Fichier PDF (200 ko) - Transfert de Technologie en Agriculture

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Royaume du Maroc
BULLETIN MENSUEL D'INFORMATION ET DE LIAISON DU PNTTA
TRANSFERT DE TECHNOLOGIE
EN AGRICULTURE
Ministère de l’Agriculture et de la Pêche Maritime
MAPM/DERD
●
Décembre 2007 ●
Utilisation du bec Kemper
pour la récolte du maïs
ensilage
Introduction
Au Maroc, c'est généralement le bec frontal classique à 4 rangs (rarement 6 rangs) qui est utilisé
pour récolter le maïs ensilage. L'utilisation de ce
bec suppose cependant des semis à écartement
standard figé de 70 cm, qui est celui du bec. Dans
les parcelles irriguées à la raie, par aspersion ou
par pivot, et dans les parcelles de goutte à goutte conduites en lignes simples, ce type de semis
ne soulève aucun problème particulier, si ce n'est
de reproduire exactement l'écartement interligne
exigé, afin que les pieds de maïs n'échappent pas
au bec au moment de la récolte.
Ce n'est plus le cas dès lors que le maïs est semé
avec d'autres écartements, entre autres en lignes
jumelées avec un double interligne (ex. 45 cm
entre les lignes et 95 cm entre les doubles lignes).
Le bec classique n'étant plus aisément utilisable
et il faut alors lui substituer une tête de récolte à
tambours conçue pour récolter le maïs et les autres plantes fourragères, quels que soient le sens
du semis et l'écartement entre rangs.
Le but de ce bulletin est de relater les résultats
d'un suivi réalisé en été/automne 2006 dans la
région de Larache (zone de Laouamra) et complété dans la région du Gharb (zone de
Moghrane), sur le bec Kemper Champion M4500,
monté sur une ensileuse automotrice John Deere.
étude est de marque John Deere, série 6850, de
puissance 455 CV. Comme toute ensileuse de ce
genre, la machine est équipée d'une chambre
d'alimentation, constituée d'un laminoir de 4
rouleaux (2 rouleaux d'entrée et 2 rouleaux de
sortie), d'un hacheur à tambour de 56 couteaux
(4 x 14), d'un éclateur de grains, en plus de l'équipement d'affûtage et de détection de métal
électromagnétique pour la protection du groupe
ensileur.
L'entraînement principal s'effectue à l'aide d'un
arbre à cardans à partir de la boîte de vitesses
réversible située du côté gauche de la machine.
Nature des observations
réalisées
Les observations ont été réalisées en été/automne 2006 à la ferme de Bargha de la société
Mazaria, sise dans la région de Laouamra (terrains
de texture très sableuse, 650 ha de maïs semé en
lignes jumelées et irrigué au goutte à goutte,
écartement entre lignes de 45 cm, écartement
entre doubles lignes de 95 cm) et complétées
ensuite à la ferme de la société Bassita à
Moghrane (terrains de texture très argileuse et
hydromorphes, 320 ha de maïs semé en lignes
jumelées et irrigué au goutte à goutte, écartement entre lignes de 45 cm, écartement entre
doubles lignes de 95 cm). Elles ont porté en particulier sur l'organisation des chantiers, l'efficaciEléments techniques sur
té du bec, le rendement horaire, les facteurs améle matériel
liorants ou aggravants de ce rendement, la qualiLe récolteur à tambours, objet du présent suivi, té du travail, le coût d'utilisation, et enfin le comest de marque Kemper (Champion-type M4500) portement spécifique de la machine dans les terd'une largeur de travail de 4,55 m. Il comprend rains de chacune des deux régions concernées.
un cadre de montage, deux étriers et quatre tambours d'alimentation équipés de scies à lames,
Résultats obtenus
deux tambours de convoyage, des pointes de
diviseurs (centrale, grandes, petites), des rele- Efficacité du bec
veurs de tiges, une vis sans fin rotative de Dans la pratique, l'efficacité du système peut être
chaque côté, et des limiteurs de couple mesurée en première approximation par la diffé(embrayages à friction pour l'entraînement prin- rence entre le nombre total de pieds de maïs précipal et pour les tambours).
sent sur le passage du bec au moment de la
Les tiges sont coupées par la scie à lames et récolte et le nombre réel récolté par ce dernier.
entraînées successivement par les dents des tam- Elle représente les pieds et les parties de pieds
bours d'alimentation et des tambours de convoya- ayant échappé au bec (pied intact non coupé, en
ge, qui les acheminent dans un flux longitudinal partie raté, épi abandonné sur le sol, écrasé,
vers les rouleaux de pré-compression, la chambre égrené,…), pour différentes raisons. Soit:
de hachage et l'éclateur de grain de l'ensileuse. Le
E = 100 - (N/D)*100
produit est ensuite transféré dans le cône d'éjecOù E représente l'efficacité en %, N nombre de
tion et expulsé par la tuyère vers la remorque.
L'ensileuse équipée de tête Kemper sur laquelle pieds non récoltés ou mal récoltés et D la densil'essentiel du suivi a été réalisé dans la présente té totale en nombre de pieds/ha.
PNTTA
SOMMAIRE
n°
159
Récolte de fourrages
Eléments techniques sur le matériel........... p.1
● Rendement et qualité du travail du matériel.. p.2
● Coût d’utilisation du bec kemper................. p.3
● Conclusion..................................................... p.4
●
L'efficacité E est le résultat de divers paramètres
dont la technologie du bec lui-même, l'état
général de ce dernier au moment de la récolte,
l'état des pièces maîtresses de travail tels que les
diviseurs, la scie de coupe ….l'état du terrain
(nivelé ou non, présence de billons, rigoles, …),
l'état du maïs (dressé, en partie versé).
Pour une valeur de D de 90.000 pieds/ha, qui
correspond à l'ordre de grandeur des peuplements le plus souvent recherchés en irrigué au
Maroc, et une hypothèse de perte N égale à 1000
pieds/ha, on a E de l’ordre de 99 %.
Les mesures effectuées dans le cadre du présent
suivi, sont mentionnées dans le tableau 1. Sauf
dans des cas de figure où la récolte se déroule
dans de mauvaises conditions (récolte trop versée, stade de coupe trop tardif, terrain boueux
avec beaucoup de bourrage,…), en général, le
pourcentage de pieds échappant au bec est très
faible (perte < 0,7 %) et témoigne d'une grande
efficacité de ce récolteur en matière de récolte
du maïs ensilage.
Ces pertes n'ont pas toutes la même signification. Tiges et épis sont récupérables au prix
d'une certaine dépense supplémentaire, en mettant une équipe d'ouvriers derrière la machine,
alors que le grain égrené est en principe perdu
définitivement. D'autre part, du grain égrené en
trop peut repousser et constituer, par endroit,
une gêne par excès de densité en cas de maïs
suivi immédiatement d'un second maïs.
Telle qu'elle est calculée, la valeur de E ne recouvre que les pertes de pieds en conditions normales de travail du bec. Pour être complet, sur ce
problème d'efficacité de récolte, il faut majorer E
Programme National de Transfert de Technologie en Agriculture (PNTTA), DERD, B.P: 6598, Rabat, www.vulgarisation.net
Bulletin réalisé à l'Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II, B.P:6446, Rabat, Tél-Fax: (037) 77-80-63, DL: 61/99, ISSN: 1114-0852
des pertes de pieds pour d'autres causes non
imputables directement au bec, entre autres les
pieds ratés:
● pour cause d'évitement d'obstacles physiques
(pylône électrique, ravin, brise vent, vannes d'irrigation, …);
● faute de synchronisation entre le conducteur de
l'ensileuse et celui de la remorque, particulièrement dans les tournières;
● par le conducteur de l'ensileuse pour avoir
rabaissé le bec un peu tard en début de ligne ou
l'avoir relevé un peu tôt en fin de ligne;
● pour manque de maîtrise agronomique de la
culture (stade de récolte dépassé,…).
● à cause de la verse mécanique.
Selon la situation et les contraintes spécifiques à
chaque parcelle, la majoration à apporter à E peut
atteindre 5, voire 12 % en cas de maïs en grande partie couché par suite de fortes tempêtes de
début d'automne.
Rendement de la machine
Mesuré ponctuellement, le rendement instantané
Ri de la machine (ou débit plus exactement) est
fonction des caractéristiques de la zone, au point
de passage concerné par la mesure. Il est à son
maximum quand la machine récolte du maïs dressé et très productif en avançant à vitesse maximale. La possibilité (rare dans la pratique) n'existe que lorsque la machine travaille en cercles
concentriques sans s'arrêter, comme par exemple
en présence de grandes parcelles bien nivelées,
équipées de pivots ou de rampes frontales.
Dans la présente étude, le rendement maximum
pratique obtenu quand la machine travaille toute
la journée dans des parcelles favorables à tout
point de vue est de 90 t/h (parcelle de grande longueur, plate, de forme régulière, sans obstacles
particuliers, capacité de transport parcelle/fosse
non limitante, pas d'arrêts, pas de pannes).
Les facteurs aggravants de ce rendement sont
nombreux dont certains sont liés au terrain et d'autres à la machine ou aux conditions de transport:
● temps morts fréquents pour tourner à cause de
l'exiguïté des parcelles;
● arrêts fréquents pour cause d'embourbement;
● arrêts pour pannes ou insuffisance de
remorques de transport;
● arrêts pour pannes mécaniques sur l'ensileuse ou
sur le bec (accouplements usés, diviseurs cassés);
● beaucoup de patinage du tracteur, de l'ensileuse, ou des deux à la fois.
Pour le matériel d'occasion testé dans la présente étude, le rendement horaire moyen obtenu
toutes sources de variations confondues, est de
62 t/h. Il peut descendre à moins de 35 t/h en
cas de patinage du matériel toute la journée. Le
problème concerne les sables quand la parcelle
est en pente (vitesse de 8 km en début de pente
et remorque encore vide, 5,4 km au milieu et
remorque remplie à moitié, et seulement 3 km
quand la remorque devient pleine), mais concerne aussi les terrains lourds des "marécages" de
Moghrane, particulièrement par temps humide.
Qualité du travail et sécurité
La qualité du travail commence par le bon choix
du stade de récolte. Pour un tassement efficace
de l’ensilage, il faut récolter le maïs au stade optimal qui se situe pour l'ensilage classique autour
de 32-35% de matière sèche de la plante. La qualité c'est aussi une récolte non souillée par la
terre pour éviter les risques de développent de
bactéries butyriques en fosse. Dans les terres
argileuses de "Merja" du Gharb, ce risque est particulièrement important si la récolte a lieu dans
les conditions boueuses de l'automne.
Transfert de Technologie en Agriculture
D'une manière générale, la hauteur de coupe ne
doit pas être inférieure à 10-15 cm. Le hachage
peut être de type "brin moyen" ou "brin long" en
fonction du stade de maturité et des impératifs de
conservation en fosse et de valorisation par l'animal
après. La qualité du hachage peut être vérifiée en
utilisant un tamis secoueur inspiré du modèle ITCF.
Sur une ensileuse automotrice type John Deere,
la finesse de hachage est déterminée par le nombre de couteaux sur le rotor multi-couteaux et le
régime des rouleaux d'alimentation. Elle est également influencée par le régime de l'unité de
récolte. Pour le rotor à 56 coteaux (4 rangées de
14 couteaux), utilisé dans le présent suivi, selon
la position du coulisseau cannelé inférieur et du
coulisseau cannelé supérieur, on peut obtenir 4
longueurs théoriques différentes de brin de maïs
(4,5 mm, 6,3 mm, 9,6 mm ou 13,5 mm). Le double de ces longueurs est également possible avec
les mêmes positions des coulisseaux, à condition
d'enlever un couteau sur deux du rotor.
Il faut ajuster l'éclateur du grain en fonction du
stade de récolte. Pour un grain encore à l'état laiteux/pâteux, il suffit que le grain soit touché tandis qu'au stade vitreux, il doit être coupé et écrasé.
Pour obtenir une coupe franche, il faut affûter les
couteaux toutes les 20 ha et procéder au moins
une fois par jour, au réglage du contre-couteau.
La qualité du travail, c'est aussi une meilleure
entente conducteur ensileuse/conducteur tracteur afin de prévenir les accidents, les pertes de
temps et de produit. Sur une ensileuse automotrice non équipée de trémie, la récolte est en
effet effectuée ensileuse et remorque avançant
ensemble. Un travail de qualité, sous entend de
part et d'autre d'avoir constamment présent à
l'esprit la prévention, en particulier:
● des accidents pour non respect d'une distance de
sécurité minimale ensileuse/remorque, surtout au
moment de l'évitement d'obstacles (pylône, brisevent, drains) ou de tourner en fin de parcelle;
● des dégâts sur les équipements de goutte à
goutte (vannes, départs de lignes de porte rampes, tensiomètres).
● que l'ensilage ne soit pas expulsé à l'extérieur de
la remorque, faute de synchronisation de vitesses
d'avancement entre les deux engins (montée ou
baisse de régime subite de l'un, patinage de l'autre).
Manifestement, dans ce travail interactif à deux,
la pression exercée sur chacun des opérateurs
n'est pas la même. L'effort demandé au tractoriste est plus simple et se limite généralement à
maintenir la remorque dans la zone de portée de
l'expulseur, pour éviter que l'ensilage ne soit éjecté sur les côtés. Tandis que le conducteur de l'ensileuse est sollicité à gérer constamment sans
faille, sur sa machine, un nombre important de
manœuvres à la fois (hauteur de coupe, largeur
de travail, alignement, manutention tête expulseur en avant/en arrière, rabaissée/relevée,
voyants de contrôle,…).
La difficulté est à son maximum pour ce dernier,
lorsqu' en même temps, (1) il doit manier l'expulseur avec minutie pour former la voûte sur la
remorque, (2) relever le bec un laps de temps pour
éviter un obstacle, (3) surveiller l'alignement avec
la remorque, (4) rabaisser ensuite le bec pour
continuer la récolte, (5) l'ensemble des manœuvres étant fait sans s'arrêter ou baisser trop le régime moteur afin de rester en phase avec le tracteur.
Organisation des chantiers
Il y a toute une série de décisions dont dépend
la réussite des chantiers d'ensilage. Certaines doivent être prises tôt dans la campagne, d'autres
font partie des préparatifs d'avant chantier et
d'autres enfin, sont des ajustements fonctions
d'imprévus du moment, durant la récolte.
Page 2
Tableau 1: Pertes directes de pieds derrière un bec rotatif Kemper
Superficie =
1 ha
Pertes (nombre/ha)
Pied
tige
épis
entier
623
220
78
Semis du maïs en lignes jumelées goutte à goutte
Bec kemper de face
Bec kemper de profil
Ensileuse automotrice au travail
Planning semis/récolte
Le schéma de raisonnement de ce planning peut
être élaboré à la manière des plannings semisarrachage en vigueur pour la betterave au Maroc.
Dans ce schéma:
● la période de semis est étalée en vue d'une
récolte étalée, sans discontinuité si possible, afin
d'optimiser la période d'utilisation de l'ensileuse;
● la date-butoir représentée pour la betterave par
le risque de déborder sur la période des fortes
chaleurs de début août, est remplacée pour le
maïs ensilage, par le risque de déborder sur les
périodes de froid de fin d'automne en sols
sableux et par le risque du froid doublé du risque
d'inaccessibilité en terrain de "marécage" dans le
Gharb;
● toutes proportions gardées, la capacité nominale de l'usine, qui détermine la quantité journalière de betterave à arracher, est replacée par la
capacité de coupe et la capacité journalière d'ensilage de l'entreprise;
N° 159/Décembre 2007
● là aussi, il faut parler de stade optimal de récolte qui est en général atteint quand la matière
sèche de la plante se situe autour de 32-35 %.
D'autre part, toutes les variétés n'ont pas le
même ratio grain/tige et la même qualité. Par
conséquent, l'assortiment variétal doit être choisi soit suivant la logique une fosse/une qualité
soit en considérant la qualité moyenne, ce qui
permet de mélanger entre elles les récoltes de
variétés différentes.
● Il y a un équilibre volume de la fosse/taille de
l'élevage à respecter, afin que le rythme de désilage par la suite soit respecté (25 cm/j de front
enlevé en été et 15 cm en hiver).
Il faut également récolter selon une logique de
risque de pertes de temps et de retard minimum
au champ. Si ce risque est faible, la récolte peut
être effectuée selon la logique de mitoyenneté
des parcelles, à moins que l'assortiment variétal
ou les stades ne le permettent pas. Si le risque de
casser le bec, que le matériel s'embourbe à
chaque fois est grand,… autant sauter ces parcelles et les récolter en dernier.
Planning des moyens de transport et de la
main d'oeuvre
Etre équipé en ensileuse ne suffit pas, encore
faut-il disposer de remorques de transport en
nombre suffisant pour accompagner continuellement la machine, sachant que l'ensilage peut
interférer avec d'autres travaux tels que la récolte des céréales, la préparation du sol, voire avec
des travaux de terrassement en vue de la rénovation ou la construction d'une nouvelle étable.
D'une manière générale, il faut au moins 2
remorques de 25 m3 quand l'ensileuse travaille à
proximité de la fosse, 3 remorques quand la
machine se trouve dans un rayon inférieur à 4 km
et 4 à 5 remorques au-delà de 5-6 km.
Du point de vue main d'œuvre, un maïs ensilage
équipé de goutte à goutte a également des spécificités. La récolte ne peut être effectuée avec
les rampes d'irrigation en place, en roulant sur les
goutteurs. En outre, il faut garder constamment
une longueur d'avance sur la machine et ne pas
attendre la veille pour commencer à ramasser les
rampes, sinon le travail sera bâclé et les rampes
retirées dans le désordre et mal rangées. Ceci
posera beaucoup de difficultés par la suite, pour
les dénouer et les remettre, particulièrement en
cas de parcelle biscornue avec des rampes de longueurs différentes.
Il faut 6 à 10 ouvriers/ha/jour pour retirer les
rampes, 5 à 7 ouvriers/jour (dont 2 conducteurs
de tracteurs) pour la réception et le tassement de
l'ensilage, et 2 tracteurs pour le tassement en cas
de grands silos dépassant 5000 t. Là aussi, les
autres cultures (tomate industrielle, betterave,
céréales, …), interfèrent avec l'ensilage.
Imprévus en cours de chantier
La liste d'imprévus pour laquelle on risque des
dysfonctionnements en cours de chantier d'ensilage est très longue. On peut en citer en particulier:
● les pannes de remorques mais surtout d'ensileuse, entraînant un arrêt prolongé de coupe alors
que la fosse est encore à ses débuts;
● des conditions climatiques exceptionnelles (ou
forte attaque de maladie grave telle que l'helminthosporiose) entraînant une dessiccation brutale
de la plante sur de grandes superficies et un surtravail pour l'ensileuse et l'équipe d'ensilage;
● risque élevé d'embourbement ou de casser le
bec, obligeant à sauter des parcelles normale-
ment prévues pour être récoltées selon la logique
de date de maturité et de mitoyenneté pour compléter la fosse en cours;
● erreur de projection entre période de semis et
période de récolte ou erreur d'appréciation sur le
potentiel réel de certaines variétés, ...
● terrain boueux obligeant à travailler à des sous
capacités de remorques pour faire sortir la récolte.
Coût d'utilisation
Le coût d'utilisation horaire d'une ensileuse est
obtenu en additionnant les différents termes de
la formule générale ci-dessous, et en divisant le
résultat sur la durée d'utilisation annuelle.
Cuh = (Ai + Ii + Asi + Ci + ERi + Cr + L + MO)/U
Où Cuh désigne le coût d'utilisation horaire (Dh),
Ai l'amortissement annuel, Ii l'intérêt annuel, Asi
le coût d'assurance, Ci le coût d'abri et de remisage, ERi le coût d'entretien et de réparation, Cr le
coût du carburant annuel, L le coût des lubrifiants
annuel, MO le coût de la main d'œuvre annuel et
U le nombre d'heures d'utilisation annuelle. Les
valeurs des différents paramètres de la formule
sont regroupées dans le tableau 2. Elles sont calculées en considérant le prix d'importation de la
machine d'occasion concernée ici, qui est de
1.052.641,25 Dh, l'amortissement actualisé sur
une période de 5 ans, un taux d'intérêt annuel de
5 %, un coût d'assurance de 789,38 Dh, un coût
d'abri et de remisage de 200 Dh, des frais d'entretien et de réparation de 15.000 Dh, un coût de
carburant et de lubrifiant de 103.500 Dh, un coût
de main d'œuvre de 2.737,78 et un nombre
d'heures d'utilisation de 250 h.
Le coût de revient horaire obtenu est de 1.657,4
Dh, contre 1.500 à 1.700 Dh comme coût de location dans le Souss et le Tadla. D'après ces chiffres,
on ne réduit pas le coût de la récolte en important son propre matériel, par contre l'avantage
énorme de l'opération reste celui de l'autonomie.
Risques liés à la pluie automnale
ment coûteux, pour la partie de la récolte ensilée
après la pluie (voir encadré en page 4).
Les fréquences, déterminées par la méthode des
déciles, d'avoir une pluie préjudiciable de 20 mm
(d'un seul coup ou en 2-3 jours) à Moghrane, sont
présentées dans le tableau 3. En l'absence du
drainage, l'interprétation agronomique la plus
prudente des résultats de fréquences de ce
tableau, est celle qui privilégie l'idée que l'ensilage soit terminé avant la période pluvieuse de
novembre, sinon la production risque d'être bloquée en parcelle faute de pouvoir y accéder.
Si un certain risque de ne pas pouvoir récolter
avant les premières pluies d'automne doit être
pris, il ne faut pas qu'il concerne la totalité de la
superficie. Au Maroc, pour les élevages d'effectifs
exceptionnels de 1.000 ou 2.000 têtes, comme
c'est le cas présent, trouver de l'aliment de base
sur le marché pour autant d'animaux en cas de
rupture de stock, est impossible; même lorsqu'on
dispose du budget pour financer l'opération.
En pratique, il faut environ 120-130 jours pour
qu'un maïs cycle long parvienne au stade optimal
de coupe, et 90-100 jours pour un maïs cycle
moyen ou cycle court. Pour des semis juste après
ressuyage du profil, qui a en général lieu vers miavril dans ces terres lourdes, le compte à rebours
conduit à la conclusion évidente que dans la zone
de Moghrane, la stratégie à deux cycles de maïs
est entourée de beaucoup de risques. Située sur
Oued Sebou, avec de grandes disponibilités en
Récolte du maïs fourrage
Dans la région côtière de Larache, la récolte par
temps humide, du maïs ensilage tardif, ne soulève aucun problème particulier d'accessibilité du
terrain, du fait des sols à texture sableuse très filtrants. On peut travailler même sous la pluie
lorsque pour une raison quelconque, le chantier
ne permet pas d'attendre. Le seul problème climatique à prendre en compte, serait peut-être un
certain risque de gel, pour les variétés sensibles,
à partir de début décembre.
Par contre, pour les "marécages" de Moghrane
dans le Gharb, des commentaires additionnels
sont nécessaires pour en cerner les difficultés
spécifiques, si le maïs doit être récolté après les
premières pluies d'automne.
Dans cette région, les terrains sont de texture
limoneuse très lourde, reposent sur une importante nappe proche de la surface et ont la particularité de former une croûte limitant fortement
la dessiccation du profil. Faute de drainage,
même en été, la circulation sur ces terrains s'avère difficile par endroit, si on ne prend pas la précaution d'arrêter l'irrigation tôt avant la récolte.
Des observations fortuites, réalisées in situ en
2006, ont montré qu'avec une petite pluie de 2025 mm en début d'automne, humidité de surface
et humidité de fond se rejoignent, ce qui rend le
terrain boueux et impraticable. En quelques heures, toute l'approche de gestion du chantier mise
en place a été faussée, avec en plus des résultats
agronomiquement médiocres et économique-
Remplissage de la fosse d’ensilage
Bâchage de la fosse d’ensilage
Tableau 2: Coût d’utilisation horaire de l’ensileuse John Deere équipée de bec Kemper
Paramètre
Amort.
Coût en Dh 232.440
Intérêt
/an
59.684,8
Transfert de Technologie en Agriculture
Assur.
/Abri
989,38
Entret.
/Rép.
15.000
Carbur.
/Lubrif.
103.500
Main
d’oeuvre
2.737,78
Page 3
Total
414.351,96
Ensilage du maïs
N° 159/Décembre 2007
eau, la solution de moindre risque est celle d'un Les 10 mauvaises conséquences de la pluie précoce sur l'ensilage en terre de Merja
seul maïs cycle long (Indice FAO > 600), de haute
productivité (Rendement > 60 t/ha) récolté par (1) Avec 20 mm de pluie, humidité de surface d'autre solution que de faire tourner des
temps sec en août/septembre.
et humidité du fond se rejoignent et le terrain remorques de 25 m3 (de notre cas), à leur demidevient en grande partie boueux;
capacité pour ne pas arrêter complètement le
Conclusion
(2) Pour éviter les risques de s'embourber dans chantier; il en résulte que le transport n'est plus
C'est aux éléments d'aide au choix du matériel lui- les endroits humides, il faut alors sauter des par- géré selon la logique du prix de revient optimal;
même et à sa gestion sur place, qu'il nous sem- celles ou bouts de parcelles pour les récolter en (8) En tournant durant la période de transition
ble important de consacrer cette conclusion.
dernier;
à demi-capacité, on crée du retard, ce qui obliAu Maroc, peu de sociétés de prestation de servi- (3) En sautant des parcelles, la récolte n'est ge pour rattraper le retard, soit de travailler de
ces sont suffisamment équipées pour pouvoir plus effectuée selon la logique des dates de nuit (sur des terrains où les conditions de circulation sont déjà très pénibles de jour) soit d'étaprendre en charge la récolte de l'ensilage pour le maturité ou de mitoyenneté;
compte de grandes exploitations privées. Dans le (4) En sautant des parcelles, la fosse n'est plus ler la récolte et de déborder sur une période où
contexte actuel, une exploitation produisant remplie selon la logique “une fosse/une qualité” les risques qu'il pleuve sont encore plus grands;
beaucoup d'ensilage et qui tient à en assurer la mais avec du mélange hétérogène imposé par (9) Pour certains bouts de terrain, devenus
définitivement inaccessibles, il faut soit abanrécolte dans de bonnes conditions, n'a pas d'aut- l'inaccessibilité du terrain;
donner la récolte (ce qui constitue une perte),
re choix que d'avoir ses propres machines.
(5) Si le volume d'ensilage mûr n'est pas suffiCependant, l'acquisition de ce matériel n'est pas sant, à cause des sauts de parcelles, la fosse est soit la hacher, machine placée en poste fixe à
sans poser de problèmes dont il faut être cons- alors complétée avec de l'ensilage non encore l'extérieur de la parcelle. La récolte est alors
coupée manuellement et transportée dans la
cient.
parvenu à sa pleine maturité, par conséquent la boue, ce qui comporte de grands risques de
logique
du
stade
de
coupe
optimal,
n'est
plus
Ce type de machine coûte très cher à l'importasouillure et de développement de butyriques
tion. Il faut plus de 2,5 millions de Dh pour une respectée;
dans le silo;
John Deere 7500 neuve et autour de 1,2 millions (6) En créant des fosses d'ensilage de qualité (10) Même s'il n'y a pas d'incidence grave sur
pour la même machine d'occasion encore en bon irrégulière, le raisonnement de la ration pour les l'homme ou l'animal, en présence d'un ensilage
état. A côté du problème du prix, le développe- animaux devient difficile;
souillé de terre, la qualité en cas de production
ment des ensileuses automotrices au Maroc est (7) Durant la période de transition des travaux de fromages est affectée (mauvais goût, gonfleégalement freiné sur place par les superficies limi- (le temps que le sol redevienne sec), il n'y a pas ment et éclatement de la pâte) ■.
tées d'ensilage récoltées régulièrement chaque
année. Avec la relance des élevages modernes, Le raisonnement à tenir vis-à-vis de l'entretien D'autre part, du fait justement du manque de pièentreprise depuis la réouverture des frontières à d'une ensileuse automotrice, doit être le même que ces de rechange, une remise en état de la machil'importation des génisses hautement productri- celui qu'on tient vis-à-vis des modèles de moisson- ne chez le revendeur à l'étranger, avant son
importation, est plus indiquée qu'une remise en
ces, il y a de fortes chances que ces superficies neuses batteuses peu représentées au Maroc.
augmentent significativement dans l'avenir.
D'autre part, que ce soit pour d'anciens modèles état une fois la machine au Maroc.
Au moment de l'importation d'une ensileuse, le ou pour de modèles plus modernes, l'entretien tôt Alors que la réparation d'un bec Kemper ne souchoix doit être approprié. Il devra tenir compte dans l'année en particulier, est plus important lève aucun problème de compétence particulier,
non seulement du bon rapport qualité/prix mais pour l'ensileuse qu'il ne l'est pour la moissonneu- une ensileuse John Deere type 6850 toutes
également du contexte spécifique du Maroc, dans se batteuse à céréales. Le stock de pièces d'usu- options, est dotée d'équipements hydrauliques,
re de la machine et des pièces de rechange en électromécaniques et électroniques sur lesquels
lequel le matériel est appelé à travailler.
doit prendre en considération le fait seul un électromécanicien qualifié peut interveMême si on peut aisément faire la démonstration général,
la promesse optimiste du fournisseur et nir efficacement.
qu'à terme, le matériel neuf est plus rentable que qu'entre
délai réel d'importation, l'écart est souvent Par ailleurs, disposer d'un bon équipement ne
celui d'occasion, au Maroc peu nombreuses sont le
considérable. Pour de nombreuses raisons, des
les entreprises qui sont prêtes à y investir au prix commandes la veille en vue d'une livraison le len- suffit pas pour obtenir de meilleurs résultats d'endemandé. D'autre part, même pour de l'occasion, demain, voire même dans la semaine, sont à silage, encore faut-il que la machine soit utilisée
certains utilisateurs, pourtant très au courant des exclure de la stratégie d'entretien et de répara- dans des conditions optimales.
progrès technologiques réalisés sur les nouvelles tion, même si le Maroc n'est qu'à quelques heures L'exemple est donné ici par les Merja du Gharb où
ensileuses, suggèrent de rester sur d'anciens de route de l'Europe.
l’efficacité de coupe, la performance de la machimodèles telle la JD série 6000, voire même l'anne et (plus important encore) la qualité d'ensilacienne série 5000 de fabrication américaine, à Au Maroc, on ne pratique pas de récoltes tardives ge sont plus déterminées par l'état du terrain (sec
condition d'en trouver encore sur le marché. Cette d'ensilage de type "haylage" ni d'enrubannage au ou boueux) que par l'état de la machine ou du
dernière machine est très appréciée au Maroc en vrai sens du terme. La coupe est généralement bec. Dans ce genre de terrains, caractérisés par
raison de sa robustesse, de sa simplicité d'emploi réalisée le produit encore humide (autour de 30-35 une mauvaise adhérence, il faut des ensileuses à
% de MS) avec mise en silo directe ou mise en sacs quatre roues motrices pour mieux exploiter les
et de sa facilité de réparation.
de plastique ordinaires quand le produit est destiLe nombre d'ensileuses automotrices équipées de né à la vente. Par conséquent, en cas de panne performances de la machine. La récolte doit y être
bec Kemper qui circulent au Maroc est relative- subite en plein chantier, le délai dont on dispose également terminée avant l'arrivée des fortes
ment limité. De ce fait, ni la pièce de rechange pour effectuer la réparation et reprendre l'ensilage pluies d'automne ■.
neuve ni la pièce de récupération ne sont dispo- la plante encore verte, est très court (8-10 j).
nibles pour ce type de machine sur place. Quand
il est équipé de système d'injection de type com- Exactement à l'instar des moissonneuses batteumon Rail, il faut en outre savoir, que ce matériel ses, c'est l'état de la machine à la fin de la saison
exige du gasoil de qualité qu'on ne trouve pas précédente (ou au moment de son acquisition
pour un nouveau matériel) qui détermine le
toujours dans les zones reculées du pays.
niveau d'entretien et les pièces à changer. D'après
Tableau 3: Probabilité pour avoir une
notre expérience, les éléments vulnérables sur un
pluviométrie de 20 mm à Moghrane
bec d'occasion, sont surtout les accouplements et
les pièces d'usure de différentes catégories (segProbabilité
d’une
Mois
Décade
pluie de 20 mm
ments de scie, débourreurs, disques à friction,
…). Sur l'ensileuse, différentes pannes sont éga1
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lement susceptibles de se produire. Elles peuvent
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Septembre
concerner les pièces d'usure (couteaux, contre
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couteau, plaques d'usure diverses, racleur, roule1
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ments, croisillons de transmission, courroies, fusi1
1
1
Octobre
2
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bles, relais divers), ou les autres ensembles méca- Aït Houssa A. , Moutia S. , Farih A. ,
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niques, hydrauliques, voir le détecteur de métal.
Benbella M.2, Baraka M.1
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A état général identique, l'usure est beaucoup
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Novembre
MAZARIA Laouamra, Larache
plus accentuée en sols sableux; doigts, diviseurs,
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Département
d'Agronomie, ENA de Meknès
scie circulaire, dents de tambour, lattes de rou1
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leau convoyeur, tôle de la tuyère d'éjection,
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Décembre
…sont constamment soumis à l'effet abrasif du Les auteurs remercient Mr. Harouette de SICADIMA
France pour sa relecture du texte de ce bulletin.
sable et s'usent plus vite.
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Transfert de Technologie en Agriculture
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N° 159/Décembre 2007