Conventions, crises, flux monétaires Présentation au - cemi

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Conventions, crises, flux monétaires Présentation au - cemi
Conventions, crises, flux monétaires
Hélène Clément-Pitiot, Maître de Conférence Université Cergy-Pontoise (en disponibilité),
CEMI-EHESS (
Présentation au Séminaire Franco-Russe XLVIIIème session
«The hottest place in Hell is reserved for those who remain neutral in times of great moral conflict. He who
passively accepts evil is as much involved in it as he who helps to perpetrate it. He who accepts evil without
protesting against it is really cooperating with it» citation de Martin Luther King, JF Kennedy reprise de
Dante...
Etre ou ne pas être neutre ? Cette citation, il me semble répond à la question.... Aussi
dans le travail d’un économiste en situation de crise, crise qui n’est en Occident
malheureusement pas qu’économique. L’engagement est ce qui rend possible l’invention
du futur quand l’inertie tue....l’austérité est la première à tuer en Europe comme en son
temps la «thérapie de choc» en Russie. J’ai choisi d’analyser dans ce travail trois aspects
des tensions qui jouent un rôle déterminant dans la transformation de l’environnement
monétaire internationale dans laquelle la Russie est un acteur non négligeable. En tout
premier lieu les rapports tendus avec la Russie qui se répercutent sur les enjeux
économiques permettent de révéler les mécanismes de conventions :ils dictent aux
acteurs politiquement corrects du système monétaire et financier international les règles
de comportement pour assurer la persistance des fonctionnements du système. La
persistance de la crise met en évidence la fragilisation1 de l’ordre monétaire et financier
1
Les prévisions des services d’étude économique de la banque de France
www.banque-france.fr/uploads/tx_bdfgrandesdates/RDB_GB_01.pdf on livré une contribution qui met en
avant la fragilisation du système . «Turning to the current economic outlook, the recovery
of the US economy is more advanced and perceived as more solid than in the euro area. Investors would
expect unambiguously lower nominal short-term interest rate in the euro area than in the United States».
Normalement l’ «Amplitudes of fluctuations of longer-term US and euro area interest rates have been quite
similar since 2001»... Ce fait est une conséquence de la globalisation et de l’interrelation des sphères
monétaires et financière dans le cadre du système international de dollar standard. Une exception
cependant :, la période pré-crise 2005-07 et l’amorce de la crise US des subprimes. Un nouveau
découplage se dessine dans un sens opposé à celui de 2005-07, d’après les observations du département
d’étude de la BdeF. Ce découplage signifie-t-il un indication de fragilisation de la zone Euro ? (la BdeF ne
1
global que les conventions cherchent à dissimuler. La crise qui est en cours est de nature
à rendre impérieux, au delà d’un sauvetage, une nouvelle orchestration, l’invention d’un
autre futur monétaire et financier pour coordonner les flux monétaires dans l’économie
mondiale. Qui est capable de discuter et d’imaginer à cette heure cette transition et non se
suicider dans l’illusion de l’inertie? L’engagement pour un économiste est de fournir des
billes à toutes les bonnes volontés...et de refuser l’aveuglement et les mensonges.
I Les conventions radicalisées
Depuis de nombreuse année vous me savez concernée par les questions économiques
dans une double perspective : le réel et les conventions associés. Décrypter ces
conventions permets d’appréhender les dynamiques de la politiques économiques en
action, les motivations, les justifications, les idéologies sous-jacentes....et leur volonté de
cacher l’essentiel pour assurer la poursuite du jeu de Casino «as usual» sans regarder la
menace de chaos socio-économiques en face.
La discipline économique et l’éclairage théorique sélectif autorisé sont l’instrument d’un
discours stratégique : il est de plus en plus facile de le décrypter. Est ce l’urgence qui
rend impossible la dissimulation ? On est à l’ère où les effets d’annonce et de propagande
permettent d’ordonner le fonctionnement de nos économies et les rapports entre les pays.
C’est le message des sanctions contre la Russie!
Se rappelle-t-on qu’elles sont été aggravées dans l’été suite à l’accusation d’implication de
la Russie dans le drame de l’avion MH17 ? La gestion de la concurrence à l’heure du
discours de la libre circulation est à la merci d’une information émotionnelle, transformée
et partielle... Le secret est gardé sur les vraies conclusions (classifiées!)...le public n’a pas
à savoir dans la presse officielle qu’elles sont les motivations des acteurs de la politique
économique mondiale... La démocratie s’interprète de façon spécifique : c’est faire
confiance à des élites éclairés une fois pour toute sans demander des comptes.
On attend dimanche 25 janvier que la Grèce tente de préciser une nouvelle fois dans
l’histoire de l’humanité les termes authentiques du concept de démocratie... Avec la
confirmation de la percée du parti Syriza et de la volonté d’Alexis Tsipras de demander
des comptes...à la Troïka.
La convention Hystérique, c’est celle des sommets atteints dans l’endoctrinement
antirusse ressuscitant les pires propagandes de l’anticommunisme primaire en la
radicalisant. Des journalistes, des experts, des collègues mêmes, sont contraints de s’y
livrer pour survivre...ou le croient-ils? Dans les media et les publications, il s’agit de coller
à «la ligne éditoriale» et aux effets de langage officiel du type «annexion de la Crimée» ;
rares sont ceux qui s’en démarquent parce qu’ils auraient appris un peu d’histoire avant....
Enfin une manifestation pour la liberté d’expression et de pensée (?) en France à la suite
de récents massacres ; peut-on en espérer l’amorce d’un réveil ou un effet marchand de
sable?
Relever la somme des exemples de cette convention hystérique serait fastidieux2, je ne
citerais que le type de rumeurs véhiculées et diffusées par l’agence d’information
Bloomberg, le fer de lance de la propagande... en date du 11/12/20143, qui annonçait
l’explosion économique et sociale du pays. La crédibilité de ces fonctionnement si loin de
l’efficience finira par en être durablement affectée par la récurrence de ces problèmes
s’avance pas à conclure ainsi note simplement le découplage...à charge à d’autre d’en tirer des
conclusions...)
2
see for example this typical scaremongering piece by Ambrose Evans-Pritchard in the Daily Telegraph
3
http://www.bloomberg.com/news/2014-12-10/russian-companies-lost-billions-on-ruble-hedges-interfaxsays.html
2
comme le laisser envisager les travaux de G. Akerlov et P. Romer (1994)4 ...il s’agit
certainement de gagner du temps et de manipuler la surprise à son profit.
G. Akerlov qualifiait les CDS de «very-obscure financial instrument» et « the favored
instrument for the current round of looting»5
Les agences de notation occidentales commencent à intégrer les éléments de cette
propagande, ainsi devient-elle convention en s’inscrivant est dans le marbre de leur rating.
Fitch a dégradé la Russie de BBB à BBB- (juste avant le défaut)6. Aucune rationalité
économique7 n’est derrière cette notation sinon le discrédit imposé sur les marchés vis à
vis de la Russie qui devra payer un coût supplémentaire évalué entre 20 et 30 milliards
d’euro en 2015..... Manière de faire bien savoir qui contrôle les robinets financiers mais
aussi que la libre concurrence est juste un vocable théorique sans fondement réel.
II L’ombre irrépressible de la crise
Les raisons de la colère, car colère il y a quand les acteurs financiers sont amenés à
accepter de tels propos et de tels entraves flagrantes aux principes concurrentiels. «Les
raisons de la colère»8 c’est le titre d’un billet que j’ai posté sur mon blog pour analyser plus
strictement les questions monétaires internationales. Mais ces raisons de la colère
englobent des thèmes plus largement : d’une part la volonté de détourner l’attention
hors des enjeux économiques de leur réalité et de leur dynamique. Et d’autre part, de
rendre opaque par la confusion les stratégies de prédations pour tenter un sauvetage en
catastrophe d’une partie réduite du système.
L’économie occidentale est en péril en dépit de ce qu’affirme souvent la propagande
médiatique. Les économistes ne cachent pas leur inquiétude et font le parallèle à la
situation des années 30s pour rendre plus significatives leurs craintes. Pour l’économiste
Brad de Long, la crise a réduit la croissance dans le monde occidental dans des
proportions importantes. On peut évaluer les pertes cumulées de PIB relativement à la
tendance de 1995-2007, pour les Etats Unis cette perte s’établit à 78% et pour l’Euro zone
elle est de 60% du PIB actuel9. L’économie récupère moins vite de la grand récession que
durant la grande dépression de 1929 comme en témoigne le graphique 1.
Graphique 1:
4
G. Akerlof, and Romer, Paul M., Looting: The Economic Underworld of Bankruptcy for Profit (April
1994). NBER Working Paper No. R1869. Available at SSRN: http://ssrn.com/abstract=227162
5
http://www.washingtonsblog.com/2009/10/capitalism-socialism-or-fascism.html
Auprès de l’agence de rating chinoise, Dragon Global Credit (DGC), les US sont noté A- et la Russie reste
en A ! Le monde est ainsi déjà bipolaire.
7
c’est bien ce qu’analyse dans le détail l’article d’Alexandre Mercouri dans Russia insider http://russiainsider.com/en/2015/01/11/2322 Quand on nous dit que L'approche de la Russie est au bord de falaise...
parce que la Russie reçoit entre 1/2 de 1/3 moins de revenu d'hydrocarbures... 15 % en moins au total des
entrées, ceci provoquerait que l’économie russe est sur le point de chuter. C’est une absurdité flagrante!
Une perte de revenue extérieur de 15% n’a jamais chuter une économie...
8
http://viableco.hypotheses.org/503
9
Brad DeLong http://www.project-syndicate.org/commentary/j--bradford-delong-argues-that-it-is-time-to-call-what-ishappening-in-europe-and-the-us-by-its-true-name#cDuLIqyse1f3OIOD.99
3
6
Paul Krugman10, clamait, il y a déjà un an (décembre 2013), qu’il préférerait être à la
situation économique de années 30 tant la situation depuis la crise de 2007 est plus
préoccupante que la Grande dépression.
Graphique 2 11 :
10
Paul Krugman : «If Only It Were the 1930s», Blog The conscience of a liberal, dec 2013
http://krugman.blogs.nytimes.com/2013/12/15/if-only-it-were-the-1930s/
11
Neil Howe, historien, économiste et démographe a publié le graphique dans, «Are We Reliving
The 1930s?» Forbes 25/11/2014 http://www.forbes.com/sites/neilhowe/2014/11/25/are-we-reliving-the1930s/
4
La récupération a pris moins de temps dans les années 30!... En 1941 le PIB US était déjà
41% plus élevé qu’en 1929...! Depuis 2011 les autorités et leurs voix annoncent la
reprise...mais elle ne se voit finalement pas. Tout n’est qu’illusions et manipulations à
chaque fois. La liste des économistes qui critiquent les politiques économiques menées
est fort longue 12. Aucun indicateur n’est bon... Tout a été plus grave que dans les années
30s et dès le début les experts ont été formels :
•
Des 2011, pour l’effondrement de l’immobilier (Zillow Home Value Index)13
•
Dès 2009 pour les pertes des banques ( Moody’s)14,
•
Dès 2009 pour l’effondrement du commerce mondial (P. Krugman)15,
•
Dès 2010, pour l’amplitude du «credit crunch» (A. Greenspan)16
•
Dès 2010, l’accroissement des inégalités (S. Keen, E. Saez et T. Piketty)17 qui peut
causer la destruction de civilisation18
12
http://www.zerohedge.com/news/2014-12-10/economy-worse-during-great-depression
http://www.washingtonsblog.com/2011/01/housing-slump-worse-than-the-great-depression.html
14
http://www.washingtonsblog.com/2009/10/bank-charge-off-rate-is-worse-than-during-the-greatdepression.html
15
http://www.washingtonsblog.com/2009/10/krugman-collapse-in-trade-worse-than-the-greatdepression.html
16
http://www.washingtonsblog.com/2010/02/greenspan-worst-financial-crisis-ever-including-the-greatdepression.html
17
http://www.washingtonsblog.com/2010/12/extreme-inequality-helped-cause-both-the-great-depressionand-the-current-economic-crisis.html
18
une thèse récente des historiens à propos de la chute de Rome
http://persquaremile.com/2011/12/16/income-inequality-in-the-roman-empire/
13
5
•
•
•
•
Dès 2009 pour les pertes dues à l’interconnexion des systèmes financiers et des
économies (Nassim Nicholas Taleb)19 en premier l’instabilité financière générée par
les produits dérivés (BRI)20
Dès 2008 la course à la spéculation et à l’appât du gain (John Whitehead)21
Des 2010, plus de chômage que dans les année 30s22
Dès 2009, plus d’américains dépendent de l'aide gouvernementale pour obtenir la
nourriture de base que durant la Grande dépression....on ne voit pas de «queues
pour la soupe» parce que l’aide passe par un programme massif de coupons23
(food stamp program).
III La catatonie24 de la vitesse de circulation de la monnaie
Pour cadrer sur un plan théorique les problèmes économiques que les experts ont mis
très vite en évidence, un seul indicateur bien connu aurait pu servir d’illustration : a vitesse
de circulation de la monnaie25qui se caractérise par des fluctuations significatives dans les
2 sens extrêmes sur la période ante et post crise. Dans le séminaire franco-russe dans
l’été 2006 nous avions souligné par un travail au cœur des données avec Tatiana
Speranskaia et une jeune étudiante en DEA26 que la vitesse de circulation à la veille de la
crise s’accélérait de façon importante et intrigante... était ce vraiment un signe de bonne
santé comme la théorie tend à nous le soutenir (cf encadré)? Nous avions rapproché cette
accélération avec l’impact des techniques de titrisation, massives sur la période. On peut
avancer à postériori l’idée qu’il existe de 2 types d’accélération une réelle liée à l’activité
économique réelle et une qu’on peut qualifier d’illusoire... La période d’avant la crise
assurément relève du second qualificatif, découlant des excès de la financiarisation et de
ses mots d’ordre de la politique monétaire (lutte contre l’inflation) au delà de la maitrise
institutionnelle de la raison réelle.
19
http://georgewashington2.blogspot.ru/2009/05/taleb-global-crisis-vastly-worse-than.html
http://www.washingtonsblog.com/2009/09/derivatives-are-inherently-destabilizing-for-the-financial-systembecause-they-increase-interconnectivity.html
21
http://www.reuters.com/article/2008/11/12/us-finance-summit-whitehead-depressionidUSTRE4AB7HT20081112
22
pour la comparaison sur le chômage...http://www.washingtonsblog.com/2011/06/unemployment-duringthe-great-depression-has-been-overstated-and-current-unemployment-understated-weve-now-gotdepression-level-unemployment.html
23
http://www.washingtonsblog.com/2009/12/are-food-stamps-the-soup-lines-of-this-great-recession.html et
pour une comparaison globale qui mentionne aussi la comparaison avec des chiffres plus justes du
chômage de masse : http://www.washingtonsblog.com/2010/12/underneath-the-happy-talk-is-this-as-bad-asthe-great-depression.html
24
La catatonie est une forme de schizophrénie caractérisée par des périodes de passivité et de négativisme
alternant avec des excitations soudaines. http://fr.wikipedia.org/wiki/Catatonie
25
Mark McHugh, https://acrossthestreetnet.wordpress.com/2012/08/19/shhhh-its-even-worse-than-thegreat-depression/
26
qui travaillait alors dans le service financier de Renault à Moscou.
6
20
Encadré 1 : Vitesse de circulation de la monnaie (VcM)
La vitesse de circulation de la monnaie traduit la fréquence avec laquelle une unité
monétaire est dépensée sur de nouveaux biens (marchandises, services et actifs
financiers).
C'est un bien meilleur indicateur d'activité économique que le PIB (produit intérieur brut),
que les prix à la consommation, ou le marché boursier.
Dans une économie «saine», la même unité monétaire est assignée à de multiples
paiements...ce qui donne lieu à une circulation «fluide»
Dans une économie en dépression, cette circulation se bloque, la vitesse de
circulation de la monnaie est atone.
Calcul de VcM : rapport entre PIB et offre de monnaie (souvent la base monétaire)
Graphique 3 : la VcM des sommets aux abysses jamais atteintes27
IV Conventions de «laisser faire» ou fraude organisée?
Un «rapport spécial» de mars 2009 rédigé par notre collègue Patrick Artus résumait
parfaitement la similitude de la situation en Europe et Aux USA28. Il l’analysait comme une
conséquence d’une part de la désinflation en cours (qui nous amène à la déflation
présente) et de la baisse des taux d’intérêt et d’autre part de la hausse des prix des actifs
(actions et immobilier).
Il s’attachait à souligner déjà début 2009 qu’il y avait eu «chroniquement des achats
excessifs d'actifs par les Banques Centrales aux banques»...ce n’était que le début.
27
Pour ajustement permanent du graphique issus des calculs de la Réserve Fédérale de St Louis :
http://research.stlouisfed.org/fred2/graph/?g=9wK
28
P. Artus, «Peut-on comprendre l'évolution de la vitesse de circulation de la monnaie ?», Natixis, mars
2013 http://cib.natixis.com/flushdoc.aspx?id=45701
7
Actuellement les marchés poussent pour un QE massif que le détail des clauses des
traites européens rend à priori difficile.
Depuis ce constat les langues se délient et nombreux d’économistes et d’experts soucieux
des évolutions concluent que les gouvernements ont fait tout ce qu’il ne fallait pas et ont
échoué à répondre aux problèmes de fond.
Sont mises en avant les avis29 qu’il fallait au besoin répudier les dettes et surtout pas
les amplifier (exemple de l’Islande30) tout en transférant en dettes publiques. Les
mécanismes frauduleux ont aussi étaient mis en avant comme les causes principales de
la crise et en 1930 et en 2007 (R. Shiller)31. Loin de tenter de la maitrisé ils ont été
encouragé et couvert32 . Le «Too big to save»33 et de façon plus feutré le «to big to jail»
sont le slogans mis à profit pour ménager les grandes institutions bancaires en dépit de
leur insolvabilité34....Elles sont donc devenu encore plus grosses et plus fragiles parce que
les comportements pervers ont été encouragés (hasard moral)35. Il n’y a pas eu de
désendettement (deleveraging) mais bien au contraire. Aux Etats Uns l’Etat à donné la
main à la FED36 et en Europe la BCE était déjà souveraine. Les QEs aux USA et les
pseudo-QEs en Europe ont alimenté de nouvelles bulles (schistes, immobiliers, actifs
financiers...)37. Ce n’est même plus une question de courant politique (droite vs gauche),
le problème s’éclaire d’un constat, ces mauvaises politiques économiques sont le résultat
de corruptions menées par des élites coordonnées (par des intérêts commun) dont les
actions sont mis en forme à travers des processus conventionnels....par la coercition
psychologique (media, propagande) les populations y sont soumises et subissent la
dépression économique (austérité thérapie de choc...). Les gouvernements à la merci
d’affairistes38 39ont empoisonné l’économie réelle pour que perdure l’inertie volontairement
qui rend possible le poursuite du jeu40.
29
fondé sur les travaux de l’Ecole Autrichienne repris voir les écrits de Murray Rothbard ou Michael Hudson
http://www.washingtonsblog.com/2011/07/economics-professor-well-have-never.html
30
Iceland Shows the Way
http://www.washingtonsblog.com/2012/08/top-economists-iceland-did-it-right-everyone-else-is-doing-itwrong.html
31
»Fraud Caused the 1930s Depression and the Current Financial Crisis»Posted on October 30, 2010
http://www.washingtonsblog.com/2010/10/fraud-caused-great-depression-and-this.html
32
«SEC Attorney Reveals that Agency Has Shredded Documents for Decades to Cover Up Wall Street
Fraud» http://www.washingtonsblog.com/2011/08/real-reason-sec-has-been-shredding.html
33
La liste des économistes de renom qui ont soulevé le problème :
http://www.washingtonsblog.com/2009/10/debunking-the-too-big-to-fail-myth.html
34
If We Don’t Break Up the Giant Banks NOW, They’ll Be Bailed Out Again and Again … Dragging the
World Economy Down With Them
http://www.washingtonsblog.com/2011/07/if-we-dont-break-up-the-giant-banks-now-theyll-be-bailed-outagain-and-again-dragging-the-world-economy-down-with-them.html
35
«Excessive Leverage Helped Cause the Great Depression and the Current Crisis … And Government Responds by
Encouraging MORE Leverage», April 29, 2011 http://www.washingtonsblog.com/2011/04/excessive-leverage-helpedcause-the-great-depression-and-the-current-crisis-and-government-responds-by-encouraging-more-leverage.html
36
No Wonder the Outlook for the Economy is “Unusually Uncertain” … the Fed is Killing It21/7/2010
http://www.washingtonsblog.com/2010/07/no-wonder-the-outlook-for-the-economy-is-unusually-uncertainthe-fed-is-killing-it.html
37
The Obvious Reason QE Doesn’t Work
12/5/2014http://www.washingtonsblog.com/2014/05/obvious-reason-qe-doesnt-work.html
38
avec la manipulation du Libor, «European and American Governments Encourage Bank Manipulation and
Fraud to Cover Up Insolvency» 7/2/2012 http://www.washingtonsblog.com/2012/07/european-
and-american-governments.html
39
«Banks Are So Big They Are Killing the Economy … and Own the Politicians
» http://www.washingtonsblog.com/2011/10/do-we-need-banks-or-can-we-cut-out-the-middleman.html
40
J. Ewing, «In Germany, Little Appetite to Change Troubled Banks»9/8/2013
http://www.nytimes.com/2013/08/10/business/global/in-germany-little-appetite-to-change-troubled-bankingsystem.html?pagewanted=all&_r=0
8
La situation géopolitique se crispe à mesure que la crise tisse l’incertitude et remet en
cause les discours conventionnels. Les sanctions contre la Russie dans ce contexte ont
servi pour détourner l’attention et elles aggravent encore la situation de l’économie réelle
en Europe. Elles semblent bien plus gravement touchées que l’économie russe. La raison
déterminante semble finalement interne. L’Europe n’arrive pas à s’adapter aux
nouvelles donnes. Est ce la conséquence d’une structure qui n’a pas envisager la
dynamique et qui est ainsi figée, emprisonnant même les mentalités des acteurs?
Répondre à des juxtapositions d’incertitudes et d’erreurs par un tournant autoritaire dans
la politique économique des alliés de l’OTAN est ce viable ? Ce d’autant que cette
réponse n’hésite pas à interférer avec les préceptes du marché libre ; ce qui est visé c’est
l’exclusion sans considération sur les conséquences....pure inconséquence41 ?
Parallèlement avec l’absence visible de souveraineté des pays européens, les pertes de
libertés sont ressenties avec force comme aussi les reculs des principes de la règle du
droit via la généralisation pratiques de doubles standards (entre pays, entre institutions,
entre personnes).
V L’économie monétaire «Potemkine»
En 1929 on pouvait mesurer les capacités de production en terme de valeur des biens
produits....une valeur réelle. Depuis 2008, la mesure de la valeur est liée à la capacité
(politique) au surendettement (supra-leveraged market)...une valeur de papier
...directement conditionné par un ensemble de conventions et de croyances à «bien»
entretenir. Créer l’illusion et répéter que «tout était OK» étaient une nécessité vitale...elle
explique l’amplification des dettes et les achats frénétiques de la FED depuis 6 ans. Avec
la globalisation financière et mondiales, l’incitation à suivre le mouvement de fuite en
avant est grand....c’est une quasi obligation....les alliés doivent suivre mouvement en
premier lieu pour attester de leur fidélité.
Pourquoi la Russie suit le mouvement elle aussi ? La première réponse qui vient est
liée à la culture économique implicite : des conventions qui prennent leur sources dans
l’éducation, les modes de vie, les perceptions acquises dans des milieux professionnels
étroits qui se renforcent... Des observateurs mais aussi le Président russe parlent de «5e
colonne» pour des comportements d’acteurs contraires à l’intérêt collectif du pays. On
peut se demander si ces professionnels sont conscients de ce qui pourrait se qualifier de
traitrise? Ou simplement si imbibés de néolibéralisme qu’ils ne savent pas comment faire
autrement. C’est ce qui a valu à la BCR d’être considérée par plusieurs économiques
russes de premiers plan comme le réel danger: «la BCE est plus dangereuse que les
sanctions pour la Russie»...(S. Glaziev, M. Khazin et même VV Ivanter42). L’action sur
les mentalités est certaine, je l’ai dénoncé dans ce séminaire longuement à plusieurs
reprises mais le panorama devenant plus clair...on peut dire aussi qu’il s’agit que d’un
arbre qui cache la forêt :
Le type du bouclage du système monétaire et financier dans nos économies
contemporaines façonne les mentalités (conventions) et en même temps impose des
pratiques communes. Les dysfonctionnements présents de ce bouclage comme l’avait
bien compris DSK qui avait l’ambition de réformer le système de l’intérieur (vote FMI et
DTS) porte sur l’ensemble des relations économiques. La finance et la monnaie perdent
totalement leur rapport avec l’économie réelle. Une perte de cohérence majeure et non
neutre!
41
et incompréhension culturelle de fond comme le souligne Dimitri Orlov :
http://cluborlov.blogspot.ru/2015/01/peculiarities-of-russian-national.html
42
dans le dernier séminaire régional à Paris en octobre 2014
9
Le symptôme : avec des niveaux si bas de vitesse de circulation de la monnaie jamais
atteint pendant la grande dépression.... On peut dire que l’économie monétaire américaine
se fige! A quand la monnaie à usage unique? (sorte de «monnaie kleenex» par
excellence). Il s’ensuit un dysfonctionnement au cœur du système monétaire néolibéral
international qui affecte aussi l’Europe et qui influence l’économie en Russie par des
canaux directs et indirects.
Les marchés ont voulu tester en décembre le mécanisme... Qui même en Russie agit
comme un son soutien inconditionnel au dollar. L’imbrication des relations financières et
des effets de paniques conditionnés par des effets d’annonce, c’est ce qui leur a fait crier
victoire.... un peu vite (cf. Bloomberg). Est ce un répit momentané ou bien l’effet d’un
nouveau paramètre en jeu qui est en train de desserrer la contrainte et de façon
structurelle mais aussi sur les mentalités...nous assisterions ainsi à un véritable tournant.
Je penche pour la version optimiste, l’effet exogène, la solidarité Eurasiatique
élargie....l’Eurasie qui est un espace de transition réel et non flou comme encore certains
de nos collègues français le croient par automatisme.
En se référant aux graphiques reprenant la masse monétaire M1 et le PIB en Zone Euro,
J. Sapir avait souligné qu l'Union monétaire européenne autour de l’Euro a dès sa
création, une croissance monétaire déconnectée de l'économie réelle. La crise des
"subprimes" de 2008 a encore accentué l'explosion monétaire dans le monde et cette
déconnexion universelle avec le réel. L’action des Banques centrales dans la crise a
largement déterminé cette aggravation, leur rôle réduit à la fonction d’auto-organisation du
secteur financier les a amené à ne jouer le rôle de pompiers que dans un espace financier
restreint/étanche alors que le feu gagnait partout. Elles ont en «arrosé» de diverses
manières, comme nous l’a souvent détaillé F. Renversez.
•
en Europe : indirectement via les banques avec des taux avantageux accordés et
en assouplissant mêmes des règles prudentielles (tout en prétendant faire l'inverse)
car il fallait «inciter» pensait-on ainsi le secteur bancaire à augmenter les crédits
aux entreprises et aux ménages... Ce fut en vain cette logique n’a pas marché. Le
graphique suivant en atteste.
Graphique 4 : Croissance des prêts bancaires en zone Euro et par pays43
•
aux USA : directement, en achetant des actifs financiers à un prix surévalué
(essentiellement des bons du trésor) à des fonds de pension et des compagnies
d'assurance via les QEs et ainsi les sortir de difficultés majeures : Les "institutions
financières non bancaires" qui ont bénéficié de de ces achats surévalués sont
payées via leurs banques, la Banque centrale augmentant d'autant - et
gratuitement - les réserves de ces banques (NB : la Banque centrale paye aux
banques un intérêt sur ces réserves qu'elle créé pour elles à la demande ! )44
Les pyromanes ont été récompensés en premier lieu avec l’idée (naïve ou plus?) que ces
récompenses seraient distribuées par une quelconque main invisible à l’ensemble des
économie. Encore une fois la répartition/diffusion n’eut pas lieu, la spéculation et l’appât
43
«Bank lending in the Eurozone: out of ECB control before and after 2008» RWE blog 30/12/2014.
http://rwer.wordpress.com/2014/12/30/bank-lending-in-the-eurozone-out-of-ecb-control-before-and-after2008/
44
cf. Michael McLeay, Amar Radia and Ryland Thomas of the Bank’s Monetary Analysis Directorate, Money
creation in the modern economy. Quarterly Bulletin 2014 Q1, Bank of England, p. 21-24
http://www.bankofengland.co.uk/publications/Documents/quarterlybulletin/2014/qb14q102.pdf
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du gain concentra les flux. Les banques et les institutions financières non bancaires n’ont
pas utilisé l'ensemble de ces nouveaux fonds à bon marché, pour octroyer des crédits aux
particuliers et aux entreprises (notamment pour des investissements productifs). Par un
effet bien connu de hasard moral, elles se sont précipitées pour spéculer encore plus sur
l'achat d'actions, d'obligations d'État, de matières premières, de devises et même
d'immobilier ! Les bulles ont rebondit ainsi que leur instabilité. La situation duale se
caractérise ainsi : une inflation spéculative et une grande sensibilité aux effets
d’annonce (volatilité) pour les marchés d’actifs financiers et des matières premières et
une déflation sur le marché réel.
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