Climate finance regional briefing: sub-Saharan Africa

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Climate finance regional briefing: sub-Saharan Africa
NORTH AMERICA
FINANCE
Note 7
Fondamentaux du
Financement Climatique
Texte de Smita Nakhooda, Alice Caravani
et Neil Bird, de l’Overseas Development
Institute et Liane Schalatek de l’Heinrich
Böell Stiftung
Novembre 2011
www.climatefundsupdate.org
Afrique subsaharienne
Aperçu général
L’Afrique subsaharienne, qui contribue le moins à
l’accumulation mondiale des émissions de gaz à effet
de serre, est la région la plus vulnérable aux incidences
du changement climatique. Le total des coûts estimés
de l’adaptation de l’Afrique au changement climatique
représente au moins 18 milliards $ par an d’ici à l’année
2030 et le financement actuel est loin de satisfaire à ces
attentes. Plusieurs acteurs sont engagés en faveur de
l’adaptation, de l’atténuation et des activités REDD dans
la région, même si les projets d’atténuation dominent les
activités en cours. L’Afrique du Sud est au premier rang
des régions bénéficiaires du financement climatique, avec
près de 400 millions $ dirigés principalement vers les
projets d’atténuation. Une part relativement modeste du
financement climatique mondial atteint les pays d’Afrique
subsaharienne, en particulier les plus pauvres d’entre
eux. Les populations les plus démunies de la région, et
donc les plus vulnérables, ont reçu peu d’aides à ce jour.
Le principal obstacle aux investissements concerne les
coûts de transaction des projets à petite échelle, lesquels
sont souvent nécessaires pour les régions les plus
pauvres, ainsi que la difficulté de concevoir et de mettre
en œuvre ces programmes en assurant leur durabilité et
leur duplication financières. Les subventions du secteur
public joueront un rôle crucial dans la réalisation des
co-bénéfices environnementaux, développementaux
et sociaux des actions climatiques, lesquels incluent
l’égalité des sexes.
1
2
L’Afrique subsaharienne contribue le moins à
l’accumulation mondiale des émissions de gaz à
effet de serre puisque moins de 4 % des émissions
mondiales de CO2 sont originaires du continent
africain. Elle est en revanche plus vulnérable aux
incidences du changement climatique que toute
autre région. Il existe en particulier une interaction
dangereuse entre le changement climatique, la
production alimentaire, les cours des denrées et
les conditions météorologiques extrêmes, lesquels
peuvent se combiner et générer des famines en
diverses régions. La Banque mondiale estime
qu’entre 2010 et 2050, le coût annuel de l’adaptation
au changement climatique en Afrique subsaharienne
sera d’au moins 18 milliards $, et il existe un
consensus général sur le fait que le niveau actuel
du financement qui parvient aux pays africains
n’est en aucun endroit suffisant pour satisfaire
aux attentes avérées. Ces circonstances plaident
fortement en faveur de l’accroissement sensible du
financement climatique destiné aux pays d’Afrique
subsaharienne, en particulier pour l’adaptation.
Versement des fonds
Dans le cas de l’Afrique subsaharienne, le
financement climatique a été limité par
comparaison aux autres régions du monde. Le site
de Climate Funds Update révèle qu’un total d’1,16
milliard $1 a été agréé pour l’Afrique subsaharienne
et que seulement 379 millions $2 ont été versés à ce
jour. Le large écart qui sépare les fonds agréés et
les fonds versés aux projets reflète les importants
goulots d’étranglement prévalant lors de la mise en
œuvre des programmes.
Ce montant inclut également 73 millions $ pour de multiples projets thématiques.
Ce montant inclut également 44 millions $ pour de multiples projets thématiques.
1
La défaillance du Mécanisme de développement
propre (MDP) prévu par le Protocole de Kyoto à
l’égard du soutien aux projets menés en Afrique
subsaharienne a suscité la controverse. En Afrique,
les 72 projets MDP enregistrés en 2011 ne
représentaient que 2 % des projets MDP. Bien que
ce chiffre soit toutefois en forte hausse par rapport
à 2010, année où 48 projets seulement avaient été
retenus, la plupart des projets MDP concernent
l’Afrique du Sud et l’Égypte, et beaucoup moins les
pays les moins avancés de la région subsaharienne.
Répartition du financement
Les principaux destinataires du financement
climatique de l’Afrique subsaharienne sont
l’Afrique du Sud (488 millions $), le Mozambique
(30 millions $), le Congo-Kinshasa et la Tanzanie
(25 millions $ pour chacun). Beaucoup de pays
plus pauvres semblent avoir été dédaignés par le
financement climatique international, du fait de
l’accent mis jusqu’à ce jour sur le financement
de l’atténuation. L’Ouganda et le Tchad ont par
exemple reçu à eux deux moins de 0,5 million
$ au cours de ces trois dernières années, de la
part des fonds climatiques spécialisés et suivis
par CFU. Un nombre croissant de projets
d’adaptation a cependant été approuvé en 2011
pour l’Afrique subsaharienne.
Adaptation
La vulnérabilité de la région à l’égard du
changement climatique traduit un besoin urgent
de financement des activités d’adaptation. Dans le
passé, le financement axé sur l’adaptation et dirigé
vers l’Afrique subsaharienne a été très modeste.
Entre 2004 et 2011, 328 millions $ ont été agréés
pour 75 projets. Seuls 132 millions $ ont été
versés à ce jour. La part du financement mondial
de l’adaptation dirigé vers l’Afrique subsaharienne
reste toutefois relativement faible : elle représente
30 % du financement mondial versé à l’adaptation
(439 millions $). Ces fonds ont bénéficié à 31
projets en 2011, et neuf d’entre eux concernaient
l’Afrique subsaharienne. Si la majeure partie du
financement de l’adaptation se concrétise par des
subventions dans la région, les prêts concessionnels
ont également prévalu. Certains groupes ont
exprimé des inquiétudes sur le fait que l’utilisation
de prêts alourdit l’endettement des pays pauvres et
entraîne des implications négatives pour la justice
climatique, puisque le financement climatique
apparaît comme une indemnisation contre les
dommages causés par les pays développés au titre
du principe du pollueur-payeur.
2
Le Fonds pour les pays les moins avancés
(FPMA) a agréé la majeure partie des
financements de l’adaptation destinés à l’Afrique
subsaharienne à ce jour (90 millions $) et versé
60 millions $ à 49 projets. Si la taille de ces
projets est modeste, ces financements ont été
uniformisés et équitablement distribués parmi
de multiples pays. Le Programme pilote de
résistance aux chocs climatiques (PPCR)
occupe la première place, avec 114 millions $
promis, mais il a uniquement financé à ce jour des
taxes administratives (27 millions $). En Afrique,
il ne fonctionne qu’avec un nombre restreint de
pays pilotes, comme le Niger, le Mozambique
et la Zambie, et c’est la Banque africaine de
développement qui constitue son partenaire
d’exécution régional pour ces programmes.
Il a récemment agréé 86 millions $ pour le
Mozambique, afin d’améliorer la résilience de ses
routes et de ses villes côtières, de transformer ses
services hydrométéorologiques et d’accroître la
résistance climatique de sa production agricole
et sa sécurité alimentaire. L’Alliance mondiale
pour la lutte contre le changement climatique
(AMCC), qui relève de l’UE, et le Fonds spécial
pour les changements climatiques (FSCC) ont
également été actifs dans la région puisqu’ils
ont respectivement agréé 52 et 20 millions $.
Le Fonds pour l’adaptation (AF) a accordé un
soutien moindre à l’Afrique subsaharienne à ce
jour, principalement du fait que ses financements
n’ont débuté qu’en 2010. Le Sénégal, le Bénin et
l’Afrique du Sud ont été les premiers à établir des
organismes d’exécution nationaux afin d’obtenir
un accès direct au Fonds pour l’adaptation.
Atténuation
Les données de Climate Funds Update indiquent
qu’un montant total de 645 millions $ a été
agréé par des fonds climatiques spécialisés
en faveur de 60 projets d’atténuation menés
en Afrique subsaharienne, et 156 millions
$ ont été versés à 42 projets. Le Fonds pour
l’environnement mondial (FEM 4) est la
plus ancienne source de financement pour
l’atténuation en Afrique subsaharienne et ses
versements représentent 92 millions $ à ce jour.
En 2011, il a agréé cinq nouveaux projets. Le
plus grand d’entre eux (18 millions $) concerne
le Projet de développement géothermique de la
vallée du Rift, lequel sera mis en œuvre en tant
que programme d’assistance technique du PNUE
pour six pays africains bénéficiaires (Éthiopie,
Érythrée, Djibouti, Kenya, Ouganda et Tanzanie)
et son objectif vise la production de 1000 MW
en énergie géothermique.
Ventilation des activités et contributions
des Fonds en Afrique subsaharienne
(en US$ millions)
Financement des projets climatiques par
thème en Afrique subsaharienne
28
8
12
13
$47m
14%
4
32
$132m
39%
60
92
12
22
1
4
Adaptation
ICI
GEF
Atténuation
-général
FCPF
LDCF
MDG
SPA
SCCF
FIP
13
14
1
19
$156m
47%
Atténuation
-REDD
UN-REDD
GEEREF
CBFF
En Afrique subsaharienne, l’Afrique du Sud et
le Nigeria sont les deux pays bénéficiaires des
programmes du Fonds pour les technologies
propres (CTF), lesquels sont axés sur la forte
réduction des émissions. Le Programme de
développement accéléré des énergies renouvelables
(SREP) du FIC a lancé des programmes pilotes
dans plusieurs pays à revenu faible (Kenya,
Mali et Éthiopie) afin de réduire la pauvreté
énergétique et d’accroître l’accès à l’énergie par
le déploiement des énergies renouvelables et des
technologies liées à l’efficience énergétique. Le
plan d’investissement du SREP pour le Mali a été
approuvé en 2011.
Réduction des émissions résultant du
déboisement et de la dégradation des
forêts (REDD+)
Les forêts et les surfaces boisées occupent plus
de 20 % de la superficie des terres africaines,
en particulier en Afrique centrale où le bassin du
Congo constitue le deuxième plus grand bouquet
de forêts tropicales humides de la planète. Les
données de Climate Funds Update révèlent que les
fonds versés concernent plus de 32 projets pour
une somme totale de 47 millions $. La principale
initiative de financement spécialisé est le Fonds
forestier du bassin du Congo (CBFF). Quelque
13 projets d’une valeur totale de 14 millions $
sont en cours de réalisation. Le CBFF soutient
des projets relativement modestes qui varient de
la promotion des droits fonciers à la participation
Adaptation
Atténuation-général
Atténuation-REDD
communautaire lors de la formulation des activités
REDD. Le Programme d’investissement pour la
forêt (FIP) du FIC a engagé le plus grand montant
de financement REDD+ en Afrique. Le programme
du FIP au Burkina Faso, d’un montant de 32
millions $, a été agréé en 2011, et il soutiendra la
décentralisation de la gestion durable des forêts,
la protection des réserves forestières publiques
et le partage d’informations. Le Fonds de
partenariat pour le carbone forestier (FPCF),
qui relève de la Banque mondiale, est également
très présent dans la région puisqu’il mène huit
projets agréés, et a assuré les fonds de sept
autres projets, selon un budget limité à moins d’1
million $ par projet. Enfin, le Programme ONUREDD travaille activement avec la Tanzanie, la
République démocratique du Congo et la Zambie.
Principaux acteurs du financement
climatique
La Banque mondiale est, de longue date,
un acteur important du financement du
développement en Afrique subsaharienne et son
engagement continu lui permet de jouer un rôle
central dans le financement climatique régional.
Les organismes de l’ONU ont également été actifs,
non pas seulement par le biais du programme
d’ONU-REDD, mais également par l’engagement
du PNUD au niveau des pays, et les efforts de
l’ONUDI en faveur de l’accès des pays à l’énergie
à des fins industrielles. La Banque africaine de
développement (BAfD), qui est également un
3
acteur clé du financement climatique en Afrique
subsaharienne, constitue un partenaire d’exécution
pour les Fonds d’investissement climatique (FIC)
aux côtés de la Banque mondiale. Elle administre
en outre le Fonds forestier du bassin du Congo,
mentionné ci-dessus, et a proposé d’accueillir un
Fonds vert pour l’Afrique, lequel serait chargé
de gérer l’apport en financement multilatéral
du futur Fonds vert pour le climat (GCF) dans
la région. Les donateurs bilatéraux comme
le Royaume-Uni, la Norvège et l’Allemagne
assument également des rôles importants dans la
région. Par son Initiative internationale pour le
climat (IIC), l’Allemagne a par exemple versé 56
millions $ à 23 projets en Afrique subsaharienne.
Le Royaume-Uni et la Norvège sont les principaux
bailleurs de fonds du CBFF.
Cibler les secteurs et les populations
prioritaires
Les coûts de transaction des projets de taille
modeste constituent le principal obstacle aux
investissements privés dans le financement
climatique, lesquels sont souvent nécessaires aux
régions les plus pauvres et utiles aux groupes
de population les plus démunis. Il est également
difficile d’assurer la viabilité financière et la
duplication de ces programmes lors de leur
conception et de leur mise en œuvre. La faiblesse
des structures de l’investissement qui affecte de
nombreux pays africains, notamment l’insuffisante
capacité des institutions gouvernementales à
gérer, financer et mettre en œuvre des actions,
constitue, comme mentionné précédemment, un
obstacle. L’instabilité politique et les problèmes
de gouvernance de ces pays complexifient les
difficultés initiales. Les acteurs non étatiques
peuvent jouer un rôle important dans la gestion et la
mise en œuvre du financement climatique. Les ONG
peuvent en particulier utiliser leur positionnement
pour se concentrer sur le soutien direct aux groupes
vulnérables, aux femmes et aux populations
autochtones. Néanmoins, il sera extrêmement
important de renforcer la capacité institutionnelle
des gouvernements de l’Afrique subsaharienne
dans la gestion du financement climatique pour
assurer la résilience aux incidences du changement
climatique à long terme, et c’est le GCF qui
devrait soutenir ce type de programmes. Même en
cas d’accroissement de l’engagement du secteur
privé dans les projets de petite taille en Afrique
subsaharienne, il sera essentiel d’assurer la large
et durable contribution des subventions du secteur
public dans la région. Cela est particulièrement
vrai pour les besoins en action climatique qui ne
produiront pas de retour sur investissement mais
produiront des co-bénéfices importants pour
l’environnement, le développement, la population,
et notamment l’égalité des sexes.
Références et liens utiles:
J. Brown et N. Bird (2009) ‘Financing Climate Change to Support Mitigation and Adaptation Actions in
Africa: Key Issues and Options for Policies in Negotiations’ Report, ODI.
EACC (2010) ‘The Economics of Adaptation to Climate Change’ World Bank.
Heinrich Boell Foundation South Africa. (2011). Perspectives. Special Issue on Climate Finance for Africa
L. Tamufor, J. Klemm et L. Schalatek (2011) ‘Ready to be Africa’s Climate Bank? A Mapping of the Relevant Policies, Programs and Practice at the African Development Bank’ Report, Bank Information Center/
Heinrich Böll Stiftung.
Les fondamentaux du financement climatique sont révisés annuellement, selon les données de
4 climatefundsupdate.org, et paraissent en anglais, en français et en espagnol