le Papyvore - Conseil départemental de l`Essonne

Transcription

le Papyvore - Conseil départemental de l`Essonne
Le potager de Chamarande en cours de restauration - 2006
En 1739, l’architecte Pierre Contant d’Ivry, sollicité par le comte de
Talaru, nouveau propriétaire du domaine de Chamarande, dessine
un potager situé à l’avant du château, près du village.
Ce potager de deux hectares est créé sur des terres récemment
achetées surplombant le reste du parc et bénéficiant d’un
ensoleillement constant.
le Papyvore
n° 21 - 4 è trimestre 2006
Pierre Contant d’Ivry répartit les cultures en parcelles en forme de
losange : pois, haricots, fèves, artichauts, asperges, choux fleurs,
navets et céréales (blé, avoine, seigle).
Il conçoit un système hydraulique pour l’approvisionnement en
eau : il en reste aujourd’hui le réservoir principal en forme de lyre,
quatre bassins circulaires et un réseau souterrain qui permet à
l’eau de s’écouler vers la Juine, en contrebas.
Le conseil général de l’Essonne a entrepris en 2006
la réhabilitation du potager : les bassins ont été remis en eau ;
les allées redessinées par l’engazonnement des parties
anciennement cultivées, et les abords restaurés.
Centre ressources patrimoine et jardins,
domaine départemental : 01 60 82 57 78/74
Hier, aujourd'hui, demain
les Archives de l'Essonne
ÉDITO
En 2006, le Conseil général de l’Essonne s’est engagé dans la réhabilitation du potager du domaine
départemental de Chamarande.
Six mois de travaux ont été nécessaires à la remise en état du réseau hydraulique, la restitution des allées
et l’aménagement paysager. L’ ensemble des opérations a été coordonné par l’agence Composante Urbaine
qui s’est attachée à rendre visible sur le terrain le tracé original de l’architecte Pierre Contant d’Ivry,
à partir du plan de 1739, - seule source iconographique connue.
Les derniers travaux se sont achevés cet automne, moment propice à la plantation de nombreuses
variétés d’arbres fruitiers qui viendront recouvrir les murs du potager et rythmer les allées.
Ce nouvel espace destiné aujourd’hui à la promenade accueillera dans les années à venir de nombreuses
créations d’artistes et de paysagistes qui animeront ce lieu et feront dialoguer, comme toujours à
Chamarande, le patrimoine et la création.
Patrice Sac
Vice-président chargé de la culture et du tourisme
LES ARCHIVES A VOTRE SERVICE
Créées en 1968, les Archives départementales de l’Essonne ont réuni les documents
provenant des anciennes Archives départementales de Seine-et-Oise (autrefois situées
à Versailles) et intéressant le nouveau département de l’Essonne.
Cette opération a permis de regrouper à
Chamarande (siège des Archives départementales depuis 1999) la quasi-totalité des sources de l’histoire locale.
Les Archives départementales de l’Essonne,
direction du Conseil général, ont en effet pour
missions principales de :
• collecter les archives publiques des administrations et établissements existant dans
le département,
• classer les documents et élaborer des instruments de recherches les décrivant,
• conserver et préserver ces fonds,
• accueillir et orienter le public pour ses recherches en salle ou à distance,
• valoriser les archives par des publications,
des expositions ou des activités pour le
jeune public.
La consultation de documents en salle de lecture est gratuite et ouverte à tous, après inscription (présentation d’une carte d’identité
avec photographie en cours de validité). Le
personnel de la salle de lecture vous oriente
et vous aide dans vos recherches.
11 kilomètres d’archives allant du XIIe au XXIe
siècles, des archives sonores et audiovisuelles, plus de 16 000 livres et 1 000 titres de
presse et des dizaines de milliers d’images
vous attendent !
EDITO ................................................ p.2
Horaires de la salle de lecture
LES ARCHIVES À VOTRE SERVICE ...... p.2
Le lundi de 10h à 18h
Du mardi au vendredi de 9h à 18h
Un samedi par mois
de 9h à 17h :
les samedis 9 décembre 2006
et 3 janvier 2007
MÉTHODE ET OUTILS.......................... p.4
PALÉOGRAPHIE.................................. p.6
EXPOSITIONS...................................... p.10
Archives départementales de l’Essonne
Domaine départemental de Chamarande
Rue Maurice Arnoux
91730 Chamarande
Contact : 01 69 27 14 14
[email protected]
PATRIMOINE LOCAL............................ p.12
PORTRAIT .......................................... p.16
2
DU NOUVEAU AUX ARCHIVES
Du côté des archives...
Les nouveaux fonds entrés aux Archives sont présentés sous forme de notices. La description du fonds et de son intérêt est suivie des éléments suivants : référence (cote d’archives établie suivant le cadre de classement des archives), période (années de production des documents), provenance
(service qui a produit ou versé ses documents aux Archives), nombre d’articles (nombres de dossiers ou de pièces contenus) et typologie des documents. Retrouvez plus de détails en salle de lecture ...
Les Darblay et « Le Journal »
La famille Darblay est un exemple majeur de
réussite industrielle : à l’origine tournée vers le
commerce des grains et la meunerie, elle
acquiert des moulins autour de Corbeil et fonde
la société des Moulins de Corbeil. En 1866, elle
rachète les papeteries d’Essonnes en difficulté.
Elle investit aussi dans la presse en plein essor
et, par l’intermédiaire d’un groupe constitué des
papeteries Darblay, de l’agence Havas et de la
Banque de Paris et des Pays-Bas, reprend en
1925 le Journal, créé par Fernand Xau en 1893
et tirant à un million d’exemplaires.
Le fonds du Journal se compose essentiellement de comptes-rendus des conseils d’administration et d’assemblées générales, de
documents financiers, de correspondance et
de dossiers de contentieux.
Il intéresse en tout premier lieu l’histoire de la
presse mais aussi l’histoire sociale et industrielle de la société.
Référence : 80 J
Période : 1915-1970
Provenance : famille Darblay
Nombre d’articles : 70
Typologie : comptes-rendus de conseils d’administration
et assemblées générales, correspondances, bilans
comptables, journaux de compte, dossiers de
contentieux
La seigneurie de Mesnil-Voisin
à Lardy
Anciennement seigneurie de Mesnil Trasboulle,
puis de Mesnil Cornuel (du nom des propriétaires), elle est rachetée en 1677 par la veuve du
seigneur Voysin et devient alors la seigneurie
de Mesnil Voisin. Les seigneuries de Gillevoisin et d’Itteville lui sont rattachées dans les
années 1710.
Ses différents propriétaires (familles Karnazet,
Vaillant, Duverger, Sabatier, Hérouard, Cornuel,
Voysin) occupent des fonctions importantes
auprès du roi, du XVe au XVIIIe siècle : secrétaire
du roi, intendant des finances, ou même chancelier pour Daniel-François Voysin, qui modernise le château de Claude Cornuel.
A partir de 1717, les propriétaires suivants
(familles de Broglie, de Lignerac, Rougé, Choiseul-Praslin, Polignac et Plessis d’Argentré)
Des ordonnances royales de 1699 confirment les armoiries de la famille Voisin
et de la famille alliée, Trudaine.
héritent de Mesnil-Voisin par les femmes.
Ces archives sont constituées de papiers de
famille, de titres de propriété et de pièces relatives à la gestion des terres.
Ce fonds important permet de connaître toute
l’histoire de la seigneurie de Mesnil-Voisin et
des seigneuries rattachées (Itteville, Gillevoisin, Bouray, Janville, Saint-Vrain, Lardy) et
apporte des renseignements sur la vie quotidienne de ses propriétaires et habitants.
Référence : 27 J
Période : 1213-1944
Provenance : Madame d’Argentré, dont la famille
a été propriétaire du château de Mesnil Voisin
entre 1885 et 1932
Nombre d’articles : 121
Typologie : contrats de mariage, testaments,
correspondances, foi et hommages, titres de propriété,
baux, rentes, pièces comptables, mémoires de travaux,
terriers, plans.
3
Archives notariales
de Lardy
Référence : 2 E/93
Période : 1837-1906
Provenance : Etude notariale
d’Etampes II
Nombre d’articles : 31
Typologie : répertoires et minutes
Archives notariales
de Châlo-Saint-Mars
Référence : 2 E/94
Période : 1806-1906
Provenance : Etude notariale
d’Etampes II
Nombre d’articles : 271
Typologie : minutes
MÉTHODE ET OUTILS
Une administration spécialisée :
les Eaux et Forêts
À partir de 1661, l’administration royale des Eaux et Forêts renforce son contrôle sur toutes les activités liées à l’exploitation des bois,
à la chasse et à la pêche. Il s’agit de préserver et d’augmenter les revenus liés à ces ressources.
Un enjeu stratégique
pour le pouvoir royal
La forêt est capitale pour la vie quotidienne.
Elle fournit des terrains de pâturage et du combustible (chauffage, industries naissantes).
Nombre de personnes vivent à proximité ou
dans la forêt même : paysans, bûcherons,
charpentiers, tonneliers, verriers, etc.
La pression démographique exercée se traduit par un abus d’exploitation et de pâturage,
aggravé par les périodes de guerre.
Il devient donc nécessaire pour le roi d’établir
des règles précises, tant pour les forêts royales que particulières. L'expression « eaux et
forêts » remonte à un édit pris par Louis VI en
1115 sur ces deux matières ; depuis lors, presque tous les rois de France ont pris et publié
des ordonnances dans le but de conserver
l'intégrité de leur domaine et de définir les
modalités d’exploitation, d’amélioration et de
conservation des forêts seigneuriales.
Dès le XIVe siècle, une administration chargée
des « eaux et forêts » encadre l’exploitation
forestière. Mais au XVIIe siècle, la décadence
de cette administration et la surexploitation
des ressources forestières sont à leur comble. Colbert, surintendant des finances et
chargé des questions forestières pour le
royaume à partir de 1661, décide de réformer
le système en gérant mieux et en taxant plus,
afin de construire une flotte royale efficace,
de renforcer les revenus royaux affaiblis et de
sauvegarder les lieux de chasse du roi.
Une administration spécialisée :
les Eaux et Forêts
Colbert organise d’abord en 1661 la réformation des forêts : des réformateurs, sortes d’inspecteurs temporaires, sont nommés pour
interroger les agents chargés de gestion forestière, vérifier les pratiques sur le terrain et la
validité des titres établissant les droits des
usagers, recueillir témoignages et plaintes.
Grâce à ces visites, les techniques se diffusent plus rapidement et s’améliorent.
Cette carte des environs de Paris, datée de 1767, indique l’existence de forêts en Essonne,
malgré le déboisement massif du XVIIIe siècle.
En 1669, Colbert réorganise encore l’administration en créant une juridiction spécialisée,
dans une ordonnance du 13 août 1669, valant
règlement général des Eaux et Forêts : elle
regroupe des lois claires et précises en matière
de forêts, chasse et pêche. Elle fixe également
la compétence de cette juridiction, au civil
comme au criminel.
Cette juridiction comporte trois niveaux :
- Les tables de marbre, tribunaux supérieurs et
juridiction d’appel, veillent à l’exécution de la
réglementation sur les forêts privées et royales.
- Les maîtrises particulières traitent les contentieux de première instance.
- Les grueries royales ou seigneuriales exercent
une juridiction sommaire pour les délits ordinaires.
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Des résultats mitigés
Le produit des forêts augmente dès la fin du
XVIIe siècle, mais les besoins des constructions navales et des forges et les dégâts considérables commis lors des guerres de la
seconde moitié du règne de Louis XIV dévastent les forêts. L’ordonnance de 1669 ne suffit pas. La fin de l'Ancien Régime est ainsi
marquée par le déclin des forêts, la rareté et
la cherté du bois.
Néanmoins, cette préoccupation de conservation de la ressource forestière se maintient
sous les régimes suivants (Empire, Restauration), et se traduit par l’émergence de véritables principes de gestion. L’ordonnance de
1669 ne sera toutefois véritablement remplacée que par le Code forestier de 1827.
MÉTHODE ET OUTILS
La législation mise en place par Colbert au XVIIe siècle doit être
sans cesse renforcée pendant le XVIIIe siècle (ici une sentence
de 1763), face à la surexploitation des forêts.
Les tribunaux des maîtrises des eaux et forêts sont chargés
de rendre la justice pour les questions forestières.
A la fin du XVIIIe siècle, le charbon de terre est peu à peu utilisé
en remplacement du bois devenu rare et précieux
(ici, autorisation d'ouverture d'une manufacture de faïence à Brunoy, 1778).
Outils
Découvrir l’administration forestière
La forêt est présente sur le territoire essonnien, quoique non dominante dans le paysage local.
Les archives la mentionnent de manière souvent indirecte. Outre les cartes des chasses royales (1Fi/45 à 48), on pourra
suivre les conflits et braconnages sous l’Ancien Régime en série B (tribunal des eaux et forêts) et en série L à la période
révolutionnaire, et les problèmes de vaine pâture au XIXe siècle en sous-série 20. Les coupes de bois sont plutôt évoquées
en série A (pouvoir royal), pour l’Ancien Régime 1Q (domaines nationaux) pour la période révolutionnaire, 7M (forêts de
Seine-et-Oise) ou 2O (administration communale) pour la période 1800-1900, sans oublier les nombreux baux et ventes
disponibles dans les séries E et 2E (fonds notariés), du XVIe siècle au XIXe siècle. Les fonds de la direction départementale de
l’agriculture et de la forêt offrent surtout des enquêtes, à consulter en série W pour la période 1950-1990.
Le site internet de l’Office national des forêts (ONF, http://www.onf.fr) complètera utilement toute recherche contemporaine.
Cet établissement public à caractère industriel et commercial, créé en 1966 et placé sous la tutelle des ministères de
l’agriculture et de l’environnement, a pris la suite de l’administration des Eaux et Forêts. Il gère actuellement 12 millions
d’hectares de forêts.
Il est impossible de citer ici tous les ouvrages traitant de la forêt. Deux outils utiles toutefois :
Les Eaux et forêts du XIIe au XXe siècles. - Paris : Ed. du CNRS, coll. Histoire de l'administration française, 1987.
[Un ouvrage de synthèse offrant un panorama global].
ORNATO, Monique. - Dictionnaire des charges, emplois et métiers relevant des institutions monarchiques en France aux
XIVe et XVe siècles. - Paris : CNRS, 1975. [Ouvrage très précieux permettant de connaître la fonction et la position
hiérarchique d’un officier royal. Quelques exemples : gruyer (juge les délits forestiers en premier instance), banneret
(homme d’armes noble ayant droit de porter un drapeau) ou encore physicien (donne des soins aux blessés d’une
troupe occasionnelle)].
5
PALÉOGRAPHIE, l’histoire de nos écrits
Le terme paléographie vient de « paleo » (ancien) et « graphie » (écriture). Cet exercice a pour but de vous entraîner à lire les écritures d’autrefois
et de vous faire découvrir des textes inédits. Les rubriques « le mot de l’archiviste » et « le regard de l’historien » vous permettent de situer le texte
dans son époque et dans les archives. Les questions qui accompagnent la reproduction du document vous aident à mieux entrer dans le texte
et à cerner la spécificité de l’écriture. Bonne lecture, la correction est en page 9.
Cas n°21 :
Coupe de bois en forêt d’Yerres (1593). Niveau 3
(niveau 1 : débutants. 2 : moyens. 3 : confirmés)
Le mot de l’archiviste
La série A regroupe les actes du pouvoir souverain, c'est-à-dire les édits, lettres patentes, ordonnances mais aussi les archives du
domaine royal et des apanages (portion du
domaine royal accordée aux cadets de la
Maison de France en compensation de leur
exclusion de la couronne).
Pour l’Essonne, il s’agit essentiellement du
fonds du domaine de Corbeil et de celui du
duché-pairie de Brunoy, constitué par la réunion des marquisats de Brunoy et de Grosbois.
On y trouve des inventaires de titres, des
actes de foi et hommage, des aveux et dénombrements, des terriers de seigneuries dépendantes, des procédures et des plans.
La cote A/1115 concerne les ventes de diverses coupes de bois par le seigneur d’Yerres.
Cet extrait montre les modalités d’une vente
de bois qui ont pour but de protéger les intérêts des deux parties, mais aussi ceux de la
forêt. Certaines expressions (comme «à tire
et à aire», «sans remplage») sont propres aux
métiers du bois et se retrouvent dans les dis-
Les atlas sont des recueils de cartes. Ici, cet atlas est spécialisé : les plans signalent les coupes
de bois de la seigneurie de Mesnil-Voisin au début du XIXe siècle.
positions de l’ordonnance des Eaux et forêts
de Colbert en date de 1669. Elles constituent
la principale difficulté du texte. L’ écriture de
la fin du XVIe siècle se caractérise notamment
par les lettres plongeant sous la ligne d’écriture (h, m, n, x), par la lettre v commençant au
dessus de la ligne d’écriture et la forme du y.
Les pluriels sont souvent indiqués par un z.
Le regard de l’historien
Qu’est ce qu’une tutelle ?
La tutelle est une procédure qui permet de
protéger les mineurs et leur patrimoine foncier et immobilier, dans le cas du décès des
deux parents. Peu courante au Moyen-Âge,
elle se généralise à partir du XIVe siècle et devient le procédé normal d’administration des
biens des mineurs à partir du XVIe siècle.
La tutelle est une procédure civile : elle est
prononcée par décision de justice (juridic-
tion gracieuse), sur demande du conseil de
famille qui désigne un tuteur chargé de représenter le mineur. Il reste en charge jusqu’à
ce que le juge et le conseil de famille décident de la fin de la tutelle. Il ne peut refuser
la fonction qu’on lui propose. Son mandat est
gratuit et il doit rendre un compte financier
de son exercice de tutelle.Il ne faut pas
confondre la tutelle avec la curatelle, qui permet d’assister certains majeurs protégés par
la loi en raison de déficiences physiques ou
6
psychiques, même si les termes sont parfois
utilisés l’un pour l’autre jusqu’au XVIIIe siècle.
MARTIN Olivier, Histoire de la coutume de
la prévôté et vicomté de Paris, Tome 2, Paris,
1930. 8°2178. Accès libre en salle. [Tutelles
et curatelles sont définies dans le droit des
familles et des personnes].
OURLIAC Paul et MALAFOSSE Jean (de),
Histoire du droit privé, Tome 3, Le droit familial, Paris, coll. Thémis, PUF, 1968. 16° 165.
PALÉOGRAPHIE
[... ]
[... ]
7
PALÉOGRAPHIE
8
PALÉOGRAPHIE
Observez l’abréviation de « contrainte », ligne 11
(on l’appelle « neuf tyronien »).
1- Se familiariser avec l’écriture
Comparez les «et» précédant «garde» et «chastellenye», lignes 2 et 3.
Repérez les écritures différentes de la lettre « r » selon sa place, par
exemple dans « procureur » et « roi », lignes 2 et 7.
4- Découvrir l’ancien français
Transcrivez en français moderne le mot « recongnoist », ligne 12.
Transcrivez en français moderne le mot « terrouer », ligne 17.
Transcrivez en français moderne « treuvent », ligne 38.
Comment s’écrit le mot « néanmoins », ligne 39 ?
2- Dessiner les lettres
Le « y » minuscule de « bailly » ligne 2.
Le « q » minuscule de « que » ligne 4.
Le « v » minuscule de « vente » ligne 48.
Le « s » de « surquoy » ligne 50.
5- Comprendre le texte
De quand date ce document ?
A quel titre est présent Charles le Presvost ?
Qui sont les acheteurs ?
Quels sont les différents lieux décrits par ce texte?
Combien les acheteurs ont-ils payé pour leur bois ?
3- Repérer les abréviations
Retrouvez les abréviations des mots « messire » et « maître »,
lignes 6 et 8.
Retrouvez l’abréviation de sieur, lignes 41, 43, 50.
Correction
A/1115. Extrait de la vente de coupe de bois à Yerres à Jean Huet et Claude Boursault, marchands (1593).
brain19 sy tant s’en treuvent ou sur souches en chacun arpent et sans qu’ilz puissent toucher
1
A tous ceulx qui ces presentes lectres verront, Nicolas
38
2
de Laudelle, procureur ou chastellet de Paris, bailly et garde de la
39
aux arbres fruictiers soict au brain ny a la souche. Pourront neantmoings lesdictz
3
justice, baillaige et chastellenye1 pour les seigneurs dudict lieu, salut.
40
achepteurs faire souches sans esclatter20 a peyne21 des dommaiges et interestz
4
Scavoir faisons que par devant Loys Bruyant, substitud commis pour l’absence2
41
dudict sieur vendeur oudict nom, lesquels dommaiges et interestz ont esté presentement
5
de Maugin d’Evreux, clerc tabellion jure3 audict baillaige et chastellenye d’Yerre,
42
licquidez22 par lesditz, vendeur et achepteurs a ung quart d’escu pour chacun pied
qui se trouvera esclatté, et oultre, a permis ledict sieur vendeur ausdictz achepteurs
6
fut presant en sa personne noble homme messire Charles Le Presvost, conseiller
43
7
du roy en sa court de parlement, seigneur de Malassis ou nom4 et comme
44
de pouvoir eslaguer les anciens baliveaux de la haulteur de la coignée23, a
8
tuteur des enfans myneurs de feu5 noble homme et saige messire Dreux Budé,
45
commencer a faire coupper par lesdictz achepteurs incontinant24 apres les festes
9
en son vivant aussy conseiller, notaire et secretaire du roy, maison et couronne
46
de Toussaintz passée, et auront temps de coupper jusques a la my may
10
de France, seigneur chastellain d’Yerre, lequel de son bon gré, pure, franche
47
prochaine et vuidange25 jusques au jour et feste de Noel apres
11
et liberalle volonté sans contraincte aucune, si comme il disoit6, recongneut et
48
ensuivant ladicte couppe. Ceste vente faicte pour le pris
12
confessa, et par ces presentes recongnoist et confesse avoir vendu, ceddé, quicté
49
et a la raison26 de quatre escus et demy escu sol27 pour chacun arpent
13
et transporté, vend, ceddé, quicté et transporté a Jehan Huet, marchant
14
demourant a Crosne, et Claude Boursault, marchant demourant a
15
Yerre, aussy a ce présans, ce acceptans pour eulx, leurs hoirs7 et ayans cause,
16
c’est assavoir la couppe et tonture8 des pièces de boys cy après declairées
17
scituées au terrouer d’Yerre : la première piece vulgairement dicte le carrefour
18
de Paris, tenant9 d’une part aux couppes des boys appartenans aux héritiers
19
du feu seigneur de Villiers, seigneur en partye dudict Yerre, d’aultre au chemyn
20
tendant d’Yerre a Vallenton, abboutissant d’un bout au chemyn de la Muette
50
qui se trouvera couppé, sur quoy ledict sieur vendeur a confessé et confesse
51
avoir eu et receu desdictz achepteurs qui luy a este payée, comptée et
52
nombrée contant28 en la presance du tabellion et tesmoings soubzsignez la
53
somme de cent escus dix29 sol, et pour le surplus de ce qui se trouvera
54
couppé, a esté accordé entre lesdictes partyes que lesdictz, boys couppez
55
seront mesurez et arpentez aux fraiz communs d’icelles partyes dedans
56
la huictaine apres la couppe faicte par ung mesureur et arpenteur juré dont
57
elles conviendront, et où30 elles n’en pourront convenir, le sieur bailly d’Yerre ou son
21
a Villeneufve Sainct Georges, d’aultre a la couppe faicte l’annee derniere
22
par Martin Jacquin, marchant demourant a Soisy sur Seyne et a la
58
lieutenant en nommera ung d’office pour faire ledict mesuraige et arpentaige,
23
couppe dicte la fosse au cocq ; [...]
59
lequel faict, sera ledict vendeur payé incontinant a ladicte raison de quatre
31
[...] Lesdictes couppes de boys en l’estat
60
escus et demy escu sol pour arpent, la somme de cent escus cy dessus
32
qu’elles sont de presant, que lesditz achepteurs ont dict bien scavoir pour les avoir
61
mentionnée, precomptée, et oultre, a esté accordé par ledict sieur vendeur
33
veues et visittées depuis peu de jours en ça10 et sans remplaige11, fors12 pour les
34
13
mares anciennes qui se trouveront esdictz boys, pour lesquelles sera faicte dyminution
62
achepteurs qu’ilz pourront abattre ung chesne en chacun des arpens
35
pour arpent14, a la raison15 qui sera dicte cy apres pour coupper iceulx boys a tire et
63
couppez et non plus [...]
36
ayre16, a la mesure et suivant l’usaige et forme de couppes accoustumee ès et
[ajout dans la marge :
boys de ladicte
le dix neufiesme octobre 1594 j’ay faict compte avec lesdits Huet et Boursault
chastellenye d’Yerre, a la charge17 touteffois des anciens baliveaux18 et de huit jeunes de
de ladicte vente et sommes demeurés quittes]
37
ausdictz
1 : circonscription administrative et judiciaire - 2 : nommé en l’absence - 3 : le tabellion garde les minutes (originaux des actes) et délivrent les grosses (copies des actes).
Il est dit juré car il fait partie d’une corporation professionnelle unie par un serment. Jusqu’en 1597, les métiers de notaire, tabellion, garde note (gardien des minutes des notaires décédés) sont bien distincts - 4 : au nom de - 5 : défunt - 6 : ainsi qu’il disait - 7 : héritiers - 8 : sens ancien d’élagage - 9 : attenant - 10 : avant - 11 : sans remplage c'est-àdire sans remplacement des places vides trouvées dans les coupes de bois. L’ordonnance des eaux et forêt le défendra d’ailleurs - 12 : excepté - 13 : sera déduit - 14 : entre 30
et 50 ares soit environ 5000 m2 pour l’arpent royal - 15 : à la condition - 16 : en coupant entre les lisières ou les parois marquées - 17 : exception - 18 : jeune arbre non ébranché pour croître en futaie - 19 : jet de bois ; quand on coupait les taillis, les brins les plus hauts et les plus droits étaient laissés pour venir en futaie - 20 : sans les éclater 21 : sous peine - 22 : au sens de régler - 23 : cognée (grosse hache) - 24 : tout de suite - 25 : vendanges - 26 : en proportion de - 27 : écu soleil (monnaie d’or) - 28 : comptant 29 : lecture incertaine - 30 : au cas où.
9
EXPOSITIONS
Richesses du bois,
ouvriers et artisans au XVIIIe siècle
Nombreux sont les métiers liés à la forêt au XVIIIe siècle. Plusieurs participent de la chaîne de production du bois utilisé dans l’habitat :
en amont, les bûcherons, scieurs de long et transporteurs ; en aval, les menuisiers et charpentiers. Tous apprennent le métier solidement
encadrés par le système d’apprentissage ou de compagnonnage.
L’ouvrier ou la transformation
du bois
Selon les essences, il faut compter de 60 à 220
ans pour obtenir un arbre prêt à la coupe. Une
bonne gestion du marquage est donc indispensable : le marquage est obligatoire pour tous les
arbres, leur donnant ainsi une destination précise, coupe ou mise en réserve. Chaque acteur a
une marque spécifique, répertoriée au tribunal
de la maîtrise. Le garde-marteau est seul dépositaire de la marque royale (marteau royal).
Lorsque l’arbre a atteint sa maturité, le bûcheron
doit l’abattre à la cognée sans abîmer le tronc ni
les arbres environnants. Il coupe les branches de
sorte que seul le tronc demeure (grume).
Les terrains forestiers, souvent irréguliers et
humides rendent l’acheminement du bois difficile. Le bouvier ou le charretier débarde l’arbre par traction animale.
Le flottage sur rivière est aussi utilisé depuis le
XVIe siècle : ainsi Paris est-elle alimentée en
bois de chauffage venu du Morvan par la Seine.
L’approvisionnement local reste cependant privilégié, compte tenu du prix élevé du transport.
Faute de pouvoir être confié à une scierie actionnée par un moulin à eau, l’arbre est débité sur
place par les scieurs de long, en tronçons (billes), coupés en billons puis séchés à l’air libre et
sous abri pendant plusieurs années. Lorsqu’il a
perdu plus de la moitié de son poids, le bois est
transformé en poutres, madriers ou planches.
Maître et apprenti, ou la transmission d’un savoir-faire unique
Apparue au XIe siècle pour désigner une association de marchands, l’expression « corps de
métiers » devenue plus tard « corporation »
désigne un regroupement de personnes exerçant le même métier.
Hiérarchisés en plusieurs catégories (maître,
compagnon et apprenti), ces métiers sont
réglementés par des statuts. L’apprenti, généralement enfant, est placé par ses parents
sous la responsabilité d’un maître chargé de
lui transmettre son savoir-faire. Un contrat
notarial précise les droits et devoirs de chacun.
Le système corporatif prend fin par une loi de
l’Assemblée nationale en 1791 (loi Le Chapelier),
mais le statut d’apprenti demeure.
L’apprentissage du métier s’effectue sous les
ordres d’un maître, souvent au sein d’un
atelier (atelier de menuiserie, Encyclopédie
Diderot et d’Alembert, XVIIIe siècle).
Organisation ouvrière fondée sur l’aide
mutuelle et la formation professionnelle, le
compagnonnage s’étend dès le Moyen-Âge.
L’apprenti effectue un « tour de France » pour
apprendre les différentes techniques utilisées
dans les provinces, dans le but de réaliser un
chef-d’œuvre et de devenir compagnon.
Dans les grandes villes, une famille d’accueil
le reçoit et l’aide dans ses démarches.
Le compagnonnage survit aux mesures prises
contre les associations d’ouvriers en 1791. Il
possède certains points communs avec la
franc-maçonnerie, notamment les grades
d’apprenti, de compagnon et de maître, mais
ne doit pas être confondu avec celle-ci.
L’artisan ou la création : l’œuvre
Le charpentier édifie l’ossature du bâtiment. Il en
calcule, dessine et assemble tous les éléments à
l’aide de tenons et mortaises, de chevilles et de
clous. Il choisit le plus souvent les bois pour leur
résistance aux insectes, comme le châtaignier,
leur grande solidité, comme le chêne, ou leur
prix moins élevé comme le pin ou le sapin.
L’arbre est débité par les scieurs de long
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EXPOSITIONS
Le menuisier fabrique des tables, fenêtres, portes, armoires, étagères, lambris et parquets à
partir de planches de hêtre, épicéa, pin sylvestre, peuplier, châtaignier ou merisier.
Les outils de transformation du bois utilisés au
XVIIIe siècle, n’ont guère changé du Moyen-Âge à
nos jours ; beaucoup sont communs aux deux
professions.
Le sculpteur travaille le bois pour l’orner de
décorations. Il emploie la hache, le ciseau, la
gouge, le burin et le marteau. Il préfère les bois
feuillus : hêtre, érable, peuplier, tilleul dont la partie centrale, appelée «bois parfait», d’une texture très dense, est plus adaptée à la sculpture.
Le peintre-doreur donne au bois l’apparence
de l’or massif, mettant ainsi l’ultime touche de
finition. De fines feuilles d’or sont appliquées
selon diverses techniques et en plusieurs étapes : l’apprêt, la reparure, l’encollage jaune, l’assiettage, la dorure, le brunissage et la patine.
Ces opérations relèvent d’une grande habileté et
s’effectuent à l’aide d’un outillage particulier.
Les doreurs recouvrent de feuilles d’or tous types de cadres (atelier de doreur, Encyclopédie
Diderot et d’Alembert, XVIIIe siècle).
Les doreurs interviennent aussi dans la décoration de moulures et autres boiseries (salon blanc du château de Chamarande).
A voir aux Archives !
18 janvier- 15 mars 2007
Architecture du béton en Essonne : Auguste Perret et ses élèves :
Auguste Perret (1874-1954), figure de l’architecture contemporaine, a utilisé le béton à la manière de la pierre. De nombreux édifices et ensembles
urbains témoignent de son œuvre, notamment la reconstruction du centre-ville du Havre inscrit en 2005 au Patrimoine de l’humanité par l’Unesco.
En Essonne, à partir de 1948, il travaille à la réalisation du centre d'études nucléaires de Saclay.
L’exposition permet de découvrir le Commissariat à l’énergie atomique à Saclay, mais aussi de mieux connaître les origines et les applications du
béton, matériau méconnu. Elle évoque également les élèves de Perret qui ont laissé leur empreinte dans notre département, comme par exemple
Guy Lagneau, qui a conçu le Palais de justice et la préfecture d’Évry.
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PATRIMOINE LOCAL
Le patrimoine essonnien est très varié : de type industriel, religieux, scientifique ou encore artistique, il doit être protégé et valorisé.
La Conservation des antiquités et objets d’arts (CAOA) est un service dirigé, en Essonne, par la directrice des Archives départementales. Quatre
pages du Papyvore présentent l’actualité de ce domaine et un dossier de fond consacré au patrimoine mobilier.
Quelques bases de données
sur le patrimoine
La Conservation des antiquités et objets d’art
de l’Essonne contribue, à l’instar des autres
CAOA, à enrichir les bases de données documentaires nationales : ainsi, ses données concernant le patrimoine mobilier essonnien, et
notamment les objets classés monuments historiques, sont inventoriés dans la base Palissy.
Cette base, gérée par le ministère de la Culture
(direction de l’architecture et du patrimoine),
regroupe l’ensemble des informations disponibles sur les objets mobiliers français. Les recherches s’effectuent par critère géographique, type
d’objet ou technique.
(http://www.culture.gouv.fr/documentation/pali
ssy/accueil.htm).
D’autres bases de données existent, plus particulièrement sur le patrimoine architectural :
La base Mérimée recense le patrimoine immobilier français. Un accès par thématique (jardins, patrimoine industriel, phares, etc...), par
type de bâtiments, par auteur ou par département géographique est proposé.
(www.culture.fr/documentation/merimee/
accueil.htm).
La base Archidoc permet des recherches sur le
patrimoine architectural des XIXe et XXe siècle
par architecte ou par zone géographique.
(www.culture.fr/documentation/chastel/
pres.htm).
La base Mémoire permet d’interroger un
catalogue d’images issues des fonds de la
médiathèque de l’architecture et du patrimoine et des services régionaux de l’inventaire général, des monuments historiques
et de l’archéologie.
Les recherches se font par thématique, par
type d’objets ou d’édifices, origine géographique. Les documents illustrent des thèmes
variés : architecture civile et religieuse, patrimoine mobilier, expositions universelles, événements, reportages, portraits de célébrités
et d'anonymes, etc.
(http://www.culture.gouv.fr/documentation/
memoire/pres.htm).
La signature du mobilier : l’estampille
Empreinte attestant de l’authenticité d’un meuble, l’estampille est devenue une pratique courante pour les menuisiers et ébénistes au XVIIIe
siècle et l’équivalent de leur signature. L’estampille marque aussi une histoire d’une dynastie,
comme celle des Jacob dont le château du Marais,
en Essonne, possède des fauteuils estampillés.
L’estampille : la signature
des maîtres menuisiers
Jusqu’au XVIe siècle en France, les maîtres
menuisiers et les maîtres tapissiers parisiens
s’opposent dans de nombreux procès : les
premiers dominent le marché de la fabrication des meubles, et les seconds, celui de la
commercialisation.
Un arrêt du Parlement de Paris en date du 5 décembre 1637 oblige les tapissiers à ne vendre que des
meubles marqués, provenant exclusivement des
maîtres menuisiers. « Ordonne que chascun
maistre menuisier seroit tenu de marquer de sa
marque particulier tous les ouvrages ... et insérer ladite marque en une table de plomb qui restera dans la chambre du subsitut de nostre
procureur général du Chastellet ».
L’origine de l’estampille s’explique par la volonté
des menuisiers de personnaliser leur produit et
La menuiserie et l’ébénisterie :
leurs différences
de faire respecter leurs droits, en particulier le
monopole de la fabrication ; c’est aussi un moyen
de publicité qui permet à l’acheteur de retrouver le fabricant et d’éviter les intermédiaires
dans des tractations futures.
L’usage de l’estampille se répand au début du
XVIIIe siècle. En 1743, la communauté ou jurande
des menuisiers ébénistes établit ses statuts
dans lesquels est inscrite « la confirmation de
l’obligation d’estampiller son ouvrage» (art. 36).
Le Parlement les enregistre en 1751 : le métier
de menuisier est désormais distingué de celui
du sculpteur.
L’estampille se compose généralement du nom
de l’artisan auquel peut s’ajouter une initiale,
une fleur de lys ... Son emplacement est variable : sur le montant du dossier, sous ou sur la
traverse d’un siège, par exemple.
La loi Le Chapelier 1791, en supprimant les corporations, supprime l’estampille, mais certains
menuisiers ou ébénistes en perpétuent l’usage.
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La menuiserie est un ensemble de
techniques d’assemblage de plusieurs
pièces de bois pour la construction d’un
objet mobilier.
L’objet est de taille assez petite, en
opposition aux ouvrages de charpentes.
Le décor est fait par un sculpteur.
Le terme « ébénisterie » apparaît dans le
dictionnaire au XVIIIe siècle. Il est issu de
la menuiserie mais il fait appel à des
techniques complémentaires :
la marqueterie (assemblage décoratif de
pièces de bois précieux), le placage
(application d’une pièce de bois précieux)
et la tabletterie (travail du bois, de l’os ou
de l’ivoire pour la fabrication de jeux).
Le meuble réalisé est composé d’un bâti
en menuiserie, sur lequel on applique des
feuilles de bois rares, qui le dissimuleront
entièrement.
PATRIMOINE LOCAL
Georges Jacob à l’origine
d’une dynastie d’artisans
Apprenti menuisier venu à Paris en 1755,
Georges Jacob (1739-1814) effectue son stage
de compagnon chez Louis Delanois, fournisseur de la comtesse du Barry et promoteur du
style néo-classique, qui exerce sur lui une
influence considérable. Reçu maître en 1765,
il monte sa propre affaire et installe son atelier rue Meslée à Paris.
Dès 1773, Georges Jacob est sollicité par le
« garde meuble » du roi pour lequel il travaille
jusqu’à la Révolution. Il devient le plus célèbre menuisier en sièges du XVIIIe siècle français et compte parmi sa clientèle les principaux
membres de la famille royale : la commande
du comte d’Artois est ainsi à l’origine du fau-
teuil dit « à la d’Artois ». Georges Jacob signe
une estampille dans laquelle l’initiale du prénom « G » est séparée du nom « Jacob » par
une fleur de lys.
La Révolution l’oblige à limer les côtés de la
fleur de lys, laissant apparaître un losange.
C’est ainsi qu’il marque ses meubles à la fin
du XVIIIe siècle. De 1803 à 1813, il utilise avec
son fils, François Honoré, l’estampille « Jacob
D.M. Rue Meslée », dans laquelle est indiquée
la localisation de l’atelier familial.
Par la suite, le petit-fils de Georges Jacob
reprend l’estampille « Jacob » en supprimant
l’initiale « G ». Ainsi, grâce à ces deux modifications, l’estampille de Georges Jabob pérennise le talent d’une dynastie qui travailla sous
les règnes de Louis XV à Louis XVIIII.
Différentes estampilles de la famille Jacob.
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Manière de graver les ornements
de marquetterie
PATRIMOINE LOCAL
Le château du Marais,
de style Louis XVI
abrite aujourd’hui un musée
dédié à Talleyrand.
Le parc de 40 ha
se visite également.
Le château du Marais
et son salon bleu
Madame de La Briche, propriétaire du château
du Marais au Val-Saint-Germain à la fin du XVIIIe
siècle, y tient un salon estimé de la meilleure
société parisienne. Elle offre à son auditoire
des représentations théâtrales et des lectures publiques. Elle fait concevoir le mobilier de
son château par des maîtres menuisiers et
fait appel à Georges Jacob pour son salon bleu
(fauteuils, bergères, canapé).
Pour ce salon, Georges Jacob allège la structure des sièges en adoptant un dossier ovale
ou arrondi et utilise l’acajou, bois exotique précieux réservé jusqu’alors aux ébénistes.
Ce style Louis XVI se caractérise par la
sobriété face au galbe et courbes légères du style Louis XV. Les pieds sont droits,
les ornements classiques (en cannelures
ou en frises) ou plus légers (rubans ou
guirlandes).
Fauteuil du salon bleu
du château du Marais
dit fauteuil à la d’Artois.
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PATRIMOINE LOCAL
Le bois : quelques utilisations
au XVIIIe siècle
• bouleau : bois léger, propre à faire des
cercles ou paniers, balais
• châtaignier : charpentes, cercles,
cuves, perches pour treilles ...
• chêne : maisons, vaisseaux
• hêtre : planches, poteaux,
ouvrages de boisselier, bourrelier,
sellier (pelles, sabots)
• noyer : meubles, planches, planches
de carrosse, teinture
• orme : allées dans les jardins et
avenues, charronnerie (essieux,
jantes, brancards)
• poirier : buffets
• tilleul : cordes de puits avec l’écorce
Outils nécessaires
à l’ouvrage de marqueterie.
Contact
Laurence Mayeur : 01 69 27 14 14
À LIRE OU À CLIQUER
Les références données sont celles des Archives départementales de l’Essonne.
POUR LE MOBILIER
GKJELLBERG Pierre. - Le Mobilier français du XVIIIe siècle, dictionnaire des ébénistes et des menuisiers. - 1998. - 4°/2179
LE PRAT Guy. - Jean Nicolay, l’art et la manière des maîtres ébénistes français au XVIIIe siècle.- 1959. - 4°/400.
SCHEURLEER Lunsingh. - Pierre Gole, ébéniste de Louis XIV. - Faton Eds. - 2005.
VERDIER Roger. - Les Bois sculptés du XVe au XXe siècles : savants et populaires. - 1987. - 4°/1684.
POUR LE CHÂTEAU DU MARAIS
ZURICH, Pierre comte de. - Une Femme heureuse : Madame de La Briche (1755-1844), sa famille, son salon, le château du Marais.
Paris : E. de Boccard, 1934. - 4°/440.
Au château du Marais : De Sully à Malraux. - s.l. : Pays d'Yvelines, de Hurepoix et de Beauce, n° 16, 1972. - GBR 1593.
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PORTRAIT
Alphonse Daudet (1840-1897),
un écrivain méridional en Essonne
Un Nîmois venu à Paris :
Alphonse Daudet
Alphonse est né à Nîmes en 1840, dans une
famille de commerçants et de fabricants de
soies. La crise de 1840 déplace vers Lyon l’industrie et le commerce de la soie. En 1857, la
famille est totalement ruinée, Alphonse qui a
17 ans, devient « surveillant » au collège d’Alès.
Les études d’Alphonse sont ponctuées de fugues.
Monté à Paris, il y mène la vie de bohème.
Daudet confie ses premiers écrits à des journaux qui les publient sous forme de feuilletons. Grâce aux relations de son frère Ernest,
il est très vite admis dans les salons littéraires. Ce « jeune écrivain assez doué, l’auteur
de ces Lettres de mon moulin dans L’Evénement [...] » rencontre Julia Allard, qu’il épouse
en 1867 et dont il aura trois enfants.
Alphonse est un écrivain très productif.
En 1868, l’éditeur
Hetzel fait paraître
« Le Petit Chose ».
Après le succès
de « Fromont le
jeune et Risler
l’aîné », Alphonse
est célèbre dans toute
l’Europe.
Alphonse Daudet jeune par Nadar
Alphonse Daudet s’installe avec sa famille dans l’ancienne maison du peintre Delacroix
à Champrosay.
Entre 1876 et 1880, Alphonse enchaîne
romans et articles pour la « Revue de SaintPétersbourg ».
L’Essonne, un lieu d’inspiration
pour Daudet
Après leur mariage, les Daudet résident au
château de Vigneux-sur-Seine, propriété du
grand-père de Julia. La famille s’installe ensuite
en location dans l’ancienne maison du peintre Delacroix à Champrosay. Daudet écrit
« Nous sommes à cinq lieues de Paris, aux
bords de la Seine et contre la forêt de
Sénart..[...]Paris qui est à une demi-heure en
chemin de fer. »
Les Allard achètent en juillet 1870 une grande
maison à Champrosay. Les Daudet y reçoivent leurs amis dès 1871. En 1887, Alphonse
Daudet achète sa propre maison. La forêt de
Sénart est propice aux visites amicales :
Maupassant, Renoir, Gambetta, Zola, Paul
Féval le romancier, Massenet le musicien...
Tous les invités s’appliquent à louer l’accueil
des Daudet, la qualité de leur écoute et la
convivialité de leur table.
L’œuvre littéraire de Daudet s’inspire très largement de situations vécues. Dans le roman
« Jack », le héros, Raoul Dubief est un jeune
homme qui vivait près de la forêt de Sénart
en 1868. Un autre personnage est inspiré par
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le docteur Rouffy, célèbre à Draveil. « La Petite
Paroisse » a pour cadre la banlieue comprise
entre Boissy-Saint-Léger et Corbeil. L’action
de « Robert Helmont », roman inspiré par la
guerre de 1870, se déroule aussi dans les
environs de Draveil.
Pour en savoir plus
Association des Amis d’Alphonse Daudet
(Fontvieille, Bouches-du-Rhône)
et association Maison d’Alphonse Daudet
de Draveil. La maison se visite le dimanche
de 14 à 19h, au 33, rue Alphonse Daudet
à Draveil-Champrosay.
Notice détaillée disponible sur demande.
Contact : Claudine Michaud
Directeur de la publication :
Michel Berson
Directeur de la rédaction :
Frédérique Bazzoni
Coordination : Aude Garnerin
Rédaction : Laurence Mayeur,
Claudine Michaud, Marie-Paule Guérif,
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Photographies : Yves Morelle, Lisbeth Porcher
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