AVVEJ - RAPPORT D`ACTIVITE 2014 Sommaire :
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AVVEJ - RAPPORT D`ACTIVITE 2014 Sommaire :
AVVEJ - RAPPORT D’ACTIVITE 2014 Sommaire : CONSEIL DřADMINISTRATION : ..................................................................................... DIRECTION GENERALE : .............................................................................................. 1 3 Paris : FOYER KAIROS : ................................................................................................ SERVICE DřEDUCATION SPECIALE ET DE SOINS A DOMICILE « SESSAD » : ........................ SERVICE DřINVESTIGATION, DřORIENTATION ET DřACTION EDUCATIVE « SIOAE 75 » : ......... 17 31 49 Yvelines : I.T.E.P. « LE LOGIS » : ....................................................................................... 61 FOYER EDUCATIF « LřOUSTAL » : ............................................................................ 81 SERVICE DřACCUEIL DřURGENCE « SAU 78 » : ........................................................... 101 CENTRE DřHEBERGEMENT ET DE REINSERTION SOCIALE « STUART MILL » : ........................ 117 Essonne : SERVICE DřACCUEIL DřURGENCE « ESPACE ADOLESCENTS 91 » : ..................................... 145 FOYER EDUCATIF « LA PASSERELLE » : ..................................................................... 159 FOYER EDUCATIF « LE VIEUX LOGIS » : .................................................................... 171 Hauts de Seine : SERVICE DřACTION EDUCATIVE EN MILIEU OUVERT « AEMO » : ..................................... 195 MAISON DřACCOMPAGNEMENT PARENTS ENFANTS « MAPE » : ........................................ 231 FUSION DES FOYERS MATERNELS « LE BIEF & CLAIREFONTAINE » SERVICE DřACCUEIL DřURGENCE « SAU 92 » : ........................................................... 247 Seine Saint Denis : CENTRE MERES-ENFANTS : ..................................................................................... 265 RENCONTRE 93 .................................................................................................... 289 SERVICE DřINVESTIGATION, DřORIENTATION ET DřACTION EDUCATIVE « SIOAE 93 » : ......... 319 -1- CONSEIL D'ADMINISTRATION Au 31.12.2014 BUREAU Président HOLLIER-LAROUSSE Pierre Etienne Ingénieur en retraite Vice-Président BELLO Roger Ancien Directeur Général de lřAVVEJ Vice-Président LIARDEAUX Jean Ingénieur en retraite Trésorier NEVEU François Cadre technico-commercial en retraite Trésorier Adjoint DURAND Christian Ingénieur informaticien Ŕ Expert-Comptable en retraite Trésorière Adjointe LAUTIER Josette Commissaire aux comptes en retraite Secrétaire BUISSON Jean-Luc Ingénieur en retraite Secrétaire Adjointe DOMANGE Claude Ancienne Directrice dřétablissements de lřAVVEJ Membres BLONDEL Pierre Ancien Préfet - Ancien Conseiller à la Cour des Comptes CADOUX Pierre Ancien Directeur Général de lřAVVEJ DUPOUX Jacques Notaire Honoraire MEMBRES ACTIFS DEFRANCE Michel Ancien Directeur d'ITEP BRUEL Alain Ancien Président du Tribunal pour Enfants de Paris DEVEILLE Sylvie Aide Médico-Psychologique FAUCHEUX Marie Educatrice Spécialisée AVVEJ GEREAUME Lucien Retraité MOREAU Philippe Architecte NARAS Roger Cadre commercial en retraite DURAND Bernard Psychiatre SALABER Jean Professeur COVAS Gérald Juge assesseur au Tribunal pour Enfants de Versailles BARON Fabienne Cadre comptable AVVEJ STOLARCZYCK Marie-Agnès Ancienne Chef de Service Éducatif AVVEJ Poste vacant AVVEJ Rapport dřActivité 2014 -2- MEMBRES D’HONNEUR PRESIDENT D'HONNEUR : THERY Henri † Vice-Président de l'UNIOPSS MEMBRES : ENFRUN Raymond † Contrôleur Général de la Marine CHARLOT Jacques † Président de Chambre Honoraire à la Cour d'Appel de Paris ADMINISTRATEURS HONORAIRES AUTIN Jacqueline Ancienne Directrice d'établissements de l'AVVEJ FAURE Norbert Ingénieur en chef honoraire à la SNCF MEUNIER Michel Ancien Conseiller Technique de l'AVVEJ PECHABRIER Madeleine Ancien Sous-directeur de l'Action Sociale AVVEJ Rapport dřActivité 2014 -3- Direction Générale Un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir Aimé Césaire Hommage Depuis notre dernière assemblée générale, nous avons eu à déplorer le décès de plusieurs compagnons de route. Claude Coencas, ancien éducateur au Logis et au SESSAD de Paris est décédé le 29 avril 2014. Sœur Jo sřen est allée le 3 septembre. Elle avait 90 ans, anniversaire que les anciennes de lřOustal lui avaient souhaité au mois de juin. David Couturier, jeune éducateur au Logis, sřest tué accidentellement le 6 octobre. François Neveu était arrivé à lřAVVEJ comme administrateur en même temps que Jacques Charlot en 1991. Il y occupait le poste de trésorier de lřassociation. Il est décédé le 3 février 2015. Marc Walbert, premier éducateur spécialisé embauché à Vers la Vie, a notamment dirigé les SESSAD de Paris de sa création en 1973 jusque 1986. Marc Walbert est décédé en janvier 2015. Jean Pierre Chartier, docteur en psychologie, psychanalyste, auteur de nombreux ouvrages sur les adolescents difficiles, a travaillé au SESSAD de Paris avec Marc Valbert dans les années 80. Il est décédé le 12 février 2015. Nous les associons dans une même pensée. -------------------------------------------------------------------------Sans doute les interrogations des uns et des autres, nos questionnements sur la période que nous traversons et sur lřévolution de lřassociation, ne sont pas étrangères au besoin ressenti, [avant de se pencher sur les événements de 2014], de porter un regard rétrospectif sur ces dernières années. Si lřon effectue un rapide retour en arrière sur les réflexions que nous avons menées à lřAVVEJ depuis ces 15 dernières années, nous constatons que nous nřavons cessé dřessayer de comprendre comment lřévolution de la société agit sur lřéducation et sur lřaction de ceux qui y sont engagés. Que faut-il garder en mémoire ? Comment ont évolué les points sur lesquels nous avons mis lřaccent les années précédentes, que ce soit dans nos rapports dřactivité ou dans nos séminaires ? Comment lřair du temps continue-t-il dřopérer et dřagir sur notre environnement et sur nous-mêmes ? Quels sont les enjeux dřaujourdřhui et ceux de demain pour les associations en général et lřAVVEJ en particulier ? Il est communément admis quřil faut savoir dřoù lřon vient pour savoir où lřon va ! Puisque jřévoquais la disparition de Jean Pierre Chartier et ses propos sur les « incasables », mřest revenu comment il caractérisait la perception quřavaient ces derniers de la temporalité : « un passé pas simple, un présent immédiat et un futur inexistant ». Alors, sans vouloir laisser supposer que nous pourrions, à lřimage des « incasables », relever de structures psychopathique ou abandonnique 1, jřai structuré mon rapport dřactivité sur cette trame : hier, aujourdřhui et demain. 1 Selon Jean-Pierre Chartier, les adolescents difficiles ou « caractériels », pris en charge par les institutions de rééducations spécialisées, se répartissent entre personnalités abandonniques et structures psychopathiques. « Pour ces Direction Générale RAPPORT DřACTIVITE 2014 -4- Un passé pas si simple Je me suis donc prêté à une relecture des rapports généraux de mes prédécesseurs pour y rechercher la perception quřils avaient du moment associatif quřils avaient traversé. Jřai essayé de retenir les points marquants et de reprendre quelques propos de leurs auteurs. Bien que jřai cherché lřobjectivité, il nřest pas impossible que ma lecture ait été marquée dřun parti pris. 1999 : Jean Afchain écrit à propos de la fermeture du CMH de Thiais : « Nous réfléchirons sur nos propres responsabilités, sur nos croyances excessives en lřapplication du droit, sur notre entêtement à défendre un projet de qualité dans un environnement aux politiques publiques modestes, sur nos fautes stratégiques. Nous tenterons de comprendre pourquoi un projet considéré pendant plus de dix ans comme exemplaire par les Pouvoirs Publics sřest mis à faire lřobjet dřabattements budgétaires massifs. Nous tenterons de dégager ce qui relève dřune évolution des politiques publiques de gestion de la pauvreté, ce qui relève de la politique locale et des logiques administratives, ce qui relève des acteurs, de leurs comportements et de leurs intérêts, ce qui enfin relève de notre difficulté à saisir et à anticiper des événements et des pratiques que nous nřimaginions pas.» Les autres points développés dans son rapport portent sur les 35 heures, le projet en cours de Rencontre 93, la question de lřactivité difficile à réaliser, celle de lřévolution des populations et de la question de la violence. Le titre du 15ème séminaire est : « Familles et acteurs du social Ŕ devoir dřéducation et responsabilité ». 2000 : Le point principal développé par Pierre Cadoux est celui de la nécessité dřune réorganisation financière et administrative de lřAVVEJ. Un premier diagnostic est posé en septembre 2000 : Un potentiel réel dřaction mais : o o o o Une association qui ne sřintègre pas suffisamment dans son environnement Une association qui fonctionne « au fil de lřeau » Une association fragilisée financièrement par les défauts structurels de certains établissements, par lřabsence de mécanismes internes de régulation, de contrôle et de perspective. Une association gênée par le manque de lisibilité des responsabilités entre la direction générale et les établissements. Ce diagnostic conduit à la nécessité dřun recadrage de la mission de lřAVVEJ dans le contexte économique et social dans un plan dřaction sur trois ans. Les autres points développés portent sur la surcharge de travail à chaque étage de lřassociation dans les services administratifs et comptables, les prises en charge des jeunes qui voient leurs durées diminuer, lřaspect tatillon des autorités de contrôle dont les demandes, tableaux, statistiques, et projets qui leur sont soumis, diffèrent selon chaque administration demanderesse. 2001 : Le rapport marque la fin de la mission de lřaudit sur la réorganisation administrative et financière, la décision de créer un poste de Directeur Administratif et Financier, et la rencontre avec lřensemble des financeurs de lřassociation qui a eu lieu le 29 juin. Le 16ème séminaire a pour titre : « Les acteurs de la vie associative dans la mise en œuvre des politiques sociales Ŕ Quel type dřarticulation la vie associative permet-elle entre les politiques sociales et les soucis individuels des travailleurs sociaux ? » personnalités abandonniques ou psychopathiques, quelque chose a été tragiquement raté dans lřinstauration du lien initial avec lřAutre. » Direction Générale RAPPORT DřACTIVITE 2014 -5- 2002 : Le rapport général est centré sur les tiraillements et les turbulences que traversent les associations en général et lřAVVEJ en particulier en ce début de millénaire : « LřAVVEJ est attendue Ŕ « convoquée », pourrait-on dire Ŕ à plusieurs endroits : comme organisme gestionnaire, on la suppose réactive, solide, bien organisée, irréprochable ; comme association, on lřimagine militante, généreuse, adaptable, disponible, on voudrait de ses salariés quřils soient presque bénévoles et des bénévoles quřils « sřinvestissent » encore plus ; dřautres voient en elle une P.M.E. qui devrait mieux faire travailler son patrimoine et disposer de ressources propres permettant de financer ses actions. Comme employeur ses salariés la voudraient plus « communicante », moins directive, plus démocratique, moins légaliste, un peu plus ceci et un peu moins cela… Et puis elle est à vocation éducative : on lřespère créative, innovante, à la pointe du progrès, mais … sans faire courir de risque à quiconque…. » Le drame de lřAVVEJ, cřest quřelle nřest pas parfaite ! conclut Pierre Cadoux. 2003 : La mise en place dřune réforme administrative dans lřassociation suite à lřaudit qui a été effectué occupe une bonne place dans le rapport dřactivité de 2003. Un extrait du rapport adressé à la DDASS et au Conseil Général des Yvelines en mai 2003 est intégré au rapport général. La mise au travail dřune nouvelle écriture des options fondamentales de lřAVVEJ par une commission composée dřadministrateurs et de directeurs y est également annoncée, de même que la mise en route dřun travail dřévaluation dans la plupart des établissements. Pierre Cadoux développe une réflexion sur le fait associatif ; il constate que les associations dřaction sociale qui ne sont pas nées de la tradition caritative sont des colosses aux pieds dřargile qui traversent souvent des crises importantes ; tel est le cas de lřAVVEJ. Pierre Cadoux termine son texte ainsi : « La situation actuelle serait comique si elle nřavait pas des conséquences parfois dramatiques : les administrations nous délèguent une tâche quřelles reconnaissent ne pas pouvoir remplir de la même manière, mais en nous disant comment la faire, elles se privent de la raison pour laquelle elles sřadressent à nous. » En cette année impaire, le thème du 17ème séminaire est : « Comment dirions-nous aujourdřhui lřautorité et lřéducation ? Crise des repères, mutation des valeurs, perspectives nouvelles. » 2004 : Lřévénement majeur de lřannée 2004 pour lřAVVEJ est lřadoption par le Conseil dřAdministration des nouvelles options fondamentales. Lřévaluation interne, démarrée en 2003 pour chaque établissement de lřassociation, réalisée par le CRIDA, est terminée. Chaque directeur dispose dřune photographie des différents éléments qui déterminent la situation de son établissement, dřun point de vue historique, organisationnel, stratégique et culturel. Pierre Cadoux mène une réflexion sur lřévolution des associations : « Que sommes-nous devenus ? Où en sommes-nous ? Que nous reste Ŕt-il ? » Sa conclusion est la suivante : « Les dérives technocratiques ont gagné notre secteur et notre filiation venue des « œuvres » nřest pas toujours perceptible. Nos efforts constants de « lisibilité » nous laissent plus de tranquillité devant les financeurs, mais, précise Bernard LEMAIGNAN2, le fait que nos élus encouragés et relayés par leurs administrations ont entrepris dřédicter par eux-mêmes les attendus, les finalités et les moyens dřaction…/…ne les empêcheront pas de poursuivre en déterminant bientôt les méthodes ». 2005 : Une réunion avec les directeurs des administrations qui financent lřAVVEJ a eu lieu, en vue de donner suite à celle qui avait eu lieu en 2003, pour les informer de la situation de lřAVVEJ suite à la fermeture du CFA de Bel Air. Un travail dřécriture du projet associatif est engagé par un groupe dřadministrateurs, avec lřappui de la direction générale 2 Intervention de de Bernard LEMAIGNAN au congrès du CNAEMO 2005 Direction Générale RAPPORT DřACTIVITE 2014 -6- La réflexion de Pierre CADOUX porte sur la question de la violence qui met en difficulté beaucoup de dispositifs, dont les établissements de lřAVVEJ. Le thème du 18ème séminaire est : « Paroles …Conflits …Education…Ce que dit lřAVVEJ de lřéducation : Quřen faisons-nous ? Quřen disons-nous ? » 2006 : Le rapport dřactivité de Pierre CADOUX porte essentiellement sur le formalisme toujours plus marqué des autorités de contrôle à lřendroit des établissements et sur la difficulté de maintenir une dimension associative et le sens du projet dans un tel contexte. Il débute son rapport ainsi : « Depuis deux ans dans les établissements, vous remarquerez un phénomène extrêmement répandu avec une prégnance jamais atteinte : les contrôles, les enquêtes, les évaluations ; ce nřest pas chaque élément qui me rend dubitatif, mais leur accumulation. » Il le termine sur cette invitation : « Comment ne pas être les opérateurs immobiles du devenir à construire ? » 2007 : Cřest incontestablement le thème du 19 ème séminaire intitulé « La transmission en éducation : légitimité, nécessité », croisé avec le projet associatif en devenir qui ressort du rapport dřactivité 2007. Au risque dřêtre un peu long, jřai choisi dřen retenir de larges extraits, car ils mřapparaissent contenir de nombreux éléments quřil nous faut garder en mémoire comme repères pour demain. Lřintervention dřouverture du Président de lřAVVEJ à ce 19 ème séminaire sert dřintroduction au rapport général. Etienne Hollier Larousse y articule deux points, quřil ressent comme liés au thème du séminaire : un hommage rendu à la mémoire de Jean Claude FERRAND, décédé en 1997 et une approche du futur projet associatif de lřAVVEJ. Il fait ce lien en lisant un passage de la dernière intervention de Jean Claude FERRAND au 16ème séminaire : « Beaucoup dřassociations meurent dřêtre des collecteurs de budgets, dřétablissements sans liens communs sur le plan éducatif. Cela nřimpose pas un corps de doctrine mais une approche humaniste et lřacceptation de valeurs communes. Je tiens beaucoup à vous rappeler que les Options Fondamentales de lřassociation font ce que nous sommes. Cřest le désir de promouvoir nos valeurs qui est le moteur fondamental de lřAVVEJ, cřest-à-dire la certitude que nous avons à défendre une association qui nřest pas rigoureusement habituelle »3. Avant de donner la lecture du préambule du futur projet associatif de lřAVVEJ, Etienne Hollier Larousse développe en quoi, selon son point de vue, lřAVVEJ nřest pas une entreprise ni un employeur comme un autre. « Vous ne serez pas surpris si je proclame que lřAVVEJ nřest pas une entreprise comme une autre, et que lřAVVEJ nřest pas un employeur comme un autre. Nous nřavons pas de clients, nous nřavons pas dřactionnaires, nous nřavons pas de concurrents, à moins de donner à ces termes des acceptions controuvées pour la circonstance. La collectivité publique, loin de nous utiliser comme collecteurs dřimpôts, nous soutient. Nos fournisseurs ont une place marginale dans nos équilibres économiques. Enfin les relations avec nos salariés sont prédéterminées par la convention de 1966, qui sřimpose à nous avec ses avantages et ses inconvénients. Eduquer des jeunes en difficulté nřest pas dřabord une activité économique, mais la réalisation dřune vocation au service dřautrui. Nous savons très bien que les salariés de lřAVVEJ ont besoin de leur rémunération, et cela nřempêche pas dřêtre sûr de ne jamais entendre « je suis éducateur spécialisé, cřest un gagne-pain comme un autre. » Pierre CADOUX porte une réflexion sur la question de lřéducation et de lřautorité. « Ce ne sont pas les enfants de lřAVVEJ qui sont en difficulté, ce sont tous les enfants de la société…. /… Les parents dřaujourdřhui sont-ils plus laxistes que ceux dřhier ? Ce nřest pas si sûr. Ils sont désemparés. Pourquoi ? …/… Il cite Annah Arendt qui avait déjà bien repéré la difficulté à laquelle nous sommes confrontés dans « La crise de lřéducation » : « Dans notre monde moderne (où lřautorité est en train de disparaître) le problème de lřéducation tient au fait que par sa nature même, lřéducation ne peut pas se passer dřautorité ni de tradition, or elle doit sřexercer dans un monde qui nřest plus structuré par lřautorité, ni la tradition ». Pierre Cadoux conclut ainsi son rapport : « Notre vision nous fait oublier que lřenfant est dominé, au début de sa vie, par des pulsions, par la recherche du plaisir immédiat, par un sentiment aigu de toute puissance : il nřest pas naturellement apte à vivre avec ses semblables. Et son fonctionnement 3 Passage de la dernière intervention de Jean Claude FERRAND au 16ème séminaire de lřAVVEJ Direction Générale RAPPORT DřACTIVITE 2014 -7- naturel doit être modifié. Cette métamorphose ne se fait que si nous lui imposons des règles de la vie civilisée, et quřil soit sanctionné sřil les transgresse, par quelquřun qui lui apporte de lřaffection. Condition nécessaire pour quřil lřintègre et en comprenne lřimportance. Cřest à ce prix quřon lui ouvre les portes du monde. » 2008 : Date de ma prise de fonction de directeur général. Je retrouve des thématiques qui reviennent, avec une insistance devenant récurrente au fil du temps sur les effets de transformation à lřœuvre auxquelles sont confrontées la société en général et les associations en particulier. Le projet associatif (2008 Ŕ 2013) est entériné. Les évaluations internes ont été réalisées. 2009 : « Non, une association ne peut être assimilée à un simple opérateur . Les évolutions législatives4 ont eu pour conséquences de réduire les associations à un rôle de prestataire. Si tel était le cas, une définition de lřopérateur pourrait alors sřesquisser : un partenaire sans projet ! » La paupérisation des salariés de notre secteur, notamment en Ile-de-France où le coût de la vie est plus élevé quřailleurs pour des rémunérations qui sont identiques que dans le reste de la France devient préoccupante. Cela ne résout pas les difficultés de recrutement déjà évoquées auparavant. Le titre du 20ème séminaire est : « L'individu, le collectif : comment faire société ». 2010 : « Nous avons participé pendant des décennies à la construction dřun modèle qui arrive à épuisement. Nous pensions que nous avions notre mot à dire sur les politiques sociales, et nous lřavions, en oubliant que nous lřavions à la seule condition que lřon voulait bien nous lřaccorder. » Une réflexion est menée sur ce qui caractérise aujourdřhui notre territoire dřintervention : période de recomposition du champ social, logique gestionnaire qui prend le pas sur toute autre logique, contrôle et standardisation des contenus mêmes des pratiques (ANESM 5, ANAP6, référentiels des bonnes pratiques), recentrage au niveau régional des services déconcentrés de lřEtat (ARS et PJJ), arrivée de la loi HPST qui finit de charpenter une architecture qui sřapparente à une techno structure, apparition dřoutils de maîtrise du flux des dossiers, délimitations de territoires et de frontières de plus en plus marquées. Nous voyons apparaître les addictions des jeunes aux nouvelles technologies, qui modifient les comportements sociaux et impactent tous les moments de la vie quotidienne. Le rapport conclut ainsi : Pour maintenir vivant son projet, une association doit notamment résoudre deux équations, dřune part, actualiser ses réponses, en gardant en tête que comme nous le rappelle Marcel GAUCHET, le changement nřest possible que si des choses restent permanentes et, dřautres part, être consciente du seuil de contre productivité qui guette toute organisation, et quřYvan ILLICH formule ainsi : « Une institution qui a été mobilisée pour résoudre un problème, répond à son cahier des charges pendant un temps, mais au fil de son développement se transforme elle-même en fauteur de troubles, en problème ». 2011 : « les jeunes et les adultes qui nous sont adressés le sont parce quřil y a quelque chose qui ne va pas ». Cřest par ces mots quřest introduit le rapport dřactivité 2011. On a beau tracer des parcours, rationaliser des dispositifs, individualiser les prises en charge, faire appel aux techniques de gestion de tous ordres, le propre de lřhumain, cřest que ça échappe en permanence…/… …/… Dřun côté, un monde virtuel qui, se faisant passer pour vrai, dicte ses lois. De lřautre, le monde du vivant qui devrait se mettre en ordre. 4 Schémas départementaux, logique de lřappel à projet, les conseils généraux devenus chef de file des dispositifs de protection de lřenfance dans leur département suite à la loi de 2007 5 Agence nationale de lřévaluation des établissements sociaux et sociaux médico 6 Agence nationale dřappui à la performance Direction Générale RAPPORT DřACTIVITE 2014 -8- D'un côté, un monde calculable comme deux et deux font quatre, qui doit tomber juste, de l'autre un monde impair, dont la division fait toujours apparaître un reste. Ces deux mondes peuvent-ils se rejoindre ou ne cessent-ils au contraire de s'éloigner l'un de l'autre ? Cette année 2011, marquée par un fort contexte de crise, voit la fermeture du service dřinvestigation du SIOAE 75, la reconstruction enfin aboutie du foyer maternel de Fontenay aux Roses et l'installation dans un pavillon nouvellement acquis à Versailles par l'association d'un groupe de jeunes filles de l'Oustal. Le titre du 21ème séminaire est : « La responsabilité en éducation - l'éducation à la responsabilité ». 2012 : LřAVVEJ a célébré ses 60 ans cette année, au Palais du Luxembourg. Face à un modèle économique qui se transforme, interrogeant le devenir du fait associatif, faire vivre la coopération associative est une volonté de lřAVVEJ, réaffirmée dans un moment où des mouvements inter associatifs tentent de sřorganiser. Lřillustration de lřintérim de direction menée par lřAVVEJ en faveur de la Fondation Méquignon, en difficulté passagère, témoigne de comment la solidarité associative peut sřexprimer. 2013 : Le Projet associatif a cinq ans. Le corps du texte initial est gardé et fait lřobjet dřun « toilettage ». LřAG valide le nouveau projet associatif pour cinq nouvelles années. Les effets de transformation que le changement de société opère sur le changement des personnes se traduisent par une fragilité plus grande des salariés à leur poste de travail. Selon Marie France Hirigoyen, « ils ont une grande fragilité narcissique avec la peur de ne pas y arriver, de ne pas être à la hauteur, une grande intolérance à la frustration et aux attaques de lřestime de soi, en particulier tout ce qui peut être perçu comme de la domination ou du dénigrement ». Nous constatons à lřAVVEJ comme dans lřensemble du secteur une augmentation des arrêts de travail pour maladie. Lřenjeu auquel nous sommes confrontés est celui de ne pas se laisser creuser un écart insensé entre les dimensions techniques, stratégiques et organisationnelles, en constante évolution, et les dimensions humaines qui sont au cœur de notre projet associatif et des métiers à vocation relationnelle qui le servent. Plus que jamais, il faut en appeler à notre capacité créatrice, la solliciter auprès des professionnels de lřassociation, ne pas céder au sens de nos actions et aux valeurs auxquelles nous croyons et qui sont exprimées dans les options fondamentales de lřassociation. Le thème du 22ème séminaire est : « Instruire, éduquer : comment s'institue le sujet dans la cité ? » Direction Générale RAPPORT DřACTIVITE 2014 -9- Un présent immédiat La violence reste un thème qui revient régulièrement dans les rapports dřactivité. Les institutions continuent de se dire dépassées par les comportements des jeunes et ont tendance à estimer trop vite quřils ne relèvent pas de leur structure, parce que trop psychiatrique, trop social, trop comme disent les jeunes. Les « incasables » de Jean Pierre Chartier ne semblent toujours pas casés, malgré (ou parce que) les nombreuses cases qui ont été depuis constituées. Ce constat nřest peut-être pas étonnant si lřon se remémore que Jean Pierre Chartier disait de « lřincasabilité » quřelle était bien souvent la désignation dřune plaie à vif, quřil répartissait entre personnalités abandonniques et structures psychopathiques. Pour ceux-ci, « quelque chose a été tragiquement raté dans lřinstauration du lien initial avec lřAutre ». Il soulignait quřils se distinguaient «par une faculté prodigieusement développée à créer de la zizanie entre tous les intervenants et dans toutes les institutions qui veulent ou sont obligées de sřoccuper dřeux ». En 2014 le brouillage des repères a continué son œuvre. La tendance à plus de bureaucratie, plus de référentiels, plus de demandes sous forme dřinjonction, plus de distance entre ce quřil en est du travail sur le terrain et des préoccupations gestionnaires a continué à sřintensifier. Chaque autorité de contrôle construit ses propres outils, déploient ses propres procédures, définit ses propres politiques, en matière de prise en charge des mineurs isolés ou des jeunes majeurs par exemple. La tyrannie du coût à la place ou du prix de journée plafond lřemporte sur les autres considérations, et il y a de moins en moins dřéchange sur la valeur de ce qui est proposé. Sur un plan politique plus large, les incertitudes, les atermoiements, lřabsence de lisibilité sur ce que sera demain sont devenus des réalités quotidiennes. Le projet de territorialisation est un exemple criant dřune politique qui balbutie. Depuis près de 18 mois, les conseils généraux ont été mobilisés dans la préparation de leur disparition, les fonctionnaires ne sachant pas quel avenir il leur était réservé. Tout cela a entrainé des paralysies, généré des débats, des projections et des anticipations de toutes natures, stratégie oblige, pour accoucher dřune souris, des conseils départementaux plutôt que des conseils généraux. Les régionales en fin dřannée, les métropoles et le grand Paris demain, et déjà arrivera 2017 et les présidentielles. Pendant ce temps, nous assistons à un turn over jamais atteint dans les collectivités publiques avec lesquelles nous travaillons, et bien des dossiers souffrent aujourdřhui dřune absence de suivi et dřune perte dřhistorique. Sur le plan associatif, les effets dřannonce continuent de produire leur œuvre et la recomposition de notre secteur est toujours dřactualité. LřARS de Paris nřa-t-elle pas annoncé que 1000 établissements médicaux sociaux sur les 2000 existant en Ile-de-France étaient identifiés comme fragiles, indiquant la nécessité pour ceux qui ne pourraient satisfaire aux critères de meilleure santé de se rapprocher, de se regrouper ou dřenvisager les rapprochements utiles avec des associations mieux assises ? Paradoxalement, le secteur social et médico-social est décrit comme un secteur porteur de métiers dřavenir. La santé, lřéducation, le vieillissement, le handicap, la dépendance, bref, les personnes vulnérables semblent être pour le pays un facteur de développement important. ---------------------------------------------- Direction Générale RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 10 - Les points marquants de l’année 2014 1. Des mouvements de directeurs ont eu lieu Frédéric Michel a été recruté pour diriger le SIOAE 93 le 15 janvier 2014. Issam Sahili a été recrutée le 1er mai 2014 pour diriger le SESSAD de Paris, suite au départ à la retraite dřArmelle Lemoine. Philibert Corne, directeur administratif et financier a quitté lřassociation en avril 2014. Madeleine Husson, qui occupait à mi-temps le poste de secrétaire générale, est passée à temps plein et cumule les fonctions de secrétaire générale et de directrice administrative et financière. Il est à noter que le Conseil de direction a engagé cette année un travail dřanalyse de pratique avec Ingrid Belz Ceria. 2. Appel à projet LřAVVEJ a répondu à deux appels à projet pour : o o Un Service dřaccueil de jour éducatif (SAJE) sur Paris, dossier déposé en mars 2014. Un Institut Educatif Thérapeutique et pédagogique (ITEP) sur Paris, déposé en septembre 2014. Le projet concernant le SAJE nřa pas été retenu. Quant au projet de lřITEP, il a été annulé par lřARS avant même que les candidats nřaient pu défendre leur chance, le groupement propriétaire des locaux destinés au projet et qui faisaient lřobjet dřune étude architecturale sřétant retiré du projet en cours de procédure. Il est bien évidemment pénalisant et regrettable, tant financièrement quřen ce qui concerne lřénergie nécessaire à lřélaboration de ce type de dossier, quřun appel à projet nřengage pas dřavantage la collectivité qui lřinitie. 3. Micro projet Nous avons eu le plaisir dřapprendre que la Caisse locale Paris Lafayette du Crédit Agricole avait retenu le projet informatique de Kairos dans le cadre dřun appel à projet. Elle lui a donc accordé une subvention qui couvre la totalité du projet qui était présenté. Sept projets ont été présentés à la commission associative de lřAVVEJ qui avait lancé une bourse au micro projet. Deux projets ont été retenus, celui de « Cuisine et partage » du SIOAE 75 et celui du Vieux Logis « Formation plongée ». La contribution de lřAVVEJ sera dřaccompagner ces projets dans leur réalisation, notamment dans la recherche de financements. Cřest Myriam Delassalle, chargée de mission à la direction générale dans le cadre dřun contrat de professionnalisation, qui accompagnera les porteurs de projets. 4. Accessibilité La législation en la matière impose aux établissements accueillant du public de se rendre « accessible » ou de présenter un plan dřaction lřengageant à lřêtre dans un délai contraint. Quoique la loi soit restée et reste encore très confuse quant à son application et à ses délais, nous avons confié ce dossier à Gilles Fadel, chargé de mission auprès de la direction générale. Voilà encore un dossier très technique pour lequel un engagement financier important est sollicité, qui demande des compétences particulières dans un délai serré, pour lequel nous nřavons aucun interlocuteur susceptible de répondre à nos questions. Ce dossier avance malgré tout, et tout lřhonneur en revient à Gilles Fadel, exclusivement. Direction Générale RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 11 - 5. Evaluation externe Lřobjectif a été atteint. Tous les établissements de lřAVVEJ qui en relèvent ont rendu en temps et en heure leur évaluation externe, dernière étape dřun processus pour se présenter en situation de conformité au renouvellement des habilitations qui auront cours en 2017. Nous devons remercier et féliciter tous les artisans qui ont participé à la réussite de cette opération, en commençant par Madeleine Husson et Myriam Delassalle qui ont coordonné lřensemble de la démarche, les administrateurs dont plusieurs ont participé aux comités de pilotage qui ont choisi lřorganisme et suivi le processus tout au long de son déroulement, en passant par les directeurs et leurs cadres qui ont piloté lřévaluation dans leur établissement, sans oublier les salariés qui ont été également sollicités. Nous remercions le cabinet ENEIS qui a parfaitement respecté ses engagements et qui sřest avéré un partenaire compétent et fiable. Myriam Delassalle revient sur cette opération, à la suite de ce rapport, dans un écrit qui synthétise lřensemble de la démarche. 6. Ressources humaines Nous le disions dans notre rapport en 2013. Les dossiers RH ont pris ces dernières années une place et une importance grandissante. Nous avons tenté de combler le retard que nous avions pris durant la vacance de partenaires sociaux pour négocier les accords dřentreprise rendus obligatoires par la loi, et qui concernent le contrat de génération et lřégalité professionnelle. Le premier a reçu la signature dřun syndicat sur les deux qui sont représentatifs à lřAVVEJ. Le second, outre quřil nřa pas reçu lřaccord des deux syndicats, et quřil a dû être transformé en plan dřaction, a été transmis avec retard à la DIRECCTE qui nous a appliqué une pénalité de retard. En tant quřentreprise de plus de 300 salariés, nous avions obligation de fournir à nos IRP une base de donnée unique7 avant le 1er juin 2014. Avec un retard bien indépendant de notre volonté, nous avons transmis ce document en début dřannée 2015. Durant lřannée, nous avons procédé à la formation de tous les cadres hiérarchiques de lřAVVEJ afin de mettre en place les entretiens de formation devenus obligatoires à compter du 1er janvier 2015, par la loi relative à la formation professionnelle, à lřemploi et à la démocratie sociale, du 5 mars 2014. Cette loi révolutionne par ailleurs la formation professionnelle et change toutes les règles, dont celle du financement à cette même date du 1er janvier 2015. Comme vous le savez, le financement de la formation dans notre branche, qui doit passer par un accord de branche pour convenir dřun financement supérieur au taux de financement obligatoire retenu par la loi, nřest toujours pas assuré, les partenaires sociaux ne parvenant pas à se mettre dřaccord. Lřobligation faite par la loi aux employeurs de former tous leurs salariés dans un délai de 6 ans sera difficile à atteindre si nous ne pouvons y mettre tous les moyens dès 2015. Enfin, lřavenant 328 en date du 1er septembre 2014, relatif à la mise en place dřun régime de complémentaire santé, rendra obligatoire pour tous les salariés de lřAVVEJ la mutuelle que retiendra lřemployeur. 7. Le changement d’outil comptable Commencé en 2013, ce chantier a été conduit tout au long de lřannée 2014. Lřinstallation de lřoutil GESSI sřest avérée laborieuse. Si elle est aujourdřhui presque aboutie, elle sřest faite dans la douleur et beaucoup dřapplications manquent encore quand bien même lřessentiel est opérationnel. Nous espérons en 2015 pouvoir encore améliorer lřoutil afin quřil nous apporte tous les services que lřon est en droit dřen attendre. 7 Cette base de données unique doit comporter des données sociales et économiques, sur une pluri annualité de 3 ans. Direction Générale RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 12 - 8. L’espace Pierre Baldini Lřannée 2014 nřaura pas suffi pour venir à bout des dernières réserves que nous avons faites, situation qui nous a obligés à saisir le tribunal des référés pour tenter dřobtenir le fameux certificat de conformité de lřascenseur qui nous permettrait de lever lřautorisation partielle à recevoir du public que nous a attribuée la commission de sécurité. Nous touchons là à un summum de lřabsurdité administrative. Il est à craindre que ce dossier ne se règle devant les tribunaux. 9. Les 3 A Comment ne pas évoquer la parution des deux livres écrits par lřassociation des anciens et des amis de lřAVVEJ (3A): « 40 ans de vie associative de lřassociation des Anciens et Amis de lřAVVEJ », petit ouvrage qui retrace depuis sa création les moments forts des 3A, et « Quand jřétais petit, on mřa retiré de ma famille », livre qui réunit 12 témoignages dřanciens avec une préface de Jean Pierre Lebrun, sous la direction de Claude Domange et de Pierre Cadoux. Le 23ème séminaire de lřAVVEJ Lors de la journée des administrateurs qui a eu lieu le 20 septembre en présence de Roland Gori, cřest le titre « Normes, règles, lois : quels repères pour lřinstitution ? » qui a été proposé, titre qui a été validé par le Conseil dřadministration lors de sa séance du 17 octobre. Une équipe dřorganisation a été constituée autour de cinq directeurs, Véronique Blain, Narjès Calabrèse, Monique Faugère, Laurence Roubinet et Jean Alexandre Madej. Une bonne dizaine de salariés sřest jointe à eux pour relayer et porter le thème dans leurs établissements, qui se sont mis au travail pour proposer une contribution sous la forme qui les aura inspirés ; table ronde, atelier, scènes théâtrales…… Nous savons depuis plusieurs séminaires maintenant que ce nřest ni lřimagination, ni lřaudace, ni le talent qui manquent à nos équipes. Nous nous donnons donc rendez-vous les 23, 24 et 25 septembre 2015 à Ronces-les-Bains, en Charentes Maritimes. Un avenir qui se construit chaque jour Là où hier lřune des forces du secteur associatif était sa diversité et sa singularité, celles-ci pourraient se transformer en faiblesses dans un moment où la rationalité, lřefficacité, la performance économique font du regroupement et de la fusion des modèles à suivre. Faut-il sřy résoudre, voire sřen réjouir ? Ici on soutiendra quřêtre plus gros, cřest être plus fort, plus influant, cřest être dans le sens de lřhistoire. Certain en font un enjeu de survie, dřautres le posent comme une évidence et en font une stratégie de développement, comme étant une fin en soi. Pourquoi vouloir devenir plus gros ? La question est-elle vraiment une question de taille ? Si on sřen réfère à lřouvrage dřOlivier Rey qui porte ce titre, la question de la taille doit être posée : « On devrait toujours se poser la question de la taille appropriée, de lřéchelle à respecter pour que les moyens mis en œuvre servent vraiment la personne qui est censée en bénéficier. Ce nřest pas le petit qui est bon, mais la proportionnalité. En règle générale, une vie humaine est dřautant plus épanouie et féconde quřelle se déroule à lřintérieur dřun monde à sa mesure…./… La vérité est que passée certains seuils, la puissance technique a pour la personne quelque chose dřécrasant et de stérilisant. » La question nous est souvent posée de la politique de développement de lřAVVEJ. Cette question est légitime et quřon le veuille ou non, nous y sommes confrontés, ne serait-ce que parce que des associations nous contactent pour lier leur devenir au nôtre. Mais il nřest pas certain que ces questions doivent faire lřobjet dřune politique, même sřil semble de bon ton, dans notre secteur sur lequel déteignent les logiques managériales de lřentreprise, dřélaborer des plans dřaction stratégiques. Attention de ne pas réduire lřutilité de nos associations à ces seules considérations opérationnelles. Direction Générale RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 13 - LřAVVEJ est davantage engagée à faire vivre le fait associatif, par son implication dans des mouvements fédératifs et inter associatifs, par la recherche de coopération avec des associations proches dřelles, que dans une volonté de devenir plus grande quřelle ne lřest. La pérennité et le développement de lřAVVEJ ne sont pas des points à négliger, mais constituentils des finalités en soi ? Une association comme la nôtre a vocation à perdurer tant que la réponse quřelle apporte en direction des personnes quřelle accueille est pertinente. Sa pérennité et son développement relèvent donc davantage, de mon point de vue, de sa capacité à penser ce quřelle fait, au sens et à lřutilité de ses actions en direction des jeunes, quřà la taille quřil serait bon quřelle ait. Aussi, ne cédons pas au découragement dans lequel les évolutions de notre secteur et de la société pourraient parfois nous entraîner. Continuons de travailler sur les possibles, sur nos failles, dřexploiter nos richesses, sans peur du formalisme bureaucratique auquel tout un chacun est soumis. Les résultats des évaluations externes, qui mettent en valeur le travail qui se fait dans les établissements de lřAVVEJ, ont aussi permis de révéler les atouts et les ressources que nous avons pour envisager demain. Et si le sens de la mesure vient à nous manquer, recherchons la sagesse du philosophe dont lřélévation permet de trouver des échappées jusque dans les impasses. Soyons convaincus quř « en nous efforçant dřatteindre lřinaccessible, nous rendons impossible ce qui serait réalisable » 8 et que ce nřest pas si grave que lřAVVEJ ne soit pas parfaite, sauf à entendre la perfection comme la définissait François de Salignac de La Mothe-Fénelon, dit Fénelon: « Cřest une perfection de nřaspirer point à être parfait ». Serge RAGUIDEAU Directeur Général 8 Robert Ardrey Direction Générale RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 14 - La démarche d’évaluation externe à l’AVVEJ Répondant à lřobligation légale de la loi de 2002 rénovant lřaction sociale et médico-sociale, la démarche dřévaluation externe portant « sur la pertinence, lřimpact et la cohérence des actions déployées par les établissements et services, au regard dřune part, des missions imparties et dřautre part des besoins et attentes des populations accueillies 9 » sřest déroulée à lřAVVEJ tout au long de lřannée 2014 avec le cabinet ENEIS Conseil. L’accompagnement de la démarche En septembre 2013, le référentiel dřévaluation adapté aux spécificités et objectifs de lřAVVEJ a été élaboré. Un comité de pilotage sřest constitué avec des administrateurs, des directeurs, des membres de la Direction Générale, du Comité Central dřEntreprise, de lřassociation des 3 A, dřun membre salarié et dřune personne qualifiée extérieure à lřAVVEJ. Pour chaque établissement, des membres du comité de pilotage étaient référents et assuraient un suivi de la démarche. Cinq comités de pilotage ont eu lieu entre décembre 2013 et décembre 2014. Deux points majeurs ont suscité des questionnements. Dřune part lřécart entre la synthèse, qui faisait ressortir les points négatifs, et lřévaluation, qui était positive dans lřensemble. Dřautre part le choix du code couleurs pour la notation rappelait celles du feu tricolore ce qui connotait négativement lřévaluation. Le cabinet ENEIS a pris en compte les remarques du comité de pilotage en remaniant la synthèse et en changeant les couleurs de la notation, en accord avec le Directeur Général. Les évaluations externes dans les établissements et services En janvier 2014 les évaluations externes des établissements et services ont débuté. Sur chaque site la démarche a débuté par un cadrage téléphonique, puis dřune présentation de la démarche, suivis par la suite dřun temps dřobservation et dřanalyses. Cela incluait une visite des locaux, des questionnaires, des entretiens individuels et collectifs avec la direction et les professionnels dřune part et avec les jeunes accueillis, leurs familles, les adultes accueillis, les partenaires dřautre part. Les instances consultatives ont aussi été prises en compte. Une restitution « à chaud » a été faite sur un temps de réunion institutionnelle, après la visite sur site ou après le rapport final. Il nřy avait pas de règles établies, chaque restitution sřest ajustée à lřorganisation de lřétablissement. Regard global et transversal d’ENEIS Conseil sur les établissements et services évalués En décembre 2014 les évaluations externes étaient terminées. Le comité de pilotage sřest réuni pour la présentation dřun bilan transversal de lřAVVEJ par ENEIS. Les évaluateurs se sont dits satisfaits de la bonne organisation de la démarche. Ils ont constaté des inquiétudes de la part des professionnels (sur le fond, la méthode) lors des temps de présentation. In fine, elle a été bien reçue par les équipes qui ont généralement « joué le jeu » au cours des entretiens. Un certain nombre de professionnels se sont retrouvés dans des points dřaméliorations et les préconisations ont parfois été mises en œuvre au stade des échanges contradictoires. Les évaluations externes révèlent une qualité générale des accompagnements fondés sur les pratiques respectueuses des bénéficiaires au sein de structures à taille humaine rappelant un fonctionnement familial (locaux, participation des jeunes à la vie quotidienne…) o 9 Lřadmission, lřaccueil et lřintégration Une attention est portée par les établissements et services aux processus dřadmission et dřaccueil, qui font lřobjet dřune organisation définie : La prise en compte des demandes dřadmission est cohérente avec les missions dévolues à chacun des établissements et services. De plus, les modalités dřaccueil favorisent la compréhension du placement ainsi que lřapaisement du bénéficiaire. Agence Nationale de lřEvaluation et de la qualité des établissements et Services sociaux Médico-sociaux (ANESM) Direction Générale RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 15 - o Lřaccompagnement proposé Les évaluations sont généralement positives sur les modes dřaccompagnement proposés : Il y a un souci dřindividualisation des accompagnements avec la définition dřaxes de travail personnalisés dans un cadre pluridisciplinaire ainsi quřune sollicitation de compétences complémentaires via la mobilisation des ressources des territoires. o Le pilotage des établissements et services Les moyens humains permettent de fonctionner de façon satisfaisante : Des temps réguliers dřéchanges et de distanciation sur les pratiques dřaccompagnement sont organisés. Les discours et les pratiques des professionnels apparaissent en cohérence avec le projet et les options fondamentales de lřAVVEJ. LřAssociation est présente dans le travail des équipes grâce notamment à la journée dřaccueil des nouveaux professionnels et du séminaire associatif qui a lieu tous les deux ans. Myriam DELASSALLE Chargée de mission Direction Générale RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 16 - Direction Générale RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 17 - FOYER KAIROS ACCES : Espace Pierre BALDINI 6/8 rue Eugène VARLIN 75010 Paris Téléphone : 01.40.40.23.60. Télécopie : 01.40.34.61.81 e-mail : [email protected] MÉTRO : ligne 4 / 5 / 7 Stations : Gare de lřEst ou Château-Landon AUTOBUS : 26 / 46 / 54 Arrêt : Château-Landon ACCUEIL : KAIROS, est un établissement éducatif pour adolescent(e)s de lřAVVEJ dans Paris intramuros. Il a vocation à accueillir 32 adolescent(e)s de 13 à 18 ans bénéficiant dřune mesure de placement dans le cadre de la Protection de lřEnfance. Les demandes dřadmission sont adressées par les secteurs de lřAide Sociale à lřEnfance de Paris. MISSION : Le projet se fonde sur un accompagnement personnalisé, reposant sur des actions individuelles et collectives, prenant en compte les différentes dimensions de lřaccompagnement : éducative, scolaire, insertion professionnelle, vie sociale, santé, relations familiales. Nous privilégions lřinscription des jeunes dans les réseaux de droits communs existants, publics ou privés. Les ressources de proximité sont sollicitées et les partenariats recherchés. Lřétablissement participe au souci de lřAVVEJ en matière de développement durable et de qualité environnementale. Cette orientation sřinscrit à tous les niveaux de fonctionnement du foyer y compris dans lřaccompagnement éducatif des adolescents. Lřaccueil se fait sur deux unités de vie collective à partir de 13 ans (internats éducatifs) et sur un service dřappartements partagés (KAP), de 16 à 18 ans (expérimentation sans présence adulte 24/24 mais avec des liens quotidiens avec lřéquipe éducative). AGREMENTS - HABILITATION : Lřétablissement est agréé par le Conseil Général de Paris dans le dispositif de protection de lřenfance. ASSOCIATION VERS LA VIE ET L’EDUCATION DES JEUNES l RECONNUE D’UTILITE PUBLIQUE 1, place Charles de Gaulle Ŕ 78067 St Quentin en Yvelines Cedex Téléphone : 01.30.43.26.00 Ŕ Télécopie : 01.30.43.98.25 Courrier électronique Direction générale : [email protected] - 18 - STRUCTURE : Directrice : Marie-Catherine RENEVOT Chefs de service : Lucie AZZOUG (KAP et UV1) Poste à venir (UV2) Educateurs spécialisés, moniteurs éducateurs, psychologues, éducateur jour pour lřatelier pédagogique, maitresses de maison, surveillants de nuit et professionnels des services administratifs. ASSOCIATION VERS LA VIE ET L’EDUCATION DES JEUNES l RECONNUE D’UTILITE PUBLIQUE 1, place Charles de Gaulle Ŕ 78067 St Quentin en Yvelines Cedex Téléphone : 01.30.43.26.00 Ŕ Télécopie : 01.30.43.98.25 Courrier électronique Direction générale : [email protected] - 19 - Rapport d’activité 2014 Marie-Catherine RENEVOT Kairos a poursuivi sa course tout au long de cette année 2014. Les mouvements dřaccélération ont alterné avec des temps de moindre vitesse nécessaire à la construction dřun nouvel établissement. Rappelons quřen 2013, nous ne partions de « rien » : pas de structure préexistante sur laquelle sřappuyer, de locaux, de logistique déjà en place… Ce « rien » était néanmoins nourri dřexpériences associatives, de solidarités internes à lřAVVEJ et du soutien des instances de décision de lřassociation. Début 2014, il y avait déjà « quelque chose » : le service Kairos Appartements Partagés (K.A.P) fonctionne et nous y accueillons depuis 2013 les premiers jeunes, « pionniers » avec nous de cette ouverture. La quasi-totalité des locaux est en place, ainsi que lřéquipe administrative et la première équipe éducative. Si le personnage représenté par Kairos est dans le mouvement, il sřagit aussi de construire de la stabilité, du repère, de lřancrage qui fassent références et permettent de se constituer en institution sécurisante. Lřannée 2014 a été dense, au gré des crises et des rebonds : les points marquants : 1. Kairos a 1 an Nathalie JEANJEAN, Psychologue clinicienne - KAIROS Kairos a 1 an... et n'a pas fini sa croissance : l'institution se laisse traverser par des mouvements divers, externes et internes sans jamais lâcher le fil créatif du projet spécifique qui la soutient. Le dispositif prévoit un accueil en petit collectif de type MECS pour des adolescents de 13 à 18 ans, et un accueil en appartements partagés pour les 16-18 ans dans lesquels les adolescents cohabitent à 3, sans la présence physique de l'éducateur qui peut être sollicité à tout moment par téléphone. De plus, les lieux de vie pour les adolescents Ŕ foyers ou appartements - sont géographiquement séparés du lieu-dit administratif de l'institution, c'est à dire de l'ensemble où se trouvent la direction, la chef de service, la psychologue, l'atelier pédagogique et l'administration. Devant cette -apparente- discontinuité de présence adulte pour les jeunes en appartements, et la différenciation géographique des lieux de vie, comment se travaille la continuité de la relation avec le jeune, et le jeune avec l'institution ? Comment s'installe la permanence des adultes et s'intériorise la permanence d'objets internes suffisamment bons sur lesquels le sujet peut s'étayer ? Ces interrogations étant prises dans les problématiques et histoires de vie où ruptures, négligences, abandon... se sont répétés. A Kairos, la posture éducative est une interface essentielle dans ce qu'ils permettent, met en tension ou facilite les articulations des différentes temporalités, différents espaces et différentes fonctions entre l'adolescent, son projet et l'institution. Il y a la temporalité adolescente, celle du présent ; la temporalité éducative qui porte vers le projet et le futur ; et la temporalité de l'institution, ancrée dans un récit, tenant compte du passé -certes récent- de son actualité et de l'avenir. L'histoire d'un projet spécifique est elle-même prise dans celle d'un contexte social et politique. Il est possible que le jeune âge de l'institution Kairos et de ses fondations historiques soient à la fois porteuses de valeurs, ressources pour la créativité, la continuité et en même temps encore fragiles au sens juvénile d'une posture infantile qui doit travailler ses mouvements de puissance créatrice éprouvés par la réalité et ses corollaires de sentiments d'impuissance. Foyer KAIROS RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 20 - Ce travail d'élaboration est constant, dans les espaces-temps de réflexion pluridisciplinaire d'où peut émerger une parole qui fera ressource et repère institutionnel, une parole qui différencie, distancie et fait continuité. A Kairos, il y a le postulat que la différenciation géographique des espaces, soutient la différenciation des fonctions et permet le jeu des différentes temporalités. Ainsi, par les jeux de présence-absence, l'accompagnement est soutenu par le fil continu de la réflexion et de la parole. Il y a ici continuité de la parole, des actes des adultes, fiables lorsqu'ils ne sont pas « détruits » par des mouvements agressifs ou de « séduction », ni par les émergences de l'archaïque qui ne manquent pas. Nous travaillons la capacité de l'institution à proposer une surface de projection qui soit contenante, qui reste créative, c'est à dire capable de se « déformer » sans casser ni disparaître, capable de proposer une permanence de lieu ; de temps ; d'action : une permanence d'écoute de la demande de l'adolescent fortement suscitée, et de la parole de l'adulte qui peut soutenir l'intériorisation du sentiment de continuité d'exister. Bien sûr, quelques aléas résolus ou actuels (et à venir) nous maintiennent dans ce processus d'agencements multiples et nécessaires pour soutenir la capacité du sujet à se saisir et désirer pour lui-même. Petit dialogue intérieur : Un jeune, présent, a laissé dans l'appartement qu'il partage avec 2 autres garçons, suffisamment d'indices pour que l'éducateur lors de ses visites, puisse faire l'hypothèse de quelques transgressions. Ces hypothèses sont partagées par le reste de l'équipe éducative et réfléchies en réunion pluridisciplinaire. Le jeune acceptera facilement un entretien avec l'éducateur, il reconnaît alors être en difficulté pour respecter et faire respecter quelques règles de l'institution, surtout à respecter son espace : il lui arrive de fumer du cannabis avec des copains extérieurs à Kairos qu'il laisse venir à l'appartement ; il n'arrive plus à se lever pour aller en cours, il est en terminale SES. « Ici tu n'es pas chez toi, cet appartement est prêté par Kairos le temps de ton accueil et tu le partages avec 2 autres jeunes, vous devez vous respecter ! » dirait l'éducateur Il a bien raison de rappeler ce registre de réalité commune partagée... Peut-on en même temps écouter la réalité subjective de cet adolescent, qui, en faisant « comme si » c'était chez lui, met en scène son espace interne, projette quelque chose de ses fantasmes : « ça pourrait être comme ça chez moi, avec ma bande de copains, sans contrainte », écoutons encore : « aujourd'hui c'est comme ça chez moi, en moi : je ne sais pas dire non ; j'ai du mal à affirmer mes limites, mes désirs, en moi c'est le bazar, c'est plein de courant d'air, ça rentre, ça sort, y a du monde et personne, y a du manque, du plein, du vide, des trucs de la vie qui sont inversés, je dors mal la nuit alors je dors le jour, je veux mon bac mais j'arrive pas à aller en cours... » C'est comme ça chez lui, en lui. Matthis* aura 18 ans dans 2 mois. Matthis nous a montré et a su saisir l'occasion de la parole dans l'espace d'écoute proposé par l'éducateur et soutenu par la réflexion institutionnelle, puis Matthis accepte de s'engager dans le dispositif de soin et la proposition de soutien scolaire. Les différentes fonctions seront mises en lien lors d'une réunion de réflexion « réseau » autour de Matthis et sa famille, pour que la parole continue de faire sens et soutien du projet de cet adolescent à partir de lui, de ce qu'il a montré, su demander et provoquer chez nous ! Foyer KAIROS RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 21 - 2. Gardons le « K.A.P. » Le K.A.P (nomination désormais en place du service dřappartements partagés) aura eu la reconstitution de son équipe éducative après deux nouvelles démissions en 2014, lřune pour une opportunité professionnelle, lřautre pour des projets familiaux et professionnels vers la province. Des départs constructifs pour les professionnels concernés et sereins concernant lřexpérience Kairos. Lřéquipe en place en 2014 est entièrement renouvelée par rapport aux recrutements du démarrage et reste stable fin 2014. Montée en charge progressive de lřaccueil des jeunes sur ce service pour atteindre les 12 adolescents sur les quatre appartements en fin dřannée, un peu moins vite que ce que nous espérions. Cependant nous finissons lřannée avec une équipe en place, un service finalisé, un rythme dřaccompagnement qui se précise. Si les premières demandes dřadmissions concernaient essentiellement des mineurs isolés sur le territoire, nous accueillons progressivement des jeunes dont les familles sont présentes (parents, frère ainé, oncle…) : 5/12. Nous ne parvenons pas à constituer un appartement de « filles », les demandes étant plus ponctuelles et nécessiteraient lřentrée de deux jeunes filles ensemble pour ouvrir un appartement. Les sorties « garçons » échelonnées ne favorisent pas non plus cette ouverture. Nous espérons saisir lřopportunité nécessaire pour y arriver ! Trois jeunes sont sortis du KAP en 2014 : lřun assez rapidement du fait de son inscription active dans du trafic et de la consommation de produits illicites, le second du fait de comportements menaçants et violents à lřégard des professionnels et dřun des jeunes avec lequel il cohabitait, le troisième du fait de sa majorité avec une fin de parcours aboutie dans le cadre de notre accompagnement. 3. Une mise à l’épreuve ! Les deux sorties « prématurées » par rapport aux projets dřaccompagnement des deux premiers jeunes ont été pour lřéquipe des moments de tensions du fait de lřimpossibilité de construire avec ces jeunes une relation suffisamment confiante et constructive pour lřévolution de leur situation. Conduit de ce fait vers une issue radicale dřarrêt de notre prise en charge, il nřest jamais satisfaisant pour des éducateurs et tout professionnel, engagés dans notre mission de protection et dřéducation, dřen arriver à une telle décision. Cependant poser une limite fait partie de ce dont ces jeunes ont besoin et il est important de notre point de vue dřassumer cela. Mais la sortie la plus difficile à vivre pour la nouvelle équipe aura été paradoxalement celle du jeune pour qui « les choses ont suivi leur cours » jusquřà ses 18 ans. Le temps de lřincertitude massive des dernières semaines a été angoissant pour ce jeune homme et pour lřéquipe. Nous avons découvert les positions du Conseil Général portées par le SEMNA (Service de lřASE spécialisé sur la prise en charge des mineurs isolés) dont dépendait ce jeune homme. Malgré lřinscription de celui-ci dans une formation professionnelle investie et lřengagement de ce jeune dans ses projets, le contrat jeune majeur (C.J.M.) est resté en question bien après son anniversaire et son orientation également. Nous avons la possibilité dans le cadre du projet dřétablissement de maintenir lřaccueil des jeunes jusquřà trois mois après leur majorité pour faire aboutir une orientation en cours. Cependant lřétablissement nřa pas vocation à travailler avec les jeunes majeurs. Nous sommes dans le cadre dřun temps de passage nécessaire. Foyer KAIROS RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 22 - Il a été difficile de se projeter à ce moment-là dans un avenir pour ce jeune, toute orientation éducative y compris dans les Foyers de Jeunes Travailleurs étant sous condition du C.J.M. Au bout du compte, cřest une orientation vers un accueil en hôtel qui a été mise en place par la référente A.S.E. Une fois la décision posée, ce jeune a rassemblé ses ressources et a été plus serein, libéré un temps de lřincertitude. Il a, par contre, fallu du temps à lřéquipe pour se résoudre à cette discontinuité dans lřaccompagnement et la brutalité des décisions à court terme : CJM de 3 mois éventuellement renouvelable, rebond de lřincertitude à venir. 4. Quand on veut faire groupe au K.A.P. La prise en charge aux Appartements Partagés est particulièrement individualisée et la configuration du service (4 appartements répartis sur le 10ème, 19ème et 20ème arrondissement) obligent jeunes et éducateurs à circuler dřun lieu à lřautre, auxquels sřajoutent le bureau des éducateurs du KAP dans le 19ème et lřEspace Pierre BALDINI dans le 10ème. Beaucoup de mouvements donc mais peu dřopportunité de faire « collectif » pour les jeunes de ce service. Les éducateurs ont mis en place un « repas convivial » régulier à lřEspace Pierre BALDINI qui dispose des équipements nécessaires. Les éducateurs proposent également des sorties collectives en weekend ou pendant les vacances scolaires. Cependant ils ont beaucoup de mal à rassembler les 12 jeunes pour ces temps de partage : chacun ayant son propre réseau relationnel et amical, ses occupations, son rythme. Ces temps de partage sont néanmoins précieux pour lřéquipe : ils leur permettent de découvrir dřautres facettes des jeunes et de construire des expériences partagées, facilitatrices de la mise en confiance. Un séjour à la mer a réussi à aboutir cet été, après moult efforts des éducateurs pour entrainer les jeunes dans ce projet : 3 dřun même appartement voulaient partir ensemble mais seuls ! , dřautres étaient partants puis changeaient dřavis, etc. Ce séjour, véritable challenge éducatif, a pu se réaliser et le « reportage photos » ainsi que les témoignages recueillis (indices de satisfaction énoncée) viennent confirmer la pertinence de maintenir ces projets collectifs. Lřéquipe poursuit sa réflexion sur la notion de groupe et de collectif dans un tel service vers une élaboration qui sřapprofondit au fil des expériences. 5. On ouvre la maison ! Après les premiers travaux dřaménagement et la visite de conformité par nos interlocuteurs de tarification de la DASES, la première unité de vie était prête pour accueillir les enfants. Nous avons fait le choix dřouvrir pour 6 jeunes (10 prévus à terme), les obstacles urbanistiques de la ville de Paris nous rendant prudents quant à lřengagement de travaux lourds financièrement pour la mise en conformité E.R.P. Le recrutement et la mise en place de lřéquipe de lřunité de vie pour ce pavillon du 19ème sont menés entre février et mars avec 5 éducateurs (trices), 2 surveillants de nuit à temps partiel et une maitresse de maison. La responsabilité des deux équipes (KAP et UV1) est confiée au chef de service en poste, Mr DITO, du fait de lřeffectif limité des jeunes et de la proximité géographique. Ayant une grande pièce non utilisée en raison de la réduction du nombre de jeunes, nous déménageons le bureau de lřéquipe du KAP sur le foyer et résilions le bail de lřespace éducatif dans le 19ème également. Cela permet aux professionnels éducatifs des deux équipes de faire connaissance et renforce la présence adulte sur le foyer même si chacun a sa mission dřintervention différenciée. Foyer KAIROS RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 23 - Lřaccueil des premiers jeunes, à partir de 13 ans, sur cette unité de vie se fait début avril : plus exactement du premier jeune ! Qui aura cette position privilégiée et complexe pendant plusieurs jours. Puis nous accueillons progressivement les nouveaux arrivants pour finaliser ce petit groupe de 6, début mai. Une chambre. Ces premiers mois de fonctionnement confrontent une équipe en construction sur des horaires dřinternat modulés, à une forme de « solitude » : peu de temps de doublure sont possibles et lřillusion dřun accord collectif de travail sera vite mise à lřépreuve dans lřaccompagnement des enfants. Une première difficulté pour cette équipe sera lřarrêt de travail du chef de service en avril, ne leur permettant pas de se construire autour dřun cadre suffisamment disponible. Si la directrice a pallié au mieux cette absence pendant près de deux mois, il nřest pas simple pour les éducateurs dřélaborer et mettre en œuvre leurs « outils » sans ce soutien technique et hiérarchique quřoffre un chef de service pour la constitution dřune équipe. Une chef de service, Madame AZZOUG, a été recrutée fin mai 2014 dans un contexte intense du fait des comportements de certains jeunes accueillis, mettant à mal cette équipe qui nřa pas eu le temps de se construire une suffisante cohérence. Trois des jeunes garçons placés manifesteront leur grande difficulté par des comportements de violence verbale (insultes notamment), de la destructivité envers eux-mêmes et la maison, des transgressions répétées des règles internes et extérieures (fugues, recel, vols…). La vocation du foyer est à dominante éducative avec un axe de soutien et de maintien dans la scolarité important ; si nous pouvons accueillir des jeunes non scolarisés, il sřagit, dès les premières semaines, de réinscrire ces jeunes dans les dispositifs scolaires ou de formation. Lorsque les jeunes accueillis sont très envahis psychiquement par des difficultés de longue date, nous nřavons pas actuellement les moyens dřêtre suffisamment contenants en interne (taux dřencadrement adulte /jeune limité) et en réseau partenarial (à étoffer). Les jeunes présentant des troubles du comportement avérés nécessitent un accompagnement renforcé dont nous ne disposons pas. Des paris sont possibles pour lřaccueil de jeune plus en difficulté sur un groupe qui le supporte et des engagements partagés (ASE, partenaires de santé, scolaires…). Nous en avons tenté et avons tenu aussi loin quřil nous a été possible. Pour ces 3 garçons, lřaccueil sřest interrompu en cours de prise en charge en 2014 avec un partenariat effectif avec leur référent ASE vers des orientations que lřon souhaite plus adaptées. Ce temps dřaccompagnement bien quřéprouvant, nřen est pas pour autant stérile : inscription de lřun dans un parcours de formation professionnel lui offrant une véritable chance (apprentissage dans un grand restaurant avec un tuteur investi), limites nécessaires à poser face à des transgressions à risque, pathologies que se dévoilent et appellent des réponses appropriées… Au fil du temps et des crises (en écho avec notre public adolescent ?), les rebonds constructifs se font. En fin dřannée, tous les enfants sont scolarisés avec des succès : brevets obtenus, orientations vers des formations professionnelles investies. Un partenariat avec une association de bénévoles nous a également permis de faire bénéficier une jeune fille dřun soutien scolaire hebdomadaire. Foyer KAIROS RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 24 - Les enfants accueillis sur lřunité de vie ont tous des parents sur le territoire, avec des situations familiales complexes : séparations parentales conflictuelles, parent isolé sans domicile, troubles psychiques, conflit enfant/parents sur des confrontations dřancrage culturel, difficultés éducatives… Là encore, les alliances éducatives avec les familles et le partenariat sur ces aspects avec les services de lřASE restent un chantier à consolider. 6. L’autre maison : créer un foyer éducatif à Paris, une gageure ? Il nous restait en 2014 à trouver la seconde maison pouvant accueillir le deuxième groupe de 10 enfants prévus. Nous nous sommes confrontés, toujours avec lřaide de FACILITIM, à un marché parisien bloqué. Nous avons dû nous résoudre à rechercher audelà du périphérique : dans un premier temps au plus près des portes parisiennes ; là aussi, très peu dřoffres répondant à nos besoins pour aboutir enfin, après 5 visites différentes sur les départements limitrophes, à la location dřun pavillon à Montreuil fin octobre. Le pavillon nřest pas dans la logique de proximité géographique que nous souhaitions (une heure de transport en commun vers lřEspace Pierre BALDINI) et nous devrons penser le fonctionnement en tenant compte de cet aspect. Lřétat du pavillon à lřintérieur nous a permis de négocier avec le propriétaire un gel des loyers le temps pour nous dřeffectuer les travaux de remise en état. La mise en conformité prend également du temps et le dépôt des dossiers a été, en la matière, particulièrement laborieux avec les services municipaux : mauvais formulaires remis de leur part, pièces à rajouter au dernier moment, bref beaucoup dřefforts et de temps perdus ! Malgré la collaboration de Mr LEBOUCHER chargé de mission par la direction générale pour nous aider. Nous nřavons pas pu de ce fait, comme nous lřespérions, ouvrir cette unité de vie en 2014. Nous restons en questionnement sur les réelles possibilités de créer des lieux dřhébergement éducatif à Paris intramuros au vu des contraintes en matière dřurbanisme : peu de locaux disponibles à la location, et ceux qui peuvent lřêtre nřentrent pas dans les critères admis : zone SCINASPIC non autorisée, zone pavillonnaire « protégée », complexité des changements de destination (bureaux/habitation/ERP). Nous espérons néanmoins trouver des interlocuteurs de bonne volonté pour aboutir à la pleine réalisation de la volonté du Département de Paris concernant lřaccueil intra-muros des jeunes parisiens bénéficiant du dispositif de Protection de lřEnfance. 7. L’atelier pédagogique Lřétablissement Kairos, dans le cadre de son projet, dispose dřun atelier pédagogique en journée (9H-12h30 / 13h30-17h) à lřEspace Pierre BALDINI ; Il nřa pas vocation à être une école interne mais offre un soutien à lřancrage scolaire ou professionnel et une ouverture à la culture et au goût dřapprendre et de découvrir. Il sřest mis en place dès 2013 à mi-temps puis à temps plein depuis lřouverture de la première unité de vie. Chaque jeune accueilli à Kairos est reçu à lřatelier dans le mois de son arrivée pour un premier bilan pédagogique suite auquel un projet spécifique peut être établi en lien avec les équipes éducatives. Vous trouverez ci-après le bilan de cette première année effective de fonctionnement de lřatelier : Foyer KAIROS RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 25 - Bilan d'ensemble de l'atelier pédagogique Constance BERTRAND, éducatrice pédagogique. L'atelier pédagogique de Kairos s'est ouvert partiellement dřoctobre 2013 à Avril 2014, puis entièrement d'avril 2014 à décembre 2014. Sur l'ensemble des adolescents accueillis à Kairos, seulement deux jeunes ne sont pas passés par l'atelier (un garçon du kap et une fille de l'Unité de vie). Sur les appartements KAP : o o o 2 garçons déscolarisés sont venus de manière quotidienne à l'atelier. La rupture rapide de la prise en charge de l'un d'entre eux n'a pas permis un suivi conséquent, le second a su profiter avec succès du dispositif. Il est en phase dřintégrer un préapprentissage. 6 jeunes ont bénéficié d'un soutien individualisé, réalisé sous forme de séances de travail ponctuelles. 11 adolescents sur 12 accueillis sont venus réaliser un bilan pédagogique. Sur lřunité de vie du 19ème : o o o o 1 adolescent déscolarisé a suivi quotidiennement et avec application les activités pédagogiques proposées à l'atelier, il intègre un DIMA (Dispositif dřInitiation aux Métiers en Alternance) en CFA. 5 jeunes ont bénéficié d'un soutien individualisé. 1 fille scolarisée, obtient un stage de 15 jours en gestion, comptabilité, administration sur la période des vacances scolaires. 6 jeunes sur 7 sont venus réaliser un bilan pédagogique. Bilan pour les jeunes déscolarisés : Cette année, deux adolescents déscolarisés ont été totalement pris en charge par l'atelier pédagogique, ils ont tous les deux réalisé des stages avec succès, d'une durée d'une semaine, renouvelée. Pour le plus jeune, le stage dit de« Découverte » lui a permis de se distinguer auprès d' un patron et de décrocher un stage d'un an comme apprenti, dans une grande brasserie parisienne. Il intègre parallèlement un DIMA au CFA du 18ème à Paris. Le plus grand a réalisé deux stages qui se sont très bien passés, il est préinscrit au campus des métiers à Bobigny. Bilan pour le soutien : Cette année, la population de jeunes accueillis dans les appartements partagés de Kairos est composée au 2/3 de jeunes mineurs isolés âgés de 17 ans et demi, en moyenne. Cette population est très demandeuse en ce qui concerne lřapprentissage et l'instruction. Les profils de ces jeunes sont très scolaires et matures pour la plupart. L'activité pédagogique est constituée de : o o o o o o o Foyer KAIROS Médiations pédagogiques orientées multimédia. Expression écrite et orale. Soutien dans les enseignements généraux dispensés en CFA. Sorties culturelles. Coordination scolaire. Coordination de projet pour le développement de l'atelier. Des sorties culturelles ont également été organisées sur les vacances scolaires. RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 26 - 8. L’activité : quelques chiffres Si la progression de lřactivité peut paraitre conséquente, elle est bien entendue à replacer dans le contexte de création de lřétablissement. De 6 jeunes en 2013, nous sommes passés à une possibilité dřaccueil de 18 fin 2014. Nous progressons certes mais nous nřavons pas encore atteint la pleine activité prévue. Nous devrions passer à 28 en 2015 avec lřouverture du second pavillon à Montreuil. Resteront à résoudre les 4 places en suspend du pavillon intra-muros pour atteindre les 32 places effectives du projet dřétablissement. J. RÉALISÉES 2013 2014 375 4 379 Type dřaccueil : Lřétablissement est sectorisé sur Paris et les dossiers dřadmission nous sont adressés par lřensemble des secteurs parisiens de lřA.S.E. OPP PRESENTS au 31/12/2014 ACCUEILS EXCEPTIONNELS ACCUEILS PERIODIQUES ENTREES SORTIES Aide sociale à l'enfance (ASE) 75 Pupille. AP DAP 14 1 16 7 1 TOTAL Tutelles 1 16 17 7 Les adolescents accueillis lřont été majoritairement dans le cadre judiciaire de lřassistance éducative (OPP), ce qui sřexplique en partie par la proportion de mineurs isolés sur le territoire que nous ont adressés les services de lřA.S.E. Nous avons fait un accueil « relais » dřune dizaine de jours cet été pour un jeune ayant un stage à effectuer en région parisienne, étant pris en charge par ailleurs par un autre établissement. Exceptionnellement, nous avons accueilli une fratrie (une fille et un garçon) pris en charge par le 93 (secteur de Bagnolet Ŕ Les Lilas) avec lřaccord du responsable parisien du secteur 18, arrondissement de la dernière domiciliation du garçon (chez des « amis ») et de la mère, actuellement sans domicile fixe. Aide sociale à l'enfance (ASE) autres départements OPP Pupille. PRESENTS au 2 31/12/2014 ACCUEILS EXCEPTIONNELS* ACCUEILS PERIODIQUES* ENTREES 2 SORTIES Foyer KAIROS AP DAP Tutelles TOTAL 2 2 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 27 - Total des jeunes accueillis au 31/12/2014 : 18 Répartition par âge et sexe : Nous avons une majorité de garçon essentiellement sur le service des Appartements Partagés (KAP) 12 ans 13 ans 14 ans 15 ans 16 ans 17 ans 18 ans 19 ans TOTAL PRESENTS Garçons Filles 0 0 2 0 0 1 0 2 2 0 8 0 3 0 0 0 15 3 ENTREES Garçons Filles 0 0 2 0 0 1 2 2 4 0 8 0 0 0 0 0 16 3 SORTIES Garçons Filles 0 0 0 0 0 0 2 0 2 0 1 0 2 0 0 0 7 0 Les 16-18 ans sont majoritaires du fait de la finalisation du service dřappartement (12 places) ciblant cette tranche dřâge. Cependant lřentrée des jeunes à 17 ans laisse peu de temps à lřaccompagnement éducatif avec, dřautant plus, le poids de lřaccompagnement social pour les mineurs isolés (situation administrative à régler à la majorité). Nous regrettons lřinsuffisant soutien du SEMNA pour ces passages à la majorité qui marquent la fin de notre accueil, dans la mesure où nous pensions que, du fait de leur spécialisation, ils seraient davantage ressources en ce domaine pour les jeunes. Demandes dřadmission : Nous avons eu 66 demandes dřadmission sur lřannée 2014 avec 18 réponses positives, 1 en attente (en cours fin dřannée) et 47 réponses négatives. Les demandes sans suite de la part de lřASE représentent près de la moitié des demandes non abouties : il semble que cela soit lié à plusieurs pistes dřorientation explorées en même temps. Le critère négatif dřâge a porté cette année sur des majeurs de 18 ans. Les autres refus se partagent pour moitié (10 et 10) entre le fait que toutes les places étaient occupées au moment de la demande et pour le reste du fait dřorientations inadaptées avec ce que peut offrir le projet dřétablissement (jeunes pris dans la délinquance avérée ou trop fragiles psychiquement essentiellement) Secteur T1-2-11 1-2-3-4-9-10 3-4-12 5-13 6-14 7-15-16 8-17 9-10 10 12 13 14 18 19 20 SEMNA Totaux Foyer KAIROS Oui 1 1 En attente 2 1 2 1 1 5 1 1 3 18 1 Non 1 1 2 1 2 2 1 1 2 3 1 6 2 9 2 47 Le secteur 18 avec celui du 20ème ont été les plus demandeurs à notre égard, en lien sans doute avec la localisation de lřétablissement et les besoins sur ces arrondissements. Nous constatons cependant que lřensemble des secteurs parisiens nous ont adressés au moins un dossier. Il ne nous a pas été possible de répondre favorablement à chacun mais nous souhaitons rester dans un partenariat avec lřensemble des secteurs de lřASE. RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 28 - Demandes dřadmission refusées : motifs Motif Âge Complet Hors département Inadapté Sans suite de lřASE Réorientation Total général Total 3 10 3 10 20 1 47 Jeunes scolarisés : classe fréquentée au 31/12/2014 12 jeunes sur 18 sont dans le dispositif scolaire général, 6 en formation professionnelle. Les jeunes non scolarisés à lřentrée ont tous une expérience scolaire antérieure. Classe Collège 6ème Collège 5ème Collège 4ème Collège 3ème Lycée G/T 1ère Lycée G/T 2de Lycée Pro 1 Bpro Lycée Pro 2 Bpro Centre formation 1BPro Centre formation 1CAP Centre formation 2CAP EREA Total général Filles 1 Garçons 1 1 2 4 1 2 3 1 1 1 2 3 2 19 Jeunes non scolarisés : dernière classe fréquentée ou niveau scolaire Classe FLE Collège 3ème Lycée Pro 2 Bpro Total général Foyer KAIROS Garçons 1 1 1 3 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 29 - 9. Conclusion et perspectives : Une année 2014 en demi-teinte par rapport à nos espérances mais une évolution positive : des équipes qui se stabilisent, des prises en charge de jeunes conduites à terme dans lřensemble, un équipement en locaux quasi finalisé… Beaucoup de « chantiers » KAIROS encore à faire aboutir : Lřouverture du pavillon à Montreuil suite au retour des dossiers déposés et la visite de la commission de sécurité, Le recrutement des professionnels en lien avec nos capacités dřaccueil (chef de service, équipe éducative et pluri professionnelle pour Montreuil…) La mise en place dřune salle « multimédia » rattachée à lřatelier pédagogique sur lřEspace Pierre BALDINI dans le cadre dřun microprojet soutenu par lřAVVEJ et le Crédit Agricole. 2015 sera également pour lřAVVEJ, lřannée du séminaire dont la thématique retenue est : « Normes, règles, lois, quels repères pour lřinstitution éducative ? » Question pour le moins dřactualité pour les équipes qui travaillent sur les règles de vie des lieux dřhébergement : support éducatif avec les jeunes et objet de débat et de discussion inépuisable ! Foyer KAIROS RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 30 - Foyer KAIROS RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 31 - SERVICE D’EDUCATION SPECIALE ET DE SOINS A DOMICILE « SESSAD » CONTACT : Adresse : Espace Pierre Baldini 6/8 rue Eugene Varlin 75010 Paris Téléphone : 01.40.09.60.23 Télécopie : 01.43.67.08.87 e-mail : [email protected] [email protected] ACCES : MÉTRO : ligne 4 / 5 / 7 Stations : Gare de lřEst ou Château-Landon AUTOBUS : 26 / 46 / 54 Arrêt : Château-Landon ACCUEIL : Notre capacité dřaccueil est de 52 garçons et filles âgés de 6 à 18 ans, dotés dřune intelligence normale, présentant des troubles du comportement et de la personnalité, orientés par la Maison Départementale des Personnes Handicapées de la Ville de Paris. MISSION : Le Service dřéducation spéciale et de soins à domicile vise par des actions spécifiques, à prévenir lřexclusion scolaire et sociale des enfants et adolescents présentant des difficultés psychologiques dont lřexpression, notamment des troubles du comportement, perturbe gravement la socialisation et lřaccès aux apprentissages. Par une approche tridimensionnelle thérapeutique, éducative et pédagogique, les professionnels ont pour mission : De créer les conditions favorisant la prise de conscience du jeune, de ce qui le handicape et dřengager les moyens pour lřaider à mieux gérer ses difficultés De lui permettre de mieux respecter les règles et les lois fondamentales du savoir vivre avec les autres en société. Dřinstaurer une relation de confiance dans un cadre contenant et sécurisant qui lui permet de se sentir mieux et dřintégrer lřespace qui lui est offert. Nos missions sřexercent en complémentarité avec la MDPH, lřÉducation Nationale et les services sociaux prenant en compte lřenvironnement familial, social et culturel de lřenfant ou de lřadolescent : Admission La notification de décision dřorientation de la MDPH en service de SESSAD est nécessaire pour recevoir la demande de la famille et proposer un premier entretien dřadmission avec la directrice et lřassistante sociale, qui est suivi par un rendez-vous avec le psychiatre ; lřadmission est prononcée en commission suite à ces deux rencontres. ASSOCIATION VERS LA VIE ET L’EDUCATION DES JEUNES l RECONNUE D’UTILITE PUBLIQUE 1, place Charles de Gaulle Ŕ 78067 St Quentin en Yvelines Cedex Téléphone : 01.30.43.26.00 Ŕ Télécopie : 01.30.43.98.25 Courrier électronique Direction générale : [email protected] - 32 - AGREMENTS - HABILITATION : Compétence État / ARS-IF Ŕ Agrément 16 novembre 1973 Lřarrêté 2008-161-6 du juin 2008 autorise « lřAssociation Vers la Vie pour lřEducation des Jeunes » à gérer un SESSAD dřune capacité de 52 places destinées aux enfants et adolescents des deux sexes, âgés de 6 ans à 18 ans et présentant des troubles du comportement et de la conduite. STRUCTURE : Direction : Issam SAHILI Directeur adjoint : Vincent BILLARD Effectif : équipe pluridisciplinaire : psychiatres, psychologues, orthophoniste, psychomotriciens, éducateurs spécialisés, apprentie éducatrice spécialisée, assistante sociale, enseignante spécialisée, comptable, secrétaires, agent de service. ASSOCIATION VERS LA VIE ET L’EDUCATION DES JEUNES l RECONNUE D’UTILITE PUBLIQUE 1, place Charles de Gaulle Ŕ 78067 St Quentin en Yvelines Cedex Téléphone : 01.30.43.26.00 Ŕ Télécopie : 01.30.43.98.25 Courrier électronique Direction générale : [email protected] - 33 - Le SESSAD Issam SAHILI Ŕ directrice Le soin, c’est peut-être d’abord se poser la question du « comment » et non du « pourquoi ». C’est permettre que se disposent les arcanes de l’insolite, du nonmanifeste. Ne s’agit-il pas d’une création permanente, création d’un espace de rencontre, « d’un possible » toujours en souffrance ?... Notre travail est peut-être le maintien d’un certain topo tissé de fils invisibles dont la fonction est d’accueillir- même s’il ne se présente pas- autrui, dans sa déréliction, dans sa misère plus ou moins camouflée. Le soin est une sorte de pli, de décision éthique, de persévérance. Tout ceci ne peut se réaliser que collectivement, par une dialectique institutionnelle qui tient compte des systèmes fantasmatiques de tout un chacun, du transfert multiréférentiel, des groupes, des constellations…. JEAN OURY INTRODUCTION Conformément aux options fondamentales de lřAVVEJ, nous sommes animés par la conviction que tout individu est capable de recevoir une éducation adaptée et que nous devons mettre en œuvre les moyens adéquats pour y parvenir. Nous avons le souci et la volonté dřaccompagner lřéquipe dans sa mission dřaccueillir les adolescents qui sont taraudés par les transformations pubertaires auxquelles se rajoutent les troubles du comportement. Ces jeunes se trouvent en panne dřélaboration psychique face à leurs tensions pulsionnelles internes. La prise en charge de jeunes nécessite une attention particulière et un effort continu de la part de lřéquipe pluridisciplinaire. Lřannée 2014 a été marquée par le déménagement et lřinstallation à lřEspace Pierre Baldini, un grand changement avec des conditions de travail difficiles. Lřéquipe a dû faire un gros effort dřadaptation. TRAVAIL AVEC LA FAMILLE Afin de répondre au mieux à nos objectifs dřaccueil et dřaccompagnement. Nous mettons lřaccent sur lřaccueil et lřécoute des familles lors de la procédure dřadmission, et tout au long de la prise en charge. Ces moments sont capitaux pour favoriser une relation de confiance dans lřaccompagnement des adolescents que nous accueillons. Ils sont parfois dans lřimpossibilité de dire et expliquer leur souffrance et ce qui leur arrive. Notre rôle est de permettre un déplacement vers la symbolisation. Il nous semble important que le projet soit bien compris par les jeunes et leurs familles dès la première rencontre. Nous nous retrouvons face à des familles en souffrance, qui ont parfois du mal à accepter lřétiquette MDPH qui est un signifiant chargé de sens. A cela se rajoutent toutes les difficultés liées à la vie de tous les jours (problèmes de logement, chômage, exil), le changement de lřorganisation familiale, surtout en situation migratoire, la question de lřidentification et de la construction identitaire chez lřadolescent. Nous sommes conscients et attentifs au fait que ces facteurs engendrent de la souffrance psychique et parfois mettent à mal lřautorité des parents. La pluridisciplinarité de lřéquipe est un atout majeur pour accompagner les familles. SESSAD RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 34 - Des rencontres festives ont été organisées pour nous retrouver avec les parents, la fratrie et les professionnels. Une soirée conte a été animée par deux conteuses, les parents ont amené des plats et nous avons partagé ensemble un moment de convivialité. Nous avons observé que les jeunes questionnent la capacité de contenance de lřéquipe. La pluridisciplinarité est un atout majeur qui permet à lřéquipe de se soutenir et de faire face aux débordements de certains jeunes. MOUVEMENT DES PERSONNELS En 2014, le SESSAD a vécu plusieurs départs et arrivées dans un laps de temps assez court : o o o Le départ à la retraite de la directrice en intérim Armelle LEMOINE fin avril. Deux départs à la retraite courant juin, une éducatrice à mi-temps et un psychologue à mi-temps. Un licenciement en octobre pour inaptitude professionnelle. Qui dit départ dit arrivée o o o Madame SAHILI a pris ses fonctions de directrice le 1er mai 2014. Monsieur Anthony ALANOU GALES, éducateur spécialisé (1 ETP) a pris ses fonctions le 1er septembre 2014. Monsieur MANDROU a aussi pris le poste de psychologue à mi-temps début septembre. PARTENAIRES Le SESSAD travaille avec une multiplicité de partenaires. Lřimplantation récente dans le 10 ème arrondissement de Paris nous a amenés à éprouver le besoin dřune bonne connaissance du territoire et de ses ressources ; nous avons organisé une porte ouverte qui nous a donné lřoccasion de connaître et de repérer les partenaires acteurs du parcours des jeunes (EN, MDPH, CMP, ASE et bien dřautres). Nous avons mobilisé les réseaux existants. En pérennisant lřaction portes ouvertes, nous souhaitons élargir nos contacts à la recherche de nouveaux partenaires et renforcer la coopération avec le secteur sanitaire. Dans le cadre du dispositif, des rencontres régulières avec la Maison Départementale des Personnes Handicapées (MDPH) et lřEducation Nationale (EN) ont lieu pour faire le point ensemble et envisager les orientations des jeunes. FORMATION Suite à la proposition de lřARS de modifier le projet du SESSAD pour accueillir des jeunes de 12 à 20 ans, lřéquipe a suivi une formation qui lui permettra de mieux comprendre les dynamiques propres aux grands adolescents et de mettre en place de nouvelles perspectives dřintervention. 1. Les mouvements des jeunes: o o o o SESSAD Présents au 1er janvier 2014 : Admissions en 2014 : Sorties en 2014 : Présents au 31 décembre 2014 : 51 14 16 50 jeunes jeunes jeunes jeunes RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 35 - 2. La répartition par sexe des jeunes suivis au SESSAD-AVVEJ en 2014: Répartition par sexe en 2014 : Sur 66 jeunes pris en charge : o o 58 garçons 8 filles Nous observons un pourcentage assez élevé de prise en charge de jeunes de sexe masculin soit 76% de la totalité de jeunes accueillis au SESSAD 3. La répartition par âge, des jeunes suivis au SESSAD-AVVEJ A la lecture des chiffres nous observons que la moyenne dřâge des jeunes accueillis est de 13,2 ans. Parmi les jeunes que nous recevons en 2014 : o o o Nous enregistrons 21% dřadmissions. Nous enregistrons 24% de sorties dont la prise en charge a duré en moyenne 928 jours. Nous constatons que 5% des jeunes accueillis ont été hospitalisés durant leur prise en charge au SESSAD. Nous observons que : o o o o 20% des jeunes ont une mesure dřAEMO, cela montre la fragilité familiale. 10% des jeunes ont une mesure AED. 6% des jeunes sont suivis par lřASE lors de lřadmission, la moyenne dřâge de ces jeunes est située autour de 11 à 16 ans. 1,5% des jeunes accueillis est sous mesure de PJJ. 4. Répartition géographique des jeunes suivis par le SESSAD-AVVEJ en 2014 La totalité des jeunes sont domiciliés à Paris. Un enfant a des parents séparés et vit de ce fait en partie en banlieue proche. Lřaccompagnement est plus difficile à mettre en place lorsque le jeune a un domicile éloigné du SESSAD. Les trajets freinent parfois lřinvestissement de lřadolescent dans un suivi thérapeutique et éducatif : exemple dřun jeune qui habite le 14 ème arrondissement. Cela mobilise lřéquipe éducative pour aller à sa rencontre. 5. Répartition par âge des jeunes suivis au SESSAD. Évolution sur 3 ans. Nous observons que durant lřannée 2014 nous nřavons pas accueilli de jeunes de 6 /8 ans. Nous constatons une augmentation de la moyenne dřâge en 2014, 60% de ces jeunes ont entre 13/15 ans. Cela conforme la demande de lřARS de modifier lřagrément et de passer de 6-18 ans à 12-20 ans. Néanmoins cette demande nřa pas été confirmée par lřARS et nous restons sur notre agrément 6/18 ans. SESSAD RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 36 - 6. Les actes effectués sur l’année 2014 : Nous observons une augmentation de lřactivité malgré le déménagement et les conditions difficiles en début dřannée 2014. Pour mieux prendre en compte la population présente, lřéquipe du SESSAD a suivi une formation spécifique. CONCLUSION Lřinstitution doit être en mouvement et doit analyser son utopie ou sa précarité pour pouvoir continuer à vivre et être dans la créativité et la construction. Cřest bien parce que lřinstitution est, comme le rappelait M. CADORET une réalité anthropologique que des échanges sont possibles et que des ouvertures sont à saisir et à favoriser, notamment autour des représentations des jeunes. Il sřagit bien, souligne-t-elle, de mener progressivement à une symbolisation des fantasmes, pour leur faire place dans la parole avec des effets de sens. Cřest le travail de lřensemble des professionnels, avec une solidarité et des relais à tous niveaux, qui permet à une équipe de relever ce défi. Comme lřécrivait NIETZSCHE : « Il faut avoir du Chaos en soi pour accoucher dřune étoile qui danse » PERSPECTIVES Nous sommes soucieux de mettre les moyens pour améliorer la qualité et la continuité de la prise en charge des jeunes Nous nous posons quelques questions Comment lřévolution du public accueilli interpelle-t-elle nos pratiques ? Jusquřoù pousser la plasticité du SESSAD ? Prévoir une journée de réflexion, profiter des ressources des autres établissements de lřassociation et mettre en place un groupe de travail qui offre aux équipes une occasion de prendre du recul sur leurs pratiques et de valoriser leur savoir-faire. Le projet individualisé d’accompagnement Vincent Billard Ŕ Directeur Adjoint Dès le premier entretien dřaccueil lors duquel lřenfant et la famille sont rencontrés par le directeur adjoint et lřéducateur référent, nous rentrons dans la démarche de mise en place du projet individualisé dřaccompagnement de lřenfant. Nous informons la famille et le jeune que les trois premiers mois de suivi seront consacrés à la mise en place de ce projet. Dès le début de cette période dřobservation et dřévaluation, lřéducateur se rapproche de lřécole afin que puisse se mettre en place le projet personnalisé de scolarisation. Il est le premier à intervenir, cette intervention vise à installer une relation de confiance et à évaluer les besoins du jeune au niveau éducatif. Il assure un réel rôle de coordination en interne et en externe. SESSAD RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 37 - La démarche de projet individuel dřaccompagnement au SESSAD et la démarche de projet de scolarisation doivent donc être en cohérence. Lřaction éducative et le soin soutiennent la socialisation et lřintégration scolaire. En lien avec la famille et le lieu de scolarisation, les interventions hebdomadaires sont définies selon les besoins de lřenfant. En fonction du projet, elles peuvent avoir lieu sur le temps ou en dehors du temps scolaire. Par ailleurs, pendant ces trois premiers mois, des bilans sont réalisés par les différents professionnels du service, en fonction des besoins identifiés (psychologique, orthophonique, psychomoteur, scolaire). Un travail auprès des parents est engagé par le médecin psychiatre, responsable de la mise en place du projet de soins de lřenfant. Il explique aux familles la démarche de soins du SESSAD et pose en accord avec ceux-ci des indications thérapeutiques. Suite à cette période dřobservation de trois mois, une réunion dite de PIA est organisée afin de finaliser le projet individuel dřaccompagnement en équipe pluridisciplinaire. Outre ce temps de réunion, cřest le travail de liens formels et informels entre les axes éducatifs, thérapeutiques et pédagogiques ainsi que les rencontres avec les familles, qui constitue le projet individuel dřaccompagnement. La pluridisciplinarité du SESSAD permet un travail quotidien de lien entre les différents professionnels sřoccupant de lřenfant. Le projet est ensuite présenté au jeune et à son représentant légal. Il sřagit dřun temps dřexplications et dřéchanges où seront également recueillies les attentes et les demandes des parents et de lřenfant. Le bilan des différents professionnels est noté dans le projet de lřenfant ainsi que les objectifs de travail à venir, les moyens proposés et bien sûr, les attentes des familles. Ce document est signé par le directeur adjoint, les parents et lřenfant. Le projet individualisé dřaccompagnement fait lřobjet dřun renouvellement chaque année dans le cadre dřune réunion pluridisciplinaire et dřun nouveau rendez-vous avec la famille donnant lieu à un bilan, à lřénoncé de nouveaux objectifs de travail et au recueil des attentes de la famille et de lřenfant. Séjour Mer Yéliz Tarhan - Psychologue / Mélissa Ould Mohammed Ŕ Éducatrice spécialisée apprentie Svein Le Court -Psychomotricien Le séjour Mer s'est déroulé sur deux jours en juillet 2014, en Normandie. Trois jeunes y ont participé encadrés par trois professionnels, une éducatrice apprentie, un psychomotricien et une psychologue. L'argument du mini-séjour : o o SESSAD Travailler l'être ensemble en collectivité sur un temps de vie quotidienne (une nuitée et deux journées). Faire découvrir aux jeunes un lieu différent, plus proche de la nature avec un hébergement atypique. RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 38 - o o Travailler sur la responsabilité des jeunes autour des tâches du quotidien. Partager un moment hors des murs du S.E.S.S.A.D. Assez partants dès la proposition du projet, les jeunes se sont bien saisis du séjour, ils ont tous trois beaucoup participé à la mise en route et se sont investis dans les activités proposées et sur la vie du camp. Ils ont pu créer une réelle dynamique de groupe, dans un esprit assez serein et avec de l'entrain. Une relation de confiance et de complicité s'est peu à peu nouée au fil du séjour, du fait des nombreux moments d'échange et de partage. SESSAD o Le lieu d'hébergement et le cadre autour duquel le groupe a évolué ont permis de mettre en parenthèse la "vie à la ville" durant ces deux jours. Sur le camp, la nature est omniprésente : des arbres, un vaste parc et des tipis qui ornent le lieu. Les jeunes sont d'abord très étonnés par ce lieu et apprennent à l'apprivoiser à mesure que se tissent les liens entre eux et avec nous. Cette proximité d'avec la nature leur permet de prendre le temps, de faire une pause et d'apprécier le moment présent. o Nous notons d'ailleurs que les jeunes se séparent de leurs téléphones portables, des mp3 et des enceintes pendant le séjour. o Ils ont aussi pu profiter de la plage et de la mer (baignade, jeux d'eau, voile). RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 39 - o SESSAD o Un des objectifs était de développer l'autonomie ; chacun des jeunes, à sa manière, a su prendre des initiatives. Par exemple, nous leur avons laissé le soin de prendre en charge les courses pour un des pique-niques (choix du menu, évaluation du budget), nous les avons retrouvés à la caisse du supermarché pour faire le point. o Nous nous rendons compte que les jeunes à qui nous avons proposé ce mini séjour ne sont habituellement pas reçus directement par aucun de nous. Nous avons pu les rencontrer avant autour de moments plus informels ou au sein de groupes ou de sorties. Ceci a un effet, cette distance permet aux jeunes de nous montrer d'autres choses d'eux-mêmes. o Le bilan de ce mini séjour est très positif, les liens tissés entre les jeunes et avec nous se sont renforcés. Sortir du cadre habituel du S.E.S.S.A.D. a été bénéfique, enrichissant pour eux. Les professionnels quant à eux ont pu observer et travailler dans un autre contexte la relation avec les adolescents. RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 40 - Groupe Lumin’art Aurélie Frédéric Ŕ psychomotricienne et Anthony Alanou Gales Ŕ éducateur spécialisé (Technique du « light painting ») Projet Groupe proposé par Aurélie (psychomotricienne) et Anthony (éducateur spécialisé) Définition : Le light painting (qui peut se traduire littéralement par « peinture de lumière ») est une technique de prise de vue photographique. Elle consiste à utiliser un temps d'exposition long dans un environnement sombre en y déplaçant une source de lumière ou en bougeant l'appareil photo. La photographie obtenue révèle alors toutes les traces lumineuses dues soit à l'exposition directe du capteur à la source lumineuse, soit aux objets éclairés. Objectif général : Proposer un cadre de groupe fermé qui accompagne chaque jeune dans lřestime de soi à travers une démarche artistique gestuelle lié aux outils multimédias. Objectifs opérationnels : Mettre en jeu différents versants de la psychomotricité et leurs points de rencontre possible avec un cadre éducatif : Ce médiateur permet dřaborder les problématiques de lřimage du corps et de la conscience corporelle à lřadolescence, inscrites au sein dřun groupe donc soumises au regard de pairs ; Il permet de mettre en jeu une forme dřexpressivité gestuelle, dřadresser un geste à dřautres, médiatisé par la photo, et par le noir nécessaire. Ce cadre impose au groupe de sřorganiser, de communiquer, de gérer le vécu du noir et de ce quřil peut susciter au niveau émotionnel, de tester, expérimenter et se confronter aux erreurs de manière collective et non individuelle. Cadre : Groupe de 2 à 4 jeunes qui se déroule en salle de psychomotricité, les lundis de 17h à 18h, sur des sessions de 5 ou 6 séances consécutives. Il est encadré par un éducateur et une psychomotricienne. Moyens matériels mis à disposition du groupe: appareil photo numérique manuel, un trépied, du matériel informatique, la salle de psychomotricité (noir complet), lampes torches et/ou néons de couleur (leds de doigts, kit de paintbars), télécommande filaire, Flash portable, budget pour impressions de photos couleur. Cette première session de Luminřart a été pensée et proposée à 3 adolescents. Il a été assez difficile de former le groupe réellement car un seul jeune fut présent de manière régulière. Le deuxième est venu à deux séances et le troisième à deux autres séances. Pour les jeunes, le fait de se retrouver seul alors quřils pensaient venir à un groupe est frustrant et fait perdre du sens à leur présence. Ils ont été présents simultanément sur une seule séance : le 17 novembre. Dynamique de groupe : Le groupe sřest constitué au complet sur une seule séance. Il sřorganise assez rapidement, chacun acceptant de prendre un rôle à un moment donné, une fonction au sein de lřatelier, fonction qui tourne au sein du groupe à chaque photo : le « dessinateur » de lumière, le rôle de réglage de lřappareil photo, et le rôle de contrôle de la lumière. Cependant, les trois jeunes ont assez rapidement montré lřenvie de créer des photos collectivement, non pas par compétition, mais pour être ensemble sur la photo. La technique du light painting a intéressé les jeunes et apparaît comme une technique dřexploration et dřexpression pertinente à proposer aux groupes dřadolescents. Conclusions à tenir en compte pour la prochaine session : Elargir le nombre de séances pour donner le temps au groupe de se former, et de sřinstaller dans une certaine durée. La deuxième session débutera après les vacances de février (lundi 2 mars 2015) et sřétalera sur 7 ou 8 séances. Elargir le cadre des séances à 1h30, en prenant un temps en fin de séance pour visionner les photos sur grand écran et en faire un retour. Prévoir une séance de visionnage des photos obtenues à la fin de la photo, et laisser le choix au groupe de tirer des photos ou non. Penser un groupe plus nombreux initialement. SESSAD RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 41 - SESSAD RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 42 - Groupe théâtre Corinne Camino Ŕ éducatrice spécialisée et Yeliz Tarhan Ŕ psychologue Lřidée de ce groupe est née dřun désir de croiser les regards professionnels et dřapporter nos compétences complémentaires autour dřune médiation particulière, pour un groupe de jeunes. Nous avons monté ce groupe pluridisciplinaire (une éducatrice et une psychologue) dans lequel la médiation théâtrale et plus particulièrement lřimprovisation et le jeu de rôle permettent lřexpression, la création, lřinvention et lřimagination. Nous proposons ce groupe deux fois durant lřannée sous forme de session de huit séances (entre les vacances), ce qui nous permet de travailler sur une temporalité régulière mais courte, qui convient aux adolescents que nous accueillons. Ce sont les jeunes qui proposent la scène qui va être jouée, ils se donnent les rôles et donnent un rôle à lřun des adultes qui va aller sur scène. Il y a toujours un adulte en position dřobservateur sur lřespace hors scène, qui arrête la scène et qui va mener le temps dřaprès le jeu, où lřon évoque ensemble ce qui vient de se passer. Un temps de reprise a lieu après le groupe pour élaborer « à chaud » entre les deux professionnelles, puis un échange en équipe et enfin avec un professionnel du pôle soin (mise en place dřune séance dřécoute pour réfléchir au cadre, à la dimension transférentielle). Les jeunes se sont véritablement saisis de cet espace. Les thèmes proposés furent joués en improvisation, et élaborés ensuite dans lřespace hors scène. Les jeunes ont pu se mettre dřaccord sur les lieux et les thèmes à jouer sans trop de difficulté même si lřécoute entre eux nřétait pas toujours aisée. Nous avons senti que les jeunes étaient au travail, exprimant et abordant leurs questionnements à travers la médiation et ensuite en exprimant jusquřà leurs ressentis durant le temps hors scène. Cet outil nous paraît extrêmement riche. Nous désirons mettre en place une nouvelle session après la rentrée et aimerions échanger en équipe sur les jeunes qui pourraient y participer. Pôle « pédagogie » Pascale Busson - enseignante Ce pôle était composé d'une enseignante spécialisée et d'un éducateur scolaire jusqu'en juin 2014. La première a fait valoir ses droits à la retraite tandis que le second a quitté le S.E.S.S.A.D. Depuis septembre une nouvelle enseignante a été détachée par l'Éducation Nationale. Un projet de convention est en cours d'élaboration avec l'Inspecteur spécialisé ASH. Lřenseignante travaille en lien avec le Socle Commun de Connaissances et de Compétences et avec les programmes scolaires de référence (1er et 2nd degré): Des bilans scolaires sont également réalisés notamment dans le cadre de re-scolarisation. Sur l'ensemble de l'année 2014 près d'une trentaine de jeunes ont bénéficié d'un accompagnement pédagogique, sous la forme de reprise d'activités pour les fondamentaux (lire, écrire, compter) ou de soutien aux apprentissages (méthodologie, prise de confiance). Ceci peut passer par une confrontation au monde sous l'angle artistique, culturel ou scientifique selon leur centre d'intérêt. Suite au départ de l'éducateur scolaire, les éducateurs spécialisés organisent les réunions avec lřécole pour chacun de leurs jeunes. L'enseignante a participé à plusieurs de ces réunions et a rencontré des enseignants référents. Elle intervient en milieu scolaire pour un élève en élémentaire. SESSAD RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 43 - Elle est allée rencontrer des collègues à l'Oustal, à l'occasion des "portes ouvertes" de l'établissement afin d'échanger sur les méthodes de travail et en vue d'observer un autre fonctionnement avant de finaliser le projet pédagogique de l'unité d'enseignement. Elle a enfin collaboré à l'élaboration d'un dossier de demande de subvention auprès de la région Ile-de-France avec une réalisatrice pour un projet d'atelier cinéma à mener avec les jeunes du S.E.S.S.A.D. en 2015. Pôle soins Caroline Puigmal et Rodrigo Gutierrez Diaz Ŕ médecins psychiatres Les psychiatres du SESSAD sont les responsables du projet de soins de lřenfant et du jeune. Ils sont garants de la cohérence, de la coordination et de la continuité des interventions du pôle thérapeutique. Une partie fondamentale de la mission des psychiatres est la participation à la commission dřadmission. Les psychiatres doivent préalablement faire une évaluation psychopathologique et se renseigner auprès des partenaires médicaux pour garantir lřadmission au SESSAD des jeunes dont le profil clinique permet de bénéficier dřune prise en charge multi disciplinaire et dřun projet thérapeutique complet adapté à ses besoins. Les psychiatres, en tant que coordinateurs du projet soins, font les indications des différentes prises en charge (psychologie, psychomotricité, orthophonique) et font le lien avec les différents partenaires (ASE, CMP, CMPP, CAPP, MDPH…). Au sein du SESSAD, la participation aux réunions de synthèses, aux réunions du pôle soins, ainsi que les différents échanges avec les professionnels de lřéquipe multi disciplinaire, permettent une prise en charge cohérente et dynamique qui sřadapte constamment à lřévolution du jeune. Dans le cadre de la prise en charge, les psychiatres ont aussi une mission clinique importante en rencontrant le jeune mais il y a aussi les interventions familiales qui sřavèrent essentielles, dřautant plus que souvent les difficultés du jeune ont comme origine des dysfonctionnements ou des problématiques au sein de la famille. Il y a, enfin, un travail dřorientation du jeune vers les différents dispositifs scolaires si besoin et un travail dřorientation à la sortie du SESSAD. La prise en charge au SESSAD peut durer en moyenne entre 2 ou 3 ans, cřest toujours un défi et un travail émouvant dřaccompagnement, de découverte et dřaide, ayant pour but le dépassement des difficultés du jeune et la prévention pour lui permettre un avenir meilleur. Pôle soins Dominique Villeneuve - psychologue Cette année 2014 a été marquée par le déménagement, en décembre 2013, vers un espace renové, très coloré, situé en rez-de chaussée avec des bureaux tournés vers lřintérieur du lieu, baptisé « le village », plutôt que sur le dehors. Au-delà du déplacement concret des bureaux, il fallait investir le nouveau lieu, travailler le cadre des meubles, des couleurs, et des éléments décoratifs, y accueillir les jeunes, y inscrire leurs productions à lřoccasion des différentes journées dřaccueil et portes ouvertes qui ont eu lieu en 2014, afin de rendre ce nouveau cadre vivant, habité, chargé des voix et des histoires quotidiennes que les jeunes y vivent avec nous. Cela sřest opéré au premier trimestre 2014, et au-delà même, jusquřaux vacances dřété. Progressivement, nous avons réinstallé notre fonctionnement au long cours. SESSAD RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 44 - Au SESSAD, nous pouvons repérer différentes pratiques dans les suivis psychologiques. Personnellement, je privilégie le fait de favoriser au maximum la constitution dřun espace de parole individuel avec chaque jeune. Cela peut prendre du temps, cela peut ne pas marcher parfois, mais dans lřensemble, les jeunes sont preneurs de cet espace et y sont attachés. Lřobjectif est bien sûr dřétablir un lien préalable qui peut prendre du temps, car nous avons à faire à des jeunes blessés, qui testent si lřadulte va tenir bon dans le temps, supporter la négativité. Cřest pourquoi dřemblée, dès la rencontre, les éléments intra-psychiques de souffrance et de questionnement du jeune sont mis en acte. Comment faire que ces éléments qui entravent le jeune, son cheminement, son désir, viennent à la conscience ? Ou simplement deviennent obsolètes et soient abandonnés ? Cřest tout lřenjeu de la prise en charge, et singulièrement de lřespace psychologique du jeune. Cřest pourquoi ce sera plutôt dans lřespace du psychiatre que les entretiens familiaux auront lieu, et dans lřespace psychologique que le jeune développera sa propre parole. Il y a aussi les activités de groupe. Je consacre un temps chaque semaine à co-animer avec le psychomotricien, un groupe de relaxation. Pendant les vacances scolaires, il arrive que des psychologues participent à des sorties avec des jeunes. Ce sont toujours des moments denses, très riches, permettant de mieux connaitre les jeunes du SESSAD, de faire connaissance avec ceux dont nous ne sommes pas référents, et ceux qui sont là depuis peu. Et de partager un moment différent avec ceux que nous connaissons bien. Les temps dřarticulation en équipe sont essentiels pour adapter de façon souple les suivis, en maintenir la dynamique et le sens. L’activité orthophonique 2014 Valérie Fromentin - orthophoniste Lřactivité orthophonique en 2014 au sein du SESSAD sřest appuyée sur des interventions de différentes formes : Séances individuelles, activités de groupe, ainsi que des participations, lors des vacances scolaires à des jeux dřéquipe. (Tournois de ping-pong, de Baby-Foot…) Depuis 2012, le temps attribué au poste dřorthophoniste ayant été augmenté, le nombre de jeunes accueillis a été plus conséquent et de ce fait le nombre dřactes plus important. (Passage de 17h50 à 28h, puis à 26h hebdomadaires). Les adolescents ainsi que les enfants scolarisés en primaire adhèrent, en majorité, à lřaide proposée. Ils se saisissent de ces séances en en ayant bien compris la finalité. Sur 52 jeunes admis, environ la moitié est reçue par mes soins pour une prise en charge régulière. Dřautres sont accueillis pour une évaluation nécessaire à une meilleure connaissance du jeune (Bilan orthophonique du langage oral et écrit) et qui ne débouchera pas sur un suivi. De 2008 à 2010 un groupe « contes » avait été instauré à raison dřune fois par semaine, avec une éducatrice. (6 jeunes) Puis, depuis 2011, avec lřaide dřune psychologue, un premier groupe constitué dřenfants scolarisés en primaire, a été créé pour un atelier dřécriture. (3 enfants) Cette formule ayant remporté un vif succès auprès des plus jeunes, nous avons souhaité la proposer à la rentrée scolaire 2012/13, à des adolescents qui manifestaient le goût de lřécrit, en composant des textes de RAP. (4 jeunes). SESSAD RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 45 - Cette activité est depuis ancrée dans le temps de travail orthophonique hebdomadaire. Les rencontres avec les parents et les différents intervenants, auprès des jeunes et de leurs familles, entrent aussi ponctuellement en compte dans le travail orthophonique. En 2014, le volume dřactes sřest décliné tel que : o o o Un nombre de 391 actes pour les séances individuelles, 240 actes pour les séances de groupe, Totalisant 631 actes annuels. Réflexion sur la pratique de l’éducation spécialisée au SESSAD. Lřéquipe éducative du SESSAD Cette année le travail éducatif au SESSAD a été réfléchi du fait des changements : o o de lieu, de personnel éducatif et de direction. Nous avons dû veiller afin que soit préservée une pratique éducative reconnue collectivement, afin que perdure ce savoir être, ce savoir-faire, afin que la fonction éducative ne soit pas remplacée par des interventions de rentabilité immédiate et précaire. En décembre 2013 le SESSAD a déménagé. Lors de ce dernier trimestre, la question de « cet ailleurs, de ce changement » a été très prégnante pour les jeunes, pour les familles ainsi que pour lřéquipe qui manquait dřéléments précis à apporter, malgré nos explications rassurantes. Pour endiguer ce climat anxiogène, un travail dřaccompagnement sur les nouveaux repères a été mené dès que possible. Pendant les mois de décembre et jusquřà mi-février nous nřavons pas pu accueillir dans nos nouveaux locaux puisquřil nous fallait attendre lřaval de la commission de sécurité. Pour ne pas perdre ce fragile « lien imaginaire nécessaire à la relation éducative », nous nous sommes adaptés à ces situations matérielles « provisoires ». Contrairement aux personnels soignants de lřéquipe, pour lesquels les soins sont plus spécifiquement ou uniquement menés dans les locaux, nous avons été entendus, soutenus pour faire valoir coûte que coûte des rencontres sur lřextérieur. Celles-ci nřétaient ni sur le terrain familial, ni sur celui de lřéducation nationale. Au pis-aller, au cœur de lřhiver, ce maintien relationnel a eu un coût financier minimum, celui dřun refuge nécessaire, quřil soit dřun hébergement extérieur autour dřun chocolat chaud, dřun gâteau ou dřune activité … Lřune des valeurs éducatives pratiquée, entendue, reconnue, est dřêtre en communication avec le jeune lui-même en situation de rejet, de refus, à venir vers, à devenir. Notre action éducative est dřamener cet adolescent à se déplacer psychiquement. La preuve inconsciente et symbolique de cette progression est quřil puisse venir seul chercher cette relation éducative et évoluer dans cette réflexion volontairement. Les locaux du SESSAD sont un lieu neutre et protégé, nous veillons à ce quřils restent en priorité lřespace des jeunes. Leurs familles y ont également accès, pour travailler lřévolution positive du devenir de leurs enfants. Travail qui devrait provoquer obligatoirement des effets positifs sur lřenvironnement familial global. Nous souhaitons préserver un espace éducatif contenant pour les jeunes ayant besoin de confidentialité afin quřils puissent montrer une autre expression que celle qui les amène à être étiquetés par un « Trouble du Comportement et de la Conduite (TCC) ». Ces locaux doivent être pour eux un espace tiers, dans lequel ils se sentent bien, où ils peuvent se confier et également appréhender, se montrer, régresser pour mieux devenir, pour devenir mieux, seuls et en société, quelle quřelle soit. SESSAD RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 46 - Bien entendu nous pouvons « nous adapter » pour ne pas perdre ce lien, pour ne pas perdre cette notion « dřêtre et aller vers ». Bien entendu nous pouvons sortir pour retrouver, pour maintenir, pour contenir et nous le faisons. Nous lřavons fait et nous le referons, « au cas par cas », pour la progression dřun jeune. Par exemple aller au domicile dès le début de la prise en charge pour créer cette relation éducative ou lors dřune difficulté, nous savons retrouver, prouver un intérêt ... En mars, notre travail reprenait dans de nouveaux locaux petit à petit. Chacun trouvait de nouveaux repères malgré des techniques, des supports éducatifs modifiés en raison de retards importants dans les travaux. Par exemple lřactivité pâtisserie appréciée des jeunes a été praticable à partir de septembre 2014, nous ne pâtissons pas pour pâtisser, nous tenons à dire que les activités sont des médiations éducatives et nous avons du plaisir à les pratiquer avec les jeunes au sein du SESSAD. La répartition par âge, des jeunes suivis au SESSAD-AVVEJ Age Effectif 6 ans 7 ans 8 ans 9 ans 10 ans 11 ans 12 ans 13 ans 14 ans 15 ans 16 ans 17 ans 18 ans 19 ans 20 ans TOTAL Entrées 3 2 4 9 12 15 8 5 4 Sorties Hospitalisés Suivi AEMO Suivi AED ASE PJJ 1 1 2 1 4 3 1 4 1 2 66 1 1 1 3 2 2 3 2 14 1 3 4 4 1 3 1 1 3 2 1 1 1 1 2 4 16 10 7 4 1 Répartition géographique des jeunes suivis par le SESSAD-AVVEJ en 2014 Tout Paris notamment 10, 11, 12, 13, 14, 18, 19, 20 Seine Saint Denis 1 enfant vit chez son père dans le 93 Répartition par âge des jeunes suivis au SESSAD. Évolution sur 3 ans Âge 6/8 9/12 13/15 16/17 18/20 TOTAL SESSAD 2012 4 16 24 7 2 53 2013 3 15 24 7 2 51 2014 0 15 29 4 2 50 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 47 - Tableau des actes effectués sur l’année 2014 : MOIS Janvier Février Mars Avril Mai Juin Juillet Août Septembre Octobre Novembre Décembre TOTAL SESSAD NOMBRE DE JEUNES 51 51 51 49 47 49 52 50 48 50 51 50 ACTES AUPRES DES JEUNES 232 424 581 449 558 542 915 24 454 749 624 564 6 116 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 48 - SESSAD RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 49 - SERVICE D’INVESTIGATION D’ORIENTATION ET D’ACTION ÉDUCATIVE EN MILIEU OUVERT « SIOAE 75 » CONTACT : ACCES : Espace Pierre Baldini 6-8 rue Eugène Varlin 75010 PARIS Téléphone : 01.40.34.93.21 Télécopie : 01.40.34.61.81 e-mail : [email protected] MÉTRO : ligne 4 / 5 / 7 Stations : Gare de lřEst ou Château-Landon AUTOBUS : 26 / 46 / 54 Arrêt : Château-Landon ACCUEIL : Filles et garçons mineurs sur décision des Juges pour Enfants de Paris. Effectif habilité : 178 mesures annuelles dřA.E.M.O. MISSION : Les mesures dřA.E.M.O. (Action Educative en Milieu Ouvert) constituent un accompagnement éducatif pour des enfants demeurant dans leur famille mais pour lesquels des éléments de danger ont justifié lřouverture dřune procédure dřassistance éducative visant à assurer leur protection. Ces mesures sont financées par le département de Paris. Bien que lřaccompagnement éducatif soit prévu par la loi jusquřà 21 ans, c'est-à-dire pour les jeunes majeurs, dans la réalité les mesures dřAEMO ne sont plus financées par le Ministère de la Justice depuis 2011 pour les 18-21 ans. Lřactivité se répartit principalement sur lřensemble des arrondissements de Paris. On peut distinguer plusieurs modalités d'intervention : Les Les Les Les Les Les entretiens au Service visites à domicile contacts avec les partenaires accompagnements des jeunes activités collectives de loisirs bilans et la rééducation orthophonique. AGREMENT - HABILITATION : Justice Aide Sociale à lřEnfance ASSOCIATION VERS LA VIE ET L’EDUCATION DES JEUNES l RECONNUE D’UTILITE PUBLIQUE 1, place Charles de Gaulle Ŕ 78067 St Quentin en Yvelines Cedex Téléphone : 01.30.43.26.00 Ŕ Télécopie : 01.30.43.98.25 Courrier électronique Direction générale : [email protected] - 50 - STRUCTURE : Direction : Claude AMIEL Chef de service : Brigitte DECROIX Effectif : 1 3 6 3 1 1 1 1 psychiatre, assistantes sociales, éducateurs, psychologues, orthophoniste, secrétaire, comptable également chargée des dossiers des salariés, agent de service Seulement 9 salariés sur ces 19 personnes travaillent à temps plein. TOTAL DES ETP : 14,27 ETP ASSOCIATION VERS LA VIE ET L’EDUCATION DES JEUNES l RECONNUE D’UTILITE PUBLIQUE 1, place Charles de Gaulle Ŕ 78067 St Quentin en Yvelines Cedex Téléphone : 01.30.43.26.00 Ŕ Télécopie : 01.30.43.98.25 Courrier électronique Direction générale : [email protected] - 51 - Rapport d’activité du SIOAE 75 Année 2014 Claude AMIEL, Directrice Lřannée 2014 a été marquée par lřinstallation du service dans ses nouveaux locaux à lřEspace Pierre BALDINI qui réunit en un même lieu 3 services de lřAVVEJ, les aménagements nécessaires, la résolution progressive des problèmes administratifs et techniques qui sřy rapportent, préoccupation chronophage pour les directions des trois services comme pour la Direction Générale qui a été présente dans ces dossiers tout au long de lřannée. Lřactivité du service a été gênée jusquřau 28 janvier 2014, date à laquelle la Commission de Sécurité a donné lřautorisation de recevoir du public dans les nouveaux locaux. Une autre préoccupation majeure en 2014 concerne les évaluations extérieures : évaluation externe, audit DASES, évaluation des Risques Psycho-Sociaux. 1. Les nouveaux locaux Le choix de couleurs vives au sol permettant dřidentifier les espaces propres à chacun des trois services sřest avéré une bonne idée. Les aménagements des bureaux en mobilier et petite décoration ont permis aux membres de lřéquipe de personnaliser et dřinvestir leurs nouveaux espaces de travail. Chacun a tenté de concilier esthétique, praticité et modération budgétaire. Le nombre de bureaux dřentretien ayant été réduit de moitié par rapport aux précédents locaux rue dřHautpoul, les bureaux des fonctions paramédicales du SIOAE 75 et de Kaïros, occupés à temps partiel par des psychologues et une orthophoniste, ont été mis à disposition des éducateurs selon un calendrier préétabli, et font partie des espaces mutualisés entre les deux services. Il en va de même pour la salle de réunion du 1er étage, qui est aussi la salle dřactivité de lřatelier dřarts plastiques. Ainsi les équipes ont réfléchi à lřutilisation la plus judicieuse possible de tous les espaces disponibles, car la naissance de KAÏROS a quelque peu modifié le projet dřinstallation initial. Comme dans les familles, il faut apprendre à faire de la place au nouveau-né et à se serrer un peu…. Parmi les problèmes non résolus en fin dřannée, citons lřascenseur toujours inutilisable du fait dřun désaccord entre bureaux de contrôle, la porte dřentrée dont le verrouillage trop fragile sřest bloqué, soit en position dřouverture, soit de fermeture, les comportements incivils de certains voisins qui confondent la toiture intérieure sous les fenêtres du service avec la poubelle ; les plaintes liées à la gêne occasionnée par les caprices des lumières automatiques ont disparu. Les réglages successifs et lřajout dřéquipements de sécurité sur la chaudière semblent avoir résolu les problèmes de ventilation bruyante et de pannes de chauffage qui ont contraint le service à sřéquiper en radiateurs dřappoint. Un regret subsiste : celui de nřavoir pu faire de la salle du personnel une salle à manger commune permettant aux salariés des trois services de se rencontrer et de se fréquenter sur les temps de repas : malgré les aménagements effectués, cette salle est trop petite, et chacune des trois équipes prend ses repas dans des espaces distincts. Les questions liées à la cohabitation des trois équipes (SIOAE 75, KAÏROS, et le SESSAD Paris), ont été traitées dans lřinstance mise en place à cet effet : le Comité de suivi de lřEspace Pierre BALDINI. Présidé par la directrice du SIOAE 75, (les 2 autres directrices étant prévues pour prendre le relais tour à tour les années suivantes), ce comité est composé de trois représentants de chaque service. Cřest de cette instance quřest issue la rédaction dřun règlement interne spécifique à lřutilisation de la cuisine commune utilisée par les trois équipes éducatives pour leurs activités. La vocation de ce comité est de relever les dysfonctionnements constatés et toutes les questions qui risquent de se poser dans la mutualisation de certains espaces, afin dřanticiper les rivalités et conflits potentiels, et de réguler lřutilisation de ces espaces au mieux des besoins de chaque service, compte tenu de ses spécificités. Pour ce faire, il émet des propositions qui sont ensuite soumises au groupe des trois directrices, lesquelles se prononcent sur les décisions à prendre. Ce comité de suivi se réunit à fréquence trimestrielle. SIOAE 75 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 52 - 2. L’activité du service : En 2014 le SIOAE 75 a réalisé 66021 journées, soit 101.60% de lřactivité prévue. Au 31/12/2014, 184 mesures étaient en cours; cette file active résultait de 124 entrées et 60 sorties au cours de lřannée. Effectif au 31/12/2014 184 entrées 124 sorties 60 Répartition par âge et par sexe o Parmi les mesures exercées, 70% concernent des garçons et 30% des filles, dont ¼ de petits (moins de 6 ans), un bon ¼ dřadolescents (14 ans et +), et la moitié des enfants entre 6 et 14 ans. AEMO en cours au 31/12/2014 0/2 ans 2/4 ans 4/6 ans 6/8 ans 8/10 ans 10/12 ans 12/14 ans 14/16 ans 16/18 ans 10 4 6 12 6 6 17 11 6 17 12 5 22 15 7 22 16 6 24 19 5 36 28 8 24 18 6 184 enfants 129 G 55 F 30 25 20 F 15 G 10 5 0 0/2 o Cabinets arrondts 2/4 4/6 6/8 8/10 10/12 12/14 14/16 16/18 Répartition par cabinets et origine géographique des familles A B C D E F 1/17/5 8/18N 18S 10/12 19E 20N 0 57 16 3 40 8 AEMO au 31/12/14 SIOAE 75 G H 11/ 2/4/20S 16 14 17 I K L M N P 3/7 13 11/5 14/6 15 9 5 5 8 8 2 1 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 53 - 3. Les mouvements du personnel A nouveau ce sont les postes administratifs qui ont été les plus précarisés et qui ont suscité le plus de préoccupations, même si les problèmes qui en ont découlé se sont avérés un peu moins graves que lřan dernier. Malgré lřaide dřune aide-comptable en contrat de professionnalisation jusquřau mois de juin, la comptabilisation de lřactivité, le suivi budgétaire, la préparation du BP 2015 et du CA 2013 ont été difficiles à réaliser. Lřannée 2014 sřest terminée par le départ de la comptable en fin dřannée. Les absences maladie puis le congé maternité au secrétariat ont aussi affecté la facturation. Les remplacements de courte durée (CDD et intérim) ont permis dřassurer la continuité de lřaccueil téléphonique, mais ni celle du secrétariat à proprement parler, ni à fortiori celle de la facturation. Ces aléas se sont soldés par le refus de la hotline de lřéditeur ALPHA de continuer à répondre à nos questions techniques ; alors quřil était prévu de changer dřéditeur à compter de la facturation du 1 er janvier 2014, devant le blocage du processus arrêté au mois de septembre 2013, la direction a pris la décision de procéder sans plus attendre au changement de logiciel (développement de GESSI par lřéditeur AXAPA). Mais lřélaboration dřune procédure de transmission dématérialisée avec la DASES a nécessité plusieurs mois pour ce nouvel éditeur. Lřarrivée en avril 2014 dřune nouvelle secrétaire, impliquée et expérimentée, sur un CDD plus long car englobant le remplacement du congé maternité, et secondée sur un temps supplémentaire pendant lřété 2014 dřune jeune fille dotée des mêmes qualités dřefficience et dřorganisation, a permis au service de sortir de lřimpasse dans laquelle il se trouvait. La base de données des quelques 200 dossiers dřusagers a été entièrement reconstituée pendant lřété. Ensuite, et grâce à la compréhension et au dévouement de notre interlocutrice du Bureau de Gestion Financière de la DASES à laquelle nous tenons à rendre un hommage appuyé, le retard accumulé a pu être comblé pour la fin de lřannée. Il nřen reste pas moins que la trésorerie du service et par voie de conséquence celle de lřassociation, ont bien souffert de ce retard de facturation. Les autres mouvements du personnel concernent le départ en longue maladie puis en inaptitude dřune éducatrice spécialisée travaillant à mi-temps. Son temps de travail a été repris par une de ses collègues en complément dřun CDI à mi-temps, ce qui a permis dřassurer la continuité des prises en charge éducatives au sein de lřéquipe et de joindre en un temps plein les 2 précédents mi-temps, avec les avantages qui vont de pair : gain de temps pour le travail en direct auprès des usagers et gain en souplesse dřorganisation. La question de la mise en inaptitude a été lřoccasion pour le médecin du travail de venir rencontrer la directrice dans les nouveaux locaux du service. Cette visite a donné lieu à un échange dřinformations et une réflexion partagée. Enfin, le temps de travail des cadres a été remanié conformément aux modifications budgétaires consécutives à la fermeture du service investigations. Si le temps plein de direction avait pu être maintenu en 2014 du fait des intérims exercés par la directrice du SIOAE 75, à compter dřavril 2014 il devait être ramené à 0,50. Avec lřaccord de la Direction Générale, la solution finalement retenue a été de stabiliser lřéquipe dřencadrement en répartissant le 1,5 ETP budgété en 0,70 ETP de direction et 0,80 ETP de chef de service. Ceci a eu pour conséquence quelques modifications dans la fonction de chef de service, dont la distribution des nouvelles AEMO sans consultation préalable des dossiers au Tribunal, à charge aux travailleurs sociaux dřaller effectuer cette lecture dès que possible dans le cours de la mesure. Si cette réduction de moyens, qui suppose une présence et une disponibilité réduites des cadres a suscité de lřinquiétude dans lřéquipe, celle-ci a su sřadapter aux restrictions imposées et le fonctionnement du service nřen a pas pâti outre mesure. Par contre, le sentiment de devoir porter plus de responsabilités et gérer parfois des situations difficiles hors la présence des cadres a certainement un coût psychique à SIOAE 75 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 54 - relier aux préoccupations exprimées lors du questionnaire dřauto-évaluation des RPS (cf ci-dessous), dont la résurgence du rôle protecteur du collectif. 4. Les évaluations, les regards externes o Lřévaluation externe : Elle sřest déroulée en avril/mai, de façon satisfaisante tant pour la direction que pour lřéquipe. La commission constituée au niveau du siège associatif en appui à la direction générale, a permis de convenir avec le cabinet prestataire dřun cadre de déroulement commun aux établissements et services, ainsi que dřun calendrier, garantissant lřhomogénéité des interventions dans le respect des valeurs associatives et des spécificités du secteur de protection de lřenfance. Lřorganisation a ensuite été précisée entre lřintervenante et la direction du service. La tentative effectuée par le cabinet dřévaluation pour recueillir les avis des enfants et de leurs familles, malgré un effort évident pour présenter un questionnaire simple et ludique, sřest heurtée à la dispersion des familles et à leur faible mobilisation pour les questions institutionnelles (dont le rapport culturel à lřécrit nřest pas un moindre facteur). Cřest là lřécueil du milieu ouvert pour mettre en œuvre les recommandations de la loi de 2002 sur la consultation des usagers quant à lřexercice dřune mesure éducative imposée dans un cadre judiciaire. Aussi le service pense-t-il sřorienter vers dřautres modalités de participation proposées aux parents, sans sřattacher à recueillir frontalement leur avis quant aux modalités dřexercice de la mesure (cf ci-dessous). La connaissance du secteur par lřévaluatrice, ainsi que sa capacité à entendre les choix et les questions propres au service, ont permis lřinstauration dřun dialogue de qualité entre elle et les professionnels de lřéquipe ; lřécueil dřune évaluation vécue comme une intrusion violente et suscitant des réactions défensives a ainsi pu être évité. Les professionnels ont exprimé des préoccupations pour lřavenir de leurs métiers, des valeurs qui les sous-tendent et des conditions dřexercice de leurs professions dans une société de plus en plus normalisée où il devient difficile de ménager les espaces de travail indispensables à un accompagnement éducatif réellement personnalisé ; au-delà de lřenjeu institutionnel pour lřévaluation externe, de permettre ou non le renouvellement de lřautorisation du service, ils lřont fait dans lřoptique de communiquer aux instances de politiques publiques leurs observations et préoccupations de professionnels de terrain. Les conclusions de lřévaluation externe font apparaitre que le service « respecte les grands principes posés par la loi du 2 janvier 2002 en matière dřindividualisation de lřaccompagnement des bénéficiaires » et qu « řil nřa pas souhaité sřappuyer sur des outils formalisés ». Cette formalisation, que le SIOAE aborde avec prudence dans le souci de maintenir un accompagnement personnalisé et de proximité avec les personnes accompagnées, a également été préconisée par la DASES, mais dřune façon plus impérative. o Lřaudit de la DASES (intitulé « enquête flash ») Intervenue en pleine période de congés (le 8 aout 2014) après un courrier adressé seulement une huitaine de jours à lřavance, cette intervention, qui redoublait lřévaluation externe à peine 2 ou 3 mois après celle-ci, a été moins bien comprise. Plus formelle et plus lourde par le nombre de documents à réunir, prévoyant seulement une rencontre avec le directeur, à lřexclusion des autres membres de lřéquipe, elle a porté essentiellement sur la « traçabilité » de lřaction menée. SIOAE 75 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 55 - Bien que constatant que le service fonctionnait de façon satisfaisante, elle a préconisé une classification interne aux dossiers des usagers plus rigoureuse, lřintégration des conclusions des synthèses cliniques dans ces dossiers, lřorganisation dřune journée de formation des personnels à la bientraitance, et une disponibilité des professionnels du service sur les week-ends. Suite à ces remarques, lřéquipe du SIOAE 75 sřest organisée pour que les conclusions des réunions cliniques soient tapées en temps réel sur ordinateur portable, afin dřêtre intégrées facilement aux dossiers (et pas seulement aux rapports adressés aux magistrats), mais cette organisation ne sera pleinement efficiente que lorsque le service aura pu remplacer son ordinateur portable obsolète, et relier la salle de réunion à la baie informatique du rez de chaussée, de façon à ce que les prises réseau de cette salle soient connectées au réseau interne au service. Ces aménagements ont fait lřobjet de prévisions dans les investissements 2015. La direction du service a engagé des négociations avec Paris VIII, université ayant contribué aux travaux de lřANESM (Agence nationale pour lřévaluation des établissements sociaux et médico-sociaux), pour organiser une journée de formation interne sur le thème de la bientraitance. Le coût prévisionnel de cette formation a été intégré au budget prévisionnel 2015. Les négociations portent sur le choix dřune formation plus clinique que sociologique, lřécueil pour lřaccompagnement éducatif mené en milieu ouvert étant davantage repéré en lien avec la difficulté de travailler auprès de personnes atteintes de maladie mentale ou à tout le moins psychiquement très fragiles, quřà la méconnaissance de caractères culturels ou propres à une configuration psychosociale particulière, comme les familles recomposées ou appartenant à telle ou telle ethnie. Lřorganisation dřune permanence éducative le week-end rejoint une idée antérieurement évoquée dans le service, dřune consultation familiale qui pourrait fonctionner certains samedis. Le service dispose en effet dřune psychologue formée à lřapproche familiale. Le coût prévisionnel de cette prestation a également été intégré au budget prévisionnel 2015. Les travailleurs sociaux, quant à eux, travaillent occasionnellement lorsque la situation le nécessite, en soirée ou de bonne heure le matin. Cřest ce qui a été souligné aux enquêtrices de lřaudit. En réponse à dřautres préconisations portant sur les procédures internes, le service sřest doté de nouvelles procédures relatives à la gestion de la révélation de cas de maltraitance, de situations comportant un caractère dřurgence et/ou de dangerosité particulier, et de traitement dřun évènement grave. o Les risques psycho-sociaux (RPS) La démarche a été initiée par lřélue (DP/CE), dans la suite dřune enquête interne à lřAVVEJ menée par le CCE sur le thème de la souffrance au travail, enquête qui nřavait pas rencontré chez lřensemble des professionnels lřintérêt escompté. La formulation « risques psycho-sociaux » évite la présomption dřune souffrance avérée, imputable aux conditions de travail, postulat qui ne parait pas largement partagé dans lřassociation. Par ailleurs les RPS font maintenant partie intégrante du DUERP (document unique dřévaluation des risques professionnels), établi et discuté au sein du Conseil dřEtablissement. Intégrer les RPS au DUERP revient donc à revisiter celuici en le complétant. Cřest pourquoi le médecin du travail a été associé à la démarche. Egalement invité, lřinspecteur du travail ne sřest pas manifesté. Sous la houlette dřune chargée de mission de lřOETH (organisme pour lřemploi des travailleurs handicapés), un COPIL (comité de pilotage) a été constitué. Après une réunion dřinformation générale sur les risques psychosociaux, lřhistorique de la démarche et la méthodologie retenue, les conclusions du rapport issu de la passation dřun questionnaire dřauto-évaluation dans lřéquipe, SIOAE 75 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 56 - ont mis en exergue trois facteurs de risques : intensité et temps de travail, exigences émotionnelles et insécurité de la situation de travail. Lřautonomie dans le travail est considérée comme un facteur ressource ; les préconisations portent sur lřinvestigation du poste de secrétariat, et sur une réflexion de groupe sur lřarticulation des fonctions dans lřaccompagnement psycho-éducatif, afin que « le collectif retrouve son rôle protecteur », ceci dans une visée de prévention des RPS. Bien que les facteurs de risques relevés sřavèrent inhérents au champ du social et de lřéducation spécialisée, lřéquipe a opté pour un travail collectif sur les thématiques soulevées, qui faisaient écho aux préoccupations des professionnels. Pour les préciser, des groupes de travail ont été constitués et animés par la directrice et la chef de service : Lřarticulation des fonctions administratives et éducatives : après 2 réunions des propositions concrètes tendant à préciser et fluidifier le fonctionnement du service ont été dégagées. Certaines ont été traduites en termes de procédures. Le cadre institutionnel : ce groupe nřa pas encore donné de production. Lřarticulation des interventions éducatives et psychologiques : ce thème répond aux tensions les plus vives et nécessitera plus de réunions que prévu. La démarche nřest pas terminée et se poursuivra sur lřannée 2015. Lřintervention de la chargée de mission de lřOETH nřa pas donné lieu à rémunération, mais sa proposition de recours à un spécialiste extérieur pour travailler les points soulevés dans son rapport a été refusée par le financeur ; cřest donc la solution de lřorganisation de la poursuite des travaux en interne qui sřest imposée. 5. Les formations collectives ou mutualisées La formation aux écrits professionnels engagée en 2013 sřest achevée en 2014. Associant des participants dřune équipe de prévention et dřAEMO, elle avait présenté lřintérêt de permettre, au-delà de son objet propre, une meilleure connaissance réciproque du travail de chacun. Cette « mixité » professionnelle avait créé une dynamique particulièrement intéressante. Dřautres formations ont été mutualisées au sein de lřespace Pierre Baldini : o o Avec KAÏROS : formation des secrétaires et comptables au module de facturation sur le logiciel GESSI, Avec le SESSAD : formation nettoyage et hygiène réunissant les agents des 2 services. En lien avec le projet conçu par lřéquipe éducative de se former plus spécifiquement à lřaccompagnement éducatif des familles ayant de très jeunes enfants, deux interventions ont été demandées au Dr MORISSEAU, pédopsychiatre psychanalyste expérimentée. Il sřagissait dřaffiner lřobservation des interactions précoces mère-enfant, particulièrement avec des mères souffrant de pathologie mentale. Dřautres séances sont prévues en 2015. Ces séances sont financées sur le reliquat du budget supervision qui nřavait été que partiellement utilisé, puisque les séances de supervision nřont repris quřen septembre 2014, après le recrutement dřun nouveau superviseur. Lřexpérience précédente avait été malheureuse, les participants en étaient largement insatisfaits ; cette année les travailleurs sociaux se déclarent satisfaits de la qualité de leur supervision et au-delà de la règle édictée du caractère obligatoire de leur participation, les absences ne sont plus quřexceptionnelles et dûment motivées. Autre changement : la supervision est désormais réservée aux travailleurs sociaux, les psychologues étant supposés disposer dřautres lieux choisis par eux, hors cadre institutionnel, et par ailleurs ne disposant que dřun temps partiel déjà bien entamé par les réunions dřéquipe (cliniques et institutionnelles). SIOAE 75 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 57 - Enfin, sur proposition de la direction, les psychologues et psychiatre du service, en tant que cadres techniques, ont accepté dřanimer tour à tour des réunions de service consacrées à une catégorie psychopathologique ; il sřagit de valoriser les ressources internes dont dispose le service et de se doter des repères psychopathologiques nécessaires à la conduite des projets personnalisés : en 2014 une première séance a traité de la schizophrénie, dřautres sont prévues en 2015 sur les états limites et lřadolescence, les perversions, et les dysfonctionnements familiaux. Ces interventions visent aussi à faire circuler la pensée réflexive sur les situations familiales prises en charge et connues souvent de toute lřéquipe. 6. L’accueil des stagiaires et nouveaux professionnels Le groupe de travail mis en place lřan dernier sur la thématique de lřaccueil des stagiaires a produit un livret dřaccueil aujourdřhui achevé ; ce groupe a été lřoccasion de revisiter la législation sur lřorganisation des stages des travailleurs sociaux en formation, la définition dřun site qualifiant, et surtout de redéfinir le processus de sélection et dřaccueil des stagiaires. Les candidatures sont désormais orientées vers la chef de service, référente de site, qui les examine avec les travailleurs sociaux ou psychologues volontaires pour devenir référents de stage et encadrer les stagiaires avec le concours de leurs collègues. Les conventions de stage sont signées par la directrice (ou la chef de service par délégation). Les relations avec les écoles sont assurées par la référente de site et les référents de stage. En 2014 lřéquipe a accueilli une stagiaire assistante sociale (stage long) et une stagiaire psychologue. Une autre stagiaire en formation de cadre et travaillant sur le thème de la participation des usagers a également été accueillie. Dans la suite de cette dynamique, un livret dřaccueil à usage des nouveaux professionnels a été élaboré conjointement par la directrice et la déléguée du personnel. Il sřagit dřun projet ancien dans le service, mais qui nřavait pas encore pu aboutir. En raison des difficultés mentionnées plus haut au service comptabilité, lřaccueil dřun nouveau jeune en contrat de professionnalisation nřa pas été réitéré pour 2014-2015, le précédent contrat ayant pris fin en juin 2014. 7. La mobilisation de l’équipe éducative pour les ateliers et micro-projets Les ateliers pâtisserie et arts plastiques, ainsi que lřorganisation de sorties culturelles ou sportives, qui avaient fait lřobjet dřun développement dans le rapport dřactivités de lřan dernier, se sont poursuivis cette année avec le même succès et malgré les difficultés matérielles liées à lřinstallation dans les nouveaux locaux. En début dřannée, lřatelier pâtisserie nřa pu fonctionner quřà lřextérieur du service jusquřà ce que la cuisine affectée à cet usage soit équipée, ce qui a nécessité un budget spécifique ; mais il était important pour les enfants participant à cet atelier et pour la dynamique du groupe, quřil continue à fonctionner sans interruption. En fin dřannée, lřéquipe du SIOAE 75 sřest mobilisée, en réponse à une initiative de la Direction Générale, pour concevoir et monter 4 micro-projets dont certains pourront faire lřobjet dřun accompagnement méthodologique pour la recherche de financements adaptés : o o o o SIOAE 75 un atelier théâtre en partenariat avec le théâtre de Chaillot, présenté cidessous ; un atelier cuisine à destination des parents, dont certains avaient manifesté le désir de participer à lřatelier pâtisserie des enfants ; un atelier couture à destination également des parents ; des sorties culturelles avec participation aux ateliers ouverts par les grands sites. RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 58 - Les deux projets à destination des parents visent à développer la relation et la coopération éducative dans le « faire-avec », comme alternative complémentaire aux entretiens traditionnels lors des visites à domicile ou dans les bureaux du service. Ils visent aussi à renforcer le lien social par les échanges de savoirs et la valorisation de ceux-ci. Enfin, ils visent à répondre aux directions de travail impulsées par la loi de janvier 2002 sur la participation des personnes accompagnées. Claude AMIEL, Directrice 8. Partenariat avec le Théâtre de Chaillot Dans une perspective dřaccès à la culture et dřouverture vers lřextérieur, un partenariat sřest mis en place au cours de lřannée 2014 entre le théâtre de Chaillot et le SIOAE 75. Le théâtre National de Chaillot est lřun des cinq théâtres nationaux français (établissements publics dont les missions sont définies par lřétat) et le premier à porter un projet construit autour et à partir de la danse. Il est placé sous une tutelle double, celle du Ministère de la culture et de la communication et celle du Ministère du budget. Il est dirigé par le chorégraphe et danseur Didier Deschamps. Le théâtre de Chaillot est lřun des lieux les plus prestigieux de Paris, non seulement pour le rôle quřil joua dans lřhistoire du spectacle vivant et notamment dans la grande histoire du théâtre National Populaire-fondé par Firmin Gémier, puis porté par une personnalité mythique : Jean Vilar Ŕ mais aussi dans celle de la France puisque cřest dans ce théâtre que fut signée en 1948, la Déclaration Universelle des Droits de lřHomme.. Attentif à la diversité des publics, le théâtre mène une politique active dřéducation artistique et culturelle grâce à un programme intitulé : « lřart dřêtre spectateur ». Des jeunes pris en charge dans le cadre dřune AEMO judiciaire ont assisté à des représentations au théâtre de Chaillot. En effet un partenariat se met petit à petit en place entre lřéquipe du SIOAE 75, quelques jeunes et le théâtre de Chaillot. Les jeunes qui participent ne sont pas à une place de simples « consommateurs de spectacles », mais peuvent bénéficier de rencontres particulières dans ce théâtre prestigieux, visiter lřenvers du décor, rencontrer des professionnels du « spectacle vivant » et même accéder à une pratique théâtrale. Neuf jeunes âgés de 6 à 14 ans ont pu assister à la représentation de José Montalvo « Asa NisiMasa » le 21 octobre 2014. A lřissue du spectacle, nous avons pu visiter lřenvers du décor, rencontrer la costumière et lřatelier de la couturière, essayer des chapeaux…voir les coulisses, les souterrains… Plaisir des yeux, du spectacle, curiosité assouvie…rencontres agréables… Le 19 novembre 2014, 5 autres jeunes du service ont assisté à un nouveau spectacle adapté à un public un peu plus âgé : « Oh boy ! », une pièce dřOlivier LETELLIER touchant à des thématiques telles que la maladie, lřhomosexualité, la séparation, la mort… Le récit des péripéties bouleversantes dřune fratrie séparée, désaccordée puis à nouveau réunie. Ils ont pu pleinement profiter non seulement du spectacle mais également dřune rencontre avec lřacteur. Un deuxième temps a été proposé avec celui-ci pour travailler autour des émotions, du jeu théâtral, de lřimprovisation lors dřun atelier de pratique au service, à lřEspace Pierre BALDINI. Dřautres spectacles sont prévus dans le courant de lřannée 2015 avec des adolescents et peut être une sortie familiale parents enfants en fin dřannée. Ces sorties dans un tel lieu apportent non seulement une ouverture vers lřextérieur mais aussi une autre manière de travailler dans le cadre judiciaire…Sortir du quotidien, de lřentretien ou de la visite à domicile permet la création dřun lien différent. Les échanges et interactions entre les uns et les autres favorisent la création de liens. La notion de plaisir dans les liens tissés entre une famille et un éducateur au cours dřune mesure éducative judiciaire reste très précieuse. Fabienne BLADIE, Assistante sociale SIOAE 75 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 59 - 9. L’utilisation des budgets éducatifs Les aides accordées par notre service, complémentaires (et non substitutives) aux dispositifs de droit commun, mais offrant une rapidité de réponse à un besoin, représentent un véritable atout pour les familles et les enfants. Nous constatons une paupérisation croissante de la population suivie en AEMO puisque la moitié de la ligne budgétaire « fonds de solidarité » a été utilisée pour des aides alimentaires. Les familles aidées se trouvaient dans des situations dřurgence, suite à des évènements soudains venant déséquilibrer brutalement les conditions de vie au quotidien Ŕ pour exemple : incarcération brutale dřun parent- accueil en urgence dřenfants suite à une hospitalisation de la mère, etc... Un quart environ de ce budget a servi à des achats de vêture dans le cadre de départs en vacances ; enfin, le reste a permis dřacheter des fournitures indispensables au quotidien: literie, duvets … Une trentaine dřenfants ont pu partir en vacances grâce à la participation du service, soit en totalité, soit partiellement. Dans tous les cas une participation familiale, même minime, est requise. Les relations de partenariat suivies, établies avec Arc en Ciel (organisme de la Ville de Paris), sřavèrent précieuses. Enfin, les sorties collectives, surtout en période de vacances scolaires, se sont poursuivies tout au long de lřannée : zoo, bowling, théâtre, musées, patinoire… Elles offrent lřintérêt, du point de vue des professionnels, dřétablir des relations éducatives avec les enfants concernés, dans le cadre dřun groupe, sur une grande variété de sujets, et soutenues par une tonalité de plaisir partagé qui favorise la communication. Brigitte DECROIX, Chef de Service 10. L’activité orthophonique En 2014, 12 enfants ont bénéficié au SIOAE 75 dřun bilan orthophonique mais faute de place ils nřont pas pu débuter une rééducation. Certains dřentre eux ont pu être réorientés vers dřautres structures et dřautres non. Il sřagit pour nous dřune préoccupation déjà évoquée dans les derniers rapports budgétaires (CA 2013 et BP 2014) et qui nous a conduits à solliciter une extension du temps dřorthophonie, toujours plafonné à 0,25 ETP. 6 enfants âgés de 9 à 14 ans ont pu bénéficier dřune rééducation dans le service. Lřannée 2014 sřest donc close sur des perspectives dynamiques concernant la révision de certains dispositifs institutionnels (tels que les procédures internes, lřarticulation des fonctions psychologiques et éducatives), et la création de micro-projets relatifs à la culture et à la place accordée aux parents dans le service. Avec la prudence dřusage, le spectre de la sous activité semble sřéloigner. Nous tenterons en 2015 de maintenir cette dynamique, la qualité de travail qui justifie la confiance que nous accordent les magistrats, et la créativité interne, malgré des contraintes budgétaires, législatives et règlementaires toujours plus pesantes. Claude AMIEL, Directrice SIOAE 75 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 60 - SIOAE 75 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 61 - ITEP - SESSAD Le Logis CONTACT : Direction - Services administratifs et ITEP 7 rue du Moulin 78470 St-Lambert des Bois Tél : 01.39.44.88.20. Télécopie : 01.30.96.09.80 [email protected] S.E.S.S.A.D 1 place Charles de Gaulle Ŕ 78067 - Montigny le Bretonneux Tel : 01. 30. 43. 26. 00 - Télécopie : 01. 30. 43. 98. 25 [email protected] ACCES : Pas dřaccès en transport en commun à proximité de lřétablissement de St Lambert RER : Ligne B4, St Remy lès Chevreuse ; 7 km de lřétablissement ou RER ligne C, gare de St Quentin ; 10km de lřétablissement SNCF (depuis Rambouillet, La Défense, Paris-Montparnasse) : Gare de la Verrière ; 9 km de lřétablissement SESSAD : gare SNCF, gare routière et RER St Quentin en Yvelines. ACCUEIL : LřInstitut Thérapeutique Educatif et Pédagogique Le Logis est une structure de lřA.V.V.E.J. (Association Vers la Vie pour lřEducation des Jeunes) qui existe depuis 1953 et qui conformément à sa mission accueille : «… les enfants, adolescents ou jeunes adultes qui présentent des difficultés psychologiques dont lřexpression, notamment lřintensité des troubles du comportement, perturbe gravement la socialisation et lřaccès aux apprentissages. Ces enfants, adolescents et jeunes adultes se trouvent, malgré des potentialités intellectuelles préservées, engagés dans un processus handicapant qui nécessite le recours à des actions conjuguées et à un accompagnement personnalisé… tels que définis au II de lřarticle D. 312.59.2». Article D. 312-59-1 du code de l’action sociale et des familles. MISSION : LřITEP et le SESSAD ont pour vocation en conformité avec les dispositions de lřarticle D. 312-59-1 du CASF, de prendre soin du jeune dans toutes ses dimensions : Thérapeutique, Educative et Pédagogique. En arrivant à lřITEP ou au SESSAD lřenfant rentre dans un processus indissociable où trois champs, thérapeutique, éducatif et pédagogique, complémentaires et dřimportance égale, agissent en interaction les uns avec les autres afin de créer une synergie et dřoffrir à lřenfant le meilleur accompagnement possible pour lřaider à surmonter ses difficultés. AGREMENTS - HABILITATION : 1. ITEP : établissement agréé par arrêté du Préfet des Yvelines, No A-04-01699 du 28 septembre 2004. 2. SESSAD : établissement agréé par arrêté du Préfet des Yvelines, No A-05-01205 du 27 juin 2005 3. Prise en charge sur décision d'orientation de la Commission des Droits et de l'Autonomie des Maisons Départementales des Personnes Handicapées. ASSOCIATION VERS LA VIE ET L’EDUCATION DES JEUNES l RECONNUE D’UTILITE PUBLIQUE 1, place Charles de Gaulle Ŕ 78067 St Quentin en Yvelines Cedex Téléphone : 01.30.43.26.00 Ŕ Télécopie : 01.30.43.98.25 Courrier électronique Direction générale : [email protected] - 62 - STRUCTURE : Direction : G. de Foucauld, directrice ; Olivier Cadiou, directeur adjoint. Chefs de service : Alain Ribout ; Martial Martinez Lopez ; Stéphane Goutel ; Daniel Valot (SESSAD) EQUIPE INTERDISCIPLINAIRE Equipe thérapeutique : psychiatres, psychologues, médecin, psychomotricienne, orthophonistes, art-thérapeute. Equipe éducative : éducateurs, maitresses de maison, veilleurs de nuit Assistante sociale Equipe pédagogique : enseignants, éducateurs scolaires Fonctions support : hommes dřentretien, chauffeurs Equipe administrative : économes/comptable, secrétaires Habilitation : ITEP : 50 garçons, 42 en Internat et 8 en semi-internat ; S.E.S.S.A.D : 18 jeunes, filles et garçons. ASSOCIATION VERS LA VIE ET L’EDUCATION DES JEUNES l RECONNUE D’UTILITE PUBLIQUE 1, place Charles de Gaulle Ŕ 78067 St Quentin en Yvelines Cedex Téléphone : 01.30.43.26.00 Ŕ Télécopie : 01.30.43.98.25 Courrier électronique Direction générale : [email protected] infirmière, - 63 - Préambule Le matin du 7 octobre 2014, sur une petite route de campagne, David Couturier, jeune éducateur à l'ITEP le Logis nous a quittés alors qu'il venait prendre son poste auprès des garçons du Bosquet. David était arrivé au Logis, jeune homme inexpérimenté mais habité par un désir fort de devenir éducateur et riche d'une éducation pleine de belles valeurs d'humanité. Ensemble nous avons fait le pari qu'il saurait être auprès des garçons du Logis, cette figure de grand frère qu'il était au sein de sa famille et que l'expérience viendrait peu à peu consolider ces belles valeurs et cette envie qui était la sienne. David a rempli pleinement son rôle. Il devait passer en juin 2015 son diplôme d'éducateur spécialisé et aurait su nous le savons, faire honneur à ce métier difficile qu'il avait choisi comme sien. Le rapport dřactivité de lřannée 2013 commençait sur cette phrase : ce qui demande du temps sřinscrit dans le temps. Je ne croyais pas si bien dire, et cette phrase qui nous rappelle la patience nécessaire à tous changements, est toujours dřactualité. Cependant, l'année 2014 a été une année riche en construction, et des étapes essentielles ont été franchies grâce aux efforts de tous, soutenus par une équipe de cadres enfin au complet. Les évaluations interne et externe ont mobilisé l'ensemble des salariés et nous ont permis de constater de façon objective nos avancées significatives et encourageantes concernant le cœur de notre métier, cřest-à-dire, faut-il le rappeler, lřaccompagnement dřenfants en souffrance. Aujourd'hui, même s'il nous reste encore du chemin à parcourir, en particulier dans la recherche de modes dřaccompagnements innovants, de formation des éducateurs et des pédagogues aux spécificités des enfants accueillis en ITEP et d'organisation institutionnelle, on ne peut que se réjouir du chemin parcouru. L'année 2014 a également été marquée par le travail, commencé fin 2011, avec l'ARS, concernant la modification de notre habilitation afin de faire cesser une situation de déficit d'activé chronique pour cause de places non installées. Il a parfois été laborieux et difficile de se comprendre et de dialoguer afin de trouver un chemin acceptable pour tous, entre les exigences de la convergence tarifaire et des réductions budgétaires imposées par l'Etat et la préservation des moyens nécessaires à un accompagnement de qualité indispensable pour répondre aux problématiques de ces enfants dont plus personne ne veut. Malgré les difficultés, nous devrions pouvoir finaliser une nouvelle habilitation pour le SESSAD et l'ITEP avant l'été 2015 : L'ITEP accueillerait 40 jeunes et non plus 50 dont 30 en internat, 8 en semi internat et 2 en externat. Les 10 places d'internat seraient transformées en place de SESSAD qui verrait lui son effectif passer de 18 à 28, extension permise par le changement de locaux. L'année 2014 a dont été une année riche sur tous les plans : les enfants du Logis vont bien, aussi bien quřils le peuvent, envahis quřils sont de leurs souffrances de vie ; les équipes sont au travail, en train de réussir le pari de bâtir ensemble un ITEP où la souffrance, lřagressivité et la violence ne seraient pas une fatalité que lřon subit mais des symptômes accueillis et transformés en un travail au service du mieux-être des enfants. Il reste encore du chemin à faire car le travail n'est jamais fini pour ces jeunes, dont pas un nřest semblable à lřautre et qui nous poussent à sans cesse chercher et innover pour trouver les réponses à leurs questionnements pleins de souffrance et parfois de violence. Mais nous remplissons aujourd'hui, la mission qui est la nôtre : rendre un avenir aux jeunes qui nous sont confiés et lřespoir à leur famille. Je laisse le mot de la fin aux enfants : Un jeune « il se passe des choses ici au Logis » Le médecin psychiatre « Peux-tu mřen dire un peu plus » « Ça a changé » « Et alors ? » Lřenfant sřassoit, soupire et dit « Je suis tranquille ». ITEP Ŕ SESSAD LE LOGIS RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 64 - L’activité Lřhabilitation du Logis prévoit lřinstallation de 42 places dřinternat et 8 places de semi-internat. Or, depuis 2012 nous sommes en dialogue avec lřARS afin de modifier notre capacité dřaccueil afin de la rendre réalisable aussi bien au regard des possibilités offertes par les bâtiments que dans un souci dřoffrir aux jeunes de lřITEP un accompagnement de qualité et de préserver lřéquilibre institutionnel. Lřun nřallant pas sans lřautre. 1. Capacité d’accueil : Depuis 2012, 10 places dřinternat ont été gelées sur 42 depuis 2013, auxquelles sřest rajoutée fin 2013, la fermeture de lřunité de vie du Mesnil St Denis réduisant encore le nombre des places dřinternat installées à 24 au lieu de 32. Le nombre de place en semi-internat est resté inchangé : 8 places. Mais nous avons pu constater, cette année encore, la poursuite dřun déficit de notification en semi-internat des CHL du département, amorcé en 2013 et qui a impacté notre activité en semiinternat. Notre capacité dřaccueil a dont été de 32 places pour lřannée 2014 : 24 places dřinternat et 8 places de semi-internat. de janvier à juillet 2014 nous avons accueilli 27 jeunes en internat (dont 7 dans le cadre du DITEP) et 5 jeunes en semi-internat soit un total de 32 jeunes. Dřaoût à décembre 2014 nous avons accueilli 25 jeunes en internat (dont 3 en DITEP) et 7 jeunes en semi-internat soit un total de 32 jeunes. 2. Photographie de l’effectif 2014 et des admissions 32 jeunes ont été accueillis : 25 en internat (dont 3 en DITEP) 7 en semi-internat Modalités des jeunes accueillis en 2014 Nombre par modalité d'accueil 3 7 Internat Semi-internat 22 DITEP Age des jeunes accueillis en 2014 12 10 8 6 4 2 0 10 5 6 5 3 2 1 H de 10 à de 11 à de 12 à de 13 à de 14 à de 15 à de 16 à 11 ans 12 ans 13 ans 14 ans 15 ans 16 ans 17 ans On peut constater que 71.87% des garçons accueillis ont entre 13 et 17 ans ITEP Ŕ SESSAD LE LOGIS RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 65 - 3. Dossiers d’admission 96 dossiers reçus o 41 dossiers pour le département du 78 o 55 dossiers hors département Année 2014 -Département 78 : Répartition des modalités d'accueil notifiées Internat 4 12 Semi-internat 25 Non précisé Année 2014 - Age des jeunes - à réception des dossiers d'admission 25 21 20 17 15 11 16 10 12 10 5 1 3 3 1 1 0 de 7 à 8 de 8 à 9 de 9 à de 10 à de 11 à de 12 à de 13 à de 14 à de 15 à de 16 à de 17 à ans ans 10 ans 11 ans 12 ans 13 ans 14 ans 15 ans 16 ans 17 ans 18 ans 57 refus sur dossier dont 50% pour des raisons dřéloignement géographique 28 visites dřadmissions ont été réalisées par lřéquipe et ont abouti à : 6 admissions 6 jeunes en liste dřattente 15 refus dont 9 pour des raisons dřorientations dans dřautres établissements ou de non adhésion des parents. 12 dossiers étaient en cours de traitement fin 2014 4. Départs 8 jeunes ont quitté lřITEP durant le dernier trimestre 2014 o o o o 2 jeunes sont partis poursuivre leur formation professionnelle en MFR après plusieurs années de présence au Logis 1 jeune a été réorienté dans un ITEP en province pour réintégrer le domicile paternel. 5 réorientations ont eu lieu dont une au SESSAD du Logis, une en ITEP professionnel et une sur une structure associant lřaide à lřenfance et lřITEP. Taux dřactivité Internat : Accordé par lřARS au budget : 5 429 journées Réalisé : 4 885 journées réalisées Semi-internat : Accordé par lřARS : 1 280 journées Réalisé : 1 191 journées réalisées ITEP Ŕ SESSAD LE LOGIS RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 66 - Total des journées accordées par l’ARS : 6 709. Total des journées réalisées : 6 076 soit 90,56 % de lřactivité accordée. Ces chiffres ont été modifiés en novembre 2014 pour tenir compte accompagnements faits dans le cadre de lřannée dřexpérimentation en DITEP. des Total des journées accordées par l’ARS en novembre 2014 : 6 112 Total des journées réalisées : 6 076 soit 99,41 % de lřactivité accordée. Journées non comptabilisables : Nous pouvons constater la baisse constante des journées dřabsence : 633 en 2014 contre 713 en 2013 et 1 131 en 2012. Cette baisse sřexplique par les avancées du Logis en terme de réorganisation institutionnelle, lřarrivée de lřéquipe cadre au complet depuis décembre 2013, la montée en compétence des équipes et un travail de qualité dans le soutien des familles et la prévention de lřabsentéisme. La mise en œuvre de la nouvelle modalité dřaccompagnement appelée « Prise en Charge Hors Cadre » pour les jeunes les plus en difficulté au sein du Logis, démarrée en novembre 2013 a impacté également de façon importante, la diminution des journées dřabsence et de suspension de prise en charge. 5. Un excédent financier Début mai 2014, lřARS a opéré une réduction budgétaire drastique de 772 000 euros pour compenser les 10 places dřinternat gelées et nous a demandé de produire en plus un excédent en compensation de la fermeture de lřunité de vie du Mesnil. Nous présentons un résultat comptable excédentaire de 173 896 euros qui a été rendu possible par le gel de certaines activités prévues dans lřaccompagnement des jeunes, grâce aux efforts de tous et à la vigilance et à la rigueur de lřéquipe comptable. Ressources Humaines Lřéquipe du Logis a continué de se stabiliser en 2014 et nous avons enregistré peu de mouvement de personnel. 1. Mouvement du personnel o Arrivées : 3 personnes en CDI 1 orthophoniste, 1 éducatrice et 1 enseignant o Départs : 4 départs en CDI et 3 CDD qui nřont pas été renouvelés. o 5 CDD ont été signés en 2014 et sont toujours en cours. o 13 personnes sont venues travailler en intérim pour de courtes missions dont 4 veilleurs de nuit et 9 éducateurs. 2. Arrêts maladie Nous avons enregistré en 2014, 2 719 journées dřarrêt maladie dont : o 324 jours liés à des congés maternité o 1 220 jours concernant 5 personnes pour des arrêts longue maladie supérieurs à 100 jours. Cette question des arrêts maladie, récurrente dans le secteur médicosocial, reste un point crucial qui vient souvent mettre à mal la continuité de la prise en charge des jeunes et lřéquilibre des équipes et de lřinstitution en général. ITEP Ŕ SESSAD LE LOGIS RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 67 - 3. Formation Lřaccompagnement des jeunes en ITEP demande une véritable expertise pour arriver à considérer la souffrance, lřagressivité et la violence comme des symptômes à accueillir et à transformer en un travail au service du mieux-être des enfants. La complexité dřun travail en interdisciplinarité demande également des ajustements pour être opérante et devenir une véritable valeur ajoutée dans lřaccompagnement donné aux jeunes. Cřest pourquoi cette année encore et avec lřaccord du CE, nous avons continué de privilégier les formations collectives afin dřenrichir le niveau de compétences déjà existant dans lřinstitution. En 2014, tous les salariés ont pu bénéficier au moins dřun temps de formation : o o o o o 4 maitresses de maison : les bonnes pratiques dřhygiènes et 2 journées de travail et de rencontre avec les maitresses de maison de lřOustal et du SAU 78 autour de la question de lřalimentation et de la confection des menus 15 personnes sur les questions liées à lřagression 48 personnes sur la gestion des conflits et violence en ITEP 12 personnes sur les écrits professionnels Les 2 comptables et lřassistante sociale ont bénéficié dřune formation individuelle dřadaptation de leurs connaissances. Bilan de l’accompagnement 1. Bilan Thérapeutique Lřéquipe thérapeutique poursuit son travail dřaccompagnement et de soutien des jeunes avec comme particularité un travail interdisciplinaire exemplaire. Cřest peut être aujourdřhui, en dehors de la compétence et de lřimplication reconnues des professionnels présents, le point remarquable du travail de cette équipe qui a su, soutenue par le médecin psychiatre, rentrer véritablement dans un travail institutionnel. Tous les jeunes accueillis à lřITEP le Logis bénéficient dřun suivi psychologique et dřun suivi en psychomotricité et en orthophonie selon les besoins repérés à leur arrivée ou au cours de leur prise en charge. La vacance du poste dřorthophoniste la deuxième moitié de lřannée, a interrompu cette modalité de soutien. La difficulté de recrutement nous poussera peut être à envisager un travail de partenariat avec un(e) orthophoniste en libéral afin de ne pas laisser sans accompagnement les jeunes qui en ont le plus besoin. Témoignage de lřéquipe sur son travail : Prendre soin d'un jeune en ITEP, c'est parvenir à lui apporter sur la base de ses compétences, prenant en compte sa disponibilité émotionnelle, au fil du temps et donc de sa progression, les propositions thérapeutiques favorables à cette mobilisation psychique qui lui permettra de reprendre confiance en lui et d'adapter ses relations aux autres. Ces interventions à visée soignante, s'articulent chaque fois avec le soutien et dans la dynamique des actions éducatives et scolaires. Elles sont élaborées dans les temps d'échanges de l'équipe médico psychologique et au cours des synthèses interdisciplinaires. Corps, psyché, temporalité, cohérence, continuité, progression animent nos choix. Le déroulé des temps thérapeutiques qui ont accompagné les jeunes au cours de l'année 2014 sont la résultante d'une part, de temps d'évaluation (bilans), de tentatives de réponses à des besoins repérés ( suivis individuels), d'une capacité ou pas du jeune à accepter l'aide proposée et, d'autre part, l'évolution des ressources thérapeutiques de l'ITEP au fil de l'année. (Changements de professionnels). ITEP Ŕ SESSAD LE LOGIS RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 68 - 2. Bilan Educatif Le travail de montée en compétence et en expertise a continué tout au long de lřannée, renforcé par le travail de soutien et dřaccompagnement de lřéquipe cadre enfin au complet. La poursuite du travail de réorganisation institutionnelle et de sa lisibilité pour tous est venue également renforcer le travail des équipes sur la qualité de lřaccompagnement donné aux jeunes. Aujourdřhui la violence qui pouvait traverser lřInstitution est apaisée, les enfants se sentent en sécurité et le travail éducatif peut se faire dans de bonnes conditions. Deux nouveaux modes dřaccompagnement ont été très opérants dans les changements intervenus en 2014. Je veux parler du DITEP et de la prise en charge hors cadre. Le DITEP Le principe de diversification de l’accompagnement est posé par le décret du 6 janvier 2005 sur les ITEP qui prévoit explicitement que chaque projet personnalisé dřřaccompagnement propose «des modalités dřaccompagnement diversifiées, modulables et évolutives » […] Par ces dispositions, le décret légitime ainsi la nécessité d’adaptabilité et de souplesse dans les accompagnements, en fonction des besoins et du projet du jeune […] Le rapport 2010 du Conseil National Consultatif des Personnes Handicapées (CNCPH) sřintéresse lui aussi à cette idée de fluidité des parcours adaptés à chaque enfant. En effet, il a inscrit dans ses préconisations le développement de la notion de «dispositifs d’accompagnement». Il sřagit là aussi de faire évoluer les établissements vers la mise en pratique d’accompagnement au plus près des besoins.10 2013 a vu le démarrage de lřexpérimentation dřun fonctionnement en dispositif, menée par les ITEP de 6 régions en France. Ce fonctionnement en DITEP offre la possibilité à lřétablissement, en accord avec la famille et en tenant informée la CDAPH, de modifier les modalités dřaccompagnement notifiées lors de lřadmission du jeune et ce en cours de prise en charge afin de sřadapter pour un temps plus ou moins long à sa problématique et rester au plus près de ses besoins. Démarrée en 2013, lřexpérimentation a mis du temps à se mettre en place. Afin dřavoir davantage de lisibilité sur les effets du fonctionnement des ITEP en dispositif, lřexpérimentation a été relancée pour une deuxième période de 3 ans (de 2014 à 2017). En 2014 le DITEP a concerné : 9 jeunes de janvier à juillet 2014 3 jeunes de fin août à décembre 2014. La Prise en charge hors cadre Certains enfants dès leur arrivée ou au cours de leur parcours au sein de lřITEP, rencontrent des difficultés qui ne leur permettent pas ou plus de sřintégrer dans les différentes modalités dřaccueil et dřaccompagnement proposés par lřITEP à lřensemble des enfants (scolarité adaptée, stage...). Ils nřont pas les bases nécessaires pour intégrer lřinstitution et amorcer le processus dřélaboration psychique à leur arrivée. Ils ont souvent vu les années se succéder sans but précis et pour ces jeunes en trop grande souffrance psychologique, et que rien ne semble pouvoir mobiliser, la notion de « devenir » doit être déterminante. Il leur faut un projet qui puisse les motiver, quřils puissent intégrer comme étant le leur ; suffisamment extraordinaire pour les rendre curieux, intéressés et pour que leur imaginaire se remette en marche. 10 Introduction du rapport fait par lřAIRe : Projet dřexpérimentation de fonctionnement en dispositif des ITEP. ITEP Ŕ SESSAD LE LOGIS RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 69 - Dřautres connaissent des temps de crise, qui bien que difficiles et douloureux, peuvent sřils sont gérés intelligemment, devenir un tournant dans leur parcours ou bien au contraire venir cristalliser des dysfonctionnements intérieurs pouvant aboutir à des passages à lřacte mettant en danger le jeune lui-même, ses pairs et lřinstitution. Ces enfants et ces jeunes ont donc besoin pour un temps plus ou moins long, dřune prise en charge éducative très individualisée et ciblée sur leur problématique particulière jusquřà lřapaisement de la crise et la construction dřun projet qui recueille leur adhésion et celui de leur famille. Lřexpérience montre que ces SAS sont indispensables si lřon veut éviter la répétition dřéchecs et les ruptures de parcours déjà très douloureuses dans la vie de ces enfants. Dans la majorité des cas, lřéchec de lřITEP se traduira pour lřenfant par un ancrage encore plus important dans les troubles associés aux TCC : psychiatrie, délinquance, errance, déficience. L'objectif poursuivi est donc bien de répondre à certains de ces jeunes en complète rupture et de les rendre aptes à un retour vers un accompagnement plus classique, en leur offrant un sas intermédiaire, un temps de remédiation, un temps pour construire leur projet ou bien encore un temps de répit. Une équipe : o o Un chargé de coordination assure lřencadrement ainsi que le suivi technique de lřentretien du Logis. 1 éducateur en 2014 et 2 à partir de la rentrée de septembre 2015 Les différents temps proposés o o o o Des temps de chantier à l'intérieur et/ou à lřextérieur de lřITEP. Encadrés par lřéquipe, ces ateliers sont pensés en fonction des besoins de chaque jeune, le but étant, par une remédiation appropriée, de pouvoir poser les premières bases éducatives nécessaires qui permettront à lřenfant, dans un deuxième temps, de se réinscrire dans un collectif. Le séjour projet : Un temps de courte durée (de 1 à 5 jours) pour permettre à certains jeunes très fragilisés de bénéficier dès leur arrivée ou au cours de leur séjour d'un temps à part, avec un accompagnement très individualisé qui permettra de mieux construire ou de reprendre avec eux leur projet et de mieux comprendre les raisons de leur orientation en ITEP. Lřexpérience montre que ce temps de clarification et de remobilisation permet de sécuriser le jeune qui peut alors, plus sereinement, confirmer à nouveau ses choix. Ce temps peut concerner deux à quatre jeunes ensemble. Le séjour de répit : en prévention des crises. Cřest un temps de pause pour le jeune qui s'extrait de son environnement habituel (milieu familial, Institution). Ces temps sont pour les jeunes en grande souffrance, au bord de la rupture institutionnelle. Ils offrent la possibilité dans un ailleurs de créer un contexte différent, propice à un nouveau démarrage et à la construction du projet d'accompagnement dans un deuxième temps. Ces séjours peuvent durer une à plusieurs semaines et peuvent se faire sur des sites extérieurs spécialisés dans ce type dřaccueil, suivis et encadrés par lřéquipe de remédiation et avec la participation de lřéducateur référent. Le séjour de rupture : lorsque la crise a eu lieu Sřadresse à des jeunes qui sont passés à lřacte et pour lesquels les solutions précédentes ont échoué et qui mettent en danger lřéquilibre institutionnel. Le but est de permettre au jeune dřaller au bout de son malaise y compris dans le fait dřaccueillir des crises violentes. Lřexpertise des éducateurs présents doit pouvoir permettre de reprendre ces évènements violents qui entravent le processus dřélaboration psychique. Ces moments de crises extrêmes deviennent alors une base de travail avec le jeune pour lui permettre de leur donner un sens, de poser des mots sur sa souffrance psychique et de trouver dřautres moyens pour dire différemment la souffrance qui lřhabite. ITEP Ŕ SESSAD LE LOGIS RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 70 - Ces temps de remédiation, dans leur ensemble, permettent de favoriser les échanges, d'aider le jeune à s'exprimer, de mettre des mots sur ses angoisses, ses difficultés,... De lui faire prendre aussi conscience de sa personnalité et de ses capacités. Dans un environnement différent, le jeune se révèle souvent à lui-même et aux éducateurs capable d'être un autre, et c'est le levier sur lequel tous nous pouvons nous appuyer pour continuer plus paisiblement son accompagnement au sein de l'ITEP. Dans toutes les situations, lřadhésion et lřimplication de la totalité de lřéquipe et plus particulièrement de lřéducateur référent sont indispensables. Lřéquipe, avec lřaide du chef de service et du psychologue référent, identifie et alerte lorsquřil leur semble nécessaire que certains jeunes bénéficient de ces temps de prise en charge particulière. Un des trois psychologues de lřinstitution est plus particulièrement chargé dřaccompagner cette équipe. Bilan pédagogique Lřannée 2014 est la troisième année du plein fonctionnement de lřunité dřenseignement au Logis. Lřarrivée dřun nouveau chef de service en décembre 2013 ainsi que la stabilité de lřéquipe ont confirmé la pertinence du projet pédagogique mis en place dès la rentrée 2012. Aujourdřhui tous les jeunes de lřITEP sont accueillis sur lřespace pédagogique : o o o 23 jeunes sur 32 sont scolarisés à plein temps sur lřunité dřenseignement de lřITEP 9 jeunes bénéficient dřune double scolarité à plein temps : ITEP / inclusion scolaire 11 jeunes, en plus de leur scolarité, sont en stage pour préparer leur avenir professionnel. Nous poursuivons cependant la réflexion sur la consolidation et lřenrichissement du projet pédagogique existant. Nous souhaitons en particulier pouvoir renforcer dans un avenir proche lřenseignement préprofessionnel proposé aux jeunes par lřintroduction de deux ateliers techniques supplémentaires : cuisine et travail autour du bois et du bricolage. En effet, lřâge de nos jeunes ainsi que le constat fait à lřITEP le Logis, comme dans beaucoup dřITEP en France, que la possibilité de pouvoir se projeter et préparer son avenir professionnel et une intégration, [ lorsque cela est possible dans des structures dřenseignement type CFA, CFA spécialisé et MFR ] sont des étapes décisives et positives dans le parcours du jeune. Les réflexions en cours à lřacadémie de Versailles sur la possibilité de délivrance dřattestations de compétences professionnelles dans les EMS pour les jeunes ne pouvant pas intégrer les structures dřenseignement professionnel existantes, vont également dans ce sens. Une unité d’enseignement hors convention Education Nationale Cette année encore, lřunité dřenseignement a fonctionné sans quřune convention ait pu être signée avec lřEducation Nationale et avec la totalité des coûts pesants dans le budget de lřITEP. Le projet de lřunité dřenseignement a été présenté à la nouvelle inspectrice Handicap de lřEducation Nationale, dans le but de régulariser enfin cette situation et de réintégrer lřétablissement dans la carte scolaire. Lors de ce rendez-vous, lřinspectrice AS1 a pu évoquer très clairement les difficultés de recrutement importantes sur le département et nřa pas été en mesure de nous donner une visibilité quant à la mise à disposition dřenseignants et à la possibilité de signer une convention. De plus, il semble que lřoption en cours de réflexion à lřEducation Nationale aujourdřhui soit lřexternalisation dans leurs locaux dřun certain nombre de classes situées actuellement dans les unités dřenseignement des ESM. Les problématiques qui agitent les jeunes accueillis en ITEP questionnent fortement la faisabilité de leur intégration dans le collectif école. ITEP Ŕ SESSAD LE LOGIS RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 71 - Il est important de noter que bien que ne faisant pas partie des effectifs de lřEducation Nationale, les enseignants à lřITEP sont toutes des personnes diplômées, expérimentées, compétentes et très impliquées dans ce travail difficile qui est le leur : cřest-à-dire réconcilier avec les apprentissages des enfants en rejet violent de lřécole et ayant accumulé un retard très significatif. Le travail fait cette année avec les référentes scolaires de lřEducation Nationale, lřinclusion de 9 jeunes en scolarité partielle en milieu ordinaire, et lřassiduité des jeunes à lřécole interne en sont la preuve. Tranches de vie à l’ITEP le Logis Une vignette clinique emblématique : le projet thérapeutique personnalisé d'accompagnement de Jean, 16 ans, accueilli à l’ITEP depuis quelques mois. Janvier 2014 La porte de « l'éveil » s'ouvre (espace nouvellement baptisé de la psychomotricité et de l'orthophonie) laissant entrevoir le visage de Mademoiselle Chau, étudiante en psychomotricité qui effectue sa dernière année de formation, en alternance, au Logis. Apparait alors Jean, le dos courbé vers l'avant, la tête dans les épaules. Il a déjà remis sa capuche sur la tête. Il s'élance à grands pas, les bras ballants. Il arpente la pelouse de sa grande silhouette mince. L'allure est volontaire. Jean se dirige vers le bâtiment administratif et semble ne pas voir l'éducateur qui approche. Comme convenu, ce dernier arrive à la fin du rendez-vous de bilan psychomoteur afin de raccompagner Jean vers l'école. Jean, tête baissée, veut se rendre à l'infirmerie pour voir Mme Lega, l'infirmière. Une fois de plus, Il a mal aux dents. Les deux rendez-vous organisés cet automne chez un dentiste n'ont pas permis, malgré une préparation éducative attentive, de réaliser les soins dentaires dont a absolument besoin Jean. Lors de la visite médicale annuelle, le Dr Tieffry lui a redit l'importance d'avoir des dents en bonne santé pour être en bonne santé. Jean refuse d'ouvrir la bouche. Jean a souvent des maux de dents, Jean est sujet de moqueries des autres jeunes au point de ne pas s'autoriser à sourire .... Et pourtant la peur est plus forte. En accord avec la famille, présente auprès de leur fils mais démunie face à son refus, nous avons fait le choix d'accompagner Jean, chaque fois que nécessaire, au cours des différentes étapes de soin. Cette semaine, l'infirmière va l'accompagner chez le radiologue afin de réaliser un panoramique dentaire, poursuite incontournable du bilan dentaire. Depuis son arrivée à lřITEP, Jean rencontre une fois par semaine, pendant une demi-heure en entretien individuel, Madame Castaignède, psychologue. Ces entretiens confirment les difficultés de verbalisation du vécu émotionnel. Envahi par les angoisses, Jean cesse de penser et agit par le refus, l'opposition. Initialement en retrait, privilégiant l'échange non verbal, au fil des rencontres Jean progressivement parvient à s'exprimer. Le champ lexical est pauvre. Apparaissent alors des interrogations sur sa compréhension et ses réelles capacités de restitution verbale. Février 2014 Face à l'opposition de Jean, des soins dentaires sous sédation analgésique par MEOPA sont envisagés. Les lieux qui accueillent des adolescents sont peu nombreux, les délais de rendezvous longs. Plusieurs contacts ont été nécessaires. Jean est finalement pris en charge dans le service de stomatologie du centre hospitalier St Anne, à Paris. Un détartrage est réalisé, mais à nouveau, Jean refuse et des soins restent à faire. Après le bilan psychomoteur et les échanges de l'équipe médico psychologique, l'indication dřun suivi individuel hebdomadaire en psychomotricité est validée. Cette prise en charge a pour but dřaider Jean à sřapproprier son corps, de lui permettre de sřexprimer à travers différentes expériences corporelles, de renforcer la confiance en lui et de lřaider à acquérir une plus grande aisance manuelle. Durant les séances dans un cadre temporel repéré (time-timer, calendrier) des moyens permettant la prise de conscience du corps sont mis en œuvre : la percussion osseuse, le toucher thérapeutique, lřeffleurage, les parcours moteurs, la relaxation ou encore la mise en silhouette du corps. Les séances durent 45 minutes. ITEP Ŕ SESSAD LE LOGIS RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 72 - Mars 2014 Au regard de son comportement sur le groupe de vie et de ses compétences dans l'espace scolaire, lors de la dernière synthèse, la réalisation d'un bilan psychométrique a été demandé. Il est réalisé par Monsieur Le Gall, psychologue, au cours de deux séances de passation d'une heure. Une évaluation WISC IV (test d'évaluation de l'intelligence des enfants d'âge scolaire de Wechsler) devrait permettre de mieux repérer l'efficience de Jean et aider à définir son orientation. Jean est actif durant la passation, il accepte l'étayage du clinicien qu'il connaît déjà depuis l'année dernière. Leur première rencontre s'était déroulée dans le cadre d'un atelier artistique. Avril-mai 2014 Jean commence à manifester un réel intérêt pour la question scolaire. En lecture, Il s'intéresse aux bandes dessinées. Cependant, les enseignants s'interrogent sur ses réels acquis et compétences. Un bilan orthophonique est réalisé par Madame Dubreuil (orthophoniste arrivée depuis quelques mois à lřITEP).C'est un bilan qui montre l'envie de progresser de Jean. Jean est conscient de ses difficultés, en particulier en ce qui concerne le langage écrit. Lors des tests, il donne le meilleur de lui-même avec un vrai investissement. Cependant, dès que lřécrit, la lecture et lřécriture sont vraiment abordées, Jean "se ratatine sur lui-même". Des séances d'orthophonie individuelles sont planifiées. Juin 2014 Plusieurs rendez-vous sont programmés chez un stomatologue. Devant lřimportance des soins dentaires à réaliser et lřattitude inquiète de Jean, la décision en concertation avec la famille est prise dřune intervention sous anesthésie générale. Elle est programmée pour la rentrée. Mademoiselle Chau obtient son diplôme d'état de psychomotricien. Elle va quitter l'établissement aux prochaines vacances. Madame Dubreuil annonce son départ. La prise en charge de Jean en orthophonie va s'interrompre. Septembre 2014 Jean, se dirigeant vers le bureau de Madame Castaignède, arbore une mine joyeuse. Elodie R, l'éducatrice qui l'accompagne, l'encourage à nous adresser un vrai sourire. Jean laisse alors apparaître, avec un plaisir non dissimulé, ses dents soignées. Le 4 septembre, Jean a été hospitalisé à la clinique Caron à Athis-Mons. Il était accompagné dřElodie. Les soins dentaires ont enfin pu être réalisés. Madame Cadiou est présente à lřITEP, mais Jean ne manque pas de voir qu'un heureux événement se prépare et qu'elle ne va pas pouvoir continuer à le recevoir. Octobre 2014 Mademoiselle Chau revient. Elle va assurer le remplacement du congé maternité de la psychomotricienne. A l'issue des échanges avec les éducateurs, les enseignants et des discussions avec Jean, et un bilan, une proposition de séances en graphomotricité est faite : une prise en charge spécifique, hebdomadaire de 45 minutes pour aider Jean à écrire de façon plus lisible et plus fluide. Novembre 2014 Madame Castaignède a dû cesser partiellement son activité. Son absence de l'ITEP devrait se prolonger dans le temps. Nous réfléchissons, en équipe, à la mise en place d'un relais. Jean, malgré son immaturité affective, nous indique par ce grand corps «qui a vite grandi» son entrée dans lřadolescence. Prenant par ailleurs en compte la configuration familiale, nous pensons quřun étayage auprès d'un thérapeute masculin serait bénéfique. D'autre part, Jean connaît déjà monsieur Le Gall, depuis les tests mais aussi dans le cadre des ateliers interdisciplinaires, atelier artistique puis atelier escalade. Le suivi psychologique individuel hebdomadaire est alors repris. Jean investit positivement ce moment qui lui est proposé. Cřest un temps de « bain de langage » quřil apprécie. Au fil des mois, des besoins identifiés, au rythme des capacités observées, des progressions constatées, le projet thérapeutique personnalisé de Jean sřest construit. L'articulation de ces prises en charge sřattachant à prendre en compte la participation active du jeune et surtout quřil en comprenne tout le sens. ITEP Ŕ SESSAD LE LOGIS RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 73 - Aujourd'hui, Jean s'est redressé. Il accepte nos regards croisés, nos interventions spécifiques, notre attention, notre réassurance. Soulagé, plus à lřaise dans son corps Jean est aujourdřhui étayé du regard dřun adulte, de plus en plus en capacité de se positionner, de sřaffirmer dans le cadre collectif de ses pairs. La poursuite de nos prises en charge sera de le soutenir dans lřexpression de ses ressentis et lřexpression de ses envies afin dřimaginer, de construire avec lui des projets dřavenir….. Un samedi en famille aux Eterlous11 ou comment être ensemble pour travailler ensemble. Depuis longtemps notre Institution remet à lřouvrage la question de la place des Parents dans lřaccompagnement des enfants quřils nous confient. Ainsi, les familles sont présentes dans nos pratiques, de lřadmission aux étapes dřélaboration du projet dřaccompagnement et du parcours au sein de lřinstitution et lors des temps de rencontre que le quotidien parfois agité des enfants sait si bien provoquer. Lřannée 2014 restera marquée par la volonté et la nécessité de redéfinir la réalité de lřimplication des Familles en en matérialisant la fréquence dans le calendrier annuel de fonctionnement, où apparaissent six samedis consacrés à ce type de rencontres. Parents et Professionnels sřaccordent sur une définition du « travailler ensemble » : cřest partager des difficultés, des attentes, des besoins, des objectifs, des moyens… Mais il sřagit dřinvitations contractuelles et parfois dřune convocation injonctive lorsque lřenfant déborde. Comment alors sřéloigner des pratiques de domination, de disqualification, de défiance ? Comment « être ensemble » ? Nous y répondons en créant du décalage, en fabriquant des journées institutionnelles où se témoignent des reconnaissances et des échanges de savoirs… Ce samedi-là aux Eterlous, nous recevons les familles. Les enfants, aidés des éducateurs, préparent les tables. Chaque jeune semble impatient d'accueillir parents, frères et sœurs. Vers 10h, les premières familles arrivent, reçues par l'équipe et les enfants. Certaines mamans semblent réservées mais l'ambiance se réchauffe vite autour d'un café et de petits gâteaux préparés par Laura. Chaque famille est invitée à participer à la confection du repas et à la mise en place de la table. Certains parents retroussent rapidement leurs manches pour prendre part à ce moment tandis que les mamans qui étaient en retrait acceptent notre invitation et laissent manteaux et sac pour, à leur tour, mettre la main à la pâte. Dans une ambiance chaleureuse, Mr C. m'aide à dépecer la grenadille car il me voit bien en peine ! Mr M. nous montre ses talents pour découper l'ananas tandis que les jeunes aidés de leurs mamans s'affairent avec Karim et Laura pour préparer les bricks d'épinards au fromage de chèvre et la salade de fruits. Une fois la préparation terminée, nous passons à table. Nous partageons le repas autour d'un "Bingo" animé par François...jeu remporté par Dylan et Sébastien qui offre ses chocolats à toute l'assemblée. A la fin du repas et avant de nous quitter, certains parents comme Mr C. prennent la parole pour exprimer remerciements et gratitude à l'équipe pour le travail accompli avec leurs enfants et pour l'aide qu'on leur apporte. Une idée émerge dans la tête des enfants et suscite l'émulation : à quand un séjour avec les familles? Nolan, le potager et la gourmandise12 Bonjour, je m'appelle Nolan, je suis arrivé à l'ITEP Le Logis lřan dernier. J'ai beaucoup travaillé sur l'atelier environnement de Benoit et Alain car j'aime travailler dehors. On a fait un potager qui a produit beaucoup de légumes que l'on a vendus au personnel de l'établissement et aux partenaires (essentiellement les référentes de scolarités). Un jour, j'ai reçu cette invitation : 11 12 Magali Sandrama, éducatrice et Alain Ribout, chef de service des Eterlous Benoît Boucher, éducateur technique sur lřatelier Environnement ITEP Ŕ SESSAD LE LOGIS RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 74 - Jeune homme, afin de vous remercier pour votre travail et votre implication dans l'atelier environnement cette année scolaire, vous êtes cordialement invité à participer à un goûter qui aura lieu le mardi 1er juillet à 15 heures au restaurant « La terrasse de Sauvegrain», 14 rue de Port Royal à Saint Lambert des Bois. Dans l'attente de la confirmation de votre présence, je vous prie d'agréer l'expression de mes sentiments distingués. Monsieur Benoit Comme j'aime bien les goûters, j'ai vite confirmé ma présence et je ne l'ai pas regretté. Deux gros gâteaux, un au chocolat et un aux fruits avec en plus des boissons à volonté. C'était trop bien. Benoit nous a expliqué qu'avec le travail fourni cette année, on avait gagné un peu d'argent dans la vente des légumes et qu'il voulait le dépenser en nous remerciant par ce goûter. Voici une photo souvenir de ce moment. Remise de diplômes à l’école du logis13 Ce matin, cřest la remise des diplômes au Logis ! Dans la cours de lřécole, on installe des chaises pour les jeunes et une table leur fait face. Peu à peu, tous les adultes de lřITEP arrivent et se regroupent autour des garçons pour partager ce moment exceptionnel. Ces derniers, devant tout ce déploiement, comprennent que la remise des diplômes va avoir quelque chose de « solennel ». Lřimportance du moment impose le silence. Mme de Foucauld commence son discours et demande aux adultes dřapplaudir les jeunes pour tous les efforts fournis dans lřannée. Stupeur et étonnement. Puis un à un, les profs appellent les garçons afin de leur remettre leur diplômes dřASSR pour certains et pour tous, un diplôme pour lřannée scolaire. Lřenseignant énonce devant toute lřassemblée attentive, ce pour quoi on félicite le jeune : participation aux ateliers, travail scolaire, comportement sur le groupe, efforts fournis, humour, qualités personnelles... Chaque jeune sera chaleureusement applaudi pour les points positifs quřil a su montrer lors de lřannée scolaire : gêne, fierté, étonnement peut-être ou encore émoussement intérieur, en tout cas une sensation nouvelle. Ce beau moment sřachève au soleil, autour dřun verre de soda et des chips… un « apéro » pour se dire : « à lřannée prochaine ». 13 Vanessa Clinckmaillie éducatrice scolaire à lřunité pédagogique ITEP Ŕ SESSAD LE LOGIS RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 75 - SESSAD Le Logis Préambule Le SESSAD a poursuivi cette année encore, son bonhomme de chemin, avec une équipe très stable et soudée, mais qui sait aussi lors des réunions dřéquipe se confronter dans des débats passionnés, pour sřaccorder ensemble in fine sur ce qui serait le mieux pour les jeunes dont ils ont la responsabilité. Le déménagement dans les nouveaux locaux deux fois plus grands que les anciens a marqué la fin dřune longue attente et il faut une fois encore saluer la patience et la persévérance de lřéquipe qui a toujours fait un travail de qualité malgré des locaux devenus inadaptés. La lumière, lřespace et une nouvelle décoration très « cosy », ponctuée par quelques reproductions de grands peintres, sont aujourdřhui à lřhonneur au SESSAD du Logis. Lřespace supplémentaire a été immédiatement investi et un coin bricolage animé par lřéducateur a vu le jour. La jolie table basse de la salle dřattente en témoigne. Ces nouveaux locaux ont également permis de présenter à lřARS la modification de lřhabilitation existante avec succès. A partir de la rentrée scolaire 2015-2016, le SESSAD accueillera 10 jeunes supplémentaires et lřéquipe sřenrichira dřun ou une nouvelle éducatrice, dřune psychomotricienne qui aura enfin lřespace nécessaire pour travailler, et dřune psychologue supplémentaire à mitemps. Ce nřest donc pas uniquement lřentrée dans de nouveaux locaux qui aura marqué cette année 2014, mais bien aussi la possibilité dřaccueillir plus dřenfants et dans de meilleures conditions pour tous. L’activité 1. Les effectifs Effectif 2014 : 22 jeunes. Nombre de garçons : 15. Nombre de filles 7 : on peut constater que ce chiffre est en constante augmentation. LOCALISATION GEOGRAPHIQUE ELANCOURT; 2 LE PERRAY; 1 MAGNY LES HAMEAUX; 2 TRAPPES; 6 MONTIGNY LE BTX; 2 LA VERRIERE; 1 ITEP Ŕ SESSAD LE LOGIS GUYANCOU RT : 7 VOISINS LE BTX; 1 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 76 - PYRAMIDES DES AGES 17 ANS; 2 9 ANS; 1 10 ANS; 3 16 ANS; 1 15 ANS; 2 11 ANS; 1 12 ANS; 2 14 ANS ; 6 13 ANS; 4 2. Les admissions : 35 dossiers de demandes d'admissions ont été reçus en 2014 et 26 sont toujours sur liste dřattente faute de place. o o o 6 admissions ont été refusées sur dossier : 5 car il sřagissait dřenfant trop jeunes et 1 pour cause dřéloignement géographique 5 dossiers ont été validés et mis en attente ; un jeune a été admis en janvier 2015 et 3 restent en attente de place à partir de la rentrée de septembre 2015 3 familles ont été reçues parmi les dossiers en attente arrivés en 2014 car présentant un caractère dřurgence. Suite à ces visites, 1 enfant a intégré le Sessad, les deux autres familles ont refusé la prise en charge. 3. Départs et arrivées : o 4 jeunes ont intégré le SESSAD à la rentrée scolaire 2014/2015 (liste dřattente de 2013). o 6 jeunes ont quitté le SESSAD en fin dřannée scolaire 2014 o 1 départ en apprentissage en boucherie o 1 départ à lřITEP le Logis en attente dřune réorientation en IMPRO o 2 jeunes sont aujourdřhui à plein temps au collège avec une fin de prise en charge o 1 jeune a déménagé et a pu intégrer le collège de son nouveau lieu dřhabitation o 1 départ en IMPRO 4. Activité réalisée en 2014 : 1 831 forfaits ont été réalisés en 2014, soit : o 137 forfaits de plus quřen 2013 o 86,21 % de lřactivité théorique (2 124 forfaits) o 95,76 % de lřactivité accordée (1 912 forfaits) Les actes considérés comme « non comptabilisables » sont au nombre de 596, soit 92 actes de plus quřen 2013. Comme les années précédentes, nous continuons à interroger lřARS sur la pertinence dřun système de décompte des forfaits qui exclut une part pourtant très importante du travail fait auprès des jeunes et de leurs familles. Nous rappelons que sont jusquřà aujourdřhui exclus du décompte : o o o Les entretiens réalisés par le chef de service et/ou le psychiatre avec les familles, hors de la présence des enfants, indispensables pour la qualité de leur suivi. Les actions de partenariat (école, ASE, CPM…). Les différents actes (éducatif, pédagogique ou thérapeutique) réalisés au cours dřune même journée afin de faciliter l'emploi du temps de l'enfant et qui doivent être comptabilisés comme un seul forfait. ITEP Ŕ SESSAD LE LOGIS RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 77 - Outre le fait que ce système de décompte met dans lřombre une partie pourtant essentielle de notre travail dřaccompagnement, il tend aussi à minorer fortement le résultat de lřactivité déclarée par rapport à l’activité réelle qui aurait été de 2 427 actes soit 114,26 % de notre activité théorique. Nous avons appris récemment que les services ARS Ile de France sont en cours de réflexion sur cette problématique et nous attendons avec beaucoup dřintérêt le résultat de ce groupe de travail. Dřautre part, bien que lřhabilitation du SESSAD prévoit 18 places, nous accueillons entre 20 et 22 jeunes tout au long de lřannée. En effet, nous défendons, sans mettre en péril nos obligations de résultat quant au nombre de forfaits à réaliser dans lřannée, la possibilité dřaccueillir et de suivre des jeunes dans des situations particulières nřayant parfois quřun seul rendez-vous hebdomadaire. 5. Résultat financier Grâce à une gestion rigoureuse, le SESSAD affiche un résultat comptable de 8 451 euros et un résultat administratif de 23 396,79 €. Bilan de l’année 2014 du pédopsychiatre, Marion FALLET L'augmentation significative des situations relevant de la protection de l'enfance (10 sur 22) est un des faits marquants de l'année 2014 au SESSAD, nous obligeant à travailler d'avantage en réseau et non plus seulement dans une relation duelle avec les familles. o o o o Lieux de placements (2) Services ASE (3) Services d'AEMO, (2) Signalements au CRIP (3). Cette situation impacte l'ensemble de l'équipe, éducateurs, psychiatre et psychologues dans le lien avec les enfants (déplacement de la psychologue au foyer d'une jeune par exemple), et avec les familles (signalements à travailler dans les entretiens avec les parents, déplacement du psychiatre à l'ASE...), mais aussi le travail avec les intervenants extérieurs qui peuvent par exemple assister à nos réunions ou à nos synthèses. Ces situations complexes nous amènent à réfléchir autrement et révèlent des tensions et des émotions dont il faut se distancier. Autre changement significatif, les filles bien que toujours présentes au SESSAD, sont passées du nombre de 2 à 3 ou 4 dans les années précédentes, à 7 sur 22 en 2014 et l'approche thérapeutique s'en trouve modifiée car elle n'est pas la même. La clinique des enfants elle aussi a changé, on peut constater davantage de troubles d'apprentissage et d'inhibition que de troubles du comportement débordants. De ce fait les séances dřorthophonie ont été plus fréquentes et concernent en 2014 la quasi-totalité des enfants (environ 90 %). On constate également beaucoup moins d'absentéisme que les années précédentes et les enfants ont été beaucoup plus fiables dans le respect des rendez-vous, ce qui nous permet de souligner l'originalité de l'approche du soin au SESSAD du Logis : o o o Le travail en interdisciplinarité de l'équipe des prises en charge thérapeutiques très activement soutenues par les éducateurs, Une offre originale d'art-thérapie, avec des séances individuelles ou en groupe, de la relaxation, des ateliers mixtes art-thérapie/psychologue ou artthérapie/orthophoniste, Des entretiens parents-enfants, la souplesse du cadre et les aménagements faits pour s'adapter aux adolescents. ITEP Ŕ SESSAD LE LOGIS RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 78 - o Les réunions médico-psy qui ont eu du mal à se mettre en place de façon régulière ont enfin trouvé leur vitesse de croisière cette année et sont maintenant régulières et efficaces, permettant de mieux coordonner les différentes prises en charge. Propos de Daniel Valot, chef de service Evènement de taille pour le SESSAD Le Logis, nous avons déménagé plus grands. Il va sans dire que ce changement de lieu a réjoui membres qui travaillaient depuis lřorigine commençaient à ne plus y démarré en septembre la nouvelle année scolaire 2014-2015 dans lřactivité dřune équipe complète. en juillet dans des locaux lřéquipe, certains de ses croire ! Nous avons donc des lieux plus adaptés à Autre chantier important de lřannée 2014, la réécriture du projet de service. Etant une petite équipe, tous les professionnels ont pu pleinement participer et il va sans dire que lřexercice a été profitable pour la cohésion du service. La réflexion qui sřest engagée pour lřécriture du chapitre « principe dřintervention » nous a particulièrement enthousiasmés. Nous avons également changé notre procédure dřadmission afin dřessayer de diminuer notre liste dřattente très importante, une quarantaine de dossiers, certains datant de 2012. Même en lřabsence de places disponibles, le chef de service et la pédopsychiatre ont rencontré les familles afin de vérifier si leur demande était toujours dřactualité. Cette démarche qui nřest pas terminée, conjuguée avec les admissions faites par les différents SESSAD de la Ville Nouvelle ont fait redescendre la liste dřune bonne vingtaine de dossiers mais elle est sans cesse alimentée par les nombreuses demandes dřorientation en SESSAD. Les sorties au SESSAD Nous avons des activités de soirées assez habituelles comme la cuisine ou le bricolage, mais nous profitons aussi des périodes de vacances pour proposer dřautres activités et sorties qui nous permettent de découvrir nos jeunes dans un contexte autre que celui des murs douillets du SESSAD, et aussi observer leur comportement dans des groupes plus importants. Nous nous sommes fait plaisir avec des concepts originaux : Paris par les sommets ou « prenons de la hauteur ! » Nous avons commencé par gravir les deux premiers étages de la Tour Eiffel à pied, puis nous avons enchainé avec lřArc de Triomphe. Là, le groupe a ralenti sa progression pour cause de bagarre et nous avons donc replongé dans un travail éducatif beaucoup plus basique. Lřétape suivante était lřArche de la Défense où la frustration était au rendez-vous, celle-ci nřétant plus accessible. Insuffisance de la préparation ! Nous nous consolons en nous disant quřil nous reste encore quelques sommets à découvrir ! Autre proposition qui visait à travailler avec nos jeunes la tolérance : Nous avons pris le bateau navette près de la tour Eiffel, puis avons visité Notre Dame, repris le bateau à nouveau jusquřau jardin des plantes que nous avons traversé, et nous avons ensuite visité la Grande Mosquée. Grand moment : pendant la visite notre guide a fait assoir tous les jeunes autour de la grande table de la bibliothèque, et il a posé une devinette : « il y a un mal qui affecte lřhumanité et est responsable dřune majorité de ses maux, les hommes naissent avec, en grandissant beaucoup ne sřen préoccupe même pas, et meurent aussi sans lřavoir traité, quřest-ce que cřest ? ITEP Ŕ SESSAD LE LOGIS RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 79 - Les jeunes ont fait quelques propositions, avant que le guide ne donne la réponse : lřignorance. Un thé et quelques pâtisseries plus tard, pris au salon de thé de la Grande Mosquée avec pour fond sonore le champ des oiseaux qui volètent autour de vous, et nous avons repris le bateau dans lřautre sens. Aux vacances de la Toussaint, nous avons visité lřexposition Hokusai au Grand Palais. Un travail de préparation avait été fait avec les jeunes : comment regarder avec cette question que je vous pose aussi : « combien y-a-il de bateaux sur la célèbre gravure « la vague ? » Lřintention était louable, mais lřaffluence était telle que la patience de nos jeunes a été mise à rude épreuve et ils nřont pas pu apprécier cette visite à sa juste valeur. Avant la visite nous avions mangé dans un restaurant japonais (Japonais-Hokusai, chercher le lien !) Nous souhaitions leur faire découvrir autre chose que lřhabituel kebab quřils mangeraient invariablement. Le niveau sonore du groupe, 11 jeunes, était peut-être plus élevé que la tradition japonaise ne le recommanderait, mais le repas sřest déroulé dans la bonne humeur et ils ont tous beaucoup apprécié. Voilà une petite tranche de vie du SESSAD qui poursuit paisiblement sa route et sřapprête en 2015 à agrandir son équipe, accueillir dřavantage dřenfants et continuer à chercher, encore et toujours, comment faire pour enrichir le travail dřaccompagnement des jeunes qui lui sont confiés. ITEP Ŕ SESSAD LE LOGIS RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 80 - ITEP Ŕ SESSAD LE LOGIS RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 81 - Foyer Éducatif l’Oustal CONTACT : ACCES : 15, rue Jacques Boyceau 78000 Versailles Téléphone. : 01.39.67.52.20 Télécopie : 01.30.21.38.22 Courriel : [email protected] PARIS St LAZARE Ŕ Direction Versailles Rive droite, descendre « gare de Montreuil » PARIS MONTPARNASSE Direction Rambouillet ou Chartres descendre « Versailles Rive Gauche » ou « Versailles chantiers ». ACCUEIL : Adolescentes de 14 à 21 ans confiées par les Juges des Enfants ou les services départementaux dřAide Sociale à lřEnfance, pouvant bénéficier du travail éducatif proposé. MISSION : Les difficultés que rencontrent les jeunes filles accueillies au Foyer Educatif « lřOustal » sont dřabord des difficultés familiales et sociales importantes. Elles entrainent bien souvent pour ces jeunes filles un grave manque de repères et des difficultés personnelles et relationnelles considérables. Face à cela, les objectifs éducatifs sont les suivants : o Donner des repères socialisants qui permettent à chacun de vivre en société, o Permettre aux adolescentes reçues dřaller vers un équilibre psychologique et affectif personnel, o Les aider à développer leurs capacités personnelles, o Favoriser pour les jeunes accueillies comme pour leurs familles la compréhension de leur situation. Les supports éducatifs spécialisés procèdent de ces objectifs : o Un travail effectué dans et à partir de la vie quotidienne, o Un travail soutenu avec les familles, o La mise en place de loisirs éducatifs et thérapeutiques, o Des suivis scolaires et des formations professionnelles modulées et adaptées, o Un partenariat avec les mandats, référents et autres intervenants extérieurs. AGREMENTS - HABILITATION : Aide Sociale à lřenfance Protection judiciaire de la jeunesse STRUCTURE : Directrice : Narjès GUETAT-CALABRESE Directeur Adjoint : Fabien GARNIER ASSOCIATION VERS LA VIE ET L’EDUCATION DES JEUNES l RECONNUE D’UTILITE PUBLIQUE 1, place Charles de Gaulle Ŕ 78067 St Quentin en Yvelines Cedex Téléphone : 01.30.43.26.00 Ŕ Télécopie : 01.30.43.98.25 Courrier électronique Direction générale : [email protected] - 82 - Chefs de service éducatif Laurent Blanchard (de janv. à mars 2014) Puis Isabelle Zoubiri depuis juillet 2014 Marie-Agnès (jusquřen mai 2014) Nadine BOYER Nadine BOYER depuis juin 2014 Chef de service éducatif Thierry AGOSTINO Chef de service pédagogique Emmanuelle Alibert (en remplacement dřIsabelle RAPIN depuis le 6 novembre 2013). Structures d’hébergement : 4 unités de vie décentralisées accueillant 42 adolescentes « Etats-Unis » et « Pt Colbert « Etats-Unis » et « Pt Colbert » « Missionnaires » « Montreuil » « Montreuil » et « Frémillon » Service d’Accompagnement Vers la Vie Adulte 12 appartements à Versailles Accueil de 16 à 19 adolescentes et jeunes majeures en situation « dřautonomie accompagnée » Age minimum dřadmission : 17½ ans Possibilités de scolarisation interne (agrément Education Nationale) Les jeunes collégiennes, lycéennes et apprenties en stages professionnels peuvent être prises en charge suivant des contrats éducatifs élaborés préalablement. Une classe : 6 élèves maximum, des jeunes en rupture de scolarité, mais pour qui lřécole est encore le meilleur chemin du succès. Une plateforme de mobilisation personnelle sřadressant à toutes les jeunes filles de lřOustal et plus particulièrement à celles qui sont en difficultés. La Plate-forme construit pour chacune un chemin personnalisé avec des activités variées (leçons particulières, arts plastiques, stage en entreprise, etc…). 12 jeunes accompagnées vers une formation professionnelle. Effectif : Depuis juin 2014, 4 chefs de services Ŕ Educateurs spécialisés, techniques et scolaires Ŕ surveillants de nuit - Assistantes sociales Ŕ Infirmière - Psychologues à temps partiel Ŕ Maîtresses de maison Ŕ Une équipe administrative [secrétariat Ŕ économat] Ŕ Une équipe dřinfrastructure [entretien]. ASSOCIATION VERS LA VIE ET L’EDUCATION DES JEUNES l RECONNUE D’UTILITE PUBLIQUE 1, place Charles de Gaulle Ŕ 78067 St Quentin en Yvelines Cedex Téléphone : 01.30.43.26.00 Ŕ Télécopie : 01.30.43.98.25 Courrier électronique Direction générale : [email protected] - 83 - Introduction Narjès GUETAT-CALABRESE, Directrice. 2014 a été une année qui a convoqué chez chaque membre de lřinstitution sa capacité dřadaptation et sa compétence à accompagner et à soutenir les processus inhérents au changement. En effet, les réorganisations que nous avons initiées depuis la fin de lřannée 2012 se sont inscrites dans notre quotidien en 2014. Nous savons que les effets de ces transformations ne pourront sřobserver en une seule année et que la spécificité de notre secteur dřactivité exige plusieurs années pour éclairer la pertinence et la pérennisation de nouvelles organisations. Dans ce contexte mouvant, 2014 fut une année durant laquelle nous avons à la fois développé de nouveaux projets et soutenu une vigilance indispensable pour maintenir un équilibre institutionnel, nous permettant de poursuivre notre mission au quotidien. L’activité de l’année Contre toute attente lřactivité, 20 447, de lřannée 2014 est supérieure à celle de 2013. Toutefois elle reste inférieure à lřobjectif de 20 574 journées. Il apparait un déficit de 127 journées. Nous observons également une baisse de près de 25% du nombre de demandes dřadmission. Or sur le nombre de situations que nous avons traitées durant lřannée, nous avons dû reporter, pour certaines dřentre elles, le projet dřaccueil par manque de préparation en amont. Les mouvements du personnel Départ de Frédérique Soumeilhan chef de service à lřOustal durant 4 ans. Elle fut remplacée, en juillet 2014 par Isabelle Zoubiri qui assure lřencadrement des équipes dřEtats Unis et de Pont Colbert. Après de longues années dřengagement auprès des jeunes filles et auprès des professionnels de lřOustal Marie-Agnès Stolargzyk, chef de service de lřunité de vie Missionnaires, a fait valoir ses droits à la retraite. Elle a quitté lřétablissement en mai 2014 en présence dřune grande partie du personnel et des nombreux directeurs qui ont jalonné sa carrière. Madame Stolargzyk a conçu une pratique professionnelle empreinte dřun dévouement lucide envers les jeunes filles et une rigueur clinique toujours fondée sur lřintérêt des adolescentes. Elle a toujours, et continue, de revendiquer la responsabilité des professionnels de lřéducation spécialisée à transmettre leur savoir faire aux jeunes générations de professionnels. Cřest ainsi quřelle poursuit son engagement dans le cadre de la formation professionnelle. Son investissement dans lřassociation perdure à travers son statut dřadministratrice. Chantal Toussaint, éducatrice à lřOustal depuis de très nombreuses années a également fêté son départ à la retraite le 4 décembre 2014. Tout au long de son parcours dans lřinstitution, Madame Toussaint a apporté dans son accompagnement quotidien aux jeunes filles, une énergie et un dynamisme constant. Cécile Zayas, psychologue au Service dřAccompagnement à la Vie Adulte, depuis un peu plus de 15 ans a quitté ses fonctions en mai 2014. Elle a été une fine clinicienne qui a contribué à soutenir le projet inédit de ce service. Sylvianne Ledouarin a, quant à elle, pris ses fonctions de psychologue en novembre 2014. Laeticia De Besse psychologue sur deux des unités de vie a également quitté lřétablissement en septembre 2014. La pertinence de ses analyses ont accompagné les équipes avec lesquelles elle a travaillé durant de longues années. Alexandra Suertegaray, psychologue, a pris le relais auprès des équipes de Pont Colbert et Frémillon depuis novembre 2014. Dřautres professionnels éducatifs ont quitté lřétablissement au cours de cette année relayés par de nouveaux éducateurs. Nous avons également eu à accueillir de très nombreux professionnels dans le cadre de contrat à durée déterminée pour pallier aux absences de plus ou moins longue durée des salariés en poste. Au-delà de la volonté dřinvestissement de ces « remplaçants » et de nos efforts pour encadrer au mieux ces ruptures et passages, nous observons les effets de ces changements fréquents sur la continuité du travail au quotidien. Ces changements que nous ne Foyer Éducatif l’Oustal RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 84 - pouvons anticiper (arrêts maladie) exigent une capacité dřadaptation intense des éducateurs en poste et de lřéquipe dřencadrement. Le départ de Sœur Jo Sœur Jo qui était une figure emblématique de lřOustal, des Terrasses et du Refuge est décédée le 3 septembre 2014. Je tenais à remercier les 3 A et toutes les « anciennes » de lřOustal qui ont eu lřinitiative en juin dernier dřorganiser dans les locaux de lřOustal une surprise à lřoccasion de son 90 ème anniversaire. Elles étaient près de 35 à venir avec leurs enfants et parfois leurs petits enfants pour surprendre Sœur Jo qui, très émue, avait pu me dire : « je me doutais bien quřil y avait quelque chose qui nřallait pas dans cette invitation à prendre le café à lřOustal un samedi aprèsmidi, cřétait tout de même bizarre ». Elle avait été ravie de retrouver toutes celles quřelle appelait « mes fleurs » pour cet après-midi festif. L’Organisation de l’établissement (voir organigramme) Depuis juillet 2014, Nadine Boyer, chef de service, assure la gestion des deux unités de vie Montreuil et Frémillon. Cette nouvelle organisation permet ainsi, à moyens constants, de pérenniser lřintégration dřun couple (une femme, un homme) de surveillants de nuit, par unité de vie. Cette configuration inédite à lřOustal nřest pas sans effet sur la vie institutionnelle qui sřadapte avec le temps à de nouvelles articulations dans les pratiques des uns et des autres. Par exemple nous parvenons à peine à trouver les organisations les plus pertinentes pour permettre aux équipes éducatives de se retrouver pour élaborer en comptant sur la présence de tous les professionnels qui la constituent : chef de service, psychologue, assistante sociale, éducateurs, maitresse de maison, surveillants de nuit. Fort heureusement, des organisations nous échappent et sřinstituent à partir des collaborations indispensables au suivi des jeunes filles. Cřest ainsi que les surveillants de nuit ont mis en place des passations entre binômes. De nouvelles pratiques transversales sřinitient entre les « binômes dřéquipe », comme la conception de projets de sorties communes à deux unités de vie. Dřautres initiatives comme par exemple lřéquipe Pont Colbert dont le jour de réunion est le mardi accueille les jeunes filles (présentes sur le pavillon Etats Unis durant la journée) lorsque leurs collègues sont en réunion le jeudi et vice versa. Ces modifications dřorganisation continuent de générer dřautres mouvements, non sans résistance, conduisant la plupart des professionnels de lřétablissement à se déplacer parfois intérieurement pour sřadapter à de nouvelles modalités de travail et dřaccompagnement des jeunes filles. Pour ce qui est de lřorganisation du temps de travail qui a mobilisé une importante énergie dans lřinstitution durant de longs mois, cřest aujourdřhui une question qui tend à sřéquilibrer. Je crois pouvoir dire que grâce à la détermination de Fabien Garnier, directeur-adjoint mais également à son expertise technique, lřélaboration des plannings de lřOustal semble « évidente » aujourdřhui. Au point, quřen cette fin dřannée, nous avons fait le choix de dégager les chefs de service de la réalisation des plannings : en effet, dorénavant cřest le directeur-adjoint qui réalisera les plannings des 4 unités de vie. Ce qui demeure, malgré tout, encore très complexe, ce sont les remplacements des personnels absents et lřactualisation des plannings en cours, qui continue dřimpliquer au quotidien les chefs de service. Cependant lřOustal étant une institution dont lřimpulsion vitale est constamment en mouvement, nous savons que lřannée 2015 sřaccompagnera de solutions pertinentes. Foyer Éducatif l’Oustal RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 85 - L’unité de vie « Missionnaires » devient l’unité « Frémillon » Comme nous lřévoquions lors de notre dernier rapport dřactivité, le pavillon Missionnaires dont nous étions locataires à Versailles a été vendu. Son nouveau propriétaire souhaitant investir son bien, nous avons eu à trouver de nouveaux locaux à proximité du 15 rue Jacques Boyceau. Après de nombreuses recherches, visites, joies et déceptions, nous avons trouvé un pavillon idéalement conçu pour nous accueillir courant avril 2014. Ce pavillon est situé au 8 rue Juliette Frémillon dans la ville du Chesnay, une petite rue dans un quartier principalement résidentiel. Nous avons été contraints dřoccuper ce pavillon en sousinvestissant les espaces. En effet, nous nřoccupons à ce jour que 6 places sur les 9 possibles dans ce pavillon. Le Maire du Chesnay nřayant toujours pas eu la possibilité de nous recevoir afin de nous permettre dřeffectuer le changement de destination des locaux. Nous restons convaincus que cette situation ne va pas perdurer : lřengagement évident du Maire de la ville dans la protection de lřenfance et de lřadolescence et son intérêt pour lřéducation spécialisée soutiendront la mobilisation de ses services pour nous aider à dénouer cette situation. De ce fait, le pavillon qui devrait accueillir 8 à 9 jeunes nřen accueillent que 6 ce qui a eu un impact négatif incontournable dans lřactivité de cette année. Les jeunes filles et lřéquipe installées dans ce lieu ont été bien accueillies par leur voisinage. Leur inscription dans le tissu résidentiel se fait sans encombre. Les jeunes filles expriment à la fois leur satisfaction de bénéficier de conditions dřhébergement extrêmement favorables (chambre individuelle) mais également de leur besoin dřêtre un peu plus nombreuses dans la maison. L’installation dans l’unité de vie « Frémillon » Lřéquipe éducative Frémillon Un déménagement se traduit par une séparation dřun environnement familier, une perte de repères. Sřinstaller dans un autre secteur géographique cřest appréhender un nouveau voisinage, prendre de nouvelles marques, construire un nouveau « chez soi ». Lřunité de vie représente pour certaines jeunes filles que nous accueillons le seul endroit qui rythme leur quotidien où elles peuvent se ressourcer. Notre groupe a changé de lieu dřaccueil lors des vacances dřavril 2014 pendant la fermeture du pavillon. Les jeunes filles étaient un peu perturbées par le fait de changer de maison, il a donc été décidé quřelles feraient leurs cartons avant de partir en vacances et que le déménagement se ferait sans elles, leurs affaires répertoriées seraient installées dans leurs nouvelles chambres. Lorsque nous leur avons annoncé le projet de déménagement, les jeunes filles ont pu nous exprimer leurs angoisses et leurs inquiétudes. Nous sommes parvenus à les rassurer et à leur montrer que si dans le passé, des changements brusques ou définitifs avaient pu être douloureux pour certaines, ce déménagement se ferait dans de bonnes conditions et nous amènerait vers un lieu tout aussi sécurisant et accueillant. Il est apparu nécessaire pour lřéquipe éducative, dřimpliquer les jeunes filles dans ce processus de déménagement avec leur participation pour lřinventaire, le tri, le choix des éléments de la décoration. Certaines ont eu beaucoup de mal à ranger, sélectionner des objets les liant à des situations passées, synonymes de deuil ou de lâché prise. Ce fut lřoccasion de mettre des mots sur les sentiments que ces souvenirs faisaient resurgir. Lřarrivée dans les lieux et lřinstallation ont aussi été une façon de travailler la manière dont chacune allait se saisir de ce nouvel environnement, sřy intégrer et peut être en profiter pour changer certaines habitudes et certains fonctionnements. Pour lřéquipe, ce fut lřoccasion de repenser nos pratiques dřaccompagnement du quotidien. Les règles de vie furent questionnées ainsi que la façon dont nous réfléchissions les lieux, lřaccès à certaines pièces et le cadre dans lequel nous laissions les jeunes filles se saisir et évoluer dans ce nouvel espace. Nous avons repensé lřaménagement du salon, de sorte quřil devienne le lieu principal de convivialité et de partage en groupe, que la grande table proche de la cuisine trouve son espace. Dans lřancien lieu nous avions pour habitude de nous retrouver dans les canapés qui étaient positionnés en U face à la télévision avec au centre une table basse, et aujourdřhui lorsque nous partageons des temps collectifs, nous sommes beaucoup plus assises autour de la table, ce qui donne une autre dimension à nos échanges. Foyer Éducatif l’Oustal RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 86 - Il est difficile pour une équipe de remettre en question lřorganisation qui a été pensée par dřanciens professionnels et le fait de changer de lieu peut permettre dřouvrir la réflexion vers dřautres perspectives, dřautres projets, sans avoir à bousculer les fonctionnements antérieurs. Ce déménagement a nécessité toute une élaboration autour des projets individuels de chaque jeune fille. Il devait être à la fois source de continuité et de changement. Cela fut possible grâce à la réflexion en amont avec les jeunes filles, en leur montrant des photos du nouveau pavillon, en le situant géographiquement, en leur donnant déjà une idée de leur future chambre (1 er ou 2nd étage, chambre seule ou double etc…) afin quřelles puissent sřimaginer dans leur nouveau lieu de vie. Cet accompagnement nřa pu se faire que lorsque lřéquipe elle-même sřest projetée dans ce changement. En effet, soutenir un tel déménagement nécessite un engagement de la part de lřéquipe qui nřest possible que lorsque celle-ci y trouve un sens et des repères. La visite du lieu fut le déclencheur du processus. Le déménagement crée une émulation dans la vie dřune équipe, qui peut être source de dynamisme, dřentrain mais également de crainte et de tension dus aux pertes de repères et aux changements dřhabitudes. Il nous faut repenser dans ce nouvel environnement les accompagnements, les trajets, faire connaissance avec les partenaires de secteur social, médical et scolaire. Nous devons alors être vigilants et à lřécoute du ressenti que cela engendre chez chaque jeune fille. Leur réaction dépend de plusieurs facteurs : capacité dřadaptation, gestion du stress et des émotions, lřattachement au lieu. De manière générale, le côté aventure du déménagement les a stimulées, a renforcé les liens entre elles, favorisé un sentiment dřappartenance. Ce déménagement aura été pour les jeunes filles et lřéquipe lřoccasion dřaccepter un certain bouleversement dans leur vie quotidienne, dřapporter de nouvelles perspectives et de montrer leurs capacités dřadaptation et de renouvellement. Le partenariat inter-établissement dans l’association : Un élan impulsé lors du 22ème séminaire de l’AVVEJ Narjès GUETAT-CALABRESE, Directrice Lors de la préparation du 22ème séminaire, les équipes pédagogiques de lřensemble des établissements de lřassociation se sont régulièrement retrouvées autour de leurs pratiques diverses. Ces rencontres se sont poursuivies au-delà du séminaire et ont rythmé lřannée 2014 pour lřéquipe de lřécole interne de lřOustal. Ceci a permis à certaines jeunes filles de participer à des ateliers dans dřautres établissements de lřassociation : atelier GRAF avec Rencontre 93. Ce rapprochement entre les équipes représente un enrichissement dans la conception des projets et la diversification des pratiques pédagogiques. Quand les maitresses de maison se forment ensemble : A lřinitiative de trois directrices dirigeant des établissements dans les Yvelines, une action de formation de deux jours a été organisée avec lřappui de Myriam DELASSALLE, en contrat de professionnalisation à la Direction Générale. Cette formation a regroupé 15 maitresses de maison dans les locaux de lřOustal autour de la question de lřéquilibre alimentaire et des pratiques professionnelles des maitresses de maison en internat. Les retours des participantes furent extrêmement positifs, louant les effets valorisants de ces temps de formation : « pour une fois que cřest nous qui occupons les salles de réunion pour réfléchir». Les professionnelles ont pu également mettre lřaccent sur le manque de reconnaissance quřelles ressentent généralement et qui a été très atténué par le fait de pouvoir partager avec les collègues de divers établissements. Nous envisageons de reconduire cette expérience dans le cadre dřautres actions de formations. Nous pouvons espérer que cette expérience amorcera une participation plus importante de cette catégorie de professionnelles au prochain séminaire 2015. Foyer Éducatif l’Oustal RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 87 - La plateforme de mobilisation professionnelle, un dispositif de l’école interne. (PMP) Cette année encore de nombreuses jeunes filles ont été orientées vers lřOustal après de longs mois voire années de décrochage ou dřabsentéisme scolaire ou encore de phobie scolaire. Les jeunes filles se saisissent dřailleurs de ces désignations diverses pour se présenter lors des entretiens dřadmission se désignant comme absentéiste ou phobique ou encore angoissée de lřécole…le texte qui suit, rédigé par Christian NEGRI en charge de lřanimation de la PMP à lřécole interne, témoigne du travail qui sřeffectue dans ce dispositif et du souffle quřil représente dans le parcours scolaire des jeunes filles. L’accompagnement du projet professionnel au sein de l’école interne de l’Oustal. Christian NEGRI, Educateur spécialisé, Plateforme de Mobilisation Personnelle de lřOustal Lřécole interne de lřOustal est avant tout une Plateforme de Mobilisation Personnelle. A ce titre les apprentissages scolaires sont un aspect important de la prise en charge des jeunes filles mais au-delà de cela nous souhaitons être un cadre leur permettant une évolution personnelle globale. Que nřentendons-nous pas évolution ? Cela nřest pas une question facile car chacun peut opposer à lřautre son projet de vie personnelle. Sans rentrer dans des considérations psychologiques voire philosophiques, sans parler de légende personnelle ou dřipséité. Nous sommes les témoins en tant quřintervenants dans lřéquipe de lřécole des transformations qui sřopèrent chez les jeunes filles que nous accueillons chaque jour. Pour celles qui ont un parcours long au sein de notre structure scolaire et éducative, nous pouvons en saisir la nature et en mesurer lřimpact. Nous accueillons des adolescentes, par conséquent, nous sommes témoins dřune période de leur vie où des grands changements sřopèrent. Aux raisons du placement sřajoutent les modifications physiques avec les conséquences psychiques induites. Cette période est également une phase importante du processus dřindividuation où il sřagit de se libérer des imagos parentaux. Leurs choix en terme dřorientation scolaire et professionnelle demandent une part de connaissance de soi mais également une conscience du monde qui les entoure. Lřéquipe constituée dřéducateurs scolaires chargés de lřenseignement de diverses matières, dřun éducateur spécialisé, dřune psychologue et dřune chef de service pédagogique intervient de façon pluri-professionnelle afin de répondre aux objectifs du projet de service. Cela nécessite de la coopération et de la coordination en interne avec les unités de vie. Toutefois, cette cohérence sřappuyant sur le projet de lřécole ne nie pas les différences et les sensibilités de chaque professionnel. Lřécole rassemble des « adultes ressources » aux profils variés permettant de trouver une aide et un appui. Cela a vocation à permettre aux jeunes filles accueillies dřavancer dans le sens de lřinsertion dans la cité en y trouvant leur place de sujet 14. Les jeunes filles que nous accueillons ont eu des parcours de vie tourmentés. Pour certaines, lřabsence de figures dřattachement fiables rencontrées lors de leur enfance ainsi que les ruptures successives, sur le plan affectif et scolaire, sont autant de choses à considérer pour adapter notre travail auprès de ces jeunes filles. Lřobjet de cet écrit, au-delà de détailler le travail pédagogique de lřéquipe, est de présenter le parcours et la mobilisation personnelle de quelques jeunes filles, auxquels tous ensemble nous avons contribué. Toutefois, il est indispensable pour comprendre lřesprit dans lequel nous travaillons de brosser brièvement quelques points de repères sur lesquels sřappuie le projet pédagogique de lřécole comme Plate-forme de Mobilisation Personnelle. Pour accompagner une mobilisation « Personnelle », la plasticité de notre organisation et de notre mode de fonctionnement est un aspect fondamental. Ce serait une injonction paradoxale de penser sřadapter aux besoins et de répondre aux projets Ŕ aux attentes Ŕ de chacune en proposant un moule trop rigide. Pour « se » façonner le sujet a besoin dřêtre contenu mais également dřavoir un authentique degré de liberté. Cřest peut-être là que sřarticulent les notions dřenseigner et dřéduquer pour faire une nouvelle fois référence au séminaire AVVEJ de 2013. A mon sens, notre défi pédagogique peut se ramener à faire la synthèse entre les deux aphorismes suivants Ŕ le premier de Berthold Brecht et le second de Jacques de Bourbon Busset Ŕ « Le fleuve est violent car il emporte tout sur son passage mais nul ne taxe de violence 14 Référence au séminaire AVVEJ 2013 « Enseigner, éduquer : comment le sujet sřinstitue dans la cité » Foyer Éducatif l’Oustal RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 88 - les berges qui lřenserrent » et « Les rives sont une chance pour le fleuve car elles lřempêchent de devenir marécage ». Points de repère du projet de service : o o o o o o o o o o Un entretien appelé « feuille de route » sřinscrit comme la première rencontre avec la jeune fille, Un planning adaptable au projet de la jeune est défini avec elle, Le règlement (ou charte) est remis à la jeune fille (signé par elle), Les matières scolaires enseignées sont les mathématiques, le français, lřhistoire, la géographie, lřanglais, lřéducation civique, Un temps est consacré à la lecture de la presse, Un atelier consiste en une découverte du monde professionnel (rencontres, visites), Le module PSE (Prévention Santé Environnement) est adapté au projet des jeunes filles présentes, Un accompagnement personnalisé est possible pour préparer son avenir professionnel (stages, forum), Une coopération avec les équipes éducatives des unités concernant les projets de re-scolarisation, Un travail de partenariat avec de nombreux acteurs est mené (CIO, académie, dispositifs pour décrocheurs scolaires, CFA). Les vignettes cliniques suivantes permettent de saisir la diversité des profils des jeunes accompagnées et donc du travail engagé. Lřesprit de la PMP 15 est en phase avec lřidée de Montaigne : « Nos élèves ne sont pas des vases quřon remplit, mais des feux quřon allume » Jřai succédé en 2013 à ma collègue, Anne Brunel, qui a pris une nouvelle fonction au sein du foyer de lřOustal. Elle a développé de nombreux « outils » utiles dans lřaccompagnement du projet professionnel des jeunes filles. De façon symbolique, elle mřa laissé un message Ŕ sous la forme dřune feuille accrochée à un mur du bureau Ŕ dont le texte est : « Le talent de chacune des jeunes filles est une petite chose que le vent emporte. On ne sait pas où elle va se poser, pourtant un jour, elle germe et sřépanouit». Mon travail sřappuie beaucoup sur le partenariat, cela est à la fois une obligation, « partenariats contraints » ; cřest le cas avec lřinspection académique, lřAide Sociale à lřEnfance, les collèges et lycées et à la fois un choix « partenariats choisis » ; stages, projets spécifiques. La notion de partenariat implique, au minimum, une relation de respect mutuel mais nécessite plus pour être efficace. Il faut se connaître et au quotidien soutenir lřaction de lřautre, se parler et respecter les engagements de chacun. Philippe Gaberan (docteur en science de lřéducation) dans son livre « Eduquer les enfants sans repères » dit: « Une vision écosophique de lřéducation est atteinte quand les adultes cessent de se renvoyer les responsabilités de lřéchec et acceptent de mettre en commun leur énergie au service du développement de lřenfant. » Le Pédopsychiatre Philippe Jeammet lui aussi insiste sur la cohérence et la création de liens. Lřobjectif est de travailler mieux en partageant et en ayant moins peur des rencontres. Son constat est que tout le monde est en quête de reconnaissance et que par peur, nous créons de la disqualification alors quřensemble nous pourrions co-construire quelque chose. Les exemples suivants illustrent que le travail effectué nřa été possible quřen sřappuyant sur un travail partenarial de fond. 15 PMP : Plate-forme de Mobilisation Personnelle Foyer Éducatif l’Oustal RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 89 - Le titre du premier parcours pourrait être : « Je te parle pas »… mais je vous écris quand même cela. « Votre école, je nřy viendrai pas et puis jřai rien à vous dire », Victoire soupire, « quoi encore ! » et puis plus un mot pendant tout lřentretien. Lřéducatrice, qui accompagne cette jeune fille au teint pâle dont les cheveux noirs sont plaqués contre son visage et maintenus par une Řqueue de chevalř, ne semble pas étonnée. Victoire est arrivée au foyer très récemment mais a déjà mis les nerfs des éducateurs à rude épreuve. Malgré ses propos et son attitude lors de lřentretien dřadmission, Victoire viendra régulièrement à lřécole. Par contre, il est impossible pour elle de rentrer dans une salle de classe. Quand on la croise, Victoire est dans lřévitement. Lřécho quřelle renvoie, au bonjour que nous lui adressons, est invariablement « Arrête, je te dis rien à toi ». Elle sřapaise uniquement lorsque nous acceptons quřelle utilise un des ordinateurs qui se trouve dans la salle informatique. Devons-nous accepter que cette jeune fille nřintègre pas le groupe lors des activités scolaires ? La psychologue qui a recueilli auprès dřune collègue quelques informations sur le parcours de Victoire, nous invite à ne pas nous opposer à cette demande dřaccès à un ordinateur. Dans son cas, cela représente un temps de concentration. Lřéquilibre à trouver nřest pas simple car il ne faut pas, a contrario, reproduire le fonctionnement familial qui incite Victoire à passer une grande partie de ses journées devant la télévision. Victoire est une jeune fille sportive qui déborde dřénergie. Entrer dans un échange verbal avec elle nřest vraiment possible quřau moment du déjeuner. Victoire a un « appétit de lionne », cřest un temps où elle fait preuve de délicatesse et de politesse. Victoire nous montre donc pour le moment trois visages : dans sa bulle devant un écran, dans lřéchange au moment du repas et en électron libre tout le reste de la journée. Cřest au cours dřune visite pédagogique au Palais de Justice de Paris que je découvre une Victoire posée, respectueuse du cadre, ayant de lřhumour et détendue. Lors de sorties pédagogiques au « zoo de Thoiry » et au « haras de Jardy », Victoire a montré une capacité « hors du commun » pour rentrer en relation avec les animaux. Commençant à mieux la connaître sans toutefois bien maitriser la situation, nous sommes à même de réfléchir à un projet. Nous sommes à la croisée de multiples points de vue : pour certains Victoire doit être réorientée vers une autre structure. Pour dřautres sa place est ici car rien nřa jamais été satisfaisant ailleurs. Pour certains un bilan cognitif doit être effectué mais dans quelles conditions et à quel moment ? Depuis son arrivée Victoire dit quřelle attend « sa place » en collège. Sa demande, très confuse au début, sřest peu à peu affinée. Ancrée initialement, de façon quasi obsessionnelle, à une demande de 3ème générale, Victoire a su se projeter de façon plus réaliste vers une filière SEGPA. Cřest en lien avec la personne gérant la filière SEGPA à lřacadémie que nous allons préparer une re-scolarisation progressive avec le soutien et lřimplication forte de lřéquipe pédagogique du collège. Nous nous réunissons régulièrement avec ces partenaires afin de nous coordonner. Mail envoyé par son professeur principal : « Nous avons effectué une sortie mardi dernier. Victoire s'est montrée sous "un autre jour" par moment: impatiente et frisant l'insolence lorsque quelque chose ne lui convenait pas. Je vous le signale, mais suis tout à fait consciente des efforts que demande cette intégration au collège pour Victoire. Aussi, soyez tout à fait rassurés sur notre volonté de l'accompagner dans cette démarche. Je lui ai parlé afin de reposer le cadre dans lequel nous devions travailler ensemble pour que tout se passe au mieux: elle a de grandes qualités, des compétences et des connaissances. Cependant, elle doit me parler toujours avec respect! Elle a le droit, comme tout à chacun, d'être impatiente, de ne pas aimer ce qu'on lui demande, mais à elle, avec notre aide, de trouver la bonne attitude afin de pouvoir travailler dans les meilleures conditions. Vendredi, Victoire, au début de séance d'arts plastiques, était assez négative. En travaillant uniquement avec elle, elle s'est peu à peu apaisée, et s'est mise au travail avec beaucoup d'investissement et d'application. » Foyer Éducatif l’Oustal RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 90 - Dans lřemploi du temps de Victoire, des plages horaires restent prévues à lřécole interne pour du soutien scolaire et la préparation du CFG. Victoire a « évolué » dans son rapport aux autres bien quřil y ait toujours occasionnellement des débordements (comme le soir où elle a perdu sa trousse dřécole). Texte que Victoire est venue, « tapuscrire » à lřécole interne quelques jours avant dřintégrer le collège. « Les ateliers que j'ai aimé à l'école interne : La piscine c'était super, l'atelier cuisine j'ai adorer en plus j'aime bien faire à manger, le français j'ai pas trop travailler je c'est pas pourquoi je pense que je voulez pas, et les maths aussi mais j'orée du travailler donc voilà, j'ai adorer aller sur l'ordinateur, le zoo de Thoiry c'était bien avec les autre filles on c'est bien amuser surtout quand on est partit voir les lionne est le lion c'était trop bien, et le mardi quand on aller au marcher c'était super, et j'ai adorer passer tout mon temps sur l'ordinateur c'était trop bien non je rigole je c'est que j'avais pas le droit, voilà l'école interne c'est vraiment super, et les profs vous faite du bon boulot même Madame Alibert donc vous aller tousse me manquer enfin peut aitre non je rigole je c'est trait bien que vous allez me manquer, je vais bientôt reprendre le collège et je vais tout faire pour que ça se passe bien, et je vais avoir de bonne note ». Victoire va débuter prochainement un stage de deux semaines dans un restaurant de Versailles. Cela est lřaboutissement dřun travail commun Ecole Interne-PMP, Unité de vie, Académie, CIO, Collège. Sandra : Plus dure est le combat plus belle est la victoire… pas encore star mais à l’école. Elle nous a souvent exaspérés, Sandra, avec son comportement de Diva. Dřailleurs, en arrivant à « lřEcole Interne », elle avait un seul projet de vie : être une star. Pourtant, ce qui était envisagé pour elle à son arrivée, cřétait un CAP. Mais elle nřen voulait pas car elle était aux prises avec le désir de retrouver lřestime dřelle-même et cela passait à ses yeux, par satisfaire le désir de ses parents. Pas facile quand ces deux adultes avaient des ambitions opposées pour elle. Du moins, le pensait-elle. Mes collègues reconnaissaient à Sandra des capacités en français particulièrement. Le travail en partenariat avec le CIO, nous a permis de trouver un dispositif de raccrochage scolaire. En effet, Sandra a été déscolarisée pendant presque une année avant son arrivée à lřOustal. Nous avons misé sur un déclic qui pourrait à terme se produire dans lřattitude de Sandra, bien que parfois nous doutions compte tenu de son peu de courage pour se mettre au travail au quotidien. Nous avons rencontré la responsable en charge du dispositif PIL (Pôle Innovant Lycéen) au lycée Lazare Ponticelli de Paris. Vite nous avons été confrontés à une nouvelle difficulté. Sandra se heurtait à une phobie qui la bloquait pour prendre les transports. Ceci correspondait probablement à une grande peur à devenir actrice de quelque chose. Elle sřénervait contre elle et contre nous : « vous ne comprenez pas, je ne peux vraiment pas ». Comme souvent nous avons été à la croisée de propositions différentes. Des professionnels pensaient quřil fallait faire avec Sandra le trajet pour aller jusquřau PIL afin de surmonter sa peur, dřautres pensaient le contraire. Cela constitue à la fois une difficulté mais aussi la richesse du travail en équipe. Sandra a écrit un jour ce quřelle ressentait : « Ce qui ne va pas trop : jřai lřimpression que personne ne me comprend vraiment et que je nřarrive pas à aller à lřécole car ça ne mřintéresse pas. Mais jřai peur dřarrêter les cours car jřai peur de décevoir mes parents. Je sais quřils vont beaucoup sřinquiéter et ça me fait culpabiliser. Je suis totalement perdue car je ne sais pas quoi faire, peu de choses mřintéressent. Jřai lřimpression de ne pas être à la hauteur, et jřai peur de lřéchec et si je tombe, de ne pas pouvoir me relever. Surtout, jřai peur du jugement car je me suis trop fait juger par tout le monde. Ce qui va : On me pousse à faire des choses, des gens mřaident quand même, même si ce nřest pas ce que je veux. » Foyer Éducatif l’Oustal RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 91 - Nous avons, au fil de lřannée, rencontré les parents de Sandra de façon plutôt informelle pour ne pas creuser le fossé mais au contraire petit à petit reconstruire un intérêt mutuel entre Sandra et eux concernant son projet scolaire et professionnel. Nous avons navigué en fonction des rapprochements et des séparations afin de maintenir un équilibre et une continuité souple dans la relation. Nous avons préparé avec Sandra, en lien avec le PIL et ses parents son intégration dans le dispositif LVPE (La Ville pour Ecole). Avant sa rentrée scolaire, Sandra est venue dire bonjour à lřéquipe de lřécole Interne. Elle nous a montré un visage plus affirmé et une détermination quřelle a réussi à bâtir tout au long de lřannée écoulée. Sandra, dřaprès les informations que nous avons, a été la première à trouver son stage dans sa classe à LVPE. Elle prend les transports pour aller en classe et se montre assidue dans son projet. A ces 2 vignettes cliniques, je pourrais ajouter celle de Naelle qui en arrivant au foyer a eu besoin de beaucoup de réconfort pour ne pas dire de maternage. Son projet professionnel a pris la forme dřun CAP Photographie par correspondance. Suite à la suppression de ce diplôme, il a fallu bâtir un nouveau projet. Grâce à lřaide dřun photographe amateur éclairé, nous avons monté des projets divers. Naelle a gardé sa motivation pour le métier de photographe. En partenariat avec le CIO de Boulogne-Billancourt, nous avons constitué et défendu son dossier de re-scolarisation. Cette jeune fille prépare actuellement un Bac Pro photo. Pour terminer le récit de ces quelques parcours auxquels lřécole interne de lřOustal a participé activement, il me faut dire quelques mots du chemin fait par Karine. A son arrivée à lřécole interne, Karine ne sait que faire dřun potentiel que chacun remarque rapidement. Immature et très anxieuse, Karine se lance malgré tout dans une formation en apprentissage de type CFA en service en salle. Son employeur met fin à son contrat en raison de deux absences. Karine va tester le secteur de la petite enfance lors dřun stage en crèche puis rencontre sur « un salon » lřéquipe pédagogique de lřécole de vente « Alter Pro ». Rencontre qui va être le déclencheur dřun projet de re-scolarisation solide. Karine, après avoir cherché un maître dřapprentissage dans le secteur des vêtements pour enfants, a compris quřelle devait élargir sa recherche. Elle a signé un contrat dřapprentissage avec une pâtisserie. Elle suit avec assiduité ses cours afin dřobtenir dans trois ans son Bac Pro Vente et Commerce. Une fois son bac Pro « en poche », Karine aura probablement la possibilité de préparer un BTS ou alors pourra passer son concours dřéducatrice spécialisée. En effet, elle a parlé de cette ambition comme projet futur. Sřappuyant sur les travaux de lřanthropologue Marcel MAUSS et du psychologue Paul FUSTIER, on se réfère fréquemment en éducation spécialisée à la notion de « don » et de « contre-don ». En enseignement, le don est « la transmission ». Il nřy a pas de contre-don, si ce nřest le plaisir de voir son élève réussir dans ses projets. Plus exactement, le contre-don est différé, il sera un don vers autrui ; lřélève formé transmettra à son tour. Karine en devenant un jour éducatrice, illustrera peut-être cela à sa manière. Notre travail à la PMP est en lien avec le « dedans et le dehors ». Je pense que la phrase du philosophe Michel FOULCAULT dans son texte « Dits et Ecrits » en illustre la nature : « On doit échapper à lřalternative du dehors et du dedans : il faut être aux frontières. Lřesprit de notre démarche, cřest lřanalyse des limites et la réflexion sur elles. Foyer Éducatif l’Oustal RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 92 - L’évaluation externe Narjès GUETAT-CALABRESE, Directrice. Comme bon nombre dřassociations, lřAVVEJ sřest donnée les moyens de réaliser lřévaluation externe de tous ses établissements. LřOustal a ainsi reçu une évaluatrice (Cabinet Eneis) durant 4 jours au mois de juin 2014. Lřorganisation de ces quelques jours dans lřétablissement sřest déroulée selon un calendrier rigoureux permettant à lřévaluatrice de rencontrer le maximum de professionnels et de jeunes filles. Deux parents sur les 5 qui sřétaient engagés à participer à des entretiens individuels sont venus. Le Groupe de Réflexion et de Suivi, instance de veille de lřactualisation des outils 2002-2 et qui existe depuis de nombreuses années à lřOustal a constitué le comité de pilotage de la démarche dřévaluation. Le sentiment global qui a émergé après coup de la part dřune majorité du personnel fut un sentiment dřincomplétude : « ça y est cřest fini, cřest tout ». Lors de la restitution organisée en septembre 2014, de très nombreux professionnels étaient présents et se sont exprimés pour expliciter, clarifier, faire interagir, voire défendre, leur projet de service, dřétablissement, la pertinence de leurs pratiques. Nous avons de nombreuses pistes dřamélioration sur lesquelles nous allons pouvoir nous engager pour faire évoluer nos pratiques et la qualité de notre prise en charge. La temporalité de cette démarche dřévaluation externe et la réactualisation de notre projet dřétablissement en 2015 représentent une opportunité favorable à la réécriture de celui-ci. Conclusion Nous avions pris lřhabitude de rapports dřactivité très complets et parfois un peu trop longs. Les textes cliniques proposés par les équipes apportent une grande richesse à la construction de ce bilan de lřannée. Nous sommes contraints de réduire le nombre de productions ce que nous regrettons. Ce rapport ne représente que la partie que nous avons choisie dřéclairer de ce qui sřest vécu durant lřannée 2014 dans notre institution. Foyer Éducatif l’Oustal RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 93 - Activité de l’établissement Nombre de journées réalisées Activité de l'établissement 21036 20802 20 447 20180 20020 2010 2011 2012 2013 2014 L'activité est supérieure à celle de 2013. Lřobjectif fixé pour 2014 était de 20 574 journées. Foyer Éducatif l’Oustal RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 94 - Répartition du nombre de journées Départements Yvelines Total 27, 28, 75, 77, 91, 92, 93, 94, 95. 2013 10443 9737 20180 2014 10765 9682 20447 Évolution 2013>2014 + 3,08 - 0,57 + 1,32 Nous notons une nette évolution du nombre de journées du département des Yvelines. Répartition de l’activité 53 % de lřactivité sont réalisés avec le département des Yvelines. 28 jeunes filles originaires des Yvelines étaient présentes au 1 er janvier 2015. Activité 2014 Départements Yvelines 47% 53% YVELINES AUTRES DEPARTEMENTS Foyer Éducatif l’Oustal RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 95 - Activité de l’Oustal avec le département des Yvelines Si lřon récapitule les données concernant le département des Yvelines : o o o 53% de lřactivité de lřétablissement effectués avec le département, ce qui montre une augmentation par rapport à 2013 Une augmentation du nombre de journées (+ 1,32 %°) 20447 en 2014 contre 20180 en 2013. Nombre de jeunes filles originaires des Yvelines accueillies en cours dřannée : 29 contre 31 en 2013 Evolution du nombre de jeunes Yvelinoises présentes à l'Oustal au 1er janvier 60 58 55 55 31 29 29 27 Total de jeunes accueillies Yvelinoises 2011 2012 2013 2014 Activité régionale Foyer Éducatif l’Oustal RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 96 - Si tous les départements de la région Ile-de-France sont concernés par notre activité, les Yvelines est le département de provenance des jeunes filles avec lequel lřOustal travaille le plus fréquemment. Les variations dřune année à lřautre dans chaque département ne sont pas significatives dřune tendance sur le long terme. JUSTICE DEPT77 DEPT75 DASDY DEPT91 DEPT92 DEPT93 DEPT94 DEPT95 DEPT 28 0 0 1 074 10 765 1 477 2 246 1 109 946 2 730 100 20 447 Admissions Accueil de jeunes filles en cours dřannée Tous départements confondus Jeunes filles originaires des Yvelines Foyer Éducatif l’Oustal 38 21 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 97 - Demande d'admission de l'Oustal de 2011 à 2014 254 225 174 168 100 Nombre totale de demande d'admsission Demande d'admission des Yvelines 99 76 56 2011 o 2012 2013 2014 Nombre de demandes dřadmission émanant du département des Yvelines, 76 contre 99 en 2013. Type de prise en charge des jeunes filles des jeunes filles présentent au 1er janvier 2015 Départements des Yvelines Autres départements Foyer Éducatif l’Oustal PCA_CJM 10 5 PCJ_TE ASE 17 18 PCA_Parents 2 3 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 98 - Récapitulatif des demandes d’admission 2011 2012 2013 2014 Total dossiers traités 174 254 225 168 Dossiers non orientés vers un service 33 75 51 48 Dossiers adressés par le département des Yvelines 56 100 99 76 Dossiers adressés par d'autres départements : 75, 91, 92, 93, 94, 95 autres 118 154 126 92 Jeunes filles accueillies en cours d'année (tous départements) 47 43 41 38 Jeunes filles originaires des Yvelines accueillies en cours d'année 21 23 23 21 Par rapport à 2013, nous observons une diminution du nombre de dossiers traités. Cependant un plus grand nombre de dossiers furent orientés vers un service. Foyer Éducatif l’Oustal RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 99 - Procédures d’admission non finalisées Non admission… Du fait de l'Oustal : par choix Du fait de lřOustal par manque de place au moment de la demande Du fait des prescripteurs Du fait des jeunes filles au moment de lřadmission ou après la visite de pré-admission Dossier non étudié en 2013 du fait de leur arrivée tardive reporté en 2014 36 22 70 5 5 138 Lorsque lřadmission nřa pas lieu du fait de lřOustal, par manque de place, ceci doit sřentendre au moment où le dossier est reçu. Le choix de ne pas engager une procédure résulte soit dřune problématique trop éloignée du public que nous accueillons, soit que la jeune fille présentait des caractéristiques trop similaires à dřautres déjà présentes. Il apparaissait peu opportun dans ces circonstances de lřaccueillir. Sorties de l’établissement o Sorties des unités de vie Autonomie Retours en famille Réorientation ASE, (FJT, CHRS) autres établissements…) Foyer Maternel Orientation vers le SAVVA Sorties de l’établissement o o o 5 10 15 2 4 36 36 jeunes filles ont quitté lřétablissement en 2014. 29 à partir de lřune des unités de vie dont 4 qui ont rejoints le SAVVA. 7 à partir du service dřaccompagnement vers la vie adulte Ces sorties recouvrent des situations inscrites dans le projet personnalisé et son évolution : Foyer Éducatif l’Oustal RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 100 - Formation professionnelle Fonction Organisme Durée (heures) Lieu du stage Educateurs scolaire AERPSY L'équipe pédagogique : une enveloppe contenante pour le groupe de jeunes filles 30 Educateurs, Cds, Psy LEGIFORM Concilier le projet de service avec l'évolution de la législation du temps de travail en vigueur 21 4 Educatrices ANREL Accueillir des enfants et des adolescents en institution éducative 24 Infirmière IRTS Ajuster la distance dans la relation de soins d'aide ou d'accompagnement 21 Secrétaire de direction SYNEAS Préparer les élections professionnelles 7 Maitresse de maison CODES Formation sur le thème de l'alimentation 14 2 Educateurs EPE IDF Sensibilisation au droit des étrangers 14 Psychologue Institut repères formations Animer un groupe d'élaboration des pratiques 42 Chef de service EPE IDF Accompagner les parents dans l'exercice de leurs fonctions parentales 42 Educatrice Buc ressources Frais de sélection diplôme d'éducateur spécialisé Oral + Ecrit 3 Educateur Institut de relaxation thérapeutique Pratique de la relaxation 35 Educatrice IRTS Dispositions spécifiques à la formation complémentaires d'éducateur spécialisé 6h Educateur EPE IDF Regards systémiques : les fondements et les applications de l'approche systémique 35 Educatrice Institut repères La parole seule alternative à la violence 35 Educatrice CERF L'écriture professionnelle 35 Psychologue Collège de clinique psychanalytique Clinique de l'enfant et de l'adolescent 14 Formation à la sécurité De nouveau cette année lřensemble des unités de vie ainsi que lřensemble du personnel situé au siège ont pu bénéficier de la formation « sécurité ». (Responsable chargé dřévacuation, et formation au système de sécurité incendie). Foyer Éducatif l’Oustal RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 101 - SERVICE D’ACCUEIL D’URGENCE « SAU 78 » CONTACT : ACCÈS : 28 avenue de la République 78330 Fontenay-le-Fleury Téléphone : 01 34 60 43 44 Télécopie : 01 30 58 13 40 e-mail : SAU [email protected] SNCF : Paris Gare Montparnasse Ŕ Direction Plaisir-Grignon / Station Fontenay-le-Fleury ACCUEIL : 365 jours par an et 24 heures sur 24 Enfants, adolescents et jeunes majeurs Accueils collectifs, Appartements et accueils chez des Assistants Familiaux MISSION : Lřaccueil dřurgence trouve son fondement dans lřarticle L 221-2 du Code de lřAction Sociale et des Familles qui dit que : « Le département organise sur une base territoriale les moyens nécessaires à lřaccueil et à lřhébergement des enfants confiés au service. Un projet de service de lřaide sociale à lřenfance […] précise notamment les possibilités dřaccueil dřurgence ». Lřaccueil dřurgence peut intervenir ou être ordonné lorsque le mineur ou le jeune majeur ne peut être maintenu dans son milieu familial au sens large du terme, du fait dřune situation de danger, soit pour lui-même, soit pour son entourage habituel. Le SAU 78 offre une possibilité de prise en charge immédiate (hébergement et accompagnement éducatif), en réponse aux situations de crise et aux demandes de placement en urgence des autorités judiciaires (Parquet des mineurs et Juge des Enfants) et des services de lřAide Sociale à lřEnfance. Lřaccueil assuré doit, par définition : Pouvoir être effectué au moment où il est prononcé Être limité dans le temps Être clairement défini vis-à-vis du jeune et de sa famille Être un espace temps permettant une recherche dřorientation construite pour lřenfant, lřadolescent ou le jeune majeur ASSOCIATION VERS LA VIE ET L’EDUCATION DES JEUNES l RECONNUE D’UTILITE PUBLIQUE 1, place Charles de Gaulle Ŕ 78067 St Quentin en Yvelines Cedex Téléphone : 01.30.43.26.00 Ŕ Télécopie : 01.30.43.98.25 Courrier électronique Direction générale : [email protected] - 102 - Cet accueil conjugue plusieurs paramètres : Pour lřenfant qui est placé et est amené, le plus souvent sans préparation préalable, à vivre une rupture majeure (famille, amis, logement, école…) et à sřintégrer dans un groupe quřil ne connaît pas Pour le SAU 78, lřadmission supposant un travail immédiat pour intégrer au mieux lřenfant dans un groupe déjà constitué sans pour autant écarter tout risque de déstabiliser le dit groupe, ou dans la famille dřaccueil : la nécessité de mobiliser rapidement un suivi renforcé (médical, psychologique, éducatif…) L'accueil est organisé dans trois services différents, avec un Service Pédagogique associé : Service « Filles » : 1 pavillon accueillant 7 jeunes filles Service « Garçons » : 1 pavillon accueillant 7 jeunes garçons et un appartement pour 2 jeunes garçons Service Assistants Familiaux et Appartements (SAFA) : un réseau dřAssistants Familiaux et 3 appartements (1 appartement pour 4 jeunes et 2 studios pour 2 jeunes chacun) AGRÉMENTS - HABILITATION : Aide Sociale à lřEnfance et Justice (au titre des articles 375 à 375-9-2 du Code Civil) STRUCTURE : Direction : Véronique BLAIN Chefs de service éducatif : Service « Filles » : Laetitia LE GALL Ŕ Service « Garçons » et Service Pédagogique : Michel NGOH Ŕ Service « Assistants Familiaux et Appartements » (SAFA) : Christel RAVIER Effectif : 3 Psychologues (1 ETP), 17 Éducateurs spécialisés et faisant fonction, 1 Éducatrice scolaire spécialisée, 2 Maîtresses de maison, 5 Surveillants de nuit (4,5 ETP), 1 Agent technique de maintenance (0,60 ETP), 1 Agent dřentretien (0,40 ETP), 1 Secrétaire de direction, 1 Comptable, 1 Adjointe-comptable (0,50 ETP) et un réseau dřAssistants Familiaux. ASSOCIATION VERS LA VIE ET L’EDUCATION DES JEUNES l RECONNUE D’UTILITE PUBLIQUE 1, place Charles de Gaulle Ŕ 78067 St Quentin en Yvelines Cedex Téléphone : 01.30.43.26.00 Ŕ Télécopie : 01.30.43.98.25 Courrier électronique Direction générale : [email protected] - 103 - SOMMAIRE PRÉAMBULE P. 105 « INFANOJ DE LA MONDA » P. 106 LES TEMPS FORTS DE LřANNÉE 2014 P. 108 LřACTIVITÉ EN 2014 P. 113 CONCUSION ET PERSPECTIVES P. 115 « Il semble quřil ne peut y avoir un réel engagement sans la foi en une utopie » Max Weber SAU 78 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 104 - SAU 78 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 105 - PRÉAMBULE Véronique BLAIN, Directrice Une part de notre activité au SAU 78 peut sřapparenter à un véritable combat pour affirmer et porter quotidiennement nos valeurs, au bénéfice des jeunes que nous accueillons, dans un contexte et un environnement de plus en plus difficiles et contraints, voire hostiles. Ce combat, je le mène et le porte chaque jour, entraînant dans mon sillage lřensemble des salariés, animés par les mêmes convictions. Les engagements que nous avons affirmés dans notre Projet dřétablissement (qui sera validé par le Conseil dřAdministration de lřAVVEJ début 2015) constituent notre socle de travail commun. Les voici : Nous, salariés du SAU 78, nous nous engageons, à : o o o Vis-à-vis du jeune accueilli et de sa famille : o avoir comme objectif commun lřintérêt du jeune o élaborer pour et avec chaque jeune un projet adapté et respectueux de sa situation et de ses choix o valoriser le potentiel, soutenir lřambition et lřestime de soi de chaque jeune o assurer un accompagnement éducatif et un suivi du jeune sans discrimination o écouter, comprendre et prendre en compte la parole du jeune o protéger et prendre soin du jeune sur le plan de sa santé psychique et psychologique o prendre en compte les liens et les relations familiales du jeune o considérer la place des familles et favoriser leur investissement Dans lřorganisation et le fonctionnement du SAU 78 : o o o o o o o réunir les conditions dřun accueil matériel et humain chaleureux et bienveillant, pour chaque jeune être dans une posture dřempathie, de bienveillance et promouvoir la bientraitance rendre lisible notre cadre de fonctionnement agir en équipe dans la cohérence et la cohésion développer la veille éducative et la synergie dřéquipe consolider et formaliser les partenariats sřinscrire dans la transmission des valeurs de lřAVVEJ À cela, nous pouvons ajouter, que nos missions de protection, dřaccueil, dřobservation, dřévaluation et dřorientation sřexercent à lřégard de tous les mineurs et jeunes majeurs que nous accueillons, sans distinction dřorigine, de couleur, de religion dès lors quřils sont en danger et ont besoin dřêtre protégés et accompagnés. Chaque situation est singulière et doit être prise en compte comme telle, avec équité et dans une éthique partagée par lřensemble des professionnels et intervenants de la protection de lřenfance. Ce qui nous importe cřest bien le devenir de tous ces jeunes, enfants dřaujourdřhui et adultes citoyens de demain. La question des mineurs isolés étrangers (MIE) a, une nouvelle fois, suscité de vifs, mais toujours justes débats au sein des équipes pluriprofessionnelles du SAU 78, tous métiers confondus ; et de manière plus prégnante encore, en raison des orientations prises par le Conseil Général des Yvelines à la fin de cette année. Ceux âgés de 16 ans et plus sont accueillis dans des hôtels ou dans des appartements partagés, et suivis par le Lien Yvelinois, Association œuvrant habituellement dans les champs de lřinsertion par le logement et de lřaccompagnement social lié au logement. Des mineurs isolés étrangers accueillis au SAU 78 en ont été retirés sans prise en compte de la situation de chacun et sans préparation aucune. SAU 78 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 106 - Ce qui est contestable, ce ne sont pas tant les nouvelles modalités fixées par le Département et qui peuvent correspondre à certains dřentre eux, mais bien les conditions de leur mise en œuvre, lřabsence de différenciation et de considération des situations individuelles. Et est-il besoin de rappeler ici, comme le souligne, par ailleurs, Florence HALDER, Psychologue au SAU 78, que la majorité de ces adolescents, en perte de repères, a besoin d'un accompagnement éducatif pour le respect du développement identitaire et l'équilibre psychologique. Certains ont besoin de soins, parce quřils ont connu des traumatismes et/ou sont fragiles. Est également à prendre en considération la violence psychologique infligée aux autres jeunes accueillis qui assistent aux expéditives fins de prise en charge de leurs camarades MIE, alors qu'ils sont eux-mêmes en rupture familiale et bien souvent objet du rejet familial, avec risque alors d'une réactivation traumatique. Lřincompréhension des professionnels que nous sommes est dřautant plus grande que la personnalisation (individualisation) du projet du jeune placé et la prise en compte de ses attentes sont des éléments déterminants, voire des obligations issues de la loi du 2 janvier 2002 et renforcées depuis. Ne parle-t-on pas, notamment, de droit à un accompagnement adapté aux spécificités de la personne, à ses aspirations et à ses besoins (y compris de protection) ? (Cf. les recommandations de bonnes pratiques professionnelles de lřANESM). Nous sommes un peu en colère mais surtout inquiets, sentiments partagés par lřensemble des Associations des Yvelines gérant des Maison dřEnfants à Caractère Social et qui a conduit le Conseil dřAdministration de lřAVVEJ, réuni le 12 décembre 2014, a proposé la résolution suivante : o o o « Manifester notre préoccupation relativement à lřévolution de la politique concernant les Mineurs Isolés Étrangers et les Jeunes Majeurs » « Demander aux Directeurs de solliciter le Défenseur des Droits » « Rappeler que le soutien éducatif de ces populations fait toujours partie de la mission de lřAVVEJ » « INFANOJ DE LA MONDA16 » Michel NGOH NTOUMBA, Chef de service éducatif Toute ressemblance avec des jeunes accueillis ou ayant été accueillis sur le Territoire National et au SAU 78 ne serait que pure coïncidence ou fortuite… En réalité, l’histoire ne le dit pas. Toutefois, aussi loin que je puisse me souvenir, cela a commencé ainsi. Moi (Chef de service éducatif) : Jeune gens, je vous informe du départ de votre camarade Pyrrhus, prévu demain. Blaise (il me coupe la parole) : Le poilu, ben quoi, cřest un grec (rire). Le fouteur de trouble. Lui, sřil se barre ce nřest pas trop grave. Moi je dis ça, je nřdis rien. Moi : Jeune homme, modère tes propos, surtout sřil sřagit de dire des inepties. Dřautant plus que ton camarade est né en Syrie, de parents syriens depuis plusieurs générations. Un vieux vestige des vagues migratoires qui remontent au V ème et VIème siècle et qui a vu les grecs quitter leur mère patrie pour sřétablir en Asie Mineure. À lřépoque, ils quittaient leur pays pour trouver des terres fertiles ou à cause de la surpopulation. Pour des raisons politiques certains choisissaient l'exil pour échapper à un sort peu enviable. Son prénom est donc trompeur. Bien, je disais donc que votre camarade doit quitter le service par décision du Conseil Général. 16 « Enfants du monde » (Esperanto) SAU 78 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 107 - Alberto U (17 an ½, franco gaulois comme il aime parfois se présenter, me coupe également la parole) : Tu vas loin là. Tu parles de quoi dřailleurs. Dřun truc vieux de quinze siècles. Le gars, il nřest pas français et lřASE dit quřil doit partir ailleurs. Il va dormir à lřhôtel. Cřest classe. Moi jřveux bien. Voilà ! Cřest quoi le problème ? Moi : Le Conseil Général estime que la prise en charge des mineurs isolés dits étrangers doit se faire dans un autre cadre que le nôtre. Voilà pourquoi, à partir de lřâge de 16 ans, ils sont hébergés en hôtel. Émile Z : Le « mangeur de spaghetti », cřest quoi ton délire ? Quřa-t-il donc fait pour mériter un tel traitement ? Il galère, il nous a dit quřil devait bosser pour aider sa famille restée en Syrie. Attends cřest Bagdad là-bas ! Moi : Non, cřest Damas. Émile Z : Quřest-ce quřon se marre. Tu disais que les grecs anciens quittaient parfois leur terre pour échapper à un sort peu enviable. Nřest-ce pas le cas de Pyrrhus ? La recherche de son salut ici le rend-il coupable de vouloir échapper à une vie de misère et à la guerre ? Moi : Je te laisse libre de tes propos. Cependant, la position prise par le Conseil Général a été mûrement réfléchie et il ne mřappartient pas de la commenter. Joseph K : Tu racontes quoi là, vous faites quoi ? On ne comprend rien à ce que tu dis. Quřest-ce quřil a fait ? Lřhôtel on y va quand il nřy a pas dřautre solution. Là vous faites les …. Il faut que je te le dise comment, en musique ? Ivo L : De toute façon, vous ne servez à rien ! Moi : Jeunes gens, il sřagit là dřune position de lřASE. Bien ou mal, a priori, je nřai pas mon mot à dire. Mais jřentends que cela puisse vous interroger. Par contre les : « on ne sert à rien », « vous faites les ….. », je ne vois pas ce que ça vient faire dans la discussion. Vous savez, pour comprendre pourquoi on en arrive là, il faudrait que nous prenions le temps de vous expliquer ce quřest lřétranger, les conditions de son arrivée en France, les craintes que cela suscite et le traitement qui lui est réservé. Mais cela serait long, très long. Ivo L : Ouais, ouais, on comprend. On sřen bat les ……. Le truc cřest quřon est tous un peu dans la mouise, on galère. Bon voilà. Quřil reste ou quřil parte moi, ça ne change rien à ma vie. Wilhelm A : Gars, cřest surréaliste ce que tu dis. Comment peux-tu te sentir si peu concerné ? Tu ne te rends pas compte quřil y a, là, une rupture du principe de lřégalité de traitement entre les personnes. Je vous lřaccorde, cet encadré est plein de clichés que je laisse le soin à chacun de commenter. Par ailleurs, je ne doute pas que si Emile Zola, Albert Uderzo, Joseph Kosma, Yves Montand… devaient évoquer leur condition dřétranger, cela donnerait lieu à des joutes verbales passionnantes. A défaut, est-il opportun de se demander si une approche socio-historique permettrait de percevoir, avec plus dřacuité, le traitement réservé aux étrangers et dřy apporter des réponses plus adéquates aujourdřhui ? Il faut entendre par étranger, celui qui est étrange du fait de sa langue, de ses habitudes, de ses manières, de ses vêtements, de ses objets. Il est extérieur, en dehors de… et parfois considéré comme primitif, bon à être exposé dans des pavillons coloniaux et des « villages indigènes ». Ce fut notamment le cas lors de lřExposition Universelle de 1851 en Angleterre ; ou encore dans les villages nègres lors de lřExposition Universelle de 1889 à Paris. On retrouvera ces villages nègres, des ghettos d'immigrés en butte au rejet et à la haine durant les années folles (de 1920 à 1929) et plus particulièrement durant les années trente aux abords de nombreuses villes françaises. Ils y accueillaient alors des milliers d'immigrés en provenance des pays européens. SAU 78 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 108 - On oublie lřignominie avec lequel ils ont été traités. Cela est de mon point de vue sans commune mesure avec les vagues migratoires qui ont suivi et le traitement qui leur a été fait. Certains, aujourdřhui français et morts pour la France, comme Guillaume Apollinaire, nřont sans doute pas vécu lřindignité des conditions de vie de leurs pairs. Et pourtant, ils ont essuyé des refus de lřadministration lors de leur demande de naturalisation, se sont vu opposer des fins de non-recevoir dans lřexercice de leur métier. En revanche, dřautres, du fait des services rendus à la Nation ou des actes de résistance, ont accédé au sésame. Est-ce si différent aujourdřhui ? Lřimmigration, me semble-t-il, a peu de lieux de mémoire et lřabsence de transmission de valeurs partagées fait place à toute sorte de préjugés et de postures contestables. Les mineurs isolés étrangers, les étrangers tout court devrais-je dire, pâtissent de notre faculté dřoubli et de renoncement aux idéaux humanistes qui fondent le ciment de notre société. Vous conviendrez avec moi que cela ne peut pas se terminer ainsi ... LES TEMPS FORT DE L’ANNEE 2014 Une année dense, qui a nécessité la forte mobilisation de tous les salariés, avec, sans chronologie dřimportance : 1. Le Projet d’Établissement : Sa rédaction achevée, il reste au Conseil dřAdministration de lřAVVEJ à le valider. Cette étape devrait avoir lieu début 2015. Il constituera, à la fois, le document de travail de base de tous les salariés du SAU 78 et notre principal outil de communication pour lřensemble de nos partenaires. Ce Projet a commencé à être décliné dans chaque Service du SAU 78 avec, notamment, lřélaboration des Règles de vie et de fonctionnement propres à chaque Service. Le travail dřharmonisation des documents communs (Livret dřaccueil, trame du Projet personnalisé etc.) est en cours ; le tout étant rassemblé dans le « Guide des procédures et documents types », actualisé tout au long de la vie du SAU 78. Texte ayant valeur de référence, le Projet dřÉtablissement est également le reflet dřune identité commune retrouvée et qui a pris tout son sens cette année avec un événement important : la première fête institutionnelle de toute lřhistoire du SAU 78... Une belle initiative du Service « Filles ». Initialement prévue en extérieur, dans le jardin du pavillon des « Filles », la soirée a finalement eu lieu au « 28 » (cœur institutionnel), la pluie sřétant invitée. Dans ce contexte, ce fut une « heureuse » solution de repli. 2. L’évaluation externe Au-delà de lřobligation imposée par la loi 2002-2 du 2 janvier 2002, nous sommes attachés à faire en sorte que ce temps consacré à lřévaluation de nos activités permette de développer une relation de partenariat entre lřévaluateur externe (Cabinet ENEIS) et nous, dans la triple visée dřun rapport convaincant, afin de : o o o SAU 78 répondre de aux attentes des autorités de contrôle valoriser le Projet dřétablissement et la dynamique associative soutenir la démarche dřamélioration continue engagée RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 109 - Lřévaluation externe sřest déroulée début octobre 2014 et a donné lieu à la rédaction dřun rapport final avec, en conclusion, des pistes dřamélioration à prendre en considération. Elles sont pour certaines, déjà mises en œuvre et continueront à lřêtre, comme il se doit, durant les cinq prochaines années. Le déroulement de lřévaluation externe a été conforme à celui prévu. Le temps imparti aux intervenants a été dense, notamment compte tenu de la diversité des activités du SAU 78. Tous les salariés ont été associés à cette démarche. Lřappréciation des éléments évalués par les intervenants dřENEIS a pu, pour quelques-uns dřentre eux, ne pas être tout à fait conforme à la réalité mais les corrections proposées ont été prises en compte. La nature et la teneur des préconisations rejoignent, dans leur majorité, celles identifiées et figurant dans le Projet dřÉtablissement. Cela dénote une bonne adéquation entre ce que nous avions mesuré des améliorations à engager et les résultats de lřévaluation externe. Je tiens ici à remercier, une nouvelle fois, tous les salariés pour leur mobilisation dans cette évaluation, qui est restée efficiente, alors quřelle faisait presque immédiatement suite au travail engagé pour le Projet dřÉtablissement et pour lequel ils sřétaient beaucoup investis. 3. La réorganisation Elle sřest poursuivie avec lřouverture de deux studios supplémentaires (dont lřun en décembre 2014) pour le SAFA, sous lřimpulsion de Christel RAVIER, Chef de service éducatif. Lřaugmentation de la capacité dřaccueil du SAU 78 reste à finaliser et elle le sera courant 2015, avec lřappartement adossé au Service « Filles » et un 4ème logement pour le SAFA. Concernant le Service « Filles », la location du studio initialement prévue cette année a été différée parce quřil sřest avéré nécessaire de poursuivre, au préalable, le travail engagé sur les difficultés relationnelles et de fonctionnement internes à lřéquipe. La transition assurée en 2013 (Cf. le rapport dřactivité 2013), la prise de fonction de Laëtitia LE GALL, Chef de service éducatif en novembre 2013 et le travail engagé tout au long de cette année ont permis à cette équipe de mettre des mots sur les maux, de construire de nouvelles références professionnelles en lien avec le Projet dřÉtablissement, et dřinstaurer une dynamique collective de travail. 4. Le déménagement du Service pédagogique Lřinstallation de ce Service dans un nouveau local est lřaboutissement de longues recherches ayant permis de trouver un espace permettant : o o o aux jeunes accueillis, de disposer dřun endroit bien identifié, et propice au travail et aux apprentissages à Laëtitia Goyeau, Éducatrice scolaire spécialisée, dřintervenir dans un lieu adapté à son activité et au SAU 78, de disposer dřun espace pour son Service pédagogique en adéquation avec lřambition de son Projet. Les jeunes accueillis au SAU 78, les salariés et le Service scolaire de lřÉtablissement de lřAVVEJ « Rencontre 93 » ont participé à son aménagement. Les mots choisis pour le graff apposé sur lřun des murs : «Le plaisir dřapprendre» démontrent la dynamique et les intentions dans lesquelles sřinscrit ce Service. Nous savons, ô combien, que le Service pédagogique est un maillon essentiel dans la prise en charge des jeunes accueillis : il permet, entre autres, à certains dřentre eux de se remobiliser sur le chemin des acquisitions, de solliciter leurs savoirs et compétences, pour que le temps passé au SAU 78 ne soit pas une « zone dřattente des apprentissages ». SAU 78 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 110 - 5. Des modalités de prise en charge individualisées voire très individualisées Dans la configuration qui est la sienne aujourdřhui et que nous promouvons, le SAU 78 offre différentes modalités dřaccueil et dřaccompagnement, en réponse aux multiples situations repérées. Selon son âge, son sexe et plus globalement son projet, le jeune vit, durant le temps de son placement en internat collectif (filles ou garçons), en appartement (filles ou garçons) ou chez un Assistant Familial ; autant de modalités qui permettent de prendre en compte la dimension de parcours dans les prises en charge, dřřaccompagner le jeune et de mettre en place des réponses répondant au plus près de ses besoins. Les interventions assurées sont toujours individualisées comme le requiert la loi (Cf. ce qui a été écrit dans le préambule) mais peuvent parfois lřêtre davantage encore, nous conduisant à « sortir » et aller bien au-delà de nos cadres dřintervention et pratiques habituels. Lřéquipe du Service « Garçons » a souhaité présenter la situation de Dimitri 17, illustrative de son travail. La prise en charge de ce jeune a été exemplaire à plusieurs titres : o o o o La réactivité du SAU 78 et sa capacité à trouver des réponses adaptées à la situation de Dimitri, avec un seuil de tolérance et dřacceptation élevé La mobilisation sans faille de lřéquipe du Service « Garçons » à lřégard de ce jeune, malgré, parfois, les divergences de point de vue La mobilisation des Chefs de service éducatif, du Coordinateur et de la Directrice Lřarticulation avec le Territoire dřAction Sociale et la synthèse finale (bien quřun peu tardive) avec tous les intervenants (ou presque), une première. Dimitri, 17 ans et 4 mois, souffre, depuis sa prime enfance, dřune pathologie psychiatrique sřapparentant à un état psychotique vers lequel il semble évoluer. Il est reconnu, à ce titre, handicapé par la Maison Départementale des Personnes Handicapées (MDPH) et ayant droit de lřAllocation dřÉducation de lřEnfant Handicapé (AEEH). Dimitri a connu plusieurs hospitalisations en services de pédopsychiatrie puis de psychiatrie adulte ; certaines se sont déroulées par force, Dimitri ayant fait preuve dřune grande agressivité, notamment à lřencontre des forces de police. Il bénéficie aujourdřhui de soins psychiatriques importants, injections et médicaments. Cependant, bien quřil fasse lřobjet de soins conséquents, sa pathologie a eu de nombreuses répercussions dans la sphère sociale au cours de son existence : passages à lřacte violents, violences physiques envers sa mère, camarades et Éducateurs, délits, consommation de stupéfiants, discours et comportement sexuels désinhibés. Ceux-ci ont donné lieu à des exclusions successives de structures diverses, suite auxquelles Dimitri sřest familiarisé avec le monde de la rue et des trafiquants en tout genre, multipliant les délits. 17 Le prénom du jeune a été modifié SAU 78 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 111 - Il vit ainsi depuis des années sans cadre et sans rythme de vie adapté à son âge et à la vie en société, sans projet de scolarité ou de formation ; marginalisation renforcée par une incapacité à lui trouver un établissement adapté à sa situation. Dimitri se décrit lui-même comme « border line ». Sur le plan des soins, Dimitri en est demandeur et est régulier, depuis cinq ans, dans ses rendez-vous (Centre Médico-Psychologique Ŕ CMP) et observant. Il est, par ailleurs, décrit comme très intelligent et demandeur de scolarité. Dimitri est arrivé au Service « Garçons » le dimanche 19 octobre 2014 dans le cadre du Protocole dit « Parquet »18. Nous ne disposions alors que de très peu dřéléments sur sa situation. Le lundi suivant, nous avons pu faire le lien avec une demande dřadmission que nous avions refusée, le jeune en question présentant des troubles et une pathologie ne relevant pas de notre cadre dřintervention. Dimitri est confié par décision judiciaire, au titre de lřarticle 375 du Code Civil, au service de lřAide Sociale à lřEnfance des Yvelines. Les professionnels intervenant dans sa situation19 soulignent la nécessité, pour Dimitri, dřune prise en charge éducative renforcée couplée à des soins. Sa stabilisation dans une structure adaptée présente donc un enjeu majeur car conditionne aussi son équilibre psychologique. Dimitri cumule, ainsi, les problématiques. Il peut, sans conteste, entrer dans les statistiques des jeunes dits « incasables ». Pour autant, nous avons décidé de garder Dimitri sur une période donnée (jusquřau 10 décembre 2014) afin dřamorcer un accompagnement éducatif et préparer une orientation vers un lieu adapté à sa problématique (de type séjour de rupture / de remobilisation). En journée, Dimitri est accueilli à lřUnité Éducative dřActivité de Jour (UEAJ) de la Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ) à Malakoff. La Responsable dřAction Sociale de Secteur, en charge de la situation au Conseil Général des Yvelines, est informée oralement et par écrit de notre positionnement et du risque évalué que nous prenons en accueillant Dimitri. Elle sera, à chaque fois que nécessaire, informée du déroulement de cette situation et de nos décisions successives. Très rapidement, le Service « Garçons » est mis à mal par ce jeune qui ne supporte pas la vie en collectivité, même sřil tente de se contenir comme il le peut, au jour le jour. Dimitri présente un comportement de plus en plus préoccupant, symptôme de son mal être, que nous ne sommes pas en mesure de contenir et dřapaiser : il peut être dans un « état second » en restant de longs moments le regard dans le vide, avoir un discours complètement incohérent. Il ne fait preuve dřaucune empathie vis-à-vis de ceux qui lřentourent, manifeste des états de crise quřil arrive de moins en moins à maîtriser et se montre menaçant envers les jeunes et le personnel éducatif. Son besoin dřêtre sécurisé et contenu apparaît nettement, ce que le SAU 78, de par sa configuration, ne peut lui dispenser : absence de personnel médical, permanence éducative limitée et, également, rotation importante des adolescents, ce qui est source dřangoisse pour un adolescent porteur dřune pathologie psychiatrique. La question de la fin de son accueil est au cœur de tous les échanges et discussions mais, là encore, nous décidons de la différer pour ne pas enfermer Dimitri dans cette spirale de rupture qui est la sienne depuis de nombreuses années et aménageons, pour lui, des réponses très spécifiques, hors de notre champ dřintervention habituel : 18 Protocole sur lřaccueil dřurgence des mineurs confiés par le Parquet de Versailles en dehors des heures ouvrables Service départemental ASE/CG78, Juge des Enfants, AEMO, UEAJ, PJJ, CMP, MDPH et les différentes structures dont le SAU78 pendant les deux mois dřaccueil 19 SAU 78 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 112 - o o o o o prise en compte de son besoin excessif de fumer et de disposer de cigarettes en nombre très important pour pallier un état de manque très fort et susceptible de créer un état de crise, nécessité de le laisser sřexclure du groupe et manger à part lorsquřil ne supporte plus le collectif, vigilance accrue dans la prise de ses médicaments, nécessité dřéviter le conflit pour prévenir un éventuel accès de violence, nécessité dřêtre en binôme notamment quand la présence éducative est assurée par un personnel féminin... Pour autant, la situation continue à se dégrader, Dimitri montrant par ses passages à lřacte son incapacité à supporter le Collectif, générant un sentiment de peur chez les autres jeunes accueillis et certains membres de lřéquipe. Par ailleurs, le « traitement spécifique » qui lui est réservé met à mal la dynamique collective au sein du Service (incompréhension chez les autres qui ne bénéficient pas des mêmes « passes droits »). Nous sommes le 2 décembre 2014 et signifions à la Responsable dřAction Sociale de Secteur notre décision de mettre un terme à lřaccueil de Dimitri. Il sřagit dřune position institutionnelle portée par la Directrice du SAU 78. Nous sommes alors contactés par la Directrice du territoire dřAction Sociale, tout autant démunie face à la situation de ce jeune. Après réflexion, nous acceptons de poursuivre lřaccueil de Dimitri jusquřau 10 décembre 2014 (échéance initiale) selon les modalités suivantes : Dimitri peut être admis, le 3 décembre 2014, sur lřun de nos appartements avec lřaccompagnement dřun Éducateur en journée, de 7H à 12H et de 18H à 22H, la surveillance nocturne étant assurée par un Surveillant de nuit effectuant des rondes. Ce montage est décidé à moyen constant, sur la base du volontariat des Éducateurs intervenant au Service « Garçons », ce Service se trouvant dépourvu dřun professionnel pendant toute sa durée. Dimitri a été reçu en entretien par la Directrice le 3 décembre 2014, lřobjet étant de lui présenter ces modalités de prise en charge. Sans que nous puissions lřexpliquer, cet entretien a mis Dimitri dans une tension extrême. Il est retourné sur le Collectif, en colère et agressif. Il sřest montré menaçant à lřégard des Éducateurs présents et a quitté la structure, après avoir cassé la porte dřentrée. Dimitri nřa donc pu intégrer lřappartement. En présence de sa référente de lřAide Sociale à lřEnfance qui devait également le rencontrer ce jour-là, Il a alors été décidé de réserver une chambre dřhôtel, dans lřhypothèse où il reviendrait et en fonction de son état. Dimitri a contacté le SAU 78 vers 22H30, en sřexcusant et en demandant sřil pouvait rentrer. Un Éducateur est allé le chercher et lřa accompagné à lřhôtel. Il y est resté jusquřau 10 décembre 2014, avec les modalités dřaccompagnement que nous avions fixées : un jeune = un Éducateur. Une synthèse organisée par la Directrice du Territoire dřAction Sociale a eu lieu le 4 décembre 2014, avec lřensemble des intervenants : DTAS, UEAJ, CMP, MDPH, SAU 78. La DTAS, la RASS, et la Cellule des Évènements indésirables du CG78 ont été régulièrement informées de la succession des évènements et décisions prises, par téléphone et par écrit. Le SAU 78 a dépassé le cadre de son champ dřaction dans lřaccompagnement de ce jeune, qui peut manifester des états de crise et être potentiellement dangereux dans ses passages à lřacte. SAU 78 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 113 - Pour autant les réponses apportées ont permis à Dimitri de ne pas connaître une nouvelle rupture brutale dans son histoire et de maintenir du lien avec lřéquipe éducative. De plus, même si nous nřavons pu maintenir le cadre de cet aménagement sur du long terme, cet accompagnement spécifique a permis à Dimitri de se maintenir dans sa ŗscolaritéŗ (UEAJ) et de rester mobiliser pour son orientation en séjour de rupture. L’ACTIVITE EN 2014 1. Les demandes d’admissions Le SAU 78 a été sollicité pour lřaccueil de 569 jeunes (contre 656 en 2013), dont 33 demandes dans le cadre du « Protocole sur lřaccueil dřurgence des mineurs confiés par le Parquet de Versailles en dehors des heures ouvrables ». Les demandes proviennent, pour 73% dřentre elles, du département des Yvelines, territoire dřimplantation de lřétablissement. Demandes d'admissions 2% 6% 1% 5% 4% 1% 8% 73% 75 77 78 91 92 93 94 95 2. Les admissions réalisées Elles ont été au nombre de 79 (contre 67 en 2013), dont 16 au titre du « Protocole sur lřaccueil dřurgence des mineurs confiés par le Parquet de Versailles en dehors des heures ouvrables ». Priorité est donnée aux demandes émanant du département des Yvelines. 70 dřentre elles ont abouti à un placement dans lřun ou lřautre des services du SAU 78. Les demandes formulées par les autres départements de la région parisienne ont donné lieu à 9 admissions. Admissions réalisées 75 77 78 92 94 95 SAU 78 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 114 - 3. Le nombre de jeunes pris en charge 105 jeunes ont été accueillis au SAU 78 au cours de lřannée 2014 dont 60 filles et 45 garçons. 127 124 109 2009 2010 2011 114 2012 107 2013 105 2014 4. L’âge des jeunes accueillis o La tranche dřâge la plus représentée est celle des 16 - 18 ans (57 jeunes). Toutefois, le SAU 78 est habilité pour accueillir des enfants, adolescents et jeunes majeurs âgés de 0 à 21 ans. Le SAU 78 est bien un lieu dřaccueil repéré pour les adolescents. 36 40 30 20 21 Filles 21 20 10 Garçons 1 2 2 2 0 < à 10 ans 10 à 15 ans 16 à 18 ans > à 18 ans 5. La durée moyenne des séjours 75 mineurs et jeunes majeurs ont quitté le SAU 78 dans le courant de lřannée 2014. 43 dřentre eux sont restés mois de 3 mois, 9 entre 3 et 6 mois et 23 plus de 6 mois. La durée moyenne des prises en charge est de 3 mois. 57% < à 3 mois 3 à 6 mois > à 6 mois SAU 78 12% 31% RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 115 - CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES Véronique BLAIN, Directrice « Réaliser lřactivité, réaliser lřactivité… », ces mots raisonnent quotidiennement, comme un leitmotiv. Et cřest bien lřobjectif à atteindre pour le SAU 78, dont lřutilité et la qualité de ses interventions ne sont plus à démontrer. Le SAU 78 va mieux mais les déficits cumulés des années précédentes, réincorporés dans le résultat chaque année, continuent de lřimpacter considérablement. Le soutien du Conseil Général des Yvelines commence à porter ses fruits : notre capacité dřaccueil installée a augmenté cette année et notre activité également. Nous avons réalisé cette année 9 990 journées (contre 9 142 en 2013) pour un taux dřoccupation de 91 % (contre 86 % en 2013) ; et ce malgré le départ, en septembre 2014, de deux Assistants, non encore remplacés. À noter également, la sortie de huit jeunes entre le 1er et le 10 septembre 2014, qui a impacté de manière significative notre activité. Pour autant, il ne faut surtout pas ignorer que le SAU 78 ne peut sřapparenter à une MECS « classique », notamment parce que les entrées et sorties incessantes imposent un rythme particulier à tous les Services et requièrent de la part des salariés une grande capacité de discernement et dřadaptation ; et également parce que les admissions ne peuvent être anticipées. Ce paramètre produit nécessairement des effets sur lřactivité. Le SAU 78 a la vie devant lui mais le chemin reste semé de quelques embûches. Nous nous emploierons à les franchir, dans le seul intérêt des jeunes que nous accueillons et accompagnons. Nous poursuivrons nos efforts sans relâche en 2015. Lřavenir est également subordonné au Plan dřAmélioration Continue de la Qualité (PACQ) tel que nous lřavons défini dans notre Projet dřÉtablissement et tel quřil a été repris dans les conclusions de lřévaluation externe. Cinq axes dřamélioration ont été retenus. Chacun a été décliné en une ou plusieurs actions. Axe 1 Finaliser les outils et procédures pour garantir la sécurité et la qualité de lřaccompagnement Objet Modalités Pilote Conditions/critères de réussite Finaliser lřélaboration Formaliser les Équipe de - Mise en place effective et des outils de la Loi outils : trames Direction utilisation des outils 2002-2 communes au SAU 78 Mobiliser les salariés Décliner le Projet - Prendre en compte Chefs de service - Participation et implication dřétablissement en la spécificité des éducatif des équipes Règles de Services - Implication des jeunes fonctionnement par Mobiliser les - Application effective des Services (Projets de salariés outils service) - Mise en place dřun classeur des procédures et documents types SAU 78 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 116 - Axe 2 Articuler Éducatif et Soin Objet Modalités Concilier lřéducatif et le soin au SAU 78 - Fixer le cadre et ses limites -Définir les modalités dřintervention Axe 3 Repenser la place des familles Objet Modalités Concilier accueil dřurgence et place des familles - Harmoniser les pratiques des Services - Solliciter les familles plus régulièrement Pilote Équipe de Cadres Pilote Chefs de service éducatif Axe 4 Bientraitance et prévention de la maltraitance Objet Modalités Pilote Instance de veille Culture de bientraitance la Prévenir les situations de maltraitances Apporter les réponses requises Instaurer les conditions de la bientraitance en direction des salariés Actions de formation collective Équipe de Cadres Équipe de Cadres Conditions/critères de réussite - Soutien des équipes éducatives Prise de décisions concernant le jeune Conditions/critères de réussite - Participation des familles au projet de leur enfant Conditions/critères de réussite - Saisine de lřinstance de veille - Résolution des problèmes - Actions collective de formation Axe 5 Les Nouvelles Techniques dřInformation et de Communication dans lřaccompagnement des jeunes Objet Modalités Pilote Conditions/critères de réussite Sřadapter et prendre - Définir les règles Chef de service - Utiliser ces supports de en compte les NTIC dřutilisation vis-à-vis éducatif manière adaptée des jeunes - Ne pas en abuser Évaluer la - Prendre en compte les pertinence dřen faire nécessaires évolutions un outil éducatif SAU 78 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 117 - CENTRE D’HEBERGEMENT ET DE REINSERTION SOCIAL « STUART MILL » CONTACT : ACCES : 43, rue des Chantiers 78000 VERSAILLES Téléphone : 01 30 84 98 50 Télécopie : 01 30 84 98 53 Courriel [email protected] SNCF: Paris gare St Lazare Direction, Versailles Rive droite Paris gare Montparnasse-Direction Rambouillet Plaisir Grignon ou Chartes ? Descendre « Versailles Chantiers » RER C : Direction Versailles ŔRive Gauche ACCUEIL : Hébergement en Insertion ou urgence MISSION : A/ SERVICE D’ACCUEIL D’URGENCE Lřhébergement est réservé exclusivement aux femmes faisant lřobjet de violences conjugales accompagnées de leurs enfants. Le service est ouvert 24h/24 et 365 jours par an. Il dispose de trois studios pouvant accueillir 8 personnes, 3 mères et 5 enfants. B/APPARTEMENTS RELAIS 20 places réparties dans 6 appartements à Versailles et les communes environnantes afin dřoffrir à des couples avec enfants ou familles monoparentales présentant des difficultés dřinsertion par le logement et/ou par le travail, un hébergement provisoire de quelques mois dans lřattente de lřattribution dřun logement définitif. C/SERVICE D’ACCUEIL D’URGENCE VERS L’INSERTION 30 places réparties dans 13 appartements dans les communes environnantes de Versailles. Lřhébergement est réservé aux femmes ou hommes faisant lřobjet de violences conjugales ou familiales accompagnés de leurs enfants ou non. D/ BOUTIQUE SOCIALE Ouverture au public tous les jours excepté le jeudi. Accueil, écoute, orientation et accompagnement des personnes présentant une situation de précarité et en grande difficulté sociale. Elle réalise des domiciliations qui permettent aux intéressés dřétablir auprès des services compétents des cartes dřidentité ou des cartes de séjour et de recevoir leur courrier. ASSOCIATION VERS LA VIE ET L’EDUCATION DES JEUNES l RECONNUE D’UTILITE PUBLIQUE 1, place Charles de Gaulle Ŕ 78067 St Quentin en Yvelines Cedex Téléphone : 01.30.43.26.00 Ŕ Télécopie : 01.30.43.98.25 Courrier électronique Direction générale : [email protected] - 118 - AGREMENTS - HABILITATION : o o DDCS Préfecture STRUCTURE : Directeur : Jean Alexandre MADEJ Effectif : 1 chef de service, 5 éducateurs spécialisés, 1 éducatrice jeunes enfants, 1 assistante sociale, 1 psychologue, 1 comptable, 1 secrétaire, 1 agent administrative, 1 maîtresse de maison ; 2 agents dřentretien, 1 ouvrier qualifié. ASSOCIATION VERS LA VIE ET L’EDUCATION DES JEUNES l RECONNUE D’UTILITE PUBLIQUE 1, place Charles de Gaulle Ŕ 78067 St Quentin en Yvelines Cedex Téléphone : 01.30.43.26.00 Ŕ Télécopie : 01.30.43.98.25 Courrier électronique Direction générale : [email protected] - 119 - Présentation CHRS Stuart Mill Jean Alexandre MADEJ, Directeur Dans le cadre du Plan Territorial de Sortie Hivernale (PTSH), le CHRS Stuart Mill a réalisé progressivement tout au long de cette année lřinstallation de 30 places, permettant ainsi dřhéberger des femmes avec enfants en situation de violences conjugales pour les unes et de violences familiales pour les autres. Lřactivité de lřinternat Ŕ Service dřAccueil dřUrgence et appartements relais - est conforme aux prévisions envisagées. Le mode de calcul, pour déterminer le niveau de lřactivité de ces deux services, avait été convenu avec le financeur, la DDCS 78, de la manière suivante : un taux dřoccupation de 90% pour le service dřaccueil dřurgence, de 95% pour le service dřappartements relais, cela permettant ainsi dřintégrer la vacance lors des départs et des arrivées. Lřactivité de la Boutique, quant à elle, est en léger repli de 6% comparativement à 2013 mais reste très élevée par travailleur social. 1. La « Boutique » Depuis septembre 2011, la Boutique fonctionne avec deux travailleuses sociales, un éducateur spécialisé et une assistante sociale ainsi quřun agent administratif chargé principalement du traitement du courrier. A titre de rappel, le mode de calcul de lřactivité de ce service a été fixé, en accord avec la DDCS 78, de la manière suivante : 40 actes par jour X par 2 travailleurs sociaux X 21 jours par mois X par 12 mois, soit un total de 20 160 actes par an. 39 199 actes ont été réalisés cette année, soit près du double de ce qui avait été convenu. En fin dřannée, lřagente administrative de la boutique a été mutée au service secrétariat de la Direction Générale de lřAVVEJ. Une agente administrative dřun autre établissement de lřassociation a été recrutée fin décembre. Cela a été lřoccasion de faire évoluer ce poste en intégrant de nouvelles tâches liées à lřaccueil et lřorientation des personnes nouvelles entrant à la Boutique. Cette évolution a permis aux deux travailleurs sociaux de se consacrer principalement aux entretiens avec ces personnes accueillies. Pour les personnes relevant de lřinsertion, les principales demandes ont concerné la recherche de places dřhébergements, de logements, le droit à la santé, la recherche du travail. Nous sommes en contact permanent avec le SIAO, organisme qui gère lřattribution des places dřhébergement. Les places pour les familles sont de plus en plus rares. Les personnes isolées arrivent plus facilement à accéder aux places dřhébergement, que ce soit en urgence, stabilisation ou insertion. Notre service est agréé pour réaliser des domiciliations. Concernant les demandeurs dřasile, nous avons constaté des difficultés très importantes de délais pour accéder aux droits : o o o la Sécurité sociale a durci la procédure de la demande de CMUC par rapport aux papiers administratifs manquant, en lien avec le délai de lřobtention des attestations. Le temps dřattente étant plus long et non justifié. pour les demandeurs dřasile désirant ouvrir un Livret A afin de recevoir lřAllocation Temporaire dřAttente, les opérateurs de la Banque Postale mettent énormément de temps pour fournir une carte de retrait, des RIP… la Préfecture de Versailles fait régulièrement des erreurs dřécriture par rapport aux noms de personnes orientées pour la demande dřasile. Quand la personne retourne chez eux pour modifier les erreurs les gens de la préfecture refusent de corriger ce qui peut conduire à des difficultés par la suite auprès de lřOFPRA (Office Français de CHRS STUART MILL RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 120 - Protection des Réfugiés et Apatrides) et lřOFII (Office Français de l'Immigration et de l'Intégration). o notre principale difficulté est due à lřimpossibilité dřorienter les personnes une fois quřelles ont obtenu le statut de réfugié. En effet, le Conseil Général et le CCAS de Versailles étaient les relais pour toute personne ayant le statut de réfugié et ayant droit au RSA. Aujourdřhui, des directives propres aux hiérarchies de ces deux services font que les personnes que nous leur orientons, pour lřouverture dřune domiciliation dans le cadre de la demande de RSA, ne sont plus acceptées. Notre service nřayant plus lřagrément RSA suite à la réorganisation de Conseil Général 78, nous ne sommes plus en mesure de continuer un accompagnement social et de proposer la domiciliation de toute personne reconnue refugiée. Durant cette année, lřéquipe a eu du mal à trouver un service domiciliataire et accompagnateur pour ces personnes. La raison fréquemment invoquée était la saturation des services. Nous avons observé une augmentation très forte des personnes du public qui nous sollicitent pour des besoins alimentaires. Leur nombre a augmenté tous les mois. La précarité pour se nourrir est de plus en plus importante. Nous avons un partenariat avec la Boulangerie Paul qui nous fournit une fois par semaine du pain et des viennoiseries. La Croix Rouge, quant à elle, donne toujours des tickets service. En 2014, la DDCS 78, lors dřune inspection, a insisté pour que nous rédigions un projet individualisé pour chaque personne accueillie et pour laquelle un travail dřaccompagnement serait engagé. Ce processus est en cours. Il nřest pas toujours aisé de le mettre en place car cela prend beaucoup de temps et très souvent la salle dřattente est bondée. Chaque mois nous participons à des réunions de synthèse concernant les suivis avec les acteurs de terrain du 78. Il nous a été demandé, toujours par la DDCS 78, de ne plus signer de convention moyen séjour en convention tripartite. Il se poursuit, comme chaque année, un long et fastidieux travail dřarchivage des dossiers réalisé par une bénévole, ancienne éducatrice spécialisée du service dřaccueil dřurgence, partie à la retraite. Mouvements de personnel o o o Une agente administrative, mutée à la direction générale de lřAVVEJ le 8/12/2014 Une agente administrative, mutée dřun établissement de lřAVVEJ au CHRS Stuart Mill le 8/12/2014. Une éducatrice spécialisée, en remplacement des congés dřété. 2. L’internat Bref rappel A lřissue dřun long travail de réflexion, dřélaboration et dřécriture, les équipes du CHRS Stuart Mill avec leur directeur et leur chef de service ont produit un projet dřextension du service dřaccueil dřurgence et du service dřappartement relais, proposant dřaugmenter la capacité dřaccueil de 46 lits, soit avec lřexistant un total de 68 lits. En juin 2008, ce projet a reçu un avis favorable pour lřintégralité de son contenu et à lřunanimité du jury en CROSMS. Cřest en décembre 2009 puis courant 2010 que la DDASS 78 nous a attribués une enveloppe financière nous permettant dřinstaller 6 lits (2 familles) dans deux appartements au service dřappartements relais. Depuis, aucun autre financement nřa été versé. CHRS STUART MILL RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 121 - Du Service d’Accueil d’Urgence (SAU) au Service d’accueil d’urgence vers l’insertion (SAUVI) Dans le cadre du Plan Territorial de Sortie Hivernale (PTSH) la DDCS 78 nous a accordés une somme permettant dřinstaller dans un premier temps 40 lits et rectifiant ensuite à 30 lits. Ces places étaient destinées à lřhébergement de femmes accompagnées de leurs enfants faisant lřobjet de violences conjugales pour les unes et par conséquent de violences familiales pour les autres. Une ambiguïté a persisté jusquřen septembre 2014. En effet, pour la DDCS 78 ces 30 places devaient être attribuées à lřaccueil de 30 femmes. Quřen était-il de leurs enfants ? A lřissue dřune réunion qui sřest tenue en septembre, en présence du directeur général de lřAVVEJ et des responsables du pôle hébergement de la DDCS 78, il a été reconnu, après discussion, que les enfants pouvaient être comptabilisés dans ces 30 places. Il a été convenu que 22 places seraient occupées par les femmes et 8 places, voire davantage, par les enfants. Nous tenons à remercier les responsables du pôle hébergement de la DDCS 78 dřavoir été sensibles à lřargumentaire que nous avons développé en nous accordant la prise en compte des enfants. Pour aboutir à ce résultat, il aura fallu développer un argumentaire sur le fait que les enfants étaient les victimes collatérales de la violence conjugale des parents et quřil était de notre devoir dřapporter une réponse à ces enfants. Nous avons mis en avant que pour traiter la problématique de la violence conjugale/familiale nous avions en place une équipe pluridisciplinaire composée dřune éducatrice jeune enfant, dřéducateurs spécialisés, dřune maîtresse de maison et dřune psychologue. A partir de ce moment, septembre 2014, nous avons adapté le parc de logements pour accueillir ces femmes avec enfants. La constitution de ce parc de logements a été longue car lřenveloppe financière est assez restreinte. Elle ne permettait pas de faire des recherches exclusivement auprès de bailleurs privés. Cela aurait pourtant significativement accéléré lřobtention de logements. Il nous aura fallu attendre que les bailleurs publics nous fassent des propositions puis commander le mobilier et lřinstaller. Tout cela a demandé beaucoup de temps. Jusquřen septembre, nous accueillions toutes candidatures provenant du Service Intégré dřAccueil et dřOrientation (SIAO), soit des femmes seules ou avec un ou plusieurs enfants. Cela a entrainé un taux dřoccupation faible de femmes. Celles-ci avaient souvent 2 à 3 enfants et nous nřavions pas le nombre suffisant de logements pour compenser ce faible taux dřoccupation par un nombre plus important de logements. Après cette réunion avec la DDCS 78, nous avons réduit lřaccueil du nombre dřenfants en informant le SIAO que dans un premier temps nous ne pouvions accueillir que des femmes seules ou avec un enfant. Cette manœuvre arithmétique nous permettait ainsi dřaugmenter le nombre de femmes afin dřarriver le plus vite possible à ce quota de 22 femmes et 8 enfants. Les chambres que nous avions, permettaient difficilement de loger une femme avec plus dřun enfant. Deux autres associations sur le département mettent à disposition des logements pour accueillir des femmes avec enfants dans le cadre du PTSH, pour un total de 15 places. Les enfants ne sont pas comptabilisés. Lors de réunions avec ces associations où était présents les responsables du SIAO et la déléguée aux droits des femmes, il a été évoqué le fait quřau regard des chiffres faisant état de lřoccupation de ces places, il ne faudrait pas conclure que le besoin se limite aux femmes seules ou avec un enfant. Ces associations nřont pas les ressources financières pour héberger dans des logements plus grands donc plus onéreux des familles de plus dřun enfant. A la fin de cette année 2014, nous sommes arrivés à constituer un parc de logements pouvant accueillir 22 femmes accompagnées de leurs enfants. CHRS STUART MILL RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 122 - Nous ne pouvons pas nous contenter de prendre en compte uniquement cette contrainte comptable pour apporter une réponse aux violences conjugales/familiales. En 2015, nous louerons, en fonction de nos disponibilités financières, des logements pouvant accueillir des femmes avec plusieurs enfants afin de répondre aux besoins. Le SIAO tient un comptage précis du nombre des demandes dřaccueil qui nřont pas obtenu de réponse favorable, faute de logements suffisamment grands. Le SAUVI sřest donc implanté, déployé tout au long de lřannée à Versailles et dans les communes limitrophe. Le fonctionnement quotidien est réalisé par lřéquipe du service dřaccueil dřurgence (SAU). Autrement dit, dans son fonctionnement, le SAUVI et le SAU sont un seul et même service. Du fait que lřhébergement est dispersé sur plusieurs communes, nous avons arrêté les repas collectif au SAU. Lřappartement jusquřalors réservé, entre autres, aux repas est devenu un lieu affecté aux bureaux des éducateurs, de la psychologue et à une salle de réunion qui sert aussi de lieu pour des activités collectives telles que espace de parole et ateliers divers. Les éducateurs spécialisés et le groupe de paroles Les éducateurs spécialisés ont un rôle dřaccompagnant éducatif auprès des personnes accueillies. Ils interviennent sous forme dřentretiens, de manière individuelle et collective. Il est essentiel de recourir à des actions collectives au sein de cet accompagnement car les femmes sont souvent isolées. Dřune part à cause de leurs situations de rupture avec les violences subies et dřautre part à cause de leurs éloignements géographique avec leurs entourages proches (famille, amis…). Lors des entretiens individuels qui sont menés avec les femmes, il est judicieux de leur proposer la possibilité de se rencontrer entre elles, dans un cadre bien précis, afin de confronter leurs parcours difficiles (spécifiques aux violences) et dřadapter au mieux lřaccompagnement au quotidien. Ces groupes de paroles permettent aux femmes participantes et impliquées, de ressentir un mieuxêtre psychologique en étant entendues et considérées. Cela aura des répercussions positives sur lřaccompagnement qui est mené avec elles. Ces groupes permettent aussi, suivant les thèmes abordés, que ces femmes puissent prendre conscience et confiance en elle, en qualité de mère, de femme mais aussi par rapport aux hommes et à la société. Il est important de leur donner la possibilité de partager entre femmes, dřécouter et dřéchanger les différentes expériences, sentiments, craintes, angoisses, peurs, émotions autour des violences subies. Ces groupes sont encadrés par la psychologue et lřéducateur spécialisé dans un esprit sécurisant et structurant ou chaque participante peut se sentir libre de parler et authentique, sans crainte du jugement, ainsi que dans le respect de la parole de lřautre également. Un des points importants est de favoriser de la solidarité entre les femmes. Ceci afin de réduire lřisolement social de certaines participantes. Chaque samedi matin, il est proposé des groupes dřéchanges de paroles libres, autour dřun support ou dřune activité commune (ateliers créatifs par exemple) et dřun petit déjeuner. L’éducatrice de jeunes enfants (EJE) LřEJE a une action transversale aux différents services que composent lřinternat. En effet, que ce soit aux appartements relais ou au SAU/SAUVI elle est amenée à rencontrer les familles dans lesquelles il y a des enfants afin dřapporter un soutien à la relation parents/enfants. CHRS STUART MILL RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 123 - Son rôle consiste à stimuler les potentialités intellectuelles, affectives et artistiques des enfants à travers des activités ludiques et éducatives. LřEJE tient compte du milieu familial de lřenfant, dans ses dimensions sociales et culturelles. Elle est attentive aux problèmes de santé ou de comportement rencontrés chez lřenfant et contribue à en prévenir lřapparition. Par ailleurs, elle apporte son éclairage lors des réunions de synthèse afin de contribuer à une compréhension de la situation familiale à ses collègues éducateurs spécialisés, psychologue et maîtresse de maison. La maîtresse de maison Cette professionnelle intervient également auprès de toutes les familles que nous hébergeons. Elle leur apporte ses connaissances en matière de gestion des budgets, des règles dřhygiène et plus généralement dřorganisation et de fonctionnement de la vie quotidienne. Elle anime des ateliers avec les femmes et les familles sur les thèmes ci-dessus. Elle participe aux réunions de synthèse où elle apporte ses observations sur les difficultés que les familles peuvent rencontrer. La psychologue o o o o o o o o o o Evalue la charge psycho-traumatique de la violence sur la personne. Soutient, dans un espace de parole neutre et confidentiel, lřélaboration sur lřhistoire de vie de la personne et sur la violence subie. Repère les éléments de la personnalité et de la dynamique familiale de la personne. Evalue les éventuels troubles psychopathologiques. Elabore des propositions dřorientation. Mène des entretiens ponctuels à la demande de la personne ou dřun travailleur social dans le cadre dřévaluation clinique et dřorientation vers un partenaire. Co-anime un groupe dřexpression auprès des femmes victimes de violences conjugales. Co-anime des ateliers à but thérapeutique. Participe aux réunions de synthèse en apportant son éclairage aux phénomènes intra psychiques en jeu. Participe à des séminaires concernant des thématiques cliniques générales et spécifiquement liées aux publics accueillis au CHRS « Stuart Mill ». Mouvements de personnel o o o o o o Une psychologue, a démissionné le 14/10/2014. Une psychologue, a été embauchée le 08/12/2014. Une éducatrice spécialisée a démissionné le 17/10/2014. Une éducatrice spécialisée a été embauchée le 20/10/2014. Une remplaçante durant les congés dřété. Un agent dřentretien, embauché le 06/10/2014. Fin de période dřessai le 02/12/2014. CHRS STUART MILL RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 124 - Le service d’appartements relais Nous disposons dřun poste dřéducatrice spécialisée pour réaliser le travail dřaccueil, dřaccompagnement social et dřorientation, en relation avec le SIAO du département. La chef de service éducatif vient régulièrement aider lřéducatrice dans des tâches qui ne relèvent pas uniquement de lřéducatif. Durée de séjour et taux d’occupation La durée moyenne de séjour, calculée sur les familles sortantes, est de 5 mois pour le SAU, le SAUVI et les appartements relais. o o Taux dřoccupation du SAU : 107,46% Taux dřoccupation du SAUVI : 85,10% Chaque quinzaine, il est envoyé à la DDCS 78 un diagramme qui fait état de lřoccupation des places du SAUVI. Ce chiffre est à relativiser car cette année correspond à une montée en charge. Au début de lřannée, il y avait moins de lits installés quřà la fin. Cřest plutôt en 2015 que le taux dřoccupation sera significatif car tous les lits seront installés du début à la fin de lřannée. Taux dřoccupation du service dřappartements relais : 99,70%. Partenariats Une collaboration étroite de partenariat fonctionne avec trois partenaires principaux, CAPLOGY, le SIAO 78 et la CPAM 78. Nous sommes également en étroite collaboration avec toutes les associations et services publics du bassin versaillais, relevant de lřhébergement et du logement, ainsi que du département 78. 1. Cap logis et le SIAO 78 Cette association reste un partenaire privilégié avec lequel nous travaillons étroitement pour faciliter lřaccès des familles que nous accueillons dans notre service dřappartement relais vers le logement. CAPLOGY est en charge du SIAO 78, Service Intégré dřAccueil et dřOrientation. Ce service centralise les demandes dřhébergement quřil oriente en collaboration avec les CHRS. 2. CPAM Les 2ème et 4ème mardis de chaque mois de 9h à 11h, la CPAM des Yvelines assure une permanence dans nos locaux de la Boutique, offrant ainsi la possibilité à beaucoup dřavoir une couverture sociale et de pouvoir se soigner. La fréquentation est importante à chaque permanence. Pour éviter lřengorgement, nous fonctionnons sur rendez-vous qui sont pris par les éducateurs. NOMBRE DřASSURES RECUS en 2014 : 117 AME : 60 - CMUC : 46 - CMUB : 26 Ŕ Renseignements divers : 5 CHRS STUART MILL RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 125 - Evaluations interne et externe 1. Evaluation interne Rappel Fin 2009, nous avons finalisé le travail dřévaluation interne du CHRS Stuart Mill en faisant intervenir au deuxième semestre un cabinet spécialisé sur cette question. Le bilan de cet exercice sřest résumé en une courte phrase, exprimée par lřanimateur du cabinet : « Les pratiques professionnelles sont bonnes et conformes mais certaines sont à formaliser ». Les tableaux des années 2013 et 2014 concernant les trois services sont consultables à la fin de ce rapport dřactivité. 2. Evaluation externe Lřévaluation externe a été réalisée dans le courant du premier semestre par un cabinet spécialisé dans ce domaine. Le CHRS présente des points forts et dřautres à améliorer. Il est demandé dřêtre plus rigoureux sur la formalisation des procédures et dřautres aspects très formels. Le travail réalisé par lřensemble des professionnels auprès des personnes dont nous nous occupons est considéré comme tout à fait pertinent et de qualité. 3. Appel à projet d’un accueil de jour pour femmes en situation de violences conjugales La DDCS 78 a adressé aux associations des Yvelines au deuxième semestre un appel à projet pour la création dřun accueil de jour pour les femmes en situation de violences conjugales. Le CHRS Stuart Mill y a bien évidemment répondu pensant être au plus près du cahier des charges. Cet accueil de jour avait été intégré au projet dřétablissement du CHRS Stuart Mill. Notre candidature nřa pas été retenue. Lřassociation retenue présentait un point qui a dû retenir particulièrement lřattention du jury. En effet, avant même la date prévue pour le démarrage de cette activité, janvier 2015, les locaux étaient déjà trouvés, meublés en décembre 2014. La présentation de cette installation par lřassociation avait fait lřobjet dřun diaporama lors dřune réunion à la Préfecture des Yvelines le 11 décembre 2014. Lřétablissement de cette association, dans lequel ce nouveau service est intégré, est financé par le Conseil Général 78. Une convention relative à lřhébergement des femmes victimes de violences, en particulier conjugales, a été signée le 4 juillet 2104 entre les associations, dont le CHRS Stuart Mill, et la Préfecture des Yvelines. CHRS STUART MILL RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 126 - L’Activité Boutique Activité 2014 VISITES A P P ELS ( accuei l s) MOIS Activité Boutique contact autre Partenair Appels téléphoniques Déplacement REUNIONS e DEPANNAGE TOTAL Actes Entretien s TELEP HONE RECUS ET Dossiers administratifs Lett adm donnés à l'extérieur avec/chez Démarches partenaire Alim., hygièneDomiciliations Actes P A R M OIS pour démarches hébergements et Demandeur autres s d'asile la personne à transports Dossiers+ courriers REPERTORIES pour les visiteurs L'extérieur timbres,enve Logements Santé Emploi Rapports Educateurs JANVIER 451 253 274 867 5 1 54 74 44 306 22 11 5 11 1 176 3 554 FEVRIER 420 390 290 711 3 1 32 76 54 266 37 33 6 26 1 166 3 511 MARS 483 275 280 721 2 1 41 76 37 326 28 36 10 21 1 141 3 478 AVRIL 474 319 302 751 3 3 35 102 37 236 38 25 4 24 1 421 3 774 MAI 453 247 266 600 7 1 24 108 28 237 49 18 12 25 1 199 3 274 JUIN 402 423 292 775 6 4 45 74 34 205 29 24 9 10 1 053 3 385 2 683 1 907 1 704 4 425 26 11 231 510 234 1 576 203 147 46 117 7 156 20 976 JUILLET 341 245 244 813 5 3 51 73 23 194 37 26 14 15 1 152 3 236 AOUT 374 213 290 535 3 3 39 53 24 157 11 17 3 8 980 2 710 SEPTEMBRE 354 189 296 742 4 4 77 80 41 218 23 21 31 47 876 3 003 OCTOBRE 448 295 326 764 7 4 65 70 47 263 59 42 9 65 1 136 3 600 NOVEMBRE 360 208 364 720 2 2 58 100 34 239 10 24 9 22 1 042 3 194 DECEMBRE 368 118 372 544 2 10 39 59 28 96 51 20 5 16 752 2 480 1 268 1 892 4 118 23 26 329 435 197 1 167 191 150 71 173 5 938 18 223 3 175 3 596 8 543 49 37 560 945 431 2 743 394 297 117 290 13 094 39 199 1er semes 2e semestre 2 245 Total 2014 4 928 Anné e V is ite s Acte s 2010 6819 52377 2011 5627 43258 2012 5605 42334 2013 5408 41788 2014 4928 39199 CHRS STUART MILL RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 127 - BOUTIQUE STUART MILL VISITES ET VISITEURS : PERSONNES EN DIFFICULTES Groupe 1 : Nom bre de personnes venues pour la 1er fois en 2014 MOIS HOM. FEM. H en couple F en couple Enfants G Total 1 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 1 0 1 0 0 0 0 20 Juin 0 0 0 0 0 0 1e S. 47 30 0 0 2 Juil. Déc. 2 11 7 3 5 1 5 3 3 7 4 4 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 2e S. 29 26 1 Total P 76 56 1 Mars Avril Mai Août Sept. Oct. Nov. 2014 76 % 16% CHRS STUART MILL FEM. H en couple F en couple Enfants Total Nom bre 1+2 Visites Total 2 pers. m ensuelles MOIS F 34 2 3 1 0 2 3 0 2 0 0 0 0 0 1 0 1 0 2 0 0 0 1 0 2 0 1 0 1 0 192 212 451 Janv. 39 67 420 Fév. 37 50 483 Mars 20 30 474 Avril 16 21 453 Mai 4 151 37 30 19 13 5 7 11 402 Juin 1 80 255 42 5 2 3 4 311 391 2 683 0 0 0 0 1 0 0 0 1 1 4 0 7 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 1 11 341 Juillet 9 23 374 Août 7 18 354 Sept. 4 16 448 Oct. 4 18 360 Nov. 3 8 368 Déc. 0 1 6 63 25 0 0 1 2 0 2 0 0 0 1 3 4 5 3 7 6 4 4 1 31 94 2 245 0 3 7 143 280 42 5 3 5 7 342 485 4 928 HOM FEM H en couple F en couple G nouv. nouv. nouv HOM. G 7 9 5 4 3 2 Fév. Groupe 2: Nom bre de personnes déjà venues en 2013 et qui reviennent en 2014 F 12 18 8 6 2 1 Jan. 2014 nouv. F Enfants 28 13 10 5 14 11 12 14 Pers. HOM. FEM. H en couple F en couple nouv. anc. anc. anc anc. G F 1er Sem 2e sem. Pers. Total 1+2 Visites Enfants anciennes Pers. dif Total annuel 56 1 0 3 7 143 280 42 5 3 5 7 342 485 12% 0% 0% 1% 1% 29% 58% 9% 1% 1% 1% 1% 71% 100% 4928 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 128 - Nombre de visiteurs 2014 600 485 500 342 400 300 143 200 100 0 Nouveaux Anciens Total visiteurs visiteurs 485 personnes différentes sont passées à la boutique sociale en 2014 Visites 4928 6000 5000 4000 3000 2000 1000 0 2683 visites 1er semestre 2245 visites 2er semestre Total visites Il y a eu 4 928 visites en 2014 à la boutique Sociale. Remarque : une même personne vient en visite x fois au cours de lřannée Personnes 1er visiteurs 2014 (143) 100 80 80 63 60 40 20 0 Hommes Femmes Nouveaux visiteurs de lřannée2014 CHRS STUART MILL RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 129 - 2014 NATIO NALITE : NO UVEAUX VISITEURS (1e r groupe ) Continents Pays Afrique septentrionale Algérie Maroc Tunisie Mauritanie Hommes Femmes Total Total 11 7 1 1 20 1 1 2 4 4 1 3 2 2 8 0 0 1 17 13 1 1 1 34 1 0 4 1 1 1 1 1 1 1 12 6 1 1 0 8 1 1 2 0 0 0 4 0 2 6 1 1 0 21 19 1 0 0 41 0 1 1 3 0 0 0 0 0 0 5 17 8 2 1 28 2 2 4 4 4 1 7 2 4 14 1 1 1 38 32 2 1 1 75 1 1 5 3 1 1 1 1 1 1 17 Total Général 80 63 143 Total Europe de l'est Total Océanie Total Europe Kosovo/Serbe Pologne Madagascar Portugal France Italie Espagne Total O rient/Moyen O rient Total Asie Syrie Pakistan Chine Tibet Sri lanka Inde Bangladesh Total AFRIQ UE noire CHRS STUART MILL Congo Angola Côte d'Ivoire Cameroun Sénégal Erythrée Mali soudan Guinée Nigéria RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 130 - NATIONALITE : ANCIENS VISITEURS (2 èmegroupe) Continents Afrique septentrionale Europe ASIE Océanie AFRIQUE du sud Orient TOTAL CHRS STUART MILL 2014 Pays Hommes Femmes Total Algérie 153 5 158 Maroc 11 1 12 Tunisie 3 2 5 Mauritanie 4 0 4 France 27 10 37 Pakistan 4 0 4 Sri lanka 5 0 5 Bangladesh 3 0 3 Birmanie 1 0 1 Tibet 6 6 12 Inde 6 0 6 Madagascar 0 1 1 Moldavie 5 5 10 arménie 4 2 6 ukraine 7 1 8 Bielorussie 1 0 1 Khirgistan 1 0 1 Géorgie 2 1 3 Pologne 1 0 1 Roumanie 1 0 1 Kosovo 2 0 2 Russie 3 2 5 Congo 10 1 11 Mali 5 1 6 Togo 1 0 1 Gabon 0 1 1 Niger 0 4 4 Ouganda 0 1 1 Cameroun 2 1 3 Somalie 1 0 1 Sénégal 9 0 9 Guinée 5 3 8 Rwanda 0 1 1 Erythrée 1 0 1 Angola 2 0 2 Ghana 2 1 3 Côte d'Ivoire 1 1 2 Commores 1 0 1 Iran 0 1 1 290 52 342 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 131 - 2) Domiciliations Nombre de domiciliations en 2014 (431) 360 400 350 300 250 200 150 100 50 0 71 Nouvelles domiciliations Anciennes domiciliations a) Motifs 1ères domiciliations 2014 6 32 Courrier uniquement Ame et courrier 33 Accompagnement sociale et courrier b) Motifs Renouvellements de domiciliations 2014 155 61 Courrier uniquement Ame et courrier Accompagnement sociale et courrier 144 CHRS STUART MILL RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 132 - 3) Demandeurs d’Asile en 2014 En lřabsence de financement dédié à cette activité le nombre de demandeurs dřasile domiciliés et suivis par la boutique sera limité à une vingtaine de personnes suivis. En 2014 le CHRS STUART MILL a reçu 36 nouveaux demandeurs dřasile dont 15 obtiendront le statut de réfugiés en cours dřannée et ne seront plus domiciliés ni suivis à la boutique sociale mais réorientés vers dřautres structures. 21 demandeurs d’asile nouveaux sont présents au 31 décembre 2014. De même pour les anciens demandeurs dřasile, 12 personnes seront suivies en 2014 dont 10 obtiendront le statut de réfugiés et seront réorientées vers dřautres structures. 2 demandeurs d’asile anciens sont présents au 31 décembre 2014. Au total 23 demandeurs dřasile sont présents au 31 décembre 2014 a) Demandeurs d’asile suivis en 2014(Nouveaux) Hommes 17 Femmes 19 Total 36 Nationalités des nouveaux demandeurs d’asile Tibet : 33 - Chine : 3 b) Demandeurs d’asile accueillis avant 2014 et toujours suivis(Anciens) Hommes 10 Femmes 2 Total 12 Nationalités des anciens demandeurs d’asile Tibet : 3 - Congo : 1 Ŕ Mali : 1- Erythrée : 1- Rwanda : 1-Birmanie : 1 - Bangladesh : 1Pakistan : 1- Guinée : 2 2743 actes ont été réalisés par les deux travailleurs sociaux pour les demandeurs dřasile et représentent 7% par rapport au nombre total des actes de la boutique CHRS STUART MILL RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 133 - Activité internat 1. Appartements relais Entrées 2014 : 3 familles sont entrées en 2014 (1 couple avec deux enfants + un enfant né en cours dřannée -1 femme avec 1 enfant Ŕ 1 femme avec 2 enfants) = 9 personnes Sorties 2014 2 familles sont sorties en 2014 (1 couple avec 3 enfants et 1 femme avec 2 enfants) = 8 personnes Remarque : une femme dřun couple est décédée à la suite dřune longue maladie. Familles présentes au 31 décembre 2014 : o 6 familles étaient présentes au 31 décembre 2014 : = 20 personnes 1 1 1 1 1 1 couple + 2 enfants couple + 3 enfants couple + 1 enfant femme +2 enfant femme+1 enfant homme + 2 enfants Suivies 2014 Familles présentes au 31 décembre 2014 + familles sorties en 2014= 20+8= 28 personnes Etude détaillée des familles suivies en 2014 8 familles (4 couples +3 femmes seules+1 homme seul) 12 adultes et 16 enfants (5 filles et 11 garçons) o Origine géographique des familles 8 familles des Yvelines (78) : Versailles(2)-Elancourt(1)-Trappes(1)-Achères(1)Guyancourt(1)-Carrières sur Seine(78) - Conflans Ste Honorine(1) o Nationalité des adultes Nationalité Française : 3 - Autres Nationalités : 9 Egypte (1) Ŕ Algérie (1) Ŕ Sénégal (3) ŔSri Lanka(2) ŔKosovo(2) o Situation Familiale Couples : 4 dont 2 (Mariés) et 2 (Vie maritale) Familles monoparentales (1 homme seul et 3 femmes seules) : 4 dont 1 (veuf) Ŕ 1 (veuve) Ŕ 1 (divorcée) Ŕ 1 (séparée) CHRS STUART MILL RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 134 - 4. Enfants Age des 16 enfants suivis en 2014 3 2 1 0 0 - 2 ans 3 - 4 ans 5 - 6 ans 5 5 7 - 10 ans 11- 15 ans 16-19ans 5. Domicile précédent (8 familles) Parents : 5 - Foyer ADOMA/AFTAM : 2 Ŕ Service dřhébergement dřurgence : 1 6. Origine de la demande (8 familles) SIAO : 7 - Boutique sociale STUART MILL : 1 7. Procédure Judiciaire : Avocat : 2 8. ETUDE-FOMATION-EMPLOI a) Niveau dřétudes : Alphabétisation : 2 Ŕ primaire : 3- secondaire : 4 - cap : 2- universitaire : 1 b) Travail : cdi : 5 - cdd : 2 Ŕ formation : 1 - sans emploi : 4 c) Type de ressource : salaire : 7 - RSA : 2 d) Couverture Sociale : cmu : 5 - caf : 6 Ŕ sécurité sociale personnelle : 2 Ŕ RSA : 2 9. L’Après hébergement (2 familles) Logement autonome : 2 10. Durée moyenne de séjour des familles sorties : 5 mois CHRS STUART MILL RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 135 - 2. Service d’Accueil d’Urgence Du 1er Janvier au 31 décembre 2014, le SAU a fait le suivi de 10 femmes et de 13 enfants. Trois femmes et six enfants étaient déjà présents en 2013 et sortiront en Janvier 2014, en juin 2014 et novembre 2014. Quatre femmes et cinq enfants entrés en 2014 sortiront en 2014. Au 31 décembre 2014 sont présents 3 femmes et 2 enfants. Il est à noter que le service de restauration qui était en place au SAU prendra fin au mois dřaoût 2014 et le fonctionnement du SAU deviendra identique au fonctionnement du service dřappartements dřUrgence vers lřInsertion. Origine des demandes Espaces Territoriaux : 1 - CADA : 1 Ŕ SIAO : 8 Provenance géographique des familles accueillies Yvelines : 8 Guyancourt Ŕ Issou Ŕ Sartrouville(2) Ŕ Mantes la jolie Ŕ Les Clayes sous-bois - VersaillesMontigny le Bretonneux Autres Départements d’île de France : 1 St Maur des fossés (94) Province : 1 Oiron Age des femmes accueillies 18-24 ans : 1 - 25 -35 ans : 7 - 36-44 : 1 - 45-55 : 1 Temps de séjour(des sortants) 1 à 20 jours : 2 - 21 à 95 jours : 1 - 96 à 160 jours : 3 - 161 à 260 jours : 1 Durée moyenne du temps de séjour des femmes sorties : 136 jours Séjour le plus court : 3 jours - Séjour le plus long : 280 jours (5 mois) Situation familiale Mariée : 5 Vie maritale : 2 Séparée : 3 Nationalité des femmes 4 femmes françaises 6 femmes étrangères : Maroc (1) - Guinée (2)- Algérie (2) - Mexique (1) Les enfants accueillis : 13 enfants dont 5 filles et 8 garçons CHRS STUART MILL RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 136 - 1 1 5 2 0 - 2 ans 3 - 4 ans 5 - 6 ans 1 3 7 - 10 ans 11- 15 ans 16-19ans Moyenne dřâge des enfants accueillis : Le plus jeune avait 1 mois Le plus âgé avait 18 ans Etudes/Emploi Niveau Etudes : supérieur(2) Ŕ secondaire (1) Ŕ CAP (1) Ŕ primaire (3)Emploi/Formation : 3 femmes étaient en situation dřemploi Ressources/Prestation : RSA(3)- salaire(3)- caf(7) Couverture Sociale CMU (6) - sécurité sociale (4) Démarches juridiques: Aide juridictionnelle : 2 Avocat : 1 Destination des femmes à la sortie du S.A.U 7 femmes sont sorties en 2014 : Vers une structure éclatée orientées par le SIAO : - Appartement dispositif Soli bail (4) - Logement Passerelle SNL (1) Vers un appartement privé :1 Retour au domicile conjugal :1 Le service dřAccueil dřurgence ŘřStuart Millř a reçu : 45 appels téléphoniques : 3 appels concernaient un problème d’hébergement 38 appels concernaient un problème de violences conjugales 4 appels concernaient un problème de violences familiales Provenance des appels 37 appels des Yvelines et 8 appels dřautres départements qui seront redirigés vers le SIAO. CHRS STUART MILL RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 137 - 3. Le Service d’Accueil d’Urgence Vers l’Insertion (projet PTSH) Entrées 2014 : 27 familles sont entrées en 2014 (10 femmes seules, 1 homme seul, et 16 femmes avec enfants (23 enfants) = 50 personnes Sorties 2014 : 16 familles sont sorties en 2014 (5 femmes seules et 11 femmes avec enfants (18 enfants) = 34 personnes Remarque : 6 femmes entrées en 2013 sont sorties en 2014 10 femmes entrées en 2014 sont sorties en 2014 Familles présentes au 31 décembre 2014 : 17 familles sont présentes au 31/12/2014 : 7 femmes seules, 1 homme seul et 9 femmes avec enfants (13 enfants) = 30 personnes Suivies 2014 Familles présentes au 31 décembre 2014 + familles sorties en 2014= 30+34 =64 personnes Etude détaillée des familles suivies en 2014 33 adultes et 31 enfants (19 garçons et 12 filles) 1. Origine géographique des familles - 30 familles des Yvelines : Versailles(6) Ŕ Trappes(5) Ŕ Rambouillet(2) - le Pecq - Le port Marly Ŕ Houilles(2) Orgerus-Conflans Ste Honorine Ŕ Montigny le Bretonneux Ŕ Les Mureaux(2) Ŕ Chanteloup les Vignes - Meulan - Ecquevilly-Sartrouville ŔAchères- Les Clayes sous Bois ŔChatouMaurepas -3 familles dřautres départements : Bobigny(93) ŔSarcelles (95) Ŕ Juvisy - sur Orge(91) 2. Nationalité des adultes Française : 12 Autres Nationalités : 21 Algérie(5) Ŕ Côte dřIvoire (3) Ŕ Mali (1) Ŕ Sénégal(3)- Sri Lanka (1)Mexique(1) - Maroc(1) Ŕ Bulgarie(1) Ŕ Guinée(3) Ŕ Portugal(1)-Burkinabé(1) CHRS STUART MILL RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 138 - 3. Situation Familiale et âge des femmes Age des adultes 1 8 18-24 ans 15 25-35 ans 36-45ans 46-55 ans 9 32 femmes séparées 1 homme séparé 4. Enfants Age des enfants 3 0 - 2ans 9 5 3- 4 ans 5 -6 ans 7- 10ans 4 6 4 11-15 ans 16-18 ans 5. Domicile précédent (33 familles) Tous viennent directement du domicile conjugal. 6. Origine de la demande (33 familles) SIAO : 33 8. ETUDE-FOMATION-EMPLOI En situation dřemploi : 25 Formation :4 Chômage :4 9. L’Après hébergement (16) CHRS Yvelines : 5 -Lien Yvelinois : 1 Ŕ Coalia/Soli bail : 2 Ŕ Autres Soli bail : 3 Maison dřaccueil lřîlot(94) : 1 Ŕ Logement autonome : 4 CHRS STUART MILL RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 139 - Durée moyenne du temps de séjour des femmes sorties : 142j = 5 mois Beaucoup dřappels de femmes victimes de violences conjugales continuent à arriver directement au service sans passer par le SIAO. Toutes les personnes accueillies dans les trois services dřhébergement sont inscrites dans le logiciel SI SIAO ainsi les entrées et les sorties restent visibles par tous les partenaires de lřhébergement. CHRS STUART MILL RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 140 - Pièces Jointes citées sur l’écrit de Monsieur MADEJ à propos de l’Evaluation Interne. Service Appartements Relais. Plan Action Qualité - Année 2013 Objectifs : Jan Fév. Mars Avril Mai Juin Juil. Août Sep Oct. Nov. Déc. Formaliser les règles dřaccès aux dossiers. Trier les risques inhérents aux caractéristiques du public Identifier les compétences à acquérir Mettre en place une réunion de réflexion sur la pratique éducative avec la psychologue Nouveaux appartements relais proche transport en commun CHRS STUART MILL RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 141 - Plan Action Qualité - Année 2014 Objectifs : Jan Fév. Mars Avril Mai Juin Juil. Août Sep Oct. Nov. Déc. Faire une fiche type de signalement à intégrer dans le livret dřaccueil Mettre en place une réunion de réflexion sur la pratique éducative avec la psychologue Nouveaux appartements relais proche transport commun Service « Boutique Sociale » CHRS STUART MILL RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 142 - Service D’Accueil d’Urgence. CHRS STUART MILL RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 143 - CHRS STUART MILL RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 144 - SERVICE D’ACCUEIL D’URGENCE ESPACE ADOLESCENTS 91 CONTACT : ACCES : 3 impasse Christophe Colomb 91000 EVRY Téléphone : 01 60 87 17 00 Télécopie : 01 60 77 39 52 e-mail : [email protected] MÉTRO: RER D4 Gare Le BRAS de FER Ŕ Evry Genopole AUTOBUS: 401 Ŕ 402 Ŕ 404 (dřEvry centre) ACCUEIL : 24 / 24 H - 365 jours / an 30 adolescents et jeunes majeurs des deux sexes. Hébergement dans un réseau dřAssistants Familiaux ou en appartement. MISSION : Espace Adolescents a pour mission dřaccueillir en urgence des mineurs à partir de 12 ans et des jeunes majeurs en danger, tout au long de lřannée. Il est donné priorité aux adolescents et jeunes majeurs du département de lřEssonne. Le travail sřarticule autour de trois axes : o o o o accueillir en urgence, observer et évaluer les difficultés du jeune et de sa famille, construire un projet dřavenir le plus adapté possible, le concrétiser avec le jeune, sa famille dans la mesure du possible, et les partenaires. Le service est doté dřun service pédagogique qui accueille en journée les jeunes non scolarisés. Toute la difficulté de lřaccueil dřurgence consiste à engager une prise en charge Pluri-professionnelle intensive lors dřune période de crise, à en faire une évaluation afin dřaboutir rapidement à une orientation réfléchie et concertée entre les différents intervenants. AGREMENTS - HABILITATION : Agrément Aide Sociale à lřEnfance 12 à 21 ans Ŕ Arrêté du 11/10/1996 n° 96 02 685 Extension (hébergement en appartement) 16 à 21 ans - Arrêté du 10/02/2005 n° 2005 007 49 ASSOCIATION VERS LA VIE ET L’EDUCATION DES JEUNES l RECONNUE D’UTILITE PUBLIQUE 1, place Charles de Gaulle Ŕ 78067 St Quentin en Yvelines Cedex Téléphone : 01.30.43.26.00 Ŕ Télécopie : 01.30.43.98.25 Courrier électronique Direction générale : [email protected] - 145 - STRUCTURE : Direction : Chef de service : Fabienne BROUSSE BRUNEL Jean-Pierre PERON Effectif : 1 chef de service éducatif et pédagogique, 1 coordinatrice, 9 éducateurs spécialisés, 1 apprenti éducateur spécialisé, 3 éducateurs scolaires, 1 conseillère dřorientation psychologue, 1 économe, 1 comptable (0,942 tps), 2 secrétaires, 1 cuisinier, 1 moniteur dřatelier/accompagnateur, 15 à 20 assistants familiaux pour lřaccueil. ASSOCIATION VERS LA VIE ET L’EDUCATION DES JEUNES l RECONNUE D’UTILITE PUBLIQUE 1, place Charles de Gaulle Ŕ 78067 St Quentin en Yvelines Cedex Téléphone : 01.30.43.26.00 Ŕ Télécopie : 01.30.43.98.25 Courrier électronique Direction générale : [email protected] - 146 - Introduction Fabienne BROUSSE BRUNEL, Directrice « Par toute son éducation, par tout ce qu'il voit et entend autour de lui, l'enfant absorbe une telle somme de sottises, mélangées à des vérités essentielles, que le premier devoir de l'adolescent qui veut être un homme sain est de tout dégorger. » DE ROMAIN EXTRAIT DE ROLLAND J EAN -CHRISTOPHE « Bis repetita placent ? » Les choses répétées plaisent ? Pas si sûr… Je vais donc passer rapidement sur les sujets maintes fois évoqués ces dernières années, en particulier celui spécifiant les missions dřun service dřaccueil dřurgence. Même si les années passent, nos missions subsistent et cřest bien le seul point qui nřest pas en mouvement : lřaccueil, lřévaluation et lřorientation. Je ne peux pourtant pas évoquer lřannée écoulée sans tenir compte de la réalité vécue en 2014. Lřannée 2014 fut mouvementée, tant par des échéances de travail que par le public dřadolescents que nous avons accueillis, ces deux points furent parfois difficiles à assumer de front. Le projet de service a enfin été finalisé en avril 2014 après presque deux ans de travail. Lřévaluation externe sřest déroulée en mai dernier, un comité de pilotage représentant lřensemble des professionnels du service a été constitué et a travaillé avant, pendant et après lřévaluation. Et des adolescents !!!! Et quel travail. De par leur histoire et leur statut, le quotidien est plus compliqué pour les adolescents placés et ils savent nous le faire savoir !!! Adolescents qui interrogent sans cesse nos limites, leurs limites. Tous confrontés à la « norme » de leur environnement, tous convaincus de leur invulnérabilité, attirés par des conduites à risque, ou ayant besoin de vivre leurs propres expériences, nos paroles concernant les conséquences possibles de leurs actes ne suffisent pas toujours !!!! Il nous faut souvent « comprendre et décoder » leurs souffrances pour pouvoir les accompagner durant leur passage dans le service. Avec ce besoin permanent de déjouer nos règles de vie, dřêtre reconnus par leurs pairs, dřêtre intégrés dans le groupe dřadolescents du service et acceptés. Il nous faut aussi (personnel éducatif et assistants familiaux) gérer « les nouveaux doudous » des ados : « le téléphone portable et les réseaux sociaux ». 1. Année difficile Avec le manque dřassistants familiaux, des difficultés de recrutement qui retardent la stabilisation des équipes et pèsent sur les épaules de ceux qui restent… qui sřépuisent à leur tour, cette année 2014 ne nous aura pas épargnés. Au-delà de ce constat, alarmant pour lřavenir, sur la difficulté à trouver du personnel motivé (assistants familiaux) pour travailler avec des adolescents, lřimage négative de « lřadolescent à problèmes » jaillit dans chaque entretien dřembauche et fait peur à bon nombre de candidats au poste dřassistant familial qui ne donnent pas suite à leur candidature malgré nos propos rassurants. ESPACE ADOLESCENTS 91 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 147 - Pourtant, la plupart des adolescents sont rassurés dřêtre accueillis au domicile dřun assistant familial. Le service a réussi tout de même à mener à bien sa mission, oserais-je dire, contre vents et marées. Une pression accrue sur le service, à la limite de lřinjonction parfois, pour accueillir des jeunes qui ne souhaitent pas être accueillis au domicile dřun assistant familial, pour lesquels une place « est réservée » sur UGO* ( le service en ligne de lřaide Sociale à lřenfance de lřEssonne des places disponibles en établissements) et qui fuguent avant dřarriver dans le service ; cela représente 14 places réservées pour lesquelles nous nřavons jamais vu les jeunes ; cela se traduit par quatorze journées non payées sur lesquelles nous aurions pu accueillir dřautres jeunes, demandeurs de ce type de placement. Même sřils nous ont donné « du fil à retordre », nous apprécions de les voir revenir, après avoir quitté le service, pour nous donner de leurs nouvelles et constater parfois que nos propos qui semblaient ne pas faire écho lors de leur présence dans le service ont des répercussions maintenant sur leur quotidien. Espace Adolescents se trouve à la jonction entre les problèmes liés à lřadolescence et ceux liés au placement dans un service dřaccueil dřurgence, deux situations qui, séparément, sont déjà génératrices de passage à lřacte et qui, cumulées, les démultiplient. Parce que nous, avec nos inquiétudes dřadultes, leur semblons ridicules, il nřest pas toujours facile pour les professionnels du service dřêtre persévérants et fermes sur nos convictions et nos exigences et être en même temps à lřécoute et prêts à accepter les divergences qui feront que chacun dřentre eux deviendra un adulte respectable et respecté. Il y en a eu en 2014 des conflits, des fugues et des retours mais nous avons tenu afin de rester le havre protecteur et rassurant malgré tout, au sein duquel chaque jeune a pu se ressourcer, se rassurer, se consoler, se forger et grandir. Lřéquipe de professionnels exerce un travail dřécoute, dřévaluation et de médiation. Espace Adolescents 91 est un tremplin vers une prise en charge la plus adaptée possible au devenir de chaque jeune accueilli. Espace Adolescents se veut un lieu privilégié dřéchange, de dialogue et de débat pour que les adolescents qui nous sont confiés puissent se structurer en se confrontant à des limites qui, sans verser dans lřautoritarisme, sont portées par notre souci pour chacun dřentre eux, dřhonnêteté, de congruence avec nous et dřempathie pour eux. Quoi quřil en soit, le travail en réseau et la concertation restent indispensables pour éviter de travailler les uns à côté des autres et parfois même en contradiction quant à lřapproche dřun même problème chez un jeune. Notre vœu le plus cher pour cette nouvelle année va dans ce sens. *UGO : Urgence Guide Orientation ESPACE ADOLESCENTS 91 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 148 - L’ACTIVITE Fabienne BROUSSE BRUNEL, Directrice 1. L’activité Rappel : Espace Adolescents 91 qui se situe sur la ville dřEvry, à proximité de la gare du Bras de Fer, est un dispositif qui décline sa mission dřaccueil, dřévaluation et dřorientation pour un public mixte de 30 jeunes âgés de 12 à 21 ans. La structure fonctionne toute lřannée sur un mode continu. Lřactivité réalisée a été de 9411 journées, soit un déficit de 810 journées au regard du prévisionnel, ce qui se traduit par un taux dřoccupation pour lřétablissement de 92,08%. 102 adolescents ont été pris en charge durant lřannée. Lřaccueil familial a été réalisé à 90,24% (7687 journées). La difficulté de recrutement des assistants familiaux est de plus en plus prégnante, nous ne parvenons pas à remplacer les départs, malgré plus de 150 annonces, la distribution de plaquettes, et une annonce permanente sur le site de pôle emploi. Lřaccueil en semi autonomie a réalisé une activité à 101,23% (1724 journées). Nous avons été sollicités toute lřannée pour ce type dřaccueil sauf au mois de décembre 2014. Ce dispositif permet à des jeunes dřexpérimenter une vie plus autonome en appartement tout en conservant « un filet de sécurité ». Depuis début novembre 2014, 6 jeunes peuvent être pris en charge en appartement en semi autonomie (5 jeunes auparavant). Mais lřaccès à une place en semi autonomie nřest pas une fin en soi et cette année 3 jeunes, après avoir passé quelques semaines en appartement, ont dû réintégrer lřaccueil familial par mesure de protection. Il nřest pas toujours facile dřévaluer la capacité du jeune à faire face aux responsabilités de la vie quotidienne. ESPACE ADOLESCENTS 91 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 149 - Pour ces trois jeunes, cřest lřéquipe qui a opté pour ce retour : mise en danger, absentéisme scolaire, plainte des voisins, nous ont conduits à devoir reposer un cadre plus structurant. Revenir au domicile dřun assistant familial peut être parfois vécu comme une sanction (retour au contrôle permanent), mais vient aussi rassurer le jeune en repositionnant les limites à ne pas franchir ! Lřactivité globale du service est donc de 92,08% ce qui représente 9411 journées. En 2014, nous avons reçu 251 demandes dřadmission et réalisé 78 accueils ; 31% des demandes se sont transformées en un accueil. On constate une baisse importante des demandes dřaccueil en 2014 : 135 demandes dřadmission en moins. 2. La durée des séjours La moyenne du séjour est de 3,1 mois, quasiment identique à celle de lřan passé (2,9 mois). Les accueils de moins de trois mois sont en augmentation (39,22% contre 37,16% en 2013) par contre, on constate une baisse des séjours de 3 mois à moins de 6 mois : 12,75% en 2014 contre 16,81% en 2013. Jeunes accueillis Nombre de journées au cours de l'année de présence MOYENNE 2012 83 10246 123,4 jours 4,1 mois 2013 113 9796 86,7 jours 2,9 mois 2014 102 9411 92,3 jours 3,1 mois La durée moyenne des séjours représente 92,3 jours. ESPACE ADOLESCENTS 91 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 150 - Depuis 2 ans, les moyennes de séjour sont courtes, ce qui nřest pas sans incidence sur le travail de chacun. 51,97 % des accueils ont duré moins de 6 mois. 3. L’origine et le type de mesures Espace Adolescents aura été le premier lieu de placement à lřAide Sociale à lřEnfance pour 87% des jeunes accueillis (83,2% en 2013). 4. Les caractéristiques du public accueilli 5. Répartition filles / garçons 2009 2010 2011 2012 2013 2014 Filles 55 60 57 42 59 67 Garçons 39 33 47 41 54 35 TOTAL 94 93 104 83 113 102 Depuis 2011, le nombre de filles et garçons accueillis était quasiment identique, or cette année nous avons reçu 65,7% de jeunes filles et cela sřest ressenti au quotidien et en particulier dans la gestion des conflits entre les jeunes et des fugues. En effet, nous avons été confrontés à de nombreuses fugues ; 70,55% des journées de fugue sont à attribuer aux jeunes filles, soit seulement 29,45% pour les jeunes garçons. Lřobjectif des jeunes filles est souvent de rejoindre leur ami pour une ou plusieurs nuits. ESPACE ADOLESCENTS 91 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 151 - Un phénomène important cette année : les hospitalisations en psychiatrie. Les conduites à risque (scarification, état dépressif) nous amènent à conduire les jeunes vers ce type de service. 7 jeunes filles ont été hospitalisées en 2014, cela représente 10,4% du public féminin accueilli et 128 jours dřhospitalisation pour lřensemble des jeunes filles. Il est à noter que les jeunes filles concernées par ce type de prise en charge sont restées longtemps accueillies à Espace Adolescents, de 1,5 mois à 10 mois (une jeune est toujours présente dans le service). La durée de séjour moyenne est de 5,9 mois pour les 7 jeunes filles concernées, durée donc très supérieure à la durée moyenne de présence pour lřannée qui est de 3,1 mois. Age des jeunes présents en 2014 Tranches d'âges FILLES GARCONS TOTAL moins de 11 ans 0 0 0 11 ans 2 0 2 12 à 14 ans 24 12 36 15 à 16 ans 28 17 45 17ans 11 5 16 majeur 2 1 3 TOTAL 67 35 102 Un seul jeune a été accueilli après sa majorité, les deux jeunes filles majeures ont fêté leur majorité dans le service. 79,41% des jeunes ont entre 12 et 16 ans (78,76% en 2013). 6. Le pôle pédagogique Espace Adolescents est doté dřun dispositif particulier par rapport à un service dřaccueil dřurgence classique. Un dispositif de scolarisation, grâce à lřexistence du pôle pédagogique, lřéquipe est constituée de 3 éducateurs scolaires. Lřobjectif de ce pôle est de réconcilier les jeunes avec la scolarité, de construire une cohérence dans des savoirs très hétérogènes, de donner du sens à la connaissance en mettant en place différentes activités : scolaires, sportives, manuelles, culturelles et professionnelles (atelier cuisine entre autres). Le but ESPACE ADOLESCENTS 91 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 152 - de cet espace est de remobiliser les jeunes à réinvestir une scolarité ou une formation professionnelle dans un établissement de droit commun. Lřensemble des missions ci-dessus doit permettre aux jeunes de bénéficier dřun accompagnement et dřune aide personnalisée. Chaque jeune construit avec lřéquipe éducative et pédagogique, un projet personnel, social et scolaire ou professionnel. Ce travail leur permet dřaccroître leur autonomie ainsi que leurs capacités dřinsertion sociale et professionnelle. 100 jeunes sur 102 ont bénéficié dřun accueil sur le pôle pédagogique. 38,2% des adolescents nřétaient pas/plus inscrits dans un dispositif scolaire à leur entrée au SAU. Au terme de leur séjour à Espace adolescents, 4,9 % restent sans solution de scolarité. Les mineurs étrangers isolés ont tous été affectés dans les classes dřaccueil spécifiques de lřEducation Nationale. Lřactivité du pôle pédagogique représente 2211 journées sur lřannée soit 22,1 journées en moyenne par jeune pour une durée dřaccueil moyenne de 92,3 jours. Nous constatons que les jeunes sortis du système scolaire, en décrochage, souvent fragilisés, ne peuvent trouver seuls les ressources et les outils pour réussir leur retour vers un nouveau lieu de scolarité ou de formation. Apprendre cřest bien, mais cela ne suffit souvent pas à leur insertion. Il leur faut acquérir un certain savoir-être et apprendre à gérer leur vie au quotidien. Un accompagnement sur mesure est indispensable et est réalisé par le service. Seul ce type dřaccompagnement individuel aboutit, avec un fort taux de réussite, à une remobilisation ; la réponse et lřaccompagnement du service sont donc individualisés. Les activités socioculturelles proposées au service par les éducateurs scolaires ont pour finalité dřenrichir et soutenir lřaccompagnement éducatif. Au-delà des ateliers et sorties quotidiens, des projets spécifiques ont vu le jour en 2014. Pour la première fois, les œuvres réalisées par les jeunes dans le cadre de leur prise en charge sur le pôle pédagogique sont sorties de nos murs et ont été exposées, du mois de juin au mois dřoctobre 2014, dans les locaux du foyer maternel Clairefontaine (établissement de lřAVVEJ). Le thème de lřexposition choisi par le directeur du foyer maternel : « le monde vu de ma fenêtre -ouverte ou fermée- du dedans, du dehors ». La soirée consacrée au vernissage dans lřenceinte du foyer maternel fut très gratifiante pour les jeunes, avec un accueil, un buffet et des échanges extrêmement valorisants et reconnaissants. Lřexposition a pris ensuite son envol dans le hall dřaccueil du Conseil Général de lřEssonne en Novembre 2014. Les travaux artistiques réalisés dans le cadre du fonctionnement du pôle pédagogique sont le prolongement et lřexpression artistique du travail quotidien de lřéquipe et du groupe. Cřest aussi de cette façon que lřon aborde le travail scolaire sur le pôle pédagogique en passant par dřautres biais, et en particulier par la création artistique, car cela permet dřétudier lřexpression picturale et la perspective, la géométrie, la peinture, de travailler le carton et la photographie mais encore le français grâce aux textes qui accompagnent les œuvres. Lřaboutissement de ce projet a permis aux jeunes de prendre conscience de leurs capacités personnelles à mener à bien un projet et le vernissage fut perçu comme un temps où, enfin, des adultes étaient reconnaissants de leur travail. ESPACE ADOLESCENTS 91 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 153 - 7. Les orientations et départs du service ORIENTATIONS en 2014 NBRE % Structure éducative (MECS) Famille Lieu de vie Structure éducative en semi autonomie Fin prise en charge suite à départ en fugue Placement familial Foyer maternel Résidence sociale Service éducatif en autonomie + suivi psy Service éducatif avec suivi psy 22 17 4 12 9 8 1 1 3 3 27,5 21,3 5,0 15,0 11,3 10,0 1,3 1,3 3,8 3,8 TOTAL 80 100,0 16,7% des accueils réalisés nřont pas abouti à une orientation satisfaisante dont 9,8% suite à des fugues récurrentes et 6,9 % des jeunes sont retournés en famille sans autorisation et y sont restés alors quřaucun travail nřa pu être élaboré entre le jeune et sa famille. Les orientations réalisées sont en lien avec le constat fait cette année. En effet, 7,6 % des jeunes ont été orientés vers des structures proposant un suivi psychologique et 11,3 % des jeunes ont vu leur prise en charge prendre fin suite à des fugues longues. Néanmoins, 10 % des jeunes sont partis vers un placement familial ; nombreux sont les jeunes désireux de voir leur accueil au domicile dřune assistante familiale perdurer suite à leur passage à Espace Adolescents. En 2013, seuls 3,4 % des jeunes pris en charge avaient pu bénéficier dřune orientation en placement familial. Les orientations en structures de semi-autonomie ont été nombreuses cette année : 18,8 % (contre 9 % en 2013). Il faut noter que 22 jeunes ont été accueillis en appartement partagé dans le service. Le travail accompli avec ces jeunes a permis de les orienter plus facilement vers ce type de structure. 8. L’accompagnement psychologique des mineurs 13 adolescents ont adhéré à un suivi psychologique au terme de leur parcours au SAU auprès de Médiavipp, Pause, LřEntretemps et les CMP de secteur. 15 adolescents ont vécu des états de crises (angoisses, troubles anxieux, signes dépressifs, passages à lřacte, symptômes de stress post-traumatique) qui ont parfois nécessité lřintervention des urgences psychiatriques ou lřhôpital général pour les plus jeunes. 7 hospitalisations ont été réalisées. 89 jeunes ont rencontré au moins une fois la psychologue du service et 46 dřentre eux ont bénéficié de plusieurs entretiens au cours desquels soit un suivi psychologique a été engagé, soit les projets professionnels ont été travaillés, soit des tests et bilans cognitifs ont été réalisés. Sur lřannée 2014 : 9 groupes de parole ont été mis en place, 8 réunions dřassistantes familiales, 26 entretiens individuels avec les assistantes familiales, 11 visites à domicile, 9 entretiens de recrutement. ESPACE ADOLESCENTS 91 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 154 - 9. Le personnel du SAU Quelques mouvements de personnel au cours de cette année. Service éducatif o o o Trois démissions et donc trois embauches en CDI et une embauche en CDD en remplacement d'éducateurs en maladie ou en congés, Un licenciement dřun éducateur spécialisé pour inaptitude à son poste, Un remplacement dřun salarié en contrat dřapprentissage dont le terme est arrivé à échéance suite à lřobtention de son diplôme dřéducateur spécialisé. Assistants familiaux o o o Trois embauches en CDI (dont une en CDD à lřorigine, transformée en CDI), deux embauches en CDD (dont un CDD utilisé à quatre reprises), Trois assistantes familiales licenciées (inaptitude, perte dřagrément, faute grave), Une période dřessai rompue à lřinitiative de lřemployeur. Administratif o Une embauche dřune secrétaire en CDD le 25/11/2013 en remplacement de la titulaire du poste en maladie. Le CDD a été reconduit en 2014 au fur et à mesure des arrêts maladie. La secrétaire en poste est revenue le 17 janvier 2015. o o 10. Les formations en 2014 11. Les formations suivies dans le cadre du plan de formation Par les éducateurs scolaires du service pédagogique o Une éducatrice scolaire a suivi une formation sur le thème "apprendre à animer des ateliers à lřécoute des matériaux : des travaux manuels à discrétion ». Par le personnel du service administratif o o o Lřassistante de direction a suivi une formation sur le thème du secret professionnel. La comptable a suivi une formation sur la pratique de la paie. Lřéconome a suivi une formation sur la Convention Collective du 15/03/1966 et la législation du travail. Par les éducateurs spécialisés du service éducatif o o o o o 4 éducateurs spécialisés ont suivi respectivement une formation sur les thèmes suivants: Lřactualité et modalité de prise en charge des mineurs isolés étrangers. Lřagressivité, la violence, travailler à partir du passage à lřacte (2 éducateurs). Les mineurs et jeunes majeurs isolés. Une formation collective sur le thème « Ecrire en situation professionnelle dans le champ social » a été suivie par les équipes éducative et pédagogique. ESPACE ADOLESCENTS 91 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 155 - 12. En dehors du plan de formation o o o o o o o o Une assistante familiale a suivi la formation obligatoire d'une durée de 240 heures. Une assistante familiale a démarré cette même formation. Les assistantes familiales ont suivi, collectivement, une formation sur le thème « la responsabilité des assistants familiaux et les liens de lřéquipe autour de la prise en charge ». La comptable et lřéconome ont suivi une formation consécutivement à la mise en place du nouveau logiciel de comptabilité. Les éducateurs spécialisés et scolaires ont bénéficié dřune séance mensuelle dřanalyse des pratiques (10 fois durant lřannée). Les assistantes familiales ont bénéficié dřune séance mensuelle dřanalyse des pratiques (10 fois dans lřannée). Neuf salariés ont suivi la formation « secourisme, santé au travail ». Treize salariés ont suivi une formation de sensibilisation aux risques dřincendie. CONCLUSION Fabienne BROUSSE BRUNEL, Directrice Des aspects positifs pour cet exercice : Lřexposition des tableaux des jeunes au sein de deux lieux différents, un déjeuner barbecue organisé par le Comité dřEntreprise et un déjeuner spectacle pour la fête de Noël auront été des moments conviviaux et partagés avec quasiment lřensemble des professionnels et des jeunes. Des échanges constructifs avec les financeurs qui ont permis au SAU de réaffirmer la spécificité de son projet et dřobtenir ainsi la transformation dřune place au domicile dřun assistant familial en place supplémentaire en appartement partagé. Espace Adolescents loue donc aujourdřhui 3 appartements de type F3. Des éléments moins probants : Une temporalité divergente entre le rythme de travail du SAU et la disponibilité des acteurs de lřASE qui parfois alourdissent les prises en charge. Un déficit financier de 19676 € qui sřexplique par un déficit dřactivité lié à un nombre dřassistants familiaux trop faible. Une année qui se termine avec 4 mois de facturation de prix de journées non payés par les services du Conseil Général au 15 janvier 2015, soit un mois de plus dřimpayé par rapport aux années précédentes alors que les dépenses courantes sont à gérer mais avec 1/3 de ressources non versées !!!! Le questionnement pour finir, concernant les assistants familiaux qui deviennent difficiles à recruter et à remplacer. Néanmoins, la création dřune plaquette dřinformation sur le travail dřassistant familial à Espace Adolescents et nos multiples démarchages auprès des différentes PMI dřIle-de-France, semblent porter leurs fruits et nous apporte lřespoir de recrutements en début dřannée prochaine. ESPACE ADOLESCENTS 91 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 156 - Les jeunes nous prouvent au quotidien quřils sont « des artistes » mais le travail éducatif quant à lui est « un art » qui consiste dans la capacité de lřadulte à prendre du recul vis-à-vis de ces manifestations, parfois bruyantes, dřéviter le piège de répondre à lřagitation avec lřagir et à continuer d e rester dans le dialogue avec l e s j e u n e s . Il est nécessaire de garder un cadre sécurisant pour ces futurs adultes, de ne pas interrompre la relation établie jusquelà et justement dřaffirmer nos valeurs. Ce nřest pas en abandonnant les idéaux qui ont guidé notre façon dřêtre que nous arriverons à faire acte dřéducation à lřégard des jeunes. Les adolescents qui arrivent à Espace Adolescents ont souvent une valise peu garnie (au sens propre comme au sens figuré) mais souvent lourde de désillusion (rupture familiale, placements multiples, maltraitance…), de rancœur, dřincompréhension, de mal-être, souvent en échec scolaire. Tout cela passe par des comportements destructeurs pour eux et difficiles à appréhender pour nous tous qui les entourons au quotidien. Lřhorizon de leur avenir leur semble proche et loin à la fois. Nous sommes néanmoins là pour tenter de leur constituer un début de bagage pour leur vie dřadulte. « L’éducation est l’arme la plus puissante pour changer le monde » Nelson Mandela Aperçu des tableaux de lřexposition ESPACE ADOLESCENTS 91 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 157 - ESPACE ADOLESCENTS 91 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 158 - FOYER ÉDUCATIF "LA PASSERELLE" CONTACT : ACCÈS : 4 rue du Puits Sucré 91630 MAROLLES EN HUREPOIX Téléphone : 01.64.56.17.94 Télécopie : 01.64.56.07.12 Courriel : [email protected] Par la route : R.N. 20 - Après Arpajon, sortie Direction Évry. RER C : Direction Saint-Martin dřÉtampes Gare "Marolles en Hurepoix". ACCUEIL : "La Passerelle" reçoit des mineurs (10/21 ans) des deux sexes originaires, en priorité, du département de l'Essonne. Les groupes sont verticaux et de petits effectifs (10 à 11 jeunes). Effectif : 45 MISSION : Le Foyer Éducatif "La Passerelle" propose un accompagnement éducatif individualisé s'articulant autour de : o o o o o L'accueil L'action éducative accompagnée d'un travail avec les familles L'éventualité d'une orientation L'insertion scolaire et professionnelle La prise d'autonomie FONCTIONNEMENT : o o o o o Durée de prise en charge variable en fonction de chaque jeune. 3 collectifs 10 à 11 jeunes. 1 Service Appartements Partagés (S.A.P.) accueillant 13 jeunes. Équipe pluri professionnelle travaillant en interdisciplinarité. Inter partenariat étroit avec les référents sociaux, les acteurs locaux de lřéducation spécialisée et lřinsertion des jeunes. ADMISSION : La demande d'admission se fait par courrier avec une présentation du jeune et les raisons du placement. Le chef de service éducatif avec le psychologue évalue la faisabilité de lřadmission au travers de rendez-vous. La décision d'admission du directeur intervient dans les délais les plus brefs. ASSOCIATION VERS LA VIE ET L’EDUCATION DES JEUNES l RECONNUE D’UTILITE PUBLIQUE 1, place Charles de Gaulle Ŕ 78067 St Quentin en Yvelines Cedex Téléphone : 01.30.43.26.00 Ŕ Télécopie : 01.30.43.98.25 Courrier électronique Direction générale : [email protected] - 159 AGRÉMENT : L'établissement est agréé Aide Sociale à l'Enfance par le Conseil Général de l'Essonne. STRUCTURE : Directeur : Emmanuel BRETON Équipe : o o o o o o Chefs de service éducatif, Psychologues, Éducateurs spécialisés, Moniteurs Educateurs, Faisant fonction dřéducateurs en internat Comptables, Économe, Secrétaire de direction, Agents Techniques (Maîtresses de maison, Ouvrier dřentretien). ASSOCIATION VERS LA VIE ET L’EDUCATION DES JEUNES l RECONNUE D’UTILITE PUBLIQUE 1, place Charles de Gaulle Ŕ 78067 St Quentin en Yvelines Cedex Téléphone : 01.30.43.26.00 Ŕ Télécopie : 01.30.43.98.25 Courrier électronique Direction générale : [email protected] - 160 - Foyer Educatif LA PASSERELLE Emmanuel BRETON, Directeur Je souhaitais, concernant cette année 2014, laisser la place aux éducateurs, à leurs écrits, à leurs propos. Je souhaitais mettre en avant leur implication, leur engagement et leurs réalisations. Je souhaitais valoriser ce travail du quotidien quřils réalisent tout au long de lřannée auprès des jeunes que nous accueillons. Jřaurais voulu également faire le point sur lřannée écoulée, la fin des travaux dans le bâtiment administratif et sur notre nouvelle organisation qui en a découlée. Jřaurais voulu écrire sur le départ et lřimplication exemplaire dřune éducatrice et dřune chef de service éducatif. Jřaurais voulu parler de lřévaluation externe. Jřaurais surtout voulu parler des dix-sept jeunes qui ont quitté lřinstitution cette année, soit dans le cadre dřun retour en famille préparé et travaillé, soit dans le cadre dřun processus dřautonomie ou dřune orientation en service de chambre en ville. Jřaurais également voulu expliquer ce que le terme institution veut dire et le temps quřil faut pour y parvenir. Jřaurais voulu…Mais je ne peux pas. Ce qui me tourmente depuis début janvier et qui mřa contraint de refaire de fond en comble mon écrit, ce sont les deux moments de sidération successive dans lesquels jřai été pris en ce début de mois de janvier 2015… Sidération devant mon poste de télévision, car comme dřautres, je ne peux occulter lřeffroi survenu lors des évènements tragiques de ce début dřannée, car les mots me manquent pour décrire lřhorreur. Cela doit nous inciter encore et toujours à travailler au quotidien lřidée constamment actuelle du « vivre ensemble », et nous devrons toujours soutenir que dans lřaccueil de jeunes en difficultés, il nous faudra inlassablement privilégier la parole pour leur apprendre, à leur tour à parler. Sidération devant une feuille de papier, car nous avons reçu un courrier simple émanant du conseil général de lřESSONNE nous invitant très convenablement après un calcul de ratio moyen départemental dřencadrement à geler six postes éducatifs au Foyer Educatif LA PASSERELLE. « I would prefer not to…answer » en reprenant la maxime de BARTLEBY car les mots pourraient bien dépasser ma pensée devant une telle consternation, devant une telle aberration. Je ne peux ainsi laisser passer sous silence ces moments particuliers dans lesquels jřai été pris. Je ne vais pas utiliser ce lieu pour commenter lřeffroi du 7 janvier 2015 car ce nřest pas forcément le bon lieu mais je peux par contre commenter lřécrit daté du 8 janvier 2015. Lors de la réunion avec les directeurs dřétablissements sur la tarification différenciée datant du 20 janvier 2014 (et dont nous nřavons eu le compte rendu que le 28 août 2014, cela permettant par ailleurs de soutenir les réponses budgétaires 2014 incluant la tarification diversifiée…), un certain nombre de points ont été abordés. Ce compte-rendu daté du 28 août 2014 stipule les explications du nouveau calcul de tarification pour lřhébergement diversifié. Il retransmet également les échanges entre les participants. A la question de savoir sřil y aura, à lřavenir, une convergence tarifaire concernant les hébergements collectifs, le directeur de la DPPE, a répondu par la négative. Il est surprenant de sřapercevoir que la parole donnée dans le cadre dřune réunion publique disparaisse moins dřun an après. Nous continuons à apprendre aux adolescents que nous accueillons que la parole engage et quřà ce titre elle est précieuse et importante. Devons-nous changer cette façon de faire ? Devonsnous apprendre aux adolescents que nous accueillons que lřon peut dire et faire ensuite autrement ? Devons-nous leur transmettre quřil nřy a pas de conséquences à nos paroles et à nos actes ? Sans vouloir rassurer quiconque, nous ne pourrons adopter une telle conduite. Nous pensons que la parole engage, quřelle acte. Dans le moment de leur vie dřadolescent où ils apprennent à faire des choix, nous avons à leur transmettre le choix de la parole et ce quřelle implique comme engagement. Foyer Educatif La Passerelle RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 161 De plus, les services du département ont réceptionné un courriel de notre part en décembre 2010 visant à procéder à un redéploiement de poste au sein du Foyer Educatif LA PASSERELLE pour permettre de passer de 6,5 ETP en encadrement éducatif des collectifs à 7,0 ETP. Cela a été acté par ces services qui entendaient la justesse des propos et la nécessité, au regard du respect du code du travail, de procéder à cet ajustement. Le budget du Foyer Educatif LA PASSERELLE a donc été pourvu de 7,0 ETP dřéducateurs par collectif à compter du mois de septembre 2011. Le compte administratif 2012 indique clairement que le redéploiement est accordé en septembre 2011. Nous avons donc procédé aux embauches de personnel correspondant à cela. Que comprendre trois ans et demi plus tard lorsquřil nous est mentionné quřune réduction dřeffectif éducatif doit avoir lieu sous prétexte dřun ratio départemental? A quel jeu joue-t-on ? Que souhaite-t-on ? Quelle est la cohérence, la ligne directrice ? Par ailleurs, et il est important de le stipuler, les éducateurs au Foyer Educatif LA PASSERELLE assurent la continuité du service éducatif 24h/24h et 7 jours sur 7 et ce 365 jours par an. Or il est manifeste que le calcul dřencadrement éducatif ne tient pas compte, à dřautres endroits de la présence de surveillant de nuit. Il est donc ainsi difficile de compter et de comparer. Ou alors à vouloir clairement influer sur les choix associatifs en matière dřencadrement éducatif. Mais alors peut-être eut il été plus facile de le verbaliser clairement plutôt que par un procédé peu direct. Je ne peux que conclure que la stratégie mise en œuvre de tarification diversifiée ne visait, in fine, quřà masquer la volonté de convergence tarifaire. Il eut été plus simple et plus franc de nous lřannoncer directement et sans détour. Par ailleurs, je réagis fortement face à lřaffirmation sur les disparités constatées en matière de prix de journée ne proviennent que des ratios dřencadrement. La topologie des différents établissements nřest pas prise en considération, ni même le fonctionnement. Cette affirmation que je considère comme gratuite et sans fondement permet donc une conclusion sans appel puisquřelle se justifie par elle-même. Cřest même la pierre angulaire du propos qui permet dřaffirmer que le taux dřencadrement est trop élevé au sein de lřinstitution. Je ne suis pas sans savoir quřune maitrise absolue de lřévolution des dépenses est à lřordre du jour. Ainsi, certaines dépenses de nos budgets de fonctionnement sont identiques depuis maintenant plus de cinq ans. Je suis garant des dépenses budgétaires octroyées par le département. La gestion des établissements est régulièrement contrôlée par les services du département et aucune malversation nřy a jamais été détectée, ni même soupçonnée. Des éducateurs ont accepté de parler de leur quotidien, de leur pratique, de leur engagement et parce que leurs propos ne sont que rarement entendus aujourdřhui, parce que la logique budgétaire emporte tout sur son passage, parce que la rationalisation des moyens est à lřœuvre en oubliant quřil y a des personnes à prendre en charge par des personnes, je souhaite leur laisser la conclusion de cet écrit. Je souhaite néanmoins rappeler les propos de J.M.G. LE CLEZIO tirés du cahier du journal LE MONDE daté du vendredi 16 janvier 2015 : « Il faut cesser de laisser se construire une étrangeté à l’intérieur de la nation. Il faut remédier à la misère des esprits pour guérir la maladie qui ronge les bases de notre société démocratique. ». Foyer Educatif La Passerelle RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 162 - LA PASSERELLE au Sénégal Romain DUBARD, Educateur Depuis le printemps 2012, un projet humanitaire avec la volonté de travailler une certaine idée de la transmission a vu le jour au foyer éducatif LA PASSERELLE. Une équipe dřéducateurs, accompagnée de deux chefs de service et dřune comptable de lřinstitution, a longuement réfléchi sur la forme et le fond à donner à ce projet. Une réflexion commune basée sur la volonté dřinculquer aux jeunes accueillis des valeurs essentielles, telles que le don de soi, a émergé. Lřobjectif, donc, désiré par ce groupe de travail est « dřapprendre à donner » de son temps et de son énergie, à ces adolescents placés au sein de notre institution. En favorisant lřassociation « lřEmpire des Enfants » basée à Dakar au Sénégal, nous avons fait le choix dřaider une structure qui accueille des enfants de la rue. Ce projet a ainsi été nommé : LA PASSERELLE au Sénégal. Nous nous sommes aperçus que les adolescents accueillis au sein de notre institution deviennent très vite, à force de recevoir, de réels consommateurs et oublieraient même des choses essentielles, pensant que tout pourrait leur être dû. En réalisant et en participant à des actions précises telles que des brocantes, des tournois sportifs, des marchés ou des évènements de danse, nous mobilisons ces jeunes autour du don, du remerciement, du partage. A ce jour de nombreuses actions ont été reconduites chaque année. En 2015, une troisième soirée dansante va être organisée le 3 avril prochain à BALLANCOURT. Un tournoi de football à 7 honorera sa troisième édition à Marolles en Hurepoix en fin dřannée scolaire sans oublier les nombreuses actions précitées et qui sont reconduites au fil des mois. Bien entendu, toutes ces mobilisations sont produites et réalisées avec et par les jeunes de LA PASSERELLE. Nous avons aujourdřhui de nombreux partenaires qui interviennent soit de façon ponctuelle soit sur la durée : la Mairie de MAROLLES EN HUREPOIX, la FCPE de BALLANCOURT, lřassociation « Peuples Solidaires » … tous soutiennent ce projet ambitieux. Il est important de souligner lřimplication de M. BRETON, le directeur de lřinstitution, ainsi que le soutien de lřassociation « Les 3A ». Grâce à cette importante mobilisation et au travail conséquent de chacun, un départ à « lřEmpire des Enfants » a eu lieu en mai 2014. Deux jeunes de 15 et 16 ans et moi-même sommes allés sur place, les valises pleines. Nous avons pu apporter du matériel scolaire, du matériel éducatif, des maillots de sport et de quoi partager un gouter. Nous nous étions, au préalable, renseignés sur leurs besoins exacts afin de cibler au mieux nos dépenses. Une cérémonie officielle a été faite par lřensemble des adultes intervenants et des 33 enfants accueillis à lřempire des enfants. Cřétait chaleureux, festif et musical. Ce voyage a permis aux deux jeunes de découvrir et dřapprendre à partager. Cřest avec cette conviction quřelles sont rentrées et ont eu envie de véhiculer cette valeur auprès de leurs camarades respectifs. Lřune dřentre elle verbalise que cette aventure lui a permis dřaider dřautres jeunes et que cet accompagnement lui procure de la confiance en elle. Pour lřéducateur que je suis, ce voyage a ouvert ma réflexion sur lřengagement de chacun et sur la notion du collectif. De part ce voyage, de vrais échanges humains ont été noués, entre les jeunes, les professionnels et à ce jour Madame MBOW ANTA directrice de « lřEmpire des enfants » qui nous a transmis son envie de partenariat entre les deux institutions. Le jeudi 6 novembre 2014, lřéquipe de ce projet a invité lřensemble de LA PASSERELLE pour leur faire découvrir cette expérience et fédérer, ainsi, de nouveaux participants. Foyer Educatif La Passerelle RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 163 Lors de cette soirée, une vidéo du voyage leur a été présentée ainsi que le témoignage des trois protagonistes qui se sont prêtés au jeu des questions des plus curieux. Une atmosphère dřécoute et dřattention impressionnante a été observée. Aucune moquerie, aucun rire gêné, aucun bavardage, juste une incroyable concentration. Cela a permis lřenvie de sřimpliquer et dřagir chez de nombreux jeunes. Lřeffet attendu a été plus que réalisé. Les questions, les interventions, la parole … tout était intelligent et riche. Il est prévu pour cette année 2015 que deux départs soient réalisés dans la même configuration que le premier. Quatre jeunes et deux éducateurs seraient ainsi porteurs de la continué de ce projet et de ces valeurs que nous désirons toujours véhiculer. Je terminerai cet écrit en nommant madame MBOW ANTA : « Cřest à travers sa jeunesse que lřon construit sa vieillesse ». Le projet « LA PASSERELLE au Sénégal » est jeune et il lui reste à continuer de grandir… Tranche de vie Rodolphe VINCENT, Educateur 1. Le temps de l’accueil Notre service attache une importance particulière à lřaccueil dřun jeune. Lřaccueil marque une amorce de changement, le jeune faisant le choix de grandir, de se prendre en main, dřavancer pas à pas vers le monde adulte... Les jeunes admis au service sont le plus souvent attirés par un vent de liberté, ils sont aussi las de la collectivité. Nous tentons de leur proposer autre chose que cela. Chaque accueil est singulier et la transition dřun lieu vers notre service ne va pas de soi, elle nřest pas une formalité. En arrivant, le jeune quitte un lieu, des personnes, un environnement. Des émotions jaillissent et notamment de lřangoisse dans ces moments. Chaque jeune arrive avec sa propre histoire, le plus souvent traumatique ; le processus de lřaccueil vient raviver différents traumatismes, les séparations passées, le deuil, lřabandon… Lřadmission de Louise a été particulièrement délicate. Elle nřest pas prête à quitter son ancien lieu. La séparation qui lui est proposée, du fait de son orientation, la met dans un état dřangoisse prononcé. En sortant de lřentretien dřadmission, elle parvient à mettre des mots sur ce quřelle vit, « jřai lřimpression de revivre le jour où jřai dû quitter la maison pour aller dans un foyer. » Consciente de ce quřelle vit, rien ne vient la rassurer, malgré notre compréhension de sa situation et notre écoute. Louise est lřainée dřune fratrie de quatre enfants. Dans les débuts, elle vit avec sa mère, ses deux frères et sa sœur. Son père est décédé des suites dřune maladie, alors que le couple était déjà séparé depuis quelques années. Lřorigine dřune mesure de protection est liée au départ de sa mère dans son pays dřorigine pour des vacances. Louise avait 13 ans. Sa mère ne reviendra jamais en France. Louise donne lřalerte, deux mois plus tard, à lřassistante sociale scolaire. Les enfants sont alors confiés en urgence dans un foyer. Cřest de ce jour dont parle Louise après lřentretien dřadmission. Rien ne se déroule comme prévu pour procéder à son accueil. En effet, elle nřa pas préparé ses affaires : « Je nřai pas été préparée, on ne mřa rien dit, je ne savais pas que jřarrivais aujourdřhui, je me suis dit quřil y avait comme une période dřessai… que je pourrais choisir après». Louise est retraversée par son histoire et jette la faute sur lřautre. Elle se positionne en victime de ce qui lui arrive. Lřaccueil se poursuit dans son précédent lieu dřaccueil. La jeune va « faire trainer » son départ comme pour faire reculer lřinéluctable : lřorientation a été validée et organisée, il nřy a pas de marche arrière envisageable. Sur le moment, je ne la sens pas, compte tenu de la situation, partie prenante de son orientation. Il y a un tel décalage entre son attitude du jour et sa participation aux entretiens de pré admission, au cours desquels elle a pu exprimer son envie de venir au S.A.P. Elle sřétait en effet engagée. Son installation au service sřachève le soir mais elle est complètement déstabilisée. De toute évidence, Louise a vécu cette séparation comme violente. Foyer Educatif La Passerelle RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 164 2. Une porte ouverte pour faire des choix Lřaccueil dřun jeune au sein de notre service requiert son adhésion, il sřengage dans une prise en charge différente. Même mineur et sous mesure de protection, arriver dans notre service nřest pas une obligation, le jeune accepte une modalité de prise en charge particulière. Durant cette phase de rejet de Louise à lřégard du service, elle nřen nřest cependant pas restée là. De manière concomitante, elle a commencé à se questionner sur elle-même et sur ce quřelle souhaitait : Partir, rester ? Les jours se suivent et se ressemblent, Louise est agressive dans sa manière dřêtre. Tout est source de conflit. Elle nřest jamais clairement apaisée, toujours plus ou moins en colère. Il nřest pas si simple dřaller à sa rencontre tant elle met des barrières ou refuse le lien. Louise met à lřépreuve ce nouveau lien que nous lui proposons. Nous la découvrons différemment aujourdřhui. Cřest une jeune sensible, attachante, agréable, mais elle arbore une posture inverse : elle peut se présenter de manière froide, désagréable, voire irrespectueuse. Louise est en réalité une jeune timide et réservée et plutôt craintive dans son lien à lřautre. Elle a besoin dřapprendre à faire confiance. Louise fait ensuite rapidement lřexpérience quřelle peut compter sur notre écoute et notre attention. Elle vient exprimer sa souffrance par rapport à sa situation familiale. Elle vient en effet dřapprendre que lřorientation de sa sœur en famille dřaccueil est finalisée. Son frère doit être orienté dans un foyer, loin de la région parisienne. La situation est insupportable et Louise est confrontée à différentes difficultés : sřinstaller dans un nouveau service, penser à elle et à la construction de son avenir, supporter les difficultés familiales,… Elle craque littéralement auprès de nous, elle est en crise. Elle appelle sa mère quelques jours plus tard pour lui demander de revenir pour faire blocage face aux décisions des services sociaux. Tour à tour, chacun devient le responsable de la situation, lřA.S.E puis sa mère. Louise commence à faire confiance mais elle continue son questionnement car le service ne la satisfait pas. Louise nous dit à quel point son quotidien est difficile et pesant. Elle est dans un état dřépuisement moral, nous lřobservons et elle en parle. A son âge, nous lui demandons dřassumer et dřorganiser son quotidien, sa scolarité, les transports, les courses, la confection des repas, lřentretien de lřappartement…Louise souffre de ne pas avoir la vie des autres jeunes de son âge, elle doit « apprendre à se débrouiller seule », ne pouvant compter sur aucun soutien familial. Louise a maintenant choisi de sřinstaller au service. Elle a passé le stade de lřhésitation et du regret dřavoir accepté cette orientation. Auparavant, elle était comme partagée entre son envie de grandir et donc de prendre des responsabilités, et son besoin dřêtre encadrée par des adultes au sein dřun lieu « plus maternant ». 3. L’approche de la majorité et la demande de contrat jeune majeur Louise oscille encore entre deux attitudes. Lřune est plus « enfantine », elle a besoin de nous, de notre sollicitude, elle apprécie notre présence, notre écoute et nos initiatives. Lřautre est plus orientée vers la prise de responsabilité que nous essayons dřinsuffler chez elle. Notre service permet ces allers retours fréquents et nécessaires entre le monde de lřenfance et lřâge adulte. Louise fait également lřexpérience de notre présence et de notre absence, expérience essentielle pour mieux appréhender la solitude et prendre des initiatives. Louise parvient au fur et à mesure à se prendre davantage en main, à se rendre seule à certains rendez-vous. Il a fallu tenir bon pour lřaider à accepter quřelle devait commencer à faire seule. Louise accepte le lien que nous lui proposons. Elle a choisi de sřinstaller au service. Elle se met moins en colère, est moins exigeante et insistante dans ses demandes, par exemple en termes dřaccompagnement. Les premiers mois de lřaccueil, elle tentait en effet de nous faire reproduire un mode de prise en charge de « type foyer ». Nous lui avons offert dřautres possibilités, oser lřexpérience de lřautonomie. Louise est davantage en demande dřaide et elle est plus actrice de sa vie. Elle ne vient plus au service pour « déposer des demandes » et repartir derrière, attendant que nous gérions à sa place. A lřheure de sa demande de contrat jeune majeur, Louise se projette. Elle se fixe des objectifs et prend conscience de lřimportante de ce quřelle met en acte au quotidien. Foyer Educatif La Passerelle RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 165 Cřest très visible sur le plan scolaire. Ses paroles sont en effet suivies dřactes au quotidien : « Avant je disais que jřallais faire…mais cřest comme si je ne le pensais pas. Maintenant je comprends que mes notes et ma ponctualité sont importantes pour ma future formation… ». Elle est consciente que son comportement présent aura un impact sur son futur. Louise sřest remobilisée. Malgré « les épreuves de la vie », comme elle lřécrit dans sa lettre de demande de contrat jeune majeur, Louise veut se donner les moyens de réussir. Elle semble avoir trouvé son moteur et nřabdique pas face aux difficultés. Louise a de lřambition, elle choisit de combattre lřadversité plutôt que de subir. Elle veut « devenir quelquřun » ditelle, et montrer « aux autres » quřelle peut réussir, malgré son vécu. Notre service travaille à mettre en place les conditions nécessaires pour permettre à un jeune de se questionner, dans un premier temps, sur les raisons qui lřamènent à adhérer, ou non, à cette modalité de prise en charge différente. Cřest souvent la première fois quřun jeune, dans son parcours de vie, est amené à faire des choix et quřil peut faire une expérience progressive vers la responsabilisation. Louise semble être sur cette voie et nous lřaccompagnons à faire ses premiers pas vers le monde adulte. Cette jeune nous montre quřelle a des ressources, et en hypothèse des capacités de résilience. Etre éducateur… Steve FIDOL, Educateur Avant dřarriver au sein de LA PASSERELLE, jřavais une vague idée de ce que pouvait être le métier dřéducateur. Grace à un très bon accueil de la part de lřensemble de lřéquipe éducative lors dřune de leur réunion, jřai pu découvrir sereinement les bases de ce métier auprès des jeunes. Les réunions dřéquipes mettent à plat les différentes situations des jeunes, afin que toute lřéquipe éducative puisse avoir le même niveau de connaissance, pour élaborer les différents axes de travail. Le fait dřavoir été accueilli lors de ce moment privilégié mřa été dřune aide très précieuse une fois sur le terrain. En effet, jřai pu remarquer que ce métier demande énormément dřobservation, dřattention, dřorganisation dřéquipe, de persévérance et de polyvalence, le positionnement dřun éducateur peut être assez délicat dans certains cas, car nous devons avoir une certaine proximité auprès des adolescents tout en gardant la bonne distance. Ce qui nřest pas forcément évident, à première vue. Surtout que les jeunes accueillis au foyer présentent principalement des problèmes dřordres familiaux et sociaux et sont perturbés par leur situation et en manque de repères. Jřai travaillé en doublure avec mes collègues pendant les premières semaines, afin de pouvoir observer les jeunes sur leur lieu de vie et prendre la bonne distance, pour les accompagner au mieux vers leur autonomie. Là où jřai pu remarquer que mon positionnement pouvait être difficile, fut lors de ma première rencontre avec un jeune, cette rencontre fut si sympathique quřil aurait été facile de tomber dans du copinage. Sachant, par ailleurs, que lřambiance sereine quřil peut y avoir sur ce groupe peut tendre vers cette voie avec lřensemble des jeunes. Celle-ci est due notamment à lřorganisation de plusieurs transferts, voyages, sorties, fêtes ou ateliers permettant de sortir du quotidien en favorisant la cohésion sociale du groupe et la bonne ambiance existante dans lřinstitution. En insistant sur des notions telles que le partage et le savoir vivre ensemble, ainsi à travers des échanges et confidences nous pouvons leur apprendre ou réapprendre à faire ou refaire confiance. Jřai pu apprendre aussi énormément au niveau de la clinique éducative grâce à la présence dřun psychologue dans notre équipe, mais également lors de réunions de supervision avec un psychologue extérieur qui nous aide à réfléchir et prendre la bonne distance nécessaire sur certaines situations qui nous déroutent. Ces situations dramatiques et complexes sont la cause Foyer Educatif La Passerelle RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 166 même des placements, comment aider et accompagner un jeune afin quřil puisse vivre et se construire avec son histoire et ces différents traumatismes. Il nous faut rester à son écoute et faire preuve de persévérance, par les discussions, les conseils et avec notre organisation tout en restant souple mais aussi ferme dans nos décisions, pour lřaider à trouver sa place dans la société. Pour se faire, un projet éducatif personnalisé est élaboré pour chaque jeune en fonction de ses capacités et de ses besoins afin de pouvoir définir des objectifs réalisables liés à sa problématique, ses envies et ses potentialités. Cet outil indispensable est accompagné de rapports de situation retraçant lřensemble de son parcours dans notre institution. Ces écrits faisaient partis de ce que je redoutais le plus lorsque lřon mřa attribué ma première référence après quelques mois dřobservation. Là encore jřai pu trouver lřaide de mes collègues pour mřaider dans la méthodologie des synthèses facilitant lřécriture des rapports de situation. Je retiendrai tout de même que ce métier à également un côté parfois très particulier, car nous travaillons, dès leurs arrivées à leurs départs. Ainsi, nous accueillons des jeunes en demande dřaide et de protection, leur offrant bienveillance, soin et la chaleur dřun toit, afin de les aider à repartir dans de meilleures conditions, vers leur vie de futurs adultes. Et chaque départ dřun jeune à lřissue de sa prise en charge est un moment particulièrement émouvant et ce pour lřensemble du foyer. Ayant passé de nombreux temps ensemble, les jeunes qui nous quittent laissent une trace dans nos esprits. Ce qui rend les retrouvailles lors de simples passages sur le pavillon ou lors de fêtes institutionnelles toujours très riches en émotions. Que transmettre aux Educateurs à venir...? Marie-Dominique ACCARIE, Educatrice spécialisée Etant une éducatrice spécialisée, diplômée de longue date (1976) et très proche de la retraite, j'ai vu passer de nombreux jeunes hommes ou jeunes femmes qui souhaitaient devenir Educateur: stagiaires d'Ecole en stage court, en stage long, contrat d'apprentissage, contrat de professionnalisation… Ce que j'ai pu leur transmettre, au fond, je n'en sais rien, c'est à eux qu'il faudrait poser la question! Ce que je peux en dire aujourd'hui, ce sont, au cours de ce parcours professionnel, les axes qui ont été les miens dans ce travail. Des débuts bénévoles m'ont appris que le travail ne pouvait pas se faire seul. On travaille avec ce que l'on est, sa personnalité, mais encore faut-il se connaître soi-même (travail de toute une vie, qui se charge de vous faire évoluer...) et maîtriser les différents aspects de cette personnalité, certains pouvant servir ou desservir la relation que l'on a ou que l'on veut établir avec l'autre. L'autre, celui que l'on accompagne. Il est différent et semblable. Différent puisque placé dans ce "dispositif" spécial qu'est le service, l'établissement, l'association. Semblable car, j'en suis persuadée, on ne devient pas éducateur par hasard, on retrouve des similitudes d'histoire, de vie, de personnalité ou... ? Cet autre que l'on veut, que l'on doit aider, accompagner, il nous faut " l'apprivoiser" (au sens donné par SAINT-EXUPERY). On l'observe, on a envie d'établir une relation avec lui mais ça n'est pas toujours simple et il nous faut parfois un "décodeur", en tout cas, de l'aide. La bonne volonté ne suffit pas. On a très vite recours à un travail d'équipe, pluridisciplinaire. Pourquoi ce jeune ou cet adulte est-il là? Qu'est-on censé, que peut-on faire avec lui, pour lui? Des éléments de réponses nous sont donnés par le projet de lřassociation, le directeur, le projet de l'établissement ou du service, le chef de service, les collègues, le psychologue ou le psychiatre. Foyer Educatif La Passerelle RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 167 On travaille donc avec ce que l'on est mais aussi avec une équipe et pourtant pas en vase clos. Un établissement n'est pas une entité hors du monde, il s'inscrit dans une société, une politique sociale, avec laquelle on est d'accord ou pas, mais dont il faut tenir compte. Tout un "partenariat" et un réseau, termes actuellement très utilisés au cours des formations d'éducateurs. De mémoire, mon premier "partenariat" a dû être avec le commissariat de police local que j'ai appelé, démunie, face à un adulte de deux fois mon âge, "handicapé mental", comme on disait à l'époque, alcoolisé et violent qui tenait absolument à ce que je lui ouvre la porte du foyer au milieu de la nuit: "Pourriez-vous le placer en cellule de dégrisement et le raccompagner demain?"... La nécessité d'une formation s'est vite faite sentir, pour mieux comprendre ce que d'autres avaient étudié et compris auparavant, compléter et réfléchir une action quotidienne prenante et manquant parfois de recul. C'est le "A" qui m'a fait choisir mon lieu de formation: lřIPPA (Institut de Psycho-Pédagogie Appliquée). La formation, LACAN, FREUD, PIAGET, les cours de pédagogie, psychologie, sociologie ou droit ne présentent d'intérêt que s'ils permettent des allers-retours, des liens avec la pratique quotidienne. Car au milieu de tout cela l'intérêt et la priorité dans notre travail c'est l'enfant, le jeune ou l'adulte "à problème", ou appellation plus récente et que je n'aime pas: l'usager (qui vient consommer une prestation de service, comme l'usager de la RATP). La cause du mal-être de cette personne, on peut la supposer, la connaître, mais pas la modifier. Notre travail c'est de l'aider à la repérer, l'accepter ou plutôt à faire avec. A partir de notre rencontre, faire passer le message que, quel que soit le passé, l'avenir est à construire, avec notre aide puis seul avec des outils, à charge pour nous de les fournir, d'indiquer les possibilités. L'accompagnement oui mais vers quoi? Ce que je veux, moi ou ce qu'il veut, lui? J'ai fait mienne l'image qu'employait un Chef de Service: l'éducateur est "un ensemble de poteaux indicateurs". Le choix d'une population adolescente n'est pas un hasard. Si elle est réputée pour être une période difficile, l'adolescence est aussi la période de tous les choix, par opposition ou reproduction ou par le hasard d'une rencontre. Le choix d'un internat n'est pas anodin (ni même masochiste). L'essentiel de notre travail se passe au cours des moments du quotidien. Le réveil qui se passe bien, tranquillement et facilite la manière d'appréhender la journée. Il faut quelquefois intervenir, tout en respectant l'intimité. Le respect de l'autre qui ne se lève pas tout de suite. La difficulté de sortir du lit pour affronter une journée qui s'avère difficile ou affronter l'extérieur, l'école, le travail, l'extérieur, les autres. Le partage d'un repas qui peut-être l'apprentissage du partage, de la convivialité, de l'échange, savoir écouter l'autre, le respect (non, on ne répond pas au téléphone portable à ce moment-là! Non, on nřaime pas tous la même chose! Oui, certains ne mangent pas de porc...). Le partage des tâches, l'entretien de son coin de chambre mais aussi des lieux collectifs. On respecte le matériel, on se respecte soi et les autres. Un moment d'échange privilégié que peut-être un accompagnement en voiture, la préparation d'un gâteau, d'un repas qui, (comme par hasard!), entraîne la conversation sur la mère ou la grand-mère ou... Le coucher, avec pour certains le retour des inquiétudes et des angoisses à l'arrivée de la nuit. Et même si ce sont des adolescents, on peut s'entendre réclamer un "bizou" ou "une histoire"... ou se retrouver avec un jeune qui a décidé que c'était à ce moment qu'il voulait venir discuter, se confier ou proposer une tisane à celui qui "n'arrive pas à dormir". Mais bien sûr, tous nos "messages" ne passent pas du premier coup... cent fois sur le métier... et quelquefois ne passent même pas du tout! Une colère, un conflit sont vite arrivés. Là l'éducateur n'est plus entendu ni écouté, alors il faut mettre un arrêt. L'affrontement n'est pas toujours possible, ni conseillé! Alors il faut faire un pas de côté, attendre l'accalmie, attendre la possibilité de rediscuter, de revenir sur ce moment et le pourquoi de cette réaction. Foyer Educatif La Passerelle RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 168 L'importance des "petits" moments, qui n'en sont donc pas et même des tout petits moments: une cigarette partagée sur la terrasse, le temps de se calmer ou de se rasséréner. Une des difficultés de ce métier est que les résultats de notre action ne sont ni immédiats, ni mesurables ni quantifiables, ce ne sont pas des actes comptabilisables. Il faut que ce travail reste un accompagnement au quotidien du jeune et non pas la réponse à une commande sociale ou politique, une prestation de service (à qui rendrait-on service? A qui doit-on rendre service?). La refonte en cours des diplômes du travail social suscite polémique, inquiétudes et mobilisation. Nous sommes confrontés, comme le souligne le rapport du groupe de travail « métiers et complémentarités, architecture des diplômes de travail social », à la fragilisation de lřidentité des travailleurs sociaux qui « forgée dans lřEtat providence, est, aujourdřhui confrontée à des facteurs économiques, sociaux et politiques brouillant le champ de leur intervention ». Comme le souligne Jean-Marc BRUN, membre du collectif Avenir éducs, dans un article paru dans les ASH du 19 décembre 2014: « on veut détruire des métiers pour créer des techniciens qui entreront dans des procédures. » Jacques FRAISSE prédisait en 2010 l'émergence d'éducateurs libéraux dans son article paru dans les ASH du 14 novembre 2014: "Le fruit est mûr pour l'apparition des libéraux". Cela donne à réfléchir...et me questionne vraiment. Des groupes de travail, des collectifs se créent, les syndicats se mobilisent mais c'est à chacun de nous d'être vigilant pour maintenir la qualité de notre travail dans l'intérêt des jeunes que nous accompagnons au quotidien. Foyer Educatif La Passerelle RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 169 - Foyer Educatif La Passerelle RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 170 - FOYER EDUCATIF LE VIEUX LOGIS CONTACT : ACCES : 115 Avenue de la République 91230 - MONTGERON Téléphone : 01.69.40.84.84 Télécopie : 01.69.03.94.95 e-mail : [email protected] SNCF : Châtelet ou Gare de Lyon : RER D, direction Melun, descendre « gare de Montgeron-Crosne » AUTOBUS : A la gare de Villeneuve St Georges, autobus ligne A, descendre « station Pavillon Flore » VOITURE : N6, Sortie « Montgeron-centre » ACCUEIL : Maison dřenfants à caractère social, le Vieux Logis accueille 90 jeunes adolescents et jeunes majeurs dans 6 services mixtes. MISSION : 4 pavillons, destinés à lřaccueil de 11 à 12 jeunes, âgés de 12 à 18 ans. 1 service dřappartements partagés, pour 12 jeunes à partir de 16 ans. 1 service dřaccompagnement éducatif, pour 32 jeunes majeurs, logés en studios. AGREMENTS - HABILITATION : o Aide Sociale à lřEnfance STRUCTURE : Direction : Directrice : Marie-Laure MANUEL Directrice Adjointe : Véronique GUEGAN Chef de service : M. Jean-Marie BERNARD, Service des Appartements Partagés, en remplacement de Mme CREMET jusquřau 30 juin 2014 (congés maternité), M. Frédéric BISCARAS, Pavillon Crosne (Crosne), M. Ridha BOUZIDI, Pavillon Draveil (Draveil), Mme Sylvie THOMASSIN, Pavillon lřAbbaye (Yerres), jusquřau 30 juin puis Mr BERNARD, Mme Patricia BECKER, Service dřAccompagnement Educatif, Mme Florence CREMET, Service des Appartements Partagés, Effectif : 70 salariés ASSOCIATION VERS LA VIE ET L’EDUCATION DES JEUNES l RECONNUE D’UTILITE PUBLIQUE 1, place Charles de Gaulle Ŕ 78067 St Quentin en Yvelines Cedex Téléphone : 01.30.43.26.00 Ŕ Télécopie : 01.30.43.98.25 Courrier électronique Direction générale : [email protected] - 171 - ASSOCIATION VERS LA VIE ET L’EDUCATION DES JEUNES l RECONNUE D’UTILITE PUBLIQUE 1, place Charles de Gaulle Ŕ 78067 St Quentin en Yvelines Cedex Téléphone : 01.30.43.26.00 Ŕ Télécopie : 01.30.43.98.25 Courrier électronique Direction générale : [email protected] - 172 - Introduction Marie-Laure MANUEL, Directrice Le 9 janvier 2014, nous recevions au Vieux Logis pour une conférence, Monsieur Ghaleb Bencheikh, Théologien musulman. Le titre de son intervention : les religions dans la république. Lřérudition de Monsieur Bencheikh avait enthousiasmé les salariés présents au dernier séminaire de lřAVVEJ. Nous avions souhaité alors lřinviter pour que lřensemble des personnels du Vieux Logis profite de son message, sur la nécessaire laïcité, la citoyenneté pour tous. Un an plus tard, le 15 janvier 2015, voici comment il conclut un de ses articles dans « laïcité aujourdřhui » : « lřéducation, lřinstruction, lřacquisition du savoir, la science et la connaissance sont les maîtres-mots combinés à la culture et lřouverture sur le monde avec lřamour du beau et lřinclination pour les valeurs esthétiques afin de libérer les esprits de leurs prisons, élever les âmes, flatter les sens, polir les cœurs et les assainir de tous les germes du ressentiment et de la haine… » Vaste programme, chargé de convictions, auxquelles nous adhérons. Lřévaluation externe, a été menée entre mars et mai. Les équipes ont été sollicitées, accueillant sans difficulté les retours de lřévaluatrice ; se mettant au travail dès le mois de septembre pour construire le nouveau projet dřétablissement. Equipes confortées sur certains axes de ses missions : en particulier le travail avec les familles. Si nous pouvons, certains jours, comparer lřinstitution à un vaste navire, celui-ci a fait cette année, feu de tout bois. Souquez camarades, au charbon ! La fermeture dřun pavillon en début dřannée, a secoué les âmes, pour autant afin dřassurer lřactivité, les équipes ont accueilli plus de jeunes, se serrant autour de la table, se serrant les coudes ; moments dřincertitudes face aux nouvelles directives budgétaires : prix de journée diversifiés ; moments dřinquiétudes encore vifs pour le service des jeunes majeurs. Fatigués ? Oui bien sûr, certains jours de tempête, quand il est demandé de réduire la voilure. Agacés ? Certainement, quand la reconnaissance pour le travail accompli semble bien maigre. Fragilisés ? Forcément quand le monde autour ne tourne plus comme avant. Et pourtant, comme avant, les équipes continuent à créer, et mener des projets à leurs termes. Comme avant, des séjours dřété sřorganisent autour de la solidarité, du collectif, du partage, du mieux vivre ensemble. Comme avant, les missions dřéducation sont tenues. Depuis ce 7 janvier 2015, nos convictions sont encore davantage accrochées aux racines de lřéducation ; et plus que jamais notre responsabilité individuelle et collective est engagée. Foyer Educatif Le Vieux Logis RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 173 - Le service adaptable des appartements partagés : un dispositif Véronique GUEGAN, Directrice Adjointe et Florence CREMET, Chef de service éducatif Depuis 2006, Le Vieux Logis intègre dans son dispositif, un service dřappartements partagés, alternative à lřinternat classique pour garçons et filles de 16 à 18 ans. Avec une activité constante et des demandes qui ne faiblissent jamais, cet accompagnement est devenu essentiel dans la prise en charge des adolescents au Vieux Logis. A lřheure où les prix de journée sont en baisse pour les accueils diversifiés comme celui-ci, comment ne pas rappeler les atouts et les intérêts éducatifs de ce service. 1. Eviter les ruptures pour les jeunes qui ne supportent pas la vie en collectivité Déjà en 2000, le rapport dřactivité du Vieux Logis relatait les difficultés de certains jeunes à sřinscrire dans une vie collective, « pour certains de rentrer dans la structure et dřen accepter un tant soit peu les règles » et pour dřautres ce sont « les phénomènes de groupe qui ne permettent pas dřaborder un projet personnel mais favorisent plutôt leur inscription dans un processus de fuite de la réalité ». La collectivité dessert certains jeunes qui ne supportent pas le cadre et rendent la vie infernale aux autres jeunes qui y vivent. Les adolescents confiés à lřAide Sociale à lřEnfance depuis le plus jeune âge ont vécu une succession de placements : familles dřaccueil, lieux de vie, plusieurs foyers, parfois des séjours de rupture. A lřadolescence, ils sont réticents, voire opposés à un passage en foyer, leur accueil sur le service des appartements partagés permet une nouvelle étape valorisante. Ainsi, quand un jeune accueilli sur une structure dřinternat présente des difficultés à sřintégrer ou lorsque par ses comportements met la collectivité à mal, nous pouvons proposer une orientation sur le service des appartements partagés. A plusieurs reprises cette année, nous avons opté pour ce mouvement interne. Le passage dřun service à un autre avec un travail en commun des deux équipes permet dřassurer la continuité du projet du jeune. Depuis plusieurs mois, Amin, 16 ans, est accueilli sur un pavillon dřinternat. Son placement fait suite à la position particulière quřil occupe entre son père et sa mère. Le couple est séparé et Amin est au cœur dřun conflit où il sřoppose de façon violente à sa mère chez qui il vit. Son père, quřil rencontre fréquemment autour dřactivités de loisirs, attise ce conflit en lui racontant les détails de sa vie de couple. Dès son arrivée au foyer, Amin, comme à la maison, se mêle de toutes les histoires et remet en cause les positions éducatives, même celles pour lesquelles il nřest pas concerné. Les tensions dans le groupe de jeunes sont vives et les limites avec les adultes sont dépassées. La référente ASE contactée nřa pas de solution à proposer et Amin ne peut être dans sa famille. En équipe de cadres et avec les psychologues, nous formulons lřhypothèse quřà lřabri dřune vie collective et de ses affects multiples, Amin peut se saisir dřun accompagnement éducatif. Son admission est actée sur le service des appartements partagés. Amin reste un jeune compliqué mais la poursuite dřun travail plus individualisé reste possible car elle nřest plus embolisée par un quotidien ingérable. 2. Répondre à l’exigence d’une autonomie rapide Aujourdřhui, du fait de la diminution des contrats jeunes majeurs et de la mise en place du nouveau dispositif PACS91, il est demandé aux jeunes dřêtre autonomes plus tôt. La préparation à lřautonomie ne peut réellement se faire sur lřinternat où le jeune est pris en charge dans tous les actes de sa vie quotidienne. Sur le service des appartements partagés, les jeunes sont accompagnés dans la gestion de leur budget, dans la réalisation de leurs courses alimentaires, la constitution de leurs repas. Ils font lřexpérimentation de se réveiller seul pour aller à lřécole ou en stage, de gérer leur relation avec les voisins. Ils doivent être capables dřinterpeller les éducateurs. Cette démarche pose un cadre bien différent de celui des internats où les jeunes vivent en permanence sous le regard des éducateurs attentionnés. Parfois ils sřen plaignent ou Foyer Educatif Le Vieux Logis RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 174 - sřy opposent. La semi autonomie permet au jeune dřêtre mis dans une situation où cřest à lui dřaller vers lřadulte en qui il place sa confiance. Mégane âgée de 16 ans est adressée sur le service à son retour de séjour de rupture. Elle a vécu de nombreux abandons depuis sa naissance. Lřorientation en séjour de rupture fait suite à un comportement en opposition permanente de Mégane au cadre et au refus de toute contrainte. Outre la question de lřapprentissage à lřautonomie, nous devons travailler avec Mégane pour quřelle puisse maitriser sa colère contre les adultes. Nous savons que le temps est compté et que si Mégane demeure une adolescente en rébellion, rien ne sera possible à 18 ans : elle ne sera pas dans une position de demander de lřaide par lřintermédiaire dřun contrat jeune majeur, aide dont elle aura vraisemblablement besoin. Pendant deux années, nous avons accompagné Mégane de façon extrêmement soutenue dans la gestion du quotidien : apprentissage au niveau de lřentretien du logement, de la constitution des repas, gestion du budget, des courses, de lřorganisation de son temps (levers, couchers, sorties, RDV, stages…). Cette proximité journalière a permis de construire une vraie relation entre Mégane et lřéquipe éducative. Mégane grâce à lřautonomie apprise pas à pas est sortie du service avec un emploi et un accueil sur un service jeune majeur. Une autre composante de lřaccès à lřautonomie est lřintégration des règles. « Lřenjeu éducatif, nous dit Eirick Prairat, consiste à ouvrir lřenfant à lřintelligence juridique de la loi,… que la loi peut-être autre chose quřune simple limite »20. Lřautonomie nécessite lřassimilation de la loi, donc sans rappel dřun tiers en permanence, sans que lřéducateur ne soit là pour la rappeler sans cesse. La vie en appartements partagés nécessite lřacceptation des règles de vie : heures de sortie, levers, couchers, repas pris en commun avec les éducateurs, respects des rendez-vous… Par ailleurs, le développement des formations en apprentissage a un impact sur le service des appartements partagés, particulièrement bien adapté pour ces jeunes salariés. Alors quřen internat, les contraintes et les réalités dřune vie autonome sont difficiles à comprendre pour ces adolescents à moitié inscrits dans une vie dřadultes et à moitié dans une relation de dépendance institutionnelle. Lřéquipe des appartements partagés propose un accompagnement en lien avec la réalité pour ces jeunes qui doivent apprendre à gérer des responsabilités liées à leur vie professionnelle (levers, transports, préparation de la gamelle, relation avec les employeurs…). Leur petit salaire est inclus dans leur budget et lřapprentissage dřune gestion rigoureuse entre dépenses et épargnes est assurée par les conseillères en économie sociale et familiale. 3. Individualiser l’accompagnement Les projets personnalisés élaborés conjointement, donnent la direction et les actions à mettre en place avec et pour chaque jeune accueilli au Vieux Logis. Sur les internats, les particularités ont cependant du mal à être prises en compte. Même expliquées, soutenues par les équipes éducatives, des règles différentes accordées pour un jeune, sont vécues comme des privilèges par les autres. Au service des appartements partagés, le mode dřaccompagnement peut être affiné à chaque situation puisque les jeunes ne vivent pas sur le même site. De plus, les adolescents présentant des difficultés importantes peuvent bénéficier dřun accompagnement individuel. Ainsi, Agnès, devenue aveugle suite à de graves maltraitances, a pu être accueillie au Vieux Logis avec son chien. Son lieu dřhébergement a dû être adapté à son handicap, nous avons dérogé à certaines règles, notamment la présence dřanimaux sur le service. Les éducateurs ont su trouver des moyens de communication efficaces afin de mettre en place un suivi efficient et pertinent. Tous les réseaux ont été actionnés pour lřaccompagner dans un accès à lřautonomie et elle est sortie du service avec une formation rémunérée et un logement en milieu ordinaire. 20 Eirick Prairat, « la sanction, petite méditation à lřusage des éducateurs », Edition lřHarmattan, Paris, 1997 Foyer Educatif Le Vieux Logis RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 175 - Outre la question de lřindividu et malgré les différences, cet accompagnement spécifique en appartements partagés, apprend à décliner la palette des relations humaines et du bien vivre ensemble : partage des lieux communs, des tâches, des règles de vie. Les missions du service des appartements partagés sont en totale adéquation avec la loi 2002-2 dont lřobjectif principal est de garantir la qualité de la prise en charge par un accompagnement individualisé favorisant lřautonomie. Aussi, à la suite de nombreux textes21, cette loi vient réaffirmer dans son article 7 « lřexercice des droits et libertés est garanti à toute personne prise en charge dans les établissements sociaux et médicaux sociaux. Dans le respect des dispositions législatives et règlementaires en vigueur lui sont assurés le respect de la dignité, de son intégrité, de sa vie privée, de son intimité et de sa sécurité ». Lřintimité est une question particulièrement sensible pour les adolescents qui sont en demandes dřespaces « privés ». Lors des admissions, souvent le jeune demande une chambre individuelle. Sur les collectifs, nous ne pouvons que rarement les satisfaire mais la configuration des appartements partagés propose à chacun une chambre individuelle. Le travail avec les familles se trouve également facilité par la configuration des locaux : quatre appartements de trois jeunes et un pôle éducatif composé de bureaux et dřune cuisine. Lřaccueil des parents peut se faire en dehors du groupe et dans un autre cadre. Mireille est placée dans le cadre dřune Ordonnance Provisoire de Placement car sa mère vit une situation dřerrance et ne peut sřoccuper de sa fille. Les droits de visites sřexercent dans la rue, dans un centre commercial, sur le quai dřune gare… Nous avons proposé à Mireille et sa mère de se rencontrer au service. La semaine précédant la première rencontre, une éducatrice a appris à Mireille une recette de gâteau quřelle a confectionné avec sa mère lors de leur échange. Ce moment de vie est mis en place de façon régulière, le dimanche après-midi toutes les deux semaines et participe pleinement à lřépanouissement et à la sérénité de la jeune. Entrant dans la catégorie des « accueils diversifiés », ce service se voit attribuer un prix de journée différent des internats. Comme sur les structures collectives, les jeunes pris en charge sont des mineurs, ils font lřobjet du même cadre juridique, ils ont un besoin dřaccompagnement éducatif soutenu et le service doit couvrir tous leurs frais (alimentation, vêture, scolarité, transport…). Les équipes pluridisciplinaires sont pareillement constituées et les éducateurs travaillent 24 heures sur 24, comme en internat. Pourquoi cette distinction ? Le travail avec les familles Jean-Marie BERNARD, Chef de Service éducatif Sur le plan juridique, la loi du 2 janvier 2002 et la loi de 2007 consacrent la place et le rôle des parents dans le processus dřéducation des enfants. En conséquence, aujourdřhui, le travail avec lřenfant, en internat, ne peut se faire sans le concours de ses parents. Ecouter leur point de vue sur la situation est primordial. Comment vivent-ils le placement ? Quřen attendent-ils pour leur enfant, et pour eux ? Cřest le point de départ du travail avec les familles. Le Vieux Logis a décidé dřinscrire au cœur de la prise en charge le travail avec les familles. Outre la question de la loi, il sřagit de sřemparer dřune véritable richesse pour construire le projet éducatif de chaque jeune accueilli. Richesse pour le jeune, sa famille et bien sûr les équipes dans leur ensemble qui y voient là un regain dřintérêt pour leur fonction elle-même soutenue par des formations. 21 Lřarticle 12 de la déclaration universelle des droits de lřhomme (1848), lřarticle 8 de les conventions européennes de sauvegarde des droits de lřhomme et des libertés fondamentales (1950), lřarticle 9 du code civil, loi relative à la protection de la vie privée (1970)…. Foyer Educatif Le Vieux Logis RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 176 - Le travail se décline en plusieurs étapes : o Les rencontres instituées autour du Document Individuel de Prise en Charge (DIPC) et du parcours individualisé. Pendant ces entretiens, le chef de service accueille le jeune et ses parents en compagnie de lřéducateur référent de la structure. Ils présentent dans un premier temps le cadre dřaccueil et précisent le fonctionnement du foyer. Dans un second temps, ils écoutent pour veiller et aider les parents à maintenir et à prendre soin des liens qui les unissent à leur enfant. Je pense à cette maman avec qui nous rédigeons le DIPC pour lřaccueil de son fils de 15 ans. Cřest son premier placement. Le rapport de lřASE fait état de violence du jeune envers sa mère. Elle élève seule ses trois enfants et il est le plus âgé. Lorsque lřentretien se termine, elle pleure. Elle reconnait à la fois que la situation ne peut perdurer mais il lui est aussi très douloureux de nous confier son fils. Elle a du mal à accepter un retour en famille tous les 15 jours, même si elle entend des professionnels convaincus, que quelquefois on sřentend mieux quand on est séparé et que le plaisir de se retrouver nřest que plus grand. o La mise en place du référent éducatif a été actée dans un texte annexe du projet dřétablissement. Il rappelle lřimportance que nous attachons à ce que chacun tienne sa place dans la prise en charge. Ainsi, nommer un éducateur référent, cřest offrir à des jeunes, qui nřont pas eu la chance de nouer des liens suffisamment sécurisés, de faire lřexpérience dřun lien à la fois contenant et bienveillant et leur permettre de se confronter à un adulte, à une autorité, qui le soutiendra dans sa construction identitaire. Sur certaines équipes, le chef de service et la psychologue reçoivent au moins une fois au siège de lřinstitution, les parents. Les jeunes sont informés de ce rendez-vous. Cřest une autre façon de les reconnaître, mais aussi, dřécouter leur souffrance et leur culpabilité de ne pas être des parents « parfaits ». Une fois, une maman se présente au rendez-vous avec son fils. Ce dernier est allé chercher sa mère à la gare et est prêt à attendre la fin du rendez-vous pour la ramener à la gare. Lorsque nous lui expliquons que nous prendrons soin de raccompagner Mme, il est rassuré et ils acceptent de se séparer. Il tenait visiblement beaucoup à ce que sa mère vienne à ce rendezvous. Une autre fois, une maman a visiblement fait beaucoup dřeffort pour venir. Elle est accompagnée par une amie. Elle parle peu : oui, non, peut-être, je ne sais pas… Maintenant cřest un peu mieux le week-end… Elle est comme figée sur sa chaise. Lřentretien est court. Cette maman a un suivi psychologique assez lourd et il lui est très difficile dřaller plus loin aujourdřhui. Cřest trop difficile pour elle de parler de sa fille. Elle lřaccueille tous les 15 jours à la maison. Nous pouvons imaginer, comme pour le premier exemple, que les week-ends à la maison représentent un véritable effort. Ici ce sont les enfants qui sont amenés à sřoccuper de leur parent. Nous faisons le pari que ce type de rencontre aide le jeune à « faire avec » son père et sa mère tels quřils sont, avec leurs possibilités et leurs limites. Il peut être mis en place des rencontres à domicile. Lorsque les parents rencontrent de grandes difficultés à se déplacer. Ce type de rencontre est discuté en équipe éducative et les participants seront différents suivant lřobjectif poursuivi. Il peut sřagir de présenter le service et de présenter lřéducateur référent. Dans dřautres situations la présence du chef de service ou/et du psychologue peut être pertinente. Lorsque nous arrivons au domicile de Mme D qui nous reçoit dans la cuisine, la table est encombrée de vaisselle et il nřy a pas une chaise de libre. Mme avoue quřelle avait oublié le rendez-vous. Lors de cet entretien nous serons sans cesse dérangés, par la voisine, par des enfants de Mme ou des voisins qui viennent demander à manger. « Vous savez ici cřest la maison du bon dieu ». Mme est débordée et parle surtout beaucoup dřelle, de sa difficulté à joindre les 2 Foyer Educatif Le Vieux Logis RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 177 - bouts. Son fils que nous accueillons semble être une satisfaction pour elle. Les repères que le jeune réussit à construire à lřextérieur du réseau famille lui permet de sřen sortir. Cependant, cette visite peut expliquer la tristesse dont il est parfois envahi lorsquřil rentre le dimanche soir au foyer. Avec le temps il réussira à parler de son malaise aux éducateurs. Toutes ces informations et observations des uns et des autres recueillies dans un contexte différent de lřinternat vont permettre à tous les éducateurs de mieux comprendre les réactions, peut-être de mieux déceler les centres dřintérêt, de les développer pour que le jeune gagne peu à peu confiance en lui et envers les autres. Au fur et à mesure de la prise en charge, lřéquipe éducative peut, en fonction de lřévolution de la situation, proposer dřautres rendez-vous avec les parents ou les proches de la famille. Dans tous les cas il semble que les jeunes soient très sensibles à la prise en compte de leurs parents par lřinstitution. Ce travail modifie sensiblement notre regard sur lřenfant et sa famille mais il valorise aussi le travail dřaccompagnement en internat qui est souvent présenté comme le moins gratifiant de lřéducation spécialisée. Ainsi, pour les jeunes, ces différents entretiens leur donnent, dřune part, la possibilité de mieux vivre le placement et, dřautre part, de mieux appréhender leur place dans la famille. Cřest aussi les aider à sřautoriser à penser à eux et leur permettre de progresser vers toujours plus dřautonomie. Ce qui intéresse les jeunes cřest : « De trouver une validation à leurs perceptions, de ne pas se trouver seuls à penser, et de se construire des repères pour comprendre leur situation.22» Pour les parents, ils offrent la possibilité dřun dialogue avec différents professionnels qui peuvent les aider à verbaliser leurs difficultés et leurs interrogations. Leur place de parents est préservée et permet aussi à chacun de sřappuyer sur leurs compétences. Ils continuent de transmettre à leur façon le passé familial pour « maintenir et renforcer les liens et le sens de la vie, pour permettre aux plus jeunes de devenir des êtres de culture, créatifs et féconds, pour lutter contre les dérives individuelles et les ruptures extrêmes, pour faire du lien social un lien vivant »23 Enfin pour les professionnels, cřest une manière dřélargir et dřenrichir leur savoir professionnel, de développer le réseau de proximité avec lřASE, de tisser des liens plus ténus avec des partenaires en capacité de soutenir le projet du jeune dans toutes ses dimensions (écoles, missions locales, entreprises…). Il faut reconnaître que ce travail de reconstruction du lien familial qui sřinscrit de façon durable dans un internat, fait évoluer les pratiques et nécessite de la part des professionnels adaptation et souplesse pour que les rendez-vous soient assurés. Chacun sait que lorsque les jeunes peuvent sřappuyer sur des adultes fiables, sensibilisés à leur histoire et capables dřy faire face, il se crée des liens de confiance et cřest ce qui leur permet de se construire sereinement. 22 23 Frédérique VAN LEUVEN « Accompagner les enfants quand les parents vont mal Les ASH N° 2889 page 29 Maryse VAILLANT « Pardonner à ses parents » Edition POCKET Paris juin 2013 Foyer Educatif Le Vieux Logis RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 178 - Choisir l’itinérance et le camping pour un séjour Isabelle, Marie, Djibril, Issame, Educateurs Nous sommes allés jusquřà nous dire qu'il fallait arrêter de dire transfert et parler de séjour. Et c'est vrai. Pourquoi les familles, les centres sociaux, les organismes de centre de vacances, les établissements scolaires, organisent-ils des séjours, et nous...les éducateurs, quels que soient nos publics, organisons des Transferts ? Lorsque le projet de partir avec l'ensemble des adolescents du pavillon quelques jours au début du mois de juillet s'est confirmé, la question est évidemment restée très secondaire et anecdotique. Néanmoins, il est parfois bon de réinterroger l'habitude et l'usage, pour s'en défaire ou s'en réapproprier le sens. Aussi, comme un clin dřœil à cette réflexion restée en suspens, nous ne parlerons pas, à l'occasion de cet article, de transfert mais simplement d'un séjour. Organiser un séjour pour des mineurs est un acte éducatif. Outre les capacités dřorganisation indispensables, lřéquipe éducative doit construire sa démarche pour donner envie ! Pour mener à bien notre projet, nous avons analysé au préalable les critères pédagogiques, réglementaires et logistiques qui vont, soit contraindre, soit au contraire, motiver le projet. Lorsque cela est possible, il est pertinent dřimpliquer les jeunes dès le montage du projet. Les objectifs éducatifs poursuivis sont définis en lien avec les caractéristiques du public et de lřactivité. Lors de notre première réunion de travail nous nous sommes arrêtés sur la forme du séjour, la durée et la destination. Il s'agira d'un séjour en itinérance, en camping et pendant dix jours. Nous résumons le tout dans un titre : « Les Pyrénées, de l'Atlantique à la Méditerranée ». Foyer Educatif Le Vieux Logis RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 179 - Nous choisissons les lieux de séjours afin que soit reflétée la variété des activités et paysages que permet un tel écart. Saint-Jean-de-Luz (Pyrénées Atlantiques-64) pour l'océan et la voile, Prades (Pyrénées Orientales-66) pour les activités d'eaux vives de type canyoning et rafting, et Saint Cyprien (Pyrénées Orientales-66) pour la plage. Alors pourquoi ce choix de l'itinérance et de la formule camping ? Nos objectifs étaient de différents ordres : D'un point de vue pratique : 1. Satisfaire les différentes envies s'exprimant au sein du groupe (plage, sports, visites...) Le but étant que tous soient motivés, un séjour avec une thématique unique aurait pu rebuter ou dissuader ceux se sentant éloignés ou n'appréciant pas l'activité ou l'environnement proposé. 2. Conserver un budget maximum pour les activités Le budget hébergement occupe une part importante des coûts d'un séjour. La solution camping permet de dégager du budget que l'on peut réaffecter aux activités et aux sorties par exemple. 3. Expérimenter des lieux et des paysages différents sur un temps relativement court C'est proposer de la richesse et de lřintensité. Cela offre une dimension aventurière qui peut être une source de motivation supplémentaire pour le groupe. Foyer Educatif Le Vieux Logis RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 180 - D'un point de vue éducatif et pédagogique : 1. Permettre une prise de recul avec la mise en place d'une rupture avec le quotidien et les habitudes de chacun Aller ailleurs et vivre différemment. Penser à autre chose. C'est tout cela qui permet de construire la fraîcheur et lřénergie du retour de vacances. L'itinérance et le camping apportent aussi par ce contraste. 2. Favoriser l'apprentissage de l'autonomie Donner envie aux jeunes de se passer de l'adulte et réciproquement, la volonté de l'éducateur dřaider le jeune à se passer de lui, en lui offrant un espace de liberté attrayant et rassurant. 3. Développer l’engagement et la responsabilité de chacun dans le quotidien et la vie du groupe d'une manière générale L'itinérance et le camping, c'est se prendre en charge entièrement dans le quotidien et faire preuve d'anticipation, de prévoyance, d'organisation et de patience. Surtout lorsque la météo n'est pas au beau fixe. Il faut faire avec sérieux ce qui est à faire. On apprend que rien ne se fait seul. On s'éloigne de la consommation pure. Monter et démonter sa tente, les courses, la vaisselle et le rangement. Le maintien de ses affaires propres. Préparer un trajet, une sortie. Les tâches sont nombreuses et les occasions d'implications également. Enfin, La gestion des ressources : (eau, énergie, déchets), les soirées à la belle étoile sont autant de supports pour développer l'éducation à l'environnement et lřécocitoyenneté. 4. Améliorer, renforcer la qualité des relations au sein du groupe. Educateursjeunes et jeunes entre eux. Se constituer des souvenirs communs, disposer de l'espace et du temps qui peut parfois nous manquer dans les structures pour échanger et construire la confiance nécessaire à toute relation éducative. Ce sont également des moments d'observation privilégiés. Lřitinérance souligne lřinterdépendance entre les membres du groupe : on avance, on sřattend, on se redécouvre, on joue, on fait des rencontres. Cette vie en groupe nécessite lřapprentissage de la coopération, du compromis et du respect. Éléments indispensables pour que naisse un groupe plus fort et complice. Il s'agissait d'une première expérience pour quasiment l'ensemble des dix jeunes… L'équipe de quatre éducateurs fonctionnait ensemble depuis environ un an au moment du départ. Les conditions de vie en camping ont été très vite surmontées. Le groupe a vécu ce relatif inconfort et même la météo pluvieuse des premiers jours comme un tout à positiver, bien décidés à profiter du moment, sans se focaliser sur cet aspect-là du séjour. En revanche, nous avons eu plusieurs remarques sur lřitinérance de la part des jeunes : « On a trop bougé », « On aurait dû rester plus longtemps dans chaque endroit ». La problématique adolescente se retrouve dans la participation au quotidien où les éducateurs doivent rappeler la nécessaire solidarité. En conclusion voilà les quelques éléments qui ont alimenté le choix de cette forme de séjour. Cela n'en fait pas un absolu, juste une option parmi d'autres. Le bilan fut positif et les intuitions ou hypothèses sont confirmées. Les collègues ayant participé à d'autres séjours parlent de l'intensité particulière qu'apportent l'itinérance et le camping, de l'implication et l'autonomie que cela nécessite, et de l'effet positif sur les relations au sein du groupe. A vos choix ! Foyer Educatif Le Vieux Logis RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 181 - Le Vieux Logis en Chiffres : Foyer Educatif Le Vieux Logis RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 182 - Foyer Educatif Le Vieux Logis RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 183 - Foyer Educatif Le Vieux Logis RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 184 - Foyer Educatif Le Vieux Logis RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 185 - Foyer Educatif Le Vieux Logis RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 186 - Foyer Educatif Le Vieux Logis RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 187 - Foyer Educatif Le Vieux Logis RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 188 - Foyer Educatif Le Vieux Logis RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 189 - Foyer Educatif Le Vieux Logis RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 190 - Foyer Educatif Le Vieux Logis RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 191 - Foyer Educatif Le Vieux Logis RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 192 - Foyer Educatif Le Vieux Logis RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 193 - Foyer Educatif Le Vieux Logis RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 194 - Foyer Educatif Le Vieux Logis RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 195 - Services AEMO-AED Sceaux et Rueil A Sceaux : Effectif : 94 prises en charge familiales pour des enfants de 0 à 6 ans à lřadmission. Une seule prise en charge par famille, quel que soit le nombre dřenfants. A Rueil : Effectif : 150 mineurs âgés de 0 à 18 ans et leur famille domiciliés dans les Hauts de Seine. Directrice Isabelle BERMOND Service AEMO-AED Sceaux Service AEMO-AED Rueil Directrice adjointe Christine GENEST Chef de service éducatif Martine PETITPAIN ASSOCIATION VERS LA VIE ET L’EDUCATION DES JEUNES l RECONNUE D’UTILITE PUBLIQUE 1, place Charles de Gaulle Ŕ 78067 St Quentin en Yvelines Cedex Téléphone : 01.30.43.26.00 Ŕ Télécopie : 01.30.43.98.25 Courrier électronique Direction générale : [email protected] - 196 - ASSOCIATION VERS LA VIE ET L’EDUCATION DES JEUNES l RECONNUE D’UTILITE PUBLIQUE 1, place Charles de Gaulle Ŕ 78067 St Quentin en Yvelines Cedex Téléphone : 01.30.43.26.00 Ŕ Télécopie : 01.30.43.98.25 Courrier électronique Direction générale : [email protected] - 197 - Pour Sceaux et Rueil Si partager son temps de directeur entre deux services relativement éloignés géographiquement lřun de lřautre peut, être vécu comme une contrainte, nous faisons le constat, après 18 mois dřune organisation parfois complexe, de la richesse de ces deux services et de lřintérêt pour chaque institution de partager et dřéchanger sur ses pratiques. 1. Formation Les formations collectives financées grâce au plan de formation du service de Rueil bénéficient également aux éducateurs de Sceaux et vice versa. Outre lřintérêt de faire profiter de la formation professionnelle au plus grand nombre, ces moments permettent également aux salariés de se rencontrer, de mettre en commun des réflexions et des axes de travail. 2 formations collectives ont eu lieu en 2014 : o o o o Lřune autour du thème « La dynamique des familles africaines » Un intervenant dř« Afrique Conseil », docteur en psychologie nous a permis dřapprofondir nos connaissances à propos de lřanthropologie de la violence dans le projet socioéducatif africain, de réfléchir aux relations intrafamiliales, aux stratégies matrimoniales, et aux divers aspects de maltraitance. Lřautre autour du thème « Accompagner des parents et leur jeune enfant » Une psychologue clinicienne a apporté son expérience et échangé avec les équipes sur les carences affectives précoces, les problématiques narcissiques, dépressives et adolescentes. 2. Evaluation externe Le cabinet ENEIS a réalisé lřévaluation externe des deux services au quatrième trimestre de lřannée. Cette évaluation a été lřoccasion de poursuivre la sensibilisation et lřimplication du personnel dans la démarche dřamélioration continue de la qualité de lřaccompagnement mise en œuvre. Les professionnels ont été associés et reçus individuellement ou par groupe exerçant les mêmes fonctions. Lřavis des familles a été recueilli par le biais de questionnaires. Lřévaluation externe sřest attachée à préciser et apprécier les logiques de fonctionnement sur lřensemble des facettes de lřaccompagnement, des services généraux jusquřau travail « de terrain » des professionnels. Plusieurs points ont fait lřobjet de lřévaluation : o o o o o La question de lřévaluation et de lřanalyse des besoins. Il sřagit dřanalyser la pertinence de lřaccompagnement et de lřorganisation de la prise en charge de la famille par rapport aux besoins identifiés. Les actions visant à garantir lřeffectivité du droit à lřinformation et à lřexpression de la personne. Il sřagit de prendre en compte la capacité du service à faciliter et valoriser lřexpression et la participation des familles accompagnées. La gestion des ressources humaines Lřinscription dans le territoire AEMO / AED Rueil & Sceaux RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 198 - En conclusion 1. A Rueil Le rapport dřévaluation externe insiste sur la nécessité de davantage formaliser les différentes étapes nécessaires pour atteindre les objectifs de la prise en charge éducative. Nous tenons à faire remarquer que, dans la trame de lřévaluation externe, peu ou pas de place est faite à « lřinnovation éducative », à la créativité développée régulièrement par les éducateurs pour faciliter la rencontre et permettre lřaccompagnement éducatif dřune population très hétérogène. 2. A Sceaux Lřévaluation a permis de mettre en lumière les spécificités et les atouts de la prise en charge (AEMO et AED pour enfants de 0 à 6 ans avec moyen dřintervention renforcés). Les pistes dřamélioration seront prises en compte dans la finalisation du projet de service. AEMO / AED Rueil & Sceaux RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 199 - SERVICE D’ACTION EDUCATIVE EN MILIEU OUVERT ET A DOMICILE « AEMO-AED DE SCEAUX» CONTACT : 11, rue Michel CHARAIRE 92330 SCEAUX Tel : 01.47.02.66.33 Fax : 01.47.02.36.28 e-mail : [email protected] ACCES : RER (B2) Station « Sceaux » AUTOBUS : au départ de la porte dřOrléans 128 : arrêt Fontenay-Houdan ACCUEIL : Notre Service dřAction Éducative intervient dans le milieu naturel de vie et sřadresse à des parents de très jeunes enfants dans toute la complexité de leur tissu relationnel, de leurs interactions affectives et émotionnelles, différents, selon lřhistoire familiale et personnelle de chacun. MISSION : Lřaction éducative nécessite à tout moment de prendre en compte le parent et son enfant, mais aussi son entourage : ami, famille… Lřaide proposée aux parents et à leurs enfants se situe à plusieurs niveaux : - aide psychologique - aide concrète pour lřaménagement de leur cadre de vie (recherche de travail, de logement, de placement nourricier…) - aide financière. Toutes ces formes dřaide sont étroitement liées et la prévalence donnée à lřun ou lřautre aspect est fonction des besoins, à tel ou tel moment du déroulement de lřAEMO ou de lřAED. Le service nřest pas sectorisé. Cette optique de travail permet aux parents, dont lřinstabilité géographique est très fréquente, et à leurs enfants, de garder le même service de référence à travers leurs pérégrinations. AGREMENTS - HABILITATION : - Aide Sociale à lřEnfance - Justice (Tribunal pour Enfants) 94 prises en charge familiales. Une seule prise en charge par famille, quel que soit le nombre de personnes suivies. STRUCTURE : AEMO / AED Sceaux RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 200 - Direction : Madame Isabelle BERMOND Chef de service : Madame Martine PETITPAIN Effectif : 11 éducateurs(trices), 2 psychologues, 1 pédopsychiatre, 1 secrétaire de direction, 2 secrétaires, 1 comptable, 2 agents de service. AEMO / AED Sceaux RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 201 - RAPPORT D’ACTIVITE Ŕ SERVICE AEMO/AED Sceaux Isabelle BERMOND, Directrice Lřannée 2014 sřest déroulée sans problème particulier en termes de ressources humaines. Cřest dans ce contexte favorable que nous avons réalisé un excédent de journées. Compte tenu de la nouvelle législation en vigueur relative à la durée hebdomadaire du temps de travail pour les salariés à temps partiel, nous avons fait le choix de ne pas salarier la nouvelle psychologue (en remplacement du psychologue qui a fait valoir ses droits à la retraite en toute fin 2013) mais dřacter, avec elle, une convention et de la rémunérer sous forme de vacations. Concernant le poste de pédopsychiatre, nous nřavons recruté aucune personne. Nous avons reçu deux postulants mais nřavons retenu aucun des deux. Dans ce contexte, où les pédopsychiatres se font rares dans les institutions comme les nôtres, nous avons renforcé les séances dřanalyse des pratiques fondées sur les expériences professionnelles, à partir de situations vécues posant problème. (1 séance par mois). Ce dispositif convoque les notions de pratique professionnelle. transfert et contre transfert, enjeux majeurs dans la En fin dřannée, Madame Annick Bonnet, éducatrice dans ce service depuis septembre 1996 a fait valoir ses droits à la retraite. Elle a pu pendant quelques jours établir un relais dans lřaccompagnement des familles avec Madame Béatrice Pacaud nouvellement embauchée. Cette transition «en douceur» est particulièrement appréciée par les familles et les autres membres de lřéquipe. Madame Bonnet était reconnue de tous pour ses qualités professionnelles mais aussi pour sa culture, sa sagesse et sa maîtrise de la grammaire ! 1. Commentaire général sur l’activité 19 enfants bénéficiant dřune mesure dřAEMO ou dřAED au service ont été placés en 2014. Ces 19 enfants sont répartis en 12 familles. 12 enfants (sur 19) ont été placés en urgence aux motifs suivants : o o o o Hospitalisation de la mère en service de psychiatrie : 4 Grande fragilité maternelle : 2 Incarcération de la mère : 1 Graves carences éducatives : 5 Sur ces 12 placements en urgence, 5 sont intervenus moins de 6 mois après le début de notre intervention. Sur ces 12 placements en urgence, 7 ont été mis en place avec lřaccord du ou des parents. 7 enfants nřont pas été placés en urgence : o o o 2 placements ont réellement été préparés avec les parents 3 ont été préparés mais ont été finalisés en urgence 2 ont été ordonnés en audience avec placements la semaine suivante Sur ces 7 placements, seulement 2 ont été finalisés avec lřaccord des parents. AEMO / AED Sceaux RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 202 - Quels commentaires apporter à ces statistiques ? En premier lieu, nous constatons que cette année il nřy a pas eu plus de placements que précédemment, contrairement à notre impression. Par contre, ce qui est nouveau cřest le nombre de placements (5) intervenu dans les tout premiers mois de la mesure ; il sřagit souvent de situations où la proposition de placement avait déjà été sollicitée mais pas ordonnée pour des raisons qui vont de « lřabsence caractérisée de danger» à «donner une dernière chance aux parents». En premier lieu, nous constatons que cette année il nřy a pas eu plus de placements que précédemment contrairement à notre impression. Par contre, ce qui est nouveau cřest le nombre de placements (5) qui est intervenu dans les touts- premiers mois de la mesure, ce qui interroge sur les attendus de la mesure éducative. Sřagit-il de mesures (ordonnées ou contractualisées) alors que le placement était demandé par le service précédent ou dans lřinformation préoccupante ? Ou bien, lřintervention dřun service de protection de lřenfance permet-elle aux parents de lâcher prise ? «On se donne des souvenirs quand on se quitte » (Marcel Achard) «Je suis venue te dire que je mřen vais» (Pour la circonstance, Gainsbourg me prête lřune de ses plus belles chansons) «Comme dit Verlaine au Vent Mauvais» Je pars ; je quitte le service de lřAEMO de Sceaux ; je cesse mon activité professionnelle ; bref, je pars à la retraite. En jubilacion comme disent les espagnols plus poètes. Moi, je reprends une expression de jeunes, je mřarrache. Car il sřagit bien de cela. Annick BONNET Je me suis installée dans la maison ; jřai pris racine, au long de mes presque 20 ans de service à Sceaux. Et partir est difficile, même si je lřai voulu, attendu, préparé, fait des projets. Je vide mon placard. Je retrouve des photos oubliées, dřenfants, de familles, qui font remonter les souvenirs des nombreuses années de partage dřhistoires de vie qui ont donné tellement de richesse à mon travail. Je broie des feuilles de notes accumulées, des vieux dossiers. Je broie du noir. Et décline chaque jour une nouvelle dernière fois. Dernier rapport au juge (ouf !) Deux autres derniers rapports ont suivi Dernière fois au tribunal (enfin jřespère !) Dernière synthèse, réunion Dernière visite à domicile Pot de départ. La liste est longue des dernières fois. Et puis il y a lřannonce aux familles, aux enfants. Je viens vous dire que je mřen vais. Certains expriment une émotion, disent un regret, marquent une surprise. Pour dřautres, cřest un blanc, sans parole. Ou, encore, une absence de réaction. On parle aussitôt dřautre chose ; on reprend là où nous nous étions arrêtés la fois précédente. Cřest dans lřaprès coup que les réactions émergent, autour dřun goûter ou dřune visite à domicile. Au moment où lřon se dit au revoir, parce que lřon part à la retraite ; parce que la mesure éducative arrive à son terme, des choses essentielles se disent, dans le formel ou lřinformel. Laissons parler ces dernières fois de la rencontre éducative, à travers les mots des enfants ou de leurs parents, des mots toujours signifiants. AEMO / AED Sceaux RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 203 - Du haut de ses 5 ans, Helena me demande : «Est-ce que tu vas nous manquer ?» Sans le savoir, Helena pose une question à double sens : Tu vas nous manquer ? Question à elle-même qui renvoie à son ressenti. «tu vas me manquer» mais aussi interrogation envers mon ressenti : Quand elle formule : tu vas nous manquer ? Helena pose la question : «tu vas manquer de nous ?» Lřapproximation du langage dřHelena est porteuse de sens, dřun double sens inconscient. Lorsquřon se sépare, le manque est réciproque. Il est contenu dans ce «nous» de la question. Oui vous allez me manquer et je vais vous manquer. Eric vient avec son frère Tom et leur mère prendre un goûter au service, notre dernier goûter ensemble. Ils ont confectionné des gâteaux, des bracelets comme des liens symboliques entre eux et moi. Quelque chose dřeux que je vais garder, quelque chose que nous mangeons ensemble. Au bout dřun moment, Eric dit : «Mon père, il vous aime pas trop bien» «Moi, je viendrai vous voir, même quand vous serez très vieille ». Eric exprime sans doute lřambivalence de lřaffect quřil éprouve. Comment me témoigner de lřaffection, tout en restant loyal à lřégard de son père ? Cřest malheureusement la répétition dřune situation de clivage familial dans laquelle il est enfermé depuis toujours. Je lui demande sřil connaît quelquřun de très vieux. Les enfants ensemble racontent leurs vacances dřété chez Mimi, avec leur mamie. Mimi est leur arrière-grand-mère maternelle. Leur mère raconte à son tour ses souvenirs de vacances chez Mimi qui a laissé sa grande maison à la campagne, lorsquřelle est partie à la retraite. Les enfants étonnés écoutent le récit des vacances de leur mère, pour la première fois semble-t-il. Dans cette histoire familiale où les ruptures de lien brutales se répètent, ou les alliances se font et se défont, Eric, Tom et leur mère parviennent à partager des souvenirs dřune personne quřils aiment et que leur mère aime également. Mimi, bienveillante avec les enfants quřils sont et avec lřenfant quřelle a été. Mimi qui aide à rassembler des morceaux dřhistoire. Quand lřémotion du moment présent est difficile à vivre ou à mettre en mots, les liens avec le passé permettent de dire sans dire, de dire autrement ; un trait dřunion, au sens littéral du terme qui aide à évoquer lřabsence. Dřautres dernières fois me reviennent en mémoire, à lřoccasion dřune fin de mesure éducative. Christian choisit la crêperie pour aller goûter, lui sa mère et moi pour nous dire au revoir. «Tu te rappelles une fois, on devait aller à la crêperie, maman avait oublié, on nřa pas pu y aller» Sa mère ajoute : «Je me rappelle exactement ce que vous mřaviez dit … Quřil mřavait excusée. Ce nřétait pas de ma faute. Quřil avait pris sur lui pour ne pas montrer sa déception, ou sa colère, comme sřil devait me ménager. Jřy repense souvent.» Personne nřa oublié le goûter à la crêperie cette dernière fois. Quand des paroles prennent sens, on peut se séparer plus facilement, lřautre continue dřexister. De lřun à lřautre Dřun lien à lřautre Dans la continuité de la pensée. Alexis est un enfant peu bavard. Je le raccompagne chez lui, pour la dernière fois. Je lui tends la clé de la voiture pour quřil fasse clignoter les feux à distance, comme les enfants aiment le faire - «Non, jřai peur de faire une bêtise» Je mřétonne. Il raconte alors quřun jour il a fait une grosse bêtise. Il a sauté sur le lit qui sřest cassé et il sřest cogné dans un meuble. «Regarde, jřai une cicatrice. Il montre son menton. Je nřy avais jamais prêté attention. «Cřétait quand ?» «Dans lřautre maison avec papa et maman» Les parents dřAlexis se sont séparés. Il vit chez sa tante et nřa plus revu sa mère depuis des années. Elle ne lui donne pas de nouvelles dřelle non plus. Il refuse dřen parler. Quand se séparer réveille des cicatrices douloureuses, le corps a des choses à dire. AEMO / AED Sceaux RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 204 - Alice a appris mon départ lors dřun rendez-vous au service, en présence de son père et ses sœurs : Kate et Marion. Les parents dřAlice sont séparés. Lřannonce sřest faite en deux temps. M. M tente de masquer son émotion en se projetant à ma place dans le bon temps que je vais pouvoir prendre. Il remplit lřentretien avec des mots, pour expliquer à ses filles le sens du mot «retraite». «Mme Bonnet va sřoccuper dřelle après sřêtre beaucoup occupée des autres …» Alice, la seconde fillette toujours perméable à lřémotion de lřautre, interrompt son père. «Třes triste papa ?» Celui-ci renvoie la question à sa fille, sans répondre. La fois suivante, je vais au domicile de la mère des enfants. Mme L me raconte quřelle a trouvé Alice en larmes le soir au retour du service. «Mme Bonnet part à la retraite» Sa mère la réconforte sur le même mode que son père lřavait fait. «Cřest super. Elle va faire plein de choses, voyager.» «Je pleure parce quřelle nřaura plus de maison» Pour certains enfants, le service est notre maison où nous mangeons, dormons. La peur dřAlice ainsi formulée est sans doute une projection de sa propre peur de se séparer, de perdre sa maison, qui a contenu ses joies, ses secrets, ses jeux. Kate et Alice aimaient particulièrement écrire des histoires quřelles inventaient. Alice est une enfant angoissée, agitée, peu retenue. Elle préserve mal son intimité. Elle est lřenfant symptôme de la famille, née en plein conflit parental. Dřelle, ses parents disent quřelle a tout absorbé, comme une éponge, de leurs disputes, de leurs excès en tous genres. Elle occupe encore cette place de prendre en elle les émotions de lřautre : père, mère, sœurs ; éducatrice… Elle est lřautre dans ce quřil éprouve. Par exemple, Alice sřinquiète souvent pour son père qui nřa plus de maison, dit-elle. (M. M est hébergé dans un foyer, depuis la séparation du couple) Alice demande à sa mère de le reprendre à la maison. Pour Alice, se séparer nřest-ce pas réactiver chaque fois lřexpérience de lřabandon, de la disparition ? Ne plus pouvoir se représenter lřautre ? Se retrouver seule dans une maison vide ou bien disparaître avec la maison ? Comme le dit René Diatkine : «ne pas pouvoir imaginer que si elle (la mère ou la personne absente) n’est pas là c’est qu’elle est ailleurs» M. M est le père dřAlice, de Kate, sa sœur ainée et de Marion, la dernière. La seconde fois où il vient au service, seul, après lřannonce de mon départ, son attitude a changé. Monsieur M. cherche ses mots pour exprimer au plus près ce quřil ressent. Il dit sa tristesse, il déroule son cheminement dans la mesure éducative. Il se souvient dřanecdotes lors des goûters partagés avec ses filles au service. Il se souvient… quand soudainement dit quřil a décidé dřaller en Guadeloupe cet été. Son dernier séjour remonte à plusieurs années. M. M a toujours parlé de son père en termes agressifs, sans ambivalence aucune. Je lui fais remarquer quřil semble en avoir lřidée à lřinstant. «Oui, cřest vrai» Son père est vieux (une bonne soixantaine). En le disant, il sřaperçoit que cřest à peu près mon âge. Nous rions. «Lui est très malade et seul.» «jřai peur quřil meure avant de lřavoir revu. Jřai des choses à lui dire» ajoute-t-il. Il dépose, lors de notre dernière rencontre, lřhistoire de son père, handicapé après avoir fait une chute du toit de sa maison, quřil construisait suite au divorce parental. Dans lřinstant où se dit et sřéprouve lřémotion de la séparation, M. M est traversé par un besoin impérieux de retrouver son père, de lui parler. Renouer le fil dřune relation chaotique, convoquer dřautres souvenirs peut-être. Dans lřaprès coup de la rencontre, je repense à ces histoires de maison qui, de la fille au père, du père à son père, émergent comme signifiants de la perte, du vide,( de la mort ?) Que sait Alice de lřhistoire de son grand-père paternel, de cette chute du toit ? Me reviennent alors des bouts de lřhistoire de la mère dřAlice et ses sœurs distillées au comptegouttes car pour Mme L. «le passé, cřest le passé, on nřy revient pas» Un récit qui se résume à trois moments : AEMO / AED Sceaux RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 205 - À 9 ans quand ses parents se sont séparés, que leur père a quitté la maison pour aller vivre en Guadeloupe «Je nřai aucun souvenirs de 0 à 9 ans» dit-elle. à 18 ans quand sa mère est décédée brutalement, et quřavec ses sœurs elles ont dû retourner vivre chez leur père aux Antilles. Et enfin le retour en métropole, enceinte de Kate pour rejoindre M.M. Mme. L. fait un récit linéaire de sa vie, sans émotion, dit à ses filles quřil faut laisser lřâme des morts en paix, afin quřils se reposent et clôt ainsi les questions sur les absents. Des séparations, des deuils, de la douleur, elle ne dit rien. Comment sont contenus les affects, où se logent les souvenirs ? En sa présence, je me demande si elle est une «maison mère» vide ou trop pleine. Et je repense à Alice qui lutte de toute son énergie pour ne pas perdre la maison, sa protection, son toit, lřabri de son existence. Comme le dit la chanson : Toi, toi, mon toit… La maison est tantôt le coffre de nos souvenirs, tantôt un état dřâme. La maison abrite et rend possible le processus de la mémoire…elle révèle une intimité… renferme un univers personnel et familier…avec ses murs, ses fenêtres et ses portes, la maison permet le dialogue…la maison traduit la notion de vie, puisquřelle déroule le mémoire….enfin elle comporte le seuil… corridor que lřon traverse aussi bien pour entrer que pour sortir. Toujours, début et fin. (La poétique de lřespace de Gaston Bachelard) Ulysse Je laisse le dernier mot à Ulysse comme je lui en ai fait la promesse, il y a longtemps. Il a 5 ans, il est sérieux, un peu grave. «tu vas te rappeler de moi ?» «Oui, bien sûr» «Comment tu vas te rappeler de moi ?» «Je vais te garder dans mes pensées, dans ma tête» «Tu vas les ranger ?»« Oui » «Les casiers ils sont ronds ou carrés ?» Je lřai laissé choisir la forme des rangements. Quant à moi, je pense que les souvenirs se logent facilement, parfois cřest un peu en vrac, mais ils surgissent à lřimproviste, nostalgiques ou enchanteurs. Avec le temps ils prendront une couleur pastel, quand je serai très vieille. AEMO / AED Sceaux RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 206 - RAPPORT ACTIVITE AEMO - AEAD ANNEE 2014 Association gestionnaire Nom et adresse : AVVEJ : AEMO Ŕ AED 11, rue Michel Charaire Ŕ 92330 Sceaux Décision Justice AEMO Garçons Filles Jeunes en charge Au 1er Janvier 2014 Jeunes confiés Dans l'année Jeunes sortis Décision Total Administrative AEAD Total Garçons Filles Total Garçons Filles Total 72 23 95 18 14 32 26 11 37 64 26 90 Dans l'année Jeunes en charge Au 31 décembre 2014 Total jeunes Suivis dans l'année Nombre de familles Suivies dans l’année Nombre de familles Admises dans l’année 90 92 75 91 93 94 95 77 78 Autres Total 127 14 32 18 Département d’origine Département 37 : Présents au 31 décembre 2014 AEMO AEAD 40 25 1 AEMO / AED Sceaux Admissions dans l'année 2014 AEMO AEAD 8 14 1 22 1 1 9 64 26 18 14 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 207 - Origine géographique au sein du 92 : Présents au 31 décembre 2014 AEMO AEAD Total S.T. 1 2 1 3 1 4 1 1 5 2 1 6 5 2 7 20 12 8 10 9 Total 40 25 65 Nombre de journées facturées - répartition par organismes payeurs : ASE 92 ASE Autres Départs Admi Judic / 8205 2012 Admi 10897 Judic 15451 2013 9681 15248 / 9401 2014 8933 16367 361 9424 PJJ TOTAL / 34553 / 34330 / 35085 Origine du «signalement» des enfants admis dans l’année 2014 Origine AS secteur PMI ASE Scolaire CMP - CMPP Centre maternel Autres : Retour de placement Famille Hôpital Nombre 1 8 4 2 1 1 7 3 5 Lorsque le signalement émane de plusieurs services ne comptabiliser lřenfant quřune seule fois dans la rubrique du service le plus impliqué. Age des jeunes : - 3 ans Au moment De la prise en charge Au 31 décembre 2014 AEMO / AED Sceaux 3-6 ans 7-10 ans 22 10 34 28 22 11-13 ans 14-16 ans 17-18 ans 18-21 ans 6 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 208 - Age des mères des enfants suivis au 31.12.2014 : 13-16 ans 17-18 ans 19-21 ans 22-25 ans 26-30 ans 31-35 ans 36-39 ans + 40 ans A l'admission 1 2 3 4 7 8 1 6 Au 31 Décembre 2014 1 1 4 13 20 20 6 25 Lieu de résidence des jeunes suivis : Lieu d'hébergement des Jeunes au 31 décembre 2014 AEMO AEAD Total 59 26 85 Famille Placés en établissement Placement familial Tiers digne de confiance 2 2 Internats scolaires 2 2 Autres IME- IMPRO Hôpitaux jour. Total 1 64 1 90 Situation préalable à l’admission Absence de suivi Retour de placement IOE - Enquête sociale Autre mesure à domicile Autres : suivi ASE ou AEMO 26 : AEMO 2 3 1 AEAD 10 12 4 Ancienneté de prise en charge des présents au 31 décembre 2014 : 0-3 mois 3-6 mois 6-9 mois 9-12 mois 1-2 ans 2-3 ans 3-5 ans 5-10 ans AEMO 8 3 1 1 19 4 9 18 AEAD 7 1 4 6 4 3 1 Total 15 4 5 25 8 12 19 AEMO / AED Sceaux 1 10-15 +15 TOT ans ans AL 1 64 26 1 90 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 209 - Durée des prises en charge terminées au cours de l’année 2014 : 0-3 mois 3-6 mois AEMO 6-9 mois 9-12 mois 1-2 ans 2-3 ans 3-5 ans 5-10 ans 3 9 7 4 1 2 26 2 11 4 37 AEAD 1 1 4 2 1 Total 1 4 13 9 5 1 10-15 +15 TOTAL ans ans Moyenne : (total du nombre de mois de présence divisé par le nombre des sortants de l’année) : Composition familiale des familles suivies (au 31 décembre 2014) : 1 Enfant 2 Enfants 3 Enfants 4 Enfants 5 et + Mère seule Père seul Couple 34 15 3 6 1 13 9 3 1 Tiers digne de confiance 5 Situation scolaire ou professionnelle des jeunes en charge au 31 décembre 2014 : - de 3 ans Nourrice - Crèche - AEMO 18 AEAD 13 -à Domicile 8 2 - Scolarisés 19 7 19 3 - de 6 ans - non Scolarisés Primaire - scolarisés - Scolarisé 1 Collège - non scolarisés régulièrement + de 15 ans - 18 ans - Enseignement général - Enseignement professionnel - Apprentissage Stage - Activité professionnelle - Sans 18 - 21 ans - Enseignement général - Enseignement professionnel - Apprentissage stage - Activité professionnelle - Sans AEMO / AED Sceaux RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 210 - Situation sociale des familles suivies au 31 décembre 2014 : Situation Commerçant - Artisan - Prof. libérale Salarié Retraité Chômeurs indemnisés Invalidité ou indemnités SS Prestations AAH - RSA - API Allocation mensuelle ASE Sans ressource stable Autres (à préciser) Fin de mesure : point et analyse Nombre 40 3 4 1 36 6 : Conditions de sortie Absence de suivi Aboutissement Autre suivi à domicile (à préciser) Déménagement Placement Autre (à préciser) - IOE - MJIE Analyse fin de mesure AEAD 4 3 3 10 2 6 2 : motif de fin de prise en charge Motif Majorité Evolution positive Déménagement Arrêt à la demande de la famille Non coopération Impossibilité de travailler Signalement au Procureur Placement Mesure d'AEMO (justice) Mesure d'AEAD (administrative) Autre (à préciser) MJIE IOE Autre service AEMO / AED Sceaux AEMO 2 5 AEAD AEMO 3 5 3 3 1 2 2 10 1 1 1 4 1 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 211 - ACTIVITE 2014 NOM DE LřETABLISSEMENT : AVVEJ AEMO de Sceaux REPARTITION PAR ORGANISMES PAYEURS DES JOURNEES REALISEES EN 2014 (PRIX DE JOURNEE 2014 : 31.77 €) Aide Sociale à lřEnfance des Hauts de Seine - décision administrative Mineur Majeur - décision judiciaire Confié à lřASE Placement direct TOTAL ASE Hauts de Nombre 8933 % 25.46 16367 46.65 25 300 72.11 Seine Aide Sociale lřEnfance à autres départements - décision administrative Mineur 361 1.03 - décision judiciaire Majeur Confié à lřASE Placement direct 9424 26.86 9 785 27.89 35 085 100% TOTAL Autres A.S.E Protection Judiciaire Jeunes majeurs (décret Hauts de Seine 1975) de la jeunesse des Hauts de Seine Ordonnance 1945 Total PJJ Hauts de Seine TOTAL Autres Hauts de Seine Autres Pour les jeunes placés au titre de lřordonnance de 45 m du décret de 75, répartition entre le 92 et les autres départements en fonction du département de domicile dřorigine du jeune. AEMO / AED Sceaux RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 212 - AEMO / AED Sceaux RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 213 - SERVICE D’ACTION EDUCATIVE EN MILIEU OUVERT ET A DOMICILE « AEMO-AEAD » Clairefontaine RUEIL-MALMAISON CONTACT : 19, rue du gué 92500 RUEIL-MALMAISON Téléphone : 01.41.96.23.30 Télécopie : 01.47.51.03.91 E-Mail : [email protected] ACCES : RER A : Ligne de Saint Germain en Laye, gare de Rueil-Malmaison BUS : N° 241 et 244 (arrêt Le gué) ACCUEIL : Issu de la refondation du foyer maternel CLAIREFONTAINE, le service dřAction Educative en Milieu Ouvert, créé en septembre 2001, intervient à la demande des Juges des Enfants du Tribunal de Grande Instance de Nanterre auprès de 150 mineurs âgés de 0 à 18 ans et leur famille, et jeunes majeurs, domiciliés dans les Hauts de Seine. Depuis le 1er juin 2009, ce service est associé institutionnellement au service AEMOAEAD « petite enfance » de Sceaux sous une même direction, sans modification de ses missions. Depuis 2011, nous exerçons également des mesures dřaction éducative à domicile qui nous sont adressées par les services territoriaux de lřAide Sociale à lřEnfance de Levallois et de Nanterre. Ces mesures sont contractualisées préalablement entre lřun ou lřautre de ces deux services et les parents qui le demandent, afin dřêtre aidés dans lřéducation de leur(s) enfant(s), âgé(s) de 0 à 18 ans, ou jeunes majeurs. MISSION : La mission confiée au service par le magistrat ou les deux services dřAide Sociale à lřEnfance vise à apporter une aide à une famille qui rencontre des difficultés dans lřéducation dřun enfant ou dřun adolescent en devenir adulte. Cřest une mesure éducative, mais également une mesure de protection qui vise à restaurer ou construire, avec les parents, un cadre de vie suffisamment sécurisant pour lřévolution de lřenfant. Lřactivité se répartit sur lřensemble du département des Hauts de Seine en fonction des besoins. Les principales modalités dřintervention auprès des enfants et leur famille : o o o o Visites à domicile et / ou dans lřenvironnement de vie du jeune. Rencontres au service. Contacts directs avec le jeune. Activités éducatives collectives. ASSOCIATION VERS LA VIE ET L’EDUCATION DES JEUNES l RECONNUE D’UTILITE PUBLIQUE 1, place Charles de Gaulle Ŕ 78067 St Quentin en Yvelines Cedex Téléphone : 01.30.43.26.00 Ŕ Télécopie : 01.30.43.98.25 Courrier électronique Direction générale : [email protected] - 214 - AGRÉMENTS Ŕ HABILITATIONS Le service est habilité par le Ministère de la Justice, financé par le Conseil Général des Hauts de Seine. STRUCTURE : Directrice : Isabelle BERMOND Directrice adjointe : Christine GENEST 7 éducateurs spécialisés, 1 psychiatre-psychanalyste, 2 psychologues, 2 secrétaires, 1 comptable, 1 homme dřentretien. ASSOCIATION VERS LA VIE ET L’EDUCATION DES JEUNES l RECONNUE D’UTILITE PUBLIQUE 1, place Charles de Gaulle Ŕ 78067 St Quentin en Yvelines Cedex Téléphone : 01.30.43.26.00 Ŕ Télécopie : 01.30.43.98.25 Courrier électronique Direction générale : [email protected] - 215 - RAPPORT D’ACTIVITE DE RUEIL Le service de Rueil a traversé cette année une zone de turbulence en matière de ressources humaines. Un congé maternité, une reconduction de congé parental (pour la troisième fois), le terme dřun CDD, une démission pour suivi de conjoint, un arrêt longue maladie. Au total, sur lřannée, les 6,5 ETP éducatifs se sont réduits à 5,85. Nous avons connu des mois difficiles, notamment à la période estivale où les « forces vives » avaient besoin de repos. Je voudrai ici saluer lřesprit dřéquipe, les capacités dřadaptation et lřattitude positive de chacun, ce qui a rendu possible la continuité de lřaccompagnement éducatif auprès des enfants bénéficiaires dřAEMO ou dřAED. Deux nouvelles éducatrices ont été embauchées en CDI, une secrétaire en CDD (remplacement congé maternité), une psychologue (vacataire) pour assurer une « posture décalée » et ainsi suppléer au psychiatre/ psychanalyste parti à la retraite fin 2013 Fin 2014, un mi-temps éducatif était vacant mais en passe dřêtre pourvu. L’activité Dans ce contexte il est évident que nous nřavons pu réaliser lřactivité attendue ; toutefois le déficit de journée a été très limité au regard des vacances de poste. Déménagement Pour nous permettre de nous mettre en conformité avec la loi du 11 janvier 2005 relative à lřaccessibilité des personnes en situation de handicap et en accord avec notre financeur, nous avons commencé dès le printemps à prospecter pour trouver de nouveaux locaux. Rapidement notre choix sřest porté sur un local situé à Rueil à proximité du RER. Nous avons fait intervenir deux cabinets dřarchitectes pour élaborer et budgéter les travaux. Après différentes négociations, nous avons eu lřaccord de la ?????????? pour le financement des charges annuelles et des travaux. En octobre, le propriétaire a changé dřavis. Nous avons repris nos recherches qui, nous lřespérons, donneront lieu à un déménagement en 2015. En quoi la qualité de l’accueil et de l’accompagnement du service favorise la prise de poste d’un éducateur en AEMO et AED, sa réflexion et sa pratique éducative auprès des familles ? 1. Le travail avec l’équipe o Nous sommes arrivées le jour de la réunion dřélaboration ce qui a permis une rencontre avec tous les professionnels et un accueil par lřensemble de lřéquipe. Ce contexte a été lřoccasion dřobserver immédiatement le travail de réflexion mis en place autour des situations. Le fait dřêtre attendues par toute lřéquipe a facilité notre prise de fonction et a légitimé notre place au sein du service. o Lřéquipe sřest rendue disponible à travers des temps formels et informels, des échanges permanents, pour répondre aux interrogations et pour présenter le service, son fonctionnement (mesures, organisations internes, partenariats, positionnement professionnel, projet de service…) et les missions de chacun AEMO / AED Rueil RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 216 - dans leur globalité. Cette compréhension nous a permis dřobjectiver notre travail et de mieux appréhender lřentrée en fonction. Les qualités pré-requises aux fonctions dřéducateur (lřadaptabilité aux personnes, la ponctualité, lřorganisation, la prise dřinformations…) sont apparues comme étant celles que lřon recherche dans lřaccompagnement de la part des familles. Force est de constater que nous étions prêtes pour la prise de ce poste et de ses missions !) o Nous avons rapidement participé à la dynamique dřéquipe et notre intégration sřest faite grâce à lřimportance donnée à la circulation de la parole et de la pensée, quřelles soient professionnelles ou personnelles, notamment lors des échanges informels. Nous avons aussi bénéficié de lřécoute attentive et de la bienveillance de chacun, dřune communication et dřun travail de réflexion de qualité. Cette attention particulière portée aux nouveaux professionnels permet de sřautoriser à exprimer ses appréhensions en équipe afin de sřen dégager. Par exemple, lorsque lřune des nouvelles éducatrices a dû se rendre au domicile du jeune Maxime qui bénéficie dřune mesure judiciaire à laquelle aucun membre de sa famille nřadhère, qui plus est, suite à la lecture du dossier au tribunal : mère poly toxicomane, violences conjugales, rejet des institutions, agressivité envers les professionnels, violences verbales et physiques des jeunes , et face aux résistances de la famille à honorer un premier rendezvous au service avec la Direction, la professionnelle en question appréhendait cette rencontre quant à sa sécurité. Il a été possible pour cette dernière dřaborder sa crainte à « forcer » la rencontre. Elle a alors bénéficié de lřécoute et des conseils de chacun. Le sens de cette démarche professionnelle a alors été mieux compris par lřéducatrice. Il sřagissait en effet de tenter une rencontre qui pourrait permettre dřamorcer un travail éducatif avec la famille tout en prenant en compte le rythme de cette dernière. Nous observons que la dynamique de déplacement demandée aux familles, lorsquřelles sont invitées à se rendre au service, est en parallèle, exercée par les professionnels de la structure lors des visites à domicile. La bienveillance de cette équipe offre des instances de travail dans lesquelles nous pouvons nous permettre de soulever des inquiétudes professionnelles et de sřen dégager afin dřeffectuer le plus sereinement possible nos missions de terrain. Nous constatons que la tolérance accordée par lřéquipe facilite la prise de contact avec les familles, qui rapidement nous reconnaissent une légitimité associée au service. o Lřorganisation interne du service favorise lřaccompagnement des professionnels dans lřobservation, la compréhension et lřanalyse des situations de chacun. Différentes instances sont au service des professionnels telles que la supervision dřéquipe, les réunions dřélaboration et de fonctionnement, les temps de travail avec les psychologues et les membres de lřéquipe dans des temps informels. Ce fonctionnement permet dřévoquer les situations difficiles, qui nous interrogent, de trouver des réponses à apporter aux familles, de faire face à lřimprévu, de préparer les échéances en énonçant des objectifs de travail. 2. Le travail avec les familles o o Nous avons pu bénéficier dřun réel soutien et dřune facilité de travail dans la prise de contact puis dans la mise en place du lien éducatif auprès des familles. En effet, un premier pas vers les familles est introduit systématiquement par la Direction dans le cadre dřentretiens de présentation au sein du service. Dans le début de la prise de poste ce premier rendez-vous nous permet une rencontre plus aisée avec les familles, dřêtre soutenues dans nos positions professionnelles et nous apporte une légitimité à exercer la mesure. Enfin, ces premiers entretiens conduits par la Direction nous ont permis dřappréhender les différentes dynamiques dřéchanges en fonction du public. Dřautre part, cette partie du travail orchestrée par la Direction nous a facilité la confrontation aux éventuelles résistances des familles face à lřacceptation de la mesure éducative ou du changement dřéducateur référent. Nous avons constaté AEMO / AED Rueil RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 217 - o quřautoriser les familles à exprimer leurs ressentis à travers un espace de parole et pouvoir entendre leurs résistances à nous laisser une place leur traduisaient une reconnaissance individuelle. Les reconnaître et les soutenir dans leurs émotions personnelles donnent du sens à la mesure éducative et légitiment notre position professionnelle, tel que le fait dřinviter les personnes à élaborer leurs émotions. Nous avons observé une meilleure prise en compte de cette notion de rupture à travers lřéchange au cours du premier entretien. Le changement dřéducateur est parfois mal vécu par les parents ou les enfants, ce qui peut mettre à mal le travail éducatif à venir. Il nous semble important de pointer que cette séparation est travaillée en amont afin de favoriser la construction du lien suite au changement dřéducateur référent. Conclusion Ce que nous retenons après 5 mois passés au service éducatif de Rueil-Malmaison, est la qualité de lřaccueil accordé aux nouveaux professionnels ainsi que la disponibilité dont lřéquipe fait preuve pour transmettre ses compétences et ses positionnements professionnels en lien avec les valeurs du service. Une nouvelle dynamique professionnelle dont nous faisons partie aujourdřhui sřest créée grâce à notre intégration facilitée par lřéquipe. Avec du recul, nous notons quřune équipe accueillante et sécurisante permet de se sentir bien au sein du service. Nous remercions pour cet accueil, les éducateurs, les psychologues, les secrétaires, et la Direction, tous attentifs au bien-être des professionnels. Cet environnement qui favorise la confiance en soi et lřacquisition dřune légitimité en tant que professionnel favorise la mise à la pensée, et permet ainsi un travail de qualité auprès des familles et des partenaires. Marion COQUARD, Educatrice Spécialisée Morgane OSMONT, Assistante Sociale Médiations et pratiques éducatives Christine GENEST, Directrice Adjointe Comment permettre de libérer la parole et les compétences de chaque enfant et parent ? Les mesures dřaction éducative en milieu ouvert, quřelles soient contractualisées entre les parents et les services de lřASE ou imposées par un juge des enfants, sont souvent ressenties par les parents comme le signe de leur incompétence éducative. Cette culpabilité entraine souvent une résistance à toute réflexion et à toute évolution dans leurs attitudes éducatives. Cela peut conduire le service éducatif à considérer quřaucun espace de travail éducatif nřest possible. De la même manière, les mesures éducatives émanant de comportements dřenfants qui posent problèmes aux parents, aux établissements scolaires peuvent fixer ces enfants comme étant des problèmes et non ayant un problème avec un parent, lřinstitution scolaire et autre. Ces enfants rechignent à être désignés seuls responsables, voire coupables et évitent nos rencontres quřils pensent de nouvelles occasions de reproches. Là encore, est-il possible de créer un espace de travail éducatif ? Notre pratique nous a montré que des nuances étaient à apporter sur des constats brutaux et rapides dřimpossibilité de mettre en place un travail éducatif. Mais alors comment ouvrir un contexte favorable à la réflexion réciproque, à la construction de relations et aux attitudes éducatives nuancées ? Quelles modalités dřaccompagnement penser ? AEMO / AED Rueil RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 218 - Au service AEMO et AED de Rueil, si nous fondons notre pratique éducative sur la prise de parole, lřexpression et la reconnaissance des pensées et sentiments dans le cadre dřentretiens individuels et/ou familiaux, nous développons davantage de supports permettant aux parents et enfants de retrouver et mettre en valeur leurs talents et compétences. Les éducateurs et psychologues se sont mobilisés dans ce sens. o o o un groupe de parole de parents a été pensé et mis en expérimentation. Remarquons que les premiers à se déplacer sont les parents dřenfants bénéficiant dřune AEMO, donc une mesure imposée. A chaque séance qui se termine, se définit avec les participants le thème de la rencontre suivante. Dřune séance à lřautre, les secrétaires adressent un courrier de rappel de la réunion suivante avec son thème à tous les participants potentiels. Cřest ainsi quřune mère a adressé à la directrice adjointe un courrier signifiant son regret de ne pouvoir se libérer, mais a fait savoir quřelle appréciait cette initiative. Elle a rédigé en plusieurs pages son point de vue sur le thème prévu : propos précis, sensible et mettant en évidence cette blessure dřêtre sous le coup dřune décision judiciaire. un accueil ponctuel de jeunes adolescents très accrochés à des jeux vidéo. Ils y ont mis en exergue leurs connaissances et habiletés, se sont mesurés les uns aux autres ; et les éducatrices ont pu remarquer que ces jeunes étaient capables de jouer ensemble, de faire connaissance et de discuter de leurs jeux etc… Quoiquřen disaient leurs parents et quoique nous en craignions, car ils étaient fermés à discuter avec les éducatrices de leurs éventuelles et dites addictions, ces jeunes nřétaient objectivement pas enfermés par ces jeux, même si une vigilance à la dérive demeure souhaitable. une éducatrice a accompagné une mère qui élève seule ses enfants, très concentrée sur la prise en charge de ses enfants, à une visite de musée sur un thème qui la passionne. Cette mère a mis en valeur ses larges connaissances et a pu trouver un espace de satisfaction pour elle-même, dégagé de celui de ses enfants. Ces quelques exemples de supports personnalisés, individuels ou collectifs, viennent soutenir la reconnaissance personnelle et réciproque de talents, de la créativité des parents et de leurs enfants, mettre du discours, ouvrir des espaces de réflexion et de compromis. Les parcours douloureux de vie familiale, les environnements socio-économiques précaires, les pressions sociales peuvent être autant de paramètres écrasants qui atterrent, tétanisent ou font exploser les populations diverses rencontrées au cours de missions dřaide éducative en milieu ouvert. Il nous appartient (toutes fonctions confondues) dřêtre respectueux de ces personnes, de trouver les moyens de repérer avec eux leurs talents pour quřils abordent et construisent plus solidement les questions dřéducation et de protection qui se posent. AEMO / AED Rueil RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 219 - RAPPORT ACTIVITE AEMO-AEAD ANNEE 2014 Association gestionnaire : Nom et adresse : A.V.V.E.J. AEMO - AEAD Clairefontaine Ŕ 19 rue du Gué Ŕ 92500 RUEIL MALMAISON Décision Justice AEMO Mesures AEAD TOTAL Total AEADGENERAL Garçons Filles Total AEMO Garçons Filles Au 1er Janvier 2014 65 54 119 17 15 32 151 Jeunes nouvellement confiés Dans l'année 29 26 55 17 14 31 86 32 29 61 11 12 23 83 Au 31 décembre 2014 Total jeunes 63 50 113 23 17 40 153 Suivis dans l'année 95 79 174 34 29 63 237 Jeunes en charge Jeunes sortis Dans l'année Jeunes en charge Nombre de familles (ou nombre de fratries Suivies dans l’année Nombre de familles nouvellement Admises dans l’année 103 39 142 35 18 53 Dřannée en année, nous augmentons notre prise en charge dřAED, même si parallèlement nous avons eu davantage de fins dřAED. En 2014, nous avons démarré davantage dřAED sur le territoire ASE N°3, car au moment où nous avions le plus de disponibilité, le ST ASE N°4 venait de confier des mesures à dřautres associations, mais lřécart entre les 2 territoires sřest joué à 5 enfants. En 2013, nous étions dans la situation inverse. Toutes les contractualisations se sont quasiment signées au 1 er rendez-vous dans les deux services dřAide sociale à lřEnfance. En revanche, les AED sont difficiles à mettre en place quand les parents sont dans une pseudo adhésion à la mesure éducative pour éviter une intervention dans un cadre judiciaire. En AEMO, notre activité reste à peu près stable, plus précisément nous avons accueilli 3 fratries en moins. AEMO / AED Rueil RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 220 - Département d’origine : Département Présents au 31 décembre 2014 AEMO Présents au 31 décembre 2014 AEAD Admissions Dans l’année 2014 AEMO Admissions dans l’année 2014 AEAD 92 113 40 54 31 75 94 10 Sous Total TOTAL 1 113 55 40 31 153 86 Notre activité sřest réalisée presquřexclusivement auprès dřenfants alto séquanais. Pour 1 seul enfant sur 4 auprès desquels nous intervenions en 2013, notre accompagnement sřest poursuivi sachant quřil est désormais résidant sur le 92. LřAEMO concernant une adolescente de lřAube sřest vite terminée, cette dernière étant repartie auprès de son autre parent dans son département dřorigine. Les moyens alloués à notre service sont donc bien au bénéfice des jeunes résidant dans les Hauts de Seine. Origine géographique au sein du 92 : S.T. Présents Le jour du 31 décembre 2014 AEMO Présents Le jour du31 Décembre 2014 AEAD 1 13 2 33 3 15 24 4 25 16 5 16 6 10 7 1 8 Total 113 40 Lřessentiel de notre activité en AEMO se situe entre les ST ASE N° 2-3-4-5, et avec une forte concentration sur les ST ASE 2 et 4. Pour lřinstant, nous maintenons notre activité en AED sur les ST ASE 3 et 4. Favoriser la proximité géographique avec le service permet dřenvisager des activités collectives au service, en fonction des problématiques en présence. AEMO / AED Rueil RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 221 - Nombre de journées facturées - répartition par organismes payeurs : AEMO ASE 92 ASE Autres Départs Admi Judic 1082 PJJ TOTAL 2012 Admi 8275 Judic 45912 2013 12639 42187 1082 55908 2014 11327 41742 938 54007 55269 Origine du « signalement » des enfants admis dans l’année : Origine Nombre AEMO AS secteur Nombre AEAD 1 TOTAL 1 PMI 1 1 2 ASE 17 10 27 Scolaire 19 9 28 3 5 5 13 1 2 2 3 2 86 CMP - CMPP Centre maternel Autres dont AS Hôpital Demande famille Saisine du juge Police Procureur Service Autre à préciser TOTAL 2 8 1 2 2 3 55 2 31 Lorsque le signalement émane de plusieurs services ne comptabiliser l’enfant qu’une seule fois dans la rubrique du service le plus impliqué. Comme en 2013, nous avons pris en charge autant de situations dřAEMO dont les signalements émanaient des services du Conseil général (ASE, PMI et EDAS) que des services de lřEducation nationale. Remarquons quand même une augmentation depuis 2 ans des démarches directes des parents auprès de lřinstitution judiciaire : 2 enfants étaient concernés en 2012, 6 en 2013 et 8 en 2014. Il sřagit de situations dřadolescents en déroute ou de parents en grand contentieux conjugal. Comme le plus souvent, lřattente est alors davantage du côté de lřautorité judiciaire que de celui dřune aide éducative qui invite à revisiter les positionnements de chacun et les modes relationnels. AEMO / AED Rueil RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 222 - Age des jeunes AEMO : - 3 ans 3-6 ans Au moment De la prise charge en Au 31 décembre 2014 6-10 ans 10-13 ans 13-16 ans 16-18 ans 11 22 55 36 26 24 4 9 23 36 23 19 6-10 ans 10-13 ans 13-16 ans 16-18 ans 18-21 TOTAL ans 174 113 Age des jeunes AEAD : - 3 ans 3-6 ans Au moment De la prise charge en Au 31 décembre 2014 6 5 19 16 15 2 2 4 9 16 5 4 Notre prise en charge en AED sřaccentue légèrement pour augmente franchement pour les jeunes à partir de 6 ans et dřâge de 10 à 13 ans. On peut comprendre que les passages à des périodes particulièrement sensibles qui mettent en comportements et dřapprentissage. 18-21 TOTAL ans 63 40 les petits enfants tandis quřelle plus lourdement pour la tranche lřécole primaire et au collège sont évidence des perturbations de En AEMO, nous observons une progression des admissions des jeunes de 10 à 13 ans avec les mêmes signes que ceux énoncés pour lřAED et de 16 à 18 ans. Le contexte des jeunes de 16 à 18 ans qui sont concernés nouvellement par lřAEMO est celui de fin de long placement auquel ces derniers nřadhèrent plus ou dřadolescents en rupture avec la scolarité, en conflit majeur avec leurs parents et en situation à hauts risques. AEMO / AED Rueil RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 223 - Lieu de résidence des jeunes suivis : Lieu d'hébergement des Jeunes au 31 décembre 2014 Famille Studio AEMO AEAD 99 1 39 Placés en établissement dont - Mesure judiciaire - Accueil temporaire 2 Placement familial dont - Mesure judicaire - Accueil temporaire Tiers digne de confiance 10 Internats scolaires Autres IME- IMPRO (en internat seulement) (Les hôpitaux de jour sont exclus, l’enfant dort chez lui)... TOTAL 1 1 113 40 Nous remarquons en AEMO une augmentation de jeunes qui ne vivent pas avec leurs parents au quotidien, et qui sont confiés à des tiers dignes de confiance, ou sont accueillis en relais parental ou en internat scolaire. Situation préalable à l’admission : AEMO 66 AEAD 54 Placement 31 2 MJIE- 23 Autres mesures à domicile dont : - Evaluation ASE - AEP - AED - MAESF (aide à la gestion par EDAS sans transfert des PF) - AGBF - Aide sociale liée au logement 43 2 6 4 Absence de suivi Autres (à préciser) AEMO TOTAL AEMO / AED Rueil 5 174 1 63 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 224 - Ancienneté de prise en charge des présents au 31 décembre 2014 : (Afin dřobtenir la moyenne de chaque période dřâge, suivre le calcul suivant : Exemple la tranche des 1-2 ans, donc 12 mois-24 mois : 12+24=36 mois : 2 = 18 mois) AEMO 1,5 0-3 mois 4,5 3-6 mois 7,5 6-9 mois 10,5 9-12 mois 18 1-2 ans 30 2-3 ans 48 3-5 ans 90 5-10 ans 7 13 31 7 34 8 10 3 150 10-15 +15 TOT ans ans AL 113 Moyenne : (total du nombre de mois de présence divisé par le nombre de présents au 31 décembre) : 17,38 mois AEAD 1,5 0-3 mois 4,5 3-6 mois 19 4 7,5 6-9 mois 10,5 9-12 mois 18 1-2 ans 30 2-3 ans 6 9 2 48 3-5 ans 90 5-10 ans 150 10-15 +15 TOT ans ans AL 40 Moyenne : (total du nombre de mois de présence divisé par le nombre de présents au 31 décembre) : 8,28 mois Durée des prises en charge terminées au cours de l’année 2014 : (Mêmes formules de calcul que pour lřancienneté de prise en charge) AEMO 1,5 0-3 mois 4,5 3-6 mois 4 4 7,5 6-9 mois 10,5 9-12 mois 18 1-2 ans 30 2-3 ans 48 3-5 ans 90 5-10 ans 10 18 5 17 3 150 10-15 +15 TOT ans ans AL 61 Moyenne : 28,075 mois (total du nombre de mois de présence divisé par le nombre des sortants de lřannée) 1,5 0-3 mois AEAD 4,5 3-6 mois 2 7,5 6-9 mois 10,5 9-12 mois 18 1-2 ans 30 2-3 ans 1 12 8 48 3-5 ans 90 5-10 ans 150 10-15 +15 TOT ans ans AL 23 Moyenne : 20,67 mois (total du nombre de mois de présence divisé par le nombre des sortants de lřannée) AEMO / AED Rueil RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 225 - Composition familiale des familles suivies le jour du 31 décembre 2014 : (Prendre en considération tous les enfants de la fratrie, y compris ceux qui ne sont pas concernés par AEMO). Mère seule Père seul Couple Tiers digne de confiance TOTAL 1 Enfant 11 2 5 5 23 2 Enfants 11 2 8 2 23 3 Enfants 22 7 3 3 35 4 Enfants 16 4 20 5 et + 7 5 12 TOTAL 67 AEMO 11 25 10 113 Notons que les enfants confiés à des tiers dignes de confiance le sont au sein de leur famille. 8 enfants sur 10 vivent avec leur grand-mère, un avec ses oncle et tante, et le dernier avec sa sœur aînée. Si les enfants apprécient de rester dans leur famille, les conflits de loyauté entre leurs propres parents et les personnes qui les accueillent, sont parfois tellement insupportables que se pose la question dřun accueil en lieu plus neutre. En AEMO, un peu plus de 73 % des enfants vivent au quotidien avec un seul de leurs parents, en comprenant aussi les accueillants tiers dignes de confiance. Composition familiale des familles suivies au 31 décembre 2014 : (Prendre en considération tous les enfants de la fratrie, y compris ceux qui ne sont pas concernés par AED). AEAD Mère seule Père seul Couple 1 Enfant 5 1 2 Enfants 9 5 3 Enfants 6 7 4 Enfants 7 Tiers digne de confiance TOTAL 5 et + TOTAL 27 1 12 40 En AED, 70% des enfants vivent au quotidien avec un seul parent. Pour un seul enfant, cřest son père qui lřélève au quotidien. Au total des enfants suivis par le service, 7,79 % vivent avec leur père seul. AEMO / AED Rueil RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 226 - Situation scolaire ou professionnelle des jeunes en charge au 31 décembre 2014: AEMO - de 3 ans - En accueil externe (crèche, halte jeux, assistante maternelle…) -Au foyer familial AEAD 1 2 3 - Scolarisés 8 3 - non Scolarisés 1 - de 6 ans Primaire 36 CLIS 15 2 - Scolarisé Collège ou IMPro - non scolarisés régulièrement + de 15 ans - 18 ans - Enseignement général - Enseignement professionnel - Apprentissage Stage - Activité professionnelle - IMPro - Sans 36 14 1 5 10 2 3 2 1 8 18 - 21 ans - Enseignement général - Enseignement professionnel - Apprentissage stage - Activité professionnelle - Sans TOTAL AEMO / AED Rueil 113 40 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 227 - Situation sociale des familles suivies au 31 décembre 2014 : Situation AEMO AEAD Père Mère vivant vivant Couple TDC seul seule Commerçant - Artisan - Prof. Libérale Salarié Chômeurs indemnisés Invalidité ou indemnités Sécu. Soc. Prestations : AAH - RSA Prestations enfants CAF / ASE Sans ressource stable (emploi précaire, intérimaire, très partiel Divers (à préciser) dont : Formation Retraite Demandeur d’asile avec indemnités Prestation compensatoire ou seule pension alimentaire Autres : SOUS TOTAL TOTAL 10 1 11 27 6 17 3 12 17 2 3 1 5 2 2 4 1 25 10 67 113 Père isolé Mère couple isolée 1 15 4 3 3 2 11 1 1 27 40 12 Afin de mieux repérer les situations familiales, nous avons voulu faire émerger les parents vivant seuls (séparés, divorcés ou isolés) et en couple. Nous remarquons par rapport à lřannée dernière une augmentation des situations où les parents vivent de prestations sociales (15 parents en plus) ou dřindemnisations par lřASSEDIC (7 parents en plus). Il en est de même pour les parents disposant de ressources instables. Nous faisons le lien avec lřarticle de Florence Tamerlo dans les ASH du 30 janvier 2015, qui fait remonter le constat dřune augmentation de lřintensité de la pauvreté réalisé par les inspecteurs généraux des Affaires sociales. AEMO / AED Rueil RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 228 - Fin de mesure : point et analyse : Conditions de sortie Absence de suivi (aucune suite) Retour au Pays AEMO AEAD 31 16 2 Autre suivi à domicile (à préciser) dont : (IOE) MJIE - Mesure pénale - AEMO (même après AED exercée par notre service) - AED (même après AEMO exercée par notre service) 1 1 Déménagement (même si l’AEMO ou l’AED se poursuit ailleurs) 5 Placement Logement hôtel 9 1 2 2 Accueil temporaire Autre condition de sortie dont majorité AEMO renforcé Demande famille TOTAL 8 1 2 61 1 2 23 Analyse fin de mesure : motif de fin de prise en charge Motif Majorité Evolution positive Déménagement (même si lřAEMO ou lřAED se poursuit ailleurs) Retour au pays Arrêt à la demande de la famille Non coopération Impossibilité de travailler Signalement au Procureur Placement dont : Judiciaire Accueil temporaire Mesure d'AEMO (justice) Mesure d'AEAD (administrative) Autres dont : AEMO Renforcée Mesure pénale (IOE) MJIE TOTAL AEMO / AED Rueil AEMO 8 24 2 AEAD 1 6 2 10 5 6 1 10 2 4 2 1 61 23 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 229 - Si nous avons eu moins dřenfants sortants cette année par rapport à lřannée dernière, nous pouvons repérer plus dřenfants pour lesquels notre accompagnement sřest achevé pour des raisons positives. Nous avons mis en œuvre beaucoup moins de placement en 2014, et davantage pour des carences éducatives, de soins sřaggravant. En 2013, nous avions été confrontés à plusieurs situations de préadolescents ou adolescents abîmés, épuisés après avoir fait un parcours auprès de parents ayant des problématiques psychiques importants. Les liens réguliers que nous avons avec nos collègues des ST ASE nous permettent dřavoir des nouvelles de certains jeunes pour lesquels notre accompagnement sřest interrompu. Cela nous amène à développer des points de vue pondérés sur lřappréciation à court et plus long sur ce qui peut être une fin de mesure positive ou négative de milieu ouvert. AEMO / AED Rueil RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 230 - AEMO / AED Rueil RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 231 - Maisons d’Accompagnement Parents Enfants (MAPE) Fusion des Foyers maternels Le Bief / Clairefontaine Accueil de 55 jeunes femmes enceintes, ou avec un ou deux enfants de moins de 3 ans. Dans le département des Hauts-de-Seine : - Accueil collectif : 17 familles - mères mineures ou jeunes adultes avec enfants - accueillies en mode collectif dans deux foyers : Le Bief à Antony, Clairefontaine à Fontenay-aux-Roses. - Accueil en appartements : 38 familles - mères majeures avec enfants - accueillies en appartements autonomes dans trois sites : 15 à Antony, 12 à Colombes, 11 à Fontenay-aux-Roses. AVVEJ Foyers maternels Le Bief / Clairefontaine Directeur Thierry SIMON Foyer Maternel Le Bief Foyer Maternel Clairefontaine Antony Fontenay-aux-Roses / Colombes Directrice adjointe Hamida BENKHELFALLAH Dominique BOUFFLERD (Mme) Béatrice MINGOTAUD Chef de service éducatif Chef de service éducatif Service éducatif des mères mineures (S.E.M.M.) Service dřAccompagnement Individualisé (S.A.I.) Espace Petite Enfance (E.P.E.) Stéphanie ORINEL Chef de service éducatif Foyer Maternel Éducatif (F.M.E.) Franck ROCHETTE Valérie BERTRAND (À partir dřoctobre 2013) Responsable Coordonnateur Espace Multi-Accueil (E.MA.) Service éducatif des jeunes mères majeures (S.E.J.M.M.) ASSOCIATION VERS LA VIE ET L’EDUCATION DES JEUNES l RECONNUE D’UTILITE PUBLIQUE 1, place Charles de Gaulle Ŕ 78067 St Quentin en Yvelines Cedex Téléphone : 01.30.43.26.00 Ŕ Télécopie : 01.30.43.98.25 Courrier électronique Direction générale : [email protected] - 232 - ASSOCIATION VERS LA VIE ET L’EDUCATION DES JEUNES l RECONNUE D’UTILITE PUBLIQUE 1, place Charles de Gaulle Ŕ 78067 St Quentin en Yvelines Cedex Téléphone : 01.30.43.26.00 Ŕ Télécopie : 01.30.43.98.25 Courrier électronique Direction générale : [email protected] - 233 - FOYER MATERNEL LE BIEF 4 rue du Moulin 92160 ANTONY Téléphone : 01.46.68.81.48 Fax : 01.46.66.83.40 Mail : [email protected] Autobus : ligne 197 - Paris : Porte dřOrléans Arrêt « Mounié » R.E.R. B4 -Direction St-Rémy-lès-Chevreuse Ŕ Gare dřAntony ACCUEIL : 1. 2. 3. 4. 23 mères de 12 à 25 ans et leur enfant de moins de 3 ans. Accueil de femmes enceintes majeures. Service éducatif de mères mineures (S.E.M.M.) : accueil collectif de 8 mères mineures ou jeunes majeures avec un enfant de 0 à 3 ans Service éducatif de jeunes mères majeures (S.E.J.M.M.) : accueil de 15 jeunes femmes majeures (18 à 25 ans), enceintes ou mères avec un ou deux enfants de 0 à 3 ans, en appartement. Espace petite enfance : Accueil collectif de jour de 12 places, pour les enfants des mères mineures ou majeures. Accueil Familial de jour pour 11 enfants, par des assistantes maternelles agréées de jour (et, pour certaines, jour/nuit : agrément utilisé uniquement dans des situations particulières). MISSION : Lřinstitution reçoit des mères adolescentes ou jeunes adultes et leur enfant de 0 à 3 ans, dont le lien qui les unit peut produire un risque pour le développement de lřenfant. Nous y menons une action éducative auprès de lřenfant, garantissons le maternage nécessaire au tout-petit, privilégions son éveil psychomoteur, son rapport à lřautre, développons son aptitude à communiquer. Nous lui assurons la présence fréquente et régulière de sa mère, ce qui lui permet dřétablir un lien affectif constant et suivi avec elle dans le cadre dřune vie commune. Nous intégrons un « dire » entre lřenfant et sa jeune mère. Nous essayons de rompre lřisolement des jeunes femmes, favorisons leur projet de vie en leur apportant une aide matérielle et éducative : nous encourageons les apprentissages, la prise de parole, et les accompagnons à assumer la responsabilité de leurs dires, leurs actes, leurs engagements. Nous les autorisons aussi à penser, à poser la façon dont elles souhaitent mais aussi peuvent être mère. Les fondements de notre projet éducatif sont élaborés sur lřidée maîtresse que tout lien maternel nřest pas par essence forcément « bon », mais quřun petit enfant peut susciter chez sa mère un réel désir de vie. Nous travaillons ainsi à : 1. Assurer au nouveau-né une sécurité affective minimale, lui permettre dřétablir au quotidien un lien avec sa mère, mais aussi son père quand ce dernier lřa reconnu ou souhaite le faire, être éduqué, socialisé, et de ne pas souffrir précocement de graves carences affectives. Évaluer lřexistence ou non dřun lien familial possible dans la continuité. ASSOCIATION VERS LA VIE ET L’EDUCATION DES JEUNES l RECONNUE D’UTILITE PUBLIQUE 1, place Charles de Gaulle Ŕ 78067 St Quentin en Yvelines Cedex Téléphone : 01.30.43.26.00 Ŕ Télécopie : 01.30.43.98.25 Courrier électronique Direction générale : [email protected] - 234 - 2. Rompre lřisolement de lřadolescente en rupture familiale qui a connu abandons, rejets, placements. Contribuer à sa construction identitaire, à son individuation et à sa socialisation : à lřinscrire dans « ici et maintenant » ; à lui donner les repères éducatifs et une perspective curative pour penser sa vie et grandir, à sřinsérer socialement et professionnellement et à appréhender sa fonction parentale à plein temps, ou partiellement sans culpabilité. 3. Permettre le développement dřune relation entre une adolescente devenue mère et son tout petit enfant en accompagnant le maternage, et en les initiant lřun et lřautre au langage. 4. Permettre si possible à cet enfant de rompre avec le cercle vicieux de lřignorance des origines en intégrant son tissu générationnel (quand cřest réalisable). Autoriser le père qui lřa reconnu à sřapproprier sa fonction parentale et à appréhender ses responsabilités. Inviter ses grands-parents à investir leur rôle. AGRÉMENT : Aide Sociale à lřEnfance STRUCTURE : Directeur : Thierry SIMON Directrice adjointe : Hamida BENKHELFALLAH Chef de service éducatif : Dominique BOUFFLERD (Mme) Coordonnateur (A partir dřoctobre 2013) : Franck ROCHETTE Service administratif : - secrétaire de direction, économe, adjointe dřéconomat. Services généraux : - maîtresse de maison, surveillants de nuit, agent de service intérieur, homme dřentretien. Services éducatifs : - éducateurs spécialisés, éducatrices de jeunes enfants, auxiliaires de puériculture, agent dřaccompagnement petite enfance, assistantes maternelles. Service médical et psychologie : - médecin, infirmière, psychologues. ASSOCIATION VERS LA VIE ET L’EDUCATION DES JEUNES l RECONNUE D’UTILITE PUBLIQUE 1, place Charles de Gaulle Ŕ 78067 St Quentin en Yvelines Cedex Téléphone : 01.30.43.26.00 Ŕ Télécopie : 01.30.43.98.25 Courrier électronique Direction générale : [email protected] - 235 - FOYER MATERNEL CLAIREFONTAINE 23 rue Boris Vildé 92260 Fontenay-aux-Roses Tél : 01 46 01 54 70 Fax : 01 46 01 54 81 Mail : [email protected] RER B - Direction Robinson. Arrêt Fontenay-auxRoses. Bus : 194. Direction Chatenay-Malabry. Arrêt Jean Jaurès-Carnot ACCUEIL : 32 mères et leurs enfants de moins de 3 ans. Accueil de femmes mineures enceintes. 1. Foyer Maternel Educatif (F.M.E.) : collectif de 9 mères mineures ou jeunes adultes avec un ou deux enfants de 0 à 3 ans. Accueil de femmes enceintes. Accueil des enfants à lřEspace Multi-Accueil. 2. Espace Multi-Accueil (E.M.A.) : accueil de 20 enfants en journée. 15 enfants des mères accueillies au foyer maternel et 5 enfants « extérieurs » (en projet). Accueil en crèche. Pause-maman. Espace rencontre parent/enfant. 3. Service d’Accompagnement Individualisé (S.A.I.) : accueil en appartements autonomes de 23 mères de 18 à 25 ans avec leurs enfants de moins de 3 ans. Deux antennes : o Colombes : 12 appartements, accueil des enfants par des assistantes maternelles o Fontenay-aux-Roses : 10 appartements dont un appartement partagé, accueil des enfants à lřE.M.A. ou par des assistantes maternelles. MISSION : Aider la jeune mère à construire une relation viable avec son enfant et à préparer son avenir et celui de son enfant. Favoriser des temps de séparation sans que cela soit un drame, se soucier de la place du père. Favoriser lřinsertion scolaire, professionnelle et sociale en apportant à la jeune mère l'aide psychologique, affective et éducative qui lui permettra de prendre en charge, elle-même, ses problèmes de manière autonome. HABILITATION : Aide Sociale à lřEnfance ASSOCIATION VERS LA VIE ET L’EDUCATION DES JEUNES l RECONNUE D’UTILITE PUBLIQUE 1, place Charles de Gaulle Ŕ 78067 St Quentin en Yvelines Cedex Téléphone : 01.30.43.26.00 Ŕ Télécopie : 01.30.43.98.25 Courrier électronique Direction générale : [email protected] - 236 - STRUCTURE : Directeur : Thierry SIMON Chefs de Service éducatif : - Service dřaccompagnement Individualisé : Béatrice MINGOTAUD - Foyer Maternel Educatif : Stéphanie ORINEL Responsable de lřEspace Multi-Accueil : Valérie BERTRAND Service administratif : - secrétaires (Fontenay, Colombes), économe, adjointe dřéconomat. Services généraux : - maîtresse de maison, surveillants de nuit, agent de service intérieur, homme dřentretien. Services éducatifs : - éducateurs spécialisés, éducatrices de jeunes enfants, auxiliaires de puériculture, agent dřaccompagnement petite enfance, assistantes maternelles. Service médical et psychologie : - médecin, infirmière, psychologues. ASSOCIATION VERS LA VIE ET L’EDUCATION DES JEUNES l RECONNUE D’UTILITE PUBLIQUE 1, place Charles de Gaulle Ŕ 78067 St Quentin en Yvelines Cedex Téléphone : 01.30.43.26.00 Ŕ Télécopie : 01.30.43.98.25 Courrier électronique Direction générale : [email protected] - 237 - Fusion des foyers maternels Le Bief et Clairefontaine. Création des Maisons d’Accompagnement Parents Enfants (M.A.P.E.) Thierry SIMON, directeur Engagé depuis plusieurs années, le rapprochement des deux foyers maternels gérés par lřAVVEJ dans le département des Hauts-de-Seine, Le Bief à Antony et Clairefontaine à Fontenay-auxRoses et Colombes sřest finalisé par la création dřune nouvelle entité nommée par décision du conseil dřadministration, Maisons dřAccompagnement Parents Enfants (MAPE). 2014 a été lřannée de lřaboutissement dřun processus long et dřune mise en perspective par plusieurs réalisations concomitantes : le projet dřétablissement 2015-2020, lřévaluation externe des deux établissements, la structuration du service administratif dans une configuration nouvelle, le premier budget prévisionnel des MAPE et lřobtention le 24 décembre dřune habilitation à lřAide Sociale à lřEnfance. Pendant les travaux, lřaccueil des familles continuait et lřactivité du dispositif était réalisée à hauteur de 100,52 % (18 899 journées mère/enfant). Si les deux établissements ont une capacité dřaccueil de 55 familles, leur action en a concerné 88, quřelles aient été accueillies en 2012 ou 2013 et sorties en 2014, ou accueillies et sorties entre janvier et décembre 2014, ou bien encore, arrivées en cours dřannées. La durée moyenne de présence est légèrement supérieure à 14 mois. La fusion devait répondre à plusieurs objectifs : o o o o Proposer des réponses diversifiées en fonction des caractéristiques dřun public hétérogène. Assurer une cohérence dřensemble et la complémentarité des propositions éducatives. Mettre en œuvre des synergies en matière de gestion, formation, ressources humaines et documentaires. Anticiper lřadaptation nécessaire du modèle Foyer maternel aux politiques familiales, qui découlent des évolutions de la famille et de lřexercice des fonctions parentales. En référence aux Options Fondamentales de lřassociation, les écueils étaient repérés : ne pas distendre la relation entre le public dřenfants, dřadolescentes et de jeunes adultes et les professionnels de lřaccompagnement éducatif, ne pas éloigner ces professionnels dřun encadrement de proximité, ne pas déterritorialiser les fonctions administratives, dřéconomat et dřentretien. Dès lors, la fusion nřest ni délocalisation ni désinstitutionalisation et les unités dřhébergement et du travail éducatif restent des lieux habités par les résidents sécurisés et des adultes disponibles. Réunir sans réduire, additionner sans soustraire, et rechercher toutes formes de mutualisation et de rationalisation pour réaliser les tâches qui sřimposent, dans un contexte dřinflation des contrôles, des évaluations, des procédures écrites, des obligations de traçabilité y compris des actes éducatifs. Répondre aux besoins de formations indispensables à la qualification des équipes, améliorer la gestion des ressources humaines et les conditions de travail, dont la qualité détermine lřaccueil bientraitant des familles, répondre aux obligations liées au droit du travail, à la prévention des risques psycho-sociaux, etc. Des gains de temps et la rationalisation des tâches permettront dřassumer des charges de travail qui ne pouvaient lřêtre, ou ne pouvaient lřêtre complètement, ou de façon rigoureuse et exhaustive : documentation, communication externe et interne avec le développement de lřintranet, statistiques sur la population accueillie, amélioration de la mise en œuvre de travaux, Foyers maternels Le Bief / Clairefontaine RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 238 - de réfection, dřentretien de 1700 m2 de locaux dans 4 sites (auxquels il convient dřajouter lřentretien des espaces verts) et du parc de 38 appartements localisés dans 5 villes des Hauts-deSeine, etc. La recherche dřéconomies est un objectif qui sera poursuivi notamment en mettant à plat les différents contrats établis avec nos prestataires. Mais cřest la qualité de lřaccompagnement éducatif que cette fusion doit principalement améliorer : la signature de la convention entre les MAPE et lřhôpital Erasme pour PPUMMA, unité mobile dřurgence de psychiatrie périnatale en maternité (cf. infra. 3) est exemplaire dřune mutualisation permettant de répondre à des besoins identifiés (en lřoccurrence, réaliser le suivi pédopsychiatrique dans les meilleures conditions). Dřautres problématiques, éducatives, dřinsertion, de culture, etc. bénéficieront de la circulation des idées et des initiatives, et de lřutilisation transversale de compétences spécifiques. Sur le plan de lřencadrement éducatif, les deux espaces collectifs accueillent 17 familles dont la mère est mineure à lřentrée, adolescentes parfois très jeunes (14, 15 ans). Ce ratio dřencadrement est comparable à celui en vigueur dans une MECS, alors que ces adolescentes ont les besoins éducatifs des personnes de leur âge, en même temps quřelles sont confrontées à leur maternité précoce, et alors que lřenfant, personne à part entière et présente, réclame lřattention constante des professionnels. En ce qui concerne lřaccompagnement individualisé pour femmes majeures avec enfant, les services de lřAide Sociale à lřEnfance tendent à délaisser leur suivi quand les familles sont accueillies dans un foyer maternel, qui se trouve de fait, responsable quasi exclusif du travail dřorientation à la sortie. Lřamélioration de ces conditions de sortie est un objectif poursuivi avec toujours plus de volontarisme. Depuis 2009, la direction des deux foyers est commune. Réunir ces établissements, cřest à partir de deux ne plus faire quřun ou une : un projet dřétablissement, une équipe de professionnels, un service administratif, un budget, un comité dřétablissement, un CHSCT,… en même temps que doubler lřimportance, le rôle et lřeffectif de ces instances. Cřest aussi mutualiser les ressources humaines, la formation, unifier les procédures. Cřest réunir la pensée et la réflexion, les outils de communication et dřéducation, les règles, le conseil de la vie sociale, etc. La démarche choisie a été celle dřun processus lent pour éviter les ruptures radicales dans lřorganisation dřétablissements qui ne fonctionnaient pas si mal (cf. infra. 4- Lřévaluation externe), et dont on sait quřelles se répercutent sur la qualité de lřaccueil du public. Pour le mener à bien, il fallait que lřacteur associatif agisse en cohérence avec lřacteur institutionnel, et que les deux maintiennent le cap et les choix initiaux sans redéfinition en cours de route. Le Département des Hauts-de-Seine lřa soutenu ainsi que ses modalités, habilitant la nouvelle entité sur la base dřun projet dřétablissement 2015-2020 clair dans ses objectifs comme dans la description des moyens nécessaires pour le mettre en œuvre, jusquřà la création le 1 er janvier 2015, des Maisons dřAccompagnement Parents Enfants. Le projet d’établissement Le Projet dřétablissement est lřoutil de référence pour les professionnels intervenant auprès des enfants et de leurs parents dans le dispositif MAPE. Elaboré entre le début du second semestre 2013 et septembre 2014 pour la période 2015/2020, il a été conçu comme une construction intégrant son potentiel dřévolution dans sa conception même. Il a été élaboré à partir du projet dřétablissement du Foyer Maternel Le Bief et de celui du Foyer Maternel Clairefontaine. Pendant son élaboration, les échanges avec le Conseil dřadministration, le Président de lřassociation et le Directeur général ainsi que le Conseil de direction de lřAVVEJ ont été constants. Le nom de lřétablissement, Maisons dřAccompagnement Parents Enfants, a été entériné par un vote de lřassemblée générale de lřassociation AVVEJ le 27 juin 2014. Foyers maternels Le Bief / Clairefontaine RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 239 - La démarche dřélaboration a été collective : lřorganisme Pluriel-Formation a guidé lřéquipe dřencadrement dans la mise en œuvre dřune démarche participative avec lřensemble des professionnels ; la structuration du service administratif a été accompagnée par lřassociation Passerelle et Compétences ; les équipes éducatives des crèches collectives ont contribué à lřélaboration des projets pédagogiques de ces espaces dřaccueil. La participation du public a été recherchée : lors des réunions du Conseil de la Vie Sociale réuni trois fois par an dans chacun des foyers maternels, les représentantes élues des familles, en interrogeant le fonctionnement et le sens de leur accompagnement ont participé de cette élaboration. Les réunions mensuelles dans chacun des services avec lřensemble des femmes adolescentes ou adultes accueillies, les équipes éducatives et les cadres alimentent un dialogue permanent qui a permis lřexpression dřobservations, interrogations, critiques et propositions. En cela, ces réunions constituent une source dřinspiration pour le projet dřétablissement des MAPE. Version imprimée et version numérique. Le projet dřétablissement existe par la capacité quřont les acteurs professionnels à sřen approprier le sens, à évaluer les actions telles quřelles sont mises en pratique et telles quřelles devraient lřêtre, à le corriger, à le faire évoluer. La version imprimée a été conçue comme un outil de travail, remis à chaque nouveau salarié ou stagiaire à son arrivée dans lřétablissement. Une version numérique, accessible à partir de lřintranet sur tous les postes informatiques des MAPE est constituée du texte de la version imprimée, des documents préparatoires et des documents source (projets dřétablissement antérieurs). Des analyses précisant tel ou tel point du projet sont déjà accessibles par liens hypertextes, les évolutions seront indexées au fur et à mesure quřelles seront validées. Suivi pédopsychiatrique : Signature d’une convention avec l’Etablissement Public de Santé, EPS Erasme / PPUMMA, unité mobile d’urgence de psychiatrie périnatale en maternité En gestation depuis deux ans, la convention PPUMMA/Le Bief-Clairefontaine a été signée le 17 mai 2014 pour une période de trois ans par Mme Nathalie SANCHEZ, directrice de lřEPS Erasme et le directeur des MAPE. Elle est le fruit dřune double détermination, celle de lřéquipe de PPUMMA déjà en lien de travail avec lřétablissement et la détermination des équipes des MAPE, conscientes de la nécessité de développer un partenariat dans un domaine de compétence que lřétablissement ne pourrait couvrir seul. Il sřagit dřun évènement important à plus dřun titre : parce que cette convention va permettre aux femmes enceintes, aux mères et aux enfants accueillis de bénéficier dřinterventions pour répondre à lřurgence dans la période périnatale, parce quřelle est pour les équipes éducatives et les professionnels en charge du suivi psychologique un soutien et un étayage essentiels, et aussi, parce que cette alternative au recrutement de professionnels permet une ouverture de lřétablissement sur lřenvironnement médico-social et des accès facilités à des dispositifs saturés. Il convient de noter que cette démarche a reçu le soutien de la Direction Enfance Famille Jeunesse du département des Hauts-de-Seine. Foyers maternels Le Bief / Clairefontaine RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 240 - La convention permet aux personnes accueillies par les MAPE à Antony et à Fontenay-aux-Roses de bénéficier dřinterventions diverses et continues, principalement : o o o o o Intervention dřun pédopsychiatre ou dřune puéricultrice. Observation complémentaire à celle du psychologue de lřétablissement au moment de certaines admissions, notamment des admissions de mères mineures. Prises en charges individuelles des mères et de leur bébé qui rencontrent des difficultés psycho/psychiatriques. Aide à lřorientation avec possible accompagnement de lřéquipe. PPUMMA sera considéré comme lieux ressources et de formation sur lřensemble des problématiques « psy » grossesse et périnatalité. Une recherche de partenariat sera entreprise pour permettre aux 12 familles accueillies à Colombes de bénéficier dřun soutien comparable. Evaluations externes des foyers maternels Lřévaluation externe du foyer maternel Le Bief et lřévaluation externe du foyer maternel Clairefontaine ont été effectuées simultanément au dernier trimestre de lřannée. Elles survenaient deux mois après que le projet dřétablissement de la nouvelle entité MAPE ait été finalisé et alors que son élaboration avait nécessité un travail dřévaluation préalable, qui avait permis de définir des pistes dřamélioration intégrées au projet. Les deux établissements AVVEJ Foyers maternels Le Bief / Clairefontaine, engagés dans un processus de rapprochement depuis plusieurs années ne pouvaient être évalués distinctement sans que soit perdue une grande partie de ce quřils sont maintenant. Effectuées par des évaluatrices différentes, elles étaient décalées alors que lřactualité institutionnelle projetait les deux établissements dans une phase nouvelle de leur histoire. Ceci noté, dans les années récentes, ils nřont pas eu un parcours identique, quand lřun évoluait en continuité (Le Bief) et que lřautre (Clairefontaine) sřinscrivait dans une succession de ruptures : fermeture de lřaccueil collectif, P.S.E., déménagement provisoire, reconstruction des locaux, nouveau déménagement, réouverture avec plus de la moitié de nouveaux personnels dans des locaux neufs. En définitive, les deux rapports sont satisfaisants et il faut se réjouir que des observateurs extérieurs aient constaté que lřaccueil proposé aux familles dans les foyers maternels Le Bief et Clairefontaine est un accueil conforme aux missions qui sont les leurs, même si des pistes dřamélioration sont proposées et quřelles sont pour certaines dřentre elles justifiées. Cependant, ces évaluations externes ont une limite qui en relativise la portée : le coût des services que rend lřétablissement nřest pas mis en rapport avec les items observés, ce qui fait de lřévaluation externe un exercice déconnecté des réalités budgétaires et donc assez formel. En revanche, si on sřautorise à les évaluer, on peut constater quřelles sont onéreuses, parce quřil faut rémunérer le prestataire et quřelles sont chronophages pour les institutions. Elles supposent une mobilisation de professionnels réunis en comité de pilotage ou sollicités pour des réunions et des entretiens, des lectures et corrections de rapports provisoires puis définitifs. Ce temps a été estimé à 130 heures de travail dont une partie importante de travail de cadres. Si leur méthodologie et leurs références idéologiques étaient identiques, les deux évaluatrices qui sont intervenues séparément dans lřun et lřautre site ont apprécié très différemment des actions comparables. Cřest à la fois questionnant (lřarbitraire nřest pas loin) et rassurant (les mesureurs de normes ne parviennent pas à faire abstraction de leur subjectivité). Foyers maternels Le Bief / Clairefontaine RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 241 - Projet culturel : ouvrir l’établissement La culture est un axe majeur du projet dřétablissement des MAPE. Il sřagit dřimpulser une dynamique collective pour quřelle irrigue lřétablissement, pour offrir des médiations culturelles, de création et dřaccompagnement vers les dispositifs culturels de droit commun. Nous avons invité lřéquipe pédagogique dřun autre établissement de lřAVVEJ, Espace-Ado 91, service dřaccueil dřurgence à Evry, à exposer des œuvres créées par les adolescent(e)s à partir dřune proposition : « Le monde vu de ma fenêtre Ŕ ouverte ou fermée - du dedans, du dehors ». L'équipe pédagogique d'Espace-Ado 91 a mobilisé les jeunes autour de cette thématique pendant plusieurs semaines. Lorsque lřexposition a été prête, le hall et les couloirs du foyer maternel Clairefontaine ont été transformés en petite galerie et les jeunes femmes, les enfants, les visiteurs et les personnels ont évolué entre des œuvres originales, présentant ces visions du monde singulières dont les créateurs étaient légitimement fiers. La thématique de la fenêtre ouverte sur le monde nřétait pas une proposition de hasard faite aux jeunes d'Espace-Ado. Leur vision nous importait mais loin dřêtre une compilation dřéléments disparates, la diversité des regards créait une cohérence d'ensemble et une couleur dominante plutôt lumineuse. Un vernissage était organisé par les hôtes, familles du foyer maternel et personnels qui avaient préparé cocktails et toasts de circonstances. Les artistes étaient honorés. La démonstration était faite quřun lieu dédié à la protection et à la prévention pouvait être aussi ouvert à la création et curieux du regard des autres, un lieu où lřon pouvait recevoir et donner. Le dispositif MAPE participera avec dřautres établissements de lřAVVEJ à la construction du réseau culturel associatif. Foyers maternels Le Bief / Clairefontaine RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 242 - Droit au loisir. Inventaire 2014 des activités éducatives Hamida BENKHELFALLAH, Directrice-Adjointe Les foyers maternels le Bief/Clairefontaine accueillent des femmes ayant grandi souvent dans un environnement insécurisant et peu structurant, avec des situations de ruptures familiales et sociales. La fragilité personnelle qui en découle se traduit par des difficultés relationnelles et une image de soi dégradée. Ces adolescentes ou jeunes femmes rencontrent de manière plus ou moins importante des difficultés sur le plan de lřautonomie, des apprentissages et de lřinstauration du lien avec leur enfant dont la charge restreint les possibilités de loisirs. Par lřaccompagnement, lřéquilibre est à rechercher pour que ni lřun ni lřautre ne soit frustré par la compatibilité des besoins de chacun. Le droit aux loisirs sřinscrit dans une gestion du temps plus large que le seul temps libre, et lřapprentissage de lřorganisation personnelle est la gestion des contradictions entre les aspirations des adolescentes, des jeunes femmes et de leur responsabilité familiale. Le tableau ci-dessous est un inventaire des activités promues par les différentes équipes éducatives, permettant de rythmer la vie de ces adolescentes, ces jeunes femmes et aussi celle des enfants. Lřactivité est le support aux échanges, permet la construction dřun vécu partagé, dřune relation et dřun processus éducatifs. Les actions collectives prennent en compte la jeune femme ou/et lřadolescente dans son individualité et dans sa relation aux autres à travers le groupe. La dynamique de groupe structure la jeune femme ou/et lřadolescente dans son identité, ses potentialités, sa citoyenneté et son autonomie. Ces temps favorisent aussi la conjugaison de lřaccompagnement éducatif de la mère et celui de lřenfant. Des ateliers permettent aux mères ou futures mères de confectionner des objets pour elles et leur enfant et aux professionnels de détecter les besoins des jeunes, de leur donner des repères, d'utiliser ce support relationnel pour faire passer divers messages. Les professionnels repèrent les besoins, des mères ou futures mères, leurs acquis, leurs « soucis » face à leur futur rôle de parent. Ils prennent en compte leurs différents problèmes au quotidien (repas, sommeil) et mettent en place des animations pour répondre aux besoins des deux générations. Ces expériences éducatives partagées entre la mère et lřenfant contiennent une dimension de transmission avec cet objectif commun à toutes les activités mises en œuvre, de travailler la fonction parentale des mères accompagnant leur enfant dans son apprentissage de la vie. Foyers maternels Le Bief / Clairefontaine RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 243 - Accueil collectif en internats Adolescentes ou jeunes majeures / Enfants de moins de 3 ans Activités internes Accueil individualisé en appartements Jeunes femmes majeures / Enfants de moins de 3 ans Activités internes Crèches Accueil collectif des enfants en journée SEMM, internat Le Bief Cuisine, couture, tricot, peinture et perles. Cours de danse hebdo. (6 mois). Piscine hebdo (6 mois) SEJMM, appartements Le Bief Petit déjeuner dans les locaux du service pour les mères une fois par mois Accueils jeux (Enfants, Assistantes maternelles, EJE) : 29 séances EPE, Le Bief Avec les enfants : Jeux dans le jardin, Jeux dřeau, Ateliers dessins, peinture et gommettes Avec les mères : temps de jeux (eau, peinture), repas avec lřenfant, Temps individuel autour des soins, (en lien avec lřInternat) temps dans la chambre de la mère autour de questions sur le bébé FME, internat Clairefontaine Atelier comptines une fois par semaine Repas du mercredi soir fait par les jeunes femmes Brunch des vacances (jeunes femmes et maitresse de maison) Broderie, Couture, Décoration de noël, pâte à sel, peinture avec les enfants, pâtisserie. Infirmières/ éducatives SAI, appartement Clairefontaine Bibliothèque, Médiathèque Accueils jeux (Enfants, Assistantes maternelles, EJE) : 30 séances à Colombes, 17 à Fontenay équpes Séances dřéducation à la santé : Activités internes E.M.A., Clairefontaine Tous les matins : activité dirigée pour les plus grands : peinture, collage, transvasements (sable, eau), parcours moteur, pâtisserie… (avec parfois la participation dřune mère à sa demande ou à la demande des éducateurs FME et/ou EMA) Sortie au CRIPS : IST, drogue, alcool et conduites addictives « Lřalimentation adolescente » 2 séances « Les méfaits du soleil » 2 séances « Les médicaments » : usage, posologie, conservation, générique et recyclage. 1 séance Foyers maternels Le Bief / Clairefontaine RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 244 - Accueil collectif en internats Adolescentes ou jeunes majeures / Enfants de moins de 3 ans Sorties encadrées par les équipes éducatives Accueil individualisé en appartements Jeunes femmes majeures / Enfants de moins de 3 ans Sorties encadrées par les équipes éducatives Crèches Accueil collectif des enfants en journée Sorties encadrées par les équipes éducatives SEMM, internat Le Bief Ludothèque, Médiathèque, Salon du bébé, Vernissage dřexposition SEJMM, appartements Le Bief EPE, Le Bief Une fois par mois mère/enfant Marchés, Parc, Piscine avec lřEJE sur le temps du weekend E.M.A., Clairefontaine Piscine, théâtre, Château FME, internat Clairefontaine SAI, appartement sauvage, Ferme de Gally, piscine Théâtre Cinéma Clairefontaine des Ulis, activité potager, piqueBowling Base de loisirs, pique-nique, nique à lřArborétum, au château Sortie à lřaquarium parcs, Piscine, cinéma Sainte Barbe, Aquarium du Visite du musée de Trocadéro, Fun Park Play Mobil, lřimmigration Cité des sciences et de lřindustrie. Exposition au Louvre Déguisements pour adultes et Sorties patinoire et cinéma enfants à lřoccasion dřHalloween. Confection de cadeaux de noël par les parents pour les enfants, Petit déjeuner de Noël, parc Heller (animaux de la ferme) Promenades, Achat de pain à la boulangerie, jeux au square, balade sur la coulée verte. Médiathèque, magasin Animalis… Foyers maternels Le Bief / Clairefontaine RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 245 - Accueil collectif en internats Adolescentes ou jeunes majeures / Enfants de moins de 3 ans Fêtes, évènements Accueil individualisé en appartements Jeunes femmes majeures / Enfants de moins de 3 ans Fêtes, évènements SEMM, internat Le Bief SEJMM, appartements Le Bief Fête de Noël Fête de lřété thématique Fête de lřété thématique « concours master chef ». (concours master chef) Fête de Noël. FME, internat Clairefontaine Fête de lřinstitution en janvier Fête du 18 juin (Barbecue SAI, appartement Clairefontaine Fête des enfants, repas de fin dřannée avec les jeunes préparation des cocktails et femmes et les enfants. gâteaux) Fête du 4 juin pour exposition « Le monde vu de ma fenêtre, ouverte ou fermée,… » Préparation des gâteaux et cocktails Foyers maternels Le Bief / Clairefontaine Crèches Accueil collectif des enfants en journée Fêtes, évènements EPE, Le Bief Anniversaires, départs signifiés avec gâteau et album photos Activité piscine, avec ou sans les mères E.M.A., Clairefontaine Goûter dřanniversaire de chaque enfant avec les mères invitées par la mère de lřenfant (préparation du gâteau avec lřenfant et ses parents si possible) Goûter dřau revoir de chaque enfant avec les mères invitées par la mère de lřenfant. Remise dřun album des photos de lřenfant à lřEMA) - Fête des enfants (avec FME et SAI) -« Fête des stores » à lřoccasion de leur installation sur la façade de la crèche -BBQ du printemps (avec FME) -Petit déjeuner de noël (avec parents et personnel de Clairefontaine présent le 24/12) -2 ateliers confection de cadeaux pour la fête des mères, pour la fête des pères (chaque enfant) -2 ateliers confection dřun cadeau de noël pour lřenfant (2 et 5 mères présentes à chaque fois) -Goûters des parents : chaque dernier vendredi du mois (jusquřen juin RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 246 - Foyers maternels Le Bief / Clairefontaine RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 247 - SERVICE D'ACCUEIL D'URGENCE AVVEJ "SAU 92" 45 Rue Labouret 92700 COLOMBES Tél. permanence éducative : 01 47 81 94 83 - 01 47 81 60 45 Tél. secrétariat : 01 47 81 60 15 Télécopie : 01 47 86 33 73 [email protected] ACCÈS SNCF RATP - Paris Gare St LAZARE - direction Ermont Eaubonne - station Colombes ; - Bus 304 Nanterre-Asnières-Gennevilliers Les Courtilles (M13) ; Bus 166 Pte Clignancourt (M4)-Gare Gennevilliers (RER C), Les Courtilles (M13) Gare de Colombes ; Bus 167 Nanterre-ville (RER A)-Pont de Levallois (M3) Descendre à « Vieille Eglise », ACCUEIL Pré-adolescents et adolescents de 12 à 17 ans révolus des deux sexes 24H/24H, ·365J/365J Accueil collectif dit « Service intérieur » : 9 places, (5 filles, 4 garçons) Accueil individualisé en familles agrées (RP et province) dit « Service extérieur » : 17 places MISSIONS Ce service accueille un effectif de 26 adolescent(e)s (et enfants) étant en rupture, tout au long de lřannée, de jour comme de nuit, sur une durée très brève - de : une nuit à quelques jours - à une durée de 4 mois, -quand il sřagit dřeffectuer une observation et une investigation approfondie de la situation du jeune, en tant quřaide à la décision dřune orientation, prononcée par le juge ou le responsable ASELe S.A.U 92 répond en priorité à toutes les demandes à caractère d'urgence, présentées par l'Aide Sociale à l'Enfance, les Juges et le Parquet du département des Hauts-de-Seine, et ce dans la mesure des places disponibles. Le SAU 92 nřest pas sectorisé. Le SAU 92 s'adresse à lřenfant et à lřadolescent qui souffre dřune carence de sens à donner à sa vie et à ses actes et est en rupture de liens avec lui-même, sa famille, la société. Le placement a été décidé de son fait, soit du fait de ses parents, soit suite à un signalement. Outre de lřaccueillir soit en petite unité de vie, soit en accueil familial, soit en alternance sur lřun et lřautre, et de lui apporter un réconfort, une protection et une sécurité, nous tentons une rencontre et de restaurer une relation de confiance brisée entre lui et le monde adulte. Nous recueillons les propos qui se tiennent sur lui et son histoire : les siens propres, ceux de ses parents, ceux des services sociaux, de son école, des unités de soins… Nous recueillons et assemblons les observations du quotidien sur son lieu de vie, à lřécole, en formation, en famille qui seront la source dřun récit que nous élaborerons collectivement. Récit dans lequel nous formaliserons notre volonté et notre goût de comprendre pourquoi il en est arrivé à ce point de rupture, ainsi que notre confiance en ses capacités de grandir et ce, en lien avec les autres. Nous tracerons un chemin qui lui permette de poursuivre son histoire, avec les possibles, les perspectives à venir, les relais sur lesquels il pourra sřappuyer,… Cřest ce récit qui lui sera énoncé, ainsi quřà ses parents. ASSOCIATION VERS LA VIE ET L’EDUCATION DES JEUNES l RECONNUE D’UTILITE PUBLIQUE 1, place Charles de Gaulle Ŕ 78067 St Quentin en Yvelines Cedex Téléphone : 01.30.43.26.00 Ŕ Télécopie : 01.30.43.98.25 Courrier électronique Direction générale : [email protected] - 248 - Nous faisons nos propositions dřorientation aux services de lřASE et au juge, tissons les partenariats nécessaires et le maillage relationnel ainsi que lřétayage dont il aura besoin à sa sortie. Quand nos partenaires suivent nos indications dřorientation, nous participons activement avec eux à la recherche du lieu. AGRÉMENTS Ŕ HABILITATIONS Aide Sociale à l'Enfance : Habilitation Justice : 12 -17 ans révolus 12-21 ans STRUCTURE Directrice : L.ROUBINET Ŕ Chefs de service (2 ETP) : P.BASSE, P.DORANLO Pédopsychiatre (0,57 ETP) : Dr. C.PERROT-GALLIEN - Psychologue (0,5 ETP)Econome (1 ETP) - Assistante de direction (1 ETP) Ŕ Comptable (1 ETP) - Educateurs Spécialisés (12 ETP) - ASFAMS agréés (15 ETP) Ŕ Educateur Scolaire (1 ETP) Cuisinière (1 ETP) - 2 Agents d'entretien : ménage (0,5 ETP), chauffeur (0,75 ETP). ASSOCIATION VERS LA VIE ET L’EDUCATION DES JEUNES l RECONNUE D’UTILITE PUBLIQUE 1, place Charles de Gaulle Ŕ 78067 St Quentin en Yvelines Cedex Téléphone : 01.30.43.26.00 Ŕ Télécopie : 01.30.43.98.25 Courrier électronique Direction générale : [email protected] - 249 - « Lřexpérience moderne comme la lecture des choses anciennes tendent également à me persuader que lřavenir, comme le présent et le passé, sera en tant quřhumain, politique, et, en tant que politique, humain. » Pierre Manent, De la causalité historique24 CROIRE DANS CE MONDE-CI25 Laurence ROUBINET, Directrice 2014 : Serait-ce le calme avant la tempête ? En effet, nous avons bon an mal an maintenu lřéquilibre budgétaire et fait cette année encore un léger excédent dřactivité et comptable, mais il ne faut pas se méprendre. Notre budget ne passera pas le cap de 2016 26 quelles que soient les compétences nouvelles, pointues27 et dorénavant indispensables dont le service administratif du SAU sřest doté cette année, et auxquelles on doit en priorité ce résultat comptable positif, au-delà bien sûr du travail sans relâche des équipes éducatives, à qui il est demandé de maintenir le taux dřoccupation exigé de 99%. Nous nous retrouvons donc en face à face avec lřimplacable et imparable argumentaire gestionnaire qui sřabat, aveugle et désormais sans discussion 28, sur nos institutions. Il abrase nos fondements et notre histoire, rend nos actions incertaines et interroge bien sûr les conditions de lřexistence future du service. Alors que valent et/ou peuvent les mots, nos simples mots, nos interrogations face à ce langage hégémonique du chiffre, à cette rhétorique de persuasion des statuts administratifs et de la bureaucratie qui en découlent ? Que pouvons-nous et que devons-nous poser face à tant dřassurance et de sentiment de maîtrise que donne la position aujourdřhui dominante des formulations et modèles dřéconomistes dits "mathématiciens"29, ultralibéraux, qui préconisent les mesures drastiques dřaustérité inspirant la "nouvelle gouverne néolibérale" où sřinscrit "la nouvelle gestion publique du travail social (NGP)"30 ? Ce diktat qui impacte dorénavant lřensemble de nos actions, ne sřembarrasse pas des nécessités de notre vie sociale et pervertit nos contenus moraux. Nos mots, nos interrogations sont pourtant le reflet dřune réalité humaine et parfois de son inquiétante vérité. Que vaut la vie quotidienne des "petites gens" des individus réels estimés facteurs humain face à la représentation mathématisée dřun agent économique, lřhomo œconomicus, ce 24 Pierre MANENT, De la causalité historique, Revue Commentaire, 1994/3 (Numéro 67), p.707 in « Pierre Manent et la question de lřhomme » de Daniel Tanguay, Politique et Sociétés, vol. 22, n° 3, 2003, p. 71-98 25 Titre emprunté à Michel FOESSEL et Olivier MONGIN, Croire en ce monde-ci, Revue Esprit, mars-avril 2014 26 Nous avons réussi à maintenir la maîtrise des coûts et à juste équilibrer les groupes I et III, et si le groupe II a eu cette année une embellie et nous avons réduit le déficit chronique, mais surtout structurel, de ce groupe [ŔŔ nous rappelons que ce groupe souffre cruellement de lřamputation de 18 000€ que la mise en place stricto sensu de lřavenant 305 de la CC66 a opéré en 2011, sans tenir compte du coût de la nécessaire réactivité et flexibilité de fonctionnement de ce service ŔŔ], si donc, ce déficit a pu être réduit, cřest notamment grâce au travail approfondi et rigoureux, méthodique et précis et des différentes requêtes du service administratif qui nous ont entre autre permis de réactiver certains dossiers oubliés des administrations et ainsi de récupérer les Indemnités Journalières des années antérieures restées en souffrance; grâce au gel que jřai momentanément opéré (mais qui ne pourrait se pérenniser) du poste de psychologue, du fait de la mutation en début dřannée de Mme Jeanjean, psychologue en poste sur un autre établissement de lřAVVEJ ; du contrat CUI (Mme Ammari) qui a amoindri nos charges et dont le salaire a été à 60% remboursé sur toute lřannée. 27 Mme Gomis a demandé sa mutation au dernier trimestre, et a été remplacée par une comptable ayant une longue expérience dřune comptabilité unique dans le privé. Mme Jelic, chargée des salaires, en longue maladie depuis la fin de lřannée 2013, a été remplacée par une gestionnaire de paie et de la gestion des ressources humaines, très spécialisée et expérimentée dans ces domaines. 28 Le département du 92 se faisait jusque-là un point dřhonneur à maintenir les discussions budgétaires avec les établissements, ce qui permettait aux deux parties de mieux se connaître, de comprendre les enjeux en cours, et dřessayer dřharmoniser au mieux les attentes dans lřintérêt bien compris de chacune dřelle. Cette année, pour la première fois, cette discussion nřa pas eu lieu. Ce qui fait que lřapplication des mesures politico-administratives sřest faite de façon mécanique, et donc, semble-t-il, sans aucun état dřâme. 29 Jean-Claude Barbier, La longue marche vers lřEurope sociale, PUF, Paris, 2008. 30 Céline BELLOT, Maryse BRESSON, Christian JETTÉ (dir.), Le travail social et la nouvelle gestion publique, Presses de lřUniversité du Québec, Québec, 2013 SAU 92 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 250 - "fantôme mythique de lřhomme économique 31" ? Que peuvent nos tâtonnements, nos pratiques auprès des plus fragilisés dřentre eux pour (re)tisser, avec et autour dřeux, un lien social, et les conditions de réalisation de ces actions ? Ce lien social, aussi ténu soit-il, est pourtant seul garant dřune humanité possible. Que pourront donc nos associations, dont ce lien social est le projet fondateur et lřessence de leurs actions ? Cřest ce projet fondateur qui donne légitimité, voix, histoire, dignité, qui fait que lřhomme est homme et peut tendre vers sa propre humanité. Nos associations, nourries de nos mots et interrogations, seraient-elles des bribes dřune conscience morale face au marché, ce "système des prix qui résume le monde comme une somme dřinformations motivantes, utilisables par chaque être humain32", froid, implacable, mais qui dorénavant les asservit à ses règles et à ses dogmes ? Peut-être, tel le roseau, plieront-elles mais ne rompront pas ? Alors, nous risquons bien sûr dřapparaître angéliques et naïfs, insignifiants avec nos mots, nos incertitudes, nos doutes et interrogations. Pourtant ce sont nos convictions, nos petits pas faits côte à côte ensemble dans nos établissements de protection et dřéducation dřenfants et dřadolescents ! Dans nos établissements nous nous confrontons chaque jour aux paradoxes de la vie sociale et à la fragilité de notre humanité, nous y expérimentons le "vivre-ensemble" et ses complexités. Au SAU notamment, surgissent les "anomalies" dřun système, dont nous devons tenir compte pour justement : "tenir ensemble". Nous y expérimentons dřautant plus que ce vivre-ensemble suppose bien autre chose quřune simple "mise en conformité" et notre soumission à un "référentiel" de "bonnes pratiques". Ce référentiel normatif, dřailleurs inapplicable dans son intégralité, sřest pourtant subrepticement mué en dogme. Devenu règle intangible, autorité absolue, il ne peut cependant dans nos établissements jouer le rôle "ordonnateur" quřon semble lui attribuer, et que lui confère le nouvel "empire" qui nous gouverne, "lřempire des règles qui vaudrait par lui-même sans quřil ait besoin de recourir au commandement politique"33. Le vivre-ensemble ne suppose-il pas une volonté, et une volonté que je nommerai effectivement "politique" ? En effet, ne contribuons-nous pas au quotidien à lřapprentissage des choses politiques et morales ? Il me semble quřà notre échelle nous vivons peut-être, et expérimentons peut-être, ce que P. Manent appelle "lřexercice prudent et hésitant de lřart politique démocratique 34" : nous sommes aussi amenés à édicter des règles et à exercer, à délier ce difficile fil du commandement, de lřobéissance, de lřécoute, du compromis, de la tolérance, et de la mesure. Et ce dřautant plus dans une institution dřenfants et dřadolescents, où nous sommes (peut-être plus quřailleurs) tenus de nous poser la question, éminemment politique, de "ce qui est juste". Cela exige de "développer une éthique du discours", car le vivre ensemble suppose aussi la confiance dans les mots de la tribu"35. Nous sommes peut-être tâtonnants, mais convaincus que plus dřéducation, dřunion et de solidarité sont souhaitables du point de vue des "intérêts" humains, politiques et moraux. Même si, et dřautant plus si le coût de la "Solidarité" est fortement questionné, chacun de notre place, dans le petit établissement quřest le SAU, nous entendons poursuivre notre mission dřurgence sur le territoire du 92 (ce "petit" établissement a reçu cette année encore 120 enfants). Nous entendons toujours accueillir de façon inconditionnelle et dans lřimmédiateté ŔŔ mais selon, les possibilités et ressources du moment, et nos habilitations ŔŔ "le tout venant" dřune adolescence en péril et souvent méprisée. Ainsi, tout en appliquant nos obligations légales et malgré lřinflation de normes, nous continuons à construire. Nous aiguisons inlassablement nos propres outils, notre pratique et nos connaissances, au service de notre mission fondatrice, et donc de notre action première, en dépit des difficultés et des échecs. Nous continuons à cultiver et à croire encore et toujours à la "puissance de la parole 36", la puissance de notre parole propre qui est notre principal instrument de travail, et avec laquelle nous 31 32 33 34 35 36 Ludwig VAN MISES, LřAction humaine, 1949, éd. Belles Lettres, Paris, 2004 Pierre MANENT : Définition du marché, Loi et Action I, Séminaire de recherche en philosophie politique, EHESS, 2012-13 Pierre MANENT, Loi et Action I, Séminaire de recherche en philosophie politique, EHESS, 2012-13 Formule que jřemprunte à Pierre MANENT dans Tocqueville et la nature de la démocratie, Gallimard, Coll. Tel, Paris, 2006 François GAUDIN, Préface, Alain REY, LřEsprit des Mots, PURH, 2009 Référence aux séminaires de Pierre MANENT, La puissance de la parole, EHESS, années universitaires 2008, 2009,2010. SAU 92 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 251 - nous donnons les règles du vivre-ensemble dřun collectif en perpétuel mouvement et mutation 37. Nous continuons donc toujours à faire confiance en nos propres forces et en nos actions, actions qui cependant doivent nécessairement, aujourdřhui plus que jamais, être menées en articulation avec dřautres institutions. Nous sommes engorgés par de multiples contraintes administratives, prescriptions, consignes et procédures chronophages, asservissantes et paralysantes. Et cet excès de contrainte a le pouvoir bien réel dřenrayer toute dynamique institutionnelle. Mais lřorientation que nous avons choisie, lřouverture sur lřautre et lřinconnu quřil entraîne avec lui, nos échanges, réflexions, convictions, questionnements croisés, débats contradictoires parfois houleux, douloureux, disputes voire conflits, ont fait émerger une synergie sans cesse renouvelée (notre force, je crois) et une confiance en lřautre. Cřest ce qui fait sens pour un collectif, ce sens si précieux à la cohérence de ce dernier, à son unité, à la solidarité entre ses membres, et au final à la confiance quřil a en lui-même et en ses actions. Cette construction de tous les jours nous permet de pouvoir toujours et ensemble être présents à nos postes et mobilisés, de pouvoir toujours et ensemble travailler et nous renforcer les uns et les autres : tel est notre simple ressort pour ensemble et solidairement résister et accueillir ce qui advient. Car lřurgence est avant tout, dans un service dřurgence, me semble-t-il, "ce qui advient tout de suite". Cette construction nous permet aussi de pouvoir nous emparer de ce qui heurte nos sensibilités, parfois nos principes, ce qui nous déconcerte, nous bouleverse, nous inquiète, nous déstabilise ou agresse ; in fine de ne pas "subir" et de trouver le courage de tenir une position, dřexister face à lřhostilité. Cřest ainsi que nous nous voyons appliquer et confirmer au quotidien le vieil adage de Boileau "Hâtez-vous lentement, et sans perdre courage, Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage. Polissez-le sans cesse, et le repolissez…"38 Ainsi, nous œuvrons inlassablement à articuler les rôles et les fonctions sur la scène institutionnelle, à définir et consolider les places de chacun, modifier, étendre et reconstruire un cadre suffisamment sécurisant, à élaborer en permanence un langage commun qui permette dřaccueillir ces adolescents. Adolescents qui sont bien souvent les éclaireurs des dites "nouvelles pathologies sociales"39, pathologies qui obligatoirement et irrémédiablement émergent en ce lieu de "lřurgence", et par définition nous confrontent à notre ignorance, quand ce nřest pas à nos limites psychologiques et physiques propres. Ce face à face avec "lřinconnu", qui peut nous apparaître hostile, mais qui peut lřêtre effectivement, au premier abord et à certains moments, est dans un SAU plus quřailleurs notre moteur. Mais, comme le dit le poète : "Comment vivre sans inconnu devant soi ?"40 En cette année 2014, des jeunes socialement atomisés, et que lřon pourrait presque dire "désinstitutionnalisés" tant ils errent hors les "institutions" et demeurent hors la sphère dřinfluence de ces dernières, nous ont considérablement mobilisés et contraints à nous "réinventer". Dřautant plus que ces adolescents ou préadolescents ont pour toute entité collective et normative des réseaux plus ou moins mafieux qui les modèlent. Ces nombreux réseaux, leurs codes divers, leurs nouveaux "modèles" sont de totales inconnues pour nous. Parallèlement, nous sommes aussi confrontés (toujours en vue de réduire à court terme les coûts) à la désertification des services et établissements de la PJJ notamment sur le département du 92, et à la raréfaction des lits hospitaliers en pédopsychiatrie. Cette année pour la première fois, des jeunes nřont pu être orientés dans des établissements spécialisés du fait dřun prix de journée excédant la fourchette nouvellement "normée"41 en vigueur sur le 92. Par ailleurs, il faut le rappeler, les lieux de vie et lieux dits "de rupture" ont également "fondu comme graisse dřoie au feu"42 face aux exigences 37 Un jeune accueilli reste environ 4 mois dans lřinstitution, temps estimé pour effectuer une observation, évaluation et orientation théorique puis pratique. 38 Nicolas BOILEAU, LřArt Poétique, 1674 39 Marc-Henry SOULET, « Nouvelles pathologies sociales et transformations de l'action sociale », Destins politiques de la souffrance, Toulouse, ERES, «Sociologie clinique», 2009 40 René CHAR, Le Poème pulvérisé, (1945-1947), éd. Gallimard, coll. Poésie, 1962 41 Le prix de journée des lieux de placement ne devait pas excéder 160€. 42 Métaphore dřAlain REY dans LřEsprit des mots, PURH, 2009 SAU 92 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 252 - des décisions politiques et/ou administratives de standardisation des normes et dřuniformisation de toutes les structures dřaccueil sans distinction, comme dřailleurs dřouverture à la concurrence. Ainsi, nombre de lieux de vie ont dû renoncer à leur projet fondateur dřaccueillir les enfants momentanément (ou pas) "hors norme" du fait que ces enfants et adolescents ne peuvent sřinscrire ni dans une institution, disons "classique", ni dans une relation sociale, disons "habituelle". Dorénavant, au nom de lřégalité pour tous (assimilée à la non-discrimination), devant se plier à la norme du "semblable", ces lieux manquent. Ils ne pouvaient être raisonnablement assujettis aux normes et aux mêmes règles que celles énoncées "pour tous", car ouverts à un fonctionnement différent (ce qui était leur projet fondateur). Ils avaient bien sûr à leur tête des personnalités fortes qui pouvaient assurer leur fonctionnement, assurément et obligatoirement différents, et donc "hors normes". Ces lieux manquent désormais cruellement au paysage de lřÉducation Spécialisée et de la Protection de lřEnfance. Ils faisaient aussi partie du maillage institutionnel indispensable à la protection des enfants. Nous avons pour notre part, cette année, étendu notre propre maillage à deux nouveaux partenaires, sorte dřexpérimentation dřune part avec la toute nouvelle Unité mobile de pédopsychiatrie du 92, qui fait ses premiers pas, balbutiants mais courageux et déterminés face à lřampleur de la tâche qui lřattend. Dřautre part, après une recherche méthodique et assidue, nous avons découvert sur Paris lřAssociation Charonne dont Muriel Dupire, éducatrice au SAU et principale initiatrice de ce projet, vous parlera plus loin. Des rencontres régulières ont ainsi permis aux équipes de se présenter, de conjuguer et de mutualiser leurs énergies et ressources, de monter une stratégie spécifique qui tente de permettre une tentative de régulation du processus dřautodestruction dřun jeune dont nous avions toujours (ou plus du tout) la prise en charge. Nous tentions, et demeurons toujours en veille aujourdřhui, dřenvisager ensemble, au moment venu et avec une réactivité immédiate, une possible mise à lřabri. Soit le jeune en question lřacceptait, soit il devenait contraint dřaccepter dřaller dans un lieu sécurisé, avant dřenvisager un éventuel possible ancrage. Chacun dans cet intervalle de lřabsence (qui peut durer des semaines, voire des mois) se tient ainsi prêt, à son niveau, de sa fonction et de sa place, pour intervenir le jour J, dans lřinstant et de la façon la plus judicieuse et sereine auprès de lřadolescent qui resurgit, réapparaît soudainement au grand jour. Avec chacun de nos partenaires nous avons harmonisé les rôles et compétences respectives, à partir de nos observations et questionnements mis en commun sur la situation spécifique de cet adolescent précis. Le temps et le travail considérables à constituer ces maillages pour "lřabsent", donc lřinvisible voire le rien, nřapparaissent nulle part dans les grilles de lecture et dřévaluation standards à partir desquelles les autorités contrôlent, et les politiques dorénavant décident. Et pourtant cette nécessité sřimpose désormais à nous plus que jamais. En effet, quand nous pénétrons quelque peu dans le récit que les parents et adolescents peuvent faire de leur histoire familiale, nous sommes confrontés à leurs attitudes et comportements qui peuvent nous plonger dans un état de sidération et déstabiliser chacun dřentre nous, individuellement et dans sa fonction. Nous ne pouvons quřévaluer la puissance du "processus implacable de dévalorisation de lřimage de soi", des "mécanismes dévastateurs de lřidentité personnelle43" actuellement à lřœuvre. Nous sommes frappés par le raz-de-marée des processus abandonniques, des discontinuités diverses ou des angoisses de séparation. Ces mécanismes dévastateurs ébranlent et attaquent toute forme dřindividualité, y compris la nôtre. Désormais censés, de par la loi, se prendre en charge par eux-mêmes, incités voire sommés dřagir selon leur libre arbitre (compris "librement"), ces adolescents sont rendus à leur seule individualité et à leurs prétendues "autonomie" et pleine responsabilité dřeux-mêmes. Ils sont donc renvoyés, en tant que "usagers", à la "contractualisation" de leur parcours, au "choix" des "modalités des prestations" et des "prestataires" du "service". Service qui se doit cependant de lui être rendu. 43 Giacomo TODESCHINI, Au pays des sans-nom, Essai traduit de lřitalien par Nathalie Gailius. Préface de Patrick Boucheron, éd. Verdier, mars 2015 SAU 92 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 253 - Ils ont 12, 13, 14, 15 ans, ils ne restent nulle part, sřévanouissent dans la nature et nřapparaissent au grand jour que par petites touches, comme les pointillés dřune histoire. Ils nous déconcertent de par le sentiment dřétrangeté qui nous envahit à leur premier contact, au détour de cette histoire, nous inquiètent et nous mettent à lřépreuve de nous-mêmes. Aussitôt, ils nous jettent en pleine face leur isolement et le rien de leur existence. Ils nous signifient "être nulle part", "aller nulle part". Ils se vivent sans appartenance, sans sentiment dřexistence, mais se disant pourtant "ivres de liberté", "ivres de tribus de copains". Ces ados errants, carencés, corrodant tous les liens, sont effectivement insaisissables. Ils sřévanouissent dans la nature pendant plusieurs jours, plusieurs semaines, certains plusieurs mois voire une année. Quand ils réapparaissent et que lřon arrive à les retenir (quelques instants), ils sont comme "suspendus", enveloppés dans le vide comme au-dessus dřun précipice, et "désancrés" dřune société. Désancrés dřun père et dřune mère qui nřont de cesse de mettre en scène leur détestation, et sřignorent ; désancrés des institutions dans lesquelles ils sont censés être mais ne sont ni ne peuvent être, car ne pouvant y rester, au vu de leurs arrachements violents et pseudoindifférence à tout lieu institutionnel ; désancrés dřun article 375 et dřune ordonnance 45… Désancrés et suspendus entre lřanonymat et la marginalité, entre la vie et la mort 44. Enfants errants, "dévitalisés", épuisés psychiquement et étrangers à leur corps, comme fatigués, épuisés de la contrainte qui leur est imposée de "devoir être soi", et cela maintenant, tout de suite. Ils se sont détournés dřun monde qui leur est brouillé et ne les intéresse pas ou plus, dans lequel dřailleurs on ne leur fait guère plus de place, mais dans lequel non plus ils ne peuvent prendre place en lřétat. Par éclats, tels des projectiles vivants, ils sřen arrachent. Ces adolescents ont la profonde conviction de leur insignifiance, se vivent de trop, et parfois comme un "déchet" vivant. Et le Docteur Perrot-Gallien de dire : "Ils ressemblent à des troupeaux de dauphins qui sřéchouent sur la plage, intoxiqués et déboussolés par la pollution des océans". Pour ces jeunes comme abandonnés à lřinexorable, la vie semble avoir cessé de valoir, ou, en tout cas comme il est attendu quřelle soit pour quřelle "vaille" quelque chose. La vie a cessé de valoir, la leur, comme celle des autres. Mais peut-il y avoir valeur sans mise en valeur ? Alors, si insidieusement une forme de nihilisme traverse en silence le quotidien de nos établissements, hante le psychisme de chacun, nous nous devons de trouver la force de vouloir autre chose que ce qui est. Cřest par la vigilance, par ce lent et patient travail de construction toujours à lřœuvre dřun collectif en lien et solidaire, par ce lent travail de maillage avec dřautres, dřautres qui nous soient complémentaires (ce qui est essentiel et incontournable), quřà notre niveau nous faisons lřeffort de relativiser la violence de cette réalité qui envahit et imprègne nos murs et nos esprits au quotidien, afin dřouvrir des perspectives, dřouvrir ces adolescents à des alternatives et au possible. Donc Croire dans ce monde-ci45 sřimpose effectivement à nous, et nous devons faire avec ce mondeci. Cřest un impératif. Cřest notre mission. Car comme nous le disent si bien Foessel et Mongin dans leur article : "il y a pourtant des expériences qui de lřamour à lřengagement, de lřart aux luttes pour un peu moins de douleurs, sont susceptibles de nous faire croire en ce monde". Et de nous rappeler que Camus avait déjà mis en avant cet impératif de faire monde : "Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant quřelle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde ne se défasse 46." 44 45 46 Nous avons évité de justesse le suicide par défenestration de lřun dřentre eux. Michel FOESSEL et Olivier MONGIN, Croire en ce monde-ci, Revue Esprit, mars-avril 2014 Albert CAMUS, Discours du 10 Novembre 1953, Œuvres Complètes, T.4, Paris Gallimard, coll. "Bibl.de la Pléiade", 2009 SAU 92 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 254 - Nous qui nřavons pas renoncé à croire, plutôt que de nous arrêter aux imaginaires dominants, continuons à croire que nous pouvons "œuvrer pour un peu moins de douleurs" et un peu plus de justice. Et si nous continuons à croire, nous savons aussi que ce sont ces petites communautés que forment les associations ŕ si elles ne se détournent pas de leur fondement premier, ne se réfugient pas dans le faux-semblant ŕ qui peuvent permettre à nos mots de surgir, et à nos actions, aussi modestes soient-elles, dřémerger, de régénérer les énergies et de les transmettre. Elles favorisent, encouragent et accordent leur valeur et leur légitimité au désir, aux "faits" et aux expériences sensibles du réel ; elles restituent à lřhumain la dignité qui lui est indispensable pour être, pour se sentir légitimé à exister et à prendre la parole. Cřest leur force face à la domination dřune information chiffrée entièrement détachée, abstraite du fait originel. Cřest cette mobilisation autour de lřindividualité de chacun de ces adolescents meurtris, "de trop" (trop dans une famille, trop dans une classe, trop dans un groupe, trop dans une institution), et lřintelligence collective que de fait ils sollicitent et mobilisent, qui seules pourront empêcher que le monde ne se défasse totalement pour eux, puis éventuellement pour les autres. Donc, par bribes, nous tentons chacun dřentre nous, au fil des ans, de décrire dans ce support matériel quřest justement notre rapport dřactivité associatif le mode dřaccroche avec le monde adulte de ces adolescents qui viennent dans nos établissements et dont nous nous occupons, et que nous tentons de rencontrer. Ces adolescents dont lřaccueil, lřapproche, la connaissance et la compréhension sont la substantifique moelle de notre activité au SAU. Et si "les chiffres du marché", auxquels nous sommes dorénavant assimilés, "sont les informations qui résument lřétat du monde pour les hommes agissant47" ("les décideurs"), notre action à nous présuppose avant tout une sorte de confiance en la nature première de lřhomme et donc exige "une sorte de confiance dans le langage et de foi dans sa propre parole comme dans la parole dřautrui". Cette confiance inquiète et cette foi, qui semblent se transmettre au travers dřun "compagnonnage institutionnel", permettent de dire et de débattre de nos "convictions sans certitudes". Elles forment le socle de notre action. Sans elles nos établissements ne peuvent pas tenir. Cřest un peu ce fil de lřexpérience et dřune pensée qui sřélabore, ponctuées ici par une brève articulation de C. Perrot Gallien, pédopsychiatre, lřartisan infatigable de ces liens et articulations, que Mme Henry, assistante familiale chevronnée, et Muriel et Jalal, éducateurs de talent, tentent de délier dans les quelques pages qui vont suivre. *** UN ACCUEIL COMPLIQUÉ… MAIS, UNE RICHESSE POUR TOUS Solange HENRY, Assistante familiale Je vais tenter dřévoquer lřexpérience de mon accueil de SABRI au sein de ma famille, en tant quřassistante familiale au SAU. Je lřai accueilli de mi-janvier à début juin 2014, après plusieurs dérogations demandées par le service territorial de lřASE du 92. Sabri est un enfant de 12 ans et demi, grand, beau visage qui masque cependant un jeune Ŗtorturé psychiquementŖ par une mère seule, aimante mais possessive et violente. Cřest suite à une hospitalisation pour coups et blessure que lřautorité judiciaire a ordonné son placement. Elle exige de son enfant quřil soit à la hauteur de ses propres ambitions quelque peu démesurées, sans borne, justement celles quřelle nřa pu réaliser. Etant dřune exigence extrême pour les acquisitions scolaires, son fils se montre être effectivement cultivé et intéressé par toutes sortes de sujets. Intelligent, il peut donner son avis, débattre des émissions ou informations quřil voit ou entend. Mais au collège, il fait des colères monstres, dont une pour un regard et une réflexion dřun autre élève sur sa mère qui pourtant nřest pas tendre avec lui. Il sřest mis dans une telle violence quřil a fallu plusieurs 47 Pierre MANENT, Séminaire de recherche en philosophie politique, Loi et Action I, EHESS, 2012-13 SAU 92 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 255 - personnes pour le maîtriser et lřintervention des gendarmes au sein du collège. Cette colère lui a coûté un conseil de discipline (qui sřest déroulé de façon fort animée du fait de la présence de sa mère qui a déployé une violence démesurée), qui sřest finalement soldé par la décision dřune exclusion définitive de lřécole. Pendant deux mois Sabri est resté à la maison pratiquement déscolarisé, refusant toutes les activités que lřon pouvait lui proposer, se renfermant avec sa console de jeu PSP donnée par sa mère, jouant avec des jeux de rôles très violents. Il a pu rester des jours sans se laver et changer ses vêtements sans que lřon puisse véritablement interférer et agir efficacement au début, et rester dans son lit, soit pour dormir ou jouer à ses jeux. A la maison aussi, ne supportant aucune frustration, il faisait régulièrement de très grosses colères, surtout au début, et chaque fois, il menaçait de partir. Il faisait ses bagages sans finalement partir. Après lřapaisement, il pouvait reconnaître sřêtre emporté rapidement, mais ne reconnaissait jamais ses torts, arguant toujours dřun prétexte. Pourtant, si le non et la frustration étaient toujours intolérables pour lui, il pouvait aussi me remercier de tenir envers et contre tout le cap. Un jour avant de partir au collège, il fait une colère pour ne pas mettre son manteau. Malgré tout jřinsiste, il tempête, ne veut rien entendre, mais au final il part avec. Au cours de la journée au collège, il part en catimini, et ne voulant pas revenir tout de suite, il se prend une bonne averse. De retour chez moi, il mřa remerciée dřavoir insisté pour quřil prenne son manteau. Mais quand sa mère lřappelle pour le réprimander essentiellement lors de mauvais résultats ou comportements au collège, il est un tout petit garçon, pleurant, jetant le téléphone, rempli de désespoir. Le consoler peut alors prendre une heure voire plus. Si sa mère pouvait mettre son fils dans des états dřinfini désarroi, elle ne manquait cependant pas dřaccuser toujours avec beaucoup dřagressivité tous ceux qui gravitaient autour de lui, et dřêtre la cause des colères de son fils, et de ne pas faire ce quřil fallait pour lui. Mon travail, étayé par mes observations a été un exemple dřarticulation entre les membres de ma famille, les éducateurs, le chef de service, la pédopsychiatre, afin de le contenir, de lřapaiser, de lřaider à mieux se sentir en parlant beaucoup avec lui. Par moments, il pouvait reconnaître son mal être. Il mřa fallu apprendre à repérer les prémisses à ses colères, les comportements qui les annonçaient, les moments où elles allaient se déclencher afin de me décaler, de les désamorcer en le détournant de sa rage, en lui expliquant les choses, en le rassurant, et en lui montrant que non, malgré tous ses comportements, je ne baissais pas les bras, jřétais bien là, et il ne serait pas rejeté. Nous avions même sensibilisé lřécole, mais qui ne pouvait pas faire un suivi autant personnalisé. Avec ce type de jeunes et de comportements, cřest toute ma famille qui a dû mřaider à tenir le cap, pour ne pas déborder et rester calme, et je les en remercie vivement, ainsi que lřautre jeune garçon accueilli à ce moment-là ; cřest aussi lřéquipe du SAU dans son ensemble qui mřa accompagnée pour trouver la bonne distance et la bonne conduite à avoir pour éviter ses passages à lřacte à la maison que ce soit, par les entretiens téléphoniques et les rencontres au SAU avec les éducateurs, mais aussi avec le psychiatre, par les synthèses "bis", les visites à domicile et à lřécole des éducateurs… La mère, sans entendre quiconque (y compris lřEducation Nationale) sřest rendue à lřinspection académique afin de faire re-scolariser son fils dans un nouveau collège du département, alors que son orientation dans un service sur un autre département se précisait et que son départ du SAU était donc imminent. Il fut effectivement re-scolarisé rapidement à sa grande satisfaction. Mais les violences envers les autres (élèves comme professeurs) ont tout aussi rapidement repris. Au bout dřun mois à peine, Sabri a été de nouveau exclu, et définitivement. Pourtant, nous nous étions donnés quřil parte Ŗbien" de la maison ; bien, c'est-à-dire pas sur un clash (comme à lřécole), par sur un rejet. Mais cette nouvelle exclusion du collège a aussi anticipé de quelques jours son départ du SAU. Cette limite (une nouvelle exclusion définitive de lřécole) avait été énoncée comme règle par la direction du SAU. En effet, dřune part des dérogations avaient sans cesse été sollicitées par lřASE au vu des difficultés de lui trouver une orientation adaptée par lřun et lřautre service et donc son accueil était déjà prolongé de 2 mois, dřautre part, ma famille et moi-même ne pouvions plus envisager de garder ce jeune 24h sur 24 à la maison, sans quřil ne soit plus scolarisé. Nous arrivions au bout de ce que nous pouvions apporter. La règle était claire. Sabri la connaissait. SAU 92 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 256 - Pourtant ses conditions de départ de notre service et notamment de chez moi, ne furent pas entachées et lui ont certainement permis de garder une image positive de son accueil mais aussi de lui-même sur ce parcours tortueux et tourmenté. Ce départ en effet, se fit encore dans ce dialogue que jřavais patiemment tissé, et la reconnaissance mutuelle de ce les uns comme les autres nous nous étions apportés. Parce quřensemble, nous avions tous avancé, lui, bien sûr, à tout petit pas, mais aussi nous. Ensemble, nous avions progressé dans la connaissance et la compréhension de lřautre, y compris de nous-mêmes. *** RAMIFIER L’INSTITUTION À L’EXTÉRIREUR pour établir un contact avec une jeune "disparue". Muriel DUPIRE, Éducatrice Josiane vient juste dřavoir ses 14 ans quand nous lřaccueillons pour la première fois au SAU de Colombes. Elle nous est confiée par lřaide sociale à lřenfance qui la suit depuis 2 ans. Josiane est fille unique de parents qui nřont jamais vécu ensemble après sa naissance. La maman de Josiane dit avoir élevé leur fille "seule" mais avoir toujours été en contact avec le père et que celui-ci lřa reconnue "vers ses 8 ans" ; que déjà adolescente, elle entendait vivre en personne "libre" et laïque, ce qui heurta ses parents de confession musulmane, et aviva de vives tensions entre elle et eux. Cřest donc en rupture avec ses parents quřelle regagna, à peine majeure, et à peine le connaissant, lřhomme qui deviendra le père de son enfant. Elle sera très vite enceinte et, de ce fait, "seule" car ce dernier estima que cette grossesse "était une façon de lřobliger à rester avec elle". Mais cette toute jeune mère sera néanmoins épaulée par ses parents durant la toute petite enfance de Josiane, puis vivra une nouvelle rupture avec ces derniers de plusieurs années. Josiane par contre, malgré la séparation de ses parents et les incompréhensions et lřanimosité de chacun dřentre eux, verra régulièrement son père et partira même en vacances avec lui. Elle est de fait très attachée à chacun de ses parents, et réciproquement. Ses grands-parents et sa mère, quant à eux ont rétabli le contact depuis "un an environ", et Josiane a ainsi pu revoir ses grands-parents depuis. "Elle est intelligente, et était respectueuse durant lřécole primaire avec de bons résultats" dira sa mère. Ses difficultés de comportement ont commencé, poursuit-elle, "en fin de classe de 6ème"". Sa présence en classe en 5ème est quasiment inexistante. Lors de sa 1ère fugue à lřâge de 12 ans, la jeune laisse un mot à sa mère : "je pars, jřen ai assez que tu me considères comme une gamine", considérant sa mère (qui lřadmettra devant nous) comme "ayant trop dřemprise sur elle", et "lřétouffant". Dès lors, sa mère ne cesse de se rendre au commissariat pour la déclarer en fugue, ou lřy récupérer. "Elle a été prise dans un réseau de prostitution mais a fini [dit-elle encore] par venir se réfugier à la maison. La juge pour enfants va fixer trois audiences qui auront lieu chaque fois… sans la présence de Josiane. En octobre, le SAU est le nième établissement sollicité depuis un an et demi. Aucune structure ne parvient à la stabiliser. Les séjours sont plus ou moins brefs ; lřaccueil en région parisienne ou en province ne change rien ; Josiane est dans lřerrance. Elle a supplié son père de lřaccueillir, ce quřil a fait, mais elle a fugué. De même chez sa grand-mère. Josiane a quelques affaires au pénal mais qui nřaboutissent pas sur un dispositif "loi 45" qui pourrait pourtant (peut-être) la protéger dřelle-même. Elle continue à envoyer des messages incendiaires sur le portable de sa mère, agressifs et insultants. Autant père et mère, meurtris et dévastés, disent lřun et lřautre ne plus pouvoir héberger, ni même entrouvrir leur porte à leur fille, mais quřils se rendront disponibles quand nous les solliciterons pour la voir et participer, à leur mesure, à tout ce qui sera fait pour arrêter ce quřils vivent lřun et lřautre comme une "descente aux enfers". Josiane nřest pas décrite comme violente ni franchement opposante, mais elle sřévapore dans la nature. Elle fugue mais revient à lřASE quand vraiment ça ne va pas. Il sřagit alors dřune mise à lřabri. Elle fait une halte plus ou moins longue puis repart. Sa mère nřen peut plus et ne lřaccueille plus. Son père vit en Suisse et ne peut plus la recevoir dorénavant car il y a non seulement "incompatibilité" SAU 92 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 257 - avec sa compagne, mais cette dernière étant enceinte ne pourrait plus vivre les vives tensions que déclenche la vie quotidienne avec Josiane. Josiane est éparpillée dans lřespace et dans le temps, et éparpille toutes ses affaires partout, propres, sales. Elle a dřailleurs très peu dřaffaires car elle les laisse de tous côtés ; de même nřa-t-elle pas de portable, car elle les perd ou les casse. A son entrée au SAU la jeune fille se laisse facilement approcher et accompagner dans une de nos familles dřaccueil avec qui le contact se passe bien, et est même chaleureux. Dès le lendemain pourtant, nous sommes sollicités par lřassistante familiale car Josiane veut des cigarettes et sřhabille de façon fort indécente. Son attitude et sa tenue vestimentaire incommodent son mari et également un jeune homme (lui aussi accueilli). Malgré les demandes réitérées de sřhabiller avec les vêtements qui lui sont tendus, malgré ce qui peut lui être dit de lřembarras dans lequel elle mettait les uns et les autres, elle refuse catégoriquement de se changer ou même de se couvrir. La famille nous informe alors quřelle ne pourra poursuivre son accueil. Nous la confierons alors à une autre de nos familles, monoparentale, dans laquelle elle acceptera de porter un tee-shirt et une tenue correcte. Le contact est bon. Elle semble se plaire, par contre elle est toujours en demande de cigarettes. Notre famille nous signale quřelle laisse toujours un fouillis indescriptible derrière elle et traîner ses sous-vêtements souillés, quřelle se met en danger en posant la radio ou le séchoir sur le sol mouillé de la douche. Josiane nřentend pas les remarques qui lui sont faites, elle banalise. Durant quelques jours, elle va sortir, et revenir, pour disparaître sans prévenir et sans évènement repérable. Nous suspendons alors la prise en charge, mais maintenons les liens avec sa famille, le STASE, le commissariat. Josiane pourra réintégrer la famille du SAU si elle refait une apparition. Fin Novembre, lřASE va la chercher au commissariat. Elle a été interpellée dans lřappartement dřun adulte qui a été arrêté pour suspicion de proxénétisme. Les faits sont finalement avérés et cette personne est incarcérée. Elle réintègre la famille dřaccueil. Elle commence à sřopposer à lřassistante familiale qui, malgré tout, continue de poser des horaires et des règles de vie et dřhygiène. Durant un petit mois, elle va et vient à toutes heures du jour et de la nuit sans quřil ne soit possible à lřassistante familiale de la retenir et sans que lřon puisse réussir, de notre côté, à interrompre ce mouvement, mais avec des passages par les commissariats qui nous alertent. Quoi que fasse à manger lřassistante familiale, elle veut toujours se faire une omelette. Cřest comme un rituel de plaisir… Josiane se néglige. Sa tenue est toujours estivale, quel que soit le temps, et souvent, voire quasi toujours, provocante. Elle alerte dřautant plus quand elle sort sans culotte et refuse quřon lui en donne en disant "ça ne se voit pas, jřai un collant" (même quand elle nřen a pas). Elle sonne un matin à 6h. Le temps que lřassistante familiale se réveille et ouvre la porte, elle est déjà repartie. Lřassistante familiale la verra repartir avec un homme en voiture. Lřaccueil de Josiane devient très compliqué au vu de ses multiples absences. De fait on ne sait jamais où elle est, de jour comme de nuit. Les rendez vous prévus à lřavance nřont pas lieu. De plus, notre assistante familiale sřépuise. Sa vie, celle de ses enfants, devient infernale. Elle est réveillée à toute heure de la nuit, peut se trouver bloquée parfois durant une journée entière car Josiane dort. Le manque dřhygiène, de propreté, dřautonomie, de considération pour elle-même et pour les autres devient douloureux à vivre pour toute la famille. De fait, elle reproduit à lřidentique ce quřelle faisait vivre à sa mère (qui nous disait connaître les problèmes dřhygiène de sa fille, et sa façon indécente de sřhabiller, ce qui faisait dřailleurs lřobjet de disputes conséquentes entre elles), qui nous disait également "rester cloîtrée" chez elle tous les soirs, à attendre sa fille qui pouvait arriver à toute heure de la nuit, puis regagner "hagarde" son travail le lendemain ; qui nous disait encore être consciente que Josiane sřétait probablement engagée sur la voie de la prostitution... quřelle reviendra dormir au service tant quřelle nřaura pas de lieu fixe, cřest-à-dire un nouveau souteneur chez lequel elle pourra sřinstaller, et ensuite "elle disparaîtra". Les sentiers éducatifs classiques aboutissent à des impasses à répétition depuis 2 ans. Lřimpuissance des parents fait écho à celle des travailleurs sociaux. Notre service se sent clairement dans une situation dřimpuissance à laquelle sřajoute un sentiment dřurgence lié à une conscience aigüe dřun danger imminent dřautant plus aiguisée que Josiane se détruit et se dilue toujours davantage. Nous ne pouvons rester seuls avec lřASE dans une telle situation. Nous avons eu contact avec la jeune quand on a réagi sur le champ, à lřimproviste mais avons conscience de ne pas savoir faire avec ces jeunes SAU 92 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 258 - "en pointillé", et embrigadés dans un réseau. Nous envisageons de nous ouvrir, de mailler notre propre réseau pour pouvoir avoir un dispositif approprié dès que la jeune réapparaitrait à lřASE ou au SAU. Cřest alors que la quête, longue et patiente quête commence, en plus des multiples tâches quotidiennes dřun service dřurgence, et des urgences pour lesquelles nous sommes financés, qui sont matérialisées, elles, par la présence du jeune dans nos locaux et sur nos effectifs ! Nous cherchons, patiemment donc, un partenariat possible, un collectif qui soit déjà engagé sur la problématique de la prostitution. On constate alors que les dits-lieux sřoccupent majoritairement de femmes majeures, bien que la réalité du terrain éducatif montre quřil y ait de plus en plus de jeunes, même préadolescent(e)s, concerné(e)s par ce risque majeur. Après de multiples appels, recherches chronophages, mais cependant animés par un sentiment "dřurgence", c'est-à-dire là, "vital", une sorte de devoir moral (je rappelle que la prise en charge financière était suspendue), nous avons finalement pu être en relation avec lřAssociation Charonne qui propose des consultations pour adolescents concernés par toutes les addictions. Nous avons patiemment tissé des liens et pu ainsi établir ce que jřappellerai "un travail en réseau", un vrai. Nous avons longuement échangé à plusieurs reprises au téléphone, toujours en informant lřéducatrice-référent de lřASE. Nous nous sommes rencontrés, pas uniquement entre éducateurs, mais également avec nos chefs de service, nos thérapeutes et directions mutuels. Nous nous sommes présentés et avons également présenté la situation de Josiane. Nous avions bien conscience que, si nous voulions être dřune quelconque utilité et efficacité pour Josiane, les uns comme les autres, nous devions, à partir de sa situation, nous "décaler" de nos pratiques habituelles, nous aventurer sur un chemin quřensemble nous tracerions. Josiane (de plus, absente), sorte de fantôme, nous obligeait à nous questionner et nous mettait au travail avec dřautres. Ensemble donc, nous avons échangé, longuement, et cherché à "inventer" le moyen de pouvoir dans lřimmédiateté, non seulement "accueillir Josiane", mais avoir à disposition les moyens de lřaider vraiment, cřest à dire dřamorcer ce qui pourrait lui permettre de sortir de la spirale destructrice et dřautodestruction qui lřaspire. Nous avons imaginé ce qui serait une sorte dř"ouverture de dossier" pour permettre un accueil, dit "en connaissance", le jour où Josiane réapparaîtrait. Le SAU a recontacté les parents que nous avions déjà rencontrés longuement et qui nous avaient donné leur aval et les autorisations nécessaires à la mise en place de soins ; qui se sont montrés partants pour rencontrer ensemble, malgré leurs dissensions et rancœurs toujours actives, lřéquipe de Charonne et amorcer un "travail thérapeutique". En ce sens, nous avons expérimenté lřefficacité du réseau déjà solidement constitué et très actif de Charonne, qui a pu obtenir que Josiane pourrait être immédiatement reçue à la "consultation pour jeunes à conduites à risques" de lřhôpital Robert Debré, et ce sur un simple appel téléphonique déclinant son identité. Il est quasiment impossible dřobtenir par voie normale, fortement normée, une telle entrée dans un quelconque service hospitalier. Nous avions le sentiment dřobtenir un privilège inestimable, et commencions enfin à entrevoir un "possible". Lorsque Josiane sřest de nouveau présentée à lřASE, le mécanisme sřest mis en route. La référente de lřASE, le SAU et lřéquipe de Charonne ont répondu dřune seule voix et instantanément "Présent !" Un rendez-vous a été organisé pour les heures qui suivaient (sur le temps de repas du psychiatre). La jeune a été accompagnée par les trois éducatrices (SAU, ASE et Charonne). Josiane a adhéré à cette démarche. Elle a accepté lřentretien avec la psychiatre du service ; elle a refusé lřhospitalisation complète et immédiate mais accepté lřhôpital de jour qui ferait différents tests (scolaires, cognitifs ou encore concernant les psycho-traumatismes). Elle a accepté ensuite la prise de sang ; Cela a permis de sřassurer quřelle nřétait pas enceinte et que les tests VIH et autres maladies sexuellement transmissibles étaient négatifs ; Josiane est repartie avec lřadresse dřun lieu dřaccueil "La Luciole" très souple et adapté à sa discontinuité. Josiane nous dira quřelle a apprécié cette consultation et pourrait y revenir. Lřhôpital lui a donné un 2ème RDV quelques jours après. Mais Josiane, une fois restaurée, reposée chez "son" assistante familiale du SAU qui lřa de nouveau accueillie, est repartie. Josiane a fait une dernière apparition à lřASE deux semaines plus tard, pour aussitôt sřéchapper… et disparaître. Plus personne, parents, ASE, SAU, Charonne, Robert Debré, police ne lřont plus vue de nouveau apparaître. LřAssociation Charonne a proposé de recevoir les parents avec qui nous avions gardé un contact téléphoniquement, afin de préparer une consultation ouverte pour leur fille. Mais les parents nřont pas répondu à leurs appels. Ce type de problématique nous a amenés à partager notre travail hors institution. Nous avons, certes, très peu vu Josiane, mais passé beaucoup de temps à investiguer et chercher de nouvelles approches pour lui permettre un avenir meilleur. Cette quête était devenue incontournable pour nous, SAU 92 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 259 - éducateurs, et donnait quelque espoir aux parents qui se sont sentis, un temps tout au moins, un peu moins seuls, entendus et soutenus. Ce maillage permet à une institution dřélargir ses approches quand elle est elle-même "désarçonnée", impuissante. Parler de Josiane, se préoccuper dřelle alors quřelle nous confronte à son absence, lui rend une consistance, une existence propre ; la maintient présente, et donc vivante. Nous pensons que toutes les institutions que lřon a pu mobiliser doivent pouvoir le rester et se tenir prêtes, à tout moment, à répondre "présents" et à réinvestir aussitôt le champ opérationnel dès que Josiane réapparaîtra. Ce qui nécessite pour nous de continuer à rester en lien. *** ARTICULATIONS Catherine PERROT-GALLIEN, Pédopsychiatre Après la rencontre, la "mission" du SAU est d'articuler avec une autre équipe, avec la famille et les autres intervenants, dans un cadre temporel limité à un séjour de 4 mois, évidement dans un objectif d'orientation vers un contexte plus approprié aux "besoins" de l'adolescent. Il s'agit d'une recherche multi facettes, qui concerne le domaine familial, le lieu d'accueil (famille ou lieux sociaux), social (école, apprentissage, institutions spécialisées), et évidemment la prise en charge des soins médicaux physiques et psychiques. Les besoins ne correspondent pas toujours (et même pas souvent) aux dispositifs institutionnels, ou aux "systèmes" en place. Si je prends l'exemple de la pédopsychiatrie, leur logique de possibilité de prise en charge à la demande de l'adolescent avec la participation et l'accord familial est prédominante : il se trouve que les demandes explicites, verbalement formulées, sont rarissimes ; ainsi que la présence ou participation des parents. Les CMP (Centres médicaux pédagogiques) ont souvent peu de disponibilité, sont dans une situation de carence de personnel soignant, de possibilités d'hospitalisation. Heureusement, sur le département 92, une équipe de liaison est en train d'apparaitre dans le Nord du département. La demande d'un adolescent demande beaucoup, beaucoup, de travail relationnel, de présence éducative, pour commencer à advenir... Il existe, en sus, un recul vis à vis de la pédopsychiatrie, à la hauteur de la peur de la folie, et même de la crainte du psychisme. De toute façon, pour donner une raison de plus de renforcer l'évitement sur une interrogation psychique, il n'y a pas de place avant plusieurs mois ; des listes d'attente, des impossibilités liées à leur non-inscription dans un secteur, maître mot référentiel, mais "nos jeunes " sont le plus souvent hors normes, et hors secteur, bien sûr. Alors, et grâce à une volonté commune, une énergie de lien "hors norme", les éducateurs et certains "psy", essaient, parfois, d'articuler un pont, au cas par cas. Cřest ce que nous tentons au SAU, inlassablement. A force de synthèses, dřéchanges, de communications téléphoniques quels que soient le jour et lřheure, de rencontres, et au-delà des "ratés" inhérents à chaque système institutionnel dont le SAU nřest certes pas exempt bien sûr, il est parfois possible, en dépassant souvent nos représentations différentes et projections réciproques, de tendre un pont qui permet un lieu, un "montage", et un début de rencontre qui pourra devenir "thérapeutique" pour l'adolescent. L'articulation est donc d'abord une articulation intra institutionnelle, créant un pont sur lequel pourra avancer, peut être, un adolescent en rupture ou en multi-difficulté ; un début de marche sur son chemin, fait d'attention multi disciplinaire. Souvent, il n'aura pas conscience de cette attention, la rejettera, s'opposera, la déniera. Pourtant, comme l'air que nous respirons, comme la terre qui nous porte, c'est cette présence qui apporte un possible. Peut être que ces articulations recouvrent une permission, une porte possible dans un blocage, dénommé "urgence". *** SAU 92 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 260 - COURAGE DU PREMIER PETIT PAS… Retour aux fondamentaux Jalal NEBACH, Éducateur de nuit Pour apprendre le métier de la relation dřaide, jřai fait par le passé un stage à lřAide Sociale à lřEnfance, mû, jeune que jřétais et bien ancré dans mes convictions, par des idéaux stimulants. Une vision simpliste, partielle et surtout naïve pour lřapprenti psychologue que jřétais. Une perception qui persiste toujours un peu, malgré le temps, pour lřapprenti que je reste, et le psycho-éducateur que je suis devenu. Cřest, certainement, pour calmer mes ardeurs que lřun de mes maîtres de stage, dřobédience lacanienne, me parla alors, faisant référence à Freud, des « trois métiers impossibles : éduquer, guérir et gouverner »48. Des mots qui avaient eu un effet mystérieux et magique. Afin de rendre compte un peu de notre travail au sein du Service dřAccueil dřUrgence (S.A.U), jřai repensé à ces paroles, à la tâche ardue qui est la nôtre, confrontés de temps à autre à notre impuissance dans lřexercice dřun métier dit "impossible". Le désir dřévoquer ce qui me paraît possible ou non, est à entendre dans la répétition des mouvements de crise qui animent toute vie institutionnelle, pour retrouver un espace de liberté quand on accompagne des jeunes difficiles. Ces jeunes, parfois dénommés "incasables", qui mettent à nu un service, dévoilent ses fragilités, une insuffisance à communiquer, à structurer des décisions et actions cohérentes, protectrices pour lřéquipe ; et de surcroît pour les jeunes accueillis. Mais qui sont ces jeunes qui nous poussent dans nos retranchements, nos limites et nous demandent bien souvent plus que lřacceptable ? Bien que nous nřayons jamais fait dřétude précise au S.A.U sur ces jeunes qui nous rendent la "vie professionnelle" dure, nous pouvons quand même dire que nous retrouvons des manifestations comportementales bruyantes avec agressivité, violences, destructivité, transgressivité. Ils ont en commun des assises narcissiques fragiles, des carences affectives liées à des traumatismes précoces et ou des défaillances de lřenvironnement. Nous retrouvons aussi une forte intolérance à la frustration, de lřimpulsivité, des passages à lřacte, des tendances à la mise en danger, et dřautres petites choses encore … Une fois le tableau symptomatique dressé, que faisons-nous avec tout ça ? Eh bien, au risque de vous décevoir, je peux dire que je ne sais pas. On fait avec les couleurs que lřon a. Chaque service, équipe, avec son histoire, ses talents individuels, ses orientations théoriques, son expérience de terrain, composera une manière de faire unique, singulière, adaptée à sa géographie. Une praxis qui lui sera propre, pour répondre à ses besoins et peut-être aux demandes et attentes qui lui sont adressées. Il nřy a donc pas de solution miracle, cřest une évidence quřil peut être bon de rappeler, mais des possibles à faire émerger. Car notre problème est complexe et attend des réponses à des niveaux structurels différents, dans une période où à mon sens les démissions sont légion, dans une société consumériste débridée, pressée, favorisant le "tout, tout de suite et maintenant". Si jřavais à définir simplement notre fonction auprès de ces jeunes, je dirai quřelle consiste à les protéger en les poussant à évoluer, changer, se transformer. Oui, il est attendu de nous que nous les amenions aux changements après, ou plutôt pendant que nous exerçons nos missions dřaccueil, dřévaluation et dřorientation. Vaste programme, nřest-ce pas ? Le défi est lancé. Barry L. Duncan et Scott D. Miller, dans Le client, héros de sa thérapie 49, nous disent que parmi les facteurs expliquant le changement en thérapie, les facteurs liés au "client" comptent pour 40%, les facteurs relationnels pour 30%, les espoirs et attentes du client pour 15%, le modèle et la technique de lřintervenant pour 15%. Nous comprenons aisément où se situent les leviers. La plus grande part des ressources résident chez le sujet, dans ses propres objectifs de changement. La seconde place est donc pour la relation, le partenariat, la collaboration, lřalliance de travail ou le "joining" comme disent 48 « Il y a très longtemps déjà, jřai fait mien le mot plaisant qui veut quřil y ait trois métiers impossibles : éduquer, guérir, gouverner ; jřavais déjà largement de quoi faire avec le second des trois. Mais je ne méconnais pas pour autant la valeur sociale du travail de mes amis éducateurs », cité par Mireille Cifali « Métier « impossible » ? Une boutade inépuisable », Le Portique [En ligne], 4 | 1999. URL : http://leportique.revues.org/271. 49 DUNCAN Barry L., MILLER Scott D., Le client héros de sa thérapie, Satas Editions, 2003. SAU 92 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 261 - certains systémiciens. Un point important encore à retenir est que lřorientation théorique représente une part moindre, mais néanmoins non négligeable. Si jřinsiste sur la part active que joue le sujet dans une dynamique de changement cřest pour mieux revenir à la place qui est la nôtre, pour en assumer les contraintes et exigences. Car nous intervenons sur un temps réduit, avec des adolescents accrochés à lřimmédiateté de leurs plaisirs, pour qui les projections sont fantasmées sinon laborieuses à exprimer. Le changement prend du temps, nřen déplaise aux plus optimistes, dřautant plus quand il est refusé, redouté. Nos adolescents résistent et sřopposent. Concentrons-nous alors sur ce qui dépend de nous, et consentons, malgré tout, à ce qui nous échappe pour le moment. Nous influons autant que nous sommes influencés, dans un mouvement circulaire, alors peut-être que… Autrement dit, "sřil faut être deux pour danser le tango", il est surtout primordial de savoir marcher seul, maintenir son axe, tenir son équilibre, travailler sa posture au risque de rendre cette "pensée triste qui se danse"50 pénible, en marchant sur les pieds de notre partenaire. Martine Nannini exprime parfaitement ce que jřessaie de vous dire, en tournant en rond. "Il sřagit bien de se ménager une place définie pour pouvoir travailler dans un espace de clarté et de liberté suffisant et de garder à lřesprit que lřon ne peut aider quelquřun à gagner en liberté si lřon nřa pas soi-même acquis cette liberté"51. Car, face à ces jeunes qui nous malmènent, nous ne pouvons attendre sans rien faire, pas plus quřattendre en laissant faire. Vous lřaurez compris, je pense, jřai décidé de porter lřattention sur le sujet éducateur, en première ligne, "au chevet du jeune", pour donner à voir un peu de sa clinique éducative. Mon propos milite pour un souci salutaire de lřéducateur, par une préoccupation de la posture quřil incarne avec son équipe. Une équipe se tenant debout, droite "comme un seul homme", riche des différences qui la composent. Il est question ici, dřune attitude cohérente à tenir quand rien ne tient, en acceptant la dialectique heureuse dřune conflictualité assumée. Ce qui mřintéresse au plus haut point et qui, à mon sens, paraît primordial, est la réflexion quant à son confort. De son bien-être professionnel pour libérer ses potentialités dřaction créatrices. Pour reprendre une métaphore de Roustang, il sřagit là dřêtre confortablement assis. Il nous dit " sřasseoir, cřest se poser, cřest prendre un siège pour y trouver son assiette, cřest-à-dire sa base où, comme on ne le dit pas par hasard, son fondement"52. Dans le Littré, à posture, on lit "manière dont on pose, dont on tient le corps, la tête, les membres". Pour être dans de bonnes dispositions psychiques afin de rencontrer lřautre, il nous faut déjà sřassurer de la bonne disposition physique de notre corps. Il sřagit dřabord de se reconnaître comme sujet sensible, fait de matière. Ne lřoublions pas, dans lřexercice qui est le nôtre, notre corps est notre principal outil. Nous avons donc des yeux pour voir, des oreilles pour entendre, une bouche pour dire. Il faut ainsi aller à lřencontre de la sagesse des "trois petits singes"53 pour aller à la rencontre réelle du "petit dřhomme". Nos sens participent en premier lieu à ce contact qui deviendra nous lřespérons un premier lien. Dans les incidents graves qui ont bouleversé notre pays récemment, jřai eu besoin de lire Finkielkraut. Jřy ai trouvé une citation de Péguy 54 riche dřenseignements : "Il faut toujours dire ce que lřon voit. Surtout il faut toujours, ce qui est plus difficile, voir ce que lřon voit". Cette attitude, simple en apparence, consistant à ne pas dénier ce que nous voyons, observons, est difficile à tenir car nous sommes faits de plein de beaux sentiments et dřautres encore, moins joyeux, mais qui ont tout de même leur place et quelque chose à nous dire sur nous-mêmes. La crainte et la peur sont de ceux-là. Acceptons donc ce qui advient en nous, ce que nos sens et nos états internes nous dictent au risque de se sentir étranger dans sa propre demeure et par voie de fait dans sa propre famille. Ces éléments nřadviennent pas sans raison. Ils peuvent être une mine dřinformations à qui sait les accueillir, de connaissances à qui veut les entendre, afin dřadapter notre conduite. 50 51 52 53 54 « Le tango est une pensée triste qui se danse », Enrique Santos Discépolo, compositeur. NANNINI Martine, Une approche centrée solution en thérapie, ESF, 2014, p 92. ROUSTANG François, Il suffit dřun geste, Paris, Odile Jacob, 2003, p 38. Les singes de la sagesse, symbole dřorigine asiatique. Cité par FINKIELKRAUT Alain, Lřidentité malheureuse, Stock, 2013, p 186. SAU 92 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 262 - On peut choisir où lřon se place et comment interpréter ces messages : ou bien nous les considérons comme des corps étrangers terrifiants, ce quřils peuvent être, que nous nous efforçons dřéviter. Ou bien nous les accueillons comme des signaux et tentons dřen tirer leçon pour continuer à avancer, quitte à se séparer par la suite si nos forces nous lâchent… "A lřimpossible, nul nřest tenu", dit le proverbe. Lřobligation morale consiste à faire du mieux que nous pouvons, tant que nous pouvons. Je pense, comme beaucoup, quřune séparation réussie est préférable à un accompagnement obstiné, stérile, contre-productif pour tous. Notre éthique nous pousse à faire une proposition, à ouvrir la voie vers du devenir autre, à offrir les conditions effectives dřune métamorphose désirée. Si "lřurgence cřest prendre son temps"55, cřest aussi, je crois, utiliser lřensemble des informations à disposition pour agir le plus sciemment possible. En temps de crise, dans des situations à hauts risques, chaque geste et chaque parole comptent. Rien nřest laissé au hasard, chaque conduite peut impacter, possédant ses potentialités propres. Toute décision est lourdement pesée. Cela peut suffire parfois à faire la différence. Tout ce qui peut nous être utile est à exploiter : ce qui nous est rapporté comme ce que nous expérimentons in situ. Sur un terrain plus pragmatique, investissons lřici et maintenant de la rencontre comme un moment crucial où se jouent les conditions dřun accompagnement possible, dřun contrat relationnel qui nous engage, nous implique mais qui attend aussi de lřautre. Lřexigence comme traduction de notre préoccupation pour ces jeunes, comme croyance en ce quřil peut advenir de bon en eux, par eux. Sans attentes, exigences, promesses à tenir, comment se situer, se repérer et tendre vers des projections concrètes ? Il nřest pas question de se lancer à corps perdu dans la "bataille", mais avec une distance apaisante, une prudence intelligente. Dans lřidée de soigner ce premier rendez-vous, développons un art de la préparation anticipatrice. Mesurons nos forces, nos limites aussi. Éprouvons le jeune en face de nous dans sa singularité, dans ce quřil nous donne à voir dès les premiers instants. Quřest-ce quřil nous dit, comprend de sa situation, nous montre de sa conception du monde ? De sa manière dřêtre avec soi-même et les autres ? Comment sřinscrit-il dans la réalité ? Aidons-le à se situer par un discours clair, précis sur le contexte de son placement. Définissons le problème, le sien et les missions qui nous sont alléguées. Posons le cadre contextuel, temporel, les échéances, les contraintes et les objectifs du travail à venir. Nous nommons ainsi "la règle, la norme, la loi" pour reprendre la thématique de notre prochain séminaire. Ne nous y méprenons pas, il y a bien quelque chose qui sřapparente à une "petite guerre" que nous avons à mener. Des forces sřaffrontent, des tensions vives sont inévitables. Cet emprunt, que je fais, au discours militaire peut déplaire mais ces paroles offensives nřont pour seul intérêt que la défense dřun cadre de travail qui nous est précieux. Cette défense est une des garanties pour une hypothétique expérience relationnelle prometteuse. Gardons cependant à lřesprit quřil y a toujours un écart entre les principes et leur mise en œuvre, entre la théorie et la pratique. Tenir son cadre passe aussi et surtout par les expériences du quotidien. Cřest dire, questionner, vérifier, critiquer, signifier son désaccord, sanctionner. Nos jeunes ont besoin dřêtre contredits, déséquilibrés, stoppés. Mais aussi sécurisés, gratifiés, valorisés, soutenus, encouragés, reconnus. Parfois, le corps à corps même sřimpose comme langage élémentaire. Tâchons dřêtre pleinement présents tant que nous sommes situés. Sans cela, notre silence les enfonce encore davantage. Il ne pourra être perçu que comme complaisant, à notre corps défendant dřailleurs. Notre absence, notre inaction, en disent alors plus que nos paroles désincarnées. Marquons notre autorité quand elle sřavère nécessaire. Transmettonsleur le goût de lřeffort maintenant pour une plus grande satisfaction plus tard. Cette attitude éducative pourrait paraître austère, ce qui nřest pas complètement faux mais entendons plutôt ce que nous dit Épicure, philosophe du plaisir, dans sa Lettre à Ménécée : "Il y a aussi beaucoup de douleurs que nous jugeons préférables aux plaisirs, quand un plaisir plus grand vient pour nous se joindre à elles si nous les endurons longtemps"56. Dont acte. 55 56 Expression utilisée dans un précédent rapport dřactivité. BROYANCE Pierre, Epicure, Paris, PUF, 1969, p 81. SAU 92 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 263 - Dans le Dictionnaire historique de la langue française dřAlain Rey, à tenir, on peut y lire : "« avoir (qqch.) en main » et en emploi absolu « durer, persister, se maintenir », avec des acceptions spéciales dans la langue militaire (« se maintenir dans une position ») et nautique (« se maintenir dans une direction »)". Ne disons-nous pas dřailleurs que nous tenons à quelquřun pour signifier notre attachement, notre préoccupation à son égard ? Nous servons donc dřintermédiaires avec la réalité, de boussole pour les orienter. Tenons donc à ce qui nous est cher, nos valeurs, notre profession. Cřest en ce sens que nos conduites peuvent être alors, à juste titre, comprises comme des actions de micro-résistances. Car ce qui est attendu de nous dans le fond, cřest que nous les inscrivions dans la société. Que nous les aidions à trouver leur juste place, en passant par de nombreux apprentissages : celui de la verticalité contre une relation symétrique constante illusoire, du principe de réalité en équilibre avec le principe de plaisir, de la raison contre la force, de la satisfaction différée contre la tyrannie des pulsions, du lien soi-autrui pacifié contre lřégoïsme vampirisant. Cřest jusquřà preuve du contraire, le prix à payer pour une autonomie méritée, le droit à acquitter pour une liberté éclairée. Il y a toujours une contrepartie. " À grands pouvoirs, grandes responsabilités"57, comme dirait un estimé collègue, fan de comics. Au fil des années, nous avons évolué, accumulant les bons et les faux pas. Par essais et erreurs nous nous déployons, petit à petit, en fonction des départs et des nouveaux venus, toujours poussés (quand lřargent le permettait) dans nos apprentissages spécifiques. Je pense sincèrement, au risque de paraître présomptueux, que nous avons gagné en maturité. Notre service se structure, grandit, en grande partie, grâce à notre directrice. Les conflits et les crises ont souvent engendré de lřincompréhension, de la colère, parfois même un sentiment dřétrangeté. Mais je nřai jamais eu la sensation que la relation de confiance, patiemment tissée, se rompait totalement, malgré lřamertume persistante des épisodes vifs. La parole est libre, réellement, et circule. Continuons donc notre marche à grands ou petits pas vers une clinique éducative plus fine, modeste dans ses objectifs mais gourmande en énergie. Comme nous ne sommes rien sans lřautre et que nous nous nourrissons de nos rencontres, je souhaitais finir ce papier, par une image qui mřa récemment été offerte en temps de crise par le" dinosaure"58du service. Elle mřincitait à tendre vers "la lumière, la lueur". Alors tâchons de maintenir intactes nos fragiles et petites lueurs. ___ 57 Devise de Spiderman citée par Grégory, un pilier de lřéquipe éducative. Un de mes professeurs, à la fac, nous disait : « le jour où lřon vous dit que vous êtes un pilier de lřinstitution, fuyez ». Un compliment à double tranchant donc. 58 Terme utilisé par notre pédopsychiatre, qualifiant ainsi sa profession « en voie dřextinction », pour se présenter à lřéquipe lors de son arrivée. SAU 92 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 264 - SAU 92 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 265 - « CENTRE MERES ENFANTS » CONTACT : ACCES : 4, rue de Rome 93000 BOBIGNY Téléphone : 01.48.48.51.30 e-mail : [email protected] Métro : ligne 5 jusquřau Terminus « Bobigny Pablo Picasso - Préfecture » Tramway : Noisy-le-Sec/Saint Denis, descendre à « Bobigny Pablo PicassoPréfecture » Bus : de «Bobigny Pablo Picasso Préfecture » - Prendre le 134 ou 234 en direction de Bondy - Descendre à lřarrêt « Edouard Vaillant Varsovie ». RER : Ligne B, station ŖLe Bourgetŗ, Prendre le bus 143, descendre arrêt « Chemin du Tonneau ». ACCUEIL : Toute femme majeure, seule, avec enfant(s) habitant en Seine Saint Denis, ayant effectué une demande de logement dans le département. 33 femmes seules, majeures avec enfant(s) dont au moins un de moins de trois ans, de la SeineSaint-Denis, en hébergement individuel en appartement. MISSION : Partie intégrante du dispositif agréé par lřAide Sociale à lřEnfance de Seine Saint-Denis, le Centre Mères Enfants a pour missions principales dřaider les mères isolées au maintien ou à la restauration du lien avec leur enfant et à devenir autonomes et locataires en titre dans les meilleurs délais et les meilleures conditions après une période de rupture sociale et familiale. AGREMENTS - HABILITATION : Aide Sociale à lřEnfance ASSOCIATION VERS LA VIE ET L’EDUCATION DES JEUNES l RECONNUE D’UTILITE PUBLIQUE 1, place Charles de Gaulle Ŕ 78067 St Quentin en Yvelines Cedex Téléphone : 01.30.43.26.00 Ŕ Télécopie : 01.30.43.98.25 Courrier électronique Direction générale : [email protected] - 266 - STRUCTURE : Directrice : Mme BESANÇON-FAUGÈRE Effectif : 9.86 ETP 1 1 2 1 1 2 1 1 1 1 agent administratif comptable éducatrices spécialisées, monitrice éducatrice, éducatrice de jeunes enfants, conseillères en économie sociale et familiale, psychologue, chargée dřinsertion professionnelle, homme dřentretien, agent de service intérieur HÉBERGEMENT 33 femmes seules, majeures avec enfant(s) dont au moins un de moins de trois ans, de la SeineSaint-Denis, en hébergement individuel en appartement. ASSOCIATION VERS LA VIE ET L’EDUCATION DES JEUNES l RECONNUE D’UTILITE PUBLIQUE 1, place Charles de Gaulle Ŕ 78067 St Quentin en Yvelines Cedex Téléphone : 01.30.43.26.00 Ŕ Télécopie : 01.30.43.98.25 Courrier électronique Direction générale : [email protected] - 267 - 2014, AU CŒUR DE LA SEINE-SAINT-DENIS. Monique BESANÇON-FAUGÈRE, Directrice Le département de Seine-Saint-Denis se caractérise par sa population jeune et en constante augmentation ce qui lui permet dřavoir la médaille de bronze du département le plus peuplé de lřIle de France. Il se démarque par un taux de familles monoparentales bien supérieur à la moyenne nationale (plus de 20% contre 13% en moyenne en métropole) et 23% des ménages y vivent sous le seuil de la pauvreté. 3750 logements sociaux supplémentaires furent financés en 2013 pour plus de 78 000 demandes de logement social enregistrées, soit plus de 4% des ménages en attente sur le plan national. 217 000 logements sociaux étaient à disposition en 2013 dans le 93. Selon le 20ème rapport de la Fondation Abbé Pierre, 38 000 personnes ont pour résidence principale une chambre dřhôtel et 411 000 ont un hébergement contraint chez des tiers… Tous ces chiffres me direz-vous pour en arriver où ? Au « petit » Centre Mères Enfants qui nous occupe : et il se trouve parmi tous les dispositifs existants pour contrecarrer la précarité et la désocialisation, proposant un accompagnement et un lieu pour vivre, un logement levier et facteur de développement personnel pour quelques familles monoparentales en situation de grande vulnérabilité (36 familles avec leurs 57 enfants ont séjourné en 2014 au C.M.E.). Aux demandes dřadmissions adressées par des travailleurs sociaux de lřIle de France qui ont presque doublé en 1 an (232 en 2014 contre 123 en 2013) et qui résonnent comme des appels au secours pour des situations de femmes et dřenfants toutes plus prioritaires les unes que les autres ! Aux seules 9 mères de famille et à leurs 12 enfants que nous avons admis puis hébergés en 2014 et qui vivaient pour 7 dřentre elles dans des conditions innommables. A tel point, quřune femme et sa petite fille ont été « hébergées » temporairement par une famille elle-même hébergée par le C.M.E., avant de pouvoir sřinstaller dans un logement libéré par le départ de lřAVVEJ dřune autre famille. Aux seuls 8 nouveaux logements obtenus en 2014 malgré nos multiples rencontres avec des élus et des bailleurs sociaux du département. Aux 5 mères de familles et leurs 17 enfants partis du C.M.E. avec un logement et pour 4 dřentre elles un CDI en poche ! Néanmoins elles font partie de la classe « des travailleurs pauvres » pour qui aucun accident de la vie ne doit intervenir au risque de déstabiliser dangereusement leur fragile équilibre budgétaire. La morosité de cette introduction ne doit cependant pas ternir le travail mis en œuvre tout au long de lřannée par tous les salariés de lřinstitution et la participation accrue des familles aux différentes propositions. Nous avons débuté lřannée 2014 par la réédition du livret dřaccueil, après y avoir introduit quelques nouveautés, lequel devra très certainement être revu et corrigé en 2015 à la lumière des changements mis en place en fin dřannée 2014 ! En effet, nous nous sommes penchés sur lřaccueil fait aux familles admises puis entrantes. Nous y avons introduit une notion collective là où la directrice recevait la mère de famille, avec le travailleur social référent de la situation, pour lui expliquer le fonctionnement du C.M.E. et pour lui remettre les différents documents incontournables depuis la loi 2002-2. Après des temps de réflexion communs, nous avons inauguré en octobre dernier la nouvelle formule. Les mères de famille et leurs enfants, admises par le C.M.E., ont été reçues ensemble, autour dřune collation, par les travailleurs sociaux, les administratives, lřhomme dřentretien, la psychologue et la directrice. Après un temps de présentation mutuelle, la directrice, a exposé le cadre de prise en charge au C.M.E. de lřAVVEJ, a répondu aux questions, a remis le livret dřaccueil, la charte des droits CME 93 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 268 - des personnes accueillies, le règlement intérieur puis a pris rendez-vous avec chacune dřentre elles et leurs référents pour signer les premiers contrats dřadmission et dřaccompagnement personnalisé. Un autre temps collectif dit « de convivialité » a été instauré après leur entrée dans le logement de lřAVVEJ. Etaient présents les salariés de lřinstitution disponibles. Notre but étant, au travers de ces moments de partages, de faire institution et de se décaler de ce que nous appellerons le « tout accompagnement individualisé ». En parallèle nous avons, à partir des impossibilités repérées par les travailleurs sociaux, mis en place (après accord du financeur sur une ligne budgétaire différente) des temps dřintervention supplémentaires de la psychologue, qui, faut-il le rappeler, nřintervient quřà 0.09 ETP où, 3 heures de présence par semaine, pour une institution accompagnant des femmes et des enfants aux parcours de vie pour le moins chaotiques voire traumatiques et ce dans le cadre de la protection de lřenfance. Cette dernière expose ci-après lřintérêt dřeffectuer quelques heures complémentaires auprès des familles. Lřévaluation externe, réalisée au cours du premier trimestre, a nourri la réflexion en cours, a conclu à « un accompagnement de qualité individualisé et respectueux des personnes accueillies » a relevé, bien sûr, certaines faiblesses au sein de lřinstitution comme par exemple « la primauté de lřoral sur lřécrit » mais nous avons plusieurs années devant nous pour répondre au mieux aux attentes des évaluateurs et pour, surtout, rendre encore plus pertinentes nos interventions. Cřest dans cette perspective que nous avons favorisé des temps de travail partagés, à lřintra entre la directrice, les administratives et lřhomme dřentretien, entre tous les professionnels du C.M.E. pour une journée de « rentrée » bilan/réflexion/mises en perspective, journée passée à lřextérieur, dans le cadre accueillant du foyer éducatif de lřAEF de Montreuil/Bois, entre lřéquipe éducative et dřautres partenaires : PMI et Femmes Relais de Bobigny, les Centres Mères Enfants du 93 (réflexions croisées autour de la place des pères), Interlogement 93, C2DI93 etc. Dřautres temps dřélaboration aussi nous ont permis de transformer pour lřannée à venir notre procédure dřadmission en tenant compte, notamment, de la paroles des femmes hébergées (sujet abordé dans le compte rendu, ci-après, du premier groupe dřexpression au C.M.E.). Accompagner au C.M.E. cřest permettre aux personnes hébergées de sřexprimer, dřexprimer des besoins, des attentes, dřapprendre à négocier, à différer, à prioriser et retrouver peu à peu une estime de soi. Le C.M.E. est un espace de réflexion partagé, un « côte à côte », une prise en charge qui procède, autant que faire se peut, de décisions conjointes. Le bilan de Madame Babou sřagissant de son travail de chargée dřinsertion et le texte de Madame Régnier en sont les illustrations. Cela implique du « faire et être avec », dřexpérimenter la diversité, de confronter les us et coutumes, dřamener lřautre en terre inconnue, de goûter des saveurs nouvelles etc. Cřest lřexpérience rapportée ci-après autour de lřalimentation, mais cřest aussi différents événements organisés cette année par lřéquipe et des stagiaires de lřIUT de Bobigny : La fête du troc, une kermesse, un atelier « fabrications sucrées pour mères et enfants », les sorties « BB nageurs », un atelier féminité, une sortie collective au Zoo, dans des parcs à la découverte des animaux de la ferme, une fête de Noël… Cela signifie être de passage dans la vie dřune famille composée dřenfants, de mères, de pères inconnus, morts, absents, plus ou moins présents, de sœurs, tantes, frères, oncles, grands-parents, compagnons de cœur vivant aux alentours, en métropole, en France ou au Pays… Cela signifie donc des rencontres singulières sur le territoire de lřautre. Cela veut dire des échanges, entre les femmes hébergées, entre ces dernières et les professionnels du C.M.E., échanges qui réinterrogent la nature du lien que chacune entretenait ou entretient avec ses parents, sa famille élargie, le style de communication qui existait ou existe encore entre les membres de cette famille, de lřimpact de leur vie dřenfant sur leur vie et leurs décisions actuelles. Depuis 2013, toutes ces questions ont amené lřéquipe du C.M.E., plus particulièrement, une Conseillère en Économie Sociale et Familiale, à imaginer faire un film avec des mères de famille CME 93 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 269 - hébergées par le C.M.E (où y ayant séjourné) sur le thème de la double culture et de la transmission de sa culture dřorigine à ses enfants. Depuis, le projet a pris forme, une réalisatrice des « Ateliers du réel » a été contactée. Avec lřappui du C.M.E., elle a déjà rencontré dix femmes avec lesquelles un documentaire devrait se construire en 2015. Comme lřécrivait Levinas « rencontrer une personne veut dire être tenu en éveil par une énigme »… BILAN DE L’ACTION D’INSERTION PROFESSIONNELLE 2014 Medhjouba BABOU, chargée dřinsertion Les accompagnements individuels : 122 entretiens ont été menés auprès de 23 femmes sur lřaction qui est assurée une journée par semaine. La chargée dřinsertion professionnelle reçoit les mères hébergées individuellement sur rendez-vous pour lřaccès à lřemploi et/ou formation, lřorientation ou la réorientation. Cet accompagnement se décline à lřaide à lřinsertion professionnelle sur des demandes diverses : o o o o o o o o CME 93 Faire le point sur ses acquis : connaissances et compétences issues de ses formations et expériences Formuler et élaborer son projet de formation et professionnel Clarifier, construire et suivre son projet professionnel, en tenant compte de ses intérêts, de ses expériences, de ses compétences et des réalités du monde professionnel Construire un nouveau projet dans certains types de formations Dépasser une période de déstabilisation due à des circonstances liées à son parcours de formation initiale, à son inexpérience professionnelle ou sa situation personnelle. Informer sur les possibilités de débouchés professionnels et identifier les potentialités professionnelles Suivre les mères dans lřélaboration de leur projet professionnel Accompagner à la recherche de formation, méthodologie de recherche dřemploi (CV, lettres), techniques de présentation pour préparer lřentretien de recrutement, élaborer un plan dřaction RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 270 - L’accompagnement spécifique au CME et monde du travail Au sein de lřaction la chargée dřinsertion assure : Le lien entre les mères de famille et les référents sociaux en interne par le biais dřune fiche de liaison des nouvelles orientations et par des échanges sur lřavancement des participantes, Lřinterface avec les services communs (organismes de proximités afin de bénéficier dřoutils de communication, Maisons de lřEmploi, les chargés dřinsertion du projet ville RSA, Pôle Emploi, Missions locales, service associatif des communes, structures dřinsertion par lřactivité économique). En réponse aux attentes des femmes et de leur projet, nous les orientons et les préparons à aller vers les forums métiers et/ou de formations. Devenir et insertion professionnelle en 2014 : Accès à lřemploi : o o 10 femmes ont accédé à un emploi : 5 CDI et 5 en CDD Postes occupés: vendeuses, agents de propreté, aide à domicile, agent technique, aide-soignante, employées de restauration, auxiliaire de vie, Accès à la formation : o o o o 1 femme a intégré une formation diplômante 1% employeur : DEAVS 1 femme a obtenu le CAP petite enfance par le biais de la VAE 1 femme a déposé son dossier de VAE au DEAVS 2 femmes nřont pas finalisé leur projet de formation en alternance en raison de difficultés à trouver une entreprise qui consente les accueillir. Toutes deux se sont réorientées vers lřemploi. Projets professionnels non finalisés: o o o o o o o o o o o CME 93 1 femme ayant travaillé très peu et, à la suite dřun stage en cuisine, a décidé dřentreprendre une formation au CAP de cuisine. Nous avons déposé trois candidatures auprès dřorganismes de formation et suite aux tests de sélection sa candidature nřa pas été retenue en raison dřun grand nombre de candidats. Par ailleurs il sřest avéré quřelle avait des difficultés à exprimer correctement à lřoral son projet. Elle envisage de se représenter aux prochaines sessions de Mars 2015. Dans lřintermédiaire, nous travaillons avec elle lřexpression orale et la prise dřassurance. 1 femme sřest retrouvée confrontée à un refus du service public à lřemploi de sa formation dřagent de service de sécurité incendie et dřassistance aux personnes par manque de moyens financiers. Elle sřest orientée vers un autre service de lřemploi et doit démarrer sa formation en janvier 2015 mais avec moins dřheures de formation. 1 femme occupait un poste dřagent de propreté en contrat dřapprentissage avant dřêtre admise au CME. Nous avons dû entreprendre avec elle des démarches auprès du CFA pour mettre fin à son contrat à lřamiable, suite au refus de lřentreprise de modifier ses horaires, peu compatibles avec le mode de garde assermenté demandé par le CME. Nous continuons à lřaccompagner dans une recherche dřemploi 1 femme a été reçue lors dřun premier entretien pour effectuer un bilan de son parcours scolaire et professionnel. Nous devons lřaccompagner, en 2015, dans lřélaboration de son projet professionnel. 2 jeunes mères ont bénéficié de deux entretiens leur permettant dřamorcer leur projet professionnel. Mais celles-ci nřétaient pas prêtes à sřy projeter. Elles nřont pas donné suite aux autres rencontres proposées. 1 mère est actuellement accompagnée dans le cadre dřune recherche dřemploi après un congé parental. RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 271 - Auparavant, celle-ci avait bénéficié de lřaction dřinsertion professionnelle. Elle avait suivi une formation dřagent hospitalier et avait par la suite accédé à un emploi en CDD de longue durée. Conclusion Ce bilan souligne lřallongement des parcours de formations, la sélection de plus en plus drastique en raison des enveloppes budgétaires moindres, du niveau dřétude attendu quel que soit le diplôme visé (CAP compris) et de la logique des dispositifs : RSA, demandeur dřemploi ayant déjà travaillé. Pour celles qui ne disposent pas dřexpériences professionnelles, il semble important dřassurer lřacquisition dřun minimum de compétences professionnelles. Cela influence grandement les cheminements futurs des mères de famille, car il sřagit dřune exigence minimale pour accéder au marché du travail. Lřaccompagnement à lřinsertion professionnelle pour une majorité des participantes a été ponctué de périodes dřemploi en CDD et de retour sur lřaction qui témoignent de lřallongement de la période de stabilisation sur le marché du travail. Deux jeunes femmes ont bénéficié de lřaction à lřinsertion professionnelle et de lřaccompagnement par lřassociation CD2DI93. Une dřentre elles a accédé, par cette intermédiaire, à un CDD qui nřa pu se prolonger par un CDI en raison des horaires peu compatibles avec ses enfants en bas âge et du refus de lřemployeur de les réaménager. Elle a, par la suite, accédé à un emploi en CDI à temps partiel par leur intermédiaire. Cette dernière expérience souligne cruellement que le mode de garde des enfants (mais aussi son coût) sont des éléments déterminants et restrictifs pour les femmes seules dans leur décision dřaccéder à certains types dřemploi : les horaires de travail doivent être en adéquation avec ceux des crèches et des assistantes maternelles. CME 93 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 272 - PAR AMOUR DU GOÛT Valérie CLAIR, Educatrice Spécialisée Ce fut le fruit dřune première expérience commune en 2012… A cette époque, le Centre Mères Enfants de lřAVVEJ et le Centre maternel de lřassociation EMPREINTES avaient mis en place une formation centrée sur le renforcement des compétences de lřestime de soi en situation dřentretien dřembauche. Cette formation nous avait semblé pertinente notamment au niveau de la mixité du public venant dřinstitutions différentes : un hébergement semi collectif à Pantin (EMPREINTES) et un hébergement en appartements diffus à Bobigny et diverses communes de Seine Saint Denis (AVVEJ). En 2014 nous avons eu envie de retravailler ensemble. La thématique choisie est la résultante de constats simples concernant lřalimentation des publics accompagnés par nos institutions : o o o o Des ménages issus dřun parcours dřhébergements précaires (115, accueil ponctuels par des connaissances) et donc contraints à des habitudes alimentaires déséquilibrées. Des familles monoparentales aux minimas sociaux Des jeunes femmes où la transmission intergénérationnelle ne sřest pas faite : recours à la nourriture « fast-food ». Un département, la Seine Saint Denis, qui cumule les handicaps et notamment au niveau de la santé (prévalence de lřobésité et diabète). Une formation organisée par le CODES 93 a servi de base concrète, nécessaire pour organiser une première session. La diversité des formations et des expériences des intervenants (maîtresse de maison, éducatrices spécialisées et stagiaire) a légitimé cette démarche tant au niveau de nos directions que des femmes participantes à cette action collective. Soucieuses des besoins primaires de leurs enfants, les mères ont exprimé lřenvie dřapprendre « les bons gestes » pour nourrir et préserver leur capital santé. Leurs motivations touchaient aussi à lřesthétique, cřest-à-dire «comment perdre du poids quand le moral nřy est pas ». Ainsi les jeunes femmes étaient intéressées pour jouer le jeu de la formation. Cette formation a demandé la mise en place dřune pédagogie adaptée sous forme de trois ateliers de 3 heures chacun réalisés en juin 2014. Lřutilisation de méthodes adaptées le code couleurs (pour définir les lipides, glucides, etc.) le photolangage, la dégustation à lřaveugle, ont participé à faciliter les échanges. Par le biais de ces méthodes pédagogiques actives, chaque participante a pu exprimer ses attentes, repérer son profil « sucré » ou « salé » et repérer les « petites choses » à faire pour tendre vers des repas plus équilibrés. CME 93 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 273 - Quelques Focus sur ces ateliers-formation: o o o o Ce module a été lřoccasion pour une stagiaire éducatrice (de lřIUT de Bobigny) de conduire une action conjointe avec des partenaires de lřintervention sociale. Les femmes ont participé aux trois séances dřune manière régulière et ponctuelle marquant leur intérêt dřêtre là et ensemble. La qualité et la justesse des échanges ont mis en lumière leur besoin de mettre en mots (voire en maux) leur relation complexe à lřalimentation. Elles ont fait part, avec confiance, du lien étroit entre la nourriture et leur état émotionnel. Les femmes ont utilisé des Post-It pour écrire ce que représentait la nourriture pour elles, par exemple : « Pourquoi je mange quand je stresse ? » « Différencier se nourrir et manger » « Manger=Plaisir » Nous avons été prises de court par le versant psychologique dans leurs propos, ce que nous nřavions pas prévu de développer. Aussi nous avons interpellé nos collègues psychologues sur leurs préoccupations pour réfléchir à la manière de les reprendre à lřatelier suivant avec des mots justes. Lřenjeu, à ce moment-là de la formation, a été de ne pas éluder ce versant de leurs questionnements mais dřy répondre et de les orienter vers dřautres personnes (référents, psychothérapeutes …). o o o o Nos observations ont été utiles pour les équipes éducatives des deux institutions lesquelles ont eu la matière pour travailler le thème de la santé au sein des familles. Cette action collective nřaurait pu voir le jour sans lřimplication de tous les collègues qui ont géré, en parallèle, un espace ludique pour accueillir les enfants. Cet accueil a permis de partager avec eux des instants particuliers, riches en observations et de permettre à leurs mères de participer, en toute sérénité, à ces trois ateliers. La mobilisation importante des deux équipes a été gage de réussite. Néanmoins, force est de constater que la mobilisation et le temps consacré par chacun doivent être revus dans le cadre dřune organisation moins chronophage. Ces ateliers ont permis à lřensemble des participantes des deux associations de sortir du vase clos institutionnel créant ainsi une dynamique au service dřun objet commun. Cette diversité et cette ouverture inter-associative se sont avérées riches dřéchanges tant au niveau des femmes hébergées que des professionnelles. Il pourrait être intéressant dřouvrir ces ateliers et/ou dřen créer dřautres bâtis sur des besoins repérés par le public et les équipes dřautres structures (CME CHRS….), de mutualiser les modules, formations ou ateliers qui sont fabriqués « sur mesure » dans les associations, en fonction des personnes accueillies. CME 93 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 274 - Lřintérêt porté par les participantes à cette formation a mis en exergue lřimportance du sujet et le besoin en parler ensemble. Lřévaluation sřest faite avec les participantes …autour dřun repas équilibré ! Lřenvie de continuer à développer le thème de la nourriture au travers dřateliers cuisine ont été les souhaits les plus exprimés dans ce groupe. Celui aussi de décliner cette expérience sur dřautres thèmes comme la recherche dřemploi, les entretiens dřembauche, la construction des CV etc. Enfin, la notion dřêtre ensemble semble très importante. Cela permet de dédramatiser des situations ; les personnes prennent conscience quřelles ne sont pas seules à les vivre et trouvent ensemble des solutions adaptées. Pour finir, laissons la parole aux participantes : « On a à peine commencé que cřest déjà fini !» « Le plus important cřest dřavoir vécu quelque chose ensemble, en commun » « Lřenvie de poursuivre ». Alors rendez-vous en 2015 pour de nouvelles aventures. HISTOIRE D’UNE ÂME VOYAGEUSE Anne RÉGNIER, Educatrice de Jeunes Enfants Retrouver ou plutôt découvrir son pays dřorigine, quel agréable projet de vacances. Encore faut-il que les racines ne sřenroulent pas trop fort autour de nous et nous emprisonnent bien malgré nous. Sama, mère de 3 enfants, a pensé ce projet « voyage ». Elle avait humé la Côte dřIvoire à plusieurs reprises dans sa tendre enfance faisant des allers et retours de plus ou moins longues durées ; ensuite cřest à travers des récits de sa mère quřelle a pu apprendre son pays, ses coutumes, sa langue. Aussi, quand lřoccasion de sřy ressourcer, lui a été proposé par le biais de cette « Mama », cřest sans hésiter, quřelle nous a évoqué cette intention. Face à cette demande, le Centre Mères Enfants, mesurant lřimportance pour cette jeune femme de renouer avec ses racines, de baigner à nouveau dans cette atmosphère de lřenfance en compagnie, qui plus est, de sa mère et dřune de ses sœurs, lřaccompagne durant la préparation au séjour. CME 93 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 275 - Les préparatifs sont bien sûr dřordre administratif et budgétaire mais surtout dans lřaccompagnement du « dire » aux enfants restant en France. Pouvoir mettre des mots sur cette absence maternelle et fraternelle dřun mois. Au travers des livres, au travers des souvenirs enfouis dans un coin de la mémoire, pouvoir transmettre ce pays lointain cřest pouvoir se projeter soi-même et permettre aux enfants de se situer dans leur histoire, de mieux comprendre le pourquoi de ce départ, pour mieux accepter lřabsence. En effet, il est prévu que Madame A. laisse ses deux garçons, âgés respectivement de 5 et 3 ans à ses proches et emmène avec elle sa fille âgée dř1 an. Financièrement parlant Madame ne peut pas se permettre de payer le billet pour les deux plus grands, son propre billet lui étant offert par sa famille. Le Centre Mères Enfants rencontre régulièrement les garçons ainsi quřune tante et une sœur de Sama « réquisitionnées » pour lřoccasion sur la base du pur volontariat. Un relais avec lřassistante maternelle repérée et connue de tous les membres de cette famille et du Centre Mères Enfants est même possible au cas où. Celle-ci est sur les starting-blocks et prête à jouer le rôle de « roue de secours ». La veille de son départ, Sama nous remet les numéros de téléphone, le nom des personnes hébergées antes en Afrique. Les papiers sont revus et réétudiés maintes et maintes fois. Bref, tout est en RÈGLE, bien CALÉ. Sama et sa dernière-née sřenvolent le 1O août pour un retour prévu début septembre 2014. Mais, mais, nous nřavons surtout pas voulu envisager le vol, la perte du Sésame, la Carte de Séjour, sans laquelle toute arrivée dans le pays dřorigine est toujours possible mais où la lourde porte du retour reste fermée à quadruple tours. A partir de ce moment, Sama, prisonnière du pays quřelle a longtemps rêvé, imaginé, idéalisé, se retrouve vite à vivre un cauchemar à ciel ouvert. Son titre de séjour devant être renouvelé fin septembre 2014, le rendez-vous à la sous-préfecture est reporté en décembre 2014. Malgré lřinvestissement, les « dépenses dřénergie » de la famille, lřassociation des « Femmes Relais de Bobigny », de toute lřéquipe du Centre Mères Enfants, les droits aux prestations de la CAF de cette gente dame sřen viennent à être purement et simplement coupés, en oubliant toute délicatesse et douceur. La carte de séjour expirant en septembre, lřadministration déclare Sama « hors les lois ». Il y a rupture avec sa résidence en France et cela ne pardonne pas… Un peu de réserve, de sous de côté permettent de limiter, au démarrage une trop « grosse casse » et lřaccumulation de factures non réglées. Quelques innombrables coups de fil, vers le chaud pays africain sřavèrent indispensables pour rassurer, apaiser, encourager, soutenir celle qui émet, chaque jour un peu plus, des frissons de craintes et de découragement quant à sa date de retour. La petite dernière fait tout son possible pour supporter cette situation : elle pleure, elle, en vient à faire un copier-coller avec sa mère. Elle fusionne, pour arriver à ne faire plus quřune seule et même personne. Semblable à une bernicle sur son rocher, elle sřy accroche contre vents et marées dans le haut ou dans le creux de la vague. Les enfants restés en France sont pris en charge par une chaîne humaine : grand-mère maternelle, sœurs, tante, assistante maternelle, A.V.V.E.J., activée par une solidarité, une complémentarité sans faille. Faire en sorte que les habitudes des garçons soient préservées, en les laissant dans leur cadre familial, en les maintenant dans lřappartement où ils peuvent retrouver leurs jouets, leurs affaires personnelles, leur donnant la possibilité de poursuivre sa scolarité pour lřun et de commencer cet apprentissage pour le plus jeune, tel devient lřIndispensable dans ce deuxième temps de séparation, non choisi par leur mère. CME 93 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 276 - Pour ce « faire en sorte », il est nécessaire de permettre lřhébergement dřune sœur de Madame, dans le logement du Centre Mères Enfants, dřassurer le relais par la présence bienveillante de lřassistante maternelle, connue des enfants et par des rencontres régulières avec lřéducatrice de jeunes enfants du C.M.E. Sorties, rencontres ludiques sont mises en place par le C.M.E. permettant aux enfants de verbaliser la lourdeur de lřabsence et la nécessité de poursuivre le quotidien sans plus de ruptures que le manque de « maman ». La complexité de la situation, lřincertitude du retour, les rebondissements, nous les devons en majeure partie aux institutions administratives. Combien de mails, de coups de fils ont été envoyés par le C.M.E et par la famille aux Ambassade, consulat, préfecture pour tenter, supplier, espérer débloquer la situation dans les plus brefs délais. Mais faire se bouger la bureaucratie est tout un art face auquel bien des personnes se cassent le nez. Pourrions-nous suggérer une formation pour apprendre à traverser un tel dédale où nřy a-t-il pas dřespoir ! Les textes officiels sont bien ficelés et difficiles à dénouer. Par contre ils sont clairs quand ils disent que ce nřest pas à lřambassade de demander si la résidence de Sama est bien régulière en France, mais à la préfecture dřen apporter la preuve. Laquelle administration nřayant point reçu de note indiquant quřelle doit renvoyer le rapport XXL sur la situation régulière de séjour de cette dame partie « se faire bronzer sous les cocotiers »…… Or, faut-il le rappeler, Madame A. vit en France depuis lřâge de 5 ans et a une carte de séjour en règle avec elle avant et pendant ce voyage…Les codes de leur langage ne sont pas dans nos dictionnaires… Un jour peut-être. Il ne faut pas désespérer. La preuve en est que : le 29 novembre 2014, Sama et sa fille Alice ont ENFIN la joie, lřimmense plaisir de refouler, sans faux pas, le sol français quitté 4 mois plus tôt. Les garçons sont aux anges, le Père-Noël, un peu avant la date officielle leur ramènent leur maman et leur petite sœur. Inutile de décrire les retrouvailles. Un repas convivial, accompagné de « OUFS » de soulagement, est proposé par le Centre MèresEnfants à Sama, à ses 3 enfants, aux membres de sa famille et à lřassistante maternelle. Une occasion de se réunir, de partager un moment avec tous les participants à ce retour. Un instant pour se dire les peurs, les angoisses et notre satisfaction à, de nouveau, partager. Aujourdřhui, nous avons presque retrouvé notre « train-train » dřavant le départ. Madame a grandi, voit sa vie sous un tout autre angle, avec des objectifs flambant neufs qui sentent bon le Renouveau. Mais le véritable envol de Sama se manifestera dans quelques mois. Voilà un super virage dřopérer, fort dřune expérience… avec le recul… constructive. CME 93 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 277 - Compte rendu de la première réunion du Groupe d’Expression des Mères de famille admises au C.M.E. Thèmes abordés : 1. 2. 3. 4. Relation gardiens dřimmeuble/familles Localisation des logements Procédure dřadmission au C.M.E. Accompagnement éducatif et budgétaire 1. Relation gardiens d’immeuble/familles Des mères de familles racontent leurs déboires avec le/la gardienne de lřimmeuble où elles vivent. Chacune exprime lřidée quřelles sont mal considérées parce quřelles font partie du C.M.E. : « Jřai lřimpression quřils savent tout de notre vie, que je ne mérite pas, pour eux, dřêtre là… Avec lřancien gardien il nřy avait pas de problème. Mais sa remplaçante a toujours un reproche à me faire. Elle me parle comme à une petite fille…Cřest pas normal, on doit être respectée de surcroît quand on est seule…Au début je me suis présentée à la gardienne, maintenant elle ne me parle plus, elle ne me répond pas quand je lui dit bonjour ». A contrario, dřautres ne rencontrent pas de difficulté. Des propositions émergent : « Trouver un arrangement à lřamiable… LřAvvej pourrait refaire le tour des gardiens dřimmeubles où il y a des soucis et leur redire que la mère de famille doit venir les voir en premier, quřelle paie son loyer comme tout le monde, quřelle est normale…Organiser une nouvelle rencontre AVVEJ/gardien/femme hébergée car la première présentation ne suffit pas, surtout quand cřest un nouveau logement, lřAVVEJ ils ne connaissent pas ». 2. Localisation des logements Une mère de famille propose que « lřAVVEJ se renseigne sur les politiques de la ville avant dřaccepter un logement ». En effet, cette dernière vient de sřinstaller dans une commune où il nřest pas tenu compte des quotients familiaux pour la cantine et les temps dřaccueils périscolaires, ce qui déstabilise son budget « quand je sors de la maison, jřai peur des factures qui vont arriver ».Dans certaines communes de Seine Saint Denis les cantines sont gratuites. Par ailleurs, les trajets entre les écoles, les crèches et le logement sont parfois importants ce qui ne facilite pas la vie des mères de familles quand elles sont en formation ou en emploi. La directrice rappelle le peu dřoffre de logement des bailleurs sociaux pour le C.M.E. Il est donc impossible pour le C.M.E. de pouvoir prendre en compte ces données supplémentaires. 3. Procédure d’admission au C.M.E. Certaines participantes évoquent leur incompréhension quant à la procédure dřadmission au C.M.E. Sur 5 temps de rencontre collective ou individuelle, seule une se passe en présence des enfants, ce qui pose des problèmes de conscience, dřorganisation ou financiers à ces mères de famille : « Je nřavais personne pour garder mon enfant, jřai dû payer 20 € une nounou au noir à chaque fois, jřai déposé mon enfant chez une personne que je ne connaissais pas… Je nřétais pas concentrée pendant les rencontres, jřavais peur, je pensais tout le temps à mon enfant que jřavais laissé à lřautre bout de Paris… Pour un Centre Mères Enfants ne pas accepter les enfants cřest bizarre…Choisir entre avoir le toit et laisser son enfant en danger, on nřa pas le choix ». Dřautres participantes, au contraire, ont apprécié cette procédure car « les enfants mřauraient déconcentrée, il faut faire des trucs avec eux ». Certaines proposent quřil y est un endroit au C.M.E. pour garder les enfants et leur proposer des jeux laissant ainsi leurs mères disponibles et attentives aux rencontres proposées. CME 93 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 278 - 4. Accompagnement éducatif et budgétaire Une participante exprime « son ras le bol » du travail proposé par la professionnelle du C.M.E. sur le budget depuis un séjour au pays qui sřest prolongé malgré elle « à lřAVVEJ, il faut avoir de lřargent, je paye mon départ en Afrique, le découvert prend ce quřil a à prendre, je suis toujours dans la même situation…Ça me fatigue de devoir à chaque fois travailler sur le budget, les relevés de comptes, les tickets de caisse etc. Je ne peux pas aller au cinéma, jřai peur du regard de ma référente». Une idée lui est proposée pour lřaider à se sortir un peu de ses difficultés: Aller à la « Marmite » lieu dřaccueil de jour à Bondy, où, après inscription, lřaccès est ouvert à une salle de jeux, une laverie etc. et où sont servis des repas. Dřautres expriment lřinverse, cřest-à-dire « lřaccompagnement est très bien. On est écouté sans jugement, merci…On peut se taquiner, je viens ici on se sent bien…Monsieur Antoine est toujours là, il a toujours un petit mot pour réconforter ». La réunion se termine. Les participants apprécient cette réunion. Des mères de famille disent avoir pu « tout lâcher, ça va mieux ». Lřune dřentre elles propose dřen faire le compte-rendu qui devra parvenir, avec la prochaine date de réunion, à toutes les cheffes de famille accueillies au C.M.E. Lřidée dřune boîte à expression est suggérée permettant à toutes de sřexprimer sans être forcément présentes aux réunions dont les dates et heures ne conviennent pas toujours. De plus elle aurait lřavantage de nourrir les débats. PRISE EN COMPTE DE LA DIMENSION PSYCHIQUE DES MÈRES DE FAMILLE ACCOMPAGNÉES AU C.M.E. Susana MAHROUR La vulnérabilité psychique propre à la période de périnatalité peut sřaccentuer considérablement quand la mère se trouve dans une situation de précarité sociale marquée par la pauvreté, lřisolement, lřerrance et la migration. Tel est le contexte social dans lequel se trouvent les personnes accueillies dans notre établissement. En tant que psychologue clinicienne, je participe, avec lřensemble de lřéquipe, aux réunions de synthèse hebdomadaires. Pendant ce temps de parole, nous travaillons sur les diverses situations des mères et des enfants accueillis. CME 93 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 279 - Nous organisons ainsi un planning de présentations de suivis socio-éducatifs dřenviron 2 ou 3 situations par semaine. A partir de chaque exposé, réalisé par le professionnel qui en a la prise en charge, la réflexion est orientée par notre double mission de prévention et de protection de lřenfance. Lřanalyse est centrée sur la qualité de la relation mère/enfant, ainsi que sur lřaide et le soutien apportés aux mères dans le maintien ou la restauration du lien avec leur enfant. Sur un autre versant, nous travaillons autour de lřinsertion socioprofessionnelle de la mère visant lřautonomie familiale. A partir du récit des professionnels, nombreuses sont les situations dans lesquelles les mères se trouvent dans des impasses rendant difficile lřévolution de lřaccompagnement. Pendant le séjour au C.M.E., les mères peuvent traverser des phases complexes les empêchant dřavancer tant dans le registre propre à leur position maternelle que dans le cadre de lřemploi. La fragilité psychique chez certaines mères peut être le résultat du contexte de précarité et dřexclusion sociale dans lequel elles se trouvaient avant lřadmission au C.M.E. A cela sřajoute aussi, pour certaines, des histoires de vie signées par des ruptures familiales, et par des expériences infantiles traumatiques non élaborées ni accompagnées. Des remaniements psychiques peuvent sřopérer à travers des mouvements dépressifs ou régressifs, entre autres, conduisant la mère à traverser des impasses dans lřaccompagnement. Ainsi, tout le passé peut refaire surface dans cette période de périnatalité. Nombreuses sont les situations dans lesquelles un accompagnement psychologique extérieur a été proposé aux mères. Dans la plupart des cas, elles ne le souhaitent pas et, si certaines lřacceptent timidement, dans la pratique après un ou deux entretiens il nřy a pas de suite. La question sřest posée pour nous de comment pouvoir apporter une aide psychologique là, où il nřy a pas de demande. Nous avons pensé à une intervention de ma part, de manière ponctuelle, avec certaines mères, non dans le cadre dřun travail thérapeutique type, mais comme un espace de parole, dans « lřici et le maintenant ». Mon travail sřinscrit dans lřaccompagnement global, en tant que dispositif facilitateur dans le cadre du projet propre à chaque mère de famille. Nous avons organisé une rencontre au C.M.E. pour présenter à lřensemble des mères ce nouvel espace de parole et de soutien. A cette occasion, elles ont été informées que, suite aux réunions de synthèse, je pouvais être amenée à les contacter pour les rencontrer et quřelles pouvaient elle-même faire appel à moi quand elles le souhaitaient. Cette proposition a été bien acceptée. Cette rencontre mřa permis de faire la connaissance dřune dizaine dřentre elles. Cette nouvelle modalité de travail a été pensée dans le cadre de la prise en charge de la mère et de lřenfant au sein du C.M.E. Le travailleur social continue à être lřinterlocuteur privilégié dans lřaccompagnement avec chaque famille. Mais, face à une situation où il considère nécessaire mon intervention, il peut proposer à la mère, voire à la mère et lřenfant, de me rencontrer. Cela ouvre la possibilité dřétablir un cadre relationnel triangulaire et facilite la mise en place de la bonne distance avec la mère. CME 93 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 280 - Il sřagit donc pour nous de mettre en place un outil visant la prise en compte de la vulnérabilité psychique des mères accueillies alors même que la santé psychique joue un rôle majeur dans la qualité du lien mère/enfant. CME 93 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 281 - PARC LOCATIF ENTRE LE 1ER JANVIER ET LE 31 DECEMBRE 2014 LOCALITE TYPE Bagnolet Bagnolet* Bobigny Bobigny Bobigny Bobigny Bobigny Bobigny Bobigny Bobigny* Bobigny Drancy Drancy Épinay sur Seine Gagny Le Blanc Mesnil* Le Bourget Montreuil Montreuil Montreuil Neuilly sur marne Neuilly sur marne* Neuilly sur marne Neuilly sur marne Noisy le Sec* Rosny-sous-Bois Rosny-sous-Bois Rosny-Sous-Bois* Sevran* Sevran* Villemomble Villemomble Villemomble Villemomble Villepinte 14 Communes F2 F2 F1 F3 F2 F2 F3 F2 F3 F3 F3 F3 F2 F3 F1 F3 F2 F3 F3 F3 F2 F3 F2 F3 F2 F3 F3 F3 F3 F3 F1 F1 F2 F3 F3 4 F1 20 F3 11 F2 NATURE DU BAIL BA BD BA BA BA BA BG BA BG BG BG BA BG BG BA BD BA BA BA BA BA BA BG BG BA BG BG BG BA BG BA BA BA BA BG 20 BA 13 BG 2 BD BAILLEURS OPHLM OPHLM SABLIERE OFFICE HABITAT SABLIERE OFFICE HABITAT OFFICE HABITAT OFFICE HABITAT OFFICE HABITAT OFFICE HABITAT OFFICE HABITAT OFFICE HABITAT SABLIERE SABLIERE SABLIERE OSICA DOMAXIS 3F 3F 3F SABLIERE SABLIERE SABLIERE SABLIERE SABLIERE OPHLM SABLIERE LOGIREP SABLIERE OSICA SABLIERE SABLIERE SABLIERE SABLIERE 3F 7 Bailleurs *Nombre de logements obtenus dans lřannée : 8 (dont 2 en bail direct) ce qui représente une hausse de 50% par rapport à lřexercice précédent. Nombre de logements dont le bail a glissé dans lřannée : 1 Comme en 2013, nous avons géré 36 logements au cours de l’année. Au 31 décembre 2014, nous avons à notre disposition 32 logements. CME 93 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 282 - NOMBRE DE DEMANDES : 232 Ce chiffre représente ¼ de demandes supplémentaires par rapport à 2012 et presque le double des demandes en 2013. A noter cette année un fort pourcentage des demandes hors critères pour plus de 58% contre 34% en 2013. Nombre de demandes hors critères : 135 Origine géographique Age de la mère (mineure ou autre) Couple Non éligibles au PF dont APL Annulée par le demandeur Demande dřhébergement « sec » 19 1 Indication de soutien à la parentalité insuffisante Dossier incomplet 0 27 11 8 5 1 1 4 19 1 Demande de prise en charge thérapeutique 1 Composition de la famille Absence dřenfant de moins de 3 ans Orientation pour une structure collective Orientation pour une structure spécialisée violences conjugales autres Nombre de demandes annulées par les usagers : 5 Nombre de demandes correspondant aux critères : 97 Nombre de demandes acceptables non satisfaites : 88 Répartition du total des demandes dřadmission par prescripteur : Service Social Départemental ASE 211 Nombre Nombre Nombre Nombre Nombre 3 de de de de de Hôpital 6 Autres (préciser) prescripteur Direction intégration Réfugiés ASSFAM J.COTXET ALJT LE BIEF METABOLE COALLIA Cité MYRIAM nombre 135 TOTAL 1 3 1 1 2 2 1 1 232 familles convoquées à la 1ière réunion collective : 33 femmes ne donnant pas suite à leur demande : 5 familles participantes à la procédure dřadmission : 28 dossiers présentés en commission dřadmission : 14 dossiers retenus : 9 Comme les années précédentes nous constatons une déperdition des participations au fil de la procédure dřadmission. Cette année, comme en 2012, 50% des candidates ne mènent pas jusquřà son terme la procédure. En 2013, 65% avaient interrompu ce processus. CME 93 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 283 - ADMISSIONS ♦ Nombre total : 9 Parents : 9 Enfants : 12 ♦ Origine par commune : Aulnay-Sous-Bois Bondy Drancy Le Bourget Le Pré Saint Gervais Livry Gargan Neuilly-sur-Marne Noisy le Sec Sevran ♦ Motif principal dřadmission : Problème de logement : rupture dřhébergement, hôtel, hébergement précaire Aide éducative Protection de(s) enfant(s) 7 1 1 La raison principale des entrées au CME est toujours, depuis de nombreuses années, la situation dřhébergement très précaire de ces mères et de leurs enfants. Elles stoppent ainsi le chemin chaotique sur lequel ils se trouvent dès leurs premières années de vie commune. ♦ Dispositif dřaccueil dřurgence du 93 ou hors 93 mais financé par le département : 5 PUBLIC ACCUEILLI ♦ Nombre de familles accompagnées dans lřannée : 36 - 27 étaient déjà dans la structure - 9 ont été admises dans lřannée ♦ Nombre de journées réalisées dans lřannée : 28 747 Nombre de journées mères : 11 557 Nombre de journées enfants : 17 190 Nous constatons 425 journées supplémentaires par rapport à lřexercice 2013. Pour autant, le nombre des journées enfants est cette année encore en diminution venant confirmer lřaugmentation des familles avec un enfant unique : plus de 58% en 2013 et 2014. CME 93 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 284 - ♦ Origine par commune de toutes les familles accueillies : 36 Aulnay/Bois 5 Noisy-le-Sec 5 Montreuil/Bois Drancy 3 Bondy 2 Le Blanc-Mesnil 2 4 Le Bourget Pré St-Gervais Sevran Bagnolet Bobigny Gagny 2 2 2 1 1 1 Livry-Gargan 1 Neuilly-sur-Marne 1 Pantin 1 Pavillons/Bois 1 Rosny/Bois 1 Tremblay-en-France 1 ♦ Motif principal dřadmission de toutes les familles accueillies : 36 Gestion budgétaire Violence Problème de logement : rupture dřhébergement, hôtel, hébergement précaire Aide éducative Relation mère enfant, Santé Emploi 1 1 29 2 1 1 1 ♦ Nombre de femmes en provenance de : Dispositif dřaccueil dřurgence du 93 ou hors département (mais financé par la Seine Saint Denis), Hôtel 115 : 28 Structures d’hébergement : 8 FJT Rosny-sous-Bois (1) ; Essor 93 (1) ; Escale saint martin(1) ; Foyer dřurgence Georges Sand (1) ; ANEF Montreuil (1) ; C.M.E. Toit Accueil et Vie (1) ; Foyer Maternel le Bief (2) SITUATION FAMILIALE Célibataire 35 Mariée 0 Divorcée 0 Séparée 0 Veuve 1 ÂGE DES MÈRES - 18 ans 18 ans 19 -21 ans 22-25 ans 26-30 ans À lřentrée 0 1 3 19 4 En 2014 0 0 0 20 5 Depuis 2012 nous constatons le rajeunissement des mères de famille. Cette année, 63% des femmes nřont pas 25 ans contre 56% en 2012. +30 ans 9 11 NOMBRE DřENFANTS PAR FAMILLE Nombre dřenfants Nombre de familles 1 21 2 6 3 6 + de 3 3 Nombre dřenfants dans la structure ……… Nombre dřenfants hors de la structure Nombre d’enfants total 21 12 18 12 63 6 Les enfants hors structure ont été inclus dans ce total. Localisation des enfants hors de la structure : 2 Guinée, 3 Comores, 1 Mali CME 93 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 285 - ÂGE DES ENFANTS Âge À lřentrée Au 31/12/14 - 1 an 16 5 1 à 3 ans 24 28 4 à 5 ans 2 18 6 à 10 ans 2 5 + de 11 ans 0 1 Total 44 57 Naissances durant le séjour au C.M.E. : 13 dont 1 en 2014 MODE DE GARDE DES ENFANTS NON SCOLARISÉS Famille (dont mère) Assistante Maternelle agréée Assistante maternelle non agréée Crèche collective Crèche parentale 10 9 0 6 1 Le pourcentage des enfants gardés par un membre de la famille élargie est cette année identique à 2012 mais nettement supérieur à 2013 (+34%). RÉSEAU RELATIONNEL DE LřENFANT (par fratrie) Avec leur père Régulier Aucun Avec la famille 35 21 32 24 Avec le compagnon 15 41 Autre 41 15 Depuis trois ans, la relation des enfants à leur père est en constante augmentation. Cette année plus de 61% des enfants ont un lien régulier à leur autre parent soit 35% de plus quřen 2012. Précisons que ce contact régulier peut être uniquement téléphonique car un certain nombre de pères réside à lřétranger ou hors de lřIle de France. STATUT DES ENFANTS ♦ Reconnus par le père : ♦ Non reconnus par le père : 40 17 Paradoxalement, le pourcentage des enfants reconnus par leur père est en diminution de plus de 20% cette année par rapport aux deux années précédentes. PARTICIPATION FINANCIERE DES PERES Pension alimentaire Participation régulière Participation ponctuelle Aucune 11 2 2 21 Une partie des pères nřont pas des revenus suffisamment conséquents pour verser des pensions alimentaires. Certains peuvent, par contre, apporter un soutien financier épisodique : achats alimentaires, de vêtements, de jouets. INTERLOCUTEURS IDENTIFIE PAR LřEQUIPE COMME TIERS AUTOUR DE LA PARENTALITE Père Compagnon Autre Aucun 12 4 16 4 CME 93 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 286 - NIVEAU SCOLAIRE DES MÈRES Analphabète Illettrée Cm2 1 1 1 6ème ème 4 5ème 3 1 CAP niv. CAP CAP BEP 1 10 4 3ème 1ère Bac + 3 0 2 8 DIPLOMES OBTENUS PAR LES MERES CAP BEP 9 6 Bac 4 Bac+2 Bac+3 + 5 0 1 EXPÉRIENCES PROFESSIONNELLES Expérience Jamais travaillé Travaillé 1 à 6 mois Travaillé 6 mois à 1 an Travaillé + dř1 an A lřentrée 13 5 5 13 Fin 2014 6 2 3 25 FORMATION QUALIFIANTE 2 mois En 2014 3 mois 0 6 mois 0 9 mois 3 Entre 1 et 2 ans 3 12 mois 1 1 2 ans + 2 ans 1 1 HÉBERGEMENT ANTÉRIEUR Structure dřhébergement Amis Famille Logement Personnel S.D.F (Errance) Hôtel 8 10 7 0 0 11 RÉSEAU RELATIONNEL DE LA MERE Avec le père des enfants 25 Régulier Avec la famille Avec des amis 25 29 Avec un compagnon 15 RESSOURCES AUTRES QUE PRESTATIONS FAMILIALES À lřentrée Fin 2014 ou sortie CME 93 R.S.A Indemnité de stage Salaire ASSEDIC A.A.H. Aucune 31 0 3 0 0 2 18 0 15 2 0 1 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 287 - PROBLEMATIQUE SANTE DES FEMMES ACCUEILLIES Problèmes psychologiques Repérés : nombre de femmes Non nombre de femmes Autres problèmes graves de santé 3 repérés : 2 INTERVENTIONS DE LřAIDE SOCIALE A LřENFANCE (Nombre de familles concernées) : Placement dřenfant Secours besoin premier Ordonnance placement provisoire 0 Allocation mensuelle Accueil provisoire 1 1 0 FAMILLES SORTIES DANS LřANNÉE : de 5 ♦ Durée de séjour : 0 à 6 mois + 6 mois à 1 an + 1 an à 18 mois +18 mois à 2 ans 2 ans à 3 ans 3ans à 4 ans + 4 ans 0 0 0 1 2 1 1 ♦ Situation professionnelle à la sortie : Stage/formation rémunéré€ Sans activité professionnelle C.D.D. C.D.I. À leur entrée 0 3 1 1 À leur sortie 0 1 0 4 ♦ Logement à la sortie ou à la fin de prise en charge : Foyer Famille 0 Sans droit ni titre Appartement 1 4 0 ♦ Commune dřimplantation : Bagnolet Bobigny Le Blanc Mesnil 1 Noisy le sec 1 2 1 ♦ Ressources à la sortie avec prestations familiales : 0€ 0 CME 93 0 à 300 € 0 300 à 450 € 0 450 à 600 € 0 600 à 750 € 0 750 à 900 € 0 +900 € 5 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 288 - ♦ Ressources à la sortie hors prestations familiales : 0€ 0 à 300 € 300 à 450 € 450 à 600 € 600 à 750 € 750 à 900 € +900 € 1 0 0 0 1 1 2 Si 4 femmes sur 5 ont « décroché » un CDI avant de quitter lřAVVEJ, il nřen reste pas moins que la moitié dřentre elles est considérée comme « travailleur pauvre » pour qui aucun accident de la vie ne doit intervenir au risque de déstabiliser dangereusement leur fragile équilibre budgétaire. ♦ Type de logement pour les familles qui étaient en bail glissant : Restées dans le logement 1 Public Autre logement 0 ♦ Type de logement pour les familles qui étaient en bail associatif : Public 3 Privé 1 ♦ Aides financières sollicitées : LOCAPASS 0 ♦ Mesures de suivi A.S.E : A.E.M.O 0 CME 93 FSL 1 PRET CAF 2 A.E.D 0 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 289 - RENCONTRE 93 CONTACT : ACCES : 49 rue Marcel Sembat 93200 SAINT DENIS : 01 48 13 12 20 : 01 49 22 06 99 Courriels : [email protected] Bus : RER D : Métro : Métro : 154, 168, 170, 177, 255 Saint Denis Gare Porte de Paris Saint Denis Basilique ACCUEIL : 40 jeunes, garçons et filles de 12 à 18 ans, présentant des difficultés sociales et familiales, originaires prioritairement du département de la Seine-Saint ŔDenis 15 enfants de 0 à 3 ans révolus confiés directement par le parent rencontrant des difficultés momentanées pour la garde de leur enfant de jour et de nuit. Accueil chez des assistantes familiales 8 places en halte jeux 15 adultes. Parents dont les enfants bénéficient dřune mesure éducative dans le cadre de la protection de lřenfance MISSION : RENCONTRE 93 propose : - HEBERGEMENT : M.E.C.S. (Maison dřenfants à caractère social) pour 12 jeunes : Internat mixte à moyen (observation) et long terme pour adolescents de 13 à 17 ans révolus, scolarisés ou en formation. Orientation AED et AEMO. Accueil modulable, OPP ou AP ou Ordonnance 45. Ouvert toute lřannée. S.A.A. (service dřaccompagnement vers lřautonomie) pour 10 jeunes : Internat mixte à moyen (observation) et long terme pour adolescents de 16 à 18 ans, scolarisés ou en formation. Orientation AED et AEMO. Accueil modulable, OPP ou AP ou Ordonnance 45. Ouvert toute lřannée. - ACCUEIL DE JOUR : ATELIER SCOLAIRE : pour 18 adolescents déscolarisés âgés de 12 à 17ans révolus. Orientation AEMO et AED - OPP et Accueil Administratif. Prise en charge globale. Suivi en AEMO. Hébergement ponctuel éventuel. CLUB PARENTS : 15 places, ouvert aux parents des jeunes confiés à Rencontre 93 ainsi quřaux parents isolés, dont lřenfant est suivi en AED et en AEMO. - ESPACE PETITE ENFANCE : Un service d'accueil familial de jour et jour/nuit : pour enfants 0 à 3 ans révolus. Orientation PMI. Accueil 24h sur 24. Accueil et/ou hébergement chez des Assistantes familiales. Accueil séquentiel dřenfants sur place. Contrat dřaccueil Parents/Rencontre 93. Un accueil physique sur la halte-jeux intégrée à l’établissement : Un accueil des enfants dřune à plusieurs demi-journées par semaine, Un relais parents Ŕ enfants. SELF : Préparation des repas sur place. Lieu dřéchange où se retrouve pour déjeuner et dîner toute personne fréquentant la structure. ASSOCIATION VERS LA VIE ET L’EDUCATION DES JEUNES l RECONNUE D’UTILITE PUBLIQUE 1, place Charles de Gaulle Ŕ 78067 St Quentin en Yvelines Cedex Téléphone : 01.30.43.26.00 Ŕ Télécopie : 01.30.43.98.25 Courrier électronique Direction générale : [email protected] - 290 - ADMISSION : Ouvert toute lřannée. Toutes les demandes sont à adresser au directeur Celles de la Seine-Saint-Denis sont examinées en priorité AGRÉMENTS Ŕ HABILITATIONS Convention Aide Sociale à lřEnfance Habilitation Justice STRUCTURE : Direction : Laurent DUPOND Equipe éducative : 3 chefs de service Ŕ 1 médecin pédiatre Ŕ 5 psychologues Ŕ 12 éducateurs Ŕ 6 éducateurs scolaires Ŕ 4 éducatrices jeunes enfants Ŕ 2 animateurs sociaux éducatifs - 1 enseignant technique - 6 assistantes familiales Equipe administrative et technique : 1 attachée de direction - 1 économe Ŕ 1 adjoint économat Ŕ 3 secrétaires Ŕ 2 maîtresses de maison Ŕ 3 personnels dřentretien Ŕ 1 cuisinier Ŕ 3 aides cuisine Ŕ 4 veilleurs de nuit. ASSOCIATION VERS LA VIE ET L’EDUCATION DES JEUNES l RECONNUE D’UTILITE PUBLIQUE 1, place Charles de Gaulle Ŕ 78067 St Quentin en Yvelines Cedex Téléphone : 01.30.43.26.00 Ŕ Télécopie : 01.30.43.98.25 Courrier électronique Direction générale : [email protected] - 291 - RAPPORT D'ACTIVITÉ 2014 - RENCONTRE 93 Par Laurent DUPOND - Directeur Chaque année le rapport dřactivité est lřoccasion de se poser la question du travail entrepris au sein de lřinstitution et de la direction à prendre afin de maintenir vivant ce bel ensemble quřest Rencontre 93. En 1996, lorsque Mado CHARBONNIER, Directrice du SIOAE 93 de lřassociation déposait le projet dřun établissement multi accueil qui conduira 11 années plus tard à lřouverture de lřinstitution, elle nřimaginait probablement pas quřen 2014 ce projet apparaîtrait comme une réponse « dřhier » aux questions dřaujourdřhui. Rencontre 93 sřest construit autour dřun projet généreux aux idées simples, témoignant de la volonté de sa créatrice de proposer une autre alternative aux accueils institutionnels tels que proposés en protection de lřenfance. Rencontre 93 sřorganise autour de valeurs humanistes exprimées en intentions fortes à destinations des publics accueillis - En premier lieu, il sřagit de partager lřespace institutionnel en réunissant des bébés, des adolescents et des adultes afin de limiter les phénomènes de groupe et miser sur les interactions qui découlent de cette hétérogénéité - Miser sur lřinconditionnalité de lřaccueil, dřune place offerte qui nřest pas à gagner - Garantir la sécurité de lřaccueil en renonçant à tout recours à la menace dřexclusion et à lřexclusion elle-même - Ouvrir à tous un cadre sécurisé où peuvent sřexprimer les émotions, conditions de la rencontre éducative - Enfin avoir pour chacun, accueillis et accueillants, des projets et lřambition de la réussite. Rencontre 93 nřest pas une institution hors du temps et hors des réalités inhérentes aux institutions dřaction sociale quřil conviendrait de regarder avec une certaine sympathie comme un écho du passé ; Rencontre 93 est à lřinverse à considérer comme un modèle de modernité, comme le souligne notre introduction. Chaque question posée aujourdřhui pour mieux accompagner les publics fragiles trouvent au sein de Rencontre 93 des réponses crédibles. Après sept ans de fonctionnement, cette institution peut assumer être une référence, avec ses difficultés de fonctionnement mais forte dřun dispositif qui reste innovant. Sans faire le procès de quiconque ; tous nous pouvons constater, et ce, malgré la multiplication des lois depuis 2002, que peu de choses ont évolué du côté des institutions œuvrant dans le cadre de la protection de lřenfance : les lieux restent peu ouverts sur le territoire ; les parents nřont guère plus de place dans les projets dřétablissement quřavant ; les ruptures de placement pour les jeunes en difficulté sont toujours aussi nombreuses, voire en augmentation ; les placements restent une réponse majoritaire au détriment dřautres approches comme le placement de jour ; enfin pour terminer une liste qui pourrait sřallonger davantage, on ne peut que constater lřaffaiblissement de la démarche de prévention au bénéfice dřune pratique de lřurgence de plus en plus prégnante (65% des placements mis en œuvre sur la Seine Saint Denis le sont en urgence). Fort de ces constats, le département de Seine Saint Denis a lancé en 2014 une réflexion quant aux modalités dřaccueil des adolescents et des petits dans le cadre de la protection de lřenfance. La réponse trop souvent unique du placement est remise en cause au bénéfice dřautres approches. Des propositions de travail seront faites aux associations en 2015 pour quřelles puissent se situer et présenter des projets innovants. Sur chacune des pistes évoquées, Rencontre 93 peut apparaître porteur dřune expérience significative. Comme pour la petite enfance où la question du placement y est plus encore que pour les autres enfants un sujet extrêmement complexe, traversé dřidéologies faites de pour ou de contre et de risques à assumer pour les professionnels, la prévention de la maltraitance par lřouverture de lieux ressources à lřimage des relais parentaux est préconisée. LřEspace Petite Enfance de Rencontre 93 propose déjà un accueil proche de ce modèle et est la seule structure du département à offrir un accueil hors mandat de jour et de nuit aux enfants de moins de 4 ans confiés par leurs parents. Seul lřaccueil des fratries est en partie absent de notre projet et devrait être pris en compte pour revendiquer lřappellation relais parental. Rencontre 93 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 292 - Pour les adolescents, une dynamique sřengage sur le département afin dřoffrir une alternative au placement complet qui sřavère aujourdřhui trop souvent peu efficace eu égard à lřinvestissement nécessaire, et lourde à mettre en place. Depuis 2007, il est possible pour le juge de décider dřun placement de jour et ce pour des jeunes pour qui un placement à temps complet est impossible. Pour ces jeunes, la situation familiale et personnelle est source de danger, la scolarité est souvent le symptôme le plus visible de la désorganisation et déstabilisation familiales. Rencontre 93 propose déjà 18 places aux Ateliers scolaires et sera sollicité pour 12 places supplémentaires dans le cadre dřune implantation à lřEst du département. Redonner à ces adolescents une confiance en leurs capacités et retrouver le plaisir dřapprendre a un effet de changement toujours impressionnant. Le jeune nřest plus un jeune « qui ne fait rien » et cela suffit souvent à offrir lřapaisement familial dont a besoin tout éducateur pour réinscrire le jeune dans un projet reconnu par ceux qui ont la charge de le faire grandir. Rencontre 93 est présent également sur la question des trop nombreuses ruptures dřhébergements (sur 350 jeunes placés sur le département, cette année on compte plus de 80 ruptures de placement allant de 1 à 9 !) parce quřelle propose depuis sa création une approche ouverte et souple de lřaccueil. Ouverte parce que lřengagement pris auprès de ces jeunes nous conduit à innover en permanence pour leur permettre de sřinscrire dans la durée sur le lieu dřaccueil. Rencontre 93 a, depuis près de cinq ans, renoncé à la sanction et à lřexclusion pour se consacrer au « vivre ensemble ». Cet engagement nous amène donc à penser en questionnant notre capacité dřadaptation plus quřà celle de lřadolescent. Ainsi, cette année nous avons, pour permettre le maintien de lřaccueil eu recours à des montages incluant la mise à lřhôtel (hôtels connus de lřASE). Certains grands adolescents ne peuvent en effet se maintenir sur la structure collective ; il leur est difficile de respecter les règles de vie pas toujours compatibles avec leurs « symptômes ». Nous sommes fiers de dire que cette année encore chaque départ sřest inscrit dans un projet qui a vu le chemin des adolescents se poursuivre sans rupture. Nous proposerons au cours de lřannée 2015 un projet dřexternalisation du SAA vers des appartements partagés et des studios afin de poursuivre ce travail de façon pérenne. Le projet dřaccueil familial spécialisé ne se sera pas ouvert cette année comme envisagé ; un délai dû à lřachat de la maison qui a pris plusieurs mois de retard. Nous sommes impatients dřoffrir un accueil pour deux jeunes reconnus comme en très grandes difficultés dans un cadre pensé et adapté pour eux. Un dernier mot pour introduire quelques écrits de présentation ou de témoignage sur le Club des parents qui cette année encore a su tenir la place des parents au sein de lřinstitution. Spectacle préparé dans le cadre dřun séjour organisé par le Club et joué à quatre reprises, rencontres et échanges toute lřannée pour plusieurs dizaines de femmes et dřhommes, ouverture à la culture, cours dřalphabétisation et tant dřautres choses qui nřont dřautre objectif que celui de renforcer le sentiment dřappartenance à notre société. Si Rencontre 93 est un lieu de grande richesse pour les nombreux projets qui y voient le jour, il lřest également pour ses professionnels qui chaque jour sřengagent pour le faire vivre. Quřils soient tous fiers de leur travail. Rencontre 93 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 293 - Quelques textes et témoignages… La vie dřune institution, cřest la somme de ces moments pris avec les jeunes et tous ceux qui nous accueillent dřune manière ou dřune autre. Partager, échanger et agir donnent corps à un engagement humaniste. Paul TCHOBE, coordonnateur projet porte haut cet idéal au travers de divers événements dont celui présenté dans ce rapport. Le samedi 22 novembre de 9h à 17h au Gymnase Elisabeth, Paris 14ème, a eu lieu le Grand Tournoi de la Solidarité organisé par les associations « Lřun est lřautre » et « Un ballon pour lřinsertion ». Il a réuni de nombreuses équipes, des personnes en situation précaire, des jeunes en insertion accompagnés par les associations qui les soutiennent et aussi des citoyens heureux de jouer et de témoigner ainsi leur solidarité auprès des plus vulnérables. Les jeunes de Rencontre 93 y participaient pour la 3ème fois (édition 2012 à la Halle Carpentier, 2013 au Stade Charlety). Cet évènement est soutenu par Sandrine ROUX ancienne capitaine de lřéquipe de France de Football Féminin et Emmanuel PETIT champion du Monde de Football 1998. Un évènement convivial et festif au cours duquel les valeurs du sport sont réaffirmées et participent à notre volonté commune dřassoir la relation à lřautre sur la dignité, lřéchange et la solidarité. A Rencontre 93, nous sommes fiers de ce que nous réalisons et avons le désir de le faire savoir. Ainsi cřest un bilan qualitatif et une évaluation de lřAtelier Scolaire que nous présentons pour ce rapport 2014. Un bilan très positif qui nous a conduits à déposer il y a quelques années un projet dřextension de lřAtelier Scolaire vers lřEst du département tant les demandes apparaissent nombreuses. Nombreuses par le nombre dřenfants déscolarisés dont lřabsence de projet et dřinscription accentue les difficultés familiales et conduit à une mise en danger. Nous avons au moment où sřécrivent ces lignes bon espoir de voir aboutir ce projet en 2015. 5. Document rédigé par Isabelle BERMOND - Responsable pédagogique. La réussite des jeunes de lřAtelier Scolaire pour lřannée 2013-14 vient nous conforter dans nos choix pédagogiques et éducatifs. La construction dřune relation avec des adolescents, fragilisés et en grandes difficultés, autour de lřouverture de perspectives et la construction de projets, aussi bien culturels, sportifs que scolaires, nous permet dřarticuler le travail éducatif tout au long de la durée de lřaccompagnement dans un cadre plus serein et moins contraignant. Un cadre qui permet dřaborder les parents autrement. Au niveau des orientations et des résultats scolaires : o o Rencontre 93 1 CAP Petite Enfance réussi 5 rescolarisations dont 2 en 3ème collège, 1 Sports-Etudes (Foot américain et CAP menuiserie aluminium), 1 en 3ème SEGPA et 1 en CAP Cuisine RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 294 - o o o o 3 inscrits au CNED ont obtenu leur passage en classe supérieure dont 1 entrée en seconde, 1 en terminale Bac Pro et 1 en première BAC Pro 1 inscrit au lycée en Seconde a obtenu son passage en première STG option Gestion 1 entrée en CAP Métiers de la mode, vêtement flou par correspondance 1 formation BAPAAT équitation (Brevet dřAptitude Professionnelle dřAssistant Animateur Technicien) 2 BAFA ont été obtenus 2 entrées dans le monde du travail dont une dans le cadre « emploi dřavenir » avec le Conseil Général du 93. Grâce à ce dispositif, cette jeune poursuit sa formation en alternance de professionnel de la petite enfance vers le métier dřAuxiliaire Puéricultrice après lřobtention du CAP. Une autre a obtenu diverses embauches pour concilier en alternance travail et formation dřAssistante vétérinaire Plusieurs stages de découverte des métiers ou de préprofessionnalisation ont été effectués afin de parfaire leur orientation. Or, la rescolarisation nřest pas une fin en soi. Ce nřest que la première étape vers la réussite. Le travail de mise en confiance, de revalorisation doit bien souvent perdurer si lřon veut que la réussite totale se concrétise. A la moindre difficulté ou au moindre échec, nos jeunes se découragent et lâchent prise. Cřest pourquoi, pour les plus fragiles, lřAtelier Scolaire poursuit la prise en charge le temps quřils acquièrent lřassurance indispensable au succès. Ainsi, 3 jeunes rescolarisés sont suivis encore actuellement par lřAtelier Scolaire et obtiennent de bons résultats grâce au soutien constant qui leur est apporté. Lřoriginalité et la réussite de ces orientations sont le résultat dřune démarche de prise en charge à long terme. Après 7 ans de fonctionnement, on peut, enfin, en évaluer la pertinence. En effet, il sřavère quřil est rarement possible dřélaborer un projet à court terme avec la population accueillie au sein de lřAtelier scolaire. En moyenne, deux ans sont nécessaires. Ce nřest quřexceptionnellement que six mois suffisent. La première année est généralement consacrée à la remise à niveau, lřapprivoisement mutuel, la reconstruction et la revalorisation à travers les multiples médiations que nous proposons. Puis, vient la période de la découverte des perspectives de lřélaboration et de la mise en place du projet choisi par le jeune et qui prend entre un et deux ans pour sa mise en place. Il est clair que cette prise en charge du jeune ne se limite pas à sa scolarité. Cette prise de position constitue à la fois une reconnaissance de son droit à lřinstruction en tant quřenfant âgé de moins de seize ans et aussi une approche éducative et psychologique qui prend en charge les difficultés sociales et familiales de jeunes en grandes difficulté et fragilisés. Certains diront que lřenfant est roi à lřAtelier Scolaire. Nous répondons que "oui", "non" parce quřil a tous les droits mais parce que tout désir justifié lui est reconnu. Il est libre de sřaccomplir à travers ses rêves, ses actions, ses choix pour sřinscrire dans le chemin de la réussite et de la confiance en soi. Tout comme il est libre dřexprimer son désir de partir, dřarrêter sa collaboration avec lřéquipe éducative sans passer par le passage à lřacte, la violence physique ou verbale. Notre travail à ce moment devient une recherche dřorientation vers un lieu plus adapté au jeune car nous sommes persuadés que notre pédagogie ne peut pas remédier à tous les maux. Un grand nombre dřadolescents que nous avons reçu depuis 2007 et pour lesquels il nřexistait comme perspectives quřun puit sans fond ont pu se réaliser pleinement et construire, aujourdřhui, leur vie dřadulte avec sérénité et réussite. Nous en avons régulièrement la confirmation par les visites quřils nous rendent. Rencontre 93 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 295 - La plus belle des évaluations vient des témoignages de ceux qui ont reçu et qui à présent ont la possibilité de donner. C’est le cas pour cette mère qui a su profiter de l’offre du Club des parents de Rencontre 93 et qui nous laisse cette lettre que nous avons retranscrit telle quelle sans en revoir la forme. On ne dira peut-être jamais assez combien une chose, finalement, aussi anodine qu’un remerciement peut nous soutenir si puissamment dans notre travail. LD 6. Lettre d’une maman du Club des Parents, témoignage. Objet : Remerciement et lřespoir pour solidarité femme Madame, Monsieur, Jřai lřhonneur dřêtre un part de Point Rencontre 93 (Club des Parents).Jřai voudrais vous présenter le sentiment de remerciment pour AVVEJ. Parce que grace à cette association lřarrive de remplir toutes les bonne couleurs dans ma personnalité. La théâtre forum, différente sortie, visite en Paris, découvrir un nouveau monde, atelier cuisine et en plus partage de bonheur. Michelle Matthis, Véronique, Clara, mon prof de français, Marie Sophie, vous avez me donner un vrais sens de vie. « Etre heureux, rendre heureux voila le rythme de lřamour. Ce moment je suis engagé dans une formation lřauxiliaire de vie sociale ». Jřaimerai bien de rendre visite à Club des Parents, mais cřest un peu difficile. Si il y a des programme après 19h je peux venir. Merci pour tous, Je ne suis rien sans vous A très a bientôt. s.s. Comment mieux parler du Club des parents que de présenter le programme du mois de décembre 2014 ? La place manque pour y faire figurer les onze autres mois tout aussi riches en propositions auxquelles plus de trente parents réguliers ont pu bénéficier. Mais le Club n’est pas un seul lieu de culture, il est aussi un lieu citoyen, en témoigne la participation de huit parents au Conseil de la Vie sociale de Rencontre. LD Rencontre 93 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 296 - Le dynamisme de Rencontre passe par sa capacité à monter des projets dans lesquels peuvent s’engager les publics et les professionnels. Durant l’année 2014, l’ensemble de la maison a pu bénéficier d’actions diverses tant à l’adresse des parents que des jeunes accueillis. Mettre en œuvre ces actions éducatives dont les bénéfices ne sont plus à démontrer a été rendu possible dès l’ouverture de Rencontre 93 par la création du poste de Coordinateur de projet présenté par Véronique LEDOS-PINSON. LD 7. Texte de Véronique LEDOS-PINSON, Coordinatrice de projets Monter et financer des projets, le rôle de la Coordinatrice de projets à Rencontre 93. Dans une période de forte contrainte budgétaire, qui voit le financement des établissements et services de lřaction sociale et médico-sociale se réduire, tout pousserait au renoncement et à un fatalisme budgétaire. Sřil ne sřagit pas de nier les réalités, il convient pour autant de réfléchir à dřautres financements pour maintenir la part créative des institutions. Et comme lřargent ne suffit pas, il faut aussi des professionnels capables de porter des projets au sein des établissements. Cřest ainsi quřapparaissent aujourdřhui de nouvelles fonctions dont celle de la coordination de projet à même dřêtre ce professionnel capable de monter un projet du contenu à son financement. Cependant, il nřy a pas de formation pour être coordinateur, ni de définition réelle de ce poste même si le DESJEPS animation socio-éducative ou culturelle ou le DUT Carrières Sociales, permettent dřy accéder. Cřest pourquoi, je préfèrerai parler de la fonction de coordinateur et non de profession. Ainsi, chaque établissement et service de lřaction sociale et médico-sociale peut créer un poste en fonction de ses caractéristiques et de ses besoins spécifiques comme ici à Rencontre 93. Une fonction que jřaborde plus dans la finalité du projet (de lřétablissement et des services concernés directement Atelier Scolaire, Club des Parents et indirectement EPE, S.A.A et M.E.C.S.) et dans les changements impactés que dans son rôle et son action. Une fonction qui existait bien avant mon arrivée à Rencontre 93 et qui a été menée avec panache pendant plusieurs années par Monsieur Robert COMELAS, parti début 2014 à la retraite (et à qui je dis : « Chapeau bas lřartiste »). La coordination de projet me semble être une position qui répond à trois grands axes : les partenariats de territoires, la recherche de fonds et la gestion de projets. Cřest un espace de dialogue entre le projet de lřassociation et les projets des institutions partenaires, quřelles soient publiques ou privées. Et s'il y a lieu de sřadapter au cahier des charges des différents partenaires, cřest toujours sans perdre de vue le projet associatif et ses objectifs pour quřils puissent pleinement exister. En interface directe avec les équipes de terrain et dřencadrement, la fonction consiste à analyser la nature unique de chaque projet et à la prendre en considération. Cřest une fonction transversale et non hiérarchique qui suggère des approches flexibles et une capacité à maintenir les projets dans le temps. Elle ouvre des passages à dřautres propositions, dřautres maillages pour co-construire le faire ensemble. À Rencontre 93, les projets réalisés [médiations éducatives, culturelles, artistiques et sportives (en exemple : le théâtre, lřéquitation)] sřintitulent : « Autrement », « Song § Dance », « Toute une Histoire », « ça conte » ….et les projets à venir : « Voyager Autrement » et « Histoires de fils en aiguille ». Ils sont à chaque fois une nouvelle aventure et offrent comme proposition aux personnes accueillies dans lřétablissement un formidable espace de revalorisation et de réparation de lřestime de soi. Ils sont aussi des expériences particulières proposant de vivre et de partager lřespace de manière responsable. Rencontre 93 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 297 - Vous avez dit Groupe d'Expression ? Par Ashley AHMED - Psychologue clinicienne Un groupe dřexpression a été animé 1 fois par semaine durant 1h pendant 3 mois par Sylvain DIAZPsychosociologue-, et moi-même, Ashley AHMED -Psychologue Clinicienne-sur la MECS de Rencontre 93. Il a été présenté en réunion dřéquipe, lors dřune réunion dřinformation pour les jeunes, et un écrit a été remis à ces derniers pour leur expliquer ce qui était mis en place. Les éducateurs ont pris le relais de notre parole pour soutenir auprès dřeux le projet du groupe et jřai eu lřoccasion plusieurs fois dřéchanger avec les jeunes à ce sujet sur des temps informels. Il a été choisi de ne pas inclure les éducateurs sur le temps de groupe afin de proposer un extérieur au quotidien, limitant par ailleurs la régression que leur présence pourrait amener, le dispositif lřinduisant déjà par lui-même. Le choix de deux co-animateurs (masculin/féminin) a permis de proposer deux supports identificatoires au groupe et dřapporter du tiers dans une relation duelle (animateur/groupe) qui nřest pas toujours évidente à gérer chez les jeunes. Ce groupe leur a été présenté comme un temps « quřon construit pour vous, avec vous, où lřon peut parler de vous, des autres, de questionnements sur la vie, de lřactualité, de thèmes ou de tout ce que vous voulez, dans la limite du respect de chacun, à condition que les autres aient aussi envie de le partager avec vous. On parle, de ce quřon veut, on le décide ensemble. Ou on ne parle pas, parce quřon nřest pas obligé. On est libre dřécouter ou dřintervenir ». Il a été préparé sur papier des thèmes à tirer au sort sřils le désiraient, qui avaient pour vocation dřamener un contenant, limitant ainsi lřexpression brute de la vie fantasmatique des participants. Ce groupe prenait ainsi un sens particulier en offrant une autre liberté de parole à ces jeunes qui avouent fréquemment se censurer à la fois auprès des professionnels du quotidien, et auprès de leurs contacts extérieurs. Mais ce groupe dřexpression a aussi émergé comme offrant une possibilité de se décentrer et de se distancier par rapport à la représentation que les sujets ont dřeux-mêmes, dřintégrer les similitudes et différences, ce quřils veulent être ou ne pas être, amenant à se (re)positionner en groupe mais aussi dans leur singularité. La prise de parole personnelle y perdant son caractère obligatoire puisque déléguée à lřensemble, était offerte la possibilité de pouvoir négocier autrement le type de transfert mis en place à lřadolescence, les protégeant ainsi dřune confrontation directe à lřadulte avec une mise à distance de ses potentialités surmoïques ou séductrices. De par la pratique de lřassociation libre (les participants étant invités à dire ici ce qui leur vient à lřesprit, ce qui se présente à eux, comme cela leur arrive, sans critique ni restriction), le groupe de parole trouvait aussi son intérêt dans la possibilité de remaniements psychiques quřil offrait et qui seraient bénéfiques à des situations singulières paraissant figées. En dřautres termes pour nous, professionnels, un tel groupe permettait lřouverture dřun espace de parole dans lequel chaque adolescent, pris un par un, pouvait se soustraire dřune appartenance trop fixe au collectif et apporter ses propres enjeux inscrits dans lřhistoire qui est la sienne. Lřadolescence étant une période de remaniements psychiques et identitaires, de bouleversement de soi, réveillant des angoisses primaires et une vulnérabilité narcissique, la prise en charge groupale pouvait alors aider les participants à identifier leurs mouvements internes, leurs émotions, leur apprendre à les gérer, à les exprimer, à les partager, les confronter aux autres. Cela prenait dřautant plus de sens pour ces jeunes ayant pour point commun des traces traumatiques, une rupture de lien et un vécu dans des environnements carencés, défaillants ou disloqués, les amenant à développer leurs capacités de symbolisation : limitant ainsi le recours aux passages à lřacte. Si notre intention de départ était dřouvrir le groupe conjointement à la MECS et au SAA, il nřa finalement été retenu que la MECS car le SAA connaissait une période mouvementée tant sur le plan des départs et des arrivées (menaçant ainsi la stabilité contenante du groupe), que sur le plan conflictuel avec la MECS (nous ne souhaitions pas que cet espace soit un lieu où se rejouent ceux-ci). Il nřa pas été proposé sur lřAtelier Scolaire car un groupe de parole existait déjà et nous ne souhaitions pas amener de confusion. Rencontre 93 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 298 - Le bilan ? Cřest un groupe qui nřa pas été physiquement investi par les jeunes. En effet, bien que Sylvain et moi ayons maintenu le groupe tous les mercredis de 18h30 à 19h30, aucun jeune ne sřy est présenté. Pour autant, on ne peut pas dire quřil nřa pas vécu. Ne pas avoir de participants était une possibilité que nous avions évoqué dès le début du projet, et nous avions pour objectif de lui donner ne serait-ce quřun possible, peut-être plus tard, peut-être différemment, en essayant de le faire vivre dans lřinconscient collectif de ces jeunes et des équipes. Passé le temps de la découverte, nous avons pu observer des comportements en constante mutation vis-à-vis de ce groupe. Le premier mouvement a été la fuite. Nous avons ainsi pu voir lřétage de la MECS se vider complètement à lřhoraire du groupe (qui avait lieu sur un autre espace soit celui de lřAtelier Scolaire) puis réapparaitre subitement ce temps-là terminé. Le deuxième mouvement a été celui de la curiosité. Nous avons ainsi pu croiser des jeunes qui essayaient (bien quřen vain) de se motiver les uns les autres pour venir participer au groupe. Le troisième mouvement a été « lřamnésie collective ». En effet, lors de lřune de mes venues sur leur espace où jřévoquais le groupe, des jeunes mřont demandé de quel groupe je parlais, quřils ne voyaient pas ce quřétait ce groupe dřexpression que nous animions. Le dernier mouvement est apparu alors que je discutais avec un éducateur, plusieurs jeunes se sont joints à nous autour dřun thème et ont commencé à débattre sur ce sujet. A lřissue de cette discussion, une jeune a dřailleurs subtilement fait remarquer : « Alors cřest ça le groupe de parole, cřest ce quřon a fait là, cřest ça ? » : le groupe a donc pu vivre, sur un temps informel. Reste la question du pourquoi ne sřy sont-ils finalement pas déplacés ? La première difficulté était la contrainte de notre planning de professionnels qui nous a amenés à proposer ce groupe sur un temps où certains jeunes avaient des activités sportives, réduisant ainsi les possibilités de participation pour certains dřentre eux. Leur aurait-il fallu plus de temps pour lřappréhender ? Cřest en effet la première fois que nous faisions jouer la transversalité entre les professionnels de lřinstitution, ce qui, ajouté à la double étrangeté que nous représentions Sylvain et moi (nouveaux professionnels pour eux), nécessitait peut-être un temps dřadaptation un peu plus important pour créer la rencontre. Aussi, la réalité de la durée courte de mon C.D.D. (4 mois) a pu également amener une difficulté à se projeter, ou du moins à sřinvestir, sachant dès le début quřil y aurait une fin. Enfin, par lřinstauration dřun temps de groupe à horaire fixe mais non obligatoire, nous avons cherché à faire naitre une demande chez des adolescents qui ont des difficultés non seulement à exprimer leurs désirs, mais également à en prendre conscience. Alors dans une temporalité où faire une démarche pour soi semble toujours un sujet sensible pour ces jeunes, est posée la question de se servir dřun ailleurs qui est familier -comme par exemple un temps de self-, qui aurait permis de ramener du connu à lřinconnu en sřappuyant sur le « comme si » -cřest comme si on avait une simple discussion autour dřun repas- qui aurait servi comme support réassurant de médiation. Ce groupe aura ainsi permis dřexpérimenter un autre espace-temps, en laissant une porte ouverte à de nouvelles possibilités, offrant un axe de travail auprès de ces jeunes mais également quant à la transversalité à Rencontre 93. Vous avez dit Transversalité ? Par DIAZ Sylvain, Psychologue de lřAtelier Scolaire et Psychosociologue Le groupe dřexpression a présenté dřautres bénéfices qui, de prime abord, ne constituaient pas un « attendu » prépondérant. Tout au long de la mise en place du projet et jusquřà sa concrétisation, nous avons tenté de faire jouer le principe de «transversalité» à des niveaux différents. Soit en interservices et/ou en inter-compétences. La transversalité est un principe que nous évoquions comme une nouvelle manière du « savoir travailler ensemble », faisant lřobjet, depuis plusieurs années, de diverses réunions institutionnelles, en tant quřaxe de travail, au sein de Rencontre 93. Rencontre 93 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 299 - Jusquřà présent, et si lřon y regarde de plus près, la transversalité dans lřinstitution, que lřon pourrait percevoir comme « la mise en commun, dans une certaine temporalité, des capacités dřactions, des compétences ou de la somme des élaborations se jouant, soit entre services ou soit entre acteurs des systèmes », ne se concrétisait réellement que par lřintermédiaire dřintervenants extérieurs, véritables agents de cohésion des groupes, des services, des professionnels ou encore des institutions dans le cadre de projets dřanimation notamment (à titre dřexemple, je citerais le théâtre forum ou les représentations de spectacles divers, incluant les publics des différents services de Rencontre 93, pour une même représentation, sur des temps évènementiels identifiés). Ou bien, ce principe de transversalité pouvait être agi par les jeunes bénéficiaires des dispositifs de lřassociation, lorsque les problématiques, le plus souvent manifestées de manière inconsciente, se mettaient en scène dans lřinstitution, mobilisant souvent les professionnels disponibles à ce moment précis, quels que soient leurs positionnements hiérarchiques ou la place occupée dans lřinstitution. Cette plasticité est certainement génératrice de quelque chose. Elle prouve en réalité une certaine capacité des professionnels de Rencontre 93 à accompagner ou rencontrer (symboliquement ou autre) une personne en difficulté quel que soit lřespace fréquenté ordinairement (le médecin pédiatre peut, par exemple, recueillir des informations, qui étayé de son cadre déontologique, peut en effet recommander à lřéquipe dřentamer un accompagnement de soins somatiques dřune jeune personne). Mais quid dřun projet faisant jouer ce principe dans le cadre dřune préparation en amont, intégrant la transversalité comme une forme de variable ou de facteur organisationnel du projet même ? Le groupe dřexpression a donc fait lřobjet dřune réflexion collective et dřune mise en commun des compétences et des expériences professionnelles de manière transversale. Cet espace-temps, du fait de sa conception particulière, a su faire jouer ce principe dřarticulation de manière plus ou moins inédite. Il fut, en effet, le fruit dřune préparation qui a su mobiliser à la fois lřéquipe des éducateurs, celle des psychologues de lřhébergement (Ashley AHMED, animatrice du groupe et Nathalie JEANJEAN soutien professionnel), mais aussi le Chef de service Monsieur Zied BOUSSETTA. Mais également le concours du psychologue de lřAtelier Scolaire (en ma propre personne, et en tant que co-animateur du groupe) et lřappui du Chef de ce même service, Monsieur Abdel AJENOUI, mettant à disposition un espace pour la concrétisation matérielle du projet. Enfin, lřappui du Directeur de la structure Rencontre 93, Monsieur Laurent DUPOND qui a soutenu et porté ce projet. Cette expérience de groupe, la première du genre, nřaurait pas pu voir le jour sans cette forme de synergie. Elle pose les jalons dřune nouvelle manière de travailler ensemble, non sans difficulté compte tenu des impondérables temporels de chacun, de lřexigence professionnelle que requiert la mise en place dřun tel espace-temps, et des mécanismes de défenses déployés contre une forme dřorganisation qui, lorsquřelle ne nous est pas familière, peut quelque fois nous effrayer. Ce qui est donc novateur en la matière, est le fait dřêtre en amont de cette démarche transversale, plutôt que dřêtre agi par elle. En effet, parfois pris dans un élan incluant transversalement les professionnels, ce principe, sřil est « non pensé », ne nous laisse parfois quřune marge de manœuvre et de réflexion guidée par lřurgence ou la représentation urgente que nous pouvons nous faire dřune situation. Cette expérience de groupe aura donc duré un trimestre. Il est encore question de la prolonger audelà de cette durée. Dřautres projets, reposant sur la même logique dřorganisation des groupes et des acteurs, suivront certainement courant 2015-2016, concernant cette fois-ci un groupe de parole « parents », co-animé par Sabine JACQUES, Psychologue de lřEspace Petite Enfance. De la même manière, des temps dřéchanges auront lieu entre services, afin de tester des outils de médiation familiale, de concert avec « lřEspace Petite Enfance » et le soutien de la Chef de service, Madame Djamila REZGUI. Nous remercions donc lřensemble de ces acteurs qui ont garanti le principe de transversalité, sans qui ce projet expérimental nřaurait pas pu voir le jour, de même que ceux qui, par leurs réflexions, nous permettent, après coup, de nous questionner sur ce principe de transversalité et son articulation dans les réalités institutionnelles et intersubjectives. Rencontre 93 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 300 - Espace Petite Enfance A la création de l’Espace Petite Enfance, nous avions les intentions, il nous manquait les modalités. Aujourd’hui nous pouvons dire après toutes ces années de travail que le projet de l’EPE est bien installé dans la démarche de prévention qui est la sienne. LD Dans la continuité de lřannée 2013, lřEspace Petite Enfance a poursuivi lřaccueil de familles très fragilisées, nécessitant un temps dřaccompagnement conséquent. Ces familles accordent une grande confiance au service et à lřinstitution, avec une demande « de ne pas les lâcher », demande que nous avons entendue et à laquelle nous avons répondu… mais au prix dřun fort investissement des professionnelles, en effectif réduites durant cette période. Cela étant, pour toutes ces familles, une nette amélioration de leur situation et de leur relation a permis dřenvisager une fin dřaccompagnement, « le pire » semblant avoir été évité. A la lumière de ces expériences, des réajustements ont été pensés afin de mieux préserver lřéquipe et de poursuivre ce travail de Prévention précoce, sur le fil de la Protection. L'année 2014 a été l'occasion de réactualiser le projet de service et notamment de mieux préciser nos protocoles d'accompagnement. Enfin, la fête des "anciens" en juin 2014 a permis de vérifier que les familles ayant pris appui sur le dispositif vont bien, dans une relation harmonieuse à leurs enfants. o Les familles accueillies : Depuis lřouverture du service en mai 2010, ce sont toujours majoritairement des mères isolées qui sřappuient sur notre dispositif. Nul doute que pour nřimporte quel parent assumant seul sa fonction dans notre société, le chemin peut être difficile. Il lřest dřautant plus pour ces « femmes isolées dans un contexte de migration voire de clandestinité Ŕ au vécu souvent émaillé de ruptures et de multiples traumatismes » comme le décrit Sabine Jacques, psychologue du service, dans son texte ci-dessous. Aussi, lřarrivée en janvier 2014 dřune deuxième psychologue à mi-temps a permis progressivement de mieux accompagner tant les parents que les enfants dans leur souffrance psychique, voire somatique. De nombreux enfants ont montré des retards ou troubles dans leurs acquisitions avec pour certains des signes autistiques. Ces moyens ont donc contribué à mieux répondre aux besoins déjà identifié : accompagnement en interne et/ou orientation vers des structures de soin dès lors que la famille est en mesure de franchir le pas. Il sřest agi également de soutenir leur adhésion au gré des délais pour une orientation extérieure. Il sřagit toujours pour le service de veiller à ne pas être confondu avec un service thérapeutique mais de garder sa dimension dřaide éducative. Par ailleurs, la grande précarité sociale des familles nřest pas toujours soutenue par des partenaires extérieurs, faute de moyens. Le service a pallié de plus en plus aux besoins administratifs des familles, ce qui nous conduit à envisager de nouveau qu'un professionnel, de formation CESF (Conseiller/e en Economie Sociale et Familiale), au sein de l'établissement, pourrait répondre tant à ce suivi administratif qu'à organiser des ateliers collectifs pour la vie quotidienne (fonctionnement et rôles des institutions, gestion d'un budget réduit, orientation vers des associations caritatives...). Cette préconisation avait déjà été exprimée lors de précédents bilans d'activité. Rencontre 93 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 301 - EPE Par Sabine JACQUES, Psychologue LřEspace Petite Enfance est un espace intermédiaire où chaque professionnel de la place quřil occupe (Chef de service, éducatrice de Jeunes Enfants, Pédiatre, psychologue, Assistantes familiales), accompagne, soutient, porte dans sa tête, la relation Parent/ enfant qui nous est donnée à voir au travers des accordages comme des désaccordages. Beaucoup de ces parents que nous sommes amenés à rencontrer sont sur ce territoire du 93 ; des familles exilées, qui luttent pour vivre leur vie, pourrait-on même dire pour leur survie, en ayant le profond sentiment de devoir se taire, se cacher, être invisible. Cřest Christine DAVOUDIAN, médecin PMI sur Saint-Denis qui en parle très bien, avec des mots justes et forts dřhumanité. Effectivement, il faut savoir que lřabsence dřun lieu pour être, vivre et aimer, a de fortes répercussions sur lřétablissement des premiers liens de ces mères avec leur bébé et sur le développement même de cet enfant, aussi bien au niveau somatique que psycho-affectif. Il nous semble que lřensemble des partenaires liés par le projet de ces femmes de mettre au monde un bébé sur le chemin de lřexil, nous conduit tous (PMI, hébergements dřurgence, Unité dřAccueil Parents Enfants, CMP, maternités, Unités psychiatriques périnatales, SAJ …) à constituer une enveloppe partenariale primaire telle une grande bulle contenante, bienveillante et attentive afin que ces mères aient un lieu psychique pour accueillir leur enfant. LřEspace Petite Enfance est donc lřun de ces maillons de cette grande chaîne, un maillon préventif qui se veut soutenant pour le parent dans lřaccueil de son bébé et dans son devenir, ceci afin dřéviter la déshumanisation, la désaffiliation, lesquelles peuvent contribuer largement à des conduites qualifiées de maltraitantes. Ces femmes, pour la plupart isolées, doivent pouvoir trouver une place au cœur dřun réseau de solidarité et dřaffiliation, qui les inscrive de façon pérenne dans la vie. Elles nřont rien ou trois fois rien, à part la « richesse » de leur bébé, qui les fait alors naître et exister en tant que parent, même sřil sřagit dřun parent souvent meurtri, démuni et parfois très déprimé ou effondré, ce qui constitue un risque majeur pour ces enfants qui peuvent alors être en danger dans leur développement. Face à ces familles sans rien, voire sans inscription, ni reconnaissance, tout est à faire, penser, construire, récolter, argumenter, ceci très souvent en se résignant face aux injonctions paradoxales du système administratif et politique. Elles sont en quête de repères sociaux, lesquels leur permettent une existence dans la cité, qui les rendent visibles et actrices de leur vie. Ces familles ont besoin dřêtre soutenues dans chaque démarche au cheminement sinueux et kafkaïen. Malgré notre centration sur la relation parents/enfants, nous sommes très souvent fortement sollicités par les familles au sujet de leur incompréhension, de leur immense préoccupation pour leur survie sociale, laquelle vient occuper toute la place dans notre travail : où dormir ? Que manger ? Comment travailler ? Comment obtenir ses papiers, une aide ? Face à cette détresse manifeste et prioritaire sur le reste puisquřil sřagit dřune demande souvent vitale, il est difficile en tant que professionnel de faire face, aiguiller, expliquer, sans se sentir impuissant. Il faut donc inventer des modalités dřaccueil qui résisteront aux ruptures, quand tout tend à réduire ces femmes à des êtres de besoin, et à nous y fixer nous-mêmes, avec elles. Nous avons alors tenté de « bricoler » en collant les multiples débris mais la tâche est rude lorsquřelle se fait en plus du travail éducatif, pour lequel nous sommes missionnés. La tâche est dřautant plus rude lorsque nous nřavons pas forcément la formation, les outils et tous les tenants et aboutissants pour accompagner cette détresse sociale. Par le passé, nous avons embauché une TISF sur une période de quelques mois afin dřexpérimenter pour quelques mères vulnérables, un accompagnement à domicile, afin de les soutenir dans des tâches quotidiennes. Cependant, à lřusage, ce type dřintervention ne nous a pas paru être la plus pertinente. Rencontre 93 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 302 - Nous pensons que lřintervention dřun/e Conseiller/e en Economie Sociale et familiale est plus adaptée pour proposer un soutien social, un soutien au niveau du budget et permettre aussi des actions collectives, en proposant des ateliers aux parents. De cette façon, si un/e Conseiller/e en Economie Sociale et Familiale intégrait le projet, nous pourrions articuler différemment le travail éducatif-cœur de notre métier- avec ces interventions sociales qui sont par ailleurs prédominantes. Loin de nous lřidée de répondre « à tout » en interne, il sřagirait dřun professionnel aguerri à la question sociale qui pourrait aussi aiguiller les familles vers les bons interlocuteurs, afin de faire exister lřailleurs et lřextérieur. o La réécriture du projet L'année 2014 a permis la réécriture du projet, avec le soutien de Norbert GIULIANI, d'abord Directeur-stagiaire puis Chargé de mission au sein de Rencontre 93. Ainsi, nous avons précisé nos modalités d'accueil et d'accompagnement, forts d'un savoir-faire acquis au fil de ces quatre années. Parallèlement, l'établissement a fait l'objet d'une évaluation interne. Le service a ainsi pu s'appuyer sur les conclusions de cette évaluation pour parfaire une démarche qualité et garantir une conformité aux recommandations de l'ANESM (Agence Nationale de l''Evaluation et de la qualité des Etablissements et services Sociaux et Médico-Sociaux). Les années à venir nous permettront de développer des outils que nous n'avons encore pu créer et notamment un livret d'accueil imagé, accessible aux parents que nous accueillons. Nous avons également formalisé notre démarche d'accompagnement des pratiques professionnelles des assistantes familiales : o Place des assistantes familiales dans lřaccompagnement des enfants et liens avec la famille : Dans le dispositif de La Protection de lřEnfance, les contacts entre la famille de lřenfant et lřassistante familiale sont souvent évités, afin de protéger le lieu de placement de lřenfant. A lřEspace Petite Enfance, il y a un contact direct entre la famille de lřenfant et la famille dřaccueil, les parents rencontrant lřassistante familiale lors de lřadaptation, lors des accompagnements ou encore lors de manifestations collectives. Ces accueils chez des Assistantes Familiales peuvent être de plus ou moins longue durée, sřagissant soit dřune hospitalisation parentale, soit du besoin dřun parent de confier son enfant pour « souffler » ; ceci sřapparentant parfois à lřaccueil séquentiel proposé par lřASE. Le processus de parentalité est fort complexe, certaines rencontres avec des familles rendent nécessaires une inscription à long terme de lřenfant chez lřune de nos assistantes familiales, temps dřadaptation qui peut passer par différentes phases (temps de lřidylle, temps de la désillusion et temps de la « gestion thérapeutique des crises »), phases qui ont été décrites par Myriam David. Par conséquent, des processus sont à lřœuvre dans cette rencontre famille/famille dřaccueil, qui peuvent favoriser des mécanismes (de type fusion, emprise, séduction, maltraitance…). Ces processus peuvent constituer les « risques » du métier de la famille dřaccueil : à savoir être entraînés dans une relation dřobjet pathologique, sous la pression de la projection de lřenfant, où lřassistante familiale répète avec lřenfant des comportements nés ailleurs, et à lřorigine de cette séparation temporaire. Il y a aussi dřautres mouvements très actifs qui sřinscrivent dans une certaine rivalité avec la famille de lřenfant (bonne/mauvaise mère), des fantasmes forts de réparation, de transmission directe dřun modèle familial vécu comme un bon modèle à introjecter dans le « mauvais » parent. Rencontre 93 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 303 - En effet, du côté des professionnels, le risque est grand de juger lřassistante familiale et de penser quřelle adopterait une « bonne » ou une « mauvaise » attitude à un certain moment, ou encore quřil faudrait la corriger, la rendre droite. Ses paroles, ses propos, sa réaction sont toujours à prendre et à entendre dans un jeu transférentiel complexe avec lřenfant et le/les parents, jeu qui nécessite un accompagnement spécifique, qui permet de clarifier les mécanismes en jeu qui pourraient entraver lřaccueil de cet enfant. Dřoù la nécessité de réfléchir en équipe à des outils institutionnels qui encadrent lřaccueil des enfants chez les assistantes familiales ainsi que le travail spécifique de ces dernières. Chaque fonction a alors son rôle à tenir (EJE, Psychologue, Pédiatre, Chef de service). En effet, les seules qualités intrinsèques de la famille dřaccueil ne suffisent pas pour lřaccueil. Il y a nécessité dřaccompagner leur travail par un tiers (lřéquipe), leur permettant de se déprendre dřinévitables tensions qui se font jour. Nous avons donc réfléchi au dispositif qui est le suivant : o o o o entretien dřaccueil au domicile de lřassistante familiale, en présence du/des parents, de lřenfant et de lřEJE. adaptation de lřenfant au sein du domicile (EJE). transmissions téléphoniques : entre EJE et assistantes familiales au sujet de leur accueil, à partir desquelles des questions peuvent se faire jour. entre Psychologues et assistantes familiales une fois par semaine (par expérience, nous avons abandonné ces appels téléphoniques car nous avions des difficultés à y mettre du sens, nous avons plutôt privilégié les rencontres de visu qui permettent vraiment de se poser). - Entretiens à domicile chez lřassistante familiale : Tout au long de lřaccueil, des visites à domicile centrées sur lřévolution de lřenfant, à la demande des assistantes familiales ou suite aux échanges en équipe, avec la Psychologue seule ou soit en co-intervention Psy-EJE ou encore EJE seules. Entretien à domicile tous les deux mois avec chaque assistante familiale durant une à deux heures, aussi bien centré sur leur fonction spécifique, sur les enfants accueillis que sur les aspects plus institutionnels. Certains mouvements décrits précédemment et vécus par la famille dřaccueil peuvent être appréhendés dans le cadre du travail de lřéquipe psycho-éducative, mais dřautres relèvent de ce qui se trouve à la frontière entre pratique professionnelle et résonnance intime. En effet, lřassistante familiale peut se sentir en danger pour les aborder directement avec ceux qui sont à la fois référents de lřenfant mais qui agissent aussi en qualité dřemployeur. En ce sens, une supervision et/ou un groupe dřanalyse de pratique des assistantes familiales paraît un dispositif pertinent qui les réunirait par rapport aux spécificités propres à leur pratique. Comme ce dispositif nřexiste pas à ce jour, nous avons réfléchi à un autre dispositif de soutien. Nous sommes ainsi deux psychologues à mi-temps sur le service. Chaque mois, les assistantes familiales nous rejoignent en réunion dřéquipe plénière pour aborder le travail éducatif auprès de chaque famille. Une fois par mois, elles participent également à un groupe de parole où elles se retrouvent à cinq, alternativement animé par lřune ou lřautre des psychologues, ceci durant une heure et demie. Nous avons un cahier de bord -confidentiel- qui permet un fil rouge et nous permet des transmissions. Ce groupe de parole est un groupe de parole dřexpression libre, centré sur la fonction dřassistante familiale. Il peut être le lieu de réflexion et de partage des difficultés, des Rencontre 93 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 304 - questionnements autour dřajustements au sujet de cette fonction. Il est aussi le lieu de partage et dřélaboration autour des situations cliniques. Il peut être aussi le lieu pour aborder des points plus théoriques. Dans tous les cas, cřest un lieu qui se veut respectueux de la parole et confidentiel. Zoom sur Rencontre 93 Le 14 juin dernier, lřétablissement a organisé une journée dřaccueil « des anciens » : adolescents et familles ayant été accueillis sur les différents services de Rencontre 93. Jusquřalors, la fête de fin dřannée scolaire en juillet permettait de les inviter mais au vu du nombre croissant du public accueilli depuis lřouverture, un temps spécifique a été envisagé. Parmi le public ayant fréquenté lřEspace Petite Enfance, une quinzaine de familles ont pu être présentes, témoignant de leur reconnaissance à lřinstitution et de leur mieux-être sur la durée. Les familles contactées qui nřont pu être présentes ce jour-là ont toutes donné des nouvelles rassurantes. Perspectives : Du fait de l'éloignement géographique tant des familles que des assistantes familiales, réparties sur l'ensemble du Département, il nous semble qu'une extension du service à l'Est du Département permettrait une meilleure réponse aux besoins. A titre d'exemple, une famille domiciliée à Clichy-sousBois est rarement en mesure de venir régulièrement au service à Saint-Denis, avec son tout-petit (les mères que nous accueillons ne sont pas véhiculées). Bien que nous puissions proposer de venir à domicile, lorsque cela est possible (certains hôtels ou hébergements refusent la venue d'un tiers extérieur), nous peinons à organiser un accompagnement éducatif adapté, dans la continuité. En effet, le cœur du projet se situe bien dans ce travail de soutien et d'étayage du lien parent-enfant bien que l'accueil chez les assistantes familiales soit un outil indiscutablement essentiel. Rencontre 93 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 305 - DURÉE DE LA PRISE EN CHARGE DES JEUNES PRÉSENTS AU 31/12/2014 14 et 15 16 et 17 18 et 19 20 et 21 Totaux -1 mois 1 1 0 0 2 1 à 3 mois 3 à 6 mois 6 à 9 mois 1 à 2 ans 1 1 1 2 1 4 1 7 0 1 0 5 0 0 1 0 2 6 3 14 +2 ans 0 3 5 2 10 Totaux 6 17 11 3 37 TRANCHE D'AGE DES JEUNES AU 31/12/2014 Âge 14 et 15 16 et 17 18 et 19 20 et 21 Totaux Rencontre 93 HÉBERGEMENT G F 1 1 5 5 5 1 0 0 11 7 ATELIER G 5 5 2 1 13 F 0 2 3 1 6 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 306 - SCOLARITÉ AU 31/12/2014 Scolarité ou formation Formation CAP 1 ET 2 Formation BP Formation CPA Collège 3ème Segpa 3ème Collège 4ème Lycée Général Seconde Lycée Général Première Lycée Général Terminal Lycée Pro 1 ET 2 Bpro Lycée Pro Tbpro Lycée Pro CAP 1 ET 2 Remise à niveau Fac/Grande École Recherche formation Totaux Rencontre 93 G 3 0 1 1 1 1 2 0 1 4 1 1 7 1 0 24 F 2 1 1 1 0 0 1 1 1 1 1 0 2 0 1 13 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 307 - ENTRÉES 2014 Âge 14 et 15 16 et 17 18 et 19 Totaux HÉBERGEMENT G F 1 3 1 5 0 0 2 8 ATELIER G 4 2 1 7 F 0 1 0 1 ENTRÉES 2014 AP ASE OPP Totaux HÉBERGEMENT G F 0 0 2 8 0 0 2 8 ATELIER G 1 3 4 7 F 0 0 1 1 Jeunes issus du 93 - pas d'autres départements Rencontre 93 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 308 - SORTIES 2014 14 et 15 16 et 17 18 et 19 Totaux Rencontre 93 HÉBERGEMENT G F 0 3 0 3 4 4 4 10 ATELIER G 2 3 1 6 F 0 0 1 1 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 309 - MOUVEMENTS 2014 (âge au 31/12/14) Âge 14 15 16 17 18 19 20 Totaux Rencontre 93 HÉBERGEMENT G F 1 2 0 2 3 4 2 4 8 3 1 2 0 0 15 17 ATELIER G 3 4 5 3 3 0 1 19 F 0 0 1 1 1 3 1 7 Garçons : Filles : Total : 34 24 58 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 310 - RÉPARTITION DES JEUNES PAR COMMUNE Origine Aubervilliers Aulnay Sous Bois Bagnolet Bobigny Drancy Epinay Sur Seine La Courneuve Le Blanc Mesnil Le Pré Saint Gervais Montreuil Neuilly Sur Marne Noisy Le Grand Noisy Le Sec Pierrefitte Saint Denis Saint Ouen Sevran Stains Tremblay En France Villepinte Argenteuil Antony Coulommiers Paris Jeunes 7 3 2 4 3 1 4 1 1 2 2 3 5 1 4 1 4 3 1 1 1 1 1 2 58 Totaux Répartition par circonscription Nombre de Service 1 2 3 4 5 6 7 8 75 77 92 95 Totaux Rencontre 93 G 2 5 5 6 4 1 3 4 1 1 1 1 34 F 3 8 2 4 2 2 1 1 1 0 0 0 24 RÉPARTITION PAR CIRCONSCRIPTION 20 10 0 1 2 3 4 5 6 7 8 75 77 92 95 F 3 8 2 4 2 2 1 1 1 0 0 0 G 2 5 5 6 4 1 3 4 1 1 1 1 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 311 - Durée de la prise en charge des Jeunes Sortis en 2014 Durée de la mesure sorties -2 mois 1 à 3 mois 6 à 12 mois 1 à 2 ans 2 à 3 ans +3 ans Totaux G 0 0 3 5 2 0 10 F 4 1 0 2 2 2 11 ACTIVITE 2014 DE L'ATELIER SCOLAIRE Médiations Durée Nombre de participants Thèmes Théâtre Année scolaire 16 Prévention - impros travail émotions / confiance Equitation Année scolaire 8 Apprentissage : Pratique et théorie du sport Graphs Année scolaire 16 Expression artistique Atelier Ecriture Poésie - Slam Année scolaire 10 Expression écrite Poterie Année scolaire 16 Arts manuels Couture Année scolaire 16 Arts manuels couture / broderie Sécurité Routière ASR Secourisme oct-14 Classe de Neige Mars 2014 24/3 au 29/03/14 Rencontre 93 16 Validation - Certificat Nombre ou Diplôme d'obtention Galops : 1G4 3G3 1G1 4 Passage de l'ASR Entraînement Initiation à la conduite Cycle et Auto ASR 4 Crash test Test alcoolémie PSC1 5 Initiation aux sports de neige Découverte de la montagne RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 312 - Nombre de Refus d'admission de la part de l'Atelier Scolaire Pas de place Nombre de situations ne correspondant pas au projet Si oui pourquoi ? Nombre de désistements : en cours d'admission : après admission prononcée : Rencontre 93 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 313 - Scolarité - Remise à niveau Nombre d'heures sur 2015 Nombre de jeunes Aide aux Mathématiques Aide à la grammaire/conjugaison Aide aux Langues étrangères : Anglais Allemand Aide à l'Informatique CNED BAFA Rencontre 93 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 314 - ESPACE PETITE ENFANCE - EPE - 2014 Les origines des demandes par villes Villes PMI Aubervilliers Aulnay Sous Bois Bagnolet Bobigny 1 UPP/CMP/UAPE Centre Maternel Amicale du Nid 2 Autres 1 CCAS 1 1 1 hôpital 2 SAJ 1 ASE 1 SOS femmes Bondy Clichy sous Bois Epinay sur seine 1 La Courneuve 3 1 SAJ 1 ASE 1 SAUVEGARDE Le Blanc Mesnil 1 ASE Montreuil 1 1 2 Hôpital 1 CHRS Emmaüs 1 6 CHRS 11 1 5 3 hôpital 3 CCAS 3 Crèches 1 Médecin 3 CEDEF 1 AS scolaire 1 CADA 1 15 2 6 5 36 Pantin Rosny sous Bois Saint Ouen 1 1 1 CCAS Saint Denis 9 Villemomble Hors département Total : 83 1 Rencontre 93 Famille direct 18 2 1 3 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 315 - Rencontre 93 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 316 - Les accueils réalisés Villes PMI Clichy sous Bois 1 La Courneuve 1 Montreuil 1 UPP/CMP/UAPE 1 CHRS Emma üs 1 Hôpi ta l Pantin Rosny sous Bois Autres 4 CHRS 1 Saint Ouen 1 CCAS Saint Denis 2 7 4 Total : 24 6 7 11 Rencontre 93 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 317 - Tableau récapitulatif des actions de l'EPE - 2014 Mois Principales actions Janvier * Formation en équipe sur le droit d'asile * Démission d'une Educatrice de Jeunes Enfants * Arrivée d'une deuxième psychologue à mi-temps sur le service Février * Formation évacuation et sécurité incendie * Démarrage de la réécriture du projet de service Mars * Participation à la pré-commission d'attribution des places en crèches à Saint Denis * Recrutement et formation d'une 3ème assistante familiale Avril *Arrivée d'une Educatrice de Jeunes Enfants *Démarrage de la supervision en équipe élargie Mai *Intervention de 2 EJE et d'une assistante familiale en centre de formation auprès d'étudiants EJE Juin *Préparation d'une brocante avec les familles *Fête des "anciens" Juillet *Fête d'été de Rencontre 93 *Recrutement d'une EJE Août *Partenariat avec l' Oasis dans la ville Septembre *Départ d'une EJE *Visite PMI pour le renouvellement de l'agrément de la Halte-jeux Octobre *Recrutement et formation d'une 4ème et 5ème assistante familiale *Participation de la Chef de service à une journée parentalité ville de Saint Denis (animation table ronde) Novembre *Finalisation de la réécriture du projet Décembre *Fête d'hiver de Rencontre 93 Rencontre 93 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 318 - Rencontre 93 RAPPORT DřACTIVITE 2014 - 319 - SERVICE D’INVESTIGATION ET D’ORIENTATION ET D’ACTION EDUCATIVE EN MILIEU OUVERT « S.I.O.A.E 93 » CONTACT : ACCES : S.I.O.A.E 93 154, Avenue Jean Jaurès 93000 BOBIGNY Téléphone : 01.48.32.80.00 Télécopie : 01.48.95.86.21 E-Mail : SIOAE [email protected] 1, avenue Antoine Bourdelle ZA de Chanteloup 93600 AULNAY SOUS BOIS Téléphone : 01.48.19.98.90 Télécopie : 01.48.68.38.76 Métro : Station « Bobigny Préfecture » Autobus : Nombreuses lignes jusquřà la Préfecture. Tramway : Bobigny/Saint Denis, arrêt : Libération RER B : Gare dřAulnay sous Bois et Bus 613, arrêt : Chanteloup T4 : Gare Rougemont Chanteloup ACCUEIL : Filles et garçons de 0 à 18 ans et jeunes majeurs (18-21 ans). ▪ M.J.I.E 200 pour 280 jeunes ▪ A.E.M.O. ou A.E.D. 350 MISSION : Le Service comprend trois types de prises en charge : o La M.J.I.E (Mesure Judiciaire dřInvestigation Éducative) : dřune durée de 6 mois maximum. Elle doit éclairer le Magistrat sur une situation difficile et permettre, éventuellement, dřentreprendre une action éducative. o ▪ LřA.E.M.O. (Action Éducative en Milieu Ouvert) consiste en une action de longue durée (de 1 à 2 ans environ). o ▪ LřA.E.D. (Aide Éducative à Domicile) : Accompagnement éducatif dans le cadre dřune mesure contractuelle administrative. ASSOCIATION VERS LA VIE ET L’EDUCATION DES JEUNES l RECONNUE D’UTILITE PUBLIQUE 1, place Charles de Gaulle Ŕ 78067 St Quentin en Yvelines Cedex Téléphone : 01.30.43.26.00 Ŕ Télécopie : 01.30.43.98.25 Courrier électronique Direction générale : [email protected] - 320 - Lřactivité se répartit sur lřensemble de la Seine-Saint-Denis selon les besoins, en liaison avec les Magistrats ou avec les Inspectrices de lřAide Sociale à lřEnfance du département. On peut distinguer plusieurs modalités dřintervention : o o o o o o Des rencontres régulières dans un des 2 sites du service : entretiens individuels et/ou familiaux. Des sorties éducatives. Des actions collectives. Des contacts avec les différents partenaires. Des visites et entretiens à domicile. Des accompagnements divers. Tous ces modes dřapproche amènent les différents membres des équipes à se retrouver dans des réunions pluri professionnelles pour évaluer leurs interventions : réunions de présentation, bilans, supervision, ou pour faire le point de leurs actions : synthèses ou rencontres avec les partenaires, réunions avec des Juges des Enfants, etc. AGRÉMENTS Ŕ HABILITATIONS : ▪ Aide Sociale à lřEnfance ▪ Justice STRUCTURE : Directeur : Monsieur Frédéric MICHEL 3 Chefs de service éducatif, 6 psychologues, 17 éducateurs spécialisés, 3 assistantes sociales, 1 monitrice éducatrice, 2 comptables, 3 secrétaires, 3 agents de service. ASSOCIATION VERS LA VIE ET L’EDUCATION DES JEUNES l RECONNUE D’UTILITE PUBLIQUE 1, place Charles de Gaulle Ŕ 78067 St Quentin en Yvelines Cedex Téléphone : 01.30.43.26.00 Ŕ Télécopie : 01.30.43.98.25 Courrier électronique Direction générale : [email protected] - 321 - Le SIOAE 93 en 2014 Frédéric MICHEL - Directeur 1. Le SIOAE 93, un service en évolution : Après plusieurs mois dřintérim de direction, un nouveau directeur est en poste en janvier 2014. Ce changement, amenant son lot dřinquiétudes et dřattentes, sřest déroulé dans la sérénité avec une équipe rodée et solidaire menée par des cheffes de services très expérimentées. La qualité du travail clinique menée auprès des 763 jeunes accompagnés par le service a ainsi été maintenue et reste reconnue par les juges des enfants. Cependant, la situation du service reste comme les années précédentes des plus tendues. La priorité a été de recruter pour combler les postes vacants et dřanticiper autant que possible les départs de salariés. 7 éducatrices ou assistantes sociales ont ainsi intégré lřéquipe éducative, 1 comptable et une nouvelle chef de service. En effet, la sur-sollicitation du service a empiré sur lřannée avec, au 31 décembre, 56 jeunes en attente dřune AEMO (soit 6 mois dřattente en moyenne) et 98 jeunes en attente dřune MJIE (soit près du double comparativement à lřannée dernière et amenant 6 mois dřattente en moyenne). Pour lřinvestigation, le nombre de saisines est passé de 154 en 2013 à 288 en 2014 (+ 87%). La même tendance est observée sur les autres services associatifs habilités du département. Malgré les efforts entrepris pour maintenir lřéquipe au complet et tenir a minima les objectifs annuels prévus avec les financeurs, il reste impossible de les honorer. Les périodes de vacance de poste, l'impossibilité de remplacement sur des périodes courtes, les temps dřintégration des nouveaux salariés pour être complètement opérationnels, empêchent de fait dřaccompagner le nombre total prévu de jeunes sur lřannée. De plus, lřexercice de la MJIE en particulier requiert des compétences dřanalyse, de synthèse et dřorganisation que seuls des salariés expérimentés peuvent avoir acquis, rendant dřautant plus difficile leur recrutement. Nous avons en effet pu constater que nous nřavons pas les moyens de pouvoir accompagner des débutants sur ce type de mesure. Lřopportunité offerte aux salariés dřeffectuer des mesures supplémentaires nřa pas été une réponse efficace, la contrepartie financière étant jugée trop faible par rapport au travail à fournir. Lřexercice 2014 se termine donc sur un déficit dřactivité qui génère un déficit budgétaire sur les deux activités même si la situation de lřAEMO et de la MJIE est à différencier. Lřexercice de lřAEMO permet de maintenir certains accompagnements en veille ou en relais temporairement par les salariés, sans donc pénaliser lřactivité et finalement lřéquilibre budgétaire peut être atteint malgré un certain taux de vacance de poste. Au contraire, lřexercice de la MJIE, qui sřeffectue théoriquement en 6 mois maximum, ne permet pas cette souplesse. Depuis la mise œuvre de cette mesure, au cours de lřannée 2012, en lieu et place de lřIOE, le service cumule effectivement un déficit dřactivité qui finalement fragilise sa situation financière vis-à-vis de la PJJ qui considère lřexercice exclusivement sous le prisme quantitatif. Jusquřà présent, le service a tenté de maintenir un niveau de qualité comparable à celui de lřIOE alors que les moyens octroyés pour la MJIE ont été réduits. La méthodologie de notre investigation nřa effectivement pratiquement pas évolué et nous nous sommes retrouvés à faire autant avec moins. En conséquence, lřintensité du travail en MJIE a augmenté et a engendré comparativement aux moyens alloués une embolisation du service par cette activité au dépend de lřAEMO et en particulier pour lřéquipe administrative et de direction. De ce constat, le maintien de lřexercice de la MJIE tel quřaujourdřhui se fait au dépend de lřAEMO tout en fragilisant le service sur le plan financier. Les multiples rencontres avec la DTPJJ, la DIRPJJ, les démarches collectives avec les autres services dřinvestigation sur le département et sur la région nřont jusquřà présent pas obtenus de réponses concrètes quant à lřassouplissement des conditions dřexercice de la MJIE. Le rapport final de lřaudit de la PJJ effectué au 2ème semestre 2013 nřa finalement jamais été SIOAE 93 RAPPORT D'ACTIVITE 2014 - 322 - reçu à ce jour alors quřil soulignait la qualité du travail d'investigation de lřéquipe. Sur ce point nous devrons donc nous en tenir au propos du représentant de la DIRPJJ : « exiger des investigations de qualité pour le bénéfice des jeunes est tout à votre honneur ! ». Cette activité, complémentaire à lřAEMO, reste cependant essentielle pour que le SIOAE 93 poursuive son projet éducatif sur ces deux approches permettant un enrichissement réciproque du travail clinique. Afin de rétablir une juste adéquation des moyens alloués selon les activités, une nouvelle cheffe de service a pu être recrutée à 80% (en lieu et place du poste de pédopsychiatre à 25% non pourvu depuis plusieurs années). Le premier principe établi par cette évolution, est que la nouvelle chef de service de service est la référente des MJIE, libérant ainsi les autres cheffes de service pour le développement de lřAEMO par la diversification des prises en charge des jeunes, mieux adaptées à leurs besoins. Le deuxième principe est que les équipes AEMO et MJIE continuent de vivre ensemble en participant de concert aux réunions de synthèse et d'amener leurs différents regards, afin de conserver notre atout qualitatif sur le travail clinique. Bénéficiant du travail dřune salariée en stage CAFERUIS qui a piloté un comité représentant les différents corps de métiers (éducateur, assistante sociale, psychologue, secrétaire), les modalités de mise en œuvre des MJIE ont été revisitées. Celles-ci devraient permettre une meilleure préparation pour débuter les mesures plus rapidement (délai des premiers rendezvous avec les membres de la famille en particulier) et planifier dřemblée les étapes de la mesure (présentation, bilan, rapport) pour contenir sa mise en œuvre dans les échéances règlementaires. Il est acté que selon le niveau dřactivité réalisé au fil des mois, le quota de mesures par travailleur social sera ajusté pour respecter lřobjectif quantitatif prévu avec la condition de respecter lřéquilibre budgétaire. 2. L’activité en quelques chiffres : Lřactivité de lřannée 2014 reflète les exercices précédents, exceptée lřexplosion du nombre de jeunes en attente de MJIE qui a presque doublé : dřune part parce que notre service est considéré comme fiable sur lřinvestigation et dřautre part parce globalement le nombre de saisines a aussi fortement augmenté sur lřensemble du département. Le Service dřinvestigation Educative (MJIE) : Comme en 2013, le SIE a terminé 227 MJIE, pour un objectif prévu de 260 (le service étant habilité pour 280 jeunes). Cependant, il est à noter que sur lřannée ce sont 245 jeunes qui ont pu être pris en charge (115 mesures restant en cours au 31/12/2014), ce qui amène en fait un déficit de 15 mesures par rapport à lřobjectif prévu. Ce déficit sřexplique par une vacance de poste dřun mois, le non remplacement dřun congé parental à 20% sur 9 mois et le non remplacement dřun demi-poste sur 5 mois pour congé maternité. Pour assurer l'objectif annuel, la solution proposée à la DIRPJJ est dřobtenir lřautorisation de recruter un demi-poste supplémentaire dřéducateur pour pallier ces absences. Et si toutefois il nřy avait aucune absence, ce demi-poste permettrait de contribuer à la réduction de la liste dřattente sur le département. Sur les suites des MJIE, comme lřan passé, plus de 75% donnent lieu à une suite judiciaire dont 13% de placements contre 17% en 2013. Un indicateur persistant qui montre lřenjeu et la complexité des investigations auxquels lřéquipe doit faire face. Les proportions des origines des signalements, des problématiques parentales, des symptômes constatés chez les jeunes ainsi que les origines de leur mal être ne varient guère comparativement à lřannée précédente. Le Service dřAction Educative en Milieu Ouvert (AEMO) : Le SAEMO a effectué 124 153 journées, soit 97% de lřobjectif prévu. Ce déficit dřactivité sřexplique par la vacance dřun temps durant les 3 premiers mois de lřannée, le non remplacement dřun demi-poste durant 5 mois de congé maternité. Pourtant, sur lřensemble des 14 éducateurs ou assistantes sociales, nous avons dû remplacer 5 départs. Par une meilleure anticipation, tous ces postes ont pu être pourvus dans les SIOAE 93 RAPPORT D'ACTIVITE 2014 - 323 - temps permettant la continuité des accompagnements. Sur ces 2 dernières années ce sont les 2/3 de lřéquipe éducative (hors psychologue) qui ont ainsi été renouvelés. Si lřintégration des nouveaux salariés se fait naturellement par lřaccueil bienveillant de chacun, il nřen reste pas moins un besoin de reprendre ensemble les modalités des interventions et le sens de notre accompagnement éducatif. Des réunions de travail seront ainsi à organiser, une manière aussi de revisiter notre projet de service. 3. Le développement de l’AEMO : En 2014, l'équipe a continué de travailler sur les projets collectifs. Une dynamique amorcée depuis lřannée dernière qui se poursuit. Cřest pourquoi ce rapport dřactivité est lřopportunité de mettre en lumière en présentant ci-après lřatelier dřexpression théâtrale (par Magali LUTRAND Ŕ Psychologue), lřatelier photo (par Dalila BENALI Ŕ Educatrice spécialisée) et le tout nouveau atelier contes (par Lucie LESEIGNEUR éducatrice spécialisée). Comme chaque année, lřatelier socio-esthétique a aussi été mis en œuvre pour contribuer à lřamélioration de lřestime de soi avec un groupe de jeunes adolescentes sur une semaine. Cet axe de développement sera donc poursuivi en cohérence avec notre démarche éducative comme le démontrent ces présentations, car loin dřêtre anecdotiques, ces actions offrent une diversification des outils éducatifs qui peuvent être plus adaptés aux besoins décelés chez certains jeunes et leur permettent de sortir de leur isolement par lřaccès à dřautre modes dřexpression, stimulant leur imaginaire, leur créativité, leur estime de soi. Lřévolution de notre organisation avec deux cheffes de service à temps plein sur les AEMO devrait encore faciliter ces initiatives. Par ailleurs et de manière complémentaire, ce renforcement de lřencadrement a pour objectif dřexplorer et dřélaborer de nouvelles modalités de prise en charge dans le cadre de lřAEMO tel que le placement exceptionnel et périodique. Cette expérience reste à construire et devrait contribuer à offrir une alternative sur les placements mis en échec ou lřinsuffisance dřun accompagnement éducatif sans possibilité de renforcer lřétayage autour du jeune. Lřévaluation externe, effectuée cette année sur lřAEMO a dřailleurs confirmé lřintérêt de ces axes de développement tout en rappelant, comme nous lřavions déjà constaté dans le rapport dřactivité de lřannée dernière, le besoin de renforcer les relations partenariales. C'est effectivement dans cette voie que nous souhaitons avancer pour offrir des accompagnements sur mesure autant que possible. Lřannée à venir est donc pavée dřattentes, de projets. Un déménagement du site de Bobigny plus adapté devient prioritaire notamment pour des raisons de conformité. Il contribuera à apporter le minimum de confort nécessaire pour mettre lřéquipe dans les meilleures dispositions pour continuer à œuvrer pour le bénéfice des jeunes. Présentation du projet d’atelier photo Dalila BENALI - Educatrice spécialisée Lřadolescence est une période singulière dans la vie dřune personne. Plus tout à fait un enfant et pas encore un adulte, un adolescent se cherche, teste les limites, se confronte au regard des autres et surtout de ses pairs... Au service du SIOAE 93 à Bobigny, nous accompagnons un certain nombre dřadolescents dans le cadre de mesures dřAEMO. Les problématiques adolescentes de ces jeunes sont dřautant plus exacerbées quřelles se surajoutent à des difficultés familiales, scolaires, relationnelles ou environnementales. Ce sont des jeunes fragilisés qui ont peu dřestime dřeux-mêmes, et qui souvent nřont pas conscience de leur potentiel. SIOAE 93 RAPPORT D'ACTIVITE 2014 - 324 - Par ailleurs, ils répondent parfois à lřimage que la société peut leur renvoyer, celle des jeunes dits « des quartiers », cřest à dire des jeunes a minima considérés comme difficiles. Pour ces adolescents, mettre des mots sur ce quřils vivent, ressentent, nřest pas aisé, dřautant quřils ont souvent le sentiment que leur parole nřest pas prise en compte par les adultes qui les entourent ou quřils ne sont tout simplement pas autorisés à sřexprimer. Face à ce constat, il nous a semblé intéressant dřutiliser le support de la photographie afin de leur donner la possibilité de sřexprimer au-delà des mots, de partager leur regard sur le monde, de développer leur créativité. Lřobjectif étant de leur permettre de restaurer un tant soit peu lřimage quřils ont dřeux-mêmes, et de leur redonner confiance. Nous avons souhaité quřun artiste photographe participe à la création et à la réalisation de ce projet. En effet, la présence de ce professionnel est essentielle sur le plan technique et artistique. De plus le regard extérieur quřil peut porter sur ces jeunes et leurs photos peut être intéressant car il nřest pas focalisé sur leur histoire ni sur leur problématique. Nous avons choisi de travailler avec eux autour de la notion de temps : le temps de lřenfance, de lřadolescence et de lřâge adulte. Pour cela nous leur avons fait découvrir trois appareils photos différents : lřargentique pour le passé, le polaroïd pour le présent et le numérique pour le futur. Nous avons pensé ce projet en plusieurs étapes. La première a été de les emmener à une exposition photographique avant de débuter les séances de prise de vue. Par la suite les séances de prise de vue se sont toutes déroulées à Paris dans des endroits différents : le Parc Monceau pour le passé et lřenfance, Montmartre pour le présent et lřadolescence, et Beaubourg pour le futur et lřâge adulte. Puis nous avons travaillé autour du développement photo en créant une chambre noire et en les initiant à la retouche photo. Dans le cadre de ce projet, nous avons également intégré un mini séjour de 4 jours à Bordeaux avec lřensemble des adolescents participants. Ce séjour comme une parenthèse, sera lřoccasion, à travers entre autre le partage du quotidien, de resserrer les liens entre tous les membres du groupe. Il nous permettra de préparer ensemble lřexposition qui clôturera ce projet. Ce projet se nomme « à ta rencontre » car cřest avant tout une rencontre avec eux-mêmes que nous souhaitons favoriser et soutenir. Présentation du projet d'atelier d'expression théâtrale Magali LUTRAND - Psychologue Cet atelier est proposé à destination dřenfants entre 8/9 ans et 12/13 ans, ce que lřon peut appeler des « grands enfants ». Nous évitons ici le terme de « préadolescent » qui nřa pas véritablement de base théorique. Lřatelier sřadresse à des enfants pour qui la verbalisation ne va pas de soi, et donc pour qui le travail au travers dřentretiens montre ses limites. Il peut sřagir dřenfants inhibés (quelle que soit lřorigine psychopathologique de cette inhibition) ou encore, à lřinverse, dřenfants nřayant pas de difficulté avec la prise de parole et pour qui, du fait des évènements et du climat familial, la parole a été en quelque sorte pervertie par les enjeux adultes, coupée de son socle subjectif et exploitée à des fins utilitaires (logique de la preuve)… SIOAE 93 RAPPORT D'ACTIVITE 2014 - 325 - Lřatelier dřexpression théâtrale, comme son nom lřindique, repose sur les techniques du théâtre. Nous ne parlons pas dřatelier théâtre car il ne sřagit pas de « faire du théâtre » au sens où cette pratique est proposée par presque toutes les communes et clubs culturels. Les jeunes ayant le désir de faire du théâtre, doivent être inscrits dans ce genre de clubs dits de droits communs. En revanche, cette perspective peut être un débouché intéressant à la fin de la participation dřun jeune à lřatelier ici proposé. Lřatelier dřexpression théâtrale a pour support les ressorts du théâtre, les techniques de relaxation et autres techniques du corps, ainsi que la pratique psychodramatique. Ces différents apports permettraient de travailler lřexpression corporelle, lřactivité sensorielle (voix, regard…), la mise en relation à lřautre, la capacité dřêtre seul en présence de lřautre, la mise en scène des conflits intrapsychiques au travers de la médiation du jeu, la verbalisation... Ceci nřest quřune liste à titre dřexemples, des nombreuses pistes de travail possible. Chaque jeu, chaque séquence fait lřobjet de commentaires des intervenants et des jeunes sur les difficultés rencontrées, les impressions ressenties, le décalage entre lřintention et la mise en scène, les personnages joués (les identifications), les caractères mis en scène… Ces commentaires, ponctuations et interprétations se font dans le respect de ce que le jeune et le groupe peuvent entendre, dans lřactuel de ce qui est joué, dit ou des associations faites par les jeunes eux-mêmes. Cřest notamment par cette verbalisation que la mise en jeu inhérente à cet atelier pourra être vectrice de remaniements externes et internes Nous nřapprenons pas ici à interpréter un rôle le mieux possible, à mimer mais au contraire à sřexprimer et à projeter les problématiques et conflits internes sur la scène du jeu, dans la médiation avec les pairs. Cet atelier se veut en articulation étroite avec la mesure dřAEMO, tout dřabord du fait de lřindication. Lřéducateur pensant à une situation vient en parler à la psychologue dans le cadre dřun rendez-vous. En fonction de la réalité du groupe (nombre et problématique des participants), lřaccueil est envisagé à plus ou moins brèves échéances sřil correspond aux critères évoqués au préalable (critères qui restent cependant ouverts à la spécificité de chaque situation). Ici le dispositif propose un premier entretien entre le jeune, la psychologue et un éducateur participant à lřatelier. Il sřagit dřexpliciter le fonctionnement de lřatelier à lřenfant, mais aussi de lui signifier la mise au travail attendue, celle de sa participation active au jeu. Enfin, il sřagit de verbaliser auprès du jeune lřintérêt clinique de cet atelier à savoir le soutenir dans ses modes relationnels, de partir de ce qui a été déjà repéré et verbalisé dans le cadre de la mesure dřAEMO le concernant (éléments de danger, motifs ayant conduit à lřAEMO), et dřévoquer avec lui lřintérêt pour lui dřune telle participation… La sortie de lřatelier peut se faire selon deux critères : - La levée des points de difficulté ayant amené le jeune dans un tel atelier. La perspective dřune sortie est alors évoquée et préparée de façon progressive. - La main levée de la mesure dřAEMO, dans ce cas cette fin a été soit préparée (point précédent), soit sera préparée malgré la fin de la mesure (par la présence du jeune à maximum trois séances après lřaudience) afin de ne pas reproduire les ruptures brutales (que la plupart de ces jeunes ont déjà eu à rencontrer) et afin de préparer le groupe à ce départ en veillant à en maintenir lřhoméostase, à le protéger des évènements externes. Un entretien avec le jeune, la psychologue, l'éducateur participant à lřatelier et lřéducateur référent de la mesure est proposé afin de faire le bilan sur cette participation, sur les avancées et les difficultés persistantes repérées. SIOAE 93 RAPPORT D'ACTIVITE 2014 - 326 - Les écrits élaborés dans le cadre du travail inhérent à lřatelier ne sont pas communicables. Ce qui se passe en atelier appartient au groupe. En revanche, dans le cadre des entretiens mentionnés au préalable, un retour est fait au jeune et à son éducateur référent, notamment relatif à lřadhésion du jeune dans le groupe, à son investissement, à son degré dřaisance, et aux principales questions quřil aura pu mettre au travail. Ce retour peut également se faire lors de la fin de mesure éducative. Cřest alors lřéducateur référent qui pourra évoquer ce travail dans son écrit au magistrat. Lřatelier est animé par un éducateur et un psychologue. Cela permet de conférer plus de souplesse aux jeux des enfants, et dřélargir les possibles quant aux perspectives de travail. Les éducateurs souhaitant participer doivent se sentir à lřaise avec le jeu, la mise en scène et le fait de se mettre en représentation. Ils jouent avec et parmi les jeunes, acteurs, spectateurs, mais aussi intervenants faisant part de leurs impressions de jeu, de leur analyse. Ainsi chaque mois, lřaventure se renouvelle pour chacun de ces enfants, une aventure vers lřinconnu mais conduite par les membres de lřéquipe avec la conviction quřelle offre une réponse complémentaire pour réaliser leur action éducative. Présentation du projet d'atelier conte Lucie LESEIGNEUR - Educatrice Spécialisée « Raconte-moi une histoire ! », dit lřenfant aux yeux pétillants à lřadulte. « Ne me raconte pas dřhistoires », dit lřadulte qui ne veut pas être berné. Des histoires nous en avons tous à raconter, des plus merveilleuses aux plus tragiques, des plus loufoques aux plus sérieuses, notre vie même est une sacrée histoire … Cřest ainsi que bien avant de savoir lire, les enfants savent que lřécrit a un sens. Les enfants ont en général un intérêt spécifique pour le conte merveilleux et les albums, voire pour lřobjet lui-même : le livre. Dans la vie de tous les jours, nous parlons deux langues, la langue des faits et la langue du récit. Celle des faits cřest la langue utilisée lorsque les interlocuteurs sont en présence de lřun et lřautre. Lřéchange est alors rapide, souvent injonctif. Tout nřest pas formulé car les gestes, les mimiques et lřenvironnement donnent autant dřinformations que les mots dits. La langue du récit est celle de la narration, celle qui situe un événement dans le temps et lřespace. Cřest la langue qui sert à raconter, cřest aussi celle que lřon peut écrire. Elle a des fonctions particulières. Elle permet notamment lřaccès à lřimaginaire et à la pensée. A lřâge privilégié de la vie où sřélabore le langage (entre un et trois ans), tous les enfants ne sont pas de la même façon en relation avec la langue du récit ; en ce sens lřinsertion sociale et culturelle compte également. Actuellement, nous sommes confrontés à la révolution numérique, laquelle conduit de nombreux enfants à être en premier lieu en communication avec le virtuel, à un âge où ils nřy sont pas prêts psychiquement, aussi bien affectivement que cognitivement parlant. Cřest Serge TISSERON qui attire en effet notre attention sur les effets délétères dřune rencontre précoce avec les nouvelles technologies telles les écrans pour les jeunes enfants. Pour se construire, le jeune enfant a besoin, avant même de rencontrer les écrans et leur virtualité, de temporalité, de construire un « avant, pendant et après ». Lřenfant a besoin de construire une histoire avec des conjonctions de coordination, ce qui lřamènera à pouvoir débattre, argumenter. Avec les livres, lřenfant est invité dans un temps de partage et dřattention commune et dans un espace de jeu et de poésie, à rencontrer lřexpression de la pensée dřun autre absent. Ces livres et ces SIOAE 93 RAPPORT D'ACTIVITE 2014 - 327 - contes offrent aux enfants le regard dřun artiste sur le monde, leur transmettent des regards multiples sur la vie. Adultes et enfants sont ainsi amenés à partager leurs capacités, à rêver, à imaginer, à penser, ceci sans visée « utilitaire ». Ainsi, il ne sřagit pas « de vérifier que lřenfant a compris ce que lřadulte veut quřil comprenne, ni dřen tirer une leçon de langue et de morale », disait René DIATKINE. Les conteurs et les livres véhiculent ainsi les histoires dans lesquelles sont posées les questions que les enfants se posent, que lřhumanité entière se pose. Qui suis- je ? Dřoù je viens ? Quřest-ce-que le monde ? La mort, quřest-ce que cřest ? Et lřamour, et la haine ? Et les ombres, et la souffrance et les étoiles et le soleil, et la tristesse, et la peur et la solitude et le plaisir et le bonheur et la joie et lřhumour et que sais-je encore ? Les contes et les histoires lues à haute voix offrent ainsi un champ de mots, dřémotions, de rythmes où chacun puise ce qui le concerne, ce qui lřintéresse, ce qui fait écho en lui. Cřest aussi une rencontre avec une double temporalité : le temps pendant lequel nous racontons croise le temps du récit. Nous pouvons lire en cinq minutes une histoire de toute une vie ! Lřenfant accède de cette façon à une conscience du temps. La narration lui permet de lřorganiser. Le conte est un récit qui pose un regard sur la réalité à travers le merveilleux, un récit où il nřy a ni unité de temps, ni unité dřaction, ni unité de lieu pour laisser toute place à lřimaginaire. Le conte est là pour proposer du matériau à des enfants qui auraient du mal à exprimer d'eux- mêmes leurs souffrances et en même temps leur suggérer une dynamique de sortie de crise que ne manque jamais de faire un conte traditionnel. Le conte parle de difficultés, de la notion de mal représentée par exemple, par des sorcières, des loups, … mais est également porteur dřespoir avec un héros qui se sort de toutes les situations difficiles quřil rencontre. Lřenfant peut y adapter sa propre histoire et sřidentifier alors aux différents personnages. Le conte fait écho à la vie chargée de situations difficiles et conflictuelles, dřépreuves qui testent les compétences du héros. Le message du conte est la valorisation de celui qui rencontre les problèmes et finit par les résoudre pour une vie meilleure. Cřest une mise en mots et une mise en bouche dont nous pouvons nous délecter petits et grands…des récits qui se mangent avec les yeux et la bouche et se digèrent une vie durant….. Ainsi, le conte soutient la capacité à structurer la pensée. Il est tout autant source de travail pour l'expression, la compréhension, la représentation d'un récit. Le conte nous construit et nous nourrit. Il nous aide à mieux nous connaître en ouvrant la porte de notre imaginaire et de notre subconscient. De plus, il nous fait aussi découvrir les autres dans toutes leurs différences. Cřest une fenêtre ouverte sur le monde, une source de partage et de communication. L'atelier est à destination des enfants en âge dřécole maternelle ou début de CP, entre 3 et 6 ans, en amont de lřacquisition de la lecture courante. Cet atelier se propose dřaccueillir de manière ouverte les enfants tant des mesures dřAEMO que des mesures de MJIE dans une volonté dřéveil à la parole contée, dřun accès à lřimaginaire. Les enfants ont la possibilité dřassister à plusieurs séances sans nombre limite et à minimum deux séances pour un minimum dř« entrée » dans le conte. Nous faisons le choix de ne pas faire un groupe fixe pour permettre aux enfants suivis en MJIE dřy participer et ne pas avoir à prendre en ligne de compte les échéances des mesures. Il se déroule toutes les trois semaines, le mercredi, durant 45 minutes avec les enfants et un temps de restitution entre les intervenants à la suite de chaque séance. Une salle de l'atelier est aménagée de manière chaleureuse, enveloppante et dédiée à la médiation et au travail en groupe. Cet espace permet ainsi d'être à distance et différencié des entretiens familiaux. SIOAE 93 RAPPORT D'ACTIVITE 2014 - 328 - L'atelier s'organise sur le temps dřaccueil des enfants comme suit : o o Lecture du conte choisi en amont par les intervenants Echanges et dessins autour de lřhistoire contée : Quřest-ce qui nous a plu ? Quřest-ce que lřon a retenu dans cette histoire ? dessin libre sans interprétation de la part des intervenantes. On peut souligner la richesse des contes dans laquelle les enfants puisent ce qu'ils veulent, et pas toujours ce que nous adultes y voyons. Le temps du dessin nous permet de sentir leurs préoccupations mais jamais nous n'intervenons au niveau de la réalité en interprétant. Mise du dessin dans la boite qui reste dans lřatelier conte en fil rouge de cet atelier. Au revoir. Le temps du "contage " est délimité par une petite mise en scène (ritournelle, rituel) qui permet de signifier lřentrée et la sortie de lřespace/temps de lřatelier. De plus, les parents qui restent accueillis dans le service ne doivent pas entrer dans lřatelier des enfants. Nous utilisons des contes traditionnels issus de cultures variées comme des livres de la littérature enfantine, cela peut-être « les trois petits cochons » dans différentes versions, « les sept biquets », « le petit chaperon rouge », la petite poule rousse », ou les albums de jeunesse tel le loufoque et riche univers par exemple de Claude PONTI, ou encore Anaïs VAUGELADE, Maurice SENDAK, Michel GAY, Philippe CORENTIN, Helen OXENBURY et tant dřautres. Après la séance, lřidéal est de faire un compte rendu dans un cahier de bord afin de garder lřhistorique du groupe, mettre en commun nos observations et écrire pour chaque enfant quelques phrases. Aussi, pourrons-nous rapporter à lřéducateur/trice référant de lřenfant un ensemble dřéléments cliniques, étant lřexpression de lřévolution et de la position de cet enfant au sein de ce groupe ; ces observations peuvent venir soutenir lřintervenant dans son travail éducatif. En aucun cas, le travail en atelier ne fera l'objet de notes mais peut servir de support pour l'éducateur référent dans l'élaboration de son analyse et l'écriture de ses rapports. Puis, il y aura un deuxième temps de restitution à lřensemble de lřéquipe de manière régulière lors des réunions de fonctionnement afin de faire vivre lřatelier de façon institutionnelle. Cřest aussi transmettre aux autres collègues le désir de continuer à faire vivre lřatelier sous cette forme ou une autre, avec la possibilité de changer les intervenants. Lřidée a émergé de proposer un temps dřaccueil au groupe de parents qui peuvent se réunir dans une salle permettant l'échange convivial autour d'une table avec thé et café permettant aussi de parler de façon informelle avec un éducateur/trice bienveillant, pendant que leurs enfants sřouvrent à la nourriture métaphorique des contes !! Les parents entendant des rires, des pleurs, des bruits divers venant de lřatelier, peuvent eux-mêmes sřinterroger sur le contenu des contes ou encore demander des contes pour eux-mêmes ! Il sřagira sans interprétation, de donner du sens et de faciliter les échanges. Dans le cas où un enfant serait en difficulté (symbiose, angoisse), il pourrait alors sortir du groupe et rejoindre le groupe parental. Cřest une nécessité pour lřhumanité de construire, dřélaborer, dřimaginer, de créer des valeurs communes tout en reconnaissant les différences de chacun, de donner du sens. Rencontrer les livres, rencontrer les contes et de ce fait la langue du récit, cřest rencontrer une partie de soi-même que lřon soit enfant ou éducateur au sens large du terme. Cřest dřailleurs notre rôle dřéducateur qui nous conduit à inventer dans nos accompagnements respectifs des modalités de rencontre qui se veulent variées et porteuses de sens. Notre visée est bien de prendre soin afin que lřenfant trouve des solutions avec son/ses parents pour quřil soit à lřavenir dans un moindre danger dřévolution. A ce titre-là, lřatelier contes est lřun des multiples chemins imaginés afin que chaque enfant ait une histoire à construire, ceci au-delà de ses difficultés de comportement, de relation aux autres et dřexpression. Le conte et les histoires sont un support parmi dřautres, par lequel, cette histoire singulière peut se construire, se révéler à lřenfant lui-même. SIOAE 93 RAPPORT D'ACTIVITE 2014 - 329 - SERVICE D’A.E.M.O. En 2014, l’activité a été réalisée à 124 153 journées soit 97.12 % de l’objectif prévu. Cet écart s’explique par environ 0,45 ETP de vacance de poste éducatif sur l’année. MOUVEMENTS DES EFFECTIFS AEMO GARCONS/FILLES ANNEE 2014 GARCONS FILLES TOTAL 170 150 320 Plus 14 AED 102 96 198 Plus 8 AED Jeunes sortis dans l'année 98 82 180 Plus 11 AED Jeunes en charge au 31 décembre 2014 174 164 338 Plus 14 AED Jeunes suivis sur l'année 2014 272 246 518 Plus 22 AED Jeunes pris en charge au 1er janvier 2014 Jeunes confiés dans l'année Au 31 décembre 2014, le nombre total de jeunes suivis sur l’année est en hausse de 4.9% comparativement à 2013 alors que le nombre de journées est en baisse. Cela s’explique par un plus grand nombre d’entrées sur l’année signifiant un nombre de fins d’AEMO plus important en 2014. 85.6 % des nouvelles mesures d’A.E.M.O. en 2014 font suite à des mesures de M.J.I.E, une tendance en légère hausse comparativement aux années précédentes qui s’explique en partie par la montée en charge de la mise en œuvre des M.J.I.E. La répartition par genre reste stable à l’année précédente 52.5% de garçons et 47,5 % de filles. 15 jeunes majeurs ont bénéficié d’un contrat d’Aide Educative à Domicile (mesure administrative) assuré par notre service après l’arrêt de la mesure d’A.E.M.O. contre 10 l’an passé. Sur les 494 mineurs pris en charge par le S.I.O.A.E 93 dans le cadre de mesure judiciaire (A.E.M.O.) dans l’année, 74 d’entre eux ont bénéficié d’une double prise en charge (Placement ASE/A.E.M.O. S.I.O.A.E 93 ou placement direct/A.E.M.O. S.I.O.A.E 93) contre 87 en 2013, 70 en 2012 et 62 en 2011. 59 jeunes ont été placés en cours d’AEMO, 7 avec une main levée immédiate de l’AEMO, 25 avec le maintien d’une AEMO de moins de 3 mois et 27 avec le maintien d’une AEMO de plus de 3 mois. Sur ces placements 10 ont été effectués en urgence. SIOAE 93 RAPPORT D'ACTIVITE 2014 - 330 - LES SECTEURS JUDICIAIRES D’ORIGINE 120 100 113 80 109 60 40 105 20 0 101 102 103 104 105 101 106 107 108 109 110 111 112 113 114 Sur les 14 Juges des Enfants du Tribunal de Bobigny, 3 Magistrats (secteurs 102,103 et 113) ont confié 51.7% des mesures d’A.E.M.O. au S.I.O.A.E 93. ORIGINE GEOGRAPHIQUE DES JEUNES SUIVIS DANS L’ANNEE 2013 Les principales Villes Drancy 7% Saint ouen 8% Aulnay sous Bois 7% Bobigny 9% Saint Denis 38% Bagnolet 6% Livry Gargan 3% Epinay/Seine 10% Aubervilliers 12% 50% des enfants rencontrés demeurent à Saint Denis ou Aubervillers. SIOAE 93 RAPPORT D'ACTIVITE 2014 - 331 - LES JEUNES CONFIES DANS L'ANNEE Les délais de prise en charge Immédiat 2% 5% 25% Moins d'un mois 14% Un mois ou plus Deux mois ou plus 5% Trois mois ou plus Quatre mois ou plus 24% 12% Cinq mois ou plus 13% Six mois ou plus En 2014, 55% des nouvelles mesures ont été prises en charge après un délai d’attente de 3 ou plus et en particulier 25% avec un délai d’attente à plus de 6 mois, soit un allongement de la durée moyenne du délai d’attente comparativement à l’an passé. AGE des JEUNES en début d’A.E.M.O. Age des Jeunes De 16 à 18 ans 28 De 14 à 16 ans 41 De 12 à 14 ans 24 De 10 à 12 ans 21 De 6 à 10 ans 41 Moins de 6 ans 33 0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 Par rapport à l’année précédente, nous constatons une augmentation du nombre des enfants de 14 à 18 ans (-25%). SIOAE 93 RAPPORT D'ACTIVITE 2014 - 332 - SITUATION DES JEUNES AVANT LA PRISE EN CHARGE PAR NOTRE SERVICE 2010 2011 2012 2013 2014 18 14 32 8 7 15 10 9 19 14 8 22 14 11 25 I.O.E./M.J.I.E. 101 110 92 94 116 A.E.M.O. exercée par un autre service 22 4 13 13 9 6 129 29 5 1 196 0 114 23 7 5 164 4 109 54 5 4 111 25 5 0 125 45 3 187 163 198 En établissement En placement familial TOTAL DES JEUNES CONFIES Jeunes confiés Jeunes suivis en milieu ouvert A.E.D. ASE TOTAL DES JEUNES SUIVIS EN MILIEU OUVERT Chez les parents, en famille, sans mesure éducative Autres situations Situation antérieure inconnue du SIOAE TOTAL GENERAL En 2014, la tendance reste stable en proportion pour les mineurs suivis en milieu ouvert en amont de notre intervention, et nous constatons une hausse pour ce qui est du nombre de mineurs sans mesures en amont. LES JEUNES SORTIS DANS L'ANNEE Durée des Mesures sorties 42 45 40 35 30 25 20 15 10 5 0 36 24 26 24 19 5 Moins d'un mois 4 De 1 à 3 De 3 à 6 De 6 à 9 De 9 à 12 De 1 à 2 De 2 à 3 De plus mois mois mois mois ans ans de 3 Nous constatons une baisse de la durée moyenne des mesures : cette année 2/3 des mesures n’ont pas excédé 2 ans (contre 56% en 2013). SIOAE 93 RAPPORT D'ACTIVITE 2014 - 333 - PLACEMENT Jeunes déjà placés au début de l’AEMO et restant placés mais sans AEMO 22 TOTAL 22 Jeunes placés au cours de l’AEMO avec main levée immédiate de l’AEMO En établissement : En Tiers digne de confiance : En placement familial : TOTAL 4 0 3 7 Parmi eux, nombre de placements en urgence : 1 Jeunes placés au cours de l’AEMO avec maintien de l’AEMO De - de 3 mois En établissement : En Tiers digne de confiance : En placement familial : De + de 3 mois En établissement : En Tiers digne de confiance : En placement familial : 15 0 10 25 1 1 TOTAL 52 Parmi eux, nombre de placements en urgence : 9 TOTAL DES CHANGEMENTS 81 Les situations de placements représentent 15,6% des jeunes que nous avons accompagnés.. LES JEUNES EN CHARGE AU 31 DECEMBRE 2014 Scolarité des enfants de 6 à 16 ans 9 11 Scolarisé Non scolarisé 210 Internat scolaire ou professionnel Sur les 338 jeunes toujours suivis par notre service au 31 décembre 2014 : - 52 ont moins de 6 ans et 84% sont à l’école maternelle ou pris en charge par des professionnels de la petite enfance (Crèche ou assistante familiale) soit 5% de plus qu’en 2013. - 228 sont âgés de 6 à 16 ans et le pourcentage est stable comparativement à 2011 et 2012. 4% d’entre eux sont déscolarisés. - 58 ont plus de 16 ans dont 43 d’entre eux sont scolarisés ou en formation professionnelle, soit une proportion stable comparativement à 2013. SIOAE 93 RAPPORT D'ACTIVITE 2014 - 334 - SERVICE DE M.J.I.E Au cours de l’année 2014, le S.I.O.A.E 93 a mis en œuvre 139 nouvelles ordonnances de M.J.I.E concernant 245 mineurs. Au 1er janvier 2014, 97 mesures étaient en cours. Au 31 décembre 2014, 115 mesures sont en cours. PARTIE I. CONCERNANT LES 245 MINEURS ENTRANTS SECTEURS JUDICIAIRES D’ORIGINE P o u r c e n t a g e s 35 30 25 2010 20 2011 15 2012 10 2013 5 2014 0 TE TE TE TE TE TE TE TE TE TE TE TE TE 103 102 110 104 111 114 101 108 107 113 106 109 112 En 2014, la répartition est plus équilibrée étant donné que l’ensemble des postes de Juges des Enfants est pourvu. Plus de 60% des ordonnances sont cependant émises par 4 des Juges des Enfants, soit les secteurs : 103 (Saint Denis), 104 (Bobigny/Villepinte) et 114 (Saint Denis / Sevran / Tremblay en France) et 111 (Montfermeil / Clichy / Blanc Mesnil / Le Bourget / Dugny). SIOAE 93 RAPPORT D'ACTIVITE 2014 - 335 - Les principales villes 39 40 31 30 25 20 10 0 21 16 15 Ce tableau représente 52% du nombre total des enfants reçus dans le cadre d’une M.J.I.E. Ils demeurent principalement dans les 6 villes ci-dessus. DELAIS DE PRISE EN CHARGE Moins de 1 mois Plus Plus de 1 mois de 2 mois Plus de 3 mois Plus Plus de 4 mois de 5 mois TOTAL 2011 26 57 46 31 1 0 161 2012 32 26 14 36 15 36 159 2013 12 50 72 34 48 16 232 2014 16 36 43 52 48 50 245 En 2009 et 2010, la majeure partie des I.O.E a été prise en charge par le S.I.O.A.E 93 dans un délai de 2 mois et plus, après la prise de décision judiciaire. En 2011, c’est plus de 51% des mesures d’I.O.E qui ont pu être prises en charge moins de 2 mois après la décision des Magistrats. En 2012 : - Seulement 36.48% des mesures de M.J.I.E ont pu être prises en charge moins de deux mois après la décision du Magistrat. En 2013, la tendance se confirme avec 27% des mesures qui ont pu être prises en charge moins de deux mois après la décision des magistrats avec cependant une baisse de la proportion des enfants ayant dû attendre plus de trois mois : 42% en 2013 contre 55% en 2012. En 2014, seules 21% des mesures ont pu être prises avant 2 mois et surtout une augmentation des mesures prises après plus de 5 mois d’attente, soit 20% ce qui confirme la dégradation de la situation avec un délai d’attente en moyenne qui continue d’augmenter. SIOAE 93 RAPPORT D'ACTIVITE 2014 - 336 - MESURES DE M.J.I.E SUIVIES EN 2013 I.O.E. M.J.I.E. M.J.I.E. M.J.I.E. 2011 2012 2013 2014 Filles Garçons Total 71 78 116 117 90 81 116 128 161 159 232 245 Les garçons sont majoritaires (52%) parmi les jeunes pris en charge cette année. PARTIE II. CONCERNANT LES 227 MINEURS SORTANTS LES PRINCIPALES ORIGINES DES SIGNALEMENTS 80 70 60 50 40 30 20 10 0 Nbre enfants Pourcentage En amont des décisions de M.J.I.E prises par les Juges des Enfants, le secteur judiciare (JE, JAF, TGI, SEAT, PJJ, Police) représente près du tiers des signalements, puis l’éducation nationale (incluant les crèches) près du quart et l’ASE pour 17%. LES PROBLEMATIQUES PARENTALES 44,50% 22,90% 18,90% 13,70% 43 101 52 31 Pathologies psychiques Négligences Carences Conflits conjugaux Non déterminé En 2014, les problématiques de négligences/carences restent prépondérantes. SIOAE 93 RAPPORT D'ACTIVITE 2014 - 337 - LES PROBLEMATIQUES DES ENFANTS Négligences Maltraitance psychologique 16,70% Abus sexuel Maltraitance physique non déterminé 31,70% 4,90% 15,00% 31,72% 72 38 11 34 72 Symptômes 64 35 107 30 41 Aucun Problème de comportement Absentéïsme Décrochage scolaire Troubles psychologiques Fugues Acte de délinquance Concernant les symptômes repérés, plus de 30% des enfants sont concernés par des parents négligents, et plus de 34% par la maltraitance psychologique ou physique. Cette année, nous constatons une hausse significative des cas d’abus sexuels (11 situations en 2014 contre 3 en 2013). Rappelons que notre tentative de classification n’est pas scientifique et ne donne qu’une tendance qui peut refléter la complexité des situations. LES MINEURS EN DEBUT DE MESURE L’âge 120 100 80 60 40 20 0 103 64 47 45 22 25 63 37 30 13 9 18 Garçons Moins de 3 ans 22 Moins de 11 ans 45 Moins de 15 ans 37 Moins de 18 ans 13 Garçons 25 64 30 9 Total 47 103 63 18 Filles SIOAE 93 Filles Total RAPPORT D'ACTIVITE 2014 - 338 - Comme en 2013, le nombre d’enfants de plus de 3 ans et de moins de 11 ans est prédominant. En 2014, nous constatons la même proportion des enfants de plus de 11 ans (35%). La scolarité 123 66 21 1 4 11 2 Nb enfants Le taux de scolarisation (maternelle, primaire, collège, filières d’apprentissage et spécialisée) est en hausse sur 2014 avec 94.7% contre 84% en 2013. HEBERGEMENT DES JEUNES DEBUT DE MESURE Chez les parents Chez la mère Chez le père Autre famille (sauf TDC) En garde alternée Lieu de placement Non renseigné 68 98 20 27 2 8 1 30% de ces enfants partagent le quotidien avec le couple parental initial au début de la M.J.I.E, qui confirme la tendance constatée l’an dernier à savoir que 70% des enfants ont vécu une séparation avec un de leur parent. En amont de la M.J.I.E, 3.5% des mineurs sont placés hors de leur milieu familial, contre 8% en 2013. SIOAE 93 RAPPORT D'ACTIVITE 2014 - 339 - FIN DE MESURE AEMO SIOAE 93 AEMO AUTRE SERVICE / DEPARTEMENT AEMO SIOAE 93 + PLACEMENT PLACEMENTS / MAINTIEN AED ASE EMO PROPOSEES, NON SUIVI PAR JE MAIN LEVEES NON LIEU A ACTION EDUCATIVE EN ATTENTE D'AUDIENCE/PAS D'ORDONNANCES RECUES PROROGATIONS ORDONNANCE NON RECUES (2013) TOTAL Nombre 92 16 2 21 1 6 1 38 % 40,53 7,05 0,88 9,25 0,44 2,64 0,44 16,74 45 19,82 3 2 227 1,32 0,88 100 En 2014, à l’issue des 227 M.J.I.E (moins 45 en attente de décision), les Juges des Enfants maintiennent une intervention judiciaire en A.E.M.O. dans 60% des cas, et le placement dans 12.6% des cas. Cela confirme la tendance constatée en 2013 quant à la prépondérance des suites judiciaires données aux MJIE. 72.6% en 2014, 76.21% en 2013, 53.45% en 2012, 55.9% en 2011 et 52.9% en 2010. SIOAE 93 RAPPORT D'ACTIVITE 2014 - 340 - SIOAE 93 RAPPORT D'ACTIVITE 2014