L`absentéisme scolaire
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L`absentéisme scolaire
Sciences-Croisées Numéro 12 : L'éducation L'absentéisme scolaire : Approche complexe d'un phénomène multifactoriel Raphaël Loosfelt Doctorant en sciences de l'éducation EA 4671 ADEF, Aix-Marseille Université [email protected] Pr. Yvan Abernot Département des sciences de l'éducation ENFA UMR EFTS, Université de Toulouse [email protected] L'absentéisme scolaire : Approche complexe d'un phénomène multifactoriel Résumé À l’intersection d’enjeux idéologiques, politiques, et institutionnels, nous tenterons de montrer que si l’absentéisme est souvent présenté avant tout comme un problème social apparenté à la délinquance justifiant idéologiquement un traitement similaire, il questionne néanmoins profondément le rôle de l’école dans sa fonction éducative et sociale, de gestionnaire de l’hétérogénéité des élèves. Les déterminants sociologiques et le rôle des parents ne doivent bien sûr pas être sous-estimés, notre fil conducteur sera cependant de penser l’absentéisme en tant que processus de décrochage et de désintérêt grandissant d’une institution scolaire qui peine à accrocher certains de ses élèves présentant des conduites d’évitement, souvent en grande difficulté scolaire. Mots-clés : absentéisme – complexité – décrochage – responsabilité politiques éducatives – Introduction L’absentéisme scolaire a longtemps été considéré comme un phénomène marginal en France. Cependant, pour des raisons juridiques de responsabilité, l’institution scolaire s’est vue progressivement dotée de moyens comptables de plus en plus précis pour le contrôler et d’un cadre légal strict afin de déterminer dans quelle situation sa responsabilité légale et pénale est engagée. D’un point de vue institutionnel et administratif, l’absentéisme est défini comme un « comportement marqué par la répétition d’absences volontaires » (circulaire n° 96-247 du 25-10-96). C’est donc la notion de volonté qui permet de distinguer les absences de l’absentéisme. D’un côté, il y a les absences involontaires, légitimes 1 et justifiées et de l’autre, les absences volontaires, illégitimes, c’est-à-dire toutes celles qui ne sont pas justifiées, trop nombreuses ou trop anciennes pour être encore justifiables. Le principe de l’assiduité scolaire complète celui de l’instruction obligatoire pour les enfants français et étrangers de six à seize ans. Il est considéré comme un principe fondateur de l’instruction obligatoire dans la législation républicaine. Inscrit à l’article L. 511-1 du code de l’éducation et faisant partie intégrante des devoirs de l’élève, il concerne l’ensemble des mineurs même après la fin de la scolarité obligatoire.. Les mesures statistiques de l’absentéisme utilisent le seuil de signalement de l’élève à l’inspection académique pour défaut d’assiduité, fixé par l’article L. 131-8 du code de l’éducation. Ainsi, pour trancher la question sur ce qui fait la différence entre une conduite d’absentéisme et des absences occasionnelles, le code de l’éducation promulgue que tout élève absent de classe quatre demi-journées ou plus dans un même mois, sans justification, sera considéré comme absentéiste. L’absentéisme sera qualifié de lourd audelà de dix demi-journées d’absences injustifiées par mois (Toulemonde, 1998). Le seuil des quatre demi-journées d’absences a été instauré par une modification de la loi du 28 mars 18822 en réaction aux résistances que rencontrait la généralisation de l’enseignement primaire dans une société encore largement rurale, où les enfants participaient activement aux travaux agricoles. Les amendements du 22 mai 1946 prévoient toutefois « des autorisations n’excédant pas huit semaines par an 5 […] aux enfants ayant au moins douze ans qui sont occupés à des travaux agricoles ou embarqués pour la pêche maritime ». Au-delà des directives ministérielles, la loi est interprétée et appliquée différemment selon les établissements. En effet, il faut noter que le décompte des demi-journées d’absence ne s’effectue pas de la même façon selon les établissements. Par exemple, dans certains établissements, une demi-heure de retard au premier cours du matin ou de l’après-midi suffit pour que l’élève soit considéré comme absent une demi-journée. À cet égard, il 1 2 L’article L.131-8 du code de l’éducation énumère les motifs légitimes d’absence : la maladie de l’enfant, la maladie transmissible ou contagieuse d’un membre de la famille, une réunion solennelle de famille, un empêchement résultant de la difficulté accidentelle des communications et l’absence temporaire des personnes responsables lorsque les enfants les suivent. Article 10 de la loi du 28 mars 1882 modifié par la loi du 22 mai 1946. -1- faut souligner la marge importante d’appréciation (Toulemonde, 1998 ; Douat, 2005) dont disposent les surveillants et les C.P.E qui vont juger de la validité des motifs des absences et des suites à donner. La gestion administrative de l’absentéisme dépend donc en grande partie de l’interprétation qu’elle fera des différents types d’absentéismes et du degré de gravité de la situation en fonction d’une typologie des absentéistes. 1. État des lieux 1.1. Les visages de l'absentéisme Le rapport de l’Inspection générale de l'Éducation nationale sur L’absentéisme des lycéens (Toulemonde, 1998) fait office de référence pour les différents acteurs de terrain de l’administration scolaire car c’est sûrement le rapport institutionnel le plus complet à ce jour (mais datant de plus d’une décennie). Notons que la plupart des rapports et des enquêtes nationales s’intéressent surtout au cas des lycéens, le collège étant considéré comme moins touché, statistiquement, par l’absentéisme. Cette grille institutionnelle d’interprétation de l’absentéisme présente deux classements. Un premier, intitulé « les visages de l’absentéisme », présente une typologie des formes d’absentéisme (Toulemonde, 1998 : 27-30). Un second est défini en fonction des facteurs de l’absentéisme, nous l’évoquerons dans la partie dédiée aux causes de l’absentéisme. Par un souci de clarté, nous le présentons sous forme de tableau : L’absentéisme par défaut de motivation Ce type d’absentéisme est le plus classique. Il est lié à l’incertitude des débouchés professionnels L’absentéisme de confort Autrefois exceptionnel, ce type d’absentéisme s’est répandu avec souvent la complicité des parents : absences le samedi matin et la veille des vacances… L’absentéisme de consumérisme scolaire L’élève choisit ses matières en fonction d’une stratégie : boycott de certains professeurs. Typique des lycéens qui vont au lycée à « la carte » L’absentéisme de respiration Absences liées au stress et au besoin de récupérer. Conséquence de la lourdeur des programmes, des évaluations et des horaires L’absentéisme par nécessité économique Les élèves s’absentent pour cause de « petits boulots » L’absentéisme contraint Absentéisme résultant d’une décision de l’établissement, une exclusion provisoire ou définitive Le vrai-faux absentéisme « Les absents-présents. » l’élève est présent dans l’établissement mais absent de cours (permanence, foyer…) Tableau 1. Récapitulatif des différents « visages » de l’absentéisme, (élaboré à partir de Toulemonde, 1998 : 27-30). Cette grille d’interprétation nous suggère, au-delà des traits ou facteurs présentés comme classiques (défaut de motivation par exemple), une -2- constellation d’attributs associés à l’absentéisme : les stratégies pour optimiser le confort individuel ou familial, le consumérisme, le boycott, la tactique pour « respirer » ou « rompre le stress », la fuite stratégique. De même, les parents décris comme étant dans une situation de « démission », de « laxisme » et de « capitulation » (Toulemonde, 1998 : 36) sont redéfinis ici comme « complices », c’est-à-dire, acteurs centraux du manquement à l’obligation scolaire et de l’évaluation coût/bénéfice de l’assiduité scolaire. À cet effet, nous verrons dans le chapitre 3 que les parents, responsables de leurs enfants devant la loi, sont au cœur de la lutte contre l’absentéisme. La catégorie « absentéisme contraint » qui « résulte d’une décision de l’institution » présuppose que les autres formes d’absentéisme, celles qui ne relèvent pas de l’exclusion sont le fruit d’une décision ou d’un choix de l’élève : « À ces formes d’absentéisme, qui correspondent à des absences volontaires et répétées, s’ajoutent deux autres modalités d’absentéisme qui méritent d’être signalées : […] l’absentéisme contraint et le vrai-faux absentéisme » (Toulemonde, 1998 : 28). La notion de volonté individuelle apparaît ici indissociable de la définition institutionnelle de l’absentéisme. À noter que « l’absentéisme par nécessité économique » est une forme de contrainte qui peut être indépendante de la volonté de l’élève. 1. 2. Quelques chiffres Un premier point de repère nous est fourni par deux rapports sur l’absentéisme, études menées au niveau national, respectivement en 19801981 (Gauthier, 1981) et 1994-1995 (Choquet & Hassler, 1997). Le premier rapport estime le taux d’absentéisme dans les lycées généraux et technologiques à 3,5% et à 6,5% dans les lycées professionnels. La seconde enquête, menée par l’INSERM et l’Inspection générale, évalue à 6% le taux d’absentéisme dans les lycées généraux et technologiques et 7,5% dans les lycées professionnels. Il faut souligner que les critères retenus pour élaborer les statistiques de ces deux enquêtes ne sont pas identiques. Pour la première, ils sont fondés sur les données de signalement du chef d’établissement à l’Inspecteur académique3 tandis que la seconde s’appuie sur des questionnaires précis distribués aux élèves répartis sur huit académies tirées au sort. Cependant, les résultats de l’INSERM ont été revus à la baisse dans l’analyse secondaire (Choquet & Hassler, 1997) de l’enquête nationale sur la santé de l’adolescent (Choquet & Ledoux, 1994) et « harmonisés » aux résultats de l’Inspection générale. La DEPP, qui réalise régulièrement une enquête quantitative sur l’absentéisme, estime pour l’année 2007-2008 que 7% des élèves du second degré public sont absentéistes, toutes périodes et types d’établissements confondus4. L’enquête révèle une certaine stabilité du taux moyen d’élèves absentéistes de septembre 2003 à avril 2007. Celui-ci varie entre 2% et 6% selon les mois. En 2007-2008, le taux d’absentéisme oscille entre 3% et 10%. Cette amplification concerne tous les types d’établissements du secondaire, à la fois au collège, au lycée général et technologique et au lycée professionnel. De plus, l’enquête observe une hausse de l’absentéisme lourd (plus de dix 3 4 L’inspecteur académique-directeur des services départementaux de l'éducation nationale (IA-DSDEN). L’absentéisme des élèves dans le second degré en 2007-2008, DEPP-MEN, note d’information, 10.08, avril 2010. -3- demi-journées non régularisées par mois) qui concerne 2% des élèves en 2007-2008 contre 1% entre 2003 et 2007. Ce qui ressort de cette estimation statistique, fondée sur le critère des quatre demi-journées d’absences non-régularisées, ce sont les écarts très importants qui marquent les différents cursus et filières. Les lycées professionnels enregistrent des taux d’absentéismes records en nette augmentation en seulement trois ans d’intervalle. Graphique 1. Comparaison de la proportion d’élèves absents non régularisés quatre demi-journées ou plus par établissement. La mesure de l’absentéisme présente de nombreuses carences (Toulemonde, 1998 ; Blaya, 2003 ; Esterle-Hedibel, 2006 ; Douat, 2011 : 2931). Cette quantification du phénomène suscite de nombreuses critiques de la part des chercheurs. On retiendra celle de Maryse Esterle-Hedibel : « Les diverses formes d’absences répétées, répertoriées par les textes officiels et repérées par les diverses observations, forment un ensemble plutôt hétéroclite qui ne renseigne par sur les causes et la fréquence des absences. Il ne constitue pas une catégorie scientifique utilisable en tant que telle. Il est le reflet d’une catégorisation administrative qui s’appuie simplement sur le manquement à la loi, rappelée dans la circulaire de 1996 » (Esterle-Hedibel, 2006 : 46). Nous verrons qu’en dépit de l’imprécision qualitative affectant la plupart des données statistiques sur l’absentéisme, l’enquête quantitative et qualitative de l’INSERM (Choquet & Ledoux, 1994 ; Choquet & Hassler, 1997) nous apporte néanmoins bon nombre d’indications intéressantes sur la fréquence et les facteurs impliqués dans ce phénomène. Pour les études ministérielles, la collecte des données dépend entièrement du signalement des absentéistes à l’Inspection académique par le chef d’établissement. Or la DEPP5 estime que ne sont signalés que 34% des élèves absentéistes au collège, 8% d’entre eux au lycée général et technologique et 11% au lycée professionnel. Ceci s’explique en partie par le 5 L’absentéisme des élèves dans le second degré en 2007-2008, DEPP-MEN, note d’information, 10.08, avril 2010. -4- fait que les chefs d’établissements préfèrent gérer l’absentéisme sans avoir systématiquement à en référer à l’échelon administratif supérieur. De plus, la validité des motifs avancés par les parents n’est pas remise en cause. La DEPP fonde ses statistiques exclusivement sur les absences non régularisées. On peut se demander cependant sur quelle base la DEPP fait cette estimation, de quelle manière est prise en compte cette marge d’erreur dans ses résultats. En conséquence, le faible degré de représentativité des résultats ne permet pas de dresser un tableau statistique fiable du phénomène de l’absentéisme scolaire en France. Dans l’hypothèse d’une insuffisance des critères de mesure de l’absentéisme scolaire, les statistiques ministérielles ont donc tendance à sous-évaluer son intensité, ce qui justifie d’autant plus l’intérêt des chercheurs pour ce phénomène dont l’expansion reste à préciser. Bien que la comparaison entre les différentes évaluations du taux d’absentéisme s’avère discutable (Toulemonde, 1998 ; Esterle-Hedibel, 2006), Toulemonde nous livre son interprétation quant à l’impression de croissance du phénomène, entre 1980 et 1995. Les enquêtes statistiques montrent une faible progression de 1% à 2%. Cependant, la massification des effectifs de l’enseignement secondaire induit une augmentation, sur quinze ans, de l’ordre de 21,5% : « Si les pourcentages d’absences varient peu depuis 1979 et 1980, ils recouvrent des montants absolus en nette augmentation – augmentation parallèle à celle de la masse des lycéens. Celle-ci est passée pendant cette période de 1 400 000 à 1 700 000 élèves. Ainsi, d’une part, si l’on retient un taux de 4% d’absents, ce n’est plus 56 000 lycéens qui sont absents mais 68 000, soit une progression brute de 21,42%. D’autre part, une progression du taux global de 1% se traduit par 17 000 absents supplémentaires » (Toulemonde : 1998, 34). Cette massification s’est accompagnée d’une diffusion et d’une concentration jusqu’alors imperceptible au début des années quatre-vingt. En 1995, l’absentéisme atteint presque tous les établissements du secondaire (Baillon, 1993), l’enquête nationale de 1995 indique que seuls quelques lycées ruraux échappent encore au phénomène. De plus, les résultats des diverses enquêtes statistiques de la DEPP montrent une forte concentration dans certains types d’établissements et dans certaines filières. La filière des lycées professionnels semble être la plus sévèrement touchée : les résultats de la DEPP pour 2007-2008 indiquent une fourchette allant de 7% en septembre à plus de 19% en avril contre un écart de 2% à 9% pour les lycées généraux et technologiques et de 1% à 2,5% pour les collèges. 1. 3. Enjeux : l’absentéisme, un problème social, précurseur de la délinquance L’absentéisme se définit donc dans les textes officiels comme une conduite à risque6. C’est dans le cadre de la menace d’un danger social et de la protection des jeunes que l’obligation d’assiduité est envisagée comme prévention des conduites à risque, afin de lutter contre les diverses formes d’atteintes à autrui commises par les absentéistes. En effet, on constate à partir des années quatre-vingt-dix une mobilisation de tout un discours sécuritaire autour de cette question. Les manquements à l’assiduité sont alors présentés comme des signes conduisant à l’entrée des mineurs dans le processus de marginalisation et de délinquance 7. C’est lors du colloque de Villepinte en 1997 que la question de la soumission à l’assiduité scolaire est 6 Bulletin officiel n°9, 4 novembre 1999, hors série prévention des conduites à risques, 47. -5- présentée comme un instrument central dans la lutte contre la délinquance des mineurs, l’école étant envisagée comme un lieu privilégié de prévention. C’est dans ce contexte qu’apparaît l’expression des « sauvageons »8 qu’il conviendrait de « civiliser ». Le sociologue Douat montre dans son étude (Douat, 2007) par quel processus la question de l’assiduité scolaire s’est progressivement transmuée en danger social cristallisant autour de lui tout une série de stéréotypes qui s’encreront durablement dans les représentations sociales, via la diffusion médiatique. Ce processus va conduire à placer le ministère de l’intérieur au cœur des pratiques 9, l'Éducation nationale ne devenant qu’un simple partenaire parmi d’autres. Pour Blaya (Blaya, 2003), chercheuse au laboratoire LARSEF (Laboratoire de recherches sociales en éducation et formation), le problème de l’absentéisme tend à être de plus en plus situé à l’intersection entre les problèmes éducatifs et les problèmes judiciaires et policiers. Nous verrons en effet que de nombreuses recherches s’attachent à établir des corrélations entre absentéisme et délinquance juvénile, (Sheldon, 2007 ; Janosz & al., 2000 ; Lagrange, 2000 ; Roché, 2001 ; Hayden & Martin, 1998). Selon Douat, cette redéfinition de l’absentéisme autour du champ sécuritaire et médiatique a cristallisé l’idée dans l’opinion publique qu’il était la conséquence d’un défaut d’éducation parentale, occultant de la sorte tout questionnement concernant le système scolaire lui-même (Douat, 2007). Selon Vial (Vial, 1990 : 181), l’inassiduité scolaire a été très vite repérée dès le début de l’école publique comme un problème social grave et comme le symptôme d’une pathologie justifiant l’entrée dans les classes de perfectionnement. 2. Vers une définition scientifique 2. 1. La question de la fréquence et du cumul des conduites absentéistes Le seuil légal de tolérance des absences non régularisées ne peut suffire à définir de manière rigoureuse ce qui caractérise une conduite absentéiste. Selon l’enquête de l’INSERM sur les adolescents, publiée en 1994 (Choquet & Ledoux, 1994), l’absentéisme résulte de trois critères : « sécher les cours, arriver en retard, être absent une journée ou plus, au cours des douze derniers mois ». C’est la fréquence de l’une de ces trois conduites qui permet de ranger les élèves dans l’échelle de l’absentéisme : Jamais ou une seule fois (/an) les trois conduites : pas d’absentéisme. De temps à autre au moins l’une des trois conduites : absentéisme occasionnel. Souvent au moins une des trois conduites : absentéisme régulier. 7 8 9 Colloque de Villepinte, (24 et 25 octobre 1997), Des villes sûres pour des citoyens libres, organisé par le ministre de l’intérieur Jean-Pierre Chevènement. Expression employée à maintes reprises par Jean-Pierre Chevènement désignant en botanique « les jeunes pousses non encore greffées ». Cf. « Projet de loi, d’orientation et de programmation pour la sécurité intérieure », 11/07/2002. Dès la première page du projet, la lutte contre l’absentéisme scolaire figure parmi les priorités pour « parvenir à un recul de l’insécurité ». -6- En dépit d’une volonté scientifique de définir des critères précis de l’absentéisme, des imprécisions demeurent : « de temps en temps », « souvent ». Cependant, cette difficulté méthodologique fut prise en compte à la suite d’une étude complémentaire menée en 1995 (Choquet & Hassler, 1997) avec le concours de la DEPP et de l’Inspection générale, en ajoutant l’idée de cumul des trois conduites : Jamais ou de temps en temps : peu ou pas absent. Souvent l’une des trois conduites : peu assidu. Souvent deux ou trois conduites : absentéiste. Bien qu’il reste des imprécisions sur le plan sémantique, l’idée selon laquelle l’absentéisme résulte d’un cumul de différents comportements absentéistes est une première entrée pour aborder le phénomène dans sa complexité. 2. 2. L’absentéisme et décrochage scolaire Dans le cadre d’un appel d’offres à projet de recherche 10 en 1999 sur les processus conduisant à des situations de déscolarisation de jeunes soumis à l’obligation scolaire, 12 rapports de recherche nous permettent d’avoir une première vue d’ensemble des productions de connaissances sur tout le territoire français. Lors de la revue de cette littérature scientifique, on observe que l’absentéisme est systématiquement envisagé de manière corollaire au décrochage scolaire et au processus de déscolarisation (Bautier, Broca-Rosoff & Terrail, 2002 ; Blaya, 2003 ; Costa-Lascoux, 2002 ; Esterle-Hedibel, 2006 ; Lagrange, 2001 ; Millet & Thin, 2003). Ainsi, entre absentéisme et décrochage, les frontières sont poreuses (Costa-Lascoux, 2002 : 9-12). L’inassiduité scolaire, dont l’absentéisme en est la forme la plus significative, serait un symptôme annonçant une forte probabilité de décrochage scolaire et éventuellement une déscolarisation de l’élève (Blaya & Hayden, 2003 : 7). Déjà en 1974, le chercheur canadien Lloyd (1974) observait que les absences rapportées dès la sixième année scolaire étaient reliées au décrochage scolaire. Étant donné les différentes significations du décrochage suggérées par les chercheurs, issus de différents laboratoires de Sciences de l'Éducation et de sociologie, il convient d’en présenter brièvement quelques traits principaux : - Le décrochage est un terme employé d’abord au Canada (importé dans les années 90) qui renvoie à une norme sociale de référence. Dans le contexte nord américain, cela signifie que toute personne s’écartant de cette norme doit être rééduquée pour y revenir. Selon le chercheur canadien Dussault (1995), le terme décrocheur renvoie à un « marginal scolaire » qu’il faudrait prendre en charge pour « éradiquer » son absentéisme. 10 Appel d’offres de décembre 1999 sur les processus de déscolarisation (ministère de la justice, de l'Éducation nationale, DEPP, délégation interministérielle à la ville, Fonds d’action et de soutien pour l’intégration et la lutte contre les discriminations). Les 12 rapports issus de cet appel d’offres sont consultables à l’adresse suivante : http://www.infocentre.education.fr/index.php/sites-archives/523-les-processus-dedescolarisation.html -7- - Pour Guigue, le décrochage désigne « le processus plus ou moins long qui n’est pas nécessairement marqué par une information explicite entérinant la sortie de l’institution » (Guigue, 1998 ; 29). Selon l’auteur, il s’oppose à la démission (départ volontaire de l’élève) et à l’exclusion, « acte par lequel une autorité reconnue vous démet de vos fonctions ». Pour Blaya, le décrochage désigne « le processus de désadhésion au système ou un accrochage manqué qui conduiront à plus ou moins long terme à une désaffection, un décrochage » (Blaya & Hayden, 2003 : 6). Ces deux définitions mettent l’accent sur le processus mis en œuvre dans le décrochage scolaire. En effet, de nombreux « décrocheurs » commencent par s’absenter régulièrement, souvent sujets à l’indiscipline et à des résultats scolaires faibles. Le décrochage n’est donc pas un processus soudain (Bautier & al, 2002 : 30). Les termes de « décrocheurs » et d’« absentéistes » ont un certain poids qu’il importe de mesurer. Selon Blaya (Blaya & Hayden, 2003 : 6), l’usage de ces termes apparaît comme stigmatisant car « il s’agit là d’une situation, d’un processus et non pas d’un état ». On peut observer dans la littérature grise un glissement sémantique entre ces deux termes qui témoigne d’une confusion entretenue par la diffusion médiatique 11 . L’absentéisme est plus souvent appelé « décrochage », ou étape d’un processus de déscolarisation, suggérant ainsi l’idée de rupture. Les élèves absentéistes engagés dans un processus de déscolarisation sont décrits comme étant pris dans une « spirale » (Glasman, 1998) ou un « engrenage » (Guigue, 1998 : 28) : « les absentéistes prennent du retard, s’absentent de plus en plus car ils perdent confiance dans leurs capacités scolaires jusqu’à l’abandon complet de l’école » (Langevin, 2000). Cet amalgame est en partie liée à la population étudiée par les chercheurs. Ainsi, la plupart des recherches issues de l’appel d’offre de 1999 ont été menées auprès d’élèves inscrits dans des dispositifs tels que les classes relais (Millet & Thin : 2003), des dispositifs territoriaux pour les élèves sans affectation (Bonnéry, 2003), des espaces d’accueil pour les primo arrivants (Zoïa & Visier, 2003) ou des foyers d’accueil (Guigue, 2003). Enfin, d’un point de vue institutionnel européen, l’Eurostat (Office statistique des communautés européennes) et l’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Économique) désignent comme décrocheurs les jeunes de 18 à 24 ans qui se trouvent sans qualification ou sans diplôme de l’enseignement secondaire supérieur et qui ne suivent ni études, ni formation. Ainsi, on peut constater, dans les statistiques européennes, une disparité non seulement dans les méthodes mais dans le ciblage des âges. Une ambiguïté dans la définition du décrochage scolaire qui est du reste relevée par Guigue (1998 : 27) : « […] le terme de décrochage gagne en ambiguïté dans la mesure où, selon les cas, il désigne le processus de démobilisation ou l’aboutissement de ce processus : la défection ». 2. 3. L’absentéisme, une définition en rapport à la présence À travers l’enquête de terrain sur l’absentéisme scolaire dans deux collèges de ZEP du Val-d’Oise, Douat (2005 : 175-183) montre que les élèves absentéistes sont plus souvent présents dans l’établissement qu’absents (notons que l’enquête de terrain se déroulait dans l’enceinte de 11 Cf. Documentaire de Martini B., « Quand les enfants décrochent », 2004, Arte, 7 décembre 2004, 25ème min. -8- l’établissement ce qui implique des entretiens avec des absentéistes présents). Cette présence des élèves au sein de l’établissement n’entraîne pas nécessairement leur présence dans la salle de classe. Au contraire, ils peuvent s’attarder sur internet au CDI, ou encore dans les couloirs, à l’infirmerie, à la cafétéria, etc. Cet absentéisme ou décrochage de l’intérieur comme le définit Maryse Esterle (Esterle & Douat, 2010 : 2) manifeste un « accrochage », à divers degrés, à un univers de socialisation et de relations - camarades, professeurs, surveillants, CPE... (Douat, 2005 : 181) - qui révèle un mode de présentéisme pour certains élèves. Cette pratique de l’ « absentéisme interne » démontre que certains élèves concernés ne souhaitent donc pas toujours fuir l’espace scolaire, mais simplement s’extraire pour un temps de certaines situations d’apprentissage. Selon le sociologue Douat (2005), l’absentéisme scolaire en tant qu’objet de recherche implique un questionnement sur les modalités de présence afin de restituer un sens à la variation des comportements des élèves. Comprendre pourquoi certains élèves persistent à être présents dans certains cours et absents dans d’autres peut nous renseigner sur les causes internes à l’établissement, à envisager les interactions entre élèves et professeurs à partir d’une analyse du climat de travail, relationnel et éducatif (Fotinos, 2006). Nous ne pouvons envisager le problème de l’absentéisme sans le corréler aux différentes formes qu’il peut prendre au quotidien. Il ne s’agit pas ici d’établir une définition exhaustive de ce phénomène mais bien plutôt d’en faire ressortir les interactions. Définir l’absentéisme consistera ensuite à se demander dans quelle mesure ce phénomène n’existe qu’en interdépendance avec les singularités biographiques et scolaires de l’élève. 2. 4. Les causes de l’absentéisme : analyse critique de l'explication institutionnelle I. Les facteurs économiques et sociaux Les facteurs financiers Difficultés financières familiales (petits boulots, prix des transports trop élevés, etc.). Contexte local de pauvreté où l’école peut être perçue comme une « fabrique à chômeurs ». Les facteurs sociaux « Les lycéens d’origine ou de nationalités étrangères son souvent plus absentéistes parce qu’ils sont plus que les autres dans une situation à risque ». « Double vie (délinquance, alcoolisme, etc.) ». Lien entre enfance en danger, délinquance et absentéisme. Ruptures sociales génératrices d’incompréhension et de non communication entre élèves et professeurs, et donc d’absences. Rupture culturelle avec l’école Les facteurs familiaux Les termes qui reviennent souvent : « laxisme », « démission », « capitulation ». Des familles « dépassées », des enfants « livrés à eux-mêmes », des « repères qui s’écroulent » mais « des efforts méritoires des familles » par rapport à la poursuite de la scolarité. « Perception négative de la vie familiale ». « fratrie nombreuse » déterminante II. Les facteurs propres à la situation personnelle des lycéens -9- L’âge « L’âge doit être corrélé au retard scolaire pour être significatif » Le sexe Les garçons sont plus absentéistes que les filles La qualité d’externe, d’interne Les internes sont moins absents que les autres car les occasions ou de demi-pensionnaire sont moins nombreuses. Le fait d’être externe est corrélé avec les absences du début de l’après-midi. Dans les autres situations d’absences, il n’y a pas de différence III. Les facteurs relatifs à l’organisation du travail Les rythmes scolaires Multiplication des absences principalement à la fin du premier trimestre (fatigue et découragement lié aux premiers résultats), à la fin de l’année (veille des vacances, contextes des examens) et en période de fête religieuse Les absences des professeurs Les motifs d’absence des professeurs sont : maladie, stages et formation, réunions et convocations. Le fait que des professeurs soient régulièrement absents constituent des occasions pour les élèves de s’absenter en jouant parfois sur les malentendus Les périodes de formation en Les formations en alternance de formation professionnelle peuvent entreprise dans certains cas favoriser l’absentéisme (absence liée à la recherche de stage par exemple) mais elles peuvent aussi « remotiver » l’élève et l’amener ensuite à être plus assidu IV. Les facteurs de nature pédagogique Les filières d’enseignement Il y a une corrélation entre le type de filière et le taux d’absentéisme. En exemple, les élèves préparant les baccalauréats professionnels sont plus absents que dans la filière technologique, eux -mêmes plus absents que dans la filière générale (avec toutefois des variations entre les filières S, L ou ES) Le niveau d’étude De manière générale, l’absentéisme s’accroît progressivement au fil du cursus scolaire (particulièrement à partir de la 3 ème et de la 2nde). Mais il y a des exceptions : dans les lycées professionnels, l’absentéisme peut au contraire diminuer avec la progression dans les études Les différentes matières L’absentéisme varie en fonction du coefficient de la matière ou de son caractère optionnel et de l’enseignant qui l’assure L’insatisfaction scolaire et l’échec L’ « insatisfaction scolaire » et les redoublements sont parmi les facteurs qui alimentent le plus l’absentéisme. Les élèves en échec scolaire et multi redoublants sont plus absentéistes que les autres Tableau 2. Synthèse représentant l’interprétation institutionnelle de l’absentéisme (élaboré à partir de Toulemonde, 1998 : 33-60). Ce tableau a pour intérêt de synthétiser les différentes interprétations des facteurs (dans son ordre de présentation) de l’absentéisme des lycéens relevées dans le rapport de l’IGEN (Toulemonde , 1998). En aucun cas il ne donne une représentation exhaustive du chapitre (intitulé « les facteurs de l’absentéisme ») dans son ensemble ni du reste du jeu complexe des interactions multi-factorielles qu’il n’évoque pas. L’interprétation des facteurs de l’absentéisme repose sur la synthèse de propos recueillis de différents acteurs de terrains (essentiellement CPE, - 10 - chefs d’établissement et surveillant) qui récapitulent des catégories d’appréciation et d’interprétation fréquemment reprises au sein des établissements, pour penser les pratiques absentéistes des élèves et appuyer les modes d’interventions. Ceci constitue en quelque sorte une vulgate pour les différents acteurs du terrain scolaire, complétée par l’étude de l’INSERM sur l’adolescent (Choquet & Ledoux, 1994) que nous analyserons plus loin. On peut observer à la lecture des facteurs évoqués qu’aucune hiérarchie n’est réalisée quant à la fréquence et l’importance des catégories factorielles sur la pratique absentéiste. L’ordre de présentation sous-entend que les facteurs économiques et sociaux sont prédominants dans l’explication causale du phénomène. Ainsi, la mise en cause de la responsabilité de l’institution apparaît de manière descriptive et non explicative, contrairement aux parents qui sont invoqués dans l’ordre des causes. Cette focalisation sur les causes extérieures à l’institution est caractéristique selon Douglas (1999 : 85) d’une aptitude des acteurs institutionnels à « créer des zones d’ombre que l’on ne peut ni observer ni questionner ». L’insatisfaction et l’échec scolaire, facteurs présentés comme les plus déterminants par l’étude de l’Inserm sur la santé de l’adolescent (Choquet & Ledoux, 1994), n’apparaissent qu’en dernier lieu dans l’ordre de présentation du rapport de l’IGEN. 3. L’absentéisme est multifactoriel 3. 1. Synthèse de l’enquête nationale de l’INSERM L’objectif de cette étude (Choquet & Hassler, 1997) consiste à mesurer l’influence de facteurs sur l’absentéisme des lycéens afin d’en établir une typologie au plan national. Le protocole expérimental était fondé sur une population de 12391 élèves de huit académies tirées au sort qui ont répondu à un questionnaire concernant la santé somatique, psychologique et sociale. Des questions sur l’assiduité scolaire étaient intégrées au protocole. Les résultats de l’étude montre qu’une majorité des élèves ont déjà été absents pour une journée au moins durant les douze derniers mois ce qui s’explique essentiellement par les maladies saisonnières. En revanche, 6% sont souvent absents pour au moins un jour, 6% arrivent souvent en retard et 4% sèchent souvent les cours. Les chercheurs estiment que l’absentéisme au lycée concerne environ 7% d’adolescents, soit deux élèves par classe en moyenne. L’absentéisme, plus masculin que féminin, augmente progressivement avec l’âge et concerne surtout, dans l’enseignement classique, les élèves de terminales techniques et dans le second cycle professionnel. Les redoublants, en particulier les garçons sont moins assidus que les non redoublants. La classe de seconde dans l’enseignement général apparaît comme étant la plus sujette à l’absentéisme. Les élèves absentéistes se caractérisent également par une grande insatisfaction scolaire. En ce qui concerne la situation socio-familiale, plus que la situation familiale, c’est le jugement sur la vie familiale dont ils ont une perception négative qui caractérise autant les garçons que les filles absentéistes. Pour les conduites et les troubles, les garçons et les filles absentéistes sont plus souvent touchés par la consommation de drogue et les troubles dépressifs majeurs. La synthèse de ces nombreux résultats montre que l’absentéisme est - 11 - « expliqué » par la qualité de la vie scolaire (en particulier par l’insatisfaction scolaire et les taux de redoublements), mais aussi par les conditions de vie en général (en particulier la qualité de vie familiale et relationnelle, plus prépondérante que les conditions matérielles et les facteurs sociaux). 3. 2. Les facteurs sociaux : une approche sociologique Dans son enquête sur les adolescents en milieu ouvrier dans une cité nord-ouest de l’Angleterre, Willis (1978) analyse les pratiques de résistance aux valeurs scolaires inséparables, aux yeux de l'ethnographe, des valeurs sociales dominantes. Cette analyse nous a paru intéressante car elle envisage l’absentéisme comme une forme de résistance révélant une contradiction des formes de socialisation dans lesquelles évoluent ces élèves et non comme une absence de socialisation (conception déficitaire). Ainsi, l’absentéisme, la désobéissance, l’insolence, la dérision, la violence ou le refus du travail scolaire et de tout ce qui s’apparente à une culture intellectuelle exprimerait les diverses manifestations des pratiques de résistance à l’autorité. Cette culture anti-scolaire serait en rapport avec la culture d’atelier qui leur est familière. Essentiellement masculine, elle valoriserait la force, la virilité, les travaux physiques ou l’aptitude pratique, « la pratique vaut mieux que la théorie » (Willis, 1978 : 54). Ces adolescents se définissent en tant que « durs » en opposition aux élèves « fayots ». Ils peuvent tenter de « prendre en main la classe » en « remplaçant les emplois du temps par les leurs ». Le sociologue rapproche ces pratiques de celles de leurs pères, ouvriers, lorsqu’ils essaient de détourner l’organisation du travail par rapport aux directives du contremaître. À travers leur pratique de résistance, ces enfants d’ouvriers assurent « la reproduction de leur position sociale d’origine dont ils savent qu’il est difficile de sortir » (Willis, 1978 : 61). La culture ouvrière s’étant profondément transformée depuis quelques décennies, cette analyse a été nuancée par des travaux postérieurs qui ont montré que les parents d’élèves de milieu populaire souhaitent que leurs enfants réussissent à l’école, pour connaître une « ascension sociale », « sortir de la précarité », « avoir un bon métier » (Thin, 1998 : 19-141). Mais comme nous le rappelle « l’injonction contradictoire » décrite par Bourdieu (1993) dans Les contradictions de l’héritage : « Réussis mais ne nous trahis pas » ou « sois comme nous et sois différent » (Bourdieu, 1993 : 711-718), s’il n’y a plus de résistance a priori à l’école et à la réussite scolaire, il en demeure néanmoins des traces de réticence à « l’acculturation » scolaire, a posteriori, après plusieurs années de scolarisation de leurs enfants. Le décrochage scolaire et l’absentéisme a fait l’objet de nombreuses études (Fortin & Picard, 2009 ; Farrington, 1998 ; Janosz & al, 1997 ; Janosz & Le Blanc, 1996), dans le monde anglo-saxon et au Québec qui privilégient une approche par facteurs de risque (Risk Factors Approach). Ce modèle tente de mesurer quels sont les différents facteurs qui pourraient être prédictifs d’un éventuel décrochage scolaire, sur les plans individuels, familiaux et scolaires. Pour la famille, les facteurs discriminants les plus importants sont : Les familles désunies ou reconstituées Des parents ayant été peu scolarisés Des parents ayant une vision de l’école négative Un faible support familial pour les devoirs Des déménagements fréquents - 12 - Ces résultats viennent compléter ceux de l’étude de l’INSERM (Choquet & Ledoux, 1994 ; Choquet & Hassler, 1997) qui comportaient d’autres variables intéressantes sur la situation socio-familiale. Les résultats de cette enquête nationale montrent que les absentéistes ont plus souvent leur mère ou leur père au chômage, en longue maladie ou en invalidité. Environ 24% des parents (contre 18% des non absentéistes) sont séparés par divorce ou par décès. Au-delà de la situation familiale, le résultat le plus significatif réside dans le jugement qu’ont les absentéistes sur la vie familiale : 31% (contre 12%) ont une perception négative de la vie de famille. On peut noter que 44% des absentéistes vivent en banlieue en 1995 (contre 26% des nonabsentéistes). De plus, Broccholichi (1998) nous rappelle que les risques de décrochage scolaire sont dix fois supérieurs pour les enfants d’ouvriers que pour les enfants de cadres au niveau du collège. Cependant, bien qu’il n’y ait que très peu d’études menées sur des populations de classes « aisées », ces recherches sur l’absentéisme montrent aussi que les familles d’origine populaire ne sont pas les seules concernées (Blaya, 2003 : 83 ; Choquet & Hassler, 1997), la catégorie socioprofessionnelle du père n’étant pas un facteur prédictif en soi. Ce modèle de Risk Factors Approach ne doit pas pour autant être envisagé comme déterministe. Il décrit essentiellement des probabilités de risques, dont la pertinence des effets doit être analysée au regard du cumul ou des associations de ces facteurs. En exemple, Rothman (2001) démontre dans son analyse combinatoire des facteurs de l’absentéisme que « l’influence des désavantages socio-économiques sur la scolarité est exacerbée par la forte concentration des minorités ethniques et des élèves issus de milieux défavorisés dans certaines écoles ». Ceci expliquerait en partie pourquoi on retrouve une plus forte tendance au décrochage scolaire et à l’absentéisme dans les ZEP ou dans les classes spécialisées (Janosz & Le Blanc, 1996). Si l’influence des facteurs sociaux sur l’absentéisme et le décrochage paraissent indéniables, de nombreuses études démontrent que les facteurs scolaires sont tout aussi importants, voire plus prédictifs (Janosz & al., 1997 ; Kasen & al, 1998, cité par Galand, 2004 : 137). En effet, les résultats de ces études montrent que les variables liées à l’expérience scolaire12 sont « les prédicteurs les plus puissants du désengagement scolaire, et qu’une fois ces variables prises en compte, les caractéristiques sociodémographiques n’ajoutent pas grand-chose à la prédiction » (Galand, 2004 : 137). 3. 3. Les effets des facteurs scolaires Rappelons quatre grands facteurs d'ordre scolaire semblant être propices au décrochage : les diplômes et filières dévalorisées, l'échec ou le retard scolaire, les relations élèves/enseignants et, enfin, la violence à l'école. - Diplômes dévalorisés et filières de relégations « Décrocher », est-ce une manière de réagir aux incertitudes de l’avenir face à la dévalorisation des diplômes ? Pour Glasman (2000 : 16), les lycéens « décrocheurs » peuvent ne plus donner sens au fait de s’accrocher aux études dans un contexte où les 12 Galand démontre dans son étude (2004 : 135) l’importance des facteurs liés au vécu scolaire dans la prédiction des absences des élèves. Il les regroupe en trois catégories : la perception du contexte scolaire, la motivation des élèves et le sentiment d’aliénation. - 13 - diplômes ne garantissent plus l’insertion professionnelle. Quelques leitmotivs dans les témoignages de lycéens viennent traduire ce malaise : « peanuts, nada, no future » ou encore « le jeux n’en vaut pas la chandelle » (CostaLascoux, 2009 : 5). Cette désillusion produit un manque de motivation qui peut paraître légitime. Costa-Lascoux (2009 : 6) prend l’exemple d’une ville dans les Ardennes où 40% des moins de 30 ans n’obtiennent pas d’ emplois salariés : « il est difficile de motiver les élèves dans ce contexte ». Bourdieu l’analysait déjà dans les exclus de l’intérieur (1993) à propos des lycéens, issus des milieux les plus démunis dans les filières les plus dévalorisées, qui « traînent sans conviction une scolarité sans avenir » : « L’école exclut comme toujours, mais elle exclut désormais de manière continue, à tous les niveaux du cursus […] et elle garde en son sein ceux qu’elle exclut, se contentant de les reléguer dans des filières plus ou moins dévalorisées » (Bourdieu, 1993 : 602). Le cas des collégiens, beaucoup moins analysés dans la littérature scientifique, n’est néanmoins pas à l’abri de ce type de désillusion (Douat, 2011 : 118-130). En effet, les collégiens sont interpellés de plus en plus fréquemment au cours du cycle sur leurs « vœux » concernant leur avenir professionnel. À cette incertitude de l’avenir s’ajoute un sentiment de stigmatisation et de relégation lié aux filières « déclassées » dans lesquelles se concentrent des élèves souvent issus des milieux les plus démunis et aux parcours scolaires souvent « chaotiques ». Ces élèves, souvent intégrés par des lycées professionnels ont l’impression d’y être acceptés par défaut, parce qu’ils ont été refusés ailleurs (Esterle & Douat, 2010 : 2). À cet effet, la recherche de Galand (2004 : 136) portant sur l’absentéisme en lycée professionnel et technique démontre que l’absentéisme des élèves est en grande partie déterminée par les facteurs liés à la démotivation des élèves et à leur perception négative du contexte scolaire. - Échec et retard scolaire : « un décrochage cognitif » L’échec et le retard scolaire sont présentés comme des facteurs prépondérants dans le processus de décrochage et d’absentéisme. Souvent qualifié de « décrochage cognitif », les difficultés d’apprentissage expliqueraient, plus que les facteurs sociaux (Terrail & Bebi, 2002), les comportements absentéistes. L’absentéisme avéré résulterait de décrochages ou d’ « accrochages successifs manqués » accumulés depuis l’école primaire et se déclarant à partir du collège (Broccolichi, 1998). Bautier (2003) fait l’hypothèse que les problèmes d’apprentissage des élèves décrocheurs ont pu être masqués durant la période du primaire en raison d’une organisation pédagogique valorisant les élèves dans leur participation et minorant leurs erreurs. Le passage au collège s’avère particulièrement difficile pour ces élèves qui font face à une organisation pédagogique, focalisée sur les résultats scolaires, et relationnelle totalement différente. L’accumulation des situations d’échecs au fil de la scolarité provoquerait chez ces élèves une rébellion contre le système scolaire ou des stratégies d’évitement, comme l’absentéisme (Langevin, 2000 ; Roché, 2001). Au-delà du simple constat d’une étroite corrélation entre échec scolaire et absentéisme, certains aspects relatifs aux aptitudes scolaires apparaissent déterminants dans la prédiction des conduites absentéistes. À ce titre, une étude sur le « rôle de l’autodétermination et des aptitudes scolaires dans la prédiction des absences - 14 - scolaires et l’intention de décrocher » (Blanchard & al., 2004) tend à démontrer l’importance de la maîtrise de la langue d’enseignement (dépendant en partie du milieu linguistique familial) et de la motivation autodéterminée13 de l’élève dans la prédiction de l’absentéisme. Le cas des élèves intellectuellement précoces étudié par Blaya (2003 : 21-23) nous permet d’intégrer un autre facteur précurseur de décrochage, lui-même corrélé à l’échec scolaire : l’ennui. En effet, c’est une raison souvent invoquée par une majorité d’élèves pour expliquer leurs décrochages (Langevin, 2000 ; Roché, 2001), en particulier par les élèves intellectuellement précoces. Cet ennui se traduit souvent par un manque d’intérêt pour la scolarité ou en réaction à une orientation subie, à des relations conflictuelles avec les enseignants. - Un décrochage accentué par les relations entre élèves et enseignants ? L’impact des relations entre enseignants et élèves sur le désengagement scolaire est fréquemment rapporté dans les témoignages d’élèves absentéistes (Douat, 2011 : 135-139). L’entrée au collège marque une rupture sur le plan relationnel : la multiplicité des enseignants impliquant souvent des relations plus distantes et la focalisation sur les résultats peut conduire certains élèves à s’enliser dans l’échec, déserter l’école afin de préserver une estime de soi (Hugon, 2010 : 38). Les établissements et les filières concentrant des taux d’absentéismes et d’échecs scolaires élevés peuvent générer un climat relationnel tendu entre les élèves et les professeurs. Ce que Debarbieux (1999) appelle « l’effet établissement », se voit renforcer par l’ « effetclasse » qui selon Blaya (2003) peut être supérieur à l’effet établissement. Ces deux catégories combinent plusieurs variables : « le niveau de réussite aux examens et performances scolaires générales, taille des écoles et des classes, climat social et éducatif, activités parascolaires, hétérogénéité ou homogénéité des âges et des niveaux, conditions de redoublements, qualité de gestion de classe des enseignants et de la gestion d’établissement par les responsables » (Esterle-Hedibel, 2006 : 51). Dans L’école buissonnière, Douat (2011) nous donne un exemple très révélateur du climat relationnel et éducatif conflictuel qui peut exister dans certains établissements (en l’occurrence des collèges) : « La présence de certains élèves dans certains cours, à certains moments, est perçue comme pouvant poser certainement autant de problèmes à une partie des acteurs du collège que leur absence. La modalité de l’absence n’est donc pas qu’une modalité négative, contradictoire avec l’institution scolaire, elle appartient parfois au contraire au registre du souhaitable » (Douat, 2011 : 99-103). L’institution scolaire révèle ici une de ses contradictions majeures qui explique en partie les ambivalences existant chez les professeurs dans la lutte contre l’absentéisme. Certains élèves absentéistes considérés en tant qu’éléments indésirables voire irrécupérables, peuvent développer un comportement de déviance alimentant des micro-conflits récurrents, aboutissant à une démission autant de l’élève que du professeur. Selon que l’enseignant soit plus « provocateur » ou « isolateur de déviance » (Woods, 13 Modèle motivationnel fondé sur la théorie de l’autodétermination (TAD). - 15 - 1992 : 56), le processus d’étiquetage de l’élève le conduira à plus ou moins accentuer les traits négatifs qu’on lui reproche14 . L’importance de la qualité des relations entre enseignants et élèves a aussi une influence sur le ressenti des élèves de la violence scolaire (Galand & Dupont, 2002). - Violence à l’école La violence à l’école fait l’objet de nombreuses recherches internationales (Carra, 2003). Sonia Sharp (2002, citée par Blaya, 2010) a établi une forte corrélation entre le school bullying (harcèlement entre élèves) et l’absentéisme scolaire : 20% des élèves absentéistes enquêtés (dans l’enseignement secondaire anglais) s’absentent de l’établissement pour éviter leurs agresseurs. En France, les statistiques de la violence scolaire publiées par le ministère de l’éducation nationale sont contestées. Toutefois, certaines études indépendantes (Debarbieux, 2006) confirment l’importance du phénomène. Les conséquences de la violence scolaire sur le psychisme et la scolarité ont été établies par de nombreux travaux dans la littérature scientifique. Les adolescents victimes de violence verbales ou physiques répétées ont une plus forte propension à la dépression, à l’échec scolaire, ont une opinion plus négative de l’école, et sont plus souvent absents (Blaya, 2010 ; Debarbieux, 2006 ; Sharp, Thompson & Arora, 2002 ; Reid, 2002). Au-delà des facteurs sociaux et scolaires, l’absentéisme et les divers comportements de « déviance » à l’égard de l’institution scolaire et plus largement de son espace de socialisation peuvent être interprétés en tant qu’expression d’une psycho-pathologie sous-jacente. Paradoxalement, les psychiatres pensent souvent l’absentéisme en tant que défaillance pédagogique tandis que certains enseignants lui attribuent l’étiquette de symptôme d’un désordre psychique (Huerre, 2006 : 73). 3. 4. Les facteurs individuels Nous proposons ici de distinguer au moins deux grands facteurs individuels favorisant le décrochage : le premier d'ordre psycho-pathologique et le second relevant des conduites à risque. - L’approche psycho-pathologique De nombreuses études canadiennes tendent à démontrer une forte corrélation entre absentéisme, décrochage scolaire et psycho-pathologie (Fortin & Picard, 2009). La dépression est en effet fréquente chez les absentéistes (Choquet & Hassler, 1997 ; Cordié, 2006 : 179-187). Il faut rappeler que le suicide est la deuxième cause de mortalité des moins de 25 ans (Pommereau, 2001). Le décrochage scolaire précoce est présenté comme l’un des facteurs prédictifs des comportements suicidaires chez les adolescents. Dans l’étude de Fortin et Picard (2009), les élèves à risque de décrochage, appartiennent principalement au groupe de dépressifs et au groupe de troubles du comportement. Les pratiques absentéistes peuvent être associées à un « état psychologique fragile », une « phobie pathologique du scolaire », un caractère « instable » ou « infantile » (Guigue, 2003 : 85-95). Toutes ces formulations psychologisantes ont tendance à penser certains élèves comme atteints d’une maladie. Pour Janosz (et al, 2000 : 115), il faut « dépister les 14 On parle à ce propos de prophétie auto-réalisatrice (self fullfilling prophecy). - 16 - décrocheurs ». Les familles ne sont pas épargnées par ces formules médicalisées, Lagrange et Cagliero (2001 : 17) parlent de « pathologies familiales » à propos de certains élèves absentéistes enquêtés. - Conduites à risque et délinquance Plusieurs études établissent un lien direct entre la consommation de drogues, les conduites violentes et l’absentéisme (Choquet & Hassler, 1997 ; Janosz et al, 2000). Dans son étude sur la délinquance des adolescents, Roché (2001 :134 ; cité par Blaya, 2003) établit une forte corrélation entre absentéisme et délinquance (39, 5% des absentéistes commettent de petits délits et 19% d’entre eux des actes plus graves). Force est de constater que les résultats de cette étude dépendent des critères retenus pour définir l’absentéisme, en l’occurrence, 5 absences injustifiées sur deux ans. Ces résultats sont cependant confirmés par l’étude de l’INSERM et les travaux de Lagrange (2000). S’il paraît évident que le fait de s’absenter de l’établissement scolaire engendre du temps libre qui « peut-être propice à des actes délinquants » (Hayden & Martin, 1998 cité par Blaya, 2003 : 25), il est néanmoins impossible d’établir une causalité mécanique entre l’absentéisme et la délinquance. Catherine Blaya (2003 : 25-26) nous résume les résultats ainsi : un grand nombre de délinquants sont certes absentéistes, mais si l’on se réfère aux pourcentages annoncés par Roché, 60% des absentéistes n’ont jamais commis d’actes de délinquance avérée ce qui implique que l’on trouvera ces délinquants dans d’autres types de populations et qu’en majorité les absentéistes sont occupés à autre chose » (Blaya, 2003 : 25-26). Conclusion Cette contribution établit que l’absentéisme scolaire est l’effet de causes diverses, souvent mêlées de manière complexe. À l’intersection d’enjeux idéologiques, politiques et institutionnels, nous avons tenté de montrer que si l’absentéisme est souvent présenté avant tout comme un problème social apparenté à la délinquance et justifiant idéologiquement des mesures concernant au premiers chef, les parents. Il questionne néanmoins profondément le rôle de l’école dans sa fonction éducative et sociale, en tant qu’elle est censée tenir compte de l’hétérogénéité des élèves. Une meilleure compréhension des multiples aspects de l'absentéisme devrait nous permettre de comprendre les limites de certaines mesures mises en place ainsi que la nécessité d'accentuer l'accompagnement individuel des élèves susceptibles de « décrocher ». En effet, les amendements du 22 mai 1946 codifient les sanctions qu’encourent les parents s’ils n’apportent aucune justification ni motif légitime à l'absence de leur enfant. L’article 12 prévoit jusqu’à cinq ans d’interdiction des droits civiques et civils et de famille. Dans le cadre de l’élargissement de l’obligation scolaire à seize ans en 1959 15, le principe de suppression ou suspension des prestations familiales est pour la première fois évoqué. En 1966, la notion de sanction pénale est introduite, les parents peuvent encourir une peine d’emprisonnement si une seconde « infraction » à l’assiduité scolaire est commise. Si ce type de sanction est toujours considéré 15 Ordonnance n° 59-45 du 6 janvier 1959. - 17 - comme l’un des moyens efficaces pour lutter contre l’absentéisme scolaire, et ce malgré le démenti des études statistiques qui révèlent que ces sanctions ne diminuent en rien la portée de ce phénomène, c'est sans doute parce que l'on sous-estime la complexité des causes de l'absentéisme. Certes les déterminants sociologiques et le rôle des parents ne doivent pas être sous-estimés, mais notre contribution donne à penser que l’absentéisme est le signe d’une école qui peine à accrocher certains de ses élèves qui s’engagent dans des conduites perturbantes, puis en s’en excluant eux-mêmes, ce qui peut présenter un certain « soulagement » pour l’institution mais ne peut en aucun cas être considéré comme une solution. 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