DIAGMA I quelques conseils logistiques
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DIAGMA I quelques conseils logistiques
Quelques conseils logistiques aux PME de l’agro-alimentaire pour exporter en Europe Jean-Patrice Netter, Président de Diagma La France paraît-il n’exporte pas assez. C’est vrai que la France n’est pas comme l’Allemagne le paradis des machines outils. Mais on y mange bien. Ceci dit les produits alimentaires sont souvent plus fragiles que les machines outils. La France a exporté pour 38 milliards d’euros de produits agroalimentaires dans l’Union Européenne et importé pour 30 milliards d’euros. Les importations progressent de 0.6% et les exportations régressent de 0.9%. Le vin fournit un excédent de 5 milliards d’euros sur les 8 milliards d’excédent de notre balance export-import, les céréales 3.5 milliards, la filière laitière 2 milliards, la filière bovine 1 milliard, le sucre 0.8, l’eau minérale 0.7 mais les produits de la pêche sont déficitaires de 2 milliards, les conserves et épicerie sèche de 1 milliard, comme les fruits, le soja, les fleurs… Si l’on regarde qui sont les principaux clients de la France on trouve l’Europe des 9 pour 20 milliards d’euros. L’Industrie agro-alimentaire française exporte peu dans les pays de l’Est sauf des produits de luxe. Les Français, comme Bongrain par exemple, préfèrent racheter des moyens de production à l’Est pour rester compétitifs. Pour l’instant d’ailleurs le seul marché réellement porteur est le marché polonais, les autres restant tout petits en terme de population d’abord et de pouvoir d’achat ensuite. De toute façon les PME agro-alimentaires qui veulent exporter en Europe doivent avoir une logistique impeccable. Et ce n’est pas toujours facile. Voici quelques conseils. 1. Faites d’abord une étude de réseau : vu les volumes que je vais livrer ai-je intérêt à d’abord concentrer mes flux sur une plate-forme ou en dépôt dans la région que je souhaite livrer ? Si oui où faut-il mettre ce ou ces dépôt(s) ? Probablement vous aurez intérêt à sous traiter cette fonction. Ensuite comment faut-il organiser les transports vers et à partir de ce dépôt ? 2. Chercher un prestataire logistique dans le pays où l’on veut exporter : tous les pays européens sont organisés comme la France avec des prestataires logistiques. Bien souvent on retrouve d’ailleurs les grands opérateurs français dans ces pays. Construire son réseau logistique dans la « vieille » Europe c’est comme construire son réseau logistique en France. Le pays est plus vaste mais les bons réflexes qu’il faut avoir sont les mêmes. Si l’on livre par camion complet en un seul point il faut faire du direct. Mais ce n’est pas souvent le cas pour une PME. Si on livre par petites quantités il faut localiser des plates-formes de dégroupage chez des prestataires capables de livrer ensuite les clients par petite quantité à des prix abordables. Bongrain par exemple a 2 plates-formes en Allemagne, l’une à Kehl, l’autre à Hambourg. Même chose pour beaucoup d’entreprises françaises qui vendent sur le marché allemand. Les Français ont tendance à se regrouper sur les mêmes sites : Kehl en Allemagne, Liège en Belgique, Turin ou Milan en Italie…Par contre on s’installera en Autriche pour livrer la Suisse pour échapper aux prix suisses. 3. Un cas particulier, le Royaume Uni : de nombreuses entreprises agroalimentaires exportent au Royaume Uni qui reste le principal partenaire européen dans le domaine puisque c’est avec ce pays que nous avons le solde excédentaire le plus important. Beaucoup d’entreprises utilisent des transporteurs français qui empruntent le tunnel sous la Manche pour livrer les clients de l’île. Les délais sont longs et les coûts élevés. Pour avoir des délais nettement plus court mieux vaut utiliser des transporteurs anglais une fois 1 parvenu de l’autre côté du tunnel. D’après Jean-Marc Dumas, directeur des études logistiques chez Danone Waters France, « une bonne solution consiste à stocker dans un entrepôt chez un prestataire d’un port au Nord Ouest de la Belgique, comme Zeebrugge ou Ostende, puis de faire livrer tous les jours le Royaume Uni à partir de ce port avec ferry. Délai de livraison dans la journée ». 4. Distinguer entre produits frais et produits à température ambiante : D’après Lionel Etienne, directeur Supply Chain de Bongrain « l’important pour les produits frais c’est de choisir une plate-forme de prestataire qui manipule au moins 200 000 tonnes de produits. Comme cela on est assuré que les clients sont livrés tous les jours ». Pour Léandre Boulez, directeur Supply Chain du groupe Auchan, « autant dans les pays de l’Est on trouve facilement des prestataires à température ambiante, autant c’est difficile pour les produits frais. Dans le cas de produits frais il faut créer son propre réseau de distribution, ce qui pour des PME n’est pas évident. Une autre solution, bien meilleure, consiste à passer par un grossiste qui se charge à la fois de la vente et de la logistique. En tout état de cause il vaut mieux produire en Pologne que d’importer. » 5. Revoir sa gamme produit : il faut éviter d’avoir un emballage par pays dans la mesure du possible. L’idée est plutôt soit de faire un produit multilingue, soit de faire ce que l’on appelle de la différentiation retardée (un emballage primaire uniforme tous pays puis au dernier moment l’apposition d’une étiquette spécifique dans la langue du pays). C’est par exemple ce que faisait le groupe Mars. Il est important de procéder de cette manière si l’on ne veut pas avoir des coûts de production exorbitants ou des produits qui se périment en stock. 6. Mutualiser sa distribution : une autre solution pour vendre et livrer en Europe est de mutualiser sa distribution. C’est ce que fait Bongrain en Italie avec Galbani. On peut même s’associer avec des concurrents ou avec des gros de l’alimentaire pour le faire. Cela réduit les coûts de distribution sans léser l’une ou l’autre partie. 7. Attention aux palettes : ne pas oublier de trouver un système dans lequel l’entreprise récupère d’une manière ou une autre ses palettes. Les mécanismes les plus connus sont soit de ne faire que de la palette perdue, soit d’exiger le 1 pour 1 une palette livrée pour une palette vide rendue ou de travailler avec un système de location de palettes, le fournisseur se chargeant de récupérer les palettes livrées. Une autre méthode consiste à revendre sur place les palettes vides car cela coûte cher de les rapatrier. 8. Choisissez des transporteurs dans le pays de réception : pour livrer mieux vaut contracter avec un transporteur local. Il connaît les points de livraison, il les approvisionne fréquemment, ses prix sont bas. Si vous choisissez de faire organiser le transport par votre prestataire habituel vous aurez probablement des coûts plus élevés et surtout des délais de livraison pas forcément compatibles avec le service que vous cherchez à rendre. Pour l’instant l’export en Europe se cantonne pour les produits alimentaires à l’Europe de l’Ouest. Lorsqu’une PME de l’agro-alimentaire réussit à vendre dans un autre pays d’Europe que la France, sans passer par un grossiste, il doit mettre en place une logistique adaptée. Il le fait comme on le pratique sur un territoire quelconque c’est à dire en commençant par une étude de réseau. Il faut privilégier le passage par des prestataires locaux, faire l’acheminement au meilleur coût en comparant les prix des transporteurs de la région de départ et les transporteurs de la région d’arrivée. Pour le Royaume uni ne pas oublier de traiter le cas particulier de l’approvisionnement d’une île. Ne pas utiliser le tunnel mais préférer le ferry. Attention à l’étiquetage et aux palettes. Bonne chance. 2 Jean-Patrice NETTER | [email protected] www.diagma.com 3 En M euros (d’après Ubi France) 4 5