurrence : de 7 à 9 euros. Plus d’infos : www.kabardock.fr. Renseignements et réservations : 02 62 54 05 40. 6 Le Bato Fou - Outre quelques gros concerts pas piqués des vers (Sepultura à la dernière fête de la musique au Tampon), la salle désormais installée à Bourg Murat développe une démarche d’accompagnement d’artistes (BACKSTROKE notamment) qui porte aussi bien sur les aspects techniques que sonores, artistiques, juridiques et administratifs. Tous les deux mois, une soirée offre à deux groupes sortant d’une résidence la possibilité de se produire durant 1h15 face au public. Plus d’infos sur www. batofou.org. E R k Ris C AO p Sté ha nP elle S ho to : D.R eZ éro - . 6 Le Kerveguen - En attendant la réhabilitation d’un ancien entrepôt de la Compagnie des Indes sur le front de mer de SaintPierre, le Kerveguen est provisoirement installé au centre culturel Lucet-Langenier. Pierre Macquart y a déjà programmé Izia, Jabul Gorba, Lord Fester ou Inner Terrestrials, mais aussi des locaux confirmés : Warfield, Le Pain des Fous... A noter également la mise en place du « Son du Bahut », une scène tremplin pour les groupes lycéens sudistes avec à la clé une semaine de résidence artistique au Kerveguen et un concert au festival de Manapany. Plus d’infos : 02 62 25 73 60, le-kerveguen@mairie-saint-pierre. fr ou www.culture-st-pierre.fr. 6 Les festivals - Chaque année depuis dix ans, le Manapany Surf Festival offre à des groupes de rock locaux l’occasion de se confronter à de très grosses écuries nationales ou internationales. A Saint-Pierre, le festival Sakifo fait aussi une petite place aux pho to : D .R. groupes qui montent. Tout comme Leu Tempo festival, à SaintLeu, ou le festival Mizik A Pat de Mafate : en 2008, Riske Zéro y a mis le feu devant presque 2 000 aficionados ! Enfin, citons le Tampon Rock City Festival, qui a fêté sa cinquième édition cette année à l’occasion de la fête de la Musique. 6 Les Caf’conc’ et autres bars musicaux - Ils sont nombreux à La Réunion, mais ceux-là nous semblent ouvrir plus souvent leurs portes au rock : Le Pub à Tapas, Le Long Board Café, Le Shamrock et Le Code Bar (ex-Bug), à Saint-Pierre ; Les Récréateurs, Le Mac Evans et Le Café Moda, à Saint-Denis ; Le Coup de Bol, à La Possession ; L’Ilot, à Saint-Louis ; Le K, Le 211, Le Comptoir et La Rondavelle, à Saint-Leu ; La Gueule de Bois, L’Hémisphère et Le Coco Beach, à l’Hermitage ; Le Full Brasserie, à Saint-André ; Chez Chef Hugo, à La Plaine des Palmistes ; Le Latino, au Tampon… Trois questions à Pierre Macquart Créateur de l’association Jazzomaniaques, maître chanteur du regretté Ti’bird, ex-barreur du Bato Fou, programmateur du Manapany Surf Festival, Pierre Macquart est aussi l’instigateur de manifestations qui ont donné leur chance aux plus jeunes : la Clameur des Bambous en lien avec le Théâtre du même nom à Saint-Benoit qui en est le fondateur, Musikolycée, Tremplin rock... Aujourd’hui à la tête du projet Kerveguen, ce rocker dans l’âme et sans (contre)façons livre ses réflexions sur le rock à La Réunion. 6 Muzikalité : Le rock à La Réunion, ça remonte à quand ? Pierre Macquart : Ça a démarré comme partout, dans les années 1960 avec les yé-yé. Mais le mouvement a pris de l’ampleur dans les années 1970. On ne le sait pas trop mais Alain Peters ou René Lacaille ont commencé par faire du rock. Puis on a vu débarquer des groupes comme Caméléon, Elise et les Cocotiers bleus... Cela dit, ça a très vite dérivé sur du jazz rock. Ensuite, d’autres ont émergé. Je pense à Jean-Michel Pouzet ou Alain Mastane, par exemple. Puis il y a eu Joe Sparing & The Partners en 1990. Ils ont même été dans la sélection Découverte du Printemps de Bourges en 1997ainsi que Rapidos’. A l’époque, ça avait fait scandale car les politiques locaux disaient que ce n’était pas de la musique d’ici. Depuis, heureusement, les choses ont bien évolué. Muzikalité : Qui sont les artisans de ce changement des mentalités ? Pierre Macquart : La création des scènes de musiques actuelles, au début des années 1990, a beaucoup aidé. Je me souviens d’une soirée balèze en 1991 au théâtre de Saint-Gilles avec FFF. Dans la même période, le Palaxa ouvrait ses portes à Saint-Denis. Mais tout ça répondait à un vrai mouvement dans la jeunesse. Lorsqu’on a lancé les premiers tremplins lycéens au Bato Fou, on avait que des groupes de rock ! Le lycée Rolland Garros du Tampon, notamment, était un gros pourvoyeur car ils avaient une classe de musique où les gamins jouaient beaucoup. Mais d’une manière générale, le Sud est un bastion. De Saint joseph au Tampon, en passant par SaintPierre ou les Avirons, les lycées du grand Sud ont vu éclore des groupes talentueux. Je pense à Nazca, Route 66, Zool, Shaka... Et bien d’autres ! Ensuite, vers la fin des années 1990, on a lancé le Rougail Rock. Pendant huit ans, on a produit pas mal de jeunes d’ici et quelques grosses têtes d’affiche. Les premiers, c’était Mass Hysteria. Muzikalité : Aujourd’hui, comment le mouvement se structure-t-il ? Pierre Macquart : Il y a de nouveaux festivals qui naissent, des tendances qui se dessinent et surtout une identité locale qui commence à émerger. Du rock en créole, c’est pas banal ! Mais Free Jam le fait très bien. On peut citer aussi Miky and The Stirrers. Quand ils sont partis à Toulouse il y a cinq ans, ils chantaient en anglais. Là-bas, ils ont rajouté un roulèr. Maintenant, ils se sont fait connaître à La Réunion et ils chantent en créole. Reste que la principale caractéristique de ce mouvement est son constant renouvellement. A part Taboo, peu d’anciens sont restés. Il faut bien constater que les jeunes n’ont pas tellement de lieux pour tourner. Beaucoup préfèrent s’expatrier pour prendre de la maturité et espérer percer. A cet égard, un groupe comme Nutcase est assez emblématique. Ils sont partis s’installer à Paris et ils ont fini par représenter l’île de France au Printemps de Bourges ! Difficile de les blâmer : à La Réunion, il y a beaucoup de groupes qui sortent mais le grand public n’est pas encore acquis. Dans les concerts, on voit souvent les mêmes têtes ; et ça fonctionne par chapelles. Je me souviens qu’en 2007, le Rougail Rock de Saint-Gilles avec Therapy? avait pris le bouillon : à peine 150 spectateurs... Bref, on est en bonne voie mais il y a encore du boulot ! 11 SUR LE SECTEUR S U R L E S E C T E U R Mirage Prod : du rêve à la réalité Malgré quelques jolies réalisations, le « home studio » de Patrick Niamdila est un peu en panne de projets. Mais le leader du groupe Mirage n’est pas à une aventure près. La preuve : avec d’autres artistes motivés, il vient de donner corps à un projet qui, pour le coup, n’a rien d’un mirage : la « Fiesta Créole ». Après avoir connu le succès avec le groupe Mirage dans les années 1990-2000 chez Discorama Production, Patrick Niamdila s’est lancé dans l’autoproduction au sein de son propre studio : Mirage Prod, basé dans son appartement de Sainte-Suzanne. Le dernier CD de la formation (« tcheck mon séga ») a ainsi été réalisé « à la maison » ainsi que les albums de Cliff Azor, Jimmy Caz et Selio. Mais faute de moyens et de subventions, les rêves en grand de Patrick se heurtent aux dures réalités. Aujourd’hui, son « home studio » est d’abord le lieu où germent ses idées et ses maquettes : « Pour l’instant, on fait vivre la musique, mais on ne peut pas vivre de la musique », explique-t-il comme pour s’excuser des faibles moyens « maison ». En attendant, le groupe Mirage fait ce qu’il a toujours fait : des concerts en soirées privées, en discothèque ou sur les podiums de quartier, en n’hésitant pas à rassembler l’écurie artistique du label. Accompagné de Mamo, compositeur notamment du tube « Cafrine de miel », Patrick évoque d’ailleurs une aventure qui lui tient particulièrement à cœur : la « Fiesta Créole ». A l’origine du projet, Erick Assani, gérant de Baster Prod, a réuni un collectif d’artistes prêts à défendre leurs chansons aux rythmes ensoleillés. Parmi eux, Patrick, Mamo, Cliff Azor, JeanRoland Miquel et Selio font résonner séga, seggae, et reggae à l’unisson. Cinq chanteurs pour une même scène et un même orchestre, c’est tout le concept de la « Fiesta Créole » ! « Le but est de valoriser la musique et les artistes créoles tant auprès du grand public que des professionnels, reprend notre hôte. Nous voulons montrer comment La Réunion fait la fête, comment elle s’amuse. Bref, apporter du soleil aux gens. » C’est chose faite depuis le mois de mai dernier puisque la troupe est partie donner du soleil à toutes les grandes villes de métropole à l’occasion d’une jolie tournée. De retour au pays, le 21 août, c’est le théâtre du Tampon qui les accueillait – à guichet fermé, s’il vous plaît ! Séduite, la ville sudiste leur a même proposé une autre date, le 15 octobre, pour la 27ème édition des Florilèges. Pour Patrick et Mamo, la « Fiesta Créole » forme un bloc solidaire : « C’est un moyen de se démarquer et de promouvoir notre musique du mieux possible ». A leur sens, elle est même le signe d’un changement des mentalités. « L’artiste réunionnais évolue, la compétition qui pouvait exister a laissé place à l’entraide et à la solidarité. Auparavant, deux leaders n’auraient jamais accepté de partager une interview, comme aujourd’hui par exemple. » CQFD ! Mirage Prod : 5, rue de la digue, Apt. 15, à Sainte-Suzanne. Contact : 06 92 15 58 02 - [email protected] et www.niamdilapatrick.skyrock.com. Studio Volcan : un studio à la maison, pour la maison ! Le studio Volcan c’est avant tout l’histoire d’une famille passionnée de musique. Entre production, scènes et promotion, chez les Ichane, on fait tout de A à Z ! Tour d’horizon. quatre albums à son actif ; et pour finir, la mère, qui manage cette fine équipe. On l’aura compris, les Ichane sont une grande famille d’artistes qui occupe une place de choix dans le paysage phonographique réunionnais. Basé à Sainte Anne, à quelques mètres de la demeure familiale, le studio Volcan a vu le jour en 2001. Créé au départ dans un désir d’autoproduction, « pour ne pas dépendre d’une Major », le studio a peu à peu ouvert ses portes aux artistes locaux. A la fois familiale et professionnelle, la structure compte pas moins d’une cinquantaine d’albums produits pour une trentaine d’artistes tels Gang Of Kamelia, Bourgeon ou encore Nout Racine ! Côté style, les productions maison font dans le séga, le seggae, le ragga dance-hall et autres sons associés. Mais le studio revendique une liberté de choix sur laquelle il n’entend rien céder. « Nous avons déjà refusé de produire certains artistes car leur musique ne nous correspondait pas, explique Philippe Ichane. Il n’y a pas de critère spécifique mais nous fonctionnons au coup de cœur. » Les derniers nés du studio sont centrés sur les deux frères : « Ti’ Barth à la guitare » et « Toulou en live », également disponibles en version DVD. Au-delà, la famille fait dans le multicartes : représentations dans les communes de l’île, shows à la demande (mariages, anniversaires, communions), promotion des albums, concerts, cours de guitare et de piano… Côté actualité, des concerts sont prévus aux théâtres du Tampon et de Saint-Gilles dans les mois à venir, mais sans date fixe pour l’instant… Ouvrez l’œil ! Dans la famille Ichane, je voudrais… le père, alias Philippe, chanteur et guitariste du groupe Volcan ; le fils aîné, Toulou, artiste à part entière et ingé-son du studio ; le petit cadet, Ti’ Barth, jeune artiste de 12 ans qui enchaîne les représentations et les succès avec déjà 12 Studio Volcan : 210, bis chemin du cap, à Sainte-Anne. Plus d’infos : www.studiovolcan.com. Contacts : 06 92 70 74 64 ou [email protected] SUR LE SECTEUR S U R L E S E C T E U R Chez Sidat, le disquaire sort l’artillerie lourde Disquaire et armurier ? Pas banal ! Mais cette boutique pas comme les autres existe. Vous la trouverez rue Maréchal Leclerc, à Saint-Denis. Derrière l’imposant arsenal exposé en vitrine se cache une véritable caverne d’Ali Baba. Sésame, ouvre-toi ! Depuis 1941, l’enseigne se transmet de père en fils ! Et en soixante-neuf ans le concept n’a pas changé : on trouve de tout chez Sidat. Dans ce magasin qui ne désemplit pas, il n’y a qu’un pas entre les armes et les disques. Pas banal ! Mais pourquoi ce curieux mélange ? Le gérant lui même ne l’explique pas vraiment. « La boutique était initialement une échoppe de souvenirs, explique Ahmed Sidat, l’indéboulonnable maître des lieux. De fil en aiguille, pour satisfaire les demandes des touristes comme des habitués, on a fait des armes… et des disques » ! Lorsque l’on franchit la porte, on ne sait où poser l’œil tant le choix est divers et varié. A l’impressionnante collection de couteaux succède, entre autre bric-à-brac, des briquets Zippos, des articles de pêche ou des T-shirt Bob Marley. Mais ne vous méprenez pas, la spécialité du lieu reste avant tout la musique ! Les étagères débordent d’un choix assez diversifié où la musique créole domine. Ahmed Sidat se revendique d’ailleurs spécialiste en la matière. Mais il propose aussi un large choix de Compas (ou Konpa), une musique haïtienne apparentée au Merengue ou au Calypso, sur un rythme plus lent. Avis aux mordus de ce style : c’est ici que vous trouverez la pépite ! Quand on l’interroge sur l’opportunité de venir chercher l’introuvable ici, Ahmed a d’ailleurs sa réponse toute prête : « Bien sûr que vous le trouverez ici ! Mais vous viendrez avant tout pour le choix, le prix, l’écoute possible de tous les CD et enfin l’accueil ». Avant d’insister : « Surtout le prix ». Bref, la boutique Sidat est une vraie caverne d’Ali Baba. Le touriste rentre perplexe, l’habitué sait ce qu’il va trouver, mais en définitive tout le monde y trouve son trésor ! Sidat, disquaire et armurier : 122, Rue Maréchal Leclerc, à Saint-Denis – 02 62 40 92 45 Z’imazes Créoles : quand le disque continue de tourner rond ! Le dernier CD de Micky Green ? La BO de Dirty Dancing ? La quête de la perle rare ? Qu’importe votre motivation, le plus ancien disquaire du Sud de l’île saura répondre à vos attentes ! Voyage au cœur de l’univers boisé d’un des derniers disquaires traditionnels de La Réunion. Quand la passion a poussé Philippe Roy à ouvrir son magasin de disques il y a trente-et-un ans, il était loin d’imaginer l’évolution alors imminente de la technologie et du métier. De fait, le téléchargement et le développement des enseignes de distribution ont mis en danger de mort pas mal de disquaires de l’île. C’est donc contre vents et marées que Philippe a développé sa boutique. Cela n’a pas toujours été facile : des trois employés d’origine, il n’en reste aujourd’hui aucun. Pourtant, lui est toujours là. Et s’il concède que l’avenir de la profession est pour le moins incertain, il le fait avec la sérénité de celui qui en a vu d’autres. Dans un tel contexte, la recette du succès réside sans doute dans le penchant généraliste et traditionnel de son petit commerce de proximité. « J’essaie de présenter des fonds de catalogue relativement complets, explique-t-il. Si vous cherchez Hendrix par exemple, vous trouverez l’ensemble de sa discographie, pas simplement son best of. » Comme il aime à le préciser, Philippe Roy ne vend « que de la musique mais toute la musique ». Et peu importe le support ! De la cassette au CD en passant par le vinyle ou le DVD, c’est un choix très varié de styles musicaux sur autant de supports différents qui s’offre au chineur passionné. Mais attention, limiter le succès de Z’imazes Créoles à son coté traditionnel, ce serait oublier l’accueil chaleureux et les conseils avisés que saura vous prodiguer Philippe Roy, dans une atmosphère où il fait bon vivre, au cœur de Saint-Pierre. Alors certes, les temps sont plus difficiles qu’auparavant pour ce disquaire traditionnel. Mais les clients – abondants durant toute l’interview – sont la preuve que le disque continue de tourner rond dans le Sud de La Réunion ! Z’imazes Créoles : 137, rue Marius et Ary Leblond, à Saint-Pierre. Contact : 02 62 25 51 37. Plus d’infos sur : www.zimazes-creoles.com 13 RESSOURCES R E S S O U R C E S Introduction aux demandes de subventions Cette fiche vise à expliciter la démarche de demande de subventions mais tient pour irremplaçables les échanges, la confrontation d’approches, de compétences et expériences, les réponses prenant, bien évidemment, une ampleur toute différente selon qu’il s’agit d’une manifestation ponctuelle ou d’un grand chantier. Quelques conseils donc plus qu’une recette miracle. 6 L’initiative culturelle Un projet culturel doit, avant tout, être habité. Porté par ces indicateurs mal mesurés que sont l’enthousiasme et l’engagement. Aventure et pari sur l’avenir, il appelle l’initiative, la responsabilité, la diversité, restera imprévisible et évolutif. Il devra pourtant, en même temps, être géré. Précisons enfin : la condition nécessaire du projet dit culturel c’est, en son coeur, la présence d’une oeuvre. Celle-ci, néanmoins, ne suffit pas : il doit y avoir rencontre. Inscription dans la cité. Un projet culturel c’est, osons une formule, une oeuvre, un public, des partenaires. 6 Les différentes subventions On peut distinguer différents types de subventions : - les subventions de fonctionnement (paiement des salaires, frais de fonctionnement en général) - les concours en nature (prêt de salle ou matériel) - les subventions d’équipement destinées au financement de biens durables (ordinateur…) et de travaux - les subventions sur un projet ponctuel (création, diffusion, festival…) 6 Dans tout type de demande de subventions, vous devrez joindre à votre dossier : - un projet détaillé de l’action : l’objectif à atteindre, le public visé (nombre, tranche d’âge), le lieu de réalisation et la période. - l’objectif de la demande : pour quelle structure, quels moyens humains et matériels, quel impact économique du projet. - la stratégie de la structure afin de mener à bien son projet. - le plan de communication pour promouvoir vos projets. - un budget prévisionnel équilibré - Une lettre de demande de financement Selon l’organisme ou vous déposez votre demande, il vous faudra remplir un dossier et joindre différentes attestations de votre structure. 6 Les aides à la création, à la production discographique et à la tournée Les aides sont attribuées à différents types de bénéficiaires répondant à des critères spécifiques. Certaines aides sont mobilisables directement par les artistes ou les équipes artistiques (compagnies). D’autres sont réservées aux professionnels des filières spectacle ou disque qui gèrent le développement de l’artiste (tourneur, label discographique). Les modalités de sélection des projets peuvent également être très différentes : commission, comité d’expert, service d’une collectivité ou de l’Etat. Les critères varient en fonction de la personne morale qui attribue la subvention (les sociétés civiles des artistes interprètes privilégient le salariat des artistes interprètes). Le montant des aides mobilisables est également variable en fonction des dispositifs (de quelques centaines à plusieurs dizaines de milliers d’euros). Certaines aides sont attribuées sur plusieurs années (conventionnement). D’autres ne peuvent être sollicitées qu’une seule fois. 6 Les aides à la création, à la structuration, à la résidence : Il s’agit des aides existantes et mobilisables par les artistes et les compagnies en région et au plan national. 6 Les aides à la production discographique et au vidéo clip : Il s’agit des aides existantes et mobilisables par les artistes et/ou leurs partenaires professionnels en région et au plan national. 6 Les aides à la diffusion et à la tournée : Il s’agit des aides existantes et mobilisables par les artistes et/ou leurs partenaires professionnels en région et au plan national. ORGANISMES LOCAUX Région Réunion www.regionreunion.com DRAC Réunion www.reunion.pref.gouv.fr/drac Conseil Général www.cg974.fr Association pour le développement du cinéma, de l’audiovisuel et du multimédia - www.adcam.org ORGANISMES NATIONAUX Société civile pour l’Administration des Droits des Artistes et Musiciens Interprètes - www.adami.fr Société de Perception et de Distribution des Droits des Artistes-Interprètes de la Musique et de la Danse - www.spedidam.fr Centre National des Variétés - www.cnv.fr Société des Auteurs Compositeurs - www.sacem.fr Société civile des producteurs de phonogrammes en France - www.sppf.com Société Civile Producteurs Phonographiques - www.scpp.fr Fonds pour la Création Musicale - www.lefcm.org Musique Française d’Aujourd’hui - www.musiquefrancaise.net Centre National de la cinématographie - www.cnc.fr A.CH 14 RESSOURCES R E S S O U R C E S Retour sur deux rencontres Muzikozman Vous n’y étiez pas, Runmuzik vous propose de replonger dans deux recontres muzikozman organisées fin juin dans ses locaux en partenariat avec Musik Océan Indien et la SACEM. 6 Le marché de la musique à l’heure numérique Fabrice Absil connaît très bien le marché de la musique enregistrée. Tour à tour représentant, éditeur, manager, tourneur et aujourd’hui responsable de l’éditeur numérique Absilone, il dresse un bilan contrasté du marché numérique entre croissance et restructuration. 6 Le booking, la scène et l’artiste, rencontre avec Jean-Luc Mirebeau, Bob El Web Le spectacle vivant a suscité de nombreux espoirs lorsque le marché du disque a commencé à s’effondrer il y a quelques années. En 2009, le chiffre d’affaires des concerts a été supérieur à celui du disque. Derrière ce constat , Jean-Luc Mirebeau, ancien tourneur (booker) reconverti dans le développement de logiciels de gestion pour professionnels du secteur, dresse un état du marché et des pratiques. Les transformations du marché du live - des licenciements dans les maisons de disques - mise en place de stratégie 360 ° par les maisons de disques prenant en compte la totalité de la carrière de l’artiste : édition, management, booking... - les bookers ont aussi fait le pari du développement d’artistes même s’ils le faisaient depuis longtemps ; par exemple : produire le disque d’un artiste qui n’en avait pas. - apparition de grosses structures du type Live Nation (15 % du marché mondial). Ces structures possèdent des salles (la moitié des salles privées de Belgique pour live Nation et la totalité des Arenas), des moyens de promotion (pub, médias…) et travaillent en autonomie et avec une puissance de frappe très différente des bookers indépendants. - au croisement de plusieurs logiques, l’économie du live s’est gonflée artificiellement grâce à une augmentation du prix des places et à quelques têtes d’affiches (Johnny, Indochine, Polnareff…). «Le marché du spectacle vivant en France reste cependant l’équivalent du Chiffre d’affaires d’un hypermarché.» Le rapport entre le tourneur et l’artiste Deux logiques qui coexistent La logique d’un artiste et celle d’un tourneur ne sont pas les mêmes. Le premier cherche à rentabiliser son activité, le second à se développer. Il faut donc que l’artiste se développe au début tout seul ou avec un manager : trouver des dates, produire son disque, faire sa promotion. Celà passe par le fait de solliciter des réseaux et des échanges réciproques. ex : organiser une tournée à La Réunion pour un groupe qui en montera une en métropole pour le groupe réunionnais. Ce dernier exemple est très fréquent dans les milieux du rock indé, du métal, du jazz… Deux idées fortes : DO IT YOURSELF + mutualisation Donner des garanties «Le tourneur vient souvent à la rencontre du succès» c’est à dire qu’il a besoin de plusieurs garanties avant de s’engager avec l’artiste : - une proposition artistique valable - une connexion avec le public démontrée et potentielle - des preuves de succès : ventes de disques, concerts remplis… - une structuration professionnelle performante lui offrant des garanties de partenariat - une configuration économique de projet viable : «pas trop de monde sur la route» - un engagement de l’artiste sur le long terme > pérennité - actualité : promotion, disque… Trouver sa rémunération La rémunération du tourneur se fait sur la vente à hauteur de 15 à 25 % du montant prévu par le contrat de cession. Le reste rémunère l’artiste et le manager par un pourcentage perçu par ailleurs sur tous les revenus : souvent 10%. Pour les artistes en développement, il est conseillé à l’artiste de continuer à chercher des dates mais de confier au booker le soin de conclure les contrats. Cela permet de renforcer la collaboration entre les deux parties. Le succès avec un tourneur Les tournées sont souvent le fait du tourneur et répondent à une alchimie difficile à controler. Pour fonctionner, la proposition artistique vendue par le tourneur doit convaincre : - les réseaux professionnels : Scènes de Musiques Actuelles, médias, éditeurs, festivals… En la matière, un networking intelligent est plus efficace que du matraquage. - le public : c’est une des clés du succès et la force d’un groupe : la capacité à déplacer des foules. Le marché de la musique numérique occupe une part croissante dans le marché de la musique enregistrée jusqu’à être plus important que le marché physique aux Etats-Unis par exemple. Le marché de la musique enregistrée reste cependant en diminution de 60% sur 7 ans et sans comparaison avec d’autres secteurs de l’économie. A titre d’illustration, le marché au détail de la musique en France s’élève à 960,6 M€ TTC (chiffres de l’Observatoire de la musique en 2009) contre les 900 milliards que représente le chiffre d’affaires d’Orange. Le marché du numérique : une hausse en ralentissement En 2009, le chiffre d’affaires du marché de la musique numérique (hors streaming et sonneries musicales) atteint en France 73,5 M€ TTC, en progression de +19,7% en 2009. Depuis 2007, la croissance du marché de la musique numérique est de +35,2% en volume et +82,8% en valeur. La part de marché de la musique numérique sur le marché de la musique enregistrée, s’établit à 7,7% en valeur (en hausse de +1,8 pt en 2009) (Source Observatoire de la Musique). L’apparition de nouveaux acteurs : - les agrégateurs : parmi les plus gros : The Orchard, IODA, BELIEVE, Tune core Ce sont les distributeurs in line c’est à dire qu’ils distribuent les catalogues de nombreux labels sur le net. Les majors gèrent souvent quant à elle, en direct les rapports qu’elles entretiennent avec les plate-formes. - les plate-formes : ce sont des magasins en ligne. La plus grosse I TUNES : 70% de part de marché devant Virgin mega, puis Fnac.com. - les sites en streaming : gratuits ou payants : Deezer, Last FM, Spotify. Une des données essentielles est la prégnance d’opérateurs possédant les tuyaux (Orange, SFR…) ou des fournisseurs de Hardware. Ces acteurs sont plus importants financièrement que les acteurs traditionnels de la distribution et ont des problématiques de rentabilité importantes. On observe donc un transfert d’opérateurs ayant imposé des standards (Philipps, CBS…) à de nouveaux entrants maîtrisant les canaux ou les appareils de lecture. Ces entrants imposent un formatage du marché et de ses modes de fonctionnement : prix unique des albums ne tenant pas compte des coûts de production, vente au single privilégiée… La musique est-elle gratuite ? Il s’est opéré un transfert de l’achat de musique vers l’achat d’appareils à haute dose technologique. Le contenant prime sur le contenu. Un titre écouté en streaming peut rapporter 0,001 euros au producteur ; un titre téléchargé 0,70 centimes. Un album rapporte 6 euros mais cela varie selon les plateformes. Certains albums sont ainsi venus à 2 euros : les nouveaux acteurs imposent de nouvelles normes. De nouveaux modèles économiques - la longue traîne : traduisez «faire peu d’argent sur beaucoup d’actes de consommation». Il apparaît donc nécessaire de mondialiser sa démarche de vente pour dégager des profits sur les quantités. Deux exemples illustrent ce propos : . sur 100 % des actes de consommation de musique en numérique 97 % relèvent du streaming moins rémunérateur et 3% en téléchargement. . sur le marché du téléchargement : 85 % des ventes se font au titre / 15 % à l’album. - l’acte de vendre de la musique ne se rentabilise pas : la musique d’un artiste devient une marque. Il s’agit de trouver du profit autour de l’artiste en développant des «new business» : synchronisation, ventes liées, nouveau marketing... Mos Def a par exemple vendu un t-shirt avec un code permettant de télécharger son nouvel album. Comment vendre sur le net ? - segmenter ses ventes et cibler : le digital offre une visibilité sur ce qui se vend, à quel endroit. Du coup, l’information devient le nerf de la guerre. - se développer à grande échelle sur le net, les réseaux… Attention un référencement payant n’est pas toujours rentable... - repérer les noeuds de réseau et les prescripteurs : ex Perez Hilton, Music Story. - do it yourself : suivre en direct ou se faire aider par des acteurs performants (et pas forcément les maisons de disques). Le net regorge d’outils et de démarche novatrices : animoto, Derek Sivers… Plus d’infos sur les solutions Bob el Web www.bobelweb.eu 15 ZONE OCÉAN INDIEN Z O N E O C E A N I N D I E N La Réunion à l’honneur en Australie Le deuxième week-end de novembre, La Réunion sera tout en haut de l’affiche à l’occasion du 7ème « French festival » d’Adélaïde. 6 Du 12 au 14 novembre prochain, l’Alliance française d’Adélaïde en Australie organise son 7ème « French festival », une manifestation biennale qui met en valeur une région française à chaque nouvelle édition. Bonne nouvelle, après la Provence en 2008, c’est La Réunion qui sera à l’honneur cette année. Durant trois jours, notre île se présentera sous ses meilleurs atouts. Dans le cadre des nouvelles orientations culturelles impulsées par la Conseil Régional, La Réunion pourra afficher toute ses richesses : sa diversité culturelle, ses charmes touristiques, son dynamisme économique et la qualité de son enseignement universitaire … Au-delà d’une belle promotion pour la destination Réunion, l’opération devrait également permettre de tisser de nouveaux liens avec les structures et les acteurs culturels australiens ; l’objectif étant d’aboutir à des accords de coopération à court et à long terme dans différents secteurs. Le volcan et la mer qui représentent d’excellents produits d’appel pour le développement touristique seront valorisés grâce à Kélonia et de la Maison du Volcan qui auront la formidable opportunité de présenter une exposition résolument scientifique au sein du prestigieux « South Australian Museum » Côté festif, la délégation réunionnaise se déplacera avec un pool d’artistes représentant toute la richesse et l’éclectisme de notre île : Meddy Gerville, Pat’ Jaune, JF Gang, Fabrice Legros, Nathalie Natiembe et les Tambours Sacrés pour la musique, mais aussi les danseurs de Soul City et les artistes plasticiens David Imaho, Richard Blancquart, Jimmy « La Buse » Cadet et Richard Riani. Pour l’essentiel, ces artistes se produiront à Carrick Hill, un parc de 5 hectares qui se présente comme un site de choix pour des concerts, des spectacles de danse et des expositions d’œuvres en plein air. De quoi répondre aux attentes d’un public australien réputé avide de découvertes ! A noter que les Tambours Sacrés seront également les invités d’honneur de la célèbre « Pageant » du 13 novembre, une parade de Noël retransmise à la télévision et qui réunit chaque année pas moins de 400 000 spectateurs dans le centre ville. Reste que ce « French festival » est aussi un marché encore trop peu exploré par nos artistes. C’est pour cette raison que le Conseil Régional de la Réunion a choisit de soutenir et d’accompagner artistes et professionnels réunionnais de la musique, de la danse et des arts plastiques lors de ce festival : tourneurs, programmateurs, distributeurs, galeristes, directeurs de musées ou d’écoles d’art… Plus qu’une date supplémentaire dans le programme de tournée des artistes, le « French Week » pourrait donc être l’occasion d’investir un nouveau marché et de faire rayonner notre culture métisse sur la scène internationale. Australasian World Music Expo 6 La troisième édition de l’AWME (Australasian World Music Expo) se déroulera à Melbourne (Australie), du 18 au 21 novembre. Principal événement du genre dans la région AustraliePacifique, ce salon professionnel centré sur les musiques du monde propose un joli programme de conférences, rencontres et show-cases. Réunissant un large public, des musiciens de tous les pays et de nombreux professionnels de l’industrie musicale, la manifestation promet quatre jours intenses de travail et de découverte. Outre des sessions live en soirée, les journées seront consacrées aux forums et autres rencontres professionnelles. L’occasion de nouer de solides relations avec tout ce que la planète compte de managers, tourneurs, labels et médias spécialisés. Parmi les artistes invités cette année, citons Fémi Kuti, Groundation, Bombay Royale, That 1 Guy, Frank Yamma, Electric Wire Hustle, Dan Sultan, The Cumbia Cosmonauts, Katie Noonan, Black Jesus Experience, Graveyard Train ou encore… Nathalie Natiembé ! Plus d’informations sur www.awme.com.au Festival Kréol des Seychelles 6 La 25 eme édition du Festival Kreol des Seychelles se tiendra du 22 octobre au 1er novembre prochain. Une plongée dans les cultures créoles de l’île entre musique, conte, théâtre, danse et artisanat. Le festival se tiendra dans les principales îles de Mahé, Praslin et La Digue. Un événement qui associe les artistes, les scolaires, le jeune public, les institutions et les associations locales. Dans le cadre d’une convention culturelle avec les Seychelles, La Réunion sera largement représentée sur cet événement. En plus de la délégation «officielle» comprenant Monsieur le Prefet, les représentants de la DRAC, de la Région Réunion, du Conseil Général, de la Mairie de Bras-Panon, sont aussi invités le PRMA-Runmuzik, le percussionniste Donnadieu Thomas, 16 Lundi Production ainsi que les Théâtres Départementaux. Cette délégation serait incomplète sans des artistes réunionnais parmi lesquels Christine Salem, des membres du collectif Koze Conte, Lindigo, Richard Vildeman (artiste plasticien), Benjam ou encore les B.Girls. L’occasion pour le PRMA de présenter son nouvel album Takamba CD/DVD avec livret de 84 pages dédié à la musique traditionnelle seychelloise et au musicien et facteur d’instruments Patrick Prosper dit «Ton Pat’». Runmuzik est également associé à un séminaire sur l’accompagnement, la structuration et la professionnalisation des artistes