sauvegarde maritime

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sauvegarde maritime
Sauvegarde maritime
Sommaire :
Vers une prestation renforcée
Remorqueurs d'intervention, d'assistance et de sauvetage ( RIAS ) :
Missions et caractéristiques
23 ans de prévention : chiffres et implantation des remorqueurs d'intervention
Procédures et échéances
Les bâtiments de soutien, d'assistance et de dépollution ( BSAD )
Les autres projets d'assistance, de sauvetage et de lutte antipollution
L'espace maritime sous haute surveillance, par le chef d'état-major de la marine
RIAS , photo groupe Bourbon
Vers une prestation renforcée
Le quart de l’activité de la marine nationale est consacré à la sauvegarde des approches maritimes.
Les remorqueurs d'intervention, d'assistance et de sauvetage (RIAS)
La redéfinition des besoins d'intervention en haute mer, décidée lors des comités ministériels
de la mer de 2000, intègre les enseignements des naufrages dramatiques de ces dernières
années. La marine les prend en compte en renforçant les moyens d'intervention en haute
mer qu'elle affrète. L'objectif est de disposer de cinq RIAS au 1er janvier 2005 contre quatre
aujourd'hui.
La prestation recherchée est plus large que le simple contrat d’affrètement en cours : il s’agit
d’une prestation de service comprenant à la fois deux navires d’assistance armés mais aussi
un conseil à leur mise en œuvre lors d’opérations d’assistance.
Les deux nouveaux navires répondront à des fonctionnalités supérieures à celles des
remorqueurs actuels Abeilles : une meilleure mobilité, une puissance plus importante, des
possibilités d’hélitreuillage accrues, des capacités d’intervention en milieu chimique ou
explosif.
Les deux remorqueurs d’intervention, d’assistance et de sauvetage (RIAS) s’intègreront dans
le dispositif. (cf :« l’espace maritime sous haute surveillance »)
Les bâtiments de soutien, d'assistance et de dépollution (BSAD)
Deux des trois bâtiments de soutien en haute mer (les BSHM Ailette et Alcyon) ont
bénéficié fin 2003 d’une modernisation qui multiplie sensiblement leurs capacités de lutte
antipollution.
Par ailleurs, la marine a lancé un appel d’offres pour l’affrètement d’un 4ème navire type
BSAD au 1er janvier 2004. Ce navire, l'Argonaute, est basé à Brest depuis cette date.
Les Dauphin de service public
Le nombre de Dauphin de service public est passé de 5 à 6 appareils en janvier 2004. Une permanence est assurée sur les bases du
Touquet, de Cherbourg, de la Rochelle et de Hyères.
Les remorqueurs d'intervention, d'assistance et de sauvetage (RIAS), des unités dédiées à la
sauvegarde des approches maritimes.
Missions des remorqueurs :
Le navire est conçu et équipé pour les fonctions suivantes :
- assistance aux navires en mer
- remorquage de haute mer
- sauvetage des navires en détresse
- lutte contre l’incendie
- lutte contre l’envahissement des eaux
- lutte contre la pollution
L'Abeille Flandre, photo marine nationale
Le dispositif actuel comprend 4 unités :
- Abeille Flandre basée à Brest
- Abeille Languedoc basée à Cherbourg
- Mérou basé à Toulon
- Anglian Monarch, co-affrété avec les Britanniques en Manche.
Au 1er janvier 2005, le dispositif de prévention comprendra 5 unités :
- 1 RIAS à Brest
- 1 RIAS à Cherbourg
- L’ Abeille Flandre à Toulon
- L’ Abeille Languedoc sur la côte Atlantique
- l’Anglian Monarch, co-affrété avec les Britanniques en Manche.
- Suite à la décision du conseil interministériel du 29 avril 2003, tous les moyens nautiques dévolus à l’action de l’Etat en mer,
portent une marque distinctive commune à toutes les administrations. Les remorqueurs d’intervention, de sauvetage et
d’assistance arboreront cette marque (trois bandes de couleur bleue, blanche et rouge, inclinées et parallèles à l’étrave).
En 23 ans, les Abeilles Flandres et Languedoc sont intervenues 1100 fois.
Les caractéristiques principales des RIAS :
Ces navires sont conçus pour répondre aux exigences des opérations d’assistance, de sauvetage et de remorquage.
RIAS
Longueur hors tout
Abeille Flandre
80 mètres
63,27 mètres
Largeur
16,50 mètres
14,43 mètres
Déplacement
1700 tonnes
1500 tonnes
Tirant d’eau
6,50 mètres
7,30 mètres
Vitesse économique
12 noeuds
11,5 noeuds
Vitesse max avec mer de force 2
19,5 noeuds
16 noeuds
Vitesse max avec mer de l’avant force 7
16,5 noeuds
10 noeuds
Traction au point fixe avec 4 moteurs
200 tonnes
160 tonnes
Traction au point fixe avec 2 moteurs
125 tonnes
100 tonnes
Système de positionnement dynamique
Système de positionnement
dynamique Classe 1, type Dynapos
AM / AT avec calculateur d’efficacité
Ces bâtiments battront pavillon français et suivront les règles du cabotage international.
Néant
23 ans de prévention, chiffres et implantation
Synthèse de l’activité des Abeilles Flandre et Languedoc (Brest et Cherbourg) depuis 1979 et jusqu’au mois d’avril 2003 pour
l’Abeille Flandre et août 2003 pour l’Abeille Languedoc (sources «Abeilles International »).
Abeille Flandre : 594 interventions majeures dont 198 escortes, 184 mises en
alerte pour assistance à navire en danger et 212 remorquages/assistances. Soit 2,1
interventions majeures par mois depuis 23 ans.
Abeille Languedoc : 484 interventions dont 164 escortes, 183 mises en alerte pour assistance à navires en danger et 138
remorquages/assistances. Soit 1,7 interventions majeures par mois depuis 23 ans.
RIAS : Procédures et échéances
Une redéfinition des besoins d’intervention en haute mer a été décidée lors du
comité interministériel de la mer (CIMER) de juin 2000. L’objectif de la marine
nationale est de renforcer ses moyens d’intervention en haute mer pour disposer de
cinq remorqueurs au 1er janvier 2005 contre quatre aujourd’hui. (l’Abeille Flandre à
Brest, l’Abeille Languedoc à Cherbourg, le Mérou à Toulon, l’Anglian Monarch dans
le Pas de Calais).
Procédures et échéanciers pour le marché des remorqueurs
d’intervention, d’assistance et de sauvetage (RIAS).
Juillet 2002
20 septembre 2002
25 novembre 2002
1er semestre 2003
Juillet 2003
Septembre 2003
Octobre 2003
Novembre 2003
1er janvier 2005
1er avril 2005
Résultat de l’étude de marché mondiale : il n’y a pas de ressources
existantes correspondant aux spécificités requises. La marine lance alors un
appel d’offre restreint.
Publication d’un avis de pré information.
Clôture de l’appel européen à candidature. Quatre dossiers sont retenus.
Phase de contrôle et de régularité des marchés.
Réunion de la commission d’examen des offres, puis expertises (préfectures
maritimes et état-major de la marine)
Examen en commission spécialisée des marchés (CSM).
Soumission au visa du contrôleur financier.
Notification du marché.
Livraison des deux remorqueurs à la marine.
Admission au service actif des deux remorqueurs.
Novembre 2003
Au terme d’un appel d’offres européen, la société Les Abeilles International s’est vu notifier le contrat portant assistance et conseil
pour la protection du littoral ainsi que la définition, la mise en service et l’exploitation de deux nouveaux remorqueurs de 80 m qui
seront livrés dans 15 mois. Les spécifications des nouveaux navires doivent permettre d’anticiper les exigences d’assistance en
augmentant la rapidité d’intervention, la manoeuvrabilité et la tenue à la mer. Depuis 25 ans, l’Abeille Flandre et l’Abeille
Languedoc ont participé à plus de 1 500 interventions, ont permis d’éviter 300 pollutions majeures et de sauver plus de 250 vies
humaines.
Les bâtiments de soutien, d'assistance et de dépollution (BSAD)
L'Argonaute, photo marine nationale
En application des décisions du comité interministériel de la mer (CIMER), la marine nationale a affrété un quatrième bâtiment de
soutien, d’assistance et de dépollution, l’Argonaute, en complément de l’Alcyon, de l’Ailette et de la Carangue. Ce navire, qui est sorti
des chantiers de construction fin décembre 2003 a rejoint Brest, son port d’attache, le 10 janvier 2004.
Navire ultra moderne, puissant, et premier bâtiment affrété par la marine nationale à être doté d’un système de positionnement dynamique et
de capacités de lutte contre les incendies, il contribue, grâce à ses capacités accrues, à renforcer notablement le dispositif d’intervention mis
à la disposition du préfet maritime de l’Atlantique.
A l’image des BSAD actuels, l’Argonaute remplira des missions d’assistance (sauvetage-remorquage),
de prévention et de lutte contre la pollution marine, de soutien de région et de participation à la
sauvegarde maritime.
En terme de remorquage, ses capacités confèrent à l’Argonaute un potentiel presque équivalent à
celui du remorqueur d’intervention et d’assistance Abeille Flandre ; il est supérieur dans le domaine de
la lutte contre les incendies ou de l’intervention en atmosphère polluée.
Concernant la lutte contre les pollutions, ses possibilités d’action, déjà considérables, seront étendues
en 2004. Grâce à son positionnement dynamique, il aura la capacité de travailler de concert avec un
pétrolier-allégeur dans des conditions météorologiques peu favorables. Il recevra par ailleurs
prochainement des moyens de dépollution identiques à ceux récemment installés sur l’Alcyon et
l’Ailette (voir encadré ci-dessous).
Enfin, après la réalisation de travaux nécessaires à l’adaptation de matériels spécifiques de la marine
nationale, l’Argonaute pourra mettre en œuvre les équipements de recherches, d’investigation et
d’intervention sous-marines (ROV notamment).
Le passage de l’Argonaute dans un chantier constitue ainsi une période nécessaire d’adaptation au
cours de laquelle le navire verra l’ensemble de ses capacités éprouvées et renforcées pour donner à
sa participation au cycle opérationnel une dimension jamais atteinte à ce jour.
A la fin de cette période d’adaptation, l’Ailette, rejoindra son nouveau port base, Toulon pour, à son
tour, compléter et renforcer les moyens d’action du préfet maritime de la Méditerranée.
L'Argonaute, photos marine nationale
Ses futures capacités couvrent de nombreux domaines :
- dépollution et stockage des polluants
- récupération des macro-déchets
- remorquage
- sauvetage collectif
- lutte contre l’incendie en haute mer
- relevage de containers perdus en mer
- repêchage de torpilles
- assistance et soutien divers (notamment intervention sous la mer avec ROV)
Caractéristiques :
Longueur : 69 mètres
Largeur : 15.5 mètres
Tirant d’eau : 7 mètres
Tonnage : 2100 tonnes
Puissance : 10800CV
Propulseurs : 2*590 kW avant et 1*590 kW arrière
Vitesse maximale : 16 Nds
Longueur de la remorque : 1500 mètres
Traction au croc : 133 tonnes
Equipage : 9 personnes
Capacités d’accueil : 22 personnes
L'Argonaute, photo marine nationale
Modernisation de l’Alcyon et de l’Ailette
Cette modernisation réalisée fin 2003 a consisté en l’installation de plusieurs équipements :
une nouvelle grue d’une capacité de 23 tonnes à 7 mètres et de 4 tonnes à 20 mètres, permettant notamment la mise en œuvre de
tous les systèmes de récupération mécanique et de pompage d’hydrocarbures, la récupération de conteneurs, de chaluts ou de
naufragés.
une centrale hydraulique permettant la mise en œuvre de tous les systèmes de pompage employés
un système de concentration et de récupération des hydrocarbures flottants de type “ sweeping-arm”.
une centrale de production de vapeur (100° C) et d’ eau chaude (60° C) qui permet d’assurer “ une injec tion ” dans les circuits de
chargement et de déchargement des hydrocarbures afin d’en faciliter l’écoulement ; cette centrale permettra surtout de procéder au
réchauffage des produits polluants avant leur pompage dans le but d’augmenter leur fluidité et de faciliter ainsi leur écoulement.
une nouvelle pompe de transfert à capacité triplée (150m3/h) qui permet une vidange rapide des cuves de stockage des
hydrocarbures récupérés et limite ainsi le temps d’immobilisation du bateau lors des opérations de déchargement à terre.
Les autres projets de la marine nationale pour l'assistance, le sauvetage et la lutte antipollution
Remplacement des bâtiments de soutien de région (BSR), des remorqueurs de haute mer (RHM) et des bâtiments de
soutien, d'assistance et de dépollution (BSAD) à l'horizon 2008/2010
L’acquisition d’une capacité de lutte supérieure passant par la construction de navires, la marine entend profiter de la nécessité de
renouveler ses bâtiments de soutien de région et ses remorqueurs de haute mer pour lancer un programme réunissant ces besoins.
L’objectif est de remplacer les 3 BSAD (Alcyon, Ailette, Carangue), les
5 BSR (Elan, Chevreuil, Gazelle , Isard, Taape) et les 2 RHM
(Malabar, Tenace) par 8 bâtiments de soutien et d’assistance
hauturier (BSAH). Ces navires seront de type « supply », équipés de
moyens de lutte antipollution performants, d’une force de remorquage
de 100 tonnes minimum et de moyens d’intervention sous la mer. Ils
pourraient intervenir en milieu contaminé que ce soit sur les pollutions
d’hydrocarbures ou chimiques.
L'Ailette aborde une nappe d'hydrocarbure.
SPATIONAV
La marine a lancé un programme de mise en réseau des
sémaphores puis des autres moyens de surveillance
maritime (CROSS en particulier) baptisé SPATIONAV qui
permettra de centraliser toutes les informations obtenues.
La phase initiale a débuté le 22 septembre 2003 en
Méditerranée (fin en octobre 2004) pour être étendue
ensuite à tout le littoral de métropole et aux Antilles
(réalisation 2006-2007). Ce programme associe les autres
administrations concernées (Douanes, Affaires
maritimes,…).
Navire spécialisé dans la lutte contre les pollutions.
A la suite de la catastrophe de l’Erika, le Comité Interministériel de la Mer du 28 février 2000 (relancé au CIMER d’avril 2003) avait décidé le
renforcement des moyens de lutte contre la pollution. La recherche de navires adaptés a montré l’insuffisance de l’offre actuelle : les navires
existants sont polyvalents, mais leurs performances sont limitées (notamment par mer forte, ce qui correspond aux conditions habituelles au
large des côtes européennes en hiver) ; les appels d’offre sont ainsi restés infructueux.
Des études spécifiques ont été conduites pour un navire dépollueur de grande capacité capable d’opérer par six mètres de creux,
complémentaire des moyens existants : des solutions semblent possibles, mais elles impliquent des investissements importants, qu’il
conviendrait de prendre en charge au niveau européen ; la France contribuera à la définition technique d’un cahier des charges qu’elle
proposera à l’Agence de sécurité maritime européenne.
ESPACES MARITIMES SOUS HAUTE SURVEILLANCE
(Le Figaro , 4 octobre 2003)
Amiral Jean-Louis Battet
Chef d'état-major de la marine
De nouvelles menaces pèsent sur la sécurité extérieure et intérieure de notre pays. L’attentat terroriste du 11 septembre n’a fait que
confirmer l’ampleur de ce défi. Face à l’accroissement des activités criminelles en mer, assurer notre sécurité comporte une dimension
maritime dont l’importance s’est imposée comme une évidence stratégique.
Cette situation a conduit la Marine nationale à élaborer dès la fin 2001 un concept de « sauvegarde maritime » qui vise à renforcer la
défense du territoire national et la protection des intérêts français, du littoral jusqu’au grand large. Elle y consacre désormais plus du quart de
son activité.
Des nouvelles menaces en mer
Plus que jamais, les océans se trouvent au cœur des échanges économiques et politiques entre les nations. Le trafic par voie maritime, qui
supporte 75 % du commerce entre l’Europe et les pays tiers, est en constante augmentation. Cette croissance a été accompagnée par une
multiplication des infractions et des accidents de mer, lourds de conséquences sur les vies humaines, l’environnement et l’activité des
régions littorales.
Nos concitoyens ont fait la triste expérience de ces risques qui menacent directement leur cadre de vie. La litanie des évènements de mer
qui les ont récemment touchés est longue : parmi les plus connus, on peut citer le naufrage au large de la Bretagne du pétrolier Erika en
1999, celui du chimiquier Ievoli Sun en 2000, ceux du Prestige au large de la Galice et du Tricolor dans le Pas de Calais en 2002.
Moins connue du public, mais tout aussi considérable, est la criminalisation croissante de l’espace maritime. Les activités illicites en mer sont
devenues le terreau sur lequel se développent des dangers présentant de réels risques de déstabilisation de nos sociétés : l’immigration
clandestine (dont l’échouement de l’East Sea transportant un millier d’immigrants clandestins sur les côtes varoises, en 2001, est un
symptôme), le trafic de drogue, mais également la menace terroriste : il s’agit aussi bien des risques d’utilisation des océans comme voie de
pénétration d’individus et de matériel que des risques visant directement les approches maritimes, qu’illustre l’attentat contre le pétrolier
français Limburg au Yémen il y a juste un an, le 6 octobre 2002.
Ces nouvelles menaces effacent progressivement la traditionnelle frontière entre sécurité extérieure et intérieure. Pour les prévenir, il faut
aussi bien se porter au loin où elles trouvent leur source que renforcer la sécurité de notre littoral. La Marine assure pleinement cette
mission, notamment loin des côtes où elle dispose des moyens hauturiers nécessaires.
Les priorités de la Marine réorientées
Cette action en matière de sécurité, baptisée « sauvegarde maritime », a exigé une réorganisation des forces de la Marine nationale.
Aujourd’hui, près de 2000 marins, plus de 70 bâtiments, dont une vingtaine de bâtiments de combat et une trentaine de patrouilleurs et de
vedettes de la gendarmerie maritime, une trentaine d’avions et d’hélicoptères, ainsi que 59 sémaphores participent directement à cette
mission. Plus largement, c’est l’ensemble des moyens de la Marine qui exerce une vigilance permanente, et chacune de ses unités à la mer
qui peut intervenir si nécessaire.
En haute mer, leurs activités sont conduites, suivant les cas, avec les seuls moyens de la Marine ou en coopération interarmées ou
internationale. Ainsi, la force navale européenne Euromarfor, (Espagne, Portugal, Italie et France) dont notre pays a pris le commandement
le 16 septembre, vient d’appareiller pour participer, aux côtés d’une coalition internationale, à l’opération Enduring freedom : celle-ci vise le
terrorisme international et les trafics illicites, en mer Rouge, dans le golfe d’Aden au large de Djibouti, et dans l’océan Indien. La France avait
déjà participé à cette opération de juillet à septembre 2003 avec la force navale franco-allemande.
Dans les approches maritimes, la coopération est interministérielle, mobilisant essentiellement la Marine nationale, les Affaires maritimes, les
Douanes, la Sécurité civile et la Gendarmerie nationale. Leur action est coordonnée par trois préfets maritimes (Manche/Mer du Nord,
Atlantique, Méditerranée), qui relèvent du Premier ministre, par l’intermédiaire du Secrétariat général de la Mer. Bien adaptée à la taille de
notre pays, économe de moyens, cette organisation a fait ses preuves depuis vingt ans mais a vu sa vocation raffermie : le Premier ministre
a récemment renforcé les pouvoirs des préfets maritimes, étendant leur possibilité d’intervention.
Une maîtrise accrue dans le proche futur
La Marine nationale doit affronter désormais une très grande diversité de missions. Encore faut-il des moyens adaptés pour répondre à ces
exigences nouvelles ou anciennes, aussi bien lorsqu’il s’agit de prévenir le danger que de le maîtriser. Pour ce faire, la Marine a engagé un
effort important d’amélioration de ses capacités : pour les risques environnementaux, augmentation du nombre de remorqueurs
d’intervention de haute mer, achat de nouveaux équipements antipollution, pour la veille et la surveillance des approches maritimes,
lancement d’un programme de 24 nouvelles vedettes de la gendarmerie maritime, renforcement de la chaîne des sémaphores répartis tout
au long du littoral métropolitain, achat de moyens de vision nocturne, amélioration des capacités des avions de surveillance Falcon 50. La
marine co-finance également, avec le ministères de l’Outre-mer et celui des Transports et de la Mer, un satellite de surveillance de la pêche
illicite dans la zone des terres Australes et Antarctiques françaises, les TAAF.
L’information est en effet la condition sine qua non de l’action. La marine développe aujourd’hui un ambitieux projet de recueil et de partage
des informations maritimes, telles que la position et l’identité des navires, leur destination, leur cargaison... et tout autre renseignement
permettant d’apprécier un risque potentiel. Les premiers éléments de cet intranet maritime, baptisé Spationav, seront mis en service en
2004. Son objectif est de disposer d’une connaissance permanente et globale de la situation dans nos approches maritimes, élaborée et
partagée avec les autres administrations intervenant en mer, afin d’intervenir plus rapidement et plus efficacement. Ce projet doit déboucher
sur un système proche de celui de la surveillance de la circulation aérienne.
Des résultats en constante progression.
Ces efforts portent leurs fruits, confirmant à la fois leur pertinence et leur nécessité.
Contre la pêche illicite dans nos zones économiques outre-mer, un nombre croissant de bâtiments ont été arraisonnés.
Dans le cadre de la lutte contre l’immigration clandestine, on peut citer l’interception en 2002 en Méditerranée orientale du cargo Monica
chargé de 800 immigrés clandestins. Cette intervention a contribué à la neutralisation complète de la principale filière d’immigration vers
l’Europe.
Contre le trafic de drogue, notamment en Antilles/Guyane, les interceptions des cargos Winner et Carolina en 2002, aux côtés d’autres
administrations et de nos alliés américains, britanniques et hollandais, feront date.
En deux ans, la part d’activité que la marine consacre à la sauvegarde maritime est passée de 18 à 25 %.
La sauvegarde maritime recouvre une grande diversité de missions qui répondent à un défi : celui que nous lance le développement des
activités en mer, licites ou illicites. Dans un contexte de globalisation des échanges et de menaces terroristes, pour les nations, contrôler ce
qui se passe en mer est devenu crucial. Cette maîtrise n’est possible que par une continuité de l’action du plus près des côtes au plus loin,
continuité qu’assume aujourd’hui la Marine nationale.
Nos concitoyens sont de plus en plus conscients des risques provenant des océans et de plus en plus exigeants concernant leur sécurité.
Dans les années à venir, la Marine entretiendra et développera donc, d’un côté, sa capacité de projection et d’intervention à grande distance
du territoire national, et de l’autre, son aptitude à surveiller les mers du littoral jusqu’au grand large. En s’engageant dans cette voie, la
Marine nationale exprime aussi sa volonté de maintenir et de renforcer le lien entre la Nation et ses armées.