N ° 19 N ou velle serie 2006
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N ° 19 N ou velle serie 2006
N° 19 Nouvelle serie 2006 1 BULLETIN PÉRIODIQUE DE LIAISON DES ASSOCIATIONS DES AMIS DE SAINT-JACQUES EN AQUITAINE S OMMAIRE du n° 19 LE MOT DE LA RÉDACTION 1- Bertrand Saint-Macary LA VIE DES ASSOCIATIONS 2 - Aquitaine 8 - Lot-et-Garonne 9 - Landes 11- Limousin-Périgord 19- Pyrénées - -Atlantiques ART ET HISTOIRE ADMINISTRATION RESPONSABLES DE PUBLICATION : Jacques ROUYRE Bertrand SAINT-MACARY CORRESPONDANCE - RENSEIGNEMENTS LE BOURDON 27, allée A.-Thiébaut – 64600 ANGLET [email protected] Tél. 05 59 03 79 01 DIRECTION DE RÉDACTION Jacques ROUYRE Bertrand SAINT-MACARY CORRESPONDANTS Jean-Charles & Monique CHASSAIN Colette de SAINT-EXUPER Sylvie CAZABAN Claudine BATIER Robert LEFEVRE Bernard DELHOMME Les pages du BOURDON sont ouvertes gratuitement à chacun des membres de vos associations. La reproduction des articles est autorisée après demande auprès de la Rédaction du bulletin. La Rédaction du BOURDON n’assume pas la responsabilité des opinions émises par les auteurs, sous leur signature. Le bulletin est distribué gratuitement aux adhérents ayant réglé leur cotisation à l’Association Régionale Aquitaine et aux Associations Départementales de Dordogne, Gironde, Lot-etGaronne et Pyrénées-Atlantiques. 20 - Santiago, Ballade Ingénue Federico Garcia Lorca 22 - Federico et les deux Saint Jacques Jean Vilar, professeur émérite de littérature espagnole 25 - A propos des sculptures romanes de Sainte-Engrâce: illustrations de la lutte du bien contre le mal. Maritchu Etcheverry, Maître en Histoire de l'Art 34 - Fontaines à Saint- Jacques de Compostelle en 1897. Photos de Marie-Joseph Henry comte de Lestrange 35 - Chemin de SAINT-JACQUES, regard sur la voie de la côte en Pyrénées-Atlantiques. Jacques Rouyre 44 -Vénus, Femmes Mères, Déesses-Mères Et … Vierges Noires. Raymond Menendez 55 - Légendes sur le chemin de Saint-Jacques. Bernard Delhomme 58 - Saint Jacques et Carthagéne. Association des Amis de Saint Jacques de Compostelle en Aquitaine 59 - Itinéraire de pèlerinage de Pau à St Jacques de Compostelle Manuscrit anonyme rédigé à Lée en 1777. Bernard Delhomme . . . .. . AU BORD DU CHEMIN 60 - Murmures. Flavio Vandoni 61 - Le passage des pèlerins à Saint-Jean-Pied-de-Port en 2006. Robert Lefevre 66 - Quand les punaises de lit veulent pérégriner. Etude et conduite à teni Bertand Saint Macary 70 - Roberto ESTEVEZ FERNANDEZ pèlerin mort et enterré à Oloron Sainte-Marie. . . Prix du numéro : 5,35 Euros. Tirage : 1.500 exemplaires. I.S.S.N. - 1161 - 1374 IMPRIMERIE DE BASSE-NAVARRE 6412 ST-PALAIS TEL 0559657182 BIBLIOGRAPHIE 71 - Les Guides pionniers du Camino Francés. Bernard Delhomme LISTE ETADRESSE DES ASSOCIATIONS ST. JACQUES 2 . . La rédaction a le plaisir de vous présenter ses meilleurs voeux pour l’année 2007. Vous trouverez dans ce numéro, outre le compte-rendu d’activité des associations d’Aquitaine, un choix d’articles concernant l’art et la culture. Nos associations fidèles à leurs volontés premières n’ont de cesse, aujourd’hui encore, de s’intéresser à l’aspect culturel et historique du chemin. Si parfois, ces questions semblent moins préoccuper acteurs et utilisateurs des chemins, il est de notre devoir de les maintenir, conformément aux engagements déposés dans nos statuts. C’est pourquoi, nous sommes heureux de vous présenter ici des études aussi différentes que détaillées, sur les chapiteaux de la superbe église de Sainte-Engrâce, la voie de la Côte entre Bayonne et Irún et sur les Vierges noires. Vous lirez le récit de légendes racontées jadis au bord des chemins d’Aragon ou à Carthagène. Vous découvrirez un curieux itinéraire du XVIIIe siècle à partir de Pau et un article sur les Guides pionniers du «Camino francés». Vous aurez des nouvelles du chemin et écouterez ses murmures, et comme chaque année, vous consulterez les statistiques du centre d’accueil de Saint Jean Pied de Port. De nombreux accueillants (104), dont beaucoup de nos association d’Aquitaine, s’y sont relayés bénévolement pour accueillir, conseiller, accompagner 25620 pèlerins et pour informer de très nombreux touristes . Plus qu’un lieu de passage, Saint Jean Pied de Port porte les couleurs de nos associations. Selon les statistiques de l’Archevêché de Saint-Jacques, c’est le point de départ N°1 des pèlerins vers Compostelle, devant Sarria et Roncevaux. En partant d’Aquitaine au pied du versant septentrional des Pyrénées, les pèlerins du monde entier veulent, en effet, inscrire leurs pas dans l’antique description du Liber Sancti Jacobi et ses étapes à partir du Port de Cize cité 14 fois dans ce Codex du XIIe siècle. Nous vous proposons aussi un article d’actualité évoquant la question des punaises de lit. Ce phénomène aussi imprévu que préoccupant, pose de réels problèmes aux hébergeurs et hébergés sur les chemins. C’est pourquoi, nous avons souhaité aborder le sujet d’un point de vue informatif et pratique en faisant le point sur les connaissances actuelles en la matière. Devant un tel risque d’infestation, il est important que tous soient informés . En page de garde, nous vous offrons une illustration inédite de saint Jacques réalisé par Federico Garcia Lorca. Don Manuel de Luna Aguado, Consul Général d’Espagne à Pau, chez qui Bernard Delhomme l’a dénichée, a accepté de nous communiquer cette magnifique reproduction au sujet de laquelle il a ajouté ces quelques mots : «Ce dessin fut adressé à mon père par Federico García Lorca en 1926. Il était très ami de mes parents qui faisaient partie du groupe de discussion de Don Fernando de los Rios. L’esprit du poète fut toujours présent dans notre maison durant ma jeunesse. Mon père Antonio de Luna García , professeur d’université, enseigna la philosophie, le droit et le droit International Public. Il fit en 1957 une remarquable conférence sur Federico, qui fut diffusée dans tout le monde hispanique par la «Voz de America ». Cet émouvant dessin, illustre parfaitement un poème : Saint Jacques , Ballade ingénue, écrit par le poète en 1918 et que nous publions. Remercions le professeur émérite Jean Vilar, éminent spécialiste universitaire de littérature espagnole, qui a bien voulu faire une analyse de cette double oeuvre picturale et littéraire que l’immortel et jeune prodige espagnol offre à notre enchantement. Que l’étoile que Saint Jacques dépose dans le coeur de l’humble et vieille fileuse andalouse soit le reflet de nos joies, de nos espérances, de notre amitié sans frontière et de notre passion pour les chemins et les pèlerins. Que cette étoile de Compostelle nous guide tout au long de l’année 2007. ir. . 3 LA VIE DES ASSOCIATIONS ASSOCIATION DES AMIS DE SAINT JACQUES DE COMPOSTELLE EN AQUITAINE Journées Jacquaires - 1er Semestre 2006 Dimanche 26/02/2006 – Soulac (33) : A l’origine, Soulac était un prieuré bénédictin, fondé au XIème siècle par les moines de Sainte-Croix de Bordeaux. Au XIIème siècle, l’édifice fut remplacé par la basilique «Notre Dame de la Fin des Terres». Mais à cette époque, les sables landais n’avaient pas encore été fixés par les plantations de pins et en 1747, la Basilique fût ensablée, malgré le rehaussement de 3,60 m du niveau du sol intérieur. Aussi, son clocher servit-il comme balise à la navigation durant quelques décennies. A partir de 1858, les travaux de désensablement et de restauration commencèrent. Peu à peu, l’essor du tourisme balnéaire fit émerger quelques villas et chalets de briques rouges, ornés de dentelles de bois. Aujourd’hui, le village ancien fait cohabiter harmonieusement plusieurs styles architecturaux. Les rénovations récentes mettent en exergue les savoir-faire locaux en matière d’artisanat d’art. (Site Office de Tourisme de Soulac) C’est une bonne cinquantaine de marcheurs Pèlerins, qui après une petite marche de mise en train arrivèrent à la Basilique Notre Dame de la Fin des Terres à Soulac. La messe célébrée par Monsieur le Curé, qui bien que malade était resté pour nous, fût partagée avec nos Amis de l’Association « L’Appel du Chemin ». Le partage fut aussi le maître mot du repas pris en commun dans la salle paroissiale. L’après-midi, ce n’est pas le chemin que nous prîmes mais le GR qui nous amena par un parcours vallonné, sableux et longeant l’océan jusqu’à la pointe de grave. Le partage fut aussi le maître mot du repas pris en commun dans la salle paroissiale. L’après-midi, ce n’est pas le chemin que nous prîmes mais le GR qui nous amena par un parcours vallonné, sableux et longeant l’océan jusqu’à la Pointe de Grave. Notre pérégrination nous fit découvrir au passage la végétation ambiante tel le chêne vert très présent dans nos régions. Originaire des pourtours de la Méditerranée (sud de l’Europe, nord de l’Afrique, Asie mineure) où il pousse sur des versants rocailleux, le chêne vert se rencontre en France jusqu’à 1500 mètres dans la région méditerranéenne où il est commun, ainsi que le long du littoral atlantique et même jusqu’en Grande-Bretagne. Thermoxérophile, il supporte néanmoins le gel sur une courte période. Postpionnière et monoïque, le chêne vert fleurit en avril-mai, sa pollinisation étant effectuée par les insectes. Sa croissance juvénile est faible et il atteint 15 à 20 mètres pour un âge maximal de 500 ans. Sempervirente, on le plante comme arbre d’ornement dans des parcs ou pour reboiser des terrains calcaires.Son bois très dur est utilisé pour la confection des manches d’outils ou semelles de sabots, constitue d’autre part un excellent combustible et produit un très bon charbon de bois.On signalera qu’un peuplement de chênes verts est appelé une yeuseraie. Beau temps, beau chemin, et très bonne journée. (Photo du groupe) 4 Dimanche 26/03/2006 – Journée partage avec l’Association « Périgord Limousin » (24) Une soixantaine de marcheurs Pèlerins était les hôtes de l’Association « Périgord Limousin ». La cathédrale Saint-Front de Périgueux n’est cathédrale que depuis 1669. Elle est constituée de 2 édifices : la « vieille église « des 8e-9e siècles, et l’église à coupoles du 12e siècle, presque entièrement reconstruite dans un style néo-roman par Abadie au 19e siècle. Si le plan en croix grecque fut alors maintenu, les matériaux furent unifiés, les diamètres des coupoles égalisés et toute la sculpture refaite ; seul le clocher du 12e siècle a été en grande partie sauvegardé. Le mobilier date principalement des 17e et 19e siècles. Le mobilier antérieur au 16e siècle, en particulier le tombeau de saint Front, a été détruit pendant les guerres de religion. (site cathédrale St Front) Le matin, la visite de la cathédrale, grand vaisseau de pierre fut très intéressante. Le midi, nous fûmes reçus par nos hôtes de façon extraordinaire dans leur hôtel, siège de l’Association. Ce fut un grand moment de convivialité et de partage. L’après-midi, la visite du vieux Périgueux sous la conduite d’un guide fort érudit, fut passionnante. Vers 16h, c’est avec regret et émotion que nous prîmes le chemin du retour en nous promettant de nous revoir. Dimanche 9 Avril 2006 – Médoc (33) Nous étions à peine une trentaine à avoir choisi de pérégriner dans le Médoc ce dimanche là. Le ciel n’était pas très clément pour les marcheurs le long du canal de « Guy ». La pluie nous accompagna jusqu’au château Haut Grignon où nous prîmes notre repas tiré du sac. L’accueil chaleureux de Mr Ducos nous fit oublier la fraîcheur du temps. Tout ragaillardi le groupe prit à travers vignes la direction de Port de By où un timide soleil nous permit d’admirer de jolis paysages et de belles demeures. Dimanche 7 Mai 2006 – Journée partage avec l’Association « Les Mille Pattes » (33) Journée organisée autour des quatre églises. Léo DROUYN est élu membre de l’Académie des Sciences Belles Lettres et Arts de Bordeaux. II devient membre de la Commission des Monuments historiques de la Gironde. Il devient également inspecteur des Archives communales de la Gironde (il le demeure jusqu’en 1871). Léo Drouyn est venu une1ère fois à Jugazan en 1845. A cette occasion, il s’est concentré sur le portail dont il réalise quelques croquis. Lorsqu’il revient, en 1854, il fait l’étude de tout le monument, privilégiant néanmoins le portail, qualifié de « morceau le plus remarquable de l’église ». De l’église, il retient la nef aux murs romans, « formée de quatre travées voûtées au XVIe siècle, y compris le choeur » et agrandie de deux chapelles modernes. Il dessine la cuve baptismale octogonale, datant selon lui du XVe siècle. Nous étions une bonne trentaine à avoir choisi de partager avec l’Association « Les Mille Pattes » de Jugazan cette journée qui fut riche en découverte et en émotions partagées. L’accueil des « Mille Pattes » fut très chaleureux. Le chemin empruntant les coteaux du Haut Entre deux Mers nous fit découvrir de splendides églises, des maisons fortes et quelques moulins. Le repas du midi fut très convivial et le kir offert par nos hôtes fort bien venu. L’après-midi, le temps se gâchant, nous fit regretter le soleil du matin et c’est très émus et se promettant de nous rencontrer de nouveau que nous primes congés de nos nouveaux amis. 5 Dimanche 25/06/2006 – Mons (33) Notre Ami Hervé en tenue traditionnelle de Pèlerin nous conte l’historique de la Gloire locale « Aliénor d’Aquitaine ». Aquarelle Eglise de Mons – Jany Roul Après avoir retrouvé à Belin, les représentants de l’Association des Amis de Saint Jacques du Périgord, le groupe s’élance vers le mémorial d’Aliénor d’Aquitaine. Lors du repas partage, un groupe d’artistes locaux nous contait la vie d’autrefois, dans un langage très pertinent et coloré, à la grande satisfaction de l’ensemble des pèlerins. Le Pèlerin Anglais venu trouver refuge pour la nuit se vit offrir un accueil circonstancié, et bien entendu invité à partager notre repas. Ensuite solitaire, il s’est attaché à la traditionnelle page d’écriture si précieuse à chaque pèlerin. L’après midi se déroulait par l’organisation d’une tombola initiée par nos amis, et permettait de passer une moment de « suspense » en bonne compagnie et dans une ambiance harmonieuse. Une nouvelle surprise attendait le groupe dans l’église St Pierre de Mons, où la chorale Cantaleyre nous comblât pendant un très long moment En saluant nos amis de l’association du Périgord, les choristes de Cantaleyre, nous reprenions le chemin du retour le coeur en joie. Croix des Pèlerins à Mons 6 DÉJÀ 20 ANS !!!!!! Samedi 7 Octobre 2006 ANNIVERSAIRE DE NOTRE ASSOCIATION Plus d’une centaine d’adhérents sont présents pour ce grand jour. Les festivités se déroulent au Relais de Compostelle, situé à Bardanac (Bard voulant dire en gascon marécages), site jacquaire antérieurement dédié au passage des pèlerins. Après le discours d’ouverture du vice -président Jany Roul et du trésorier Patrick Lauseigh, l'après-midi débute par une conférence présentée par Dominique Reffay sur le prieuré de Bardanac, notre lieu d’accueil dont il raconte l’histoire en détail. Ensuite les anciens présidents Michel Laborde, Hervé Fauvel, Paul Tomasini, avec la complicité de Jean-François Janoueix, rappellent des souvenirs passés. Francis Zappata, retenu par ses hautes fonctions, a rejoint un peu plus tard l’assemblée. Fidèle à son habitude, Hervé raconte de multiples anecdotes pleines d’une gaîté et d’une finesse que chacun apprécie. LA chorale de la SNCF, venue spécialement pour notre anniversaire, est un enchantement pour nos oreilles. Les 12 chants qu'ils interprètent sont un royal plaisir. Un diaporama monté par Jean-Pierre et Geneviève Dupin, nous remet en mémoire d’agréables moments d'histoire sur la vie St Jacques et des chemins. 7 Puis pour couronner cet après-midi, nous écoutons de belles poésies écrites par un ami pèlerin et un fameux guitariste accompagne et enflamme nos chants jacquaires. Pour clôturer la journée, suit un apéritif et un repas joyeux, gai et arrosé par de bonnes bouteilles. Une tombola réjouit beaucoup d’entre nous, car gagner de nombreux lots fait toujours plaisir. 8 Ce fut une BELLE ET GRANDE JOURNÉE réussie....Et nous remercions tous ceux (organisateurs, membres du CA, artistes) qui ont permis à l’association de fêter ses 20 ans dans la joie et la réussite. Parmi les présents, beaucoup d’attentifs, Les plus beaux, à défaut d’être les plus sages, un pèlerin facétieux, certains se sont mis superchic !!! 9 ASSOCIATION DES AMIS DE SAINT JACQUES DE LOT ET GARONNE Année 2006 Nous avons tenu notre Assemblée Générale le 13 janvier 2006 à Agen. Bonne participation, rappel des activités 2005 et projets pour 2006 présentés par Madame de Saint-Exupéry, Présidente de l’Association. Marche du 30 avril 2006 : Pour notre marche de printemps, nous P avons emprunté emprunt le GR 652 qui nous a conduits de Touzac, au bord du Lot à la bastide de Tournon en Agenais, perch perchée sur un piton. Sous un beau soleil, nous avons escaladé les reliefs accidentés du Causse du Quercy Blanc, côtoyé c les vignes du «Vin du Tsar », vin de Cahors devenu ccélèbre à la suite d’une visite du Tsar Nicolas II, sous la pr présidence d’Armand Fallières. Ce fut une belle journée. Falli Mardi 25 juillet : Spectacle de Philippe Candelon dans l’église St Jean Baptiste de Mézin. Cet ancien acteur de la troupe des Baladins en Agenais, a présenté une version toute personnelle et fort sympathique du pèlerinage vers Saint Jacques de Compostelle. Interprétant des chansons populaires, Philippe Candelon, avec sa prestance et sa voix envoûtante, a invité le public à refaire avec lui, étape par étape, « el Camino de Santiago ». 19/20/21 20/21 septembre : Voyage sur les pas de St Jacques en Languedoc. Le premier jour, ddécouverte et visite de l’abbaye de Fontfroide, abbaye cistercienne datant de 1145 et parfaitement entretenue par ses propriétaires. propri Le lendemain, les voyageurs sont accueillis par le Dr Frayssinet, Président Pr des Amis de St Jacques du Languedoc-Roussillon. Il les conduit, par un chemin qui domine l’Hérault, jusqu’à St Guilhem du l’H Désert. Grand moment d’émotion en D ddécouvrant le village classé et dominé par son église abbatiale. Une religieuse carmélite, attachée au couvent de carm St Guilhem, servira de guide aux visiteurs. L’apr L’après-midi, s-midi, un groupe marche autour de St Guilhem.. Le troisième jour, pour certains, belle et bonne marche sur les hauteurs de St Guilhem, pendant que les autres vont découvrir et visiter L’abbaye de Grandmont près de Lodève. Une guide d’une très grande culture leur fera découvrir ce bel endroit où, autrefois, les moines grandmontains vivaient en totale autarcie… 10 Cloître de St Guilhem SOCIÉTÉ LANDAISE DES AMIS DE SAINT-JACQUES ET D’ETUDES COMPOSTELLANES Au cours de cette année 2006, nous avons œuvré avec toujours le même dynamisme dans notre investissement pour la cause du pèlerinage à Compostelle. Nous avons rendu compte . de nos activités dans notre : Sorde l’Abbaye . Montage des lits Le balisage des presque 500 kilomètres de voies jacquaires a été vérifié deux fois : au printemps et à l’automne, et le nombre de pèlerins accueillis dans nos refuges est toujours croissant. Le refuge de Sorde l’Abbaye nous a été confié par la municipalité. Il devient donc refuge associatif et nous l’avons équipé de 8 lits confortables à la literie neuve. Nous avons aussi réalisé quelques travaux de peinture. Ce gîte déjà très agréable auparavant, offre désormais aux pèlerins un accueil de qualité. Le 29 Avril, c’est à Sorde que nous avons organisé notre séminaire annuel des hospitaliers. Nous avons été chaleureusement reçus par Monsieur le Maire qui a participé un petit moment à nos travaux et nous a fait les honneurs de son village.Un vin d’honneur nous réunissait ensuite dans le jardin du refuge avec l’équipe municipale ainsi que les accueillants du village. L’hospitalité est une réelle tradition à Sorde l’Abbaye et nous sommes heureux d’assurer désormais la gestion de son refuge. 11 Le 23 Avril, une marche organisée en collaboration avec nos amis jacquaires des Pyrénées Atlantiques nous a emmenés de Capbreton à Bayonne, d’un bon pas et dans une ambiance très sympathique. Ancienne église des forges de L’Adour Le 10 Juin, à Ousse Suzan, s’est déroulée notre journée des Amis de Saint Jacques. La messe dite dans la très belle petite chapelle de Suzan, nous avons fait une courte promenade vers la fontaine miraculeuse Saint Jean qui soigne les maladies de peau, et avons partagé un fort sympathique repas préparé par deux de nos amis de l’association. Du 21 au 23 Juillet, nous avons participé aux Compostellanes de Sorde l’Abbaye : trois journées dédiées aux chemins de Saint jacques, à la marche du pèlerin, à l’historique et aux symboles, organisées par l’association Mosaïque de Sorde. Le 25 Juillet nous réunissait à Labouheyre pour fêter la Saint Jacques : messe, marche dans la forêt, repas sorti du sac, et présentation dans la salle de cinéma du film que nous avons réalisé : « Ultreïa, les chemins de Saint Jacques dans les Landes » Le 9 Septembre nous participions au forum des associations de Mont de Marsan, c’est toujours un moment intense où nous échangeons avec les nombreux éventuels futurs pèlerins. Point d’orgue de cette année, un week-end à Conques et Rocamadour a regroupé une vingtaine d’entre nous, les 30 Septembre et 1er Octobre, les 2 seuls jours de grisaille en cette période d’été indien ! Mais le temps maussade n’a pu entamer notre joie tant les lieux visités et les moments partagés ont été riches, chaleureux et fraternels. Abbatiale de Conques 12 Groupe à Conques Association des Amis et Pèlerins de Saint-Jacques et d’Etudes compostellanes du Limousin-Périgord L’ ANNÉE 2006 en Lim ousin-Périgord Visite à Périgueux des Amis de Saint-Jacques d’Aquitaine L a rituelle, mais bien sympathique obligation - généralement hivernale - qu’est l’assemblée générale de l’association (le 25 février) a précédé la toute première manifestation 2006 des Amis et Pèlerins de Saint-Jacques du Limousin-Périgord. Celle-ci, très conviviale et printanière ouvrit notre année jacquaire de façon fort agréable, sous un soleil de très bonne humeur, encore un peu frais mais prometteur. L e dimanche 26 mars, nous avons accueilli les Amis de Saint-Jacques d’Aquitaine, ceux-ci ayant placé leur année sous le signe du 20ème anniversaire de leur création. C’est un beau groupe de 80 personnes environ qui ont passé ensemble une magnifique journée d’amitié, d’échanges et de découvertes. Sur le parvis de Saint-Front S ous la conduite érudite de Mme Mireille Bénéjeam, conservateur en chef du Patrimoine, la matinée a été consacrée à la cathédrale Saint-Front. Tous se sont d’abord réunis dans le choeur, non seulement pour avoir une vue d’ensemble du plan en croix grecque de l’édifice d’origine Le choeur de Saint-Front romane, dont chaque bras est recouvert d’une impressionnante coupole, mais aussi pour e voir le vitrail du XIX siècle, situé au sud du choeur, présentant le mausolée de saint Front selon une description du “Livre noir” des consuls de Périgueux, puisqu’il fut détruit au XVIe siècle, en même temps qu’une chapelle Saint-Jacques. Le mausolée était le but des pèlerins jacquaires depuis 1077, lorsque le moine de La Chaise-Dieu, Guinamond, le sculpta selon le modèle de la tour de la Résurrection du Saint-Sépulcre. Puis ce fut la nouvelle chapelle Saint-Jacques, avant de sortir. Cette chapelle fut dédiée à saint Jacques le 25 juillet 1999 (année sainte) sous l’impulsion Dans la chapelle Saint-Jacques des Amis de Saint-Jacques du Périgord, qui en firent l’aménagement avec le concours de quatre artistes. C’était l’emplacement d’une “confession” où les disciples de saint Front furent inhumés ; cet édifice présente des bases du VIIIe siècle et remonte à l’origine de l’ancienne collégiale, où la cathédrale fut transférée après les guerres de religion. D La cour du cloître u cloître restauré, vue superbe sur le clocher, la tour la plus prestigieuse du Périgord, avec ses 66 m de haut ; surmontant le mausolée de saint Front, elle était un signal pour les pèlerins. 13 P La grotte de saint Front règles de vie commune. V our finir, élément le plus curieux de la visite : la grotte où saint Front vécut en ermite. Cette cavité est située au sud, sous le chevet de la cathédrale. Encore une fois, c’est par l’imagination qu’il faut revenir vers une époque lointaine, au Ve siècle, où les ermites vivaient seuls, selon le modèle de l’érémitisme égyptien, avant que ne fussent créés les monastères avec leurs isite terminée, c’est le siège social de l’association qui a accueilli le groupe pour un pique-nique “assis”, dans les deux splendides salles du rezde-chaussée de cet hôtel particulier du 8 rue de la Constitution, à l’admiration de tous, pour un moment animé de partage et d’amitié. L Le “pique-nique” ’après-midi fut “studieusement” touristique dans la vieille ville, sous la houlette du Dr Blondin, qui ne ménagea ni son temps, ni sa joie de faire découvrir les beautés du coeur de la ville. Ainsi vit-on successivement : - la tour Mataguerre (seul vestige des anciens remparts), - les quartiers du secteur sauvegardé, médiévaux (passant notamment devant la belle façade de l’ancien couvent des Dames de la Foy) et Renaissance (notamment l’ancien immeuble de la Cour des Aides de 1553, où Montaigne fit ses premières armes de magistrat, à la même époque), - les façades, les escaliers intérieurs et les cours de plusieurs hôtels particuliers, - sans omettre les vieilles rues Limogeanne et Salinière, par où arrivaient Suivez le doigt du Dr Blondin ! (et arrivent toujours, comme l’indiquent les coquilles en bronze au sol) les pèlerins venant vénérer les reliques de saint Front. Dans la vieille ville Le groupe dans le jardin de la Maison des chanoines 14 Association des Amis et Pèlerins de Saint-Jacques du Limousin-Périgord L’ ANNÉE 2006 en Lim ousin-Périgord La Félibrée de Port-Sainte-Foy (2 juillet 2006) ar tradition, en Dordogne, les pèlerins de Saint-Jacques ont toujours été accueillis avec la plus extrême courtoisie et sollicitude. Il était donc normal qu’ils soient présents cette année à Port-SainteFoy, étape de la voie de Vézelay, cité qui avait en charge l’organisation de la Félibrée, fête populaire occitane typique du département (20.000 visiteurs). S ix pèlerins de Saint-Jacques, dont cinq de notre association, ont donc accepté de tenir un stand. A quelques nuances près, le Félibrée 2006 reste fidèle aux caractéristiques de la première manifestation du genre, organisée en 1903 à Mareuil-sur-Belle : tuniques, châles, coiffes, feutres, bannières, instruments de musique, sont identiques à ceux que l’on portait il y a plus de 150 ans en Dordogne. Dix-huit groupes félibréens, Le défilé des groupes, passant devant le stand des Amis et Pèlerins de Saint-Jacques ayant revêtu les costumes traditionnels aux couleurs de leurs communes respectives, ont donc défilé dans les rues tendues de guirlandes de fleurs, au rythme lancinant des fifres et des vielles. Le majoral et la reine de la Félibrée ouvraient la marche. M ais défendre et illustrer la langue d’Oc, la civilisation occitane, ne se réduit pas à un simple défilé costumé ; c’est aussi l’occasion de faire revivre les vieux métiers comme ceux de la batellerie (Port-Sainte-Foy était très concernée), du tissage, de la dentelle, du travail des métaux et du bois, avec la présence des compagnons du devoir pour chacune de ces corporations, mais c‘est aussi une opportunité unique pour redonner vie, l’espace de Le stand des Amis de Saint-Jacques quelques heures, à des pratiques révolues (ramassage des peaux de lapin, par exemple). Bref, la Félibrée, grâce à la bonne volonté de la population locale, est une sorte d’arrêt sur image, une image vieille de plusieurs siècles parfois. C La préparation des mannequins ette mise en valeur du patrimoine et des traditions culturelles de la région ne pouvait qu’être en harmonie avec la démarche pèlerine. Notre stand, situé à deux pas de l’église, avait pour thème “Aller à Saint-Jacques de Compostelle en 2006", 15 sous-entendu avec les moyens de locomotion utilisables pour y parvenir : à pied (accompagné ou non d’un âne) ou à bicyclette. P our illustrer ce thème, une mise en scène s’imposait, pour laquelle trois mannequins ont fait l’affaire : le premier revêtu de la tenue traditionnelle (faisant le lien avec le passé) semblait converser avec le second, jolie pèlerine appuyée sur une solide bicyclette, équipée pour couvrir les 1.200 km de Port-Sainte-Foy à Santiago. Le troisième, fier de son sac à dos et de ses chaussures de marche presque neuves, Pilou, l’âne du pèlerin paraissait prendre congé du groupe pour rejoindre le refuge, tout près de là. Restait le cas du pèlerin accompagné d’un âne, direz-vous ? Il était bien là également mais, lui, en chair et en os, puisqu’il s’agissait d’un authentique pèlerin ayant accompli, en compagnie de son brave Pilou (l’âne) le pèlerinage de Saint-Jacques, suivi de celui de Rome, pour terminer par celui, hélas inachevé, de Jérusalem. En Affluence sur le stand tout 11.000 km pour ce pèlerin hors normes, membre de la communauté d’Emmaüs de Dordogne, ayant très aimablement accepté d’animer le stand de l’association en notre compagnie. T Bannière de Libourne devant le stand jacquaire ous ensemble, ils étaient tous à leur affaire au service des futurs pèlerins et ... des curieux. Pour une fois qu’on ne leur reprochait pas de ressasser leurs sempiternels souvenirs de pérégrination, pour une fois qu’on les écoutait, pour une fois qu’on les questionnait, qu’on sollicitait même leur avis sur l’opportunité de prendre tel ou tel effet dans le sac, qu’on quémandait leur accord sur le choix d’un itinéraire ! Les y eux brillants d’enthousiasme, le visage enflammé, la langue déliée, le verbe haut, ils ont partagé Echanges avec un pèlerin de passage leurs expériences jusqu’au Faire la queue pour aller à Compostelle ! soir auprès de leurs interlocuteurs. Où peut bien passer le chemin de Saint-Jacques ? 16 Association des Amis et Pèlerins de Saint-Jacques et d’Etudes compostellanes du Limousin-Périgord L’ ANNÉE 2006 en Lim ousin-Périgord Pèlerinage des handicapés sur la voie de Véz elay Em otion de partage entre Am is et Pèlerins du Lim ousin-Périgord et Com postelle 2000 D u 9 au 23 juillet , sur la voie de Vézelay traversant le Limousin et le Périgord, notre consoeur Compostelle 2000 guidait sur le chemin de Saint-Jacques son traditionnel pèlerinage des handicapés. Notre association a été très heureuse de marcher de concert les étapes de sa géographie associative, pour témoigner sa vive sympathie à l’égard de cette manifestation exemplaire de générosité, traduisant ainsi à Compostelle 2000 la convivialité confraternelle pour cette dynamique pèlerine d’exception - déjà réalisée précédemment par Compostelle 2000 sur d’autres voies - pour emmener à Santiago des pèlerins handicapés. L Préparatifs de départ, le matin e pèlerinage s’est égrené en Limousin de La Souterraine à Bénévent et Saint-Léonard-deNoblat, pour entrer en Périgord à La Coquille et se poursuivre vers Thiviers, Sorges, Périgueux, Saint-Astier, Mussidan, en se terminant à Port-Sainte-Foy. 14 jours sous un soleil de plomb, au cours desquels une douzaine d’adhérents du Limousin-Périgord eurent tout le loisir de montrer que notre région n’est pas avare de sentiments. De la gaieté, de la bonne humeur, du coeur, tout fut au rendez-vous pour que cette traversée limousine et périgourdine tisse de nombreux souvenirs de bonheur partagé. Départ en groupe M gr Dufour, évêque de Limoges, a partagé un moment avec les pèlerins. De leur côté, habitants et villageois, relayés par les médias, ont su et voulu dire et écrire combien tous étaient touchés par la qualité de cette belle démarche. En voici quelques témoignages : “C hargé d’accompagner B., jeune homme au handicap très lourd, je me suis rendu compte combiencela apportaitde satisfaction de pouvoir l’aider, Sur le chemin ,avec Benoît 17 en lui donnant un peu desontempsafin de lui apporter la joie, le plaisir et le bonheur de pouvoir participerà quelque chose qu’il ne pourrait accomplir seul et sans aide ; en le quittant, il me dit“ si tu peux, tu reviendras me conduire l’année prochaine”. J’avoue que ces quelques paroles m’ont fait chaud au coeur. En effet, si pour nous, personnes valides, cet accompagnement ne représente qu’un peu de notre temps, il semble représenter beaucoup pour les personnes à mobilité réduite, car cela leur permet de sortirde leur univers quotidien.” (J.B.) “A ccepter d’être sur une joëlette ou la guider, je ne sais où va l’a dmiration. A tous, c’est sûr, mais sans doute un peu plus à celles et à ceux qui acceptent d’être véhiculés ou guidés sur le chemin : ils n’ont pas d’autre alternative. Mais en tout cas, chapeau à tous.” (M.M.J.S.) Pause pour Martine “A vec sept handicapés, 53 bénévoles de Compostelle 2000, des scouts de la région parisienne, avec Pause pour Benoît des guides érudits et autodidactes à la retraite, j’ai vu de bien charmantes petites églises romanes, traversé sous-bois ombragés et villages de contes de fées. Emotion éprouvée à faire partie de cette famille si généreuse et accueillante, souvenirs journaliers et échanges enrichissants qui Guider Marie-Paule, non voyante, sur le chemin Ensemble pour aller à Santiago 18 s’installent pêle-mêle dans ma mémoire, qui ne veut oublier la moindre parcelle de tous ces bons moments ! Revenue chez moi, je flotte dans une espèce de rêve qu’on dirait inachevé ; chacun des participants de ce bout de chemin en fait partie... J’ai hâte de les retrouver l’ an prochain, tous ces gens extraordinaires qui ont choisi de pérégriner différemment jusqu’à Compostelle.” (M.P. T. du Québec) Association des Amis et Pèlerins de Saint-Jacques et d’Etudes compostellanes du Limousin-Périgord L’ ANNÉE 2006 en Lim ousin-Périgord Marches associatives Comme chaque année, quatre belles marches - une dans chacun des départements de notre géographie associative - ont fourni la possibilité, à la fois de parcourir les chemins jacquaires en découvrant sites et monuments et, pour les candidats pèlerins, de profiter des “vieilles” expériences pèlerines tout en découvrant la réalité physique de la marche. - De la Dordogne, sur l’ancienne voie de l’Est, depuis l’abbaye de Devant le porche de l’église de Beauzens Tourtoirac jusqu’à l’église et au château d’Ajat, via les églises de Beauzens et Saint-Jacques de Gabillou, au printemps, Pause à l’arrivée à Bénévent - en passant par la Creuse, de l’église Saint-Laurent de Saint-Priest-lesFeuilles à l’abbatiale de Bénéventl’Abbaye, via l’église Saint-Martial de Chamborand, à travers les paysages des monts d’Ambazac, en juin, - puis par la Haute-Vienne, depuis le hameau de Virareix jusqu’à l’église du Châtenet-en-Dognon (avec, notamment, son portail à coquilles), via l‘église fortifiée des Billanges et le pont du Dognon, en août, Le Dr Blondin, au Châtenet-en-Dognon - pour terminer par la Corrèze Porche polylobé de Bénévent (“prolongée”) en cheminant dans les rudes paysages du Causse, de la forteresse et la vieille cité de Turenne à Martel la médiévale, capitale aux 7 tours de la vicomté, via l’Hôpital-SaintJean, créé pour accueillir les pèlerins, fin septembre, les différents participants ont marché sous le soleil (toujours de la partie), pique-niqué joyeusement, mais aussi visité - toujours sous la conduite érudite du Dr Blondin - les églises, chapelles et autres monuments rencontrés sur leurs chemins. Toujours le Dr Blondin, dans les églises de Corrèze 19 Association des Amis et Pèlerins de Saint-Jacques et d’Etudes compostellanes du Limousin-Périgord L’ ANNÉE 2006 en Limousin-Périgord Le refuge pèlerin associatif de Sorges L a mise en place, depuis deux ans, d’une équipe d’hospitaliers à demeure au refuge de Sorges, permet de fournir aux pèlerins une qualité d’accueil exceptionnelle. D’année en année, les résultats de la fréquentation et les appréciations des pèlerins confirment l’importance et l’utilité de cette action associative, qui répond très exactement aux buts de nos associations jacquaires d’aide aux pèlerins. P our 2006, du 15 mars au 15 octobre, l’on a pu constater une progression de plus de 38 % de la fréquentation pèlerine, globalement pour moitié française et pour moitié étrangère. Une vraie “famille” hospitalière européenne s’est relayée, Moment de rencontre et d’échanges de quinze jours en quinze jours, assurant accueil, aide et conseils (si nécessaire), entretien du refuge, préparation de repas. T ous, villageois et municipalité comme hospitaliers et pèlerins, sont ravis de la réussite et de la qualité de cette étape et de la vie qu’elle apporte, avec ses rencontres et ses échanges. Q uelques témoignages tirés du livre d’or : “Comme à la maison ! ... Merci à l’association de maintenir ce David, l’hospitalier havre de paix pour pèlerins” (28/3) “Merci pour tout ; sur ma route, je rencontre le vrai sens de l’hospitalité... C’est un réel bonheur de partager le pain, les idées, les émotions” (4/4) “Ici tout est parfait... Très bonne étape permettant non seulement de se reconstituer physiquement, mais aussi de poursuivre son cheminement personnel dans le dialogue avec l’hospitalier” (13/4) “Merci à tous ceux qui nous ont aidé et continuez pour que votre association perdure et grandisse d’année en année en valorisant la route de Vézelay” (16/5) “Très joli refuge fonctionnel et bien agencé. Accueil sympathique et chaleureux de l’hospitalier” (19/5) “Accueil irréprochable, hôtes charmants, conseils “La Maison du pèlerin” avisés... Bref, une étape inoubliable. Merci” (26/5) “Ce n’est pas un gîte, c’est un paradis... Merci à toutes celles et ceux qui offrent au pèlerin fatigué ce havre de paix et de bonheur” (3/6) “Une initiative qui doit se prolonger, ici et ailleurs” (11/6) (B) “Je rends grâce à tous ceux qui ont permis à ce gîte d’exister ainsi qu’à tous ceux qui l’entretiennent... Tous repartent avec une ardeur nouvelle le lendemain matin” (15/6) “Une hospitalité dans la tradition des “albergues del peregrino” des années 1980/90" (25/6) “Merci aux élus et bénévoles pour ce beau refuge. Félicitations pour l’excellent Jacques l’hospitalier fléchage du parcours” (12/7) et ses deux pèlerins d’un soir “Bonne route à nos hospitaliers, pèlerins immobiles et amicaux. Ultreia” (17/7) “Une vraie maison de pèlerin comme on aimerait en trouver chaque jour” (24/7) “Merci beaucoup pour votre hébergement et gentillesse. C’est comme être à la maison” (2/8) (D) “Merci à L. & A. pour leur accueil, leurs conseils et surtout leur dévouement” (8/8) “Il (le gîte) est superbe et confortable. Ça devient presque une habitude sur la voie de Vézelay” (10/9) “Rencontres éphémères mais ô combien riches... et inoubliables” (24/9) “Magnifique accueil de W. Reçu, nourri, accompagné. Très beau témoignage de service bénévole” (10/10) 20 LES AMIS DU CHEMIN DE SAINT-JACQUES EN PYRÉNÉES - ATLANTIQUES 2006 UNE ANNÉE RICHE EN ACTIVITÉS Ces événements ont été largement commentés dans quatre numéros de notre Bulletin le Petit Bourdon P.A. MANIFESTATIONS ET PARTICIPATIONS: • Vendredi 3 mars : Conférence de Robert Mestelan, Pélerin de St-Jacques, Jérusalem et Kiev Saint Jean de Luz. • Dimanche 23 juillet : Cagnotte - Sorde l’Abbaye en association avec la Société des Amis de Saint-Jacques des Landes. • Dimanche 18 juin : Corpus Christi : Saint Jean - Roncevaux avec les associations de Pampelune, d’Estella et du Baztan. • 11 au 16 août : Jaxu - Javier avec la pastorale des jeunes du diocèse de Bayonne. • Vendredi 28 juillet : L’Annonce faite à Marie (21h Chapelle d’Harembeltz) . • Samedi 1 juillet : Inauguration officielle de la voie d’Ossau Marche - Exposition . J.l. Cazamea. • Dimanche 24 septembre : Rassemblement à Sainte Christine Avec nos amis Aragonais. A Labourdet • 10 décembre 2006 Fête de saint Nicolas d’Harembeltz • 14 déc. Présentation du guide de la Voie du Baztan Elizondo RESTAURATIONS: Moulin d’Utziat Cimetiére d’Harembeltz. Moulin d’Utziat SORTIES CULTURELLES Vendredi 17 - Samedi 18 - dimanche 19 mars Voie de la Côte- Santillana del Mar - Comillas San Vincente de la Barquera Nicole Gastelu Vendredi 15 - Samedi 16 - Dimanche 17 septembre: Huesca et sa région Albert Germain SORTIES PÉDESTRES • Dimanche 23 avril : Capbreton - Bayonne André Lormand • Dimanche 7 mai : San Adrian Y.Saint-Léger - P.Manificat • Samedi 3 juin au Lundi 5 juin 2006: Jaca - Sangüesa B.Delhomme et J.de Menditte. • Samedi 24 juin et dimanche 25 juin : Laruns - Gabas - Sallent de Gallego . (Par le col de Peyrelue) J-L Cazamea • Samedi 15 juillet : Vallée de L’Urrizate - Col de Mehaka F- Simon B.Saint-Macary • Dimanche 6 août : Ibos - Lourdes B. Delhomme • Dimanche 27 août : Sauvelade - Navarrenx B.Saint-Macary ACCUEIL Cathédrale de Bayonne Des lieux d’accueil: Orthez, Pau, Oloron, Bayonne, Saint Jean Pied de Port: point de départ statistiquement le plus important selon les sources de l’Archevêché de Saint-Jacques de Compostelle (104 accueillants - 25630 pèlerins). Création d’un accueil à la cathédrale de Bayonne. www.compostelle.fr ou www.aucoeurduchemin.org : Visitez notre site, abonnez vous aux lettres d’information recevez en courriel les messages du Forum et découvrez aussi les anciens numéros du Bourdon. 21 ART ET HISTOIRE SANTIAGO (BALADA INGENUA) SAINT JACQUES - BALLADE INGÉNUE Federico García Lorca (1898 - 1936) 25 de Julio de 1918 (Fuente Vaqueros, Granada) I Esta noche ha pasado Santiago su camino de luz en el cielo. Lo comentan los niños jugando con el agua de un cauce sereno. 22 (25 Juillet 1918 (traduction La Pléiade NRF Gallimard) I Saint Jacques a passé cette nuit, Dans le ciel, sur un trait de lumière, Racontent les enfants en jouant Avec l’eau d’un ruisseau serein. ¿Dónde va el peregrino celeste por el claro infinito sendero? Va a la aurora que brilla en el fondo en caballo blanco como el hielo. Où s’en va le pèlerin céleste Par la claire avenue infinie? Il va sur un poulain de neige Tout là-bas vers l’aurore qui luit. ¡Niños chicos, cantad en el prado horadando con risas al viento! Tout-petits, chantez dans la prairie Et trouez les vents de vos rires! Dice un hombre que ha visto a Santiago en tropel con doscientos guerreros; iban todos cubiertos de luces, con guirnaldas de verdes luceros, y el caballo que monta Santiago era un astro de brillos intensos. « Moi, dit quelqu’un, j’ai vu saint Jacques Au milieu de deux cents hommes d’armes. Ils allaient tout couverts de lumières, Enguirlandés de vertes étoiles. Le cheval que montait saint Jacques Était un astre éblouissant.» Dice el hombre que cuenta la historia que en la noche dormida se oyeron tremolar plateado de alas que en sus ondas llevóse el silencio. Le témoin ajoute à son récit Qu’on entendit dans la nuit profonde Comme un froissement d’ailes d’argent Qu’emporta le silence en ses ondes. ¿Qué sería que el río paróse? Eran ángeles los caballeros. Qui obligea le fleuve à s’arrêter? Les anges qui étaient ses chevaliers. ¡Niños chicos, cantad en el prado. horadando con risas al viento! Tout-petits, chantez dans la prairie Et trouez les vents de vos rires! Es la noche de luna menguante. ¡Escuchad! ¿Qué se siente en el cielo, que los grillos refuerzan sus cuerdas y dan voces los perros vegueros? C’est une nuit de lune au déclin. Écoutez! Qu’y a-t-il dans le ciel Qui renforce l’archet des grillons Et inquiète les chiens de la plaine? -Madre abuela, ¿cuál es el camino, madre abuela, que yo no lo veo? « Mère-grand, montrez-moi le chemin. Mère-grand, je ne peux pas le voir. -Mira bien y verás una cinta de polvillo harinoso y espeso, un borrón que parece de plata o de nácar. ¿Lo ves? -Ya lo veo. - Fixe bien, tu verras un ruban De poussière aussi blanc que farine, Une tache qui semble d’argent Ou de nacre. Vois-tu? - « Je vois ... oui. » -Madre abuela. ¿Dónde está Santiago? Por allí marcha con su cortejo, la cabeza llena de plumajes y de perlas muy finas el cuerpo, con la luna rendida a sus plantas, con el sol escondido en el pecho. -« Mère-grand, montrez-moi saint Jacques. Là-bas, il marche avec son cortège. Sur sa tête, un superbe panache, Tout son corps couvert de fines perles, Le soleil caché dans son coeur Et la lune, soumise à ses pieds.» Esta noche en la vega se escuchan los relatos brumosos del cuento. Cette nuit, on entend dans la plaine Les récits nébuleux de la fable. ¡Niños chicos, cantad en el prado, horadando con risas al viento! Tout-petits, chantez dans la prairie Et trouez les vents de vos rires! II II Una vieja que vive muy pobre en la parte más alta del pueblo, que posee una rueca inservible, una virgen y dos gatos negros, mientras hace la ruda calceta con sus secos y temblones dedos, rodeada de buenas comadres y de sucios chiquillos traviesos, en la paz de la noche tranquila, con las sierras perdidas en negro, va contando con ritmos tardíos la visión que ella tuvo en sus tiempos. Une vieille qui vit pauvrement A l’endroit le plus haut du village, Possédant pour tout bien une Vierge, Deux chats noirs, un rouet hors d’usage, Tandis que de ses doigts tremblants Et secs elle fait un bas grossier, Au milieu de ses bonnes commères Et d’espiègles gamins barbouillés, Dans la paix de la nuit endormie Où les monts se perdent dans le noir, Raconte sur des rythmes lents Une vision qu’elle eut autrefois. Ella vio en una noche lejana como ésta, sin ruidos ni vientos, el apóstol Santiago en persona, peregrino en la tierra del cielo. Dans le calme d’une nuit lointaine Sans bruits ni vents, elle vit paraître L’apôtre saint Jacques en personne, Pèlerin du ciel sur la terre. -Y comadre, ¿cómo iba vestido? -le preguntan dos voces a un tiempo. «Quel habit portait-il, bonne vieille? Lui demandent deux voix à la fois. -Con bordón de esmeraldas y perlas y una túnica de terciopelo. - Une riche tunique en velours, Un bourdon d’émeraudes et de perles. Cuando hubo pasado la puerta, mis palomas sus alas tendieron, y mi perro, que estaba dormido, fue tras él sus pisadas lamiendo. Era dulce el Apóstol divino, más aún que la luna de enero. A su paso dejó por la senda un olor de azucena y de incienso. « Mes ramiers étendirent leurs ailes Lorsqu’il franchit le seuil de la porte, Et mon chien qui était endormi Le suivit en léchant ses talons. Il était doux, l’Apôtre divin, Plus doux que la lune de janvier. Un parfum fait de lys et d’encens Sur ses pas embaumait le sentier. -Y comadre, ¿no le dijo nada? -la preguntan dos voces a un tiempo. - Et il ne vous dit rien, bonne vieille? Lui demandent deux voix à la fois. -Al pasar me miró sonriente y una estrella dejóme aquí dentro. - En passant il me fit un sourire Qui laissa une étoile en mon sein. -¿Dónde tienes guardada esa estrella? -la pregunta un chiquillo travieso. - Et où conserves-tu cette étoile? Lui demande un espiègle bambin. 23 -¿Se ha apagado - dijéronle otros como cosa de un encantamiento? -Madre abuela. ¿Dónde está Santiago? -Por allí marcha con su cortejo, -No, hijos míos, la estrella relumbra, que en el alma clavada 1a llevo. S’est-elle éteinte, disent les autres, Comme visions de sortilèges? « Mère-grand, montrez-moi saint Jacques. - Là-bas, il marche avec son cortège.- Non, mes fils, l’étoile que j’ai là, Dans mon coeur jette ses étincelles. -¿Cómo son las estrellas aquí? -Hijo mío, igual que en el cielo. Dis, et comment sont ces étoiles? Mon enfant, comme celles du ciel. -Siga, siga la vieja comadre. ¿Dónde iba el glorioso viajero? Parle encore, parle encore, bonne vieille. Où allait le glorieux pèlerin? -Se perdió por aquellas montañas con mis blancas palomas y el perro. Pero llena dejome la casa de rosales y de jazmineros, y las uvas verdes en la parra maduraron, y mi troje lleno encontré la siguiente mañana. Todo obra del Apóstol bueno. - Il se perdit là-bas dans les monts, Avec mes clairs ramiers et mon chien. Mais il me laissa la maison pleine De rosiers et de fleurs de jasmin. Et les grappes vertes de la treille, Je les vis, le lendemain matin, Soudain mûres et mon grenier plein. Tout cela par la grâce du Saint. -¡Grande suerte que tuvo, comadre! -sermonean dos voces a un tiempo. Los chiquillos están ya dormidos y los campos en hondo silencio. Quelle chance pour vous, bonne vieille!» Font deux voix à la fois qui commentent. Les enfants sont plongés dans le sommeil Et les champs dans un profond silence ... ¡Niños chicos, pensad en Santiago por los turbios caminos del sueño! Tout-petits, pensez à saint Jacques A travers le dédale des rêves! ¡Noche clara, finales de julio! ¡Ha pasado Santiago en el cielo! Ô nuit claire des fins de juillet! Saint Jacques est passé dans le ciel! La tristeza que tiene mi alma, por el blanco camino la dejo, para ver si la encuentran los niños y en el agua la vayan hundiendo, para ver si en la noche estrellada a muy lejos la llevan los vientos. La tristesse qui flotte en mon âme, Je la laisse sur le blanc chemin. Les enfants la trouveront peut-être Et l’enfouiront dans l’eau demain, A moins que dans la nuit constellée Ne l’emportent les vents au lointain ... Le professeur émérite Jean Vilar, spécialiste universitaire de littérature espagnole, nous fait l’honneur de commenter le dessin inédit publié en couverture et ce merveilleux poème de Federico Garcia Lorca. . FEDERICO ET LES DEUX SAINT JACQUES Ce poème est apparemment écrit par Lorca le jour de la St-Jacques et de ses vingt ans, dans son village natal. Etudiant à l’Université de Grenade, il s’apprête à intégrer à Madrid la célèbre Residencia où, pendant près de dix ans, il côtoiera l’élite exceptionnelle des jeunes talents qui constitueront ce qu’on a appelé le « deuxième Siècle d’or » de l’Espagne: Buñuel, Alberti, Dali, etc. Il y a, dans l’inspiration de cette « ballade ingénue », une certaine touche germanique qui est conforme à l’esprit de rénovation pédagogique et d’attention prêtée à la culture populaire qui fut celui des fondateurs de la Residencia. Le jeune Lorca attend peut-être de son ami et protecteur Manuel de Falla, qu’il fréquente à Grenade, qu’il soit le Schubert ou le Schumann de sa ballade. Composé en vers assonancés de dix syllabes (très rares en Espagne), le poème se présente sous la forme d’un diptyque, avec l’efficace naïveté d’un retable baroque rustique : un volet est consacré à l’Apôtre comme Chef de la Milice Céleste, l’autre à Saint Jacques Pèlerin. 24 L’envoi final, commun aux deux volets, en forme de sizain, effleure le motif d’une « tristesse de l’âme » qui émeut, car le lecteur ne sait s’il doit l’attribuer à une réminiscence évangélique majeure, ou à un spleen nocturne convenu de jeune poète, ou à l’angoisse intime qui étreindra Lorca tout au long de sa courte vie. Plus tard, dans le Romancero gitano qui le révèlera au grand public, Lorca préférera à la « ballade » européenne la forme plus espagnole du romance, en vers assonancés de huit syllabes et non de dix comme ici. Ce poème est donc une étape remarquable sur le chemin de la maturation et surtout du dépouillement auquel parviendra le jeune créateur. Il suffit de le confronter, par exemple, au triptyque des trois Archanges dans le Romancero. Mais on se souviendra aussi que certains détails communs aux descriptions un peu prolixes de ce poème de jeunesse et aux raccourcis « surréalistes » du chef d’œuvre de 1927/28 sont moins imaginaires qu’il n’y paraît : plumes, perles, émeraudes et velours sont directement issus de l’art de la statuaire sacrée andalouse. Le jeune Lorca porte sur celle-ci un regard neuf et intense, au point de consacrer une conférence en 1926 aux représentations de Saint Sébastien (lettre à Jorge Guillén). Sous les normes dévotionnelles propres à l’iconographie baroque, il décèle l’expression d’un paganisme et d’un érotisme qui le charment, et dont il nourrira abondamment le cycle initial andalou de sa poésie Le motif commun aux deux volets du poème est emprunté à la part astrale du légendaire de Saint-Jacques. Le « cortège » des Saints Cavaliers qui forment la Milice Céleste est matérialisé par les étoiles de la Voie Lactée, en perpétuelle pérégrination vers l’Aurore, derrière la bannière du Patron de l’Espagne. Mais le premier volet ne fait qu’effleurer cette dimension violente du culte jacobite, pourtant si prégnante depuis la fameuse bataille de Las Navas de Tolosa, où les armes chrétiennes triomphèrent enfin de la morisma, sous la bannière terrestre d’un grand Navarrais. Le deuxième volet fait la part la plus belle à la tradition populaire d’un Saint-Jacques pèlerin bienfaisant, dispensateur estival d’abondances agraires et d’étoiles spirituelles, tradition pétrie de Charité et non plus de Justice armée. Le dessin, dédicacé à Antonio de Luna (1), est plus qu’évidemment lié au poème de 1918, dont il offre une « explication de texte » lumineuse et synthétique. Luna fait partie de ces jeunes gens qui accompagnent Manuel de Falla, aux côtés de Lorca, dans une excursion à la Sierra Nevada dont il est resté une photo célèbre. Lorca lui dédiera aussi la première version imprimée de ses Viñetas flamencas, parues dans le supplément littéraire du journal de Murcie La Verdad, en avril 1927. Le dessin, portant curieusement la double date de 1924 et 1926, a peut-être été exécuté par Lorca à l’occasion d’une relecture de ses premiers essais poétiques, qu’il a publiés à Madrid en 1921, sous le titre banal de Libro de poemas. C’est précisément en 1924 que le jeune grenadin avoue au peintre Gregorio Prieto, qu’il rencontre à la Residencia, le peu de succès que rencontrent ses coloriages enfantins lorsqu’il les distribue généreusement à ses amis. Avec un humour noir très andalou, Lorca prophétise à Prieto, qui, lui, les collectionne, qu’ils prendront une grande valeur après sa mort. Un autre résident, Rafael Alberti, qui est alors peintre, lui aussi, et deviendra le grand rival de Lorca en poésie, en reconnaîtra toute la dimension. Ce seront ses amis catalans, imprégnés du surréalisme naissant, qui feront à Lorca le plaisir d’exposer ses dessins à la Galerie Dalmàu de Barcelone, en 1926, à une date où il est encore inconnu comme poète hors de Grenade. Un des dessins exposés portait le titre de Teorema del jarro, et le motif du vase est en effet récurrent dans les dessins de Lorca, dont celui qu’il placera en frontispice de son Romancero Gitano. Ici, à l’extérieur de la composition, on croit voir en effet un arceau de fleurs bleues planté dans deux vases symétriques, comme dans ces reposoirs qui parent au mois de mai les rues andalouses. Lys, roses et jasmins parsèment la marche terrestre du Saint, dans le deuxième volet du poème. Mais à y regarder de plus près, ces pots de fleurs, surtout celui de droite, ressemblent aussi à des heaumes chevaleresques, avec leur gorgerin, leur visière et leur panache, comme ceux qui ornent la façade de tant de nobles demeures espagnoles. Cette double signification des objets est constante dans la poésie et la peinture, comme Lorca aime à le rappeler dans ses conférences de jeunesse. La guirlande représente l’orbe de la Voie Lactée milicienne, aux astres tournoyants sur le bleu céleste. Le Saint « Cortège » des Chevaliers du Ciel jaillit d’un heaume pour s’abîmer, la nuit finie, dans un autre. Les heaumes, posés au sol, libèrent de toute violence l’autre Saint Jacques, le « pèlerin du ciel sur la terre ». Portant les attributs de son propre culte -chapeau, bourdon, gourde-, Saint Jacques arbore trois coquilles couleur écarlate, stylisées à la façon d’un idéogramme chinois, sur le cœur et les jambes, ces jambes si nécessaires aux marcheurs de la Charité. Il n’exhibe pas la croix sanglante de l’Ordre, le fameux lagarto auquel ont aspiré tant d’Espagnols. Santiago pacifique occupe le centre de la composition. Sa jeunesse et son maintien modeste donnent à son intervention terrestre bienfaisante une dimension de piété filiale. Il est et il montre le droit chemin, comme le signifie la naïve orientation dextrogyre de ses pieds. Jean Vilar [email protected] 25 SAINTE ENGRÂCE Les Chemins de Saint Jacques en Haute Soule sont particulièrement délaissés, alors qu’ils fleurissent abondamment en des lieux moins authentiques. On ne peut nier la suprématie de Roncevaux, surtout à partir du XIIIe. Pourtant bien des pèlerins ont emprunté les autres ports des Pyrénnées-occidentales . Très tôt des passages furent organisés et soutenus par la grande abbaye bénédictine de Leyre, relayée par des communautés de chanoines réguliers qui nous ont laissé des joyaux de l’art roman. À Sainte-Engrâce, la vénération de la jeune sainte et martyr de Saragosse s’est ancrée depuis fort longtemps dans cette haute vallée. Un pèlerinage local avait un grand prestige au moyen-âge, attirant de nombreux pèlerins dont certains continuaient en direction de Compostelle. Ils cheminaient vers l’Abbaye mère, probablement par l’antique voie de transhumance, la Cañada Real de los Roncaleses, que notre association a de nombreuses fois parcourue. Ils accompagnaient peut-être parfois les deux saumons que l’on devait apporter chaque année au grand établissement monastique navarrais. L’église de Sainte-Engrâce présente un ensemble remarquable de chapiteaux historiés. Maritchu Etcheverry qui prépare une thèse de doctorat en histoire de l’art les a particulièrement bien étudiés et s’est attachée à les analyser pour les interpréter . Elle nous invite à pénétrer l’univers fantastique des chapiteaux situés dans la partie orientale de l’église. Orthez Bayonne Pau St. Palais Mauléon St. Sebastien Larrau SAINTE - ENGRACE Ochagavia Pampelune LEYRE Ca ña da Re al St. Jean P.P Oloron Isaba Roncal Jaca 26 A PROPOS DES SCULPTURES ROMANES DE SAINTE-ENGRÂCE : ILLUSTRATIONS DE LA LUTTE DU BIEN CONTRE LE MAL La présence du Mal dans le Monde a très largement compté parmi les thèmes récurrents de la réflexion chrétienne, notamment au Moyen Age. Au XI° siècle est apparue une profonde volonté de lutter contre ces menaces en instaurant un ordre renouvelé. Ainsi, la représentation de scènes figurant la victoire du Bien contre le Mal s’impose à l’époque romane, au dépend parfois de la figuration du Christ glorieux. Ces représentations, généralement sculptées, gagnent les éléments architecturaux des édifices et plus particulièrement les chapiteaux où elles trouvent un terrain propice au développement. Comme la Bible ne fournissait que peu de suggestions à ce sujet, il a fallu avoir recours à de nouvelles sources, comme celles des Bestiaires proposant des monstres plus effrayants les uns que les autres, ou des scènes symboliques illustrant les pécheurs châtiés ou dévorés par des bêtes féroces. Nous conservons par ailleurs de très beaux exemples de la représentation du Mal à Autun où figurent les tentations du Christ, au portail du Jugement dernier de Sainte-Foy de Conques ou bien encore à Vézelay sur le chapiteau de la Tentation de saint Benoît. Non loin de chez nous, en Pays-Basque, dans les confins de la Soule, subsiste l’église de SainteEngrâce, seul vestige encore en élévation de l’ancienne collégiale du XI° siècle, donné en 1085 par le Roi d’Aragon et de Navarre, Sanche 1er, au puissant monastère navarrais de Leyre. Du reste, l’église de Sainte-Engrâce est aujourd’hui également l’un des rares exemples encore en élévation et complet de l’art roman en Pays-Basque. Il subsiste de même l’église de L’Hôpital-Saint-Blaise, cependant très différente de par ses influences, l’église de Notre-Dame de Bidarray ou bien encore l’ancienne abbaye de Lahonce. Mais Sainte-Engrâce est tout à fait attachante parce qu’elle nous est parvenue dans son intégralité. Très peu d’éléments ont été modifiés, et si c’est le cas, ils l’ont été de manière peu importante. Par ailleurs, l’architecture et la sculpture de Sainte-Engrâce, particulièrement riches, confirment son importance ecclésiastique dans cette vallée reculée de la Soule où il est de rigueur de rencontrer des édifices plutôt sobres et modestes. En outre, si Sainte-Engrâce est un édifice tout à fait remarquable de par son architecture particulièrement bien conservée, il n’en est pas moins vrai que ses chapiteaux surpassent en renommée son harmonieuse silhouette. Pourtant située sur une route secondaire des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle permettant aux pèlerins de la Via Tolosana d’emprunter, à partir d’Oloron Sainte-Marie, un itinéraire plus direct afin d’éviter l’ascension vers le col du Somport, l’église a néanmoins bénéficié d’un riche décor sculpté, essentiellement cantonné aux parties orientales de l’édifice et, dans une moindre mesure, au portail occidental de celui-ci. Pénétrons à l’intérieur de l’église. Il se dégage une lumière diffuse qui confère aux chapiteaux sculptés un charme presque divin. Il naît alors une véritable symbolique sur laquelle nous nous sommes longuement penchés. Celle-ci se rencontre dans un premier temps dans les éléments architecturaux. Ainsi, le chevet tripartite exalte la symbolique du chiffre 3, symbole de la Trinité. De même, orienté vers l’est, il se tourne vers la Jérusalem Céleste, comme il est de rigueur à l’époque romane. La voûte en berceau, qui s’impose dans la totalité de l’édifice, porte la forme symbolique du Cosmos, séjour de Dieu, et repose sur des colonnes, références à la forme de l’arbre, dont les racines sont profondément ancrées dans la terre, cependant que ses branches s’élèvent vers le ciel. Entre les deux, se trouve le chapiteau, encore terrestre puisque dépendant de la colonne, mais déjà cosmique car lié à la voûte. C’est dans cette sphère que se déploient les significations de la sculpture romane. L’église de Sainte-Engrâce développe ainsi un programme iconographique lié à la religion chrétienne et destiné à enseigner des valeurs aux fidèles. Les chapiteaux illustrent de fait des scènes dénonçant les vices, les péchés, au travers notamment de représentations illustrant le monde des spectacles et des fêtes. Ces sculptures ont également un but esthétique. Cantonnées aux parties orientales de l’édifice (fig. 1), et notamment aux chapelles, elles ont pour fonction de mettre en valeur les parties liturgiques de l’édifice. L’abside a donc le privilège d’être dotée de scènes bibliques. Fig 1 27 1 2 3 5 6 4 7 13 16 19 10 8 17 20 18 9 14 12 11 15 Plan de localisation des chapiteaux de Sainte-Engrâce (partie orientale de l’égise) 28 Le premier exemple étudié est lié au monde des spectacles et des fêtes. Il s’agit du chapiteau n° n 1 aux Musiciens et à la danseuse (fig. 2). De manière surprenante, ce thème, th généralement cantonné à l’extérieur des édifices en raison de sa nature rrépréhensible –nous y reviendrons-, est ici circonscrit à l’intérieur de l’église, et qui plus est, à l’une des absidioles. Néanmoins, la scène ne pénètre pas dans la chapelle mais en marque l’entr l’entrée. Sur la face principale, deux protagonistes majeurs : un joueur de vièle à bras et une danseuse. Revenons un instant sur le caractère caract répréhensible de ce genre de scène. Les danseuses, assimilées assimil par l’Eglise aux vierges folles de la parabole chrétienne1 sont rejet rejetées par la Société au même titre que les prostituées2. Les musiciens, saltimbanques, acrobates et autres contorsionnistes, sont très largement Fig.2 condamnés par l’Eglise parce que souvent illettrés et indisciplinés. Le défaut de varietas, souvent reproché à ces saltimbanques, désigne la tromperie et la lâcheté. « Par extension, elle connote la fourberie, l’inconstance et la futilité. Les musiciens menacent l’ordre établi par leur itinérance et leurs acrobaties sans fin. Les contorsions sont érotiques. Le danseur défit la loi naturelle –c’est-à-dire divine- de la pesanteur par ses gesticulations perpétuellement changeantes »3. L’emplacement de cette scène - localisée à l’entrée de l’absidiole Nord – implique une adaptation particulière. Il convient de ne pas représenter outrageusement des scènes réprimées par l’Eglise à l’entrée d’une des chapelles. Il en découle une relative sobriété. Les postures, appuient cette volonté d’adapter le sujet au cadre dans lequel il évolue. La dynamique et la débauche, si propres aux musiciens, sont alors suggérées de manière plus subtile par des détails dans l’expression des visages ou bien encore dans un mouvement esquissé. De même, toute origine négative des personnages a été effacée de telle sorte que ceux-ci ne révèlent nullement leur caractère itinérant, ou encore servile. En outre, la connotation sexuelle de ces saltimbanques disparaît au profit d’attitudes sages. Les échancrures des tuniques restent sobres et ne dévoilent aucunement les corps, les déhanchés se font discrets. Enfin, les attributs de la féminité, que sont par excellence les cheveux longs dénoués et virevoltant ainsi que le galbe des fesses et la chute des reins, ou bien encore la poitrine, sont ici représentés de manière très contenue, pour ne pas dire inexistante. Toute sensualité a été gommée dans la représentation féminine, comme pour ne pas détourner les fidèles de leur chemin vers le Salut. Ainsi, il nous para paraît probable de suggérer que cette représentation, quelque peu pondérée, renvoie aux compositions mettant en scène de façon biblique le roi pond David et ses musiciens. Par ailleurs, ceux-ci sont bien souvent représentés repr assis, le roi jouant de la vi vièle de bras. Ce sont là les conditions au ddéveloppement de ce genre de scène à l’entrée de l’absidiole Nord. Nous avons rencontré, rencontr lors de nos promenades romanes, ce même m genre de scène non loin de Sainte-Engrâce, à l’église de Lacommande en Sainte-Engr Béarn (fig. 3), ou bien encore en Aragon où ce B thème connaît un franc succès, notamment th Fig.4 Fig.3 au cloître de Huesca(fig.4). Bien que très similaires, les scènes révèlent néanmoins anmoins quelques particularités en cela que les danseuses, dont les atouts féminins f sont évidents, ddévoilent très largement leur cambrure Second exemple tir tiré du monde des spectacles et des fêtes, f le chapiteau n° 3 aux Montreurs de singe (fig. 5). Nous y observons deux musiciens accompagn accompagnés de deux danseuses et d’un singe. L’intérêt L’int de ce chapiteau rréside dans la volonté du sculpteur à révéler une ressemblance frappante entre la gueule du primate et celle du joueur de flûte à sa Fig5 gauche. Cette constatation n’est pas anodine. Fig.6 En effet, l’expression éberluée émanant du visage du singe par le biais des arcades sourcilières relevées, des yeux ahuris et des babines grotesques (fig. 6), lui confère une certaine docilité, non sans introduire une incontestable notion de bouffonnerie. 29 Fig.7 Par cette attitude très tr caricaturale, l’animal répond à l’allure quelque peu ridicule du joueur de flûte qui lui tourne le dos, comme s’il le parodiait. Aux pommettes saillantes de l’animal rrépond le visage exagérément joufflu du musicien qui s’efforce, tant bien que mal, de faire émerger un son de son instrument (fig. 7). Le joueur de flûte, au plus bas dans la hiérarchie des musiciens, célèbre c les musiciens illettrés et indisciplinés que l’Eglise renie. Ses oreilles, démesurément d grandes, ne font qu’accentuer son ignorance. Elles pallient au manque d’aptitudes du musicien à réinterpréter la musique sacrée. sacr Dénonciation des tentations liées à la musique, à savoir la débauche, la D luxure, l’inconstance, la frivolit frivolité et parfois même la vanité de certains, comme ce joueur de flûte qui s’évertue à exercer un art dont il ne connaît rien, cette scène sc appelle le fidèle à plus de modération. Il est donc question d’acceptation de son statut pour ne pas singer et se transformer soi-même soi-m en cible de railleries. Du reste, la pr présence du singe caricaturant le musicien annonce la dégénérescence d de l’homme, la dégradation physique et morale qui attend le ppécheur4. Autre scène représentant les tentations auxquelles le fidèle doit faire face, Le péché de la chair, au chapiteau n° 9 (fig. 8). Bien que faisant la renommée de Sainte-Engrâce par le sujet si singulier qu’il illustre, ce chapiteau a suscité de nombreuses polémiques en cela qu’il représente sur sa face latérale occidentale un couple nu enlacé. Cette scène, profondément mutilée à une époque antérieure, a largement été interprétée comme illustrant la rencontre de Salomon et de la Reine de Saba. Néanmoins, une étude plus poussée de l’iconographie et des textes nous a permis de mettre en avant plusieurs constats. En premier lieu, cet épisode de la rencontre est très rare dans l’art roman et particulièrement particuli dans la sculpture de cette époque. D’autre part, les représentations repr de cette scène sont bien différentes sc de celle de Sainte-Engrâce. Sainte-Engr Le Roi est repr représenté trônant, cependant que la tr Reine de Saba lui prête pr hommage. Il nous semble ddès lors peu probable que l’église de Sainte-Engrâce, l’ qui est un édifice mineur au sein du monde roman, ait pu être l’instigatrice d’une innovation iconographique si importante. D Dès lors, il Fig8 Fig.9 nous paraît vraisemblable d’admettre que l’on ait pu proposer cette interprétation afin de nuancer la grossièreté et le réalisme de cette scène. Adopter une signification biblique permettait ainsi certainement de faire accepter ce genre de représentation dans un édifice de culte. Quant à l’éléphant qui timbre la face principale, il a de fait été interprété comme l’animal ayant mené la Reine dans son baldaquin jusqu’au Roi. Notons un détail surprenant (fig. 9), le sculpteur, qui n’avait très certainement jamais vu d’éléphant, a remplacé la trompe par une longue langue et réalisé des oreilles minuscules! Selon nous, cette scène revêt une toute autre signification, bien loin de la version conventionnelle et plus qu’acceptable de la rencontre de Salomon et la Reine de Saba. Elle symbolise les plaisirs de la chair auxquels doivent résister les fidèles pour prétendre à la Rédemption. Quant à l’éléphant, symbole de chasteté et de fidélité conjugale, il est là pour appeler une nouvelle fois à la maîtrise de soi. De plus, dans le Physiologus, l’éléphant, qui n’a pas d’articulation aux pattes, doit s’appuyer sur un arbre pour dormir, arbre qui ne tardera pas à rompre sous le poids de l’animal. Seule l’aide d’un congénère peut alors le sortir de cette difficulté. Il en est de même pour l’homme et la femme. « Une fois tombés dans les péchés graves, ils ne peuvent se relever s’ils n’écoutent –comme l’éléphant écoute les cris de son compagnon- l’appel de l’évangile du fils de Dieu, en qui ils pourront se sauver et se libérer des péchés (…) »5. Les amants représentent donc l’abandon à la concupiscence de la chair tandis que l’animal assure que le pécheur peut être pardonné. 30 A ces repr représentations de tentations diverses rrépond le thème du châtiment rréservé aux pécheurs. L’un des chapiteaux les plus aboutis, à nos yeux, de Sainte-Engr Sainte-Engrâce, représente un Homme dévoré par deux lions au chapiteau n° n 2 (fig. 10). Nous y observons un homme adoptant une position tout à fait inconfortable : le dos courbé, la jambe gauche en avant, llégèrement fléchie, la droite emprise aux griffes de Fig.11 Fig.10 l’un des lions, il semble vaciller sous nos yeux. Cette faiblesse impromptue trouve explication à la lecture des éléments latéraux. Deux puissants lions engloutissent goulûment tantôt le bras du personnage, tantôt ses reins. Pourtant, le visage du personnage n’évoque pas explicitement le sort qui l’attend. Sa figure, très stéréotypée, traduit un certain renoncement, comme si la victime s’était résignée à ne plus lutter et avait accepté le destin qui l’attendait. La victime, par son calme, renvoie le fidèle à se remettre en question, à s’interroger sur les possibilités qui s’offrent à lui pour éviter ce genre de châtiment. De par son attitude paisible, l’homme attaqué offre un parallèle intéressant avec la représentation de Daniel dans la fosse aux lions, scène biblique si estimée par les sculpteurs romans, et que l’on retrouve notamment au collatéral septentrional de Sainte-Marie d’Oloron (fig. 11). Ainsi, seule la foi, et la fidélité au Seigneur permettent d’échapper aux forces du Mal dont la gueule de l’enfer qui engloutit les pécheurs est par ailleurs souvent symbolisée par un lion. En outre, la représentation particulièrement délicate des lions corrobore cette signification. La queue, par exemple, représente la justice de Dieu6. L’importance que revêt celle-ci dans la représentation pourrait donc bien symboliser la supériorité du Bien contre le Mal. De plus, la symbolique antique accordé au lion semble ici être maintenue. En effet, celle-ci atteste que « le lion est une bête noble et généreuse qui épargne celui qu’il a abattu, comme le Christ pardonne à qui l’implore »7. Ainsi, s’il engloutit un homme, c’est pour l’anéantir au profit du nouveau qui va renaître. rena De fait, la scène montre une idée de Résurrection, de pardon du pécheur tout en suggérant la damnation. Bien R au-delà de la signification première de punition des pécheurs que revêt cette au-del sculpture, le th thème ici évoqué, par la façon dont il est savamment interprété, est donc sujet à méditation. Seules la pondération et la foi permettront aux forces du Bien de triompher, et accorderont au pécheur p le pardon qui le mènera au Salut. m A l’instar du ddécor de ce chapiteau n° 2, le Combat contre un lion rencontré au chapiteau n° 8 nous montre un lion engloutissant un homme cependant Fig.12 Fig.1 qu’un second surgit de la droite muni d’un gourdin et fermement ddécidé à anéantir la cruelle bbête (fig. 12). Quant à la malheureuse victime de l’impitoyable animal, elle semble émettre une dernière plainte, un dernier appel au secours. Ses derni yeux pliss plissés traduisent la douleur dans laquelle elle se tort. Ses bras, qui retombent assez raides de part et d’autre de son visage, paraissent esquisser un ultime geste d’imploration. Sa main gauche, amplement penchée, pench pourrait-elle demander de l’aide ? En tout état de cause, il est clair que le Fig.14 personnage ne saurait se sortir seul de cette situation, et c’est bien pour cela qu’il ne semble point lutter contre le lion. Une sc scène identique orne le portail de Sainte-Marie d’Oloron. Nous y retrouvons un lion engloutissant un personnage (fig. 13) ainsi que deux hommes arm armés de gourdins (fig. 14). Ces exemples sont un second témoignage, après les danseuses aragonaises, du Fig.13 réseau d’influences dont les sculpteurs de Sainte-Engrâce se sont inspirés pour la réalisation de leurs œuvres. 31 32 A Sainte-Engrâce, Sainte-Engr cette scène de châtiment est toutefois enrichie par l’adjonction d’une seconde scénette, sc sculptée sur la face latérale méridionale du chapiteau : un homme trônant, à l’abri de la bête féroce et vaillamment protégé par l’homme armé posté devant lui (fig. 15). Une inscription surmonte prot ce dernier personnage : GARCIA DAT ME FACERE FECIT « Garcia m’a fait faire ». S’agit-il du maître d’œuvre, ou de l’évêque d’Aragon mentionné dans l’acte de donation au monastère monast de Leyre en 1085 ? Nous manquons d’informations pour confirmer l’une ou l’autre des th théories. Deux autres scènes sc illustrent la punition des ppécheurs : le chapiteau n° 12 des Hommes encha enchaînés (fig. 16) et le n° 16 aux Hommes accroupis (fig. 17). Les hommes encha enchaînés du premier chapiteau pourraient bien symboliser le pécheur, p dont le destin est lié à ses Fig.15 erreurs. La scène illustre donc le châtiment du pécheur. Les yeux révulsés du personnage de la face principale, ou bien encore la disposition de leur bouche, qui rappelle la mimique qu’exécute le singe sur la corbeille n° 3, ne sont pas sans évoquer la démence, la folie Fig.16 qui attend les pécheurs après le jugement. Cette représentation sentation renvoie aux atlantes, que Jacques Lacoste identifie -au trumeau du portail occidental de l’ancienne cathédrale Sainte-Marie d’Oloron (fig. 18)- aux hommes de l’ancienne loi auxquels le Christ, par son sacrifice, apporte la délivrance8. Victor All Allègre, lui, y voit une allégorie de l’écrasement du paganisme9. A Sainte-Engr Sainte-Engrâce, il semblerait probable que cette symbolique ait été reprise pour figurer l’ennemi vaincu, à savoir le Mal. Par ailleurs, un grand nombre d’atlantes remplissent le rrôle de vaincu humilié et apparaissent ainsi comme les ennemis de la foi ou le symbole de la reddition dans la reconnaissance de la toute puissance divine. Quant aux chaînes, tout comme à Oloron, elles constituent l’attribut de la captivité captivit mais éégalement l’aspect spirituel de la captivité de l’âme en enfer. Les chaînes indiquent que le l’ Fig.17 Diable s’est emparé de leurs âmes. Le chapiteau suivant aux Hommes accroupis (fig. 17) illustre sur la gauche un homme se tirant la barbe, cependant qu’à droite, il s’écarte la bouche. Là aussi, les yeux –matérialisés par une sorte de tourbillon- traduisent la démence et la terreur qui s’emparent des rréprouvés lors du Fig.18 châtiment. Le thème des tireurs de barbe ch est par ailleurs très tr fréquent dans l’art roman. Il en est de même pour les scènes sc représentant des hommes s’écartant s’ la bouche. Nous en retrouvons du reste de beaux exemples, bien que parfois fort détériorés, d sur deux chapiteaux du portail de la cathédrale cath SainteMarie d’Oloron (fig.19 et 20). Le sculpteur invite donc les pécheurs, p par la Fig.19 représentation des tourments infernaux qui les attentent, à se corriger avant qu’ils ne soient frappés de folie. Ainsi, ce chapiteau livre un avertissement et pousse le fidèle Fig.20 à la pondération. A Sainte-Engrâce, Sainte-Engr les sculpteurs ont éégalement eu recours, comme il est fréquent à l’époque, aux bêtes féroces fr dont parlent les Bestiaires. Le chapiteau n° 10 est particulièrement intéressant en cela qu’il dévoile une int certaine dualité dualit dans la représentation (fig. 21). M Même s’il est difficile de nous prononcer de façon fa certaine quant à l’identification de ces animaux, il nous est toutefois permis d’ d’émettre des hypothèses. L’animal central attaqué par hypoth Fig.22 Fig.21 d’autres bêtes b pourrait bien être un cerf, si l’on en croit les bois dont il est pourvu. L’animal de la face latérale occidentale est vraisemblablement une bête sauvage – ses pattes griffues introduisent au symbolisme maléfique - cependant que les deux animaux de la face latérale orientale paraissent domestiqués (fig. 22). La présence de colliers à leur cou corrobore cette hypothèse. Leur air affectueux, leurs oreilles couchées ainsi que leur langue pendante nous les fait assimiler à des chiens. Ces derniers, malgré une tradition issue de l’Antiquité leur étant défavorable10, deviennent le symbole du dévouement et de la fidélité. Le Bestiaire d’Oxford les compare aux prédicateurs : « Les prédicateurs ressemblent aux chiens : ce sont eux qui par leurs admonestations et leur pratique du bien repoussent les embuscades du diable et gardent le trésor de Dieu, c’est-à-dire les âmes des chrétiens, de peur que le démon ne se les approprie »11. Il est possible dès lors qu’il s’agisse ici d’une représentation de la lutte du Bien contre le Mal. Les forces maléfiques seraient incarnées par les bêtes dévorant l’animal central cependant que les chiens personnifieraient le Bien venant à la rescousse du pécheur qu’est le cerf, symbole de l’ardeur sexuelle. Par ailleurs, ce péché correspondrait assez bien avec le chapiteau auquel il est confronté où se côtoient un couple nu enlacé et un éléphant. De plus, les bois du cerf peuvent vaincre symboliquement toute force du mal12. Néanmoins, deux éléments ments importants emp empêchent chent de confirmer cette hypothèse. hypoth Le premier relève de la dualité entre le côté positif du chien et son côté c négatif : celui-ci est associé aux cerbères d’Actéon ddévorant leur propre maître métamorphosé en cerf par Artémis pour l’avoir ddésirée. Il est d’ailleurs très probable que la dualité du Bien et du Mal chez tous ces animaux relève rel d’une volonté du sculpteur de souligner que les ppécheurs peuvent basculer à tout moment dans la faute ou bien se ranger dans les voies menant au Salut. Les sculpteurs de Sainte-Engrâce Sainte-Engr ont de même fait appel au Bestiaire fantastique, notamment dans la repr représentation des Centaures du chapiteau n° 5 (fig. 23). n De tous temps, ce dernier a été associé à la violence. Il représente l’homme hypocrite et faux dont les actes ddécouvrent la nature bestiale. De fait, il Fig.23 est assimilé au Diable. Il n’est donc pas surprenant de le voir arquer son arme face à un congénère. Cette brutalité atteste que l’être hybride s’est laissé surpassé par sa part animale. Il symbolise de fait le pécheur qui n’a pas réussi à résister aux tentations maléfiques et résonne ici comme une mise en garde. Enfin, le Bestiaire s’impose dans le décor des griffes d’angle se développant sur les bases des colonnes couronnées de chapiteaux sculptés. Chouette, singe, rongeur, carnassier, etc., nombre d’animaux s’y côtoient pour dénoncer les péchés capitaux. La première (fig. 24), de par son caractère nocturne, illustre l’esprit d’aveuglement face à la vérité et à la lumière divine. Néanmoins, le Christ tendit les bras à ceux qui étaient dans les ténèbres13. Elle est de fait Fig.24 assimilée, selon le bestiaire d’Oxford, au Christ aimant les ténèbres et la nuit car refusant la mort du pécheur et souhaitant sa vie et sa conversion. Elle illustre en conséquence parfaitement le combat du Bien contre le Mal : « Vous avez été un jour ténèbre, soyez maintenant la lumière du Seigneur »14. 33 Fig.25 Nous ne reviendrons pas sur la symbolique du singe (fig. 25) pour nous pencher sur celle du carnassier, vraisemblablement un loup, ddévorant un bouc (fig. 26). Image du ppécheur voulant se repentir, ce dernier symbolise le Christ dont le sacrifice a permis le rachat des péchés p des hommes. Le loup engloutissant l’animal, est quant à lui approprié au Diable : luxurieux, fféroce, vorace, nocturne et Fig.26 charognard. Pierre de Beauvais atteste que « (…) le loup représente le Diable, il a un sentiment de haine permanent pour les humains et rode autour des pensées pens des fidèles pour tromper leurs âmes ». Une fois parvenu à la perversion de l’humain, le Diable affirme sa puissance en le ddévorant, symbole de sa victoire contre le Bien. Néanmoins, écrasées entre N les piliers et leurs bases, ces griffes d’angle sont également les images du Mal vaincu par la puissance divine. Quant aux représentations repr historiées, elles exaltent de histori Fig.27 manière certaine la fidélité envers le Fig.28 Christ et glorifient la symbolique du nombre 3 que nous retrouvons dans les chapiteaux aux 3 Rois mages –chapiteaux n° 4, 13 et 17- ou bien dans celui de la Visite des 3 saintes femmes au tombeau –chapiteau n° 7-. Ainsi, le sépulcre vide en face principale de ce dernier laisse apparaître le linceul, montrant que la mort n’est rien (fig. 27). Ce détail judicieux introduit à la Résurrection, et de fait, au Pardon. Le Voyage des Mages du chapiteau n° 13 (fig. 28) illustre le chemin que les fiddèles doivent parcourir pour atteindre le Salut, la démarche spirituelle dont ils doivent faire preuve. La fidélité d au Christ est suggérée sugg dans les scènes de l’Adoration des Mages, chapiteaux n° 4 et 17 (fig. 29 et 30). Seule cette n allégeance permettra d’accéder à la all rédemption des péchés et ainsi à la vie ré ééternelle.Concluons ce cheminement vers le Salut et la Rédemption R avec le chapiteau à la colombe, n° 11 (fig. 31) ou peut-être peutdevons-nous parler d’un aigle ? Quoiqu’il en soit, ce chapiteau Fig.29 pourrait bien être la pièce finale de ce parcours chaotique. L’aigle, symbole de l’homme vertueux, va illustrer le christ qui mène les âmes de la terre vers le ciel. Le Physiologus affirme que l’aigle possède une nature telle que lorsqu’il vieillit, que ses ailes Fig30 s’alourdissent et ses yeux s’obscurcissent, il cherche une fontaine et s’élève alors droit vers le soleil. Là il consume ses ailes et brûle l’inflammation de ses yeux par le feu des rayons. Il redescend aussitôt dans la fontaine dans laquelle il plonge par trois fois. Alors ses ailes rajeunissent, ses yeux s’éclaircissent et il redevient aussi jeune qu’auparavant. Ce renouvellement par le feu et par l’eau est à mettre en relation avec le baptême et la pénitence. L’aigle qui est capable de se régénérer ainsi nous offre un bel exemple, car c’est ainsi que devrait agir l’homme qui veut se détacher de son vieil état de pécheur pour devenir un homme nouveau. Cette rénovation est le symbole de la résurrection et du pardon au pêcheur. 34 Quant à la colombe, elle symbolise la chasteté, donc la modération mais également la paix universelle. Les sculpteurs mod de Sainte-Engr Sainte-Engrâce ont donc imaginé une fin heureuse dans ce parcours spirituel. Maritchu Etcheverry [email protected] Fig.31 (Footnotes) 1 Catherine Homo-Lechner, Sons et instruments de musique, p. 47. 2 Ib., p. 48. 3 Ib., p.54. Marcel Durliat, La sculpture romane de la route de Saint-Jacques, de Conques à Compostelle, pp. 236 237. 5 Jean Arrouye, Bestiaire allégorique, dans Figures de l’art, 2003-2004. 4 6 Selon Raban Maur, cité par Debidour, Le bestiaire sculpté en France, p.286. 7 Hugues de Saint-Victor, cité par Debidour, Op. cit., p.290. J. Lacoste, Le portail roman de Sainte-Marie d’Oloron, revue de Pau et du Béarn, 1973, p. 62. 8 9 V. Allègre, Les vieilles églises du Béarn, T.1, pp. 119-137. Ps. XXII, 17 ; XXVI, II ; Marc VII, 27. 10 11 Extrait du Bestiaire d’Oxford cité par Xosé Ramòn Mariño Ferro dans Symboles animaux, p. 88. 12 Xosé Ramòn Mariño Ferro, Op. cit., p. 52. 13 Debidour, Op. cit., p.293. 14 Bestiaire d’Oxford retranscris par Mariño Ferro, Op. cit., p. 93. 35 FONTAINES À SAINT- JACQUES DE COMPOSTELLE EN 1897 Plaques photographiques de Marie-Joseph Henry, comte de Lestrange,il nait à Paris le 29 avril 1853. En 1895, il adhère à la Société d’excursion des amateurs de photographie. De 1902 à 1909, il participe aux Salons du Photo-club de Paris. Il est membre de la Société française de photographie de 1909 jusqu’en 1913. Il meurt en 1926. 36 CHEMIN DE SAINT-JACQUES REGARD SUR LA VOIE DE LA CÔTE EN PYRÉNÉES-ATLANTIQUES St. ESPRIT BAYONNE BIARRITZ BIDART SAINT-JEANde-LUZ FONTARABIE a aso Bid BIRIATOU URRUGNE e ell IRUN N.D.de SOKORRI Niv Croix des Bouquets AHETZE USTARRITZ CIBOURE HENDAYE Uh ab ia Nive GUETHARY ASCAIN 37 C ertains auteurs avancent que la voie dite du littoral ou “ primitivo” serait le plus ancien des itinéraires pour Compostelle. Il y a peut-être dans cette affirmation une vérité en ce qui concerne le chemin en Espagne, mais il semble que dans notre région d’Aquitaine, les communications suivant, à cette époque, les structures restantes des anciennes chaussées romaines étaient beaucoup plus axées vers les itinéraires classiques décrits, vers 1130, par le Guide du Pèlerin du Codex Calixtinus. C’est l’itinéraire de Bordeaux à Astorga que suivaient les premiers pèlerins. Cette route les amenait à Dax (Aquae Tarbellicae) et se poursuivait vers Imus Pyrenaeus. D’ailleurs la grande abbaye de La Sauve Majeure, le plus important des relais pour Compostelle en Aquitaine avait des possessions jusqu’en Aragon. Pour parvenir à Dax, les voyageurs avaient deux possibilités : soit “la route des étangs” au plus près de la côte, soit la plus rapide par Salle. L’itinéraire, daté de 1621, de Jean Le Clerc, rue St. Jean de Latran à la Salamandre Royale à Paris indiquait : “ Notez qu’à l’Esperon (Lesperon en amont de Dax ), qui veut tirer à Navarre, faut prendre à Senestre ,ou de là passer par la Bisquaye...). Cet itinéraire amenait nos pèlerins sur le plateau de Saint Etienne qui dominait Bayonne. Ils pouvaient trouver accueil en l’Abbaye de Saint-Bernard-les-Bayonne, aujourd’hui disparue, fondée vers 1245 par l’Ordre de Citeaux1. On peut voir dans l’église Saint Etienne « la statue de la Vierge miraculeuse de Saint-Bernard » qui y trouva refuge à sa démolition. Une anecdote rapportée par J.B. Daranatz le petit doigt de la main droite de l’Enfant Jésus manquait presque complètement; les marins du Boucau, partant en voyage, avaient l’habitude d’emporter, en guise de talisman, un fragment de ce doigt qu’il fallut restaurer. Lee chemin emprunte la longue rue Maubec qui descend du plateau Saint-Etienne aux berges de l’Adour. l Au 48 de cette rue, on peut encore voir la porte marquée d’une coquille noire indiquant la maison tenue par Madame Belcour; là se trouvait le dernier accueil des pèlerins existant à Bayonne. A l’extrémité du pont traversant l’Adour, fut édifié au XIIe siècle un prieuré de style roman dont il reste l’abside au choeur carré à deux travées. II devint le centre du faubourg Capdu-Pont. Plus tard, il fut remplacé par une collégiale et un hôpital : «l’ospitau du Cap dou Pont » et obtint d’importantes possessions acquises notamment grâce aux libéralités de Louis XI. La collégiale romane fut remaniée au cours du Moyen Age. Aujourd’hui, autour du choeur, les voûtes d’ogive en étoile rappellent l’influence des artistes de l’école allemande du XV e siècle. Une belle sculpture en bois polychrome du XV e siècle représente la fuite en Egypte; elle provient elle aussi de l’ancienne Abbaye de Saint-Bernard. Ce quartier appartenait jadis aux chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem qui possédaient également l’hôpital et l’église du faubourg Saint-Esprit. Franchissant l’Adour, on parvient au centre de la vieille cité, au confluent de l’Adour et de la Nive, dominée par sa cathédrale et son château-vieux 38 Publié par René de LA COSTE-MESSELIÈRE : Revue Compostelle n°1-1988 p. 44 39 Etant arrivés à Bayonne, Loin du pays, Nous changeâmes tous en doublone Nos beaux louis, Devant d’abord nous engager Dans la Biscaye, C’est un pays rude à passer d’un différent langage 2 La cathédrale La cathédrale gothique fut élevée sur l’emplacement d’une première église romane. Elle est consacrée à la Sainte Vierge Marie. Entreprise au XIII e siècle, continuée au XIV e , grâce à l’action l du cardinal Godin, elle fut achevée dans la seconde moitié du XVI e siècle, à part les deux flèches de la façade qui ne furent terminées que dans la seconde moitié du XIX e siècle. La cathédrale était à la fois un édifice religieux et civil. Les membres du corps municipal et les officiers, à leur entrée en charge, y prêtaient serment. Gloire de saint Jacques Cathédrale de Bayonne Dans le cloître se déroulaient les réunions des différentes corporations, notamment le dimanche et les jours de fête. Dans la sacristie, on peut admirer l’ancien portail sud dont les sculptures furent préservées des destructions commises durant la période révolutionnaire : on y découvre une statue de Saint-Jacques le Majeur (XIII e siècle) avec son bourdon et dont la besace est ornée d’une coquille. Une chapelle du transept est consacrée à Saint-Jacques; les beaux vitraux qui l’éclairent ont été restaurés récemment. L’une des rosaces supérieures présente l’embarquement du corps de SaintJacques pour son voyage vers les rives de Galice, l’autre, le saint porté au ciel par deux anges. Sur les vitraux on peut contempler diverses épisodes de la vie de Jacques A l’automne 2003, un bourdon de 3,6 tonnes sous le vocable de SaintJacques le Majeur, orné d’une coquille, a été hissé dans le beffroi de la flèche nord. Confrérie de Saint-Jacques à Bayonne Bayonne et sa cathédrale était une étape importante sur le chemin de Saint-Jacques. Les anciens pèlerins aimèrent à se regrouper à la cathédrale, dans la chapelle de Saint Jacques, située à la droite de la chapelle du Saint-Sacrement Etant arrivés à Bayonne, Loin du pays, Nous changeâmes tous en doublone Nos beaux louis, Devant d’abord nous engager Dans la Biscaye, C’est un pays rude à passer d’un différent langage 2 40 Aux archives communales de Bayonne, on a conservé la double requête adressée en date du 26 mai 1603 par les anciens pèlerins “ de ceste ville et du pais circonvoisin” aux échevins de la cité ainsi qu’à l’évêque et au chapitre, en vue d’instituer la frairie et une procession générale le jour et feste de M. Saint Jacques(3). Une réponse favorable fut apportée à cette requête puisque d’après un autre texte des Archives communales de Bayonne G.C.216 :“ le corps de ville, sachant que la religion est la meilleure gardienne de l’ordre d’une cité, décide que désormais il assisterait à la procession de Saint-Jacques en robe noire et chaperon rouge. Les pèlerins de Saint-Jacques porteraient le chaperon rouge couvert de coquilles et le bâton de pèlerin orné de la gourde” Les statuts sur parchemin de cette confrérie se trouvent aux archives de l’évêché de Bayonne Toutefois, c’est en 1620 seulement que le pape Paul V accorda des lettres apostoliques pour autoriser la confrérie de Saint-Jacques, dans l’église Notre-Dame de Bayonne. Cette confrérie fut régie ,jusqu’à la Révolution par les Statuts et les règlements de la confrérie de Saint-Jacques de Bordeaux, institués le 26 juin 1624 par le cardinal de Sourdis. Un différend de préséance étant survenu entre les confréries de Saint-Léon et de Saint-Jacques, le chapitre décida en 1651 que, comme la frairie de Saint-Léon est la première et la plus ancienne de la cité, elle doit précéder celle de Saint-Jacques; qu’aux enterrements, la croix de la frairie de SaintJacques marchera devant celle de Saint-Léon, et que le drap mortuaire de ladite frairie de SaintJacques sera posé le premier sur le corps ou caisse du décédé, et celui de ladite frairie de Saint-Léon par-dessus, sans néanmoins couvrir l’image de Saint-Jacques. Pour faire partie de la confrérie, il fallait avoir accompli le pèlerinage de Saint-Jacques et en présenter une attestation. “ La première année de 1603 de l’institution de notre frérie, il s’est trouvé le nombre de 85 pèlerins en procession, et la seconde feste s’est trouvé 143 pèlerins“ Il y en avait d’Anglet, Arbonne, Arcangues, Bidart, Ciboure, Guéthary, Hastingues, Lahonce, SaintJean de Biuts (Mouguerre),Saint-Jean-de-Luz, Sames,Tarnos, etc. Tous les corps de métiers assistaient à la procession de la Fête-Dieu avec les confréries, les ordres religieux, le clergé. Voici dans quel ordre ils assistèrent à celle qui précéda la Révolution, en 1789 à savoir : les pèlerins de Saint-Jacques, les taverniers ou crieurs de vin, les savetiers, les tisserands, les bouviers de ville, les jardiniers des trois banlieues de la ville, les tilloliers, les poissonniers, les gabariers, les meuniers, les boulangers,les menuisiers, les maçons, les charpentiers de maisons, les vitriers. les forgerons, les cordiers, les charpentiers de navires, les orfèvres, les tonneliers, les marchands drapiers, la confrérie du Très-Saint-Sacrement. Pour les ordres religieux : les Capucins, les Cordeliers, les Carmes, les Augustins, les Jacobins, les Prêtres séculiers, prébendés et chanoines, l’évêque célébrant, les fonctionnaires civils et militaires, le peuple. Où faire passer le chemin du littoral depuis Bayonne? L’urbanisation due au développement des agglomérations de Bayonne, Anglet et Biarritz a rendu difficile un tracé correspondant à ce que pouvait être le chemin de Saint-Jacques sur cette portion du territoire. Cette difficulté se retrouve d’ailleurs tout le long de la route côtière. C’est à la suite d’une visite de nos amis d’Alava (ils avaient en effet parcouru le chemin en suivant la R.N. 10, frôlant l’accident pratiquement à chaque pas) que notre Association procéda à la recherche systématique d’un trajet respectant autant que faire se peut le passage par les églises, les monuments et la toponymie tout en assurant aux pèlerins futurs non seulement la sécurité mais une véritable qualité de parcours et une réalité historique. Il faut comprendre que sur cette frange côtière arrivent de nombreuses petites rivières. Autrefois, leur débouché sur l’océan se terminait par de véritables marais fangeux et que, sans aucun doute, le chemin devait suivre la ligne de crête des premières collines qui longent la côte. On peut se rendre compte que les églises et les villages (Biarritz, Bidart, Guéthary) se trouvent sur ces premières hauteurs et que seul un petit port existait, en bordure de mer, pour les pêcheurs ( Biarritz et Guéthary). Le développement touristique a gommé cette séparation village/port. Un itinéraire de randonnée vient d’être ouvert sous les auspices du Conseil général des Pyrénées-Atlantiques : de Bidart il rejoint Hendaye au plus près de l’océan; c’est une réalisation touristique car ce chemin descend souvent sur les plages et ne peut être praticable pour un pèlerin chargé, surtout en cas de mauvais temps et de fortes marées. 41 Ensuite entre Ciboure et Hendaye, son parcours suit la route qui domine les falaises alors que la vieille route royale de Paris à Madrid partant de St Jean-de-Luz et de Ciboure passait par Urrugne, la Croix des Bouquets, dominant Béhobie et Irun, pour aboutir soit, au Pas de Béhobia ou au gué de Priorénia à Hendaye; là un service d’embarcations permettait de traverser la Bidassoa avant la construction du Pont Saint-Jacques (1915). Cependant tout au long de son histoire, les deux rives furent également reliées par des ponts de bois qui, suivant les aléas des guerres, se construisaient et étaient détruits. En suivant le chemin de Saint-Jacques du littoral : Part Partant de la cathédrale de Bayonne le chemin de SaintJacques descend vers les bords de la Nive et rejoint le chemin de halage à la hauteur des locaux de l’Aviron l bayonnais. Tout à côté on peut voir la fontaine Saint-Léon. Nous conseillons un trajet par des quartiers tranquilles de Bayonne pour passer par ll’église de Saint Léon d’Anglet, et rejoindre la plus ancienne église de Biarritz, Saint Martin, gothique, dont le clocher-mur servait autrefois dd’amer aux pêcheurs pour repérer ll’entrée du port de Biarritz. Le chemin gagne Bidart (bide artean croisée des chemins); saint Jacques (Bidart) dans son église du XVI e consacrée à la Vierge de l’Assomption une belle statue en bois représente Saint-Jacques en pèlerin; elle est sans doute du XVII e et de facture espagnole. Traversant le cimetière, le chemin passe par souterrain la RN 10 pour remonter sur les hauteurs et de nouveau descendre vers le ruisseau de l’Uhabia. Franchissant la voie ferrée, un pont sur l’Uhabia, enfin empruntant un tunnel sous l’autoroute, autoroute, il regagne les hauteurs de Dorrea; Ahétze n’est pas loin. On peut visiter son église où plusieurs représentations de l’Apôtre dont un devant d’autel représentant le Christ et les pèlerins d’Emaüs avec chapeaux, bourdons et calebasses, indique bien qu’un passage de pèlerins empruntait aussi cette liaison secondaire; la maison Ospitlea jouxte l’église. Environnement campagnard à deux pas des plages surpeuplées, l’itinéraire suit le chemin de Laharraga pour croiser bientôt la Vieille route de Saint-Pée et descendre vers les bord de la Nivelle par le chemin Ahétze de Chantaco, possible déformation de Santiago. La chapelle Saint-Jacques de Serres est tout à côté en direction d’Ascain; peut-être commandait-elle un gué sur la Nivelle, évitant Saint-Jean-de-Luz? Saint-Jean-de-Luz Longeant la promenade des quais de la Nivelle, Saint-Jean-de-Luz accueille le pèlerin. Quand nous fûmes à Saint-Jean-de-Luz. Les biens de Dieu en abondance; car ce sont gens de bien élus, des charités ont souvenance, donnant aux pauvres chevance; Et de leurs biens en abondance, Disant: vous aurez souvenance, Dieu nous conduise à sauvement 4 Son église Saint-Jean-Baptiste, l’une des plus belles du Pays basque avec ses trois rangées de galeries retiendra l’attention du pèlerin. Saint Jacques moitié pèlerin, moitié guerrier tenant bourdon et épée, portant cuirasse et la palme du martyr. Il remarquera la porte murée par laquelle entra l’Infante Marie Thérèse d’Espagne pour épouser Louis XIV. 42 Il pourra y remarquer, dans le superbe retable, une statue de Saint Roch revêtue de tous les attributs du pèlerin et dans la chapelle droite un vitrail XIX e représentant Saint Jacques moitié pèlerin, moitié guerrier tenant bourdon et épée, portant cuirasse et la palme du martyr. Il remarquera la porte murée par laquelle entra ll’Infante Marie Thérèse dd’Espagne Espagne pour épouser Louis XIV. Il se rendra ensuite à la Mairie où il admirera, dans la salle du conseil, une statue de Saint-Jacques en bois polychrome; elle proviendrait de ll’ancien hôpital de pèlerins qui se trouvait à ll’emplacement actuel du casino. Saint-Jean-de-Luz possédait un hôpital pour pèlerins dès 1357. Il faut croire qu’au XVII e siècle un nombre important de pèlerins passaient par Saint-JeanPlan du XVIIIe Eglise de Sanit-Jean-de-Luz de-Luz puisqu puisqu’en date du 15 février 1686 une déclaration du roi Louis XIV, confirmant une ordonnance du 25 juillet 1765, imposait un très sévère contrôle des pèlerins « des ports depuis biarris jusques a handaye...des paroisses du pais de Labourt depuis handaye le long des pyrennéés jusques a la frontiere de basse navarre». Les sanctions, en cas de passage sans certificat ou attestation justifiant leur réelle qualité de pèlerin, pouvaient aller jusqu’à la condamnation aux galères (Archives de Saint-Jean-de-Luz,: GG2-6-1) Le chemin franchit le pont sur la rivière Nivelle pour pénétrer dans Ciboure (Ziburu en basque, tête de pont). Au Moyen Age, un simple gué unissait les deux rives; les cartes de l’époque y signalaient une profondeur dd’une toise (1,949 m.).Son église Saint-Vincent (XVI e ), dont le clocher octo octogonal de 30 m coiffé d’une originale pagode, semble fortifiée. Les abords fangeux de la rivière obligeaient le pèlerin et les voyageurs à monter sur la colline. Il empruntait le chemin dd’Agorreta dont le nom évoque ll’hôpital-hospice; il reste un mur signalé par une plaque. Auparavant, sur ce même chemin, à la hauteur de la Croix Blanche se trouvait ll’hôpital Saint-Jacques; la croix pourrait provenir de cet établissement. Cela démontre que même si la route côtière nn’était pas sur la grande voie du camino francés, elle devait y avoir une certaine fréquentation pour trouver 3 hôpitaux sur 3 kilomètres 5. Ciboure était autrefois partie intégrante de la paroisse dd’Urrugne Croix blanche qui ss’étendait des rives de la Nivelle à celle de la Bidassoa. Ciboure et Hendaye en furent distraits au XVII e siècle, Béhobie, autre quartier d’Urrugne, a une paroisse particulière sous le vocable de Saint Jacques ; son église agrandie par un don de l’empereur Napoléon III et de l’impératrice Joséphine(voir inscription au dessus de la porte) possède une très belle statue de bois doré du XVII e . Le chemin, pour éviter la circulation sur la R.N. 10, suit de petites routes menant au château dd’Uturbie dont l’existence est déjà Urrugne e signalée au XIII siècle. Deux itinéraires se présentent : soit le long du château pour rejoindre directement le bourg dd’Urrugne et l’église Saint Vincent de Xainte, ou bien suivre, à droite avant le château, un chemin montant vers les hauteurs situées entre la R.N. 10 et ll’océan. Il conduit à la ravissante chapelle Notre Dame de Sokorri avant de redescendre au centre du village. L L’église est du même saint Jacques (église d’Urrugne) style Guipuzcoan que Saint-Jean-de-Luz et Ciboure. Le pèlerin remarquera au portail sud la représentation de Saint Jacques avec les attributs du pèlerin, et à l’intérieur, près de la chaire, la statue en bois d’un moine dont le capuchon est frappé de la croix de Malte. 43 Ne pas oublier un regard pour le cadran solaire du clocher (45m de haut) portant l’inscription:”omnes vulnerant, ultima necat”qui a inspiré à Théophile Gauthier la traduction poétique “ chaque heure fait sa plaie et la dernière achève” Le chemin traverse Urrugne dans toute sa longueur pour, en bout de village, traverser la R.N.10 et s’engager dans “ la rue de l’hôpital”. Il s’agit, d’après les anciens cadastres, de l’ancienne route royale d’Espagne qui fut abandonnée en 1802 lors de la construction de la nouvelle route de Béhobie à Urrugne (tracé actuel de R.N.10). Le chemin se poursuit sur cette petite route peu fréquentée et pittoresque, entre la R.N. 10 et l’autoroute A 60; au départ on longe, sur la gauche, l’ancien hôpital “Hospitalia” aujourd’hui maison “Bi-Anaiak”; l’épaisseur des murs reste le seul témoin du passé. Plusieurs maisons anciennes bornent cet itinéraire et la dernière ferme “Postarenea” avant la montée vers la Croix des Bouquets était autrefois un relais secondaire de la malle-poste tout comme “Posta” face à l’église d’Urrugne. L’itinéraire continue sur le tacé de l’ancienne route gravissait la colline abrupte jusqu’à la Croix des Bouquets. Dans cette dernière portion il reste des vestiges de la voie pavée. Hendaye Le chemin retrouve la R.N.10 au lieu-dit Croix des Bouquets.Une croix y fut érigée en 1782. Elle fut détruite à la suite des nombreuses batailles livrées dans ce secteur stratégique. En attendant une future amélioration du tracé primitif, on traversera le carrefour pour suivre à droite la route menant à Hendaye-Plage. Après 300 mètres, prendre à gauche un chemin qui débouche bientôt sur les hauteurs (G.R.10) dominant Hendaye, Irun et Fontarabie (superbe vue). Le chemin, abandonne le tracé du G.R., et le pèlerin descendra directement sur Hendaye et Irun par la petite route à gauche; à 150 mètres à droite, il descendra par le chemin goudronné d’Agoretta (très belle vue sur la baie de Chingoundy) et arrivera, par la rue d’Irandatz, au Carte du XVIIIe grand rond-point près de la piscine. Il rejoindra la rue Santiago, Au bas de cette rue en face de lui, l’ancien embarcadère de Santiago sur la Bidassoa existe toujours. Il n’est plus en service depuis 1914, date de la construction du premier pont SaintJacques permettant de rejoindre directement le sanctuaire de Santa Maria de Juncal à Irun. Le site était bien choisi : Santiago est l’un des points les plus rapprochés d’Irun car la rivière s’y rétrécit brusquement. C’est bien pour cette raison que les futurs ponts furent construits à une dizaine de mètres de l’embarcadère. 6 Quand nous fûmes à Sainte Marie, La tous mes compagnons & moi Dîmes adieu à la france jolie, En pleurant nous nous mîmes à dire: Adieu les nobles Fleurs-de-Lyus, en Espagne nous faut suivre; c est un étrange pays Embarcadére 44 Prieure hôpital Saint Jacques de SUBERNOA A quelques mètres de l’eml barcadère existait encore il y a quelques années la maison Priorenia. Elle avait été édifiée sur les ruines de ll’ancien prieuré hôpital de Saint Jacques de Zubernoa. Maison Priorenia D’après l’Abbé Michelena, les plus vieux documents datant de 1149 portent la signature de Guillaume de Zubernoa et de Bernard d’Irandatz. C’était le nom des familles qui avaient occupé originairement ces domaines. Le capitulaire de Bayonne (f 9) mentionne cette paroisse au XII e siècle sous le nom de Zubernoa. D’après la chartre de 1305, sa fondation est due à la générosité des rois d’Espagne. Dés sa fondation, il fut pris en charge par l’ Ordre religieux et militaire de l’Épée Rouge puis par les hospitaliers de l’ Ordre Saint Esprit de Montpellier, enfin par les Prémontrés d’ Arthous au début du XVI e siècle jusqu’à sa spoliation en 1792. Mis en vente comme bien national, il passa entre plusieurs mains pour être acquis, en 1801, par Marie Larroulet, femme de Etienne Pellot, le célèbre corsaire basque. Il y habita jusqu’à sa mort et y reçut Wellington en septembre 1793 lors de la prise d’Hendaye. L’Abbé Michelena rapporte cette amusante anecdote:”Pellot fait prisonnier par les Anglais près de Cork, s’échappe quelques mois après et se rend à Dublin où il s’embarque à bord d’un navire en partance pour Porto. Pellot, relâché à Porto, y prend le costume de pèlerin et, bourdon en main, arrive à Saint-Jacques-de-Compostelle. Le déguisement lui paraît bon. Il s’en va à pied vers la France et arrive, ainsi accoutré, chez lui ! La maison Priorenia a été il y a quelques années, vendue par les héritiers à un groupe immobilier qui a construit, sur la propriété, des immeubles sans âme. Il est vraiment navrant que personne, à Hendaye, n’ait fait un geste pour préserver ce lieu qui a vu naître le bourg et qui était un site unique chargé d’histoire, en bordure de la Bidassoa face à l’église Notre Dame de Juncal à Irun. Pour conclure citons une chanson guipuzcoane à propos du pèlerinage. En effet à la frontière franco-espagnole d’Irun il semble que l’on accueillait les pèlerins revenant de Saint-Jacques de Compostelle par un chant où les paroles espagnoles se mêlent aux paroles basques: Pelegrino,pelegrino, una limosnita por amor de Dios. Zingar, arraultze bat ez bada bertze bertze... Pelegrinuac datoz Santiagotican, Atea irequi beza, icusiagatican; Chomin,jozac trompeta. Pello, non duc conqueta? Berdin baldic baciagoc Ecarri beteta... 7 (Pèlerin, pèlerin, l’aumône pour l’amour de Dieu. Jambon, oeufs sinon un, plusieurs, plusieurs... Les pèlerins viennent de Saint-Jacques; ouvrez la porte pour les voir. Chemin sonne trompette. Pierre, où est ta terrine? Si cela t’est égal apporte-la pleine.) Jacques ROUYRE [email protected] 1.D’après le chanoine Veuillet 2. 4 - La grande chanson des pèlerins de Saint-Jacques,.A Troyes, ce 7 Août 1718, chez la veuve Oudot de Paris. 3. Curiosité du Pays Basque du chanoine J.B. Daranatz Lasserre à Bayonne 1927 p28,29,30 5.Urrugne étape des pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle -Jean Fourcade Gure Herria 1950. 6. D’après Hendaye-son histoire par l’Abbé M. Michelena. Imprimerie Boulestreau Hendaye. Nov. 1987. 7. José Maria B. Olarra. Enciclopedia guipuzcoana. Fascicule 4 Camino de Santiago, P. 43. 45 VENUS, FEMMES-MERES, DEESSES-MERES ET … VIERGES NOIRES Les statues de Vierges Noires sont très nombreuses en Europe - 400 environ, dont plus de 250 en France (1). Elles sont en bois, à l’exception de quelques-unes unes, sculptées dans la pierre. On trouve aussi aux Amériques des Vierges Noires ou Brunes (Morena), plus récentes. La couleur de peau noire peut être le résultat d’une transformation due au temps mais beaucoup de Vierges Noires ont certainement été volontairement faites noires ou brunes. Cette couleur peut rappeler le teint méditerranéen des protagonistes bibliques ou concerner un rapport avec des cultes préhistoriques de la Pachamama, la terre nourricière, ou encore s’adapter au pays de culte de la Vierge.(2) Dès le Puy en Velay, sur le chemin de saint Jacques de Compostelle, le pèlerin attentif rencontre d’étranges statues dans les églises, des Vierges Noires. Quelquefois en pied, richement vêtues, portant l’enfant Jésus dans les bras, d’autres fois assises, l’enfant Jésus sur les genoux… Pourquoi une Vierge au teint sombre ? Est-ce volontaire ou artificiel ? Depuis quand, pourquoi et d’où peut provenir ce type de représentation ? S’agit-il bien de la Vierge Marie ? Dans quels pays les trouve-t-on ? Au temps de la préhistoire, il y a plus de 20000 ans, nos ancêtres vénéraient déjà des images féminines, des Vénus…, symboles de fécondité et de Vie. Un peu plus tard et bien avant la naissance du Christ, on vénérait en Europe de l’Ouest comme au Proche-Orient, de l’Egypte à la Grèce, une «Déesse-Mère» ou «Déesse-Terre». Ce culte qui correspond à une symbolique universelle était très répandu. Des écrits illustrent leurs légendes, bien sûr, mais des statues de femmes ont aussi été découvertes, quelques fois noires de peau, avec ou sans enfant, symboles de Vie, de fécondité, de renouveau. Une grande majorité des représentations de la Vierge Noire est datée du Moyen Age, période spécifique d’un culte intensif à Marie. La Vierge est une femme exceptionnelle et unique par le rôle que Dieu lui a attribué. Elle est la mère du Christ, fils de Dieu. Elle est la mère de Dieu. C’est la nouvelle Eve. Le culte à la Vierge a, plus tard, été exploité lors de la christianisation de nouveaux territoires par les Français, les Espagnols… VIERGE signifiait autrefois indépendant, “qui n’est pas attachée à quelqu’un”, célibataire avec un statut dans la communauté. Elle choisissait librement le géniteur de ses enfants sans encourir le moindre reproche de la communauté*, car elle incarnait la “Grande Vierge-Mère, sans laquelle rien ne serait”. C’était aussi les cas des Vestales* qui participaient aux “démonstrations” et aux rites sexuels sacrés, mais seulement avec le roi ou les flamines. La “virginité” de la déesse ne veut pas dire chasteté ou stérilité, bien au contraire ! La figure d’Artémis la Vierge s’intègre dans la symbolique archaïque des Vierges-Mères. Vierge correspond à l’épithète grecque parthénos qui signifie (“Femme non mariée et non vierge”, « Mère »). Artémis s’intéressait, comme Diane en Italie, à la perte de la virginité et à la grossesse. Non seulement elle aidait les femmes à concevoir et enfanter, mais elle les y encourageait.”. À ce titre, la Vierge chasseresse est également appelée kourotrophos “celle qui fait croître les jeunes gens”, et les femmes la vénèrent sous les traits de Locheia, la déesse de l’accouchement… (3) La grande divinité féminine celtique possède les deux aspects de la Vierge et de la Mère, c’est à dire que la virginité est une des conditions essentielles de la divinité féminine. « Après chaque naissance, la mère redevient vierge ». LACOULEUR NOIRE représente « La Terre» donnant ainsi une idée de fécondité, de maternité. Aucune terre n’est plus féconde que celle provenant de la décomposition de végétaux, terre d’aspect noir. La couleur noire a une double signification, l’un triste et destructeur, l’autre bienfaisant et fécondant, montrant le triomphe de la vie sur le néant. Primitivement, la couleur noire était-elle celle d’un monolithe d’origine céleste (aérolithe) de petite taille, une lapis ex cœlis, ou d’une bombe volcanique dont la forme grossièrement triangulaire et boursouflée par la fusion dans la haute atmosphère, ainsi que sa forme conique naturelle évoquaient une femme stéatopyge (présence d’un matelas adipeux épais dans la région du sacrum et des fesses) nue, accroupie en train d’accoucher ou assise en tailleur “à la Gauloise” et “présentant” son enfant entre ses cuisses ? La mythologie gréco-latine nous dit que lors du dernier jour du culte de Cybèle, après l’Hilaria ou Fête de la Joie, le 27 mars, une charrette tirée par des bœufs transportait l’effigie d’argent de la déesse au visage formé d’une pierre noire déchiquetée (bombe volcanique ou aérolithe). Sur les rives du Tibre, le grand prêtre lavait la charrette, la statue et les autres objets sacrés dans l’eau de la rivière. A ce rite de submersion, succédait un rite de re-naissance ! (4) 46 Dans l’Islam Mahomet et Ali éliminent les idoles de la Ka’aba» Mahomet fait de la Ka’aba le lieu où Abraham aurait sacrifié son fils. Il incite donc les Arabes à abandonner leurs superstitions et religions païennes ...Le pèlerin musulman baise la Pierre Noire de la Ka’aba à La Mecque.(5) Des Femmes-Mères … Des statuettes de représentations féminines, surnommées Vénus, ont été récoltées dans plusieurs régions de la vaste aire européenne où s’épanouissent les civilisations du Paléolithique supérieur ( - 35 000 ans à - 10 000 ans) ; France, Italie, vallées du Rhin et du Danube, Russie du sud et Sibérie. Baptisées de noms imagés ; vénus impudique, dame à la capuche, polichinelle, vénus hermaphrodite..., plusieurs présentent des caractères analogues. Les formes pour le moins plantureuses de certaines ont permis d’en faire le support d’un culte de la fécondité (qui prête à discussion). Vénus de Brassempouy Elle appartient à la culture gravettienne du sud-ouest français (Landes). La coiffure est tailladée dans l’ivoire en un quadrillage régulier. Le regard presque parlant lui donne une profondeur expressive. L’absence de la bouche, générale pour la statuaire gravettienne, étonne pour cet admirable visage, peut-être un portrait, un des deux seuls connus de femmes paléolithiques, avec celui d’une statuette en ivoire d’Avdeevo, à l’autre bout du territoire gravettien, en Ukraine. Vénus de Laussel Cette sculpture (Dordogne), qui conserve des traces d’ocre rouge, mesure 40 cm de haut. Elle est représentée de face, la main gauche sur le ventre, l’autre tenant une corne de bison à la hauteur de la tête, tandis que ce qui paraît être la chevelure tombe sur l’épaule gauche. Le visage est tourné vers la corne. L’adiposité des fesses et des hanches est nette et rappelle celle des statuettes. Elle fut présentée à l’Académie de Médecine où un gynécologue évoqua à son propos la stéatopygie bochiman. Le moulage grandeur nature de la Vénus hottentote, qui se trouve dans une vitrine du Musée de l’Homme, en donne un exemple. Vénus de Monpazier La statuette de Monpazier (Dordogne) ramassée en 1970 à la surface d’un labour, petite, taillée dans la pierre, la vulve bien dessinée et dont les fesses pointées en arrière et le ventre projeté en avant l’ont fait surnommer le Polichinelle, mais en qui certains voient une femme prête à accoucher. (6) … aux Déesses-Mères La «Déesse-Mère» était une déesse très complexe qui représentait les aléas de la nature (sécheresse, famine, orages ...) aussi bien que moissons abondantes et bonnes saisons. C’était surtout une déesse de la fécondité et de la vie. Elle représentait le bien et le mal, la création et la destruction, la lumière et l’obscurité. La Déesse-Mère était à la fois la Vie et la Mort. La Déesse Mère n’a pas d’origine, elle est l’origine du Monde. 47 Vierges icônes Vierge Noire de Czestochowa Cette Vierge Noire est une peinture de la Vierge et de l’enfant Jésus que la légende attribue à Saint Luc l’Evangéliste. Il aurait utilisé une planche faite par le charpentier Jésus. C’est pendant que Saint Luc peignait Marie qu’elle lui raconta des événements de la vie de Jésus qu’il intégra dans son Evangile. Cette représentation réapparut en l’an 326 quand Sainte Hélène la découvrit à l’occasion d’un pélerinage à Jérusalem. Elle offrit la peinture à son fils Constantin, qui construisit une église à Constantinople pour la conserver et accueillir les pélerins.(36) La tradition veut que tous les pèlerins passent à genoux devant l’icône de la Vierge Noire de Czestochowa, en Pologne . L’origine de cette icône se perd dans la nuit des temps (37) Marie l’Egyptienne Il existait autrefois à Orléans, une Vierge Noire appelée Notre-Dame des Miracles ou Sainte-Marie l’Egyptienne. La légende raconte que celle-ci, installée au centre de la ville depuis le V ème siècle a fait fuir les assiégeants normands au IX ème siècle. Elle aurait eu pour nom sainte Marie l’Egyptienne, honorée depuis le Ve siècle par une colonie syrienne installée à Orléans. Lorsque la Syrie devint musulmane au VIII ème siècle, les chrétiens récupérèrent cette statue en bois de couleur noire. La statue fut brûlée au moment des guerres de religions en avril 1562, puis refaite en pierre noire. S’il existe à Rocamadour une célèbre Vierge noire. Une autre statue noire est également conservée au musée du pèlerinage de Notre-Dame de Rocamadour. Cette statue serait du IX ème siècle. Il s’agirait d’une représentation de sainte Marie l’Egyptienne. (38 Vierges post Romanes Notre Dame de la Bonne Délivrance, Paris La plus célèbre des Vierges noires de Paris, Notre-Dame de Bonne Délivrance, se trouvait autrefois au coeur du Quartier Latin sur la montagne Sainte-Geneviève dans l’église Saint-Étienne-des-Grès sur l’emplacement actuel de la rue Soufflot, en face du Panthéon..(39) Anonyme, Vierge noire de Paris, Notre-Dame de Bonne Délivrance, XIVe siècle, calcaire, polychromie plus récente, dimensions inconnues, A Neuilly, Congrégation des Soeurs de Saint-Thomas de Villeneuve, depuis 1806. Vierge noire, La Réunion Haut lieu de pèlerinage réunionnais, la Vierge Noire est l’un des seuls lieux où se mêlent toutes les croyances. Ici, il semble que ce ne soit pas une religion qui attire les foules, mais plutôt la Foi. On retrouve ici les membres des églises catholiques, tamoules, chinoises qui viennent tous prier pour obtenir une faveur, un cadeau. Les milliers d’Ex-voto sont les témoignages de la foi associée à ce lieu. A l’origine de cette croyance, l’histoire de Mario, esclave d’un planteur de la Région de Sainte. Parti après une série de mauvais traitements, il trouva refuge dans cette région. On raconte que Marie l’a protégé contre les détachements féroces.(40) 48 Çatal Hüyük Cette représentation (culte de la fécondité), est l’une des plus archaïque qui soit, de la Grande Mère de Catal Hüyük (Turquie, Anatolie, 6000 av.JC),. On la voit, jambes largement écartées, avec quelque chose qui sort de son corps, un enfant peut être ou un dessin mystérieux, de ce vagin qui lui valait la vénération de ses fidèles. En ce temps là, la sexualité était belle, sacrée, magique et gaie ! (7) Arinna Un pendentif en or datant entre 1400 et 1200 av. J.-C. présente Arinna, la DéesseMère sumérienne (hittite), appelée Petite Mère. Elle est assise sur un trône avec son enfant. On ne sait pas grand-chose de son mythe, seulement qu’elle fut une déesse solaire, contrairement à la plupart de ses consoeurs qui étaient des déesses lunaires, rattachées aux ténèbres.(8) Nota : A propos de Dieu Père et Mère ? Dans l’Ancien Testament Dieu ne porte jamais ce titre étonnant de père-mère. Les théologies de l’Ancien Testament ne font pas de place à la maternité de Dieu. Par contre, on y trouve souvent un discours sur la paternité de Dieu. C’est sans doute là le reflet d’une théologie chrétienne. Le nom de Père n’est pas le nom propre de Dieu dans l’AT. Si, pour parler de Dieu, on ne peut le faire qu’avec un langage humain, on ne peut (ni ne doit) enfermer Dieu dans ce langage. Dieu n’est ni masculin ni féminin, bien qu’on lui attribue des qualités aussi bien féminines que masculines. L’image de Dieu que nous portons en nous est marquée par notre expérience personnelle, que l’on soit homme ou femme, et cette image peut avoir à être changée si nous l’avons enfermée dans le masculin ou le féminin. Dieu n’est pas mesuré par notre propre expérience humaine et donc par notre langage. Le risque existe de nous forger de Dieu une image erronée, et la lecture de la Bible peut nous aider à corriger une image de Dieu trop étroite.(9) Gaïa Gaia, la Terre, appelée Terra ou Tellus par les Romains, sera, selon la «Théogonie» d’Hésiode, la première créature à naître du Chaos, en même temps que le Tartare (le Monde Souterrain), Nyx (la Nuit), l’Erèbe (les Ténèbres) et Eros, la divinité de l’amour. Elle donnera naissance à Ouranos (le Ciel), Pontos (le Flot) et aux hautes montagnes.(10) Cybèle Cybèle possède une histoire multimillénaire. La pierre noire dans laquelle elle était rituellement présente, témoigne de l’archaïsme de son culte. Chaque année, à l’équinoxe du printemps, des pèlerinages et des grandes fêtes ont lieu à Pessinonte, en Phrygie, en son honneur. Elle est généralement identifiée à Rhéa, la mère de Zeus et des plus grands dieux grecs. Au premier siècle avant notre ère, l’empereur Auguste, décrète que Cybèle est désormais la divinité suprême de l’empire, la Magna Mater, la Mère de tous les dieux. (11) 49 Artémis Sœur jumelle d’Apollon, fille de Zeus et de Léto, Artémis est la déesse grecque (noire) de la nature sauvage, de la chasse et de la nuit correspondant à la déesse romaine Diane. Diverses déesses ont été confondues avec l’Artémis hellénique en leur donnant son nom. Les principales sont l’Artémis de Tauride, l’Artémis d’Ephèse, l’Artémis Leucophryène, celle de Pergé, de Coloëne La sanguinaire déesse de Tauride a été facilement confondue avec l’Artémis Tauropole. L’Artémis d’Ephèse n’a de grec que le nom : son origine est nettement asiatique, son culte l’est resté, et ses représentations en témoignent. Le « béthyle », pierre noire d’origine météorique, figure Cybèle la Noire, ou la « Grande Déesse » chtonienne grecque.(12) Isis En Égypte, Isis fut vénérée jusqu’au VIe siècle de notre ère. Sur cette statuette en bronze datant de 600 av. J.-C., on voit Isis allaitant Horus. Identifiée à Hathor la déesse-vache, elle porte les cornes enserrant le disque solaire sur la tête. Les cornes symbolisent la fertilité et la maternité (Isis vient de Ischa qui signifie Vierge). Isis est à la fois sœur et épouse d’Osiris. Celui-ci meurt assassiné par son frère Seth, qui disperse les morceaux de son corps dans le Nil. S’ensuit une période de grande sécheresse en Egypte. Isis réussi à rassembler les morceaux du cadavre mutilé et à le ressusciter, le temps de concevoir un fils, Horus, qui devient la réincarnation d’Osiris. Isis est à la fois déesse et magicienne. Elle triomphe de la mort en ressuscitant Osiris. Elle est la mère universelle, celle qui donne naissance à tous les êtres vivants. Cette image d’Isis allaitant Horus, a sans doute servi de modèle pour les représentations de la Vierge noire. (13-14) Les Vierges Noires, l’apogée de la foi chrétienne, le moyen-age L’arrivée du Christianisme qui se développe rapidement autour de la Méditerranée va se propager en Gaule dès les premiers siècles (Irénée, Saint-Martin). Mais le Christianisme est une religion patriarcale (père et fils). Tout en pratiquant le culte chrétien, les peuples continuent à vénérer les Déesses-Mères très présentes dans leurs régions. Pour tenter d’harmoniser le christianisme avec les traditions locales, l’église va introduire le culte de Marie (cf. le concile d’Ephèse 431). Mais cette introduction d’une Marie mère de Dieu plus classique, plus immaculée, plus chaste va se faire très lentement. Nous n’avons que peu de renseignements en France sur cette évolution pendant les règnes des Mérovingiens et des Carolingiens. Il faut donc attendre le Haut Moyen-Age pour voir évoluer les choses. De nombreuses abbayes voient le jour, Cluny (Bénédictins) 910, Grandmont 1080, Chartreux 1084, Citeaux 1098, Templiers 1130. Les principaux pèlerinages sont Rome, Saint-Jacques de Compostelle et après la première Croisade Jérusalem (1099). Le XI aime siècle est un siècle initiatique. La vierge Marie prend une place démesurée, saint Bernard étant le premier à lui donner cette place. Tous les monastères cisterciens sont dédiés à Notre-Dame, toutes les cathédrales gothiques sont consacrées à Notre-Dame, les ordres cisterciens et templiers sont voués à la Vierge... Le culte marial est la renaissance du culte primordial à la Grande Déesse. Elle incarne un principe, un archétype, un symbole. Donc il faudra faire appel à la symbolique pour en expliquer le sens, occulte mais universel. La statuaire suit cette frénésie de construction et on va créer les Vierges Romanes. L’art du Moyen-Age est une écriture sacrée dont tout artiste doit apprendre les éléments. Le visage noir de la Vierge Aucun texte médiéval ne spécifie la couleur des « Vierges Noires » chrétiennes apparaissant dès les XIIème XIIIème siècles. Sans doute pour attirer davantage de pèlerins, certaines ont été peintes en noir entre le XVème et le XIXème siècle, par-dessus une polychromie antérieure. On a parlé de visages noircis par la fumée des cierges, d’oxydation des lamelles métalliques recouvrant le visage, de bois noirci par un long enfouissement dans l’eau, d’ivoire noirci par le vieillissement, 50 On a pensé, à propos de vierges rapportées par les Croisés, à l’image de certaines femmes rencontrées là-bas (égyptiennes, éthiopiennes…). On a évoqué une illustration du Cantique des Cantiques. Saint-Bernard lisait cette partie de la Bible chaque jour. Mais le culte des Vierges Noires est déjà bien répandu lorsqu’on identifie ce texte à Marie (auparavant c’était Israël captive de Babylone puis l’Eglise des premiers chrétiens). « Je suis noire, moi, mais jolie, fille de Jérusalem, comme les tentes en poil sombre, comme les rideaux somptueux. Ne faites pas attention si je suis noiraude, si le soleil m’a basanée. Mes frères m’ont tannée; ils m’ont mise à surveiller les vignes ; ma vigne à moi je ne …» (TOB 1, 5-6).(15-16) Une hypothèse fait de Marie le successeur des divinités noires qui régnaient sur le monde des morts, la plus connue étant Cybèle, mère des dieux grecs ramenée à Rome sous la forme d’une pierre noire. Il s’agirait alors d’une tradition où ces “pierres de foudre”, comme les désignaient les Anciens, seraient à l’origine de sanctuaires (mégalithes ou temples) érigés en l’honneur des Vierges Noires (virgini pariturae) : symbole de fécondité par excellence ! Toutes les Vierges Noires sont à l’image de Kali la Noire (Inde), d’Astarté (Déesse phénicienne de la lune et de la fécondité), de la Sarah des Gitans, d’Annis appelée en Grande Bretagne « Black Annis », d’Innani (Sumer).(17-18-19) Les Vierges Noires Romanes Les Vierges Noires authentiques ne sont pas nombreuses, à peine une quarantaine, pour celles qui sont parvenues jusqu’à nous. Elles ont des caractéristiques communes: - Elles sont réalisées aux XIIème et XIIIème siècles et représentées assises en majesté, sur une cathèdre. - Le visage est noble et souverain, sans compassion. Il n’y a pas de sentimentalité exprimée dans ce couple car ce n’est pas une scène familiale. Les liens qui les unissent sont ceux de l’esprit, non ceux de chair. - La couleur des vêtements est bleue, blanche ou rouge. - Elles sont de petite taille, 70 cm de haut environ. - Elles sont placées dans des lieux généralement connus depuis l’antiquité, à proximité d’une source, d’un puits, d’un arbre sacré ou d’une pierre. Elles retournent miraculeusement, dans leurs lieux de prédilection, dans leurs foyers initiatiques. - La Vierge Noire est un lieu important de pèlerinage au Moyen Age. - Dans l’histoire de leurs sanctuaires, on retrouve toujours la présence d’abbayes bénédictines, cisterciennes ou templières. - Les miracles, ceux de leurs origines ou ceux qu’elles opèrent, sont concordants. - Leurs rituels représentent d’étranges similitudes. (20) Vierges en majesté Vierge Noire de saint Gervasy Notre-Dame de saint Gervasy (Puy de Dôme), date du XI ème siècle. Cette Vierge était faite de bois brun fonçé et était assez petite (77cm). Retrouvée à Madrid il y a quelques années, elle est maintenant dans la cathédrale de Clermont-Ferrand, en attendant de retrouver sa place dans l’église de saint Gervasy. Assise sur un trône, la Vierge porte l’Enfant-Jésus sur ses genoux. Son allure est plus stylisée et plus impassible que la Vierge d’Orcival, mais on peut voir une similitude dans la posture et le geste. Comme ailleurs, par la gravité de son visage, Jésus ressemble plus à un jeune homme qu’à un enfant. (21) Notre Dame de Montserrat La Moreneta («la brunette»), patronne de la Catalogne, est le surnom affectueux donné par les Catalans à la Vierge Noire du Monastère Bénédictin de Montserrat. Vierge authentique du XII ème siècle, en peuplier, elle était blanche à l’origine ; les pigments de plomb de la peinture de son visage l’ont progressivement obscurcie. Les Catalans qui l’ont conservée ainsi, la vénèrent néanmoins comme elle est, tout au long de l’année. Montserrat (Montse) est le prénom féminin le plus courant en Catalogne. (22) 51 Vierge Noire d’Orcival Vierge en majesté en noyer, argent et argent doré, elle date de 1170. La Vierge d’Orcival s’apparente à celles conservées à Tournus, Marsat et Chalus-Lembron. La fonction de la statue est purement symbolique. En effet, elle est représentative du vaste ensemble de Vierges désignées sous le terme de «Trône de Sagesse». Le but est de rendre le Mystère de l’Incarnation visible et tangible. La Vierge tient le rôle de représentante de la lignée de David d’où l’enfant divin est issu. Ainsi, il ne s’agit pas d’exprimer un sentiment maternel mais de personnifier une Institution portant Dieu comme un roi. La luminosité de l’argent et de l’or accentue la dimension symbolique de l’œuvre.(23) Vierge Noire de Marsat Marsat (Limagne, 63) apparaît dans l’histoire au VI ème siècle, à l’occasion de la visite de Grégoire de Tours venu vénérer quelques reliques de la Vierge (notamment une ceinture), laquelle sera représentée comme l’une des plus belles Vierges Noires en Majesté connues à ce jour. Elle se caractérise par la raideur de la pose, les vêtements sans souplesse tombant en plis parallèles le long du corps, les mains aux doigts démesurément longs et effilés. Elle est la représentation des femmes arvernes, avec ses bandeaux plats, ses yeux grands et pensifs, son nez long, sa bouche et son menton dessinés en lignes énergiques, soutenant sur ses genoux cet enfant sans jeunesse, dont les traits accusés sont la réduction à peine adoucie des traits maternels.(24) Vierge Noire de Meymac Le monastère saint André de Meymac (Corrèze) a été fondé au XIème siècle. Le 3 février 1085 Archambaud III, vicomte de Comborn, fit édifier un monastère qu’il remit à l’abbaye d’Uzerche pour y envoyer une communauté sous la règle de saint Benoît. Dépendance : église de St Gilles les forêts, S t Clément de Lestrade et Ste Madeleine du Longeyroux.(25) Vierge Noire de Rocamadour Le sanctuaire de Rocamadour (Lot) est dédié à Notre Dame depuis le Haut Moyen Age. Dans l’abri sous roche au milieu de la falaise, une chapelle avait été construite pour abriter une mystérieuse Vierge Noire. C’est en 1166, qu’un habitant du pays ordonna à sa famille d’ensevelir sa dépouille à l’entrée de l’oratoire. « A peine eut-on creusé la terre que le corps du bienheureux Amadour fut retrouvé dans son intégrité et c’est dans la même intégrité qu’il fut placé à l’église»- Dés lors, Rocamadour fut un haut lieu de pèlerinage dans l’Occident chrétien médiéval. De nombreux pèlerins connus y sont passés : parmi les plus célèbres, il y eut Saint Bernard, Saint Louis et Blanche de Castille. Pour attester leur démarche, ils se procuraient l’insigne du pèlerin, la sportelle. (26) Saint Christophe-les-Gorges (Cantal) N-D du Chateau, Vierge Noire rapportée des croisades en 1098, bois polychrome , intentionnellement noir depuis l origine.(27) 52 Notre Dame de Belloch Dans l’église de Notre Dame de Belloch, statuette en bois du XI ème siècle. Dorres (Pyrénees-Orientales) La Vierge ne porte qu’une tunique, à la manière orientale. Elle a de très grandes mains et l’enfant fait un geste avec une main droite très allongée. (28) Vierge Noire des Saintes Maries de la mer Chassée de Palestine après la mort du Christ, une barque sans voile ni rames accosta le rivage camarguais avec à son bord Marie Salomé, mère des apôtres Jean et Jacques le Majeur, Marie Jacobé, Marie-Madeleine, Lazare et sa sœur Marthe, ainsi que Maximin et Joseph d’Arimathie. Sara la Noire était-elle à bord ? Était-elle leur servante? Ou alors Sara campait-elle avec sa tribu en pleine forêt (Aigues-Mortes) ? Avertie miraculeusement, elle courut vers la mer et étendit sur les vagues sa robe qui la porta vers les Saintes. Baptisée de leurs mains, elle les conduisit au temple païen où affluaient les grands pèlerinages de sa race. Marie Salomé et Marie Jacobé, restées pour évangéliser la région, transforment l’autel païen en oratoire chrétien. À leur mort le culte se répandit. Une église-forteresse fût construite au XII ème siècle. Au XIV ème siècle, le pèlerinage est déjà très populaire.(29-30) Vierge Noire de Sous Terre La statue de la crypte, la « Vierge Noire « faisait, dès la fin du Moyen Age, l’objet d’un culte particulier. L’on avait, dès le XI ème siècle et peut-être déjà aux temps carolingiens, développé la piété autour d’un puits miraculeux, ouvert dans cette crypte, dans lequel auraient été jetés les corps des premiers martyrs : le « puits des Saints-Forts ». (31) Les premières représentations de la Déesse Mère sont nées dans l’obscurité des grottes et leur couleur noire n’est pas tant celle de leur peau que celle des profondeurs de la Terre dont elles sont issues. C’est la noire luminosité de la grotte initiatique de la crypte qui est ainsi exprimée par la Dame-de-sous-Terre, là où, paradoxalement, l’homme a toujours recherché la lumière. (32) Vierge Noire de Tindari Le sanctuaire de la Madonna di Tindari (nord-est de la Sicile) abrite la célèbre Madonna Nera, ou vierge noire byzantine, à laquelle un pèlerinage rend hommage chaque année le 8 septembre (33-34) Le Puy en Velay (Vierge au Manteau) Le Puy-en-Velay est le point de départ de la Via Podiensis vers Saint Jacques de Compostelle. Notre-Dame du Puy est l’un des plus anciens sanctuaires marials d’Europe. La Vierge Noire actuellement sur le Maître-Autel date du XVII ème siècle (Vierge au Manteau). Seule sa couleur l’apparente à celle qui était vénérée au X ème siècle, peut-être la plus ancienne Vierge Noire en Majesté. La Vierge Marie, c’est la bien-aimée du Cantique des Cantiques. « Moi, noire, harmonieuse, filles de Ieroushalaim, comme tente de Qédar, comme tentures de Shelomo. Ne me voyez pas, moi la noirâtre : oui le soleil en moi s’est miré. Les fils de ma mère ont brûlé contre moi ; ils m’ont mise gardienne des vignobles …» (Chouraqui 1, 5-6) 5-6).(35) 53 Notre Dame d’Altötting Située à Altötting, en Bavière, dans une chapelle octogonale construite en pierre, visible encore aujourd’hui. Les guerres, la politique … firent qu’elle changea de propriétaires à plusieurs reprises mais sans altérer son integrité. L’image de Notre Dame a été réalisée dans du bois, vers 1330. Sa surface est noircie par les ans, par une quantité innombrable de cierges et un incendie qui faillit la consumer en 907. En 1489 un miracle fit qu’un enfant mort revint à la vie lorsqu’on approcha de lui, dans la prière, cette image de Notre Dame. Elle porte aussi le nom de “Lourdes en Allemagne”. (41) Notre Dame d’Einsiedeln La Vierge Noire, une copie de la statue romane détruite par un incendie en 1465, se trouve dans la chapelle de Grace (Suisse), construite sur l’emplacement où se trouvait l’original, mis en place par Saint Meinrad au IXe siècle. La vénération de la Vierge en ce lieu commença après le meurtre du Saint par des voleurs, en 861. Il fut considéré comme un martyr. Ce lieu fut occupé par nombre d’hermites, qui est la signification du mot Einsiedeln, et par la suite par un monastère bénédictin. C’est aujourd’hui un lieu de pélérinage. La statue est reconnue comme miraculeuse, notament pour avoir échappé à la destruction des révolutionnaires français, cachée alors par les moines bénédictins. (42) La Virgen de Regla L’histoire de la Vierge de la Regla remonte au IV ème siècle, mélange d’histoire et de légende. Selon la « Historia Sacra », écrite par P. Fr. Diego de Carmona Bohórquez , l’image sculptée de la Vierge de Regla, fut commandée par saint Augustin lui-même, alors qu’il était encore Evêque d’Hippone. Le Saint conservait cette image dans son oratoire. Treize années après la mort de Saint Augustin (443), Hippone fut attaquée par les Vandales. Le diacre saint Cyprien, ainsi que d’autres moines réussirent à s’échapper et à rejoindre l’Espagne. Quand ils arrivèrent ils placèrent l’image face à la mer. C’est là que s’initia cette dévotion à la Vierge, et que fut édifié le monastère de la Regla, à Chipiona. (43-44) Vierges Noires , Indiens, Incas et christianisation Santa Maria de Guadalupe C’est le 12 décembre 1531, à peine 10 ans après la conquête de Mexico, que la Vierge fit sa merveilleuse apparition à Juan Diego. Comme témoignage de sa visite la Vierge fit miraculeusement apparaître dans ce lieu des roses de Castille. Son image y est restée intacte. La Mère de Dieu vient pour faire connaître l’évangile au peuple indien vaincu. Pour leur montrer et leur donner tout son amour et sa compassion, son secours et sa défense. L’Evêque de Mexico était alors le Frère Juan de Zumarraga, franciscain. L’image de Notre Dame de Guadalupe (Mexico) est une merveilleuse synthèse culturelle, une œuvre maîtresse qui présenta la nouvelle foi de manière à ce qu’elle soit entendue et acceptée immédiatement par les Indiens mexicains. Elle a la face d’un jeune métis; une anticipation, parce qu’à ce moment-là ils n’avaient pas encore de métis de cet âge au Mexique. Ses détails, ses couleurs sont d’une richesse symbolique exceptionnelle, porteuse d’un message théologique fort.(45) 54 Nuestra Señora de la Caridad del Cobre, patronne de Cuba La vie spirituelle du noble peuple cubain se renforce chaque année, le 8 septembre, quand il rend hommage à la patronne de Cuba, Notre Dame de la Caridad del Cobre (du nom de la région). L’histoire raconte que l’image apparut en 1612, flottante, dans la baie de Nipe (à l’ouest de Cuba), à trois jeunes gens qui étaient allés y chercher du sel. Ils rendirent témoignage de cette merveilleuse apparition. Le visage de cette image est fait d’argile cuite, recouverte d’une fine couche de poudre blanche, sans doute de la poudre de riz. Son teint a été peint de couleur brune. Sa couleur initiale ressemblait davantage au rouge indien mais à la dernière restauration c’est la couleur brune métisse, à laquelle chacun était habitué, qui fut choisie. L’image de la Vierge repose sur une brillante demi-lune, aux extrémités dirigées vers le bas, et dans laquelle apparaissent trois chérubins aux ailes d’or. (46-47) Nuestra Señora del Quinche (Ecuador) L’image de Notre Dame de la Presentacion del Quinche est une sculpture en bois (62 cm de haut), œuvre de Don Diego de Robles au XVI ème siècle. L’histoire nous raconte que ceux qui ont commandé la réalisation de cette image ne voulurent ou ne purent la payer au sculpteur. Celui-ci la donna alors aux Indiens Oyacachis en échange de quelques planches de cèdre dont il avait besoin pour son travail. Cet épisode fut enrichi par la suite et donna naissance à une légende selon laquelle la Vierge serait antérieurement apparue aux Indiens dans une grotte, lieu censé les protéger des dangereux ours qui dévoraient les enfants. Le visage de l’Enfant Jésus ressemble à celui des métisses de cette région. Métisse également est le teint de la Vierge, synthèse de l’âme Inca et Espagnole. Les Indiens appellent affectueusement « la Pequerlita » à leur protectrice du ciel. (48) Kali la noire Kali, la Noire, représente la puissance de destruction, le temps qui désintègre tout. Mais lorsque tout est détruit, la vraie nature de la nuit éternelle se révèle comme une félicité immense. Sous cet aspect, Kali est la Nuit–Transcendante. (Mahâ-râtrî). (49) Le Kali Tantra en donne la description suivante : • Ses 4 bras représentent les 4 directions de l’espace, identifiées au cycle complet du temps. Une main donne, l’autre éloigne la crainte. • Dans une autre main, elle tient une tête coupée, rappelant que rien n’échappe à la puissance du temps. • Lorsque l’Univers est détruit, la puissance du temps reste nue. C’est pourquoi Kali porte l’espace comme unique vêtement. • La vie et la mort sont inséparables, l’un ne va pas sans l’autre. Les têtes de mort que Kali porte autour du cou furent des centres de vie. Abandonnées par elle, elles sont l’image de la mort. • Son aspect effrayant symbolise son pouvoir sans limite. • L’épée figure la puissance de destruction. • Kali est représentée debout sur le corps de Shiva, le Seigneur de la vie. Ce cadavre (shava) est l’image de ce que reste l’Univers lorsqu’il tombe au seul pouvoir du temps éternel. Les thugs, du sanskrit stagas qui veut dire clandestins, tuaient les voyageurs au nom de Kali. Les Britanniques mirent fin à leurs agissements en 1830. Seul leur nom survit aujourd’hui. 55 Conclusion Cette compilation chronologique des Vierges Noires repose sur diverses histoires et légendes affectant un personnage et un lieu précis. Des références explicites permettent de préciser le type de sources utilisé et d’approfondir le sujet, en notant toutefois que les études correspondantes sont très variées, quelquefois contradictoires (ou délirantes dans le cas de certaines approches ésotériques). Au terme de ce parcours chacun réalise l’importance du culte au Féminin. Nées dans les profondeurs des grottes, dans les entrailles obscures de la terre, les Déesses-Mères, les Venus, les Magna Mater…. représentaient souvent le bien et le mal, la vie et la mort, la lumière et les ténèbres. Il est aussi question de résurrection. Dans la mythologie grecque et romaine le premier parmi les dieux primordiaux, contemporain du Chaos, est Gaïa, la Terre. C’est elle, la puissance fécondante à l’origine de tous les autres êtres. Dans sa descendance immédiate, Cybèle (assimilée à Rhéa, mère de Zeus) a fait l’objet d’un culte officiel pendant plusieurs siècles, tant en Grèce qu’à Rome. A Pessinonte, son plus grand centre cultuel, elle est honorée sous la forme d’une pierre brute en béthyle noir. La couleur noire ne semble pas provenir d’un effet du temps (ou des chandelles…) sur la matière mais plutôt d’une volonté délibérée de symboliser un état. C’est l’état initial de l’homme qui passera sa vie à rechercher la lumière bienfaisante, vitale. Mystère est celui de savoir s’il restera ou non dans cette lumière ou s’il retournera entièrement aux ténèbres, à la terre originelle. Les cultes à Cybèle, Isis.. se sont répandus en même temps que les conquêtes grecques et romaines et se sont maintenus encore longtemps en Europe après le développement du Christianisme. Cependant une transformation, un transfert progressif se sont alors réalisés en reprenant, en récupérant, les coutumes cultuelles antérieures, c’est à dire les lieux, les dates, les événements, les légendes… La présence de Vierges (symbole de fécondité) Noires (ou brunes) semble être vérifiée avant le XI ème siècle. La légende de la Vierge de la Règle remonte à saint Augustin, au IV ème siècle. La Vierge Noire de Marsat serait du VI ème siècle. La Vierge Noire Notre Dame des Miracles à Orléans pourrait représenter Marie l’Egyptienne dont le culte était très répandu au V ème et VI ème siècle. La Vierge Noire de ClermontFerrand comme celle d’Einsiedeln (en Suisse) serait antérieure au X ème siècle… Les statues étaient souvent peintes. Plus tard les couleurs ont été utilisées pour restaurer, signifier ou corriger les effets du temps. Le noir n’est pas arrivé là par hasard. Le culte à la Vierge s’est systématiquement renforcé à cette époque et il est fort probable que ce noir symbolique constitue le trait d’union fort avec le passé mythologique. Les différentes croisades des XI ème et XII ème siècles, l’importance de personnalités dans l’Eglise, comme saint Bernard, l’apogée de la foi, l’édification d’une quantité impressionnante de cathédrales, ont permis d’intensifier le culte Marial. C’est alors qu’apparaissent en Europe (France, Italie, Espagne..) sur quelques dizaines d ‘années, les Vierges Noires Romanes en Majesté. Au symbolisme païen de la couleur noire s’est rajouté celui des populations brunes du Proche Orient ( comme était Marie l’Egyptienne, ou rencontrées lors des croisades), insistant ainsi sur le caractère universel de la rédemption. La référence biblique au Cantique des Cantiques (Je suis noire et pourtant belle, filles de Jérusalem…) a permis de justifier les choix adoptés pour la couleur de la Vierge et de l’Enfant Jésus. Une dernière famille mérite attention. C’est celles des Vierges Noires contemporaines de la conquête espagnole des territoires indiens aux XVI ème et XVII ème siècles, au Mexique (NS Guadalupe), en Equateur (NS Quinche), à Cuba (NS Cobre)... Les conquérants, les missionnaires ont habilement utilisé la couleur brune, indienne ou métisse de la Vierge pour faire accepter durablement le culte de Nuestra Señora, …et tout ce qui accompagnait ce changement en termes sociaux, culturels, économiques, politiques… A noter que la légende de la Vierge Noire de la Réunion semble relever du même processus. De nombreuses autres Vierges Noires font l’objet de vénérations spécifiques ici ou là. La couleur noire ou foncée n’est pas toujours originelle ou volontaire. Peu importe. Ces vierges intercèdent de même que les Vierges Noires, les « vraies », auprès de la Mère de Dieu. Elles témoignent notamment de l’intensité de la foi au long des siècles et du caractère universel du Christianisme. Raymond Menendez [email protected] 56 1 http://www.udayton.edu/mary/resources/blackm/blackm.html#tab 2 http://www.udayton.edu/mary/resources/blackm/blackm.html#tab 3 http://racines.traditions.free.fr/deevino/index.htm 4 http://racines.traditions.free.fr/deevino/index.htm 5 http://catholique-arras.cef.fr/mda/fp/islam.htm 6 http://prehisto.ifrance.com/venus.html 7 http://rocbo.chez.tiscali.fr/clio/Antique/catal 8http://www.lydiaruyle.com/turkeypage1.html 9 http://www.epal.fr/etudes-bibliques/sab/dures_paroles/matern.html 10 http://www.insecula.com/contact/A003051.html 11 http://www.insecula.com/oeuvre/O0023895.html 12 http://www.cosmovisions.com/$Artemis 13 http://celestart.com/mercredis-culturels_avril-2005.html 14 http://www.insecula.com/oeuvre/O0004872.html 15 http://www.saint-jacques.info/viergesnoires.htm 16 http://regorm.free.fr/articles/viergenoire.html 17 http://racines.traditions.free.fr/deevino/index.htm 18 http://membres.lycos.fr/viergesnoires 19 http://celestart.com/mercredis-culturels_avril-2005.htm 20 http://membres.lycos.fr/viergesnoires/ 21 http://celestart.com/mercredis-culturels_avril-2005.html 22 http://www.barcelonatourguides.com/fr/visitemontserrat.htm 23 http://onnouscachetout.com/themes/esoterisme/vierges-noires.php 24 http://membres.lycos.fr/viergesnoires/ 25 http://www.udayton.edu/mary/resources/blackm/blackm.html#ta 26 http://www.villes-sanctuaires.com/rocamadour_histoire.htm 27 http://www.udayton.edu/mary/resources/blackm/blackm02.html 28 http://www.udayton.edu/mary/resources/blackm/blackm02.html 29 http://www.geocities.com/Paris/5121/stsm01.htm30 http://www.camargue.fr/pages/histosmm.htm 31 http://cathedrale.chartres.free.fr/ig11.htm 32 http://regorm.free.fr/articles/viergenoire.html 33 http://la.vieille.free.fr/jjbaseviergenoirea.htm 34 http://www.entasis.it/febbraio_2001/madonna_tindari_(01) 35 http://fr.franceguide.com/thematiques/article.asp?idc=18087&idth=20&niv=&z1=hGjcfroG 36 http://www.theworkofgod.org/Aparitns/Others2.htm 37 www.photoway.com/frdest/POL99_27.html - 7k 38 http://www.marie-madeleine.com/Personnages/marie_egyptienne.html 39 http://missel.free.fr/Sanctoral/07/18.php 40 http://www.rando-reunion.c 41 http://www.catholic-forum.com/saints/mary0023.html 42 http://www.catholictradition.org/blessings11.htm 43 http://www.corazones.org/maria/regla_virgen.htm 44 http://www.chipiona.es/regla/leyenda.html 45 http://www.corazones.org/maria/america/mexico_guadalupe.htm 46 http://www.diariolasamericas.com/Viernes/2005-09-09_Editorial_01.htm 47 http://www.udayton.edu/mary/resources/spthree.html 48 http://www.udayton.edu/mary/resources/spthree.html 49 http://perso.wanadoo.fr/indianred/kali.htm. LÉGENDES DU CHEMIN LE MOINE QUI VISITA L’ÉTERNITÉ Eh bien, Monsieur, ce fut en des temps très anciens, tellement que la mémoire les a oubliés. L’abbé Virila était un authentique père spirituel pour ses moines, mais ses angoisses de sainteté et ses doutes, très humains, le portaient à une recherche profonde pour connaître cette Gloire à laquelle il voulait croire à tout prix, mais pour laquelle il avait besoin de quelque chose qui le confirmerait dans sa foi, au-delà de spéculations théologiques. Tous les matins, le bon abbé sortait du monastère avant que ne pointe le jour, les premiers offices à peine terminés. Et, en suivant le petit sentier que ses propres pas avaient tracés à force de le suivre dans sa promenade quotidienne, il remontait les pentes qui, derrière le monastère, conduisaient vers la Roca Erandio et la Chiminea. Là, il atteignait une clairière dans le bois avec une source. Et en ce lieu, au milieu du silence des sommets proches, il se livrait à la méditation et élevait ses prières au Ciel, en demandant au Créateur de lui permettre d’épier au moins un peu de cette Gloire promise, qu’il n’était même pas capable de concevoir depuis sa propre nature d’homme anxieux de croire à l’Au-Delà. 57 Passèrent des années entières de prière patiente et de constante retraite mystique, dans ce coin privilégié de la nature où il allait se réfugier chaque jour dans sa solitude. L’abbé vieillissait et sentait son esprit semé de doutes, d’anxiétés de savoir. Il avait besoin d’une réponse, parce que, sans elle, sa mission même comme abbé de cette Communauté manquait de sens, s’il était le premier à douter de ce qu’il ignorait par essence. Un jour, il arriva quelque chose différent. Le bon abbé Virila méditait à genoux, plongé dans ses angoisses de transcendance, quand, soudain, très près de lui, retentit le très beau chant d’un petit oiseau. C’était un chant différent de tous ceux qu’il avait écoutés jusqu’à alors. Un trille qui paraissait arriver de très loin et, en même temps, près de lui, lui caressait l’ouïe. Il ferma les yeux, en se laissant transporter par la beauté de ce moment, et il sentit que son âme s’ouvrait de part en part, entraînée par la musique des sphères. Tout s’illuminait autour de lui, et il sut tout de suite que c’était la réponse à toutes les questions qu’il s’était formulées depuis qu’il avait eu conscience de son angoisse de transcendance. Il lui sembla que ce moment durait à peine quelques minutes, mais ce fut tellement intense et si beau que son esprit était baigné dans l’Éternité. Soudain, il sut qu’il était entré dans l’infini auquel il s’était tellement confié. Il ouvrit les yeux et crut tout voir différemment. Les arbres étaient plus grands, comme l’herbe était plus haute. Avaient disparu les traces qu’il avait marquées, pendant tant d’années à suivre le même sentier, entre les sommets et le bois. Tout sentait différemment, plus pur, plus près de Dieu qu’il avait toujours invoqué. Lentement, émerveillé par l’environnement, avec des forces renouvelées, il prit le chemin de retour au monastère, en pensant à la façon dont il pourrait expliquer à ses moines l’expérience qu’il avait vécue. La silhouette du monastère lui parut plus grande, comme si en son absence on avait construit des dépendances. Et l’esplanade qu’il devait traverser pour l’atteindre donnait l’impression d’être plus petite, comme si les nouvelles dépendances lui avaient enlevé de l’espace. Il appela à la porte, impatient de conter son aventure et de la commenter avec ses frères. Mais, étrangement, un moine lui ouvrit la porte, qu’il ne connaissait pas, et qui lui non plus ne fit pas mine de le connaître, parce qu’il lui demanda son nom et d’où il venait. - Comme, mon frère ! Tu ne me connais pas ? Je dirais que tu as mauvaise mémoire, si ce n’était que moi non plus je ne te reconnais pas. Je suis frère Virila, votre abbé. - Notre abbé ne s’appelle pas Virila. J’ai entendu dire qu’il y a eu un abbé Virila dans ce monastère il y a plus de trois cent ans, mais il disparut un jour sans que plus jamais personne n’ait de nouvelles de lui. 58 Ce fut alors que le vieux moine comprit réellement ce qui lui était arrivé. Et il se rendit compte de ce que, au milieu de son extase, ce qui lui avait paru s’écouler en quelques secondes avait été, en réalité, un contact avec l’Éternité qui avait duré trois siècles. Une fois réunie la Communauté, l’abbé expliqua à tous les moines son expérience et, comprenant qu’il avait rempli sa mission et qu’il s’était mis en paix avec sa conscience, il livra son âme au Créateur. (Juan G. Atienza: Leyendas del Camino de Santiago) L’ORIGINE DE SAN JUAN DE LA PEÑA La légende raconte qu’un jeune noble appelé Voto était en train de chasser à cheval, en solitaire, en ces endroits forestiers du piémont pyrénéen. Soudain, sa monture se pencha sur un précipice et fut sur le point d’y tomber, mais le cavalier se recommanda à temps à Saint Jean Baptiste, qui évita miraculeusement l’accident. Étonné par la beauté du lieu, Voto descendit de cheval et commença à parcourir les alentours. Peu à peu, sans presque le percevoir au début, un arôme doux et céleste le conduisit jusqu’à la bouche d’une grotte. Il s’y introduisit et, non loin de l’entrée, se heurta au corps incorrompu d’un anachorète qui était mort avec la croix embrassée contre son coeur. Le jeune le reconnut immédiatement comme Juan de Atarés, parce que la renommée de la sainteté de celui-ci s’était étendue par toute la contrée, bien que personne n’ait jamais osé, par respect, rompre sa solitude, et pratiquement personne ne connaissait l’endroit où il avait choisi de se retirer. Touché par la sainteté de cet homme, Voto prit la décision de suivre ses pas. Et accompagné de son frère Félix, ils abandonnèrent leur maison, leur famille et la vie confortable qui les attendait, et s’enfermèrent dans le labyrinthe de ces solitudes abruptes, dans le but de livrer leur vie à Dieu et à la contemplation. Ainsi se passa leur existence en odeur de sainteté et, à leur décès, deux autres frères, Benedicto et Marcelo, vinrent là les remplacer, et formèrent autour d’eux le noyau de la première communauté de moines qui constituera le premier monastère. SJ Peña légende 1 (BD Atienza) 22/10/2006 LES OS DE SAN INDALECIO Il est bien connu que San Indalecio fut un des Sept Disciples Apostoliques de Saint Jacques qui se partagèrent l’Andalousie pour prêcher les vérités évangéliques. De celui-ci, on sait de longue tradition qu’il fut évêque d’Almeria, et qu’il mourut en odeur de sainteté, mais on ignorait l’endroit où son corps reçut sépulture. Apparemment, pendant longtemps, le fantôme de ce saint apparut aux moines de San Juan de la Peña, en manifestant son désir que ses os reposent dans ce monastère, mais rien ne fut fait pour accomplir cette volonté, parce que personne ne savait où ils se trouvaient. Mais voici ici qu’un chevalier murcien, d’ascendance chrétienne mozarabe ancienne, fit un beau jour étape dans le monastère, et transmit à ses moines une nouvelle qui les remplit tous de joie. Selon ce qu’il leur raconta, aux alentours de l’ancienne Urci, très près de la ville d’Almeria, venaient d’apparaître depuis quelque temps des lumières étranges dans un endroit que personne n’arrivait à localiser avec exactitude, parce que les lumières s’éteignaient dès que quelqu’un essayait à peine de s’approcher. Les moines, convaincus de la relation entre leurs visions et ce phénomène, demandèrent au chevalier murcien d’accompagner deux des frères de la communauté jusqu’à cet endroit. Et ainsi fut fait, en évitant les dangers que supposait le fait d’entrer dans ce lointain territoire musulman. Effectivement, dès qu’ils se trouvèrent auprès, les lumières commencèrent à resplendir de toute leur force, mais cette fois, contrairement à ce qui était arrivé en d’autres occasions, elles ne s’éteignirent pas quand les moines s’approchèrent, en leur permettant de découvrir la petite cavité d’où surgissaient les étincelles de lumière; à l’intérieur de celle-ci, on trouva des os dont on ne douta pas, sans aucune réserve, qu’ils appartenaient à ce saint évêque qui avait voulu reposer dans son monastère. Le voyage de retour, d’abord par les terres andalouses, et ensuite par les territoires chrétiens de la Couronne d’Aragon, fut un authentique rosaire de prodiges. À leur passage, les os de San Indalecio guérirent des malades, ressuscitèrent des morts, apaisèrent des conflits, calmèrent des orages et firent surgir de l’eau des montagnes, en donnant une infinité de preuves de leur authenticité et, surtout, de leur sainteté. Et les bons moines durent beaucoup lutter, parce qu’en une infinité d’endroits on leur demandait de rester avec cette précieuse relique, que tous considéraient comme absolument miraculeuse. Ils arrivèrent ainsi finalement, dans leur voyage de retour, à San Juan de la Peña. Le roi lui même, Sancho Ramirez en ce temps là, accourut au monastère pour recevoir la relique et pour la déposer, avec l’abbé, dans le mausolée qu’on lui avait réservé. Et, depuis lors, elle a distribué ses faveurs célestes à la communauté. Et il n’y eut pas de pèlerin jacquaire qui ne s’approchât du monastère sans se prosterner et dire une prière devant la tombe du saint mozarabe d’el-Andalus, qui avait acquis une telle renommée de faiseur de miracles. Bernard Delhomme [email protected] 59 SAINT JACQUES à CARTHAGENE L’association des Amis de Saint Jacques de Compostelle en Aquitaine a des contacts avec l’Association des Amis du chemin de Saint Jacques en Carthagène. Ils nous envoie cette traduction littérale d’un article de la revue de leurs amis espagnols. La plupart de ces idées dont nous nous renseignons continuellement, ont été prises dans le livre « Saint Jacques dans toute l’Espagne » de l’Editorial National – 1972. Dans les textes de Fray Leandro Soler recueilli dans sa Carthagène de « l’Espagne illustrée », écrit vers le dernier tiers du XVIIIème siècle où reprend la tradition de la venue de Saint Jacques à Carthagène. Cet auteur dit que Tarragone et Almeria contestent cette gloire à Carthagène et comme raisonnement de la thèse apporte des citations du Docteur Orbaneja, doyen de la Cathédrale d’Alméria dans son livre « Almeria illustrée » où il dit : « La ville antique et célèbre de Carthagène est celle où plus de fondements assistent en disant qu’elle fut la première où l’apôtre St Jacques débarqua ; et ses citoyens furent les premiers qui jouirent des premières lumières de l’Evangile ». Le livre de la vénérable servante de Dieu, la mère Marie Jésus de Agueda apporte comme un de ses arguments de base. Dans sa « Divine histoire de la ville mystique de Dieu », il est dit comme cela : « Santiago le Majeur était plus loin que n’importe lequel des apôtres, parce qu’il fut le premier qui partit de Judée, vint en Espagne. En cette journée il s’embarqua du port de Jope, qui maintenant se nomme Jafa. Et ceci fut en l’année trente cinq, au mois d’août, un an et cinq mois après la passion du Seigneur, huit mois après le martyre de Saint Sébastien, et cinq, avant la conversion de St Paul, conformément à ce qui j’ai dit aux chapitres onze et quatorze de cette troisième partie. (De Jafa il vint) Jacob vint de Jafa en Sardaigne et sans s’attarder dans cette île il arriva rapidement en Espagne. Il débarqua au port de Carthagène, où il commença à prêcher dans ces royaumes. Il s’attarda peu de temps à Carthagène et gouverné par l’esprit du Seigneur, il prit le chemin vers Grenade, où il connut la moisson abondante et l’occasion opportune pour supporter les travaux de son maître, comme un fait de vérité, il succéda ». TRADITION CARTHAGENOISE La tradition du débarquement est maintenue par les Carthagénois avec une grande force et simplicité. On la croit comme une chose naturelle. A Sainte Lucie, quartier des pécheurs, il existe une paroisse dédiée à Saint jacques. Sur la façade de son église, il existe une plaque de marbre (ancienne) vétuste, avec cette inscription « A cet endroit naquit pour l’Espagne la lumière de l’Evangile » Chaque 25 Juillet, on célèbre cela par une procession maritime, en allant sur l’eau du port à l’église « Santiago » de Saint Jacques. Des voix se sont faites entendre comme cela : « Il faut réveiller la tradition relative au débarquement de l’apôtre Saint jacques dans notre ville de Carthagène qui n’a aucun fondement ni historique, ni archéologique, et qui dut naître dans l’historiographie des siècles XVIIème et XVIIIème (Rubio Paredes 1987), bien que les nouvelles de la prédication en Espagne de l’apôtre Saint Jacques apparaissent reprises jusqu’en l’an 600 d.C dans le Brevarium Apostolorum quoique son historique offre peu de d’importance face à une critique rigoureuse » (Varios, Manuel d’Histoire de Carthagène, Université de Murcia CAM 1996, 415 pages). Il est certain qu’il ne figure aucun document écrit ou vestige archéologique. Il s’agit d’une tradition orale et séculaire. Pourquoi prétendre la supprimer ? En 1996 on introduisit pendant la semaine Sainte un acte symbolique : le débarquement du trône avec l’image de Saint Jacques l’apôtre, le mardi Saint pour l’unir à Saint Jean et à Saint Pierre en une grand procession. Ces dates doivent être connues par les Carthagénois que nous sommes et par les amis du Chemin de Saint Jacques. Itinéraire de pèlerinage de Pau à St Jacques de Compostelle manuscrit rédigé à Lée en 1777 De Pau à Monneig ....................................................................3 lieus. De Monneig à Nabarengs..........................................................3 lieus. De Nabarengs à Saint-Jean-Pied-de-Port .................................8 lieus. De St-Jean-Pied-de-Port à Roncebailles ..................................4 lieus. Hôpital. De Roncebailles à la Trinité .....................................................6 lieus. Hôpital. De la Trinité à Pampelonne ....................................................... 1 lieu. Hôpital. De Pampelonne à Pardon .........................................................2 lieus. Hôpital. De Pardon à Pointe la Reine ....................................................2 lieus. Hôpital. De Pointe la Rene à Esteilles ...................................................4 lieus. De Esteilles aus Arcous ............................................................3 lieus. Des Arcous à Bianne ................................................................3 lieus. De Bianne à Lougrougne ........................................................... 1 lieu. De Lougrougne à Nabarrette ....................................................2 lieus. De Nabarrette à Nacre ..............................................................3 lieus. Hôpital. De Nacre à St-Dominique ........................................................4 lieus. Hôpital. De St-Dominique à Villefranque .............................................6 lieus. Hôpital. De Villefranque à St-Villeran ....................................................6 lieus. Hôpital. De St-Vileran à Villefranque .....................................................6 lieus. De Villefranque à Burgues ....................................................... 8 lieus. Hôpital. De Burgues à Castresouris ........................................................ 1 lieu. Convent. De Castre Souris à Cardon .......................................................8 lieus. Hôpital. De Carrion au Grand Cabalier ................................................ 3 lieus. De Grand Cabalier au Petit Cabalier .........................................2 lieus. De Petit Cabalier à Second ....................................................... 1 lieu. Hôpital. De Second à Mansilles ..............................................................5 lieus. Convent. De Mansilles à La Pointe ................................................................. 0 De La Pointe à Lion St-Marcq .................................................2 lieus. Convent-hôpital De Lion à Ste-Marie d’Arbres ................................................10 lieus. Hôpital. De Ste-Marie d’Arbres à Biedon ..............................................2 lieus. De Biedon à St-Salbateur .........................................................5 lieus. De St-Salbateur à Foureous ......................................................7 lieus. De Foureous à Condilles ..........................................................5 lieus. De Condilles à Nabire ..............................................................5 lieus. De Nabire à Ribadieu ...............................................................5 lieus. De Ribadieu à Villenube ..........................................................4 lieus. Convent De Villenube à Montagne dou .................................................. 1 lieu. De Montagne dou à Vielle Arbre ............................................. 5 lieus. De Vielle Arbre à Bretance ......................................................7 lieus. De Bretance à Saint-Jacques ..................................................10 lieus. Monte-cy .............................................................................168 lieus. Retour de St-Jacques Arcoubes ............................................... 6 lieus. De Arcoubes à Malagnede ........................................................2 lieus. De Malagnede à Porte Marine ..................................................7 lieus. De Porte Marine à Saria .......................................................... 3 lieus. Hôpital. De Saria à Sabredou .................................................................2 lieus. Hôpital. De Sabredou à Villefranque .....................................................6 lieus. De Villefranque à Casevielle...................................................... 1 lieu. De Casevielle à Pont-Ferradou .................................................3 lieus. De Pont-Ferradou à Estorgues ..................................................9 lieus. Hôpital. De Estorgues à St-Martin .........................................................4 lieus. Hôpital. De St-Martin à Lion . ................................................................4 lieus. Hôpital. A Lee, ce 9e aoust 1777 Bernard Delhomme [email protected] 61 AU BORD DU CHEMIN MURMURES J’ai expérimenté le silence nourrissant ; le silence des mélodies suaves ; le silence des pierres et des arbres bombés ; le silence fraternel, le silence fatigué, celui vivifiant ; le silence silence et rien de plus ; celui animé des feuilles au vent, des troncs courbés, des sifflements, des vagues, d’éclatement des roches, d’envolée de papillons, de la fraîcheur d’une eau dansante ; le silence blanc du brouillard et celui qui se condense en fine et riche pluie ; celui des croix qui lèvent toujours leur regard au ciel et qui nous arrêtent ; le silence bruyant des bois où les fées et les gnomes voltigent et flânent ; le silence comme syntonie de la danse qu’on reçoit au soleil sur les coteaux herbeux ; le silence de l’air accroché à la procession chantante des pèlerins ; le silence des moutons, du chien qui les garde, du blé qui attend la faux, de la nuée qui se dissout, de la fleur aimée par l’abeille ; le silence de la palombe juste avant de roucouler, le silence du mantra émis par le centre de la terre, de son dos chargé de grillons et de cigales, celui du chemin même, de ce sentier que plus que sentier est flux ; le silence entre les lignes du pentagramme d’une conversation avec des compagnons pèlerins ou celui qui entre eux paraît un sourire et qui enchaîne ainsi une mystérieuse et inéluctable tendresse comme inéluctable est la floraison des bourgeons chaque année ; le silence mystique des couvents et des séminaires, de leurs cloîtres ouverts à l’univers, le silence suspendu entre lauda et lauda des nonnes comme toile de fond à la rêverie du corps fiévreux, se défaisant et se recomposant en une nouvelle symphonie, le silence de son propre sang qui vibre, le silence sonore de la source qui éructe des grosses bulles, celui de la rosée dans les prés et de l’herbe dans la poitrine et dans le ventre, celui des villageois qui attendent d’échanger quelques paroles timides avec le pèlerin qui passe, et qui boit celles-ci comme source de sagesse, mais échange aussi le pain ; le silence entre ronflement et ronflement de pèlerin qui délivre tendu sa fatigue, qui est aussi la tienne, de ton coté ; le silence du passage des vaches, du Col Honroso, des vitraux de la cathédrale de León, des verres que les jeunes léonais, aux aurores du dimanche, boivent pour donner plus de couleur à leur retour enivré à la maison avec les amis, avant de s’enrouler dans les draps ; le silence de la survivante à l’offensive napoléonienne dans la cathédrale de Burgos, gardée par le silence du Cid, le silence du Christ de Burgos, de la Vierge du chemin et de l’Enfant, de la Vierge courbée du Cebreiro et de son enfant, celui du Christ naturalisé de Fisterra, celui de la salvatrice Vierge de la Barca, là à la hauteur de Muxia, et jusqu’au silence de Saint Jacques même, le caractériel frère de Jean et fils de Zébédée ; le silence des poussieureux et oubliés cahiers de la petite école qui est aujourd’hui repère et couchage pour le pèlerin ; le silence titillant et fugace des étoiles ; le silence magique d’un village sans toits ni égouts, autrefois gloire du chemin, refuge de pèlerins ; le silence de sa croix deboutsilence de sa croix debout comme un étendard d’éternité, de la permanence des âmes qui habitent les pierres de sa ruechemin (Foncebadon) ; le silence de la poussière soulevée, celui des hommes et femmes-terre, celui de ses âmes pleines à travers des quelques yeux-fenêtre ; le silence des tombes du balcon de Triacastela, argentées par la lune, c’est là que le sommeil du pèlerin peut être tranquille, car elles-mêmes démythifient le mort ; le silence attentif des chiens des femmes galiciennes ; le silence de la main qui entaille soigneusement le bourdon, compagnon inséparable, le silence du front collé à celui-ci, des mains fondues à celui-ci ; le silence de son propre bourdon ; le silence animé de la marche main dans la main avec un pèlerin ami, qu’il soit un vieil homme, un vaillant hospitalier ou une gheisa japonaise ; le silence du calice et de la peau des tambours du Cebreiro, de ses cabanes anciennes en pierre, celui de tout homme et femme aimerait expérimentés dans ses pas en approchant de l’arrivée au Portique de la Gloire ; celui du crépitement des vêtements s’éteignant dans le feu purificatoire des rochers du Cap Fisterra ; le silence qui digère les terribles paroles d’autrui et les larmes de joie, qui est aussi le tien, le silence du soleil qui se couche et se couvre avec le drap de l’océan, son silence aussi s’étirant au réveil entre violets, azurs, rose et saumonés... ; celui de l’indien apache qui contemple l’aube en Amérique, le nouveau monde ; le silence d’un faucon qui choisit la même flaque d’eau et le même moment que toi pour se baigner, le silence d’une salle de gymnase vide le matin, avec les cris des supporters, les rebonds du ballon et les halètements des joueurs qui flottent dans l’air ; celui de la joie de ch... sur l’herbe et de l’abandonner pour qu’elle devienne fiente ; le silence de se détacher ou pas du chemin, en montant au deuxième étage d’un bus, le silence joyeux du coucher du soleil une fois de retour à la maison-famille-amis (avec qui tu as toujours marché meme sur ce chemin), un coucher de soleil aussi beau que celui de Fisterra, aujourd’hui. GUTI, l’esprit des bois Message envoyé sur le forum de: http://www.compostelle.fr. Par Flavio Vandoni . 62 LE PASSAGE DES PÈLERINS À SAINT JEAN PIED DE PORT EN 2006 25 630 , tel est le nombre de pèlerins enregistrés en 2006 à Saint-Jean par près d’une centaine d’accueillants bénévoles de l’association « Les Amis du Chemin de Saint-Jacques des Pyrénées-Atlantiques » qui, par roulement d’une semaine pour la plupart, étaient hébergés à la Maison municipale dite « Laborde » au n° 39 de la rue de la Citadelle . Lorsque l’Accueil du 39 était fermé, c’est à dire en janvier, en février et de la minovembre à la fin de l’année, les pèlerins ont été comptabilisés soit au refuge municipal géré par Les Amis de la Vieille Navarre au n° 55 de la rue de la Citadelle, soit par l’Office de Tourisme. Il est évident qu’un certain nombre de pèlerins sont passés à Saint-Jean sans se manifester mais dans quelle proportion ? Quelles sont les modalités de comptage ? Tout pèlerin qui désire un cachet de notre association pour attester son passage à Saint-Jean-Pied-de-Port remplit un imprimé (sans mentionner son nom ni son adresse) sur lequel il doit indiquer un certain nombre de renseignements qui nous sont nécessaires pour en faire l’étude statistique, à savoir : sexe, âge, nationalité, mode de déplacement, arrivée à St Jean, qu’il commence le Chemin depuis cette ville, ou qu’il arrive par l’un des Chemins « historiques » comme celui du Puy, celui de Vézelay, etc. 25 630 en 2006, c’est 8 % de plus qu’en 2005, mais si l’on compare à l’ année jacquaire 1999 (environ 7300 pèlerins), l’augmentation est considérable : 3,5 fois plus. Année Nombre 1999 7318 2000 10444 2001 13799 2002 17241 2003 18196 2004 21544 2005 23710 2006 25630 Le tableau (partiel) de fréquentation mensuelle ci-dessous met en évidence l’importance des mois de mai et d’août en 2006 comme en 2005 ; il souligne en outre que les pèlerins sont moins nombreux en juillet 2006 qu’en juillet 2005 et que, par rapport à 2005, l’augmentation est proportionnellement moins forte en mai et en août que l’augmentation annuelle de 8%. Avril Mai Juin Juillet Août Sept. Oct. Evolution 06/05 123% 102% 112% 98% 107% 112% 125% 2006 2474 4749 3791 3850 4536 3991 1477 2005 2007 4651 3382 3945 4240 3569 1183 63 Le graphique ci-dessous des statistiques hebdomadaires montre 3 pics de fréquentation : Un pic ou plutôt un plateau du début mai à début juin avec une fréquentation de plus de 1000 pèlerins/semaine, un deuxième pic très marqué début août (un record avec 1241 pèlerins/semaine) et un troisième pic début septembre. Comme les années précédentes, on constate un creux prononcé en juin-juillet avec environ 800 pèlerins/ semaine, ce qui représente néanmoins une moyenne journalière de plus de 100 pèlerins. Pendant 10 semaines, non consécutives, nous avons accueilli plus de 1000 pèlerins/semaine et on relève 22 semaines pour lesquelles le nombre de pèlerins est supérieur à 700. Vu l’accroissement de la fréquentation annuelle et le graphique hebdomadaire ci-dessus, la fréquentation journalière ne peut qu’être souvent importante : nombreux sont les jours où nous avons enregistré plus de 200 pèlerins avec plusieurs journées exceptionnelles : 210, 225, 227, 229 et jusqu’à 252 pèlerins le 29 juillet. La parité Hommes-Femmes ? 43,5 % de Femmes en 2006. C’est plus qu’en 2005 (42,8%) et qu’en 2004 où celles-ci ne représentaient que 41 % de l’ensemble des pèlerins. Pour les 10 pays les plus importants (par le nombre de pèlerins), le pourcentage de femmes est, par ordre décroissant : 56,3% pour les Canadiennes, 53% pour les Nord-Américaines, 50,4% pour les Suisses, 46,7% pour les Françaises, 42,4% pour les Néerlandaises, 41,1% pour les Allemandes, 37,4% pour les Britanniques et environ 33% pour les Italiennes, les Espagnoles et les Belges. A pied ou à vélo ? 13,7% de cyclistes en 2006 alors qu’ils étaient 14% en 2005 . Comme les années précédentes, il y a 3 fois plus de cyclistes masculins que de cyclistes féminines. 64 Hommes à pied Hommes à vélo Femmes à pied Femmes à vélo 2006 46,1% 10,4% 40,2% 3,3% 2005 46,7% 10,5% 39,3% 3,5% Pour les pays les plus importants (par le nombre de pèlerins), le pourcentage de cyclistes est, par ordre décroissant : 38% pour les Néerlandais, 28% pour les Italiens, 26% pour les Belges, 16% pour les Allemands, 15% pour les Espagnols, 6% pour les Français, et 3% pour les Canadiens . On remarque en outre 31 cavaliers dont 12 femmes en 2006 : 13 Français, 4 Belges, 4 Néerlandais, 3 Britanniques, 2 cavalières suisses, 2 Espagnols, 1 Argentin, 1 Danois et 1 cavalière italienne. Nationalités Sur les 70 nationalités accueillies en 2006, on relève notamment par ordre décroissant : Les Français : 29,3% comme en 2005, les Italiens : 12,8% (11,6% en 2005), les Espagnols : 11,5% (13,2% en 2005), les Allemands : 11,3% (10,7% en 2005), puis les Canadiens, les Néerlandais et les Belges (entre 4,3% et 3%), les Britanniques, les Nord-Américains et les Suisses (entre 2,9% et 2,3%). Les pèlerins de ces 10 nationalités représentent plus de 83% de tous les pèlerins enregistrés à Saint-Jean-Piedde-Port. France 7423 Belgique 773 Autriche 430 Japon 192 Nlle Zélande 83 Estonie 29 Porto Rico 12 Italie 3243 G.B. 742 Brésil 395 Norvège 160 Tchéquie 78 Roumanie 20 Russie 9 Espagne 2917 U.S.A 628 Hongrie 377 Portugal 150 Corée du S. 73 Israël 16 Chili 8 Allemagne 2863 Suisse 570 Danemark 287 Finlande 129 Mexique 62 Venezuela 13 Colombie 8 Canada 1078 Irlande 464 Suède 212 Slovénie 101 Argentine 51 Islande 12 Croatie 8 Pays-Bas 824 Australie 442 Pologne 193 Afr. du Sud 96 Slovaquie 51 Luxembourg 12 Lituanie 7 Ukraine (5), Andorre, Bulgarie, Inde, Pérou, Taiwan, Uruguay (4), Algérie, Bolivie, Costa Rica, Malaisie, Philippines, Serbie-Monténégro (3), Biélorussie, Chine, Cuba, Grèce, Singapour (2), Bosnie-Herzégovine, Dominique, Equateur, Guatemala, Maurice, Moldavie, Pakistan, Panama, Togo, Turquie (1) Non communiqués : 322 Le fait le plus remarquable dans l’évolution, depuis ces dernières années, des nationalités les plus représentées, est la croissance élevée du nombre de pèlerins italiens qui sont désormais en deuxième position : ils étaient 283 en 1999, 1304 en 2003, 2344 en 2004, 2734 en 2005 et 3243 cette année ; soit 11,5 fois plus qu’en 1999. Par contre, les Français sont proportionnellement en diminution régulière : 38,7 % de l’ensemble des pèlerins en 1999, 32,4 % en 2003, 30,8 % en 2004, 29,3 % en 2005 et cette année. A signaler : 50 Irlandais en 1999 et 464 en 2006 ; 9 Japonais en 1999 et 192 cette année. Le contingent d’Australiens et de Néo-Zélandais est également en progression significative : 65 en 1999, 422 en 2005 et 525 cette année. 65 La pyramide des âges Les âges indiqués par tous les pèlerins ont été classés par tranches décennales entre 20 ans et 70 ans. Le graphique ci-dessous, qui ne concerne que les 6948 pèlerins français qui ont bien voulu indiqué leur âge, montre clairement que c’est seulement à partir de 60 ans que les Français sont nettement plus nombreux que les Françaises. Dans les tranches 40-49 ans et surtout 50-59 ans, il y a plus de femmes que d’hommes. Sur le graphique suivant, les âges des Français (hommes et femmes), toujours classés par tranches décennales entre 20 et 70 ans, sont comparés, en pourcentage, aux âges des 3062 pèlerins italiens (qui ont indiqué leur âge) dont c’est la 2ème population pèlerine ; On remarque que jusqu’à 50 ans les Italiens sont plus nombreux que les Français ; par contre, à partir de 50 ans, la tendance s’inverse dans des proportions qui augmentent avec l’âge. Le fait qu’il y a 4 fois plus de cyclistes italiens explique évidemment ce renversement de tendance. 66 Les pèlerins ont-ils commencé le Chemin à Saint-Jean-Pied-de-Port ou sont-ils arrivés à SaintJean à pied ou à vélo par d’autre Chemins ? Le tableau ci-après permet de voir le nombre des pèlerins qui ont commencé le Chemin à Saint-Jean, le pourcentage de Français, mais également le nombre de ceux qui sont arrivés à Saint-Jean par les différents Chemins. Total % du total (1+2) Français Total (1) 16609 66 % 2303 13,9 % 14306 Voie du Puy 5784 23 % 3957 68,4 % 1827 Voie de Vézelay 859 3,4 % 435 50,6 % 424 Voie de Tours 738 2,9 % 355 48,1 % 383 Voie d‛Arles et du Piémont 338 1,3 % 153 45,3 % 185 Autres Voies 848 3,4 185 21,8 % 663 Total (2) 8567 34 % 5085 59,4 % 3482 Total (1+2) 23199 100 % 7388 29,3 % 17788 Non communiqués 454 Commençant à Saint-Jean-Piedde-Port Arrivant à SaintJean par les Chemins : 35 % Autres Français nationalités 419 Principale constatation : Comme les précédentes années, 2/3 des pèlerins commencent le Chemin à Saint-JeanPied-de-Port et il y a moins de 14 % de Français. Autres constatations : Pour ceux qui arrivent par les différents Chemins, il est incontestable que la Voie du Puy est la plus empruntée : 23 % du total général des pèlerins, les 2/3 d’entre eux étant Français. Légère augmentation ( 15%) de la fréquentation de la Voie de Vézelay qui est encore près de 7 fois moindre que celle du Puy. Pour cette Voie, les Français représentent la moitié des pèlerins. Quasi stagnation des pèlerins sur la Voie de Tours (48% de Français). La valeur inscrite pour « autres Voies » est peu significative, car sur l’imprimé que remplissent les pèlerins, la case « autres Voies » qui concerne celle de Bayonne mais aussi le retour de Santiago et surtout celui de Roncevaux est souvent improprement cochée. Sur les 25630 pèlerins enregistrés à Saint-Jean, 14 % d’entre eux sont des cyclistes (476 Français pour 430 en 2005); mais un examen détaillé des modes de déplacement montre qu’il y a : 12 % de cyclistes (111 Français) pour les pèlerins qui commencent le Chemin à Saint-Jean, 8 % de cyclistes (160 Français) pour les pèlerins de la Voie du Puy, 22 % de cyclistes (31 Français) pour ceux de la Voie de Vézelay 52 % de cyclistes (100 Français mais 60 en 2005) pour ceux de la Voie de Tours. 35 % de cyclistes (74 Français) pour les Voies d’Arles, du Piémont, de Bayonne et de Roncevaux, cette dernière étant surtout empruntée par des Espagnols. Robert Lefevre [email protected] 67 QUAND LES PUNAISES DE LIT VEULENT PÉRÉGRINER. Les punaises de lit sont de petits parasites de l’homme au corps roux brunâtre et aplati, qui se nourrissent de sang (hématophages). Elles sont visibles à l’œil nu, mesurent de 5 à 6 mm et peuvent atteindre 7 à 8 mm lorsqu’elles sont gorgées de sang. Capables de rester plusieurs mois sans manger, elles savent se laisser oublier pour soudainement réapparaître. Il faut d’emblée les différencier des punaises des bois (voir ci contre) ou des invisibles acariens. Compagnes fidèles de l’homme depuis ses ancêtres les plus lointains, elles ont quasiment disparu au milieu du 20ème siècle. De meilleures conditions d’hygiène dans les locaux (utilisation de l’aspirateur) et surtout la découverte et l’emploi du DDT, insecticide puissant, ont eu raison d‘elles dans toute l’Europe occidentale. Aujourd’hui, Cimex l’usage de cet insecticide est interdit car sa grande stabilité chimique qui lui confère une durée de lectularius 5 à 6 mm vie (rémanence) quasi-illimitée induit des effets collatéraux trop importants. C’est pourquoi de nos jours, nous voyons réapparaître ces petites et désagréables compagnes, dans certains hôtels, gîtes et sur les chemins de Saint-Jacques. Cette recrudescence semble avoir d’abord été observée en Australie, aux USA et au Canada, pays où l’on trouve donc naturellement une littérature scientifique plus abondante qu’en France sur ce sujet. Si nous la nommons Punaise de lit en France, nous parlons de Cimex lectularius en latin, Bed Bug en Anglais, Chinches de cama en Espagnol, Bettwanze en Allemand, Insetti della base en Italien. BIOLOGIE DE L’INSECTE Les oeufs (1) sont pondus et protégés dans un endroit caché, souvent derrière les plinthes comme sur la photo ci-dessous. Ils résistent aux insecticides mais pas à la chaleur (vapeur sèche). Ils éclosent au bout de 1 à 3 semaines, Les larves transparentes (2) se nourrissent aussi de sang (3) et évoluent en 5 mues successives. Les adultes femelles (4) ou mâles (5) peuvent jeûner longtemps mais ne résistent pas à la chaleur ou au froid. O E U F S L A R V E S A D U L T E S 68 1 à 3 semaines 1 5 mues 9 à 18 semaines 2 3 Adultes (Imago) 9 à 18 mois 4 4 5 Facteurs favorisants l’infestation L’évolution biologique de l’insecte nous permet de comprendre que les facteurs de prolifération sont : le chauffage continu des locaux, le brassage des populations, la promiscuité, le manque d’hygiène et peut-être aussi le réchauffement climatique . Ces facteurs cumulent leurs effets dans les gîtes d’étapes et les auberges de jeunesse où l’on n’utilise ni draps, ni vêtements de nuit et où les sacs de couchage et les sacs à dos sont transportés dans les hébergements successifs. La piqûre se fait principalement sur les zones découvertes du corps contrairement à celle des puces. Elle provoque une petite tuméfaction centrée d’un point rouge, entouré d’une zone rougeâtre inflammatoire. Elle est relativement douloureuse et prurigineuse car l’insecte ne se contente pas d’ingérer du sang, il injecte aussi une dose de «salive» qui crée une réaction allergique, très variable selon les individus piqués, pouvant parfois conduire à des oedèmes très importants. La réaction peut être décalée dans le temps. Elle peut diminuer lors de nouvelles piqûres ( immunisation) et, on peut héberger des punaises de lit sans le savoir. S le parasite est en théorie le vecteur de maladie, aucune transmission n’a actuellement été démontré . CONDUITE À TENIR RECHERCHE - IDENTIFICATION DE L’INFESTATION Dans tous les cas, dans les locaux à risque, il est primordial de rechercher l’infestation et de répéter les contrôles plusieurs fois par semaine. Si l’odeur acre, que dégagent les insectes, peut aider au diagnostic lors de prolifération massive, ce sont des signes indirects qui en général témoignent de leur présence. Il faut rechercher des petites taches de sang sur les housses de matelas ou les traversins. Le jour, les punaises sont cachées rassemblées par instinct grégaire dans les fissures, les plis et coutures de matelas, où elle peuvent laisser des traces de déjection (photos ci-dessous). Elles se cachent aussi sous les lattes, dans les trous de fixation des ressorts de lit, derrière les plinthes et les tapisseries décollées, les fissures du plancher etc... La nuit, on peut les débusquer avec un éclairage muni d’un filtre rouge. Il est par ailleurs très important de faire remonter l’information d’un hôte piqué, sans frapper d’anathème le premier logeur soupçonné, en sachant que la réaction inflammatoire a pu être décalée dans le temps. Déjection de Cimex Lectularius sur un matelas (Photo Department of Medical Entomology, Westmead Hospital, Westmead.Australia 69 PRÉVENTION Concernant les hébergeants : Les locaux. Il est important d’adapter les locaux. Les plinthes seront recollées et les fissures bouchées. Il faut alors éviter tout ce qui peut constituer un parfait abri pour les punaises et les larves : cadres, miroirs, affiches, tapisseries, têtes de lit capitonnées, rideaux plissés et autres décorations inutiles . Les sols seront sans rainures et sans anfractuosités. Préférer les lits métalliques plus faciles à entretenir et présentant moins de caches Le ménage et l’hygiène L’outil à privilégier reste l’aspirateur qui doit être passé régulièrement sous le lit, et aussi autour des matelas, avec l’embout adapté. Ne pas oublier de relever les matelas afin d’aspirer toutes les caches et recoins de la literie. Les sacs d’aspirateur devront être brûlés. Les Insecticides L’utilisation d’insecticide à titre préventif n’est pas souhaitable surtout dans la literie pour ces raisons principalement : Les uns (organophosphorés ou carbamates) sont trop toxiques ou ont une durée de vie trop courte. Les autres, (Pyréthrines et Pyréthrinoides ) réputés non toxiques pour les mammifères sont souvent employés à doses préventives. Or, à ces trop faibles concentrations, on peut favoriser l’apparition d’ insectes résistants ou simplement masquer une infestation par un effet uniquement répulsif. Les dispositions particulières à envisager Si l’invasion persiste et s’étend, il faudra prendre des dispositions d’autant plus difficiles à appliquer qu’elles perturberont les usages. Par exemple : - Supprimer des sacs de couchage et prêt systématique de couvertures entretenues (certaines auberges de jeunesse l’imposent déjà) - Louer des sacs à viande. - Interdire de poser les sacs à dos sur les lits, etc... - Ancestrale technique efficace : Faire baigner chaque pied de lit dans une boite de conserve remplis de pétrole pour bloquer la remonté des insectes. Concernant les pèlerins : Les répulsifs anti-moustiques sembleraient avoir une action trop limitée sur les punaises pour protéger efficacement toute la nuit. TRAITEMENT Quid de laisser les locaux vides pendant une certaine période ? Malheureusement, cette mesure restera inefficace, les punaises peuvent en effet vivre plusieurs mois sans repas de sang. La chaleur Les punaises de lit ne peuvent vivre au dessus de 45°C. Recourir au chauffage du local pendant plusieurs heures reste une méthode en théorie efficace, mais dangereuse et difficile à mettre en oeuvre. Par contre, pour le pèlerin astucieux, la chaleur peut constituer un bon allié. En mettant ses effets dans un grand sac poubelle noir qu’il exposera au soleil pendant plusieurs heures, il pourra ainsi se débarrasser de ces éventuelles petites compagnes indésirables (cette technique est préconisée dans de nombreuses études anglo-saxonnes). Tout aussi efficace consistera à laver son linge en machine à plus de 60° ou 80°C pendant plus d’une heure. La vapeur sèche. Les nettoyeurs à vapeur sèche couramment destinés au nettoyage industriel sont de plus en plus employés pour désinfecter les chambres et les salles d’opération notamment dans les hôpitaux. Garantissant une température de sortie à plus de 150°C, ils sont beaucoup plus efficaces que les nettoyeurs à Générateur de vapeur sèche vapeur, ordinaires et bon marché. Les australiens et les canadiens recommandent de les utiliser depuis quelques temps dans le cadre de la lutte contre les Bed Bug (punaises de lit) 70 Les nettoyeurs à vapeur sèche devront être utilisés au contact des zones à traiter, ce qui rend leur utilisation assez longue pour garantir une efficacité totale. Par contre, ils n’entraînent que peu d’humidité résiduelle et sont totalement non polluants. Ils ont surtout l’avantage de détruire les oeufs qui restent hors d’atteinte des insecticides. Ils potentialisent ainsi l’action de ces derniers. L’inconvénient reste leur coût qui dépasse 1500 €. Le Froid Les punaises de lit ne survivent pas à une température inférieure à 0°C. Certains professionnels de l’hygiène ont choisi d’avoir recours à des techniques réfrigérantes, à base de neige carbonique qui restent très difficiles à mettre en oeuvre. Par contre, on peut profiter de l’hiver pour laisser les locaux sans chauffage, les aérer lors des poussées de gel en prenant bien soin auparavant de protéger ou vidanger les canalisations. Le pèlerin astucieux peut utiliser aussi le froid, il pourra par exemple, mettre les affaires qui ne peuvent être lavées à 80°C dans un congélateur pendant 24 heures. Ces 2 méthodes, par le froid et par la chaleur éviteront au pélerin de contaminer son habitation à son retour. Les Insecticides Les insecticides utilisés classiquement face aux parasites hématophages (suceurs de sang) sont : Les Organochlorés: Ce sont des produits à grande efficacité mais à durée de vie beaucoup trop importante (DDT). Leur emploi est actuellement interdit ou très réglementé (DDT) Les Organophosphorés: (Parathion, Malathion) Ils ont une action équivalente aux précédents mais une durée de vie plus courte. Bien que dangereux du fait de leur même action neurotoxique ils sont moins dangereux à long terme. Les Carbamates : Les carbamates présentent les mêmes caractéristiques que les organophosphorés, mais avec une toxicité moindre. L’un d’entre eux, l’aldicarbe, fréquemment utilisé en agriculture, est très soluble ce qui explique pourquoi on le détecte dans de nombreuses nappes phréatiques. Ce pesticide rappelle également la catastrophe de Bhopal en Inde où, au début des années 80, l’explosion d’une usine de pesticides avait dégagé un nuage toxique faisant de nombreuses victimes. L’utilisation des carbamates à usage domestique, classé modérément dangereux, doit s’inscrire dans le respect le plus strict des recommandations inscrites sur les conditionnements des produits. La Pyréthrine: C’est un insecticide naturel que l’on trouve dans la fleur de variétés de chrysanthèmes cultivées et récoltées au Kenya, en Afrique. La Pyréthrine est inoffensive chez les animaux à sang chaud et peut être utilisée en toute confiance à l’intérieur. Son action insecticide faible est surtout répulsive. Les Pyréthrinoides : Voisines des Pyréthrines, ce sont des substances synthétiques, beaucoup plus actives. Leur faible toxicité chez les mammifères et leur importante durée de vie en ont généralisé l’emploi : bombes fumigènes, poudres, diffuseurs électriques aérosols etc... Type I (perméthrine) Insecticide facile à trouver dans le commerce mais certaines souches asiatiques de punaises de lit lui sont déjà résistantes. Type II (deltaméthrine et cyperméthrine) Très utilisés en culture, arboriculture et pour le traitement des bois on les trouve aussi en bombes aérosols, en poudre etc.. Les Pyréthrinoides sont les insecticides de première ligne dans la lutte contre les punaises de lit. Mais comme tout produit chimique, ils doivent être utilisés aux bonnes doses et à bon escient. Il faut éviter d’acheter des produits par correspondance dont on ignore l’origine ou d’ utiliser des produits à usage agricole. Il est beaucoup plus prudent de confier l’emploi de ces produits à une entreprise spécialisée membre de: La Chambre Syndicale des Industries de Désinfection, Désinsectisation et Dératisation : CS3D 118, avenue Achille-Peretti 92200 NEUILLY-SUR-SEINE Tél : 01 55 62 11 62 71 L’entreprise que l’on aura mise au préalable en concurrence devra confirmer l’infestation, assurer la désinsectisation et en contrôler l’efficacité sachant que plusieurs traitements sont très souvent nécessaires. CONCLUSION Le progrès semblait avoir fait disparaître beaucoup de nuisances que l’on considérait oubliées. Or Le monde devient de plus en plus petit et ce phénomène profite aux créatures minuscules. La gestion d’une infestation de Punaises de lit s’avère un défi de taille, d’autant plus que les pèlerins en rupture de modernité n’imaginent pas dormir dans les pesticides. Il faut identifier l’infestation avant tout traitement chimique et recourir de préférence aux traitements physiques, les techniques par vapeur sèche étant probablement une voie d’avenir. La prévention reste, bien sûr avec ses difficultés, la conduite majeure à suivre. Il faut démontrer beaucoup d’application et de créativité sur le plan de l’entretien des locaux, de leur aménagement et de leur utilisation, l’aspirateur restant au quotidien l’outil roi. Documentation : Doggett S.L., Geary M.J. and Russell R.C. (2004). The resurgence of bed bugs in Australia, with notes on their ecology and control. Environmental Health, 4: 30-38. Bed Bugs:The Unwanted Guest body shape with deep dark red colouration, becoming almostStephen Doggett is a Senior Hospital Scientist at the Department of Medical Entomology, ICPMR,Westmead Hospital,Westmead NSW 2145.Email: stephend@icpmr. wsahs.nsw.gov.au Les mécanismes responsables de la résistance aux insecticides chez les insectes et les acariens Éric Haubruge , Marcel Amichot B–5030 Gembloux (Belgique). E-mail : [email protected] Unité de Recherche sur la Résistance aux Xénobiotiques. INRA. BP 2078, F-06606 Antibes Cedex (France). Photo credits: 2nd instar larvae - Jeff Hahn, Department of Entomology, University of Minnesota Extension Service Sites of infestation – Abell Pest Control, Inc. Etobicoke, Ontario, Canada Additional technical review by Jay Bruesch, Plunkett’s Pest Control, Fridley, Minnesota 6 : CES de médecine tropicale des Facultés de Bordeaux et de Marseille. UN PÈLERIN MORT À OLORON - SAINTE-MARIE Roberto ESTEVEZ FERNANDEZ pèlerin domicilié à BuenosAires où il était né le 16/3/1936, témoin de tous ces pélerins du monde qui foulent le sol de nos contrées en direction de SaintJacques de Compostelle a terminé son pèlerinage terrestre à Oloron le 6 août 2006. Il complétait son chemin par le tronçon Gimont - Logrono. Des amis qui l’ont déposé à Gimont le trouvaient fatigué. Il est mort au domicile du Dr Geneviéve Gabe (ancienne pélerine) qui l’avait recueilli à Oloron. Homme charmant et gentil il avait été conduit dans sa chambre et a été retrouvé mort au moment du dîner, n’ayant même pas défait son sac dans lequel on a trouvé un chapelet. Il est mort brutalement d’une probable rechute d’infarctus du myocarde.Ses trois enfants sont venus d’Espagne, d’Argentine et du Canada pour les obsèques. Il a été enterré très simplement au bord de son chemin dans le cimetière Sainte-Marie d’Oloron. Il repose désormais en terre de Béarn et renforce ainsi les liens étroits du Béarn et du Pays Basque avec l’Argentine. Il ne faut pas oublier que l’émigration de ces contrées vers l’Amérique du Sud a été très importante pendant les deux siècles derniers. Souhaitons que cette humble tombe ne soit pas abandonnée. 72 BIBLIOGRAPHIE Les Guides Pionniers du Camino Francès (BD) 31/10/2006 L’édition de topoguides du chemin de Saint Jacques est relativement récente. Elle a porté d’abord, bien évidemment, sur le Chemin en Espagne, de St Jean Pied de Port à Santiago de Compostela. Et le mérite en revient en premier à l’abbé Georges BERNES, prêtre français de Tillac (Gers), qui parcourut le chemin dans les années 1970, et édita en 1973 le premier guide, tiré à 1000 exemplaires (Auch, CGEC). Il dit lui-même, dans l’avertissement, les difficultés qu’il a rencontrées: «Cette oeuvre géographique et historique m’a coûté beaucoup de travail; mais grâce au Guide d’Aymeri Picaud, magistralement traduit par Mlle Jeanne Vieillard, aux magnifiques ouvrages de Vazquez de Parga, Lacarra, Uria et Huidobro, aux cartes de l’Institut Géographique et Cadastral, grâce également aux renseignements des curés, des maires, des instituteurs, des cantonniers, des villageois, des paysans et riverains du Chemin, grâce enfin à de nombreuses marches dans les pays Navarrais, Castillan, Léonais et Galicien, je puis offrir aux Pèlerins, ce Guide complet et clair, qui leur permettra d’aller de Valcarlos jusqu’à St Jacques en suivant l’antique et authentique Chemin par lequel passèrent tant de millions de pèlerins.». Une mise à jour parut en 1976. Une troisième édition parut en 1979-1982, Imprimerie de l’Astarac (Miélan), en collaboration avec René BRYNAERT de Bruxelles, qui déclare dans l’avertissement de la 2e édition : «Ce petit Guide n’est pas parfait ! Il faut en effet se rendre compte que donner une description claire et précise d’un Chemin de plus de 700 kilomètres, qui n’est pas balisé sur le terrain (comme les sentiers GR en France) et qui, en plus, est l’objet de modifications (reboisement, remembrement, envahissement par les broussailles .. ) n’est pas une sinécure. Parfois, il faut pouvoir interpréter ce Guide avec une certaine souplesse d’esprit. Il est conseillé de se munir d’une boussole et de se procurer la «Cartografia del Camino de Santiago», éditée par Los Amigos del Camino en Estella.» Enfin, en 1986, parut aux éditions Randonnées Pyrénéennes (Saint Girons, Ariège), le premier guide commode français du «Chemin de Saint Jacques de Compostelle - Guide pratique du pèlerin en Espagne», dont les auteurs étaient l’abbé Georges BERNES, Georges VERON et Louis LABORDE BALEN. 73 Georges Bernès présentait cette édition: «Lorsqu’en 1973 j’ai publié la 1e modeste Édition du Guide du Pèlerin, avec l’aide du Comité Gascon d’Études Compostellanes, je pensais bien que le pèlerinage à Saint-Jacques allait redevenir florissant. En effet, chaque année, des centaines de pèlerins entreprennent à pied cette grande marche, et leur nombre va croissant. Nous en sommes aujourd’hui à la 4e Édition du Guide. Grâce aux Randonnées Pyrénéennes, qui ont magnifiquement pris le relais, la Voie sacrée de Compostelle va s’ouvrir toute grande à de nombreux pèlerins. Je leur souhaite de trouver sur le Chemin et dans la Cité de l’Apôtre cette lumière céleste qui éclairera leur vie d’une Etoile nouvelle, l’Etoile de Compostelle, par l’entremise de Saint Jacques, le Fils du Tonnerre, l’Apôtre au coeur de feu.» René de La Coste-Messelière, Président de la Société des Amis de Saint-Jacques de Compostelle, et Mgr Antonio M. Rouco Varela, Archevêque de Santiago de Compostela, préfaçaient également cet ouvrage, véritable coup d’envoi de la nombreuse bibliographie parue depuis sur le sujet. En effet, il faut savoir que le mérite du travail de balisage du Camino Francés avec des flèches jaunes revient, à une date ultérieure, au «curé du Cebreiro» Elías VALIÑA SAMPEDRO. Nommé en 1959 prêtre de O Cebreiro, il consacrera toute sa vie à ce secteur, dont il sortira à certaines occasions (Universités européennes, forums internationaux…), en promotion du secteur de O Cebreiro, ainsi que de l’importance du Camino de Santiago pour l’Union Européenne. En 1984, c’est lui qui entreprit, avec des flèches jaunes, la signalisation du Camino de Santiago depuis la France jusqu’à Compostelle. Sur le trajet galicien, il effectua divers travaux de nettoyage, récupération de tronçons perdus, numérotation kilométrique, etc. Aujourd’hui, son travail de signalisation est considéré comme la définition la plus sûre des tronçons originaux de la route jacquaire. En 1982 il fut mandaté par le Secrétariat Espagnol du Tourisme pour la rédaction d’un «Camino de Santiago. Guide du pèlerin». L’édition par Everest (Leon) de ce guide en 1985 sera son oeuvre la plus diffusée, la véritable «bible» des anciens pèlerins. Ce travail, réadapté et augmenté durant les dernières années de sa vie (il est décédé en 1989), a été publié en plusieurs langues par Galaxia (Vigo), en 1992 à l’occasion du Xacobeo 93. Bernard Delhomme [email protected] Vous cherchez un guide plus récent ou autre livre concernant les Chemins de Saint-Jacques ? Découvrez plusieurs centaines de livres référencés par B. Delhomme sur le site http://www.compostelle.fr. Déposez-y votre commentaire. Par exemple, le très bon guide ci-contre : Itinéraire du Pèlerin de Saint-Jacques sur la voie historique de VÉZELAY. A votre diposition pour en savoir plus : les sites d’Association en Aquitaine: http://www.saint-jacques-aquitaine.com http://www.compostelle-landes.com http://www.amis-saint-jacques-de-compostelle.asso.fr http://st-jacques-compostelle-gers.club.fr http://www. aucoeurduchemin.org 74 ASSOCIATIONS PARTICIPANT AU BOURDON 24 Ass. des Amis de St-Jacques en Limousin-Périgord: «Belcayre »24 290 THONAC Tél. 05 53 50 73 21 e.mail : [email protected] www.amis-saint-jacques-de-compostelle.asso.fr 32 Ass. des Amis de St-Jacques dans le Gers « La Salasse »32 700 LECTOURE Tél. 05 62 68 79 29 e.mail :[email protected] www.st-jacques-compostellee-gers.org 33 Ass. Régionale des Amis de St-Jacques en Aquitaine Relais de Compostelle 759 Rte de Bayonne33600 PESSAC Tél 05 56 68 92 68 e.mail :[email protected] www. saint-jacques-aquitaine.com 33 Ass. Girondine des Amis du Chemin de Saint- Jacques : 58, Rue de Lyon 33 000 BORDEAUX e.mail: [email protected] www.saint-jacques-aquitaine.com 33 Appel du Chemin – Voie de la Côte: 19 Ave de l’Europe 33 780 SOULAC/MER Tél 05 56 09 93 45 40 Société Landaise des Amis de St-Jacques et d’Etudes Compostellanes 22-24 Bd de Candau 40 000 MONT-DE-MARSANTél. 05 58 93 38 33 www.compostelle-landes.com 47 Ass. Lot et Garonnaise des Amis de St-Jacques « Le Parron »47 170 MEZIN Tél. 05 53 65 73 39 64 Ass. des Amis du Chemin de St-Jacques/Pyrénées-Atlantiques 39, rue de la Citadelle 64 220 SAINT-JEAN-PIED-DE-PORT Tél. 05 59 37 05 09 www..aucoeurduchemin.org ou www. compostelle.fr e.mail :[email protected] AUTRES ASSOCIATIONS FRANCAISES 03 Ass. des Amis du Chemin en Auvergne: 24 bis rue de l’Abbaye 63200 MOZAC Tél ; 04 73 92 19 33 e.mail : [email protected] regroupe les départements 15, 43 et 63 09 Ass. Le chemin de St-Jacques de Compostelle du Piémont pyrénéen Halte St-Jacques 09 190 SAINT-LIZIER Tél.05 61 96 77 77 e.mail : [email protected] www.ariege.com/cheminst.jacques 12 Sur les pas de Saint-Jacques 2, Place Jean Jaurès 12 000 RODEZ 13 Ass. régionale des Amis de St-Jacques en PACA B.P.70603 13093 AIX-EN-PROVENCE Cedex 2 e.mail : [email protected] www.compostelle-paca-corse.info regroupe les départements 04, 05, 06, 13, 83 et 84 13 Les Amis de Saint-Jacques en Alpilles Y.Deroubaix 283, Vieux chemin du Val de Cuech 13 300 SALON de PROVENCETél : 04 90 56 40 65 e.mail : [email protected] 16 Ass. des Amis de St-Jacques de Compostelle 22 bd de Bury 16000 ANGOULÊME 17 Ass. saintaise des chemins de St-Jacques 31 rue du Cormier 17 100 SAINTES Tél 06 73 56 94 04 e.mail : [email protected] 18 Ass. des Amis de St-Jacques en Berry 4, rue L.Billant 18 000 BOURGES e.mail : [email protected] 19 Relais Saint-Jacques du Limousin 6, rue d’Arnac 19 130 ARNAC- POMPADOUR Tél. 05 55 62 61 69 20 Jean-Paul Devillers-Poletti /Pédicervo correspondant PACA/Corse20 240 VENTISERI Tél.04 95 57 83 24 e.mail : [email protected] 21 Confraternité des pèlerins de St-Jacques en Bourgogne 21 000 DIJON Tél.03 80 63 14 65 e.mail : [email protected] www.st-jacques-bourgogne.org 23 Relais Ass. Limousin-Périgord Rte du Grand Bourg 23 210 BÉNÉVENT-L’ABBAYE Tél. 05 55 62 61 69 28 Ass. Des Amis de St-Jacques d’Eure et Loir: 14 Av. de Plaisance 28 000 CHARTRES Tél.02 37 30 79 66 e.mail : [email protected] www.monsite.wanadoo.fr/chartres_stjacques 31 Ass.des Amis de St-Jacques en Haut-Comminges Mairie 31 510 St Bertrand de Comminges 31 Ass. Des Amis de St-Jacques en QuercyRouergue- Languedoc 107 rue de Lavaur 31 500 TOULOUSE Tél : 06 06 77 57 75 e.mail : [email protected] 34 Ass. des Amis de St-Jacques en LanguedocRoussillon 70, Rue Théron 34 150 St-GUILHEM le DESERTe.mail : jp.leclè[email protected] 37 Ass. des Amis de St-Jacques-Voie de Tours en région Centre 9, rue Chambert 37 000 TOURSTél. 02 47 44 55 52 e.mail : amis.stjacques.centre @wanadoo.fr dep.18 , 36 et 41 43 Ass. des Amis du Puy en Velay : Relais Notre-Dame, 29 Rue Cardinal Polignac 43 000 LE PUY EN VELAY Tél. 04 71 09 66 42 e.mail : [email protected] 45 Amis de St-Jacques en Loiret M.J.Denizot 65, Av de Verdun 45 800 St-JEAN-de-BRAYE Tél. 06 14 38 41 81 48 Ass. « Sur les pas de Saint-Jacques » Hôtel de ville 48 130 AUMONT-AUBRAC CourrierB. P.3 48 120 SAINT-ALBAN Tél. 04 60 31 13 34 49 Ass. Régionale des Amis de St-Jacques en Anjou 45 Av. du 8 mai 1945 49 290 CHALONNES/LOIRE Tél. 02 41 78 27 16 50 Ass.normande des Amis de St-Jacques 6, Allée des Aubépines 50 460 QUERQUEVILLE Tél .02 33 03 35 34 e.mail. [email protected] www. chemins-pelerins-normands.org regroupe les départements : 14, 27, 50, 61 et 76 51 Randonneurs et pèlerins, 8 bis rue René Herr 51 200 EPERNAY Tel.03 26 51 61 05 e.mail :franç[email protected] 52 Ass. Amis de St-Jacques en Haute Marne 18, Rte de St-Dizier 52 100 CHANCENAY Tél.03 25 05 14 55 54 Amis St-Jacques en Région Lorraine 6 rue de la République 54 200 TOUL e.mail : [email protected] 55 Ass. Meuse Compostelle 9 rue de la Chapelle55 003 BAR-LE-DUC Cedex Tél.03 29 79 20 48 e.mail : ghislaine.dumenil@ free.fr www.meuse-compostelle.monsite.wanadoo.fr 56 Ass. Bretonne des Amis de St-Jacques 12 chemin du Goh-Vrass 56 730 St Gildas de Rhuys Tél. 02 97 45 20 34 saintjacquescomp [email protected] regroupe les départements 22, 29, 35, 44 et 56 65 Ass. des Amis de St-Jacques en HautesPyrénées et de la vallée d’Aure Mme Mur B.P. 5 65 170 SAINT-LARY-SOULAN Tél : 05 62 39 41 62 e.mail :[email protected] 66 Amis du Chemin de St-Jacques en Roussillon etCatalogne 4, Rue du Carlitte 66 680 CANOHESe.mail [email protected] www.amis.compostelle.free.fr 67 Ass. les Amis de Saint-Jacques en Alsace 1 rue de la Chaîne 67 140 ANDLAU Tél.03 88 08 13 22 e.mail :contact@saint-jacques-alsace. www.saint-jacques-alsace.org 69 Ass. Régionale de St-Jacques en RhôneAlpes Secr. : 9 place de Maisons Neuves 01800 VILLIEU Tél. 04 27 08 13 22 e.mail [email protected] www.amis-st-jacques. org regroupe les dépts : 01, 07, 26, 38, 42, 69, 73 et 74 70 Ass. Franc-Comtoise du Chemin de Compostelle M.A. Ethevenaux 2 bis Chemin Français 25 000 BESANÇON Tél : 03 84 75 42 79 e.mail :[email protected]. www.af-ccc.fr 75 Société Française des Amis de Saint Jacques 8, Rue des Canettes 75 005 PARIS Tél./fax 0143 54 32 90 e.mail:[email protected] www.compostelle.asso.fr 75 Union Jacquaire de France 44 rue Henri Barbusse 75005 PARIS 75 Compostelle 2000 26, rue de Sévigné 75 003 PARIS Tél.01 43 20 71 66 www.compostelle.2000.com 77 Ass. française des pèlerins de St-Jacques de Compostelle 38 Av de la Libération M.G.Auguste 38 Av de la Libération 77 130 MONTEREAU e.mail : [email protected] http://almoyna.chez.alice.fr 79 Ass. régionale des Amis de St-Jacques en Poitou-Charente M.L.Forestier 145, ave de Paris App15 79 000 Niort Tél. 05 49 33 14 17 e.mail : amisdeschemins.pc@wanadoo/fr 80 Ass. des Amis de St-Jacques en Picardie M.Lévis, 7 rue de Montsoreau 80 000 AMIENS 81 Ass des Amis de St-Jacques en Haut-Languedoc B.P. 417 CASTRES Cedex Tél. 05 63 59 89 26 85 Ass. Vendéenne des Pèlerins de St-Jacques Courrier : 23, rue de la Marquiserie 87 770 VIX E.mail : [email protected] 86 Ass. des Amis de St-Jacques en Vienne Cap-Sud 20 rue de la Jeunesse 86 000 POITIERS Tél : 05 49 88 54 44 e.mail : [email protected] 87 Asso. Vendéenne des Pèlerins de St-Jacques 23, rue de la Marquiserie 87 770 VIX e.mail : info@vendée-compostelle.asso.fr 89 Ass. des Amis de St-Jacques de la Voie de Vézelay : Siège social : Mairie, rue Saint-Pierre 89 450 VÉZELAY Correspondance : Belcayre - 24 290 THONAC Tél.05 53 50 73 21 92 Fondation David Parou Mme Péricart-Méa 36 Av Henri-Ginoux 92 120 MONTROUGE e.mail : [email protected] Rédigé en décembre 2005 par l’Association des Amis du Chemin de Saint-Jacques / Pyrénées-Atlantiques. Cette liste peut comporter des erreurs ou des oublis. Chaque association concernée75 est invitée à nous les signaler pour correction. Merci Dans le calme d'une nuit lointaine Sans bruits ni vents, elle vit paraître L'apôtre saint Jacques en personne, Pèlerin du ciel sur la terre... ...Il était doux, l'Apôtre divin, Plus doux que la lune de janvier. Un parfum fait de lys et d'encens Sur ses pas embaumait le sentier... Et il ne vous dit rien, bonne vieille? Lui demandent deux voix à la fois. En passant il me fit un sourire Qui laissa une étoile en mon sein... Federico GARCIA LORCA 76