Déchargement, manutention et stockage des armatures
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Déchargement, manutention et stockage des armatures
Fiche Prévention - E5 F 03 13 Déchargement, manutention et stockage des armatures sur les chantiers du bâtiment La manutention d’armatures sur les chantiers du bâtiment est une tâche fréquente, voire quotidienne. Les opérations réalisées avec ces matériaux déformables, lourds et coupants sont diverses et parfois délicates. Cette fiche prévention présente les principales règles à mettre en œuvre lors du déchargement, de la manutention et du stockage des armatures sur les chantiers du bâtiment. Quelques définitions Les armatures sont obtenues à partir d’aciers pour béton armé suite à des opérations de dressage (pour les couronnes uniquement), de coupe, de façonnage et d’assemblage. Les aciers se présentent sous forme de barres de grande longueur (souvent 12 mètres) ou de fils en couronnes : • barres droites lisses : diamètre de 5 à 50 mm ; • barres droites à haute adhérence : diamètre de 6 à 50 mm ; • fils à haute adhérence en couronne : diamètre de 5 à 16 mm. On distingue les armatures « coupées-façonnées » qui sont obtenues par coupe et façonnage des aciers à la demande (en conformité avec les plans d’exécution définis par les bureaux d’études) et les « armatures assemblées » d’un modèle standard, constituées par assemblage des armatures coupées-façonnées sous forme de « cages » ou de « panneaux » et utilisées dans des applications courantes (semelles de fondation, poteaux, linteaux, etc.). Les armatures sont : • soit assemblées en usine, puis livrées sur le chantier ; • soit livrées sur chantier coupées, façonnées, puis assemblées sur le site, à proximité de l’ouvrage ou directement en coffrage. Les armatures sont donc utilisées sur les chantiers et mises en place, sous forme : • soit de barres (droites ou coupées et façonnées en fonction des formes décrites sur les plans d’exécution) ; • soit de treillis soudés (réseaux plans à mailles en général rectangulaires, constitués de fils ou de barres assemblés par soudage et dont la résistance au cisaillement des assemblages est garantie) fabriqués en usine et livrés en panneaux ; • soit d’armatures pré-assemblées en cages ou en panneaux. Principaux risques liés à la manutention et au stockage des armatures Manutention et stockage des armatures peuvent engendrer des risques de : • coupure, éraflure, • perforation, • chute de hauteur lors du déchargement du camion de livraison, • retombée de la charge lors du levage des fardeaux d’armatures, • basculement, renversement d’armatures, • heurt de l’opérateur par le camion de livraison et par la charge lors des manutentions. Guidage d’un camion d’armatures. Sont manutentionnés principalement des : • barres filantes (acier HA ou lisse), • structures façonnées – assemblées, • treillis soudés. Déchargement des armatures sur chantier Les armatures sont livrées sur chantier au moyen de camions spéciaux et sont déchargées soit par une grue auxiliaire montée sur le camion, soit par la grue à tour du chantier. Afin d’éviter le risque de heurt d’un opérateur lors des manœuvres de recul du camion de livraison d’armatures, une personne expérimentée, portant un gilet haute visibilité, devra d’une part indiquer aux personnes situées dans la zone de manœuvre du camion de s’éloigner et, d’autre part, guider le chauffeur. Le personnel effectuant l’élingage et le déchargement des colis d’acier sur le plateau du camion est exposé notamment à des risques de chute de hauteur et de heurt par la charge. Exposition au risque de chute de hauteur. L’utilisation d’un quai de déchargement offre au salarié un moyen d’accès au plateau du camion et une plate-forme de circulation lui permet de s’éloigner des charges lors du levage. Une autre solution de déchargement consiste à charger les armatures en usine dans un panier de manutention spécifique équipé de quatre boucles de levage, auxquelles sont fixées quatre élingues retombantes installées à demeure. L’élingage du panier se réalise depuis le sol et l’ensemble des armatures est déchargé du camion en un seul coup de grue. Les armatures sont en général maintenues entre elles par des fils en acier doux ligaturés appelés « tortillards » ou par des aciers de cerclage soudés. Ces aciers de maintien ne doivent jamais être utilisés pour le levage des colis d’armatures car ils ne sont pas dimensionnés pour cela. Illustration réalisée par Mustang La manutention des armatures lors de leur déchargement du camion ou du panier de manutention est souvent réalisée au moyen d’élingues textiles à usage unique fournies et mises en place sur les colis d’acier par le fournisseur. Quai de déchargement Ces élingues textiles ont une fonction bien spécifique. Elles ont une charge maximale 2 Fiche Prévention - E5 F 03 13 - © oppbtp 2013 Photos DR Principaux matériaux en acier manutentionnés Levage du panier de manutention Tortillards de maintien de barres filantes Photos DR Panier de manutention d’armatures Élingue à usage unique DR Déchargement de treillis soudé avec quatre élingues à usage unique. Levage de barres filantes Une fois le déchargement terminé, les élingues à usage unique doivent être mises au rebut. En prévision de la reprise de manutention des armatures, il est judicieux de poser sous celles-ci des cales en bois qui permettront ultérieurement le passage aisé des élingues de reprise sous les fardeaux. © Xavier Pierre d’utilisation (CMU), une longueur, une position précise sur le colis et un mode d’élingage adaptés à la charge. Leur utilisation permet de : • réduire le temps de déchargement ; • réduire les déplacements de l’élingueur autour du camion ; • supprimer l’utilisation d’élingues inadaptées ou des tortillards d’assemblage. Au cours du levage, elles peuvent avoir été très sollicitées par le poids des paquets de treillis soudé, par les extrémités coupantes des barres filantes ou par la déformation liée à un élingage en cravate, et ne doivent donc pas être réutilisées. Illustration réalisée par Logomotif Levage de barres filantes par élingues-câbles Manutention des armatures filantes sur site L’utilisation des tortillards de colisage pour la manutention étant interdite, la reprise de manutention des armatures filantes se fait en utilisant soit : • deux câblettes métalliques munies de boucles aux deux extrémités et, de préférence, protégées par une gaine PVC sur leur longueur ; • deux élingues plates en sangles textiles. 3 Fiche Prévention - E5 F 03 13 - © oppbtp 2013 Crochets spécifiques pour treillis soudé. Levage de barres filantes par chaînes. L’utilisation directe des élingues-chaînes autour des armatures filantes est à proscrire car le risque de glissement du fardeau d’acier est important, la surface de contact des maillons avec les barres est faible, de même que le coefficient de frottement acier sur acier. Plaque de marquage d’un crochet de levage. La CMU des élingues doit être adaptée au mode d’élingage généralement réalisé en cravate autour des barres. L’angle d’élingage entre les brins d’élingue ne doit pas dépasser 60°. La disposition des élingues sur la longueur des barres vise à rechercher une position d’équilibre du fardeau en tenant compte de l’importante souplesse des armatures de grande longueur. Levage d’un fardeau de treillis soudé avec quatre crochets spécifiques. Photos DR Les câblettes et les élingues textiles, comme tout accessoire de levage, doivent avoir été vérifiées depuis moins de 12 mois par une personne compétente et leur vérification visuelle avant chaque utilisation doit être également réalisée. La position des points d’élingage est située approximativement au quart de la longueur des barres. Manutention des treillis soudés sur chantier La reprise de manutention des treillis soudés se fait en utilisant soit : • quatre câblettes métalliques munies de boucles aux deux extrémités et, de préférence, protégées par une gaine PVC sur leur longueur ; • quatre crochets de manutention spécifiques pour les treillis soudés ; • les quatre brins de l’élingue-chaîne cerclant la totalité des panneaux de treillis soudé jusqu’à la nappe inférieure. L’utilisation d’élingues plates en sangles textiles est déconseillée pour lever les importants fardeaux de treillis soudé, compte tenu de l’effort de cisaillement excessif pouvant être appliqué à la sangle par les fils de la nappe inférieure. La CMU des accessoires de levage doit être adaptée au mode d’élingage. L’angle d’élingage entre les brins d’élingue ne doit pas dépasser 60°. Les accessoires de levage doivent avoir été vérifiés par une personne compétente depuis moins de 12 mois et leur vérification visuelle avant chaque utilisation doit être également réalisée. La disposition des accessoires de levage sur la surface du fardeau vise à rechercher une position d’équilibre en tenant compte notamment de l’importante souplesse des panneaux. La position des points d’élingage est située approximativement au quart de la longueur des panneaux. Manutention des armatures pré-assemblées sur chantier La reprise de manutention des armatures pré-assemblées sur chantier se fait en utilisant soit : • les boucles de levage en acier doux pour les armatures 4 Fiche Prévention - E5 F 03 13 - © oppbtp 2013 Matérialisation de l’aire de stockage. Levage de ferraillage de voile préassemblé. Zone de stockage d’armatures. Mise en place de ferraillage de voile préassemblé. Protection des extrémités de barres filantes. destinées à la préfabrication sur chantier d’éléments en béton armé (poutres préfabriquées, longrines…) ; • des raidisseurs métalliques ou en bois destinés à rigidifier les éléments de grande surface (voiles BA) lors du levage du ferraillage ; • les armatures principales des ouvrages coulés en place (poteaux, poutres) par élingage direct sur les cages préassemblées. Le levage de cages d’armatures de grandes dimensions ou de géométrie dissymétrique peut nécessiter l’utilisation d’un palonnier adéquat. Stockage des armatures sur chantier La zone de stockage des armatures doit être définie précisément sur le plan d’installation de chantier. Elle peut être matérialisée par une signalétique qui en définit la nature et un balisage qui en fixe les limites. Les armatures stockées à plat seront posées sur des calages en bois facilitant la mise en place des élingues sous les fardeaux lors des manutentions de reprise. Rack de stockage de barres filantes. 5 Fiche Prévention - E5 F 03 13 - © oppbtp 2013 Photos DR Levage de ferraillage de poutre préfabriquée. Rack de stockage vertical de treillis soudé avec plate-forme d’élingage à hauteur d’homme. Ne jamais stocker d’armatures sur le toit des bungalows. Photos DR Empilage de panneaux de treillis soudés de différentes nuances. Les extrémités des barres filantes des armatures pré-assemblées qui ne sont pas crossées seront protégées contre le risque de perforation et d’éraflure par des bouchons PVC. Sur les chantiers qui manquent d’espace, il est judicieux de stocker verticalement les panneaux de treillis soudé à l’intérieur d’équipements de travail spécialement conçus à cet effet. Cela évite l’empilage des colis et les inconvénients qui en résultent (recherche de panneaux nécessitant des déplacements de colis, risque de chute de hauteur…). Il existe également des racks de stockage de barres filantes à hauteur d’homme. Équipements de protection individuelle Afin de protéger l’opérateur qui réalise des travaux de déchargement, de manutention et de stockage des armatures sur les chantiers du bâtiment, le port de gants de manutention contre les coupures et éraflures est nécessaire. Les gants tricotés en kevlar possèdent un niveau de résistance élevé contre la coupure et la perforation et permettent une bonne dextérité. On choisira des gants revêtus du marquage CE, conformes à la norme EN 388 et portant le pictogramme « risques mécaniques ». Documents à consulter •Protection des armatures en attente sur les chantiers BTP. Fiche prévention E5 F 01 10. Édition OPPBTP. •Découpe, façonnage et assemblage des armatures sur les chantiers du bâtiment. Fiche prévention E5 F 02 13. Édition OPPBTP. •Protecteurs individuels contre le bruit (PICB). Fiche prévention B7 F 01 12. Édition OPPBTP. •Équipements de protection individuelle – Pour les yeux et le visage. Fiche prévention B7 F 05 11. Édition OPPBTP. •Les gants de protection. Fiche prévention B7 F 06 11. Édition OPPBTP. •Recommandation R441 de juin 2010 de la CNAMTS : « Risques liés à la manutention des armatures métalliques pour le béton armé ». •Recommandation de l’ADETS sur la manutention du treillis soudé. OPPBTP 25, avenue du Général Leclerc - 92660 Boulogne-Billancourt Cedex - 01 46 09 27 00 - www.preventionbtp.fr 6 Fiche Prévention - E5 F 03 13 - © oppbtp 2013