Le poil, seule trace hu
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Le poil, seule trace hu
<< « Le poil, seule trace hu maine qui dépassê le temps, est une archive. C'est, en effet, le seul élément qui résiste au temps capable de révéler notre ADN », explique Joël Cornette, historien*. Si la mode ac tuelle du « no poils » se généralise, les anthr opologues du futur risquent de pleurer... il, e une histoire 'JO Comme tous les mammifères, nous sommes dotés de poils. Q!i'ils soient noirs, blonds, blancs, roux, le traite ment qui leur a été réservé pouvait être très différent selon les civilisations. En Égypte, Cléopâtre s'épilait et les hommes se rasaient la tête. En Mésopotamie, les hommes s'épilaient la barbe à l'aide d'une pince en bronze et d'un mélang� de cire, d'eau, de sucre et de citron... A Rome, l'homme s'épilait tout Ir corps. Après la chute de l'Empire romain, cinq siècles vont voir les poils vivre leur vie. Après une période assez longue où la pilosité fut brandie comme l'étendard de la viri lité et où les femmes dissimulaient pudi- quement la leur, l'épilation reprit du poil de la bête en même temps que la mode libérait le corps féminin. Les jambes, les aisselles puis le maillot furent épilés. En fin, des années 80 jusqu'à nos jours, de nouveaux codes sociaux se sont imposés. Tout d'abord auprès des femmes chez qui l'amour du lisse est synonyme d'amour du propre... D'ailleurs, une étude améri caine de 2010** montrait l'extension de la pratique du rasage intime chez les jeunes (18-24 ans) et surtout du rasage intégral. Éradication du poil, le choix de la teclinique À l'indienne (au fil), à l'orientale, avec une crème dépilatoire, à la cire, au rasoir, à la pince à épiler... Efficace mais rien de radical dans ces techniques dont il faut renouveler les gestes très régulièrement. Trop souvent pour beaucoup d'entre nous, surtout qu'entre temps il faut tolérer une période de repousse ! Alors, pour toutes celles et ceux qui ont décidé d'en finir avec les poils, des techniques proposent au jourd'hui l'épilation longue durée, dont le laser et la lumière pulsée. Le principe est simple, la dépilation se fait par l'émission de lumière et l'absorption de cette lumière par une cible, le poil. Mais les résultats varient en fonction des ap pareils utilisés. Alors, quelle est la plus efficace ? IPi'iriiMli,JiiB#iTIEirh'iiirmo Elles émettent plusieurs ongueurs d onde et produisent une lumière classique, plus vive, d'où leur nom de «flash» ou « pul sée ». Les photons passent à travers un filtre organique qui sert à éliminer toutes les cou leurs parasites (ou longueurs d'ondes indé sirables). « Plus on va faire de tirs, moins le filtre sera performant. Au bout d'un moment, les lumières parasites sont là et avec elles, des risques collatéraux, notamment des brû lures », précise le docteur Caillens***. « La lumière de ces appareils ne reste pas cohérente et l'énergie varie en fonction de l'usure de la lampe. En France, la puissance des !PL est li mitée afin d'éviter les dommages cutanés et donc elles restent inefficaces sur certains types de poils. C'est loin d'être la panacée en ma. tière d'épilation», conclut le médecin. IAFfii · e de haute technologie émet Cette macbn une lumière cohérente monochromatique (constituée d'une seule longueur d'onde avec des photons orientés de la même fa çon) et de très grande intensité. La cible du laser ? Le pigment ! « ]'utilise une source d'énergie (notamment le laser Soprano****, ce dernier étant la rails dans l'épilation au la- ser) pour tenter de faire absorber à ma cible, le pigment mélanique contenu dans le poil, une quantité suffisante de photons pour la faire monter en température et détruire ainsi l'usine qui la fabrique, explique le docteur Maxence Caillens. En effet, c'est en faisant chauffer le poil que l'on détruit le bulbe. La cible, la mélanine, a toujours la même cou leur. En fait la différence de couleur du poil est fonction de la concentration de mélanine et non pas de sa structure. Une blonde, c'est 10 % de concentration, une châtain, 60 %, une brune, 99 % ». La seule variation qui existe dans le pigment mélanique ? Les roux, une partie de la mélanine est brune et l'autre cuivrée, brillante. « Pour savoir si l'épilation sera efficace, je réalise un test. Je prélève quelques poils que je passe au laser. Si une partie seulement des poils brûlent, je propose à ma patiente de faire quelques séances qui vont diminuer sa densité pilaire tout en l'avertissant que le résultat final ne sera jamais parfait, étant donné qu'une par tie des cibles n'est pas accessible. Les roux et les poils blancs sont l'exception en tir laser. » Une épilation définitive ? Q!i'il s'agisse de l'épilation laser ou « lu mière pulsée », ces actes sont, en France, considérés comme des actes médicaux et doivent se faire auprès d'un médecin : le terme « définitive » est interdit dans les textes mais celui de «permanente» est au torisé pour le laser. Il n'y a que l'épilation électrique qui peut se prévaloir de l' adjectif « définitive » puisque le courant détruit le bulbe pileux et son environnement. Avec le laser, on a tué les bulbes actifs mais il ne faut pas oublier les cellules souches autour du bulbe qui vont se déplacer et recréer un bulbe qui sera « tiré » à la séance sui vante. Le nombre de cellules souches, qui dépend de chaque individu, déterminera le nombre de séances pour achever l'épi lation laser. Cependant, avant de pratiquer une épilation « longue durée », n'oubliez pas que le retour en arrière sera impossible et que jamais vous ne retrouverez votre pi losité antérieure. Si pour les aisselles et les jambes on peut être sûr de soi, le maillot intégral mérite peut-être réflexion... • •France Culture, 2011. ..Pubic Hair Removal and Sexual Behavior : Findings from a Prospective Dai/y Diary Study of Sexually Active Women in the United States. ...Médecin esthétique au centre Nutri Science Clinic à Paris. ....Le laser Soprano d'Alma Lasers a été élue meilleure plate forme d'épilation 2015 par The Aesthetic Indu.stry Award. JE BOUQUINE... Histoire du poil de Marie-France Auzepy et Joël de Cornette. Éditions Belin. Côté Santé 19
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