Universit de Paris 2, Sorbonne
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Universit de Paris 2, Sorbonne
Université de Paris 2, Panthéon-Assas Jacqueline Dutheil de la Rochère, présidente 7 juin 2004 Election en mai 2002. Jacqueline Dutheil de la Rochère, professeur de droit public et directeur du Centre de recherche européen (spécialiste du droit communautaire, de la charte des droits sociaux fondamentaux), est élue dès le premier tour de scrutin. Elle bat un maître de conférences par 95 voix contre 14 (8 blancs ou nuls). Le programme Paris 2 (17.500 étudiants) a des spécificités fortes. Le droit et les sciences politiques dominent à 80% ; les autres disciplines sont économie et gestion, information et communication. Il y a donc une très grande faculté de droit (découpée en 3 UFR, une UFR par cycle). C'est la continuité de la faculté de droit de l'université de Paris, avec son rayonnement international et ses traditions. Il y a la force de l'institution. La marge de manœuvre du président est étroite. Jacqueline Dutheil dit qu'elle a pris la suite de son prédécesseur pour son programme : ouverture professionnelle (DESS en apprentissage, maîtrises professionnelles, habilitation de l'institut français de presse comme école de journalisme accréditée en 2004), amélioration de la question immobilière. Problèmes d'une multiplicité de sites à Paris, en banlieue et en Seine-et-Marne, d'une multiplicité de locaux en particulier pour la recherche ; pour les locaux, l'université n'a pas pu faire face à son expansion ; elle souffre de difficultés financières pour y remédier. Jacqueline Dutheil dit qu'elle a insisté encore davantage sur l'action internationale ; développement et réorganisation du service des relations internationales. Volonté de développer les doubles diplômes avec l'Angleterre, la Suisse, de développer les échanges Erasmus. Le Président Les statuts de Paris 2 1 font de l'université une université centralisée. Le président a une faible marge de manœuvre. Il n'est pas élu avec une équipe. Les VP des conseils sont élus à une date autre que celle de l'élection du président. Jacqueline Dutheil a gardé les VP qui avaient été élus (ils avaient courtoisement proposé de démissionner). Le président de Paris 2 n'a pas de gouvernement. Les UFR ont une existence fictive (il y a 5 UFR – 3 UFR de droit, une UFR d'économie et gestion, une UFR d'administration économique et sociale – et un institut, l'institut français de presse). Ce qui compte à Paris 2, ce sont les sections, droit privé, droit public, histoire du droit... La présidente réunit les présidents de section (les présidents des disciplines) une fois par mois ; ce sont les conseillers du président, pour les questions de personnels, pour les enseignements. Pour les questions financières, il y un dialogue entre le président et les chefs des services, en concertation avec le secrétaire général. Sur ce point également, la marge de manœuvre du président est faible. Pour la rénovation du siège d'Assas, Jacqueline Dutheil dit qu'elle est entre les mains du gestionnaire de travaux. 1 . Sur le site de l'université de Paris 2, seule la rubrique "direction de l'université" ne s'ouvre pas. Un symbole d'un pouvoir présidentiel faible ? 1 A Paris 2, le corps enseignant est très nombreux. Il y a une centaine de professeurs qui ont une forte réputation internationale, leur propre zone de rayonnement. Le président n'est donc que le primus inter pares. L'université de Paris 2 est forte en recherche ; il n'y a qu'un peu plus de 30% d'étudiants en premier cycle, ce qui est un pourcentage faible en comparaison aux autres universités). Jacqueline Dutheil a essayé de faire des modifications statutaires à la fois pour décentraliser et pour créer un vrai gouvernement de l'université. Elle n'y est point parvenue, elle n'était pas en position d'obtenir une modification des statuts ; elle a donc abandonné. Il s'agissait de proposer que le président soit élu en même temps que son équipe ; c'est pour éviter d'être trop seul et d'avoir la légitimité de l'équipe. Jacqueline Dutheil voulait également créer un conseil d'orientation, a commencé la discussion sur sa composition ; l'idée était d'y mettre des magistrats, des avocats, des métiers de justice. Dans un contexte d'insuffisance de l'argent public, Paris 2, avec ce conseil d'orientation, aurait pu mieux montrer sa capacité scientifique en recherche et en enseignement ; l'université aurait pu devenir plus attractive pour des ressources financières externes. Jacqueline Dutheil avait commencé la discussion de ces deux modifications statutaires au moment où le ministre avait mis en discussion la loi sur la modernisation des universités. Le débat sur l'autonomie des universités ayant tourné cours, Jacqueline Dutheil a préféré renvoyer à son successeur les modifications statutaires. Les conseils fonctionnent bien, sont bien préparés. La présidente y fait des propositions après débats avec ses conseillers (les chefs de section). Le Conseil scientifique est très autonome dans la politique qu'il mène, dans la distribution du BQR ; il est structuré en sous-commissions. Dans le CA, il y a beaucoup de débats. Vu que les conseils d'Ufr sont formels, les étudiants, qui appartiennent au Ca, veulent qu'il y ait des débats. Jacqueline Dutheil dit recevoir fort régulièrement les étudiants. Le FSDIE 2 est moins vivant. Jacqueline Dutheil se reprend et dit "le CEVU est moins vivant". Le FSDIE ne marche pas bien, il y a trop de réglementations. Le président et l'administration Il est difficile de trouver un secrétaire général de bon niveau. S'il est de très bon niveau et autonome, il affaiblit le président ; s'il n'est pas bon, il n'épaule pas le président. A Paris 2, le secrétaire général s'occupe des personnels administratifs ; c'est un médiateur permanent ; il épargne à la présidente de devoir gérer des difficultés avec tel ou tel personnel. Le président et l'évaluation Jacqueline Dutheil dit qu'elle en a par dessus la tête de toutes les évaluations. "Ces évaluations – le CNE, l'évaluation pour le contrat quadriennal, l'inspection des finances, la cour des comptes – nous épuisent, nous irritent et ne donnent aucune résultat ; ou c'est trop long pour en avoir les résultats. L'auto-évaluation : elle existe pour les diplômes de 3ème cycle. Pourquoi avoir fait la présidente ? Etre président, c'est beaucoup de travail, mais Jacqueline Dutheil dit qu'elle est une "chef d'entreprise dans l'âme, qu'elle a toujours fait deux choses en même temps". Elle a fait l'avocat d'affaires pendant une dizaine d'années tout en étant professeur. Elle a travaillé près d'une dizaine d'années à l'étranger, en Afrique, en Angleterre ; elle mène ses recherches en droit européen. Elle a fait le doyen de droit à Paris 5. 2 . Le CEVU a à sa disposition un fonds financier, le FSDIE, pour financer des projets étudiants, mais également des étudiants qui connaissent des difficultés. 2 A Paris 2, elle avait pris pas mal d'initiatives (les doubles diplômes avec l'Angleterre). Etre président, c'est pouvoir tirer partie de son expérience internationale. Jacqueline Dutheil dit qu'elle est active et non contemplative. Faire un mandat est bien suffisant. Il ne faut pas s'éterniser dans une fonction de président. Eviter de devenir un fonctionnaire de la gestion universitaire. La LOLF (réforme de la loi de la finances), qui va concerner les universités : Jacqueline Dutheil dit que ce n'est pas son métier. La loi de modernisation ? Les universités ont déjà en principe une autonomie. Mais ce n'est pas une autonomie réelle : les universités n'ont pas la maîtrise de leurs flux étudiants, elles n'ont pas la maîtrise de leurs finances. La loi de modernisation n'avançait pas sur ces deux points clés. La loi proposait un budget global. C'est mieux mais si on a le personnel pour le gérer. La maîtrise des flux étudiants. Il faut expliquer ce que l'on entend par là : il ne s'agit pas d'une sélection à l'entrée comme Jacqueline Dutheil l'a vu pratiquer à Londres. Une sélection élitiste a des inconvénients pour la cohésion sociale ; elle introduit un système nocif de classes. Le système français a ce mérite de ne pas pratiquer la sélection ; il faut cependant éviter de gaspiller l'argent public ; c'est un gaspillage que de laisser entrer dans l'université les titulaires d'un baccalauréat professionnel parce qu'ils y vont tous échouer. Paris 2 leur interdisait l'entrée : elle a été condamnée en tribunal administratif. Pour ce qui est de la maîtrise des flux financiers, les diplômes de 1er et 2ème cycles sont logés à la même enseigne. Il y a par contre de fortes différences en 3ème cycle. Il y a les diplômes riches (qui peuvent collecter la taxe d'apprentissage et trouver des entreprises qui prennent des apprentis ; les diplômes de droit fiscal par exemple) et les diplômes sans argent. Il n'y a aucune mutualisation de l'argent entre ces diplômes. Il y a donc des diplômes à deux vitesses ; en gestion les diplômes sont riches. Les plus riches deviennent de plus en plus riches et sont de plus en plus réticents à partager ; c'est un problème également pour le financement de la recherche. Evidemment, le privé veut finaliser les contributions financières qu'il apporte à l'université. Il ne veut pas que ça se perde dans la grande masse. Il faut que l'université ait une plus grande autonomie pour qu'elle devienne plus crédible auprès des milieux professionnels, et ainsi être plus à même de lever de l'argent. Fusionner des universités ? Jacqueline Dutheil n'en a pas le souhait. L'objectif est l'exemple de Paris 9 Dauphine. Conquérir le statut de grand établissement, qui fédérerait autour de Paris 2 certaines facultés de droit de Paris. Jacqueline Dutheil ne porte guère d'intérêt à l'antenne de droit que Paris 2 possède en Seine et Marne. 3